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Chromolithographie 

: une rencontre entre


l’art et la technologie
Présentation

La chromolithographie est le terme choisi par le lithographe Godefroy


Engelmann pour désigner son procédé d'impression lithographique
en couleur fondé sur la quadrichromie ainsi qu'à l'origine du procédé
d'impression offset qui en a découlé.
Du grec lithos, « pierre » et graphein, « écrire », la lithographie est un
procédé d’impression à plat (contrairement à la gravure) inventé en
1796 par Aloys Senefelder. La lithographie en couleurs a été mise au
point en 1837 par Godefroy Engelmann qui lui donna le nom de «
chromolithographie ».
Nées des progrès technologiques, la lithographie, et, plus tard, la
chromolithographie, ont inauguré la diffusion massive d’œuvres et
de supports-papier. Si ces procédés constituent un maillon important
dans la chaîne de l’information et de la vulgarisation du savoir, ils
sont également à l’origine des premières publicités et,
malheureusement, ont quelquefois servi de bien tristes causes.
lithographique
Détail d’une pierre
Technique

Dès l'invention du procédé lithographique par Aloys Senefelder, se pose la question


de la couleur. Senefelder lui-même a imprimé des lithographies en plusieurs
couleurs, en utilisant plusieurs pierres, une pour chaque couleur. D'autres
essaient de mettre plusieurs couleurs sur la même pierre, avec des succès
variables. Le mérite d'Engelmann sur ses nombreux concurrents est d'avoir mis au
point une méthode à la fois théorique : l'emploi des trois couleurs primaires, le
bleu, le jaune et le rouge, auxquelles on ajoute le noir, pour obtenir l'ensemble des
teintes et les nuances envisageables (ce qui forme toujours le principe de
l'impression couleurs actuellement, ou quadrichromie), et pratique : la mise au
point de presses lithographiques pourvues de dispositifs élaborés pour obtenir un
bon repérage des impressions successives. Généralement le papier est un peu
humidifié : Engelmann supprime cette obligation qui occasionne des
déformations et par conséquent de mauvais repérages. Il imprime sur les quatre
pierres le contour léger du dessin que l'artiste travaillera ensuite pour la couleur.
Rien n'interdit du reste d'utiliser un nombre bien plus grand de couleurs.
«Chromos»

Au cours du XIXe siècle, la chromolithographie se développe et se


peaufine, touchant l'ensemble des domaines dont le commerce,
avec l'ensemble des formes de publicité, affiches, cartes
commerciales, catalogues, calendriers, images à collectionner.
Outre l'imagerie populaire, images religieuses, morales,
patriotiques, beaucoup diffusées par le colportage, se développe
l'édition de livres illustrés pour les enfants, des jeux, des images à
découper et monter, les cartes géographiques pour les écoles,
mais aussi les reproductions d'œuvres d'art qui dûment
encadrées (telles l'Angélus de Millet ou autres), ornent les
intérieurs populaires et bourgeois ou les vues «souvenirs» de
sites touristiques, à partir de photographies noir et blanc mises
en couleurs...
Pendant les premières années de leur histoire, les cartes-primes étaient
des images enfantines ou ludiques. Par la suite, des sujets plus sérieux
furent abordés : histoire, géographie, personnages célèbres, arts,
science... Les informations commerciales et publicitaires se trouvaient
en général au verso. À travers ces images, c’est tout l’esprit d’une
époque qui est exprimé, avec ses conquêtes, ses croyances, ses espoirs,
ses projections dans le futur...
Au verso de cette image, un certificat manuscrit du Dr
Charbonnier, attestant des bienfaits du Rhum Negrita (« si pur, si
délicat et si aromatique ») dans les cas d’affections chroniques des
bronches et des voies digestives « aussi communes que rebelles »...
Le document est daté du 9 juillet 1894 et la signature du Dr
Charbonnier est légalisée.
Pour résoudre tous les problèmes de
cheveux, il y a des lotions, dont celle du
Docteur Grave, « la seule approuvée de la
Faculté de Paris », et qui « repose sur les
dernières données de la science » : plus de
calvitie ni de cheveux gris désormais !
Il y a aussi les potions miracles
polyvalentes, comme par exemple
l’Iodone, « véritable combinaison
organique d’iode et de peptone
entièrement assimilable, contre affections
cardiaques, artériosclérose, obésité,
asthme, rhumatismes, emphysème,
syphilis », dépôt et vente en gros : Robin,
13 rue de Poissy à Paris...(à noter que
l’Iodone Robin a été commercialisé
jusqu’en 1989).
Malgré ces idées un peu
naïves – mais sont-elles si
différentes aujourd’hui ? – nos
aïeux avaient de la science et
du progrès une vision assez
positive. Si un certain nombre
de leurs projections dans le
futur sont restées dans la
fiction (le « ballon-omnibus
en 2000 », ci-contre)...

