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Économie managériale I

Correction TD5
Décisions d’assurance

EDHEC pre-master 2017-2018


Considérons 2 individus caractérisés par la même fonction d’utilité

u ( w)  w0,5
Leur richesse initiale individuelle est de 64 000 € et ils font chacun face à
un risque de sinistre : une chance sur 10 de perdre 60 000 €. Les 2 risques
sont indépendants.

1) Calculez l’espérance de la richesse finale de chaque individu

Notons x1   60000 , 0 ; 10% , 90% 

Et donc richesse finale w1  w0  x1   4000 , 64 000 ; 10% , 90% 

Espérance de la Richesse finale:

Ew1  0.9(64 000)  0.1(4 000)  58 000€


Calculez l’espérance d’utilité avant mutualisation du risque

Eu ( w 1 )  0.9(64 000) 0,5  0.1(4000) 0,5  234, 01

Supposez que les individus mutualisent leur risque, autrement dit


choisissent de partager équitablement le coût du sinistre s’il survient.
Calculez la nouvelle espérance d’utilité des individus. Comment expliquer
ce résultat ?

Il y a désormais 3 configurations possibles:

Richesse
Nombres de
Probabilité Coût individuel finale
sinistres
individuelle
0 0.9×0.9 = 0.81 0 64 000
1 2(0.9×0.1) = 60000/2= 30 000 34 000
0.18
2 0.1×0.1 = 0.01 120000/2= 60 4 000
000
Chaque individu fait donc face à une nouvelle loterie :

w 2   4000 , 34000, 64000 ; 1%, 18%, 81% 

Espérance de la richesse finale de chaque individu après mutualisation


des risques 

Eu ( w 2 )  0.01(4 000) 0,5  0.18(34 000) 0,5  0.81(64 000) 0,5  238, 74

Après mutualisation, l’espérance de perte pour les individus est la même


mais le risque, mesuré par l’écart-type est réduit, ce qui augmente
l’espérance d’utilité d’individus averses au risque.
Vous achetez un téléviseur 300€. Ce prix intègre une garantie de 1 an
pièces et main d’œuvres. Le vendeur vous propose une extension de
garantie de 2 années supplémentaires. On suppose que pour simplifier que
1) vous avez une chance sur 10 chaque année que votre téléviseur subisse
une panne fatale (la probabilité n’augmente pas dans le temps)
2) Etant donné l’évolution technologique, vous pourrez remplacer à neuf
votre téléviseur pour 250€ pendant la 2e année et pour 200€ pendant la 3e
année?.
 
Sachant que le taux d’actualisation est de 10%, calculez la valeur de la
garantie, c’est-à-dire le prix maximal que vous devriez être prêt à payer pour
acquérir cette garantie si vous êtes neutre au risque.
Si vous êtes neutre au risque, vous devriez être prêt à payer un prix
égal au maximum à l’espérance de perte pour vous débarrasser de la
loterie :
 250   200 
pv  Ex  0,1
   0,1 2 
 39, 26€
1,1 1,1
           
valeur de la garantie valeur de la garantie
pour la 2e année pour la 3 e année

Vous ne devriez pas payer plus que 39.26€ pour cette garantie.
Supposons que Florian possède une maison d’une valeur 800 000 €. Il ne
possède rien en dehors. Il y a une chance sur 4 que cette maison brûle
l’année prochaine (Florian a reçu des menaces). Si le feu survient, la
valeur de sa maison tombera à 400 000 €. La fonction d’utilité de Florian
est égale à :
  u = ln(w)

Quelle somme maximale est-il prêt à payer pour assurer intégralement


la valeur de sa maison en cas d’incendie ?

La prime maximale qu’il est prêt à verser est celle pour laquelle il devient
indifférent pour lui de s’assurer ou de ne pas s’assurer, autrement dit telle
0,5
0,5

que :
 
u (avec assurance) = Eu (sans assurance)

→ ln (800 000 – pr) = 0,75 ln (800 000) + 0,25 ln (400 000)


→ ln (800 000 – pr) ≈ 13,419
→ 800 000 – pr ≈ e13,419
→ pr ≈ 127 283 €
Même question si l’on suppose maintenant que sa fonction d’utilité est de
la forme :
u = b.w où b est une constante

positive inconnue. Expliquez

La nouvelle fonction est linéaire. L’individu est donc neutre vis-à-vis du


risque. Dans ce cas, la prime d’assurance est simplement égale au signe
près à l’espérance de la loterie, soit 100 000€. L’individu est indifférent
entre être confronté au risque et perdre de manière certaine 100 000€.

