OPTIQUE GEOMETRIQUE Chapitre 4 : les lentilles

I-4- LES LENTILLES

Les lentilles sphériques sont les éléments essentiels de presque tous les instruments d’optique. Le but de ce
chapitre est d’étudier uniquement les lentilles
sphériques minces dans l’approximation de
Gauss.

I-4-1- Hypothèse des lentilles minces

S
Une lentille sphérique est un système centré
constitué d’un milieu transparent limité par deux
surfaces sphériques repérées par leurs centres et
sommets respectifs (C1, S1) et (C2, S2) (Fig. Fig.I.4.1 : Lentille formée par deux
I.4.1). L’axe optique de la lentille est l’axe dioptres sphériques.
passant par les centres des deux dioptres sphériques. On note n l’indice du milieu constituant la lentille (n > 1).

Une lentille épaisse est formée par l'association de deux dioptres sphériques dont les sommets S1 et S2 sont
distincts l’un de l’autre. Il n’existe pas de relation particulière pour les lentilles épaisses, contrairement aux
lentilles minces. Il faut utiliser la relation de conjugaison pour les dioptres sphériques et l’utiliser pour chacun
des dioptres.

Fig.I.4.2 : Lentille épaisse formé par deux dioptres (convexe et concave).

La Figure (I.4.2) montre un exemple de lentille épaisse, comportant un dioptre convexe, puis un dioptre
concave, et d’indice n. Les relations de conjugaison s’écrivent :

Une lentille mince est une lentille dont l’épaisseur e = S1S2 est négligeable devant les rayons de courbures des
dioptres qui la constituent et devant la distance des centres des deux dioptres, soit : e<< C 1S1 ; e<< C2S2 et
e <<C1C2.
Dans ces conditions les deux sommets S1 et S2 sont confondus en un point S appelé centre optique de la
lentille. Le plan passant par S et perpendiculaire à l’axe optique est le plan de la lentille.
I-4-2- Types de lentilles
Il existe deux types de lentilles optiques : les lentilles convergentes et les lentilles divergentes. Les lentilles
convergentes transforment un faisceau de rayons lumineux parallèles à l’axe optique en un faisceau qui
converge vers un point en aval de la lentille, tandis que les lentilles divergentes transforment un faisceau de
rayons parallèles en un faisceau qui converge vers un point en amont de la lentille (Fig.I.4.3).

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S S

Fig.I.4.3 : Types de lentilles a) convergente ; b) divergente.

Ces deux types de lentilles se décomposent en plusieurs sous-types selon la forme de leurs deux faces
(Fig.I.4.4). Selon la concavité des dioptres, on classe les lentilles en deux grandes catégories :
- les lentilles "à bord mince", dont l'épaisseur aux extrémités est plus faible que l'épaisseur au niveau de
l'axe. Ces lentilles ont des foyers réels symétriques par rapport au centre de la lentille et sont dites
convergentes : tout rayon incident donne un émergent « rabattu » vers l’axe optique.
- les lentilles "à bords épais" qui ont la propriété inverse ; Ces lentilles ont des foyers virtuels
symétriques par rapport au centre de la lentille et sont dites divergentes : tout rayon incident donne
un émergent « écarté » de l’axe optique.

Fig.I.4.4 : Différents types de lentilles.

I-4-3- Propriétés des lentilles minces

I-4-3-1- Propriété du centre optique

Tout rayon lumineux passant par le centre optique d’une lentille mince ne subit aucune déviation en la
traversant (Fig.I.4.5). On appelle axe secondaire une droite passant par le centre optique.

Fig.I.4.5 : Propriété du centre optique S. S S

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I-4-3-2- Foyers objet et image - Distance focale

- Foyers objet et image
Foyer image : Le foyer image F' est le point de l’axe optique dont l’objet est à l’infini sur l’axe. Tout rayon
incident parallèle à l’axe optique d’une lentille émerge en passant par (ou en semblant provenir de) F'
(Fig.I.4.6a et I.4.7a).

