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2008

Travail Social Individuel


EOS-HELB

Grégory Meurant

[LES SYSTÈMES D’ÉCHANGE


LOCAUX]
Chargée de Cours : Mme Nootens
Le système d’échange local comme
moyen de lutte contre la pauvreté

Fonctionnement
D’après « Le SEL, mode d’emploi »1, « le SEL est un groupe de personnes qui mettent des
services, des savoirs et des biens à la disposition les une des autres, au moyen d’une unité d’échange
choisie par les membres ». Il en existe environ 300 en France, regroupant 20.000 personnes, et un à
Bruxelles de 87 membres. Ce système pourrait ressembler à du troc, mais il n’en est rien : « Dans le
troc, deux personnes échangent au même moment deux choses de même valeur. Dans le SEL, l’unité
d’échange permet de transférer, à des personnes différentes et moments différents, des services,
savoirs ou biens qui ont des valeurs différentes.2 ». L’avantage de ce système est donc d’être un
système d’échange sans argent, qui peut répondre aux besoins d’une personne n’en disposant pas,
sans s’endetter financièrement.
Ainsi, à BruSEL, l’unité d’échange est le BLE, et est régie par deux principes : (1) 1 heure = 100
BLES, (2) 1 heure = 1 heure.3 Une liste y est disponible et compile leur offre de services dans une liste.
Une autre liste reprend tous les numéros de téléphone. Ces listes sont mises à jour et rendues
disponibles à tous les membres. Les activités et la gestion sont organisées par des comités créés par
les membres du SEL. Toute décision importante est prise en Assemblée Générale. La plupart des SEL
(comme BruSEL) sont des ABSL, mais ce n’est pas forcément le cas.
Par exemple, « J’offre à mon voisin la mobylette qui ne me sert plus, il garde les enfants d’un
autre qui donne quelques cours d’informatique à mon fils ». De cette manière, il est possible d’avoir
un compte négatif (avec une limitation). Tout solde négatif est ici, forcément compensé d’un solde
positif, maintenant ainsi l’équilibre. Les comptes de chacun sont ici publics afin de maintenir cette
balance. Contrairement à l’économie classique, les soldes négatifs dynamisent ici le SEL (puisque
cela implique un échange) et la capitalisation n’a aucun sens.

Origine
Le premier système d’échange local (LETS en anglais) est né à Vancouver. Il a été créé dans les
années 80 car le manque de liquidités dans la région suite à la crise pétrolière avait entraîné déclin
économique, chômage et problèmes sociaux. Michael Litson eut alors l’idée de créer une monnaie
fictive qui remplirait d’autres fonctions que la monnaie nationale, notamment la revitalisation de la
localité. Il est fondé sur une expérience similaire de monnaie fondante (afin de dynamiser les
échanges) qui avait été créée à Munich après la crise de 1929, une expérience elle-même inspirée
des idées de Robert Owen.4

1
« Le SEL, Mode d’emploi »: http://www.selidaire.org/spip/IMG/pdf/SEL_MODE_D_EMPLOI_v5_9.pdf
[28/11/08]
2
Ibid.
3
BruSEL: http://brusel.be/indexfaqs.asp#11 [28/11/08]
4
« Etude d’un système d’échange de services sans argent », M. Simonson, mémoire de l’UCL
Avantages
L’avantage du SEL dépasse celui du simple besoin matériel. Son mode de fonctionnement
implique une intégration dans une communauté locale. C’est par là un outil puissant de lutte contre
la désaffiliation. Au SEL de Bruxelles, on retrouve une population mixte entre bas (chômeurs) et haut
revenus (environ 1500€). De plus, la demande de service en elle-même peut faire prendre conscience
des potentiels problèmes sociaux de manière concrète.
Au niveau financier, les personnes en situation de précarité confient que le SEL leur donne accès
à des services qu’ils ne pourraient pas s’offrir autrement5.
Au niveau social, BruSEL ne cache pas son désir de nouer des liens sociaux entre ses membres.
De nombreuses activités sont organisées où chacun se présente (par ce qu’il aime plutôt que sa
profession) et partage des moments ensemble. De plus, le fait d’agir en communauté renoue des
liens de solidarité dans une société de plus en plus individualiste.
Ainsi, 75% des acteurs qui participent aux SEL en Belgique disent pour la convivialité, 59% pour
avoir accès à des biens/services qu’ils ne peuvent pas se payer et 52,4% pour mettre en valeur leurs
propres aptitudes.6

Problèmes légaux7
Le principal problème de ce fonctionnement est sa relation avec le politique. En effet, les services
rendus au travers du SEL sont parfois associés à du travail illégal. Le souci posé par l’alternative d’une
monnaie locale servant à la rémunération est qu’il n’est pas soumis à la sécurité sociale. Ainsi, en
créant une certaine solidarité locale, les autorités y verraient une désolidarisation du système global.
Ce point précis est l’enjeu du SEL en Belgique. Cependant, les services rendus au travers du SEL ne
sont pas spécifiquement liés à une relation de travail, impliquant un lien de subordination. Les
discussions tournent donc autour d’une législation basée sur celle du bénévolat.
En Australie, une législation spécifique au SEL a été votée par le gouvernement.

Local et international ?
Le fondement même de l’échange local se base sur le fait qu’il est …local. Un système d’échange
international concurrencerait le modèle existant et n’aurait pas beaucoup de sens dans la
construction de la communauté.

5
Ibid. p. 62
6
Ibid. p. 71
7
Ibid. p. 28
Bibliographie

Publications numériques

« Le SEL, Mode d’emploi »:


http://www.selidaire.org/spip/IMG/pdf/SEL_MODE_D_EMPLOI_v5_9.pdf

« Etude sur un système d’échange sans argent », Mémoire de M. Simonson, UCL :


http://brusel.be/docs.asp?docid=7

Sites
BruSEL, FAQ: http://brusel.be/indexfaqs.asp#11 [28/11/08]

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