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Le Climat en 100 questions 1st Edition

Gilles Ramstein Sylvestre Huet


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Texto est une collection des éditions Tallandier

Cartographie : © Légendes cartographie/Éditions Tallandier 2020

© Éditions Tallandier, 2020 et 2022 pour la présente édition


48, rue du Faubourg-Montmartre – 75009 Paris
www.tallandier.com

EAN : 979-10-210-5308-3

Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo.


SOMMAIRE
Titre

Copyright

Introduction

PARTIE I - HISTOIRE ET MÉCANISMES DU CLIMAT

Généralités
1 - Climat et météorologie, quelles différences ?
2 - Comment a varié le climat dans l'espace et dans le temps ?
3 - Quels sont les principaux facteurs qui gouvernent l'évolution climatique
de la Terre ?
4 - À quoi sont dus les changements climatiques terrestres ?
5 - Comment le climat a-t-il varié depuis la formation de la Terre ?
6 - La dérive des continents influence-t-elle le climat terrestre ?
7 - Les changements climatiques sont-ils rapides ou lents ?
8 - Y a-t-il eu de graves accidents climatiques ?

Le système terre
9 - Comment l'énergie solaire et l'effet de serre pilotent-ils le climat ?
10 - Y a-t-il un ou des climats de la Terre ?
11 - Comment fonctionne la circulation atmosphérique ?
12 - Quel rôle joue l'océan dans le climat ?
13 - Comment les gaz à effet de serre influencent-ils le climat ?
14 - Quel rôle climatique joue la biosphère végétale ?
15 - L'invention de l'agriculture a-t-elle changé le climat ?
16 - Les calottes de glace sont-elles éternelles ?
17 - Existe-t-il d'autres « bombes à retardement climatiques » ?
18 - Comment se répartissent les déserts ?
19 - D'où viennent les moussons d'été ?
20 - Le volcanisme peut-il transformer le climat ?
21 - Comment reconstituer les climats passés ?

Reconstruction et modélisation des climats


22 - Que nous révèlent les forages marins des changements climatiques
passés ?
23 - Que nous disent de notre passé les bulles piégées dans les forages
glaciaires ?
24 - Qu'est-ce qu'un modèle de climat ?
25 - Pourquoi modéliser les climats du passé ?

Le climat et l'évolution de l'homme : des grands singes À Homo sapiens


26 - Pourquoi notre climat peut-il être qualifié de froid ?
27 - Dans quel climat ont évolué les ancêtres de l'homme ?
28 - Que sait-on du climat du dernier million d'années ?
29 - Dans quelles conditions climatiques Homo sapiens s'est-il dispersé
sur le globe ?
30 - Comment a varié le climat depuis deux mille ans ?
31 - Le « Greenland » a-t-il réellement été vert ?
32 - Comment a évolué la température planétaire depuis 1880 ?
33 - Comment glaces et neige réagissent-elles au réchauffement ?
34 - Pourquoi l'océan s'acidifie et pourquoi son niveau remonte ?
35 - La faune et la flore ont-elles déjà réagi au changement climatique ?
36 - Comment a-t-on compris l'impact de l'homme sur le CO2 atmosphérique ?

37 - Quel rôle la modélisation du climat a-t-elle joué dans la prise de conscience


du changement climatique ?
38 - Le « trou » de la couche d'ozone est-il lié au climat ?
39 - Quels sont les principaux résultats des simulations du climat d'ici 2100 ?
40 - Quelles sont les incertitudes des projections climatiques pour 2100 ?
41 - Jusqu'où les calottes de glace vont-elles faire monter les océans ?
42 - Des ruptures brutales peuvent-elles survenir dans le système Terre ?
43 - Sécheresse, canicules, inondations et tempêtes vont-elles s'intensifier avec
le changement climatique ?
44 - Le Gulf Stream risque-t-il de disparaître ?
45 - Comment a-t-on amélioré la fiabilité des modèles climatiques ?
46 - Comment peut-on passer de simulations globales à des projections
régionales ?
47 - L'impact de l'homme modifiera-t-il le climat sur des dizaines de milliers
d'années ?
48 - La transition climatique que nous connaissons a-t-elle des analogues dans
le passé ?
49 - La géo-ingénierie est-elle une solution ?
50 - Que reste-t-il des arguments du climatoscepticisme ?

PARTIE II - LE RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE ET SES EFFETS

La géopolitique du climat
51 - Qu'est-ce que la Convention Climat de l'ONU ?
52 - Quelles sont les forces et les faiblesses de la Convention sur le climat ?
53 - L'Accord de Paris, en 2015, résout-il le problème climatique ?
54 - Pourquoi l'objectif des 1,5 °C a-t-il été inscrit dans l'Accord de Paris ?
55 - Qu'appelle-t-on la justice climatique ?
56 - Serait-il plus pertinent de mesurer l'empreinte carbone de chaque pays ?

Le GIEC, expertise de la science


57 - Comment a été créé le GIEC ?
58 - Comment fonctionne le GIEC ?
59 - Le GIEC est-il indépendant des gouvernements ?
60 - Comment le GIEC analyse-t-il les impacts du changement climatique ?
61 - Y a-t-il un consensus chez les économistes sur la politique climatique ?
62 - Qui sont les climatosceptiques et que disent-ils ?
63 - Le Climategate a-t-il mis en cause le GIEC ?
64 - Le prix Nobel de la paix du GIEC est-il justifié ?

Les risques du changement climatique


65 - Existe-t-il une science des risques climatiques ?
66 - Peut-on s'adapter aux risques climatiques ?
67 - Des écosystèmes sont-ils menacés ?
68 - La hausse du niveau marin déclenchera-t-elle des migrations massives ?
69 - La sécurité alimentaire est-elle en danger ?
70 - La mousson africaine disparaîtra-t-elle ?
71 - Les ressources alimentaires que nous tirons des océans se tariront-elles ?
72 - Quels sont les dangers des vagues de chaleur ?
73 - Quels seront les effets de la fonte des glaciers de montagne
et du pergélisol ?
74 - Manquera-t-on d'eau ?
75 - Y aura-t-il des guerres à cause du climat ?
76 - L'extinction de l'espèce humaine est-elle en cause ?

Les énergies et le climat


77 - Y a-t-il assez d'énergies fossiles pour changer le climat au-delà des 2 °C ?
78 - Pourquoi est-il si difficile de se passer des énergies fossiles ?
79 - Pourquoi est-il si difficile de se passer du pétrole ?
80 - Comment ont évolué les émissions de CO2 liées aux énergies fossiles
depuis 1990 ?
81 - Que révèlent les prospectives énergétiques ?
82 - Quelles décisions urgentes prendre pour diminuer les émissions
de gaz à effet de serre ?
83 - Pourquoi doit-on décarboner l'électricité ?
84 - Le gaz naturel est-il une énergie climato-compatible ?
85 - Les électricités éoliennes et solaires sauveront-elles le climat ?
86 - Peut-on capturer et stocker le CO2 produit par les usines ?

87 - L'énergie nucléaire peut-elle contribuer à décarboner l'économie ?


88 - Les économies d'énergie pourraient-elles être suffisantes ?

L'économie du changement climatique


89 - Quels outils économiques peuvent favoriser la transition énergétique ?
90 - Pourquoi taxes et marchés du CO2 ne fonctionnent-ils pas bien ?

91 - Les énergies fossiles sont-elles subventionnées ?


92 - La lutte contre les émissions est-elle compatible avec le libéralisme
économique ?
93 - L'agriculture et les forêts peuvent-elles limiter le changement climatique ?
94 - Peut-on atteindre les objectifs climatiques sans diminuer
les consommations ?
95 - Faut-il choisir entre le climat et l'emploi ?
96 - Pourquoi et comment aider les pays pauvres ?

La France
97 - Quelles sont les émissions de gaz à effet de serre de la France ?
98 - La France est-elle un bon élève du climat ?
99 - Est-ce que les Français comprennent le changement climatique ?
100 - Puisque la France pèse 1 % de la population, que peut-elle faire ?

Conclusion
Ce qui semble raisonnable ?
Quelles sont ces fausses pistes ?

