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OPm 1

PRINCIPES DU MICROSCOPE

Compréhension du fonctionnement d’un microscope

Le microscope est un instrument d’optique conçu pour observer des objets de très faible
taille. Son invention remonte à 1590. Elle est attribuée, selon les auteurs, à Jansen,
Drebbel ou van Leeuwenhoeck.

Les deux parties essentielles d'un microscope sont l’objectif et l’oculaire. Elles sont
montées aux extrémités d’un tube. L’objet à étudier se place devant l’objectif et
l'utilisateur observe une image agrandie de l'objet en plaçant son oeil derrière l'oculaire.
Un dispositif de réglage mécanique de haute précision permet de faire varier la distance
entre l'objet et l'objectif. Une source de lumière éclaire l'objet.

Des raffinements modernes ont pour objets de corriger les aberrations optiques de
l'appareil, de pouvoir remplacer l'oeil par un appareil photographique ou une camera, de
fournir des lumières d'éclairages aux propriétés particulères (polarisation,
monochromatique etc.) ou encore d'utiliser des propriétés ondulatoires de la lumière
(miscroscope à contraste de phase, microscope interferentiel).

En remplaçant les faisceau de lumière par des faisceaux d'électrons et les lentilles
optiques par des lentilles magnétiques, on obtient le microscope électronique dont le
pouvoir de résolution est de quelques angströms. Dans le microscope acoustique les
ondes lumineuses sont remplacées par des ondes acoustiques (de l'ordre de 1 GHz de
fréquence pour un pouvoir de résolution de l'ordre du micromètre). Ce dernier type de
microscope est très utile pour obtenir des images d'objets opaques aux rayons lumineux.

En 1986, le prix Nobel a été decerné à Binning et Rohrer, chercheurs chez IBM à Zürich.
Ce prix recompensait la dernière percée dans le domaine de la microscopie. Ces deux
chercheurs avaient inventés le microscope à effet tunnel. À partir de ces travaux, un
nouveau genre de microscopie, la microscopie à champ proche, a connu (et connait
encore) un essor fulgurant. L'idée essentielle est ici de balayer l'echantillon à l'aide d'un
senseur de courant, de force atomique ou de lumière réflechie qui est placé à quelques
angströms de la surface. Le pouvoir de résolution du microscope atteint alors le dixième
d'angström.

La manipulation décrite ci-dessous expose les principes physiques nécessaires à la


compréhension du fonctionnement d’un microscope optique classique. Après une étude
des propriétés d’une lentille mince, on verra comment positionner convenablement deux
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telles lentilles pour obtenir un microscope. On déterminera expérimentalement le


grossissement ainsi que le pouvoir de résolution d’un microscope.

1 THEORIE

1.1 Lentilles convergentes minces


On appelle lentille un corps transparent limité par deux surfaces courbes ou une surface
courbe et une surface plane. Dans la plupart des cas, ces surfaces sont sphériques. La
lentille est mince si son épaisseur est petite devant les rayons de courbure de ses
surfaces.

Les propriétés des lentilles sont dues à la forme des surfaces séparant de l'extérieur le
milieu transparent d'indice de réfraction n. Elles sont la conséquence des réfractions que
subissent les rayons lumineux lorsqu'ils traversent ces surfaces.

On appelle axe optique de la lentille la droite qui passe par les centres de courbure de
ses surfaces. On peut considérer que, dans une lentille mince, les points d'intersection de
l'axe avec les deux surfaces de la lentille sont confondus en un même point Co appelé
centre optique.

Un faisceau de rayons parallèles à l'axe optique qui traverse une lentille convergente est
transformé en un faisceau convergent. On appelle foyer le point de convergence d'un tel
faisceau. Le foyer est situé sur l'axe optique à une distance f, dite distance focale, du
centre optique. Toute lentille possède deux foyers symétriques par rapport au centre
optique. On convient d'appeler foyer objet, noté Fo, le foyer situé du côté de l'objet dont la
surface émet ou réfléchit des rayons lumineux; le second foyer est le foyer image Fi.

