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INTR ODUCTION
Droit relatif à l'administration qui s'applique aux personnes publiques.
Sens large :
–Dans le langage courant, c'est la gestion, la mission de gérer (sens matériel, fonctionnel).
–Une administration peut être un ensemble de services (gestion du patrimoine …=> sens organique).
Sens étroit : l'administration publique de la France ou une administration particulière. (ensemble de bureaux
chargés de l'administration de la France : gestion des intérêts publics - par opposition aux intérêts privés -).
A – La compétence
A – P ublicité de l'acte
B – Les ef fets de l'acte non publiés
A – La f or ce juridique
B – L'e xécution de la décision (pr oblème de l'e xécution f or cée).
Section I – Les contr ats de l'adminis tr ation et les contr ats administ ratifs
Lorsqu'une personne publique gère son domaine privé
Ex. exploitation d'une forêt (coupe d'arbres pour les vendre à une scierie) => Ø service public.
PPE 1 : le s ac ti vi té s des per sonnes publ iques doi ven t êtr e présu mées êtr e des ser vice s
publ ic s.
=> Il y a ensuite vérification !
PPE 2 : un ce r ta in nombr e de règ le s s'a ppl iquen t au ser vice pub lic
Règles de Roland : Continuité ; Adaptation ; Légalité des services publics
PPE 3 : lo rsque le se r vi ce publi c est admin is tr atif , le dr oit admin is tr atif va s'a ppl iquer
et la compé tence du J A est r etenue .
CE 28 juin 1963 Narcy : 1er mouvement : recours à la présomption de service public (a priori administratif).
Vérification : un service public administratif est normalement doté de prérogatives exorbitantes du droit commun.
Lorsqu'une personne privée gère une activité d'intérêt général, est-ce une activité de service public ?
Si une personne privée est dotée de prérogatives de puissance publique, alors c'est une activité de service public à 100%.
–elle peut prendre des décisions exécutoires (modifie la situation juridique des tiers sans son accord)
–existence d'un monopole
–possibilité de lever l'impôt (de bénéficier de ressources fiscales).
=> CE Interlait 1969 : retient le critère organique pour le contrat administratif.
PR INC IP E 4 : si le se r vice publ ic est indus tr ie l et commer cia l, le juge jud ic iai re est
compé tent et le dr oi t pr ivé va s'a ppl iquer .
Service public : activité d'intérêt général poursuivi par l'administration ou à son initiative ou encore sous son contrôle et
soumise au droit administratif dans la mesure où l'intérêt du service l'exige.
Critère matériel
------------------- ? => OUI => Service public administratif
Critère organique ---------------------------------
Service public industriel et commercial
Sec ti on II – Cré ation , or gani sa tion , e xtens ion et suppr es sion des ser vice s publi cs
La suppression d'un service public est admise plus facilement que la création : résulte de l'idée qu'en créant
un service public, la personne publique est susceptible de porter atteinte à la liberté du commerce et de l'industrie (rentrer en concurrence
avec une personne privée).
Il n'y a pas de droit au maintien d'un service public lorsque ce dernier n'est pas garanti par la Constitution, lorsque le service public est
trop déficitaire, lorsque le service public ne correspond plus à l'intérêt général.
CE 27 janvier 1961 Vannier : la télévision en noir de 829 lignes passe à la télévision en couleur de 625 lignes.
Il y a ensuite suppression possible de la diffusion dans les deux normes (pas d'obligation de maintenir les 2).
Mais des services publics sont obligatoires (le Préambule de la Constitution pose que l'Etat a des devoirs. Ex. en matière d'éducation).
B – Au niveau local
Une collectivité locale peut créer un service public.
Loi 10 août 1871 : organisation des départements
Loi 1884 : organisation des communes.
Ne disposent pas expressément que les départements et les communes peuvent créer des services publics mais le déduit du silence des lois.
=> Condition de création (compétence) : si satisfait l'intérêt local.
Principe de spécialité : les personnes publiques, en dehors de l'Etat, ne peuvent pas tout faire.
La création d'un service public est décidé par délibération de l'assemblée locale.
–jusqu'en 1982, la délibération devait être approuvée par un représentant de l'Etat
–après 1982, il y a juste transmission de la décision de création au représentant de l'Etat qui peut la déférer au Tribunal administratif.
TA Amien 31 octobre 1978 Hosten : Le maire décide de faire connaître les activités municipales au public. Le maire a créé un
service public de communication auquel les règles de l'administration doivent s'appliquer..
L'Etat est assez libre de créer un service public.
Les départements, régions, communes peuvent être contraintes ou interdites par la loi de créer un service public.
