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JURISTESPACE-RDC
Titre I
Heddy-Pierre NKULU MPIANA
NOTION DES SERVICES ET ENTREPRISES PUBLICS.
N’ayant pas été à la hauteur des conditions IL ENCADRE EN : DROIT CONSTITUTIONNEL ; DROIT
relatives au recrutement des assistants ADMINISTRATIF ; DROIT INTERNATIONAL PUBLIC ;
arrêtées par son université -UPC- (il a obtenu
CONTENTIEUX ADMINISTRATIFS ; ORGANISATIONS
soixante neufs pourcent trois fois, dont
soixante neufs pourcent en terminal), INTERNATIONALES ; SERVICES PUBLICS ET ENTREPRISES
Heddy-Pierre tient tout de même PUBLIC ; DROIT FISCAL ; DROIT DES SOCIETES ; REGIMES
à emporter un jour le titre de docteur en droit. MATRIMONIAUX, SUCCESSIONS ET LIBERALITES ;
DEONTOLOGIE DES MAGISTRATS, DES AVOCATS ET
FONCTIONNAIRES INTERNATIONAUX, PRINCIPAUX
SYSTEMES JURIDIQUES ET TANT D’AUTRES.
Tél : 0991276140 / 0811632770
Facebook : Heddy-Pierre NKULU
E-mail : chercheur.juriste@gmail.com
SOMMAIRE
SIGLES ET ABREVIATIONS – P 5
SIGLES ET ABREVIATIONS
CB : Congo belge
OL : Ordonnance-loi
LIVRE I
DES NOTIONS DU SERVICE PUBLICS ET DE L’ENTREPRISE PUBLIQUE
Titre 1
Du service public.
Un service public peut être défini comme une activité qui répond à un besoin
d’intérêt général et qui en principe est assurée par l’Etat et exceptionnellement par
les particuliers.
Une analyse des éléments de cette définition s’impose afin de nous permettre
d’avoir une nette compréhension de la notion de service publique. Ainsi allons-nous
examiner les deux éléments suivants :
- Service public dans l’activité des personnes publiques ;
- Service public dans l’activité des personnes privée.
Le but d’intérêt général est presque unanimement admis comme caractérisant tout
service public. On exclu ainsi du cercle des services publics tout activité qui ne
poursuit pas un tel but. Les cas sont sans doute rares. Car presque toutes les
activités de l’Administration sont centrées au tour de l’intérêt général. On peut
cependant à la rigueur citer l’exemple de certaines entreprises industrielles ou
commerciales qui appartiennent à l’Administration et qui, faute d’intérêt général, ne
font pas partie de la catégorie des services publics, mais s’alignent purement et
simplement sur les entreprises privées.
Certains auteurs vont jusqu’à faire entrer dans cette catégorie la gestion du
domaine privée de l’Etat. Cette conception est contestable car la gestion du domaine
privé poursuit en général un but d’intérêt général et fait partie des services publics.
D’aucun ont parfois soutenu que l’on ne considère comme services publics que
les activités inhérentes aux fonctions de l’Administration, excluant ainsi les activités
susceptibles d’être exercées par les particuliers. Ce point de vue n’est pas
soutenable pour la bonne raison que l’accroissement de l’interventionnisme a
introduit l’Etat dans presque tous les secteurs de la vie nationale, notamment dans le
domaine industriel et commercial.
D’autres ont prétendu que ne constituent des services publics que les activités qui
ont pour objet la fourniture des prestations au public, excluant ainsi les activités de
police qui s’exercent par prescriptions et non par des fournitures de prestations.
Cette conception est aussi inexacte, voir factice car le service public ne sous-entend
pas nécessairement la fourniture des prestations (par ex. le service fiscal). Ce qu’il
faut plutôt admettre c’est que tout au moins le terme prestation doit être pris au sens
large (par ex. cas des services de la défense nationale). Dans cette mesure, la police
doit être considérée comme un service public ou tout au moins comme un moyen
d’action du service public.
Du fait que le service public existe avant son régime juridique, il apparaît quelque
peu illogique de chercher le critère du service public dans son régime juridique, celui-
ci pouvant être considéré comme la conséquence de la qualification plutôt que sa
cause.
Il convient de noter cependant que souvent, avant de catégoriser une activité
(c'est-à-dire d’en déterminer la qualification juridique) on dispose de quelques
éléments concernant son régime juridique, notamment les textes qui créent ou
organisent l’activité en question. Mais, la question qu’il faut se poser est de savoir si
ces éléments sont suffisants pour faire ressortir d’une manière certaine la nature de
l’activité. Une partie de la doctrine voit dans le service public une activité soumise à
un régime juridique exorbitant du droit commun. L’objection à cette thèse vient de ce
qu’il existe des services publics à gestion privée, dont le régime juridique est
essentiellement de droit privé, les éléments exorbitants du droit commun étant sinon
absent du moins très réduits (limités).
