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TEXTES CHOISIS

A Louise Callipyge

Ce n'est point votre sœur, marquises et comtesses,


Celle qui dans mes sens fait couler le désir ;
Le robuste idéal de mon charnel loisir,
C'est une grosse fille avec de grosses fesses.

Elle a le corps poilu comme aux rudes faunesses


Et des yeux grands ouverts distillant le plaisir.
Mais dans sa belle chair, le meilleur à saisir
C'est son cul souple et dur, si frais sous les caresses ;

Plus frais qu'en juin la source et qu'aux prés le matin,


Quand il vient en levrette avec un jeu mutin
Au ventre s'adapter d'harmonieuse manière ;

Et rien alors n'est plus gai pour le chevaucher


Que de voir, dans un cadre ondoyant de blancheur,
Le joyeux va-et-vient de l'énorme derrière...

Albert Glatigny

Je veux vous adorer ainsi qu'une déesse,


Et, quand le ciel mettra son manteau brun du soir,
J'élèverai vers vous, Ô blonde enchanteresse !

Ma pine, comme un encensoir !

Et je ferai sortir en blanchissante écume,


Le foutre parfumé de ce rude flacon,
Et je transvaserai cette liqueur qui fume,

Dans le vase de votre con !

Votre con, si barbu qu'un sapeur de la Garde,


En voyant sa toison, est devenu jaloux,
Ô madame ! J’en veux faire le corps de garde

Où campe mon vit en courroux !

J'y veux fourrer mon nez, j'y veux plonger ma langue,


Et noyé dans cette ombre, alors, j'irai cherchant
Tous les mots inconnus de la molle harangue

Que l'on fait en gamahuchant !

Albert Glatigny (1839-1873) Poète satirique et comédien fut l'un des principaux animateurs
du Théâtre érotique de la rue de la Santé. On lui doit entre autres œuvres le fameux recueil
érotique « Joyeusetés galantes et autres du vidame Bonaventure de la Braguette. »

S'il y avait un paradis

S'il y avait un paradis,


Vous n'y seriez pas, ô Cécile,
Mais, chez les damnés, les maudits,
Chez ceux qu'un grand désir exile,

Dans l'enfer d'amour et de sang,


Vous rôderiez, sainte bacchante !

Loin de la calme Trinité,


À ces bouches pleines de soufre,
Vous verseriez la volupté
D'un chant qui jouit et qui souffre.

Il n'est pas d'innocents accords,


Il n'est pas de sainte harmonie,
L'extase pénètre les corps
Comme une amoureuse agonie.

Parfois, quand j'aperçois mon flamboyant visage.

Parfois, quand j'aperçois mon flamboyant visage.


Lorsqu'il vient d'échapper à ta bouche et tes doigts.
Je ne reconnais pas cette exaltante image.
Et je contemple avec un déférent effroi
Cette beauté que je te dois !

Comme des bleus raisins mes noirs cheveux oscillent,


Ma joue est écarlate et mon œil qui jubile
Mêle à sa calme joie un triomphant maintien ;
Je n'ai vu ce regard fleurissant et païen
Que chez les chèvres de Sicile !

Moment fier et sacré où, sevré de désir,


Mon cœur méditatif dans l'espace contemple
La seule vérité, dont nous sommes le temple ;
Car que peut-il rester dans le monde à saisir
Pour ceux qui possèdent leur univers ensemble,
Ont mis l'honneur dans le plaisir

Anna de Noailles

A Paris dans la nuit tombante


La reine des belles du quai
O crinière écluse indolente
Quand son amant vient forniquer
Se change en cavale écumante

Ainsi par le désir trompé


L'amour subit quelques mécomptes
Pour s'être un jour émancipé
Fougeret de Montbron raconte
Qu'il fut changé en canapé

Mais au Canapé des Pucelles


C'est encor d'amour qu'il s'agit
J'y ai vu deux pêches jumelles
Sous la soie le cul de Sylvie
Et deux oranges ses mamelles

Le soir en la mettant à l'aise


Ses clunes s'ouvrent sous mon dard
Et duvetée comme les fraises
Elle ressemble à un miroir
Dans une estampe japonaise