Le principe de la liberté du commerce et de l'industrie a pour conséquence que les personnes publiques ne doivent
pas concurrencer les personnes privées dans leurs activités.
=> La concurrence ne serait plus loyale (les personnes publiques disposant des privilèges – prérogatives –)
=> Ce principe n'est pas consacrée par la Constitution mais résulte de la loi de 1791 (Quelle est sa valeur ?)
–C'est une simple loi qui ne s'impose pas au législateur.
–A une valeur constitutionnelle en tant que PFRLR.
–DC 15 janvier 1982 : parle de la liberté d'entreprendre qui a une valeur constitutionnelle
(le contenu de cette liberté étant fixé par le législateur à condition qu'il n'y ait pas d'erreur manifeste).
Ces compétences sont dangereuses pour les collectivités locales (certaines imprudentes se sont endettées).
=> la jurisprudence et la loi sont donc venues encadrer ces pratiques.
–CE 6 juin 1986 Département de la Côte d'Or : affirme que les collectivités locales ne peuvent pas inventer n'importe quelle aide mais
seulement celles prévues par la loi.
La région est le pilote en matière économique.
Les autres collectivités n'interviennent que pour compléter !
Loi du 5 janvier 1988 d'amélioration de la décentralisation (conditions des garanties d'emprunt obligeant les collectivités locales à faire
preuve d'une grande prudence). => Loi de limitation des compétences des collectivités locales.
Évolution de la jurisprudence :
–le service public est illégal si le but de sa création est exclusivement financier : le but poursuivi lors de la création du service public
est contrôlé par le JA
–la création est toujours légale lorsque les circonstances l'exigent (théorie des circonstances exceptionnelles).
–L'administration peut toujours être son propre fournisseur même si elle fait concurrence au secteur privé.
CE 29 avril 1970 UNIPAIN : une prison avait organisé dans ses murs une boulangerie et propose de fournir l'hôpital, cette activité
concurrence le boulanger. Le CE reconnaît que l'administration est son propre fournisseur.
–L'Etat dispose des Directions Départementales de l'Equipement : lorsque les collectivités locales ont besoin de travaux (construction d'un
nouveau murée), elles peuvent s'adresser à des architectes ou aux ingénieurs de la DDE. Est-ce l'administration qui se fournit elle-même ?
Non c'est une collectivité publique qui fournit une autre collectivité publique et qui doit donc respecter les règles de la concurrence. (l'arrêt
UNIPAIN perd de son intérêt du fait de l'émergence du droit de la concurrence).
–Dans le domaine du logement, le domaine de l'enseignement, le CE admet qu'il y a toujours pénurie et admet la concurrence.
–Dans le domaine de l'hygiène, une ancienne jurisprudence encourage les lavoirs municipaux et la création des établissements de bains et
de douches.
–Concernant les autres activités légales, il faut :
–un intérêt public local (l'intérêt public est aujourd'hui entendu largement)
–1er moitié XX° : enseignement, logement, alimentation
–2ème moitié XX° :
–CE 12 juin 1959 Syndicat des exploitants de cinéma de l'Oranie : spectacle
–CE 20 novembre 1964 Ville de Nanterre : cabinet de dentisterie
–CE 23 décembre 1970 Préfet du Val d'Oise c/ Commune de MONTMAGNY : service de renseignements juridiques
–Reconnaît à la commune : le camping municipal, la piscine municipale, l'auberge communale
–une carence de l'activité privée (de plus en plus admise)
–CE 20 novembre 1964 Ville de Nanterre : la commune dit que les dentistes installés sur le territoire de la commune sont beaucoup trop
chers excluant ceux qui n'ont pas les moyens de payer les prestations. Il y a donc pour une partie de la population carence en matière de
soins dentaires justifiant la création d'un cabinet dentaire. La commune est suivie par le CE. Le cabinet dentaire ne devant pas limiter son
activité aux indigents (principe d'égalité).
–CE 23 décembre 1970 Préfet du Val d'Oise c/ Commune de MONTMAGNY : les hommes de loi ne sont pas gratuits, ils sont même
trop chers pour beaucoup. Il y a donc carence pour une partie de la population justifiant la création du service de renseignements juridique
par la commune.
–La jurisprudence favorise aussi l'extension d'un service public déjà créé (ne recherche pas à ce qu'il rapporte de l'argent mais
seulement à ce qu'il ne coûte pas trop cher et donc favorise le développement d'une autre activité à coté de l'activité principale.
CE 18 décembre 1959 DELANSORME : parkings de stationnement créés par la commune et y installe un autre service dans le parking.
Le CE dit qu'il y a possibilité de créer des services accessoires à son activité principale.
