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Littéraires ou non, les écrits personnels permettent de parler de soi, de ses émotions, de ses
sentiments, de son passé, de son rapport aux autres
1.L’autobiographie
Engagé dans l'aviation en 1938, Romain Gary rejoint la France libre en 1940. En attendant de passer en
Angleterre, il est avec son escadre à Meknès, au Maroc.
Ce fut alors que je vécus ce qui fut, sans doute, la plus brève histoire d'amour de tous les
temps.
Dans un bar du quartier européen où j'étais entré boire un verre, la bairmaid blonde à
laquelle, au bout de deux minutes, je faisais naturellement des confidences, parut
5 particulièrement touchée par ma sérénade' enflammée. Son regard se mit à errer sur mon
visage, s'attardant à chaque trait avec une expression de tendresse et de sollicitude qui me
donnait le sentiment de sortir soudain de l'ébauche pour devenir enfin un homme complet.
Pendant que ses yeux passaient de mon oreille à mes lèvres, pour remonter rêveusement à la
racine de mes cheveux, ma poitrine doubla d'ampleur et mon coeur de vaillance, mes
10 muscles se gonflèrent d'une force que dix ans d'exercice n'eurent pu leur donner et la terre
entière devint un piédestal'. Comme je lui faisais part de mon intention de me rendre en
Angleterre, elle ôta de son cou une chaîne avec une petite croix en or et me la tendit. Je
fus brusquement et irrésistiblement tenté de plaquer là ma mère, la France, l'Angleterre et tout
le bagage spirituel dont j'étais si lourdement chargé, pour demeurer auprès de cet être
15 unique qui me comprenait si bien. La bairmaid était une Polonaise venue de Russie par le
Pamir et l'Iran, et je mis la chaîne autour de mon cou et demandai à ma bien-aimée de
m'épouser. Nous nous connaissions alors déjà depuis dix minutes. Elle accepta. [...]
Nous décidâmes de nous marier immédiatement et de passer ensuite en Angleterre
ensemble. J'avais rendez-vous à trois heures et demie avec un camarade qui était allé voir
20 le Consul anglais à Casa pour lui demander de nous aider. Je quittai le bar à trois heures
pour aller rejoindre mon camarade et lui dire que nous allions être trois et non deux,
comme prévu originairement. Lorsque je revins au bar à quatre heures et demie, il y avait
déjà du monde et ma fiancée était très occupée. J'ignore ce qui avait bien pu se passer pendant
mon absence - elle avait du rencontrer quelqu'un - mais je voyais bien que tout était fini entre
nous. Sans doute n'avait-elle pas pu supporter la séparation. Elle était en train de parler à un
25 beau lieutenant de spahis': je suppose qu'il était entré dans sa vie pendant qu'elle
m'attendait. C'était bien ma faute : il ne faut jamais quitter une femme qu'on aime, la solitude
les prend, le doute, le découragement, et ça y est. Elle avait dû perdre confiance en moi,
s'imaginant peut-être que je n'allais pas revenir, et elle avait décidé de refaire sa vie. J'étais très
malheureux, mais je ne pouvais lui en vouloir. Je traînai là un peu, devant mon verre de bière,
terriblement déçu tout de même, car je croyais bien avoir résolu tous mes problèmes. La
30 Polonaise était vraiment jolie, avec ce quelque chose d'abandonné et de sans défense dans
l'expression qui m'inspire tellement, et elle avait un geste pour chasser de son visage ses
cheveux blonds qui m'émeut encore maintenant quand j'y pense. Je m'attache très facilement. Je
les observai un moment, tous les deux, pour voir s'il n'y avait pas d'espoir. Mais il n'y en avait pas.
ROMAIN GARY, La Promesse de l'aube, 1960. Éditions Gallimard.
1
Vocabulaire :
sérénade : discours amoureux
piédestal : socle d’une statue
Casa : Casablanca (ville du Maroc)
saphis : cavaliers de l’armée française en Afrique du Nord.
Etude de l’extrait :
Le passé recréé :
1. Lis la biographie de l’auteur.
● Quel âge a-t-il lors des événements qu’il relate ?
● Où se trouve-t-il ?
● Quelles circonstances l’ont amenée dans cette ville ?
2. Résume les faits. Pourquoi Romain Gary dit-il qu’il s’agit de la plus brève histoire d’amour de tous
les temps ?
2. Le comportement de la jeune femme laisse à penser au jeune homme qu’elle a le coup de foudre
pour lui. Relevez les gestes et attitudes qui l’invitent à le croire.
3. « Je croyais bien que tout était fini entre nous » constate le héros. Qu’éprouve-t-il alors ?
Relevez les termes indiquant ses sentiments
2
2. Quelques pages plus loi, Romain Gary écrit : « Vingt ans sont passés et l’homme que je suis,
depuis longtemps abandonné de sa jeunesse, se souvient avec beaucoup moins de gravité et un peu
d’ironie de celui que je fus alors avec tant de sérieux, tant de conviction »
Relève dans le texte les détails humoristiques ou ironiques montrant que l’auteur se moque de sa
naïveté d’autrefois.
L’autobiographie : C’est le récit qu’une personne fait de sa vie passée : un certain temps (parfois
des dizaines d’années) sépare les événements et le moment où ils sont racontés (le temps de la
narration). L’auteur plus âgé, plus expérimenté, fait un effort de mémoire, remet en ordre ses
souvenirs. Il commente son passé, porte un jugement sur le moi qu’il était alors.
La situation d’énonciation :
Quelques notions :
Enoncé= message verbal oral ou écrit
s’interroger sur la situation d’énonciation, c’est chercher qui a émis l’énoncé (= l’énonciateur), à
qui est-il destiné (= le destinataire), où, quand et dans quelles conditions il a été produit.
a) Qui sont les personnages de cet extrait ? Par quels pronoms sont-ils désignés ?
b) Y a-t-il communication directe entre les personnages désignés par Je et les autres
personnages ?
SYNTHESE :
On dit qu’un énoncé est COUPE de la situation d’énonciation quand il ne présente aucune référence
au moment de l’énonciation (moment où l’énoncé est produit).
