mort de lionel KaBoui

un juge
d’instruction
saisi P. 12

n° 443 du 10 avril 2021 Bimensuel burkinabè paraissant le 10 et le 25 du mois

Viol des VeuVes

« il m’a dit qu’il est venu me
faire l’amour, car je suis
devenue la femme des
célibataires de la famille » P. 7-9

DR

Projet target malaria

les magistrats ont
relaxe en aPPel de narcisse sawadogo et de alassane Baguian

« le gouvernement expose

un incroyable « talent » P. 7
sa population », ali goama tapsoba P. 10-11

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SYNATIC
déclaration du sYnatic
Le 7 avril 2021, les travailleurs
!
des médias publics (RTB, Sidwaya)
se sont réunis en assemblée générale
(AG), sous l’égide du Syndicat
autonome des travailleurs de
l’information et de la culture
(SYNATIC), au Centre national de
presse Norbert Zongo.
L’assemblée générale a fait le point
sur les implications du Statut
dérogatoire accordé à la RTB et aux
Editions Sidwaya et dressé des
perspectives pour la suite de la lutte.
Les lois adoptées sous la transition le
4 septembre 2015 au profit des
médias ont suscité un réel espoir pour
les travailleurs des médias de
manière générale et ceux des médias
publics en particulier.
Pour les médias publics, elles ont
acté le passage de la RTB et des
Editions Sidwaya du statut d’EPE à
celui de société d’Etat.
Après plus de cinq ans de lutte et de
négociations avec le gouvernement,
on a abouti à l’octroi d’un statut
dérogatoire aux médias publics
comme phase transitoire. Le principe
étant acquis, il fallait finaliser les
négociations le 10 mars 2020, ce qui
n’a pu être fait à ce jour, tant le
ministre de la Communication avec
l’appui du gouvernement avait décidé
de saboter le processus en expulsant
plus de 300 travailleurs des médias
publics le 02 mars 2020.
Depuis lors, le SYNATIC a exigé
comme préalable à tout retour autour
de la table des discussions, la
réintégration de tous les travailleurs
expulsés des médias publics afin de
préserver leurs carrières. En effet,
l’ex-ministre de la Communication
Remis F Dandjinou, a opéré un
passage en force en octroyant une
revalorisation salariale sans aucune
incidence sur les pensions pour la
plupart des travailleurs des médias
publics.
Depuis plus d’une année notre
position n’a pas changé.
Le nouveau ministre de la
Communication Ousséni Tamboura
dès son installation a pris langue avec
le SYNATIC. C’est ainsi que le 19
janvier 2021, le Bureau national du
SYNATIC a été reçu dans les locaux
du ministère en charge de la
Communication. Dès cette première
audience, le SYNATIC a exprimé au
Ministre le souhait de voir tous les
agents expulsés réintégrer les médias
publics. Au cours de la même
audience, le Ministre Ousséni
Tamboura a pris l’engagement de
résoudre la question des expulsés
dans un délai de 21 jours. Il a invité le
SYNATIC à lui faire parvenir la liste
des agents concernés dans un délai
d’une semaine. Le ministre Tamboura
a d’ailleurs, sur le champ, mis en
place un comité pour travailler sur le
dossier. C’est ainsi qu’il a désigné
deux de ses collaborateurs présents
dans la salle et invité aussi le
SYNATIC à désigner deux
représentants pour ce comité.
Lors de cette première rencontre, bien
d’autres sujets ont été abordés dont
l’impact négatif de l’expulsion des
agents sur les médias publics, la
qualité du service public d’information
offert par les médias publics, la
situation précaire des travailleurs des
médias privés, la non application de la
convention collective des journalistes
signée depuis le 6 janvier 2009.
Le Bureau national du SYNATIC est
reparti de cette première rencontre
confiant dans la volonté du Ministre
de résoudre les préoccupations
pressantes des travailleurs des
médias publics.
Quelle ne fut alors notre surprise de
voir le Ministre Ousséni Tamboura
remettre en cause cet engagement
fondamental pour nous alors même
qu’il s’entretenait avec des agents
concernés par les affectations le 1er
avril 2021 dans les locaux du
ministère.
Ainsi, l’AG a fait le constat de ce
grave recul et interpelle le Ministre de
la Communication à respecter la
parole donnée.
Pour l’AG, dans un contexte où la
réconciliation est présentée comme
une priorité du gouvernement, le
Ministre porte-parole du
gouvernement tient là l’occasion de
donner un coup de pouce au
processus en tenant sa parole. Du
reste, personne ne comprendrait que
l’on prêche la réconciliation, un climat
de travail apaisé dans les médias
publics pour ensuite semer les
germes de la désunion !
L’adhésion formelle du SYNATIC au
processus doit encore être
matérialisée par la finalisation des
discussions par la signature d’un
protocole d’accord devant conclure
plus de cinq ans de discussions et
l’AG ose espérer que le Ministre
Ousséni Tamboura est dans la
dynamique de donner la chance à un
tel aboutissement.
L’AG a résolument opté pour le
dialogue et espère que le
gouvernement est dans cette
dynamique. C’est dans cette logique
que le Bureau national entreprendra
dans les jours à venir une série de
rencontres avec les responsables du
Ministère de la Communication et des
médias publics. Aussi, il appelle les
travailleurs des médias publics à la
solidarité, et les invite à rester
mobilisés et à l’écoute n
Ouagadougou, le 7 avril 2021
Pour le Bureau National,
Le Secrétaire Général
Siriki DRAME
Chevalier de l’Ordre National
editorial 3
la fin d’un cycle Par Germain B. NAMA
och Marc Christian Kaboré apparait lendemain. Et dans la semaine qui a suivi, ce
dans la mémoire des Burkinabè dernier sans relâche prête serment devant
comme quelqu’un qui l’Assemblée nationale et publie dans la foulée
« n’emmerde » pas les gens. Si plus la composition de son gouvernement. La
d’un Burkinabè approuve son gestion du pouvoir est une affaire de collectif.
management non autoritaire, ils sont encore Un homme politique aussi intelligent soit-il ne
plus nombreux à attendre de lui qu’il affiche peut pas grand-chose s’il n’est adossé à une
clairement sa volonté de mettre ce pays en force politique bien organisée capable d’agir
ordre de marche. Avec Paul Kaba Thièba, nous avec célérité pour mettre à la disposition de ses
avons connu le Plan national de chefs des éléments de décision. Je crains que
développement économique et social vous n’ayez une telle force, une telle
(PNDES), le référentiel national en matière de organisation. Le Mouvement du peuple pour le
développement. Ce programme avait été progrès (MPP) que vous avez créé dans les
conçu pour couvrir le quinquennat passé mais conditions que l’on sait ne semble pas être un
en réalité il n’a couvert que la période 2016- parti qui répond à un tel critère. Il n’a pas
2020. Côté bilan, on attend toujours. Il est vrai réussi la mue qui aurait pu le transformer en
que quelques données chiffrées ont été vrai parti. Simon Compaoré, l’un des derniers
révélées pendant la campagne électorale, mais mohicans de l’équipe des historiques fait ce
une gouvernance qu’il peut. Mais le parti a
structurée et éclairée besoin d’un réel souffle
commande une réflexion s’il veut être à la hauteur
critique du programme « la culture partisane chez des défis. Il y a
assortie de perspectives. nous est largement dominée cependant un vrai
Voilà cinq mois que Roch par les féodalités politiques » problème : la culture
Marc Christian Kaboré a partisane chez nous est
été reconduit au pouvoir largement dominée par
et on ne voit toujours pas les féodalités politiques.
venir sa nouvelle feuille de route, le nouveau Les partis politiques du pouvoir comme de
référentiel des actions du nouveau l’opposition fonctionnent rarement de manière
quinquennat. Attention ! Trop de lenteur est démocratique. Ce sont des oligarques qui
forcément préjudiciable au pays parce qu’elle décident en toute opacité. Si on n’ouvre pas le
prépare le lit de la routine, de l’incurie voire de système, on continuera de tourner en rond sans
la gouvernance laxiste. de réelles avancées démocratiques.
M. le Président, vous avez beaucoup de Empruntons en la paraphrasant la formule de
chance. Vous avez été élu confortablement et feu Norbert Zongo : « Nous sommes tous
dans un climat relativement apaisé, ce qui est MPP » comme nous avons été tous CDP hier.
rare de nos jours. Mieux, vos opposants les C’est le MPP (on va le dire comme ça) qui
plus redoutables vous ont rejoint, une détient les rênes du pays. Puisqu’il gère notre
condition d’apaisement de plus. De grâce ce destin, il ne nous est pas indifférent. Les
potentiel d’énergie ne doit en aucun cas être citoyens que nous sommes ne souhaitent pas
mis en sommeil. Votre gouvernance a se retrouver en 2025 dans une position de recul
impérativement besoin d’un souffle vivifiant démocratique. Nous ne souhaitons pas non
et il n’y a que vous pour l’insuffler. Ils sont plus que nos hommes politiques vendangent
nombreux les Burkinabè qui prient Dieu pour les précieuses opportunités politiques
que vous réussissiez votre sortie. Mais on n’en susceptibles de nous ouvrir le chemin du
voit pas encore les prémices d’une bonne développement. Roch est aujourd’hui dans une
sortie. Vous trainez toujours dans tout ce que posture exceptionnelle pour nous faire
vous faites. C’est tant mieux si c’est le temps avancer. Les Burkinabè seraient durablement
de la réflexion. Malheureusement on n’en a frustrés si par ses lenteurs et hésitations il en
pas l’impression. Puisque les décisions qui en vienne à manquer le coche. Ce quinquennat
sortent ne convainquent pas les Burkinabè. disons-le marquera la fin d’un cycle d’acteurs
Regardez vos amis Nigériens. Ils ne perdent politiques. Le comprendre et l’accepter
pas de temps. A peine installé, Mohamed témoigne d’une intelligence historique
Bazoum a nommé son Premier ministre dès le bienfaisante pour notre pays n
Rédacteur en chef
Gaston Bonheur SAWADOGO
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- Burkina Faso - Hervé M. Evariste OUEDRAOGO
Edité par L’Evénement S.A.R.L Tél. : (226) 78 23 01 73
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L’Evénement n°443 du 10 avril 2021
 4 contre jour
Blanchiment de caPitaux
un phénomène en plein
essor au Burkina
Pendant que le Burkina se trouve englué
dans le bourbier d’une grave crise
sécuritaire et sanitaire à dominance
terroriste, il subit parallèlement, dans
le silence, une monstrueuse criminalité
économique et financière qui est le
blanchiment de capitaux.
ntre 2005 et 2015, le Burkina Faso a
enregistré une perte de plus de 600
milliards de F CFA. Ce montant
représente 32% des recettes propres de
l’Etat. Malheureusement, ce fléau gagne
du terrain. En effet, le denier rapport du Conseil
économique et social (CES), indique qu’« au
Burkina Faso, de 2018 à 2019, le nombre de
dossiers de blanchiment de capitaux a quadruplé
passant de 06 à 24 pour le seul Tribunal de
Grande Instance de Ouagadougou ».
A l’échelle sous régionale, dans la zone UEMOA,
en 2018, il a été noté en tout 1426 déclarations
d’opérations suspectes dont 88% en lien avec le
blanchiment de capitaux. D’après le Fonds
monétaire international (FMI), le volume annuel
des opérations de blanchiment d’argent à l’échelle
mondiale représentait en moyenne entre 2% et 5%
du PIB mondial ce qui correspond à une somme
comprise entre 1 000 et 3 000 milliards de dollars
US en 2008 (les estimations du PIB mondial de
2008 se chiffrent à 71 000 milliards de dollars US).
Le trafic de stupéfiants représente 34% de l’argent
insécurité
2 208 écoles fermées
’insécurité continue d’affecter la scolarité de
plusieurs dizaines de milliers d’enfants au
Burkina Faso. Les derniers chiffres donnent
2 208 établissements scolaires fermés contre 2 212
à la date du 5 février 2021.
314 486 élèves de tous les ordres d’enseignement
(préscolaire, primaire, post-primaire, secondaire)
sont touchés par l’insécurité.
Le nombre d’écoles rouvertes est de 396. Ces
établissements accueillent 73 002 enfants
enseignés par 2 292 agents de l’éducation.
La scolarisation des élèves déplacés internes
connait une évolution. Ils ont été reçus dans 3 148
avis aux lecteurs
Chers lecteurs,
C’est vous qui faites l’information. Si vous avez connaissance d’un cas
d’injustice, de corruption ou tout autre, faites-le nous savoir en nous joignant à:
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L’Evénement, l’information est un droit !
L’Evénement n°443 du 10 avril 2021
blanchi, la fraude douanière 19% et les autres
activités criminelles tels que la corruption, le vol,
le trafic d’êtres humains, le trafic d’organes, 46%.
Quant au terrorisme, il ne représenterait que 1%. Il
ressort du rapport 2020 du CES, un lien clair entre
le blanchiment d’argent et les attentats terroristes
sur le sol burkinabè. Ainsi, le rapport a relevé
quatre sources potentielles de financement
d’attentat sur le sol burkinabè. Il s’agit des
donations et financements extérieurs qui peuvent
être l’œuvre de pays ou d’organisations non
gouvernementales ou même certaines fondations,
« Ansarul Islam semble avoir bénéficié de ce type
de financement d’ONG avant la radicalisation du
groupe », détaille le rapport. A cela s’ajoutent le
développement des micro-financements extérieurs
sous forme de transferts de fonds modestes
généralement émis par des sympathisants de ces
organisations ou des familles de combattants
étrangers partis sur zone, l’autofinancement qui
semble être l’une des principales forces des
organisations terroristes actives aujourd’hui et qui
se manifeste sous la forme d’exploitation de
ressources naturelles (sites aurifères par exemple)
ou la collecte d’impôts et taxes par ces
organisations terroristes ; les revenus de la
criminalité via la participation à des trafics
illégaux ou à d’autres activités criminelles comme
les pillages, les extorsions ou les enlèvements
contre rançons ou encore des vols à main armée ou
la contrebande n
Hamidou TRAORE
établissements dont 577 établissements post
primaires et secondaires et 2557 primaires. Plus de
14 400 élèves du primaire déplacés sont accueillis
dans ces 2557 écoles.
Au primaire, le Ministère de l’Education
nationale, de l’alphabétisation et de la promotion
des langues nationales (MENAPLN) a
comptabilisé 85 594 élèves déplacés internes
contre 19 512 au post-primaire et secondaire et 118
au préscolaire n
M.O
l ucarne
citoYenne
aBattage clandestin d’animaux
il faut sonner définitivement
la fin de la recréation !
Dieu seul sait la qualité de la viande destinée à la consommation publique à
Ouagadougou. Ce n’est pas un secret. Des centaines d’animaux sont abattus
dans des lieux hautement insalubres et sans inspection médicale avec le silence
et l’insouciance complices des consommateurs eux-mêmes et des autorités
chargées légalement de combattre cette pratique. Également, chaque matin,
l’on assiste à un ballet de motos transportant des carcasse fraîches d’animaux
sur les voies publiques pour être vendues dans les marchés. Certaines
proviendraient d’abattoir et ’autres d’endroits que seuls les acteurs de cette
pratique condamnable connaissent. Le 20 mars et le 2 avril derniers, la Police
municipale a saisi près d’une centaine de carcasse dans le quartier Toyibin de
Ouagadougou. Bravo à la police, certes ! Mais ces opérations ponctuelles sont
insuffisantes. L’abatage clandestin et le transport de la viande dans les
mauvaises conditions d’hygiène sont quotidiens et doivent interpeller autant la
population que les autorités municipales. Ça y va de la santé publique n
interdiction de la consommation de chicha
si l’amende est faible elle ne dissuadera pas
« La consommation de la chicha dans la commune de Ouagadougou dans les
lieux publics, clos ou non est interdite. » Ainsi en a décidé Armand Roland
Pierre Beouindé, dans un arrêté, ce début avril 2020. Une décision motivée par
le souci de promouvoir l’hygiène publique, mise à mal par le trafic de
stupéfiants, le proxénétisme, la prostitution, le racolage qu’entraîne la
prolifération des bars à chicha. Le maire enjoint tout responsable de débit de
boisson et autres établissements recevant du public à afficher de façon
apparente la décision et de la faire respecter. Le non-respect de ces instructions
pourra entraîner la fermeture de l’établissement ou le retrait de l’autorisation
d’ouverture du débit de boissons, précise l’arrêté. C’est une décision à saluer
mais le paiement d’amende semble une mesure faible pour imposer le respect
de la décision. À combien s’élève l’amende ? Le montant est-il de nature à
dissuader les éventuels contrevenants ? L’arrêté n’apporte pas de réponse à ses
questions. Généralement, la consommation de la chicha s’accompagne de celle
de la boisson. Et en groupe, les clients passent plusieurs heures à boire et
multiplient les bouteilles. Si la recette générée par les consommateurs de
chicha est supérieure à l’amende, c’est clair que le respect de la décision ne
sera pas effective. Il y a donc lieu d’y réfléchir si ce n’est déjà fait. D’autant
plus que la consommation de la chicha prend de l’ampleur chez les bras
valides et les expose à des problèmes cardio-vasculaires, respiratoires,
digestifs, risques de cancers n
contreBande
21 260 kg de produits prohibés saisis
en février dernier
Ces produits sont composés de 1 297 colis d’amphétamines et de produits
pharmaceutiques dont le poids, 44 colis de cyanure, 1 631 cartouches de
cigarettes de contrebande, deux colis de drogue (Tafrodol caps et Tramadol) et
un colis de fil d’explosifs, estimés à 500 millions de F CFA. Ils étaient stockés
dans des maisons situées à proximité du marché de Sankar-yaré. Ils ont été
saisis par la Coordination nationale de lutte contre la fraude (CNLF), appuyées
des éléments de la Brigade anti-criminalité (BAC) de la Police nationale en
février 2021. Ses produits seront détruits. La CNLF invite la population à
toujours dénoncer tout cas de fraude en appelant le 70122755 ou le 67767635,
ou en se déplaçant dans ses locaux n
traite d’êtres humains
19 mineurs sauvées
Les victimes, au nombre de 23 personnes, ont été rapatriées de la Côte
d’Ivoire. Parmi elles, des enfants dont l’âge est compris entre 12 et 17 ans, une
jeune mère de 21 ans et son garçon de 22 mois. Leur retour a été possible grâce
à la collaboration entre Ouagadougou et Abidjan. « Pour l’instant, ils seront
accueillis au centre de réinsertion sociale. Mais, nous avons instruit les
directions régionales concernées à prendre les dispositions nécessaires pour
que chaque enfant retourne dans sa localité d’origine avec un plan d’actions
individualisé pour sa réinsertion », a confié le ministre de la Femme, de la
Solidarité nationale, de la Famille et de l’Action humanitaire, Laurence
Ilboudo. Elle a promis de poursuivre la sensibilisation de la population sur les
risques de la traite des enfants. En attendant le durcissement de la loi contre les
auteurs de cette pratique, elle invite à dénoncer tout trafiquant d’enfant
présumé en appelant 80 00 12 87 ou 116 n
 contre jour 5