Vous pouvez le vérifiez mathématiquement en reprenant le raisonnement


précédent (le résultat ne dépend pas de la valeur de la constante b)
A. Risque Moral et Assurance
Supposons que les préférences de Pierre-Alain soient résumées dans la
fonction d’utilité suivante :
 
u ( w)  w0,5
 
Sa richesse est de 67000 mais il possède une probabilité d’1 chance sur
10 de perdre 60 000. Une compagnie d’assurance lui propose de couvrir
intégralement ce risque de perte en l’échange d’une prime de 7000€.

1) Pierre-Alain a-t-il intérêt à accepter ce contrat ?


 En l’absence d’assurance, l’espérance d’utilité de Pierre-Alain est égale
à :
Eu(sans assurance)  0.9(67000) 0.5  0.1(7000) 0.5  241,32 utils

 En payant 7000 € d’assurance, son utilité passe à :

u( avec assurance)  (67000  7000)0.5  244,95 utils

Comme son espérance d’utilité augmente, Pierre-Alain a intérêt à


accepter le contrat d’assurance proposé.
Autre manière de répondre à la question

De manière générale, la prime maximale pr que l’individu a intérêt à payer


est donnée par:

u ( w0  pr )  Eu ( w0  x )
      
utilité certaine avec assurance espérance d 'utilité sans assurance

9 1
(67000  pr ) 0,5
 (67000)  (7000) 0,5
0,5

10
      10   
 241,325824

 pr  241,3258242  67000
pr  8761,85 € > 7000 €

L’individu est prêt à payer au maximum 8761,85 pour s’assurer, soit


plus que la prime proposée. Il a donc intérêt à s’assurer.
En l’absence de frais administratifs de gestion du contrat d’assurance,
quelle serait l’espérance de profit de l’entreprise d’assurance ?

E  7000  Ex  7000  6000  1000 €


Une fois couvert contre le vol, Pierre-Alain décide de revendre son
système de surveillance électronique pour 3000€, de sorte que la
probabilité de vol passe désormais à 40%. La décision est-elle rationnelle
du point de vue de Pierre-Alain ? Pourquoi ?

Comme Pierre-Alain est déjà complètement assuré contre le vol, la


survenance ou pas du vol ne l’affecte pas. En revendant son système de
surveillance électronique, sa richesse augmente de 3000 € ainsi que son
utilité qui passe à :

u( après revente système de surveillance )  (67000  3000  7000)0.5  630000.5  251


Après la décision de Pierre-Alain, quelle est la nouvelle espérance de
profit de l’entreprise d’assurance sur le contrat de Pierre-Alain ?

Comme l’assureur a désormais 40% de chances devoir rembourser un


sinistre de 60000€, sa nouvelle espérance de profit est égale à :

E ( 2 )  7000  (0.4  60000)  17 000€

Montrez que Pierre-Alain a intérêt conserver son assurance et à maintenir


son dispositif de surveillance si l’assureur impose une franchise F =12 000
€ dans le contrat ?

Pierre-Alain aura intérêt à maintenir son dispositif si en présence de la


franchise F = 12000, on a :
 
Eu (ass + surveillance) > Eu (ass sans surveillance) (I)
 
Cette condition est vérifiée

Eu (ass + surveillance) > Eu (ass sans surveillance)

0.9(67000  7000)0.5  0.1(67000  7000  12000) 0.5  0.6(70000  7000) 0.5  0.4(70000  7000  12000) 0.5
                                         
242,36 240,93

Lorsque l’individu revend son dispositif de surveillance, sa richesse initiale


augmente de 3000 € sinistre ou pas (on passe de 67000 à 70000). Le
problème est que la probabilité de sinistre et donc de verser la franchise de
12000 € augmente également (elle passe de 0,1 à 0,4). Pour cette raison,
l’espérance d’utilité de l’individu est plus élevée lorsqu’il conserve son
système de surveillance (et même si la vente lui aurait rapporté 3000€)