–Dans les 30 / 40 dernières années, toutes les collectivités locales ont été autorisées par la jurisprudence a créer des services publics, à
deux exceptions (affaires dans lesquelles le CE estime qu'il n'y a pas carence du secteur privé) :
–Département condamné pour avoir créé une compagnie d'assurance
–Commune condamnée pour avoir créé un service commercial horticole
Section III – LES REGLES DE FONCTIONNEMENT DES SERVICES PUBLICS
L'obligation de continuité est partagée entre le gestionnaire du service (personne publique ou privée) qui peut
rencontrer des problèmes mais qui n'est pas délié de faire fonctionner le service quelles que soient les difficultés (sauf cas de force
majeure) et la personne publique qui ne doit se désintéresser du service délégué à une personne privée et peut
donc prononcer des sanctions :
–mise sous séquestre de la concession
–déchéance du gestionnaire de la concession
–retrait de l'autorisation de la concession
Le ser vi ce publi c admin is tr atif es t compo sé de deux g randes ca tégor ie s de per sonnel :
–Les f onc ti onnai res (n'ont pas de contrat – ne peuvent pas opposer à la collectivité publique un contrat –)
Situation statutaire et réglementaire : peut être modifiée à tout moment (nul n'a droit au maintien d'un règlement).
=> Mais alors que c'est juridiquement possible, c'est sur le plan politique que l'opération est plus complexe !.
=> Gouvernement Laval (avant la guerre) : baisse du salaire des fonctionnaires de 10% !
–stagiaires (période d'essai après le concours).
–titulaires
–Les con tr ac tuel s
Sont titulaires d'un contrat de droit administratif – TC 25 mars 1996 Préfet de la région Rhone-Alpes – Affaire
Bercani
Contrat de concession : le service public peut être confié à une personne privée (délégation de SP).
Il sera alors plus difficile d'imposer des changements (dans le cadre de la mutabilité du service public).
Mutabilité du contrat (querelle du gaz et de l'électricité) : au XIX°, la Cpie de gaz fournit du gaz aux particuliers et aux
collectivités publiques pour l'éclairage public (concession)
=> Il y a un monopole de la Cpie gazière qui est assurée pour lui permettre de faire des investissements.
=> Lors du passage à l'électricité, faut-il attendre la fin de la concession ?
–CE 24 décembre 1897 Cpie du gaz de Bordeaux : la ville avait consenti un monopole pour l'éclairage au gaz de la
ville. Le CE donne préférence à la solidité du lien contractuel. (théorie de la mutabilité du contrat administratif n'était pas encore née).
–CE 10 janv. 1902 Cp nouvelle du Gaz de Deville-lès-Rouen : à partir de cette date, les contrats administratifs sont
toujours modifiables. Le commissaire du gouvernement Romieux propose au CE de considérer la clause de monopole comme un droit de
préférence s'il y a adaptation de la société de gaz vers l'électricité (l'adaptation constante du service est née)
–CE 21 mars 1910 Cpie générale française des tramways : consacre le principe de l'adaptation constante du service.
Affaire des tramways de Marseille : dans le cahier des charges liant la compagnie à la ville de Marseille, il est prévu qu'un certain nombre
de tramways soient mis en service. Quelques années plus tard, un nouveau quartier s'est développé à Marseille et le concessionnaire du
tramway ne s'est pas développé dans cette zone.
Le préfet fixe les horaires de passage prévues dans le cahier des charges
Le préfet augmente la fréquence de passage pour mieux desservir le quartier.
Pour le CE, le préfet a le droit de modifier le contrat en augmentant la fréquence de passage au nom de l'intérêt public de la marche
normal du service.
=> Le pouvoir de modification du contrat administratif est consacré.
Les services publics administratifs : longtemps l'appellation de « service public » est réservée aux services publics
administratifs car ils étaient les seuls.
–Ils sont globalement soumis au droit administratif
=> le personnel est soumis au droit de la fonction publique.
=> Lors d'un litige avec le personnel, les administrés sont soumis au JA.
–Le droit privé ne s'applique qu'exceptionnellement au service public administratif lorsque « l'administration se met en civil »
(gestion privée)
TC 22 janvier 1921 Sct commerciale de l'Ouest africain (Affaire du Bac d'Eloka) : création du SPIC (en
dégage les critères).
CE 16 novembre 1956 Union syndicale des industries aéronautiques : lorsque l'on qualifie le service public, on doit
s'interroger sur :
–OBJET du service (le SPIC a une activité industrielle et commerciale)
–produire des biens, les échanger, les faire circuler
–possibilité de dégager des bénéfices (n'est pas obligé mais n'est pas interdit)
=> le service dont la prestation est gratuite n'est pas industriel et commercial
=> suppose l'éventualité de bénéfices et pas seulement le remboursement
Il faut donc dresser la liste des indices et faire un choix entre SPA et SPIC.