D’autres parts il n’est pas impossible que des activités administratives sans
caractère de service public soient soumises à des règles de droit public. Il résulte de
tout ce qui précède que la présence dans le régime juridique d’éléments exorbitants
ne peut pas fournir un critère. Toutefois, il importe d’admettre que ces éléments
peuvent constituer des indices du caractère de service public d’une activité
administrative. Dans ce cas, le juge pourra ainsi tenir compte par exemple du fait que
le service s’opère au moyen de prérogatives de puissance publique ou que l’acte de
création ou d’organisation de service contient des dispositions qui dérogent au droit
privé. Par tous ces indices, le juge peut déceler l’intention de créer un service public.
Mais puisse qu’il ne s’agit que des indices et non des critères, leur application doit
être relative et non absolue.
La conclusion qui s’impose est que le critère de service public dans l’activité des
personnes publiques paraît devoir être recherché dans le but d’intérêt général de
l’activité et que la qualification peut aussi s’appuyer dans certains cas, sur des
indices tirés des règles exorbitantes applicables à l’activité.
Titre 2
Le régime juridique des services publics : conséquences attachées à la
notion de service public.
Chapitre 1 : Existence d’un régime juridique commun à tous les services publics.
Section 1. Observation.
Il n’existe pas des règles juridiques précises qui constitueraient le régime commun
de tous les services publics. Ce qu’on peut dire, c’est qu’en soit le service public
peut être considéré comme source potentielle de diverses règles, mais ces règles
sont ou non adoptées selon le cas.
On est ainsi obligé d’estimer que le régime commun des services publics se réduit
à quelques principes généraux qui peuvent donner naissance à des règles juridiques
mais sans pour autant en entraîner nécessairement l’application ni leur donner un
caractère identique.
A. Le principe de continuité.
a. Obligation d’action.
- Elle doit également prendre des mesures qui s’imposent pour assurer
l’exécution des lois et règlements.
En matière des services publics, l’inaction des autorités administratives peut
engager leur responsabilité dans les différentes hypothèses déjà étudiées dans le
cours de droit administratif général : inexistence du service ; fonctionnement tardif du
service public ; défaut de fonctionnement du service public ; mauvais
fonctionnement du service public.
b. Obligation d’adaptation
Les biens du domaine public sont inaliénables. Cette inaliénabilité s’explique par
le fait que ces biens sont affectés au service public. La jurisprudence relative à la
théorie de l’imprévision s’inscrit dans le même ordre d’idées. Elle procède, en effet,
de la volonté du juge de chercher une procédure permettant d’éviter l’interruption du
service public.
En effet, il est admis que les particuliers peuvent juridiquement porter secours au
service public lorsque celui-ci est hors d’état de fonctionnement. C’est ce souci qui
explique la théorie des fonctionnaires de fait et le statut des collaborateurs bénévoles
du service public.
B. Le principe d’égalité.
Elle peut avoir une double portée : une portée générale et une portée limitée.
Vis-à-vis du service public, l’Administration peut se trouver dans deux situations
juridiques selon qu’il participe à l’exécution du service ou qu’il en est un simple
usager. Dans la première hypothèse, l’égalité se limite à certaines personnes (les
agents du service), dans la seconde, elle revêt une portée générale.
Vis-à-vis des services publics administratifs, l’usager se trouve dans une situation
légale et réglementaire de droit public. De cette situation découle un certain nombre
de conséquences, notamment le droit pour l’usager d’attaquer les décisions
administratives illégales qui lui font grief, et le cas échéant, obtenir réparation des
préjudices subis. En contre partie, l’usager doit accepter les modifications apportées
au fonctionnement du service et par ricochet, à sa situation juridique, lorsque
l’Administration le juge nécessaire.
A l’égard des services publics industriels ou commerciaux, la situation juridique de
l’usager pose les mêmes problèmes ; mais ceux-ci sont résolus de manière
différente et nuancée suivant les modes de gestion des services publics (régie,
établissement public et concession). Ce qu’il faut souligner, c’est que contrairement à
l’usager des services administratifs, l’usager des services industriels ou commerciaux
se trouve dans une situation contractuelle de droit privé ; étant précisé que, dans
certains cas, et notamment dans le cas de la concession, les rapports contractuels
sont assortis de clauses réglementaires. Cette dualité entraîne des conséquences
sur le plan juridique. Dans ce sens, le gestionnaire a le droit de modifier
unilatéralement la situation de l’usager. Celui-ci est tenu d’accepter ces
modifications : ex. en matière des tarifs pour les polices d’abonnement en cours.
Mais, l’usager jouit d’un droit acquis dans le cas où la prestation est effectuée et qu’il
est devenu débiteur de sa valeur.
Le principe est ici d’une application assez générale. Il est complété plus souvent
par le principe de neutralité ou par celui de gratuité.
Le principe de neutralité interdit au gestionnaire de pratiquer le favoritisme ou de
faire sa propre propagande. Il ne signifie pas que le service et ses agents ne doivent
présenter aucune prise de position politique, philosophique, religieux etc.
Il signifie que toutes les opinions, qu’elles soient politiques, philosophiques,
religieuses etc. ont une vocation identique à l’accès au service public : la neutralité
c’est l’égalité.