ressources en eau
le Burkina doit affirmer sa
A l’occasion de la journée
mondiale de l’eau célébrée le
22 mars 2021, le ministre de
l’Eau et de l’assainissement,

souveraineté sur ce secteur vital

Ousmane Nacro et la
directrice pays de
l’Organisation Néerlandaise
de Développement, SNV BF,
Jeanette De Regt, ont signé
une convention mettant en
branle le projet « Eau, clé du Par Hamidou TRAORE
développement Durable »
(ECDD). Financé à hauteur
de plus de 8 000 000 000 de
francs CFA par le
gouvernement néerlandais.
Le ministre en charge
Ce projet vise l’amélioration
de l’Eau, Ousmane Nacro
des conditions de vie de
millions de Burkinabè par
l’« accroissement des moyens
de subsistance et l’accès aux
services, l’hygiène et
l’assainissement ».

e projet va s’étaler sur

une période de quatre ans
et sur une partie du
territoire national. Il
couvre 17 espaces de
gestion des Comités Locaux de
l’Eau (CLE) repartis dans les cinq
agences de l’Eau que compte le
Burkina Faso. Les populations
cibles sont essentiellement les
ménages vivant en milieu rural et
semi-urbain des zones
d’intervention. Sa mise en œuvre
permettra à terme à ces personnes
de connaître une grande
amélioration de leur condition de
vie par « l’accroissement des
moyens de subsistance et l’accès

aux services de l’eau, l’hygiène et
l’assainissement ».
On ne peut que remercier la
générosité du Royaume des Pays-
Bas pour avoir mobilisé une telle
manne financière pour permettre à
de nombreux Burkinabè d’avoir
accès à l’eau. Mais, sachant que
l’eau joue un rôle irremplaçable, la
gestion efficiente et efficace du
secteur se doit être une priorité
agissante et avérée. Pas seulement
pour le ministère de l’Eau, mais
pour l’Etat burkinabè. Puisque la
disponibilité de l’eau tant en
quantité qu’en qualité garantit
immanquablement la réalisation de
plusieurs droits fondamentaux tels
que l’accès à l’eau potable, le droit
à la santé, à la sécurité alimentaire,
à la dignité, à un environnement
sain, son financement basé sur une
stratégie structurelle et durable doit
être une priorité pour l’Etat
burkinabè. En effet, la performance
des secteurs vitaux comme
l’agriculture, l’élevage, la pêche,
dépend essentiellement de la
disponibilité de l’eau. Cependant,
la réalité de la gestion du secteur de
l’eau au Burkina n’est pas
irréprochable. Les ressources en
eau dans leur ensemble font face à
des menaces tous azimuts :
pollution à outrance, pression
galopante, incivisme fiscal de gros
préleveurs de l’eau pour des
activités génératrices de revenu.
Marquons une halte sur ce dernier
point. Pendant longtemps, nombre
d’industries minières refusaient de
s’acquitter de la taxe sur l’eau. Une
taxe instituée par la réglementation
nationale en matière de
gouvernance du secteur de l’eau
pour faciliter les actions de
protection et de sauvegarde de ces
ressources. Ces sociétés doivent
environ une dizaine de milliards à
l’Etat burkinabè depuis 2015, mais
les acteurs gouvernementaux ne
semblent pas se donner de la peine
pour recouvrer ces milliards.
Certains partenaires comme la
Banque mondiale menaçaient
même le Burkina de ne plus lui
verser d’aide dans ledit secteur si
l’Etat ne se donnait pas les moyens
de recouvrer son dû auprès des
mastodontes miniers. En clair, il y a
du potentiel à l’interne permettant
au Burkina de gérer en toute
souveraineté et de façon pérenne
ses ressources en eau. Mais
négliger ses potentialités
DR
financières et faire montre de
fébrilité et même d’avidité pour les
donations extérieures est une
posture regrettable car ne s’avérant
pas bâtie sur un socle solide et
durable. C’est bien de compter sur
la générosité des autres, mais il est
de loin mieux de développer ses
propres initiatives pour se prendre
convenablement en charge surtout
dans un secteur aussi sensible
qu’est celui de l’eau. La crise
sanitaire mondiale du Covid 19
nous l’a démontré !

L’Evénement n°443 du 10 avril 2021

 6 Focus
relaxe en aPPel de narcisse sawadogo et de alassane Baguian
les magistrats ont un incroyable « talent » Par Atiana Serge OULON (atioul7@yahoo.fr)

poursuites mais il se doit de faire

connaître sa décision lorsqu’il y a
une plainte. Cette décision
judiciaire sur une affaire de
tentative d’escroquerie infamante
pour la magistrature n’honore pas
l’institution et ses acteurs. Les
magistrats en premier. Il y a lieu de
s’interroger sur sa portée générale.

La seule prise de décision par un

magistrat dans un palais de justice
ne suffit pas à lui conférer la
légalité. La légalité s’acquière par
des raisonnements juridiques
solides bâtis sur le socle de la loi.
Les décisions judiciaires doivent
être motivées par un raisonnement
et une argumentation juridique. Les
esprits de bonne foi, même
lorsqu’ils perdent, se mettent
d’accord sur la solidité et le sérieux
de la décision. L’argumentaire est
léger, une argumentation sans base
légale et particulièrement faible.
Que faire ?
L’article 416-1 du code de
procédure pénale sur le pourvoi