On appelle puissance P (ou convergence , ou encore vergence ) d'une lentille l'inverse


de la distance focale f:

1
P= . (1)
f

L'unité de la puissance est la dioptrie dans le système international d'unités (1 dioptrie =


1 m-1).
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1.2 Images produites par une lentille convergente


Pour traiter simplement les lentilles minces, on se place dans l'approximation de Gauss:
on ne considère que les rayons lumineux proches de l'axe optique et peu inclinés par
rapport à lui(rayons paraxiaux). Un système optique ne satisfaisant pas à ces conditions
présente des aberrations (voir OLe).

La théorie de l'optique géométrique permet d'étudier la formation d'images par une


lentille convergente. Cette théorie néglige l'aspect ondulatoire de la lumière.

La construction géométrique de l'image d'un objet produite par une lentille s'effectue à
l'aide des trois rayons principaux qui jouissent des propriétés suivantes (figures 1 et 2):

1 Tout rayon passant par le centre optique de la lentille n'est pas dévié.
2 Tout rayon tombant sur la lentille parallèlement à l'axe optique passe, après
réfraction dans la lentille, par le foyer image Fi .
3 Tout rayon passant par le foyer objet F0 ressort de la lentille parallèle à l'axe optique.

1.2.1 Image réelle


Lorsque l'objet étudié et la lentille convergente sont placés de sorte que la distance x de
la lentille à l'objet est supérieure à la distance focale f, on observe la formation d'une
image réelle de l'objet (figure 1). L'image est dite réelle parce qu'il est possible de la
visualiser en plaçant, derrière la lentille, un écran à une distance x' convenablement
choisie.

La figure 1 illustre la construction géométrique de l'image à l'aide des trois rayons


principaux. En remarquant que, sur cette figure, les triangles ∆(AA'Co) et ∆(BB'Co) sont
semblables, tout comme le sont également ∆(CoDFi ) et ∆(BB'Fi ), on peut écrire:

AA ' BB' C0D BB'


= ' et = ' (2)
x x f x −f

En combinant ces deux égalités, on obtient la relation suivante qui relie distance focale f,
distance objet-lentille x et distance image-lentille x':

1 1 1
= + (3)
f x x'
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On définit le grandissement β comme étant le rapport de la taille de l'image (BB' ) à celle

de l'objet (AA' ); à l'aide de (2) on obtient les expressions suivantes pour le


grandissement:

BB' x' x' − f


= = = (4)
AA' x f

Figure 1: construction, à l'aide des trois rayons principaux, de l'image réelle BB' d'un
objet AA'. F 0, Fi et Co sont respectivement le foyer objet, le foyer image et le centre

optique de la lentille convergente. Les trois rayons principaux issus de A'


convergent en B'.

1.2.2 Image virtuelle: la loupe


Lorsque l'objet étudié se trouve à une distance y de la lentille inférieure à la distance
focale f, on obtient une image virtuelle de l'objet (figure 2). L'image est dite virtuelle parce
qu'elle ne peut pas être directement visualisée sur un écran. Pour observer cette image, il
faut disposer d'un dispositif optique supplémentaire derrière la lentille (par exemple une
deuxième lentille convergente ou l'oeil de l'expérimentateur).
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Figure 2 : image virtuelle produite par une lentille convergente. Lorsque l'objet BB'
est situé à une distance y de la lentille inférieure à la distance focale f, les rayons
émis par un point B' de l'objet divergent après avoir traversé la lentille. L'image CC'
s'obtient par un prolongement fictif des rayons derrière la lentille. Sur la figure, sont
représentés les trois rayons principaux issus de B'.

