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L’écriture personnelle

Littéraires ou non, les écrits personnels permettent de parler de soi, de ses émotions, de ses
sentiments, de son passé, de son rapport aux autres

1.L’autobiographie

Romain GARY (1914-1980)


Quand il publie La Promesse de l'aube, Romain Gary a quarante-six ans. Il est à cette époque consul à
Los Angeles depuis quatre ans. Écrivain renommé, il a déjà publié une oeuvre romanesque importante.
Né en Russie, Romain Gary est arrivé en France à quatorze ans. Il rejoint la Fronce libre dès 1940.
Entré dans la diplomatie en 1945, il écrit des romans tout en menant une carrière diplomatique
jusqu'en 1961. Il parcourt ensuite le monde et publie des romans sous le nom d'Émile Ajar. Malgré le
succès de ceux-ci, il ne dévoile pas sa véritable identité. Ce n'est qu'après sa mort qu'on découvrira
qu'il était l'auteur talentueux de deux oeuvres romanesques très différentes.

Engagé dans l'aviation en 1938, Romain Gary rejoint la France libre en 1940. En attendant de passer en
Angleterre, il est avec son escadre à Meknès, au Maroc.

Ce fut alors que je vécus ce qui fut, sans doute, la plus brève histoire d'amour de tous les
temps.
Dans un bar du quartier européen où j'étais entré boire un verre, la bairmaid blonde à
laquelle, au bout de deux minutes, je faisais naturellement des confidences, parut
5 particulièrement touchée par ma sérénade' enflammée. Son regard se mit à errer sur mon
visage, s'attardant à chaque trait avec une expression de tendresse et de sollicitude qui me
donnait le sentiment de sortir soudain de l'ébauche pour devenir enfin un homme complet.
Pendant que ses yeux passaient de mon oreille à mes lèvres, pour remonter rêveusement à la
racine de mes cheveux, ma poitrine doubla d'ampleur et mon coeur de vaillance, mes
10 muscles se gonflèrent d'une force que dix ans d'exercice n'eurent pu leur donner et la terre
entière devint un piédestal'. Comme je lui faisais part de mon intention de me rendre en
Angleterre, elle ôta de son cou une chaîne avec une petite croix en or et me la tendit. Je
fus brusquement et irrésistiblement tenté de plaquer là ma mère, la France, l'Angleterre et tout
le bagage spirituel dont j'étais si lourdement chargé, pour demeurer auprès de cet être
15 unique qui me comprenait si bien. La bairmaid était une Polonaise venue de Russie par le
Pamir et l'Iran, et je mis la chaîne autour de mon cou et demandai à ma bien-aimée de
m'épouser. Nous nous connaissions alors déjà depuis dix minutes. Elle accepta. [...]
Nous décidâmes de nous marier immédiatement et de passer ensuite en Angleterre
ensemble. J'avais rendez-vous à trois heures et demie avec un camarade qui était allé voir
20 le Consul anglais à Casa pour lui demander de nous aider. Je quittai le bar à trois heures
pour aller rejoindre mon camarade et lui dire que nous allions être trois et non deux,
comme prévu originairement. Lorsque je revins au bar à quatre heures et demie, il y avait
déjà du monde et ma fiancée était très occupée. J'ignore ce qui avait bien pu se passer pendant
mon absence - elle avait du rencontrer quelqu'un - mais je voyais bien que tout était fini entre
nous. Sans doute n'avait-elle pas pu supporter la séparation. Elle était en train de parler à un
25 beau lieutenant de spahis': je suppose qu'il était entré dans sa vie pendant qu'elle
m'attendait. C'était bien ma faute : il ne faut jamais quitter une femme qu'on aime, la solitude
les prend, le doute, le découragement, et ça y est. Elle avait dû perdre confiance en moi,
s'imaginant peut-être que je n'allais pas revenir, et elle avait décidé de refaire sa vie. J'étais très
malheureux, mais je ne pouvais lui en vouloir. Je traînai là un peu, devant mon verre de bière,
terriblement déçu tout de même, car je croyais bien avoir résolu tous mes problèmes. La
30 Polonaise était vraiment jolie, avec ce quelque chose d'abandonné et de sans défense dans
l'expression qui m'inspire tellement, et elle avait un geste pour chasser de son visage ses
cheveux blonds qui m'émeut encore maintenant quand j'y pense. Je m'attache très facilement. Je
les observai un moment, tous les deux, pour voir s'il n'y avait pas d'espoir. Mais il n'y en avait pas.
ROMAIN GARY, La Promesse de l'aube, 1960. Éditions Gallimard.
1
Vocabulaire :
sérénade : discours amoureux
piédestal : socle d’une statue
Casa : Casablanca (ville du Maroc)
saphis : cavaliers de l’armée française en Afrique du Nord.

Etude de l’extrait :

 Le passé recréé :
1. Lis la biographie de l’auteur.
● Quel âge a-t-il lors des événements qu’il relate ?
● Où se trouve-t-il ?
● Quelles circonstances l’ont amenée dans cette ville ?

2. Résume les faits. Pourquoi Romain Gary dit-il qu’il s’agit de la plus brève histoire d’amour de tous
les temps ?

 L’expression des sentiments :

1. a) Qu’est-ce qui fait naître l’amour du jeune homme ?

b) Il se montre naïf et crédule : à quels détails le lecteur le remarque-t-il ?

2. Le comportement de la jeune femme laisse à penser au jeune homme qu’elle a le coup de foudre
pour lui. Relevez les gestes et attitudes qui l’invitent à le croire.

3. « Je croyais bien que tout était fini entre nous » constate le héros. Qu’éprouve-t-il alors ?
Relevez les termes indiquant ses sentiments

4. Comment interprète-t-il le brusque changement d’attitude de la jeune femme ? Et toi, comment


l’expliquerais-tu ?

 Regard sur le passé :


1. Quel âge a Romain Gary quand il publie son autobiographie ?
Quelle phrase du texte fait allusion à l’homme qu’il est au moment où il écrit et à ses goûts ?

2
2. Quelques pages plus loi, Romain Gary écrit : « Vingt ans sont passés et l’homme que je suis,
depuis longtemps abandonné de sa jeunesse, se souvient avec beaucoup moins de gravité et un peu
d’ironie de celui que je fus alors avec tant de sérieux, tant de conviction »
Relève dans le texte les détails humoristiques ou ironiques montrant que l’auteur se moque de sa
naïveté d’autrefois.

L’autobiographie : C’est le récit qu’une personne fait de sa vie passée : un certain temps (parfois
des dizaines d’années) sépare les événements et le moment où ils sont racontés (le temps de la
narration). L’auteur plus âgé, plus expérimenté, fait un effort de mémoire, remet en ordre ses
souvenirs. Il commente son passé, porte un jugement sur le moi qu’il était alors.

La situation d’énonciation :

Quelques notions :
 Enoncé= message verbal oral ou écrit
 s’interroger sur la situation d’énonciation, c’est chercher qui a émis l’énoncé (= l’énonciateur), à
qui est-il destiné (= le destinataire), où, quand et dans quelles conditions il a été produit.

a) Qui sont les personnages de cet extrait ? Par quels pronoms sont-ils désignés ?

b) Y a-t-il communication directe entre les personnages désignés par Je et les autres
personnages ?

c) Y a-t-il présence du pronom tu dans l’extrait ?


d) Relève les indications temporelles dans le texte ? Renvoient-elles au moment où le narrateur
raconte ou au moment où les personnages vivent l’histoire ?

e) Quels sont les temps utilisés dans cet extrait ?

SYNTHESE :
On dit qu’un énoncé est COUPE de la situation d’énonciation quand il ne présente aucune référence
au moment de l’énonciation (moment où l’énoncé est produit).
Ses caractéristiques :
● emploi d’un système de temps dont le passé simple est le temps de référence
● présence de la 3ème personne (on trouve « je » quand le narrateur est en même temps le
personnage de l’histoire)
● les indications de lieu et de temps sont coupées du moment de l’énonciation (le lendemain, la
veille, ce jour-là, alors, …)

3
Travail d’écriture :

Ecrire à partir d’une photographie d’enfance

Ton objectif :
En t’inspirant du texte de Georges Pérec, tu vas écrire à partir d’une de tes photographies
d’enfance. Tu expliqueras à quelle occasion la photographie a été prise, tu la décriras avec précision
puis tu évoqueras les souvenirs que tu y associes.