Barbe ou Brigitte sœurs jumelles


Voilà celles qu'il me faudrait
La rainure est dit-on chez elles
Plus grasse que du cassoulet
Et plus poivrée que les aisselles

Je les ai trouvées en chemin


Fredonnant une chanson grise
Mais dans leur bouche le refrain
S'est défait comme par surprise
Sous un baiser déjà lointain
Paris dort pris dans la couronne
Que lui font les filles perdues
Qui ne sont baisées par personne
Et que l'on trouve morfondues
Dans un cabinet de cretonne

Vénus breneuse en pâmoison


A coups de cul tette une pine
Dont le parfum de venaison
Mêlé de marolle et d'urine
Ferait bander buffle et bison

Mais chez Trostolle où la pénombre


Est propice à la volupté
J'ai vu Désiderio Descombes
Danser sur un fil argenté
Tout en piant la rose immonde

In Le verger des amours


Apollinaire

Éloge des Tétons

Chers Tétons, vous êtes l'unique et seule


Partie qui le mieux ressemble au fessier ;
Vous êtes ces collines délicates
Où au mitan, s'ils peuvent, volent les Oiseaux.

Vous êtes ce bel aspect qui console,


Car vous paraissez proprement la Voie lactée :
Heureux qui sur vous met les pattes,
Car il fond comme cire au feu !

Oh ! Chers beaux attraits de la Femme !


Vous êtes ces charmes bénis
Qui font que la Moniche en plaît davantage.

Vous êtes ce bel étalage qui promet


Que dessous il y a bonne marchandise,
Car le plus souvent, à bons tétons, bon cul.

Éloge du Cul

Ô trou du cul, qui entre deux petites collines


En cercle te présentes, rond et parfait,
Tu me sembles un vaste plein de civette,
Mis en conserve entre tes petits plis.
Tu me sembles un melon coupé de deux tranches.
Eh ! Vienne même l'architecte le plus célèbre,
Par Dieu ! il ne pourrait faire plus beau petit groupe ;
Qu'avec la Nature l'Art n'entre en parallèle.

Oh ! Cher Cul ! Oh ! Stupéfiante machine !


Que de choses en toi se voient en un clin d'œil,
Aussitôt qu'on lève le rideau !

On voit des montagnes, des vallées, un bois au fond,


J'ai grande sympathie pour la gent révérende,
Si en ce lieu elle fait son séjour.

Éloge de la Moniche

Chère Moniche qui, entre deux colonnes,


Est mise là, ainsi qu'un chapiteau,
Pour coupole tu as deux grosses fesses
Et le trou du cul, au-dessus, est ton ciel.

Parce que t'adorent toutes les personnes,


Tu te tiens couverte d'un voile blanc,
Et si quelqu'un te le soulève, et te montre,
Victime sur ton autel tombe tout oiseau.

Tu me sembles le bois sacré de Diane ;


À l'entrée est une paire de grosses moustaches,
Qui conduisent à l'arche de la manne.

Nuit et jour tu opères de grands miracles,


Car l'eau que fait jaillir ta fontaine
Donne la vie aux morts et l'esprit aux couillons.

Giorgio Zorzi Baffo


Vénitien, ami de Casanova, dont l'œuvre essentiellement érotique fut célébrée tant par
Apollinaire que par Desnos. Une référence pour ce gourmet de l'amour qui dédie ses poèmes
« aux hommes et aux femmes aimant à rire et sachant regarder les choses du bon côté »
In: Œuvres Erotiques (La Musardine, 1997)

L'occasion perdue recouverte

(...)
Par une secrète avenue,
Il fut dans son appartement,
Et la trouva nonchalamment
Dormant sur son lit étendue :
Mais, dieux ! Que devint-il alors ?
En approchant de ce beau corps,
Il eut de mouvements étranges,
Lorsqu'une cuisse à découvert
Lui fit voir le bonheur des Anges
Et le ciel de l'Amour ouvert.

Dans cette agréable surprise


Où Cloris n'avait pas songé,
Elle avait assez mal rangé
Et ses jupes et sa chemise ;
Lisandre aussi, trop curieux,
Vit lors les délices des dieux,
La peine et le plaisir des hommes,
Nôtre tombe et nôtre berceau,
Ce qui nous fait ce que nous sommes
Et ce qui nous brûle dans l'eau.