Souka Konombo, Dahandi
Elvis Désiré Tindano et
Drissa Millogo ont rendu leur
décision motivée sur la relaxe
en appel le 28 décembre 2020
du juge Narcisse Sawadogo et
de Alassane Baguian pour
infraction de tentative
d’escroquerie non constituée.
Les deux avaient été jugés et
condamnés le 14 août 2020
au premier degré par le
Tribunal de grande instance
de Diébougou à 24 mois de
prison dont 12 mois ferme et
1 000 000 de francs
d’amende. La motivation
de la décision des trois juges
est tout simplement tirée
par les cheveux.
’est un arrêt de 23 pages.
La motivation de la
décision de relaxe de
Narcisse Sawadogo et de
Alassane Baguian ne
tient qu’à un paragraphe : Les
manœuvres de Narcisse Sawadogo
et de Alassane Baguian ne leur ont
pas permis de tromper le maire de
Ouagadougou Roland Armand
Pierre Béouindé par conséquent la
tentative d’escroquerie n’est pas
constituée. Les trois juges ajoutent
que le maire de la capitale a lui-
même déclaré à l’audience du 07
décembre 2020 à la Cour d’appel
de Bobo que dès le début il a
soupçonné l’arnaque, ce qui justifie
du reste qu’il a usé du dilatoire
pour ne pas verser le montant
sollicité jusqu’à la parution de
l’article dans le journal
L’Evénement du 10 juin 2020.
A la suite d’un article de presse
publié par le bimensuel Courrier
confidentiel sur l’acquisition de 77
véhicules par la mairie de
Ouagadougou, le procureur du
Faso près le Tribunal de grande
instance de Ouaga I, Harouna
Yoda, s’était saisi du dossier et a
ouvert une enquête. C’est dans ce
cadre que le magistrat Narcisse
Sawadogo, à l’époque substitut du
procureur général près la Cour
d’appel de Ouagadougou, et
Alassane Baguian ont approché
Armand Roland Pierre Béouindé
pour lui proposer un deal de
70 000 000 de francs CFA pour le
classement du dossier.
Le président Souka Konombo et
ses deux collègues Dahandi Elvis
Désiré Tindano et Drissa Millogo
qui ont jugé en appel le dossier, ont
rappelé les définitions de la
tentative d’escroquerie par le Code
pénal. Le Code pénal en son article
122-1 définit la tentative comme
une entreprise de commettre un
crime ou un délit, manifesté par
des actes non équivoques tendant
à son exécution, si ceux-ci n’ont
été suspendus ou n’ont manqué
leur effet que par des
circonstances indépendantes de
la volonté de leur auteur.
L’escroquerie, elle, est définie
selon l’article 613-1 du code pénal
comme quiconque, soit en faisant
usage d’un faux nom ou d’une
fausse qualité, soit en abusant
d’une qualité vraie, soit en
employant des manœuvres
frauduleuses pour tromper une
personne physique ou morale et
la déterminer ainsi, à son
préjudice ou au préjudice d’autrui,
à remettre des fonds, des valeurs,
des données informatiques ou un
bien quelconque, à fournir un
service ou à consentir un acte
opérant obligation ou décharge.
Clairement, les trois juges ont fait
une déduction erronée de la
définition de la tentative de
commettre un crime ou un délit en
affirmant que les manœuvres
doivent avoir permis à leur auteur
de tromper autrui, laquelle
tromperie a entraîné la conviction,
la persuasion de remettre au
prévenu l’objet convoité par ce
dernier, que dès lors que la
personne visée n’a pas été trompée
car n’a pas cru aux manœuvres du
prévenu, l’infraction n’est point
constituée. Ce raisonnement est
totalement faux aux termes même
de la loi. L’argumentaire est
hasardeux et la décision est
techniquement indéfendable. Il y a
tentative de commettre une
infraction lorsqu’il y a « des actes
non équivoques tendant à son
exécution, si ceux-ci n’ont été
DR
suspendus ou n’ont manqué leur
effet que par des circonstances
indépendantes de la volonté de
leur auteur ».
L’argumentaire pour infirmer la
condamnation par le Tribunal de
grande instance de Diébougou ne
tient qu’à ce seul élément. Souka
Konombo, Dahandi Elvis Désiré
Tindano et Drissa Millogo n’ont
apporté aucun autre argument
juridique. Que fait-on alors de
l’intention coupable ? L’intention
coupable ne vaut-elle pas l’acte si
celle-ci est juridiquement
prouvée ? Or sur la question de
l’intention criminelle, l’un des
deux prévenus l’a formellement
reconnue et en a même demandé
pardon. Comment restaurer la
confiance des citoyens à la justice
avec de telles pirouettes
intellectuelles qui ne s’expliquent
que par la volonté de sauver coûte
que coûte un collègue naufragé ?
La justice doit se donner les
moyens de ne pas laisser les
Burkinabè croire qu’un magistrat
quoi qu’il fasse ne sera pas
sanctionné. Comment se soumettre
à l’autorité de la chose jugée
lorsqu’il y a manifestement une
légèreté et une faiblesse dans la
prise de la décision ? Qu’en est-il
de la plainte du Réseau national de
lutte anticorruption (REN LAC)
contre Narcisse Sawadogo et
Alassane Baguian pour trafic
d’influence ? Il est vrai que le
procureur a l’opportunité des
dans l’intérêt de la loi apporte une
option. « Lorsque le ministre en
charge de la justice par
l’intermédiaire du Procureur
général près la Cour de cassation
dénonce des actes judiciaires,
arrêts ou jugement contraires à la
loi, ces actes, arrêts ou jugements
peuvent être annulés ». L’article
416-2 ajoute que « lorsqu’une
décision juridictionnelle rendue en
dernier ressort est sujette à caution
en dernier ressort et qu’aucune des
parties ne s’est pourvue dans le
délai déterminé, le procureur
général près la Cour d’appel peut
d’office et nonobstant l’expiration
du délai, se pourvoir mais dans le
seul intérêt de la loi contre ladite
décision. La cour se prononce sur
la recevabilité et le bien-fondé de
ce pourvoi. Si le pourvoi est
accueilli, la cassation est
prononcée sans que les parties
puissent s’en prévaloir et
s’opposer à l’exécution de la
décision annulée ». Maintenant que
l’arrêt est disponible, il faut
souhaiter que dans l’intérêt du droit
et de la justice, les spécialistes se
penchent sur la question et cela
dans l’espace public afin que
chaque Burkinabé puisse
comprendre ce qu’il s’est
réellement passé. Tourner tout
simplement la page de ce dossier
serait désastreux pour la justice et
pour les justiciables n

L’Evénement n°443 du 10 avril 2021

 Focus 7

Viol des VeuVes

« il m’a dit tout net qu’il est venu me faire
l’amour, car je suis devenue la femme
des célibataires de la famille »
Dorine veuve après deux ans
de mariage doit faire face au
harcèlement et au viol de tous
genres y compris au sein de
son ex belle famille. Dorine
n’est pas seule à vivre ces cas
d’agressions sexuelles. Un
peu partout sur le territoire
burkinabè, des veuves
souffrent le martyre… avec
parfois le regard complice de
la société. Lisez.

Hum ! C’est dur… Où

dois-je commencer
l’histoire ? ». Dire qu’il est
difficile pour Dorine de
décrire son vécu serait de
l’euphémisme, tant la jeune dame
de 28 ans a perdu le gout de la vie.
Son corps, flasque, est désormais
recouvert d’une peau bien noire et
repose sur des pieds dont les fentes
laissent entrevoir la chair par
endroit. Elle ne s’entretient plus.
Sa vie de couple n’a été qu’un feu
de paille. Mariée à Karim en 2014,
elle est vite condamnée à faire sa
vie sans son grand amour à peine
deux années de vie commune. Le
« dieu de la mort » lui arrache son
époux dans des circonstances
tragiques : « Mon mari est mort par
empoisonnement, selon une
autopsie. De retour du service à
20h, il a causé une trentaine de
minutes avec mon fils et moi avant
de me devancer au lit. A 22h, je
suis rentrée le trouver, raide »,
témoigne-t-elle. Commence alors
pour elle une odyssée dont l’issue
reste encore méconnue. Rongée par
la tristesse et le désespoir, c’est du
ciel qu’elle cherche l’énergie avec
ses yeux embués de larmes pour
trouver ses mots. Pour panser ses
maux, il faut apparemment bien
plus. Mais la jeune dame ne finit
pas de pleurer la brusque
disparition de son mari que des
prédateurs sexuels veulent profiter
de sa situation. En effet, après la
mort précoce de son homme, elle
L’Evénement

s’est vite retrouvée entre le deuil et

Dorine tente de refaire sa vie sans succès. Suite page 8

L’Evénement n°443 du 10 avril 2021

 8 Focus
Mais Sali n’était pas encore au bout aussi l’immoralité de certains

le lévirat au nom de la famille !

de ses peines, rattrapée cette fois-ci hommes de son entourage, dans la
par le lévirat. Suite à une réunion région du Centre-Sud. Si les deux
de famille, elle est contrainte précédentes sont jusque-là victimes
Suite de la page 7 d’épouser un frère de son défunt de harcèlement « seulement », Aïda
mari. Elle refuse. Les « dieux » lui n’a pas eu cette « chance ». Ses « Après les funérailles, la femme est appelée à faire un choix
tomberont sur la tête. Elle est prédateurs sont bien passés à parmi les petits frères de son mari. Si aucun homme ne lui plait,
laissée à la merci des hommes. l’acte. « Un soir de juillet 2019, elle peut rejoindre la famille de ses parents ». C’est ainsi que le
« Six mois après le forfait de mon alors que tout le monde est allé chef coutumier de Guénon dans la province du Nahouri, Guenon
la faim. Pour trouver de quoi mettre beau-frère, c’est le tour de son pour les travaux champêtre, il s’est Pê Soura explique les fondements du lévirat en pays Kasséna.
sous la dent, elle sollicite de l’aide cousin. J’étais sous la douche introduit dans ma chambre. J’ai Pour lui, la veuve n’est pas dans l’obligation d’épouser un
à un ami de son défunt mari. « Il quand il est apparu derrière moi. lutté de toutes mes forces, mais il homme même si le lévirat a pour finalité d’éviter que les secrets
m’a proposé des rapports sexuels Paniquée, je ne pouvais plus crier. m’a pénétré », raconte-t-elle. Son familiaux ne soient dévoilés.
en échange du don qu’il entendait Je l’ai poussé de toute ma force et violeur n’est autre que …son C’est la même explication que donne la sociologue et directrice
faire, tout en me tapotant les fesses. je suis sorti avec un pagne », dit-t- voisin. Aïda a perdu son mari, une exécutive de Centre de recherche et d’intervention en genre et
Sans dire un mot, j’ai claqué la elle. Elle pleure maintenant à année plus tôt, alors qu’elle venait développement (CRIGED), Dr Nestorine Sangaré. A l’écouter, la
porte », fulmine-t-elle, esquivant la chaudes larmes après ses mots. Sa de fêter son 24e anniversaire. Sa société africaine refuse qu’une femme vive dans la famille de
tête. Son récit, entrecoupé de belle-sœur, alors présente, belle-famille décide de la garder. son défunt mari sans être sous la tutelle d’un homme. « Elles
larmes et de silence, laissait en intervient pour la consoler. « Soit La jeune veuve est contrainte au sont données à un homme de la famille. Un adulte ou un enfant
émoi son interlocuteur dans cette forte. Explique ton problème afin lévirat. « J’ai fait le mariage civil de façon symbolique », explique-t-elle. Néanmoins, elle indique
fin de journée de juillet 2020 dans que le public sache à travers toi la avec mon homme et Dieu l’a repris que dans la société moderne, les femmes ne sont pas obligées de
la région du Centre-Ouest où elle misère de tant de femmes», lui après deux ans d’union. J’ai refusé se remarier dans sa belle-famille après la mort de leurs maris n
vit son calvaire. Elle n’était souffle-t-elle. Après plus d’une de me marier à un membre de sa
pourtant pas au bout de ses peines. trentaine de minutes de silence, famille », affirme-t-elle. Elle ne FP
Les agressions et harcèlements Sali arrive à se ressaisir… enfin tardera pas à payer les frais de sa
sexuels se poursuivent de plus bel. juste le temps de relater une autre « désobéissance ». La jeune veuve,
Des célibataires comme des mésaventure : « Juste quelques avant d’être violée, faisait l’objet
hommes mariés vont lui tendre des semaines après, j’ai été accostée d’attouchements par son voisin. «
pièges. L’indécence viendra du par le grand frère de mon mari. J’étais assise chez moi un soir jours après ses excuses, il a fait beau-père fut une « manne » pour
cadet de son défunt mari. Dorine se J’ai menacé de le dénoncer auprès quand il a fait irruption disant plus grave. Il a attrapé mes seins et le frère cadet du défunt mari de
rappelle, toute contrite, de la visite de sa femme s’il insistait ». qu’il est venu me saluer. Quand je a mis sa main sous ma jupe ». Aïda. « Il m’a violé plus de cinq
d’un soir de ce dernier. « Il est lui ai tendu l’eau, il a pris déposer. Malgré ses dénonciations du fois. La première fois, il m’a frappé
venu et m’a dit tout net qu’il est Le lévirat ou le viol, on a choisi Lorsque j’ai fait demi-tour, il m’a voisin, sa belle-famille est restée et je me suis évanouie. Puis, il m’a
venu me faire l’amour, car je suis pour elles… touché les fesses et s’est excusé », indifférente : « Mon beau-père dit violé. Depuis lors, s’il rentre, il me
devenue la femme des célibataires raconte-t-elle, Mais, le geste de son que je ne suis plus à la charge de sa menace avec son ceinturon
de la famille », raconte-t-elle. Des Comme Dorine et Sali, Aïda subit agresseur n’est pas fortuit : « Deux famille ». Ce bout de phrase du d’homme de tenue et me viole. Je
propos, dit-elle, qu’elle n’a pas
considérés de prime abord, jusqu’à
ce qu’elle soit confrontée à la
réalité. Après une trentaine de
minutes d’échange, son visiteur lui
saute dessus dans l’intention de la
violer. Elle doit son salut à la force
de ses bras et à ses cris de secours
lancés à tout-va. « Je me suis
débattue tout en criant au viol.
Puis, il a pris la fuite », confie
Dorine, qui ne cesse de fixer le ciel.
Cette jeune veuve n’est pas la seule
dans cette situation. Au-delà des
médisances, des expulsions et
autres spoliations, les agressions
sexuelles sont aussi une autre paire
de douleurs que les veuves
endurent. Autre localité, même
réalité. Aux encablures de Bobo-
Dioulasso dans la région des
Hauts-Bassins, Sali aussi vit
l’enfer. Aujourd’hui âgée d’une
vingtaine d’années, elle a perdu son
mari dans un accident de la
circulation à l’orée d’un nouvel an
alors qu’elle était enceinte de sept
mois. « Ce fut le plus grand choc
de ma vie », avoue-t-elle. Quelques
mois après l’inhumation de son
défunt mari, des frères, amis et
proches du défunt tenteront
d’abuser de la jeune veuve. C’est le
début d’une descente aux enfers.
« Un frère de mon époux m’a fait
des avances juste deux mois après
mon accouchement et j’ai refusé. Il
a continué à me harceler. Un soir, il
L’Evénement

L’Evénement

a tenté de me violer », explique la

jeune veuve, dans une matinée de
septembre 2020 tout en contenant Sali : « Je n’oublierai jamais cette tentative viol du cousin Aïda : « Si je me rappelle de mon viol,
difficilement ses larmes. de mon défunt mari ». je pleure comme une enfant ».