La [photographie] a été faite par Photofeder, 47, boulevard de Belleville, Paris, 11e. Je pense
qu'elle date de 1938. Elle nous montre, ma mère et moi, en gros plan. La mère et l'enfant
donnent l'image d'un bonheur que les ombres du photographe exaltent. Je suis dans les bras de
ma mère. Nos tempes se touchent. Ma mère a des cheveux sombres gonflés par-devant et
retombant en boucles sur la nuque. Elle porte un corsage imprimé à motifs floraux, peut-être fermé
par un clip. Ses yeux sont plus sombres que les miens et d'une forme légèrement plus allongée.
Ses sourcils sont très fins et bien dessinés. Le visage est ovale, les joues bien marquées. Ma mère
sourit en découvrant ses dents, sourire un peu niais qui ne lui est pas habituel, mais qui répond
sans doute à la demande du photographe. J'ai des cheveux blonds avec un très joli cran sur le
front (de tous les souvenirs qui me manquent, celui-là est peut-être celui que j'aimerais le plus
fortement avoir: ma mère me coiffant, me faisant cette ondulation savante). Je porte une veste (ou
une brassière*, ou un manteau) de couleur claire, fermée jusqu'au cou, avec un petit col surpiqué².
J'ai de grandes oreilles, des joues rebondies, un petit menton, un sourire et un regard de biais déjà
très reconnaissables.
Georges Perec, W ou Ie Souvenir d'enfance, éd. Denoël, 1975.
1. brassière: petite chemise.
2. surpiqué: avec couture apparente.

Vocabulaire :

●le travail du photographe : angle de vue, cadrage, autoportrait, plan moyen, plan d’ensemble,
plongée, contre-plongée, contre-jour, prise de vue
●l’évocation du passé : en ce temps-là, à l’époque, alors, autrefois, plus tard, ensuite, auparavant,
longtemps, d’abord, précédemment
●le corps : visage, corpulence, apparence, expression, peau, muscle, carnation, teint, mine, svelte,
élancé, rond, mince

Ton texte commencera par : « La photographie a été prise par …..

4
2. Le journal intime

La mort du chef d’Etat, le maréchal Tito, en 1980, et l’appauvrissement économique ont entraîné
le réveil des nationalismes en Yougoslavie. Entre 1991 et 2000, des guerres civiles meurtrières
disloquent l’ancien état fédéral de Yougoslavie

ZLATA FILIPOVIC : (née en 1980). Jeune bosniaque vivant à Sarajevo. Quand éclate la guerre,
elle tient depuis quelques temps déjà son journal intime.

Lundi 30 mars 1992.

Dis donc, mon journal, tu sais à quoi j’ai pensé ? Anne Frank avait bien appelé son journal Kitty,
pourquoi je ne te trouverais pas un nom ? Voyons voir …
ASFALTINA PIDZAMETA
SEFIKA HIKMETA
SEVALA MIMMY
ou alors autre chose ?
Je cherche, je cherche…
J’ai choisi ! Tu vas t’appeler …
MIMMY
Allez, on commence.
(…)

Lundi 29 juin 1992.

Dear Mimmy,
J'EN AI MARRE DES CANONNADES! ET DES OBUS QUI TOMBENT! ET DES MORTS! ET DU
DESESPOIR !! ET DE LA FAIM! ET DU MALHEUR! ET DE LA PEUR !
Ma vie, c'est ça!
On ne peut pas reprocher de vivre à une écolière innocente de onze ans ! Une
écolière qui n'a plus d'école, plus aucune joie, plus aucune émotion d'écolière. Une enfant qui
ne joue plus, qui reste sans amies, sans soleil, sans oiseau, sans nature, sans fruits, sans
chocolat, sans bonbons, avec juste un peu de lait en poudre. Une enfant qui, en un mot, n'a
plus d'enfance. Une enfant de la guerre. Maintenant, je réalise vraiment que je suis dans la
guerre, que je suis le témoin d'une guerre sale et répugnante. Moi et aussi les milliers d'autres
enfants de cette ville qui se détruit, pleure, se lamente, espère un secours qui ne viendra pas.
Dieu, est-ce que cela va cesser un jour, est-ce que je vais pouvoir redevenir écolière, redevenir
une enfant contente d'être une enfant? J'ai entendu dire que l'enfance est la plus belle
période de la vie. J'étais contente de vivre mon enfance, mais cette sale guerre m'a tout pris. Mais
pourquoi?! Je suis triste. J'ai envie de pleurer. Je pleure.
Ta Zlata.
Zlata Filipovic, Le journal de Zlata (1993), traduit du serbo-croate par A. Cappon
Robert Laffont/Fixot, 1995

5
La situation d’énonciation :

1. Quand Zlata écrit-elle cette page de son journal intime ?

2. Qui est, selon toi, le destinataire de ces pages lorsqu’elles les écrit ?

3. A quoi fait penser la disposition du texte ? En as-tu confirmation ?

4. Quels sont les temps utilisés ? Quelles sont les indications de temps données par Zlata ?

5. Quels sont les pronoms utilisés dans le texte ?

SYNTHESE :
On dit d’un énoncé qu’il est ANCRE dans la situation d’énonciation lorsqu’il se réfère au moment de
l’énonciation (présent). Dans l’énoncé ancré, l’énonciateur et le destinataire partagent la même
situation d’énonciation. C’est le cas des dialogues réels (conversation, téléphone,..) ou fictifs
(textes de théâtre). Les lettres ou certains énoncés informatifs (presse) sont ancrés dans la
situation d’énonciation mais le destinataire et l’énonciateur ne sont pas en contact direct : la
communication est différée
Ses caractéristiques :
● L’emploi d’un système de temps dont le temps de référence est l’indicatif présent
● La présence de pronoms personnels désignant l’énonciateur et le destinataire (je, tu, nous,
vous, …)
● La présence d’indications de lieu (ici, là-bas) précisant le lieu ou l’on se trouve et de temps
(aujourd’hui, hier, demain,..) se référant au moment où l’énoncé a été produit
● L’emploi d’un niveau de langue en rapport avec la situation d’énonciation (familier, courant,
soutenu en fonction du niveau socio-culturel de l’énonciateur et du destinataire, de leurs relations
et de la situation dans laquelle ils se trouvent.

La révolte de Zlata :
1. Quels sont les types de phrases utilisées dans le 2ème extrait ? pourquoi ?

2. Comment Zlata se désigne-t-elle dans cet extrait ?

3. Relève les verbes qui expriment l’émotion.

En résumé :
1. Quelle différence fais-tu entre une autobiographie et un journal intime ?

2. Quelle fonction Zlata assigne-t-elle à son journal ?

6
L’autobiographie est un récit de vie dans lequel l’auteur se confond avec le narrateur et le
personnage principal.
 La matière autobiographique, c’est la vie de l’auteur. Il peut donner des informations sur son
environnement (lieu géographique, milieu social, famille) ou sur lui-même (physique, caractère,
valeurs, centres d’intérêts, etc…)
 Ces informations sont tantôt contrôlables, tantôt incontrôlables, mais l’auteur, sauf s’il pense
devoir se justifier, ne fait rien pour en justifier le contrôle.
 Ces informations apparaîtront, en outre, plus ou moins intéressantes à tel ou tel lecteur. Mais
pour intéresser, l’auteur de biographie tablera notamment sur
-la valeur exemplaire de ce qu’il a vécu
- les points communs entre son expérience de la vie et celle de beaucoup de gens
-l’audace de certaines révélations
-l’originalité de la narration.
 En règle générale, l’auteur d’une autobiographie utilise le passé composé ou le passé simple pour
relater les faits qui ont eu lieu, et le présent pour parler du moment où il rédige.

Le journal intime est une forme d'autobiographie au quotidien. Il s’écrit sans recul de la part du
narrateur au fur et à mesure que les événements relatés (importants ou quotidiens) surviennent,
souvent au jour le jour. Le journal est en général fragmenté et précédé d’une référence temporelle.
 Le journal intime est par excellence l’endroit où l’on exprime les attirances et les répulsions dont
on ne peut pas toujours faire état en public, celles qu’il n’est pas toujours possible de manifester
aux personnes intéressées. Il y a en effet des risques à dire à quelqu’un de but en blanc, qu’on le
déteste ou qu’on l’aime. On commence par confier ça à son journal intime. Ca fait du bien de l’écrire.
Parfois, ça permet de supporter d’abord, de surmonter ensuite la difficulté de dire.
La langue est souvent familière – voire relâchée.
 Les temps dominants sont généralement le passé composé pour les événements racontés et le
présent pour les réflexions personnelles

Les nuances dans le domaine des sentiments : intérêt, sympathie, bienveillance, affection, amitié,
tendresse, amour, passion : autant de mots qui disent diverses sortes d’attirance. Dégoût, mépris,
antipathie, hostilité, haine, exécration : autant de mots qui disent sortes de répulsion.

