La Tribune

nouvelle
Hors série www.lnt.ma Directeur de la Publication : FAHD YATA

Les années 2020

de notre jeunesse...
Que sera le Maroc dans 5 ans ?

Edition spéciale été 2015

02 Les années 2020 de notre jeunesse
Le Maroc au milieu du gué…
C
omme chaque année
à pareille époque, La
Nouvelle Tribune
publie un numéro
spécial, hors série, dédié à une
problématique déterminée.
Cette parution, exceptionnel-
le, tant par son tirage, ses
modalités de distribution, sa
latence (en kiosques tout le
mois d’août), se veut le mode
spécifiquement choisi par
notre rédaction de célébrer la
Fête du Trône.
Nos lecteurs, connaissant
notre ligne éditoriale, com-
prendront que cet exercice n’a
pas vocation de panégyrique,
mais d’analyse honnête et
franche d’une réalité.
Double démarche
Le spécial de l’été 2015 est
donc consacré à la présenta-
tion d’une double probléma-
tique, celle d’un bilan d’étape
multisectoriel et d’une analyse
prospective (à la hauteur de
nos moyens) à l’horizon 2020.
Ce choix est motivé essentiel-
lement par une bonne raison.
En effet, le Maroc, en cet été
2015 se trouve, en quelque
sorte, au milieu du gué par
rapport à 2020 qui se présente
comme une année charnière
où des politiques et stratégies
sectorielles, notamment défi-
nies par des Plans, (Maroc
Vert, Halieutis, Tourisme,
Plan d’Accélération Indus-
trielle, Energies renouvela-
bles, etc) arriveront au terme
de leur parcours.
Notre propos est donc d’exa-
miner à cinq années de cet
horizon, le chemin parcouru et
celui qui reste à faire.
C’est donc pour cela que nous
avons choisi de placer ce
numéro spécial sous la thé-
matique générique, «les
années 2020 de notre jeunes-
se», d’abord en référence à
l’ouvrage icône du professeur
Mohamed Lahbabi, paru au
début de la décennie soixan-
te-dix du siècle passé, ensuite
parce que notre pays se carac-
térise effectivement par la
jeunesse de sa population au
bénéfice duquel (en principe)
toutes ces politiques et stra-
tégies de développement
sont mises en application.
Mais, dans le même temps, cet
exercice de bilan et de pro-
spective intervient alors que
des échéances importantes se
profilent pour l’avenir proche.
Ainsi, après la tenue des
consultations professionnel-
les, qui ont marqué la préémi-
nence des délégués salariaux
sans appartenance syndicale,
les élections communales et
municipales sont program-
mées pour le début du mois de
septembre prochain. Celles-ci
constitueront le prélude aux
élections régionales qui seront
suivies de la mise en place
d’une réforme institutionnelle
et territoriale majeure, la
régionalisation. Elle organise-
ra le Royaume en 12 entités
dotées de pouvoirs consé-
quents dans plusieurs domai-
nes essentiels de la vie collec-
tive de nos concitoyens. Plus
tard, durant la seconde moitié
de 2016, se tiendront des élec-
tions législatives dont l’enjeu
sera certainement la percep-
tion par les électeurs du bilan
de l’actuelle coalition gouver-
nementale emmenée par le
PJD de Abdelilah Benkirane.
Sur le plan économique, alors
que les prévisions d’une crois-
sance de 5% du PIB seront très
certainement concrétisées,
plusieurs secteurs straté-
giques sont engagés dans des
processus de développement,
de structuration, qui commen-
cent à porter leurs fruits.
L’émergence industrielle
n’est plus un vague espoir
mais une réalité attestée par
les performances à l’export du
secteur automobile ou l’aéro-
nautique, tandis que l’indus-
trie phosphatière se porte
beaucoup mieux. Le dévelop-
pement des énergies renou-
velables n’est plus une vaine
chimère tandis que la centrale
NOOR 1 produit ses premiers
kilowatts et que l’objectif
d’une part de plus en plus
grande de l’éolien et du solai-
re dans la production d’éner-
gie électrique sera très certai-
nement accompli en 2020 (+
de 40 % de la production tota-
le à cette date).
L’émergence en vue ?
Mais serons-nous pour autant
un «pays émergent» au terme
des cinq années à venir ?
Cette ambition, en effet, ne se
nourrit pas seulement de
réalisations économiques
sectorielles, mais de perfor-
mances en termes de gouver-
nance publique, de data
sociaux, d’amélioration du
pouvoir d’achat de l’employa-
bilité, etc. Là résident, sans
aucun doute, les plus grands
challenges pour 2020 et notre
jeunesse, laquelle constitue,
et de loin, la majorité de la
population marocaine.
Certes, les pouvoirs publics,
ont réussi la difficile réforme
de la compensation, et s’attè-
lent désormais à celle des
caisses de retraites, tout aussi
importante.
Certes, ils mènent une action
La Tribune
nouvelle
Spécial • été 2015
résolue de résorption des défi-
cits publics, ayant assuré le
vote de la Loi Organique des
lois de Finances qui, dès jan-
vier prochain, instituera la
règle d’or en matière d’élabo-
ration de la Loi budgétaire,
mais aussi mettant en place
successivement une série de
réformes majeures des finan-
ces publiques jusqu’en 2020.
Certes, la Banque Centrale,
qui a redéfini récemment la
parité du Dirham par rapport
à l’Euro et au Dollar, prépare
activement et officiellement
la mutation du système de
change du dirham vers la
flexibilité, etc.
Mais, tous ces chantiers pour
stratégiques qu’ils sont, n’o-
bèrent pas l’existence de
points noirs particulièrement
préoccupants, tels l’Emploi, la
Santé, l’Education, mais aussi
le Logement avec les difficul-
tés que le secteur de l’immo-
bilier a connues au cours des
derniers mois.
Alors, effectivement, nous
considérons à La Nouvelle
Tribune, que le Maroc se trou-
ve au «milieu du gué».
Voilà pourquoi, tout au long
de ce numéro, des analyses,
des esquisses de réponses,
des constats seront proposés
aux lecteurs. Avec, comme
seule ambition, celle de les
intéresser et de les aider à se
faire leur propre opinion.
Bonne lecture !
Fahd YATA
 La Tribune
nouvelle
Spécial • été 2015
Des avancées relativisées par la lenteur
de l’approbation des Lois organiques
L
e 1er juillet 2011, le peu-
ple marocain approu-
vait, par référendum et
à une écrasante majori-
té, le texte portant Constitution
du Royaume du Maroc.
Cette nouvelle Constitution était,
pour certains, l’acte fondateur
d’une nouvelle ère, apportant des
modifications institutionnelles
d’importance, proclamant le prin-
cipe de la reddition des comptes,
instaurant de nouvelles règles de
gouvernance publique, recon-
naissant comme jamais aupara-
vant des droits fondamentaux
pour les citoyens, tel celui à la Vie,
à la Santé, à la Grève, proclamant
l’égalité des genres et la parité,
donnant à l’Amazighe son statut
de langue officielle, élargissant le
champ des libertés individuelles
et collectives, etc.
Les points forts de la
nouvelle ère
Mais, pour quelques-uns, assuré-
ment moins nombreux donc, le
référendum du 1er juillet n’était
autre qu’un moyen mis en œuvre
par le Pouvoir pour conserver ses
acquis, prérogatives et positions,
alors que « le printemps arabe »
ébranlait ou faisait tomber plu-
sieurs régimes de la région.
D’ailleurs, au Maroc même, on
avait connu un épisode quelque
peu agité sous la houlette d’un
mouvement aujourd’hui totale-
ment oublié, « le #FEB20 ».
Quatre années après ce réfé-
rendum constitutionnel, il est
évident que les tenants de la
première thèse étaient dans le
vrai, tant on a pu mesurer les
évolutions qui ont nettement
caractérisé les institutions et la
gouvernance publique depuis
l’entrée en vigueur de la nou-
velle Constitution.
Mais, avant même d’apprécier
ces changements à la lumière de
l’analyse du corpus législatif voté
ces quatre dernières années, on
n’oubliera pas de mentionner
que le premier acte concret de
cette nouvelle ère s’est matériali-
sé après les élections législatives
de novembre 2011 lorsque le Sou-
verain, appliquant à la lette le
Texte Fondamental, appela le
Les années 2020 de notre jeunesse
leader du parti ayant obtenu le
plus grand nombre de voix lors de
ce scrutin, afin qu’il constituât un
gouvernement…
Voilà pourquoi, singularité forte
au sein de l’ensemble arabo-
musulman aujourd’hui, le Royau-
me est doté d’une équipe gouver-
nementale sous la houlette d’une
formation se réclamant ouverte-
ment de l’islamisme politique, le
Parti de la Justice et du Dévelop-
pement, emmené par M. Abdeli-
lah Benkirane.
Qui oserait prétendre qu’il ne s’a-
git pas là d’une innovation majeu-
re ? À laquelle, d’ailleurs, il
conviendrait d’ajouter la présen-
ce, au sein de la coalition parle-
mentaire majoritaire et de l’Exé-
cutif, de partis politiques aussi
différents les uns des autres que
le Rassemblement national des
Indépendants, RNI, formation
libérale et centriste, le Mouve-
ment Populaire, MP, passable-
ment constitué de grands pro-
priétaires terriens et notoirement
à droite, mais également du Parti
du Progrès et du Socialisme, PPS,
qui revendique hautement sa
filiation directe avec le Parti Com-
muniste Marocain !
Piano, ma non sano !
L’autre critère qui permet de
constater que le Maroc de 2015
n’est plus celui du début de l’ac-
tuel règne et encore moins celui
du précédent, tient à la mise en
application des différentes lois
organiques portées par la Consti-
tution de 2011 et qui, avec une
progressivité qu’on peut taxer de
trop lente, sont destinées à enri-
chir l’arsenal des droits fonda-
mentaux, élargir le champ de l’ac-
tion citoyenne, instaurer un
nouveau découpage administra-
tif et territorial, définir les compo-
santes linguistiques et culturelles
de l’identité plurielle marocaine,
réformer en profondeur les Finan-
ces publiques, etc.
Le texte du 1er juillet 2011, en
effet, proclame la nécessité de
l’application de dix-neuf lois
organiques, absolument essen-
tielles pour l’émergence d’un
Maroc nouveau.
A la date d’aujourd’hui, neuf de
ces lois ont été votées au Parle-
ment, et il faut bien dire que ce
bilan est plus qu’insuffisant au
deuxième tiers du mandat de l’ac-
tuel gouvernement, même si son
porte-parole, M. Mustapha Khalfi,
promet que tout l’arsenal des lois
organiques sera voté avant la fin
du « bail » concédé par les urnes
à M. Abdelilah Benkirane.
En effet, parmi les projets les plus
importants pour les change-
ments fondamentaux introduits
par le texte constitutionnel, on
remarque que l’Exécutif n’a pas
réussi à ce jour à leur apporter la
moindre concrétisation, soit par
manque de volonté politique,
(projet de loi organique sur la lan-
gue amazighe, projet de loi sur
les langues et la culture marocai-
ne), soit du fait de la forte oppo-
sition d’une partie de la classe
politique et/ou des forces syndi-
cales (projet de loi sur la régiona-
lisation, projet de loi sur le Droit
de Grève), soit encore à cause du
refus par les principaux concer-
nés de valider les options gou-
vernementales, (loi organique
sur le Conseil supérieur de la
Magistrature, loi organique sur
le statut des magistrats).
De même, la production gouver-
nementale en termes de projets
de lois organiques est égale à
zéro pour des domaines fonda-
mentaux tels le projet pour les
propositions de lois émises par
les citoyens, celui pour les
démarches pétitionnaires, le
projet de loi pour le recours pour
inconstitutionnalité des lois ou
enfin celui concernant le Conseil
de Régence.
Le minimum « syndical »?
L’arsenal des lois organiques,
fort donc de neuf expressions à
ce jour, est surtout constitué de
ces lois qui ont permis au gou-
vernement Benkirane de fonc-
tionner, aux chambres de légifé-
rer, aux grands commis de l’Etat
d’être nommés…
Une mention spéciale et forte-
ment positive ira cependant à la
Loi organique des Lois de Finan-
ces, LOLF, récemment votée et
qui engage le ministère des
Finances, la Trésorerie générale
03
Le Cadre institutionnel depuis 2011
du Royaume et tous les départe-
ments ministériels dans un vaste
et stratégique processus de
Les neuf lois
refonte de la gouvernance des organiques adoptées
finances de l’Etat, instaurant au Loi organique relative à la nomina-
passage des règles de transpa- tion aux hautes fonctions prévue à
rence ou de non dépassement des l’article 49 de la Constitution.
prévisions budgétaires particuliè- Loi organique sur la Chambre des
rement nodales, (la règle d’or). représentants prévue par l’article 62
Un effort de modernisation et de de la Constitution.
transparence qui sera totalement Loi organique sur la Chambre des
achevé à l’horizon 2020 ! conseillers, prévue à l’article 63 de la
La conclusion de cette analyse Constitution.
s’impose donc d’elle même et Loi organique sur les partis poli-
indique que le cadre institu- tiques prévue par l’article 7.
tionnel, celui qui représente le Loi organique sur le fonctionnement
fondement légal des change- des commissions d’enquête prévue à
ments promis et voulus par une l’article 67 de la Constitution.
Constitution qui n’a pas termi- Loi organique des Finances, prévue
né son cycle quinquennal, n’a par article 75 de la Constitution.
que trop peu et trop lentement Loi organique définissant les règles
avancé et évolué. relatives à la conduite des travaux du
Ici se situe, sans nul doute, le prin- gouvernement, prévue à l’article 87.
cipal reproche qu’il s’agit d’adres- Loi organique sur la Cour constitu-
ser au gouvernement de M. tionnelle, prévue par l’article 131.
Abdelilah Benkirane lorsqu’on Loi organique sur le Conseil écono-
mesure le chemin parcouru mique, social et environnemental,
depuis 2011 et dans la perspecti- prévue à l’article 153.
ve de l’application totale des
dispositions constitutionnelles.
Alors, serait-il rétif au change-
ment ?
Fahd YATA
État d’avancement des 10 projets de lois
organiques non encore adoptés
- Loi organique sur la régionalisation prévue par l’article 146 de la Constitution.
Une première version a été élaborée par le gouvernement et rejetée catégorique-
ment par les partis de l’opposition.
- Loi organique réglementant le statut des magistrats, prévu par l’article 112. Un
avant-projet est disponible sur le site du ministère de la Justice et des libertés.
- Loi organique sur le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire, prévue par l’article
116 de la Constitution. Un avant-projet est disponible sur le site du SGG.
- Loi organique sur la langue amazighe, prévue dans l’article 5 de la Constitution.
Aucun projet n’est disponible.
- Loi organique sur le Conseil national des langues et de la culture marocaine,
prévue à l’article 5. Aucun projet n’est disponible.
- Loi organique réglementant le droit des citoyens de présenter des propositions
en matière législative, prévue par l’article 14 de la Constitution. Aucun projet
n’est disponible.
- Loi organique réglementant le droit des citoyens de présenter des pétitions aux
pouvoirs publics, prévue à l’article 15 de la Constitution. Aucun projet n’est
disponible.
- Loi organique sur le droit de grève, prévue par l’article 29 de la Constitution. Un
avant-projet a déjà été élaboré et rejeté par les syndicats. Une nouvelle version
sera adressée aux syndicats.
- Loi organique relative au Conseil de Régence, prévue par l’article 44. Aucun pro-
jet en cours.
- Loi organique sur le recours pour non-constitutionnalité des lois, prévue à l’ar-
ticle 133.
Aucun projet n’est en cours.
04 Les années 2020 de notre jeunesse La Tribune

nouvelle
Finance : Le grand bond en avant Spécial • été 2015

Diagnostic global de l’économie marocaine

Un taux d’investissement élevé
pour un rendement trop faible
P
our introduire le
sujet de notre
numéro spécial
cette année, «Que
sera le Maroc en 2020 ?», sur
les plans économique et
financier, le rapport présenté
au Roi Mohammed VI en ce
mois de juillet par M. Abde-
latif Jouahri, Wali de Bank Al-
Maghrib, s’impose comme
une référence.
Mais, en déterminant cette
problématique, notre rédac-
tion avait bien conscience de
devoir travailler sur de vastes
projections pour évaluer le
Royaume dans un horizon de
moins de cinq années.
Le rapport annuel de BAM
vaut certes bilan et diagnos-
tic de ce qui s’est passé en
2014, mais il fixe également
des objectifs et recomman- ressort ainsi en recul sensi- aux entrées importantes de tions de biens et services.
de des réformes de façon ble de 7,3 à 1,2 points de fonds au titre des dons en pro- - Sur les marchés des actifs,
exhaustive. pourcentage. venance des pays du CCG. la situation de la bourse de
- L’économie nationale n’a - Les exportations ont pro- Casablanca reste préoccu-
Des indicateurs généré que 21.000 emplois, gressé de 7,9 %, traduisant pante. Certes, elle a enregis-
globalement dans le rouge soit la deuxième plus faible notamment la poursuite de la tré une hausse de son indice
Ainsi, les principaux constats création au cours des quator- performance de l’industrie de 5,6 % après trois années
établis par la Banque centra- ze dernières années. automobile et la reprise des consécutives de recul, mais
le sont : - Le chômage s’est aggravé ventes des dérivés des son niveau de liquidité a
- 2014 a été marquée par la pour la troisième année phosphates. Les importa- poursuivi sa tendance bais-
lenteur de la reprise de l’acti- consécutive, enregistrant tions se sont stabilisées, sière et sa contribution au
vité non agricole et la détério- une hausse de 0,7 point à résultat d’un alourdissement financement de l’économie
ration sensible de la situation 9,9%. En zones urbaines, il a des achats de produits ali- reste insignifiante.
du marché du travail, avec atteint 14,8 %, les jeunes et mentaires et de consomma- - Sur le marché de la dette en
néanmoins une atténuation les femmes demeurant les tion, et d’une baisse signifi- revanche, le financement des
des déficits jumeaux. plus touchés. cative de la facture agents économiques s’est
- La croissance du PIB non - Légère atténuation du défi- énergétique et des acquisi- effectué dans un contexte
agricole s’est établie à 3,1%, cit public à 4,9 % du PIB due tions de biens d’équipement. favorable marqué par un fort
taux inférieur à sa moyenne à l’allègement de la charge -La progression des transferts repli des levées du Trésor et
des années 2000. de compensation de 6,5 % du des Marocains résidant à l’é- un assouplissement des
- La valeur ajoutée agricole a PIB en 2012 à 3,5 % en 2014, tranger s’est limitée à 3,6%. conditions monétaires.
accusé un repli de 2,5%, rame- contrecarré cependant par la -Néanmoins, notre pays a - Bank Al-Maghrib, en consé-
nant la croissance écono- croissance de la masse sala- continué d’être attractif pour quence, a davantage renfor-
mique de 4,7% en 2013 à 2,4% riale de l’État qui s’est accrue les investisseurs étrangers, cé l’orientation accommo-
- La formation brute de capital de 2,6 %, avec un ratio au PIB avec un afflux de 36,5 dante de sa politique
fixe a baissé pour la deuxième stable à 11 %. milliards de dirhams, proche monétaire, réduisant son
année consécutive. - L’endettement du Trésor a du niveau exceptionnel enre- taux directeur à deux repri-
- La consommation des poursuivi sa tendance haus- gistré en 2013. ses, le ramenant à un niveau
ménages a poursuivi son sière avec un ratio au PIB à - L’encours des réserves historiquement bas de 2,5 %.
ralentissement pour la troi- 63,2 % contre 46,1% en 2009. internationales net s’est En outre, au vu de la persis-
sième année consécutive, - Le déficit du compte courant amélioré de 20,3,%, à 180,8 tance d’un besoin important
avec un accroissement de s’est rétabli à 5,6 % du PIB, milliards de dirhams, repré- de liquidité, Bank Al-Magh-
3,2% contre 5,4% en 2011. Sa grâce notamment à l’allége- sentant ainsi l’équivalent de rib a abaissé le taux de la
contribution à la croissance ment du déficit commercial et 5 mois et 8 jours d’importa- réserve monétaire de 4 % >>
 La Tribune
nouvelle
Spécial • été 2015
>> à 2 %, tout en veillant à
adapter le volume de ses
injections aux besoins des
trésoreries bancaires.
L’économie nationale est
ainsi restée en 2014 sur un
palier de faible croissance,
même si la prévision de crois-
sance pour 2015 est de 5 %
grâce à une bonne récolte
céréalière. Elle continue d’ê-
tre rythmée par l’aléa clima-
tique et donc les progrès
réalisés sur le plan des équi-
libres sont attribuables dans
une grande mesure à des fac-
teurs conjoncturels.
Le meilleur est-il à venir ?
Les recommandations de
BAM dont claires nettes et
précises. Elles se projettent
sur les années à venir pour
des résultats probants à
l’horizon 2020. Il s’agit
essentiellement de reconsi-
dérer les stratégies secto-
rielles, lancées en majorité
depuis plus de 5 ans. Voire si
elles ont pu atteindre leurs
objectifs et produire les
synergies et l’élan nécessai-
re pour enclencher une véri-
table transformation struc-
turelle de l’économie et
accélérer le rythme de la
croissance.
En effet, le Maroc est un pays
qui enregistre l’un des taux
d’investissement les plus
élevés au monde, mais les
résultats restent bien en-
deçà des espérances, aussi
bien en termes de croissance
que d’emplois.
En effet, après une moyenne
de 4,8 % entre 2000 et 2008,
la croissance non agricole est
revenue à un rythme moyen
de 3,6 % depuis 2009 et de
3,1 % sur les deux dernières
années. En outre, le chômage
persiste à des niveaux élevés
en milieu urbain et en parti-
culier parmi les jeunes.
S’il est vrai que la part impor-
tante en infrastructures éco-
nomique et sociale peut
expliquer les délais longs des
retombées de l’investisse-
ment, force est de constater
que son niveau élevé est
maintenu depuis plus d’une
décennie.
La problématique du niveau
de rendement concerne éga-
lement les investissements
directs étrangers. Certes, le
Les années 2020 de notre jeunesse
Maroc a pu bénéficier ces der-
nières années d’importantes
entrées, mais la question se
pose quant au niveau de leur
contribution à la croissance et
à l’emploi. Par ailleurs, les sor-
ties au titre des dividendes
commencent à impacter sen-
siblement la balance des paie-
ments. Au titre de 2014, elles
ont atteint près de 15 milliards
de dirhams pour un afflux
d’IDE de 36,5 milliards. S’il est
clair qu’il faut continuer à pro-
mouvoir ces investissements,
les incitations qui leur sont
parfois accordées devraient
être évaluées sur la base
d’une analyse coût/bénéfice
rigoureuse pour s’assurer de
leur apport pour le pays.
L’essor de l’industrie auto-
mobile constitue un exemple
dans ce sens. Bien qu’elle
connaisse un succès remar-
quable sur le plan du déve-
loppement des exportations,
son impact et ses effets d’en-
traînement sur l’économie
nationale restent encore limi-
tés au regard de son faible
taux d’intégration.
Il faut introduire dans la gou-
vernance et les modes de ges-
tion de notre pays la nécessité
d’instituer l’évaluation des
politiques publiques.
Par exemple, sur le plan de
notre politique d’ouverture,
l’orientation africaine portée
au plus haut niveau de l’Etat
est prometteuse comme
relais de croissance. Pour
tirer profit du capital politique
dont jouit le Maroc dans cette
région grâce aux initiatives
renouvelées du Roi Moham-
med VI, les autorités doivent
assurer un suivi régulier de
l’avancement des différents
projets et s’assurer de la
mobilisation des ressources
humaines et financières
nécessaires à leur succès.
Le Maroc bénéficie aujourd’-
hui d’une conjonction favora-
ble de facteurs, notamment
l’atténuation des déficits
jumeaux, l’afflux important
des dons et la baisse des
cours internationaux des pro-
duits énergétiques. Une
fenêtre d’opportunités s’ouv-
re ainsi, lui offrant des mar-
ges importantes pour la pour-
suite des réformes dans
l’objectif d’accélérer la crois-
sance, réduire le chômage et
améliorer les conditions de
vie de la population.
Ces marges sont confortées
par l’image dont jouit le pays
dans la région comme un îlot
de paix et de démocratie.
Les appréciations positives
des agences de notation et
des institutions internatio-
nales consolident davantage
ces acquis.
Le développement que
connaît Casablanca Finance
City aujourd’hui constitue un
grand appui pour l’orienta-
tion continentale du Maroc.
Le nombre croissant d’entre-
prises et d’institutions d’une
certaine envergure qui s’y
installent et surtout le choix
de la BAD d’y abriter le siège
du Fonds Africa 50, représen-
tent une avancée notable sur
laquelle il faudrait capitaliser
pour en faire une interface
incontournable entre l’A-
frique et le reste du monde.
Ces ambitions d’ouverture et
de positionnement régional
et international du Maroc
05
Finance : Le grand bond en avant
requièrent une politique de
change plus adéquate. Dans
ce sens, après avoir procédé
en avril 2015 à l’aménage-
ment du panier d’ancrage de
notre monnaie pour mieux
refléter la structure des
règlements, les autorités de
tutelle s’attèlent actuelle-
ment à assurer les conditions
propices pour une transition
graduelle vers plus de flexi-
bilité du régime de change,
une fois l’environnement
macroéconomique devenu
favorable. Dans cette per-
spective, Bank Al-Maghrib a
déjà commencé à adapter
son cadre d’analyse et de
prévision à cette transition et
au ciblage d’inflation comme
nouveau régime de politique
monétaire.
En outre, il faudrait capitali-
ser sur le succès remarqua-
ble de l’opération d’amnistie
sur les avoirs détenus par les
résidents à l’étranger. Au-
delà de l’apport en termes de
recettes pour l’Etat et d’im-
pact sur la position extérieu-
re du Maroc, cette réussite
devrait être le prélude d’une
nouvelle étape dans ce pro-
cessus de libéralisation de la
réglementation des changes.
Sur la base du rapport de
BAM, tous les sujets portant
sur des réformes importantes
seront donc développés,
actualisés et projetés à 2020
dans ce numéro : les finances
publiques avec une inter-
view de M. Boussaid, la réfor-
me de la bourse, le rôle de
CFC , l’orientation africaine
du système bancaire, la réfor-
me des retraites, etc…
Afifa Dassouli
06 Les années 2020 de notre jeunesse
Finance : Le grand bond en avant
M. Mohamed Boussaïd, Ministre de l’Économie et des Finances
D’ici 2020, toutes les réformes des Finances
publiques seront entrées en vigueur
La Nouvelle Tribune : M. Boussaïd,
la thématique de notre numéro
spécial porte cette année sur les
réformes du Maroc à l’horizon
2020. Pouvez-vous nous aider à
recenser celles qui concernent la
Finance, publique et privée ?
M. Mohamed Boussaïd :
Il s’agit de plusieurs réformes
qui sont aussi importantes que
diversifiées.
Il y a d’abord un travail législatif
extrêmement important dans le
secteur bancaire, avec, par
exemple, la mise en œuvre des
financements des banques par-
ticipatives à travers la réforme
de la loi bancaire.
C’est la Banque centrale qui
s’occupe de l’octroi des licences
pour les banques participatives.
Pour notre part, nous avons fina-
lisé l’arsenal juridique, loi et déc-
rets. Cette réforme englobe éga-
lement la réforme de Bank
Al-Maghrib, afin de renforcer
son indépendance et lui permet-
tre d’assurer la bonne conduite
de la politique monétaire.
Sur le plan financier stricto
sensu, plusieurs réformes sont
engagées ou vont l’être très
prochainement. Il y a la réforme
des retraites, l’achèvement de
la réforme de la compensation,
toutes réformes qui ont et
auront un effet direct sur le
Budget.
Il y a également toutes les réfor-
mes qui ont un impact sur notre
économie d’une manière géné-
rale comme les stratégies sec-
torielles.
Mais, je pense que la loi fonda-
mentale qui va changer la vision,
l’approche, mais aussi la maniè-
re dont le Budget est perçu et
exécuté est bel et bien la Loi
Organique des Lois de Finances.
Quelles sont les raisons de cette
appréciation ?
C’est une loi qui est en phase avec
les derniers standards des pays
les plus avancés, lesquels ont pris
conscience, après le déclenche-
ment de la crise de 2008, que la
gestion des finances publiques
nécessitait plus de transparence,
une meilleure gouvernance, mais
également plus de rationalité.
Le point de départ de cette
démarche est certainement la
problématique de l’endettement
d’où l’imposition et la généralisa-
tion de la règle d’or qui, désor-
mais, est appliquée par tous ces
gouvernements.
Le Maroc a suivi ce mouvement
même si notre Loi organique des
lois de finances, en abrégé
LOLF, a eu pour point de départ
les années 90 du siècle précé-
dent. Et depuis l’adoption de la
LOLF de 1998, un débat avait été
enclenché sur la nécessité de sa
révision, débat qui a été porté
par les ministres des finances
précédents.
La dernière mouture de la LOLF
résulte d’un long travail et appor-
te donc des éléments novateurs
très importants.
Quels sont ces éléments ? Tout
d’abord, une loi de finances est
toujours une loi annuelle qui pré-
cise les recettes, les dépenses, et
s’essaie à trouver les finance-
ments d’un éventuel déficit.
Avec la nouvelle LOLF, désor-
mais, il y aura certes, l’exécu-
tion d’un Budget annuel, mais
les ordonnateurs, c’est-à-dire
les ministères, présenteront
leurs besoins sur trois années
glissantes. Cela leur permettra
de disposer d’une continuité et
d’une visibilité, notamment
pour les projets qui ont une
durée de réalisation supérieure
à douze mois, même si ce n’est
qu’à titre indicatif.
Les ministères devraient ainsi
mieux programmer dans le temps
leurs projets, et les débats au Par-
lement porteraient sur les pro-
grammations d’une année en
relation avec les années suivan-
tes. D’ailleurs, désormais, les
ordonnateurs ne seront plus
jugés sur le taux d’utilisation des
crédits programmés, leurs enga-
gements et leurs missions donc,
mais ils seront évalués sur des
indicateurs qu’ils choisiront en
fonction de leur pertinence socio-
économique, comme les résultats
et non sur les moyens qui auront
permis d’aboutir à ces derniers.
En contrepartie, des facilités
sont accordées aux départe-
ments ministériels. Ils dispose-
ront de la latitude totale pour
utiliser l’enveloppe budgétaire
dédiée à un projet spécifique-
ment déterminé.
Et l’autre nouveauté de taille c’est
que les budgets seront présentés
par programmes et par régions.
La Tribune
nouvelle
Spécial • été 2015
La première qualité de la LOLF, ne
porte-t-elle pas sur l’introduction de
la règle d’or en matière de déficit
budgétaire ?
En effet, c’est une des innova-
tions majeures. Comme vous le
savez, en période difficile,
notre pays a été amené à
contracter des prêts et des cré-
dits pour assurer le fonctionne-
ment de l’Etat. Ce qui s’est
avéré ne pas être une bonne
solution. On comprend bien,
avec l’exemple actuel de la
Grèce, qu’on ne peut plus
mener une politique d’endette-
ment abusive et irréfléchie.
La règle d’or implique donc le
principe de la maîtrise des finan-
ces publiques afin d’éviter tout
dérapage de l’endettement glo-
bal de l’Etat.
Le Maroc, à l’instar de l’Allema-
gne, a choisi d’appliquer une des
trois variantes de cette règle
d’or selon le principe que l’en-
dettement ne doit pas être supé-
rieur à la hauteur de l’investisse-
ment public. Cela implique
obligatoirement que le solde
ordinaire soit positif.
Quand la règle d’or rentrera-t-elle
en application ?
Dès le 1er janvier 2016. Mais il
faut savoir que la mise en œuvre
complète de la LOLF prendra cinq
années et chaque année verra
l’implémentation des nouveautés
qu’elle contient, L’an I de la LOLF
amènera principalement le chan-
gement du calendrier d’examen
de la loi de finances, la réduction
des comptes spéciaux du Trésor,
la création d’un nouveau chapitre
au niveau du remboursement et
de la restitution fiscale.
Il est prévu également l’accompa-
gnement de la loi de finances par
de nouveaux rapports, qui passe-
ront de dix actuellement à treize.
Il y aura par exemple une note sur
la répartition régionale de l’inves-
tissement, un rapport sur le fon-
cier public et son utilisation, un
autre rapport sur les dépenses
relatives aux charges communes.
Il y aura également le rapport sur
les comptes spéciaux, sur la >>
 La Tribune
nouvelle
Spécial • été 2015
>> dette, sur les ressources
humaines dans la Fonction
publique, etc.
Tout cela sera donc prêt le jour de
la présentation devant la Chamb-
re des Représentants du projet de
Loi de Finances pour 2016, soit le
20 octobre 2015.
Puis à l’horizon du 1er janvier
2017, il est prévu d’introduire la
responsabilisation de chaque
responsable ministériel sur les
crédits de personnels.
Pour la troisième année, il est
prévu le changement de la
nomenclature du Budget géné-
ral par l’introduction de la comp-
tabilité générale, la nouvelle
règle pour les reports de crédits,
laquelle imposera aux ordonna-
teurs, les ministères donc, une
programmation plus fine et plus
réaliste de leurs crédits et des
projets qu’ils desserviront.
C’est durant la quatrième année
de mise en œuvre de la LOLF
donc en 2019 qu’entrera en
vigueur la programmation plu-
riannuelle, (les trois années glis-
santes). Enfin, la dernière année
en 2020, viendra le tour de l’ana-
lyse des coûts, soit la comptabi-
lité analytique et la certification
des comptes de l’Etat par la Cour
des Comptes.
Dans quelle mesure la LOLF peut-elle
permettre au ministre des Finances
d’avoir une bonne appréciation sur la
politique économique du pays ?
La relation entre la politique éco-
nomique et la politique financière
a toujours existé. Ce que la LOLF
apporte de plus, ce sont de nou-
veaux moyens collectifs et règles
budgétaires qui permettront dés-
ormais au gouvernement de
mieux maîtriser la gestion des
finances publiques. Ce sont des
garde-fous qui mettent le Budget
à l’abri des tentations politicien-
nes, populistes.
Par exemple, la règle d’or va
imposer la rationalité dans la ges-
tion de la dette publique. Elle est
destinée à empêcher demain un
gouvernement qui serait tenté
d’ouvrir les robinets financiers
pour des objectifs éloignés de l’in-
vestissement public productif.
De plus, un Budget doit tenir
compte d’une conjoncture don-
née au moment de son élabora-
tion, mais qui est susceptible de
changer au cours de l’année. Et
l’une des grandes nouveautés,
c’est qu’on va en finir avec le
tabou des lois rectificatives de
Les années 2020 de notre jeunesse
finances. Elles n’ont pas été mises
en œuvre ces dernières années
parce que la procédure d’appro-
bation des lois rectificatives, telle
que définie dans l’ancienne Loi
Organique des Finances, prenait
entre deux et trois mois.
Désormais elle sera cadrée en
quelques jours et un ministre
des finances peut être encoura-
gé en cours d’exercice budgétai-
re, si la conjoncture le nécessite,
à présenter une loi de finances
corrective, rectificative.
Mais cette LOLF n’est-elle pas
venue au bon moment parce que
son introduction a été rendue pos-
sible par une amélioration au
niveau budgétaire, avec un solde
ordinaire positif ?
Oui, un solde ordinaire redevenu
positif après trois années de défi-
cit de ce solde ! Effectivement,
cette Loi organique arrive à un
moment de consolidation des
réformes déjà lancées et d’une
prise de conscience aigüe de la
nécessité d’assainir et de redres-
ser nos finances publiques et
dans le même temps de créer un
contexte favorable à la relance et
à la croissance. Et je pense que
2015, avec certes la survenance
d’éléments externes favorables,
est la parfaite illustration de la
pertinence et de la faisabilité, sur-
tout, de cette double probléma-
tique. C’est une équation difficile
certes, mais le Maroc peut la
résoudre!
M. Boussaïd, pour clôturer ce sujet
budgétaire, pouvez-vous nous dire
où en est-on avec la réforme de la
caisse de compensation ?
Nous avons eu la chance d’ouvrir
le chantier de réforme du système
de compensation avant la décrue
des prix du baril de pétrole. C’é-
tait le bon moment pour désamor-
cer cette machine infernale
sachant que dans leur quasi tota-
lité, les Marocains ont compris le
bien fondé de cette démarche,
laquelle, il faut le dire, a été
accompagnée d’un très grand
effort de communication. Et le
processus de réduction de la com-
pensation sera poursuivi et ce,
pour deux bonnes raisons.
D’abord, on se rend compte que
ce mode de soutien ne va pas
uniquement aux populations
que nous ciblons et que tout le
monde en profite !
Ensuite, pour la vérité des prix,
afin de garantir le bon fonction-
nement d’un marché, cela crée
une distorsion énorme. On le
perçoit pour le gaz aujourd’hui,
qui est une source d’énergie.
Lorsque prévaut un grand diffé-
rentiel sur une source d’énergie
par rapport aux autres, cela
pousse les consommateurs à la
sur-utiliser.
La Caisse de Compensation est
budgétisée à hauteur de 23
milliards cette année, ce mon-
tant sera respecté.
Il faut mesurer le travail accom-
pli et le chemin parcouru. Entre
2012 et 2015, nous avons divisé
la charge de compensation pra-
tiquement par deux par rapport
au PIB. La Charge de la compen-
sation est tombée de 6,5 % du
PIB, à moins de 3 % aujourd’hui.
C’est énorme !
Et la réforme du marché financier ?
Nous avons pris conscience
depuis plusieurs années, que
l’ensemble des marchés des capi-
taux constitue un pilier fonda-
mental dans la construction d’une
économie moderne.
Aujourd’hui, la situation de la
Bourse focalise toutes les atten-
tions. Mais les autres secteurs se
portent bien, à l’image de Casa-
blanca Finance City qui offre une
meilleure visibilité et le secteur
bancaire qui, malgré tout, pro-
gresse et confirme sa solidité. La
Bourse et ses performances doi-
vent être appréhendées dans
une logique corrélée à un histo-
rique. Elle a connu une phase
d’euphorie extraordinaire
jusqu’en 2010-2011 et du fait de
l’existence de certaines pra-
tiques, il est normal qu’elle
subisse une correction, ce que
nous vivons aujourd’hui.
D’ailleurs, les causes du maras-
me sont d’origine endogène, cer-
tes, mais également du fait de
facteurs exogènes, car la Bourse
de Casablanca, quoi qu’on dise,
est ouverte sur l’international,
avec la présence d’investisseurs
étrangers.
Mais comment, une fois ces
constats établis, assurer le redé-
marrage de la Bourse ? De mon
point de vue, cela passera par le
retour et le renforcement de la
confiance. Celle-ci a été quelque
peu altérée, notamment parce
que la Bourse n’exerce plus d’at-
trait sur les petits épargnants,
les boursicoteurs, les personnes
physiques.
La Bourse manque de profon-
07
Finance : Le grand bond en avant
deur, de liquidité, d’efficience,
n’offre pas de visibilité suffisan-
te, et de connections avec d’aut-
res bourses régionales.
C’est pour cela que nous tra-
vaillons aujourd’hui sur une nou-
velle conception de la gestion de
la Bourse de Casablanca,
sachant que la concession arrive
à terme à la fin du mois d’août,
afin de donner de l’élan à cette
bourse à travers un actionnariat
solide pour la société en charge
de sa gestion.
Plutôt que d’avoir un actionnariat
disparate, nous travaillons à la
construction d’un édifice consti-
tué d’actionnaires de référence,
banques, compagnies d’assuran-
ces et un partenaire stratégique.
En outre, pour assurer la profon-
deur de la bourse, élargir sa
liquidité, nous préparons un por-
tefeuille public et privé qui pour-
rait, demain, rejoindre la cote
casablancaise. Et, grâce au par-
tenariat stratégique signé entre
la Bourse et le London Stock
Exchange, on a aujourd’hui une
visibilité qui nous faisait défaut
jusque-là.
Tout ceci s’inscrit dans un sché-
ma global, sachant que la problé-
matique ne se limite pas à la
société de gestion de la Bourse
des Valeurs, puisque nous avons
l’ambition de créer un marché à
terme, de la PME, de devises et
une chambre de compensation et
renforcer le flottant du marché.
Quand ? par rapport à 2020, date
cruciale pour notre spécial?
Dans les délais les plus rappro-
chés. Cette démarche implique et
concerne plusieurs partenaires et
il s’agit de convaincre chacun de
la nécessité de participer. Il y a
certaines résistances parce que
ceux qui ont de petits intérêts ne
veulent pas les perdre!
Mais nous sommes déterminés
à réussir ce processus, afin qu’il
n’y ait pas de retour en arrière et
que le projet de CFC bénéficie
dans son développement d’un
marché boursier local attractif et
dynamique, afin d’attirer les
opérateurs régionaux et interna-
tionaux. Nous avons besoin
d’une bourse de qualité afin
qu’elle remplisse au mieux sa
mission de financement de l’éco-
nomie nationale, mais aussi
réponde aux exigences de hub
pour le continent africain.
Entretien réalisé par
Afifa Dassouli
08 Les années 2020 de notre jeunesse La Tribune

