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Dans les blés au seuil de leur maturité, ce Fauteuil solitaire qui ouvre l’opulence de
ses bras ... Le photographe l’a-t-il réellement transporté jusque-là pour nous inviter
à une pause contemplative ?
C’est peu probable. Nous vivons à l’ère numérique. Jean-François Rauzier est un
virtuose de ces outils magiques qui lui permettent d’incruster les secrets de son
monde intérieur dans une immensité universelle.
Le spectateur de ses œuvres se voit ainsi doté d’un œil de lynx, capable de
capturer dans leurs moindres détails des centaines d’images dans l’image, comme
par un jeu de poupées russes.
Pourtant les terres sont cultivées, l’asphalte contemporain d’une route est jonché
de Bicyclettes abandonnées. Dans les chaumes de Travaux des champs, c’est un
alignement surréaliste de chaises longues sur chacune desquelles un livre attend
son lecteur ... Partout, il y a évocation de trace humaine. Mais souvent, les
personnages désertent ces scènes étranges. À moins que l’artiste ne décide de
passer lui-même de l’autre côté du miroir, en s’intégrant seul ou avec ses proches
dans les images, comme dans La plage des Souvenirs ou Echo. Ou bien en
mystérieux homme en noir dans Brooklyn.
Le temps est arrêté, la vie en suspens, figée dans un avant ou un après dont la
lumière intrigue. Apparition ou disparition d’hommes, de femmes, d’enfants … La
vie n’est qu’un passage.
Marie Menahem-Kemmel