 L’attirance ou la répulsion s’expriment souvent- dans un journal intime, entre autres- par la
caractérisation positive ou négative de l’être (personne, animal) ou de la chose (lieu, saison, jour de la
semaine, plat, activité, etc..) qui provoque cette attirance ou cette répulsion.

Travail d’écriture : Développe en quelques lignes un des faits ci-dessous, en veillant à ce que la
caractérisation ait plus d’importance que l’action :
-nouvelle dispute avec ma mère (mon père, mon frère,…)
-le chien de la voisine a encore fait des siennes
-Je me suis, une fois de plus, fait coller un zéro
-X m’ennuie à vouloir sortir avec moi
-Je craque pour elle/lui
-Je hais les dimanches
-Chouette ! On part pour …..

7
Quelques extraits de journaux intimes :

Journal de Catherine, treize ans, an de grâce 1290 14e jour de septembre


J'ai encore emmêlé les fils de mon écheveau. Bon dieu,
12e jour de septembre quelle torture !
On m'a ordonné d'écrire le compte rendu de 15e jour de septembre
mes journées je suis mordue par des puces et Aujourd'hui, le soleil a brillé et les
harcelée par ma famille. Je n'ai rien d'autre à dire. villageois sont allés semer le foin, ramasser les
pommes et pêcher dans le fleuve, tandis que moi,
13 jour de septembre je suis restée cloîtrée à l'intérieur à broder un
Mon père doit souffrir de la gueule de bois car il m'a
vêtement pour l'église, et trois heures à tout
fouettée deux fois au lieu d'une avant le déjeuner. Je
défaire après que ma mère l'a vu. J'aimerais tant
voudrais que son foie bilieux éclate en mille morceaux.
être une villageoise !

Karen CUSHMAN, Le livre de Catherine, c, L'École des


loisirs, 1998

Jeudi 1" janvier Vendredi 2 janvier


(...) Voici les résolutions que j'ai prises pour la nouvelle (...) Je me sens patraque aujourd'hui. Il faut dire que ma
année : mère s'est mise à chanter « My Way » en haut de l'escalier à
1. Aider les aveugles à traverser la rue. deux heures du matin. C'est bien ma veine d'avoir une mère
2. Suspendre mon pantalon le soir avant de me coucher. pareille !
3. Remettre les disques dans leur pochette. Je crois que mes parents sont alcooliques. On va sûrement me
4. Ne pas commencer à fumer. placer dans une maison d'enfants un de ces jours. (...)
5. Être gentil avec le chien. Mon bouton au menton grossit à vue d'oeil. C'est la faute de
6. Aider les pauvres et les ignorants. ma mère qui n'y connaît rien en vitamines.
7. Ne pas tripoter mes boutons.
8. Et, après avoir entendu les bruits dégoûtants Samedi 3 janvier
que faisaient mes parents hier soir dans le (...) Je crois que mon bouton est un furoncle.
salon, j'ai fait le serment de ne jamais boire Pas de veine qu'il soit juste là où tout le monde peut le voir.
d'alcool. J'ai fait remarquer à ma mère que je n'avais pas eu de
Hier soir, mon père s'est soûlé au cherry brandy. (...) vitamine C aujourd'hui. Elle m'a répondu « T'as qu'à aller
J'ai offert un tablier en Lurex vert à ma mère pour Noël, ça t'acheter une orange !» Typique !
fait déjà huit jours, et elle ne l'a pas encore mis. Elle n'a toujours pas mis le tablier en Lurex.
L'an prochain, elle aura des nèfles ! Je serai content de retourner en classe.
J'ai un bouton au menton. Le premier jour de l'année. C'est Sue TOWNSEND, Journal secret d’Adrien 13 ans 3/4,
bien ma veine ! Garnier Flammarion, 1991 (pour la traduction française)

Personnellement, je suis pas très attiré par les tilles. Surtout se lève de bonne heure, on fait quelques montagnes de
que cette année, dans la classe, c'est vraiment la gadoue. On a bagages comme si on partait en Alaska, on s'enfile dans la
hérité de la lie de la terre, des grosses, des squelettiques, des bagnole pourrie, et cap sur Bonnétable. (...)
molles, des girafes, un vrai film d’épouvante. Yasmine Pour Pâques, Dugontier va au ski, il raconte qu'il descend
Khadaoui, c’est la mieux de loin, mais même elle, y’a pas de schuss, qu'il cavale la nuit dans la neige pour aller dans les
quoi crier au miracle. En classe, on est l’un derrière l’autre, boîtes, et il y a des filles presque nues sous les anoraks ; il
alors on peut se passer des mots. Elle est avec Benamou, c’est revient tout brun, il se croit beau, mais pas du tout, il a
dire son intelligence. Une fille qui choisit un mec comme ça, toujours la même tête de con, mais en couleurs. II dit qu'il
elle est rayée des listes dans la seconde. J’arrive pas à croire sait bien faire du ski, mais je demande à voir. En tout cas, en
qu’ils s’embrassent, je m’en fous mais rien que de les ce qui me concerne, c'est râpé pour le ski parce que y a pas
imaginer, ça me fait vomir. Ce mec est un véritable plus plat que Bonnétable, et pour le bronzage on peut
cauchemar. (…) toujours attendre : il pleut tout le temps...
Ca y est. Vacances. Et du coup on est à Bonnétable. Enfin, à Patrick CAUVIN, Tout ce que Joseph écrivit cette
côté. C’est dans la Perche. La gadoue complète. Ca ne fait que année-là. Albin Michel, 1994
cent ans qu’on y va. Dans cette histoire, y a pas de surprise :
on

8
Lis attentivement les deux planches de la BD ci-dessus
Réfléchis aux questions suivantes :
● qui sont les personnages représentés ? Quels indices te permettent d’identifier l’auteur
comme personnage de la bande dessinée ?
● Quelle est la nationalité des deux personnages ? Dans quels pays vivent-elles
respectivement ?
● Dans quelles circonstances particulières se situent ces deux souvenirs ?
● Dans la première planche, que demande la mère à sa fille ? Quelle relation cherche-t-elle à
instaurer avec elle avec cette demande ?
● Comment réagit la fille ? Comment ses sentiments sont-ils traduits dans les gestes et dans le
dessin ?
● Dans chacune des planches, quelle personne fait les frais de la réconciliation ? Comment ces
personnes sont-elles rendues antipathiques ?

9
Marjane SATRAPI, Persepolis, tome 3, l’Association, 2002

Travail d’écriture :
Choisis un des souvenirs évoqués dans la BD et transforme-le en journal intime écrit soit par la
jeune Marjane ou soit par sa mère. Tu y introduiras les réflexions que se font l’une ou l’autre.
Présente ton travail comme un véritable journal intime et donc n’oublie pas les caractéristiques
de ce type de récit.

10
EXERCICES SUR LA SITUATION D’ENONCIATION

1.
a) Devine qui sont l'énonciateur (on dit aussi le locuteur) et le destinataire de l'énoncé suivant.
b) Souligne les éléments qui vous ont permis de répondre.

Ma chérie, est-ce que tes cours se sont bien passés ? Je m'inquiétais : je me suis dit toute la journée
que tu n'étais pas assez habillée et que tu allais prendre froid. C'est pour ça que je suis venue te
chercher. On va se dépêcher de rentrer à la maison. J'irai faire les courses plus tard.

L'ÉNONCIATEUR EST
LE DESTINATAIRE EST
c) Relève les mots qui désignent l'énonciateur et indiquez leur nature.
............................................................................................
d) Relève les mots qui désignent le destinataire et indiquez leur nature.
............................................................................................
e) Ces mots t’ ont-ils permis d'identifier très précisément l'énonciateur et le destinataire ?
Pourquoi?
..........................................................................................................................................................................................
...........................................................................................................................................................................
2.
a) Indique l'énonciateur et le(s) destinataire(s) des énoncés en gras dans le tableau ci-dessous.
Bartholo voit le comte baiser la main de Rosine et Figaro qui embrasse grotesquement don Bazile; il
crie en prenant le notaire à la gorge
BARTHOLO - Rosine avec ces fripons! Arrêtez tout le monde. J'en tiens un au collet.
LE NOTAIRE - C'est votre notaire.
BAZILE- C'est votre notaire. Vous moquez-vous?
BARTHOLO - Ah ! don Bazile ! eh! comment êtes-vous ici?
BAZILE - Mais plutôt vous, comment n'y êtes-vous pas ?
L'ALCADE, montrant Figaro - Un moment ! je connais celui-ci. Que viens-tu faire en cette
maison, à des heures indues?
Beaumarchais, Le Barbier de Séville (1775).