Ses caractéristiques :
● emploi d’un système de temps dont le passé simple est le temps de référence
● présence de la 3ème personne (on trouve « je » quand le narrateur est en même temps le
personnage de l’histoire)
● les indications de lieu et de temps sont coupées du moment de l’énonciation (le lendemain, la
veille, ce jour-là, alors, …)
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Travail d’écriture :
Ton objectif :
En t’inspirant du texte de Georges Pérec, tu vas écrire à partir d’une de tes photographies
d’enfance. Tu expliqueras à quelle occasion la photographie a été prise, tu la décriras avec précision
puis tu évoqueras les souvenirs que tu y associes.
La [photographie] a été faite par Photofeder, 47, boulevard de Belleville, Paris, 11e. Je pense
qu'elle date de 1938. Elle nous montre, ma mère et moi, en gros plan. La mère et l'enfant
donnent l'image d'un bonheur que les ombres du photographe exaltent. Je suis dans les bras de
ma mère. Nos tempes se touchent. Ma mère a des cheveux sombres gonflés par-devant et
retombant en boucles sur la nuque. Elle porte un corsage imprimé à motifs floraux, peut-être fermé
par un clip. Ses yeux sont plus sombres que les miens et d'une forme légèrement plus allongée.
Ses sourcils sont très fins et bien dessinés. Le visage est ovale, les joues bien marquées. Ma mère
sourit en découvrant ses dents, sourire un peu niais qui ne lui est pas habituel, mais qui répond
sans doute à la demande du photographe. J'ai des cheveux blonds avec un très joli cran sur le
front (de tous les souvenirs qui me manquent, celui-là est peut-être celui que j'aimerais le plus
fortement avoir: ma mère me coiffant, me faisant cette ondulation savante). Je porte une veste (ou
une brassière*, ou un manteau) de couleur claire, fermée jusqu'au cou, avec un petit col surpiqué².
J'ai de grandes oreilles, des joues rebondies, un petit menton, un sourire et un regard de biais déjà
très reconnaissables.
Georges Perec, W ou Ie Souvenir d'enfance, éd. Denoël, 1975.
1. brassière: petite chemise.
2. surpiqué: avec couture apparente.
Vocabulaire :
●le travail du photographe : angle de vue, cadrage, autoportrait, plan moyen, plan d’ensemble,
plongée, contre-plongée, contre-jour, prise de vue
●l’évocation du passé : en ce temps-là, à l’époque, alors, autrefois, plus tard, ensuite, auparavant,
longtemps, d’abord, précédemment
●le corps : visage, corpulence, apparence, expression, peau, muscle, carnation, teint, mine, svelte,
élancé, rond, mince
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2. Le journal intime
La mort du chef d’Etat, le maréchal Tito, en 1980, et l’appauvrissement économique ont entraîné
le réveil des nationalismes en Yougoslavie. Entre 1991 et 2000, des guerres civiles meurtrières
disloquent l’ancien état fédéral de Yougoslavie
ZLATA FILIPOVIC : (née en 1980). Jeune bosniaque vivant à Sarajevo. Quand éclate la guerre,
elle tient depuis quelques temps déjà son journal intime.
Dis donc, mon journal, tu sais à quoi j’ai pensé ? Anne Frank avait bien appelé son journal Kitty,
pourquoi je ne te trouverais pas un nom ? Voyons voir …
ASFALTINA PIDZAMETA
SEFIKA HIKMETA
SEVALA MIMMY
ou alors autre chose ?
Je cherche, je cherche…
J’ai choisi ! Tu vas t’appeler …
MIMMY
Allez, on commence.
(…)
Dear Mimmy,
J'EN AI MARRE DES CANONNADES! ET DES OBUS QUI TOMBENT! ET DES MORTS! ET DU
DESESPOIR !! ET DE LA FAIM! ET DU MALHEUR! ET DE LA PEUR !
Ma vie, c'est ça!
On ne peut pas reprocher de vivre à une écolière innocente de onze ans ! Une
écolière qui n'a plus d'école, plus aucune joie, plus aucune émotion d'écolière. Une enfant qui
ne joue plus, qui reste sans amies, sans soleil, sans oiseau, sans nature, sans fruits, sans
chocolat, sans bonbons, avec juste un peu de lait en poudre. Une enfant qui, en un mot, n'a
plus d'enfance. Une enfant de la guerre. Maintenant, je réalise vraiment que je suis dans la
guerre, que je suis le témoin d'une guerre sale et répugnante. Moi et aussi les milliers d'autres
enfants de cette ville qui se détruit, pleure, se lamente, espère un secours qui ne viendra pas.
Dieu, est-ce que cela va cesser un jour, est-ce que je vais pouvoir redevenir écolière, redevenir
une enfant contente d'être une enfant? J'ai entendu dire que l'enfance est la plus belle
période de la vie. J'étais contente de vivre mon enfance, mais cette sale guerre m'a tout pris. Mais
pourquoi?! Je suis triste. J'ai envie de pleurer. Je pleure.
Ta Zlata.
Zlata Filipovic, Le journal de Zlata (1993), traduit du serbo-croate par A. Cappon
Robert Laffont/Fixot, 1995
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La situation d’énonciation :
2. Qui est, selon toi, le destinataire de ces pages lorsqu’elles les écrit ?
4. Quels sont les temps utilisés ? Quelles sont les indications de temps données par Zlata ?
SYNTHESE :
On dit d’un énoncé qu’il est ANCRE dans la situation d’énonciation lorsqu’il se réfère au moment de
l’énonciation (présent). Dans l’énoncé ancré, l’énonciateur et le destinataire partagent la même
situation d’énonciation. C’est le cas des dialogues réels (conversation, téléphone,..) ou fictifs
(textes de théâtre). Les lettres ou certains énoncés informatifs (presse) sont ancrés dans la
situation d’énonciation mais le destinataire et l’énonciateur ne sont pas en contact direct : la
communication est différée
Ses caractéristiques :
● L’emploi d’un système de temps dont le temps de référence est l’indicatif présent
● La présence de pronoms personnels désignant l’énonciateur et le destinataire (je, tu, nous,
vous, …)
● La présence d’indications de lieu (ici, là-bas) précisant le lieu ou l’on se trouve et de temps
(aujourd’hui, hier, demain,..) se référant au moment où l’énoncé a été produit
● L’emploi d’un niveau de langue en rapport avec la situation d’énonciation (familier, courant,
soutenu en fonction du niveau socio-culturel de l’énonciateur et du destinataire, de leurs relations
et de la situation dans laquelle ils se trouvent.
