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Émile Durkheim - Villes, État Et Confédérations en Grèce (1903)
Émile Durkheim - Villes, État Et Confédérations en Grèce (1903)
Villes, tats et
confdrations en Grce
Villes, tats et
confdrations en
Grce
par mile Durkheim (1903)
Une dition lectronique ralise partir d'un texte dmile Durkheim (1903), Villes,
tats et confdrations en Grce. Texte extrait de la revue lAnne sociologique, n 6,
1903, pp. 373 376. Texte reproduit in mile Durkheim, Textes. 3. Fonctions sociales et
institutions (pp. 246 250). Paris: Les ditions de Minuit, 1975, 570 pages. Collection:
Le sens commun.
Quand les Grecs pntrrent dans le pays qui devait porter leur nom, ils
formaient de grands groupements ethniques, Arcadiens, Doriens, etc., qui
comprenaient, leur tour, d'autres groupements de mme nature, mais de
moindre tendue (Mainaliens, Parrhasiens, etc.). Une fois qu'ils se furent fixs
sur le sol, un double mouvement se produisit : d'abord, les grandes nations de
l'origine se dsintgrrent, se dispersrent en une multitude de petits villages
faiblement relis les uns aux autres ; puis, ces villages se concentrrent,
s'intgrrent de manire former des groupes plus vastes qui, sans reproduire
exactement ceux d'autrefois, ne laissaient pas de s'en rapprocher. Ce mouvement de concentration a pris plusieurs formes diffrentes. Le syncisme est la
plus simple de ces formes. C'est celle qui est principalement tudie par M.
Francotte 1 les autres n'en sont que des combinaisons varies.
Le syncisme est une runion de groupes lmentaires qui s'agrgent les
uns aux autres et s'absorbent (ou sont absorbs) dans un seul et mme tat. Il
prsente lui-mme des varits diffrentes suivant la nature des groupes qui se
combinent et suivant les rsultats de cette combinaison. La forme la plus
simple (bien qu'elle ne soit pas mentionne en premier lieu par l'auteur) est
celle o les lments composants sont des dmes ou villages ; et alors il y a
lieu de distinguer selon que cette intgration de villages donne ou non naissance une ville. Sparte est un exemple du premier genre, Mgalopolis (et
peut-tre Athnes) du second. La forme plus complique est celle o le
syncisme a lieu entre des villes [mot grec] dj constitues ; dans ce cas,
comme dans le prcdent, il y a lieu de distinguer suivant que de cette concentration rsulte ou non une ville nouvelle. Quand il s'en fonde une, les villes
prexistantes disparaissent et leur population se groupe dans la nouvelle
enceinte ; c'est ainsi que s'est forme la ville de Rhodes. Dans le cas contraire,
les villes composantes subsistent, mais l'une d'elles devient le sige de l'tat.
On voit par l que le syncisme est un fait social trs complexe. Il prsente un double aspect. C'est, en partie, un phnomne politique, puisqu'il
implique toujours la constitution ou la transformation d'un ou de plusieurs
tats. Il a pour effet d'associer dans une mme vie publique des groupes
sociaux qui, jusque-l, taient relativement indpendants les uns des autres.
Mais, en mme temps, c'est un phnomne morphologique. Il suppose une
distribution nouvelle de la population, surtout quand il y a fondation de ville ;
car les habitants des campagnes ou des villes dj existantes quittent alors leur
habitat primitif pour venir s'tablir dans la ville fonde. Pour notre auteur,
c'est l'unification politique qui est le caractre essentiel de tout syncisme.
Cette dfinition trs large a l'inconvnient de confondre sous un mme terme
deux ordres de faits aussi diffrents qu'une organisation politique et une opration gographique. L'auteur donne comme raison que le syncisme a le plus
souvent pour point de dpart une ville prexistante ; que, seuls, les plus
rcents ont donn lieu des fondations de villes et, par consquent, des
1
Francotte, Henri, Formation des villes, des tats, des confdrations et des ligues dans la
Grce ancienne (Extrait des Bulletins de l'Acadmie royale de Belgique, Classe des
lettres, 1901, n 9-10). Paris, 1901.