Enonciateur Destinataire(s)

b) Aurais-tu pu répondre sans la présence des didascalies ? Pourquoi?

c) Qu’est-ce qui fait qu’au théâtre le pronom démonstratif « celui-ci » ne pose aucun problème de
compréhension ?

11
d) Qui est l’énonciateur des énoncés en italique ?
●un personnage ●l’auteur ●le metteur en scène ●le spectateur

e) Quels sont les destinataires des énoncés en italique ?


●un personnage ●le lecteur ●le spectateur ●le metteur en scène

3.
a) Complète les pointillés en inventant une phrase de récit qui rendra compatibles les énoncés en
italique.

Robert serra son manteau contre lui et grommela : « Ah, quel temps de chien ! Il ne s’arrêtera donc
pas de pleuvoir ! » ………………………………………………………………………………………………………………………………………………….
« Ah, il fait bon ici : cette douce chaleur est bien réconfortante. »

b) Quelle précision as-tu apportée ?

c) Le second énoncé en italique appartient-il à la même situation que le premier ?

4.
a) Même consigne que pour l’exercice précédent.

Lucie se précipita vers son amie : « Suzanne, comment va ta mère ? J’ai appris qu’elle était tombée
malade ! J’espère qu’elle se remettra très vite de ce coup de fatigue. »………………………………………………..
…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
« Ah, Suzanne, comment va ta mère maintenant ? »

b) Quelle précision as-tu apportée ?


c) Le second énoncé en italique appartient-il à la même situation d’énonciation que le précédent ?

5. Lis attentivement le texte suivant

Une équipe archéologique vient de découvrir une nouvelle pyramide. Un archéologue y pénètre par une entrée
étroite. Par talkie-walkie, il raconte sa visite à ses collègues.

Je marche toujours dans le couloir. Maintenant je suis obligé de marcher penché car le plafond est
ici extrêmement bas... Maintenant je pénètre dans une petite salle. Ici, tous les murs sont décorés
de fresques et de hiéroglyphes. C'est superbe! ... À l'autre bout, il y a une autre porte...
J'emprunte maintenant un nouveau passage plus large que le précédent. Je pense que j'approche du
but. Je vois une petite ouverture devant moi. Je pense que c'est ici la salle des sarcophages.

a) Quel est le temps qui désigne le moment de l'énonciation?


b) L'adverbe « maintenant » désigne-t-il un moment fixe ? Que désigne cet adverbe ?

c) L’adverbe « ici » désigne-t-il un endroit fixe ? Que désigne-t-il ?

12
Récapitulons :
a) Le verbe énoncer signifie : ●accuser ●dire ●donner un ordre
b) Un énoncé est : ● un ensemble de paroles ●un locuteur ●un lieu
c) Une situation d’énonciation est constituée : ●d’un locuteur ●de didascalies ●d’un destinataire
●d’un moment précis ●d’un lieu précis ●d’un texte précis
d) Les adverbes ici et maintenant renvoient au ………………………………………………………………………………………..
e) Le locuteur désigne les objets et les gens qui se trouvent dans la situation d’énonciation grâce
aux pronoms ………………………………………………….

6. Dans chacun des deux textes ci-dessous, souligne tous les mots qui renvoient à la situation
d’énonciation.

Texte A Texte B
I1 y a maintenant près de cinquante ans de 1er octobre 1942
cette aventure, et je n'ai pas peur aujourd'hui Chère Kitty,
d'être puni derechef pour le même fait; eh bien Hier, j'ai eu une peur bleue, à huit heures on a
je déclare à la face du ciel que j'étais innocent, entendu un coup de sonnette retentissant; j'ai
que je n'avais ni cassé ni touché le peigne, que tout de suite pensé que quelqu'un venait, tu
je n'avais pas approché de la plaque, et que je devines qui. Mais quand on m'a assuré que
n'y avais même pas songé. Qu'on ne me demande c'était des petits plaisantins ou le facteur, je
pas comment ce dégât se fit : je l'ignore et je me suis un peu tranquillisée. Maintenant,
ne puis le comprendre ; ce que je sais très pendant la journée c'est le calme plat. (…)
certainement c'est que j'étais innocent. Anne.
Jean-Jacques Rousseau, Les Confessions (1782). Anne Frank, journal, traduit du néerlandais par P.
Noble et J. Rosselin-Bobulesco, © Calmann-Lévy
(1992)

7. Enoncé ancré ou énoncé coupé ? Coche la bonne réponse et relève les indices qui t’ont
permis de choisir.
ancré coupé
Le jour déclinait. Ils se dirigèrent vers le restaurant où travaillait Lou.
Ils savaient qu'ils pouvaient compter sur elle.
Depuis hier, je suis installée dans une petite chambre d’hôtel, dans la vieille
ville. Elle n’est pas très jolie mais confortable. Tu me manques. J’ai hâte de
te revoir.
Messieurs les députés, il faut agir au plus vite, sinon il sera trop tard. Il
faut dès maintenant débloquer les fonds qui permettront à nos chercheurs
de parer à cette catastrophe écologique.
Marie eut juste le temps de se pencher par-dessus le balcon de sa fenêtre
pour voir le voleur s’enfuir en courant.
Je le vis, ce jour-là, marcher d’un air pensif près du bassin du Luxembourg.
Je voulus le saluer mais il ne me vit pas.
Soudain, une voiture apparut au bout de l’impasse. Franck se met à courir,
trébuchant dans les poubelles. Je tente pour ma part de me réfugier dans
une cour d’immeuble. Par chance, l’accès aux caves était libre.

13
a) Dans le dernier énoncé, quels sont les indices qui pouvaient te faire penser que l’énoncé était
ancré dans la situation d’énonciation ?
b) Qu’est-ce qui te prouve qu’il est coupé de la situation d’énonciation ?

8. Réécris les énoncés suivants de façon à ce qu’ils soient coupés de la situation d’énonciation.
Modifie les temps des verbes et les adverbes de temps et de lieu

● Hier, on a annoncé les résultats des élections.

---------------------------------------------------------------------------------------------------------

● Je suis devant le cinéma Odéon. J’attends ici que mon frère me rejoigne.

---------------------------------------------------------------------------------------------------------

● Il est maintenant chez lui. Il ne peut pas la recevoir avant demain ou après-demain.

------------------------------------------------------------------------------------------------------------

● Je pense avoir reçu, il y a trois mois, un coup de téléphone du suspect.

------------------------------------------------------------------------------------------------------------

9. Mets au discours indirect ces paroles rapportées au discours direct

Le capitaine s’adressant à son équipage, déclara d’un air grave : « Hier, la tempête a fait de
terribles dégâts. Le navire doit être réparé aujourd’hui si nous voulons encore avoir une chance
d’atteindre le Mexique avant Noël. Nous devons tenir la cadence pour arriver dans les délais. »

---------------------------------------------------------------------------------------------------------------

---------------------------------------------------------------------------------------------------------------

---------------------------------------------------------------------------------------------------------------

---------------------------------------------------------------------------------------------------------------

a) Que remarques-tu en ce qui concerne les indices de l’énonciation et comment l’expliques-tu ?

10. Indique si les extraits suivants sont écrits au présent de narration (coupé de la situation
d’énonciation) ou au présent d’énonciation (ancré dans la situation d’énonciation).
Sache que le présent de narration peut être remplacé par un passé simple.

a). Frigorifiés, engourdis, Olivier et son passager, Nicolas Châtel, abandonnent le véhicule sur un
stationnement interdit et s'avancent vers la cathédrale avec la grâce de pingouins ensommeillés. Jack
Chaboud, L'Énigme de !n forêt d'Orient (1997), © Magnard.

• Ce texte est écrit / au présent de narration / au présent de l'énonciation.

b) Je crois que je te dois la vérité. Alors tu vas tout savoir. Depuis l'âge de quinze ans je suis un voleur et un

14
meurtrier. [...J Le destin est étrange : chaque fois que j'ai voulu me ranger et m'essayer à une vie honnête,
un événement m'en a empêché. Jean-François Chabas, Les Secrets de Fnith Green (1998), ©
Casterman.