Notons que pour être complet, on peut aussi vérifier que l’individu a toujours
intérêt à s’assurer même en présence de franchise

Eu (ass + surveillance) > Eu (pas d’assurance + surveillance)

242,36 > 241,32


SÉLECTION ADVERSE SUR LE MARCHE DES ASSURANCES

Supposons qu’un grand nombre d’individus aient acheté une très belle
voiture, d’une valeur de 60 000€, très convoitée des voleurs. Pour simplifier,
ces individus se répartissent en 2 groupes :

-Les « prudents » qui ont une chance sur 10 de se faire voler leur voiture et
de perdre 60 000 €

-Et les « imprudents » qui ont 40% de chances de se faire voler leur voiture
 
La fonction d’utilité des individus est la même et donnée par :

u ( w)  w0,5
1) Quel est le prix maximum que chacun des individus est prêt à payer pour
obtenir une assurance qui couvre intégralement le risque de vol ?

Prix de réserve pour un assurance complète

u ( w0  pr )  Eu ( w  x )
      0 
utilité certaine avec assurance espérance d ' utilité sans assurance

Appliqué à nos données, on a:

(60000  prprudents )0,5  0,9(60000)0,5  0,1(0)0,5 prprudents  11400 €


         
220,454

(60000  primprudents )0,5  0, 6(60000)0,5  0, 4(0)0,5 primprudents  38400 €


         
146,969
Supposons que l’assureur connaisse les statistiques globales sur la probabilité de vol
de chacune de ces catégories d’individus mais qu’il soit impossible pour lui de
différencier les 2 types d’agents.
a) S’il se base sur la probabilité moyenne de risques de vol, quelle prime minimale
demandera-t-il s’il exige un taux de charge de 10% ?
S’il y a autant d’individus prudents que non prudent, la probabilité moyenne de
vol par voiture assurée sera égale à (0,1+0,4)/2 = 0,25.
L’espérance d’indemnité que l’assurance reversera sera égale à 0,25 × 60 000
= 15 000€. Avec un taux de charge de 10%, elle demandera alors une prime
égale à 16 500 € par contrat.

Quelle sera la réaction des « bons risques » ? Quelles en seront les


conséquences pour l’espérance de profit de l’assureur ?
A ce prix, les bons risques, c’est-à-dire les conducteurs prudents choisiront
de ne plus s’assurer puisque leur prix de réserve pour une assurance est de
11400€. L’assureur fera alors face à un échantillon non représentatif de la
population exclusivement composé d’individus non prudents. L’espérance de
profit par contrat d’assurance deviendra négative et égale à :

E  
EI  16500  7500€
0,460000
Une étude américaine a montré que 83% des propriétaires de maison
payaient en moyenne 100$ de prime de plus pour bénéficier d’une
franchise de 500$ plutôt que de 1000$ sur leur assurance habituation
même si en pratique, la probabilité de sinistre n’est que de 5%.
 
1) Si les individus étaient neutres au risque, combien devrait-ils payer ?

S’ils sont neutres vis-à-vis du risque, ils ne devraient pas être prêt à
payer pour la diminution de franchise de 500€ plus que ce que cela leur
rapporte en espérance

Or comme le risque de destruction partielle de la maison n’a que 5% de


chances de se réaliser, l’espérance de surplus d’indemnité de
remboursement n’est que de 0,05 × 500 = +25€.

Ils ne devraient pas être prêts à payer plus que 25€ pour cette
diminution de franchise.
2) A votre avis, comment peut-on expliquer ce comportement ?
Explication 1: Une extrême aversion aux risques puisqu’il paye 100€
de plus pour éviter de faire face à une probabilité de 5% seulement de
perdre 500€

Explication 2: Ils accordaient à ces € qu’ils pourraient perdre un poids


supplémentaire aux € de cotisations supplémentaires qu’ils doivent
assumer (voir économie comportementale second semestre)
Question : A votre avis, quel est le problème auxquels sont confrontés les
assurances comme la Lloyd qui assurent ce genre de risques ?

Ces risques sont très particuliers.

1) Il est très difficile d’estimer des probabilités de sinistres individuels

2) Il n’existe pas un pool d’individus présentant ce même type de risques


qui permette à l’assurance d’opérer facilement la mutualisation

Comme on le voit, ces risques sont toutefois assurés dès lors

- que l’entreprise d’assurance choisit, comme la Lloyd ,d’assurer de


nombreux risques « exotiques » indépendants comme celui-ci.