En observant la figure 2, on remarque que les triangles ∆(BB'Co) et ∆(CC'Co) sont


semblables; il en va de même pour ∆(CC'Fi ) et ∆(CoDFi ). On en déduit les deux égalités
suivantes:

BB' CC ' CC ' BB'


= et = .
y y f + y' f

En combinant ces deux relations, on obtient l'équation suivante:

1 1 1
= − . (5)
f y y'

Le grandissement β, définit au §1.2.1, s'écrit ici

CC' y' y' + f


= = = (6)
BB' y f

1.3 L'oeil
L'oeil est un système optique complexe. Un rayon lumineux qui pénètre dans l’oeil
traverse successivement la cornée, l'humeur aqueuse, le cristallin et l'humeur vitreuse
pour, finalement, tomber sur la rétine. Tous ces milieux sont caractérisés par des indices
de réfractions différents. On peut cependant faire un modèle simple de l'oeil en le
considérant comme formé par une seule lentille projetant une image réelle sur un écran
(la rétine) situé à 17 millimètres du centre optique (figure 3). Les muscles entourant le
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cristallin permettent d'en modifier la courbure ce qui fait de l'oeil un système optique à
distance focale variable.

Figure 3 : (a) Coupe à travers un oeil; avant d'atteindre la rétine, un rayon lumineux
doit successivement traverser la cornée, l'humeur aqueuse, le cristallin et l'humeur
vitreuse. Les chiffres donnés sur la figure correspondent aux indices de réfraction.
(b) Modèle simple de l'oeil: une lentille convergente projette l'image sur un écran (la
rétine) situé à 17 mm du centre optique de la lentille.

Un oeil normal permet une vision distincte entre une distance minimale a0 et l'infini. Par
convention, on choisit pour la distance minimale de vision nette ao = 25cm .

Chez les sujets jeunes, a0 peut être inférieur à 25 cm, alors que, chez des sujets âgés, a0
est généralement supérieur à cette valeur.

A l'aide des chiffres donnés ci-dessus et des relations (1) et (3), on vérifie sans peine que
la puissance P de l'oeil varie, selon la position de l'objet observé, entre les limites
suivantes:

objet situé à l'infini : P∞ = 68.82 dioptries ,

objet situé à 25 cm : P0 = 58.82 dioptries .

Pour un oeil normal, la différence P∞ −P0 , appelée pouvoir d'accommodation, est égale à
4 dioptries.

L'ouverture angulaire sous laquelle un objet apparaît à l'oeil constitue l'angle de


vision. Cet angle détermine la taille de l'image sur la rétine (figure 4a).

L'angle de vision est limité inférieurement par le phénomène de la diffraction de la


lumière sur les bords de la pupille (voir ci-dessous §1.6). Une personne ayant une vision
normale ne peut distinguer des détails d'un objet dont la distance angulaire est inférieure
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à 26 secondes d'arc. Cela signifie que, pour un objet situé à la distance minimale de
vision nette, des détails de moins de 30 m ne peuvent être résolus. Mais en utilisant une
loupe ou un microscope on peut observer des détails de dimension inférieure.

Notons enfin que l'oeil humain n'est sensible qu'à une bande restreinte de longueurs
d'onde allant de 660 nm (rouge) à 410 nm (violet); la sensibilité maximale se situe aux
environs de 550 nm (jaune-vert).

1.4 Grossissement
Pour caractériser les tailles de l'image et de l'objet, on a introduit au §1.2 la notion de
grandissement. En microscopie, on parle cependant plus volontier du grossissement d'un
instrument optique; on le définit comme suit.

Soit l'angle sous-tendu par l'objet étudié lorsqu'il est placé à la distance minimale de
vision nette a ; soit ˜ l'angle sous-tendu par l'image de ce même objet lorsqu'il est
°
observé à travers une loupe ou un microscope (figure 4). On appelle grossissement (noté
Γ) le rapport

tg ˜
Γ = (7)
tg

Il est à remarquer que l'angle de vision sans instrument se rapporte à la distance


minimale de vision nette .
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Figure 4 : (a) Ouverture angulaire sous laquelle un objet placé à la distance


minimale de vision nette a0 = 25cm . est perçu. (b) Ouverture angulaire ˜ sous
laquelle ce même objet est perçu en présence d'un instrument optique (ici, une
loupe); d est la distance du centre optique de l'oeil au centre optique de l'instrument
utilisé.