Le principe de gratuité : ce principe est d’une application limitée. Hormis les cas
où la loi le prévoit expressément, le service a intérêt à percevoir une certaine
rémunération pour son fonctionnement optimum, dans le cas notamment (le dit le
Conseil d’Etat français) où les prestations excèdent les besoins normaux. Ce principe
trouve son application généralement dans le domaine de l’enseignement et en
matière d’accès au domaine public (ex. l’article 43 al 4 de la Constitution de la RDC
du 18 février 2006 dispose que « l’enseignement primaire est obligatoire et gratuit
dans les établissements publics. »).
Il faut ici tenir compte du fait que vis-à-vis des services publics industriels ou
commerciaux, l’usager est un client. En conséquence, dans la mesure où le service
ne jouit pas d’un monopole, des dérogations peuvent être apportées à ce principe,
ne serait ce que pour tenir compte de cette considération que l’activité industrielle et
commerciale doit, à certains degrés et vis-à-vis de certains clients être en quelque
sorte personnalisée.
Cette admission des discriminations a pour conséquence que la masse d’usagers
n’est pas envisagée dans sa globalité, mais les usagers sont plutôt catégorisés.
L’élément déterminant de cette catégorisation, c’est la différence des situations dans
lesquelles les usagers peuvent se trouver au regard du service (sur ce point, que l’on
se réfère au cours de droit administratif général).
L’égalité des charges se fonde sur l’égalité des citoyens devant la loi et peut être
considéré comme son corollaire. Cette égalité peut revêtir deux aspects différents :
elle peut concerner les sujétions que le service peut imposer dans la vie des
administrés ; elle peut aussi concerner les obligations financières.
Il est difficile de dégager une liste exhaustive de ces obligations étant donné
qu’elles sont nombreuses et variées. On peut seulement citer, à titre d’exemple, les
obligations militaires, les obligations civiques, les obligations professionnelles etc.
Tirant égal profit du service public, les administrés ont l’obligation de supporter de
manière égale, les sacrifices pécuniaires nécessités par le fonctionnement du
service public. C’est ce principe qui a donné naissance à la règle d’égalité devant
l’impôt. Signalons que l’inobservation de cette règle peut entraîner l’annulation
d’actes administratifs et susciter la responsabilité de l’Administration.
Mis à part les principes généraux qui constituent ce que l’on peut appeler le
régime juridique commun des services publics, les régimes juridiques des services
publics sont variables et différent d’un service à l’autre. La distinction fondamentale
que l’on opère à ce propos est celle des services publics à gestion publique et des
services publics à gestion privée.
D’emblée, disons que les services publics à gestion publique sont soumis en
principe à un régime juridique de droit public, le droit privé y étant appliqué d’une
manière exceptionnelle. A l’inverse, les services publics à gestion privée sont
essentiellement régis par le droit privé, le droit public y intervenant à titre
exceptionnel.
Mais, comment distinguer d’une manière précise ces deux catégories de services
publics ?
La première observation à faire est que la qualité des personnes qui gèrent le
service est indifférente, car les personnes privées peuvent, comme les personnes
publiques, gérer l’une ou l’autre de ces catégories des services publics. D’aucuns
ont voulu situer cette distinction dans l’objet du service soutenant que les services à
gestion publique se caractérisaient par leur objet, en ce qu’ils rentraient dans les
attributions exclusives de la puissance publique, ou en d’autres termes, qu’ils sont
érigés en une espèce de monopole au bénéfice exclusif des personnes publiques.
Rien n’est moins vrai pourtant, car les services publics à gestion publique peuvent
trouver leurs équivalents dans les activités des personnes privées, ex.
l’enseignement.
Pour une autre opinion, l’on pourrait reconnaître les services publics à gestion
publique par le fait qu’ils utilisent les prérogatives de puissance publique. Cet
argument non plus ne saurait emporter la conviction, car les services publics gérés
par des particuliers font également appel, quoique dans une proportion limitée, à des
prérogatives de puissance publique.
Ainsi, on peut conclure que la meilleure solution est de considérer que les services
publics à gestion publique constituent la règle, tandis que les services publics à
gestion privée constituent l’exception.
C’est aussi un régime de droit public. Il est illustré par le fait que la majeure partie
du personnel se compose d’agents publics. Il s’applique également à certains biens
utilisés par le service et à des travaux publics exécutés par le service.
Toutefois, sur certains points, le service public à gestion publique peut faire appel
à l’application du droit privé et ce en matière d’exécution et d’organisation.
I. Exécution.
En ce qui concerne l’exécution, le service public peut passer des contrats civils.
Dans l’hypothèse où un agent du service cause un dommage par sa faute
personnelle, c’est au juge judiciaire qu’il appartient de mettre en jeu la responsabilité
personnelle de cet agent (voir le cours de droit administratif général).
II. Organisation.
A. Exécution du service.
L’exécution du service est soumise à un régime de droit public. Ainsi par exemple,
si le gérant prend des décisions exécutoires à l’égard des agents du service, ces
décisions ont le caractère d’actes administratifs dont l’appréciation revient au juge
administratif. De même, la responsabilité pour les dommages qui résulteraient de
l’exécution du service public est une responsabilité de droit public laissé à
l’appréciation du juge administratif.