nouvelle
Finance : Le grand bond en avant Spécial • été 2015

La réforme de la comptabilité de l'Etat

sera menée par la TGR
L
a nouvelle Loi Orga-
nique des Finances,
dont l’entrée en vigueur
se fera à compter du 1er
janvier 2016, a introduit beau-
coup de changements notam-
ment au niveau de la préparation
et de l’exécution des lois de finan-
ces. Parmi, les mesures introdui-
tes, il y a lieu de citer la comptabi-
lité générale et la comptabilité
analytique. Toutefois, ces deux
comptabilités n’entreront en
vigueur respectivement qu’en
2018 et 2020. C’est, bien sur, la
Trésorerie Générale du Royaume
qui, en adoptant un nouveau
cadre comptable des opérations
de l’Etat, permettra d’appréhen-
der l’ensemble des opérations de
l’Etat, et partant, satisfaire la
demande exprimée en matière
d’informations par les décideurs
et par les partenaires du ministè-
re des Finances.
Les limites de la démar-
ches actuelle
Le cadre comptable actuel se
limite à l’enregistrement des
opérations budgétaires et de tré-
sorerie dans l’optique « encais-
sements- décaissements ». De
ce fait, il ne favorise pas la mesu-
re des performances, le dévelop-
pement d’analyses financières
et la production de toutes les
informations financières néces-
saires à la prise de décision. La
nouvelle comptabilité imposée
par la LOLF, introduit l’optique
patrimoniale dans la comptabili-
té générale de l’Etat. Ce qui sup-
pose que la comptabilité ne
serait plus « de caisse » qui per-
met de savoir ce que l’Etat a
dans ses caisses, mais une
comptabilité générale qui prend
en compte les richesses patrimo-
niales de l’Etat, mais aussi ses
dettes et les engagements qu’il
doit honorer.
Et ainsi donc de mieux appré-
hender la situation à moyen et
long terme des finances
publiques comme c’est le cas
pour les entreprises privées.
D’ailleurs, la réforme de la
comptabilité de l’Etat procède
d’une logique de refonte selon
une vision aussi proche des
entreprises et des standards
internationaux que le permet-
tent le statut de l’Etat et les
spécificités de son action.
Les nouvelles missions
de la TGR
Elle s’articule autour d’un porte-
feuille de projets comportant cinq
composantes que sont : le réfé-
rentiel comptable, le bilan d’ou-
verture, le système d’information
comptable, le contrôle de la quali-
té comptable et la conduite du
changement.
Le référentiel comptable a été
adopté par le Conseil National de
la Comptabilité en date du 16
décembre 2008, adoption consa-
crée par la résolution de la XIIè-
me assemblée plénière dudit
conseil, en date du 25 décembre
2008. Sur cette base, la Trésore-
rie Générale du Royaume a éla-
boré le 1er bilan d’ouverture de
la comptabilité de l’Etat en vue
de faciliter la mise en œuvre de
la réforme comptable de l’Etat.
Les principes et normes compta-
bles dégagés au niveau de la
réforme de la comptabilité de l’E-
tat ne sauraient être pleinement
appliqués en l’absence d’un sys-
tème d’informations qui puisse
prendre en charge les change-
ments induits par cette réforme
et les exigences techniques de
leur application par les gestion-
naires et les comptables publics.
Donc, une solution progicielle
intégrée de la comptabilité de
l’Etat a été acquise à l’effet de
permettre à la Trésorerie Géné-
rale du Royaume, dans le cadre
d’un système ouvert et évolutif,
de prendre en charge l’ensemble
des étapes de mise en œuvre du
plan comptable de l’Etat.
Le déploiement de ce système
s’opèrera de manière graduelle
comptant sur un processus de
conduite de changement englo-
bant des actions de communica-
tion, de formation et d’assistan-
ce technique auprès des
utilisateurs finaux du système.
Au-delà de la tenue d’une nou-
velle comptabilité publique et
pour fournir une assurance
quant à la réalisation de l’objec-
tif d’image fidèle des comptes de
l’Etat, un processus global de
contrôle et d’audit interne pour
le contrôle de la qualité compta-
ble est en cours de déploiement
progressif à la Trésorerie du
Royaume.
Avec la nouvelle Constitution de
2011, notre pays a connu un véri-
table tournant historique, basé
sur un meilleur équilibre des pou-
voirs et une nouvelle organisation
des modes de gestion des affaires
publiques ainsi que la consécra-
tion des principes de transparen-
ce, de responsabilité et de reddi-
tion des comptes.
Cette constitution est appelée à
être consolidée par la mise en
place de la nouvelle loi organique
des finances, LOLF pour une
nouvelle impulsion à la moderni-
sation de l’Etat, par le renforce-
ment de la transparence des
finances publiques et par la
réorientation de la gestion finan-
cière d’une optique de moyens à
une logique fondée sur les résul-
tats et la performance.
La réforme du cadre comptable
de l’Etat et le passage d’une
comptabilité des flux (comptabi-
lité budgétaire) à une comptabili-
té d’exercice fondée sur les droits
constatés qui englobe tous les
engagements de l’Etat et compor-
tant une forte valeur ajoutée
patrimoniale, constitue un levier
incontournable pour asseoir la
culture d’évaluation des poli-
tiques publiques.
La culture du résultat et de la
performance
Au-delà même des enjeux d’ordre
technique, financier et compta-
ble, cette entreprise recèle une
dimension culturelle stratégique
pour notre pays, dimension qui
consiste à assurer un ancrage réel
de la culture de résultat et de per-
formance devant, désormais,
régir la stratégie de réalisation
des politiques publiques.
Enfin, l’importance du chantier de
réforme de la comptabilité de l’E-
tat réside dans les enjeux que
cette entreprise véhicule en ter-
mes de reconfiguration du systè-
me comptable pour une meilleure
visibilité financière, une plus
grande maîtrise du processus de
préparation, d’exécution et de
contrôle du budget de l’Etat et
surtout, pour une amélioration
substantielle de l’information
financière au bénéfice notam-
ment, du gouvernement, du par-
lement, du juge des comptes et
surtout des citoyens.
Dans la revue « Al Khazina » de la
Trésorerie Générale du 8 Aout
2011, consacrée à un spécial sur la
Réforme Comptable de l’Etat, M.
Noureddine Bensouda, Trésorier
Général du Royaume dans un édi-
torial d’ouverture précisait que :
«La réforme de la comptabilité
de l'Etat a également pour ambi-
tion, de permettre à notre pays
d'intégrer le club restreint de
pays qui adoptent la comptabili-
té d'exercice et par delà même
cet objectif, de satisfaire les exi-
gences liées à la comparabilité
de l'information financière, dès
lors que l’attractivité d’un pays
se mesure beaucoup plus par la
disponibilité d’une information
transparente et fiable des comp-
tes qui répond aux besoins des
investisseurs, des bailleurs de
fonds et de l’ensemble des utili-
sateurs, que par les avantages
économiques qu’elle offre.
La présentation des comptes de
l’Etat selon des normes harmoni-
sées en facilitera la lecture par les
acteurs de la gouvernance finan-
cière et permet surtout la compa-
raison entre les Etats. «
Enfin, la comptabilité publique
et la comptabilité privée ont un
destin commun, à savoir la pro-
duction d’une information comp-
table fiable et pertinente pour
les décideurs. Afifa Dassouli
 La Tribune
nouvelle
Spécial • été 2015
Enfin de grandes réformes pour la
Bourse de Casablanca !
U
ne très bonne
nouvelle, celle
d’une réforme
imminente de la
Bourse de Casablanca circule
et quand on creuse plus
avant, elle s’avère juste !
Ce qui nous a mis la puce à
l’oreille, c’est l’annonce de la
tenue d’une récente réunion
des banques de la place, diri-
gée par le PDG d’Attijariwafa
bank, M. Mohamed El Ketta-
ni,. Elle a porté sur le sujet de
leur participation au capital
de la Bourse des Valeurs aux
côtés de ses actionnaires
actuels, leurs sociétés de
bourse filiales et quelques
autres sociétés qui sont indé-
pendantes.
Puis en «déroulant la ficel-
le», on apprend que le mon-
tage de la démutualisation
de la bourse est décidé et
qu’il consisterait en une
large ouverture du capital de
la BVC, comme largement
attendue. Bien évidemment,
l’annonce de cette réforme
imminente se justifie pleine-
ment par le fait que la
concession de la gestion de
la Bourse des Valeurs de
Casablanca, accordée par l’E-
tat, arrive à son terme à la fin
du mois d’août prochain. Si
jusqu’à présent, la SBVC
était donc animée, gérée et
dirigée par les sociétés de
Les années 2020 de notre jeunesse
bourse de la place, il devrait
en être autrement désor-
mais, la formule actuelle
ayant montré, depuis
quelques temps déjà, ses
limites.
Concrètement, il semblerait
que l’augmentation du capi-
tal se ferait en faveur d’un
noyau dur de 51% qui serait
constitué par les banques
qui prendraient 35 % du
capital de la bourse, même si
seules les banques au capi-
tal majoritairement maro-
cain seraient concernées.
A leur côté, les compagnies
d’assurance (et peut être la
CIMR), détiendraient
quelques 20 % du capital de
la SBVC. Le reliquat des
51 % irait à la Caisse de
Dépôt et de Gestion.
Dans le schéma de démutua-
lisation, l’autre partie du
capital de la bourse des
valeurs, soit 49 %, resterait
détenue par les sociétés de
bourse à hauteur de 25 %, l’É-
tat s’allouerait 20 % et Casa-
blanca Finance City 4 %.
Une équipe plus solide
Si les sociétés de bourse
adossées aux banques reste-
ront vraisemblablement
dans le tour de table en com-
plément de la participation
de leurs sociétés-mères, les
indépendantes attendront
une bonne proposition finan-
cière pour sortir d’autant que
leur activité n’est pas floris-
sante et que leurs difficultés
ont déjà entrainé une vague
de concentration.
Enfin, après la phase de
relance du marché financier,
l’Etat se réserverait la possi-
bilité de céder ultérieure-
ment sa participation au pro-
fit certainement d’une
bourse étrangère pour redy-
namiser dans un second
temps le marché.
Interrogés sur la question, les
premiers commentaires des
institutionnels sont favora-
bles. Ils considèrent que leur
participation au capital de la
bourse est normale sachant
qu’ils détiennent une grosse
part de la capitalisation bour-
sière dans leurs actifs.
Ainsi, tous les acteurs et pro-
tagonistes de la bourse de
Casablanca seraient repré-
sentés à son capital afin de
veiller à son bon fonctionne-
ment, établir et maintenir
une profondeur au marché,
préserver sa liquidité et ainsi
son efficience.
Mais la réforme de la bourse
ne s’arrêterait pas à ces
changements, aussi fonda-
mentaux soient-ils, de son
tour de table. Elle serait
accompagnée par une vague
d’introductions en bourse de
sociétés publiques et privées
pour réalimenter le marché
en nouveaux papiers et sur-
tout une réforme de la Loi de
1993 dont le texte doit être
examiné par les deux cham-
bres parlementaires.
Ce projet de loi contiendrait
des mesures nouvelles
comme l’obligation de publi-
cation trimestrielle des
résultats des sociétés
cotées, une hauteur mini-
male incompressible du flot-
tant des valeurs inscrites à
la cote casablancaise, la
création d’un marché pour
les PME, , un autre pour les
devises, très attendu par les
«statuts CFC» qui pour-
raient ainsi utiliser la plate-
09
Finance : Le grand bond en avant
forme boursière de Casa-
blanca pour leurs opérations
en Afrique, car ce sont là les
attributs d’une place finan-
cière internationale dont le
Maroc a l’ambition.
Bien sûr les nouveaux pro-
duits financiers comme les
dérivés seraient introduits et
ceux sur les prêts emprunts
titres rénovés parce que leur
première mouture, basée sur
des contrats bilatéraux n’a
pas fonctionné et personne
ne les a donc utilisés depuis
leur sortie.
Le marché financier devrait
enfin jouer son premier rôle
de financement de l’écono-
mie quand, jusqu’à aujourd’-
hui, il a surtout servi à la valo-
risation de plusieurs sociétés
introduites par cessions
d’une partie de leur capital.
La bourse est un outil de
financement des fonds prop-
res et les introductions par
augmentation de capital doi-
vent donc prendre le pas sur
les cessions.
Les capitaux ainsi récoltés
sur le très long terme consti-
tuent par essence le meilleur
financement des investisse-
ments que l’économie maro-
caine se chargera de transfor-
mer en croissance.
Oui, voilà de très bonnes
nouvelles que nous ne man-
querons pas de suivre de
très près…
Afifa Dassouli
10 Les années 2020 de notre jeunesse
Finance : Le grand bond en avant
La participation des institutionnels au capital de la bourse
Le point de vue pointu du PDG de la
CIMR, M. Khalid Cheddadi
La Nouvelle Tribune :
M. Cheddadi, vous dirigez une
Caisse de retraite, la CIMR, et à
ce titre vous êtes l’un des
acteurs principaux de la Bourse.
Comment envisagez-vous la
participation des institution-
nels au capital de la société qui
en a la gestion ?
M. Khalid Cheddadi :
La bourse est une plateforme
de valorisation et d’échange
des actions. Elle permet la
rencontre entre acheteurs et
vendeurs et assure la
transparence des transac-
tions. Elle impose des règles
strictes de gouvernance, de
communication et de gestion
des conflits d’intérêts dans le
but de garantir l’équité entre
les intervenants. Elle est
régie par des textes régle-
mentaires et obéit au contrô-
le de l’Etat. Il lui incombe de
veiller sur le respect par tous
les intervenants – émetteurs,
intermédiaires en bourse,
acheteurs et vendeurs – de
toutes ces règles et régle-
mentations.
Elle assure l’animation du
marché à travers la promotion
de l’inscription à la cote de
nouvelles valeurs et l’évolu-
tion des instruments finan-
ciers. Son rôle est donc capital
dans le bon fonctionnement
du marché, sa dynamisation,
son attractivité et la confiance
qu’il inspire.
Pour ma part, je n’envisage
pas la question de l’entrée au
capital de la Société de Bour-
se sous l’angle de la partici-
pation financière qui est à
mon avis secondaire, mais
bien plutôt sous celui de la
légitimité en tant que partie
prenante, le but n’étant pas
de réaliser un rendement
financier mais de veiller au
bon fonctionnement, au
dynamisme et à l’évolution
du marché financier ainsi
qu’au respect des intérêts
des parties prenantes, sous
le contrôle de l’Etat.
Il y a essentiellement trois
parties prenantes qui ont
vocation à être au tour de
table de la Société de Bourse
et dont la légitimité est évi-
dente : les émetteurs, les
actionnaires financiers (qui
ne sont pas opérationnels
dans l’entreprise cotée) et les
intermédiaires en bourse, l’E-
tat étant dans son rôle de
régulateur. Si les premiers et
les derniers sont faciles à cer-
ner, le profil des actionnaires
financiers est plus complexe.
On peut cependant les ran-
ger dans trois catégories : les
institutionnels (banques,
assurances et caisses de
retraite), les particuliers et
les OPCVM.
Les institutionnels se distin-
guent par leur caractère d’in-
vestisseurs professionnels et
de long terme, la taille de
leurs participations qui les
autorise souvent à participer
à la gouvernance des socié-
tés cotées, et par leur capaci-
té (relative) à réguler les
cours compte tenu de la pro-
fondeur de leurs poches.
Leurs participations peuvent
aussi bien être directes qu’à
travers des OPCVM et repré-
sentent avec celles de ces
derniers, le plus gros des par-
ticipations financières.
Les OPCVM quant à eux, en
plus de leur caractère d’in-
vestisseurs professionnels à
l’instar des institutionnels, se
caractérisent par un horizon
de placement beaucoup plus
court et par un opportunisme
qui permet au marché d’être
efficient. C’est en principe
l’instrument privilégié d’in-
tervention sur le marché des
particuliers et le canal le plus
approprié pour orienter l’é-
pargne du grand public vers
le marché des capitaux.
Compte tenu du rôle impor-
tant joué par les institution-
nels et les OPCVM sur la
bourse et des intérêts qu’ils
y engagent, ils constituent la
principale partie prenante et
devraient à ce titre être les
mieux représentés dans le
tour de table de la Société de
Bourse. Viennent ensuite les
émetteurs et dans une moin-
dre mesure, les sociétés de
bourse.
Je voudrai enfin souligner
que le statut de SA n’est pas
le plus adapté pour la Société
de Bourse car une telle plate-
forme doit être essentielle-
La Tribune
nouvelle
Spécial • été 2015
ment au service de ses par-
ties prenantes et refléter leur
constitution, la rigidité
qu’entraine l’actionnariat
étant incompatible avec les
fluctuations permanentes
dans la composition de la
structure des émetteurs et
des actionnaires financiers.
De même, l’activité de la
Société de gestion de la Bour-
se étant orientée vers la pro-
duction de services destinés
à ses parties prenantes, elle
n’a pas vocation à être une
source de profits pour eux.
Pour ces raisons, je pense
que la Société de gestion de
la Bourse devrait être dotée
d’un statut sui generis, inspi-
ré de celui des associations et
des mutuelles.
Bien entendu, les services de
la Bourse, au lieu d’être «
mutualisés » entre les parties
prenantes, peuvent être «
privatisés » dans le cadre
d’une délégation donnée à
des capitaux privés qui
devraient être alors complé-
tement indépendants des
parties prenantes et rémuné-
rés de manière appropriée
pour les prestations qu’ils
délivrent. Cependant, la «
mutualisation » présente l’a-
vantage de voir impliquées
les parties directement inté-
ressées ce qui garantit un
équilibre des intérêts, un
expression directe des
besoins et un dialogue
transparent et efficace entre
les acteurs.
Selon vous, quels rôles pour-
raient jouer les banques, les
compagnies d'assurance et les
caisses de retraite dans la
réforme et la relance du marché
financier?
Comme je viens de le dire, les
Institutionnels et les OPCVM
jouent un rôle de premier plan
sur la Bourse, par l’importan-
ce de leurs engagements, le
professionnalisme de leurs
démarches, la stabilité qu’ils
assurent compte tenu de >>
 La Tribune
nouvelle
Spécial • été 2015
>> leur qualité d’investis-
seurs de long terme. Ils sont
également observés de près
et suivis par les particuliers,
et portent à ce titre une certai-
ne responsabilité morale.
Grands mobilisateurs de l’é-
pargne, ils alimentent le mar-
ché en capitaux.
Les institutionnels partici-
pent également à la sophisti-
cation du marché en favori-
sant l’adoption de nouveaux
instruments financiers et
leur diffusion dans le grand
public. Par leur présence sur
le terrain et leurs participa-
tions aux organes de gouver-
nance des émetteurs, ils peu-
vent faire évoluer les règles
de fonctionnement de la
bourse et augmenter sa
transparence.
Inversement, n'y aurait-il pas
un conflit d'intérêt entre les
objectifs de tout investisseur de
prétendre principalement à un
rendement et celui de contri-
buer à la gestion de la SBVC ?
Comme je viens de le dire, le
statut de SA ne me parait pas
approprié à la Société de
Bourse notamment du fait
que les transactions de bour-
se ne devraient pas être une
source de bénéfice, sauf dans
le cas où ces prestations sont
déléguées à une partie tota-
lement indépendante.
Certains institutionnels sont
cotés en bourse, d'autres non.
Certains institutionnels seront
actionnaires de la bourse d'aut-
res non. Quelles conséquences
sur le plan concurrentiel et de
lobbying ?
La règle de participation à la
Société de Bourse devrait
être fixée principalement en
fonction des engagements
de chaque partie en distin-
guant trois catégories par
ordre d‘importance : les insti-
tutionnels et les OPCVM, le
émetteurs et pour finir les
intermédiaires en bourse. La
taille des portefeuilles déte-
nus, la capitalisation et le
chiffre des transactions sur la
Bourse sont des critères
naturels pour fixer le nombre
de voix à décerner aux opéra-
teurs dans chacune des caté-
gories que je viens de citer.
Entretien réalisé par
Afifa Dassouli
Les années 2020 de notre jeunesse
Saïd Ibrahimi, DG de CFCA
«Tout faire pour qu’en 2020,
CFC soit la plateforme
incontournable de
l’investissement en Afrique»
La Nouvelle Tribune :
M. Ibrahimi, vous dirigez CFC
depuis sa création en 2010. Avec ce
recul, pouvez-vous retracer pour
nos lecteurs le chemin parcouru ?
M. Saïd Ibrahimi :
Casablanca Finance City est une
ambition nationale voulue par Sa
Majesté le Roi Mohamed VI. CFC
se positionne comme une place
financière régionale servant de
porte d’entrée vers l’Afrique du
nord, de l’ouest et centrale.
Depuis son lancement en 2010,
plusieurs réalisations sont
aujourd’hui à notre actif : tout
d’abord un cadre institutionnel
dédié à CFC et composé de la loi
44-10 amendée par la loi 68-12.
Pour rappel, cette loi porte créa-
tion de la place financière CFC
dont Casablanca Finance City
Authority est l’organe de pilo-
tage et de promotion institution-
nelle ; ainsi que du statut CFC,
label donnant aux entreprises
s’installant à CFC l’accès à un
package attractif d’avantages.
Nous avons construit l’offre CFC
à partir d’un benchmark de plu-
sieurs centres financiers établis
et émergents. C’est sur cette base
que nous avons élaboré une pro-
position de valeur qui englobe un
environnement des affaires ali-
gné aux meilleures pratiques
internationales, un package fiscal
attractif et une panoplie de forma-
tions et de certifications profes-
sionnelles dans le domaine des
services financiers.
Aujourd’hui, après 5 ans d’exis-
tence, notre place figure dans
l’indice international de référen-
ce des centres financiers, le
GFCI, et occupe la 42ème posi-
tion mondiale et la 2ème en
Afrique.
En termes de résultats, quels sont
les statuts accordés tant pour les
sièges régionaux que pour les insti-
tutions financières et les services
11
Finance : Le grand bond en avant
professionnels ?
L’écosystème CFC compte à ce
jour près de 80 entreprises
représentant toutes les catégo-
ries éligibles à notre statut.
Nous avons ainsi près de 25 %
de sociétés qui opèrent dans le
secteur bancaire et des assuran-
ces, 17 % dans le secteur des
fonds d’investissement, 30 % de
prestataires de services profes-
sionnels et 2 8 % de sièges régio-
naux qui couvrent une grande
partie de l’Afrique à partir de
Casablanca.
A titre d’exemple, je pourrai
citer Africa50 le fonds de la BAD
dédié aux infrastructures ou
quelques grands noms interna-
tionaux tels que, AIG, BNP Pari-
bas, Huawei, Shell ou encore
Baker & Mackenzie et Clifford
Chance…
CFC commence à avoir un
rayonnement international à en La conclusion de partenariats en
juger par le nombre de partena- Afrique figure parmi nos priori-
riats qu'elle a signés avec d'aut- tés, eu égard à notre ancrage
res places financières interna- africain et notre engagement
tionales comme Londres, Paris, pour le développement des par-
Singapour, Maurice, Montréal et tenariats sud-sud. Nous avons à
Luxembourg. Quelle est votre ce jour conclu plusieurs partena-
approche en la matière? riats, avec Maurice, la Côte d’I-
Notre stratégie de développe- voire et le Sénégal. Concernant
ment des partenariats tient ces deux derniers, ils favorisent
compte de deux dimensions entre autres l’accompagnement
importantes : la diversification des entreprises de l’écosystème
géographique de nos partenai- CFC dans leurs projets d’inves-
res destinée principalement à tissement et la facilitation de
renforcer la connectivité de CFC leurs opérations et démarches
à travers les cinq continents, dans ces pays. D’autres accords
ainsi que la diversification des seront signés prochainement
axes de coopération, celle-ci avec différents pays de la
favorisant l'échange d'experti- région.
ses et des meilleures pratiques.
CFC a signé à ce jour six parte- La Loi portant création de CFC a évolué
nariats stratégiques avec les notamment par l'éligibilité des hol-
places financières de Singapour, dings au Statut CFC. Y a-t-il eu d'au-
Luxembourg, Londres, Paris, tres aménagements ?
Maurice et Montréal. En effet, la loi 68-12 a apporté
plusieurs évolutions; les plus
En parlant de partenariats, quid de importantes sont l’ouverture
ceux du Sud que CFC a noués et aux établissements de crédit
notamment en Afrique? ayant le statut CFC de l’ac- >>
12 Les années 2020 de notre jeunesse La Tribune