• Ce texte est écrit / au présent de narration / au présent de l'énonciation.

c) Kina sort lentement de la foule et vient se placer devant le podium, juste au-dessous de moi. En la voyant,
j'ai de nouveau cette drôle d'impression dans la poitrine, comme si un liquide chaud et amer s'y répandait.
Thierry Simon, L'Île (1993).

● Ce texte est écrit / au présent de narration / au présent de l'énonciation.

Récapitulons : choisis la bonne réponse


a) Le présent /de narration / d’énonciation / sert à construire un récit coupé de la situation
d’énonciation
b) Le présent /de narration / d’énonciation/ désigne le moment où le locuteur parle
c) Le passé simple sert à construire un récit / ancré dans / coupé de/ la situation d’énonciation.
d) On peut remplacer le présent / de narration / de l’énonciation/ par le passé simple.

12.
a) Dans l'extrait suivant, souligne les énoncés coupés de la situation d'énonciation en rouge et les
énoncés ancrés dans la situation d'énonciation en bleu. (S'il y a des passages ambigus
souligne-les des deux couleurs.)

I1 y a sept ou huit ans, un homme nommé Claude Gueux, pauvre ouvrier, vivait à Paris. Il avait avec
lui une fille qui était sa maîtresse, et un enfant de cette fille. Je dis les choses comme elles sont,
laissant le lecteur ramasser les moralités à mesure que les faits les sèment sur leur chemin. [...] Un
hiver, l'ouvrage manqua. Pas de feu ni de pain dans le galetas. L'homme, la fille et l'enfant eurent
froid et faim. L'homme vola. Je ne sais ce qu'il vola, je ne sais où il vola. Ce que je sais c'est que de
ce vol il résulta trois jours de pain et de feu pour la femme et pour l'enfant, et cinq ans de prison
pour l'homme.
Victor Hugo, Claude Gueux (1834).
b) Qui sont l'énonciateur et le destinataire des passages soulignés en rouge ?
...............................................................................................................................................................................
c) Quelle est d'après vous la raison de toutes ces interventions de l'énonciateur ?
....................................................................................................................................................................................
……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….

15
LES VALEURS DE L’IMPARFAIT ET DU PASSE SIMPLE

1.a) Délimite le passage descriptif à l'aide de crochets rouges.


I1 se leva pour aller déchaîner la bête, pour ne plus l'entendre. Il descendit, ouvrit la porte,
s'avança dans 1a nuit. La neige tombait toujours. Tout était blanc. Les bâtiments de la ferme
faisaient de grandes tache, noires. L'homme s'approcha de la niche. Le chien tirait sur sa chaîne. Il
le lâcha. Alors « Dévorant » fit un bond, puis s'arrêta net [...1.
Guy de Maupassant, « Saint-Antoine », Contes de la Bécasse (1883)
b ) Quel est le temps des verbes dans ce passage ? ……………………………………………………………………………..
c ) Quel est le temps principal des verbes dans le reste du texte ? …………………………………………………

2. a) Souligne les verbes qui expriment les actions du père.


Quand les Malandain furent rentrés dans leur chaumière, la dernière du hameau de la Sablière, sur
la route de Fourville, le père, un vieux petit paysan sec et ridé, s'assit devant la table, pendant que
sa femme décrochait la marmite et que sa fille Adélaïde prenait dans le buffet les verres et les
assiettes, et il dit [...]
Guy de Maupassant, « Les Sabots », Contes de la Bécasse (1883 )

b) À quel temps les verbes soulignés sont-ils conjugués ? …………………………………………………………..


c) S'agit-il d'actions successives ou simultanées ? ……………………………………………………………………….
d) À quel temps les verbes « décrochait »(1. 3) et « prenait »(l. 3) sont-ils conjugués ?...........................
e) Ces verbes expriment-ils des actions principales (actions de premier plan) ou le contexte des
actions principales (actions de second plan) ? ………………………………..……………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..
f) Ces actions sont-elles successives ou simultanées ? ……………………………………………………………………

3. a) Lis attentivement le texte suivant, puis compare l'utilisation des temps dans le premier et le
dernier paragraphe.

Elle emplissait la berline plus vite que lui, à petits coups de pelle réguliers et rapides ; elle la
poussait ensuite jusqu'au plan incliné, d'une seule poussée lente, sans accroc, passant à l'aise sous
les roche~ basses. Lui, se massacrait, déraillait, restait en détresse (…)
« Encore! » dit Catherine en riant.
La berline d'Étienne venait de dérailler, au passage le plus difficile (…)
« Attends donc, reprit-elle. Si tu te fâches jamais cela ne marchera. »
Adroitement, elle se glissa, enfonça à reculons le derrière sous la berline; et d'une pesée de reins,
elle la souleva et la replaça. Le poids était de sept cents kilogrammes.
Émile Zola, Germinal (1885)

b) Pourquoi, dans le premier paragraphe, les actions sont-elles rapportées à l'imparfait ?


........................................................................................
c) Pourquoi, dans le dernier paragraphe, les actions sont-elles rapportées au passé simple ?
…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..

16
4. Lisez attentivement le texte suivant.
Je courais la mer de Sardaigne en compagnie de sept ou huit matelots douaniers. Rude voyage pour
un novice ! De tout le mois de mars, nous n'eûmes pas un jour de bon. Le vent d'est s'était acharné
après nous, et la mer ne décolérait pas. Un soir que nous fuyions devant la tempête, notre bateau
vint se réfugier à l'entrée du détroit de Bonifacio, au milieu d'un massif de petites îles... Leur
aspect n'avait rien d'engageant : grands rocs pelés, couverts d'oiseaux, quelques touffes
d'absinthe, des maquis de lentisques, et, çà et là, dans la vase, des pièces de bois en train de
pourrir : mais, ma foi, pour passer la nuit, ces roches sinistres valaient encore mieux que le rouf
d'une vieille barque à demi pontée, où la lame entrait comme chez elle, et nous nous en
contentâmes. À peine débarqués, tandis que les matelots allumaient le feu pour la bouillabaisse, le
patron m'appela, et, me montrant un petit enclos de maçonnerie blanche perdu dans la brume au
bout de l'île : « Venez-vous au cimetière? me dit-il. [...] »
Alphonse Daudet, « L’agonie de la Sémillante », Lettres de mon moulin (1866).
a) Précise la valeur de chacun des verbes en gras : action de premier plan, de second plan, action en
cours de déroulement, action limitée et achevée, description.
courais : eûmes :
fuyions : vint :
avait contentâmes :
allumaient : appela :

Récapitulons :

Souligne les valeurs du passé simple en rouge et les valeurs de l’imparfait en bleu
Temps de la description / temps de la narration / action de premier plan / action de second plan /
action habituelle ou répétitive / action unique et non répétitive / action en cours de déroulement /
action achevée / actions simultanées/ actions successives.

5. Conjugue ces verbes à l’imparfait ou au passé simple.

Comme il (se trouver) ……………….. près du terri, la lune (se montrer)………………………… très
claire. Il (lever) ……………………………….. les yeux, (regarder)…………………………. le ciel, où
(passer) …………………………………….. le galop des nuages, sous les coups de fouet du grand vent qui
(souffler)…………………………………………. là-haut (…) Le regard empli de cette clarté pure, Étienne
(baisser)………………………………. la tête, lorsqu'un spectacle, au sommet du terri, l(arrêter) …………………
La sentinelle, raidie par le froid, s'y (promener)…………………………………………. maintenant [...].
d’après Emile ZOLA, Germinal, (1885)

6. Même exercice.

La mère Magloire (demeurer)…………………………………songeuse. Elle ne (dormir)……………………pas la nuit


suivante. Pendant quatre jours elle (avoir)………………….une fièvre d’hésitation. Elle
(flairer)……………………bien quelque chose de mauvais pour elle là-dedans, mais la pensée des trente
écus par mois, de ce bel argent sonnant qui s’en (venir)……………………..couler dans son tablier, qui lui
(tomber)……………………………..comme ça du ciel, sans rien faire, la (ravager)……………………..de désir.
Alors, elle (aller) …………………………..trouver le notaire et lui (conter)………………………son cas.