L’Evénement n°443 du 10 avril 2021


suis devenue son objet sexuel »,
relate la victime, rencontrée en
novembre 2020.
… Jusque dans la cour
de ses propres parents
« Mon époux est décédé d’un
Accident vasculaire cérébral
(AVC) après trois ans d’union. Il
a été enterré sans un examen
médical. Puis, on m’accuse de
sorcellerie ». De là est parti le
malheur de Sandrine, 47 ans
révolus, vivant dans la région du
Centre-est. Cette enseignante de
profession, mère de trois enfants,
a perdu son mari en 2003 alors
qu’elle avait 29 ans. Mais la
« sorcière » sera vite courtisée par
sa belle-famille. On lui demande
d’être la seconde épouse du frère
cadet de son défunt mari. Elle
décline. La punition tombe. « Le
soir de mon refus, j’ai été violée
par deux frères de mon mari.
Chacun montait et descendait
tandis que ma benjamine était
assisse impuissante », confie-t-
elle. Se sentant humiliée et
souillée par ses beaux-frères, elle
décide de rejoindre la famille de
ses parents, sa famille. Mais la
solution est inefficace. Ses
violeurs l’ont poursuivie jusque
dans sa pièce chambre-salon. «
Un frère de mon époux, avec qui
je m’entendais bien, m’a violé. Il
est venu pour me rendre visite.
Dans la causerie, il m’a endormie
et abusé de moi. Je me suis
réveillée trouver que je saignais
dans mes parties intimes. Il m’a
drogué », jure l’enseignante.
Comme elle, Awa a été aussi
violée… sur le canapé de son
papa dans la province du
Kadiogo. Après la mort
prématurée de son homme alors
qu’elle avait 23 ans, elle est livrée
aux agressions sexuelles. Elle
décide de rejoindre sa famille où
se produit l’inimaginable scène.
« Un de mes beaux-frères qui me
faisait la cour, après la mort de
mon mari, est venu chez nous. A
son arrivée, j’étais seule à la
maison. Il a profité de cette
occasion pour me violer. Malgré
mes cris, je n’ai pas eu un
secours » conte-t-elle, toute
accablée. En dépit de nos
multiples approches afin de
connaitre davantage son histoire,
elle préfère botter en touche.
« Elle a été plusieurs fois violée
par ses beaux-frères et des
hommes de notre localité », dira
alors une cousine de la victime
pour expliquer son traumatisme.
A défaut de l’inceste, le VIH
Raïssa peine à digérer son mal.
Mariée à Raogo, elle le perd après
trois ans de vie commune. Les
frères de son défunt mari se
présentent en héritier de la veuve.
Ils enchainent agressions
sexuelles et menaces. Lassée des
actes de ses beaux-frères, Raïssa
ramasse ses bagages et rentre
chez elle. Hélas ! A peine 90 jours
après son retour au domicile
paternel, son cousin saute sur elle,
une nuit. Elle est violée. Couverte
de honte, elle n’a pu dénoncer le
viol. Elle supporte. Neuf mois
plus tard, c’est son géniteur qui
l’a violée. « Ma vie est gâchée.
J’ai tenté plusieurs fois de me
suicider. Mon papa est mort, mais
je ne le pardonnerai pas », confie
la veuve de 32 ans native de la
La sociologue, Nestorine
Sangaré : « Vivement que le
gouvernement se penche sur
la protection des veuves ».
Focus
région de l’Est.
Rasmata, elle, est étudiante dans
une université de Ouagadougou.
Mariée à Samuel en 2017, elle ne
profite pas de sa vie de couple
quand son homme meurt à la fleur
de l’âge en 2019. Par la force de
la tradition, un mariage arrangé
est fait et elle est désormais la
deuxième femme d’un des frères
de son défunt mari. « J’ai proposé
de faire un test de compatibilité et
le dépistage avant le mariage,
mais personne ne m’a écouté »,
regrette-t-elle. Elle refuse dès lors
tout contact sexuel avec son
9
Le psychologue, Dr Sébastien Yougbaré :
« De nombreuses veuves vivent un
rapport annal dans les belles-familles
pour échapper aux expulsions »
L’Evénement
le viol condamné
de 11 à 21 ans
de prison
Le viol et le lévirat constituent des
nouveau mari. Elle est violée.
Violences basées sur le genre
Quatre mois plus tard, elle porte
(VBG) à savoir les violences
sa première grossesse mais elle
sexuelles qui représentent 25,4%
est déclarée porteuse du VIH
de femmes victimes en 2020,
aussi. Ayant tenté de se suicider,
selon le ministère en charge de la
elle est prise en charge par une
femme. La substitute du Procureur
structure de la place. Elle reprend
du Faso près le Tribunal de grande
goût à la vie. « J’ai quitté mon
instance de Ouagadougou,
violeur. Et Dieu merci, j’ai repris
Leaticia Carole Fatima Ouédraogo
mes études universitaires »,
définit le viol comme « tout acte
lâche-t-elle, comme si elle venait
de pénétration sexuelle de quelque
de naitre à nouveau n
nature que ce soit sur la personne
d’autrui par menace, violence,
Frank POUGBILA
contrainte ou surprise ». Le
législateur ne fait pas de
distinction entre viol sur les
veuves et celles non veuves.
Cependant, dit-elle, l’article 533-
11 du code pénal punit de 11 à 21
ans et d’une amende de un à trois
millions de francs CFA, lorsque
l’acte de viol est commis sur une
personne présentant une
vulnérabilité. Il en est de même, si
le viol est commis par une
personne ayant une autorité de
droit. « Ce dans les cas de viols
graves que certains peuvent
inclure le viol des veuves. Si par le
lévirat, elle est poussée à épouser
un homme et ce dernier la force à
faire les rapports sexuels sans son
accord, c’est un viol. Mais, c’est
au juge de juger au cas par cas »,
confie-t-elle. La juriste invite les
victimes à saisir les autorités
compétentes notamment la police,
l’action sociale, la justice ou en
appelant 80 00 12 87 (numéro vert
pour dénoncer les VBG) n
L’Evénement
FP
L’Evénement n°443 du 10 avril 2021
 10 Focus
Projet target malaria
« le gouvernement expose sa population »,
ali goama tapsoba
Le président de l’ONG Terre à vie et porte-parole du collectif
citoyen pour l’agro-écologie, Ali Goama Tapsoba, actif dans
la promotion de la bio-écologie, des produits locaux, travaille
à la protection des semences paysannes et se bat pour le
développement endogène. Pour cela, le collectif se bat contre
les Organismes génétiquement modifiés (OGM). Sans détour,
le président se prononce sur le projet Target malaria qui est
en cours sur le sol burkinabè.

Depuis un certain temps, le l’international. Dans nos villages,

Collectif semble silencieux. Que
deviennent les différentes luttes
du Collectif notamment contre
les OGM ?
La lutte contre les OGM est bel et
bien là. Cette lutte va même
s’intensifier beaucoup plus que par
le passé notamment les marches,
les meetings, les conférences de
presse, etc. Dans les jours à venir,
elle va être plus accrue. Malgré tout
ce que nous avons fait comme
effort en termes de communication,
de formation, de plaidoyer, les
multinationales ont la peau dure.
Elles persistent et signent dans
l’erreur. Il y a encore des OGM en
stage de laboratoire et de terrain.
Vous avez le cas du niébé BT qui
est en stade avancé en recherche
confinée dans les stations de
recherche et il y a des velléités de le
quand les communautés cultivent
le haricot, il se retrouve sur le
marché. Si on laisse le
génétiquement modifié arriver sur
le même marché, il est difficile que
le citoyen puisse distinguer la
variété locale de la variété
génétiquement modifiée. On ne
peut même pas faire l’étiquetage.
Ce qui est une violation de la
Convention de Karthagéna car le
citoyen ne pourra pas savoir si ce
qu’il consomme est du
génétiquement modifié ou pas.
On a assisté au fiasco avec le
coton BT, et les multinationales
reviennent non seulement avec
des moustiques OGM et le
haricot BT, Est-ce l’échec de la
lutte ou une sorte
d’irresponsabilité du

mettre en champs ouvert. Nous
sommes en train de faire un travail
pour empêcher que ce haricot
génétiquement modifié ne sorte
dans nos champs parce que cette
légumineuse est fortement
consommée par les populations.
On risque même d’assister à un
empoisonnement massif parce que
le BT est une toxine qui est
récupérée dans l’environnement,
travaillée en laboratoire et
inséminée à travers des techniques
génétiquement modifiées au sein
de la semence. En français facile,
ça veut dire qu’on met une toxine
dans un aliment sous le prétexte de
le conserver pour qu’ils ne soient
pas attaqués par des ravageurs. Ils
disent que c’est pour protéger le
niébé du matroukavitrata qui est un
ravageur. Nous nous disons non ! Il
n’est pas question de mettre une
toxine dans un aliment parce qu’on
risque d’avoir à la fin une
consommation où les gens peuvent
s’intoxiquer massivement. Et ça
peut aussi foutre la filière niébé
dans le chaos parce que cette
légumineuse est très prisée dans la
sous-région et même
gouvernement burkinabè ?
Pourquoi un gouvernement
responsable va laisser des
multinationales utiliser tout un
pays comme un laboratoire à ciel
ouvert ? Pourquoi un
gouvernement responsable va
permettre qu’on puisse utiliser des
toxines, des pathogènes dans des
domaines où on trouve
l’alimentaire sans que réellement
les chercheurs burkinabè
potentiellement bien formés ne
maîtrisent la question ? Quand on
sait que des personnes averties
comme des gouvernements en
Europe, en Asie, ont refusé ce
genres de choses, pourquoi des
gouvernements africains
acceptent ? Ce sont des questions
que nous nous posons. Et cela nous
amène à dire qu’on a des
gouvernements qui n’assument pas
pleinement leur responsabilité. On
a affaire à un gouvernement qui
expose sa population. On ne peut
pas engager des recherches de ce
genre qui peuvent toucher
l’ensemble de la population sans
engager un débat national pour que
à les gens maîtrisent l’enjeu. On a
tous vu comment nous avons
critiqué le fait que le coton
génétiquement modifié allait créer
un problème du point de vue
scientifique, économique et
écologique. Au bout du compte, le
coton burkinabè qui était prisé au
niveau international avait occupé le
dernier rang parce que le coton
génétiquement modifié de
Monsanto avait une fibre courte et
personne n’en voulait.
L’interprofession elle-même a
décidé de se retirer et le
gouvernement à l’époque a pris la
responsabilité d’arrêter la culture
du coton génétiquement modifié.
Mais à ce jour, nous n’avons même
pas fait une étude d’évaluation
écologique de l’impact du coton
modifié de Monsanto. On s’est
contenté de publier seulement
l’impact économique, les pertes en
milliards que l’interprofession a
subies pour retirer le coton
génétiquement modifié. On ne sait
même pas si l’huile de coton
génétiquement modifié ne contient
pas de toxines qui ont pu créer des
maladies de santé publique. Nous
n’avons aucune étude.
Les OGM sont étendus au niébé,
en plus il y a cette affaire de
moustiques génétiquement
modifiés…
Si on ne prend pas de précaution, le
Burkina Faso risque d’être le
prochain foyer de pathogènes plus
dangereuses que le Covid 19 après
le cas de Wuhan en Chine. On le
répète et on insiste… Et ce qui
risque d’arriver au Burkina Faso
sera pire que le Covid 19 parce que
les moustiques génétiquement
modifiés, avec le projet Target [Ils
pourraient devenir] des monstres
potentiellement dangereux pour les
écosystèmes, la biodiversité et les
humains. Le projet Target malaria
est un ensemble de consortium
financé essentiellement par la
fondation Bill Gate et la DARPA,
[Agence pour les projets de
L’Evénement
recherche de la Défense], un
organisme de l’armée américaine.
Le projet concerne le Mali,
l’Ouganda et le Ghana. Il
ambitionne selon [ses bailleurs]
lutter contre le paludisme en
travaillant à la réduction de
l’espèce moustique. Ils ont ciblé
une ou deux espèces de moustiques
alors que les espèces de moustiques
qui transmettent le paludisme sont
nombreuses. Ils ont mis des
milliards et ils sont en train de
travailler. Et tenez-vous bien, ils
ont importé des œufs
génétiquement modifiés de
L’Imperial College de Londres.
Ces œufs ont été amenés dans un
insectarium à Bobo où ils ont
travaillé à les faire éclore et à les
croiser avec des variétés sauvages
du Burkina Faso. Et là, ils ont
fabriqué d’autres espèces de
moustiques qui n’ont plus de gènes,
c’est-à-dire qui n’ont plus un
caractère naturel. Le 1er juillet 2019
environ 6 400 moustiques ont été