–Pri ncipe absolu : les con tr ats passé s par le SPIC avec se s usa ger s son t tou jou rs des
con tr ats de dr oit pri vé => CE 13 octobre 1961 : même s'ils contiennent des clauses exorbitantes du droit privé).
–Le SP IC peut causer des dom ma ges à des usa ger s ou des ti er s (=> JJ).
–SPIC soum is au dr oit de la concur rence [CA Paris 1er Ch. 27 janv 1998 EDF c/ Sct Auxiliaire
de chauffage]
EVOLUTION
Certains auteurs sont opposés à cette notion de SPIC car il y a avec ces SPIC une rupture dans le service public ce qui revient à nier
l'importance des services publics.
Cette notion de SPIC a été contestée pour la complexité du régime juridique de ces services publics (qui ne relève pas simplement que du
JJ).
Chaque organisme a un texte qui l'organise : il y a donc des régimes différents extrêmement proches des entreprises privées (la SNCF se
comporte comme une entreprise privée).
Il y a une échelle de la privatisation (au sommet EDF est très privatisé).
Le régime juridique des SPIC est variable.
Le droit public n'est pas totalement absent
–règles de Roland applicable au service public
–le personnel est de droit privé => mais le directeur et le comptable => droit public
–les contrats sont :
–avec les usagers, toujours de droit privé
–avec les fournisseurs, il peuvent être :
–de droit privé
–de droit public
Ex. la RTF (service public administratif avec des fonctionnaires et un ministre à sa tête)
=> devenue l'ORTF, un SPIC dont le personnel est resté composé de fonctionnaires.
Ex. l'ONF (Office National des forêts) appartient à l'État et aux collectivités publiques : qualifié de SPIC avec uniquement des
fonctionnaires.
Critère économique : qui a le contrôle du service public (ne tient pas compte du statut juridique du gestionnaire).
=> tient compte de la détention du capital et du pouvoir de décision.
(si le service est géré par une personne privée dont le capital appartient à une personne publique => gestion publique).
§1 – La régie
–La régie directe : procédé de gestion habituel de droit commun des services publics administratifs (90%)
=> le service public administratif n'a aucune personnalité juridique : le service public est une activité parmi d'autre pour la collectivité
publique : l'activité n'est pas individualisée. (ex. des ministères)
=> c'est un procédé lourd qui n'est pas adapté au SPIC.
=> comme les activités ne sont pas distinguées les unes des autres, on ne peut pas connaître les coûts.
–Création des régies autonomes : n'a pas de personnalité juridique (mais connaît une autonomie et une individualisation
comptable).
–Régie simple (1959) : dispose d'une autonomie financière et de la personnalité morale (sont de véritables établissement public). =>
régie simple ou intéressée (variante de la régie) => pour certains auteurs, c'est une autre forme de concession, d'affermage ayant une
délégation de service public.
CE 30 juin 1999 Syndicat mixte de traitement des ordures ménagères : la régie intéressée était une délégation de
service public. En raison du mode de financement du gestionnaire (critère essentiel).
–70% de recettes assurées par la collectivité publique
–30% de recettes venant de l'exploitation
Le CE considère que ce n'est pas une régie mais une délégation de service public.
=> En effet le régisseur est intéressé au résultat de l'exploitation.
§2 – L'établissement public
Lorsqu'une personne publique décide que le service public n'est pas géré en régie, cette personne publique fait appel à la forme de gestion
de l'établissement public (doté de la personnalité juridique ; bénéficie d'une autonomie).
Service doté de la personnalité morale et de l'autonomie financière soumis à la tutelle de l'Etat ou à celle d'une autre collectivité publique.
L'établissement public a été créé pour des raisons économiques, sociales et politiques.
=> en principe la création d'un établissement public répond au besoin de donner une autonomie à une service.
=> c'est une décentralisation technique.
Mais l'autonomie ne signifie pas indépendance : en effet l'établissement public est toujours rattaché à une collectivité publique.
–La collectivité publique exerce une tutelle sur l'établissement public (il y a approbation de l'autorité de tutelle pour certains actes).
–Il y a une autonomie plus étroite concernant les établissement publics nationaux.
L'établissement public a été à la mode en droit administratif (aujourd'hui ce sont les autorités administratives indépendantes).
–À une époque, les établissement publics sont nommé « office ».
–Cette mode a donné lieu à des excès
–L'établissement public est redevenu à la mode dans les années 40 (nationalisation d'EDF / GDF en 1946).
–Dans les années 70, il y a multiplication des établissements publics (ex. grands travaux – création d'EP par la région ou la ville).