17
LES VALEURS DU PRESENT

Le Rat de ville et le Rat des champs

Autrefois le rat de ville Le bruit cesse, on se retire :


Invita le rat des champs, Rats en campagne aussitôt;
D'une façon fort civile, Et le citadin de dire :
À des reliefs1 d'ortolans2 « Achevons tout notre rôt3

Sur un tapis de Turquie C'est assez, dit le rustique;


Le couvert se trouva mis. Demain vous viendrez chez moi.
Je laisse à penser la vie Ce n'est pas que je me pique
Que firent ces deux amis. De tous vos festins de roi;

Le régal fut fort honnête : Mais rien ne vient m'interrompre :


Rien ne manquait au festin ; Je mange tout à loisir.
Mais quelqu'un troubla la fête Adieu donc. Fi4 du plaisir
Pendant qu'ils étaient en train. Que la crainte peut corrompre ! »
Jean de La Fontaine, Fables
À la porte de la salle -----------------------------------------------------------
Ils entendirent du bruit : 1. reliefs : restes
Le rat de ville détale ; 2. ortolans : oiseaux à chair tendre
Son camarade le suit. 3. rôt : repas
4. Fi : au diable !

a) Quelle est l’histoire racontée dans cette fable ? Qui sont les personnages ? Relève les termes
qui les désignent.

b) Relève une intervention du fabuliste. Quel est le pronom utilisé ?

c) Délimite le dialogue. Quels personnages prennent la parole ?

d) A quel système de temps le récit est-il mené ? Justifiez votre réponse.

e) Classe les verbes à l’indicatif selon leur valeur (présent d’énonciation, de narration, de vérité
générale, de répétition, d’habitude) Quel est l’effet produit par l’emploi du présent de narration ?

18
Récapitulons :
Dans le système des énoncés ancrés :
•Le présent d’énonciation est la valeur de base : l’action se produit en même temps que l’on parle ou
que l’on écrit. Ex : Au moment où j’écris cette lettre, il pleut .
Cette valeur de base peut être étendue : l’action exprimée peut déborder plus ou moins sur l’avenir
ou sur le passé. On distingue les valeurs suivantes :
• Passé proche : Vous arrivez trop tard, le train part à l’instant (en fait, il est parti)
• futur proche : Dépêchez-vous, le train part à l’instant (il va partir)
• Le présent de vérité générale : l’action peut s’étendre à tout le passé et tout l’avenir et
exprime des faits valables en tous temps (fait d’ordre scientifique, morale, proverbe ex : la terre
est ronde, l’eau bout à cent degrés, l’homme est un loup pour l’homme
• Le présent de répétition ou d’habitude : Il évoque une action qui se répète ou une
habitude ex : Il se lève tous les jours à sept heures.
Dans le système des énoncés coupés :
Dans un système au passé, on peut trouver un présent de narration équivalent à un imparfait ou un
passé simple.
Ex : Un agneau se désaltérait
Dans le courant d’une onde pure
Un loup survient à jeun
Qui cherchait aventure
Effet produit : le présent de narration rend la scène plus présente, il contribue à produire un
effet de rapidité.

1. Lis les trois textes suivants

Comme on allait procéder à la troisième course, Candide, n'en pouvant plus, demanda en grâce qu'on voulût
bien avoir la bonté de lui casser la tête ; il obtint cette faveur. On lui bande les yeux ; on le fait mettre à
genoux. Le Roi des Bulgares passe dans ce moment, s'informe du crime du patient; et comme ce Roi avait un
grand génie, il comprit, par tout ce qu'il apprit de Candide, que c'était un jeune métaphysicien fort ignorant
des choses de ce monde.
Voltaire, Candide
La parenté n'autorisait-elle pas une certaine douceur dans l'accent, une tendresse dans le regard: aussi
Eugénie se plut-elle à endormir les souffrances de son cousin dans les joies enfantines d'un naissant amour.
N'y a-t-il pas de gracie similitudes entre les commencements de l'amour et ceux de la vie? Ne berce-t-on
pas l'enfant par de doux chants et de gentils regards ? Ne lui dit-on de merveilleuses histoires qui lui dorent
l'avenir ? Pour lui l'espérance ne déploie-t-elle incessamment ses ailes radieuses ? Ne verse-t-il tour à tour
des larmes de joie et de douleur? L'amour est notre seconde transformation. L'enfance et l'amour fut même
chose entre Eugénie et Charles : ce fut la passion première avec tous ses enfantillages, d'autant plus
caressants pour 1eurs coeurs qu'ils étaient enveloppés de mélancolie.
Honoré de Balzac, Eugénie Grandet (1883)
Cette fable contient plus d’un enseignement.
Nous y voyons premièrement
Que ceux qui n’ont du monde aucune expérience,
Sont aux moindres objets frappés d’étonnement ;
Et puis nous y pouvons apprendre
Que tel est pris qui croyait prendre. Jean de La Fontaine, « Le rat et l’Huître » Fables (1678)

2. Relève les présents de l’indicatif et donne leurs valeurs.

19
3. LA LETTRE PERSONNELLE

Vu les résultats catastrophiques de Kamo en anglais, sa mère l’oblige à entretenir une


correspondance avec une jeune anglaise. Furieux, Kamo envoie à celle-ci une lettre en argot, langage
qu’il maîtrise parfaitement.
DEAR CATHY, CHERE BEEF,

C’est comme ça qu'on vous appelle, ici, en France, les Anglais : les rosbeefs!
Paraît que vous êtes des mecs très importants, que la moitié de la planète jacte votre foutue langue. Moi, je trouve que
ce n est pas une langue : dans chaque phrase on bouffe la moitié des mots, dans chaque mot les trois quarts des syl-
labes, et dans chaque syllabe les quatre cinquièmes des lettres. Reste tout juste de quoi cracher un télégramme.
5 Douce Cathy, chère rosbeef, j'ai une grande ambition : être le seul à ne jamais parler l'anglais!Alors, tu me diras,
pourquoi cette bafouille?À cause de ma mère. Un marché que j'ai passé avec elle. je me suis fait avoir. je suis obligé
de respecter le contrat. Et puis mes affaires de famille te regardent pas, occupe-toi de tes oignons.
Salut, chère correspondante. Au cas où t'aurais l'intention d'apprendre le français avec mézigue, achète un gros dico.
Le plus gros. Et t’accroche pas trop à la grammaire.
10 Kamo

PS : Tu voudrais peut-être savoir pourquoi je t'ai choisie, toi? L'agence a refilé à ma mère une liste de quinze blases.
J’y ai lancé mon compas enfermant les mirettes, il s’est planté sur le tien : Earnshaw. En plein dans le E majuscule.
T'as rien senti?

Je lus en silence le premier paragraphe et ne pus m'empêcher de regarder Kamo avant de le


traduire. Lui ne cachait plus sa curiosité.
- Eh bien, vas-y!
Voici ce qu'écrivait Miss Catherine Earnshaw :

Sale petite grenouille malade,

Vous aimeriez sans doute que je continue sur ce ton; je sens que cela vous plairait. Eh bien, non! je n'ai aucune envie
de rire, ni aucune raison de vous amuser.
Vous avez voulu faire l'original, monsieur Kamo (mon Dieu, que les garçons de mon âge sont stupidement enfantins ),
mais en laissant tomber votre compas sur mon nom, c'est dans le malheur que vous l'avez planté.

Suivait un paragraphe entièrement raturé. Je levai furtivement les yeux. Kamo ne souriait plus. Le
grand Lanthier avait jugé prudent de retourner à pas de loup au fond de la cour. Sur un signe
nerveux de mon ami, je me remis à traduire

5 Vous me demandez si j en ai ressenti la blessure. je l'ignore : le jour où vous avez planté ce compas dans le E
majuscule des Earnshaw, j'étais occupée à une autre douleur. Ce jour-là, jour, pour jour, mon père était mort depuis
deux ans. Le même vent soufflait autour de la maison et rugissait dans la cheminée. (Un temps de tempête, à vrai dire,
mais, bien que personne n'eût songé à allumer le feu, je ne ressentais pas le froid.)
J'ai lu votre lettre assise au pied de son fauteuil vide. Vous pouvez juger de l'impression qu'elle m'a faite! Pourtant, en
10 vous lisant, c'est à moi-même que j en ai voulu. Votre stupide lettre m'a rappelé que je parlais à mon père sur le même
ton arrogant, opposant sans cesse mes petites volontés à son extrême fatigue, mon désir d'être drôle à son besoin de
paix. Enfance imbécile, qui ne voit rien, qui ne sent rien, qui ne sait pas que l'on meurt! Et, le dernier soir, comme
J'étais assise à ses pieds, la tête sur ses genoux (cela m'arrivait parfois, pour me faire pardonner des bêtises que je
referais pourtant le lendemain), juste avant qu'il ne s'endorme, il me caressa les cheveux et dit: « Pourquoi ne peux-tu
15 toujours être une bonne fille, Cathy? » Ce furent ses dernières paroles.