Foyer objet : Le foyer objet F est le point de l’axe optique dont l’image est à l’infini sur l’axe. Tout rayon
incident passant (ou semblant passer) par F émerge parallèlement à l’axe optique (Fig. I.4.6b et I.4.7b).

S S

a) b)

Fig.I.4.6 :a) Foyer image d’une lentille convergente. b) Foyer objet d’une lentille convergente.

Quelle que soit la nature de la lentille mince, F et F' sont symétriques par rapport au centre optique. Pour une
lentille convergente, F et F' sont réels, alors que pour une lentille divergente, ils sont virtuels.

S S

a) b)
Fig.I.4.7 : a) Foyer image d’une lentille divergente. b) Foyer objet d’une lentille divergente.

- Distance focale
Par définition, est la distance focale image de la lentille ; est la distance focale objet. Notons
que, d’après ce qui précède, f' = -f.
Pour une lentille convergente f' > 0, tandis que pour une lentille divergente f'< 0.

- Plans focaux objet et image

Les plans perpendiculaires à l’axe optique de la lentille et passant par les foyers sont appelés plans focaux. Une
lentille a donc un plan focal objet et un plan focal image.
Un point situé dans un plan focal (objet ou image) est appelé foyer secondaire (objet ou image) :
- Un faisceau issu d’un foyer secondaire objet Fs émerge parallèlement à l’axe secondaire FsS (Fig.I.4.8a
et I.4.8b). Soit encore : tout point Fs du plan focal objet a son image rejetée à l’infini dans la direction
FsS.
- Un faisceau parallèle, incliné par rapport à l’axe optique, émerge en passant par le foyer secondaire
image FS', intersection du plan focal image et de l’axe secondaire FS'O parallèle au faisceau incident

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(Fig.I.4.8c et I.4.8d). Soit encore : tout point FS' du plan focal image est l’image d’un point situé à
l’infini dans la direction FS'O.

Fig.I.4.8 : a) Foyer objet secondaire d’une lentille convergente. b) Foyer objet secondaire d’une lentille
divergente. c) Foyer image secondaire d’une lentille convergente. d) Foyer image secondaire d’une lentille
divergente.

I-4-3-3- Relation de conjugaison – Vergence – Grandissement

- Relation de conjugaison de Newton (origine aux foyers)
Considérons, sur la figure (I.4.9a), les triangles rectangles semblables ABF et SJF, A'B'F' et SIF'. Nous voyons
que :

= et = d’où

De cette dernière égalité, on tire la relation de conjugaison de Newton encore appelée relation de conjugaison
avec origine aux foyers :

- Relation de conjugaison de Descartes (origine au centre)

Une lentille mince étant composée de deux dioptres, nous allons évidemment utiliser les relations de
conjugaison pour les dioptres. Supposons que la lentille soit dans l'air, d'indice 1,et que la lentille soit composée
d'un matériau d'indice n. Appelons A'' l'image de A par le 1er dioptre et A' l'image de A'' par le 2ème dioptre.

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La lentille étant mince, les deux sommets sont proches de (S1≡S2≡S). Les deux relations ci-dessus deviennent :

En éliminant le quotient faisant intervenir l'image intermédiaire, nous obtenons :

Sachant que R1 = et R2 = = sont les rayons de courbure des dioptres qui constituent la
lentille, la relation ci-dessus devient :

Cette relation constitue la relation de conjugaison avec origine au centre pour les lentilles minces.
Pour déterminer les foyers objet F et image F', il faut faire tendre respectivement l'objet et l'image vers l'infini.
Nous obtenons :

La relation de conjugaison peut donc se mettre sous la forme suivante :

Ou bien :

- Vergence d’une lentille

La vergence V (parfois notée C) d’une lentille mince est l’inverse de sa distance focale :

où f' est en mètre. L’unité de vergence du système international est la dioptrie (symbole δ). V> 0 pour une
lentille convergente et V < 0 pour une lentille divergente.
Pour une lentille mince, on montre que :

où n est l’indice de la lentille et R1 et R2 sont les rayons de courbure des dioptres qui la constituent : R1 =
et R2 = =
- Grandissement
La relation de grandissement se démontre aisément en considérant dans la figure (I.4.9a) le rayon liant B et B' et
passant par le centre optique S. Ce rayon n’étant pas dévié, on obtient immédiatement que :

- Si γ > 0, l’image est droite.