–Lorsqu'elle coopèrent entre elles, les collectivités locales créent des établissements publics (ex. communauté urbaine).
–Statut de la SNCF, de la Poste => établissements publics.
A – La conclusion du contrat
D – La fin de la concession
B – Exploitation du service public par un organisme privé en vertu d'une autorisation administrative
A – Droits de l'usager
B – Obligations de l'usager
PARTIE II – LE CONTRÔLE DE L'ACTION ADMINISTRATIVE
§2 – Le médiateur de la république
Loi du 31 décembre 1957 (le dommage causé par un véhicule relève de la compétence du juge judiciaire – quel que soit le conducteur)
La victime saisit le TC qui joue un rôle différent (jusque là statue sur la juridiction compétente) et tranche au fond (fixe les indemnités du
responsable).
Principe : le TC est une juridiction de répartition des compétences (90% des cas)
=> Il peut cependant être juge du fond :
–En cas de dénis de justice – Affaire Rosay –
–Il peut indirectement être juge du fond :
Ex. Saisie de journaux irrégulière (la police et l'agent du préfet sont poursuivis pour voie de fait devant le juge judiciaire).
=> la question de la compétence est posée au TC (à propos de savoir si la saisie est régulière ou non).
=> la compétence est conditionnée par la qualification de l'acte.
Le TC est ainsi amené à juger indirectement le fond (n'est pas un arrêt de règlement mais une solution donnée à une question posée dont
les autres juridictions pourront s'inspirer mais qui ne les lie pas).
=> Le TC avait dégagé la notion de « service public social » mais n'a pas été suivi par les autres juridictions
TI TRE II – LA COMPET ENCE DE LA JURIDICT ION AD MIN ISTRA TIVE
Le critèr e initial
-- 1° Irrégularité grossière de l’administration (« VdF par manque de droit » / Doyen Haurioult Toulouse)
(illégalité ≠ VdF)
---- Ir régu lar ité de la déci sion (in jus ti fia ble léga lemen t, l'ac te ne se ratt ac he à
aucun t exte)
Irrégularité extrêmement grave : « manifestement irrégulier » que rien ne puisse juridiquement le justifier (Ø de principe / Ø de texte).
TC 24 ju in 1940 Sc t SC HN EI DER : VdF lorsque la décision administrative est manifestement insusceptible de se
rattacher à l’application d’un texte législatif ou réglementaire.
TC 19 nov 2001 Préfet de Police vs TGI Paris Melle Mohamed : confiscation passeport à une personne soupçonnée
d’avoir de faux documents administratifs, après vérification la personne est relâchée sans poursuite et sans restitution des papiers.
=> illégalité manifeste du comportement de l'admin. : pouvoir détourné dans l’exécution d’une décision. => compétence JJ
-- 2° Acte administratif doit porter atteinte au droit de propriété & aux libertés individuelles
---- Atteinte au droit de propriété
- Mobilière (CE nov 1949 Carlier & CE 10 oct 1969 Muselier)
- Immobilière
---- At tei nte aux Libe r tés Ind iv iduel le s
Si la décision est irrégulière ou que l’exécution forcée d’une décision régulière ne porte pas atteinte aux libertés individuelles : Ø VdF
CE 8 fé vr ie r 1961 Dame KL EI N : Litige avec commune sur délimitation propriété et chemin communal, le Maire fait enlever
une clôture par services municipaux et la fait déplacer (exécution forcée d’une décision administrative sans passer par le JA :
VdF).
Mais comme le Maire avait eu raison à propos des délimitations, il n’y avait pas eu d’atteinte au droit de propriété => Ø VdF.
TC 27 Ma r s 1952 D ame de l a Mu r et te : certains événements peuvent transformer une VdF en une illégalité simple.
(=> Urgence ; => Théorie des circonstances exceptionnelles).
– 2° Le droit privé est applicable à la VdF (JJ peut écarter le droit public)
---- Évaluation différentes des dommages (JA plus réticent à indemniser le préjudice moral)
---- Plénitude de compétence du JJ (longtemps lorsque le JJ constate la VdF, il a à l’égard de l’administration des pouvoirs plus importants
que ceux du JA qui jusqu’en 1995 ne pouvait pas adresser d’ordre à l'administration, le JJ pouvait le faire s'il constatait une VdF pour :
–ordonner à l'administration de ne pas mettre en œuvre une décision
–ordonner de faire cesser une VdF
–de remettre les lieux en l’état
–condamner l'administration à des astreintes
Longtemps seul le JJ est compétent quand il y a VdF
TC 26 juin 1966 GUIGON : capitaine ayant des démêlés avec des autorités hiérarchiques, en rentrant chez lui, des scellés sont sur
sa porte et des soldats la gardent. Demande au CE l’annulation de la mise sous scellés et le versement de D&I.