Le gérant étant une personne privée, son caractère privé réagit sur le régime
juridique. Ainsi, sa structure, son organisation interne et son fonctionnement
échappent au régime de droit public pour être soumis au régime de droit privé et à la
compétence du juge judiciaire. C’est le cas notamment de l’admission des membres
de l’organisme, de son personnel et de son patrimoine.
Il faut noter enfin que les principes fondamentaux du service public sont
applicables aussi bien aux services publics gérés par des personnes publiques qu’à
ceux gérés par des personnes privées. La conséquence en est que l’Administration
peut imposer à ces services certaines obligations du service public : continuité et
égalité, et cela même sans aucun texte qui le prévoit. Dans un de ses arrêts, le
Conseil d’Etat français avait indiqué que parmi les obligations qui pèsent sur un
organisme privé gérant un service public, il y a l’obligation de « réserve » qui interdit
aux dirigeants de ces organismes d’adopter des attitudes de violence à l’égard de
l’Administration.
A l’opposé du service public à gestion publique, les services à gestion privée sont
soumis à un régime de droit privé et leur contentieux relève de la compétence du
juge judiciaire. Mais, comment reconnaitre un service public à gestion privée ? C’est
la jurisprudence qui a dégagé les éléments de distinction d’un service public à
gestion privée. Toutefois, il faut préciser que cette qualification s’applique dans des
hypothèses relativement limitées qui doivent être considérées comme constituant
une exception en dehors de laquelle les services publics se rattachent à la gestion
publique.
En d’autres termes, la gestion la plus courante des services publics est la gestion
publique, la gestion privée est exceptionnelle. Pour découvrir cette catégorie, on ne
peut pas se référer à la nature des personnes chargées de gérer le service. En effet,
les personnes privées comme les personnes publiques peuvent gérer l’une ou
l’autre de ces catégories des services publics. L’élément de distinction le plus
important (qui est du reste le plus ancien) est la similitude entre certaines activités
administratives et les activités privées analogues.
Dans cet ordre d’idées, la similitude qui existe ou qui parait exister entre les
activités domaniales des personnes publiques et la gestion des biens privés par les
particuliers a amené la jurisprudence à soumettre à un régime de droit privé la
gestion du domaine privé. Ensuite, la même considération (de similitude) a conduit la
I. Qualification législative.
On se trouve dans cette hypothèse lorsque la loi décide que le service public
obéira aux règles et méthodes en usage dans le commerce privé. Il convient de
noter toutefois qu’il ne s’agit pas là d’un critère explicite. Au surplus, ces services
sont souvent soumis à des régimes juridiques très différents. Que faire lorsque la loi
n’a pas qualifié ?
Pour les uns, le service public industriel ou commercial serait celui qui, par sa
nature, n’entrerait pas dans les activités de l’Etat, mais qui pourrait être aussi bien
une activité privée qu’une activité publique. En d’autres mots, c’est un service qui se
situerait en dehors des activités normales et essentielles ou spécifiques de l’Etat et
qui ne constituerait que l’expression accidentelle ou exceptionnelle des activités
normales de l’Etat.
Mais, cette notion de spécificité est difficile à déterminer. Quelles sont, en effet,
les taches spécifiques de l’Etat ? On a parfois tenté de répondre négativement en
disant qu’il s’agirait des activités érigées en monopole au bénéfice de la seule
puissance publique. Mais cette idée de monopole ne correspond pas à la réalité, car
il existe des monopoles industriels ou commerciaux en faveur de la puissance
publique. Citons, en République Démocratique du Congo, l’exemple de l’énergie
(production et distribution).
De même, il est difficile de définir exactement les tâches qui incombent
normalement à l’Etat, étant donné que la rapidité des évolutions socio-économiques
a introduit l’Etat dans presque tous les secteurs de la vie nationale.
D’autres auteurs ont, en effet, voulu fonder le critère du service public industriel ou
commercial sur un but spéculatif, dans ce sens que le service public industriel ou
commercial poursuit la réalisation des bénéfices. Mais, cette opinion devait par la
suite se raviser en admettant que la réalisation des bénéfices peut être concomitante
avec la réalisation d’un but d’intérêt général.
Mais, on peut craindre que ce critère ne repose sur une confusion ; car le
« bénéfice » réalisé par les services publics industriels et commerciaux n’est en rien
semblable au profit des entreprises privées. Car du fait même qu’il y a service public,
il ne peut qu’être affecté à des activités d’intérêt général, et non à des satisfactions
privées. Dès lors, on peut dire que le « bénéfice » des services publics industriels et
commerciaux ressemble plus à l’excédent comptable de certains services publics
administratifs qu’au profit des entreprises privées.
c. Le critère de la commercialité.
Selon une troisième opinion, les services publics industriels ou commerciaux sont
ceux qui accomplissent habituellement les actes de commerce au sens du code
commercial.
