Vous êtes sur la page 1sur 5

Réponse au Président Barack Obama

Je voudrais en tant que musulman remercier de prime à bord mon Seigneur


Allah qui me donne l’occasion aujourd’hui de m’adresser à vous après plusieurs
mois de votre investiture à la magistrature suprême des Etats-Unis. J’ai décidé
avec le début de ce mois béni de Ramadan pour les musulmans, de briser mon
hésitation à vous écrire depuis le jour où vous avez pris sur vos épaules la lourde
responsabilité de conduire les destinées des Etats-Unis d’Amérique en tant que
Premier Président Noir.

Je ne vous écris pas pour vous donner des conseils car vous avez suffisamment
des gens spécialisés pour cela.

Je ne vous écris pas pour vous adresser mes critiques car il y a suffisamment des
gens qui vous critiquent chaque jour ouvertement et secrètement de près et de
loin dans le monde.

Je ne vous écris pas pour vous enseigner la politique car vous en connaissez
mieux que moi.

Je ne vous écris pas pour vous demander une aide ou vous transmettre des
doléances car vous en recevez suffisamment chaque instant.

Je ne vous écris pas pour vous rappeler les souffrances des pauvres, des
malades, des opprimés dans le monde car vous en êtes plus informé que moi.

Je ne vous écris pas pour vous rappeler les problèmes des palestiniens, des
Afghans et des irakiens car ce sont là des problèmes qui vous hantent à chaque
instant et que vous portez en vous comme une femme enceinte porte son enfant
en son sein où qu’elle soit.

1
Je ne vous écris pas pour vous dire combien ont été profondes les plaies que vos
prédécesseurs ont laissées sur les cœurs et l’esprit de beaucoup de musulmans
car vous en connaissez mieux que moi…

Mais je vous écris pour non seulement partager votre vision du changement,
répondre à votre message de Ramadan à l’intention du monde musulman mais
surtout pour vous communiquer ce que votre élection à la tête des Etats-Unis
d’Amérique a suscité et continue de susciter en moi et cela parce que je suis
convaincu que vous connaissez le poids et la valeur des mots et des pensées des
autres et que votre modestie vous aidera à accepter au moins de lire ces lignes
un jour quand vous aurez le temps de le faire.

Je suis aussi convaincu qu’il y a mille et une personnes dans le monde qui
voudraient vous dire la même chose ou presque mais qui n’ont pas eu l’audace
ou l’occasion de le faire.

Permettez-moi tout d’abord de saluer votre courage et votre audace qui vous ont
permis de briser toutes les barrières historiques, sociales et politiques et d’être là
où vous êtes aujourd’hui.

Sachez que pour tous les Africains, votre victoire est une fierté et un défi relevé
raison pour laquelle ils doivent être reconnaissants de votre effort et suivre votre
exemple pour ne plus accepter d’être à l’arrière marche de l’histoire de cette
Humanité.

C’est un événement historique très important qui paraissait auparavant comme


un rêve irréalisable -mais Dieu merci- devenu aujourd’hui une réalité.

Sachez que cette victoire n’est pas la vôtre seulement mais celle de tous les
Africains en général et de tous ceux qui étaient vus et considérés dans le passé
comme des êtres humains de second rang et à ce titre, sa pérennité doit demeurer
le souci et l’affaire d’eux tous où qu’ils se trouvent.

2
Je reste personnellement sensible à tout ce qui vous concerne car c’est vous le
Héros de cette victoire historique, pour cela j’ai même créé une alerte dans
Google Actualités pour suivre vos actions, interventions et discours. C’est ainsi
que j’ai eu à suivre et à commenter puis publier sur mes sites votre discours au
Caire et votre discours à l’intention des Afro-Américains et les leçons à tirer de
votre élection autour de laquelle j’avais animé une émission radiotélévisée de 2
heures avec des enseignements/chercheurs de l’Université de Niamey et la
participation des auditeurs.