... d’autres se rapprochent assez


bien de notre réalité du
XXIe siècle (ci-contre,
« Comment vivront nos arrière-
neveux en l’an 2012 »)
Evolutions stylistiques et techniques

Le dessin de lettres ornées, colorées, déformées, va susciter dans le domaine


de la typographie une floraison de caractères en plomb fantaisie, utilisés
dans la publicité et le titrage, pas forcément du meilleur goût, car
désormais dessinés par des artistes qui n'ont pas une formation spécifique
de créateur de caractères. L'impression chromolithographique sur des
supports nouveaux, comme les vitrauphanies (conçues pour l'origine à
faire de faux vitraux), permet d'imprimer des emballages (boîtes de
sardines), des plaques de métal, ou des imitations à peu de frais de vitraux
pour les appartements bourgeois et les églises. Les lourdes pierres
lithographiques sont remplacées progressivement par des plaques de zinc,
plus maniables, faciles à stocker et permettant des grands tirages.

Cette technique va perdurer jusqu'après la seconde guerre mondiale,


progressivement remplacée par l'impression offset, mais à un niveau bien
moindre.
HISTORY

Technologies
Sceau-cylindre 4100-2500 av.J. -C.
Disque de Phaistos 1850–1400 av. J. -C.
Xylographie 200 ap. J. -C.
Typographie 1450
Taille douce années 1430
Imprimerie 1439
Lithographe 1796
Chromolithographie 1837
Presse rotative 1843
Flexographie années 1890
Impression offset 1903
Sérigraphie 1907
Sublimation 1957
Photocopieur années 1960
Imprimante laser1969
Imprimante thermique 1970
Jet d'encre 1976
Impression 3D 1993
 Une exposition

Une exposition intitulée « Chromos, l’enfance de la publicité » au Centre


d’Art du Rouge-Cloître à Bruxelles et jusqu’au 5 février 2012.

Une approche pédagogique éclaire le visiteur sur les prémisses et


l’évolution du procédé chromolithographique qui donna naissance aux
premières publicités. Une autre, artistique, permet de découvrir les
grandes qualités graphiques de ces images qui font honneur à
l’inventeur du procédé, G. Engelmann. Dès 1837, celui-ci annonçait que
« tout artiste qui a le sentiment des couleurs et le talent de manier le
crayon lithographique peut exécuter ces planches, leur impression est
basée sur des moyens mécaniques précis et sûrs, de sorte que tout bon
imprimeur lithographe peut en faire le tirage. »
Un livre
Chromos, les premières publicités

Chromos, cartes porcelaine, tickets de chaises... sont mis en vedette dans


cet ouvrage dont la vocation a été de réunir et commenter toute une
série d’informations sur ces fugaces témoins du passé avant qu’ils ne se
délitent et sombrent dans l’oubli. Les illustrateurs y occupent une place
de choix et les collectionneurs y trouveront également une liste des
principaux catalogues disponibles sur le marché, à laquelle il y a lieu
d’ajouter le tout dernier catalogue de l’éditeur Appel, aux éditions
Bastille-Tango.

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