Ici, Kamo m'arracha la lettre des mains.


- Comment c'est, en anglais, cette phrase? - Laquelle?
- Les derniers mots de son père!
Je lui désignai la phrase du doigt : « Why canst thou not always be a good lass, Cathy? »
20
- A good lass? Qu'est-ce que ça veut dire, lass?

- C'est un mot écossais, on l'a vu avec Mlle Nahoum, ça veut dire « jeune fille » en écossais.
- Continue...

je n'ai rien d'autre à vous dire. Vous avez envoyé cette lettre comme on jette une pierre par-dessus un mur: il est juste que
vous sachiez où elle est tombée. Ma réponse n'attend rien de vous.
Catherine Earnshaw

Daniel PENNAC, Kamo, l’agence Babel, Gallimard Jeunesse,1992

Le ton et les intentions :


a) Relève les formules d’appel dans les deux lettres. Explique le choix des mots, leur effet.

b) Qui utilise le plus grand nombre de phrases courtes, de phrases impératives, de phrases non-
verbales ? Quel ton en résulte ?

c) Dis quelle est l’intention de chaque personnage quand il écrit à l’autre.

d) Que signifie « PS » à la fin de la lettre de Kamo ? Qu’est-ce qu’il cherche à faire comprendre en
parlant de son compas ?

e) « sur ce ton » (L 1, lettre de Cathy). Sur quel ton la lettre de Cathy commence-t-elle ? Pourquoi
change-t-elle de ton ?

f) Observe la dernière phrase de la lettre de Cathy, sa longueur, sa forme. Quel est l’effet
produit ?

Les lettres dans le roman :

g) Combien de fois le narrateur interrompt-il la lecture de la lettre de Cathy ? Quelle est l’utilité
de ces interruptions pour le lecteur ?

h) Ces deux lettres se trouvent au début du roman de Daniel Pennac. Pourquoi peut-on dire qu’elles
mettent en place une intrigue, qu’elles lancent l’action ?

21
LE PLAN DE LA LETTRE

Une lettre répond à une intention. Elle peut confirmer, informer, raconter, réclamer ou convaincre.
Quelles règles suivre pour rédiger une lettre ?

1. La mise en page :

a) Place le numéro des éléments suivants sur la lettre : date (1) et lieu d’envoi (2), adresse du
destinataire (3), disposition en paragraphes (4), formule de politesse (5), signature (6), expéditeur
(7), formule d’appel (8)

b) Quel est l’objectif de cette lettre ?

c) Complète le tableau suivant :

Au nom de qui Reeves s’exprime-t-il ? Indice

Premier paragraphe

Deuxième paragraphe

Troisième paragraphe

Quatrième paragraphe

22
2. L’organisation de la lettre :

a) Quel est l’objectif de cette lettre ?

b) Quel est le plan suivi dans cette lettre ?


1. Rappel du motif de la lettre – référence à la situation présente – Evocation du futur
2. Rappel de la situation antérieure – problème posé – solution proposée
3. Description de la situation – Expression d’un sentiment – suggestion d’une solution.

c) Quel est le rôle du quatrième paragraphe de cette lettre ?

d) Quel type de relation entre les correspondants apparaît dans cette lettre ? Justifie ta réponse.
● relations tendues ● relations indifférentes ● bonnes relations

Le plan de la lettre :
La mise en page : la lettre obéit à une mise en page particulière qui la rend immédiatement
identifiable : la date et le lieu d’envoi, l’adresse du destinataire, la disposition en paragraphes, la
formule de politesse et la signature.
L’organisation de la lettre : dans une lettre professionnelle, on suit le plan suivant : exposé du
problème, proposition de solution ou résolution, apport éventuel d’informations complémentaires et
formule de politesse. il n’y a pas de plan particulier pour la lettre personnelle : elle doit surtout
éviter le remplissage, la froideur et la banalité.

23
LA LETTRE ET SON DESTINATAIRE

Qu’elle soit privée ou publique, la lettre doit s’adapter à son correspondant pour être
comprise. Comment une lettre prend-t-elle en compte son destinataire ?

1. La lettre personnelle :

Ces différents textes sont extraits de la correspondance entre Guillaume Apollinaire et


Madeleine qu’il aimait et appelait Lou.

2. Comment évolue la relation entre Apollinaire


et Lou ? Relevez les différentes étapes

3. Quelles informations apportent ces lettres


1. Complète le tableau suivant : sur la biographie d’Apollinaire ?

comment Lou est-elle désignée ?


texte 1 Ma voisine d’hier soir ?

texte 2
4. Quelle et l’originalité des textes 2 et 4 ?
texte 3
texte 4
texte 5

24
2. La lettre ouverte :

Critiqué pour sa chanson « Le déserteur», Boris Vian s'ex- 1. Quel est l’objet de la lettre ?
plique et se défend dans une lettre ouverte.

Jamais je n'insulterai des hommes comme moi, des civils,


que l'on a revêtus d'un uniforme pour pouvoir les tuer comme
de simples objets, en leur bourrant le crâne de mots d'ordre 2. Souligne dans le texte tous les termes qui
vides et de prétextes fallacieux. Se battre sans savoir pourquoi dévalorisent la guerre.
l'on se bat est le fait d'un imbécile et non celui d'un héros; le héros
c'est celui qui accepte la mort lorsqu'il sait qu'elle sera utile aux
valeurs qu'il défend. Le déserteur de ma chanson n'est qu'un 3. Quelles informations apporte cette lettre sur
homme qui ne sait pas; et qui le lui explique ? Je ne sais de quelle Boris Vian ?
guerre vous êtes ancien combattant - mais si vous avez fait la
première, reconnaissez que vous étiez plus doué pour la guerre
que pour la paix; ceux qui, comme moi, ont eu 20 ans en
1940 ont reçu un drôle de cadeau d'anniversaire. Je ne pose pas
pour les braves; ajourné à la suite d'une maladie de
coeur, je ne me suis pas battu, je n'ai pas été déporté, je
n'ai pas collaboré -je suis resté, quatre ans durant, un
imbécile sous-alimenté parmi tant d'autres - un qui ne
4. Reformule le point de vue défendu par
comprenait pas parce que pour comprendre il faut qu'on
vous explique. J'ai trente-quatre ans aujourd'hui, et je vous l’auteur.
le dis: s'il s'agit de défendre ceux que j'aime, je veux bien me
battre tout de suite. S'il s'agit de tomber au hasard d'un
combat ignoble sous la gelée de napalm, pion obscur dans
une mêlée guidée par des intérêts politiques, je refuse et je
prends le maquis. Je ferai ma guerre à moi.

Boris Vian, « Lettre ouverte à Monsieur Paul Faber « 5. Qui est en définitive, le destinataire de cette
Textes et chansons, éd Julliard, 1955 lettre ouverte ? Justifie ta réponse.

La lettre personnelle: une lettre personnelle, normalement destinée à un destinataire unique, peut intéresser
d'autres lecteurs si son auteur est célèbre ou témoigne d'un moment historique. Pour analyser les rapports
entretenus entre les correspondants, on analyse le jeu des pronoms, les temps verbaux, les indicateurs de
lieu et de temps.
La lettre ouverte : il s'agit d'un texte argumentatif rédigé sous forme de lettre adressée à tous par
l'intermédiaire d'un média (journal ou magazine, site Internet...). La lettre ouverte permet de rendre
publique une prise de position. L'auteur personnalise l'argumentation en interpellant directement le lecteur
qui est pris à témoin.

Ecriture : Manifester son émotion


Ton objectif : Tu décides de répondre à ce mot lu dans un mensuel parce qu’il t’a touché. Tu rédiges
la lettre pour qu’elle paraisse dans le courrier des lecteurs en adoptant le plan suivant :
1. Rappel du mot lu 2. Exposé des sentiments ressentis à la lecture et des raisons qui motivent la
réponse 3. propositions d’entraide, de réconfort et d’encouragement

La rue, la télé, la musique, les copains, les boîtes…tout me rappelle combien je suis seul. Je sais, la vie est un
combat, mais on ne m’a rien donné pour l’affronter. Je voudrais rentrer sur le terrain, quitter ce banc de
touche, placé aux portes de l’enfer
Philippe (20 ans), Lettre publiée dans un mensuel en septembre 1996.

