Cayenne, le 3 septembre 2008

LETTRE OUVERTE AU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE

Monsieur le Président,

La Guyane, par la voix de ses élus, de ses partis politiques, de ses associations a, depuis longtemps et
souvent, réclamé de l'Etat qu'il assume son devoir régalien en assurant la sécurité de ce département Français
d'Outre-Mer.
Ce pays recouvert d'une forêt tropicale unique en Europe est en train d'être détruit et pillé par une armée
d'orpailleurs clandestins venue d'un pays voisin et ami mais qui ne fait rien pour en endiguer le flot.
En ordonnant le déclenchement de l'opération Harpie avec les moyens militaires nécessaires et la
structure d'officiers de police judiciaire spécialisés en matière économique (O.P.J) pour remonter les
filières, des résultats sensibles se sont fait sentir, la criminalité a baissé.
Alors que vous aviez promis qu'elle « durerait le temps qu'il faudrait », cette opération a pris fin le 17
juin dernier.
Des barrages indispensables à l'intégrité du territoire ont été levés et l'invasion a repris de plus belle.
De jour comme de nuit, des pirogues surchargées de matériel, nourriture, carburant, remontent
impunément les fleuves pour alimenter les chantiers clandestins répartis en forêt, y compris dans le Parc
Amazonien nouvellement créé.
La violence reprend ses droits; meurtres, actes de tortures, prostitution, transmission de MST, du
paludisme, braconnage, contrebande, corruption…
4.500 kms de berges ont déjà été détruites à la recherche de l'or alluvionnaire. La turbidité de l'eau, le
mercure empoisonnent les rivières.
En certains endroits l'or primaire est même attaqué par des galeries creusées à la pioche.
En matière de chasse, les espèces protégées subissent le même sort que les gibiers autorisés.
Les plus fragiles de nos concitoyens, Peuples Premiers, unanimement opposés à toute forme
d'exploitation minière et ayant à plusieurs reprises réclamé la protection de la Patrie, se retrouvent isolés
et au contact direct avec des garimpeiros armés et décidés.
Dans l'incapacité de se nourrir de façon traditionnelle par la pêche et le chasse, du fait des
bouleversements de la nature, ils se retrouvent contraints, pour une partie d'entre eux, de composer avec ceux
qui les intoxiquent, et, proies faciles, tombent sous le coup de la loi.
Sont ils condamnés à mourir en silence ?
Sommes nous condamnés à souffrir en silence et à assister, impuissants, à la destruction de notre pays ?
La France sait trouver les moyens pour protéger sa base spatiale, cela est normal !
La France sait envoyer des troupes supplémentaires en Afghanistan, sans même qu’un débat réel se soit
engagé. Cela est du ressort de votre autorité.
Nous exigeons que la France retrouve sa Souveraineté nationale sur le département de la Guyane.
Nous vous demandons, Monsieur le Président, de tenir vos engagements.
Nous vous demandons le retour de l'opération Harpie.
Le temps qu'il faudra !
Le bureau de Maiouri Nature Guyane

Maïouri Nature Guyane

Courriel : maiouri.nature@gmail.com
http://www.blada.com/associations/fiche/235-Maiouri_Nature_Guyane.htm
http://www.blada.com/chroniques/2008/3306-Boulanger_:_Agonie_d_une_crique,_naissance_d_un_scandale.htm