l’aliénation est multiple. L’érotisme infuse. Et parce que la poésie est partout,
Liberté, libertine, libertaire…Liberticide ?, l’héroïne qui jadis ravagea son palais, anéantissant ses gardes devenus fous et
nous convainc que le paradis n’est surtout pas artificiel, et l’ancre qui coule de sa
par Laurence Barrère comme en témoigne l’hommage à Brigitte Fontaine, pyromane de l’âme , dans Brigitte Fontaine, veine, ne nous laisse aucune issue, sinon de garder les yeux grands ouverts sous
son dernier album. Nous désaliéner. Nous apprendre à décliner les paniques par Véronique Jaget peine de les fermer à jamais.
Parce que la poésie n’est pas un long poème d’automne, parce que dans et les désinences du vide. La mort aux dents elle croque le vit et féconde chaque seconde, sans complaisance,
l’éloignement comme dans la proximité, il s’agit d’exister, de faire exister. « Ecrire c’est disposer le langage sous la fascination » écrivait blanchot. pas de déchets, tout est consommable, tout sera consommé. La mort qui lui a
Parce qu’étonnament je me rends compte que c’est souvent dans le milieu C’est encore ce regard dont nous parlions, c’est encore cette faille que nous maintes fois de sa main gantée envoyé des baisers d’effroi, n’a fait qu’aiguiser
éditorial, ce beau milieu des lettres, que la poésie reste décriée; une ineptie. saisissons. C’est accepter la difficulté du sentiment. [Sic] revendique. [Sic] est son talent pour la vie. Et de lame il est question. Elle tranche, elle coupe, elle
libre. Parce qu’il y a des poètes inconnus, parfois comme des couteaux, qui vous Sorcière providentielle d’une époque servile, la reine Brigitte a commis un affûte, elle acère, mais si juste, si précise, si démesurément lucide.
[Sic] revendique. [Sic] parle d’aliénation. Mois aprés mois nous donnons un
sautent à la gorge avec leur poésie, parce qu’existe un espace unique où je puis nouveau crime… de désobéissance civile : « Prohibition ». Magnifique cocktail
espace à de nouvelles bouches, à des bouches présentes.L’exemple ce mois
me lover. Plurielle simplicité, [sic] continue d’éclore, assiste au phénomène pour bûcher moyenâgeux, la pyromane de l’âme joue sans fin avec le feu, les Un quart serrée dans ses guêpières de libellules fantasmatiques, la prison de
ci avec un poème de Sarah Ouhayar, jeune poète slammeuse à la parole de
du désir, de la création, de l’homme, de la femme : à l’omniprésence de sens, et souffle sans répit sur les braises mourantes d’une société asservie. Fontaine, c’est sa liberté. Inconditionnelle. Sans ailes, elle reste enfermée dans
flamme.
l’aliénation. Irradiante, éclaboussante, odieusement vivante, elle nous jette dans l’arène, le château des âmes errantes et s’éteint, se consume, se désagrège.
Parce qu’il est terrifiant d’approcher ce milieu que l’on nomme les
en proie à nos peurs profondes, nous offrant un aller-retour au sein même Mais Areski, compagnon de l’éternel et gardien du palais veille aux grains…
lettres, et de n’y sentir que des sourcils cyniques face à la poésie. Pire : à sa
de la vie éternelle, vertige ascensionnel assuré, et de sa griffe féline nous De beauté, de folie, de sable et n’a de cesse d’envoûter sa divine païenne de ses
passion, au désir d’écriture qu’elle anime pourtant en chacun de nous. Nous
repêche in extremis, comme après une bonne farce, nous laissant nous mélopées orientales. Sa musique épouse les contours de sa belle, la redéfinit
imprimons alors un espace libre, contre les mangeurs d’espace, contre les avis aux auteurs ébrouer tout à la découverte de ce nouvel état. sans cesse, recréé ses frontières afin qu’elle ne se perde. Ces deux là sont
effaceurs de livres. A l’heure du livre sans chair, à l’heure du livre qui fait dixit est actuellement à la recherche de manuscrits inédits, ainsi
vendre, nous choisissons un espace dissident. Un espace où pratiquer la comme deux enfants qui jouent et que l’on n’a pas envie de déranger, tant
n’hésitez pas à nous faire parvenir vos textes à : Satellite insaisissable, pop star de l’intemporel, alchimiste du verbe,
simplicité, et sa passion. L’inverse. Poésie réversible et renversante qui leur intime complicité fait foi.
