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PRINCIPES DU MICROSCOPE
Le microscope est un instrument d’optique conçu pour observer des objets de très faible
taille. Son invention remonte à 1590. Elle est attribuée, selon les auteurs, à Jansen,
Drebbel ou van Leeuwenhoeck.
Les deux parties essentielles d'un microscope sont l’objectif et l’oculaire. Elles sont
montées aux extrémités d’un tube. L’objet à étudier se place devant l’objectif et
l'utilisateur observe une image agrandie de l'objet en plaçant son oeil derrière l'oculaire.
Un dispositif de réglage mécanique de haute précision permet de faire varier la distance
entre l'objet et l'objectif. Une source de lumière éclaire l'objet.
Des raffinements modernes ont pour objets de corriger les aberrations optiques de
l'appareil, de pouvoir remplacer l'oeil par un appareil photographique ou une camera, de
fournir des lumières d'éclairages aux propriétés particulères (polarisation,
monochromatique etc.) ou encore d'utiliser des propriétés ondulatoires de la lumière
(miscroscope à contraste de phase, microscope interferentiel).
En remplaçant les faisceau de lumière par des faisceaux d'électrons et les lentilles
optiques par des lentilles magnétiques, on obtient le microscope électronique dont le
pouvoir de résolution est de quelques angströms. Dans le microscope acoustique les
ondes lumineuses sont remplacées par des ondes acoustiques (de l'ordre de 1 GHz de
fréquence pour un pouvoir de résolution de l'ordre du micromètre). Ce dernier type de
microscope est très utile pour obtenir des images d'objets opaques aux rayons lumineux.
En 1986, le prix Nobel a été decerné à Binning et Rohrer, chercheurs chez IBM à Zürich.
Ce prix recompensait la dernière percée dans le domaine de la microscopie. Ces deux
chercheurs avaient inventés le microscope à effet tunnel. À partir de ces travaux, un
nouveau genre de microscopie, la microscopie à champ proche, a connu (et connait
encore) un essor fulgurant. L'idée essentielle est ici de balayer l'echantillon à l'aide d'un
senseur de courant, de force atomique ou de lumière réflechie qui est placé à quelques
angströms de la surface. Le pouvoir de résolution du microscope atteint alors le dixième
d'angström.
1 THEORIE
Les propriétés des lentilles sont dues à la forme des surfaces séparant de l'extérieur le
milieu transparent d'indice de réfraction n. Elles sont la conséquence des réfractions que
subissent les rayons lumineux lorsqu'ils traversent ces surfaces.
On appelle axe optique de la lentille la droite qui passe par les centres de courbure de
ses surfaces. On peut considérer que, dans une lentille mince, les points d'intersection de
l'axe avec les deux surfaces de la lentille sont confondus en un même point Co appelé
centre optique.
Un faisceau de rayons parallèles à l'axe optique qui traverse une lentille convergente est
transformé en un faisceau convergent. On appelle foyer le point de convergence d'un tel
faisceau. Le foyer est situé sur l'axe optique à une distance f, dite distance focale, du
centre optique. Toute lentille possède deux foyers symétriques par rapport au centre
optique. On convient d'appeler foyer objet, noté Fo, le foyer situé du côté de l'objet dont la
surface émet ou réfléchit des rayons lumineux; le second foyer est le foyer image Fi.
1
P= . (1)
f
La construction géométrique de l'image d'un objet produite par une lentille s'effectue à
l'aide des trois rayons principaux qui jouissent des propriétés suivantes (figures 1 et 2):
1 Tout rayon passant par le centre optique de la lentille n'est pas dévié.
2 Tout rayon tombant sur la lentille parallèlement à l'axe optique passe, après
réfraction dans la lentille, par le foyer image Fi .
3 Tout rayon passant par le foyer objet F0 ressort de la lentille parallèle à l'axe optique.
En combinant ces deux égalités, on obtient la relation suivante qui relie distance focale f,
distance objet-lentille x et distance image-lentille x':
1 1 1
= + (3)
f x x'
OPm 4
Figure 1: construction, à l'aide des trois rayons principaux, de l'image réelle BB' d'un
objet AA'. F 0, Fi et Co sont respectivement le foyer objet, le foyer image et le centre
Figure 2 : image virtuelle produite par une lentille convergente. Lorsque l'objet BB'
est situé à une distance y de la lentille inférieure à la distance focale f, les rayons
émis par un point B' de l'objet divergent après avoir traversé la lentille. L'image CC'
s'obtient par un prolongement fictif des rayons derrière la lentille. Sur la figure, sont
représentés les trois rayons principaux issus de B'.