Glossaire

Bibliographie sélective

Remerciements

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Introduction

Le changement climatique en cours interroge, alarme, mobilise. Il


participe à l’émergence de l’Anthropocène, cette nouvelle ère
géologique créée par l’action de l’espèce humaine sur la Terre, et
constitue l’un des défis majeurs de l’Humanité, car les
bouleversements rapides du climat que nous provoquons vont
mettre à rude épreuve nos sociétés. Elles doivent se réorganiser
pour réduire cette menace en limitant leurs émissions de gaz à effet
de serre, la cause de ce changement, et en s’adaptant à sa part
inéluctable.
L’incapacité actuelle des sociétés humaines à relever ce défi pose
nombre de questions, dont celle-ci : « Puisque nous savons,
pourquoi n’agissons-nous pas ? »
Ce savoir plonge dans un passé déjà lointain. Dès 1896, le prix
Nobel de chimie suédois Svante Arrhenius comprend que le charbon
de la révolution industrielle a le pouvoir de changer le climat de la
Terre. Il calcule qu’un doublement de la teneur de l’atmosphère en
gaz carbonique – celui émis par la combustion du charbon – pourrait
réchauffer la planète d’environ 4 °C… mais en quelques milliers
d’années. Après la Seconde Guerre mondiale, l’usage du charbon, du
pétrole et du gaz explose. C’est le moment où l’Américain Charles
Keeling installe au sommet du volcan Mauna Loa, dans l’île de
Hawaï, un capteur de CO2 pour en mesurer la teneur atmosphérique.
Année après année, il la voit augmenter, confirmant qu’une part de
nos émissions demeure dans l’atmosphère et ne disparaît pas dans
les océans ou les sols. À la fin des années 1970, les premiers
modèles numériques du climat confirment le calcul préliminaire
d’Arrhenius en aboutissant à un résultat similaire, mais sur une
durée beaucoup plus courte (rapport de Jule Charney pour
1
l’Académie des Sciences américaine en 1979 ). Puis, en 1987, des
équipes françaises analysent les glaces forées sur près de deux
kilomètres de profondeur en Antarctique, à la station soviétique
Vostok. Elles montrent qu’une modification, même légère en
apparence, de la teneur de l’atmosphère en CO2 joue un rôle
amplificateur lors des bascules climatiques entre une ère glaciaire et
deux ères chaudes depuis 150 000 ans, un résultat étendu par la
suite sur les 800 000 dernières années.
Devant ces découvertes, les gouvernements demandent aux
scientifiques de s’organiser pour leur fournir une expertise sur les
risques du changement climatique que provoquerait l’usage sans
e
restriction des énergies fossiles au cours du XXI siècle et les moyens
2
d’y remédier. Elle est lancée en 1988, avec la création du GIEC . Son
premier rapport leur est remis en 1990.
Les mêmes gouvernements signent, dès 1992, la Convention
Climat de l’ONU, affirmant leur volonté d’éviter un changement
climatique « dangereux » pour les générations actuelles et futures.
On pouvait donc croire, à l’époque, que cette menace, identifiée,
allait être prévenue.
Les prévisions des climatologues se sont réalisées. La
température de la planète s’est élevée de 1,2 °C en un siècle. Le
niveau marin planétaire augmente sous l’effet du réchauffement des
eaux et de la fonte des glaces continentales. Les vagues de chaleur
battent record après record, comme en France durant l’été 2019. La
faune et la flore, sauvages et domestiquées, réagissent déjà à cette
transformation climatique d’une rapidité sans équivalent dans le
passé de la Terre, excepté les rares crises provoquées par des
cataclysmes cosmiques comme la chute d’une comète.
Ces changements sont dus à nos émissions de gaz à effet de
serre qui suivent la pire des trajectoires imaginées en 1990 dans le
premier rapport du GIEC. En 2018, les émissions mondiales de CO2,
le principal gaz à effet de serre d’origine anthropique, affichaient un
nouveau record de 33 milliards de tonnes pour les seuls usages du
charbon, du pétrole, du gaz et de la fabrication du ciment. Pourquoi,
alors, les sociétés et les gouvernements tardent-ils tant à agir ? À
atténuer la menace climatique en diminuant ces émissions, et à se
préparer aux changements à venir, pour une part inéluctables ?
Plusieurs réponses sont possibles à cette interrogation qui
inquiète tant certains jeunes qu’ils lancent des manifestations, font
la « grève scolaire », pour exiger de leurs gouvernements qu’ils
agissent enfin. L’une d’elles consiste à se demander si les citoyens
en savent assez sur le sujet pour revendiquer des mesures efficaces
aux pouvoirs politiques et économiques, même si les prises de
conscience se multiplient. Ce n’est pas le cas montrent la plupart des
enquêtes sociologiques. Or, en démocratie, les gouvernements sont
censés se former sur la base de la volonté populaire, exprimée lors
des élections. Si cette volonté populaire est défaillante, si elle n’est
pas en capacité de dépasser un vague slogan – « Sauvons le
climat » – pour exiger des mesures précises, il n’est pas si étonnant
que les gouvernements ne s’y plient pas. En outre, les politiques
climatiques efficaces ne sont pas faciles à mettre en place. Parce que
les énergies fossiles représentent 80 % de l’énergie utilisée par les
populations, ces politiques réclament des transformations
économiques, sociales, culturelles et technologiques de grande
envergure, heurtent des intérêts puissants, mettent en cause des
modes de consommation aujourd’hui bien ancrés dans les
populations des pays développés.
L’objectif de ce livre est d’accompagner ses lecteurs devant cette
réalité complexe. De transmettre, en cent questions et cent réponses
concises, l’essentiel de ce que chaque citoyen doit savoir pour
dialoguer avec ses élus sur la politique climatique. Malgré ses
dimensions modestes au regard de l’ampleur du sujet, cet ouvrage
tente d’en lister les aspects incontournables. Il est écrit, espérons-
nous, dans un langage accessible, sans pour autant cacher la
complexité du système climatique et des enjeux de société qui y
sont liés.
La compréhension du défi climatique exige la maîtrise
d’informations très variées. Certaines proviennent des sciences du
climat. Mais pour apprécier les risques climatiques et les moyens d’y
remédier, il faut recourir à d’autres informations sur les ressources
naturelles, les énergies, l’économie, les systèmes politiques. C’est
pourquoi ce livre résulte d’un travail à quatre mains : il réunit les
compétences d’un climatologue et celles d’un journaliste. Une
première partie confiée au climatologue dote le lecteur des repères
indispensables pour comprendre l’évolution climatique de la Terre,
avant et après l’intervention de l’espèce humaine. Puis une seconde
partie, rédigée par le journaliste, fournit les clés ouvrant le monde
de la Convention Climat de l’ONU, du fonctionnement du GIEC, des
risques pour les sociétés humaines, des principales questions
énergétiques et économiques qui y sont liées.
La mise à jour de ce livre, paru en mai 2020, survient alors que
deux événements récents en soulignent l’actualité. Un rapport
d’expertise scientifique alarmant et une Conférence de l’ONU sur le
climat, la COP 26, tenue à Glasgow en novembre 2021, aux résultats
insuffisants.
Le rapport est celui du groupe-1 du GIEC – le Groupe d’experts
intergouvernemental sur l’évolution du climat. Il porte sur les
connaissances que les scientifiques produisent sur les climats du
passé, celui d’aujourd’hui, déjà marqué par l’impact de nos
émissions de gaz à effet de serre et sur les climats futurs possibles.
Relativement au précédent, publié en 2013, il est plus alarmant. Il
montre que le changement climatique s’est accentué, avec une
hausse de 1,2 °C de la température moyenne planétaire depuis la fin
e
du XIX siècle, un rythme sans précédent depuis au moins
10 000 ans. Des transformations géographiques et écologiques de
grande ampleur en découlent, comme la fonte des calottes polaires
et des pergélisols, la montée du niveau marin, les migrations
animales, des épisodes de sécheresses et de précipitations les plus
intenses plus fréquentes, des dégâts agricoles.
e
Quelques mois après, la 26 COP s’est tenue à Glasgow. De
nouvelles promesses et intentions y ont été annoncées par de
nombreux pays. Pourtant, elles demeurent insuffisantes par rapport
aux enjeux révélés par le nouveau rapport du GIEC pour diminuer
les émissions à des niveaux permettant d’atteindre les objectifs
climatiques fixés en 2009 et 2015 : ne pas dépasser les 2 °C
d’augmentation de la température planétaire et se rapprocher le plus
possible d’une limite plus exigeante, de 1,5 °C. Or, les trajectoires
actuelles d’émissions de gaz à effet de serre, dont l’augmentation a
repris dès l’allègement des mesures contre la Covid-19, nous
conduisent très au-delà des 1,5 °C bien avant 2050. Et au-delà des
2 °C bien avant la fin du siècle.

1. Voir la question 57, « Comment a été créé le GIEC ? »


2. Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat.
PARTIE I

HISTOIRE ET MÉCANISMES
DU CLIMAT
GÉNÉRALITÉS
1

Climat et météorologie, quelles


différences ?

Le climat semble une notion familière à tous. Chacun d’entre


nous en a une expérience sensible. Pourtant, à gratter un peu
l’écorce de nos connaissances, on découvre beaucoup de confusions
et de malentendus.
Le climat se caractérise par l’étude du système Terre sur une
durée longue, au moins de trente années. La température, les
précipitations, la pression atmosphérique… sont moyennées sur un
temps assez long afin de s’affranchir des fluctuations d’une année à
l’autre. Si le météorologue peut prévoir le temps d’une localité, le
climatologue n’envisage la prévision qu’à l’échelle de la centaine de
kilomètres. Alors que le météorologue se concentre sur la basse
atmosphère, le climatologue élargit son investigation des flux
d’énergie et de chaleur de la surface du globe aux couches élevées
de l’atmosphère, jusqu’à 50 kilomètres d’altitude, et pour les océans,
des eaux de surface jusqu’aux fonds abyssaux.
La climatologie va donc bien au-delà des préoccupations de la
météorologie et de ses prévisions fondées sur la thermique et la
dynamique de l’atmosphère à court terme et pour un lieu déterminé.
Si les modèles climatiques utilisent les mêmes processus de
physique et de dynamique de l’atmosphère que la météorologie,
c’est dans un objectif très différent. C’est en jouant sur la confusion
de ces deux termes que de nombreux climatosceptiques ont feint de
s’étonner. En effet, comment peut-on prévoir le climat de la fin du
siècle, alors qu’on ne sait pas quel temps il fera dans quinze jours ?
Les prévisions météorologiques sont limitées dans le temps car, pour
deux conditions initiales très proches, la prévision diverge au bout de
quelques jours. Même si les modèles météorologiques représentaient
exactement l’atmosphère, une infime imprécision sur l’état initial du
système conduirait à des prévisions différentes après un certain
temps. C’est ce qu’évoquait le scientifique américain Edward Lorenz
en 1972 avec cette célèbre question : « Le battement d’ailes d’un
papillon au Brésil peut-il déclencher une tornade au Texas ? »
La météorologie, puisqu’elle s’intéresse aux prévisions d’une
heure à quelques jours, peut négliger certaines composantes du
1
système Terre (glace de mer ou calottes polaires* , végétation,
températures des fonds des océans…) qui n’évoluent pas ou très peu
dans un si faible laps de temps. Il en va tout autrement pour les
simulations numériques du climat. Le climatologue cherche, par leur
biais, à prévoir l’évolution statistique du système climatique sur
plusieurs décennies, au moins. Il peut s’interroger sur le futur niveau
marin sur les rivages, la distribution annuelle des températures et
des précipitations, mais aussi la fréquence d’événements extrêmes
e
comme les canicules, à la fin du XXI siècle à l’échelle mondiale ou
pour la région Aquitaine. Or, à cette échelle de temps, il faut tenir
compte de l’évolution des glaces, de la végétation et des océans.
C’est pourquoi ce n’est qu’avec la puissance de calcul des super-
ordinateurs des années 1990 que la climatologie a pu s’attaquer aux
projections du changement climatique provoqué par nos émissions
de gaz à effet de serre.
1. * Les mots signalés par un astérisque sont définis dans le glossaire, en fin
d’ouvrage.
2

Comment a varié le climat dans l’espace


et dans le temps ?