L’Evénement n°443 du 10 avril 2021


lâchés dans la nature dans les
villages de Bama et de
Souroukoudinguin, en vue de voir
comment ils vont se comporter.
C’est la phase numéro 1. A
l’époque, nous avons attiré
l’attention de l’opinion nationale et
internationale pour dire : génétiquement modifiés. Alors que
« Attention ! Il y a un scandale
sanitaire écologique qui va se
dérouler au Burkina Faso ». Il y a
les phases 2 et 3 qui vont arriver
qu’on appelle le força génétique. A
ce jour, aucune publication d’une
évaluation des risques n’a été faite
sur la première phase. La phase 3,
c’est la phase terminale, et le força
génétique, comme son nom
l’indique, c’est forcer
génétiquement une espèce de sorte
à ce que lorsqu’on va avoir des
moustiques forcés génétiquement
lâchés dans la nature, ces
moustiques de façon irréversible,
donnent une génération de mâles.
Ces moustiques dont on a modifié
le caractère, on ne sait pas s’ils ne
peuvent pas transmettre des
maladies autres que le paludisme.
Ils ne transmettent pas l’hépatite,
ils ne transmettent pas le sida. Mais
à partir du moment où on a modifié
leur génome, est-ce qu’ils ne
peuvent pas désormais abriter ces
maladies et les transmettre aux
humains. Nous n’avons pas une
réponse à ces questions du point de
vue scientifique. En plus nous nous
sommes dit, si ces moustiques ne
vont pas, de façon verticale,
transmettre les gênes qu’ils ont
reçus au laboratoire à ces variétés
sauvages qui peuvent être
maintenant dangereuses pour la
chaîne alimentaire. Imaginez-vous
que nous avons une population de
moustiques intoxiquées, laquelle
population de moustiques est
consommée par les poissons, les
oiseaux. Cela veut dire que dans la
chaîne alimentaire, toutes ces
espèces seront intoxiquées
jusqu’aux humains qui seront
amenés à les consommer.
Vous disiez tantôt qu’on ne vous
donne pas des réponses aux
questions que vous leur posez.
Est-ce un forcing qui est en train
de s’opérer ?
Justement vous avez trouvez le
mot. Ce qui se passe au Burkina est
un forçage juridique, un forçage
scientifique, un forçage
sociologique. Parce que quoi qu’on
dise, toutes les organisations, les
communautés coutumières et
religieuses se sont exprimées pour
dire qu’il faut arrêter cette
recherche hasardeuse, une
première au niveau mondial. Aucun
pays au monde n’a encore
expérimenté le forçage génétique.
C’est une science nouvelle
hautement controversée. Le
Burkina Faso est le seul pays au
monde actuellement en lice pour
expérimenter le forçage génétique.
Sans oublier qu’il faut préciser
qu’il n’y a aucune disposition
réglementaire qui permet de
travailler le forçage génétique. Le
seul règlement que nous avons,
concerne les organismes
le forçage génétique est une autre
étape. Du point de vue juridique, le
Burkina est en train de naviguer sur
du faux. Nous accusons le
gouvernement burkinabè de
complicité parce qu’à partir du
moment où le projet est logé au
niveau de l’Institut de recherche en
science de santé, et qui dépend du
ministère de l’Enseignement
supérieur et de la recherche
scientifique, alors le gouvernement
sera coupable de ce que ce projet va
engendrer un jour comme risque.
Nous allons aussi ajouter l’Agence
nationale de Biosécurité qui est
censé être l’arbitre de cela.
D’ailleurs Target malaria demande
des autorisations auprès de cette
Agence pour tout ce qu’il fait. Mais
à notre surprise cette agence ne
mène même pas un débat national
avant de donner les autorisations.
Les citoyens sont dans le flou et ça
se passe entre initiés, sachant que
l’impact de ces recherches sera sur
l’ensemble des 20 millions de
Burkinabè, y compris les pays
voisins parce que le moustique est
capable de voyager à travers les
camions, les avions, l’air, les eaux.
Vous dites que ça se passe entre
initiés, donc finalement le
Collectif est sur la touche ?
Nous avons déjà interpellé le
gouvernement, nous avons eu des
échanges avec des ministres, le
Conseil économique et Social.
Focus
Nous avons clairement dit qu’il
faut un moratoire pour permettre
aux chercheurs de comprendre
davantage le phénomène. La
DARPA est un organisme de
recherche de l’armée américaine. A
partir du moment où dans la
recherche de moustiques
génétiquement modifiés, cet
organisme de l’armée américaine
finance, qu’est-ce que les militaires
cherchent dans la recherche contre
le paludisme ? Cela nous amène à
nous poser des questions. Est-ce
que derrière cette histoire de Target
malaria, ce ne sont pas des armes
biologiques qui sont en train d’être
fabriquées qu’on peut exploiter un
jour pour faire l’extension de
certaines maladies qui attaquent la
population ? Nous sommes en droit
de nous poser cette question parce
que même le congrès américain a
interpellé l’armée américaine du
fait qu’ils sont en train de mener
des recherches sur des insectes.
Le projet de moustique
génétiquement modifié de Bama et
de Souroukoudinguin n’est pas
isolé. Il y a encore un autre cas
dans le village Soumousso, dans la
zone de Bobo, ils sont en train
d’expérimenter un insecticide à
base de champignon léthal et
d’extrait de poison d’araignée
d’Australie. C’est ce cocktail qu’ils
essaient de pulvériser sur des
moustiques pour voir comment ça
les tue. Cela se passe au Burkina
Faso à Somousso. Quand nous
avons observé cette recherche,
nous nous sommes dit que c’est
quelque chose de dangereux parce
que en pulvérisant ce cocktail sur
des moustiques, ils ne meurent pas
immédiatement. Même si ces
moustiques vivent pendant cinq
minutes, le fait qu’ils soient
imbibés de poison, est-ce qu’ils ne
vont pas transmettre des
pathogènes ou des virus aux
humains ? Ce projet logiquement
devrait se poser sur le
consentement libre et éclairé des
populations. Mais il n’y a pas de
consentement libre et éclairé. Nous
sommes allé en mission plusieurs
fois dans ce village pour savoir ce
que le projet Target malaria fait. Il
s’est avéré que les promoteurs du
projet se contentent de contacter
quelques chefs de village et
quelques personnes autochtones et
ils leur font savoir qu’ils sont venus
pour lutter contre le paludisme.
Évidemment quand on dit ça à un
Africain que je suis, je suis content,
mais on n’explique pas
véritablement l’enjeu, les tenants et
les aboutissants, et la dangerosité
de ce qu’ils font. Ils ont donc
l’adhésion de ces chefs qui ne
comprennent pas l’enjeu.
L’ensemble de la communauté ne
maîtrise pas l’enjeu et quand nous
partons expliquer c’est en ce
moment que ces personnes
s’inquiètent. A un moment donné,
ces responsables villageois nous
ont carrément interdits de mettre
nos pieds dans le village. Ils ont
plusieurs fois menacé d’incendier
nos véhicules, de s’attaquer à nos
personnes physiques, parce qu’ils
ont compris qu’à chaque fois que
nous venons nous entretenir avec
les populations sur l’enjeu de ce
projet, ces dernières leur
demandaient des comptes. Comme
dans ce projet il y a des enjeux
financiers, par exemple le projet a
recruté des jeunes dans le village
qu’on appelle « captureurs » qui
ont pour mission de s’asseoir et de
L’Evénement
L’Evénement n°443 du 10 avril 2021
11
se laisser piquer par des
moustiques et de les capturer. Ce
qui leur permettait d’avoir des
subsides à la fin de mois. Alors les
gens ont vu en ce projet des sources
de rémunération. Du coup ils ne
voulaient pas des gens qui viennent
donner une autre forme
d’information qui va paniquer la
population. Cela montre que la
population est dans
l’obscurantisme.
Qu’est-ce que le Collectif compte
faire ?
Le Collectif a passé l’année à faire
des formations avec des chercheurs
sur la question. Nous avons fait
venir une dizaine de généticiens de
l’Université Joseph Ki-Zerbo, des
magistrats, des journalistes, des
mouvements des droits humains,
que nous avons outillés sur les
enjeux des OGM et de forçage
génétique. Nous avons également
fait venir des personnes qui
maîtrisent la question de
l’extérieur… Dans notre agenda
futur, nous continuerons la
formation afin que nous parlions le
même langage. Nous ferons
également des plaidoyers à
l’adresse de l’Assemblée nationale,
du gouvernement. Nous prévoyons
également des marche-meetings
dans les jours à venir si la situation
sanitaire s’améliore. Il faut aussi
dire que le combat n’est plus
burkinabè, il est devenu africain et
même international car l’Union
africaine et le Nouveau partenariat
pour le développement de
l’Afrique (NEPAD) se sont permis
de laisser entendre que le forçage
génétique peut être une solution à
la lutte contre le paludisme. Les
chercheurs africains et les
mouvements de droits humains se
sont demandé de quel droit l’Union
africaine peut prendre une telle
position, qui a-t-elle consulté ?
D’ailleurs, nous avons des Chefs
d’Etat à l’intérieur de l’Union
africaine qui nous ont laissé
entendre qu’ils n’ont jamais été à
cette réunion où certains Chefs
d’Etat ont fait cette déclaration.
Cela veut dire qu’au niveau sous
régional il y aura des déclarations
qui seront faites pour dire
clairement que l’Afrique n’a pas
besoin du forçage génétique et que
l’Union africaine a pris une
décision qui n’engage que les
Chefs d’Etat qui ont leurs intérêts
avec les multinationales. Cela est
dans nos actions futures. Mais
actuellement, on ne peut pas tout
vous dévoiler. Soyez sûr que cette
année ça va beaucoup bouger sur
ces questions parce que nous
n’allons pas permettre aux
multinationales de nous utiliser
comme cobayes n
Itw réalisée par
Hamidou TRAORE
 12
Un juge d’instruction du
tribunal de grande instance
de Ouagadougou I est saisi
pour élucider les
circonstances dans lesquelles
Lionel Roméo Condowè
Kaboui a trouvé la mort le
06 juin 2020 sur le boulevard
Pascal Zagré dans le quartier
Ouaga 2000. Onze mois
après le drame, la famille
du défunt, elle, crie vérité
et justice.
n dossier Lionel Roméo
Condowè Kaboui sera
ouvert dans un cabinet
d’instruction du
Tribunal de grande
instance de Ouagadougou I.
L’enquête préliminaire menée par
la brigade territoriale de
gendarmerie de Kosyam n’a pas
abouti à la mise aux arrêts de
personnes soupçonnées du crime.
Les trois gendarmes en poste à
Palace hôtel ont été relâchés après
les trois jours de garde à vue. Le
parquet de Ouaga I devra saisir le
président du Tribunal de grande
instance, Pascal Compaoré, pour
l’ouverture d’une instruction. Le
président du Tribunal saisira un
cabinet d’instruction qui aura en
charge l’enquête. Le juge
d’instruction héritera d’un dossier
constitué des procès-verbaux des
témoins, de la famille du défunt et
des trois gendarmes en poste cette
nuit fatidique du 06 juin 2020. Le
rapport d’autopsie ordonnée le 08
juin dernier par le procureur du
Faso près le Tribunal de grande
instance de Ouagadougou I
Harouna Yoda est aussi joint au
dossier. Cette pièce médicale est
accompagnée de l’analyse
balistique qui a été faite. Le
feuilleton judiciaire continue donc
dans cette affaire qui a ému la
population en juin 2020. Lionel
Roméo Condowè Kaboui, 23 ans,
fêtait en différé son anniversaire ce
06 juin. Né le 04 juin, il offrait un
pot au restaurant La Perle à Ouaga
2000. Il s’y était rendu en voiture
avec un de ses amis. Ils seront
quatre à se retrouver autour de la
table. Un de ses camarades perd
son téléphone portable. Lorsqu’il
L’Evénement n°443 du 10 avril 2021
un juge d’instruction saisi
se rend compte, ils tentèrent
d’appeler sur le numéro du mobile.
Un inconnu décroche et lui donne
rendez-vous sur le boulevard
France Afrique non loin des grilles
de l’hôtel Palace. Le groupe d’amis
démarre pour le lieu du rendez-
vous. Lionel Kaboui lui reste au
restaurant. Deux véhicules
constituent le convoi. Le premier a
à son bord trois personnes. Selon
nos informations, au moment de
récupérer le téléphone avec
l’inconnu, des coups de feu
éclatent. Lionel Kaboui qui était
resté seul au restaurant décida de
rentrer. Il emprunte le même axe.
Selon une source proche de
Focus
mort de lionel KaBoui
Lionel Kaboui
l’enquête, un coup de feu a éclaté
lorsqu’il y a eu des échauffourées.
Les gendarmes en poste à Palcae
hotel ont dégainé et rafalé. C’est le
sauve qui peut. Les tirs touchent le
véhicule de Lionel Kaboui. Dans
son communiqué publié au
lendemain du drame, le procureur
du Faso près le TGI Ouaga I
Harouna Yoda affirme que « Lionel
Kaboui était resté dans son
véhicule, a heurté dans sa
manœuvre un panneau publicitaire
et n’a pu continuer sa course. Il a
succombé à ses blessures sur le lit
du Centre hospitalier universitaire
Yalgado Ouédraogo. Des impacts
de balle ont été relevés sur le
Par Atiana Serge OULON (atioul7@yahoo.fr)
DR
véhicule de la victime ». Selon des
sources dignes de foi, Lionel
Roméo Condowè Kaboui aurait
reçu une balle à la tête lors des tirs
et aurait été victime d’un incident
de tir. Des impacts de balles sont du
reste perceptibles sur le véhicule de
la victime. Ses amis avec lesquels il
était ont été auditionnés. Dimitri
Bouda à qui l’on prêterait un port
d’arme et qui serait l’auteur du
coup de feu qui a amené les
gendarmes en service à Palace
hôtel à ouvrir également le feu a nié
détenir une arme à feu. Du côté de
la famille, la douleur est vive. Le
11 août 2020, Emmanuel Kaboui
père du défunt, a déposé une
plainte pour assassinat par balles de
son fils . « Lionel avait dépassé le
portail de l’hôtel et … ne présentait
aucun danger pour l’hôtel Palace
et les trois gendarmes de faction à
l’hôtel. Il reçut une balle dans sa
nuque et au moins sept impacts de
balles visibles sur son véhicule. Le
véhicule est toujours garé dans les
locaux de la brigade de
gendarmerie de Kosyam », accuse
la famille de la victime. Elle accuse
également les gendarmes de non-
assistance à personne en danger.
Elle relève ainsi que ce sont des
compagnons de Lionel, de retour
du restaurant La perle, constatant le
véhicule garé de travers sur la voie,
qui lui ont porté secours en tentant
d’arrêter le saignement de sa tête
avec un pull-over. C’est eux qui
sont allé chercher une ambulance
dans les cliniques mais sans succès,
explique la famille du défunt.
Transporté aux urgences médicales
du Centre hospitalier universitaire
Yalgado Ouédraogo, il reçut une
prescription médicale. Le premier
kit a été acheté mais il ne sera
jamais utilisé. Lionel était déjà
décédé. Dans sa version indexant
les gendarmes, la famille déclare
qu’un des agents de la santé a
demandé à un des sapeurs-
pompiers ce qu’il s’était passé.
Celui-ci a répondu que les
gendarmes en service à Palace
hôtel lui ont dit de dire que la
victime a cogné un poteau. Une
version fausse puisqu’il a reçu une
balle à la tête. Un élément qui
prouve que les gendarmes tentent
de dissimuler les faits. La famille
Kaboui accuse aussi les gendarmes
d’effacer toute trace permettant
de relier le crime à eux. Ils ont,
à en croire la famille, ramasser
les douilles de balles sur la scène
du crime. La famille Kaboui
réclame justice n