La révolte de Zlata :
1. Quels sont les types de phrases utilisées dans le 2ème extrait ? pourquoi ?
En résumé :
1. Quelle différence fais-tu entre une autobiographie et un journal intime ?
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L’autobiographie est un récit de vie dans lequel l’auteur se confond avec le narrateur et le
personnage principal.
La matière autobiographique, c’est la vie de l’auteur. Il peut donner des informations sur son
environnement (lieu géographique, milieu social, famille) ou sur lui-même (physique, caractère,
valeurs, centres d’intérêts, etc…)
Ces informations sont tantôt contrôlables, tantôt incontrôlables, mais l’auteur, sauf s’il pense
devoir se justifier, ne fait rien pour en justifier le contrôle.
Ces informations apparaîtront, en outre, plus ou moins intéressantes à tel ou tel lecteur. Mais
pour intéresser, l’auteur de biographie tablera notamment sur
-la valeur exemplaire de ce qu’il a vécu
- les points communs entre son expérience de la vie et celle de beaucoup de gens
-l’audace de certaines révélations
-l’originalité de la narration.
En règle générale, l’auteur d’une autobiographie utilise le passé composé ou le passé simple pour
relater les faits qui ont eu lieu, et le présent pour parler du moment où il rédige.
Le journal intime est une forme d'autobiographie au quotidien. Il s’écrit sans recul de la part du
narrateur au fur et à mesure que les événements relatés (importants ou quotidiens) surviennent,
souvent au jour le jour. Le journal est en général fragmenté et précédé d’une référence temporelle.
Le journal intime est par excellence l’endroit où l’on exprime les attirances et les répulsions dont
on ne peut pas toujours faire état en public, celles qu’il n’est pas toujours possible de manifester
aux personnes intéressées. Il y a en effet des risques à dire à quelqu’un de but en blanc, qu’on le
déteste ou qu’on l’aime. On commence par confier ça à son journal intime. Ca fait du bien de l’écrire.
Parfois, ça permet de supporter d’abord, de surmonter ensuite la difficulté de dire.
La langue est souvent familière – voire relâchée.
Les temps dominants sont généralement le passé composé pour les événements racontés et le
présent pour les réflexions personnelles
Les nuances dans le domaine des sentiments : intérêt, sympathie, bienveillance, affection, amitié,
tendresse, amour, passion : autant de mots qui disent diverses sortes d’attirance. Dégoût, mépris,
antipathie, hostilité, haine, exécration : autant de mots qui disent sortes de répulsion.
L’attirance ou la répulsion s’expriment souvent- dans un journal intime, entre autres- par la
caractérisation positive ou négative de l’être (personne, animal) ou de la chose (lieu, saison, jour de la
semaine, plat, activité, etc..) qui provoque cette attirance ou cette répulsion.
Travail d’écriture : Développe en quelques lignes un des faits ci-dessous, en veillant à ce que la
caractérisation ait plus d’importance que l’action :
-nouvelle dispute avec ma mère (mon père, mon frère,…)
-le chien de la voisine a encore fait des siennes
-Je me suis, une fois de plus, fait coller un zéro
-X m’ennuie à vouloir sortir avec moi
-Je craque pour elle/lui
-Je hais les dimanches
-Chouette ! On part pour …..
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Quelques extraits de journaux intimes :
Personnellement, je suis pas très attiré par les tilles. Surtout se lève de bonne heure, on fait quelques montagnes de
que cette année, dans la classe, c'est vraiment la gadoue. On a bagages comme si on partait en Alaska, on s'enfile dans la
hérité de la lie de la terre, des grosses, des squelettiques, des bagnole pourrie, et cap sur Bonnétable. (...)
molles, des girafes, un vrai film d’épouvante. Yasmine Pour Pâques, Dugontier va au ski, il raconte qu'il descend
Khadaoui, c’est la mieux de loin, mais même elle, y’a pas de schuss, qu'il cavale la nuit dans la neige pour aller dans les
quoi crier au miracle. En classe, on est l’un derrière l’autre, boîtes, et il y a des filles presque nues sous les anoraks ; il
alors on peut se passer des mots. Elle est avec Benamou, c’est revient tout brun, il se croit beau, mais pas du tout, il a
dire son intelligence. Une fille qui choisit un mec comme ça, toujours la même tête de con, mais en couleurs. II dit qu'il
elle est rayée des listes dans la seconde. J’arrive pas à croire sait bien faire du ski, mais je demande à voir. En tout cas, en
qu’ils s’embrassent, je m’en fous mais rien que de les ce qui me concerne, c'est râpé pour le ski parce que y a pas
imaginer, ça me fait vomir. Ce mec est un véritable plus plat que Bonnétable, et pour le bronzage on peut
cauchemar. (…) toujours attendre : il pleut tout le temps...
Ca y est. Vacances. Et du coup on est à Bonnétable. Enfin, à Patrick CAUVIN, Tout ce que Joseph écrivit cette
côté. C’est dans la Perche. La gadoue complète. Ca ne fait que année-là. Albin Michel, 1994
cent ans qu’on y va. Dans cette histoire, y a pas de surprise :
on
8
Lis attentivement les deux planches de la BD ci-dessus
Réfléchis aux questions suivantes :
● qui sont les personnages représentés ? Quels indices te permettent d’identifier l’auteur
comme personnage de la bande dessinée ?
● Quelle est la nationalité des deux personnages ? Dans quels pays vivent-elles
respectivement ?
● Dans quelles circonstances particulières se situent ces deux souvenirs ?
● Dans la première planche, que demande la mère à sa fille ? Quelle relation cherche-t-elle à
instaurer avec elle avec cette demande ?