Le climat de la planète change à toutes les échelles de temps et


d’espace. Sa variation dans le temps intéresse les historiens et les
paléontologues qui tentent de mieux cerner dans quelles conditions
vivaient nos ancêtres plus ou moins lointains. On dispose ainsi de
descriptions historiques pionnières dont un texte fondateur fut
L’Histoire du climat depuis l’an mil d’Emmanuel Le Roy Ladurie
(1967) ainsi que de travaux décrivant les interactions entre les
variations climatiques et le déclin ou l’essor des civilisations
(romaine, grecque, égyptienne, maya ou chinoise). Sa variation dans
l’espace est étudiée par les géographes qui décrivent les climats
tropicaux, tempérés ou polaires des différentes latitudes, comme les
climats côtiers ou continentaux, la distance à la mer renforçant
l’écart de températures entre étés et hivers. Ce même cycle
saisonnier affecte davantage les masses continentales que les
océans, ce qui provoque les moussons si importantes pour des
centaines de millions d’êtres humains en Asie, Afrique, Amérique du
Sud et Australie. Quant aux immenses reliefs du plateau tibétain et
de la chaîne himalayenne, ils modifient les températures et la
distribution des précipitations en Asie. Dans une moindre mesure, le
rift africain, les Andes et les Rocheuses influencent aussi la
circulation atmosphérique et le cycle hydrologique sur les continents.
Les grands mouvements de l’atmosphère trouvent leur origine
dans les eaux chaudes équatoriales qui provoquent des mouvements
d’air chaud ascendant. Portées par la rotation de la Terre jusqu’aux
tropiques, ces masses d’air déversent leur humidité dans les zones
tropicales, puis, une fois sèches et refroidies, redescendent. Ce
phénomène participe à la formation des déserts, vers 30° nord et
sud. À plus haute latitude, vers 45° (comme pour la France), des
perturbations se développent d’ouest en est sur des périodes de
quelques jours, tandis que les hautes latitudes sont couvertes de
calottes de glace en Antarctique et au Groenland, et de banquises
plus étendues durant l’hiver pour l’océan Arctique au Nord et l’océan
Austral au Sud.
Ces structures qui définissent le climat moyen se modifient sous
l’influence de perturbations à toutes les échelles de temps. Le
phénomène périodique le plus spectaculaire se produit tous les trois
à sept ans dans l’océan Pacifique tropical, peu après Noël (raison de
son surnom, El Niño* pour l’enfant Jésus). Il perturbe fortement les
températures du Pacifique équatorial et l’hydrologie des côtes de
part et d’autre du bassin océanique. À de plus grandes échelles de
temps, de l’ordre de 20 000 ans, les moussons subissent de fortes
modulations au cours desquelles la mousson africaine s’intensifie
considérablement et se déplace vers le nord, produisant un climat
plus humide au Sahara. Lors des périodes chaudes du dernier million
d’années, cette modulation provoque même des épisodes de
« Sahara vert ». Des fossiles de faune et flore, voire des peintures
rupestres élaborées il y a 8 000 ans, montrent que le cœur du
Sahara actuel abritait lacs, savanes et troupeaux d’herbivores.
Durant le dernier million d’années, on observe une alternance d’ères
froides d’environ 100 000 ans et d’ères chaudes de 15 000 à
40 000 ans. Les périodes froides sont déclenchées par des épisodes
de plus faible insolation estivale aux hautes latitudes nord qui
permettent à la neige tombée pendant l’hiver de ne pas fondre en
été. Cette situation favorise l’établissement d’immenses calottes de
glace sur l’Europe du Nord et le Canada, ce qui conduit à une baisse
1
du niveau marin de 120 mètres . À l’époque, pas de Brexit possible
puisque la Manche n’est qu’un fleuve.
Les moyennes climatiques ne doivent pas cacher les situations
rares mais extrêmes. Les précipitations peuvent provoquer des crues
exceptionnelles, une par siècle ou moins, mais gigantesques. Des
canicules ou des sécheresses prolongées peuvent survenir même
sous un climat tempéré. La fréquence de ces situations extrêmes
varie elle aussi avec les évolutions climatiques.

1. La quantité d’eau est conservée sur Terre. Au fur et à mesure qu’elle se


stocke dans les calottes de glace, elle diminue d’autant la hauteur du niveau
des océans.
3

Quels sont les principaux facteurs


qui gouvernent l’évolution climatique
de la Terre ?

Un paramètre déterminant pour le climat d’une planète est sa


distance par rapport à son soleil qui est son principal pourvoyeur
d’énergie. Dans un système solaire, on peut définir une zone
habitable, c’est-à-dire l’espace dans lequel on trouve des planètes
dont les températures de surface sont compatibles avec l’existence
d’eau liquide. Mais ce critère de distance par rapport au soleil est
insuffisant pour garantir la pérennité d’eau liquide. Deux autres
paramètres interviennent, qui déterminent la manière dont la
planète renvoie l’énergie solaire vers l’espace. Le premier est
l’albédo*, c’est-à-dire sa capacité à réfléchir les rayons lumineux.
Plus la surface du sol est claire (neige, glace, sols nus) et plus
l’atmosphère comporte de nuages, plus la planète et son
atmosphère renvoient directement les rayons vers l’espace, et donc
l’énergie solaire. Au contraire, plus la surface est sombre (eau,
végétation…) et plus l’énergie pénètre dans le système planétaire. Le
second paramètre est l’effet de serre de son atmosphère, qui résulte
des molécules de gaz capables de capter le rayonnement de la
surface planétaire, émis sous la forme d’infrarouges. Plus une
atmosphère contient de telles molécules et plus elle peut conserver
l’énergie de ce rayonnement ; au contraire, moins elle en contient et
plus cette énergie s’échappe vers l’espace. Le caractère réfléchissant
de la surface planétaire et de son atmosphère et la quantité de gaz à
effet de serre jouent donc un rôle décisif dans l’établissement d’un
climat par l’intermédiaire du bilan radiatif, c’est-à-dire des échanges
d’énergie entre le soleil, la planète et l’espace. Ainsi, si la
température de surface de la planète Vénus atteint plus de 450 °C,
c’est surtout le résultat du très intense effet de serre de son
atmosphère. Si Mars est beaucoup plus froide que la Terre, ce n’est
pas seulement dû à un éloignement plus important du Soleil, mais
surtout à son très faible effet de serre.
Sur Terre, la présence d’eau liquide depuis 4 milliards d’années a
favorisé l’apparition et l’essor de la vie : telle qu’on la connaît, celle-
ci est née dans l’eau liquide, il y a près de 3,7 milliards d’années. Et,
malgré de fortes variations climatiques, les conditions physiques
nécessaires à la préservation de l’eau liquide, à côté des glaces et de
la vapeur, n’ont jamais disparu. La vie est longtemps restée confinée
dans les océans et a colonisé les surfaces continentales il y a
seulement 450 millions d’années. Présente dans la cryosphère*
(calottes de glace, glaciers, couvertures neigeuses), dans
l’hydrosphère* (océans, lacs, rivières, aquifères) et sous forme de
gaz dans l’atmosphère où sa condensation en fines gouttelettes
donne naissance aux nuages, l’eau est partout et joue un rôle
essentiel dans la régulation thermique de notre planète.
C’est elle qui lui donne sa couleur bleue, car l’océan couvre plus
de 70 % de sa surface. Elle lui apporte une touche blanche par le
biais des banquises dont l’étendue varie avec les saisons sur les
océans Arctique et Austral, les calottes du Groenland et de
l’Antarctique, et par les nuages. Son effet climatique le plus
important est invisible. Telle une « couverture chauffante », la
vapeur d’eau est en effet le principal gaz responsable de l’effet de
serre de l’atmosphère. Sans cet effet de serre, la température
globale annuelle moyenne de la Terre serait de -18 °C, alors que
nous bénéficions d’un doux 15 °C. Mais l’eau n’est pas le seul gaz à
effet de serre de notre atmosphère. Le dioxyde de carbone (CO2) ou
le méthane (CH4) sont des composants bien moins abondants mais
très efficaces pour réchauffer notre planète.
En dehors de sa distance au Soleil et de la composition de son
atmosphère, deux propriétés spécifiques de la Terre sont
fondamentales pour la régulation de son climat à long terme.
D’abord, sa Lune. Les calculs astronomiques montrent que sa
présence « bloque » les variations de l’obliquité (l’angle que dessine
l’axe des pôles avec le plan de la trajectoire de la Terre autour du
Soleil) dans une petite fenêtre entre 22 et 24,5°. L’obliquité terrestre
ne peut pas être très élevée, ce qui exclut la situation où la Terre
pointerait le Soleil avec l’un de ses pôles. Une telle situation induirait
des contrastes climatiques extrêmes. Ensuite, la tectonique des
plaques, c’est-à-dire la dérive des continents, en lien avec les
mouvements profonds de la Terre. La disposition des continents, et
donc des océans, ainsi que les conséquences de leurs déplacements
influencent fortement le climat sur de très longues durées, à la
mesure de l’extrême lenteur de ces mouvements.
4

À quoi sont dus les changements


climatiques terrestres ?