1 1 1
= − . (5)
f y y'
1.3 L'oeil
L'oeil est un système optique complexe. Un rayon lumineux qui pénètre dans l’oeil
traverse successivement la cornée, l'humeur aqueuse, le cristallin et l'humeur vitreuse
pour, finalement, tomber sur la rétine. Tous ces milieux sont caractérisés par des indices
de réfractions différents. On peut cependant faire un modèle simple de l'oeil en le
considérant comme formé par une seule lentille projetant une image réelle sur un écran
(la rétine) situé à 17 millimètres du centre optique (figure 3). Les muscles entourant le
OPm 6
cristallin permettent d'en modifier la courbure ce qui fait de l'oeil un système optique à
distance focale variable.
Figure 3 : (a) Coupe à travers un oeil; avant d'atteindre la rétine, un rayon lumineux
doit successivement traverser la cornée, l'humeur aqueuse, le cristallin et l'humeur
vitreuse. Les chiffres donnés sur la figure correspondent aux indices de réfraction.
(b) Modèle simple de l'oeil: une lentille convergente projette l'image sur un écran (la
rétine) situé à 17 mm du centre optique de la lentille.
Un oeil normal permet une vision distincte entre une distance minimale a0 et l'infini. Par
convention, on choisit pour la distance minimale de vision nette ao = 25cm .
Chez les sujets jeunes, a0 peut être inférieur à 25 cm, alors que, chez des sujets âgés, a0
est généralement supérieur à cette valeur.
A l'aide des chiffres donnés ci-dessus et des relations (1) et (3), on vérifie sans peine que
la puissance P de l'oeil varie, selon la position de l'objet observé, entre les limites
suivantes:
Pour un oeil normal, la différence P∞ −P0 , appelée pouvoir d'accommodation, est égale à
4 dioptries.
à 26 secondes d'arc. Cela signifie que, pour un objet situé à la distance minimale de
vision nette, des détails de moins de 30 m ne peuvent être résolus. Mais en utilisant une
loupe ou un microscope on peut observer des détails de dimension inférieure.
Notons enfin que l'oeil humain n'est sensible qu'à une bande restreinte de longueurs
d'onde allant de 660 nm (rouge) à 410 nm (violet); la sensibilité maximale se situe aux
environs de 550 nm (jaune-vert).
1.4 Grossissement
Pour caractériser les tailles de l'image et de l'objet, on a introduit au §1.2 la notion de
grandissement. En microscopie, on parle cependant plus volontier du grossissement d'un
instrument optique; on le définit comme suit.
Soit l'angle sous-tendu par l'objet étudié lorsqu'il est placé à la distance minimale de
vision nette a ; soit ˜ l'angle sous-tendu par l'image de ce même objet lorsqu'il est
°
observé à travers une loupe ou un microscope (figure 4). On appelle grossissement (noté
Γ) le rapport
tg ˜
Γ = (7)
tg
BB ' CC '
tg = et tg ˜ = ;
a0 y' + d
CC ' a a0
Γ = ⋅ ' 0 = ⋅ (8)
BB y + d y +d
' '
a 0 y' + f
Γ = ⋅ .
f y' + d
On remarque que le grossissement Γ est d'autant plus important que le terme (y'+d) est
petit. Compte tenu du pouvoir d'accommodation de l'oeil, le grossissement maximal est
obtenu lorsque y' = a et d = 0 : l'oeil est "collé" à la loupe et l'image virtuelle est à la
°
distance minimale de vision nette du centre optique de la lentille. Dans cette situation, le
grossissement vaut
a0
Γ = 1+ (9)
f
OPm 9
Remarque: lorsque la distance (y' + d) de l'image virtuelle à l'oeil vaut a , les notions de
°
grossissement et de grandissement coïncident; on s'en convainc aisément à l'aide de la
relation (8). L'équation (9) est précisément obtenue dans cette situation.
La formule (9) montre que le grossissement d'une loupe est d'autant plus important que
sa distance focale f est faible. Les lentilles de faible distance focale f ont une forte
courbure.
1.5 Le microscope
Pour obtenir des grossissements supérieurs à 30, on utilise des systèmes optiques
formés de plusieurs lentilles. Ainsi, un microscope se compose au minimum de deux
lentilles jouant respectivement le rôle d'objectif et d'oculaire.