● Comment réagit la fille ? Comment ses sentiments sont-ils traduits dans les gestes et dans le
dessin ?
● Dans chacune des planches, quelle personne fait les frais de la réconciliation ? Comment ces
personnes sont-elles rendues antipathiques ?
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Marjane SATRAPI, Persepolis, tome 3, l’Association, 2002
Travail d’écriture :
Choisis un des souvenirs évoqués dans la BD et transforme-le en journal intime écrit soit par la
jeune Marjane ou soit par sa mère. Tu y introduiras les réflexions que se font l’une ou l’autre.
Présente ton travail comme un véritable journal intime et donc n’oublie pas les caractéristiques
de ce type de récit.
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EXERCICES SUR LA SITUATION D’ENONCIATION
1.
a) Devine qui sont l'énonciateur (on dit aussi le locuteur) et le destinataire de l'énoncé suivant.
b) Souligne les éléments qui vous ont permis de répondre.
Ma chérie, est-ce que tes cours se sont bien passés ? Je m'inquiétais : je me suis dit toute la journée
que tu n'étais pas assez habillée et que tu allais prendre froid. C'est pour ça que je suis venue te
chercher. On va se dépêcher de rentrer à la maison. J'irai faire les courses plus tard.
L'ÉNONCIATEUR EST
LE DESTINATAIRE EST
c) Relève les mots qui désignent l'énonciateur et indiquez leur nature.
............................................................................................
d) Relève les mots qui désignent le destinataire et indiquez leur nature.
............................................................................................
e) Ces mots t’ ont-ils permis d'identifier très précisément l'énonciateur et le destinataire ?
Pourquoi?
..........................................................................................................................................................................................
...........................................................................................................................................................................
2.
a) Indique l'énonciateur et le(s) destinataire(s) des énoncés en gras dans le tableau ci-dessous.
Bartholo voit le comte baiser la main de Rosine et Figaro qui embrasse grotesquement don Bazile; il
crie en prenant le notaire à la gorge
BARTHOLO - Rosine avec ces fripons! Arrêtez tout le monde. J'en tiens un au collet.
LE NOTAIRE - C'est votre notaire.
BAZILE- C'est votre notaire. Vous moquez-vous?
BARTHOLO - Ah ! don Bazile ! eh! comment êtes-vous ici?
BAZILE - Mais plutôt vous, comment n'y êtes-vous pas ?
L'ALCADE, montrant Figaro - Un moment ! je connais celui-ci. Que viens-tu faire en cette
maison, à des heures indues?
Beaumarchais, Le Barbier de Séville (1775).
Enonciateur Destinataire(s)
c) Qu’est-ce qui fait qu’au théâtre le pronom démonstratif « celui-ci » ne pose aucun problème de
compréhension ?
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d) Qui est l’énonciateur des énoncés en italique ?
●un personnage ●l’auteur ●le metteur en scène ●le spectateur
3.
a) Complète les pointillés en inventant une phrase de récit qui rendra compatibles les énoncés en
italique.
Robert serra son manteau contre lui et grommela : « Ah, quel temps de chien ! Il ne s’arrêtera donc
pas de pleuvoir ! » ………………………………………………………………………………………………………………………………………………….
« Ah, il fait bon ici : cette douce chaleur est bien réconfortante. »
4.
a) Même consigne que pour l’exercice précédent.
Lucie se précipita vers son amie : « Suzanne, comment va ta mère ? J’ai appris qu’elle était tombée
malade ! J’espère qu’elle se remettra très vite de ce coup de fatigue. »………………………………………………..
…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
« Ah, Suzanne, comment va ta mère maintenant ? »
Une équipe archéologique vient de découvrir une nouvelle pyramide. Un archéologue y pénètre par une entrée
étroite. Par talkie-walkie, il raconte sa visite à ses collègues.
Je marche toujours dans le couloir. Maintenant je suis obligé de marcher penché car le plafond est
ici extrêmement bas... Maintenant je pénètre dans une petite salle. Ici, tous les murs sont décorés
de fresques et de hiéroglyphes. C'est superbe! ... À l'autre bout, il y a une autre porte...
J'emprunte maintenant un nouveau passage plus large que le précédent. Je pense que j'approche du
but. Je vois une petite ouverture devant moi. Je pense que c'est ici la salle des sarcophages.
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Récapitulons :
a) Le verbe énoncer signifie : ●accuser ●dire ●donner un ordre
b) Un énoncé est : ● un ensemble de paroles ●un locuteur ●un lieu
c) Une situation d’énonciation est constituée : ●d’un locuteur ●de didascalies ●d’un destinataire
●d’un moment précis ●d’un lieu précis ●d’un texte précis
d) Les adverbes ici et maintenant renvoient au ………………………………………………………………………………………..
e) Le locuteur désigne les objets et les gens qui se trouvent dans la situation d’énonciation grâce
aux pronoms ………………………………………………….
6. Dans chacun des deux textes ci-dessous, souligne tous les mots qui renvoient à la situation
d’énonciation.
Texte A Texte B
I1 y a maintenant près de cinquante ans de 1er octobre 1942
cette aventure, et je n'ai pas peur aujourd'hui Chère Kitty,
d'être puni derechef pour le même fait; eh bien Hier, j'ai eu une peur bleue, à huit heures on a
je déclare à la face du ciel que j'étais innocent, entendu un coup de sonnette retentissant; j'ai
que je n'avais ni cassé ni touché le peigne, que tout de suite pensé que quelqu'un venait, tu
je n'avais pas approché de la plaque, et que je devines qui. Mais quand on m'a assuré que
n'y avais même pas songé. Qu'on ne me demande c'était des petits plaisantins ou le facteur, je
pas comment ce dégât se fit : je l'ignore et je me suis un peu tranquillisée. Maintenant,
ne puis le comprendre ; ce que je sais très pendant la journée c'est le calme plat. (…)
certainement c'est que j'étais innocent. Anne.
Jean-Jacques Rousseau, Les Confessions (1782). Anne Frank, journal, traduit du néerlandais par P.