Les variations du climat sur Terre peuvent se décrire comme une


valse classique à trois temps que l’homme vient de perturber.
Premier temps de la valse : le milliard d’années. Au cours de
l’histoire de la Terre, déjà longue de 4,6 milliards d’années, la
luminosité du Soleil a beaucoup varié. C’est un aspect fondamental
du climat terrestre puisque l’astre du jour fournit plus de 99 % de
l’énergie disponible à la surface du globe. Notre Soleil est une étoile
très ordinaire et son évolution est bien connue. Lorsque notre
système solaire se met en place, le jeune Soleil est beaucoup moins
lumineux qu’aujourd’hui, de l’ordre de -30 %. Dans un premier
temps, sa luminosité croît de 7 % par milliard d’années. Pourtant,
l’histoire de notre planète n’est pas celle d’un long réchauffement.
En effet, l’augmentation de la luminosité solaire est loin de
déterminer à elle seule l’évolution climatique.
Second temps de la valse : la dizaine de millions d’années. La
tectonique des plaques pilote les variations climatiques à une échelle
de quelques dizaines de millions d’années, par ses effets directs et
visibles : la lente dérive des continents, la formation et la
déformation des bassins océaniques, l’ouverture et la fermeture de
détroits, la surrection (élévation de roches par la tectonique des
plaques) de chaînes de montagnes… mais aussi par son contrôle de
l’érosion qui module la teneur en CO2 de l’atmosphère et donc
l’intensité de l’effet de serre.
Troisième temps de la valse : les dizaines à centaines de milliers
d’années. À cette échelle de temps, plus courte, la quantité d’énergie
solaire reçue par la Terre suit les variations de son orbite autour du
Soleil selon trois paramètres astronomiques. Son excentricité – la
trajectoire de notre planète autour de l’étoile se déforme d’une
orbite quasi circulaire à une trajectoire un peu plus ovale – qui varie
avec deux périodes principales de 400 000 et 100 000 ans (la
période d’une oscillation est le temps que met le système à revenir à
sa position initiale). Son obliquité – l’angle que fait l’axe des pôles
avec le plan dans lequel la Terre se meut autour du Soleil – qui
oscille entre 22° et 24,5° avec une période de 41 000 ans. Enfin, la
précession des équinoxes – due aux changements de la direction de
l’axe de rotation de la Terre par rapport aux étoiles – qui varie avec
une période d’environ 20 000 ans. Ce dernier mouvement modifie le
rapport entre la position de la Terre sur son orbite et la survenue des
saisons. Ainsi, l’été de l’hémisphère Nord peut survenir au moment
où la Terre est au plus près du Soleil – en ce cas, l’été est plus chaud
et l’hiver plus froid – ou, à l’inverse, au plus éloigné, comme
actuellement, ce qui tempère la chaleur de l’été et modère la
froidure de l’hiver. Les variations combinées de ces trois paramètres
conduisent à des variations d’insolation importantes durant l’été de
l’hémisphère Nord. Les impacts climatiques qui en découlent sont
spectaculaires au Quaternaire (la période géologique actuelle depuis
2,5 millions d’années), car ces variations déclenchent l’alternance
des cycles glaciaires/interglaciaires*.
C’est l’enchevêtrement de ces trois temps qui explique les
variations climatiques de la Terre, en dehors des catastrophes
induites par la chute d’astéroïdes ou d’immenses éruptions
volcaniques qui se produisent très rarement. Aujourd’hui survient un
quatrième temps de cette valse, avec un tempo bien plus fulgurant :
l’intervention de l’homme dans le système climatique, par ses
émissions massives de gaz à effet de serre depuis 150 ans.
5

Comment le climat a-t-il varié depuis


la formation de la Terre ?

La chronologie de la Terre a été divisée en plusieurs périodes. La


toute première, l’Hadéen (4,6-4 milliards d’années), du nom du dieu
grec des Enfers Hadès, est une période plus fantasmée que décrite
scientifiquement, tant le nombre de données disponibles est réduit.
C’est certainement une ère de très forte activité volcanique pendant
laquelle une partie de la chaleur de l’intérieur de la Terre s’évacue
vers l’atmosphère. Durant ces 600 premiers millions d’années, les
magmas d’une Terre jeune, expulsés par une activité volcanique
intense, ont été rapidement submergés par des océans très chauds
qui ont pratiquement recouvert toute la planète. Puis s’ouvre
l’Archéen (4-2,5 milliards d’années). Quand cette très longue période
débute, la Terre doit ressembler à une planète-océan avec quelques
îles volcaniques. Les températures des océans sont estimées de
30 °C à 70 °C suivant l’interprétation des indicateurs dont on
dispose, à cause de la teneur très élevée du CO2 atmosphérique et
donc d’un effet de serre très intense. On observe peu de traces de
glaciations avant la fin de l’Archéen. Mais méfions-nous. L’absence
de preuves pour des périodes si lointaines n’est pas la preuve de
l’absence tant les informations sont lacunaires. C’est au cours de
cette époque que les continents tels qu’on les connaît aujourd’hui se
sont formés et que la tectonique des plaques s’est mise en place.
Ces deux événements ont bouleversé le cycle du carbone et le
climat. L’érosion des sols a provoqué un transfert de carbone de
l’atmosphère vers l’océan, car elle implique le carbone de l’air dans
des réactions chimiques au contact des roches qui contiennent
beaucoup de silicates. Ce transfert s’est traduit par une diminution
de l’effet de serre, et donc par un refroidissement du climat qui a
favorisé l’établissement d’une première glaciation.
La fin de l’Archéen et la transition vers la période suivante, le
Protérozoïque, sont quant à elles très bien marquées par le Grand
Événement d’oxydation (GEO)* (2,4-2,2 milliards d’années). Cette
première augmentation du taux d’oxygène dans l’atmosphère a
modifié la composition de cette dernière en réduisant sa teneur en
gaz à effet de serre, ce qui a conduit à la première glaciation
massive de la planète.
Après cette première phase froide, le Protérozoïque apparaît
comme une très longue période chaude, sans trace de glaciation
pendant près de 1,5 milliard d’années. Mais à la fin de cette ère, la
Terre entre dans une période froide dont l’apogée se conclut par
deux épisodes glaciaires massifs.
L’explosion cambrienne*, il y a 540 millions d’années, marque le
début du Phanérozoïque. Elle correspond à une multitude de
nouveaux fossiles révélateurs d’une diversification considérable du
vivant. Au cours de cette dernière phase, bien mieux documentée
que toutes les précédentes, les périodes glaciaires sont également
rares. La principale se produit entre 320 et 270 millions d’années, à
la limite du Carbonifère et du Permien. Elle est due à la tectonique
des plaques.
o
À 320 millions d’années (voir planisphère n 1), un
supercontinent, la Pangée, est issu de la collision entre deux blocs,
ce qui provoque la formation d’un massif montagneux et de plateaux
très élevés jusqu’à 3 000 mètres d’altitude. Le pôle sud est
continental. Cette configuration contribue à l’établissement d’une
glaciation entre 320 et 270 millions d’années, avec une calotte
polaire au sud, favorisée par la diminution de la teneur en CO2 liée à
l’enfouissement massif du carbone des arbres du Carbonifère
(origine du charbon). Ces deux phénomènes ont agi conjointement à
la limite Permo/Carbonifère, provoquant une chute des températures
continentales. Mais, à part quelques rares périodes, au cours de ces
540 millions d’années, le climat de la Terre est plutôt chaud avec un
taux de CO2 atmosphérique élevé et sans calottes de glace.
o
À 200 millions d’années (planisphère n 2), les continents sont
plus rassemblés vers l’équateur et se fragmentent en deux blocs,
Laurasie au Nord et Gondwana au Sud. Le pôle nord est continental.
Cette configuration correspond à une période chaude. Ainsi, les
dinosaures (250-65 millions d’années) ne connaissent que peu de
o
moments glaciaires. À 66 millions d’années (planisphère n 3), à la
fin du Crétacé, les continents sont très fragmentés, l’océan
Atlantique s’est formé et l’Antarctique est en position polaire mais ne
s’est pas encore englacée, le niveau marin est très élevé en
l’absence de calottes polaires, cette configuration tectonique favorise
des températures chaudes. Pendant cette période chaude, les
éruptions volcaniques massives en Inde puis la chute d’une comète
vont produire une extinction de masse et ouvrir la période du
1
Tertiaire (65,25 milliards d’années) .
À partir de l’Éocène, il y a 40 millions d’années, le taux de CO2
dans l’atmosphère est petit à petit divisé par quatre pour atteindre
les chiffres actuels. La calotte glaciaire* antarctique se forme il y a
34 millions d’années, puis celle du Groenland voici 3 millions
d’années. Enfin, au Quaternaire, le climat se refroidit encore avec de
grandes oscillations glaciaires/interglaciaires. À l’échelle de la très
longue histoire de la Terre, nous vivons donc depuis 2,5 millions
d’années dans une période froide à très froide avec, avant la
révolution industrielle, un taux de CO2 très bas et, situation
rarissime, des calottes de glace dans chaque hémisphère.
1. Voir la question 20, « Le volcanisme peut-il transformer le climat ? »
6

La dérive des continents influence-t-elle


le climat terrestre ?

Il y a plus d’un siècle, lorsqu’Alfred Wegener met en évidence la


dérive des continents, il comprend très vite que ce phénomène
s’accompagne de changements climatiques. La découverte de traces
de glaciations synchrones, vieilles de 300 millions d’années, sur des
continents aujourd’hui séparés de plusieurs milliers de kilomètres,
comme l’Afrique, l’Inde et l’Amérique du Sud, fait penser à Wegener
que ces continents se trouvaient rassemblés en un seul super-
continent, le Gondwana, s’étendant essentiellement sur l’hémisphère
Sud.
Notre planète possède un thermostat lié à la dérive des
continents, qui régule sa température de surface sur le long terme et
lui évite de se retrouver dans une impasse trop froide, comme Mars,
ou trop chaude, comme Vénus, toutes deux incompatibles avec l’eau
liquide et la vie. Ce thermostat repose sur le cycle à long terme du
dioxyde de carbone. Ce cycle détermine la concentration de CO2
dans l’atmosphère qui se déduit du calcul des flux de CO2 entre
l’atmosphère, les océans et les continents. Aux échelles géologiques
de millions d’années, le flux entrant (la source) de dioxyde de
carbone dans l’atmosphère provient du volcanisme. Les éruptions
émettent ce gaz de manière plus ou moins continue. Le puits de CO2
vers les océans provient de l’érosion des roches, le ruissellement des
eaux y emportant une part du carbone atmosphérique, ce dernier se
trouvant pris dans des réactions chimiques avec les sols. Or,
l’intensité de cette érosion dépend de celle des précipitations, donc
de la configuration des continents, c’est-à-dire principalement de
leur répartition en latitude. Le cycle de l’eau, et en particulier la
teneur de vapeur d’eau dans l’atmosphère, dépend de la
température de l’air. Plus celle-ci est élevée, plus l’air peut contenir
de vapeur d’eau. Les régions tropicales, chaudes, sont donc
humides, tandis qu’aux très hautes latitudes, l’atmosphère est froide
et sèche. L’atmosphère la plus sèche de nos jours ne se situe pas
au-dessus du Sahara, mais au-dessus de l’Antarctique.
Imaginons que la masse des continents converge vers un des
pôles. Les températures sur ce continent vont se refroidir, mais le
cycle hydrologique va aussi s’effondrer. Du coup, moins de
précipitations, moins d’érosion. Le puits de CO2 se tarit, et la teneur
en CO2 de l’atmosphère augmente, l’effet de serre s’intensifie, ce qui
modère le refroidissement, voire enclenche un réchauffement,
évitant ainsi l’impasse froide. Inversement, imaginons que la plupart
des continents soient localisés en zone tropicale. Les précipitations
sont intenses et il fait très chaud, mais aussi très humide, et
l’érosion fonctionne à plein. Le CO2 atmosphérique s’effondre, ce qui
provoque un refroidissement, évitant ainsi l’impasse chaude. Ces
processus sont baptisés « boucles de rétroactions négatives* »
puisqu’ils ont tendance à stabiliser le climat en s’opposant à l’effet
premier de la dérive des continents en latitude. Aux échelles de
temps supérieures à la dizaine de millions d’années, ces relations
entre climat, tectonique et CO2 maintiennent les températures dans
une plage de variations qui évite un emballement vers le chaud,
comme sur Vénus, où la planète perd son eau liquide, ou vers le
froid, comme sur Mars ou sur les satellites gelés de Jupiter et
Saturne. La plupart du temps, cette régulation a très bien fonctionné
sur Terre.
7

Les changements climatiques sont-ils


rapides ou lents ?