C’est l’occasion pour moi de vous remercier pour les pas déjà positifs que vous
avez commencés à faire en faveur du monde musulman et de l’Afrique,
notamment la fermeture de la prison de Guantanamo, votre passage en Turquie,
la nomination d’une musulmane voilée à la Maison Blanche en tant que
Conseillère, votre visite et discours en Egypte, votre visite au Ghana… Ce sont
là des points forts qui vous démarquent déjà de vos prédécesseurs.

Nous reconnaissons cependant que beaucoup reste à faire pour panser les plaies,
jeter un pont de compréhension mutuelle et d’échange entre l’Amérique et le
monde musulman d’un côté et entre elle et l’Afrique de l’autre.

Beaucoup de dossiers vous attendent auxquels d’autres nouveaux s’ajoutent


chaque jour pour ainsi alourdir davantage votre mission et nous sommes
d’accord que si le discours peut permettre la compréhension, il ne résout pas
cependant les problèmes, il faut nécessairement des actions mais pas seulement
des actions stéréotypées ni unilatérales mais plutôt de nouvelles actions plus
dynamiques, démarquées de la routine politique et des formules politiciennes
qui font endormir les problèmes un instant pour les faire surgir après pour toute
la vie.

Vous aurez certes, besoin du concours de tous à l’intérieur comme à l’extérieur


de l’Amérique pour mener à bien votre mission, pour tenir vos engagements pris
3
ici et là et surtout pour faire accepter votre vision du changement auprès des uns
et des autres.

Aussi, je vous demande en terminant ces propos, de continuer à faire plus de


preuve de probité morale, d’auto pression pour vous maintenir dans votre ligne
de conduite, celle-là même qui vous a permis de remporter la victoire malgré les
multiples obstacles et les préjugés socioculturels.

Usez davantage de votre esprit d’ouverture pour associer autour de vous toutes
les compétences nationales car la réussite de votre mandat est aussi celle de tous
les Américains.

Comme je vous demande d’agir plus et de parler moins car Il est plus facile de
parler que d’agir, de promettre que de concrétiser, de diviser que de réunir, de
détruire que de construire…

Les gens vous regardent, vous apprécient et vous jugent selon vos paroles et
promesses mais surtout selon vos réalisations.

Je vous recommande également de privilégier le dialogue dans la recherche des


solutions aux problèmes internes et externes car il permet de se comprendre, de
trouver un terrain de compromis et de surmonter ensemble les problèmes. En
effet, si la force et la guerre pouvaient résoudre les problèmes, vous n’ en auriez
certainement hérité aucun de vos prédécesseurs.

Rappelez-vous que tout état ou peuple aussi petit ou pauvre soit-il aspire à
l’affirmation de sa souveraineté et abhorre l’ingérence étrangère de quelque
nature qu’elle soit.

N’est-il pas temps de laisser les pays gérer leurs problèmes et situations internes
plutôt que d’envoyer des troupes et des armes pour supporter des guerres
interminables occasionnant chaque jour des dépenses pharamineuses et des
pertes humaines?
4
Je ne nie pas cependant qu’il faut parler à chaque peuple et à chaque individu le
langage qu’il parle et qu’il comprend: à celui qui choisit le langage de la force,
de la guerre et de la destruction, il faut lui parler ce langage et à celui qui choisit
le langage de la paix et de l’échange mutuel, il faut lui parler son langage!

Notre monde doit faire économie aujourd’hui de ses habitants et de ses moyens
afin de faire face aux multiples problèmes et défis qui se dressent devant lui
notamment la pollution, la dégradation de l’environnement, le surchauffement
de la terre, le Sida, la crise financière internationale, la grippe aviaire et porcine,
l’analphabétisme, les problèmes d’éducation, la famine, le sous-
développement...

Voilà quelques-unes des idées que l’occasion me permet de vous dire espérant
votre indulgence au moment de lire ces lignes sans quoi elles vous paraîtront
comme un sottisier alors qu’elles sont mon expression afférente et cordiale.

Que Dieu vous guide davantage et qu’Il nous bénisse tous!

Cheikh Boureima Abdou Daouda

boureima@gmail.com

Vous aimerez peut-être aussi