N° 24184
jeudi 4 avril 2024
HIGH-TECH & MÉDIAS—AUDIOVISUEL
Pourquoi Rachida Dati veut faire aboutir la réforme
Si la réforme de l'audiovisuel public était votée, la ministre de la Culture marque‐
rait le PAF de son empreinte, quelques mois après sa nomination. Elle pourrait se
targuer d'avoir fait aboutir une réforme évoquée de longue date, déjà présente
dans le programme de 2017 d'Emmanuel Macron.
A rrivée rue de Valois début
janvier, Rachida Dati n'a
pas tardé à ressusciter un pro‐
jet laissé de côté par sa prédé‐
cesseure, Rima Abdul Malak.
Dès ses voeux aux acteurs
culturels fin janvier, la nouvelle
ministre de la Culture vantait
l'utilité d'un« audiovisuel pu‐
blic qui rassemble ses forces ».
Avant d'insister, quelques jours
plus tard, au micro de la mati‐
nale de France Inter : « Il faut
faire cette réforme et vite, là-
dessus vous pouvez compter
sur moi. »
Chose promise, chose due. Le
dossier est maintenant en
cours d'arbitrage à l'Elysée, se‐
lon nos sources. Ses contours
restent flous, même si la ré‐
forme, visant à créer une gou‐
vernance unique afin de favori‐
ser les coopérations et syner‐
gies, pourrait s'inspirer de la
proposition de loi du sénateur
Laurent Lafon, qui prévoit la
création d'un holding coiffant
France Télévisions, Radio
France, France Médias Monde
et l'INA.
L'objectif est de boucler la ré‐
forme dans cette « dernière an‐
née où le créneau est possible
», ainsi qu'elle l'a déclaré au
Sénat mi-mars, l'année 2025
étant marquée par le renouvel‐
lement des mandats du pré‐
Édition(s) : Edition principale
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734 mots - 3 min
sident de l'Arcom et de la pré‐
sidente de France Télévisions.
posait déjà de rapprocher « les
sociétés audiovisuelles pu‐
bliques pour une plus grande
efficacité et une meilleure adé‐
Une conviction
quation entre le périmètre des
personnelle chaînes et leurs missions de
service public ». L'année sui‐
Quelle que soit la forme rete‐
vante, Gabriel Attal, alors dé‐
nue, « le souci de Rachida Dati,
puté, avait plaidé dans une in‐
c'est de faire adopter le rap‐
terview à « L'Opinion » pour
prochement avant d'autres sé‐
une révision de la structure
quences politiques », estime un
des groupes audiovisuels pu‐
bon connaisseur de
blics avec une « gouvernance
l'audiovisuel public. Plusieurs
commune ».
raisons la poussent à faire
aboutir ce dossier. Il corres‐
En 2019, Franck Riester, alors
pond d'abord à une conviction
ministre de la Culture, lançait
personnelle préalable à sa no‐
la réforme, rapidement inter‐
mination, a-t-elle affirmé au mi‐
rompue par la crise sanitaire.
cro de France Inter fin janvier.
Ni Roselyne Bachelot, qui lui a
succédé, ni Rima Abdul Malak,
Son argument est le suivant.
ne l'ont relancée ensuite,
Dans un secteur soumis à la
toutes deux ayant d'ailleurs ex‐
concurrence des plateformes
primé à nouveau la semaine
et au changement des usages,
passée devant les parlemen‐
l'audiovisuel public doit « se
taires leur réticence devant ce
rassembler pour être plus fort
projet. « Pendant longtemps, le
», comme dans les pays voi‐
politique voulait éviter de frois‐
sins. Car les coopérations déjà
ser Radio France, ce qui ex‐
lancées - proximité, informa‐
plique sans doute qu'aucune
tion, numérique - ne vont pas
réforme n'ait eu lieu », grince
assez loin, a-t-elle résumé de‐
un observateur du secteur. Ra‐
vant la commission d'enquête
chida Dati, au contraire, prend
sur l'attribution des fréquences
le sujet à bras-le-corps. « Si
TNT, à l'Assemblée nationale.
elle veut laisser sa trace dans
son ministère, il n'y a pas 36
Cette réforme est vue d'un bon
sujets législatifs ou réformes
oeil à l'Elysée, selon nos
possibles. Les autres sujets
sources, et à Matignon. Dans
culturels, c'est de moindre por‐
son programme présidentiel de
2017, Emmanuel Macron pro‐
1
 tée », considère
connaisseur du dossier.
Terrain d'entente
De fait, son passage au minis‐
tère de la Justice, sous Nicolas
Sarkozy, avait été marqué par
une réforme structurelle, celle
de la carte judiciaire, en 2007.
« C'est un animal politique,
elle sent ce qui est faisable ou
non », poursuit-il, en souli‐
gnant que « cette réforme n'a
pas d'incidence en matière de
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un bon finances publiques et ne néces‐ même si les députés Quentin
site pas une négociation avec Bataillon (Renaissance) et
Bercy ». Jean-Jacques Gaultier (LR) ont
ouvert la voie en remettant en‐
Issue des Républicains, la mi‐ semble en juin dernier un rap‐
nistre de la Culture pourrait port parlementaire suggérant
aussi se targuer, en cas de suc‐ la création d'un « holding stra‐
cès, d'avoir réussi à trouver tégique ».
sur ce sujet un terrain
d'entente entre parlementaires S. Lo., M. A. et F. B. V. ■
LR et Renaissance, le projet de
loi du sénateur centriste par S. Lo., M. A. Et F. B. V.
Laurent Lafon ayant déjà été
adopté au Sénat. Ce sera peut-
être plus délicat à l'Assemblée,
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