À toutes les échelles de temps, le climat a subi d’importantes


variations, mais à des vitesses et amplitudes très différentes.
Pour le climat des mille dernières années, des données
historiques et instrumentales nous montrent des écarts de
températures très faibles en moyenne planétaire (bien inférieurs à
1 °C). Mais suffisants pour que l’Europe offre des conditions plutôt
e
favorables à l’agriculture pendant l’optimum médiéval* (entre le X et
e
le XIV siècle), puis nettement moins favorables lors du « petit âge
e e
glaciaire* » (XVI au XIX siècle). Même si elles ont fortement marqué
les populations contemporaines, ce ne sont là que de faibles
modulations climatiques au regard des cycles
glaciaires/interglaciaires. Les périodes glaciaires du dernier million
d’années durent environ 100 000 ans et sont caractérisées par
quatre calottes de glace – Antarctique, Groenland, Eurasie et
Canada – et un niveau marin plus bas de 120 mètres
qu’actuellement. Les périodes interglaciaires*, comme la nôtre,
affichent des températures plus chaudes d’environ 4 °C en moyenne
planétaire, sont plus courtes – elles durent de 15 000 à 40 000 ans –
et voient les calottes de glace du Canada et de l’Eurasie fondre et le
niveau marin remonter. Le Bouclier canadien et le nord de l’Europe
gardent le souvenir des imposantes calottes de glace qui les
recouvraient il y a 20 000 ans. Hautes de près de 3 kilomètres, leurs
masses ont enfoncé le socle rocheux qui remonte encore aujourd’hui
très lentement.
À des échelles de temps de dizaines de millions d’années, la
dérive des continents a modifié le visage de notre planète entre des
phases de formation de supercontinents et, au contraire, des phases
de dispersion en plaques continentales séparées. Ce phénomène
exerce une influence sur la forme des bassins océaniques et par
conséquent sur le niveau marin. Ces changements ont entraîné
l’installation de climats très différents. Il y a 100 millions d’années, la
période la plus récente de très haut niveau marin, les continents plus
petits et éclatés favorisent un climat chaud et beaucoup plus
uniforme qu’aujourd’hui. Les variations saisonnières sont estompées
à cause de la petite taille des continents. La différence de
température entre les pôles et l’équateur est beaucoup moins
marquée, aucune calotte de glace ne s’étant installée aux hautes
latitudes. Au contraire, il y a 300 millions d’années, un énorme
continent centré sur le pôle Sud, le Gondwana, ainsi qu’une teneur
faible en CO2 atmosphérique favorisent une glaciation importante.
Et au-delà ? Le nombre de données se restreint quand on
remonte le temps. Mais sur des échelles plus vastes, le climat a
beaucoup varié, passant de phases chaudes sans la moindre trace
de calotte de glace à de rares périodes où la Terre a pu en héberger.
Mais ces variations se sont produites sur des temps très longs.
La Terre a aussi connu des épisodes de transformations radicales
et rapides comme la transition entre l’ère secondaire et le tertiaire il
y a 65 millions d’années, due à la chute d’un astéroïde de plusieurs
kilomètres. Cet événement a d’abord été détecté dans des sédiments
où la présence d’iridium (élément chimique extrêmement rare sur
Terre) révélait une collision avec un objet extraterrestre, puis bien
plus tard, par la découverte du cratère d’impact de Chicxulub, au
large du Mexique. D’autres événements abrupts tirent leur origine
non de la chute d’objets célestes mais des profondeurs de la Terre,
comme les gigantesques éruptions volcaniques nommées trapps*
dont la plus spectaculaire se produisit il y a 250 millions d’années en
Sibérie. D’énormes quantités de gaz sont alors émises dans
l’atmosphère et modifient à court terme sa composition en gaz à
effet de serre, et donc le climat.
8

Y a-t-il eu de graves accidents


climatiques ?