Cette conception qui parait avoir le mérite de la logique juridique la plus stricte ne
rend cependant pas compte de toute la réalité, car un établissement public
administratif peut aussi faire des actes de commerce.
La conclusion, c’est que toutes ces opinions sont restées fluctuantes et ont connu
des applications plus ou moins sporadiques. Aucune d’elles n’est parvenue à
s’imposer.
III. Position jurisprudentielle.
a. Le but.
b. L’objet.
On peut les définir comme des services ayant pour objet de fournir à leurs
bénéficiaires des prestations sociales, c'est-à-dire des prestations visant à garantir
des catégories de citoyens, considérés comme plus ou moins favorisés contre les
risques inhérents à leurs conditions sociales.
Ainsi définis, ces services forment, de par leur objet, une unité logique. Mais, cette
unité n’entraine pas pour autant l’unité du régime juridique. Certains, en effet, sont à
gestion publique, d’autres à gestion privée. C’est cette dernière catégorie qui nous
intéresse ici. Elle concerne certains services destinés à assurer la garantie des
risques sociaux : il s’agit essentiellement du service de la sécurité sociale.
Ces services concernent les rapports de droit privé. Parmi les services publics à
gestion privée, on range également (mais cette catégorie est plus discutée) les
services publics sociaux semblables à des activités privées.
C’est la similitude qui existe ou qui paraît exister entre le service public et
l’entreprise privée qui explique tout au moins partiellement, la théorie des services
publics industriels et commerciaux. Cette méthode « de similitude » qui, au départ,
ne semblait pas pouvoir être étendue à d’autres services, devait l’être par la suite à
certains services publics de caractère social.
Le problème s’est posé concrètement à propos des colonies de vacances
organisées par l’Administration. La question fut, en effet, posée en France au
Tribunal des conflits à propos de l’accident causé par un moniteur à un enfant qui
participait à une colonie de vacances organisée par un Ministère (Cf. arrêt Naliato de
1955). A cette occasion, le Tribunal des conflits trancha le problème de la nature
juridique de ces services et celui de leur régime juridique. Il admet que si le but
d’intérêt social de la colonie de vacances organisée par une collectivité publique lui
imprimait le caractère d’un service public, l’organisation de celle-ci ne représentait en
l’espèce aucune particularité de nature à distinguer juridiquement des organisations
similaires relevant des personnes privées et que, par conséquent, la juridiction
judiciaire devait connaître de la responsabilité de l’Administration en cas de faute
commise par un moniteur dans la surveillance des enfants.
Toutefois, à propos des services publics sociaux, il importe de signaler le
revirement de la jurisprudence française tendant à supprimer cette catégorie des
services publics. En effet, dans un arrêt du Tribunal des conflits (de 1983) il a été
décidé que le service public social créé et géré par une personne publique est
présumé, de façon irréfragable, ne pas fonctionner dans les mêmes conditions
qu’une activité privée similaire.
Titre 3
Notion d’entreprise publique.
Chapitre 1 : Généralités.
L’évolution des idées et l’apparition des nécessités nouvelles ont mis hors de
discutions la légitimité de l’intervention de l’Etat en matière économique. A partir de
ce moment, l’intervention de l’Etat, loin de se limiter, comme dans le temps, à la
réglementation et au contrôle s’étend à la gestion directe d’activités économiques.
Idées nouvelles, principes nouveaux, en effet ce changement d’attitude
s’accompagne de nouveaux principes directeurs. Dans les pays capitalistes, ces
principes se sont dégagés lentement mais ont fini par s’imposer. Quelles sont ces
idées nouvelles ?
- La première est que la gestion des activités économiques essentielles à la
nation peut revenir de droit à l’Etat et que cette gestion publique est à la fois
juridiquement licite et économiquement raisonnable.
- La seconde, qui prolonge d’ailleurs la première, est que cette gestion est, non
pas une faculté pour l’Etat mais bien une obligation. C’est une obligation
d’autant plus impérieuse que le rôle du secteur public comme on l’a justement
souligné est de favoriser le fonctionnement d’une économie nationale dans les
conditions voisine de l’optimum économique. Un des aspects de cette théorie
est la doctrine de la nationalisation qui tire souvent son fondement dans la
Constitution. Ainsi par exemple l’article 34 de la Constitution de la RDC de
2006 dispose « (…) l’Etat garantit le droit de propriété individuelle ou collective
conformément à la loi ou à la coutume. Nul ne peut être privé de sa propriété
que pour cause d’utilité publique et moyennant une juste et préalable
indemnité octroyée dans les conditions fixées par la loi ».
Ainsi, grâce à l’entreprise publique, l’Etat peut tenir en main les leviers de
l’économie nationale, orienter celle-ci vers les objectifs et les idéaux
préalablement définis.
Toutefois, s’il revient à l’Etat de définir sa politique économique, si le secteur
public constitue pour lui un paramètre et un instrument de rationalisation des
voies et moyens à mettre en œuvre pour réaliser un développement
harmonieux et intégré, il convient de ne pas perdre de vue que la création et
le développement d’un secteur public ne va pas sans friction. Sa réussite est
fonction d’un certain nombre de facteurs.
