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POLITIQUE DES TRANSPORTS ET

CONSTRUCTION DE LA NATION
AU CAMEROUN DEPUIS 1961

Par Nicolas OWONA NDOUNDA,


CR/DARC/CNE/MINRESI

Table-ronde organisée par le DEJP,


Yaoundé, le 12 septembre 2017
PLAN DE L’EXPOSÉ
Introduction
I. Clarifications conceptuelles
II. État des lieux des transports en 1960-61 et nécessité de
construction d’une Nation
III.Transports et unité nationale
IV.Évaluation des politiques publiques des transports en
rapport à la construction de la Nation
Conclusion
INTRODUCTION
Après 77 ans d’une politique coloniale qui a principalement
centré ses efforts au désenclavement des zones potentiellement
rentables du pays, le nouvel Etat indépendant du Cameroun se
devait, dès 1960-61, d’adopter une politique des transports qui
non seulement allait prendre en compte toutes ses régions, mais
aussi servir de jonction géographique et sentimentale entre
les différentes communautés, et ainsi, participer à la
construction d’une nation camerounaise.
I. CLARIFICATIONS CONCEPTUELLES
Pour définir la nation, trois critères sont pris en compte :
1) Un critère ethnoculturel (un peuple doté d’une langue, d’une
religion et d’une histoire partagée) ;
2) Un critère géopolitique (le territoire) ;
3) Un critère sociopolitique (la citoyenneté) s’appliquant à un
peuple.

Ces trois critères sont organisés par l'État. L’ordre dans lequel l'État
et la nation apparaissent importe peu, car les deux concepts sont
dans une perpétuelle relation dialectique : l'État est l’instrument de
la nation et la nation est une construction de l'État.
I. CLARIFICATIONS CONCEPTUELLES (SUITE)

Le terme Transport vient du latin trans ("à travers") et portare ("porter").


Action de déplacer un individu (transport de voyageurs) ou une marchandise
(transport de marchandise) d’un endroit à un autre.

Les voies de communications (la route, le fleuve, la mer etc.) font partie des
infrastructures de transport, comme les ouvrages d'art (ponts, tunnels etc.) et
les bâtiments (gares, parkings, aéroports etc.) associés.

Par assimilation, des actions de déplacements et de conduction ont été


dénommées "transports", comme le transport d'électricité, qui s'effectue sur
des réseaux de câbles électriques; de gaz ou de pétrole, au travers des pipe-
lines.
I. CLARIFICATIONS CONCEPTUELLES (FIN)
Afin de mieux le définir, le concept de politique est séparé par les anglo-saxons en
polity, politics, et policy (Jean Leca: 2012) :

D’abord la polity, qui, dans son acception la plus simple, recouvre la sphère
politique dans son opposition à la société civile.
Ensuite les politics, qui représentent l’activité politique et sa compétition.
Enfin, les policies, qui sont le processus de mise en place de programmes d'action
publique. Elles concernent la manière à laquelle l’État traite des problèmes dans
différents secteurs et les conséquences, voulues ou non, pour la production et la
répartition de ressources ainsi que pour la satisfaction des « populations cibles »,
unifiées ou non, dans la même situation sociale ou non.
Une politique publique (public policy) est donc un programme d’action, à
développer dans un territoire ou/et un domaine spécifique, destiné à garantir qu’une
vision sociale d’un problème déterminé soit accomplie.
II. ÉTAT DES LIEUX DES TRANSPORTS EN 1960-61 ET
NÉCESSITÉ DE CONSTRUCTION D’UNE NATION

 Le protectorat allemand (1884-1916) fut marquée par le capitalisme agraire. Seules les zones
économiquement rentables sont prises en considération dans la logique d’exploitation du territoire.

 Le mandat et la tutelle franco-britanniques (1919-1960/61), furent marqués par une schizophrénie


économique : les deux puissances coloniales étaient en effet partagées entre la nécessité de
rentabiliser leurs investissements au Cameroun et les exigences de développement des territoires
imposées par la SDN d’abord et l’ONU ensuite.