La Terre a généralement conservé des températures et un cycle


hydrologique compatibles avec l’eau liquide, donc avec la vie, et a
connu de longues périodes stables.
Néanmoins, par deux fois, elle a subi un englacement majeur. La
première crise remonte à l’apparition de l’oxygène voici 2,2 à
2,4 milliards d’années et correspond à une glaciation massive. Cette
coïncidence peut paraître paradoxale, car l’oxygène n’étant pas un
gaz à effet de serre, il ne peut pas directement perturber le bilan
radiatif de la Terre. Mais il s’est indirectement attaqué au méthane,
un puissant gaz à effet de serre produit par des archées
méthanogènes (des êtres unicellulaires comme les bactéries) qui
proliféraient à la surface de l’océan. Or, l’oxygène, même à faible
dose, est un poison pour ces archées. Lorsque son taux a augmenté,
en raison de sa production par l’essor de la photosynthèse du
plancton, l’oxygène a provoqué une destruction massive des archées
méthanogènes. D’où une chute de la teneur en méthane, donc de
l’effet de serre, et un refroidissement marqué. Mais cette première
glaciation dépasse nos capacités de modélisation du climat. Nous ne
connaissons en effet la distribution des continents et des océans que
jusqu’à 1,5 milliard d’années environ, un horizon temporel au-delà
duquel la position des continents devient incertaine.
La seconde crise majeure est beaucoup plus proche de nous. Elle
se situe entre 800 et 600 millions d’années. Nous connaissons le
visage de la Terre à cette période et pouvons donc modéliser son
climat. À cette époque, le supercontinent Rhodinia* s’est fragmenté
en plusieurs plaques restées en zone tropicale. Cette configuration
paléogéographique s’est traduite par une érosion maximale, qui a
très fortement diminué le taux de CO2 atmosphérique. Cette ère
porte les noms de Néoprotérozoïque, ou, plus évocateur, de
Cryogénien*.
Au début des années 1960, Walter Brian Harland, un géologue
anglais, découvre des indices de glaciation sur d’immenses surfaces
qui, au Néoprotérozoïque, se trouvaient à l’équateur. Il émet donc
l’hypothèse que s’il y a eu des calottes de glace à l’équateur, zone la
plus chaude de la planète, c’est que la Terre a pu être complètement
englacée. Une théorie très surprenante qui, en pleine guerre froide,
mobilise les meilleurs modélisateurs du climat tant à l’Est qu’à
l’Ouest. Ils la réfutent avec un argument, semble-t-il, imparable. En
effet, si la Terre était devenue une boule de glace, son albédo
n’aurait pas été comme aujourd’hui de 0,3, mais aurait bondi vers
0,8 et la plus grande partie de l’énergie solaire aurait été
directement réfléchie vers l’espace, condamnant la Terre à une
impasse glacée. Pour disposer de l’énergie suffisante pour
décongeler la planète, il faudrait augmenter l’énergie solaire d’un
facteur 1,5 durant les 700 millions d’années qui se sont déroulées
depuis. Or, elle n’augmente que de 7 % par milliards d’années. Ainsi,
si la Terre avait été totalement englacée il y a 700 millions d’années,
elle le serait encore, argumentent les modélisateurs.
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was the good—what could he do with it? Live it down?—or so
arrange matters that it should never show? That meant cutting his
life in half, and concealing the best of it.
There he was, a furtive fugitive in the bosom of his own family; the
children wanting their supper, and he avoiding it; yet surely—if this
thing was from Heaven—children, his own children at least, ought to
be trained to grow accustomed to it, and take a right view of it. Then
why not begin?
Caroline had gone into the kitchen to get the supper ready. He called
her back. ‘I’ll come,’ he said, ‘they’ll have to see it sometime. Tell
them—for to-night at any rate—not to make remarks.’
So Mrs. Trimblerigg went off to impose discipline on the family. To
the maid she said, ‘you can go out now.’ To the children when the
maid had gone: ‘your father has got something the matter with his
head. You are not to make remarks.’
Presently she went and told him that supper was ready. A lamp was
upon the table; but it wore a shade; Mr. Trimblerigg did not, it would
have been no use. He entered the room aware, in that half-light, that
he had become conspicuous; nor could he be unconscious of the
three pairs of eyes turning upon him an expectant gaze which
became riveted.
Benjie, the youngest, gave an instinctive squeak of excitement; then,
hushed by his mother but forgetting to close his mouth, he dribbled.
Mr. Trimblerigg, according to custom, stood to ask a blessing. ‘For
these, and all Thy other mercies,’ he said, and stopped short: ‘a
mercy’ was what he could not feel it to be. Conversation was slow to
begin. All the children reached out with healthy appetites for the
bread and butter. Amy, conscientious child, still all eyes, seeking an
unforbidden topic of conversation, surmounted the impediment by
saying, ‘Ma, why didn’t we have pancakes to-day?’
‘Hush, my dear!’ said Caroline, who had a feeling that the remark
was too apposite; and indeed the barbed point had already gone
home. So that—thought Mr. Trimblerigg—was how it appeared to a
child’s eyes!
He helped them all quickly from the dish before him; after that they
looked at him less continuously, but not less admiringly. This eased
the situation till Martin, the elder of the two boys, inquired concerning
the food upon his plate. ‘Mummy, why don’t poached eggs have their
yellow outside? Why don’t they, Mummy?’
Caroline told him not to talk, but to go on eating.
Amy remedied matters in her own way, saying wisely, ‘They do come
outside when they’re hatched; they turn into chickens then, don’t
they, Mummy?’
Martin said, ‘No, they don’t!’ and looked corroboratively at his father.
Benjie said: ‘Yes, they do: eggs do.’
Caroline said: ‘I told you not to talk.’
But children must talk, especially if there are three of them; and
Martin being now silent, Benjie took up the running.
Laying his head on one side, and stroking it with his spoon,
‘Mummy,’ he said, ‘if I was to catch fire, wouldn’t I get burned up?
Wouldn’t I, Mummy?’
Then Mr. Trimblerigg could stand it no longer; he took up his plate,
and left the room. As soon as he had closed the door he heard
Benjie give a howl, and knew that Caroline, applying useless
remedies, had slapped him.
Presently, having sent the children to bed, she came in to comfort
him. ‘They’ll get used to it presently,’ she assured him, ‘if it doesn’t
go off. But I wish you’d see somebody.’ This time she avoided the
word ‘doctor,’ because it irritated him.
‘I suppose they talked of me as soon as I’d gone?’ he said, ignoring
the suggestion.
‘A little, naturally,’ she replied.
‘What did they say?’
‘D’you think I’d better tell you,’ queried Caroline, wishful to spare
him.
‘Yes, I may as well hear the worst.’
‘Well,’ Martin said, ‘Is Father a holy man, Mother?’ Caroline had
made her selection apparently: she uttered it without conviction; and
to hear it so repeated gave Mr. Trimblerigg no joy. Truth from the
mouths of babes and sucklings—even revealed truth sceptically
reported—failed to comfort him.
‘I think I’ll go out for a turn by myself,’ he said. Then stopped; for
outside it was dark. He went into the bedroom instead; and Caroline
took advantage of his absence, though too late for it to get through
that night, to go and send off a telegram. It was addressed to
Davidina, and it merely repeated what she had said to the children:
‘Jonathan has something the matter with his head. Come at once.’
But though that was her view of it, Caroline had no notion how much
really was the matter with his head—having only seen the malady in
its fainter and less convincing manifestations; she had not
encountered it in the dark.
When she went up to bed she found him already in it, with a lamp on
the table beside him, reading; and at first, as she looked at him, she
thought he was already cured; the globe of light had become quite
unapparent.
Wise in her way, instead of exclaiming on the fact, she said nothing.
‘Better wait,’ she thought, ‘and give it time,’—hoping that by the
morning he would have quite got over it. And so with composed
leisure, she went first to bed, and then presently to sleep, leaving
him still at his reading. And only when Mr. Trimblerigg was quite sure
she was safely asleep, did he put out the light and resign himself to
the rest he so much needed.
The reason was that Caroline’s composed materialism had got upon
his nerves; her detached reception of Martin’s godly suggestion had
dealt him the shrewdest blow of all. So little apparently was her mind
open to conviction of a spiritual kind, that she had passed it over as
not worth a thought.
But in this Mr. Trimblerigg did Caroline an injustice; she was merely
dense to nuances; half-tones had not impressed her, and a thing
which she could only half-see she could only half-believe in. It was
far otherwise when, waking up in the small hours, she beheld Mr.
Trimblerigg’s head, unconscious but luminous, lying in a charger of
golden light—light so strong that she might have read by it. So
overwhelming was the effect of it then, that she got out of bed, fell
upon her knees beside him, and in meek simplicity, though a little
late in the day, gave him the worship which was his due; for now
truly he looked beautiful.
Her mind experienced a revulsion; he had been concealing himself
from her. All these years she had been married to a holy man and
had not known it; had even had her doubts of him. Now they were
gone; that he should be able to look like that while unconscious and
asleep, convinced her utterly. Contrite, she wept. How could she
guess that in his sleep he was only carrying on with so much more
success that to which conscious life presented difficulties? Mr.
Trimblerigg was having a pleasant dream.
CHAPTER TWENTY
“The Desire of the Moth for the Star”
HE woke from his dream to conditions favourable to peace of mind;
a rippling sea, a sunny shore, and a day that promised to be
cloudless. They breakfasted in a verandah looking seawards, the
children seemed to miss something but said nothing; and Caroline’s
manner showed an improved change. Reserve and deference
mingled with tenderness when she spoke to him. When she
suggested plans for the day she was shy and a little nervous: for
now her conscience was troubled: she had Davidina on her mind,
and was expecting the reply-telegram. She had sent off the message
without consulting him, under what she now felt to be a
misapprehension. If Davidina wired that she was coming she would
have to break it to him; and fearing that the news would not please
him, she put off the evil moment as long as possible. Her immediate
anxiety was to get him out of the house before the arrival of the
telegram.
This she managed to do: and all day nursed her guilty secret that
Davidina would arrive by a late train to know what was the matter.
And as a consequence, as much as possible she avoided him.
Meanwhile Mr. Trimblerigg was thinking. Immediate conditions were
conducive to a quiet examination of the problem; but though
temporarily at ease, he was not getting more reconciled to the
prospect. He had been long accustomed to hear and speak of
people being overtaken in sin; but it had never entered his mind that,
by a similar involuntary capitulation to a stronger power, they could
also be overtaken in goodness—still less in goodness of so
conspicuous a character, attaching itself like a disease, independent
of the will.
‘The white flower of a blameless life’ was a poetic phrase which, like
that other about sin, had passed into the currency of the language:
and mentally he had always been able to wear it, and feel the better
for the consciousness that it was there. But it was a different matter
when becoming visible and almost concrete, it turned into an
evening primrose, catching him by the hair of his head, and refusing
to let go.
Martin’s question, ‘Is Father a holy man?’ was a child’s way of
putting it; but substantially it was so much his own point of view
about the visitation now afflicting him, that he began to wonder
whether he might not get rid of it by ceasing to be holy. If he went
into the kitchen and kissed the charwoman, if he made himself
drunk, if he went down to the marine parade and extracted cigarettes
from the automatic slot-machine by inserting metal discs instead of
pennies, or if—to make the matter worse—he were to add sacrilege
to dishonesty, go into the church and rob the poor box—if he did
those or other similar things, would this outward expression of his
sanctity take itself off—go away and leave him?
But while entertaining the fancy that it might do so, he more than
doubted it; for he felt that in his own heart he would not be doing any
of those things; that it would not really be him; internally his good
qualities and motives would remain unaffected. On such lines it
would be useless, therefore, to experiment.
But mentally was there nothing which, if sedulously entertained,
might bring him back to a more mundane and normal condition?
Here, as he sat on the shore, with his children building sand-castles
near by, and his wife making domestic sounds in the bungalow
behind him, could he not definitely will away the manifestation by a
slight deflection from his high ideals towards what is called
temptation?
He began to think of Isabel Sparling; and to think of her pleasurably;
she was still attractive to him; and that he had once again held her in
his arms counted for something, gave to youthful memories a livelier
flavour—a bouquet which hitherto they had lacked. He and Isabel
Sparling had become enemies—or rather she had become his, and
had all the more remained so because he had successfully evaded
and got the better of her. But he had always liked her, her pluck, her
perseverance, her capacity, and the spark of zealous fire for a cause
which had burned in her for years, and which nothing could quench.
Provocative, annoying, unscrupulous and vindictive though she
might be, she was never dull. He knew that with her he would have
had a more uneasy time than with Caroline—yet now he wished—or
told himself he wished—that he had taken the risk, adopted her
crusade as his own, and married her. It would have been harder,
more uphill work—but looking back complacently on his successful
career, due entirely to his own powers and intuitions—he believed he
could have done it. And had he adopted that course, life, otherwise
so interesting, would not have had at its centre that dull, that very
dull spot which was Caroline.
So Mr. Trimblerigg sat and thought, indulging himself with the
imagined sweetness of forbidden fruit. But as he was not in the very
least ashamed or put out of countenance by the entertainment of
these wayward fancies they had of course no effect upon him. His
internal unity of purpose not consciously weakened, he continued to
feel complacent and good, in the sense that he had always been—
good to himself. It was not as if anybody had found him out; then it
would have been different. The only person who ever found him out
was Davidina; and as to her, since their last encounter, his mind was
at peace.
The evening post brought letters forwarded from town; and Caroline,
having to confess what she had done, made them the occasion for
breaking into the solitude in which all day she had left him. An added
reason was that one of the bunch was in the handwriting of Davidina.
It was futile any longer to postpone the news that Davidina was on
her way to see him.
Caroline handed him the letters, and as after sorting them through
he seemed in no hurry to open them—Davidina’s she noticed, he put
aside from the rest—she opened, on her own account, the matter
wherewith she was charged.
The Presence had begun to manifest itself again, though not as
powerfully yet, as at the moment which had brought her to her knees
and to conversion. She was moved, feeling very humble towards
him; and her eyes grew full of tears.
‘I am sorry, Jonathan, I have misjudged you,’ she said.
The announcement, though it surprised, rather pleased him; for he
saw plainly by her look that misjudgment was over.
‘How have you misjudged me, my dear?’ he asked.
‘I—I didn’t think you were always quite straight,’ she said.
‘Straight’: the word had a certain sting. It stirred faintly the slumbers
of that small sleeping dog—his conscience, which he was so
accustomed to let lie. Then his sure instinct for defence brought him
gaily to the attack.
‘Oh, yes, I know, my dear child, sometimes you’ve been jealous.’
‘No, no, never really,’ she said, ‘only I know I’m stupid—so, of
course, sometimes—’
At that she left it and returned to her point—the point she had been
wondrously cogitating all day in her slow mind. ‘No, I mean straight
in quite little things. You see, Jonathan, I know now Martin was right.
I haven’t understood you—not properly. And when I say ‘not straight,’
I mean in such little, little things, that never seemed to matter till
now.’
This was a new experience altogether. Caroline was thoroughly
surprising him. ‘How didn’t you think I was straight?’ he asked.
‘Well, for one thing,’ she replied, ‘I know now that you do take your
cold bath. I thought you didn’t.’
Had Heaven thundered and shaken off the roof, leaving nothing
above but bare sky, Mr. Trimblerigg could not have been more
startled than at those words. To poor honest Caroline, the