nouvelle
Finance : Le grand bond en avant Spécial • été 2015

>> cès aux dépôts des person-
nes morales, l’élargissement de
la base des sociétés éligibles au
statut CFC aux « prestataires de
services d’investissement »
(PSI), aux sociétés de gestion de
portefeuille et aux holdings ; et
la révision des conditions d’éli-
gibilité au statut CFC en autori-
sant les bureaux de représenta-
tion et les succursales des
sociétés étrangères.
La Bourse des valeurs fait l'objet de
projets de réformes imminents tant
au niveau de l'ouverture de son
capital que de l'introduction de
nouveaux compartiments et pro-
duits financiers. Quel en serait
l'impact pour que la place financiè-
re internationale que le Maroc est
en train de créer?
Tout d’abord permettez moi
d’insister : la place financière
est bel et bien là, n’est plus un
projet en cours de création et
est totalement opérationnelle.
Revenons à la Bourse. Les
réformes en cours sont impor-
tantes, et d’ailleurs plusieurs
bourses internationales éta-
blies et émergentes les ont
mises en œuvre à un stade de
leur développement. Néan-
moins, elles sont loin d’être suf-
fisantes.
Il nous faut redynamiser la
bourse de Casablanca, aug-
menter son attractivité et sa
visibilité auprès des investis-
seurs internationaux. Et pour
cela, il est urgent d’agir sur sa
liquidité et sur sa capitalisation
-2 indicateurs de taille les plus
regardés à l’international-.
Des mesures complémentaires
pour dynamiser l’offre (nouveaux
produits comme les ETF ou les
REITS, fixation d’un minimum de
flottant, ou encore création d’un
marché alternatif adapté aux
PME) et stimuler la demande (et
notamment incitation des parti-
culiers à investir en bourse),
conjuguées à une meilleure gou-
vernance du marché boursier
(avec l’opérationnalisation de
l’AMMC) permettraient de mar-
quer un nouveau départ pour la
Bourse de Casablanca.
Ceci aurait indiscutablement
un effet bénéfique sur la com-
pétitivité globale de la place
financière, et influerait positi-
vement sur le classement de
CFC au sein du GFCI.
M. Ibrahimi, notre spécial se place
dans la perspective de 2020, com-
ment envisagez- vous le développe-
ment de CFC à cet horizon ?
Nous œuvrons pour que d’ici
2020 Casablanca Finance City
soit la plateforme incontournable
de l’investissement en Afrique.
A cet horizon, notre écosystème
sera plus dense avec notamment
un plus grand nombre d’entre-
prises financières internationa-
les et de sièges régionaux de
multinationales prestigieuses.
En 2020, la place sera également
une réalité physique compre-
nant les tours de plusieurs insti-
tutions nationales.
Mais surtout, je l’espère, nous
serons la première place finan-
cière en Afrique.
Entretien réalisé par
Afifa Dassouli

Karim Hajji, DG de la Bourse de Casablanca

Dans les 5 ans, la Bourse sera efficiente, au service
des économies marocaine et africaine
La Nouvelle Tribune :
M. Hajji, notre spécial de cette
année porte sur le thème: "le Maroc
de 2020" comme l'explique la lettre
de M. Yata à nos partenaires. Pou-
vez-vous nous situer le devenir de
la Bourse des Valeurs dans cette
perspective ?
M. Karim Hajji :
Nous sommes conscients que le
Maroc consolide les fondamen-
taux de son économie en vue d’un
rayonnement régional. La mise
en place de Casablanca Finance
City en est d’ailleurs une parfaite
illustration.
Pour notre part, nous nous inscri-
vons parfaitement dans cette
dynamique et œuvrons, à horizon
2020, à positionner la Bourse de
Casablanca en tant que bourse
efficiente au service du finance-
ment de l’économie marocaine et
africaine. Afin d’atteindre cet
objectif, nous avons engagé de
nombreux projets et signé un par-
tenariat avec le London Stock
Exchange Group (LSEG). Ce par-
tenariat nous permet de réaliser
des projets en phase avec notre
stratégie de développement et
sera déployée en deux phases
majeures.
Ainsi, dans un premier temps,
nous travaillons à consolider
notre offre de produits et de ser-
vices technologiques afin de
mieux positionner la Bourse en
tant que moyen de financement
de l’économie. Pour ce faire, nous
avons acquis, auprès de Mille-
nium IT, filiale de LSEG, une nou-
velle plateforme de cotation, de
négociation et de surveillance
aux meilleurs standards interna-
tionaux. Cette plateforme, qui est
en cours de mise en place, per-
mettra de traiter, outre les pro-
duits financiers existants, les
nouveaux produits boursiers qui
viendront étoffer notre palette
d’offres dans le cadre de la mise
en place d’un marché à terme,
d’un marché alternatif et du
prêt/emprunt de titres.
Parallèlement à cela, nous avons
placé les PME au cœur de nos
priorités de développement
parce qu’elles représentent 95 %
de notre tissu économique.
Aussi, pour que la Bourse joue
pleinement son rôle dans le
financement de l’économie de
notre pays, il est nécessaire de
faciliter l’accès des PME au mar-
ché financier en général et à la
Bourse en particulier.
Notre objectif n’est pas unique-
ment de proposer à ces entrepri-
ses une offre de financement,
mais plutôt de les accompagner
pour leur offrir les outils qui leur
permettront de choisir le finance-
ment qui répond le mieux à leurs
besoins de croissance.
Pour ce faire, nous avons démar-
ré plusieurs projets axés autour
de la PME.
D’une part, la création de services
dédiés à travers le lancement
d’un marché pour la PME maro-
caine sur le modèle AIM (Alterna-
tive Investment Market), modèle
qui a fait ses preuves vu qu’en 20
ans, LSEG a introduit sur ce mar-
ché plus de 3000 entreprises qui
ont levé plus de 90 milliards de
Livres Sterling.
Ensuite, le lancement d’un pro-
gramme de formation que nous
dévoilerons à partir de la rentrée
2015, et sur lequel nous tra-
vaillons activement avec LSEG et
l’ensemble des partenaires natio-
naux et régionaux de la PME.
D’autre part, nous cherchons à
analyser et définir les actions
pour améliorer l’accès des PME
au marché financier, avec l’im-
plication des autres institutions
de la place.
Dans ce sens, nous avons tenu un
workshop en avril dernier avec la
Banque Africaine de développe-
ment, le London Stock Echange
Group ainsi que l’ANPME afin de
mener une réflexion sur les solu-
tions envisageables.
Nous menons également une
réflexion sur la mise en place
d’un cadre incitatif au finance-
ment des PME via le marché
financier marocain à travers la
réalisation d’une étude dont le
cadre sera défini suite à la
convention de partenariat que
nous avons signée en juin der-
nier avec l’Agence Nationale
pour la Promotion de la Petite et
Moyenne Entreprise (ANPME)
et l’Association Professionnelle
des Sociétés de Bourse (APSB).
Parallèlement à cela, nous tra-
vaillons avec l’ensemble des
acteurs du marché sur les problé-
matiques qui touchent la place.
Nous organisons et co-organi-
sons régulièrement des works-
hops et des manifestations pour
identifier des pistes d’améliora-
tion du marché, comme la >>
 La Tribune Les années 2020 de notre jeunesse 13
nouvelle
Spécial • été 2015 Finance : Le grand bond en avant

>> mise en place des ETFs ou de
produits «sharia compliant» ou
autres produits innovants.
La seconde phase de notre stra-
tégie est de positionner la Bour-
se de Casablanca en tant que
hub financier régional. Grâce à
une offre diversifiée de produits
financiers et à une offre techno-
logique sécurisée et aux
meilleurs standards internatio-
naux, la Bourse de Casablanca
représentera une alternative
attractive et compétitive de
financement et d’investisse-
ment, sur le plan régional et inter-
national. Afin d’amorcer cette
étape de notre stratégie, nous
œuvrons dès à présent à amélio-
rer notre présence et nos parte-
nariats avec nos homologues en
Afrique. Un groupe d’impulsion
des marchés des capitaux, Bour-
se Régionale des Valeurs Mobi-
lières (BRVM) - Bourse de Casa-
blanca, a été créé suite à la visite
de travail que la délégation repré-
sentant le marché boursier de
Casablanca a effectuée récem-
ment à ses homologues de l’U-
nion Economique et Monétaire
Ouest-Africaine. Nous sommes
également membres de plusieurs
associations régionales telles
que l’African Securities Exchan-
ges Association (ASEA) et l'Asso-
ciation des Bourses Francopho-
nes d'Afrique (ABFA).
La bourse est rentrée dans une phase
de réformes, celle qui porte sur l'ou-
verture de son capital et celle relati-
ve au développement du marché,
pouvez-vous apporter plus d’éclair-
cissements à nos lecteurs?
L’ouverture du capital de la Bour-
se fait actuellement l’objet de dis-
cussions entre les actionnaires
actuels et le Ministère des Finan-
ces. C’est un processus relative-
ment complexe qui touche à plu-
sieurs aspects tels que la
configuration cible du capital, les
modalités pour y parvenir, la gou-
vernance de la Bourse et la com-
patibilité du cahier des charges
actuel ainsi que de la nouvelle loi
sur la Bourse avec les exigences
de nouveaux actionnaires. Le tra-
vail a déjà commencé, avec une
implication forte de toutes les par-
ties prenantes.
Pour ce qui est du développement
du marché, une réforme régle-
mentaire est en cours : amende-
ment de la loi sur le Prêt de titres,
décrets d'application de la loi rela-
tive au marché à terme d’instru-
ments financiers, avant-projet
relatif aux Organismes de Place-
ment Collectif Immobilier (OPCI).
Pour sa part, la loi relative à la
Bourse des Valeurs est toujours
en phase de discussion au Secré-
tariat Général du Gouvernement
(SGG). Nos commentaires antici-
pent sur l’ouverture du capital de
la Bourse qui doit être l’occasion
d’adapter certaines dispositions
de cette loi aux exigences prop-
res au marché des capitaux et à
l’entrée de nouveaux actionnai-
res. Une fois adoptée, cette loi
donnera à la Bourse de Casa-
blanca plus de flexibilité, notam-
ment pour mettre en place de
nouveaux produits (ETFs, SIIC,
etc..), un marché à terme, un
compartiment PME. Avec une
marge de manœuvre plus large,
la Bourse de Casablanca sera
plus réactive aux besoins du
marché national et régional et
développera plus aisément son
offre afin d’être compétitive en
termes de placement pour les
investisseurs et en termes de
financement pour les émetteurs.
Toutes ces réformes rendront le
marché certainement plus
attrayant, mais suffiront-elles à
rétablir la confiance?
En effet l’objectif de ces réfor-
mes est d’améliorer l’attractivité
de la place grâce au développe-
ment des produits et services
qui en découleront.
Le développement de notre
palette de produits et l’adapta-
tion de nos compartiments aux
besoins du marché offriront plus
d’opportunités de placement
aux investisseurs et améliore-
ront le positionnement de la
Bourse de Casablanca à l’échelle
régionale et internationale.
Par ailleurs la diversification de
nos services (nouveau système
de cotation, le compartiment
PME) attirera de nouveaux émet-
teurs et enrichira l’offre en papier
sur le marché, ce qui ne manque-
ra pas de créer plus de volume et
de redynamiser le marché.
La promotion du marché ainsi que
le développement de la culture
boursière représentent égale-
ment un pilier pour construire un
« capital confiance »grâce à une
meilleure connaissance du mar-
ché boursier. Nous sommes
d’ailleurs très engagés et actifs
dans ce sens et œuvrons à rappro-
cher les concepts de la bourse des
investisseurs et des émetteurs.
Au 1er semestre 2015, plus de
3500 personnes ont bénéficié des
séminaires de l’école de la Bourse
et plus d’une centaine de réuni-
ons ont été tenues avec des entre-
prises et les professionnels de
leur écosystème.
Aussi, nous travaillons à élargir
continuellement notre périmètre
d’action en termes de nombre et
de catégorie afin de toucher tous
les profils que ce soit les jeunes
étudiants et élèves, les profes-
sionnels du marché, les grandes
entreprises ou les PME.
Entretien réalisé par
Afifa Dassouli

La flexibilité du Dirham, un objectif en perspective

L
e Maroc s’est inscrit
dans un processus
d’ouverture globale, à
la fois économique et
financière. Les accords de libre-
échange, le projet de la place
financière internationale, Casa-
blanca Finance City et tous les
projets qui entrent dans le cadre
de l’insertion de l’économie
marocaine dans l’économie
mondiale, en constituent des
manifestations irréfutables.
Toutefois, l’ambition de notre
pays d’avoir une grande ouver-
ture économique sur le monde et
une place financière régionale
soulève la question de l’adéqua-
tion de notre régime de change
qui est encore fixe avec un comp-
te capital quasiment fermé, sauf
pour les non-résidents.
Une ambition déjà ancienne
De ce fait, depuis une petite
décennie, les successifs minist-
res des Finances et le Wali de
Bank Al-Maghrib se sont posés
la question de la compatibilité de
ce régime avec de telles ambi-
tions. En effet, l’éventualité de «
flexibiliser » le régime ne date
pas d’hier et cette volonté d’ou-
verture était une décision totale-
ment souveraine, nullement
inspirée par le Fonds Monétaire
International ou la Banque Mon-
diale. Il s’agissait plutôt de
concrétiser les projets du Maroc.
Dans la perspective de la flexi-
bilisation du dirham, la Banque
centrale avait commencé à met-
tre en place les prérequis néces-
saires à cette transition .
Ainsi, le renforcement de l’indé-
pendance de BAM et la solidité
du secteur financier ont été les
premiers préalables réalisés. Et,
au sein d’une banque centrale
devenue indépendante, il fallait
se doter des outils d’analyse Malheureusement, cette prépa-
pointus, par l’implémentation ration a très vite été confrontée
d’un cadre analytique et prévi- à la survenance de la crise finan-
sionnel avancé indispensable à cière mondiale. Celle-ci a mis en
la préparation de la décision de exergue des fragilités, notam-
politique monétaire et au suivi ment des déficits jumeaux, inter-
de l’évolution des équilibres ne et externe, déficit budgétaire
macroéconomiques. et déficit du compte courant >>
Un séminaire FMI-BAM pour la région MENA
Dans le cadre de la mission d’assistance technique du FMI relative à la mise en place du dispositif de pré-
vision et de simulation macroéconomiques de la Banque, un séminaire FMI-BAM intitulé «Défis de la poli-
tique monétaire au niveau de la région MENA et avantages de l’adoption d’un dispositif structurel de pré-
vision et d’analyse» a été organisé du 21 au 22 Mai 2015 au centre de formation professionnelle de la Banque
centrale à Rabat.
En plus de la participation des experts du FMI et de Bank Al-Maghrib, ce séminaire a réuni plusieurs
Gouverneurs, Sous-gouverneurs et hauts responsables des banques centrales de la région MENA (Algérie,
Jordanie, Mauritanie et Tunisie) ainsi que des décideurs internationaux en tant que conférenciers
(République Tchèque, Macédoine et Turquie).
Le séminaire a mis en exergue les avantages de l’adoption d’un dispositif prospectif et a permis de s’arrêter
sur les expériences des différents pays participants et de tirer les enseignements susceptibles de garantir
un passage réussi vers un régime de ciblage de l’inflation. A.D
14
Finance : Le grand bond en avant
>> et les réserves de change du
Maroc ont commencé à baisser,
reléguant au second plan la
réforme de change par rapport à
l’urgence de la correction des
agrégats macro-économiques.
La crise mondiale et ses
conséquences
Notre pays a vu son solde exté-
rieur se détériorer de façon
continue jusqu’en 2013, et a
connu des niveaux très faibles
de ses réserves de change.
Puis, l’endettement du pays a
atteint un niveau très élevé, 65
% du PIB. L’urgence de corriger
ces déséquilibres a abouti à la
réforme de la Caisse de compen-
sation, qui a permis d’y remédier
partiellement, et de relancer
aujourd’hui le débat sur la flexi-
bilisation du régime de change.
De l’idée à la réalisation
Pour ce faire, BAM et le Ministè-
re des finances ont sollicité des
missions d’assistance sur des
aspects très importants.
En effet, il a été demandé au
FMI et à la Banque Mondiale,
une mission d’évaluation du sec-
teur financier, « Financial Stabi-
lity Assesment Program », FSAP,
laquelle s’est déroulée au mois
d’avril dernier. Il y a eu égale-
ment une mission d’assistance
pour les aspects opérationnels
de la transition vers le régime de
change flottant.
Parallèlement à ces missions,
BAM continue à travailler sur l’a-
mélioration du dispositif de pré-
vision et d’analyse.
D’ailleurs, c’est dans ce contexte
qu’un séminaire de haut niveau
sur le ciblage de l’inflation inti-
tulé « Défis de la politique moné-
taire au niveau de la région
MENA et avantages de l’adop-
tion d’un dispositif structurel de
prévision et d’analyse » a été
organisé en mai dernier par
BAM et le FMI.
Sur la base de l’ensemble de ces
missions, des orientations plus
claires concernant la réforme
pourront être arrêtées prochai-
nement.
Afifa Dassouli
Les années 2020 de notre jeunesse
Flexibilité du Dirham, les
prérequis indispensables
L
a transition vers un
régime de change
flexible et un cibla-
ge d’inflation
requièrent non seulement la
préparation des autorités
monétaires et financières
publiques mais également
du secteur privé, a récem-
ment relevé à Rabat, le Wali
de Bank Al-Maghrib (BAM),
Abdellatif Jouahri, lors de la
tenue du Conseil de la
Banque Centrale.
« Outre les autorités monétai-
res et financières publiques,
il faut que l’ensemble des
opérateurs privés se prépa-
rent au changement qu’im-
plique non seulement la
migration vers un régime de
change flexible mais égale-
ment l’adoption, par la
banque Centrale, d’un régi-
me de ciblage d’inflation », a
souligné le Wali de BAM lors
d’une conférence de presse
au terme de la réunion trimes-
trielle de la Banque centrale.
Il a également souligné que
le passage vers un régime de
change flexible tiendra
compte des conclusions de
l’évaluation conjointe (FSAP)
du Fonds Monétaire Interna-
tional (FMI) et de la Banque
Mondiale (BM), du rapport
final concernant la deuxième
ligne de précaution de liqui-
dité (LPL), ainsi que du plan
d’assistance technique éla-
boré avec le FMI sur la migra-
tion vers le régime de change
flexible, en vue d’arrêter à la
fois, les étapes de la transi-
tion et un bon timing pour l’o-
pération.
Il a, à cet effet, évoqué la
tenue, en mai dernier, d’un
symposium régional sur le
ciblage de l’inflation visant la
préparation du passage au
taux de change flexible,
l’examen des expériences en
matière des opérations de
ciblage d’inflation et la mise
en place d’un modèle général
de prévisions économiques.
Traditionnellement, comme
chacun sait, toute politique
monétaire a pour cible le taux
de change quand ce dernier
est fixe, mais depuis que la
flexibilité a été acquise pour
une grand nombre de mon-
naies de pays émergents,
notamment, leurs banques
centrales ont dû se tourner
vers une autre ancre, utilisée
par les pays développés dont
les devises sont libres, celle
d’une cible d’inflation vers
laquelle les anticipations des
agents doivent converger.
C’est ainsi que le ciblage d’un
taux d’inflation déterminé a
constitué une nouvelle alter-
native en matière de politique
monétaire.
Pour aider les pays émer-
gents à réussir cette transi-
tion, le FMI a ainsi introduit
un certain nombre de condi-
tions à satisfaire avant toute
introduction du ciblage d’in-
flation. Il s’agit concrètement
de quatre préalables ou pré-
requis qui consistent en l’in-
tégration d’une infrastructu-
re technique, la solidité du
système financier, la structu-
re économique et l’indépen-
dance institutionnelle de la
banque centrale.
Mais, pour le Maroc ce passa-
ge à une flexibilité du dirham,
impose un prérequis de taille
qui passe avant tous les aut-
res, c’est la capacité de l’éco-
nomie marocaine à faire face
aux variations du taux de
change et du taux d’intérêt.
En ce sens, il faut que les
institutions financières, c’est-
à-dire les banques, soient soli-
des et que les marchés moné-
taire et financier soient
efficients. Or, les facteurs qui
garantissent une bonne trans-
mission de la politique moné-
taire sont cernés par les régle-
mentations en matière de
fonds propres. Or au Maroc,
les exigences de Bâle III sont
déjà prescrites au système
bancaire même s’il reste que
le niveau de développement
du marché des capitaux est
encore à parfaire. Puis, le ren-
forcement de l’ouverture com-
merciale du pays concourt
également à la consolidation
de ce prérequis et garantit un
impact maximal des interven-
tions de la banque centrale
pour la maîtrise de l’inflation.
Toutefois, dans les pays émer-
gents qui ont adopté le cibla-
ge d’inflation durant la der-
nière décennie, on a pu
constater que de tous ces pré-
requis, l’indépendance de la
banque centrale est une
condition première, l’exigen-
ce absolue au passage du
régime de change fixe à celui
de la flexibilité de leur mon-
naie. Aucun pays émergent
n’a peut faire ce passage au
ciblage de l’inflation, sans que
les conditions économiques,
techniques et institutionnel-
les idéales ne soient réunies
pour ce succès. Réciproque-
ment, c’est le passage à ce
régime qui souvent a pu
représenter en soi un facteur
de consolidation des condi-
tions précitées par la mise en
place de réformes structurel-
les préalables de ces muta-
tions favorables.
Donc, pour ce qui est de l’in-
dépendance de la banque cen-
trale, sa politique monétaire
doit se traduire par les objec-
tifs suivants: la stabilité des
prix doit primer sur les autres
objectifs et la politique moné-
taire doit être indépendante
de la politique budgétaire.
Donc pas de financement
direct du déficit du gouverne-
ment ou d’achat direct des
obligations émises par le gou-
vernement sur le marché
financier. Ceci suppose une
La Tribune
nouvelle
Spécial • été 2015
totale indépendance de la
banque centrale dans la mise
en place des décisions et du
choix des instruments de poli-
tique monétaire.
Pour sa part, Bank Al-Magh-
rib satisfait à toutes ces exi-
gences et est donc totalement
indépendante. Désormais,
elle se trouve face à l’étape
très importante de la consoli-
dation de son infrastructure
technique qui sous-tend les
actions de développement de
bases de données exhausti-
ves intégrant «des séries
macro-économiques à haute
fréquence. Celles-ci doivent
être complétées par des indi-
cateurs avancés de l’activité
et de l’inflation afin de conce-
voir un cadre analytique glo-
bal de l’évolution future des
prix». Cette modélisation est
nécessaire et obligatoire pour
le ciblage d’inflation dans la
mesure où la prévision de l’in-
flation représente une cible
intermédiaire pour l’atteinte
de l’objectif de la stabilité des
prix. C’est ainsi que le dispo-
sitif prévisionnel de BAM doit
intégrer des modèles statis-
tiques et structurels continus
sur lesquels les experts peu-
vent s’appuyer pour leurs
analyses. L’infrastructure
technique, aujourd’hui en
phase d’implémentation chez
BAM, devrait se poursuivre
jusqu’à fin 2016. Echéance
très proche pour envisager le
passage effectif au dirham
flexible…
Afifa Dassouli
 La Tribune
nouvelle
Spécial • été 2015
Une cible d’inflation, base
d’un régime de change
flexible…
L
e Maroc a un régime
de change fixe. Cet
ancrage du taux de
change contribue à
la stabilité des prix. La flexi-
bilité du dirham signifierait la
fin de cette sinécure, une
cible d’inflation deviendrait
la nouvelle «ancre» de la
politique monétaire.
Mais que signifie donc le
ciblage d’inflation ? Il consis-
te en l’engagement de la
banque centrale par sa poli-
tique monétaire, à maintenir
l’inflation proche d’une cible
déterminée à l’avance.
La cible, à atteindre à
tout prix !
Nombreux sont les pays qui
ont adopté ce type de régime.
On peut citer le Royaume-
Uni, la Tchéquie ou encore le
Canada. Leurs instituts d’é-
mission sont engagés dans
des cibles d’inflation avec
des horizons déterminés
pour les atteindre. La crédi-
bilité de la banque centrale
dépend de l’atteinte à moyen
Passage à la flexibilité : les expériences étrangères
L
e séminaire de haut
niveau organisé conjoin-
tement par BAM et le
FMI sur le ciblage de
l’inflation, a permis d’examiner
les expériences de trois pays, le
premier installé dans un régime
de ciblage explicite, la Tchéquie,
le second dans un régime implici-
te, avec une approche éclectique,
la Turquie, et le troisième qui res-
semble au Maroc, la Macédoine,
laquelle est toujours dans un régi-
me de change fixe, mais se prépa-
re activement à changer de régi-
me. Il est à noter que la Turquie
annonce être dans un régime de
ciblage, mais en réalité, dans ce
pays, on continue à garder un œil
sur le flottement de la Livre
turque. Son régime n’est pas donc
Les années 2020 de notre jeunesse
terme de cet objectif ou «
cible » dans le jargon dédié.
Cette cible d’inflation devrait
permettre de stabiliser l’éco-
nomie parce que les agents
économiques l’intègrent
dans leur prise de décision.
Par exemple, si Bank Al-
Maghrib s’engage à mainte-
nir une inflation modérée
dans les années à venir, tous
les opérateurs adoptent l’as-
sertion, en tiennent compte
et l’on peut alors s’attendre à
ce que la cible déterminée
soit atteinte.
Pour ce faire, BAM continue
de renforcer ses outils d’ana-
lyse très performants afin de
réaliser des prévisions très
fines. Le « Forecasting Policy
Analysis System », FPAS, est
ainsi le dispositif actuelle-
ment en cours de mise en
place au sein de la banque. Il
nécessite une bonne
connaissance des détermi-
nants de l’inflation et de la
croissance, etc., et intègre
une composante de prévi-
sion de court terme, c’est-à-
celui d’un ciblage explicite !
La discussion sur ces expériences
a permis de tirer quelques ensei-
gnements susceptibles de garantir
au Maroc, un passage réussi vers
un régime de ciblage d’inflation.
Piano, ma sano…
La Macédoine, un petit pays euro-
péen, n’a pas encore de flexibilité
de change. Cette petite économie
ouverte, opérant sous un régime
de change fixe depuis 1996 et pré-
sentant plusieurs similitudes
avec le cas marocain, ambitionne
de passer au ciblage d’inflation
dans les années à venir. En effet,
le pays a choisi de bien préparer
sa transition et un plan d’action
sur la période 2007-2014 portant
essentiellement sur le renforce-
dire un dispositif qui permet
à la Banque centrale de pré-
dire l’évolution des prix et de
la croissance sur le prochain
trimestre.
Sur le moyen terme, ce sont
des modèles macroécono-
miques qui sont utilisés et
non pas statistiques, parce
que ces derniers ne permet-
tent malheureusement pas
de raconter une histoire
cohérente sur l’évolution
actuelle et future de l’écono-
mie tout en intégrant toute
l’information disponible et
le jugement d’expert. C’est
par de tels outils de haute
précision que la Banque
centrale renforcera de plus
en plus sa crédibilité, avant
de passer à un régime de
ciblage d’inflation.
La mise en place du
dispositif entamé
Les équipes de BAM ont
commencé à travailler en
interne depuis quelques
années déjà à construire des
modèles spécifiques visant
ment de l’infrastructure tech-
nique de la Banque centrale a été
adopté pour relever les défis de la
flexibilisation du régime de chan-
ge. Parallèlement à la consolida-
tion des capacités analytiques et
prévisionnelles, et en vue d’expli-
quer les décisions de politique
monétaire, la banque centrale
macédoine, a renforcé sa poli-
tique de communication envers
les marchés à travers le déploie-
ment d’un éventail de supports
informationnels.
Learning by doing…
Loin d’une transition que l’on
pourrait qualifier d’ordonnée, l’ex-
périence tchèque repose sur l’ap-
prentissage par la pratique. En
effet, le pays ne remplissait pas
15
Finance : Le grand bond en avant
l’alignement du dispositif
d’aide à la décision sur les
meilleures pratiques interna-
tionales. Ensuite, BAM a sol-
licité une mission d’assistan-
ce technique du FMI dans le
but d’enrichir et de renforcer
ce dispositif. Ces travaux
devraient se poursuivre jus-
qu’au mois de juin 2016 …
Afifa DASSOULI
l’ensemble des prérequis pour la
flexibilisation, néanmoins, les
attaques spéculatives sur la Koru-
na, ou « Couronne tchèque », à par-
tir de 1996, dans un contexte mar-
qué par des déséquilibres internes
et externes et ce, malgré plusieurs
mesures de stabilisation, ont
conduit à l’abandon de l’ancrage
du taux de change fixe en 1998.
Depuis cette date, la Banque
centrale de la République
tchèque a adopté un régime de
ciblage d’inflation. Durant la
première phase du régime
(1998-2002), la cible finale de la
politique monétaire était l’infla-
tion sous-jacente à cause des
incertitudes entourant le calen-
drier et l’amplitude des hausses
des prix des produits admi- >>
16 Les années 2020 de notre jeunesse La Tribune