Aimant de la Nature humaine,


Bijou chatouilleux et cuisant,
Précipice affreux et plaisant,
Cruel repos, aimable peine,
Remède et poison de l'amour,
Bûcher ardent, humide four
Où les hommes se doivent cuire,
Jardin d'épines et de fleurs,
Sombre fanal qui fait reluire
Nos fortunes et nos malheurs ;

Nid branlant qui nous sert de mue,


Asile où l'on est en danger,
Raccourci qui fait allonger
La chose la moins étendue,
Fort qui se donne et qui se prend,
Œil couvert qui rit en pleurant,
Bel or, beau corail, belle ivoire,
Doux canal de vie et de mort
Où, pour acquérir de la gloire,
L'on fait naufrage dans le port.

Petit trésor de la Nature,


Etroite et charmante prison,
Doux tyran de nôtre raison,
Vivifiante sépulture,
Autel que l'on sert à genoux,
Dont l'offrande est le sang de tous,
Sangsue avide et libérale,
Roi de la honte et de l'honneur,
Permettez que ma plume étale
Ce que Lisandre eut de bonheur.

Beau composé, belle partie,


Je sais bien que, lorsqu'il vous vit,
II n'observa dessus ce lit
Ni l'honneur ni la modestie ;
Mu d'amour et de charité
Il couvrit votre nudité,
Pour faire évaporer sa flamme,
Et savoura tous les plaisirs
Que le corps fait sentir à l'âme
Dans le transport de nos désirs

Ce beau dédale qu'il contemple


Avec des yeux étincelants
Fait naître et couler dans ses sens
Une ardeur qui n'a point d'exemple.
Ce feu qui consume son cœur
Porte partout sa vive ardeur,
Eclate enfin sur son visage.
Et ce lâche de l'autre jour (1),
Se raidissant d'un fier courage,
Ecume le feu de l'amour.

Plein d'ardeur, d'audace et de joie


De remporter un si beau prix,
Le galant sauta sur Cloris,
Comme un faucon dessus sa proie,
Quand cette belle, ouvrant les yeux,
Vit Lisandre, victorieux,
Forçant ses défenses secrètes,
Et, la tenant par les deux bras,
Entrer, tout fier de ses conquêtes.
En un lieu qu'on ne nomme pas.
(...)

(1) dans une précédente tentative, Lisandre…resta piteusement en panne !

Jean Benech De Cantenac (1630-1714)

In Poésies nouvelles et autres œuvres galantes (1662) ce poème d’amour fut attribué un
temps, par erreur, à Corneille. On ne prête qu’aux riches

LA FEMME
Ex libris, nequam scriptoris
His libellus, o clitoris,
Ad limen te mittat oris.
Madame, vois l'ex-libris
D'un auteur français, qui peut-être
A mouillé votre clitoris
Plus d'une fois sans vous connaître.

L'ORCHIDÉE

Une fleur a mangé ton ventre jusqu'au fond


Sa tige se prolonge en dard sous les entrailles
Fouille la chair de sa racine et tu tressailles
Quand aux sursauts du cœur tu l'entends qui répond
C'est une fleur étrange et rare, une orchidée
Mystérieuse, à peine encore en floraison
Ma bouche l'a connue et j'ai conçu l'idée
D'asservir sous ses lois l'orgueil de ma raison.
C'est pourquoi, de ta fleur de chair endolorie,
Je veux faire un lys pur pour la Vierge Marie
Damasquiné d'or rouge et d'ivoire éclatant,
Corolle de rubis comme une fleur d'étoile
Chair de vierge fouettée avec des flots de sang
Ta Vulve rouge et blanche et toute liliale.

LA VULVE

I. LES POILS

Un rayon du soleil levant caresse et dore


Sa chair marmoréenne et les poils flavescents
Ô que vous énervez mes doigts adolescents
Grands poils blonds qui vibrez dans un frisson d'aurore.
Quand son corps fatigué fait fléchir les coussins
La touffe délicate éclaire sa peau blanche
Et je crois voir briller d'une clarté moins franche
Sous des cheveux moins blonds la chasteté des seins,
Et sous des cils moins longs les yeux dans leur cernure.
Car ses poils ont grandi dans leur odeur impure
La mousse en est légère et faite d'or vivant
Et j'y vois les reflets du crépuscule jaune ;
Aussi je veux prier en silence devant
Comme une Byzantine aux pieds d'un saint icône.