acceptance of the spiritual interpretation of what had happened to
him meant, meant necessarily that he had always not merely been
good in his own sense of the term, but done the straight thing—taken
his baths, and in all quite small things told the truth, the whole truth,
and nothing but the truth.
And then, on the top of that, while the shock of it still reverberated
through his soul, Caroline let go the thing she had come to tell him.
‘Davidina is coming,’ she said. ‘Forgive me, Jonathan, I didn’t
understand then. And when you refused to see a doctor I
telegraphed for her.’
‘What did you tell her?’
‘Only that you’d got something the matter with your head. She’s
coming by the late train. It’s nearly due.’
He sat so still that she grew frightened. She reached out a hand and
touched him.
‘Go away,’ he said, ‘let me alone!’
And weeping she got up and left him.
For a long while he sat on, motionless, unable to move. Doubt leapt
in on him, engulfed him: blackness—such as he had never known
before—was upon his soul. Not Davidina—no, not Davidina herself,
whom he had now to expect by the late train—had ever dealt him so
devastating a blow. ‘Now I know you take your cold bath: I thought
you didn’t.’
O pellucid Eve: O rib of Adam, how naked hast thou made the man
for whom thou wast formed! And this without in the least intending it,
or knowing what she had done.
It was true that, even now, she had not found him out; but she had
revealed to him with fatal clearness the fact that the shirking of a
cold bath and the wearing of a yellow halo were incompatible. And
this was the worst thing she had against him, this trivial doubt; but it
was enough. Down came his castle. A horrid blush went over him—
down even into his clothes; it went farther, had he only known.
‘Thou, Lord, seest me!’ he said to himself, got up, and went swiftly
out into the starlit dusk carrying a red light.
And then the thought of Davidina, coming on the top of this, struck
him cold. He remembered that he had upon him a letter from her
which he had not yet read; opening it, he drew out the contents.
There was no need to go indoors to get a light; that which he had
was sufficient. The letter was very brief and to the point. ‘Found you
out! but no matter: you did the honest thing with your eyes open—for
once.’ Enclosed was an old envelope, cut open across the top, still
bearing its seal, addressed to Davidina in Uncle Phineas’s
handwriting. Minutely examining the seal, he found—what Davidina
also had found—traces of his own handiwork, a scar showing where
it had been removed and put on again.
‘Idiot!’ he said to himself—why hadn’t he covered up the breakage
with a larger seal? Or why, again, after all those years had he
troubled to tell a lie about it? But the reason for that he knew; it was
so that he might stand well—better than he had ever stood before—
in Davidina’s eyes. Just that once, so simply, so easily, by so slight a
departure from the truth—he had got the better of her; and now her
clutch was upon him again. She was coming through the dark night;
he must meet her face to face, and hear her asking in hard matter-
of-fact tone: ‘Well, what’s the matter now?’
Through the house he heard a knock at the front door; the thought
that it might possibly be Davidina, come earlier than she was
expected, drove him down the garden in flight and out by the back
way. He was suffering badly. The double buffet—Caroline’s, followed
by Davidina’s, had left him dazed; he had no spirit left. If there had
ever been doubt of him in his wife’s easy-going and utterly
domesticated mind, how could he meet the all-seeing eye of
Davidina, in the expectation that his shining certificate of virtue
would, even for a moment, divert her from common sense? All the
haloes in the world would not convince Davidina that he really took
his bath of a cold morning: it would convince her of nothing of which
he would like her to be convinced, but only of other things that he
would rather she did not know.
And yet the thought stuck to him, ‘I am good, sometimes.’ To that
anchor he clung like a drowning man who happens also to be a little
drunk. If he could only have let the anchor go it would have given
him a better chance. But no—a sense of his sometimes exceeding
goodness still clung to him. Out into the night he went, and his blush
went with him—extending farther than he knew.
All the mercury of his composition had gone down into his boots; and
though he still believed in himself he was very, very miserable. The
fact that he attracted moths, added to his depression. It was merely
one more indication of the futility of the moral emblem which had
fastened in on him. Coming to a stile leading into fields, he made it
his prie-Dieu, and kneeling on the foot-rest bowed his head and
prayed: ‘O Lord, take away my life; thou hast laid on me a burden
too heavy for me to bear!’ So, characteristically—I had often heard
him do it before—still shifting the blame from himself to others.
One did for him what one could—stirred memories he had striven to
make dormant, suggested to him interpretations of his action in the
past which at other times he would have denied vehemently. All I
could do I did to make him shake off for good that halo of self-
worship with which he had surrounded himself. But, as always when
he took to his knees, he left me with a peculiar sense of
helplessness. His tendency to defend himself in prayer not only from
the imputations the world made against him, but from the
imputations of his own conscience, was just as much in evidence as
ever; and familiarity with the Scriptures continued to make sincerity
of speech difficult. Quotations from the Old Testament kept coming
into his head to be hurled at mine, as though, from such a source,
they must needs be true statements of fact.
‘I have been very zealous for the Lord God,’ he cried; and then
having chosen his prophet, started upon variations. ‘The priests of
Baal I have slain; I have broken down their altars; and I, only I, am
left, desolate.’ He was not arguing, he was telling me.
With his persistencies and his prevarications he made me really
angry at last; for he would not leave off. As Jonah once had a great
fish prepared for him, so I prepared and drove a cow up to the stile
where he was kneeling. It touched him with its nose. In the darkness
he mistook it for a passer-by, waiting to get over. Apologizing he got
up and stood aside; and when he discovered his mistake it made
him feel very foolish.
He ceased praying, and rambling quickly across the field, found
himself presently at a level-crossing. Away on the other side he
heard mixed music, shouting, laughter, and the crack of toy fire-
arms, where the heath had temporarily become a fair-ground. From
farther away in the distance came the mumble of an approaching
train.
As he trod the metals, he wondered—his sense of direction being
defective—which was the up and which the down line. He stood still
on the track. Suddenly into his quick divided mind the thought
flashed—suppose there were an accident! He had heard of people
standing to watch trains becoming fascinated by them, hypnotized,
unable to move. Hypnotism would, he supposed, provide a
comparatively happy death: it would also make the recipient
irresponsible for his actions. Well, an express train might do it; but of
local or luggage trains he was doubtful; they had not sufficient
thunder or speed.
And so, between two rails, and still of two minds as usual, he halted
and waited. The idea began to fascinate him, as always where so
much hung upon chance. Was he standing on the right track? Would
it be an express, or would it be a local. And then the thought—if it
were an express, and with track coinciding, would he after death
display to a remorseful world that sign of divine approbation which as
a living man now so encumbered him?
It was a wonderful and an inspiring thought; and as it came forthwith
it blazed into a certainty; he became exalted and uplifted in spirit.
Yes, posterity would see him in his true light, as he had always felt
himself to be in those blessed moments when it was borne in on him
that his whole life was a mission, and he himself the great modern
evangelist making goodness a thing simple to the understanding.
What a beautiful end! he thought. Even Davidina would be sorry then
for her past misreadings of his character.
The train leapt into view. It did not leave him long in doubt; it was an
express and a fast one at that. He watched it, and became
fascinated. Power of control left him: his mind soared in a vague
hopeful ecstasy toward the stars. He saw Sirius winking at him—
Sirius, which had always been his special star, his affinity. He winked
back at it: tears rushed to his eyes, he became blind.
Absolutely irresponsible for his actions now, he stood unable to
move, his whole body possessed by the mighty rushing sound which
filled his ears; the world around, the heaven above, the earth
beneath grew full of the thunder of it. Upon those monstrous
vibrations his soul mounted to bliss; he had become superior to his
own body at last, did not mind, was not afraid. Heaven had been
gracious to him after all.
Suddenly the engine, opening its throttle, gave a ghastly scream.
With a blast of its nostrils, a rattling of chains, a grinding of brakes,
and a screeching of wheels, which sent shuddering discords to the
night, it came to a precipitate standstill, less than a dozen yards from
where Mr. Trimblerigg stood with sapling feet waiting to be uprooted
for another and a better world.
Those horrible noises, and the abrupt abatement of its speed
snatched Mr. Trimblerigg from his trance. With loosened knees and
presence of mind mercifully restored, now only apprehensive of
detection and capture, he sped swiftly away; high-hedged night
received him into its obliterating embrace; the track was clear.
A stoker, descending hastily from the arrested train, searched the
line ahead. His voice swung back angrily out of the darkness:
‘Red light? I don’t see no red light. It’s some damned fool’s been
having a blooming game with us—that was all.’
And so, with a rich accompaniment of expletives from stoker and
driver, the express proceeded upon its way.
Mr. Trimblerigg, in a much more shaken state, did the same.
CHAPTER TWENTY-ONE
A Run for Life
THE shock of his escape had left Mr. Trimblerigg dazed and
tremulous. He went feebly, not yet quite reawakened to the world
which, in that moment of exaltation, he had thought to be leaving
behind him. But instinct, and the loud jolly sounds of his fellow-
creatures drew him toward the glaring lights and bustle of the fair-
ground. An illuminated crowd was a refuge from his condition; amid
the flare of those naphtha lamps his radiance would be unapparent.
But while he thus moved toward the light, he forgot that his back was
to darkness, and as he skirted the outer circle of the booths,
standing shoulder to shoulder with their farther sides dressed to the
staring crowd in gaudy habiliments of painted canvas, he was
startled to hear a voice exclaim, ‘What’s that bloody sunset doing
there?’ and to perceive that it was directed at him.
The showman, jumping down from the back door of his van, ran
hastily towards him, thrust a bewildered face at him, and stopped
amazed. ‘Well, of all blinking wonders,’ he cried, ‘you take the cake!’
Mr. Trimblerigg, trying by superior calmness to control the awkward
situation, wished him a good evening, and was for passing on.
The man caught him by the arm. ‘Here! which of the blooming shows
d’you belong to? I hadn’t heard tell of you.’
Mr. Trimblerigg replied that he did not belong to any show. The man
was dumbfounded.
‘You don’t mean to say you’re going about here giving yourself away
for nothing?’ he managed to say at last. ‘You ain’t advertising
anything, are you?’
‘No; I’ve just been taking a turn,’ said Mr. Trimblerigg. ‘Now I’m going
home.’
‘You aren’t!’ cried the showman, with an eagerness that was almost
like agony. ‘Here, come along into my show, and you shall have half
the takings. Honest, I mean it! And you shall have a money-box of
your own to pass round too, if that ain’t enough,’ he added, seeing
that his first offer had failed in attraction.
‘You don’t understand,’ said Mr. Trimblerigg, assuming a mild dignity
which he did not feel: ‘This is entirely my own affair. I’m not a show.’
Stupefied, bewildered, outraged, the man stood and looked at him
for a moment, to see whether he really meant it. Then, his admiration
turning to hate: ‘You aren’t?’ he shouted, ‘Then what the blooming
hell are you? If you aren’t a show, what did you come ’ere for? Got a
game of your own on, have you? We’ll soon see to that. Hi!’
He shouted with all the strength of his lungs, and continued to shout,
waving his arms to attract the attention of the crowd. ‘Here’s an
escaped lunatic!’ he cried.
Mr. Trimblerigg started to run. He heard the shouts of others
gathering behind him, dodged round a canvas obstruction, doubled
back, made a bolt through a hedge, and thus securing a good start
made off across the open in the direction of home.
But in less than a minute he knew that the crowd was after him;
jovial, but excited,—for the mere fact that there is something to
chase kindles the blood—it hurled after him heavy-footed, a little
slow in the uptake, but warming to its task at the sight of its quarry
half a field away, a blister of red bouncing through the starlit night,
and under it showing dimly a man’s form.
As the crowd neared him, its uncouth epithets assailed his ears.
‘Holy Moses!’ was the cry of one; ‘Go up, Elijah!’ of another. Then as
they got near him and marked how desperately he ran, ‘Hullo, old
fire-escape!’ gave the more modern touch which the situation
required.
Mr. Trimblerigg could not run nearly so fast as the crowd; but at the
level-crossing fate was kind to him. An arriving luggage-train—not
without some risk—allowed him to pass in front of it, and then with its
slow length held up his pursuers. But the more active ones, running
down the line turned the tail-light of the guard’s van, broke fence, cut
a slant and were on him again.
Once more fate favoured him. At the home stile the cow which had
interrupted his prayer had couched itself for the night. Perceiving the
recumbent obstruction too late, he planted his foot on it; with a
spasmodic heave she hurled him across quicker than he could have
vaulted, and plunging about broke momentarily the head of the
oncoming crowd.
It was amazing with what spirit Mr. Trimblerigg—not being in running
condition—had kept the pace; but he was a very spent man when he
reached the narrow foot-bridge, and sped breathless to the crossing,
his pursuers only a few yards behind. The tide was low: black
glimmerings of mud stretched to right and left of him: he trod warily
clutching at the hand-rail as he ran to stay the dizzying of his brain.
Before he reached the end, a violent vibration told that his pursuers
were now almost upon him; the bridge resounded to the weight and
tread of a larger number than it was built for. Under Mr. Trimblerigg’s
feet a plank started; the weight pressing it behind jerked it upwards.
Somewhere with a sharp report a stay snapped, then another and
another; and with a sense of general collapse going on behind him,
from which he himself was immune, Mr. Trimblerigg felt himself
precipitated through the air in a long gliding curve, up, out, forward,
and down. A shallow mud-bank received him into its merciful
embrace. He stumbled out of it unhurt, but in so dark a disguise, that
all the mothers in the world would not have known him.
Leaving his enemies behind in far worse plight, he staggered up to
the door which had already opened to those sounds of break-neck
disaster borne upon the quiet air.
He saw Davidina standing dark against the light, and even in the
desperation of his present condition he felt the shock of it, and
shrank back from meeting her—not because of the mud which now
encased him, but because of that other adornment, which he could
explain so far less easily. But the relief he had longed for had already
been brought about: the mere sight of her had made him a changed
man; and though her greeting word, as she ran down the path to
meet him was, ‘Jonathan, whatever is the matter?’ she made no
further remark indicative of surprise. All about him the night was
beautifully dark; there was no reflected light upon her face as she
bent forward to kiss him. The shock of meeting her had done it. Mr.
Trimblerigg had no longer anything to conceal.
They cleaned him of the mud which smothered him. ‘You don’t smell
of drink,’ said Davidina, ‘but you look like it. What’s this Caroline has
been telling me about your head? What’s wrong with it?’
And, at the word, what he had already begun suspiciously to hope,
he became sure of. Heaven was no longer making him conspicuous.
‘What did she tell you?’ he inquired defensively. ‘There’s nothing the
matter with my head that I know of.’
‘Said you’d been striking sparks—having a vision that your head was
a hayrick that had caught fire; and now she won’t tell me anything:
says you’ve sworn her to secrecy.’
‘She must have dreamed it!’ said Mr. Trimblerigg.
He saw Caroline go white.
‘Dreamed it?’ exclaimed Davidina. ‘If she dreams things like that she
wants a doctor.’
She did. On hearing that she must not believe the evidence of her
senses, Caroline fainted.