A l'aide de la figure 4, on vérifie sans difficulté que

BB ' CC '
tg = et tg ˜ = ;
a0 y' + d

le grossissement Γ est ainsi donné par

CC ' a a0
Γ = ⋅ ' 0 = ⋅ (8)
BB y + d y +d
' '

où β est le grandissement. À l'aide de la relation (6), on obtient

a 0 y' + f
Γ = ⋅ .
f y' + d

On remarque que le grossissement Γ est d'autant plus important que le terme (y'+d) est
petit. Compte tenu du pouvoir d'accommodation de l'oeil, le grossissement maximal est
obtenu lorsque y' = a et d = 0 : l'oeil est "collé" à la loupe et l'image virtuelle est à la
°
distance minimale de vision nette du centre optique de la lentille. Dans cette situation, le
grossissement vaut

a0
Γ = 1+ (9)
f
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Remarque: lorsque la distance (y' + d) de l'image virtuelle à l'oeil vaut a , les notions de
°
grossissement et de grandissement coïncident; on s'en convainc aisément à l'aide de la
relation (8). L'équation (9) est précisément obtenue dans cette situation.

La formule (9) montre que le grossissement d'une loupe est d'autant plus important que
sa distance focale f est faible. Les lentilles de faible distance focale f ont une forte
courbure.

En pratique, pour une lentille, si on augmente la courbure des faces en gardant le


diamètre de la lentille constant alors l'épaisseur augmente. Les lentilles épaisses sont
volumineuses. De plus, à une plus grande épaisseur correspond une plus forte
atténuation de l'intensité des rayons lumineux. Enfin, une lentille épaisse déforme les
images (abération sphérique, voir Ole). Ces trois problèmes sont résolus en diminuant le
diamètre des lentilles pour des courbures de faces données. Mais, lorsque le diamètre de
la lentille devient inférieur au diamètre de la pupille de l'oeil (quelques millimètres), son
usage en tant que loupe devient problématique. Pour ces raisons, on n'utilise pas de
loupes dont le grossissement dépasse 30.

1.5 Le microscope
Pour obtenir des grossissements supérieurs à 30, on utilise des systèmes optiques
formés de plusieurs lentilles. Ainsi, un microscope se compose au minimum de deux
lentilles jouant respectivement le rôle d'objectif et d'oculaire.

L'objet AA' à étudier (figure 5) se place devant l'objectif, à une distance supérieure à la
distance focale fobj de l'objectif. On obtient ainsi une image réelle intermédiaire BB'. Cette
image est observée à l'aide de l'oculaire qui travaille comme une loupe, produisant une
image virtuelle CC' agrandie de l'image réelle BB'. Pour que l'oculaire joue le rôle d'une
loupe, il faut que la distance y de l'image réelle BB' au centre optique de l'oculaire soit
inférieure à foc , la distance focale de l'oculaire.
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Figure 5: principe de la formation d'une image par un microscope. L'image est


commentée dans le texte. Les trois rayons issus de A' sont les rayons principaux
utilisés pour construire l'image réelle BB' produite par l'objectif. Les trois rayons
issus de B' et aboutissant dans l'oeil sont tracés afin de suggérer la formation de
l'image sur la rétine; ces trois rayons n'ont, en principe, rien à voir avec les trois
rayons principaux tracés à partir de A'.

Le grossissement Γmic d'un microscope se détermine aisément. Soit , l'ouverture


angulaire de l'objet observé à la distance minimale de vision nette

a0 (fig. 4a) et soit ˜ l'ouverture angulaire de l'image virtuelle CC' de ce même objet
observé à travers un microscope (fig. 5). Par définition, on a

AA ' CC '
tg = et tg ˜ = .
a0 a0

En introduisant ces expressions dans (7), on trouve pour Γmic :

CC '
Γmic = .
AA '

En remaniant quelque peu cette relation, il vient

CC ' BB'
Γmic = = Γoc obj ,
BB ' AA '

où obj est le grandissement de l'objectif, donné par (4), et Γoc est le grossissement de

l'oculaire, déterminé par (6); en introduisant les relations mentionnées dans l'expression
précédente, on trouve
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 a0  x − fobj
'

Γmic 
= 1+ ⋅ . (10)
 foc  fobj

Dans la pratique, l'image réelle BB' se forme à proximité immédiate du foyer de l'oculaire
(ceci garantit un fort grossissement). On peut donc écrire y ~ foc (i.e., la distance de
l'image réelle BB' à l'oculaire est environs égale à la distance focale de l'oculaire). Si l'on
définit la longueur de tube t du microscope comme étant la distance entre les foyers de
l'objectif et de l'oculaire, on a la relation (fig. 5):

x ' + y = fobj + t + foc .