II. LES POILS

Quand j'énerve mes doigts dans vos épaisseurs claires


Grands poils blonds, agités d'un frisson lumineux,
Je crois vivre géante, aux âges fabuleux
Et broyer sous mes mains les forêts quaternaires.
Quand ma langue vous noue à l'entour de mes dents
Une autre nostalgie obsède mes narines :
Je crois boire l'odeur qu'ont les algues marines
Et mâcher des varechs sous les rochers ardents.
Mais mes yeux grands ouverts ont mieux vu qui j'adore :
C'est un peu d'océan dans un frisson d'aurore,
La mousse d'une lame, un embrun d'or vivant,
Flocon vague oublié par la main vénérée
Qui façonna d'écume et de soleil levant
Ta peau blanche et ton corps splendide, Cythérée !

III. LE MONT DE VÉNUS

Sous la fauve toison dressée en auréole


À la base du ventre obscène et triomphant,
Le Mont de Vénus, pur ainsi qu'un front d'enfant,
Brille paisiblement dans sa blancheur créole.
J'ose à peine le voir et l'effleurer du doigt ;
Sa pulpe a la douceur des paupières baissées
Sa pieuse clarté sublime les pensées
Et sanctifie au cœur ce que la chair y voit.
Ne t'étonne pas si ma pudeur m'empêche
De ternir l'épiderme exquis de cette pêche,
Si j'ai peur, si je veux l'adorer simplement
Et, penché peu à peu dans les cuisses ouvertes,
Baiser ton Vénusberg comme un saint sacrement
Tel que Tannhäuser baisant les branches vertes.

IV. LES NYMPHES

Oui, des lèvres aussi, des lèvres savoureuses


Mais d'une chair plus tendre et plus fragile encor
Des rêves de chair rose à l'ombre des poils d'or
Qui palpitent légers sous les mains amoureuses.
Des fleurs aussi, des fleurs molles, des fleurs de nuit,
Pétales délicats alourdis de rosée
Qui fléchissent, pliés sur la fleur épuisée,
Et pleurent le désir, goutte à goutte, sans bruit.
Ô lèvres, versez-moi les divines salives
La volupté du sang, la chaleur des gencives
Et les frémissements enflammés du baiser
Ô fleurs troublantes, fleurs mystiques, fleurs divines,
Balancez vers mon cœur sans jamais l'apaiser,
L'encens mystérieux des senteurs féminines.
V. LE CLITORIS

Blotti sous la tiédeur des nymphes repliées


Comme un pistil de chair dans un lys douloureux
Le Clitoris, corail vivant, cœur ténébreux,
Frémit au souvenir des bouches oubliées.
Toute la Femme vibre et se concentre en lui
C'est la source du rut sous les doigts de la vierge
C'est le pôle éternel où le désir converge
Le paradis du spasme et le Cœur de la Nuit.
Ce qu'il murmure aux flancs, toutes les chairs l'entendent
À ses moindres frissons les mamelles se tendent
Et ses battements sourds mettent le corps en feu.
Ô Clitoris, rubis mystérieux qui bouge
Luisant comme un bijou sur le torse d'un dieu
Dresse-toi, noir de sang, devant les bouches rouges !

VI. L'HYMEN

Vierge, c'est le témoin de ta virginité


C'est le rempart du temple intérieur, ô Sainte !
C'est le pur chevalier défenseur de l'enceinte
Où le culte du Cœur se donne à la Beauté
Nul phallus n'a froissé la voussure velue
Du portail triomphal par où l'on entre en Dieu
Nul homme n'a connu ton étreinte de feu
Et le rut a laissé ta pudeur impolluée.
Mais ton hymen se meurt, ses bords se sont usés
À force, nuit et jour, d'y boire des baisers
Avec l'acharnement de la langue farouche.
Et quelque jour, heurtant le voile exténué,
Le membre furieux dardé hors de ma bouche
Le déchiquettera comme un mouchoir troué.