Section 1. Généralités.
A. La notion de l’entreprise.
L’entreprise doit d’abord être considérée comme une unité économique, c'est-à-
dire une mise en œuvre coordonnée et organisée des moyens humains et matériels
en vue d’assurer la production et la répartition des biens et services économiques.
Elle constitue aussi une unité juridique. Elle est, en effet, dotée de la personnalité
juridique. Ce qui lui permet de participer au commerce juridique (c'est-à-dire d’être
sujet de droit, avoir un patrimoine, ester en justice).
B. Le qualificatif « public ».
La portée exacte du caractère public d’une entreprise ne peut être dégagée que
par comparaison avec l’entreprise privée et le service public administratif traditionnel.
Etant donné qu’il s’agit dans les deux cas d’une unité économique et juridique, il
existe forcément des ressemblances entre les deux. Celles-ci peuvent, pour
l’essentiel, être résumées de la manière suivante :
D’une part, en effet, les entreprises publiques sont soumises aux règles en usage
dans les sociétés privées en ce qui concerne leur gestion financière et comptable.
D’autres parts, elles sont comme les sociétés privées, soumises, par principe et sauf
exception, au droit privé en ce qui concerne le crédit, la fiscalité, le régime de leur
personnel, de leurs biens et de leur responsabilité. Mais, l’important étant d’opposer
l’entreprise publique à l’entreprise privée, c’est sur les différences qu’il faut mettre
l’accent. Celles-ci peuvent être relevées dans les buts poursuivis, dans la propriété et
la direction de l’entreprise.
a. Le but de l’entreprise.
L’entrepreneur privé est un homme d’affaires qui poursuit avant toute chose des
bénéfices financiers, c'est-à-dire un but d’intérêt privé. Ceci explique que dans la
finalité de son activité, l’intérêt général soit indifférent ou tout au moins indirect. En
revanche, l’action de l’Etat étant centrée sur l’intérêt général, l’entreprise publique est
nécessairement vouée à la poursuite d’un but d’intérêt général. Cet objectif reste
primordial pour elle, même si, en tant qu’une unité économique, l’entreprise publique
poursuit aussi le profit et la rentabilité.
On notera, à propos de la rentabilité des entreprises publiques, que trois principes
sont généralement admis :
pose cependant de savoir si des entreprises qui ont la forme juridique d’une société
peuvent être rangées parmi les entreprises publiques ?
L’on doit, il semble, répondre par l’affirmative et admettre que la forme juridique
d’une entreprise est indifférente eu égard à son appartenance à la catégorie
d’entreprise publiques, l’élément essentiel demeure le caractère de propriété
publique attachée à son patrimoine. Cela dit, la difficulté apparaît cependant pour les
sociétés d’économie mixte et plus particulièrement pour celle dans lesquelles la
participation de l’Etat au capital social est minoritaire.
Il semble que l’élément déterminant ici puisse être la maîtrise de l’Etat vis-à-vis de
l’entreprise. Si cette maîtrise est bien établie, on peut estimer que l’on se trouve en
présence d’une entreprise publique. Il en est ainsi dans le cas où l’Etat possède la
majorité des actions (en RDC, toutes les sociétés d’économie mixte sont considérées
comme des sociétés privées, et ce, quelle que soit la participation de l’Etat au capital
social).
Et même dans les sociétés à participation étatique minoritaire, le principe sera
maintenu si l’on se trouve dans les deux hypothèses suivantes :
- La participation au capital, tout en étant minoritaire, assure
incontestablement à l’Etat la maîtrise de l’entreprise, l’appréciation est à
faire dans chaque cas d’espèce pour savoir si réellement l’Etat à la
mainmise sur la société ; ce serait le cas par exemple si les
représentants de l’Etat au Conseil d’administration y disposent des
pouvoirs, et notamment un pouvoir de veto ;
- Les statuts eux-mêmes de la société assurent à l’Etat minoritaire un
rôle prépondérant dans la gestion, hypothèse réalisée si l’Etat par
exemple, a la majorité des administrateurs garantie par les statuts eux-
mêmes. Mais, cette opinion n’est pas partagée par tous le monde (Cf.
notamment certaines législations africaines).
Le caractère de propriété publique de l’entreprise publique a comme conséquence
que sa gestion est confiée à une direction publique. Que faut-il alors entendre par
direction ici ?
Par direction d’une entreprise publique, il faut entendre non seulement celle qui
est confiée aux représentants de l’Administration ou aux personnes nommées par
elle, mais aussi celle qui peut être confiée aux représentants des intérêts en
présence, l’Administration pouvant d’ailleurs n’avoir qu’une part minoritaire dans
cette représentation. Il en serait ainsi par exemple, si dans une entreprise la gestion
est confiée à une tripartite (Etat, personnel, usagers) et la direction aux représentants
élus des usagers ou du personnel par exemple.
La première remarque à faire est qu’il importe peu que le service administratif soit
personnalisé ou pas. La comparaison peut être établie autour de l’objet et du statut.
a. L’objet.
b. Le statut.