*
Full many a rose, the poet tells us, is born to blush unseen, and
waste its sweetness to the desert air. Mr. Trimblerigg’s rose had
experienced a somewhat different fate; it may have wasted its
sweetness, but it had not blushed altogether unseen; and though it
died blushing for itself, it had not lived in vain. The conversion of
Caroline to its spiritual significance had proved unimportant; the
realization by Mr. Trimblerigg of its extreme inconvenience had made
a temporary but not a permanent impression upon him, as further
record will show. Davidina had not seen it at all, it had snuffed itself
out at the sight of her. But somebody else had seen it, and had
realized not merely its spiritual significance, but its potential value,
which Mr. Trimblerigg had missed, or too hastily despaired of. And
the person in question had seen it not once but twice, on two
separate occasions.
When Mrs. James told Isabel Sparling that Mr. Trimblerigg was not at
home and had already left town, Miss Sparling had either the sense
or the instinct not to believe her. And being a determined character,
she had hung about at a respectful distance, keeping her eye on the
door, rather expecting him to come out of it than to go into it. Muffled
in veil and cloak—the former to conceal her bandaged face—she
had walked up and down the farther pavement, with her senses alert
for the coming or going of that familiar figure, until in the early
gathering dusk, the apparition passed her, going with haste along the
verge of the pavement in the line of the lamp-lights.
Isabel Sparling had this advantage over others who had seen, or
doubted that they could have seen, that same mystical appearance
in the earlier hours of the day. She was herself a spiritualist and a
visionary; she believed in things which the world in general did not,
and was on the look-out for them. She had recently, among her other
beliefs, become a Second Adventist, and was looking for the end of
the world; this event was to be preceded by a great war, by
earthquake, by things happening to the sun and moon; by the
opening of the seven seals upon a certain box which had recently
come into her custody, and by the reappearance of saints from their
graves, preparatory to the reappearance of others who were not
saints. And for all these things she was already hungrily expectant,
when she met a halo walking down the street. It came upon her
suddenly round a corner, and had passed before she fully realized
that it encircled the head of the man whose false friendship had
changed her feelings to enmity. Her intention, in seeking him out and
lying in wait for him, had been to return in person the money he had
left for her; and though she had meant to thank him for his good
services, she had not meant entirely to forgive him, but rather to
explore his spiritual condition, and warn him, as she had begun
warning the world at large, of the wrath that was to come.
But seeing him there, with head clothed in light, her feelings toward
him changed. She was seized with an instant conviction that she had
misread his character, or that she had not made allowances for the
difficulties of one destined to fulfil a high mission in the spiritual crisis
which the world was now approaching. The sight of him thus
augustly changed, speeding furtively along, avoiding human
recognition, filled her with awe and humility; she could not go and
return money to a head in a halo; she could not, with the emotion of
that discovery fresh upon her, follow him, ring the bell and ask for
him—perhaps only to be denied. But twenty-four hours later, after
much spiritual wrestling with herself and him (for her thoughts
thereafter were never quit of him) she did find courage to go and
knock at the door of the Mollusc wherein he had secreted himself
from the world—the knock which he had heard and thought might be
Davidina; and when the dull Caroline, without recognition or inquiry,
had told her, in the double sense, that he was not at home, she let
herself be turned away without protest; and standing forlorn,
contemplative of that quiet scene of shore, river and star-brimmed
sky, saw away in the mid-distance a globed cluster of moving light
crossing the small foot-bridge, and making for the fields beyond.
Then to her also came the sense of a mission, and prevailing in
weakness she stole after him.
Following at a devout, that is to say at more than a respectful
distance, she saw him dimly by his light rather than by his form,
cross the field and halt at the stile to pray.
Drawing nearer, she durst not then intrude on him; and when he had
got upon his feet and passed on, she, following close after, found an
impediment of an insuperable kind awaiting her.
Isabel Sparling was mortally afraid of cows; and there one stood in
her way; and after standing for awhile and gazing at her with a
munching movement of the mouth which she felt sure meant
mischief, it lay down upon the footpath to wait for its prey to come
over.
And thus it was that, without a full clue to its meaning, she became
spectator to the unexplained scene of horror which followed after.
She watched his light resting at the level-crossing to await the
passing of a train, then saw it dwindle and merge in the broad band
of fire amid which the junketing fair sat and bubbled; and wondered
whether he had gone there to preach repentance like Jonah to the
inhabitants of Nineveh. Her next sight of him was fleeing before a
crowd that seemed thirsting for his blood, awhile holding his own, but
presently losing ground, then by the intervention of Providence
gaining more than he had lost. As he came headlong toward her, she
nerved herself for his deliverance, was prepared to stand between
him and the hungry crowd, declare his sanctity, die if need be
instead of him; and so she would have done had not the cow got
suddenly upon its feet—hind legs first in that horrible way which
cows have when they intend to toss people.
That finished her, she saw the rest of the chase from a distance,
heard the crash of the broken bridge, cries, curses; and presently
met a crowd of maimed larrikins, muddy, drenched and miserable,
carrying each other home. But even had she then dared to go
further, and inquire for more news that the angry comments of the
crowd gave of his escape, the broken bridge prevented her; and the
next day, stealing by furtive ways to watch unobserved, she saw Mr.
Trimblerigg clothed and in his right mind, tended by female relatives,
accompanied by his children, and his glory all gone from him.
And that, for the time being, was the conclusion of the matter; but not
the real conclusion, for then came war; and Isabel Sparling, girding
up her spiritual loins, preached that the world was to end,—that her
people and her native country were to be punished for their sins, but
other countries much more. Gradually, swayed by the patriotic
crowds which gathered to hear her and cheer on others to do their
fighting, she became harder upon the other countries, and let her
own and its allies off; and before the war had been on a twelvemonth
they had all become angels of light, chosen vessels, ministering
spirits and flames of fire. For that is what war does; while in a
physical sense it paints most things red, in a moral sense it paints
them black or white; and the black is the enemy, and the white is
ourselves; and the neutral, if neutral there be, is a dirty tint which
badly needs washing.

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