nouvelle
Finance : Le grand bond en avant Spécial • été 2015

>> nistrés. Durant la deuxième
phase, à partir de 2002, la cible
finale est devenue l’inflation glo-
bale car le concept de l’inflation
sous-jacente était difficile à
expliquer au grand public. Entre
2002 et 2005, la Banque centrale
de Prague avait comme objectif
de contenir les fluctuations de
l’inflation dans une fourchette
descendante.
En 2006, la Banque centrale a
adopté une bande horizontale
dans laquelle l’inflation devait
fluctuer autour de 3% (+/-1%).
Enfin, à partir de 2010, la cible
d’inflation a été révisée à la baisse
à 2% (+/-1%).
Par ailleurs, la Banque centrale de
la République tchèque a progres-
sivement renforcé son infrastruc-
ture technique et a adopté une
communication claire et consis-
tante au fil des années, lui confé-
rant une qualité de référence en
la matière.
Fear of floating…
L’expérience turque est égale-
ment riche en enseignements
pour les pays de la région
MENA. En effet, la Turquie a fait
face à une inflation chronique
élevée sur presque trois décen-
nies depuis 1970.
Dans l’objectif de réduire les taux
élevés d’inflation, la Turquie a
adopté en 2002 un régime de
ciblage implicite d’inflation. Cette
politique a permis de renforcer
l’indépendance de la Banque cen-
trale et réduire le seigneuriage de
façon significative. La banque
centrale est parvenue à faire bais-
ser l’inflation de 68 % en 2001 à
7,7 % en 2005.
Ainsi, cette période transitoire
(2002-2005) s’est couronnée de
succès et a favorisé le renforce-
ment des prérequis institution-
nel et technique pour un passa-
ge au régime de ciblage
explicite en 2006.
Néanmoins, la politique de taux
d’intérêt proche de zéro et l’as-
souplissement quantitatif menés
par les banques centrales des
économies développées suite à la
crise financière, ont eu des réper-
cussions importantes sur l’écono-
mie turque.
De même, le processus de norma-
lisation de la politique monétaire
des banques centrales influentes
a déclenché un vaste mouvement
de réallocation d'actifs sur les
marchés financiers internatio-
naux et a accentué la volatilité sur
le marché de change en Turquie.
Ainsi, la Central Bank of the
Republic of Turkey, CBRT, a rele-
vé plusieurs défis depuis 2007:
afflux massifs de capitaux, expan-
sion rapide du crédit, apprécia-
tion du taux de change réel et
accroissement des vulnérabilités
face aux inversions brutales des
flux de capitaux.
Cette situation a constitué une
menace à la stabilité macroécono-
mique globale et a nécessité de ce
fait une surveillance plus étroite
du marché financier. La CBRT a
ainsi revu son cadre de politique
monétaire (objectifs et instru-
ments) qui accorde désormais
une place centrale à la stabilité
financière.
La politique de communication
adoptée par la Banque centrale
vis-à-vis des marchés s’est révé-
lée être un atout considérable
pour l’ancrage des anticipations.
L’approche marocaine
Ce qui est aujourd’hui préconisé
pour la réforme du régime de
change, c’est d’aller vers une
approche graduelle. D’abord,
élargir les bandes de fluctuations
du Dirham dans un corridor,
garanti par Bank Al-Maghrib
pour la vente et l’achat, par rap-
port à l’euro et au dollar. La flexi-
bilisation induirait l’abandon
progressif de l’ancrage du taux
de change et l’adoption par la
Banque centrale d’une cible
implicite d’inflation qui jouerait
le rôle de la nouvelle ancre nomi-
nale. L’instrument principal de
taux d’intérêt devrait permettre
d’absorber les effets éventuels
des chocs sur l’inflation pour la
ramener à sa cible.
La flexibilisation, telle qu’elle est
désormais envisagée et en cours
d’implémentation notamment à
travers le renforcement des diffé-
rents prérequis, va permettre
d’atténuer les chocs sur l’écono-
mie nationale, favoriser sa com-
pétitivité, et soutenir les straté-
gies de diversification des flux de
capitaux étrangers. Enfin, cette
stratégie donnera également plus
d’autonomie à la Banque centra-
le, avec une politique monétaire à
l’avenant, qui devrait utiliser des
instruments pour atteindre une
cible d’inflation.
Afifa Dassouli

Quelles transformations pour le système bancaire à

l’horizon 2020 ?

L
e secteur bancaire maro-
cain a connu de fortes
transformations dans
son passé récent, mais
surtout, il s’oriente vers d’autres,
bien plus profondes. En effet, les
banques marocaines s’engagent
vers un développement à l’inter-
national, en Europe, et essentiel-
lement sur le continent africain,
qui leur impose une tout autre maî-
trise du risque et de leurs coûts
face à la concurrence des banques
étrangères à laquelle elles se trou-
veront forcément confrontées.
Or, même s’il est vrai que dans un
exercice de prospective, on exami-
ne les tendances et non les micro-
chocs et qu’il est tout à fait normal
que dans les risques, il y ait des
cycles, on a pu faire le constat que
nos banques ont connu précédem-
ment un cycle particulièrement
favorable en matière de risque,
alors que désormais elles sont
dans un cycle qui l’est moins.
L’explication provient notamment
du changement du rythme de la
croissance, car quand elle était
forte, le risque était plus faible. Et,
avec le ralentissement de cette
dernière, il y a eu une montée
assez rapide du coût du risque. Ce
dernier redescendra certaine-
ment, mais il ne sera probable-
ment plus au niveau de celui des
années de très forte croissance
des taux d’intérêt.
Les banques savent que le com-
portement du risque est cyclique
comme celui de la croissance éco-
nomique. Elles adaptent donc
leur stratégie de manière plus
fine, en identifiant la source de
concentration des risques,
comme ce fut le cas dernièrement
pour la promotion immobilière.
Mais pas uniquement, parce que
l’ouverture du Maroc est une
seconde source de risque,
laquelle a fragilisé nos indus-
tries qui avaient surinvesti au
moment où elles pensaient que
le marché le justifiait. Elles ont
dû subir les conséquences du
ralentissement induit par les
chocs mondiaux, puis le maras-
me vécu par notre principal par-
tenaire, l’Union européenne.
Enfin, le Maroc a subi la concur-
rence, y compris sur notre propre
marché, de pays qui utilisent leur
monnaie de manière compétitive
comme la Turquie ou la Tunisie,
par exemple.
Le Dirham, qui a été pendant
longtemps une subdivision de
l’euro, même s’il est aujourd’hui
une subdivision de la monnaie
unique européenne et du dollar,
reste très fort.
Enfin, il faut également men-
tionner la volatilité des matières
premières. Les entreprises ont
stocké et des dépréciations de
stocks ont eu lieu, notamment
dans le pétrole, l’acier, les maté-
riaux de construction.
C’est donc dans ce type de contex-
tes que les banques modulent leur
politique des risques. Elles ont mis
en place une surveillance en per-
manence des crédits, y compris
ceux qui sont sains, afin de détec-
ter à l’avance les signaux de diffi-
cultés prochaines, dans une per-
spective de généralisation du
secteur concerné par cette veille
anticipative.
Evolution nécessaire de la
gouvernance des banques
C’est pourquoi le régulateur, c’est-
à-dire Bank Al-Maghrib, s’inspi-
rant de la réglementation mondia-
le, est en train d’accélérer la
convergence vers les normes
avancées de Bâle II.
Ces normes obligent à une nota-
tion interne des entreprises clien-
tes des banques. La notation doit
être établie à partir d’un certain
nombre de critères et prévoir le
coût du risque futur. Ce >>
 La Tribune
nouvelle
Spécial • été 2015
>> dispositif est homologué par
la Banque centrale et ensuite, elle
autorise la banque à utiliser ces
notes, ce scoring, pour l’apprécia-
tion de ses fonds propres.
Cela signifie que pour les crédits
aux clients peu risqués, BAM ne
devrait pas exiger autant de fonds
propres que dans le cas de prise de
risque avéré.
Cette approche, dite avancée, de
Bâle II, applicable à l’actif des
banques, n’avait pas encore été
imposée au système bancaire
alors qu’en ce qui concerne le pas-
sif, BAM imposait déjà les nouvel-
les exigences de Bâle III.
En effet cette disposition avancée
de Bâle II, applicable depuis juillet
2014, apporte une transformation
beaucoup plus forte pour les
banques. Elle permet, en effet, une
croissance et une prise de risque
plus importantes.
Les banques, en maîtrisant les
risques de leurs clients, ont la pos-
sibilité de diminuer les capitaux
propres exigés. De ce fait, cette
disposition de Bâle II minimise
aussi les contraintes de Bâle III,
qui sont onéreuses en termes de
fonds propres, notamment pour
les banques qui ont des filiales
financières.
Donc, à partir du moment où la
Banque centrale applique les
mêmes règles en matière de fonds
propres et des classements provi-
sionnels, ce qui fera la différence
entre les banques, c’est la gouver-
nance interne et la pression qui
pèsera sur chacune de rémunérer
leurs actionnaires à hauteur des
risques qu’ils prennent.
En effet, les banques marocai-
nes sont désormais engagées
sur la convergence Bâle III au
niveau du passif avec comme
La couverture sociale, un droit constitutionnel,
illusion ou réalité en 2020 ?
L
a sécurité sociale au
Maroc se développe et à
l’horizon 2020, différen-
tes évolutions importan-
tes sont programmées. Il faut rap-
peler que la Sécurité sociale se
décline en la couverture de diffé-
rents risques encourus par les per-
sonnes physiques. Différentes
institutions ont pour fonction de
protéger les individus des consé-
quences de ces risques sociaux
dont la CNSS et différents organis-
mes de retraite.
Les années 2020 de notre jeunesse
date butoir 2019, et il semble
que la plupart d’entre elles
seront au rendez-vous.
Par contre, au niveau de l’actif, la
vraie transformation n’a pas enco-
re eu lieu. Concrètement, même si
le système de notation interne est
quasiment généralisé, il n’y a pas
eu beaucoup d’homologations vis-
à-vis de Bank Al-Maghrib et, sur-
tout, la mise en œuvre en interne
n’a pas encore été effectuée.
Il y a, en quelque sorte, une
résistance au changement à ce
niveau au sein du système ban-
caire parce que l’adoption des
règles de Bâle II suppose une
profonde mutation, un change-
ment radical des habitudes.
C’est ce qui explique, sans doute,
les retards pris par le système ban-
caire national dans l’implémenta-
tion avancée de Bâle II. Mais d’ici
2020, tout sera accompli !
Car le constat d’une baisse des
ROE bancaires prouve que la
rémunération du capital n’est plus
à la hauteur des attentes des
actionnaires. Ceux qui auront
donc la charge de l’optimisation
des ROE vont commencer à accé-
lérer ces projets-là, quitte à bous-
culer les habitudes, pour améliorer
la rentabilité de leur banque.
Finance participative:
nouveaux entrants,
nouveaux clients?
L’autre évolution attendue du
système bancaire marocain est
le lancement de l’activité de
banque participative, encore
appelée islamique.
Il y a eu, incontestablement, un
certain retard qui a été pris dans
l’implantation des banques parti-
cipatives, mais les choix qui ont
présidé à leur installation prochai-
De nombreuses évolutions sont
intervenues ces dernières années
pour conforter la couverture de ces
risques On distingue plusieurs
types de risques que l’on distingue
aussi en branches de la Sécurité
sociale : les plus importantes qui
constituent les 3 piliers de la sécu-
rité sociale en terme de coût et
d’impact sur le bien être des indi-
vidus sont :
-La branche maladie (maladie,
maternité, invalidité, décès) ;
- La branche retraite (vieillesse et
ne, sont les bons. En effet, le fait
de décider qu’une seule autorité,
la Banque centrale en l’occurren-
ce, se charge de la mise en place
de la finance participative, a été la
meilleure option. Les pays, en
effet, qui ont décentralisé, en per-
mettant à chaque banque d’avoir
son « Chariaa Board », se sont
exposés à des interprétations
divergentes, une concurrence
déloyale entre banques, des pro-
testations de la part des clients.
Le Maroc a fait le bon choix en
tenant compte de toutes les expé-
riences et des avatars que cette
activité a pu engendrer.
Donc, chez nous, la question de la
finance participative est gérée en
tandem entre le Conseil des Oulé-
mas et la Banque centrale. C’est à
eux que revient le droit de décider
de la conformité des produits, de
leur homologation préalable.
Cependant, les banques désireu-
ses de verser dans la finance par-
ticipative, devront demander un
agrément spécifique d’exercice.
Cela signifie clairement qu’il y
aura de nouveaux entrants dans le
système bancaire marocain. Deux
questions se posent donc.
Ces nouveaux entrants
perturberont-ils ou pas
les équilibres existants ?
Par ailleurs, même en cercle
fermé, quelle est la part d’activi-
té qui va se déplacer de la finan-
ce traditionnelle vers la finance
participative, sachant que la
finance participative ne va pas
vraiment élargir le marché ?
Ce dernier est déjà bien pénétré
et tout ce qui peut être bancari-
sé l’a été.
Les chiffres des économies qui
disposent de banques participati-
veuvage) et
- L’assurance chômage.
Couvrir tous les Marocains dans
les cinq ans !
En ce qui concerne la couverture
médicale :
L’assurance maladie constitue une
branche importante de la sécurité
sociale qui assure la prise en char-
ge des dépenses de santé des
assurés malades et garantit l’ac-
cès aux soins. Elle mène égale-
ment différents programmes de
17
Finance : Le grand bond en avant
ves comme la Turquie, témoignent
que cette activité ne représente
que 5% du total bilan des banques
traditionnelles. Et c’est à peu près
le même ratio en Egypte.
Ouverture du Maroc et
impacts sur le secteur
bancaire
L’autre tendance du système
bancaire national et surtout des
banques à capitaux marocains,
c’est bien évidemment l’ouver-
ture du Maroc sur le reste du
monde ! Le fait que l’entreprise
marocaine subira plus de chocs
et la volatilité des devises, impo-
sera un niveau de sophistication
accru pour nos banques.
Par ailleurs, les grandes entrepri-
ses locales étant de plus en plus
présentes à l’international, trou-
vent souvent leur banquier tradi-
tionnel avec elles, notamment en
Afrique. Mais, dans le cas contrai-
re, elles nouent de nouvelles rela-
tions bancaires à l’étranger, ce qui
met la banque marocaine en
concurrence avec le monde entier.
C’est déjà le cas pour le business
corporate de grandes entreprises
nationales comme l’OCP, Maroc
Télécoms, etc.
Et ce phénomène sera amplifié par
le projet Casablanca Finance City,
encore une autre tendance lourde.
On veut à travers CFC, attirer les
acteurs marocains, mais aussi
tous les autres, dans une place où
l’on va servir les grandes entrepri-
ses, comme elles pourraient l’être
à Londres, Singapour ou New
York, à notre échelle, certes. Cela
obligera inéluctablement le systè-
me bancaire à regarder en dehors
de ses frontières et à se confronter,
sans complexes, à une concurren-
ce mondiale… Afifa Dassouli
prévention, et grâce à son action
sociale, favorise l’accès à la santé
des plus démunis et contribue au
fonctionnement d’établissements
médico-sociaux.
Au Maroc, le chantier de la réfor-
me de la couverture médicale
entamé depuis plus de dix ans,
vise aujourd’hui l’amélioration et
l’extension de la couverture à l'en-
semble des citoyens, toutes caté-
gories sociales confondues.
Ce processus s’est accéléré avec
la Constitution de 2011 et >>
18 Les années 2020 de notre jeunesse
Finance : Le grand bond en avant
>> qui consacre le droit d’accès
universel aux soins de santé.
En effet, depuis l’application de
l’assurance maladie obligatoire
(AMO) en 2005 au profit des per-
sonnes exerçant une activité lucra-
tive et la généralisation du régime
d’assistance médicale (Ramed) en
2012 consacré aux plus démunis
qui compte près de 8 millions de
personnes, dont 4 millions de très
pauvres, le Maroc a fait un pas de
géant sur le chantier de l’accès
universel à la santé.
La couverture médicale devrait
être élargie aux indépendants à
partir de janvier 2016 avec l’en-
trée en vigueur de l’assurance
maladie des indépendants
(AMI). Environ 11 millions de
travailleurs devraient en bénéfi-
cier en incluant leur famille et
leurs ayants droit soit près d’un
tiers de la population.
L'aboutissement du chantier rela-
tif à la couverture des indépen-
dants est un passage obligé pour
la réussite de la couverture univer-
selle au Maroc. Cet élargissement
portera ainsi le nombre de Maro-
cains couverts par une assurance
maladie à 92 %. Et donc, en 2020 la
quasi totalité de la population au
Maroc sera dotée d’une couvertu-
re maladie.
On ira tous à la retraite…
L’autre grand chantier porte sur la
couverture retraite :
L’objectif affiché est de généraliser
la couverture retraite pour garantir
à une large frange de la population
active un remplacement du salaire
ou du revenu d’activité, au moment
de la retraite.
Le taux de couverture des actifs
atteint, en 2014, seulement 37 %
de la population active. Cette
extension devra concerner la
population de salariés du secteur
privé non couverte actuellement
par le régime de la CNSS.
Un nouveau cadre juridique de cou-
verture de retraite devrait être
adapté à la population des non-
salariés. La généralisation de la
retraite concrétisera le droit à une
sécurité sociale pour nos citoyens
conformément à la Constitution de
2011 et contribuera à lutter contre
le travail informel et précaire.
Pour le secteur public, la réussite
de la mise en place du pôle dépen-
dra de la consistance de la réforme
paramétrique arrêtée, de sa date
de mise en œuvre et surtout de son
impact sur la viabilité supplémen-
taire quelle apportera au régime
au régime des pensions civiles
(RPC) géré par la CMR. Si aucune
réforme n’est entreprise, l’année
2020, précèdera de peu l’année
d’épuisement des réserves de ce
régime, prévu en 2022.
A court terme, la réforme paramé-
trique du régime des pensions
civiles, qui constitue la première
étape du schéma préconisé par la
Commission Nationale, permet-
trait d’allonger l’horizon de viabi-
lité, d’améliorer la situation finan-
cière de ce régime et donc de la
CMR, en réduisant sa dette et
sécurisant en conséquence le ser-
vice des prestations de retraite
pour les générations futures. La
finalisation de cette première
étape de la réforme paramétrique
permettra le passage à une
deuxième phase de réformes dans
5 ans pour la mise en place d’un
pôle public, fusionnant ainsi le
RCAR et le RPC de la CMR.
Les 3 piliers d’une réforme
Cette seconde phase de la réfor-
me des retraites au Maroc, aura
pour objectif d’asseoir le système
cible préconisé par la Commis-
sion nationale qui s’articule en
trois piliers :
- Le premier pilier correspond à la
couverture de base fondé sur la
solidarité collective, financé par
des cotisations sur la base d’un
salaire plafonné, et d’une adhé-
sion obligatoire. Le régime basé
sur la prestation définie sera géré
par la technique de la répartition
provisionnée. Le financement en
est assuré par des cotisations
partagées au deux tiers pour
l’employeur et un tiers l’employé
comme pour le régime de retraite
de la CNSS.
- Le second pilier correspond aux
régimes complémentaires. Les
droits sont acquis par voie de coti-
sation pendant la période d’activi-
té professionnelle. Le financement
en est assuré par des cotisations
normalement partagées à part égal
entre l’employeur et l’employé et
sur la base d’un salaire plafonné.
Le mode de financement des deux
régimes sera basé soit sur un mode
de répartition ou de capitalisation.
Le mode d’acquisition et de ges-
tion des droits à pension relèvera
des régimes à cotisations définies.
Ce palier sera obligatoire pour les
salariés du secteur public et semi-
public et facultatif (ou obligatoire
selon les conventions collectives)
pour les salariés du privé.
-Le troisième pilier correspond à
un niveau de retraite supplémen-
taire personnel et facultatif, finan-
cé par la capacité d’épargne des
individus. Il est généralement
organisé autour de produits finan-
ciers à gestion collective proposés
par les compagnies ou mutuelle
d’assurance et certaines caisses
de retraite. Le mode de finance-
ment de ce palier sera basé sur la
capitalisation pure et le mode d’ac-
quisition des droits est la cotisa-
tion définie.
Cette architecture cohérente per-
mettra de combiner la solidarité
collective et la responsabilité indi-
viduelle qui peuvent bien s'articu-
ler de manière complémentaire et
harmonieuse dans un système à
plusieurs piliers. Avec des régimes
obligatoires fondés sur la solidari-
té collective et des produits com-
plémentaires et facultatifs offrant
une palette de choix aux individus,
ce système permettrait de conci-
lier l’équilibre financier des orga-
nismes de retraite avec des taux
de remplacement satisfaisant où
la couverture individuelle et qui
minimise surtout, tous risque de
faillite systémique.
La réussite de cette étape de la
réforme des retraites, prévue jus-
tement en 2020, devrait constituer
une transition vers la mise en
place, à long terme, d’un régime
de base unique généralisé, qui
couvrira l’ensemble des actifs des
secteurs public et privé.
A travers l’aboutissement de ce
chantier de réforme important et
structurant, le Maroc bâtira à
long terme un système de retrai-
te cohérent, viable et plus équi-
table. L’architecture du système
cible qui est basé sur trois piliers
de retraite qui combine entre les
différents techniques de gestion
et de fonctionnement des régi-
mes de retraite que sont la répar-
tition et la capitalisation, les régi-
mes à prestations définies et les
régimes à cotisation définie et les
régimes obligatoires et facultatif.
Ce processus qui constitue une
tendance internationale en
matière de réforme des retraites,
permet une meilleure gestion des
risques financier et viager inhé-
rents à la retraite et facilitera sur-
tout l’élargissement de la couver-
ture sociale aux différentes
catégories de la population active
notamment les non-salariés.
La perte d’emploi et sa com-
pensation
Enfin pour ce qui est de la cou-
La Tribune
nouvelle
Spécial • été 2015
verture chômage, il s’agit d’une
assurance chômage qui est un
régime de sécurité sociale qui a
pour objectif de compenser la
perte de salaire des assurés pri-
vés d’emploi. Dans de nomb-
reux pays, l'assujettissement
des travailleurs à cette assuran-
ce est obligatoire, et l'ouverture
des droits peut être subordonné
à des périodes minimales d'em-
ploi (et donc de cotisation) pré-
alables. Le revenu de remplace-
ment appelé « prestations
chômage » ou « allocations chô-
mage »a pour but de compenser
la totalité ou une partie de la
perte des revenus du travail,
selon les modalités d'indemni-
sation prévues et les droits de
chaque assuré.
Le Maroc a mis en place en 2014
un système de couverture de
perte d’emploi (IPE), destiné aux
salariés du secteur privé décla-
rés, notamment à la Caisse natio-
nale de sécurité sociale, pour leur
garantir un revenu minimal pen-
dant une durée maximale de 6
mois. La garantie de cette pres-
tation est soumise à des condi-
tions de durée minimale d’em-
ploi. L’objectif recherché à
travers cette prestation est d’ac-
compagner la population qui a
quitté le marché du travail pour
la réintégrer dans les plus brefs
délais en leur garantissant un
revenu minimale de survie.
A noter que pour une population
totale de 33 millions d'habitants,
le nombre de salariés du secteur
privé au Maroc est de l'ordre de
3,6 millions de personnes. Mais
le nombre d'assujettis à la CNSS,
par définition seuls ayant droits
de l'IPE, ne dépasse guère les
2,9 millions.
Sous toutes ces réserves, la mise
en place de ce système constitue
une vraie avancée pour notre
pays en matière d’élargissement
des prestations de la sécurité
sociale. L’étape suivante devrait
constituer en l’extension de ce
système à toute la population des
salariés en améliorant progressi-
vement le niveau et la durée de
service des prestations avec un
assouplissement des conditions
d’acquisition des droits.
En 2020, le bilan de ces différen-
tes couvertures sociales devrait
être bien meilleur ne serait ce
que du fait de l’aboutissement
des réformes en cours et celle de
la retraite en particulier…
A.D
 La Tribune Les années 2020 de notre jeunesse 19
nouvelle
Spécial • été 2015 Le pari de l'externalisation

Banques marocaines en Afrique

La consolidation avant une nouvelle

phase d’expansion
Après un développement rapide des grands groupes bancaires marocains sur le continent, l’heure
semble être à la consolidation. Attijariwafa bank, BMCE Bank et le Groupe Banque Populaire, tout en
continuant à s’implanter sur le continent, surtout via leurs filiales, devenues leurs locomotives de
développement, semblent privilégier la montée dans les tours de tables de ces filiales ou des holdings
contrôlant celles-ci. A l’horizon 2020, les filiales africaines devraient peser considérablement dans les
bilans des trois grands groupes bancaires marocains.