Noble et J. Rosselin-Bobulesco, © Calmann-Lévy
(1992)
7. Enoncé ancré ou énoncé coupé ? Coche la bonne réponse et relève les indices qui t’ont
permis de choisir.
ancré coupé
Le jour déclinait. Ils se dirigèrent vers le restaurant où travaillait Lou.
Ils savaient qu'ils pouvaient compter sur elle.
Depuis hier, je suis installée dans une petite chambre d’hôtel, dans la vieille
ville. Elle n’est pas très jolie mais confortable. Tu me manques. J’ai hâte de
te revoir.
Messieurs les députés, il faut agir au plus vite, sinon il sera trop tard. Il
faut dès maintenant débloquer les fonds qui permettront à nos chercheurs
de parer à cette catastrophe écologique.
Marie eut juste le temps de se pencher par-dessus le balcon de sa fenêtre
pour voir le voleur s’enfuir en courant.
Je le vis, ce jour-là, marcher d’un air pensif près du bassin du Luxembourg.
Je voulus le saluer mais il ne me vit pas.
Soudain, une voiture apparut au bout de l’impasse. Franck se met à courir,
trébuchant dans les poubelles. Je tente pour ma part de me réfugier dans
une cour d’immeuble. Par chance, l’accès aux caves était libre.
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a) Dans le dernier énoncé, quels sont les indices qui pouvaient te faire penser que l’énoncé était
ancré dans la situation d’énonciation ?
b) Qu’est-ce qui te prouve qu’il est coupé de la situation d’énonciation ?
8. Réécris les énoncés suivants de façon à ce qu’ils soient coupés de la situation d’énonciation.
Modifie les temps des verbes et les adverbes de temps et de lieu
---------------------------------------------------------------------------------------------------------
● Je suis devant le cinéma Odéon. J’attends ici que mon frère me rejoigne.
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● Il est maintenant chez lui. Il ne peut pas la recevoir avant demain ou après-demain.
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Le capitaine s’adressant à son équipage, déclara d’un air grave : « Hier, la tempête a fait de
terribles dégâts. Le navire doit être réparé aujourd’hui si nous voulons encore avoir une chance
d’atteindre le Mexique avant Noël. Nous devons tenir la cadence pour arriver dans les délais. »
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10. Indique si les extraits suivants sont écrits au présent de narration (coupé de la situation
d’énonciation) ou au présent d’énonciation (ancré dans la situation d’énonciation).
Sache que le présent de narration peut être remplacé par un passé simple.
a). Frigorifiés, engourdis, Olivier et son passager, Nicolas Châtel, abandonnent le véhicule sur un
stationnement interdit et s'avancent vers la cathédrale avec la grâce de pingouins ensommeillés. Jack
Chaboud, L'Énigme de !n forêt d'Orient (1997), © Magnard.
b) Je crois que je te dois la vérité. Alors tu vas tout savoir. Depuis l'âge de quinze ans je suis un voleur et un
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meurtrier. [...J Le destin est étrange : chaque fois que j'ai voulu me ranger et m'essayer à une vie honnête,
un événement m'en a empêché. Jean-François Chabas, Les Secrets de Fnith Green (1998), ©
Casterman.
c) Kina sort lentement de la foule et vient se placer devant le podium, juste au-dessous de moi. En la voyant,
j'ai de nouveau cette drôle d'impression dans la poitrine, comme si un liquide chaud et amer s'y répandait.
Thierry Simon, L'Île (1993).
12.
a) Dans l'extrait suivant, souligne les énoncés coupés de la situation d'énonciation en rouge et les
énoncés ancrés dans la situation d'énonciation en bleu. (S'il y a des passages ambigus
souligne-les des deux couleurs.)
I1 y a sept ou huit ans, un homme nommé Claude Gueux, pauvre ouvrier, vivait à Paris. Il avait avec
lui une fille qui était sa maîtresse, et un enfant de cette fille. Je dis les choses comme elles sont,
laissant le lecteur ramasser les moralités à mesure que les faits les sèment sur leur chemin. [...] Un
hiver, l'ouvrage manqua. Pas de feu ni de pain dans le galetas. L'homme, la fille et l'enfant eurent
froid et faim. L'homme vola. Je ne sais ce qu'il vola, je ne sais où il vola. Ce que je sais c'est que de
ce vol il résulta trois jours de pain et de feu pour la femme et pour l'enfant, et cinq ans de prison
pour l'homme.
Victor Hugo, Claude Gueux (1834).
b) Qui sont l'énonciateur et le destinataire des passages soulignés en rouge ?
...............................................................................................................................................................................
c) Quelle est d'après vous la raison de toutes ces interventions de l'énonciateur ?
....................................................................................................................................................................................
……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….
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LES VALEURS DE L’IMPARFAIT ET DU PASSE SIMPLE
3. a) Lis attentivement le texte suivant, puis compare l'utilisation des temps dans le premier et le
dernier paragraphe.
Elle emplissait la berline plus vite que lui, à petits coups de pelle réguliers et rapides ; elle la
poussait ensuite jusqu'au plan incliné, d'une seule poussée lente, sans accroc, passant à l'aise sous
les roche~ basses. Lui, se massacrait, déraillait, restait en détresse (…)
« Encore! » dit Catherine en riant.
La berline d'Étienne venait de dérailler, au passage le plus difficile (…)
« Attends donc, reprit-elle. Si tu te fâches jamais cela ne marchera. »
Adroitement, elle se glissa, enfonça à reculons le derrière sous la berline; et d'une pesée de reins,
elle la souleva et la replaça. Le poids était de sept cents kilogrammes.
Émile Zola, Germinal (1885)
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4. Lisez attentivement le texte suivant.