Le CE se demande s’il peut annuler les effets de la voie de fait (ou si la demande doit être renvoyée devant l’autorité judiciaire, il
interroge le TC pour savoir s’il peut dire qu’il y a VdF).
Le TC dit que compte tenu de la gravité de l’atteinte (violation de domicile) qui n’est pas susceptible de se rattacher à un pouvoir
de l’administration, il appartient tant au JJ qu’au JA de constater l’illégalité manifeste de l’acte.
Avant cette décision du TC : paradoxe du JA compétent pour annuler un acte un peu irrégulier mais incompétent pour un acte
manifestement illégal !
Question de la réparation de la VdF
–CE 4 nov 1966 Sct Témoignage Chrétien : fait croire pendant trois ans que le JA allait indemniser les conséquences de la VdF
car indemnise une saisie irrégulière de journaux sans dire qu’il s’agit d’une VdF !
–On sait depuis TC 8 avril 1935 Action Française que la saisie irrégulière de journaux est une voie de fait.
=> On pouvait donc penser que la VdF allait être indemnisée par le CE.
=> Finalement TC 10 octobre 1969 Muselier : la victime VdF doit demander réparation au juge judiciaire.
m L’emprise irrégulière
ù Conditions d’existence
-- 1° S’il y a dépossession (l'administration prive le propriétaire de son bien ; empiète sur propriété privée ; se maintient au-
delà du droit de réquisition) => Ø dégradation propriété ; Ø gène dans l’exercice du droit de propriété ; Ø dépréciation d’un
bien suite agissement de l’Admin.
-- 2° Doit concerner la propriété immobilière (L. 1810 relative à l’expropriation confie au JJ le droit de réparer certaines
dépossessions immobilières => le JJ se déclare compétent pour tous les cas de dépossession).
-- 3° Doit être irrégulière (lontemps discuté)
- Beaucoup d’emprises sont régulières si elles sont faites conformément à la loi qui les prévoit : la loi indique quel est
le juge compétent pour déterminer les conséquences de l’emprise (expropriation : JJ ; Servitude d’occupation du domaine
public : JA).
- Sans loi : TC 17 mars 1949 Sct.Hôtel.du.Vieux.Beffroi : seule l’emprise irrégulière est de la compétence du JJ.
Lorsqu’il y a dépossession (irrégulière) => 2 questions :
- Compétence de juridiction donnée par une loi ?
- Si NON : Emprise régulière (JA) ou irrégulière (pas nécessaire d'être très grave comme dans VdF) JJ gardien droit
propriété) ?
ù Conséquences
Compétence du JJ (moins étendue que dans la VdF) ne s’étend qu’à la réparation des dommages (CSQ : pouvoir du JJ limité)
-- JJ n'est pas compétent pour dire si l’emprise est régulière ou pas
(si fait suite à un recours pour excès de pouvoir => annulation de l’acte donc emprise irrégulière).
(sinon une question préjudicielle se pose : savoir si l’emprise est régulière ou pas).
-- JJ pe ut acc or de r de s in de mn it és pou r ré pa r er l’ em pr is e ma is il ne peu t pa s faire ces se r
l’ em pr is e
(=> il ne peut pas adresser d’injonction à l’administration !)
è La gestion privée
Lorsque la personne publique se met en civil, le JJ est compétent.
–soit par acte => contrat de l'administration (avec fournisseurs, avec usagers) pouvant être privé – pas de clauses exorbitantes du droit privé –
–soit par service => pendant longtemps : politique des blocs de compétences (attribuer tout le contentieux au JJ ou au JA => en l'espèce JJ).
Exception à la gestion privée (retombe dans la juridiction du JA) :
–Service public industriel et commercial => compétence JJ
–litige avec le personnel...............................=> compétence JJ
=> personnel dirigeant et comptables publics (lorsque txt dit « personnel de droit public ») => JA
–litige avec les usagers.................................=> compétence JJ
–litige avec un contrat fournisseur............=> compétence JJ
=> si contrat contient clause exorbitante du droit commun => JA
=> si travaux publics (=> dommage tiers) => JA
–Gestion du domaine privé de l'administration (≠ domaine public) => compétence JJ
L'admin. est propriétaire d'un immeuble qu'elle loue, d'une forêt qu'elle exploite (coupe arbres => vente scierie).
Ex cep ti ons :
–Travaux publics dans le domaine privé => JA
–Contrat comportant des clauses exorbitantes => JA
=> Il faut éviter les abus (spécialistes de la procédure enchainant les questions préjudicielles retardant le procès).