Pierre Louÿs

La puce

Au dortoir
Sur le soir
La sœur Luce
En chemise et sans mouchoir,
Cherchait du blanc au noir
A surprendre une puce

A tâtons
Du téton
A la cuisse
L'animal ne fait qu'un saut
Ensuite un peu plus haut,
Se glisse
Dans la petite ouverture,
Croyant sa retraite sûre.

De pincer
Sans danger
Il se flatte.
Luce, pour se soulager,
Y porte un doigt léger
Et gratte.

En ce lieu
Par ce jeu
Tout s'humecte.
A force de chatouiller,
Venant à se mouiller,
Elle noya l'insecte.

Mais enfin,
Ce lutin,
Qui rend l'âme,
Veut faire un dernier effort.
Luce grattant plus fort
Se pâme !

Alexis Piron

Lamentation d’un poil de cul de femme

Il est dur lorsque sur la terre


Dans le bonheur on a vécu
De mourir triste et solitaire
Sur les ruines d’un vieux cul.
Jadis dans une forêt vierge,
Je fus planté, sur le versant
Qu’un pur filet d’urine asperge,
Et parfois un filet de sang.
Alors dans ce taillis sauvage,
Les poils poussaient par mes sillons,
Et sous leur virginal ombrage,
Paissaient de jolis morpions.
Destin fatal un doigt nubile
Un soir par là vint s’égarer,
Et de sa phalange mobile
Frotter, racler et labourer.

Bientôt au doigt le vit succède,


Et, dans ses appétits ardents,
Appelant la langue à son aide ;
Il nous déchire à belle dents.
J’ai vu s’en aller nos dépouilles
Sur le fleuve des passions,
Qui prend sa source - dans les couilles,
Et va se perdre dans les cons.

Hélas ! L’épine est sous la rose,


Et la pine sous le plaisir
Bientôt au bord des exostoses,
Des chancres vinrent à fleurir.
Les coqs de leur crête inhumaine
Se parent dans tous les chemins :
Dans le département de l’Aine
Gambadent les jeunes poulains.

Mais, quand le passé fut propice,


Pourquoi songer à l’avenir ?
Et qu’importe la chaudepisse
Quand il reste le souvenir ?
N’ai-je pas vu tous les prépuces,
Avoir chez nous un libre accès,
Alors même qu’ils étaient russes,
Surtout quand ils étaient français.

J’ai couvert de mon ombre amie


La grenette de l’écolier,
Le membre de l’Académie,
Et le vit du carabinier.
J’ai vu le vieillard phosphorique,
Dans un effort trop passager,
Charger avec son dard étique,
Sans parvenir à décharger.

J’ai vu – mais la motte déserte


N’a plus de flux ni de reflux,
Et la matrice trop ouverte,
Attend vainement le phallus.
J’ai perdu, depuis une année,
Mes compagnons déjà trop vieux,
Et mes beaux poils du périnée
Sont engloutis dans divers lieux.

Aux lèvres des jeunes pucelles,


Croissez en paix, poils ingénus.
Adieu, mes cousins des aisselles,
Adieu, mes frères de l’anus !
J’espérais à l’heure dernière,
Me noyer dans l’eau des bidets,
Mais j’habite sur un derrière
Qu’hélas on ne lave jamais.

- Il eut parlé longtemps encore,


Lorsqu’un vent vif précipité,
Broyant, mais non pas inodore,
Le lança dans l’éternité.
Ainsi tout retourne dans la tombe,
Tout ce qui vit, tout ce qui fut,
Ainsi tout changent ainsi tout tombe,
Illusions…et poils de cul.

JULES VERNE (1855)

69

Salut, grosse Putain, dont les larges gargouilles


Ont fait éjaculer trois générations,
Et dont la vieille main tripota plus de couilles
Qu’il n’est d’étoiles d’or aux constellations !
J’aime tes gros tétons, ton gros cul, ton gros ventre,
Ton nombril au milieu, noir et creux comme un antre
Où s’emmagasina la poussière des temps,
Ta peau moite et gonflée, et qu’on dirait une outre,
Que des troupeaux de vits injectèrent de foutre
Dont la viscosité suinte à travers tes flancs !