Pourquoi l’amérique doit diriger de nouveau ?
Le philosophe Mamadou
Djibo Baanè-Badikiranè
signe dans cette tribune
le rôle des Etats Unis
d’Amérique dans un
contexte de pandémie
de la Covid-19.
a pandémie a reconfiguré
nos perceptions et vécus
socio-économiques. Il
n’est pas inutile de
constater que
l’emmurement des enfants du
monde rime avec leur soif du retour
à la normalité, synonyme de paix
ouverte d’aller et venir. Comme si,
de normalité, il y en avait dans ce
monde globalisé au forceps par le
néolibéralisme triomphant avec
l’idée que notre poursuite du
bonheur se confond avec l’approche
transactionnelle ponctuelle,
décousue, et dramatiquement
destructrice de notre avenir en
commun, nos lieux de mémoire et le
climat. Et comme si cette sinistrose
ne suffisait pas, le nouveau
leadership américain, dans son
suprême enjeu de répondre
affirmativement à la question
fondatrice de « Pourquoi
l’Amérique doit diriger à nouveau le
monde », le Président Joe Biden, à la
Conférence de Munich sur la
Sécurité, rompt décisivement avec
cette approche transactionnelle de
l’ancienne administration. Il opte
pour une autre de type systémique
avec ses multiples induits sur les
relations internationales, la stabilité
mondiale et l’avenir de la paix
armée dont les Nations -Unies sont
le garant. Systémique dans l’exacte
mesure où, désormais, cette
Approche Biden se veut cohérente,
consistante et continue voire
contigüe au statut américain, acquis
et autopromu, de garant de l’Ordre
libéral international que la Chute du
Mur de Berlin et la sortie de cette
ruine économique mondiale de 2008
lui ont conféré.
Pour un esprit progressiste et
panafricaniste, je dois dire qu’il
s’agit là, d’un tournant pivotal
vertueux voire d’une singularité
refondatrice de la mission de
galvanisation de la démocratie
libérale et de ses forces adjuvantes
que sont le multilatéralisme, la
confrontation directe avec les
poussées populistes et autoritaires,
çà et là. Optimiste et galvanisé mais
désormais dirigé par un Chef, le
Président Biden, le monde libéral
devrait pouvoir faire prévaloir la
démocratie sur les poussées
populistes et autoritaires ; ces
tornades fugaces, pense-t-on.
Comment sortir par l’éthique dans
les relations internationales et
l’engagement constructif que
confère le leadership de
prépondérance au service des droits
humains ? Cette question vaut son
pesant d’or pour le nouveau
leadership américain. Le Président
Nelson Mandela nous a enseigné, lui
le symbole de l’imprenable dignité
humaine, que les droits de la
personne sont supérieurs à la
souveraineté des Etats. Il suit de là
que toute tentative de quelque acteur
étatique que ce soit, de soumettre
lesdits droits à la raison d’Etat et à sa
souveraineté, aboutit à l’hypostase
despotique de ladite entité. La règle
de l’autorité ne peut supplanter celle
de l’Etat de droit démocratique.
Sortir de cet emmurement en raison
de la saison covidique ne le sera en
toute confiance que si ce nouveau
leadership ne se satisfasse pas du gel
des tensions internationales comme
si, la paix elle-même l’était.
D’ailleurs la pax liberalis kantienne
et la sécurité collective sont-elles la
Paix ? Mais surtout qu’au détour de
ce redimensionnement voulu
exemplaire, l’on ne ruine les
mécanismes diplomatiques en route,
péniblement, pour servir la paix
armée ambiante. Puisqu’après tout,
nous vivons dans un régime de
mesures de confiance réciproque et
fragmentée, préfigure, peut-être, de
la paix ouverte que les Mandenka,
par exemple, affectionnent tant
depuis la proclamation du Serment
du Mandé de 1235. L’Afrique et la
mémoire ont le long cours.
Pourquoi l’Amérique doit diriger à
nouveau le monde ? Ce monde post-
trumpien. La réponse du Président
Biden est sans équivoque. Parce
qu’il y va de la restauration du
leadership américain, synonyme
d’exemplarité morale et aussi de
pragmatisme économique, soucieux
de relever le défi que constituent ses
compétiteurs stratégiques, la
Fédération de Russie et la
République Populaire de Chine pour
le statut de Superpuissance de
l’innovation. Diriger le monde y
coïncide au 21e siècle. Restaurer
l’autorité et l’exemplarité
américaines revient donc à incarner
de façon unique et univoque ce
statut non « seulement par l’exemple
de notre puissance, mais aussi par la
puissance de notre exemple »,
proclame le Président Biden.
Philosophe, je rappelle que Kant a
déjà consigné qu’il n’existe pas
d’école de l’exemple. Somme toute,
puisque le pragmatisme est le grand
courant philosophique né aux Etats-
Unis, concédons que la vérité nait de
la réalité. Loisible alors de rompre la
fausse dichotomie entre droits
humains et intérêts économiques et
traiter les sujets induits par la course
au statut de Superpuissance de
tribune
l’innovation entre les Etats-Unis et
la Chine. Si le Président Biden veut
produire le ReNew Deal et
l’héritage social-démocrate de
Franklin Roosevelt, il apert qu’il
doit impulser une réindustrialisation
de l’Amérique, délivrer le salaire
minimum à 15 dollars de l’heure, et
engager une poussée de la
syndicalisation dans le secteur privé.
Il vient de donner un coup- de-
pousse aux salariés d’un entrepôt
d’Amazon pour la syndicalisation
et, en toile de fond, le capitalisme de
redistribution et la réduction des
inégalités, donc disponible pour
gagner la compétition épique. Le
développement harmonieux,
concept cher au Président XI
Xinping n’est pas incompatible avec
la redistribution sociale en
Amérique. Les 2000 milliards de
dollars de Biden pour rebooster
l’économie, vise incidemment à
lutter contre le virus mais sûrement à
redistribuer la richesse. Sommes-
nous, alors, avec l’Administration
Biden, à un virage social-démocrate
aux Etats-Unis ? Trop tôt.
Il est aussi probable que toute
mobilisation pour la démocratie
libérale qui évite les interventions
militaires dans les zones
d’influences autres, apaisera les
REMERCIEMENTS
La grande famille KARANGA
à Koupéla, Ouagadougou, Côte
d’Ivoire et Etats-Unis.
Les familles BERE,
PARKOUDA, ZOUNGRANA,
ZOUGMORE, LOFO,
DAMIBA à KOUPELA et
OUAGADOUGOU ;
Les familles alliées et amies :
OUEDRAOGO, KOUADIO,
PALENFO, SEGUI,
BAKOUAN, VIHO, TRA-BI,
SAWADOGO, NDO,
BAYALA, SOROGHO, SOW,
PARKOUDA,BELEMSIGRI,
BAMBARA, WANGRE,
WANDAOGO, SOME à
OUAGADOUGOU,
KOUPELA et BOBO-
DIOULASSO ;
Les enfants : Pauline-
Emmanuelle, Martial-Désiré,
Anne-Louise;
Les petits-enfants :
Odilon, Alex, Kendra,
Emmanuel et Marie-Anaé
Très touchés par votre soutien
tensions internationales entre la
Russie et les Etats-Unis. Mieux,
suscitera un environnement
d’entente cordiale sur les différences
sans se faire la guerre, générera plus
de succès pour le réengagement
pour le multilatéralisme (Accord de
Paris, Unesco etc.) Est-ce la fin de la
guéguerre froide et ses artefacts ?
Les indicateurs ont enregistré des
escarmouches verbales entre les
Président Biden et Poutine
relativement aux « ingérences »
dans le processus électoral
américain. La prudence du serpent
vaut plus que la flamboyance de la
colombe, disent les kantiens. Ma
conviction est que les élans
pacigènes ne sont pas venus de la
diplomatie de l’exemplarité et de la
force de l’exemplarité. Et en face, la
réplique de la partie russe semble
duale, immédiate et taquine tandis
que les Nords Coréens promettent
des insomnies aux alliés Américain,
Japonais, Coréens du Sud pendant
que les autres amis, Australie,
Canada, Inde et USA signalent leur
solidarité dans ce rituel pavlovien.
Sont-ce des faucons ?
Les Européens attendent. Veulent-
ils d’abord entendre le train qui
siffle comme Anthony Richard le
chantait en 1962 ? Quant à nous,
moral, spirituel et matériel lors
du rappel à Dieu et de
l’inhumation, respectivement le
09 mars 2021 à Ouagadougou
et le 12 mars 2021 à Koupéla,
de leur fille, sœur, mère, grand-
mère,
odile Karanga
Adressons de tout cœur nos
remerciements à tous ceux qui,
de près ou de loin nous ont
soutenus lors de ce douloureux
évènement.
Ces remerciements vont en
L’Evénement n°443 du 10 avril 2021
13
filles et fils d’Afrique, nous avons
des droits comme citoyens
cosmopolites raisonnables. Parce
qu’on ne dispose pas de moyens
déraisonnables, les Weltbürger
sans être des citoyens de cet Etat
républicain universel. Ce vain idéal
est de légitime ambition. Mais la
paix doit compter avec nous car,
disait mon professeur, feu
Professeur Pierre Laberge, les droits
sont des normes ; cette idée du droit,
c’est aussi l’Idée même de la paix,
car, si la guerre est décision par la
victoire, la paix, c’est la décision par
la sentence. La philosophie de
l’histoire et celle du droit se
croisent-elles sans se rencontrer ?
Oui, l’Amérique doit diriger de
nouveau parce que la paix est une
sédimentation des lieux essentiels de
la raison humaine et alors, la paix
sera notre commune raison par les
raisonnables du républicanisme.
Cette hirondelle qui caresse du
regard la tornade éventrée du monde
par ces raisonnables. Ils ne
renoncent pas à ceci pour obtenir
telle concession mais plutôt de
braves vainqueurs qui prêtent la paix
aux vaincus du destin malveillant. Je
sais que les vainqueurs sont mauvais
prêteurs de paix n
Mamadou Djibo
Baanè-Badikiranè
Philosophe
particulier :
A Son Excellence Monsieur le
Premier Ministre Christophe
Joseph Marie DABIRE ;
A Monsieur Mathias
TANKOANO, Président du
Conseil Supérieur de la
Communication ;
Monsieur Abdoul Karim
SANGO, ancien Ministre de la
Culture et du Tourisme ;
Au Professeur Augustin
BAMBARA
A la Communauté chrétienne
de base Saint Joseph du secteur
5 à Koupéla;
Aux voisins et particulièrement
aux jeunes du quartier Saint
Joseph à Koupéla;
Aux membres de la Croix
Rouge de Koupéla ;
Aux voisins de Pissy à
Ouagadougou ;
Aux amis de la défunte ;
Aux amis de la famille ;
Que Dieu Tout-Puissant vous
rende au centuple vos
bienfaits !
 14
La décision de l’exécutif de confier
l’organisation du baccalauréat
au ministère de l’Education
nationale, de l’Alphabétisation et
de la promotion des langues
nationales et la batterie de mesures
annoncées mi-mars 2021 passent
mal au sein de la communauté
éducative burkinabè.
es élèves en colère
abandonnent les salles de cours
pour prendre la rue. Des
parents d’élèves embrouillés.
Des professeurs hésitants et
confus. La réforme du baccalauréat, qui
entrera en vigueur dès 2022, soulève des
questionnements, des inquiétudes et même
des opinions tranchées. Selon plusieurs
enseignants et parents d’élèves, « l’on va
vers une dépréciation du bac » et une «
limitation considérable de l’accès des
élèves admis au Bac dans les universités
publiques ».
Dans une déclaration en date du 22 mars
2021, l’Association des élèves et des
scolaires de Ouagadougou (AESO)
proteste contre les nouvelles mesures et
appelle ses militants à se mobiliser pour
contrer la décision gouvernementale.
L’Association rappelle que « depuis les
années 1996 les autorités avaient voulu
confier l’organisation du bac à l’Office
centrale des examens et concours du
secondaire (OCECOS). L’objectif de cette
réforme était de faire du bac le diplôme de
fin de cycle du secondaire et non le
premier diplôme universitaire (…) Et du
coup limiter l’accès des universités
publiques aux nombreux bacheliers ». Et
ce n’était pas la seule tentative. En 2000,
poursuit le syndicat d’élève, le
gouvernement revint à la charge. Des
vocables comme Bac intra et extra muros
voient le jour. Cette réforme qui sous-
tendait que tous les admis au bac n’avaient
pas droit à l’Université a été balayée par
les élèves, des étudiants, des enseignants
et une partie de l’opinion publique. Selon
l’AESO, c’est la mobilisation qui a
contraint le gouvernement « à abandonner
cette réforme hasardeuse qui n’arrangeait
nullement les enfants de notre peuple si ce
n’est satisfaire les institutions
internationales… ».
Rien qu’administratif
Souleymane Badiel est un professeur de
Français depuis plus de 20 ans. Il dirige la
Fédération des syndicats nationaux des
travailleurs de l’Education et de la
recherche (F-SYNTER) créée dans le
milieu des années 1980. Pour cet
enseignant, du moment où l’organisation
du Bac revient au MENAPLN, cela va
induire des conséquences.
Après l’adoption des Programmes
d’ajustement structurel (PAS), l’Etat
burkinabè a revu la loi d’orientation de
l’Education en 2007. Cette loi a institué
des cycles terminaux, foi de Souleymane
Badiel. A la fin de chaque cycle, il est
organisé un examen sanctionné par la
délivrance d’un diplôme terminal. « Ce
diplôme n’est pas délivré pour la
L’Evénement n°443 du 10 avril 2021
nouVeau régime du Bac
les non-dits d’une réforme contestée
Ouagadougou, le 30 mars 2021. Des élèves manifestent contre les reformes du bac et des autres examens scolaires
poursuite des études à un niveau plus
élevé, regrette-t-il. Le bac sera délivré par
le MENAPLN, que l’on organise des tests
ou que l’on institue autre chose, ne
constitue plus le diplôme ou le grade qui
permet d’accéder automatiquement à
l’Université. Ce n’est plus le 1er diplôme
universitaire comme le décret de 2006
l’intitulait. Ce n’est plus le premier grade
universitaire comme l’histoire de la
création du bac l’a consacré en France ».
Selon le syndicat, le gouvernement veut
limiter l’accès à l’Université avec ce
nouveau régime du bac. Pour preuve, il fait
le constat que les cycles terminaux ont
réduit considérablement le nombre
d’étudiants au second cycle universitaire.
« Au supérieur, avec le LMD, la grande
majorité des étudiants qui obtiennent la
Licence ne peuvent plus accéder au master
pour deux raisons. Il y a le coût des
masters qui est en moyenne de 300 000 par
an qui exclut les étudiants en plus des
conditions de moyenne. Les deux mis
ensemble excluent 80 à 90% des étudiants
d’accéder aux masters. On n’a pas eu
besoin d’un test pour les exclure du master
et les limiter à la licence », analyse le prof
de français. Pour le syndicaliste, la même
situation va se présenter avec le nouveau
régime du bac.
Les ministres Alkassoum Maïga et
Stanilas Ouaro, eux, rassurent. « Ces
nouvelles mesures ne sont que des
reformes administratives qui n’entachent
en rien la qualité du diplôme » du Bac,
affirment-ils. En conférence de presse le
18 mars 2021, les deux patrons de
l’Education nationale et de
l’Enseignement supérieur ont donné des
éléments d’explication. Selon le ministre
Maïga, il ne sera pas question d’organiser
des tests d’entrée à l’Université. Pour lui,
les conditions resteront les mêmes. Après
l’obtention du Bac, il faut simplement se
tourner vers la plateforme « campusfaso »
pour se faire orienter dans une des facultés
des universités publiques du pays.
echo
réForme du Bac
Voici ce que dit la directive de l’uemoa
Pour justifier la réforme de l’examen du
baccalauréat, le gouvernement burkinabè
évoque une directive de l’UEMOA. Selon les
ministres, cette directive appelle les Etats à
harmoniser les conditions d’organisation du
bac sans en donner les détails.
Il s’agit de la directive
n°07/2020/CM/UEMOA portant organisation
du Baccalauréat harmonisé au sein des Etats
membres de l’UEMOA. Ce document date
du 28 septembre 2020. Il ne ressort nulle part
dans cette directive que l’organisation du bac
doit être confiée au ministère de l’Education
nationale au détriment du supérieur.
Cette directive a été initiée pour mettre un
terme « aux insuffisances et faiblesses du
Bac dans les Etats membres de l’Union telles
que le coût élevé de son organisation, le
phénomène de fraude, les faibles taux de
réussite, les inscriptions multiples des
candidats à l’examen avec ses conséquences
négatives. »
La nouvelle réforme envisagée au Burkina
Faso fait du Bac un diplôme terminal.
L’alinéa 1 de l’article 1er de la directive de
l’UEMOA précise : « le Bac est un examen
qui sanctionne la fin des études du second
cycle secondaire et qui permet au lauréat
d’accéder aux études supérieures. »
La même disposition définit le Baccalauréat
harmonisé comme un examen fondé sur un
socle commun à tous les pays dans les
domaines institutionnels, pédagogiques,
organisationnels tout en laissant des
spécificités ou des aspects de souveraineté à
chaque Etat.
L’harmonisation du bac vise « à faire
respecter par tous les Etats membres des
dispositions minimales d’organisation ». Ces
conditions minimales d’organisation, selon la
directive UEMOA, couvrent, entre autres, le
format et la durée des épreuves, les
B24
conditions d’inscription des candidats, les
modes de délibération et de proclamation des
résultats, le dispositif de correction, le
système d’anonymat, les possibilités de
réclamation offertes aux candidats, la
sécurisation du processus d’organisation du
Bac harmonisé et du diplôme, la gestion des
cas de fraude ou de faute professionnelle lors
des différentes phases, etc.
Dans le cadre de ce baccalauréat harmonisé,
l’UEMOA a créé un Comité scientifique
régional au sein duquel le ministre en charge
des enseignements secondaires et le ministre
en charge de l’enseignement supérieur de
chaque Etat membre siègent. Les Etats
membres sont appelés à créer chacun un
comité scientifique national composés « au
moins d’un représentant du ministère en
charge de l’enseignement secondaire, un
représentant du ministère de l’Enseignement
supérieur, le directeur de l’Office du Bac, un
représentant des recteurs ou présidents des
Universités, un inspecteur général ou un
enseignant-chercheur universitaire, un
spécialiste de chacune des disciplines du bac,
des syndicats d’enseignants et des parents
d’élèves, etc. », édicte l’article 7 de la
directive UEMOA du 08 septembre 2020.
Sur les 16 pages de la directive, aucune ligne
ou phrase d’aucune disposition n’exclut le
ministère de l’Enseignement supérieur de
l’organisation du baccalauréat comme le
Burkina Faso le soutient et entend le faire.
Rien ne dit dans cette directive que l’on doit
déshabiller le supérieur de l’organisation du
bac pour habiller le ministère de l’Education
nationale. La directive vient plutôt renforcer
la présence du supérieur à toutes les étapes
de l’organisation de cet examen aux côtés du
ministère de l’Education nationale n
M.O
 echo 15