Pour éviter les manœuvres dilatoires, il peut y avoir question préjudicielle à certaines conditions :
–pose un problème sérieux (le juge pouvant dire que l'acte est parfaitement clair : compréhensible).
–la question est préjudicielle si la réponse est nécessaire pour trancher le procès (doit avoir une incidence sur la
solution du procès
Principes :
–l'interprétation d'un texte est moins grave qu'apprécier sa légalité
–le juge répressif (problème essentielle de liberté) doit avoir une compétence plus étendue que le juge civil
=> Loi 22 juillet 1992 (nouveau Code pénal)
Solution
–l'inte r préta tion des actes administr atifs
Différences selon le type d'acte à interpréter :
–Règlement administratif (JJ civil ou répressif peuvent les interpréter)
–Acte individuel (longtemps interdiction à tous les JJ d'interpréter ces actes).
Art. L-111-5 NCP décide de donner un pouvoir plus important au juge répressif (statuant sur sur le problème de la
liberté) ; il peut interpréter l'acte individuel à condition que de cette interprétation dépende la solution du
procès pénal.
–l'a pp récia tion de la légalité des actes administ ratifs (et non pas
l'annula tion)
le juge répressif (problème essentielle de liberté) doit avoir une compétence plus étendue que le juge civil
–Juge civil
–Principe : le juge civil n'est pas compétent pour apprécier la légalité d'un acte réglementaire ou individuel (il
doit poser une question préjudicielle et surseoir à statuer).
–Exceptions :
–acte inexistant (« acte nul et de nul effet ») => le juge civil peut le constater
–voie de fait (JJ compétent pour savoir si l'irrégularité est suffisamment grave pour constituer une VdF).
–acte portant une atteinte grave aux libertés ou droit de propriété (proche de la VdF).
–Juge répressif (a beaucoup plus de pouvoir que le juge civil car il peut interpréter les règlements)
Longtemps le juge répressif a dû distinguer :
–l'acte réglementaire (compétent) => Art. L-111-5 NCP : peut apprécier la légalité d'un acte administratif si la
solution du procès en dépend :
–si cet acte fonde la poursuite – sur la base de cet acte ont été engagés les poursuites –
–si cet acte est invoqué en défense
–l'acte individuel (pas compétent)
Les problèmes de compétence sont importants et compliqués : les règles de compétence sont posées par la jurisprudence
(risque de contradiction entre le JJ et le JA). => lenteur (se renvoie la balle).
Chapitre II – Les conflits
Des conflits sont possibles et même très probables entre le JA et le JJ (lorsque les deux se déclarent incompétents !)
Aujourd'hui le TC est une institution permettant de répartir les compétences entre les deux ordres de juridiction (administrative
et judiciaire) et garantissant ainsi aux justiciables une répartition harmonieuse.
La composition du TC
Le TC est au dessus des deux ordres (coiffe les juridictions suprêmes que sont le CE et la C.cass).
Composition paritaire, magistrats :
–de l'ordre judiciaire (3 conseillers de la C.cass élu par la C.cass)
–et le l'ordre administratif (3 conseillers d'État élu par le CE)
–deux autre membres : un conseiller d'État et un conseiller de la C.cass (élus par les 6 autres membres)
==> Le président du TC est le Ministre de la justice
Présidé par le vice président élu par - et parmi - les 8 membres).
==> Commissaires du gouvernement et raporteur (CE & C.cass)
Si le commissaire du gouvernement appartient au CE ; le rapporteur appartient à la C.cass (et inversement).
==> Tous les trois ans le TC est renouvelé.
Le fonctionnement du TC
Même fonctionnement que celui des juridictions administratives.
Mais le TC est une juridiction originale (n'est pas une juridiction administrative ni judiciaire).
Comme il y a 8 membres et que le vice président n'a pas de voix prépondérante, il est possible qu'ils n'arrivent pas à se départager =>
Le Ministre de la justice peut alors vider le partage pour trouver la solution.
(est anormal car c'est un membre de l'exécutif qui vient présider cette juridiction – le Ministre de la justice est un Homme politique qui
n'est pas forcément un juriste mais c'est le chef du service public de la justice, il représente les deux ordres).
Le partage d'opinion est très rare [entre 1872 et 1997, c'est produit 15 fois] car il n'y a pas de rivalité entre les différents magistrats,
lorsqu'une solution est trouvée, elle est acquise (il n'y a d'esprit de revanche).
TC 12 mai 1997, Préfet de Police c/ TGI de Paris (passagers clandestins d'un navire)
=> Le JJ pensait qu'il s'agissait d'une VdF (compétence JJ)
=> Le TC est partagé (4 / 4) => le ministre de la justice vient vider le partage et la compétence est administrative.