C’
est à la fin des
années 1980 que
les banques
marocaines, face
à la saturation du marché
intérieur et aux besoins mani-
festés par les entreprises
locales dans leur processus
de développement sur le
continent africain, ont enta-
mé leur processus d’interna-
tionalisation en Afrique. Un
processus qui a été soutenu
et encouragé par Bank Al-
Maghrib. Pour y arriver, les
trois grands groupes maro-
cains, Attijariwafa bank,
Banque Populaire et BMCE
Bank ont adopté trois straté-
gies différentes avec une
même finalité, faire des filia-
les africaines de véritables
relais de croissance de leurs
activités au Maroc.
BMCE Bank a été la première
à se lancer dans ce processus
d’internationalisation en
Afrique en 1989, dans le
cadre d’une opération de
redressement exemplaire de
la Banque de Développement
du Mali (BDM), avant de
renouveler la même opéra-
tion en 2003 en acquérant 25
% du capital de la Congolaise
de Banque. Par la suite, le
groupe a privilégié le déploie-
ment de sa banque d’affaires
au Sénégal et en Tunisie
avant de changer de stratégie
et de miser à nouveau sur la
banque de détail. Le véritable
déclic du développement de
BMCE Bank a toutefois été
l’acquisition en 2007 de 35%
d’Africa Financial Holding
(AFH), qui contrôlait Bank Of
Africa, structure déjà présen-
te dans 10 pays africains via
10 filiales bancaires, 3 socié-
tés de leasing et une société
d’intermédiation boursière.
Une belle opportunité que
certains analystes financiers
de la place avaient jugé chè-
rement payée et qui s’est
révélée être une très belle
affaire, comme en attestent
les performances financières
de cette banque. A coup
d’augmentations de capital
que les autres actionnaires ne
suivaient pas et d’acquisition
de participations dans cette
holding, BMCE Bank a porté
sa participation dans Bank Of
Africa à fin 2014 à hauteur de
72,7%. Cette filiale est deve-
nue aujourd’hui la locomotive
de développement du Grou-
pe BMCE Bank en Afrique.
Celle-ci s’est implantée au
Ghana, au Togo et en Ethio-
pie, portant sa présence à 16
pays d’Afrique subsaharien-
ne. En tout, le Groupe BMCE
Bank est présent dans 19
pays africains (hors Maroc).
22 pays et 40 filiales
Après BMCE Bank, la Banque
Populaire est la seconde
banque du Royaume à se lan-
cer en Afrique. Motivée, il est
vrai, au départ par des consi-
dérations plus politiques
qu’économiques, et encore
moins de rentabilité financiè-
re, le Groupe s’est implanté
en Guinée et en Centrafrique
en 1990, avant de s’éclipser
de ce terrain et se faire dis-
tancer par les deux autres
groupes. Toutefois, après
avoir longtemps privilégié la
croissance organique au
Maroc, le groupe mutualiste a
changé de stratégie en fai-
sant de son développement
sur le continent une priorité
stratégique. En 2012, la
banque mutualiste rattrape
une partie de son retard en
réalisant une opération d’en-
vergure avec la signature
d’un partenariat stratégique
avec Atlantic Finance Group
(AFG), qui se traduit par la
création d’une holding com-
mune, Atlantic Business
International, (ABI) à laquelle
le Groupe AFG a apporté la
totalité de ses participations
dans les 7 banques implan-
tées dans 7 pays de l’UE-
MOA, la banque d’affaires
Atlantic Finance et la société
d’ingénierie informatique
Atlantic Technologie. En
contrepartie, la BCP a appor-
té un milliard de dirhams en
numéraire à cette nouvelle
holding.
Depuis, et afin d’accroître son
emprise sur ces filiales dont
elle assure la gestion, le grou-
pe mutualiste marocain est
monté dans le tour de table de
la holding ABI. En 2014, la
BCP a acquis pour 26 millions
d’euro 15% supplémentaires
du capital de la holding, avant
d’en prendre 10% encore en
2015, portant sa participation
dans le capital d’ABI à hau-
teur de 75%.
Aujourd’hui, le Groupe
Banque Populaire compte
une présence dans 10 pays
du continent (hors Maroc). En
2014, les dépôts de la clientè-
le, les crédits à la clientèle et
le produit net bancaire des
filiales africaines de la
banque ont progressé de
respectivement 28%, 20% et
24%. Et pour 2015, le Groupe
mutualiste marocain table
sur un bénéfice net de 500
MDH.
Relais de croissance
Pour sa part, le Groupe Atti-
jariwafa bank a été la derniè-
re à s’engager dans ce pro-
cessus d’internationalisation
en Afrique. Après avoir obte-
nu un agrément bancaire >>
20 Les années 2020 de notre jeunesse
Le pari de l'externalisation
>> au Sénégal en 2005, Atti-
jariwafa bank a acquis la
même année 54% de la
Banque du Sud en Tunisie,
enclenchant son développe-
ment à l’international. Puis
arrivèrent la prise de contrôle
de la Banque Sénégalo-Tuni-
sienne en 2007 et celle de
CBAO en 2008. Toutefois,
c’est en 2009, suite à l’acqui-
sition des filiales du Groupe
Crédit Agricole en Afrique de
l’ouest et centrale, que le
groupe deviendra un acteur
bancaire majeur dans ces
deux régions. La filiale CBAO
est devenue une locomotive
du développement du Grou-
pe sur le continent, avec des
implantations au Bénin, au
Burkina Faso et au Niger.
Aujourd’hui, le groupe est
présent dans 14 pays afri-
cains (hors Maroc).
A l’heure actuelle, les
banques marocaines sont
implantées dans 22 pays afri-
cains avec 40 filiales. Les trois
groupes bancaires marocains
jouent un rôle fondamental
dans la bancarisation des
populations de ces pays,
contribuent fortement au
financement de ces écono-
miques via les crédits qu’ils
octroient, mais également
aux transferts d’argent des
résidents de ces pays à l’é-
tranger, notamment sur le
marché européen.
La consolidation
avant tout
Parallèlement, ces filiales
commencent à jouer leur rôle
de véritables relais de crois-
sance pour les grands groupes
marocains. Les revenus des
activités à l’international des
trois groupes ont progressé de
15,4% à 13,2 milliards de dir-
hams, dont plus de 90% sont
réalisés en Afrique. Elles
pèsent en moyenne entre 8 %
et 20% du total bilan, du pro-
duit net bancaire et du résultat
net part du groupe des trois
banques marocaines. Cette
moyenne cache des divergen-
ces importantes, selon les
banques et les périodes. A
titre d’exemple, en 2014, les
filiales africaines ont repré-
senté 27% du résultat net part
du groupe de BMCE Bank, et
environ 16% pour le groupe
Attijariwafa bank. La part du
bénéfice généré par ces filia-
les a baissé en 2015, sous l’ef-
fet de la montée des risques
au niveau des pays d’implan-
tation, du fait d’une conjonc-
ture économique difficile.
Toutefois, si les filiales africai-
nes constituent de véritables
relais de croissance des
banques marocaines, il n’en
demeure pas moins que les
risques sont omniprésents
sur le continent : crises poli-
tiques, guerres, déficits de
gouvernance, etc. Autant de
facteurs à même d’impacter
directement ou indirecte-
ment la rentabilité et la
pérennité des filiales des
grands groupes marocains.
C’est dire que la rapide
expansion des banques
marocaines crée, sur le plan
de la réglementation et de la
supervision, une nouvelle
problématique qu’il importe
de gérer afin d’éviter que ce
phénomène ne puisse entrai-
ner des risques systémiques
et de contagion.
Afin que cette course à la
taille ne se fasse pas au détri-
ment de la maîtrise du risque
et de la rentabilité, Bank Al-
Maghrib a musclé sa supervi-
sion des filiales implantées
dans 22 pays africains, en
mettant en place un Comité
Régulation Afrique et fait
appliquer aux filiales des
banques marocaines les
mêmes règles que leurs mai-
sons mères au Maroc, en ce
qui concerne les normes
aussi bien comptables que
prudentielles.
Et après avoir encouragé
l’internationalisation des
banques marocaines en
Afrique, Bank Al-Maghrib
semble privilégier actuelle-
ment la consolidation des
positions déjà acquises, avant
le déclenchement de nouvel-
les phases d’implantations, et
ce d’autant plus que les grou-
pes marocains seront appelés
dorénavant à s’implanter dans
La Tribune
nouvelle
Spécial • été 2015
des pays anglophones et/ou
lusophones, alors qu’ils ont
jusqu’à présent privilégier
l’espace francophone. Durant
cette phase, les groupes ban-
caires marocains sont appelés
à la consolidation des filiales
acquises à travers le relève-
ment des standards d’organi-
sation, la mise à niveau des
procédures, la gestion des
risques et l’amélioration de la
gouvernance.
Une fois ce processus de
consolidation finalisé, chacu-
ne des banques pourra
reprendre son trend d’expan-
sion. Et dans ce cadre, Attija-
riwafa bank, après avoir fina-
lisé son implantation dans la
zone UEMOA, a clairement
annoncé son intention de
s’attaquer aux pays anglo-
phones et lusophones. Pour
sa part, le Groupe BMCE
Bank maintient son ambition
de planter son fanion au
niveau de tous les pays du
continent d’ici 2025 ! En clair,
à l’horizon 2020, les banques
marocaines devraient jouer
les premiers rôle au niveau
dans plusieurs régions du
continent, et disposer de véri-
tables relais de croissance à
même de leur permettre de
faire face à la saturation du
marché intérieur marocain,
où le aux de bancarisation est
élevé et où la concurrence est
très intense, avec à la clé une
baisse des marges et donc de
la rentabilité.
Moussa Diop
 La Tribune
nouvelle
Spécial • été 2015
Maroc Télécom, l’Afrique en véritable
relais de croissance
Avec 10 filiales en Afrique subsaharienne, Maroc Telecom est devenu un acteur majeur des télécoms sur
le continent avec plus de 30 millions de clients (hors Maroc). L’acquisition des 6 actifs d’Etisalat sur le
continent va fortement améliorer le poids des filiales dans les résultats du Groupe.
P
oussé, d’une part,
par une intensifica-
tion de la concur-
rence sur le marché
marocain, avec à la clé une
baisse des tarifs et donc des
marges et, d’autre part, anti-
cipant une saturation relative
du marché local où le taux de
pénétration du mobile avoisi-
ne actuellement les 130%, le
management de Maroc Télé-
com avait dès le début des
années 2000 engagé son
internationalisation dans des
pays plus porteurs. S’ap-
puyant sur sa position de lea-
der au Maroc, et fort de son
expertise dans le secteur des
télécommunications, le grou-
pe a entamé son expérience
à l’international en s’implan-
tant en Mauritanie, suite à la
prise de contrôle de l’opéra-
teur historique des télécoms
mauritanien, Mauritel, lors
d’un processus de privatisa-
tion. Il s’en est suivi plusieurs
opérations stratégiques qui
ont permis à l’opérateur his-
torique des télécoms maro-
cain de prendre des partici-
pations majoritaires dans
d’autres opérateurs histo-
riques des pays de la sous-
région : Onatel (Burkina
Faso) en 2006, Gabon Tele-
com (Gabon) en 2007 et Sotel-
ma (Mali) en 2009.
Au niveau de ces différentes
filiales, le Groupe Maroc
Telecom a appliqué la recette
qui a fait de lui le leader du
marché local en investissant
massivement dans la moder-
nisation des infrastructures,
l’innovation et la baisse régu-
lière des tarifs. A titre d’illus-
tration, Maroc Telecom a mis
en place le câble à fibre
optique haut débit transafri-
cain d’une longueur total de
5 465 km reliant la Maroc à
ses quatre filiales africaines.
Ces stratégies ont été payan-
Les années 2020 de notre jeunesse
tes et ont permis aux filiales
acquises de se développer et
de renouer avec les perfor-
mances financières.
Bonnes performances
Grâce à ces actions, les filia-
les africaines du Groupe ont
affiché au cours de ces der-
nières années de très bonnes
performances. A fin 2014, le
parc client consolidé du
Groupe ressortait à 40
millions dont 48,66% de
clients des filiales africaines.
Le chiffre d’affaires consolidé
s’est établi à 29,14 milliards
de dirhams, dont un apport
de 8,63 milliards de dirhams
des filiales africaines, soit
29,61% du volume d’affaires
consolidé. Cette part était de
23,71% en 2012.
Fort du succès des politiques
de restructurations des filia-
les africaines acquises par
l’opérateur télécom maro-
cain, son nouvel actionnaire,
Etisalat, n’a pas hésité à lui
céder ses 6 actifs sur le conti-
nent. L’opération finalisée en
janvier 2015 permet à Maroc
Telecom d’élargir son péri-
mètre de couverture du
continent avec des présen-
ces au Bénin, en Côte d’Ivoi-
re, au Gabon, au Niger, en
République Centrafricaine et
au Togo. L’opération a couté
474 millions d’euros à Maroc
Telecom, un montant cou-
vrant la reprise des participa-
tions d’Etisalat dans ces
entreprises et le rachat des
prêts d’actionnaires. «La
finalisation de cette acquisi-
tion marque une importante
étape dans le développement
du groupe Maroc Telecom et
renforce son positionnement
stratégique en tant qu’acteur
majeur des télécoms en
Afrique présent dans 10 pays
à fort potentiel de croissance.
Par cette opération, Maroc
Telecom appuie la politique
de coopération économique
Sud-Sud du Royaume du
Maroc en Afrique», avait sou-
ligné M. Abdeslam Ahizzou-
ne, Président du Directoire
de Maroc Telecom.
60% du parc clients du
Groupe
En cédant à Maroc Telecom
ces 6 actifs, les émiratis
reconnaissent la capacité des
équipes de l’opérateur histo-
rique à restructurer, gérer et
fructifier leurs investisse-
ments grâce à l’expérience et
l’expertise acquises lors des
précédentes acquisitions de
Mauritel, Sotelma, Onatel et
Gabon Telecom. A noter
qu’Etisalat a accordé à Maroc
Telecom un financement de
200 millions de dollars à la
suite de la cession des 6
actifs, afin de contribuer aux
investissements nécessaires
pour mettre à niveau les nou-
velles filiales. Cette opéra-
tion est une belle opportunité
de croissance externe pour
l’opérateur Maroc Télécom,
qui conforte ainsi son posi-
tionnement en tant qu’acteur
majeur de la téléphonie sur le
21
Le pari de l'externalisation
continent. Ces nouvelles
filiales permettent de renfor-
cer de manière significative
la présence du Groupe Maroc
Telecom sur des marchés à
fort potentiel de croissance,
en relais du développement
des activités au Maroc.
Après des processus de res-
tructurations, de mise à
niveau à coup d’importants
investissements et l’adop-
tion de nouvelles règles
managériales, les nouvelles
filiales devraient générer des
revenus significatifs durant
les années à venir. Déjà, au
court du premier trimestre
2015, grâce à l’intégration
des nouvelles filiales, la part
du chiffre d’affaires des actifs
africains a fortement pro-
gressé pour atteindre 3,04
milliards de dirhams, soit
42% du volume d’affaires
généré par le Groupe durant
le premier trimestre 2015. Et
désormais, Maroc Telecom
compte plus de clients en
Afrique subsaharienne qu’au
Maroc. A fin mars 2015, le
parc clients des filiales res-
sortait à 30,5 millions, soit
59% du parc du Groupe.
MD
22 Les années 2020 de notre jeunesse
Le pari de l'externalisation
Ciments d’Afrique et Addoha, un duo
à la conquête de l’Afrique
A l’horizon 2018, Ciments de l’Afrique (CIMAF) devrait disposer d’une dizaine d’unités de ciments en
Afrique subsaharienne. Ces unités accompagnent le développement des projets immobiliers du Groupe
Addoha sur le continent.
“H
onnête-
ment, nous
ne ressen-
tons pas le
risque pays. (… ) Et dans
tous les cas, nous n’allons
pas attendre 3 ou 4 ans pour
aller chercher des marchés
sur le continent, ce sera trop
tard,…», dixit M. Anas
Séfrioui, Président Directeur
Général du Groupe Addoha,
C’est ainsi que l’homme d’af-
faires marocains justifiait les
raisons du développement
en Afrique de ces deux entre-
prises : Addoha et Ciments
de l’Afrique (CIMAF).
D’abord, en ce qui concerne
le ciment, après une courte
expérience dans le secteur
cimentier au Maroc avec
Ciments de l’Atlas (CIMAT),
l’homme d’affaires marocain
a rapidement flairé l’oppor-
tunité d’investir dans l’in-
dustrie du ciment en Afrique
où la demande en ciment,
soutenue par les projets
d’infrastructures (autorou-
tes, ports, barrages, aéro-
ports, etc.) et les logements
sociaux, est très importante.
La croissance économique
soutenue de l’Afrique sub-
saharienne aidant, tous les
géants du secteur cimentier
mondial se positionnent sur
le marché africain du
ciment, jugé très porteur
pour des décennies encore,
tant les déficits en infras-
tructures sont criants. Dans
ce marché capitalistique, à
côté des multinationales
européennes (LafargeHol-
cim et Italcementi) et du
groupe Dangoté du Nigéria,
leader du secteur cimentier
en Afrique, M. Anas
Séfrioui, Président du Grou-
pe Addoha, s’illustre de plus
en plus avec sa filiale ciment
dédiée au continent et créée
en 2011 : Ciments de l’A-
frique (CIMAF).
8 pays couverts
Celle-ci a entamé son déve-
loppement par la Côte d’Ivoi-
re en y installant une unité de
500 000 tonnes pour un
investissement de 30
millions d’euros. Fonction-
nant en plein régime depuis
2013, la capacité de cette
unité a été étendue à 1
million de tonnes pour faire
face à la forte demande du
marché ivoirien, tirée par le
processus de reconstruction
du pays et les importants
investissements en infras-
tructures : autoroutes, ponts,
ports, logements sociaux,
universités, etc. Tout récem-
ment, CIMAF vient d’inaugu-
rer au Burkina Faso une
cimenterie d’une capacité de
production de 500 000 tonnes
par an. Réalisée sur une
superficie de 7 hectares,
celle-ci a nécessité un inves-
tissement de 30,4 millions
d’euros, venant s’ajouter à
d’autres cimenteries du
groupe déjà opérationnelles
en Côte d’Ivoire, au Gabon,
en Guinée Conakry et au
Cameroun.
D’autres unités sont en
cours de réalisation au Mali,
au Congo Brazzaville et au
Ghana, où le Groupe CIMAF
construit actuellement une
unité de 1 million de tonnes
à 25 km d’Accra pour un
investissement de 60
millions d’euros. A fin 2015,
le groupe CIMAF devrait
compter 8 cimenteries d’une
capacité de production tota-
le de 5 millions de tonnes
dans 8 pays d’Afrique de
l’Ouest et Centrale.
Le Groupe compte poursui-
vre son expansion en
Afrique et cible plusieurs
pays dont l’Angola, le Bénin,
la Tanzanie, le Rwanda, l’E-
thiopie, etc.
20 à 25% du CA en 2018
A côté du ciment, l’homme
d’affaires marocain est égale-
ment très actif dans le secteur
de l’immobilier, via sa filiale
Addoha, engagée dans la
réalisation de plusieurs pro-
jets immobiliers en Afrique
subsaharienne. Après avoir
accumulé une longue expé-
rience dans la réalisation de
logements sociaux au Maroc,
le Groupe exporte son exper-
tise en Afrique subsaharien-
ne, où les déficits en loge-
ments se comptent en
millions d’unités. Addoha
s’est engagé ainsi dans plu-
sieurs projets immobiliers en
La Tribune
nouvelle
Spécial • été 2015
Côte d’Ivoire, au Ghana, au
Sénégal, au Cameroun, au
Mali, au Burkina Faso, au
Gabon et au Congo Brazza-
ville. En Côte d’Ivoire, le
Groupe a déjà entamé un pro-
gramme de 8 000 logements
sociaux. Idem pour la Guinée
(3 000 logements), le Sénégal
(2 500 logements), le Came-
roun (1 700 logements), etc.
Au Ghana, où le déficit en
logements est estimé à plus
de 1 millions d’unités, le
Groupe a signé une conven-
tion portant sur la réalisation
de 10 000 logements sociaux.
En tout, le Groupe compte
aujourd’hui plusieurs dizai-
nes de milliers de logements
à réaliser.
Addoha est aussi en prospec-
tion dans d’autres pays à fort
potentiel de croissance dont
l’Ethiopie, l’Angola, le Rwan-
da, la République Démocra-
tique du Congo, etc.
Pour ces projets immobiliers,
outre les garanties des Etats
pour les projets destinés aux
fonctionnaires, le Groupe
bénéficie de l’appui des
banques marocaines implan-
tées en Afrique subsaharien-
ne : Attijariwafa bank et sa
filiale CBAO, BMCE Bank et
sa filiale Bank of Africa, et le
Groupe Banque Populaire et
sa filiale Bank Atlantique.
Avec ces projets immobi-
liers, le Groupe Addoha, qui
fait face au ralentissement
du secteur immobilier maro-
cain, trouve de véritables
relais de croissance sur le
continent africain, combi-
nant des projets de cimente-
ries à la promotion immobi-
lière. D’ailleurs, selon les
prévisions du Groupe Addo-
ha, 20 à 25% du chiffre d’af-
faires du Groupe devraient
provenir des projets lancés
en Afrique subsaharienne à
fin 2016.
Moussa Diop
 La Tribune
nouvelle
Spécial • été 2015
Plan Maroc Vert, un véritable défi
pour une agriculture durable
D
e prime abord, il
est important de
rappeler que le
PMV, lancé en
2008, ambitionne de mettre
en valeur l'ensemble du
potentiel agricole territorial
avec une stratégie s'articulant
autour des piliers I et II. Il
devrait générer, à l'horizon
2020, un investissement de
150 milliards de Dhs, et per-
mettre de multiplier par 2,5 la
valeur ajoutée du secteur.
De quoi permettre également
une augmentation significative
de la production de toutes les
filières concernées, allant de
75% pour les viandes rouges,
116% pour l'aviculture et 131%
pour le lait, à 284% pour les oli-
ves, 146% pour les agrumes et
142% pour les cultures marai-
chères. Ce plan permettra éga-
lement, à l’horizon 2020, de
générer une valeur ajoutée de
99 milliard de Dhs (+160%), de
créer plus de 455 millions de
journées de travail (+70%) et
de promouvoir les exportations
pour atteindre 4,6 millions de
tonnes (+240%).
Concrètement, deux appro-
ches d'intervention différen-
ciées sont retenues. Il s'agit
des projets Pilier I qui, repo-
sant sur l'investissement
privé et ciblant les zones à fort
potentiel agricole, visent le
développement d'une agricul-
ture moderne à haute produc-
tivité ou à forte valeur ajoutée.
Quant aux projets du Pilier II,
ils reposent sur une implication
de l'Etat et visent la relance de
l'agriculture traditionnelle ou
solidaire dans les régions défa-
vorisées. Cette seconde appro-
che est basée sur une interven-
tion directe de l’Etat, et projette
de mobiliser au niveau de ces
régions 20 milliards de Dhs
d’investissements à l’horizon
2020, au profit de 840 000 agri-
culteurs bénéficiaires.
Créée en 2009, l'Agence pour le
Développement Agricole joue
le rôle principal en matière de
coordination de la mise en
œuvre du PMV, en veillant à la
Les années 2020 de notre jeunesse
concrétisation des ambitions
de cette stratégie, tout en
garantissant la pérennité et l’in-
tégrité de sa vision. Selon les
responsables de cet établisse-
ment, le bilan du PMV se veut
probant : « En effet, le nombre
total des projets pilier II lancés
entre 2010-2015 s’élève à 542
projets pour un investissement
global de 14,67 milliards de
Dhs, sur une superficie de
784.527 ha au profit de 771.535
bénéficiaires », dit-on auprès
de l'ADA, pour qui ces projets
ont permis notamment l’exten-
sion des plantations d’arbres
fruitiers sur une superficie avoi-
sinant les 255.000 Ha, la réha-
bilitation de 25.000 ha (olivier,
amandier, cactus, figuier…), la
mise en place de 207 unités de
valorisation de la production
agricole (trituration, concassa-
ge, séchage…), la réhabilitation
et l’extension de l’irrigation sur
une superficie de 75.339 Ha,
l’ouverture et la stabilisation de
180 km de piste. Pour les projets
pilier I, il a été procédé, à ce jour,
au lancement de 161 projets
pour un investissement global
de 34,7 milliards de Dhs, et
concernant une superficie de
461 768 ha au profit de 293 676
agrégés.
A mi-chemin, entre avancées
et obstacles structurants
A l’horizon 2020, il est prévu
aussi de réduire la sole céréa-
lière de 20%, soit un million
d’hectares relevant des régions
marginales à vocation non
céréalière et qui seront recon-
vertis, dans le cadre des projets
de l’agriculture solidaire du
PMV, en arboriculture fruitière.
Ces plantations joueront, ainsi,
un rôle important d’adaptation
au changement climatique tant
en matière d’amélioration des
revenus des agriculteurs (sta-
bilisation de la population et
moins de vulnérabilité) que
d’atténuation de la dégrada-
tion des sols,…
Ceci dit et de l'avis de beau-
coup, le PMV se présente
comme une stratégie holis-
tique visant un développe-
ment équitable et durable du
secteur agricole dans son
ensemble, sans exclusion,
dans le but de renforcer d’a-
vantage la dimension de la
sécurité alimentaire du pays.
Seulement, et de l'avis de beau-
coup, les problématiques de
fond, encore plus délicates, res-
tent un tabou. Les cadeaux fis-
caux, si généreux à l’égard des
grands Fellahs, n’ont pas pu
garantir au Royaume sa dépen-
dance alimentaire. D’ailleurs,
les chiffres sont là et parlent
d’eux-mêmes : plus de la moi-
tié du blé est importée. Le maïs
est importé à 100%. Idem pour
les huiles végétales. Et pour le
sucre, il nous est assuré à plus
de 60% par les marchés inter-
nationaux.
Ces produits agricoles consti-
tuent toutefois le véritable plat
de résistance, et non pas les
légumes ou encore les fruits,
comme laissent présager les
autorités. Certains avancent
aussi que même la politique
des barrages n’avait comme
principal dessein que la promo-
tion des exportations de cer-
tains produits agricoles, et
dont le bénéficiaire n’a été que
ce grand Fellah dispensé de
payer quoique ce soit à l’Etat
avant la loi de Finances 2014.
Une situation à l’origine du
divorce entre la production et
la consommation interne. Dans
le même sillage, purement
23
La politique des plans
mercantile, l’accent a été mis
sur les cultures les plus renta-
bles. Idem, bizarrement, pour
les subventions étatiques en la
matière (l’exemple de l’huile
d’olive au détriment de l’huile
végétale, du maïs et du riz…).
D’autres agriculteurs ont tout
simplement opté pour des cul-
tures rentables au détriment
de la culture du blé.
Pour les analystes, il est aujour-
d’hui grand temps d’opter pour
une réforme de l’agriculture
marocaine dans l’espoir d’as-
seoir les priorités, mais surtout
de rompre avec un système féo-
dal, malheureusement souvent
présent dans le monde rural.
H.Zaatit
L'agriculture marocaine en
quelques chiffres
Au Maroc, les données statistiques relatives au secteur agri-
cole énoncent les constats suivants :
- Un PIB agricole qui pèse entre 14% et 25% du PIB du Maroc
selon la conjoncture climatique ;
- Le premier secteur employeur au niveau national avec près
de 50% de la population totale (comprenant un faible taux de
chômage : 4%) ;
- 1,5 million d’exploitations agricoles dont 85% sont inférieu-
res à 10 hectares ;
- Une surface agricole utile de 8,8 millions d’hectares (dont 7,4
millions en zone bour).
Cependant, l’analyse des précipitations sur une longue série
climatique démontre une diminution d’environ 50 mm de
pluie dans toutes les zones au cours des dix dernières années.
24 Les années 2020 de notre jeunesse
La politique des plans
Le Plan d'Accélération
Industrielle, un demi-million
d'emplois à l’horizon 2020
L
ancée en avril 2014,
la stratégie indus-
trielle 2014-2020
devrait permettre
de créer 500 000 emplois,
dont 50% grâce aux Investis-
sements Directs Etrangers
(IDE), qui ont connu une évo-
lution atteignant un taux
moyen annuel de 23% depuis
2009, l’autre moitié prove-
nant du tissu industriel
national rénové. Cette straté-
gie vise à porter la part du
secteur de l’industrie dans le
PIB de 14% à 23%.
Une mobilisation tous
azimut
L’essence de cette stratégie
est la nouvelle approche fon-
dée sur la mise en place d’éco-
systèmes performants qui ont
pour vocation de favoriser l’in-
tégration des chaines de
valeurs, et la consolidation des
liens entre les grandes entre-
prises et les PME. Des moyens
financiers conséquents ont été
mobilisés pour concrétiser ce
projet. C’est ainsi qu’un Fonds
de Développement Industriel,
doté de plus de 20 milliards de
Dhs sur la période 2014-2020,
a été mobilisé, en plus des 800
millions de Dhs alloués par le
Fonds Hassan II, destinés à
soutenir financièrement les
projets d’investissement dans
les secteurs des industries chi-
miques, para-chimiques et
pharmaceutiques. Auprès du
département de l'Industrie,
ces fonds n'attendent qu’à être
sollicités.
Concernant le foncier indus-
triel, une nouvelle offre de
location d’infrastructures
d’accueil viendra étoffer et
diversifier l’offre déjà exis-
tante, et intégrera un guichet
unique, un bassin d’emplois
de proximité, des services ad
hoc et un dispositif de forma-
tion.
Cette dernière occupe une
place centrale dans la straté-
gie, à en croire le départe-
ment de l'Industrie, pour qui
il sera procédé au renforce-
ment des compétences dans
l’industrie, à travers une
meilleure adéquation de l’of-
fre de formation aux besoins
des investisseurs.
Concernant le positionne-
ment à l’international, la stra-
tégie prévoit de poursuivre le
renforcement de l’attractivité
du Maroc en tant que platefor-
me de production et d’échan-
ges, ajoutant que la vocation
africaine du Royaume sera
renforcée.
Toutefois, il est quand même
important de rappeler que le
PAI s’articule autour de dix
mesures clefs, regroupées en
trois blocs, dont le premier per-
mettra de réduire l’atomisa-
tion sectorielle et de construire
une industrie mieux intégrée.
Il s’agit des logiques d’écosys-
tèmes, qui visent le dévelop-
pement d’écosystèmes autour
d’entreprises locomotives, et
ce dans l’objectif de créer une
nouvelle dynamique et une
nouvelle relation entre les
grandes structures et les peti-
tes et les moyennes entrepri-
ses.
Toujours dans le cadre de la
logique d’écosystème, ce pro-
gramme souhaite optimiser
les retombées sociales et éco-
nomiques de la commande
publique, qui représente 20%
du PIB, via la compensation
industrielle (l’offset).
Dans le même ordre d’idées,
les grands groupes, tels des
locomotives, donneront de «
la sécurité, de la pérennité et
de la perspective aux PME »,
explique-t-on auprès de l'In-
dustrie, pour qui les PME
offriront « leur créativité, leur
sens de l’innovation et leur
agilité, permettant aux
entreprises leaders de garder
le sens de l’avenir...et l’en-
semble devrait générer de
l’emploi de manière démulti-
pliée et absorber une grande
partie des nouveaux entrants
sur le marché du travail d’ici
2020 ».
L’an 1 du PAI
Aujourd'hui, le PAI a un an.
Pour un premier bilan d'éta-
pe, on se veut rassurant. A en
croire le ministre de l'Indus-
trie Elalamy, l’année a sur-
tout consisté à mettre en
place les premiers écosystè-
mes lancés dans le cadre du
PAI. Par exemple, l’usine de
Tanger est en train de mon-
ter en puissance en matière
d’intégration des filières
locales, soit un taux moyen
d’intégration locale d'environ
37% en 2014, et un objectif à
atteindre de 55% en 2016,
dans le sillage des contrats
signés avec l’État.
Cependant, sur d’autres
La Tribune
nouvelle
Spécial • été 2015
enjeux prioritaires comme la
création d’emploi, les pre-
miers résultats seraient plutôt
satisfaisants. Les écosystè-
mes mis en œuvre par l’OCP,
qui étaient déjà bien engagés
dans cette voie, ont permis à
eux seuls de sécuriser au
moins la moitié des 500.000
emplois visés en 2020. Avec
les 5.800 emplois visés par les
contrats signés avec l’AMICA
pour le secteur de l’automobi-
le, et les 146.000 avec l’AMITH
pour le secteur textile, le PAI
est en passe de dépasser lar-
gement le cap des 25.000
engagements d’emplois visés
à fin 2015, c'est-à-dire au
terme des deux premières
années de sa mise en œuvre,
dit-on auprès des analystes,
pour qui il s'agit là de l'un des
défis majeurs du PAI. Entre les
lignes, on déduit que l'ambi-
tion qui anime cette transfor-
mation industrielle consiste à
faire de l’industrie un pour-
voyeur d’emploi majeur,
notamment pour les jeunes.
L'implication des acteurs
publics et privés s'avère ainsi
inévitable.
En attendant le véritable
impact escompté à l'horizon
2020, en l'occurrence la dyna-
mique de la croissance du
pays, les industriels, certes
pas tous, s’approprient désor-
mais l’approche. Important.
H.Z
 La Tribune
nouvelle
Spécial • été 2015
Vers “un hub régional” de l'industrie
automobile
L
e constat fait aujourd'-
hui l'unanimité. Avec
l'arrivée notamment de
l'autre Français de l'in-
dustrie automobile, à savoir PSA
Peugeot-Citroën, l'industrie auto-
mobile du Royaume s'offre un
nouveau défi d'avenir. En effet,
après l'usine Renault de Mellous-
sa, avec une capacité de produc-
tion annuelle de 170.000 véhicu-
les qui à terme devrait passer à
400.000 véhicules par an, la
marque au Lion, qui certes
connaît d'énormes difficultés de
repositionnement dans le classe-
ment mondial des ventes de véhi-
cules neufs, vient de choisir Kéni-
tra pour son implantation.
Ce projet, dont les travaux débu-
teront en 2016, sera en mesure de
renforcer le tissu industriel du
pays et augmenter les exporta-
tions du secteur automobile qui
est devenu, ces trois dernières
années, l’un des principaux
exportateurs du pays, dit-on
auprès des spécialistes auto.
L'annonce a été officialisée en
début du mois de Ramadan der-
nier. Le top-management du cons-
tructeur français a signé un accord
avec le gouvernement marocain,
pour une usine au niveau de la
zone franche, à Kénitra. Le cons-
tructeur français devrait investir
entre 557 millions d’euros dans
cette nouvelle unité industrielle
et produire 90 000 véhicules avec
la possibilité de doubler, à terme,
sa production. PSA au Maroc vise
ainsi la fabrication de moteurs
sur place et la production des voi-
tures de segments B et C. Selon
PSA, ''l’usine assemblera dès
2019 des moteurs et des véhicu-
les du segment B et C, soit des
voitures compactes et moyennes,
le cœur du marché marocain...
Cette unité industrielle atteindra
une production de 200.000 unités
à terme, lorsque la demande
commerciale le justifiera''. L’usine
devrait créer 4.500 emplois
directs à pleine charge et 20.000
emplois indirects, notamment
chez les équipementiers. Le taux
d’intégration, soit de pièces fabri-
quées sur place, sera de 60%,
voué à passer à 80%. Comme
Renault à Tanger, PSA va profiter
à Kénitra d’une zone franche. La
Les années 2020 de notre jeunesse
région va en outre s’équiper d’un
port en eaux profondes, facilitant
l’exportation de véhicules par
mer vers des pays africains ayant
conclu des accords douaniers
avec le Maroc. Du côté du groupe
français, l’objectif est de conqué-
rir le marché de l’Afrique du Nord
et celui du Moyen-Orient et déve-
lopper la présence du groupe
dans cette zone, où les prévisions
de marché sont de 8 millions
d’immatriculations en 2025.
Dans le même sillage et un mois
avant la signature de cet accord
entre le gouvernement Benkira-
ne et PSA Peugeot-Citroën, le
constructeur automobile Ford
Motor Company a pris la décision
d'étendre ses opération en
Afrique du Nord avec un nouveau
bureau de vente régional à Casa-
blanca et un bureau d'achat à
Tanger. Cette décision a été prise
dans le cadre d'un commun-
accord avec le gouvernement
marocain. Ce partenariat va per-
mettre la création de pas moins
de 6 000 emplois. «Afin de soute-
nir le développement de notre
production à Valence, la quantité
de pièces Ford approvisionnée
au Maroc et en Afrique du Nord
augmentera de manière expo-
nentielle», dit-on auprès de Ford.
A travers son partenaire histo-
rique, Auto Hall, Ford compte
ouvrir six bureaux de représenta-
tion à travers le Royaume d'ici la
fin de l'année en cours.
Qualité, compétitivité et
ressources humaines
Côté chiffres, le secteur automo-
bile au Maroc enregistre une
croissance annuelle de 26%. Le
Maroc a pu améliorer sa position
concurrentielle sur le marché
mondial de l'automobile, en s'ac-
caparant une part de marché de
0,23% en 2012, dépassant celles
de la Tunisie et de l'Egypte. C'est
ce que rapporte le département
des statistiques des échanges
extérieurs, relevant de l'Office des
Changes. Eu égard à la concur-
rence accrue sur le marché mon-
dial de l’industrie automobile, les
principaux pays concurrents afri-
cains et européens ont vu leurs
parts de marché baisser en 2012,
alors que le Maroc continue d’a-
méliorer sa position concurren-
tielle sur les marchés extérieurs,
indique le département des sta-
tistiques dans une étude intitulée
"L'industrie automobile au Maroc:
performance à l'export". Selon la
même étude, l’industrie automo-
bile marocaine a enregistré
durant ces dernières années une
performance à l’export très
remarquable, expliquée par le
développement de l’activité du
câblage et l’essor du segment de
la construction automobile à par-
tir de 2012, souligne l'étude. La
France et l’Espagne, principaux
partenaires commerciaux,
pesaient en 2012 67% du total des
échanges commerciaux réalisés
avec l’étranger. En dehors des
pays de l’Union européenne, l’E-
gypte est devenue en 2012 le pre-
mier pays africain importateur de
biens de l’industrie automobile
du Maroc, en passant à 764
millions de Dhs contre 290 MDH
en 2011, en raison notamment
des ventes de voitures de touris-
me de marque Dacia, de l’usine
Renault-Tanger. Concernant les
autres segments de la filière auto-
mobile, le câblage vient en pre-
mière position en termes d’expor-
tation, avec 14,8 MMDH en 2012
contre 10,1 MMDH en 2007, soit
un taux d’accroissement annuel
moyen de 8%.
De manière générale, le secteur
de l'automobile représente 40
milliards de Dhs de chiffres d'af-
faires à l'export, et grâce à sa
relance à travers le Plan d'Accé-
lération Industrielle et les écosys-
25
La politique des plans
tèmes automobiles, il passera, en
2020, à 100 milliards de Dhs de
chiffres d'affaires à l'export.
Autrement dit, le "hub régional"
de l’industrie automobile au
Maroc se confirme doucement,
mais sûrement... à condition tou-
tefois d'assurer d’excellentes
infrastructures, une bonne acces-
sibilité portuaire, des accords de
libre-échange commercial équi-
tables, un état d'esprit très favo-
rable aux affaires et un sens aigu
du business, des ressources
humaines qualifiées, un réseau
de sous-traitance automobile de
qualité, et un positionnement
stratégique. Le tout dans le cadre
d'une stratégie globale indus-
trielle ambitieuse. Des atouts de
taille et inévitables pour être à
jour, en somme ! H.Z
De l'accompagnement financier...
Le ministre de l'Industrie, le président de l'AMICA, le président du
Groupe Banque Populaire, le président du groupe Attijariwafa Bank, et
le président de BMCE Bank viennent de signer trois accords de parte-
nariat permettant aux institutions bancaires de soutenir le développe-
ment du secteur de l'automobile, pour apporter plus d'investissements
nationaux et étrangers, et contribuer à la création de près de 90.000
emplois à l'horizon 2020. Les institutions bancaires signataires de ces
accords ont ainsi exprimé leur volonté d'accompagner ce secteur et de
répondre aux besoins des opérateurs économiques opérant dans la
filière de l'automobile, ainsi que de permettre au secteur d'atteindre
une production d'un million de véhicules dans les prochaines années.
Les conventions signées avec les trois banques devraient favoriser les
moyens pour accompagner cette stratégie ambitieuse de développe-
ment de l'industrie marocaine.
26 Les années 2020 de notre jeunesse
La politique des plans
Avis, 50 ans au Maroc :
Objectif 2020, 5000 véhicules et plus !
L
e Groupe Avis
Locafinance a fêté
il y a quelques
semaines ses cin-
quante années d’existence au
Maroc et ce fut l’occasion choi-
sie par le président fondateur,
M. Jacques Tolédano, pour
faire les choses comme il aime
à le faire, en grand» !
En effet, la célébration de ce
cinquantenaire a coïncidé
avec l’inauguration de la
nouvelle plateforme princi-
pale d’Avis, agrémentée du
nouveau siège du Groupe au
cœur du quartier industriel
d’Aïn Sebaa, à Casablanca.
Il faut dire que président Tolé-
dano, efficacement secondé
par son directeur général qui
n’est autre que son fils Eddy
Tolédano, n’a pas lésiné sur
les moyens en investissant
plus de 60 Millions de dirhams
dans des installations moder-
nes d’une superficie supé-
rieure à 10000 m2.
Cette plateforme comprend
notamment un parking de
150 places, un atelier ultra-
moderne prévu pour
accueillir six véhicules en
même temps, une installa-
tion de lavage des voitures,
un magasin pour les pièces
détachées, etc. Pour garan-
tir la qualité des prestations
Avis Locafinance peut exci-
per de satisfaire à des nor-
mes ISO les plus strictes,
notamment la 9001 pour le
Service, la 14001 pour le
respect des normes environ-
nementales et la OHSAS
18001 pour la santé et la
sécurité au travail !
Le siège qui jouxte la zone
technique est spacieux, aux
couleurs d’Avis, gris et
rouge, avec des bureaux en
«open space», des locaux
prévus pour la formation
continue, mais aussi deux
réfectoires, des sanitaires
modernes. Le tout donne
une impression forte d’effi-
cacité, de qualité, ce qui, on
le sait, constitue la quête
permanente et réussie, mais
aussi l’image bien installée
d’Avis Locafinance Maroc.
Le premier franchisé
mondial d’Avis
C’est donc non sans fierté
que M. Jacques Tolédano la
naissance d’Avis au Maroc,
il y a 50 années par un jeune
homme de 25 ans qui avait
pressenti avant les autres le
devenir «radieux» de la
location de véhicule, à cour-
te ou longue durée.
Jacques Tolédano avait fait le
déplacement à New York pour
obtenir la franchise et il est
aujourd’hui considéré, selon
les propos même du représen-
tant d’Avis International,
M.Christophe Dubosc, venu
à Casablanca pour cette célé-
bration, «considéré comme
une légende».
Et le missi dominici d’Avis
International d’ajouter qu’A-
vis Maroc bénéficie d’une
excellent réputation au
siège mondial de ce leader
incontesté de la location de
voitures, à la fois pour le
sérieux et la qualité des
prestations fournies, mais
aussi pour le développement
remarquable d’Avis Maroc
tout au long des décennies.
Un développement que
M. Jacques Tolédano entend
bien « maîtriser » lui qui refu-
se que les ambitions démesu-
rées entraînent le Groupe
dans une spirale incontrôla-
ble. Et cette démarche lui
réussit puisqu’Avis Locafi-
nance peut se targuer de
disposer aujourd’hui d’un
parc de véhicules de 3500
unités qu’il entend porter à
5000 à l’horizon 2019.
Aujourd’hui Avis Locafinance
dispose de quatre platefor-
mes sur le territoire national
notamment à Tanger, Agadir,
Marrakech et Casablanca, tra-
vaille avec plus de 68 conces-
sionnaires dans tout le pays et
met à la disposition de la
clientèle son réseau de 20
agences disséminées d’Oujda
à Laâyoune!
Avis Maroc, qui a fondé sa
«petite fille» Locafinance il y
a vingt ans, possède un parc
clientèle de 197 entreprises
en location longue durée,
LLD et 650 véhicules en loca-
tion courte durée, LCD.
Alors qu’à fin mai, le Groupe
La Tribune
nouvelle
Spécial • été 2015
avait déjà acquis plus de 650
véhicules neufs, il pourra
s’honorer de représenter à
la fin de la présente année,
près de 1 % des immatricu-
lations !
Sur le chiffre d’affaires du
Groupe, M. Tolédano reste
discret, précisant seulement
que l’exercice 2014 a atteint
200 millions de dirhams,
dont le tiers est le fait de la
LCD. Mais le Groupe Avis
Locafinance est à «zéro
endettement» auprès des
banques, et tous les inves-
tissement sont réalisés par
autofinancement. Chez Avis
Maroc, 120 employés sont à
la tâche avec, pour la moitié
d’entre eux, plus de quinze
ans d’ancienneté !
Cinquante ans, c’est l’âge
où commence la sagesse, la
maturité est déjà bien
installée. Avis Locafinance
le prouve avec un bel esprit
de responsabilité. Et nul
doute que dans les cinq
années à venir, le Groupe
dirigé par Jacques et Eddy
Tolédano réussira à rempor-
ter tous les défis qu’il s’assi-
gne, comme il a pu le faire
au cours des cinquante der-
nières années !
Fahd YATA
 La Tribune
nouvelle
Spécial • été 2015
Tourisme, un immense potentiel à
exploiter avec justesse
1
00 millions d’emplois
à travers le monde (6
fois plus sont créés à
CA équivalent que
pour le BTP), une croissance
annuelle à deux chiffres, le
secteur du tourisme est un
pilier fondamental du déve-
loppement économique et
social de tout pays qui peut
exploiter de cette manière
son patrimoine et ses ressour-
ces. Le Maroc n’échappe bien
évidemment pas à cette
règle, et en 2013, le tourisme
pesait pour 8,6% du PIB et
représentait 7,6% de l’emploi
total dans le Royaume. Il
pourrait d’ailleurs, si son évo-
lution garde la même dyna-
mique, atteindre le chiffre de
10% du PIB d’ici 2025.
Les gouvernements succes-
sifs ont bien pris conscience
de l’importance capitale du
secteur, et les visions 2010
puis 2020 ont encouragé de
façon massive la création
d’infrastructures adaptées
(lits, dessertes aériennes, res-
sources humaines…). Cela ne
suffit toutefois pas dans l’en-
vironnement du tourisme
moderne, et c’est pourquoi un
pan majeur de la stratégie du
ministère du Tourisme et de
l’ONMT est consacré à la pro-
motion et au développement
de la marque-pays, pour lui
donner une image distinctive
et reconnue à l’international,
et lui permettre de se diffé-
rencier de ses très nombreux
concurrents.
La vision 2020 est-elle
réaliste ?
La base de la vision 2020 est
le fait d’atteindre 20 millions
d’entrées touristiques d’ici la
fin de cette décennie. En
2014, ils furent 10,3 millions à
visiter le pays, en hausse de
2,4% par rapport à 2013, ce
qui confirme le regain de
forme d’un secteur qui avait
stagné de 2010 à 2012. Mais
pour atteindre ce chiffre de 20
millions de touristes d’ici
2020, il faudrait que les arri-
vées dans le pays maintien-
Les années 2020 de notre jeunesse
nent une croissance moyen-
ne de 12,2% par an. Au vu du
rythme actuel et de l’environ-
nement international (crise
dans les pays émetteurs,
amalgames au niveau du
risque de terrorisme, etc.), il
est très peu probable que ce
chiffre soit atteint dans les
délais espérés. Mais se
concentrer uniquement sur
cet objectif dessert le vrai but
de la vision 2020, qui est de
hisser le tourisme marocain
au niveau des meilleurs stan-
dards internationaux, avec
une vraie offre diversifiée qui
puise ses forces dans l’en-
semble des atouts qu’offre le
Maroc, que ce soit sa géogra-
phie, son patrimoine humain
et culturel, ou encore sa gas-
tronomie. M. Zouitene, DG de
l’ONMT, est d’ailleurs assez
clair sur ce point : «Si nous
n’atteignons pas les 20
millions, quel que soit le chif-
fre final, l’essentiel est d’ins-
taurer une véritable dyna-
mique positive au secteur du
tourisme au Maroc». Il est en
effet peu vraisemblable que
l’Europe sorte totalement de
la crise pendant les 5 prochai-
nes années, et que ses habi-
tants retrouvent les moyens
dont ils disposaient avant
2008. De même, les graves
instabilités qui ternissent
beaucoup de pays, entre
révolutions, coups d’état, ter-
rorisme et guerres, ne trouve-
ront pas de solution dans le
futur proche, et continuerons
de mettre à mal l’image du
Maroc à l’international,
même si les importants
efforts de communication du
Royaume pour dissiper les
amalgames auprès de la com-
munauté internationale por-
tent leurs fruits. Par exemple,
même si la France est un pays
très proche du Maroc et son
premier partenaire, et que le
pays a subi nettement plus la
menace terroriste que le
Royaume ces dernières
années, les arrivées de Fran-
çais ont accusé une nette
baisse (-7 à 8% au total, et cer-
tains opérateurs ont avancé
des chiffres allant jusqu’à -
50% pour leurs réservations)
depuis le début de l’année,
contrecoup notamment des
attentats de Charlie Hebdo et
en Tunisie, ou encore de la
peur d’Ebola. Le pays se doit
de passer outre ces facteurs
exogènes, afin de disposer de
la meilleure offre possible et
être prêt à l’heure de l’assai-
nissement du contexte inter-
national.
Une politique de clusters
Le plan Azur a été, de l’avis
de la majorité des acteurs du
tourisme, un échec. Le mar-
ché a très mal réagi à l’ouver-
ture de 6 stations et à une
offre éclatée. Cela a poussé
l’ONMT à revoir sa stratégie
pour la 2ème partie de la
décennie, et l’office adoptera
une politique de clusters,
selon son directeur, qui
consistera au développement
massif d’infrastructures
autour de zones bien ciblées.
On peut citer l’augmentation
de la capacité d’accueil au
niveau de Taghazout à 50 000
lits, et le développement de
Taghazout Bay, mais aussi les
projets autour de l’Oriental,
où la capacité litière devra
passer à 27 000 lits, tout en
créant 23 000 emplois. Cette
politique permettra de mieux
caractériser les offres des
opérateurs touristiques, afin
d’établir des destinations
clés, reconnues au niveau
mondial.
Du tourisme, oui… mais
quel tourisme ?
La longueur de côtes du
Maroc pourrait laisser penser
qu’il est dans l’intérêt du pays
de développer massivement
son offre balnéaire. Ce serait
une erreur au vu des nomb-
reux avantages propres au
Royaume qui ne seraient pas
exploités. De plus, les masto-
dontes du balnéaires en
concurrence directe avec le
Maroc (îles Canaries, Malte,
Espagne, Grèce…) seront
27
Les chantiers pour 2020
très difficiles à concurrencer,
du fait de leur immense capa-
cité litière et de leurs myria-
des d’infrastructures. Le
Maroc, comme le pense
l’ONMT, gagnerait nettement
plus à développer le tourisme
culturel, et se pencher sur les
nouvelles formes de tourisme
qui montent, comme le touris-
me rural (développement des
gîtes), le tourisme cultuel
(autour des Zaouïas par
exemple), le tourisme écolo-
gique, etc.
Ces types de tourisme, s’ils
ne brassent pas la même
masse touristique que le bal-
néaire, se posent en parfaits
compléments de ce dernier,
et surtout, ils permettent une
vraie différenciation de la
destination, ce qui accentue-
rait la caractérisation de la
destination Maroc. Cela pour-
rait, à terme, éviter que les
touristes qui choisissent
entre nombre de destinations
balnéaires proposant des off-
res extrêmement similaires,
ne tiennent des réflexions
comme : «C’est partout
pareil, donc autant éviter un
pays arabe, on ne sait jamais,
pour le terrorisme…».
Selim Benabdelkhalek
28 Les années 2020 de notre jeunesse La Tribune

