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UN OCÉAN D’IMAGINATION

Ma bibliothèque n’est pas garnie, elle se limite presqu’uniquement aux œuvres lues

dans le cadre de mes cours universitaires et cégépiens. Malgré tout, j’ai toujours aimé la

littérature, depuis ma tendre enfance. La saga de Darren Shan a marqué ma jeunesse, comme

elle a marqué mon avenir, car c’est ces bouquins qui m’ont donné le goût à la lecture. Je me

rappelle avoir plongé dans cet univers farfelu du cirque, au milieu des vampires et des autres

personnages flamboyants.

J’ai rapidement tombé dans le dramatique, avec les récits d’Élisa T. dont Des fleurs sur

la neige. Je crois que ce récit est l’une des œuvres les plus marquantes de ma vie. La sincérité

avec laquelle est raconté cette histoire ne va pas sans rappeler l’épouvantable destin d’Aurore

et m’a profondément touché.

Pour moi, la littérature peut être comparée à un bateau. Non! Je dirais plutô t un

kayak, une chaloupe, une minuscule embarcation sur l’eau, la mer, l’océan, une vaste

étendue, libre, sous le vent frais. Une œuvre littéraire plonge ses lecteurs dans un autre

monde, un univers vaste, infini, au profond de la pensée et de l’imagination. La littérature


défini notre imaginaire, travaille notre subconscient. Elle forge nos idées, nos réflexions,

notre création. Revenons au tout début de ce court paragraphe. En fait, la littérature n’est

pas la chaloupe, elle est l’océan. C’est moi, lecteur, qui se situe dans l’embarcation. C’est moi

qui rame, qui lis. Je me promène dans cet espace vaste. Je me perds en pleine mer, à travers

ces vagues, ces courants, ces marées. Au beau milieu de l’étendue, dans mon kayak, je suis

seul. Je fais un voyage en solitaire, comme ceux qui se lancent à l’aventure, qui font le tour

du monde, seul, en voilier.

Après quelques temps, il y a des larmes qui coulent, il y a des frissons qui me

traversent le corps, il y a un cœur – le mien – qui s’agite et s’excite. Ê tre seul en mer, c’est

réfléchir, c’est se laisser bercer par les vagues et les émotions qui nous enivrent.

Aujourd’hui, je me situe directement sur le courant chaud du post-modernisme,

engendré par le courant froid de l’extrême contemporain. Et j’aime ça. J’aime les vagues

d’aujourd’hui, les idées véhiculées, les formes abstraites que prennent les auteurs. Ma

chaloupe tourne, virevolte. Un petit bout vers l’est, un retour vers l’ouest. Je dévie vers le

nord. Les styles changent, les genres s’accumulent. Je vogue dans la direction que les

auteurs me proposent.

La littérature, c’est de l’eau, c’est la vie. Elle donne naissance à des personnages, mais

aussi à notre imagination et à notre création. Elle est une rivière d’information, une source.

Un roman, c’est des mots, des points, mais c’est aussi une vision sur une société

quelconque, c’est des morceaux de vies rapatriés et emboîtés les uns dans les autres. La

littérature est inspirée de la réalité, mais la réalité dépend elle aussi de la littérature, et c’est

pourquoi elle est si essentielle à un équilibre social.


« La littérature : un coup de hache dans la mer gelée qui est en nous. » dit Franz

Kafka, écrivain pragois. Voilà une phrase qui illustre bien ce que j’entends par travailler

l’imagination. Notre mer intérieure, gelée, – notre esprit –, dure comme la pierre, doit être

martelée par la littérature, sans quoi elle n’est qu’une pauvre banquise morte, sans histoire.

La littérature, c’est aussi l’ensemble des langues, c’est les différents océans. À la

lecture de certains romans, je navigue sur le Pacifique. D’autres fois, sur l’Atlantique.

L’océan Indien, plus rarement, mais tous finissent par s’unir entre un détroit quelconque. Le

monde est relié par les mers, les terres, l’économie, la consommation, comme toutes les

littératures du monde le sont. On traduit de l’allemand à l’anglais, de l’anglais au français, du

français à l’italien. Tous peut en profiter. Chacun peut s’emparer d’une parcelle d’émotion

de la Chine, d’une vie rocambolesque américaine ou d’une gondole de Venise. Je peux me

transposer en plein cœur du tremblement de terre en Haïti, aux cô tés de Dany Lafferière, si

je le désire. Je peux accompagner un homme atteint du cancer et en peine d’amour. Je peux

partager mes idées sur la société québécoise avec Yvon Rivard, sans même l’avoir

rencontré. Dans cet univers sans frontières, tout est possible.

J’arrive sur la rive, j’ai traversé l’océan. Je range mon kayak dans le cabanon, ou je

dépose mon livre sur une des tablettes de ma bibliothèque, si vous préférez. Non, je ne suis

pas revenu au point de départ. Je suis à une nouvelle destination, car ce roman m’a apporté

quelque chose, j’ai un tas de nouvelles informations incrustées dans mon esprit. C’est à ça

que ça sert, un voyage. Découvrir. Que ce soit une culture, une personne, une époque, la

littérature nous fait, infailliblement, découvrir. Tout simplement. J’ajouterai, à mon tour, un

jour, quelques millilitres d’eau à ce vaste océan, où vous pourrez naviguer, aisément.

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