25
Vocabulaire proposé :
 la sympathie : amitié, bienveillance, attachement, bonté, cordialité, fraternité, faveur, bonne
volonté, compréhension.
 le bonheur : joie, allégresse, bien-être, beauté, délice, enchantement, douceur, satisfaction,
succès, réussite, sérénité
 l’émotion : émoi, affection, bouleversement, sentiment, sensibilité, sensation, affolement,
trouble, désarroi, étonnement.

LE VOCABULAIRE DES SENTIMENTS


Les Français :

J’ai dit que vous étiez sceptiques, méfiants, parcimonieux. Le miracle, c’est que vous êtes également
enthousiastes, confiants, généreux. Si demain vous deveniez disciplinés, exacts, silencieux, un grand malheur
se serait abattu sur le monde. Car, les défauts, chez vous ne sont que l’envers de vos qualités. Votre nation de
xénophobes est le refuge des étrangers ; vous ne résistez pas à la fraude et vous élevez vos enfants dans le
culte du droit chemin ; votre peuple de petits bourgeois est celui des grands seigneurs ; vous êtes les gens
les plus inhospitaliers de l’univers et votre pays est le plus accueillant du globe. S’il est vrai que le plaisir naît
des contrastes, vous êtes le plus plaisant peuple de la terre.
P. DANINOS, Les carnets du Major Thompson

1. Souligne en rouge les qualités des français

2. Souligne en bleu leurs défauts

3. Quelle phrase résume l’opinion de l’auteur ? Souligne-la en vert.

Noms : émotion, confiance, impétuosité, angoisse, désillusion, ingratitude, bienveillance,


penchant, mélancolie, louange, affliction, perfidie, aversion, appréciation, amitié,
ironie, nostalgie, émoi, perplexité.

Verbes : douter, défier, craindre, se comporter, contraindre, s’émerveiller, se maîtriser,


s’épancher, persifler, respecter, tolérer, reprocher, concéder, croire, blâmer,
s’extasier, s’effondrer, vénérer, duper.

Adjectifs : douteux, méfiant, inquiet, susceptible, mesquin, fidèle, fantasque, sentimental,


romantique, idéal, hystérique, pervers, démoralisant, sincère, passionné

4. Trouve, pour dire le contraire, un mot de la même catégorie grammaticale

1. confiance/.......................... 6. S'émerveiller/....................................
2. perplexité/........................... 7. aimer/......................................
3. louange/.......................... 8. blâmer/.................................
4. honnête/....................... 9. cohérent/............................
5. fantasque/...................... 10. ému/...............................

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5. Complète à l'aide de mots que tu choisiras dans le cadre.

Toujours prête à douter de tout, sa nature ........................... lui valait beaucoup de critiques.
C'est un être léger, drôle, amusant, insouciant,........................................ en somme.
On ne l'apprécie pas beaucoup, il arrive même que certains le ................................
On lui a fait des compliments, on l'a porté aux nues et ces ..................................... lui ont tourné la
tête.

6. A quels mots correspondent ces définitions?

1. Sentiment d'affection, de sympathie: ...........................................


2. Qui se vexe, s'offense facilement:.............................................
3. Qui manque de générosité: ......................................
Qui a le sens des réalités: ..................................................

7. Classe les mots suivants selon qu'ils se rapprochent :


de la crainte de la terreur.
l'épouvante - l'appréhension - l'anxiété - l'effroi - la frayeur - le trac.

8. Entoure parmi ces mots ceux qui désignent une joie très vive.

satisfaction - allégresse - contentement - bien-être - jubilation.

9. Cherche un antonyme à chacun des mots suivants:

La reconnaissance:.......................................
Le sang-froid:............................................
La générosité:.........................................
La sollicitude: ......................................
La sincérité: .......................................
La sympathie: ........................................

10. Complète les pointillés par un mot choisi dans la liste ci-dessous.

attirance - aversion - répulsion - haine - affinité - inimitié - sympathie - cordialité.

Nous ne pouvons nous entendre, nous n'avons aucun point commun, aucune ...................

Je devais choisir entre six chiots de la portée et j'ai tout de suite éprouvé une .............................
pour la petite chienne noire.

Entre régis et Bernard, c'était plus qu'une antipathie. Chacun est rebuté par ce que fait l'autre. Cela
devient une véritable ................................. ou........................................
La grand-mère berçait son petit-fils avec .....................................

Je vous sens hostile à mon égard et cette .........................................me gêne pour travailler.

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Nos amis nous ont reçus avec une grande....................... et beaucoup de ............................

11. Recopie ces mots dans quatre ensemble en les associant selon leurs affinités de sens.

le courage - la peur - la colère - la susceptibilité - la pensée - l'audace - la terreur - l'agacement - la


réflexion - l'effroi - l'héroïsme - la rêverie - la méditation - la témérité - l'irritation.

12. Complète par le terme adéquat.

C'est avec ........................................ que nous nous rappelons notre jeunesse.


Son ...........................................est dû au décès de son chien.
Nous partageons votre totale .......................................après cette grande perte.
Quelle........................................que de contempler un travail bien exécuté!
Le .................................de rencontrer des amis nous réjouit
Nous constatons avec ...........................................votre réussite.
La Belgique a connu la ........................................pendant l'occupation allemande.
C'est avec ............................ que cet athlète abandonne la compétition.

13. Recherche le sens des locutions suivantes

-être aux anges:.........................................................................................................................

-broyer du noir: ..........................................................................................................................

-avoir le vague à l'âme: ..............................................................................................................

13. Place chacun des verbes ci-dessous à la place qui lui convient dans le texte.

se dérober - écarquiller - se recroqueviller - se crisper - se décomposer - retenir son souffle.

Dans la lumière des phares, une silhouette inquiétante apparut. Elle était verdâtre, courtaude, et
semblait avoir deux têtes. Je voyais Michel .............................................les yeux en regardant cette
étrange apparition. Il voulait se persuader qu'il ne rêvait pas. Il tenta de parler, amis aucun on ne sortit
de sa bouche. Puis, je vis ses mains ....................................sur le volant, tant il avait peur. Les phalanges de
ses doigts en étaient blanches. Quand le personnage s'approcha de nous, chacun dut
...........................................car on n'entendait absolument rien dans la voiture. J'aurais voulu sortir mais je
sentais mes jambes ........................................sous moi. Quant à mes amis, ils ne tardèrent pas à
.....................................................sur leur siège tant leur frayeur était grande. la silhouette ouvrit une

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portière et tendit la main vers Roselyne. Celle-ci frémit. Je vis son visage ......................................., elle
était d'une pâleur extrême. Puis, elle s'évanouit.

14. Rapproche les adjectifs suivants selon qu'ils caractérisent le visage de quelqu'un qui est de
bonne humeur ou de mauvaise humeur.
renfrogné - radieux - rayonnant - maussade - bougon - épanoui - boudeur.

15. Voici six adjectifs et six définitions . Indique à quelle définition correspond chaque adjectif

versatile - stable - velléitaire - opiniâtre - taciturne - expansif

Qui parle peu et ne communique guère avec les autres. ...............................


Qui ne change pas, qui garde le même caractère. .......................................
Qui manifeste chaleureusement ses sentiments. .........................................
Qui change facilement d'opinion. .........................................
Qui ne se décide pas à agir. ......................................
Qui est tenace dans ses idées et ses projets. .....................................

16. Remplace les pointillés par un verbe que tu choisiras dans la série ci-dessous.

se dominer - analyser - extérioriser - modifier - réprimer - manifester

Après ce retournement de situation, je suis trouble. Je ne sais plus si j'estime encore Ludovic. Je ne
parviens pas à ...................................mes sentiments envers lui.

Il n'est pas toujours facile de ...................................... et de ne pas montrer ses sentiments.

J'ai tenu à ...................................ma sympathie à Dorothée car elle a été très courageuse.

Ce garçon est d'un naturel assez froid. Je l'ai rarement vu .....................................ses sentiments.

Cet incident va m'amener à ................................mon jugement sur Yvon. je crois qu'il est plus honnête que
nous le pensons.

Quand Caroline parut avec sa perruque à l'envers, j'eus de la peine à ...........................mon envie de rire.

17. Associe chaque expression de langage familier à une expression de même sens de langue plus
soutenue.

Tu fais la tête 0 0 Tu es versatile


T'en casses pas une 0 0 Tu es affectée.
Tu changes d'idées comme de chemise 0 0 Tu boudes
Tu fais des chichis 0 0 Tu te tais
T'as les foies 0 0 Tu rougis
Tu piques un fard 0 0 Tu as peur

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