nouvelle
Les chantiers pour 2020 Spécial • été 2015

Infrastructures, le Maroc est

sur la bonne route
D
ans le but d’assu-
rer une meilleure
connectivité entre
ses différentes
régions, le Maroc s’est lancé,
ces dernières années, dans
plusieurs projets d’envergure
pour le développement de ses
infrastructures.
Le plus grand chantier réalisé
reste Tanger Med, qui est
devenu, dès sa mise en fonc-
tion, un hub pour la Méditerra-
née. Dans une région long-
temps délaissée, ce projet,
entré en service en 2007, a per-
mis de mettre la ville de Tanger
sous les projecteurs et la créa-
tion d’une centaine de milliers
d’emplois. En 2014, Tanger
Med a été classé à la 16ème
place en termes de connectivi-
té maritime par la CNUCED
(organe des Nations Unies
chargé du commerce interna-
tional). Un classement qui
place le Maroc premier en
Afrique et devant les pays d’A-
mérique Latine.
Avec une position géogra-
phique stratégique, à 14 km de
l’Europe et à la croisée des rou-
tes maritimes Est-Ouest et
Nord-Sud, Tanger Med est
aussi connecté par un réseau
d'autoroutes et de chemins de
fer qui facilite les échanges
économiques aussi bien aux
niveaux national que mondial.
L’implantation du groupe
Renault à Melloussa, située à
30 km du port, a boosté l’acti-
vité de Tanger Med, qui a
connu une forte augmentation
en 2013 et 2014.
En effet, durant l’année 2014,
l'activité globale du port a affi-
ché une croissance de 17%,
avec un taux de croissance de
43% sur le trafic véhicule au
terminal Renault.
Un autre projet qui fait partie
de la stratégie nationale por-
tuaire 2030 est celui du port de
Kenitra Atlantique, dont l’ap-
pel d’offre a été lancé par
l’ANP en juin. Un projet qui,
selon Aziz Rabbah, ministre de
l’Equipement et du Transport,
viendra renforcer l’offre por-
tuaire nationale par un nou-
veau port de commerce sur la
façade atlantique desservant
la région du Gharb.
A travers ce projet, Kenitra
constituera une offre portuaire
pour le trafic vraquier du port
de Casablanca et Tanger Med,
tout en améliorant l’offre sur
l’axe Tanger- Jorf Lasfar. Ce
port devrait accueillir les navi-
res transportant des marchan-
dises solides et capter les dif-
férents flux non unitarisés, en
particulier ceux en provenance
et à destination des régions du
Gharb, Saiss et Loukous, en
plus des zones franches
comme la zone Free Atlantique
de Kenitra ou celle de Tanger.
L'implantation prochaine, à
Kenitra, d’une usine d'assem-
blage Peugeot-Citroën, devrait
accélérer le projet du port
Kenitra Atlantique. L'investis-
sement total pour le port et la
connexion au réseau de
transport devrait coûter 8
milliards de Dhs.
Il est à noter qu’au niveau des
infrastructures, beaucoup a
été réalisé ces dernières
années, notamment le renfor-
cement et l'extension du
réseau autoroutier national,
qui devrait atteindre la lon-
gueur de 1800 km à l’horizon
2016.
Le Maroc détient également la
première plateforme aéropor-
tuaire de la région avec 15
aéroports internationaux,
reliés aux principales capitales
économiques et plateformes
d’affaires mondiales.
AL

Transports
En 2020, nous prendrons le train

S
i les chantiers actuels
arrivent à terme dans
les délais prévus, les
années 2010 auront
été une décennie marquée par
un développement exception-
nel du transport ferroviaire au
Maroc. Que ce soient les lignes
inter ou intra-urbaines, le
Royaume s’est donné les
moyens de révolutionner la
mobilité d’un pays où, jusqu’à
un passé récent, l’automobile
était le compagnon de voyage
quasi-exclusif des Marocains.
L’ONCF sur de bonnes voies
Le bilan 2014 du chemin de fer
marocain témoigne de la dyna-
mique que l’office insuffle au
secteur (voir LNT n°942). Le
nombre de voyageurs
transportés est en évolution
constante, la quantité de fret
transporté suit la même cour-
be, surfant notamment sur
l’explosion de l’activité auto-
mobile industrielle. Les indica-
teurs financiers de l’Office
connaissent la même tendan-
ce. Son chiffre d’affaires,
notamment, a doublé entre
2005 et 2014. La période 2015-
2020 sera consacrée, selon
toute vraisemblance, à la pour-
suite et la finition des grands
travaux d’infrastructures enta-
més depuis le début de la
décennie. Les projets majeurs
devant voir le jour durant les 5
prochaines années sont
notamment le triplement de la
voie Casablanca-Kenitra pour
4,5 MMDH, le doublement de
la voie Casablanca-Marrakech
pour 2,5 MMDH, et la mise à
niveau de la voie de l’Oriental
pour 900 MDH. A côté de ces
travaux sur les lignes, les
infrastructures d’accompa-
gnement seront-elles aussi
développées, à l’image de
Casa Port. Ainsi, de nouvelles
gares sont en cours de cons-
truction dans le nord pour 500
MDH, et le grand pôle urbain
multi-services de Marrakech a
vu sa conception démarrer,
pour un budget prévu de 3
MMDH. En tout, ce seront 40
gares qui seront rénovées, et
10 sites de valorisation seront
créés sur 200 ha. Ces travaux
s’accompagneront de l’aug-
mentation de la fréquence des
trains. Par exemple, le transit
Casablanca-Marrakech dispo-
sera d’une fréquence journa-
lière de 60 trains/j à l’horizon
2020, contre 18 actuellement.
De plus, les temps de trajet
seront tous réduits (2h30 pour
Casa-Marrakech contre 3h15).
Parallèlement, le projet princi-
pal de l’ONCF, la pharaonique
LGV, continue son développe-
ment. Entre pose des rails et
construction de viaducs, la
ligne à grande vitesse Tanger-
Casablanca représente un
budget de 22,9 MMDH, et son
état d’avancement est estimé
à environ 70%. Du côté d’Als-
tom, on assure que la livrai- >>
 La Tribune
nouvelle
Spécial • été 2015
>> son des rames se fait dans
les temps, comme en témoigne
l’arrivée de la première le 29
juin, sur un total de 12. La pre-
mière partie du tronçon (Tan-
ger-Kenitra) sera exploitée à
partir de 2018, et la ligne finale
Tanger-Casablanca en 2020. A
cette date, un voyageur par-
tant de Tanger rejoindra Mar-
rakech en 4h, contre 8h aujour-
d’hui… un chiffre qui montre
l’impact qu’auront l’ensemble
de ces projets sur la mobilité
des Marocains.
Une gestion à parfaire
Tout n’est pas rose pour
autant… Même si les chiffres
d’un taux de ponctualité de
78% et un taux de satisfaction
de 75% montrent une nette
amélioration par rapport à un
récent passé, ils restent en
deçà des meilleurs élèves en la
matière (90% de ponctualité
pour la SNCF, quasiment 100%
au Japon…). Les voyageurs,
qui disposent de plus en plus
de moyen d’exprimer leur
mécontentement grâce aux
réseaux sociaux, peuvent rapi-
dement ternir l’image de
marque d’une entité comme
l’ONCF, qui se doit de réagir
rapidement pour être à la hau-
teur des attentes des passa-
gers. Propreté, accueil aux gui-
chets, gestion du trafic,
rapidité d’intervention en cas
de problème technique…
autant de chantiers sur les-
quels l’office devra sérieuse-
ment travailler d’ici 2020 pour
que l’offre ferroviaire au Maroc
soit digne des infrastructures
dont elle se sera dotée.
Selim Benabdelkhalek
Les années 2020 de notre jeunesse
Economie digitale
Dépasser l’émergence
L
e digital est l’un
des secteurs les
plus dynamiques
de l’économie
marocaine depuis environ 5
ans. Parce qu’il touche
directement les foyers
marocains, son impact et sa
croissance sont énormes
bien que très peu documen-
tés en études et statis-
tiques.
Mais, le digital tend à rebatt-
re les cartes de tous les
domaines qu’il touche, c’est
là son plus grand potentiel.
Comme YouTube s’est impo-
sé en quelques années
comme le concurrent princi-
pal des chaines de télévision
du monde entier ou que
AirBnB et Uber connaissent
un développement fulgurant
sans même posséder respec-
tivement de foncier ou de voi-
tures, l’économie numérique
transforme les règles du jeu.
Le boom du numérique
Ainsi, au Maroc, le dévelop-
pement de la presse en ligne
a redonné une seconde jeu-
nesse au lectorat et aux pro-
fessionnels, alors que la pres-
se écrite continue de voir ses
ventes péricliter chaque
année. Le e-commerce a
aiguisé les appétits des plus
grands groupes internatio-
naux, et force est de consta-
ter que l’engouement des
Marocains pour ces nou-
veaux modes de consomma-
tion ne se dément pas.
Même dans la publicité, les
plus grands annonceurs,
dans les télécoms, l’immobi-
lier ou la banque et l’assu-
rance ont commencé,
depuis quelques années
déjà, à investir en continu
sur le web.
Mais, le meilleur indicateur
du dynamisme du secteur
digital du pays est l’émer-
gence d’une génération d’en-
trepreneurs qui développent
brique par brique cette nou-
velle économie à la sauce
marocaine.
Dans ce contexte, plus per-
sonne ne doute du fait qu’In-
ternet soit une composante
majeure de notre développe-
ment futur. Même les poli-
tiques investissent le terrain
et s’essayent à la communi-
cation digitale. Pourtant, les
pouvoirs publics gardent
encore une approche trop
timide quant aux efforts à
fournir pour faire de ce sec-
teur un des piliers de la crois-
sance nationale.
Le digital est un employeur
potentiel important et encore
plus pour le Maroc, puisse
qu’il adresse principalement
les jeunes, qui ont le malheur
d’être nombreux et exposés
au chômage dans notre pays.
Il n’y a qu’à l’armée et dans
le digital que le fait d’être
jeune est un avantage, et
nous devons capitaliser
autant que possible sur le
potentiel d’une jeunesse
ultra connectée. Nos jeunes
sont créatifs et ingénieux
comme en témoignent les
dizaines de prix de startups
cumulés ces dernières
années dans différentes com-
pétitions internationales, ou
le succès de certains pure-
players marocains.
Nos aspirations pour ce sec-
teur ne doivent pas être de
devenir « l’Inde du digital »
en se spécialisant dans l’offs-
horing de prestations. Nous
pouvons devenir un acteur
régional et continental de
premier ordre et s’appuyer
sur la stratégie nationale de
pénétration économique afri-
caine pour faire du Maroc un
pôle d’excellence et un incu-
bateur d’idées pour l’Afrique.
Le pactole pour 2020 ?
Le marché du e-learning à lui
seul devrait atteindre les 530
millions de dollars en 2017
sur le continent. Quant à la
contribution au PIB africain,
la quote-part du digital
devrait passer de 18 milliards
de dollars en 2013 à quelque
300 milliards de dollars à l’ho-
rizon 2025.
Une opportunité que le
Maroc pourrait non seule-
ment saisir, mais dont il pour-
29
Les chantiers pour 2020
rait être une figure de proue.
Mais, avant de se projeter à
l’extérieur de nos frontières,
il faut donner un vrai coup de
fouet pour permettre au
Maroc de développer un ter-
reau propice à ces PME
numériques qui pullulent en
Europe ou aux Etats-Unis.
Nos étudiants doivent être
formés dans ces perspectives
vers des métiers d’avenir ;
une fiscalité adaptée doit
être proposée aux entrepre-
neurs de même qu’un accom-
pagnement systématique ; et
la confiance des consomma-
teurs et clients envers les
opérateurs doit devenir la
priorité des acteurs du sec-
teur et des pouvoirs publics.
Du côté des entreprises, une
nouvelle initiative d’associa-
tion rassemblant toutes les
structures évoluant dans le
segment numérique, sobre-
ment intitulée « Maroc Digi-
tal » est née de la volonté de
quelques grands noms
(Avito, Hmall, Groupon,
OnOff notamment) de don-
ner une voix plus audible aux
revendications d’un secteur
qui cherche à se structurer.
Du côté de l’Etat, un message
fort pourrait être la création
d’un portefeuille ministériel
dédié à l’économie numé-
rique (et non un appendice
ministériel comme actuelle-
ment) dont l’objectif serait de
hisser le Maroc, en une légis-
lature, au rang de leader
régional et continental, au
moins dans quelques domai-
nes que pourraient être le e-
gov et le e-commerce.
Les banques et le secteur >>
30 Les années 2020 de notre jeunesse La Tribune

nouvelle
Les chantiers pour 2020 Spécial • été 2015

>> financier ont également E-gov :