Comme y ~ foc , il ne reste que x' = fobj + t. Le grossissement du microscope donné par
(10) devient simplement

t  a 
Γmic = ⋅ 1+ 0  . (11)
fobj  foc 

Le grossissement d'un microscope est donc proportionnel à sa longueur de tube t.

D'après la relation (11), il devrait être possible d'obtenir des grossissements


arbitrairement élevés en choisissant d'une part t grand et, d'autre part, en optant pour des
lentilles avec distance focale ( fobj et foc ) suffisamment petite. Ceci n'est malheureusement
pas le cas. Aux forts grossissements, l'aspect ondulatoire de la lumière - négligé jusqu'ici
- joue un rôle prépondérant et vient limiter le pouvoir de résolution du microscope.

1.6 Pouvoir de résolution d'un microscope


La nature ondulatoire de la lumière entraîne des limitations sérieuses au pouvoir de
résolution des instruments optiques; ceci vient du fait qu'une onde traversant une
ouverture est diffractée par les bords de celle-ci (voir ODi).

1.6.1 Diffraction par un trou circulaire


Considérons l'arrangement de la figure 6a. Une source ponctuelle de lumière
monochromatique est placée à une distance x d'une paroi percée d'une ouverture
circulaire de diamètre D. Sur un écran placé derrière l'ouverture, on observe
expérimentalement une figure de diffraction, dite figure de Fraunhofer, consistant en un
disque brillant entouré d'anneaux alternativement sombres et lumineux (figure 6b).
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Figure 6: (a) Une source lumineuse monochromatique éclaire un écran à travers une
paroi percée d'un trou circulaire; sur l'écran, on observe une figure de diffraction de
Fraunhofer. (b) Figure de diffraction de Fraunhofer, constituée d'un disque brillant
entouré d'anneaux successivement sombres et clairs; les rayons de ces anneaux
sont donnés par le tableau 1.

Le calcul des intensités lumineuses Ι de la figure de diffraction dépasse le cadre de ce

travail pratique. Mentionnons cependant que l'intensité lumineuse Ι dans une direction

faisant un angle θ avec la direction d'incidence (Fig. 6a) est donnée par

2
  D sin  
2J
 1 
Ι = Ι0 ;
 Dsin 
 

Ι0 est l'intensité au centre de la figure de diffraction (en θ = 0), D est le diamètre du trou et

λ correspond à la longueur d'onde de la lumière incidente. Enfin, J1( x) , est la fonction de

Bessel du premier ordre.

Les anneaux brillants de la figure de diffraction correspondent à des maxima d'intensité


lumineuse, les anneaux sombres à des minima. Le tableau ci-dessous donne les valeurs
de D sin θ/λ pour lesquelles ces extrema de l'intensité lumineuse sont atteints.
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Max 1 er 2 è Max 2 è 3 è Max 3 è 4 è Max 4è


central min min min min

Dsin 0 1.22 1.64 2.23 2.69 3.24 3.72 4.24

Ι Ι0 1 0 0.017 0 0.004 0 0.0016 0

Tableau 1: Intensité relative Ι/Ιo en fonction de D sin θ/λ.