soumane touré, une vie d’agitateur

La sortie des deux membres du
gouvernement ne semble pas
suffisante. Dans une récente note,
le directeur régional des Le Secrétaire général du Parti de l’indépendance, du travail et
Enseignements post-primaires et pour la justice, Soumane Touré est décédé le 25 mars 2021 à
secondaires du Centre, Abdoulaye
Ouagadougou des suites de maladie. Politique, polémiste,
Ilboudo, informe les élèves et
l’opinion nationale que le syndicaliste et même parfois provocateur, le premier cadre des
changement envisagé au niveau du assurances du Burkina ne laissait personne indifférente dans
Bac est son organisation à partir de l’espace public burkinabè. Ses sorties étaient suivies de près.
2022 par le MENAPLN. Selon lui,
cela permet d’être en phase avec la
dynamique d’harmonisation du
baccalauréat et des programmes
d’enseignement secondaire
général dans les Etats membres de
l’UEMOA.

Vers un examen d’orientation

MENAPLN
des nouveaux bacheliers
Stanislas Ouaro, le 18 mars, en conférence de presse
Des enseignants du supérieur,
interrogés ne se sentent pas liés
par les déclarations des deux admis au Bac ne pourront pas se associés à la réforme. La F-
ministres. « Ils peuvent bien dire faire orienter suivant leur choix SYNTER n’a pas été consultée
qu’il n’y aura pas de test. Ce ne comme auparavant. Et certains non plus.
sont pas les ministres qui éléments factuels constatés après Selon un universitaire, avec cette
dispensent les cours à la dernière session du Bac le nouvelle réforme, « il n’est pas
l’Université, ce sont les confirment. Certaines UFR n’ont exclu qu’il soit exigé aux

enseignants. Si de concert avec le
corps professoral, la direction
d’une unité de formation et de
recherche et des chefs de
département décident que l’accès
à tel ou tel département d’étude
est subordonné à l’admission à un
test, ce n’est pas une conférence
de presse qui peut changer cela »,
commente un enseignant à
l’Université Joseph Ki-Zerbo.
Cependant, cela n’est pas
forcément lié à la nouvelle
réforme vue que certaines filières
de formation sont déjà accessibles
sur test dans les universités
publiques.
Peu après la prise du décret
confiant l’organisation du
baccalauréat au MENAPLN, des
rencontres ont été tenues dans
pas reçu de nouveaux bacheliers
en 2020. Pour preuve, confie un
prof, aucun bachelier de 2020 n’a
été orienté à l’UFR Sciences de la
vie et de la terre (SVT) de
l’Université Joseph Ki-Zerbo, la
plus grande du pays.
Officiellement « c’est à cause du
retard avec deux ou trois
promotions en 1re année de SVT ».
Mais de nouveaux bacheliers ont
pu intégrer les filières
Management de la qualité et
SERCLOSE (Sélection de
semences) après avoir subi un test
d’entrée pour suivre un cycle de
Licence professionnelle. Ces
filières sont également ouvertes
sur test dans les Centres
universitaires polytechniques de
Gaoua, Ziniaré, etc.
nouveaux bacheliers de faire une
année préparatoire avant
d’intégrer les universités
européennes ou les autres
universités africaines. »
C’est l’avis de Souleymane
Badiel. Si confier l’organisation
du bac, signifie exclure les
collègues du supérieur de tout le
processus, « on n’aura pas deux
ans pour revenir sur cette décision
parce que nos élèves sortiront
avec un diplôme qui ne sera pas
reconnu à l’extérieur. Un
baccalauréat qui n’est pas
chapeauté par une université, par
des enseignants de niveau
universitaire, vous ne pouvez pas
faire prévaloir ce diplôme dans les
pays étrangers. C’est une
évidence. Je ne sais pas sur quoi
n terme d’animation de la
vie politique nationale,
son parti a été durant de
longues années l’un des
plus actifs avec
notamment ses sorties médiatiques
très tranchées et acerbes. Cadre
supérieur d’assurance, juriste dans
l’âme, celui qui repose à
Diebougou dans la Bougouriba
région du Sud-Ouest est le frère
cadet de Drissa Touré, professeur à
la retraite, militant et leader
étudiant dans les années 70. Des
régimes d’exception qui se sont
succédés jusqu’au pouvoir du MPP,
Soumane Touré est resté droit dans
sa logique.
Lefaso.net
même ligne. Je remets en cause les
élections de 2015 parce que ces
élections illégales, contraires à la
constitution. Pendant la Transition,
toutes les rencontres, vous ne nous
avez pas vu. Nous sommes en
désobéissance civile contre des
gens qui portent atteinte à la
constitution. Nous, on ne va pas
aller discuter avec eux. Même le
pouvoir actuel. Donc M’Ba
Michel, leur gouvernement, le
conseil constitutionnel, ont été
installés de façon irrégulière par
des gens qui ont usurpé des titres et
des fonctions », continuait-il de
protester en avril 2019 au cours
d’une émission télévisée.