De l’internaute au citoyen
un rôle crucial à jouer qui est
de faciliter le financement
de cette nouvelle économie
dont la croissance pourrait

numérique
aller jusqu’à permettre de
redynamiser le marché bour-
sier casablancais avec de

nouvelles introductions
comme cela se passe dans
de nombreux pays dévelop-
pés et émergents.
C’est d’ailleurs l’opportunité
que doit saisir le Maroc, celle
de dépasser l’émergence
dans ce domaine et de se
créer une place dans l’élite
des économies drainées par
le numérique. Parce qu’outre
le développement de cette
écosystème vertueux d’en-
treprises numériques, la
croissance du digital entrai-
nera également dans son
sillon les entreprises tradi-
tionnelles.
Du petit producteur d’agru-
mes au coiffeur de quartier,
en passant par les industries
et les commerces, de très
nombreuses entreprises trou-
veront de nouveaux débou-
chés et canaux de visibilité
pour atteindre leurs clients
sur le web. C’est fort de ces
acquis que le Maroc pourra
espérer trouver un avenir
pour sa jeunesse et quelques
points de croissance addi-
tionnelle non agricole!
Zouhair Yata
E
n 2011, en plein
«Printemps arabe»,
les services de l’E-
tat marocain lan-
çaient le compte Twitter
@Maroc_eGov, plus exacte-
ment en avril. Aujourd’hui, ce
compte totalise à lui seul plus
de 100 000 abonnés et son
existence même prouve son
utilité puisque des milliers de
Marocains suivent ses actua-
lités au quotidien.
Certes, la stratégie digitale
déployée n’est pas parfaite,
puisque la page Facebook
correspondante ne compte
que 20 000 fans alors que
plus de 8 millions de nos com-
patriotes ont un compte actif
sur ce réseau social.
Mais, la volonté des pouvoirs
publics semble volontariste
et le portail egov.ma témoi-
gne de cette tendance. La
liste des e-services opération-
nels en 2015 est de plus en
plus étoffée (même si elle est
présentée de manière indi-
geste sur le site web) ; du
paiement des impôts aux
contraventions de la route, en
passant par le passeport bio-
métrique, de l’inscription aux
listes électorales au portail
marocain des marchés
publics, force est de constater
que l’e-gov au Maroc est une
dynamique en, aux objectifs
clairement dessinés.
Pourtant, le Maroc n’apparaît
en bonne position dans
aucun classement internatio-
nal, ni même africain sur la
question des services éta-
tiques numériques aux
citoyens. Mieux, des pays
africains obtiennent des clas-
sements internationaux
impressionnants alors même
que le Maroc se positionne en
tant que locomotive d’une
partie du continent.
Le Rwanda a ainsi été classé
7ème gouvernement le plus
efficace à l'échelle mondiale
dans le Rapport concurren-
tiel mondial 2014-2015
publié par le Forum écono-
mique mondial (WEF), grâce
notamment à une très forte
adhésion des Rwandais aux
outils mis à disposition par
les autorités.
Les cinq ans du décollage
numérique
Si, au Maroc, les 5 dernières
années ont été celles de l’ex-
périmentation et de la
découverte, les 5 prochaines
doivent être celles du perfec-
tionnement des services et
de l’inclusion la plus large
possible de la population.
L’ANRT indique dans ses
derniers rapports qu’un
foyer sur deux possède un
ordinateur et une connexion
internet.
Face à une désaffection des
urnes par les citoyens conco-
mitante à une demande
accrue de leur part de reddi-
tion des comptes, d’efficacité
administrative et de transpa-
rence, la démocratisation du
plus grand nombre des Maro-
cains de ces usages numé-
riques constitue l’un des
principaux leviers de déve-
loppement de notre pays.
Ce ne sont pas 20 000 person-
nes qui doivent être fans des
services e-gov marocains sur
Facebook, mais au moins les
6 millions de fans que cumu-
lent les 3 opérateurs télé-
coms. Car l’enjeu dépasse la
simple utilisation des servi-
ces, il s’agit pour le Maroc de
réussir le défi de la régionali-
sation grâce au numérique.
De quel meilleur outil dispo-
sons-nous pour apporter plus
de proximité aux populations
locales dans une décentrali-
sation avancée, tout en rédui-
sant les coûts de fonctionne-
ments de l’Etat ? Sachant
qu’en plus ce processus intè-
gre également une forte
dimension participative,
inclusive et égalitaire.
Exit les lourdeurs adminis-
tratives, la corruption passi-
ve pour obtenir un extrait
d’acte de naissance, la discri-
mination contre les femmes...
Les citoyens 3.0. veulent la
reddition des comptes, de la
transparence et des services
accessibles. C’est à ce prix
que le Maroc peut espérer
renouer un pacte civique et
impliquer concrètement les
Marocains dans la construc-
tion de leur avenir.
Zouhair Yata
 La Tribune
nouvelle
Spécial • été 2015
Les Marocains et les réseaux
sociaux
L
e monde est en
train de devenir de
plus en plus petit,
et de plus en plus
connecté. La ferveur pour les
nouvelles technologies d’in-
formations et de communi-
cation est telle que l’on a du
mal à suivre leur rythme tou-
jours plus effréné. Et le
Maroc suit cette tendance.
Facebook, Twitter, YouTube
ne sont que la partie visible
de l’iceberg. La jeune géné-
ration connectée a depuis
longtemps éteint sa télévi-
sion pour prendre en main
son smartphone ou son ordi-
nateur. En offrant un contrôle
quasi-total sur le contenu
consommé, Internet a de ce
fait supplanté les canaux
d’informations traditionnels,
devenus archaïques.
Et afin de saisir l’engoue-
ment grandissant que susci-
tent Internet et ses réseaux
sociaux auprès des Maro-
cains, des études ont analy-
sé les habitudes de la
webosphère marocaine.
Dans ce sens, la première
donnée saisissante est le
nombre relativement élevé
de Marocains utilisateurs
des réseaux sociaux. Seules
l’Égypte et l’Arabie Saoudi-
te font mieux dans l’ensem-
ble du monde arabe.
Facebook loin devant la
concurrence…
Le site créé par Mark Zucker-
berg s’accapare la part du
lion sur le marché marocain.
En effet, le réseau social amé-
ricain, deuxième site web le
plus consulté au monde
après Google, réalise un taux
de pénétration de plus de
22% au Maroc. La tranche
d’âge comprise entre 15 et 29
ans est la plus présente sur
Facebook, et représente 77%
des inscrits, ce qui tend à
prouver l’attrait des nou-
veaux moyens de communi-
cations pour les plus jeunes.
En ce qui concerne la parité
sur les réseaux sociaux, il va
Les années 2020 de notre jeunesse
falloir repasser. Seulement
37% des utilisateurs sont en
fait des utilisatrices, un chif-
fre qui doit être relativisé par
rapport au reste du monde
arabe, où les femmes ne
représentent que 33% des
connectés.
Quant à la langue la plus uti-
lisée sur Facebook, c’est le
français qui semble être pri-
vilégié par les Marocains.
Ainsi donc, 75% des inter-
nautes communiquent en
langue française, l’arabe est
à la traine avec 33% seule-
ment des utilisateurs maro-
cains s’exprimant dans leur
langue natale, et 13% en lan-
gue anglaise.
Twitter à la peine…
La « twittoma » s’est large-
ment développée et a pris
de l’importance durant les
dernières années. Preuve en
sont, les campagnes de sen-
sibilisation, de solidarité et
de soutien se sont multi-
pliées dernièrement. Le der-
nier exemple en date est
celui du hashtag « #met-
tre_une_robe_nest_pas_un_
crime » , qui a réussi à fédé-
rer la colère d’une certaine
partie des Marocains outrés
que l’on puisse encore, en
2015, mettre en prison deux
jeunes filles pour leurs
tenues vestimentaires.
Mais les twittos marocains
sont encore très loin de pou-
voir rivaliser avec les chiffres
du l’ogre Facebook. La ten-
dance est même baissière en
ce qui concerne l’utilisation
de la plateforme du petit
oiseau bleu au Maroc. Rien
de comparable avec les pays
du Golfe, leaders dans le
microblogging au niveau des
pays arabes, avec par exem-
ple plus de 40% des tweets
provenant de la seule Arabie
Saoudite.
Le point positif reste la pari-
té, étant donné que 48% des
utilisateurs de Twitter au
Maroc sont des femmes, un
niveau sensiblement plus
élevé que la moyenne des
pays arabes qui s ‘établit à un
peu plus de 36%.
Sur le plan linguistique, et à
l’inverse de Facebook, la lan-
gue la plus utilisée par les
pays du monde arabe est l’a-
rabe, suivi de l’anglais. Alors
que le français n’occupe que
la troisième place.
Les réseaux sociaux axés
sur l’univers professionnel,
comme LinkedIn et Viadeo,
ne sont pas en terrain
conquis. Mais ils affichent
cependant des chiffres à
tendance haussière.
Les réseaux sociaux, un
potentiel immense…
Le potentiel d’évolution de
l’univers des réseaux sociaux
reste encore très vaste, car
aujourd’hui, sur les 3,025
milliards d’internautes à tra-
vers le monde, 2,060 milliards
sont actifs sur les réseaux
sociaux, soit seulement 28%
de la population mondiale. Et
avec la montée en puissance
de Google+ et l’apparition de
réseaux innovants avec une
approche nouvelle tels que
Tsu, la communauté mondia-
le des internautes ne peut
que s’élargir.
Dans ce sens, le canal mobile
devrait jouer un rôle clé dans
la vulgarisation de l’utilisa-
31
Les chantiers pour 2020
tion des réseaux sociaux de
part le monde, et spéciale-
ment au Maroc. L’offre 4G
proposée par les trois opéra-
teurs marocains va de ce fait
participer à une interaction
plus rapide et surtout plus
fréquente avec ces fameux
réseaux sociaux.
Par exemple, l’expérience
nous apprend qu’aux Etats-
Unis, les chiffres des consul-
tations via les mobiles repré-
sentent aujourd’hui plus des
trois quarts de la fréquenta-
tion des géants tels que
Facebook et Twitter, et jus-
qu’à 98% pour les réseaux
tels que Instagram, Pinterest
et Vine. Le caractère mobile
a de ce fait un attrait consi-
dérable pour les jeunes, et
leur manière de se servir des
réseaux sociaux.
Des données qui nous prou-
vent à quel point le marché
marocain est loin d’avoir
atteint sa maturité, et qui
devraient aussi finir de
convaincre les sceptiques
quant à la place primordiale
que devrait prendre l’univers
des réseaux sociaux dans les
différentes stratégies de
marketing et de communica-
tion des entreprises, mais
aussi des faiseurs d’opinion.
Ayoub Bouazzaoui
32 Les années 2020 de notre jeunesse
Les chantiers pour 2020
En 2020,
Objectif 42% d’énergie
renouvelable dans 5 ans
Le développement industriel et la croissance démographique mondiale ont engendré une forte
accélération de la demande énergétique. Selon les prévisions de l’Agence internationale de l’énergie, la
demande mondiale en énergie devrait croître de 52% à l’horizon 2030.
P
our répondre à cette
problématique, le
Maroc a entrepris
une nouvelle straté-
gie énergétique nationale
pour le développement des
énergies renouvelables, dans
le but de sécuriser son appro-
visionnement en énergie et
éviter ainsi la dépendance
envers une technologie.
En effet, ces dernières
années, le Royaume a inves-
ti dans de vastes projets,
que ce soit pour l’éolien ou le
solaire. Où en sommes-nous
aujourd’hui?
Le Plan solaire
A l’horizon 2020, le Maroc
compte porter à 42% la
contribution des énergies
renouvelables à la produc-
tion électrique.
Le plan solaire marocain,
baptisé Noor, devrait générer
des investissements de plus
de 9 milliards de dollars.
Lancé en mai 2013 par le Roi
Mohammed VI, le projet Noor
I, piloté par l’Agence maro-
caine pour l’énergie solaire
Masen, consiste à réaliser
une centrale thermo-solaire
d’une puissance de 160 MW.
Elle sera développée sur une
surface d’environ 480 hecta-
res, sur la base de la techno-
logie thermo-solaire, avec
des capteurs cylindro-para-
boliques et une capacité de
stockage de 3 heures à pleine
puissance. La construction a
déjà démarré et elle devrait
entrer en service fin 2015.
La deuxième phase du com-
plexe solaire consiste à déve-
lopper deux centrales solai-
res Noor II et Noor III. Avec
une puissance comprise
entre 150 et 200 MW, la cen-
trale Noor II s’étalera sur une
surface maximale de 680 ha
et aura une capacité de stoc-
kage de 3 heures minimum.
Noor III sera développée sur
une surface maximum de 750
ha, en utilisant, pour la pre-
mière fois au Maroc, la tech-
nologie CSP avec tour, et aura
une puissance comprise
entre 100 et 150 MW, avec
une capacité de stockage de
7 à 8 heures.
Ces projets, qui seront cons-
truits par le groupe saoudien
Acwa Power et l’espagnol
Sener, ont bénéficié de très
importants financements
internationaux de la part de
nombreux bailleurs de fonds.
En décembre 2014, 7 conven-
tions ont été signées entre
Masen, et Kfw Bankengrup-
pe, la Banque Mondiale, la
Banque Africaine de Déve-
loppement , le Fonds pour les
technologies propres (Clean
technology fund), la Banque
européenne d’investisse-
ment et l’Agence française
de développement, pour une
levée de fonds de 16,5
milliards de dirhams, dans le
but de financer le développe-
ment des centrales solaires
Noor II et Noor III.
Pour la quatrième phase de
Noor, Masen vient de lancer
un appel d’offre pour un
ensemble de centrales photo-
voltaïques, cumulant un total
de 170 MW de capacité.
La phase Noor PV I, com-
prendra la centrale Noor IV
d’une capacité de 50 à 70
MW, située à Ouarzazate, et
pourrait également porter
sur les projets Noor Laayou-
ne et Noor Boujdour, d’une
capacité de 50 MW chacun,
selon Masen.
Le Plan éolien
Dans le cadre du projet
éolien, le développement de
nouveaux parcs est prévu à
l'horizon 2020.
Le Programme Intégré de l’E-
nergie Eolienne sera déve-
loppé dans le cadre de la pro-
duction privée d’électricité, à
travers des contrats de four-
niture et d’achat d’électricité
(contrat PPA), conclus entre
l’ONEE et les partenaires pri-
vés choisis après des appels
d’offres internationaux.
Le projet éolien de Tarfaya,
situé dans la région de Tah, a
La Tribune
nouvelle
Spécial • été 2015
permis le renforcement des
moyens de production d'ori-
gine éolienne et du réseau
d'interconnexion de la région
du sud du Royaume. Equipé
de 131 éoliennes, d'une puis-
sance unitaire de 2.3 MW, ce
parc éolien est en service
depuis décembre 2014.
La 1ère phase du parc éolien
d’Akhfennir de 100 MW a
été mise en service en juillet
2013, alors que la mise en
service de la deuxième
phase, d’une puissance de
100 MW également, est pré-
vue pour juin 2016.
Concernant le site de Jbel
Khalladi, dans la région de
Tanger, d’une capacité de
120MW, il sera mis en servi-
ce fin 2016.
Le programme intégré de l'E-
nergie Eolienne 1000 MW est
composé de six parcs éoliens,
répartis dans les régions sud
et nord du Royaume qui
disposent d'un potentiel
éolien important.
Ce programme est conçu sur
2 phases. La 1ère concerne le
projet du parc éolien de Taza
(150 MW), dont la mise en
service est prévue pour 2017.
La 2ème phase est celle du
projet Intégré 850 MW, com-
posé de cinq parcs éoliens,
Tanger II (100 MW), Boujdour
(100 MW), Tiskrad (300 MW),
Midelt (150 MW) et Jbel Lah-
did (200 MW), dont les mises
en service seront opérées
entre 2017 et 2020.
Il est à noter qu’à terme, tous
ces projets devraient permet-
tre au Maroc d'économiser en
combustibles 1 million de
tonne équivalent pétrole
(TEP) par an, et d'éviter l'é-
mission de 3,7 millions de
tonnes de CO2.
AL
 La Tribune
nouvelle
Spécial • été 2015
“La vision 2015-2030”,
dernier espoir pour améliorer
l'enseignement ?
L
a qualité de l’ensei-
gnement est l’un des
principaux défis aux-
quels sont confrontés
nombre de pays dans le
monde, et le Maroc est forte-
ment concerné.
La santé et l’enseignement
dans le Royaume restent les
secteurs qui souffrent le plus, et
où l’on enregistre de nombreux
dysfonctionnements. Depuis
l'Indépendance, le système édu-
catif marocain a été sujet à plu-
sieurs réformes, impliquant une
quantité considérable de travail
fourni et d'argent dépensé sans
pour autant réussir à trouver la
bonne formule. De l'arabisation
jusqu'au plan d’urgence 2009-
2012, en passant par un grand
nombre de propositions qui se
sont succédées, essuyant échec
après échec en l'absence d'un
plan rigoureux. Résultat, tout le
système scolaire et universitai-
re souffre aujourd'hui de problè-
mes structurels, et les Maro-
cains boudent les écoles
publiques en faveur de l'ensei-
gnement privé.
Une situation qui n'a pas man-
qué d'inquiéter l'ONU. En effet,
en mars dernier, le Comité des
Droits Economiques Sociaux et
Culturels de l’Organisation des
Nations Unies (CDESC) a publié
un document avec une liste de
questions adressées au Maroc.
Les questions soulevées par le
CDESC s'appuient sur un rap-
port alternatif concernant la
problématique de la privatisa-
tion de l’enseignement au
Maroc soumis au Comité, en
décembre 2014, par un groupe
d’organisations marocaines et
internationales.
Le comité en question fait part,
dans son rapport, de son
inquiétude quant à la croissan-
ce de l'enseignement privé, qui
contribue notamment à renfor-
cer les inégalités et les discrimi-
nations dans l'éducation.
Il est à rappeler que ces der-
nières années, le Maroc enre-
Les années 2020 de notre jeunesse
gistre les pires chiffres quant à
la qualité de l'enseignement.
Le rapport de l'UNESCO de
2014 place le Royaume parmi
les 21 pires systèmes éducatifs
dans le monde.
Selon ce rapport, seuls 35%
des élèves atteignent la 4ème
année en ayant acquis les élé-
ments fondamentaux et la
norme minimale d’apprentis-
sage en lecture. Le rapport
souligne que plus de la moitié
des enfants marocains « sont
incapables de lire une seule
phrase ». Un constat alarmant
confirmé par Rachid Belmokh-
tar, ministre de l’Education
nationale et de la formation
professionnelle, lors du 7ème
Forum international du dialo-
gue politique organisé en
décembre 2014. En effet, le
ministre n'a pas mâché ses
mots en décrivant l'état actuel
de l’enseignement au Maroc,
en mettant l'accent sur la for-
mation des enseignants.
Pour un enseignement
équitable...
L'enseignement, qui doit être
un véritable levier de la crois-
sance économique d'un pays,
souffre de tous les maux au
Maroc. Le secteur de l'éduca-
tion enregistre des dysfonction-
nements à tous les niveaux.
Décalage entre l'enseignement
primaire et supérieur, inadé-
quation des formations avec
l'environnement extérieur, des
professeurs sous-qualifiés, une
qualité d'enseignement médio-
cre, des élèves qui deviennent
agressifs en cours, des profes-
seurs qui ne respectent pas leur
statut d'éducateur... et puis des
épreuves de baccalauréats qui
fuitent et un taux de réussite
qui n’atteint pas les 50%. Au
final, beaucoup d’abandon sco-
laire et des générations de
Marocains qui grandissent
sans aucune qualification !
Le dernier projet proposé il y a
quelques mois par le CESE
pour remédier à ce problème
est « la vision 2015-2030 ». L'ob-
jectif primaire de cette nouvelle
stratégie est d’asseoir une «
école nouvelle portée par trois
grands fondements : l'équité et
l’égalité des chances, la qualité
pour tous, et la promotion de
l’individu et la société». Le
conseil propose plusieurs
mesures de changement pour
dépasser les difficultés actuel-
les. Parmi ces mesures : instau-
rer l’obligation de l’enseigne-
ment préscolaire et prévoir son
intégration progressive dans
l’enseignement primaire,
garantir le droit à l’éducation et
à la formation aux personnes
aux besoins spécifiques, géné-
raliser un enseignement inclu-
sif et solidaire pour tous les
enfants marocains, sans aucu-
ne discrimination... Elles
concernent aussi l'élargisse-
ment de l’offre de la formation
professionnelle en augmentant
sa capacité d’accueil et en ren-
forçant sa présence dans les
milieux ruraux, la création, dès
le collège, de parcours profes-
sionnels qui débouchent sur le
baccalauréat professionnel, et
le renouvellement des forma-
tions et leur diversification
pour les adapter régulièrement
à l’évolution des métiers.
D'autres mesures sont prévues,
notamment au niveau du ryth-
33
Les secteurs ̀
a la traîne
me scolaire, du système de l'é-
valuation et des examens, etc.
La maîtrise des langues fait
également partie de cette
vision. Ainsi, le Conseil consi-
dère que les langues représen-
tent un levier principal de la
qualité de l’éducation, et
recommande «une nouvelle
architecture linguistique fon-
dée sur le plurilinguisme et l’al-
ternance des langues». Trois
langues seront enseignées
durant le préscolaire et le pri-
maire à savoir l’arabe comme
langue principale, l’amazigh
comme langue de communica-
tion, et le français comme lan-
gue d’ouverture. L’anglais sera
introduit au collège. Cette offre
plurilingue devrait résoudre le
problème que pose le passage
d’une langue d’enseignement à
une autre, notamment entre
l’enseignement secondaire et
l’enseignement supérieur.
En effet, les étudiants en supé-
rieur ont souvent du mal à suiv-
re les cours qui sont, dans la
majorité du temps, dispensés
en français, alors que l’ensei-
gnement élémentaire lui est
très arabisé. Cette initiative
permettra aux bacheliers de
maitriser les langues et pour-
suivre leurs études acadé-
miques quelle que soit la lan-
gue d’enseignement.
AL
34 Les années 2020 de notre jeunesse La Tribune

nouvelle
Les secteurs à la traîne Spécial • été 2015

Une batterie de mesures pour relancer

l’immobilier
C’
est un constat
implacable : l’im-
mobilier reste l’un
des secteurs-clé
de la cohésion socio-écono-
mique du Royaume. Aujourd’-
hui, ce secteur est en crise
après plus de six ans de bulle
immobilière. Ceci n'est un sec-
ret pour personne. En effet, que
ce soit le social, le moyen stan-
ding ou le luxe, tous les seg-
ments connaissent des difficul-
tés énormes de
commercialisation. Les projets
immobiliers d’envergure se
font de plus en plus rares. Les
mises en chantier se font au
compte-goutte. Parallèlement
et de l’avis de beaucoup, le sec-
teur reste livré à lui-même. L’a-
narchie, le noir et le désordre
caractérisent bon nombre de
transactions immobilières.
Le respect des lois contractuel-
les est, le moins que l’on puisse
dire, un des derniers soucis du
marché. Idem pour les délais de
livraison, la conformité aux
cahiers de charge, la qualité
des biens, le SAV, l’entretien,
les prix, les marges bénéficiai-
res, les avantages accordés à
certains au détriment d’autres,
le noir, les avances... La liste est
loin d’être exhaustive.
C’est dire à quel point la régle-
mentation administrative et
juridique s’impose, dans le
grand espoir de préparer un
secteur réconciliant le droit à
un toit décent aux enjeux mer-
cantiles. De quoi également
redynamiser un secteur aujour-
d’hui rattrapé par la froideur.
Face donc à un marasme pareil,
on s'essaye à des alternatives
en mesure de redorer le blason
à temps.
Pour le logement social d'a-
bord, on vient de procéder à la
signature d'une convention-
cadre portant sur la réalisation
de projets de logement à
140.000 Dhs destinés aux
ménages à faible revenu. Cette
convention de "logement à fai-
ble valeur immobilière" a été
paraphée par le ministère de
l'Habitat, le groupe Al Omrane
et l'Union Nationale des Petits
Promoteurs Immobiliers. Elle
vise à élargir l'adhésion des
promoteurs immobiliers à la
réalisation des projets immobi-
liers relevant de ce segment de
logement social, et à garantir
une offre suffisante sur l'en-
semble du territoire national de
manière à répondre aux
besoins croissants des
citoyens à faibles revenus.
Ce projet conçu en faveur des
couches sociales défavorisées,
ambitionne la construction de
130.000 unités de logement et
de dynamiser le marché immo-
bilier, précisément le segment
de l'habitat social. Cette initia-
tive intervient au moment où
les promoteurs de la place n'ac-
cordent plus d'importance à ce
type de logements. Et dans le
cadre de cette convention, les
promoteurs signataires vont
pouvoir bénéficier de terrains
de l'Etat ou encore de ceux d'Al
Omrane pour la construction
de logements à 140 000 Dhs.
Des fonciers adaptés à leurs
investissements seront mis à
leurs dispositions. La première
opération, dont les travaux
seront bientôt lancés, concerne
la construction de 50 unités de
logements à Casablanca.
Chutte libre...
Dans le même sillage, le projet
de loi n°12-107 modifiant et
complétant la loi n°44-00, rela-
tive à la VEFA, a été adopté à
l’unanimité par la Chambre des
Représentants, dans le cadre
de la 2ème lecture, et ce, après
sa validation par la Chambre
des Conseillers. Il est attendu
que cette loi contribue, étant
données les garanties et la pro-
tection qu’elle offre aux parties
impliquées dans la vente d’un
bien en état futur d’achève-
ment, à la lutte contre toutes
sortes de pratiques illégales.
Sur un autre registre, le minis-
tère de l’Habitat a initié un nou-
veau programme d’offre en
logement locatif. Les fonde-
ments dudit programme se
basent sur l’amélioration du cli-
mat de confiance entre les
bailleurs de fonds et les locatai-
res par l’amélioration du cadre
indiqué qu'il est prématuré de
parler aujourd'hui du non-res-
pect des prix de vente des loge-
ments destinés à la classe
moyenne, dans la mesure où
les premiers projets visés dans
ce cadre sont encore dans la
phase de l'octroi des autorisa-
tions, et de la réalisation des
travaux d'aménagement et d'é-
quipement. Concrètement,
poursuit-il, 34 conventions ont
été déposées, à fin septembre
dernier, portant sur la réalisa-
tion de 13.523 unités de loge-
ment dans différentes régions
du Royaume, dont 11 ont été
visées (4.734 unités).
Retenons toutefois cette
conclusion pertinente du
patron de l’Habitat, selon
laquelle le marasme qui affecte
le secteur aujourd’hui est en
rapport avec la marge bénéfi-
ciaire des promoteurs immobi-
liers. Ce qui n’aurait pas per-
mis à l’Etat de trouver des
solutions pour le logement des
citoyens, en particuliers les
catégories démunies, tout en
notant que pour la classe