Là, monte sur ton lit sans te laver la cuisse ;


Je ne redoute pas le flux de ta matrice ;
Nous allons, s’il te plaît, faire soixante-neuf !
J’ai besoin de sentir, ainsi qu’on hume un œuf,
Avec l’acre saveur des anciennes urines,
Glisser en mon gosier les baves de ton con,
Tandis que ton anus énorme et rubicond
D’une vesse furtive égaye mes narines !
Je ne descendrai point aux profondeurs des puits ;
Mais je veux, étreignant ton ventre qui chantonne,
Boire ta jouissance à son double pertuis
Comme boit un ivrogne au vagin d’une tonne !
Les vins qui sont très vieux ont toujours plus de goût !
En ta bouche à chicots, pareille aux trous d’égout,
Prends mon braquemard dur et gros comme une poutre.
Promène ta gencive autour du gland nerveux !
Enfonce-moi deux doigts dans le cul si tu veux !
Surtout ne crache pas quand partira le foutre !

Guy de Maupassant
In Anthologie de la poésie érotique , choix et préface par Jean-paul Goujon

Ode au vagin (extraits)

Quand une femme est en chemise


Les épaules de marbre blanc,
Le cul, forme encore indécise
Dans les plis du voile tremblant,
Le parfum épars dans la chambre,
L'orteil, le mollet qui se cambre,
Les nichons rosés d'un émoi,
Les bras, la taille forte ou frêle,
Tout t'annonce, tout te révèle,
Rien n'est attirant que pour toi.

Le voile glisse. Extase ! Aurore !


Exquis prélude des bons coups !
Les cuisses te cachent encore,
Mais voici ton poil souple et doux,
Ton poil, touffe d'or ou d'ébène
Que l'on croirait posée à peine
Au bas du ventre point plissé,
Et qui, lentement caressée,
Allonge sa pointe frisée
Comme un triangle renversé.

Mais les cuisses s'ouvrent. Victoire !


Voici le con dans sa beauté,
Sous sa frisure blonde ou noire
Adorablement abrité,
Humide comme une prunelle,
Frissonnant déjà comme une aile
Dans le fouillis des rameaux verts,
Détendu sur sa fente rose,
Et l'air tout de même un peu chose,
Avec son sourire en travers !

La main de l'amant t'entrebâille


Vivante rose de cypris,
Et de tout de suite elle travaille,
D'un doigt léger, le clitoris.
Fin chef-d'œuvre de la nature,
Vit d'oiseau, pine en miniature,
Bouton subitement durci,
Qui, dans l'écartement des lèvres,
Tout baigné d'amoureuses fièvres,
Dresse la tête et bande aussi.

Ô paradis ! Joie étoilée !


Explosion du désir fou !
La langue, la langue effilée,
Toute la langue dans le trou !
Pendant que, de ses mains savantes,
Il étreint les fesses mouvantes
Ou chatouille le bout des seins,
Et que, la chevelure éparse,
L'impétueuse et belle garce
Halète en mordant les coussins !

Clovis Hugues

Ta source

Elle naît tout en bas d'un lieu géométrique


A la sentir couler je me crois à la mer
Parmi les poissons fous c'est comme une musique
C'est le printemps et c'est l'automne et c'est l'hiver
L'été ses fleurs mouillées au rythme de l'extase
Dans des bras de folie accrochent les amants
On dirait que l'amour n'a plus besoin de phrases
On dirait que les lèvres n'ont plus besoin d'enfants
Elles coulent les sources en robe ou en guenilles
Celles qui sont fermées celles qu'on n'ouvre plus
Sous des linges qu'on dit marqués du sceau des filles
Et ces marques ça me fait croire qu'il a plu
Qui que tu sois toi que je vois de ma voix triste
Microsillonne-toi et je n'en saurai rien
Coule dans ton phono ma voix de l'improviste
Ma musique te prend les reins alors tu viens
Ta dune je la vois je la sens qui m'ensable
Avec ce va-et-vient de ta mer qui s'en va
Qui s'en va et revient mieux que l'imaginable
Ta source tu le sais ne s'imagine pas
Et tu fais de ma bouche un complice estuaire
Et tes baisers mouillés dérivant de ton cygne
Ne se retourneront jamais pour voir la terre
Ta source s'est perdue au fond de ma poitrine

Léo Ferré

eJo. 2011

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