collectifdixit@gmail.com
drapée dans son extravagance, elle dit TOUT, incise chirurgicalement « Prohibition » sonne comme une assignation, une piqûre de rappel, un
s’achemine entre les sens, entre les papilles. Tantôt célébrant l’autre, ou à l’adresse suivante : l’émotion, fait de la vulgarité un luxe suprême, nous ramène sans cesse membre coupé qui nous démange encore et qui gratte, terriblement. Ne
tantôt l’inventant, [sic] ne célèbre pas l’état du poète, mais l’espace association dixit
14 Rue Louis Vitet, appt 21, bâtiment E5, 31400 Toulouse, France. à l’essentiel. La reine Fontaine est toujours là où elle doit être, mais pas s’endormir pour ne rien perdre, faire taire les sirènes et VIVRE
qu’il rend possible. Et il y a du féminin dans la voix ce mois-ci, vers
Votre envoi vous sera réexpédié s’il est accompagné d’une enveloppe suffisamment affranchie pour le jamais là où on le pense. Son verbe est pur et dur, comme absolument.
toujours plus de simplicité. La nature des choses. Avec Clara Janès, retour. Nous n’assumons aucune responsabilité si un manuscrit est égaré.
vide. Le dernier poème est d’une conscience totale. Il indique qu’il n’existe pas 05 34 32 05 81. dixit, collectif et revue
de poésie, est une association à but non-
issn en cours
d’échappatoire, qu’il n’est pas possible de sortir par les portes peintes. Plus d’informations sur www.deliteditions.com. lucratif régie par la loi du 1er juillet 1901.
président : matthieu marie-céline / trésorier :
anthony clément / secrétaire : mathias
trivès - © dixit tous droits réservés
aux auteurs - toulouse - novembre 2009
libres-paroles
Sébastien Lespinasse Catherine Cardon Sarah Ouhayar
toutes mes paroles dans ma tête de me les présenter
Ce poème, écrit en septembre 2008, a servi de ligne d’errance pour un montage sonore comme des objets je cherchais à me voir et je me
« intérieur-nuit » qui a été projeté en décembre 2008 à la Maison de l’Architecture à voyais pouvoir
Toulouse. bien empêtrée encore maintenant qui se malgré la raréfaction des signes
prolonge de mes ressassements incessants de cette coupure et l’érosion j’ai perdu les eaux de se couper elle même le
( coupures, seules:ensemble ) qui persiste de cette parole du dedans qui parle qui ronge jusqu’au cœur d’un réel et tarde a mettre bas cordon
sans mon souffle qui me regarde naufragé l’accouchement est long hurle à cette mort
je cherchais la bonne manière de me sentir vivante refaire comme si je n’étais pas moi pouvoir douloureux que j’ai trop longtemps nourris
le contact avec ma faim mon désir je ne suis pas moi enfilade de murs à travers lesquels dans la pâte opaque du devenir je crispe hurle a cette mort
mon sommeil je marche arrêté enfilades de réponses sans rejaillie d’aube poings et paupières de ne jamais revenir
mes territoires sentir que je suis questions enfilade de masques où je touche ma peau obstinément je force les portes hurle à cette
sans mes doigts je sentais peut-être d’un sanctuaire mère
en vie pouvoir
resté trop longtemps fermé que là s’achève
je cherchais et plus je parfois mon souffle se cristalliser en buée sur agir hurle à cette mort que là
cherchais cette mince paroi vapeur évanescente qui ne tarderait lumineusement qui ne veut pas sortir de moi s’achève
plus je me sentais coupée consciente pas à disparaître en tout cela je me sentais hurle à cette mort la tyrannie
séparée de toute action de toute pensée véritables je me sens très seule
soucieuse d’observer mes états