1.6.2 Pouvoir de résolution: critères de Rayleigh

D'après le tableau 1, la distance angulaire θ du maximum central de la figure de

diffraction au premier minimum est déterminée par sin = 1.22 D . Se basant sur ce fait,
le physicien Rayleigh a énoncé le critère suivant pour déterminer le pouvoir de résolution
d'un instrument optique:

Deux sources ponctuelles A et A' distantes de d, éclairées par une lumière


monochromatique de longueur d'onde λ et observées à l'aide d'une lentille de
diamètre D peuvent être distinguées l'une de l'autre à condition que les
maxima des figures de diffraction de A et A' produites par la lentille soient
séparés par une distance angulaire α vérifiant (figure 7):

sin ≥ 1.22 . (12)


D

En d'autres termes, les deux points A et A' peuvent être distingués pour autant que leur
distance angulaire α soit supérieure ou égale à la distance angulaire du maximum central
au premier minimum de la figure de diffraction d'une source ponctuelle.
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Figure 7: Superposition, sur l'écran, des figures de diffraction de Fraunhofer des


points A et A' observés à travers une lentille de diamètre D. L'ouverture angulaire α
entre A et A' est mesurée à partir du centre optique de la lentille. L'angle β
correspond à l'ouverture angulaire sous laquelle la lentille est perçue depuis le point
A situé sur l'axe optique.

L'angle α apparaissant dans (12) est généralement très petit, de sorte que l'on peut

utiliser l'approximation ~ sin ~ tg . A l'aide de la figure 7, on vérifie que est donné


par

d
≈ tg = (13)
x

où d est la distance des deux points A et A', et x correspond à la distance de A à la lentille.


Enfin, l'ouverture angulaire β sous laquelle est perçue la lentille A (fig. 7) s'écrit (note: β
est petit):

D D
sin ≈ tg = ⇒ sin ≈ . (14)
2 2 2x x

En combinant les relations (12) à (14), on obtient pour la distance minimale d pouvant
être résolue au moyen d'une lentille de diamètre D:

d ≥ 1.22 . (15)
sin

La grandeur sin est l'ouverture numérique de la lentille; c'est une caractéristique


géométrique de l'instrument utilisé. Pour un microscope tel que celui présenté par la
figure 5, c'est essentiellement la diffraction par l'objectif qui limite le pouvoir de résolution;
ce dernier sera donc déterminé par l'ouverture numérique de la lentille formant l'objectif.
OPm 15

Dans les microscopes performants, l'espace entre l'objet et l'objectif est rempli d'huile
dont l'indice de réfraction est supérieur à celui de l'air (objectif à immersion). Dans ces
conditions, l'ouverture numérique devient n·sinβ , n étant l'indice de réfraction de l'huile.
La limite de résolution d devient alors

d ≥ 1.22 .
nsin

Pour un microscope moderne, n sin peut valoir jusqu'à 1.6.

1.6.3 Grossissement maximal utile.


L'existence d'une limite de résolution pour l'oeil fixe une valeur supérieure au
grossissement d'un instrument optique. Observons un objet à l'aide d'un microscope;
d'après ce qui précède, des détails d'une taille d >1,22 λ / (n·sinβ) peuvent être
distingués; leur taille d' dans l'image virtuelle fournie par l'instrument est

d' = Γmic d ≥ Γmic 1.22 .


n sin

Admettons que cette image virtuelle se forme à la distance minimale de vision nette ao =
25 cm de l'oeil de l'observateur. Il a été mentionné, au § 1.3, qu'un oeil normal ne pouvait,
à distance ao, percevoir de détails d'une taille inférieure à 30 µm. En introduisant d' > 30

µm dans la relation ci-dessus, on obtient une valeur maximale pour le grossissement,


appelée grossissement maximal utile:

30 [ m] n sin
Γmic ≤ Γmic =
max
.
1.22

Le pouvoir de résolution de l'oeil fixe donc une limite au grossissement d'un microscope:
des grossissements plus importants que Γmic
max
fourniront effectivement une image plus
grande, mais dont les détails apparaîtront flous en raison de la diffraction de Fraunhofer
par la lentille de l'objectif. Pour un bon microscope (avec nsin ≈ 1.6), le grossissement

maximal utile (calculé à λ= 550 nm) est de l'ordre de 750.