certaines Unités de formation et de
recherche de l’Université Joseph
Ki-Zerbo en vue de l’organisation
de tests d’entrée dans lesdites
UFR. Mais il n’y a jusque-là pas
de précisions à ce sujet.
Mais tout porte à croire que les
Les enseignants du supérieur
suivent la polémique autour de
cette réforme du Bac. Le Synadec
a convoqué début avril une
rencontre. Les responsables du
syndicat ont confié à leurs
militants n’avoir nullement été
L’Evénement
repose cette décision de confier
l’organisation du Bac au
MENAPLN. Je ne la comprends
pas. Je ne vois pas les problèmes
que l’organisation du bac par le
ministère de l’Enseignement
supérieur posent dans le format
actuel », développe le SG de la F-
Synter.
Même si en 2021, il n’y a pas de
test d’entrée dans les universités
publiques, poursuit un enseignant-
chercheur, « le nouveau bachelier
doit subir ce qu’on appelle un
examen d’orientation. Et lors de
cet examen, on doit faire
appel aux relevés de notes du
secondaire du bachelier. On doit
constituer des jurys qui vont
examiner les notes du secondaire
du candidat et ses notes au bac
pour statuer si le candidat doit
accéder à l’université ou pas. Tôt
ou tard, les tests d’entrée auront
Tous les 30 mars de l’année,
l’ancien syndicaliste assène ses
vérités et n’épargnent pas des
autorités coutumières, religieuses,
responsables de média et des
syndicats.
En 2015, son parti a lancé une
désobéissance civile contre les
régimes successifs de la Transition
et du MPP pour protester « contre
la violation de la Constitution »
après la chute de Blaise Compaoré.
Et depuis lors, il ne participe à
aucune réunion des acteurs
politiques. Pour Soumane Touré,
les pouvoirs de la Transition et du
MPP sont anticonstitutionnels.
« Cette situation est dangereuse.
Ceux qui sont au pouvoir
aujourd’hui sont dangereux pour le
peuple. Ils continuent de vouloir
manipuler la constitution. Aucune
assemblée dérivée ne peut modifier
la volonté première du constituant.
L’Evénement
Soumane Touré, tatillon, avait un
vocabulaire dont il a le secret. Les
termes « constitution friperie », «
racaille politique, racaille
intellectuelle » sont employés
toutes les fois qu’il veut parler de
ses anciens amis et camarades « qui
ont abandonné la défense de
positions de principe par
carriérisme et opportunisme. Rien
ne va, le pays va à la catastrophe.
On ne veut même pas être de
contact avec eux (les ténors du
pouvoir actuel, ndlr). Nous
sommes toujours en désobéissance
civile. Nous ne voulons avoir
affaire à ces autorités. Aller les
voir, c’est les reconnaître alors que
nous nous ne voulons pas les
reconnaître. Je ne suis pas un
oracle qu’on vient consulter (…).
Je suis un acteur toujours actif. ».
Même décédé, ces mots de
Soumane Touré résonnent encore n

bel et bien lieu. » n Depuis l’insurrection, depuis la

démission de Blaise Compaoré, on Mohamed OUEDRAOGO
Mohamed OUEDRAOGO ne respecte pas la constitution.
Le SG de la F-SYNTER, Souleymane Badiel L’élection de Roch Kaboré dans la

L’Evénement n°443 du 10 avril 2021

 16
etalons du BurKina
le parcours inspirant
de charles Kaboré
Historique pour le football burkinabè. 101 matchs disputés en sélection. Cela n’était jamais
encore arrivé, même si cela reste difficilement vérifiable en l’absence d’archives, avant Charles
Kaboré. Le parcours du capitaine Charles Kaboré a été jalonné de haut et de bas en sélection.
ne longévité
exceptionnelle au sein
des Etalons. C’est ce qui
peut résumer le parcours
de Charles Kaboré avec
la sélection nationale de football.
Le centième match, Charles Kaboré
l’a disputé le 27 mars 2021 en
Ouganda face aux Crânes, pour
l’avant dernier match de poule
comptant pour la qualification à la
Coupe d’Afrique des nations
(CAN) 2021, reportée à 2022 au
Cameroun. En prime, les Etalons
ont obtenu une qualification à la
CAN alors qu’ils étaient absents
lors de la précédente en Egypte.
L’évènement n’est pas passé sous
silence par la Fédération burkinabè
du football (FBF) dirigée par
Lazare Banssé qui a offert un diner-
gala en son hommage.
7 octobre 2006. Charles Kaboré est
retenu par Drissa Malo Traoré dit
Saboteur pour disputer un match
d’éliminatoire de la CAN 2008
contre le Sénégal. En face, une
constellation de stars du Sénégal
avec des joueurs Toni Mario Sylva,
Habib Bèye, Lamine Diatta,
Diomansi Kamara, Abdoulaye
Diagne, Ousmane El Hadji Diouf,
Lamine Fadiga, Pape Bouba Diop,
Lamine Diakhaté, Aliou Cissé
arrivée en quart de finale de la
Coupe du Monde et ayant battu la
France (1-0) en match d’ouverture.
Côté burkinabè, la plupart des
jeunes de l’équipe constituée à
l’époque par Idrissa Malo Traoré dit
Saboteur disputait leur première
rencontre internationale. Les
Etalons s’étaient imposés à la
surprise et avec la manière (1-0)
grâce à un but de Narcisse Yaméogo
suite à un penalty provoqué par
Jonathan Pitroipa. La présence de
Charles Kaboré, sociétaire de
l’Etoile Filante de Ouagadougou
(EFO) à l’époque, parmi les
titulaires est une surprise. Ce
premier match, Charles Kaboré s’en
souvient avec nostalgie. « C’était
un rêve d’enfant qui s’est réalisé.
J’étais tellement impressionné par
les autres joueurs comme
Moumouni Dagano. Même pour
débuter le match, je n’ai pas trouvé
ça croyable. Je n’ai pas dormi de
toute la nuit. C’était difficile pour
moi. Parce qu’être parmi ces
grands joueurs, c’était déjà un
honneur pour moi », se souvient
L’Evénement n°443 du 10 avril 2021
encore tout sourire le capitaine des
Etalons. Depuis, il s’est imposé et
est devenu un titulaire indiscutable
de l’équipe.
Un capitaine exemplaire
Son palmarès s’est étoffé avec plus
de 100 matchs, une place de
finaliste de la CAN en 2013 et la
troisième place en 2017 en tant que
capitaine. « Aujourd’hui, ces 100
matchs que j’ai atteints, c’est grâce
à tout un groupe, des encadreurs,
des amis, des journalistes. C’est
une consécration. Je suis fier et
content d’avoir atteint ce cap »,
commente-t-il et de poursuivre : « Il
y a eu tellement de joueurs. J’ai eu
la chance d’être le premier. Il y a
beaucoup de bons joueurs qui sont
passés et qui n’ont pas eu 100
matchs. Certains ont connu des
blessures. J’ai eu la chance d’être
épargné par des blessures dans ma
carrière ». En Russie depuis 2013
(Kuban Krasnodar, FK Krasnodar,
Dynamo Moscou), Charles Kaboré
est champion de France avec
l’Olympique de Marseille en 2010,
trois fois vice-champion, vainqueur
de la Coupe de la Ligue (France) à
trois reprises et deux fois le trophée
de champion.
L’unanimité se dégage autour du
leadership de ce joueur très taquin
que ce soit dans les vestiaires ou
face aux journalistes. « C’est une
personne qui donne l’exemple.
C’est un capitaine qui ne pense pas
qu’à lui. Par exemple, il est le
capitaine mais il ne tire jamais les
penaltys. Il en profite toujours pour
mettre en valeur les attaquants »,
témoigne Aristide Bancé. Le nouvel
entraîneur des Etalons Kamou Malo
l’a bien compris en contactant en
premier le natif de Bobo-Dioulasso
et le convaincre de rester dans le
groupe pour encadrer les plus
jeunes. Selon Alain Traoré, la
bonne humeur de Charles Kaboré
aide à faciliter l’intégration des
jeunes joueurs dans l’équipe. S’il
est désormais un monument du
football burkinabè et même
africain, Charles Kaboré a une
pensée particulière pour Daouda
Sanou dit Famoso, ancien directeur
technique nationale de la FBF et
fondateur du centre de la fédération
burkinabè de football (FBF) devenu
l’Institut de formation du
sport
footballeur africain (IFFA)
Matourkou. « C’est au cours d’une
détection dans la ville de Bobo-
Dioulasso que j’ai repéré Charles
Kaboré. J’avais déjà mon groupe
mais je l’ai vu, j’ai constaté qu’il
avait de l’audace avec le ballon, il
avait un tempérament de gagneur.
Mais il lui manquait un
encadrement idéal », raconte
Famoso pour qui il a fallu être
exigeant avec le joueur. Cependant,
le capitaine des Etalons aurait pu
arrêter le football plutôt.
Snobé lors de la CAN U17
en 2005
En 2004, les Etalons cadets sont
qualifiés pour la CAN U17 en
Gambie. Présent pendant les phases
éliminatoires, il n’est pas retenu
dans le groupe pour disputer la
compétition. « Il était découragé. Il
est venu me voir en me disant qu’il
va arrêter. Je lui ai dit que c’est la
seule chose à laquelle il ne devait
pas penser. Il m’a écouté, il s’est
mis au travail. A l’époque, il jouait
numéro 10 au même poste comme
Alain Traoré. Je l’ai reculé comme
milieu récupérateur. C’est cette non
sélection en réalité qui a été le
déclic dans sa carrière de
footballeur. S’il était parti, il serait
resté sur le banc et comme les
entraîneurs étaient de Planète
Champion, il allait être dans
l’ombre d’un joueur comme Alain
Traoré ». Famoso se dit fier du
parcours de son protégé, il dit
vouloir former des joueurs « plus
forts que Charles ». S’il a manqué
la CAN U17, il a l’occasion de se
rattraper en disputant la CAN U20
au Congo avant de rejoindre
Libourne Saint Seurin puis par la
suite l’Olympique de Marseille la
même année (2007). Une
progression fulgurante.
A 33 ans, Charles Kaboré tire vers
la fin de sa carrière de footballeur
après 15 ans de carrière à porter le
dossard 18 en sélection. Charles
Kaboré songe à mettre un terme à sa
carrière internationale. Ce désir, il
l’avait exprimé en 2017 en plein
CAN au Gabon. « Mais dans deux
ans, j’espère être au pays pour
supporter mon équipe, je n’ai
jamais vécu ça depuis ma jeunesse
», répondait Charles Kaboré à
l’époque au journal L’équipe. Très
vite, il s’est ravisé sur insistance de
l’ancien président de la FBF Sita
Sangaré et de l’ancien sélectionneur
Paulo Duarte. Malgré des envies de
départ après l’élimination dès les
qualifications à la CAN 2019, qu’il
avait, à nouveau, exprimés à ses
proches. Le président de la FBF
Lazare Banssé et le ministre des
Sports et des loisirs Dominique
Marie André Nana ont appelé
Charles Kaboré à poursuivre avec
les Etalons en lui organisant une
soirée d’hommage pour ces 100
sélections. « Nous souhaitons qu’ils
continuent jusqu’à la phase finale
de la Coupe d’Afrique. Charles à
une hygiène de vie impeccable. Il
faut que les jeunes copient ce
modèle-là. Ce que nous souhaitons,
c’est qu’il puisse être là pour
encadrer ces jeunes pour qu’ils
puissent faire cette transition », a
souhaité Lazare Banssé. Il a promis
d’offrir tous les moyens nécessaires
à l’équipe pour une qualification à
la Coupe du Monde 2022.
« Je dois me reposer »
Aristide Bancé qui a fait l’option
d’arrêter avec les Etalons en juillet
2020 partage le même avis. Il
s’appuie sur des arguments
techniques : « Il est dans un
championnat qui lui permet de
jouer et qui est rythmé. Donc, il
peut encore continuer pour
stabiliser le milieu et pour encadrer
la jeune génération. C’est un milieu
de transition qui peut faire de
passes de 40 mètres. Actuellement,
on en a pas en équipe nationale ».
Sous pression et visiblement gêné
par ces appels, Charles Kaboré
semble être dans le doute. « Il faut
que je prenne le temps de réfléchir.
On avait convenu, avec le coach
(ndlr. Kamou Malo), de se qualifier
pour la Coupe d’Afrique et après
cela, j’allais me reposer. C’est
vraiment difficile de supporter tous
ces efforts, tous ces déplacements et
surtout cela fait longtemps que je
DR
suis là. Je dois me reposer. Il va
falloir que je me repose
mentalement. La Coupe du Monde,
c’est une autre discussion. Ce
n’était pas dans mes plans »,
explique-t-il. La prochaine CAN au
Cameroun est prévue du 9 janvier
au 6 février 2022. Le débat sur le
rajeunissement des Etalons est posé
par nombre d’observateurs.
Certains cadres dont Charles
Kaboré sont jugés trop vieux pour
la sélection. Ce qui semble irriter le
capitaine. « Aujourd’hui, je
commence à me fatiguer
moralement, mentalement. Il y a
beaucoup de choses qui se passent
sur le terrain. En dehors du terrain,
c’est beaucoup plus difficile que sur
le terrain », justifiait Charles
Kaboré. Quoi qu’il en soit, le joueur
n’a pris aucune décision.
Toutefois, s’il compte disputer la
CAN 2021 au Cameroun, il a
encore au moins une année à passer
dans le groupe des Etalons. Et pour
cela, il devrait être présent pour les
éliminatoires de la Coupe du
Monde 2022 qui se tiennent dans la
même période. Si les Etalons se
qualifient, une participation à une
Coupe du monde se refuse
difficilement. Mais, il estime que la
relève est assurée avec des joueurs
comme Franck Lassina Traoré
(Ajax d’Amsterdam), Issa Kaboré
(Malines), Edmond Tapsoba (Bayer
Leverkusen), Bertrand Traoré
(Aston Villa), Hervé Kouakou
Koffi (Excel Mouscron) etc. De sa
génération, il ne reste plus que
Adama Guira, Abdou Razack
Traoré, Alain Traoré. Certains
comme Aristide Bancé et Jonathan
Pitroipa ont pris leur retraite alors
que d’autres comme Préjuce
Nacoulma, Bakary Koné sont
perdus des radars. Il faudra pour
Charles Kaboré, éviter de quitter la
sélection par la petite porte. Il en est
conscient. Il faudra donc, pour lui,
éviter de jouer le match de trop n
Ousmane SADARE