A propos du statut, il convient de rappeler tout d’abord que la forme juridique des
entreprises est très variable. Certaines sont revêtues du moule juridique
d’établissement public industriel et commercial alors que d’autres ont celui des
sociétés. D’autre part, par rapport au service administratif traditionnel, l’entreprise
publique est, sauf exception, limitée quant à ses activités. Elle correspond, en effet, à
une activité spécialisée d’intérêt général qui s’affirme à travers son fonctionnement ;
elle est soumise à un régime juridique de droit privé. Il en est ainsi notamment de
ses relations avec son personnel ou avec ses clients, du statut de ses biens. Au
surplus, elle doit, en principe, avoir la qualité de commerçant. Celle-ci ne fait aucun
doute pour les entreprises publiques constituées sous forme de société.
Pour ce qui est des entreprises publiques ayant la forme d’établissement public,
cette qualité peut également leur être reconnue dans la mesure où elles peuvent être
soumises à l’immatriculation au Registre du commerce qui fait présumer le caractère
de commerçant. En fait, cette qualité parait peu compatible avec celle
d’établissement public. Mais, il est exact de soutenir que concrètement,
l’établissement public industriel ou commercial peut agir, dans la vie juridique,
comme s’il avait cette qualité.
De tout ce qui précède, il résulte que l’on puisse définir l’entreprise publique
comme étant une unité économique dotée de l’autonomie financière et dont le
capital est soit exclusivement, soit partiellement constitué des apports faits par
l’Etat (ou par une personne publique territoriale) et destinée à être affectés à
une exploitation commerciale, industrielle ou agricole.
LIVRE II
DU MODE DE GESTION DES SERVICES PUBLICS.
Titre 1
La régie.
Notion.
Un service public est géré en régie lorsque l’Etat le gère directement avec son
personnel et ses deniers, c'est-à-dire sans passer par l’intermédiaire de la
personnification juridique du service. Lorsqu’un service public est exploité en régie, il
ya donc confusion, pour son organisation et son fonctionnement, avec les règles
régissant les autorités administratives et leurs moyens d’actions.
La régie constitue le mode de gestion le plus normal du service public. Il englobe
des services publics nombreux et très importants, notamment dans les domaines qui
concernent l’ordre public et la sécurité : armée, police, justice ainsi que des services
publics traditionnels et fondamentaux tels que les postes et télécommunications.
peut s’agir d’une création de toute pièces rendue nécessaire par les besoins de
l’époque : ex. création du Ministère du tourisme et de l’environnement.
Il peut s’agir aussi d’une promotion d’un service dont l’importance justifie qu’il soit
élevé au rang d’un Ministère : ex. transformation de l’IGP en Ministère de Portefeuille.
Il peut s’agir également de la division (ou de la scission) d’un Ministère : ex. division
ou scission de l’ancien Ministère de l’Education nationale et de la culture et des arts
en Ministère de l’éducation et en Ministère de la culture et des arts.
Enfin, il peut s’agir d’un regroupement de deux ou plusieurs Ministères pour
aboutir en un seul Ministère : ex. finances, budget et portefeuille.
Chaque Ministère est tenu de respecter les attributions des autres, qu’il s’agisse
de la compétence « ratione matériae » ou de la compétence « ratione temporis ».
Ainsi, un Ministre démissionnaire ne peut qu’assurer l’expédition des affaires
courantes et ne peut pas dépasser le seuil des affaires courantes sans violer cette
obligation.
b. Compétence contentieuse.
Pour les questions qui concernent les pouvoirs des Ministères, la composition et le
fonctionnement des cabinets, on se référera aux cours de Droit constitutionnel et de
Droit administratif général. Nous allons ici analyser surtout la partie que l’on peut
qualifier « administratif » des Ministères. Mais avant cela, il ne serait pas superflu de
rappeler en grands trais la détermination juridique des pouvoirs du Ministre :
C’est l’Ordonnance n°82/027 du 19 mars 1982 qui fixe cette structure actuellement.
On distingue trois catégories des fonctions au sein du Ministère : les fonctions de
commandement, les fonctions de collaboration et les fonctions d’exécution. Bien
avant cela nous tenons à signaler que nous ne parlerons pas des exigences pour
leur recrutement et de leurs tâches respectifs pour lesquels nous recommandons la
lecture del ‘Ordonnance sus mentionnée
Elles sont exercées par les agents revêtus du grade allant du Secrétaire Général
au Chef de bureau. Il s’agit, selon l’ordre décroissant : du Secrétaire général ; du
directeur ; du chef de division ; du chef de bureau.
Les Ministères ont leurs prolongements extérieurs dans les provinces assurés par
le directeur provincial et les chefs de division.
Titre 2
Etablissements publics.
Il s’agit d’une forme particulière du droit public qui n’a pas d’équivalent en droit
privé. Il s’en suit que l’établissement public jouit des privilèges personnels, c'est-à-
dire de privilèges juridiques attachés à sa forme de droit public. Le principal est
l’impossibilité des voies d’exécution forcée, particulièrement les saisies.
Section 3. L’établissement public est appelé à remplir une fonction spécialisée qui
est la plus part du temps un service public.