L'objet AA' à étudier (figure 5) se place devant l'objectif, à une distance supérieure à la
distance focale fobj de l'objectif. On obtient ainsi une image réelle intermédiaire BB'. Cette
image est observée à l'aide de l'oculaire qui travaille comme une loupe, produisant une
image virtuelle CC' agrandie de l'image réelle BB'. Pour que l'oculaire joue le rôle d'une
loupe, il faut que la distance y de l'image réelle BB' au centre optique de l'oculaire soit
inférieure à foc , la distance focale de l'oculaire.
OPm 10
a0 (fig. 4a) et soit ˜ l'ouverture angulaire de l'image virtuelle CC' de ce même objet
observé à travers un microscope (fig. 5). Par définition, on a
AA ' CC '
tg = et tg ˜ = .
a0 a0
CC '
Γmic = .
AA '
CC ' BB'
Γmic = = Γoc obj ,
BB ' AA '
où obj est le grandissement de l'objectif, donné par (4), et Γoc est le grossissement de
l'oculaire, déterminé par (6); en introduisant les relations mentionnées dans l'expression
précédente, on trouve
OPm 11
a0 x − fobj
'
Γmic
= 1+ ⋅ . (10)
foc fobj
Dans la pratique, l'image réelle BB' se forme à proximité immédiate du foyer de l'oculaire
(ceci garantit un fort grossissement). On peut donc écrire y ~ foc (i.e., la distance de
l'image réelle BB' à l'oculaire est environs égale à la distance focale de l'oculaire). Si l'on
définit la longueur de tube t du microscope comme étant la distance entre les foyers de
l'objectif et de l'oculaire, on a la relation (fig. 5):
Comme y ~ foc , il ne reste que x' = fobj + t. Le grossissement du microscope donné par
(10) devient simplement
t a
Γmic = ⋅ 1+ 0 . (11)
fobj foc
Figure 6: (a) Une source lumineuse monochromatique éclaire un écran à travers une
paroi percée d'un trou circulaire; sur l'écran, on observe une figure de diffraction de
Fraunhofer. (b) Figure de diffraction de Fraunhofer, constituée d'un disque brillant
entouré d'anneaux successivement sombres et clairs; les rayons de ces anneaux
sont donnés par le tableau 1.
travail pratique. Mentionnons cependant que l'intensité lumineuse Ι dans une direction
faisant un angle θ avec la direction d'incidence (Fig. 6a) est donnée par
2
D sin
2J
1
Ι = Ι0 ;
Dsin
Ι0 est l'intensité au centre de la figure de diffraction (en θ = 0), D est le diamètre du trou et
diffraction au premier minimum est déterminée par sin = 1.22 D . Se basant sur ce fait,
le physicien Rayleigh a énoncé le critère suivant pour déterminer le pouvoir de résolution
d'un instrument optique:
En d'autres termes, les deux points A et A' peuvent être distingués pour autant que leur
distance angulaire α soit supérieure ou égale à la distance angulaire du maximum central
au premier minimum de la figure de diffraction d'une source ponctuelle.
OPm 14
L'angle α apparaissant dans (12) est généralement très petit, de sorte que l'on peut
d
≈ tg = (13)
x
D D
sin ≈ tg = ⇒ sin ≈ . (14)
2 2 2x x
En combinant les relations (12) à (14), on obtient pour la distance minimale d pouvant
être résolue au moyen d'une lentille de diamètre D:
d ≥ 1.22 . (15)
sin
Dans les microscopes performants, l'espace entre l'objet et l'objectif est rempli d'huile
dont l'indice de réfraction est supérieur à celui de l'air (objectif à immersion). Dans ces
conditions, l'ouverture numérique devient n·sinβ , n étant l'indice de réfraction de l'huile.
La limite de résolution d devient alors
d ≥ 1.22 .
nsin
Admettons que cette image virtuelle se forme à la distance minimale de vision nette ao =
25 cm de l'oeil de l'observateur. Il a été mentionné, au § 1.3, qu'un oeil normal ne pouvait,
à distance ao, percevoir de détails d'une taille inférieure à 30 µm. En introduisant d' > 30
30 [ m] n sin
Γmic ≤ Γmic =
max
.
1.22
Le pouvoir de résolution de l'oeil fixe donc une limite au grossissement d'un microscope:
des grossissements plus importants que Γmic
max
fourniront effectivement une image plus
grande, mais dont les détails apparaîtront flous en raison de la diffraction de Fraunhofer
par la lentille de l'objectif. Pour un bon microscope (avec nsin ≈ 1.6), le grossissement
2. Manipulation
Dans ce qui suit, on ne demandera pas d'effectuer des mesures avec une très grande
précision. En microscopie, on se contente, par exemple, de connaître le grossissement
avec une précision de l'ordre de 5 à 10 %. Il sera par contre indispensable d'aligner avec
soin les axes optiques des divers éléments afin d'obtenir une image avec un minimum de
distorsion.