Je courais la mer de Sardaigne en compagnie de sept ou huit matelots douaniers. Rude voyage pour
un novice ! De tout le mois de mars, nous n'eûmes pas un jour de bon. Le vent d'est s'était acharné
après nous, et la mer ne décolérait pas. Un soir que nous fuyions devant la tempête, notre bateau
vint se réfugier à l'entrée du détroit de Bonifacio, au milieu d'un massif de petites îles... Leur
aspect n'avait rien d'engageant : grands rocs pelés, couverts d'oiseaux, quelques touffes
d'absinthe, des maquis de lentisques, et, çà et là, dans la vase, des pièces de bois en train de
pourrir : mais, ma foi, pour passer la nuit, ces roches sinistres valaient encore mieux que le rouf
d'une vieille barque à demi pontée, où la lame entrait comme chez elle, et nous nous en
contentâmes. À peine débarqués, tandis que les matelots allumaient le feu pour la bouillabaisse, le
patron m'appela, et, me montrant un petit enclos de maçonnerie blanche perdu dans la brume au
bout de l'île : « Venez-vous au cimetière? me dit-il. [...] »
Alphonse Daudet, « L’agonie de la Sémillante », Lettres de mon moulin (1866).
a) Précise la valeur de chacun des verbes en gras : action de premier plan, de second plan, action en
cours de déroulement, action limitée et achevée, description.
courais : eûmes :
fuyions : vint :
avait contentâmes :
allumaient : appela :
Récapitulons :
Souligne les valeurs du passé simple en rouge et les valeurs de l’imparfait en bleu
Temps de la description / temps de la narration / action de premier plan / action de second plan /
action habituelle ou répétitive / action unique et non répétitive / action en cours de déroulement /
action achevée / actions simultanées/ actions successives.
Comme il (se trouver) ……………….. près du terri, la lune (se montrer)………………………… très
claire. Il (lever) ……………………………….. les yeux, (regarder)…………………………. le ciel, où
(passer) …………………………………….. le galop des nuages, sous les coups de fouet du grand vent qui
(souffler)…………………………………………. là-haut (…) Le regard empli de cette clarté pure, Étienne
(baisser)………………………………. la tête, lorsqu'un spectacle, au sommet du terri, l(arrêter) …………………
La sentinelle, raidie par le froid, s'y (promener)…………………………………………. maintenant [...].
d’après Emile ZOLA, Germinal, (1885)
6. Même exercice.
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LES VALEURS DU PRESENT
a) Quelle est l’histoire racontée dans cette fable ? Qui sont les personnages ? Relève les termes
qui les désignent.
e) Classe les verbes à l’indicatif selon leur valeur (présent d’énonciation, de narration, de vérité
générale, de répétition, d’habitude) Quel est l’effet produit par l’emploi du présent de narration ?
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Récapitulons :
Dans le système des énoncés ancrés :
•Le présent d’énonciation est la valeur de base : l’action se produit en même temps que l’on parle ou
que l’on écrit. Ex : Au moment où j’écris cette lettre, il pleut .
Cette valeur de base peut être étendue : l’action exprimée peut déborder plus ou moins sur l’avenir
ou sur le passé. On distingue les valeurs suivantes :
• Passé proche : Vous arrivez trop tard, le train part à l’instant (en fait, il est parti)
• futur proche : Dépêchez-vous, le train part à l’instant (il va partir)
• Le présent de vérité générale : l’action peut s’étendre à tout le passé et tout l’avenir et
exprime des faits valables en tous temps (fait d’ordre scientifique, morale, proverbe ex : la terre
est ronde, l’eau bout à cent degrés, l’homme est un loup pour l’homme
• Le présent de répétition ou d’habitude : Il évoque une action qui se répète ou une
habitude ex : Il se lève tous les jours à sept heures.
Dans le système des énoncés coupés :
Dans un système au passé, on peut trouver un présent de narration équivalent à un imparfait ou un
passé simple.
Ex : Un agneau se désaltérait
Dans le courant d’une onde pure
Un loup survient à jeun
Qui cherchait aventure
Effet produit : le présent de narration rend la scène plus présente, il contribue à produire un
effet de rapidité.
Comme on allait procéder à la troisième course, Candide, n'en pouvant plus, demanda en grâce qu'on voulût
bien avoir la bonté de lui casser la tête ; il obtint cette faveur. On lui bande les yeux ; on le fait mettre à
genoux. Le Roi des Bulgares passe dans ce moment, s'informe du crime du patient; et comme ce Roi avait un
grand génie, il comprit, par tout ce qu'il apprit de Candide, que c'était un jeune métaphysicien fort ignorant
des choses de ce monde.
Voltaire, Candide
La parenté n'autorisait-elle pas une certaine douceur dans l'accent, une tendresse dans le regard: aussi
Eugénie se plut-elle à endormir les souffrances de son cousin dans les joies enfantines d'un naissant amour.
N'y a-t-il pas de gracie similitudes entre les commencements de l'amour et ceux de la vie? Ne berce-t-on
pas l'enfant par de doux chants et de gentils regards ? Ne lui dit-on de merveilleuses histoires qui lui dorent
l'avenir ? Pour lui l'espérance ne déploie-t-elle incessamment ses ailes radieuses ? Ne verse-t-il tour à tour
des larmes de joie et de douleur? L'amour est notre seconde transformation. L'enfance et l'amour fut même
chose entre Eugénie et Charles : ce fut la passion première avec tous ses enfantillages, d'autant plus
caressants pour 1eurs coeurs qu'ils étaient enveloppés de mélancolie.
Honoré de Balzac, Eugénie Grandet (1883)
Cette fable contient plus d’un enseignement.
Nous y voyons premièrement
Que ceux qui n’ont du monde aucune expérience,
Sont aux moindres objets frappés d’étonnement ;
Et puis nous y pouvons apprendre
Que tel est pris qui croyait prendre. Jean de La Fontaine, « Le rat et l’Huître » Fables (1678)
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3. LA LETTRE PERSONNELLE
C’est comme ça qu'on vous appelle, ici, en France, les Anglais : les rosbeefs!
Paraît que vous êtes des mecs très importants, que la moitié de la planète jacte votre foutue langue. Moi, je trouve que
ce n est pas une langue : dans chaque phrase on bouffe la moitié des mots, dans chaque mot les trois quarts des syl-
labes, et dans chaque syllabe les quatre cinquièmes des lettres. Reste tout juste de quoi cracher un télégramme.
5 Douce Cathy, chère rosbeef, j'ai une grande ambition : être le seul à ne jamais parler l'anglais!Alors, tu me diras,
pourquoi cette bafouille?À cause de ma mère. Un marché que j'ai passé avec elle. je me suis fait avoir. je suis obligé
de respecter le contrat. Et puis mes affaires de famille te regardent pas, occupe-toi de tes oignons.