- qu’elle ne sous-estime pas systématiquement la probabilité d’occurrence


du sinistre
REASSURANCE (VOIR DOCUMENT1 )

A quoi correspond la réassurance? Sur quels principes repose-t-elle ?

Parce qu’elles créent simultanément des sinistres majeurs chez un


très grand de nombres de clients à la fois, certains phénomènes
comme les catastrophes naturelles ou les crises financières peuvent
mettre en danger les compagnies d’assurance.

Pour cette raison, les compagnies d’assurance s’assurent elles-


mêmes auprès d’entreprises de ré-assurance.

Comme indiqué dans le document, le réassureur « écrête » les


pointes de sinistres possibles (autrement dit reverse ou prête des
fonds propres aux assurances) lorsque celles-ci doivent verser au
même moment et à très un grand nombre de leurs assurés de lourdes
indemnités.

Les entreprises de réassurance fonctionnent sur le même principe


que celui de l’assurance. Elles mutualisent les risques en constituant
un portefeuilles de risques divers et dispersés dans l’espace aussi
indépendants que possibles.
REASSURANCE (VOIR DOCUMENT1 )

Que veut souligner l’auteur lorsqu’il dit : « On ne peut manquer la


comparaison avec la Banque où le cumul d’un sinistre moyen
d’insolvabilité (les subprimes) et de la semi-banqueroute d’un risque
souverain somme toute mineur, la Grèce, ont précipité l’industrie
financière dans une crise systémique sans équivalent depuis 1929 ».

- Malgré la possibilité d’une banque centrale de créer de la monnaie ex


nihilo et de prêter aux banques en principe autant de liquidités qu’elle le
souhaite, la crise financière n’a pas épargné les banques ou les pays
comme la Grèce.

- Le secteur des assurances aussi a subi des turbulences liées aux


indemnités considérables qui ont dû être versées suite aux catastrophes
diverses (attentat du 11 septembre, Ouragan, tsunami). Et pourtant en
l’absence de prêteur en dernier ressort, il a bien surmonté ces
problèmes. L’explication: L’industrie de la réassurance.
---------------- hors programme Ne pas traiter-------

On revient à l’hypothèse initiale où u = ln(w). Supposons qu’il doive


payer une taxe de 50 000 € sur sa maison. Calculez la prime
d’assurance maximale qu’il est prêt à payer dans deux cas :
a) la taxe est prélevée, que la maison brûle ou pas
b) la taxe n’est prélevée que si la maison ne brûle pas.
Qu’observez-vous ?

Cas a: w f (cas a)  (750 000, 350 000 ; 0, 75, 0, 25)

La prime maximale qu‘il est prêt à verser maintenant est donnée par:

→ ln (750 000 – pr) = 0,75 ln (750 000) + 0,25 ln (350 000)


→ ln (750 000 – pr) ≈ 13,337

→ pr ≈ 130 113 €

Conclusion: La prime d’assurance augmente légèrement


---------------- hors programme Ne pas traiter-------
Cas b: w f (cas b)  (750 000, 400 000 ; 0, 75, 0, 25)

La prime maximale qu‘il est prêt à verser maintenant est donnée par:

→ ln (750 000 – pr) = 0,75 ln (750 000) + 0,25 ln (400 000)


→ ln (750 000 – pr) ≈ 13,37

→ pr ≈ 109 069 €

Dans ce second cas, comme la taxe ne doit pas être payée en cas de
perte, cela diminue la perte maximale de l’individu et donc son risque
(la variance passe à 22 968 750 000). Le montant que l’individu est
prêt à payer pour s’assurer être plus faible que dans le cas a.

Notez ici que l’individu ne paye pas sa taxe que si sa maison brûle dans
le cas où elle n’est pas assurée.

Si elle est assurée, l’individu paye la taxe qu’elle brûle au pas.


---------------- hors programme Ne pas traiter-------
On notera au passage que le risque mesuré par la variance, est le
même dans les 2 cas précédents

Var ( w f ) avant taxe  0,75(800 000  700 000)²  0, 25(400 000  700 000)²  30 000 000 000

Var ( w f ) après taxe  Var (w f  50 000)  Var ( w f )

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