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- Si γ < 0, l’image est renversée. Si -1 < γ < 1, image réduite. Si γ < -1 ou γ > 1, image agrandie
Remarque : Toutes les formules que nous venons d’établir sont valables aussi bien pour les lentilles
convergentes que pour les lentilles divergentes, ceci quelle que soit la nature de l’objet ou de l’image.
I-4-4- Constructions géométriques
I-4-4-1- Construction de l’image d’un objet plan
Pour construire l’image d’un tel objet AB plan et perpendiculaire à l’axe, il suffit de construire l’image B' du
point B hors de l’axe. La lentille étant aplanétique (conditions de Gauss), le point A' est obtenu par projection
orthogonale de B' sur l’axe optique. On détermine l’image B' donnée par la lentille en utilisant deux des trois
rayons particuliers suivants :
- Le rayon issu de B parallèle à l’axe optique, et qui émerge de la lentille en passant par F'.
- Le rayon issu de B passant par F qui émerge de la lentille parallèlement à l’axe optique.
- Le rayon issu de B passant par S, qui traverse la lentille sans subir de déviation.
Les rayons émergents ainsi obtenus se coupent en B'.
Les objets ou images réels sont représentés en traits pleins tandis que les objets ou images virtuels sont tracés
en traits pointillés. Notez aussi que tout point dans le plan de la lentille est son propre conjugué ; donc tout
rayon arrivant sur la lentille en I repartira en I.
Nous avons représenté sur la figure (I.4.9) les constructions de l’image d’un objet par une lentille convergente
dans les trois principaux cas :
- Si l’objet est réel, situé entre l’infini et le foyer objet (-∞< < ), l’image est réelle (Fig.I.4.9a).
- Si l’objet est réel, situé entre le foyer objet et le centre optique ( < < 0), l’image est virtuelle
(Fig.I.4.9b).
- Si l’objet est virtuel ( > 0) l’image est réelle (Fig.I.4.9c).
Pour une lentille divergente, on distingue aussi trois cas représentés sur la figure (I.4.10) :
- Si l’objet est réel, situé entre l’infini et le centre optique (-∞< <0 ), l’image est virtuelle
(Fig.I.4.10a).
- Si l’objet est virtuel, situé entre le centre optique et le foyer objet (0< < ), l’image est réelle
(Fig.I.4.10b).
- Si l’objet est virtuel, entre le foyer objet et l’infini ( ), l’image est virtuelle (Fig.I.4.10c).
I-4-4-2- Construction d’un rayon transmis

Pour construire le rayon transmis d’un

rayon incident quelconque (B∞I) sur une
lentille, on peut utiliser l’une des deux
méthodes suivantes (Fig.I.4.11) : S

Fig.I.4.11 : Construction d’un rayon transmis par une lentille convergente.

1- On trace le rayon parallèle à (B∞I) et passant par S. Il coupe le plan focal image en un foyer
secondaire Fs'. Le rayon émergent correspond à la droite (I Fs').
2- On trace le rayon parallèle à (B∞I) et passant par F. Il émerge de la lentille parallèlement à l’axe
optique et passe par Fs' dans le plan focal image. Comme au 1, le rayon émergent correspond à la
droite (I Fs').

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S
a) objet réel - image réelle

b) objet réel - image virtuelle

S

c) objet virtuel -image réelle

S

Fig.I.4.9 : Construction d’images pour une lentille convergente.

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a) objet réel - image virtuelle

S

b) objet virtuel - image réelle

S

c) objet virtuel - image virtuelle

S

Fig.I.4.10 : Construction d’images pour une lentille divergente.

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Exemple :

Soit une lentille de vergence V=100δ. Un objet Ab de taille 2cm est à 5cm de cette lentille.

1- quelle est la position, la nature et la taille de l’image. , =-5mm

2- calculer le grandissement de cette lentille. Conclure. γ=-0.25 (image réduite et renversée).