Section II – Les compétences du TC
Mission de déterminer l'ordre juridictionnel compétent (et exceptionnellement juge le procès au fond).
Ministre de la justice
CONFLIT POSITIF (d’attribution)
Naissance du conflit
Né d’une décision de l’administration qui dénie au juge judiciaire sa
compétence en vertu de la loi des 16 et 24 août 1790.
Lorsque l'administration conteste au JJ saisi d'un procès sa compétence pour le
trancher aux motifs que ce litige ne relève pas du JA ou ne relève d'aucun juge
(acte de gouvernement).
Protège l'administration contre l'empiétement du JJ qui chercherait à troubler le
fonctionnement de l'administration.
PROCÉDURE
Statue sur l’arrêté de conflit
pris par le préfet Administration
Arrêté de conflit
Naissance du conflit : il faut que le JJ ait été saisi d'un
Confirme (JJ incompétent)
(motivé, circonstancié) procès que l'administration estime ne pas être de sa
compétence.
Reprise du procès (JJ) Annule
=> pas possible en matière pénale (pas de conflit devant les assises).
=> exception : possibilité d'utiliser la procédure de conflit (renvoi JA)
JJ compétent devant le Tribunal correctionnel.
Vice de forme Délai 15 jours Préfet
(JJ sursoit à statuer)
Seul le préfet peut élever le conflit
Il n'en a pas l'obligation (juge de l'opportunité : contrôle restreint JA à
Reprise du procès (JJ) l'erreur manifeste d'appréciation). Impose que le préfet soit informé que
le procès devant le JJ n'est pas de la compétence du JJ (mais aucun
service préfectoral n'a la charge de le faire).
(pas de réponse du préfet)
Le préfet est informé par quelqu'un qui a intérêt à lui demander de
soulever le conflit (service public ou un agent public).
Il apprécie s’il faut élever le conflit :
Le déclinatoire de compétence
Envoyé par le préfet au parquet déclenche la procédure (mémoire dans
(contrôle JA) lequel le préfet indique en quoi le JJ doit se déclarer incompétent et qui se
– EMA –
termine par la demande faite au JJ de se déclarer incompétent).
=> Doit être envoyé au cours de l'instance (non pendant l'instruction) et
avant le prononcé du jugement sur le fond ou sur la compétence (avant
que le JJ n'est tranché le problème).
=> Le préfet intervient le plus souvent en appel pour élever le conflit .
Parquet
CONFLIT NÉGATIF
CONFLIT DE DÉCISION
Les recours contentieux se font de deux manières différentes (c'est le juge qui se prononce) :
•par voie d'action (voie offensive : recours en annulation contre un acte administratif unilatéral - règlement ; plan
d'urbanisme -).
Particularités (se confond avec le recours en annulation) :
–Engagé devant un juge déterminé (un JA d'un TA ou quelques fois du CE)
–Doit être introduit dans les deux mois après la publicité de l'acte
Effets :
–annulation erga omnes
–l'acte n'a jamais existé (=>CSQ : peut faire revivre un autre acte antérieur)
•par voie d'exception (voie défensive : l'acte n'est pas attaqué mais lorsque l'administration veut l'appliquer, l'administré
soulève son illégalité par la voie de l'exception d'illégalité)
•peut être invoqué devant une juridiction administrative quelconque
•peut être soulevée devant le juge judiciaire
•large compétence du juge pénal
•le juge civil devra poser une question préjudicielle
•les délais varient selon que l'acte est :
•un acte individuel => délai de deux mois
•un acte réglementaire => pas de délai (perpétuel)
•effets (le juge constate l'illégalité de l'acte mais ne l'annule pas pour autant – simple déclaration d'illégalité – )
=> l'acte ne s'applique pas !
Principe : le juge judiciaire est gardien des libertés individuelles et du droit de propriété
Historiquement :
–en 1789, 1790, 1791, il n'y a pas de juridictions administratives, il faut pourtant un juge pour trancher les litiges concernant la propriété.
–lois donnant compétence au juge judiciaire :
–expropriation
–réquisition
Le juge judiciaire s'invente en conséquence cette mission (né dans l'esprit du juge judiciaire).
–L'article 66 de la constitution de la V° Rép. donne à ce principe une valeur constitutionnelle.
–Le Conseil constitutionnelle reconnaît la valeur juridique de ce principe :
–DC 12 janvier 1977
–DC 29 décembre 1983 (perquisition – lutte contre la fraude fiscale).
Aujourd'hui, il s'agit de savoir si le juge administratif est moins protecteur que le juge judiciaire.
Depuis une loi de 1986, le juge administratif est inamovible.