Salut, chère correspondante. Au cas où t'aurais l'intention d'apprendre le français avec mézigue, achète un gros dico.
Le plus gros. Et t’accroche pas trop à la grammaire.
10 Kamo
PS : Tu voudrais peut-être savoir pourquoi je t'ai choisie, toi? L'agence a refilé à ma mère une liste de quinze blases.
J’y ai lancé mon compas enfermant les mirettes, il s’est planté sur le tien : Earnshaw. En plein dans le E majuscule.
T'as rien senti?
Vous aimeriez sans doute que je continue sur ce ton; je sens que cela vous plairait. Eh bien, non! je n'ai aucune envie
de rire, ni aucune raison de vous amuser.
Vous avez voulu faire l'original, monsieur Kamo (mon Dieu, que les garçons de mon âge sont stupidement enfantins ),
mais en laissant tomber votre compas sur mon nom, c'est dans le malheur que vous l'avez planté.
Suivait un paragraphe entièrement raturé. Je levai furtivement les yeux. Kamo ne souriait plus. Le
grand Lanthier avait jugé prudent de retourner à pas de loup au fond de la cour. Sur un signe
nerveux de mon ami, je me remis à traduire
5 Vous me demandez si j en ai ressenti la blessure. je l'ignore : le jour où vous avez planté ce compas dans le E
majuscule des Earnshaw, j'étais occupée à une autre douleur. Ce jour-là, jour, pour jour, mon père était mort depuis
deux ans. Le même vent soufflait autour de la maison et rugissait dans la cheminée. (Un temps de tempête, à vrai dire,
mais, bien que personne n'eût songé à allumer le feu, je ne ressentais pas le froid.)
J'ai lu votre lettre assise au pied de son fauteuil vide. Vous pouvez juger de l'impression qu'elle m'a faite! Pourtant, en
10 vous lisant, c'est à moi-même que j en ai voulu. Votre stupide lettre m'a rappelé que je parlais à mon père sur le même
ton arrogant, opposant sans cesse mes petites volontés à son extrême fatigue, mon désir d'être drôle à son besoin de
paix. Enfance imbécile, qui ne voit rien, qui ne sent rien, qui ne sait pas que l'on meurt! Et, le dernier soir, comme
J'étais assise à ses pieds, la tête sur ses genoux (cela m'arrivait parfois, pour me faire pardonner des bêtises que je
referais pourtant le lendemain), juste avant qu'il ne s'endorme, il me caressa les cheveux et dit: « Pourquoi ne peux-tu
15 toujours être une bonne fille, Cathy? » Ce furent ses dernières paroles.
- C'est un mot écossais, on l'a vu avec Mlle Nahoum, ça veut dire « jeune fille » en écossais.
- Continue...
je n'ai rien d'autre à vous dire. Vous avez envoyé cette lettre comme on jette une pierre par-dessus un mur: il est juste que
vous sachiez où elle est tombée. Ma réponse n'attend rien de vous.
Catherine Earnshaw
b) Qui utilise le plus grand nombre de phrases courtes, de phrases impératives, de phrases non-
verbales ? Quel ton en résulte ?
d) Que signifie « PS » à la fin de la lettre de Kamo ? Qu’est-ce qu’il cherche à faire comprendre en
parlant de son compas ?
e) « sur ce ton » (L 1, lettre de Cathy). Sur quel ton la lettre de Cathy commence-t-elle ? Pourquoi
change-t-elle de ton ?
f) Observe la dernière phrase de la lettre de Cathy, sa longueur, sa forme. Quel est l’effet
produit ?
g) Combien de fois le narrateur interrompt-il la lecture de la lettre de Cathy ? Quelle est l’utilité
de ces interruptions pour le lecteur ?
h) Ces deux lettres se trouvent au début du roman de Daniel Pennac. Pourquoi peut-on dire qu’elles
mettent en place une intrigue, qu’elles lancent l’action ?
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LE PLAN DE LA LETTRE
Une lettre répond à une intention. Elle peut confirmer, informer, raconter, réclamer ou convaincre.
Quelles règles suivre pour rédiger une lettre ?
1. La mise en page :
a) Place le numéro des éléments suivants sur la lettre : date (1) et lieu d’envoi (2), adresse du
destinataire (3), disposition en paragraphes (4), formule de politesse (5), signature (6), expéditeur
(7), formule d’appel (8)
Premier paragraphe
Deuxième paragraphe
Troisième paragraphe
Quatrième paragraphe
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2. L’organisation de la lettre :
d) Quel type de relation entre les correspondants apparaît dans cette lettre ? Justifie ta réponse.
● relations tendues ● relations indifférentes ● bonnes relations
Le plan de la lettre :
La mise en page : la lettre obéit à une mise en page particulière qui la rend immédiatement
identifiable : la date et le lieu d’envoi, l’adresse du destinataire, la disposition en paragraphes, la
formule de politesse et la signature.
L’organisation de la lettre : dans une lettre professionnelle, on suit le plan suivant : exposé du
problème, proposition de solution ou résolution, apport éventuel d’informations complémentaires et
formule de politesse. il n’y a pas de plan particulier pour la lettre personnelle : elle doit surtout
éviter le remplissage, la froideur et la banalité.
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LA LETTRE ET SON DESTINATAIRE
Qu’elle soit privée ou publique, la lettre doit s’adapter à son correspondant pour être
comprise. Comment une lettre prend-t-elle en compte son destinataire ?
1. La lettre personnelle :
texte 2
4. Quelle et l’originalité des textes 2 et 4 ?
texte 3
texte 4
texte 5
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2. La lettre ouverte :
Critiqué pour sa chanson « Le déserteur», Boris Vian s'ex- 1. Quel est l’objet de la lettre ?
plique et se défend dans une lettre ouverte.
Boris Vian, « Lettre ouverte à Monsieur Paul Faber « 5. Qui est en définitive, le destinataire de cette
Textes et chansons, éd Julliard, 1955 lettre ouverte ? Justifie ta réponse.