OPm 16

2. Manipulation
Dans ce qui suit, on ne demandera pas d'effectuer des mesures avec une très grande
précision. En microscopie, on se contente, par exemple, de connaître le grossissement
avec une précision de l'ordre de 5 à 10 %. Il sera par contre indispensable d'aligner avec
soin les axes optiques des divers éléments afin d'obtenir une image avec un minimum de
distorsion.

Pour des raisons de simplicité, les lentilles de l'objectif et de l'oculaire ont la même
puissance. Dans un microscope réel, la puissance de l'objectif est très supérieure à celle
de l'oculaire.

2.1 Distance focale d'une lentille


Effectuez le montage de la figure 8 en prenant soin de bien aligner les axes optiques des
divers éléments.

Figure 8: Montage pour déterminer la distance focale de la lentille; l'objet (un


cadrillage millimétrique) est éclairé par une lampe et projette une image réelle sur
l'écran.

Ajustez les distances x et x' de sorte que l'on obtienne, sur l'écran, une image réelle de
l'objet (le cadrillage) monté devant la lampe. Ajustez l'ouverture du diaphragme pour
avoir une image sans trop de distorsions mais suffisamment lumineuse pour permettre
des mesures.

Mesurez, pour au moins trois positions différentes, les grandeurs suivantes: x, x', taille de
l'objet, taille de l'image. Pour chaque jeu de mesures, calculez à l'aide de (3) la distance
focale f de la lentille. Déterminez ensuite le grandissement défini en (4) par deux
OPm 17

méthodes, d'une part en calculant le rapport de tailles de l'image et de l'objet, d'autre part
en effectuant le quotient x'/x.

Commentez vos résultats.

Calculez la valeur moyenne de la distance focale à partir de vos résultats et comparez


avec la valeur annoncée pour la lentille.

2.2 Loupe et microscope


Ajustez, sur le banc, les distances x et x' pour obtenir une image réelle nette sur l'écran.
Déterminez le grandissement avec la méthode qui vous paraît la plus appropriée.

Sans déplacer les éléments, retournez alors l'écran, puis ajoutez une seconde lentille
derrière l'écran de façon à pouvoir l'utiliser comme loupe (figure 9).

Figure 9: Montage avec une lentille additionnelle utilisée comme loupe.

Vérifiez que l'image virtuelle de l'écran observé à travers la loupe est nette; au besoin
ajustez la distance y. Estimez le grossissement Γ de la loupe à l'aide de l'équation (9), en
prenant ao = 25 cm et pour f la valeur annoncée pour la lentille.
Enlevez l'écran de son support; après un réglage minime de la seconde lentille, vous
devriez apercevoir une image fortement agrandie de l'objet fixé devant la lampe. Le
montage fonctionne comme un microscope: la première lentille (la plus proche de l'objet)
joue le rôle de l'objectif et produit une image réelle de l'objet étudié; la seconde lentille,
l'oculaire, fournit une image virtuelle agrandie de l'image réelle précédente.

A l'aide de vos mesures, estimez le grossissement Γmic = Γ de votre microscope.


exp
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2.3 Grossissement
Réalisez le montage de la figure 10.

Figure 10: Montage expéri-mental pour déterminer le grossissement. A l'aide d'un


miroir semi-transparent, on superpose les images de deux objets.

Un miroir semi-transparent incliné à 45° est monté devant l'oculaire. Une seconde lampe
L2 est placée à une distance de l'ordre de ao = 25 cm du miroir. Cette lampe L2 doit être
positionnée de sorte que l'image de l'objet fixé devant elle soit visible en même temps
que l'image de l'objet fixé devant la lampe L1 .

Arrangez-vous, en modifiant quelque peu la distance de L2 au miroir, pour que les deux
images se forment dans un même plan P, situé à environ 25 cm. de l'oculaire (fig. 11).
Cette condition est réalisée lorsqu'il n'y a plus de parallaxe entre les deux images, c'est-
à-dire qu'elles restent immobiles l'une par rapport à l'autre lorsqu'on déplace légèrement
l'oeil perpendiculairement à l'axe optique du microscope.