I-4-5- Association de lentilles minces

I-4-5-1- Lentilles non-accolées
Soient deux lentilles minces L1 et L2 de distances focales images respectives f1' et f2', placées dans l’air de façon
que leurs axes optiques coïncident. On introduit et l’intervalle optique de l’association
(Fig.I.4.12 ).
On se propose de déterminer la position des foyers objet et image, notés respectivement F et F', de cette
association.

S2
S1

Fig.I.4.12 : Association de deux lentilles minces L1 et L2.

- Foyer objet
Par définition, le foyer objet du système optique (S) composé des lentilles L1 et L2 est le point F de l’axe
optique tel que tout rayon incident sur (S) et passant par F émerge de (S) parallèlement à l’axe optique.
Autrement dit, tout rayon incident sur L1 et passant par F émerge de L2 parallèle à l’axe optiqe. Ceci implique
que le rayon incident sur L2 passe par F2 et donc que F2 est l’image de F par la première lentille. Ce que l’on
peut résumer de la manière suivante :

La relation de conjugaison de Newton appliquée à L1 donne :

La position du foyer objet de l’ensemble par rapport au foyer objet de L1 est donc donnée par:

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- Foyer image
Par définition, le foyer image de (S) est le point F' de l’axe optique tel que tout rayon incident sur (S) parallèle à
l’axe optique émerge de (S) en passant par F'. Ceci implique que le rayon incident sur (S) émerge de L1 en
passant par F1' et donc que F1' a pour image F' par la deuxième lentille. Soit :

En appliquant maintenant la relation de conjugaison de Newton à L2, il vient :

La position du foyer image de l’ensemble par rapport au foyer image de L2 est donc donnée par :

=
- Distance focale et vergence
Par définition, les distances focales objet et image, notées respectivement f et f', de l’association des lentilles L1
et L2 sont données par :

et
et la vergence d’un système composé de deux lentilles est donnée par :

I-4-5-2- Lentilles accolées

Dans ce cas là, les centres optiques S1 et S2 sont confondus en un même point S :
S1 = S2 = S; e = 0 ; Donc :

Deux lentilles minces accolées équivalent à une lentille unique dont la vergence est la somme des
vergences de chacune des lentilles.
I-4-6- Défauts de lentilles - Aberrations
Les lentilles optiques ne forment pas des images parfaites : l’image d’un point n’est généralement pas un point,
mais une tache (un paquet de points). Ces défauts sont des aberrations ; il y a les aberrations chromatiques et les
aberrations géométriques. Ces aberrations n’existent pas pour les miroirs car la lumière n’est que réfléchie et ne
passe pas par des milieux différents.
I-4-6-1- Aberrations géométriques
Ces aberrations sont dues à l’écart des conditions de Gauss : à mesure que les rayons s’éloignent de l’axe
optique, le système optique devient astigmate et le foyer image disparaît. Un faisceau de rayons parallèles
venant d’un objet placé à l’infini ne donnera pas une image ponctuelle sur le plan focal image, mais une tache
(Fig.I.4.13).

Fig.I.4.13 : Aberration géométrique.

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I-4-6-2- Aberration chromatique

Dans les matériaux usuels, tel que le verre, l’indice de réfraction vu par un rayon lumineux dépend de sa
longueur d’onde. La loi de variation de n en fonction de λ est connue sous le nom de "loi de Cauchy" (cf.§ I-3-
3-5):

où A et B sont des constantes dépendant du matériaux.

On constate que, si un rayon polychromatique est réfracté par une lentille, les différentes longueurs d’ondes ne
suivront pas le même trajet : à chaque longueur d’onde correspondra un foyer et un plan focal image différent.

Sachant que la focale algébrique d’une lentille mince est donnée par :

Avec R1 et R2 les rayons de courbure des faces d’entrée et de sortie ; on voit apparaître des aberrations.

La variation de la distance focale en fonction de n et donnée par :

Par conséquence, pour chaque couleur (longueur d’onde λ) la lentille possède une distance focale légerement
différente et au lieu d’un point, nous verrons une tâche colorée sur un écran (Fig.I.4.14).

Fig.I.4.14 : Aberration
chromatique.

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