De l’accès au financement bancaire juridique du secteur locatif, loi

mise en vigueur en février
L’amélioration des conditions d'accès au financement bancaire du logement, a été au centre 2014, ainsi que l’élaboration
d'une récente réunion présidée conjointement par les ministères de l'Habitat et de l'Economie. d’une nouvelle stratégie d’ap-
Cette réunion a connu la participation de l'ensemble des acteurs clefs dans le processus de proche et de dynamisation du
financement et de production de logement, en l'occurrence le GPBM, la CCG et la FNPI. Selon un
secteur locatif, en vue d’accroi-
tre l’offre en logement locatif,
communiqué du ministère de l'Habitat, diverses problématiques ayant trait au financement du
de répondre aux besoins des
secteur immobilier ont été abordées lors de cette rencontre, notamment l'accès aux crédits ban- différentes franges de la popu-
caires pour le financement du logement, l'implication des banques dans le financement du loge- lation, et d’accompagner la
ment social, l'amélioration des modalités d'octroi des crédits (quotité de financement, taux d'in- mobilité des ménages.
térêt, durée de crédit...), l'amélioration du fonctionnement du Fonds Damane Assakane et la sim- Par rapport à la classe moyen-
plification des procédures administratives. ne, parent pauvre de l’Habitat,
le ministre PPS Benabdellah a
moyenne, les promoteurs
immobiliers ne se sont pas
assez impliqués dans l’offre
étatique, d’où le tarissement
des projets immobiliers desti-
nés à cette catégorie sociale.
C’est dire que l’Etat, à lui seul,
ne peut résoudre la probléma-
tique de l’Habitat, d’où l’impor-
tance du PPP...Certes, mais ce
même Etat a quand même le
pouvoir de réguler et d’assurer
un minimum d’équité.
H.Zaatit
 La Tribune
nouvelle
Spécial • été 2015
Le secteur de la Santé, entre
ambitions et réalisations
L
e développement
humain et social est
indissociable de l’a-
mélioration de la
couverture médicale, la santé
étant un droit fondamental.
Soucieux de respecter ses
engagements internatio-
naux, le Maroc consacre,
dans la Constitution de 2011,
le droit à la Santé. Dans son
article 31, la Constitution
garantit le principe de l’uni-
versalité de la couverture
médicale. Mais qu’en est-il
de la réalité du terrain ?
La deuxième Conférence
Nationale sur la Santé, qui
s’est tenue à Marrakech en
juillet 2013, a permis d’avoir
un aperçu sur la situation.
C’était l’opportunité d’éva-
luer les acquis et les insuffi-
sances du secteur, ainsi que
de mettre en place une stra-
tégie pour répondre aux
attentes de la population.
Tour d’horizon
Ce n’est un secret pour per-
sonne. Le système de santé
marocain est gangréné par
de nombreux dysfonctionne-
ments (corruption, manque
d’infrastructures, d’équipe-
ments, de ressources humai-
nes, erreurs médicales,
manque d’hygiène, traite-
ments inhumains des
patients, mauvaise gestion,
mauvaise répartition des
budgets, etc.). Les responsa-
bles gouvernementaux ten-
tent tant bien que mal d’aller
de l’avant. Plusieurs réfor-
mes ont ainsi été mises en
place par le Maroc en vue d’a-
méliorer ce système.
L’actuel ministre de la Santé,
M. Houssein El Ouardi a
apporté durant ce mandat
des changements de taille.
Politique du médicament,
urgences, santé mentale,
infrastructures dans les hôpi-
taux publics, ouverture du
capital des cliniques pri-
vées… Un an avant le terme
de son parcours ministériel et
son plan d’action 2012-2016,
Houssein El Ouardi fait part
Les années 2020 de notre jeunesse 35
Les secteurs à la traîne
d’un bilan positif.
Si l’on ne devait en retenir
qu’une seule chose, c’est
incontestablement la baisse
des prix des médicaments.
Faisant fi de toutes les résis-
tances (industrie pharma-
ceutique, distributeurs, phar-
maciens…), le ministre a
mené cette réforme à terme.
Le décret de fixation du prix
du médicament, adopté en
décembre 2013, a permis une
plus grande transparence
dans le secteur du médica-
ment, et une meilleure acces-
sibilité des patients aux thé-
rapeutiques. Au final, ce sont
2000 médicaments qui ont
connu une baisse. D’une
moyenne de 30% à 80%, du recul nécessaire pour milieux rural et urbain ne
selon le département de la mesurer l’impact d’une telle sera jamais garantie.
Santé, cette diminution des réforme sur le secteur, selon
prix s’est traduite par une le ministère, elle a pour visée Insuffisances
économie de 198 MDH. Ce d’améliorer l’accès aux soins. La santé mentale, fait égale-
qui a un effet positif sur les « Le renforcement du parte- ment partie des chantiers
caisses de prévoyances et les nariat public privé est de auxquels s’est attaqué le
organismes d’assurance, nature à réduire la pression ministre progressiste. Si l’o-
ainsi que sur les bourses des sur l’hôpital public», dixit le pération coup de poing de
patients, en particulier ministre. L’objectif à terme Bouya Omar demeure la prin-
quand il s’agit d’une patholo- est, selon M. El Ouardi, de cipale action menée dans ce
gie lourde (ALD-affection de garantir l’équité dans l’accès sens, on ne peut pas nier que
longue durée). aux soins et la qualité des la santé mentale figure parmi
Pareillement, on peut citer le prestations. Pour ce faire, il les principaux points noirs du
projet 131.13, remplaçant la faut inciter les investisseurs secteur. Sa situation au
loi 10-94 réglementant l’exer- à s’installer dans des zones Maroc dénote d’un véritable
cice de la médecine, que M. où l’offre de soins est insuffi- malaise. De nombreux défi-
El Ouardi a pu, bon gré mal sante, voire absente. Autre- cits ont été pointés du doigt
gré, faire passer. Celui-ci ment, l’équité de l’offre de par le rapport du CNDH, et
ouvre le capital des cliniques soins entre régions et entre auparavant par l’enquê- >>
privées à tout investisseur,
sans exiger qu’il soit méde-
cin. Cette réforme devrait
ainsi permettre, selon le
département de la Santé, d’a-
dapter la loi 10-94 relative au
progrès de la médecine et
aux mutations du système de
santé. L’autre avantage de la
loi 10-94 est également d’en-
cadrer l’exercice des méde-
cins étrangers au Maroc.
Selon la logique du départe-
ment de la Santé, à terme, ce
projet permettra la construc-
tion de nouveaux hôpitaux,
favorisera la concurrence. Il
devrait en découler une
meilleure qualité de presta-
tions et une baisse des tarifs.
Si pour l’heure, on manque
36 Les années 2020 de notre jeunesse
Les secteurs à la traîne
>> te nationale sur la santé
mentale menée par le ministè-
re de la Santé en 2007, en coor-
dination avec l’OMS. Manque
de structures, manque de res-
sources humaines, mauvais
Les étudiants ont désormais leur
couverture médicale
Le projet de loi concernant la couverture médicale des étudiants a été
adopté, le mercredi 22 juillet, à l’unanimité en plénière à la chambre
des représentants, après avoir passé le cap de la Commission des sec-
teurs sociaux, la veille.
C’est la CNOPS (Caisse nationale des organismes de prévoyance
sociale) qui se chargera de la gestion de la couverture. Qu’est-ce qui
va changer, alors ? Les étudiants de l’enseignement supérieur public
ou privé, effectuant un stage de formation professionnelle, titulaires
d’un baccalauréat et les étudiants étrangers auront désormais droit à
une couverture médicale de base, à condition qu’ils ne profitent pas
d’autres systèmes d’assurance-maladie.
AMO, atouts et faiblesses
E
ntrée en vigueur le
1er mars 2006, l'As-
surance maladie
obligatoire (AMO)
constitue un grand progrès
en termes de couverture
médicale. Le nombre des
bénéficiaires de l’AMO se
situe aujourd’hui autour de 8
millions, soit 34% de la popu-
lation marocaine. Sur les cinq
dernières années, on note
une évolution en moyenne
annuelle de 6,8%. Nous som-
mes ainsi passés de 6 370
769 en 2009 à 8 045 629 en
2013. Cette progression est
plus importante dans le sec-
teur privé, qui est passé de 3
741 887 à 5 063 325 bénéfi-
ciaires entre 2009 et 2013,
traitement des patients,
conditions inhumaines... tel
est brièvement le tableau de
la situation de la prise en
charge de patients souffrant
d’un problème de santé men-
tale. Le plan quadriennal du
département de la Santé est
venu comme une réponse à
cet état de fait. Il s’agit d’une
vision ambitieuse, qui vise à
améliorer l’offre des soins, sur
les plans quantitatif et quali-
tatif. L’objectif est d’arriver à
terme à 1 médecin pour 100
000 habitants, en passant de
273 actuellement à 340, et un
lit pour 10 000 habitants, soit
3400 au lieu de 2043. L’offre
en consultation ambulatoire
sera augmentée. Ainsi, 10%
des établissements de santé
seront dotés d’un service de
consultation dédié à la santé
contre une évolution de 2 628
882 de 2009 à 2 982 304 seu-
lement en 2013, pour le sec-
teur public. Une tendance
qui va sans doute se poursui-
vre, durant les années à
venir, grâce aux régulations
effectuées par la CNSS (600
000 salariés échappent enco-
re à la couverture sociale de
la caisse), ainsi que la mise
en place d’une couverture
pour les indépendants et
pour les étudiants. Une
initiative à mettre au crédit
de l’actuel ministre. En effet,
il a fallu attendre une dizaine
d’années après le lancement
du régime de l’AMO, avant
de voir ces deux catégories
de la population l’intégrer.
Près de 11 millions de per-
sonnes sont concernées.
9000 dossiers sont ainsi trai-
tés par jour, et le délai moyen
de paiement des dossiers de
remboursement est d’envi-
ron 50 jours, ce qui peut
représenter un frein pour
bon nombre de patients.
Beaucoup d’entre eux aban-
donnent leur traitement
(notamment quand il s’agit
de pathologies lourdes aux
traitements de long court) à
mi-chemin, parce qu’ils ne
disposent pas de moyens à
même de leur permettre de
s’acquitter des frais des
mentale. Le but est de passer
à 260 services au lieu de 83
actuellement. Enfin, le dépar-
tement de la Santé ambition-
ne de créer un hôpital de
santé mentale dans chaque
région du Royaume. Mais,
pour l’heure, le déficit est
encore trop important. L’offre
de soins est non seulement
insuffisante, mais complète-
ment inadaptée.
Il va sans dire que l’accès aux
soins passe indéniablement
par l’universalité de la cou-
verture médicale.
L’AMO (Assurance maladie
Obligatoire) et le RAMED
(Régime d’assistance médi-
cale aux démunis) demeu-
rent les deux grandes réali-
sations du Maroc durant les
deux dernières décennies,
même si d’aucuns estiment
honoraires des médecins et
de la médication. Ce qui
représente une déperdition
aussi bien pour le patient
que pour l’organisme.
Lacunes
Le système du tiers payant
pourrait, sur ce point, être
une bonne piste pour amé-
liorer la donne. Il est double-
ment intéressant, permet-
tant à la fois la
rationalisation des dépen-
ses de soins des organismes
de remboursement, ainsi
que l’amélioration de la
santé des malades. S’inscri-
vant dans l’optique de
consolider les énormes
acquis en matière de cou-
verture médicale, l’instaura-
tion du système du tiers-
payant est l’alternative à
prôner. Grâce à cette pra-
tique, le malade est dispen-
sé du paiement des frais des
soins médicaux. Quant au
prestataire de soins, il reçoit
directement, de l’organisme
assureur auquel est affilié le
bénéficiaire, le paiement de
l’intervention due dans le
cadre de l’AMO. La CNSS
avait enclenché des
réflexions sur la question,
mais aucune action n’a vu le
jour, pour le moment.
Côté finances, le total des
La Tribune
nouvelle
Spécial • été 2015
qu’il y a un problème d’équi-
té dans cette offre. D’un côté,
on a une couverture médica-
le destinée aux pauvres
(Ramed) et de l’autre, une
couverture réservée aux plus
solvables (Amo et assuran-
ces privées). «Tous les
citoyens marocains doivent
jouir des mêmes soins. L’Etat
doit garantir, en toute équité,
l’accès aux soins de santé à
tous», dit-on à Amnesty.
Mais quelles que soient les
réserves vis-à-vis de ces
deux régimes et quelles que
soient les lacunes qu’ils
peuvent présenter, il faut
admettre qu’il s’agit du plus
grand projet sociétal jamais
réalisé par le Maroc. Alors
quel bilan peut-on en dres-
ser aujourd’hui ?
Leila Ouazry
cotisations et contributions
dues à l’ensemble des assu-
rés AMO de base au titre de
l’année 2013 a atteint 8,6
milliards de dirhams. Le
médicament, dont le prix
moyen et la consommation
sont nettement inférieurs
aux prix en vigueur dans les
pays «similaires», a repré-
senté le tiers des dépenses
de l’AMO en 2013. Le Maro-
cain, continue, ainsi, à
contribuer à hauteur de 53%
à la prise en charge de ses
soins de santé, alors que
l’actuel ministre avait pro-
mis la réduction de la part
supportée par les ménages
dans le financement des
soins à 25%.
Enfin, pour que l’AMO soit
pérenne, il faut que la CNSS
dispose de plus de ressour-
ces. Pour ce faire, il faudra
que toutes les entreprises
privées basculent vers
l’AMO. 2018 est la date limi-
te fixée (article 114 du code
de la couverture médicale)
pour cela. Cela suppose que
les assurances privées
deviendraient uniquement
complémentaires. Reste à
savoir si le puissant lobby
des assureurs, qui a bien
fonctionné jusqu’à présent,
laisserait passer ceci…
L.O
 La Tribune
nouvelle
Spécial • été 2015
Le Ramed peine à trouver sa vitesse
de croisière
T
rois ans après la
généralisation du
Ramed, ce régime,
destiné à améliorer
l’accès aux soins des popula-
tions démunies, est confron-
té à de nombreuses difficul-
tés. Financé par l’Etat, les
collectivités locales et, pour
une minime partie, par les
bénéficiaires, le Ramed a
nécessité depuis 2008, date
du lancement du projet pilote
du RAMED à Azilal, jusqu’à
fin 2013, des dépenses avoi-
sinant les 2,67 MMDH.
Présenté lors du 3ème sympo-
sium international sur la cou-
verture sanitaire des popula-
tions en situation précaire
dans le monde, en mars 2015
à Rabat, le bilan du Ramed
est loin d’être satisfaisant.
Une thèse que le ministre de
la Santé, Houssein El Ouardi,
réfute. «Le bilan est très posi-
tif», dixit le ministre, à l’occa-
sion de ce symposium. Il a
toutefois reconnu que des
lacunes persistent, que cer-
taines choses doivent être
améliorées pour aboutir, à
terme, à des prestations de
qualité. En effet, sur la base
du bilan présenté à cette
occasion, des recommanda-
tions ont été formulées et des
pistes devraient être creu-
sées pour une meilleure effi-
cience de ce régime. Alors
que le ministre estime que le
problème majeur du Ramed
est le manque de ressources
humaines et de certaines spé-
cialités, d’autres dysfonction-
nements impactent ce systè-
me. Outre les cas de fraude, le
dédoublement d’affiliation
AMO et Ramed, le manque de
moyens dans les hôpitaux et
l’accroissement rapide de la
demande en soins des ramé-
distes, ont plombé ce régime.
Le renforcement des méca-
nismes de contrôle, afin d’évi-
ter les déclarations frauduleu-
ses, figure en tête des
recommandations. «La géné-
ralisation de la facturation,
l’instauration de nouveaux
modes de gestion des res-
Les années 2020 de notre jeunesse 37
Les secteurs à la traîne
sources humaines, le renfor-
cement du partenariat avec le
secteur privé...», sont autant
de pistes à creuser. Ainsi,
dans un souci d’améliorer la
gestion du régime, les dépar-
tements concernés (Santé,
Intérieur, ANAM) devraient
multiplier leurs efforts pour
consolider les acquis et corri-
ger les failles. Pour ce faire, ils
proposent la création d’une
instance chargée de la ges-
tion du Ramed.
Cependant, même si la ges-
tion du régime est discuta-
ble, et même si de nombreux
problèmes doivent être trai-
tés d’urgence, les popula-
tions déshéritées disposent
d’une carte de soins. Ils ont
un outil pour bénéficier de
(privé ou public).
Pour rappel, la généralisation
du RAMED a atteint environ
98% de la population cible,
estimée à 8,5 millions. «Cette
couverture devrait atteindre
100% de la cible au plus tard
d’ici la fin de l’année en
cours», avait indiqué El Ouar-
di, en mars dernier.
Au sein de la population
leur droit à la santé. Mais, ramédiste. Une intervention bénéficiaire du régime, on
encore une fois, ce n’est pas qui aurait coûté quelque distingue celle considérée
toujours le cas et ce n’est pas 1,8 MDH. Ill faut malgré tout comme « pauvre » à hauteur
toujours évident ni aussi reconnaître qu’il est néces- de 84%, et celle dite « vulné-
simple. De nombreuses per- saire de prendre des mesu- rable » à hauteur de 16%.
sonnes disent disposer res urgentes pour améliorer 53% des bénéficiaires vivent
d’une carte qui ne leur sert à les choses. Autrement, ce en milieu urbain contre 47%
rien. Le Ramed reste toute- régime risque de voir sa en zones rurales. Les femmes
fois une grande avancée sur durabilité menacée. Selon représentent 53% des béné-
le plan sociétal. En atteste, certains professionnels, le ficiaires et les hommes 47%.
la prouesse de la greffe de Ramed devrait fonctionner En vue de garantir la péren-
foie réalisée par une équipe de la même manière que nité de ce régime, le gouver-
médicale de haut niveau au l’AMO. Ce qui permettrait nement a créé, en 2015, un
sein du CHU Mohammed VI, aux ramédistes de choisir fond d’appui à la cohésion
à Marrakech, en faveur d’un leur prestataire de service sociale, mais pour l’heure, le
Ramed continue de souffrir
de nombreux maux. Enfin,
A méditer ! nonobstant certaines avan-
La taxe de 40 euros imposée sur un billet d'avion de classe cées, les disparités entre les
régions en matière de pres-
affaire ou de première classe en France permet de financer le
tations de soins et de dispo-
traitement d'un enfant séropositif pendant une année. De
nibilité d’infrastructures
même que la contribution de 24 dollars pour un vol interna- sanitaires sont toujours
tional en classe affaire ou en première classe au Nigeria suffit aussi importantes, et les
pour guérir un adulte de la tuberculose. Enfin, la taxe de 2 ménages continuent de sup-
dollars imposés sur un billet international au Chili permet de porter une grande part du
guérir deux enfants du paludisme. coût des soins.
L.O
38 Les années 2020 de notre jeunesse
Les secteurs à la traîne
Employabilité, le Maroc s’attaque au
chômage
A
lors que l’emploi
revêt un intérêt
crucial pour la
cohésion sociale,
on note avec regret que les
taux de chômage sont de
plus en plus importants,
notamment dans les rangs
des jeunes. Avec un taux de
croissance du PIB de 2.6%,
durant l’exercice 2014, on ne
peut pas s’attendre à des
miracles. La création d’em-
ploi est indissociable de la
croissance économique. Ce
ralentissement de la crois-
sance est dû, en grande par-
tie, à la conjoncture interna-
tionale. Cela s’est traduit par
une baisse de la demande
adressée au Maroc, qui affec-
te particulièrement les sec-
teurs exportateurs (textile,
tourisme, électronique...).
Au niveau national, la
contraction du secteur du
BTP, à cause de la baisse de
la demande en immobilier et
des investissements publics
(les grands projets étant glo-
balement finalisés), est la
principale raison derrière ce
ralentissement. Enfin, le dés-
équilibre entre l’offre et la
demande est aussi un facteur
non négligeable dans cette
équation.
Alors que l’ANAPEC (Agen-
ce Nationale de Promotion
de l'Emploi et des Compé-
tences) reçoit 150 000 candi-
datures/an, seuls 60 000
candidats trouvent un
emploi. Globalement, près
de 400 000 jeunes arrivent
sur le marché de l’emploi, et
seuls 120 000 arrivent à
décrocher un job.
Le rapport 2013 du Conseil
Economique, Social et Envi-
ronnemental (CESE), ainsi
qu’une enquête réalisée pour
le compte du ministère de
l’Emploi et des Affaires
Sociales, révèlent une évolu-
tion inquiétante des taux de
chômage, depuis 2012. Avoi-
sinant les 10%, ce taux est
plus important en milieu
urbain (14,3%) qu’en milieu
rural (près de 5%)
Seuls 114.000 emlois ont été
créés en 2013. Le secteur du
BTP enregistre la plus forte
baisse avec moins de 50.000
postes. Les jeunes âgés de 15
à 24 ans sont les plus tou-
chés, avec un taux de plus de
36%, contre 18,2% pour les
diplômés et 9,6% chez les
femmes.
Mais, au-delà du chômage, le
marché du travail est marqué
par le phénomène de la pré-
carité de l’emploi. Un million
d’actifs sont concernés par le
sous-emploi, et plus de 20%
des travailleurs ne sont pas
rémunérés.
Ainsi, malgré une très légè-
re baisse du chômage,
durant le premier trimestre
de 2015 (1.157.000 chô-
meurs contre 1.191.000 une
année auparavant), la créa-
tion d’emploi reste très en
deçà des attentes.
Le volume des chômeurs au
Maroc a augmenté de 8% sur
un an. 86.000 nouveaux chô-
meurs ont, ainsi, été recen-
sés durant 2014, ce qui
amène la population des chô-
meurs à 1,1 million, soit 9.9%
des actifs.
Selon le ministre de l’Emploi,
M. Abdeslam Seddiki, il faut
un taux de croissance de 8 à
9 % pour espérer résorber ces
taux. Pour 2015, le Maroc
table sur une croissance de
4,5%, ce qui est toujours
insuffisant pour pouvoir
réduire le chômage.
SNE, la solution de Seddiki
Pour faire face à ce défi, le
ministère de l’Emploi et des
Affaires Sociales (MEAS)
vient d’élaborer une Straté-
gie Nationale pour l’Emploi
(SNE). Laquelle ambitionne
La Tribune
nouvelle
Spécial • été 2015
de créer 200 000 emplois par
an durant la prochaine
décennie, pour arriver à
résorber le taux de chômage.
Sur le court terme, le dépar-
tement de Seddiki table sur
124 000 emplois à pourvoir en
2016.
Elaboré par le département
de l'Emploi et des Affaires
Sociales en partenariat avec
le Bureau International du
Travail (BIT) et l'Agence
Espagnole de Coopération
Internationale pour le déve-
loppement, la SNE se veut
avant tout prospective. L’ob-
jectif étant de parvenir, à
l’horizon 2025, à mieux
contenir la problématique
du chômage. «Pour pousser
l’emploi vers l’avant, il faut
trouver en permanence des
initiatives innovantes», dixit
M. Seddiki. Et d’ajouter : «La
problématique de l'emploi
est une question sociétale
qui appelle un engagement
collectif et volontariste des
organisations patronales et
des autorités locales, notam-
ment à travers l'activation
des conseils régionaux de
l'emploi».
Selon le ministre progressis-
te, la création d’emploi >>
 La Tribune
nouvelle
Spécial • été 2015
>> devra découler d’une
dynamique de croissance.
Laquelle ne peut être garan-
tie que grâce à une économie
compétitive et une améliora-
tion du pouvoir d’achat. Pour
cela, l’implication de tous est
recommandée, selon le
ministre. D’où une approche
transversale, multidimen-
sionnelle et multisectorielle.
La SNE prône une approche
partenariale en rupture avec
l'approche sectorielle adop-
tée jusqu’à présent. S’articu-
lant autour de quatre axes, à
savoir la création d’emplois,
la valorisation du capital
humain, la prise en compte
de l’emploi dans les poli-
tiques sectorielles, et l’amé-
lioration de la gouvernance
du marché de l’emploi, cette
nouvelle vision se veut un
tremplin vers l'inclusion et la
cohésion sociale, à travers
l’emploi décent.
Enfin, le volet de la formation
est un paramètre important
dans cette stratégie. Il fau-
dra, ainsi, se pencher sur la
qualité de la formation en vue
de favoriser l’employabilité
des jeunes. Cela passe égale-
ment par la promotion de la
culture de l’entrepreneuriat
et de l’innovation. Une
responsabilité que l’Educa-
tion devra assumer, pour
espérer changer la configura-
tion du marché de l’emploi.
Leila Ouazry
Les années 2020 de notre jeunesse
L’Indemnité pour Perte
d’Emploi, un bol d’oxygène
pour les salariés
L’
IPE, qui figure
parmi les mesures
sociales phares,
représente un
acquis indéniable pour les
salariés. Plus de 3 620
demandes éligibles ont été
enregistrées par la CNSS
depuis le 1er décembre 2014.
42% des dossiers concernent
le secteur du BTP et 27% les
industries de transformation.
C’est la région du grand
Casablanca qui se taille la
part du lion, avec plus de 67%
des dossiers déposés. 75%
des demandes proviennent
d’hommes, contre 25% de
femmes. Globalement, près
de 34 000 personnes/an
devraient en bénéficier. Il
convient de rappeler que
l’IPE est le résultat d’impor-
tants débats ayant ponctué
les scènes politique et sociale
depuis près d’une décennie.
Les syndicats ont fait un
effort notable pour convainc-
re le patronat et le Gouverne-
ment. Un compromis a enfin
été trouvé le 23 juillet 2013.
Mais, il a fallu encore attend-
re pour déterminer les moda-
lités de mise en oeuvre.
Avancée sociale !
Le versement des premières
indemnisations, qui porte sur
quelques dizaines de
millions de dirhams, a déjà
démarré. Une première enve-
loppe de 250 MDH va être
débloquée par l’Etat pour
soutenir le démarrage de
l’IPE. Lancée en avril 2015,
l’IPE concerne les salariés du
privé. Pour en bénéficier, il
faut répondre à certains cri-
tères. Ainsi, l’IPE, elle est ver-
sée uniquement au salarié
ayant perdu involontaire-
ment son emploi pour une
durée maximale de 6 mois.
Pour, cela le salarié doit avoir
cumulé 780 jours de déclara-
tions de salaires pendant les
36 derniers mois. En revan-
che, le dispositif exclue les
démissionnaires et ceux qui
sont licenciés pour faute
grave.
Alors que pour certains, l’IPE
représente une avancée dans
la couverture sociale, pour
d’autres, c’est de la poudre
aux yeux. La valeur de cette
indemnisation, étant limitée à
2500 Dhs sur une durée de 6
mois, est jugée faible. Selon
M. Saïd Ahmidouch, Directeur
Général de la CNSS, le mon-
tant d’indemnisation est «le
résultat de simulations faites
selon différents scénarii, il a
été déterminé par le niveau
des prestations patronales et
salariales». La direction de la
CNSS avait également précisé
qu’après 6 mois de fonction-
nement, le système sera éva-
lué et des ajustements jugés
nécessaires seront apportés.
Jamal Belahrach, président
de la commission emploi à la
CGEM, tout en affirmant qu’il
s’agit d’une grande victoire
pour le Maroc, les syndicats,
les salariés et les entreprises,
estime que ce dispositif n’est
pas une indemnité de chôma-
ge, mais juste une aide ponc-
tuelle, un moyen d’aider les
personnes en situation de
perte d’emploi à rebondir, afin
de trouver d’autres opportu-
nités de travail. Gérée par la
CNSS, l’IPE est alimentée par
les contributions sociales des
employeurs et des salariés
des entreprises. L’entreprise
fournit un apport de 0,38%
des salaires, contre une
contribution de 0,19% pour le
salarié. Pour assurer le démar-
rage de cette opération, l’Etat
s’est engagé sur une subven-
tion exceptionnelle de 500
MDH sur trois ans. Pour l’an-
née 2015, un montant de 250
MDH a été débloqué au profit
de la CNSS. Le reliquat sera
versé en deux tranches éga-
les, en 2016 et 2017.
Par ailleurs, au-delà du volet
pécuniaire, l’IPE garantit au
salarié ayant perdu involon-
39
Les secteurs à la traîne
tairement son emploi, de
bénéficier des différents pro-
grammes relatifs à l’emploi et
à la formation offerts par l’A-
NAPEC –Agence nationale
de promotion de l’emploi et
des compétences- en parte-
nariat avec l’OFPPT -Office
de la formation profession-
nelle et de la promotion du
travail. L’objectif étant d’as-
surer une réinsertion rapide
des concernés. Dans cette
optique, l’ANAPEC organise
des ateliers de recherche
d’emploi visant à mieux
connaître les compétences
des salariés, et apporte son
soutien à tous ceux qui sou-
haitent créer leur propre
entreprise. De plus, durant la
période de six mois où la per-
sonne reçoit l’IPE, celle-ci
continue de bénéficier de son
droit à l’assurance maladie et
aux allocations familiales.
Quand bien même cette
indemnité reste assez
modeste (ne dépassant pas le
Smig), elle demeure une
avancée, permettant aux
bénéficiaires de contrecarrer
la précarité brusque d’une
perte d’emploi. Et avec elle le
Maroc intère le cercle res-
treint des pays assurant aux
employés du privé un filet de
sécurité sociale.
L.O.

40
Merci à nos fidèles partenaires et sponsors
C’
est une tradition désor-
mais bien établie à La
Nouvelle Tribune, celle
de publier, au début de
la période estivale, un spécial thé-
matique qui coïncide avec la célé-
bration de la Fête du Trône.
Pour l’édition 2015, ce numéro spécial
est dédié aux « années 2020 de notre
jeunesse », une analyse qui se veut
bilan et prospective à la fois, en répon-
se à l’interrogation « que sera le Maroc
dans les cinq années à venir » ?
Il nous a paru en effet possible d’éva-
luer honnêtement le chemin parcouru
dans les champs institutionnel, des
finances publiques, des politiques
sectorielles, le tout au regard des per-
spectives annoncées, des stratégies
entamées, des promesses énoncées.
Au terme de cet exercice, il nous est
apparu que la théorie du verre, à moi-
tié vide ou à moitié plein, était sans
nul doute applicable à notre démar-
che. Mais il appartiendra à chacun
de se faire sa propre opinion…
Et, cette année encore, l’édition et le
tirage de ce numéro spécial ont été
possibles grâce à la participation
généreuse d’institutionnels et d’o-
pérateurs nationaux parmi les plus
dynamiques du pays.
Que ces fidèles partenaires et spon-
sors, qui nous accompagnent
depuis si longtemps, malgré les
aléas de la conjoncture, soient donc
ici profondément et sincèrement
remerciés pour leurs contributions.
Elles permettront, outre la diffusion
massive de ce spécial, de donner à
La Tribune
nouvelle
Spécial •été 2015
La Nouvelle Tribune les moyens de
poursuivre sa modeste action au ser-
vice de l’édification d’un Maroc
développé, démocratique, ouvert
sur la modernité, ancré dans ses
valeurs et traditions, conformément
à la volonté de SM le Roi Mohammed
VI et aux aspirations profondes du
peuple marocain.
Fahd YATA