Dans cette situation, on obtient expérimentalement le grossissement Γmic


exp
du microscope
en effectuant le rapport des tailles des deux images (fig. 11):

tg ˜ Ι Ι'
Γmic = = 1 '1 .
exp
(16)
tg Ι2Ι2
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Figure 11: Les deux images Ι 1Ι1' et Ι 2 Ι '2 sont dans un même plan P. Leurs
ouvertures angulaires sont, respectivement, ˜ et .

Effectuez, pour au moins six longueurs de tube t différentes des mesures du


grossissement du microscope selon la relation (16). Comparez ce résultat expérimental
au grossissement théorique Γmic donné par la formule (11).

Rappel: la longueur de tube t est donnée par

(
t = d − fobj + foc )
où d est la distance entre les deux lentilles.

Reportez sur un graphique Γmic et Γmic en fonction de t. La loi linéaire (11) est-elle vérifiée
exp

? Les résultats expérimentaux correspondent-ils, aux incertitudes près, aux prévisions


théoriques ?

2.4 Pouvoir de résolution


Réalisez le montage de la figure 9, sans l'écran intermédiaire. Utilisez comme objet la
diapositive représentant des fentes verticales. Fixez t pour avoir un grossissement
important.

Observez, avec le diaphragme largement ouvert les lignes les plus fines sur la
diapositive. Fermez progressivement le diaphragme, tout en maintenant votre attention
sur ces lignes.

En effectuant deux ou trois fois cette expérience, déterminez le diamètre D du


diaphragme à partir duquel les lignes les plus fines ne sont plus distinguables
individuellement. Relevez également la distance d entre les lignes se confondant.
OPm 20

En vous aidant de la figure 7, calculez à partir des relations(14) et (15) le pouvoir de


résolution théorique de votre microscope; pour la longueur d'onde, on prendra λ = 550
nm correspondant à la sensibilité maximale de l'oeil. Comparez avec le résultat
expérimental et discutez.

Remarque: dans l'expérience et le calcul ci-dessus, le diamètre D correspond à


l'ouverture du diaphragme qui masque la lentille de l'objectif.

2.5 Questions
La manipulation vous ayant familiarisé avec les principes du microscope, répondez
succinctement aux questions suivantes.

1) Avez-vous compris la différence entre grandissement et grossissement ? Est-il


intéressant de connaître le grandissement d'un télescope ? Et son grossissement ?

2) Les lentilles réeles ont une épaisseur non nulle ce qui implique qu'elles ne sont pas
des lentilles minces parfaites au sens de l'optique géométrique. Quelles conséquences
mineures et majeures cela a sur la conception d'un microscope moderne de haute qualité
?

3) Certains microscopes bon marché annoncent un grossissement de 1000. Une telle


performance est-elle utile ? Pourquoi ?

4) Sans vous éborgner, estimez la taille de la pupille de l'oeil. Calculez le pouvoir de


résolution théorique de l'oeil (pour λ = 550 nm et ao = 25cm ). Dans la fovea (région

centrale de la rétine où l'acuité visuelle est maximale), le diamètre d'un cône est
d'environ 1,5 µm.

5) Entre la diffraction de Fraunhofer par le pupille et la taille des cônes, qu'est-ce qui
limite le plus le pouvoir de résolution de l'oeil ?

3. Plan de travail

3.1 Etudiez les caractéristiques des lentilles utilisées pour produire une image réelle
(§ 2.1) ou virtuelle (§ 2.2).Etudiez la formation d'une image virtuelle par un
microscope (§ 2.2).
3.2 Vérifiez la relation linéaire existante entre le grossissement du microscope et la
longueur de tube (§ 2.3).
OPm 21

3.3 Déterminez le pouvoir de résolution d'un microscope (§ 2.4).


3.4 Répondez aux questions du § 2.5.

Bibliographie

M. Alonzo et E.J. Finn, Physique Générale, tome II, Champs et ondes


M. Burgeat, Y. Grall et D. Loth, Physique et Biophysique, tome 3
A.C. Guyton, Textbook of Medical Physiology.

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