La lettre personnelle: une lettre personnelle, normalement destinée à un destinataire unique, peut intéresser
d'autres lecteurs si son auteur est célèbre ou témoigne d'un moment historique. Pour analyser les rapports
entretenus entre les correspondants, on analyse le jeu des pronoms, les temps verbaux, les indicateurs de
lieu et de temps.
La lettre ouverte : il s'agit d'un texte argumentatif rédigé sous forme de lettre adressée à tous par
l'intermédiaire d'un média (journal ou magazine, site Internet...). La lettre ouverte permet de rendre
publique une prise de position. L'auteur personnalise l'argumentation en interpellant directement le lecteur
qui est pris à témoin.
La rue, la télé, la musique, les copains, les boîtes…tout me rappelle combien je suis seul. Je sais, la vie est un
combat, mais on ne m’a rien donné pour l’affronter. Je voudrais rentrer sur le terrain, quitter ce banc de
touche, placé aux portes de l’enfer
Philippe (20 ans), Lettre publiée dans un mensuel en septembre 1996.
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Vocabulaire proposé :
la sympathie : amitié, bienveillance, attachement, bonté, cordialité, fraternité, faveur, bonne
volonté, compréhension.
le bonheur : joie, allégresse, bien-être, beauté, délice, enchantement, douceur, satisfaction,
succès, réussite, sérénité
l’émotion : émoi, affection, bouleversement, sentiment, sensibilité, sensation, affolement,
trouble, désarroi, étonnement.
J’ai dit que vous étiez sceptiques, méfiants, parcimonieux. Le miracle, c’est que vous êtes également
enthousiastes, confiants, généreux. Si demain vous deveniez disciplinés, exacts, silencieux, un grand malheur
se serait abattu sur le monde. Car, les défauts, chez vous ne sont que l’envers de vos qualités. Votre nation de
xénophobes est le refuge des étrangers ; vous ne résistez pas à la fraude et vous élevez vos enfants dans le
culte du droit chemin ; votre peuple de petits bourgeois est celui des grands seigneurs ; vous êtes les gens
les plus inhospitaliers de l’univers et votre pays est le plus accueillant du globe. S’il est vrai que le plaisir naît
des contrastes, vous êtes le plus plaisant peuple de la terre.
P. DANINOS, Les carnets du Major Thompson
1. confiance/.......................... 6. S'émerveiller/....................................
2. perplexité/........................... 7. aimer/......................................
3. louange/.......................... 8. blâmer/.................................
4. honnête/....................... 9. cohérent/............................
5. fantasque/...................... 10. ému/...............................
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5. Complète à l'aide de mots que tu choisiras dans le cadre.
Toujours prête à douter de tout, sa nature ........................... lui valait beaucoup de critiques.
C'est un être léger, drôle, amusant, insouciant,........................................ en somme.
On ne l'apprécie pas beaucoup, il arrive même que certains le ................................
On lui a fait des compliments, on l'a porté aux nues et ces ..................................... lui ont tourné la
tête.
8. Entoure parmi ces mots ceux qui désignent une joie très vive.
La reconnaissance:.......................................
Le sang-froid:............................................
La générosité:.........................................
La sollicitude: ......................................
La sincérité: .......................................
La sympathie: ........................................
10. Complète les pointillés par un mot choisi dans la liste ci-dessous.
Nous ne pouvons nous entendre, nous n'avons aucun point commun, aucune ...................
Je devais choisir entre six chiots de la portée et j'ai tout de suite éprouvé une .............................
pour la petite chienne noire.
Entre régis et Bernard, c'était plus qu'une antipathie. Chacun est rebuté par ce que fait l'autre. Cela
devient une véritable ................................. ou........................................
La grand-mère berçait son petit-fils avec .....................................
Je vous sens hostile à mon égard et cette .........................................me gêne pour travailler.
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Nos amis nous ont reçus avec une grande....................... et beaucoup de ............................
11. Recopie ces mots dans quatre ensemble en les associant selon leurs affinités de sens.
13. Place chacun des verbes ci-dessous à la place qui lui convient dans le texte.
Dans la lumière des phares, une silhouette inquiétante apparut. Elle était verdâtre, courtaude, et
semblait avoir deux têtes. Je voyais Michel .............................................les yeux en regardant cette
étrange apparition. Il voulait se persuader qu'il ne rêvait pas. Il tenta de parler, amis aucun on ne sortit
de sa bouche. Puis, je vis ses mains ....................................sur le volant, tant il avait peur. Les phalanges de
ses doigts en étaient blanches. Quand le personnage s'approcha de nous, chacun dut
...........................................car on n'entendait absolument rien dans la voiture. J'aurais voulu sortir mais je
sentais mes jambes ........................................sous moi. Quant à mes amis, ils ne tardèrent pas à
.....................................................sur leur siège tant leur frayeur était grande. la silhouette ouvrit une
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portière et tendit la main vers Roselyne. Celle-ci frémit. Je vis son visage ......................................., elle
était d'une pâleur extrême. Puis, elle s'évanouit.
14. Rapproche les adjectifs suivants selon qu'ils caractérisent le visage de quelqu'un qui est de
bonne humeur ou de mauvaise humeur.
renfrogné - radieux - rayonnant - maussade - bougon - épanoui - boudeur.
15. Voici six adjectifs et six définitions . Indique à quelle définition correspond chaque adjectif
16. Remplace les pointillés par un verbe que tu choisiras dans la série ci-dessous.
Après ce retournement de situation, je suis trouble. Je ne sais plus si j'estime encore Ludovic. Je ne
parviens pas à ...................................mes sentiments envers lui.
J'ai tenu à ...................................ma sympathie à Dorothée car elle a été très courageuse.
Ce garçon est d'un naturel assez froid. Je l'ai rarement vu .....................................ses sentiments.
Cet incident va m'amener à ................................mon jugement sur Yvon. je crois qu'il est plus honnête que
nous le pensons.
Quand Caroline parut avec sa perruque à l'envers, j'eus de la peine à ...........................mon envie de rire.
17. Associe chaque expression de langage familier à une expression de même sens de langue plus
soutenue.
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