 Au moment de l’indépendance (1960/61), tout est à faire sur le plan des transports. Plus encore, le
pays se retrouve fragmenté par ces années de colonisation. L’une des tâches du nouvel Etat, sinon la
principale, est de mettre en place une NATION. Tous les leviers sont donc mis à contribution,
notamment les transports. Il fallait intégrer 4 zones/blocs : le Nord; le Centre; l’Ouest; et la zone
dite anglophone.
III. TRANSPORTS ET UNITÉ NATIONALE

1. Transports routiers et unité nationale


- La construction des routes (fonction de désenclavement et de liaisons des populations)
- La nomenclature des routes (nationales/provinciales/départementales et rurales).

2. Transports aériens et unité nationale


- D’Air Afrique (1961) à la Cameroon Airlines (1971) (élément de fierté et de promotion de la grandeur du
pays)
- Les aéroports (volonté de rendre les distances plus courtes en temps)

3. Transports maritimes et unité nationale


- La CAMSHIP
- La CAMTAINER

4. Transports ferroviaires et unité nationale


- La REGIFERCAM
- Le Trancamerounais (outil d’unité nationale grâce à sa fonction de transport et de mise ensemble des
populations durant sa construction. Ex. les villes d’Edéa et de Ngaoundéré)
IV. ÉVALUATION DES POLITIQUES PUBLIQUES DES
TRANSPORTS EN RAPPORT À LA CONSTRUCTION DE LA
NATION
L’objectif des politiques publiques des transports a été jusqu’ici, au-delà de l’aspect
développementaliste du pays, d’aider à la construction de la nation. Cette ambition se heurte
à un problème: Peut-on construire une nation ?

Pour Ludwig von Mises (1956), « Les nations et les langues ne sont pas des catégories
immuables, mais plutôt les résultats provisoires d'un processus en constante évolution, ils
changent de jour en jour »
les États imposés aux nations par les princes sont voués à l'échec parce que ces derniers
tentent habituellement d'éliminer toutes les formes de communauté qui se trouvent entre le
prince et le peuple. Si une communauté ne vient pas de l'État, elle doit être dissoute. En
d'autres termes, les États imposés tolèrent mal, et détruisent, les connexions délicates,
complexes, et développées qui constituent une véritable nation.
IV. ÉVALUATION DES POLITIQUES PUBLIQUES
DES TRANSPORTS EN RAPPORT À LA
CONSTRUCTION DE LA NATION (SUITE ET
FIN)

Les limites endogènes de la politique d’unité nationale à travers les


transports:
- Les problèmes liés à l’implémentation des politiques publiques (lenteurs
administratives, corruption…)
- Les difficultés des entreprises publiques des transports
- La privatisation, une contradiction aux visées nationalistes
- Les difficultés liées à l’histoire économique du pays (Les Programmes
d’Ajustement des transports; dépendance aux aides internationales)
- La problématique des accidents et de l’insécurité (coupeurs de route/Boko
Haram)
CONCLUSION
Les transports représentent un bel outil d’unité des peuples. Il est donc
normal que les différents gouvernements au Cameroun les aient placés au
centre de leurs actions. Les efforts déjà faits jusqu’ici, malgré les
manquements sont, somme toute, appréciables. De fait, le mieux que nous
puissions faire pour soutenir l'émergence de la nation camerounaise est
d'encourager l'évolution sociale sans entraves au sein de celle-ci, et de
s'abstenir de penser que nous pouvons construire quelque chose de mieux.
En effet, les « nations » ne sont pas définies par la géographie ou par les
institutions politiques, mais plus fondamentalement par la langue et
d'autres institutions culturelles similaires qui fournissent une base pour «
la compréhension mutuelle » (Mises, 1919).
Merci de votre attention.

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