Pour des raisons de simplicité, les lentilles de l'objectif et de l'oculaire ont la même
puissance. Dans un microscope réel, la puissance de l'objectif est très supérieure à celle
de l'oculaire.
Ajustez les distances x et x' de sorte que l'on obtienne, sur l'écran, une image réelle de
l'objet (le cadrillage) monté devant la lampe. Ajustez l'ouverture du diaphragme pour
avoir une image sans trop de distorsions mais suffisamment lumineuse pour permettre
des mesures.
Mesurez, pour au moins trois positions différentes, les grandeurs suivantes: x, x', taille de
l'objet, taille de l'image. Pour chaque jeu de mesures, calculez à l'aide de (3) la distance
focale f de la lentille. Déterminez ensuite le grandissement défini en (4) par deux
OPm 17
méthodes, d'une part en calculant le rapport de tailles de l'image et de l'objet, d'autre part
en effectuant le quotient x'/x.
Sans déplacer les éléments, retournez alors l'écran, puis ajoutez une seconde lentille
derrière l'écran de façon à pouvoir l'utiliser comme loupe (figure 9).
Vérifiez que l'image virtuelle de l'écran observé à travers la loupe est nette; au besoin
ajustez la distance y. Estimez le grossissement Γ de la loupe à l'aide de l'équation (9), en
prenant ao = 25 cm et pour f la valeur annoncée pour la lentille.
Enlevez l'écran de son support; après un réglage minime de la seconde lentille, vous
devriez apercevoir une image fortement agrandie de l'objet fixé devant la lampe. Le
montage fonctionne comme un microscope: la première lentille (la plus proche de l'objet)
joue le rôle de l'objectif et produit une image réelle de l'objet étudié; la seconde lentille,
l'oculaire, fournit une image virtuelle agrandie de l'image réelle précédente.
2.3 Grossissement
Réalisez le montage de la figure 10.
Un miroir semi-transparent incliné à 45° est monté devant l'oculaire. Une seconde lampe
L2 est placée à une distance de l'ordre de ao = 25 cm du miroir. Cette lampe L2 doit être
positionnée de sorte que l'image de l'objet fixé devant elle soit visible en même temps
que l'image de l'objet fixé devant la lampe L1 .
Arrangez-vous, en modifiant quelque peu la distance de L2 au miroir, pour que les deux
images se forment dans un même plan P, situé à environ 25 cm. de l'oculaire (fig. 11).
Cette condition est réalisée lorsqu'il n'y a plus de parallaxe entre les deux images, c'est-
à-dire qu'elles restent immobiles l'une par rapport à l'autre lorsqu'on déplace légèrement
l'oeil perpendiculairement à l'axe optique du microscope.
tg ˜ Ι Ι'
Γmic = = 1 '1 .
exp
(16)
tg Ι2Ι2
OPm 19
Figure 11: Les deux images Ι 1Ι1' et Ι 2 Ι '2 sont dans un même plan P. Leurs
ouvertures angulaires sont, respectivement, ˜ et .
(
t = d − fobj + foc )
où d est la distance entre les deux lentilles.
Reportez sur un graphique Γmic et Γmic en fonction de t. La loi linéaire (11) est-elle vérifiée
exp
Observez, avec le diaphragme largement ouvert les lignes les plus fines sur la
diapositive. Fermez progressivement le diaphragme, tout en maintenant votre attention
sur ces lignes.
2.5 Questions
La manipulation vous ayant familiarisé avec les principes du microscope, répondez
succinctement aux questions suivantes.
2) Les lentilles réeles ont une épaisseur non nulle ce qui implique qu'elles ne sont pas
des lentilles minces parfaites au sens de l'optique géométrique. Quelles conséquences
mineures et majeures cela a sur la conception d'un microscope moderne de haute qualité
?
centrale de la rétine où l'acuité visuelle est maximale), le diamètre d'un cône est
d'environ 1,5 µm.
5) Entre la diffraction de Fraunhofer par le pupille et la taille des cônes, qu'est-ce qui
limite le plus le pouvoir de résolution de l'oeil ?
3. Plan de travail
3.1 Etudiez les caractéristiques des lentilles utilisées pour produire une image réelle
(§ 2.1) ou virtuelle (§ 2.2).Etudiez la formation d'une image virtuelle par un
microscope (§ 2.2).
3.2 Vérifiez la relation linéaire existante entre le grossissement du microscope et la
longueur de tube (§ 2.3).
OPm 21
Bibliographie