Cette spécialisation peut être plus ou moins étroite suivant les cas et les secteurs
d’activités.
- Lorsque la spécialisation est moins rigoureuse, l’établissement public
peut exercer une activité connexe à la sienne propre, même si cette
activité n’est pas prévue par son statut. Ainsi par exemple l’Institut
géographique du Congo peut effectuer des opérations de location des
avions pour procéder à des recherches géographiques aériennes.
- Dans d’autres cas, la spécialisation est très poussée. Il y a alors
exclusion d’exercice d’activités connexes. Par exemple, l’ancienne
Ecole Nationale d’Administration (ENA) qui était chargée de
l’enseignement et de la formation des fonctionnaires de l’Etat n’était pas
habilitées à défendre en justice d’autres intérêts que ceux prévus par la
loi qui l’avait créée. Dans cet ordre d’idées, elle ne pouvait pas par
exemple, intenter une action en justice en matière du statut des agents
de l’Etat. De même l’INPP ne peut pas s’ériger en un syndicat pour
formuler des revendications salariales.
L’établissement public gère généralement un service public. Il peut s’agir d’une
gestion privée dans le cas d’un établissement public industriel ou commercial. Mais
l’établissement public peut ne pas gérer un service public. Il y a alors décalage entre
l’organe et la fonction. Ce décalage peut s’expliquer par un certain nombre de
raisons.
D’une façon générale, le recours à la forme d’établissement public est une
invitation à la commercialité lorsqu’il s’agit d’un établissement qualifié d’industriel ou
La plus part des services publics sont géré en établissements publics. L’emploi de
ce mode de gestion constitue soit la décentralisation, soit la déconcentration par
service qui se distinguent de la décentralisation et de la déconcentration territoriale.
En effet, ces deux dernières expressions se réfèrent au problème de la répartition
des compétences dans l’Etat.
On peut à cet égard avoir plusieurs conceptions :
1. On peut, en effet, concevoir que l’Etat gère lui-même tous les services
publics, les autorités publiques se réservent toutes les décisions
importantes. On parle dans ce cas de la centralisation.
2. Dans d’autres cas, l’Etat peut confier à ses représentants locaux le
pouvoir de prendre certaines décisions : il s’agit, dans cette hypothèse,
de la déconcentration.
3. Certains services peuvent fonctionner dans un cadre plus restreint que
l’Etat et être gérés par des personnes qui ne représentent pas le
pouvoir central mais sont élus par les administrés concernés. C’est
l’hypothèse de la décentralisation territoriale.
A côté de ces modalités, qui concernent la répartition des compétences dans l’Etat,
il existe la technique de la décentralisation (ou la déconcentration) par service qui se
réalise précisément par l’établissement public. Ce procédé peut s’expliquer par
diverses raisons :
A. Détermination de la loi.
B. Silence du législateur.
Ces rapports peuvent être envisagés du point de vue structurel et du point de vue
fonctionnel.
La question qui se pose ici est de savoir si l’organe de direction est élu ou non par
l’organe collégial. Il y a effectivement des cas où l’organe de direction est élu par
l’organe collégial (cas surtout des organismes professionnels). Dans d’autres cas. Il
peut être nommé sur proposition de l’organe collégial. Mais, dans la majeure partie
des cas, il est purement et simplement nommé.
Il faut tenir aussi compte des rapports de ces deux organes, car selon les cas
l’organe monocratique se confond avec la présidence de l’organe collégiale, ou est
extérieur à l’autorité collégiale.
I. Forme de la dissolution.
II. Modalités.
Il peut provenir de diverses origines et être placé sous des régimes différents. On
peut trouver en effet :
- Des fonctionnaires, c'est-à-dire agents soumis au statut du personnel
de carrière de l’Etat (ex. agents de l’Etat qui seraient détachés auprès
des établissements publics ;
- Des agents non fonctionnaires mais placés sous un statut très proche
du statut des agents de l’Etat (ex. agents de la Banque du Congo) ;
- Des agents placés sous contrat de droit public : en absence d’un statut,
les agents peuvent être considérés comme liés par un contrat
administratif, du seul fait qu’ils participent à une mission de service
public et prennent part à la gestion de celui-ci.
- Les salariés de droit privé constitués du personnel d’exécution, du
personnel subalterne, du personnel temporaire ou du personnel
spécialisé selon le contenu des contrats qui les lient à l’établissement.
B. Régime juridique.
a. Actes unilatéraux :
b. Actes contractuels.
Les établissements publics passent des contrats. Ceux-ci peuvent, par application
des principes généraux, être administratifs ou civil.
IV. Le contentieux.
I. Régime financier.
- Revenus du patrimoine ;
- Produits des taxes fiscales ou parafiscales ;
- Rémunération de services ;
- Subventions versées par l’Etat ou par la collectivité territoriale à laquelle
l’établissement est rattaché ;
- Emprunts, dons et legs.
Le régime fiscal fait une très large place aux exemptions fiscales au bénéfice des
établissements publics administratifs.
A l’instar de la tutelle sur les collectivités territoriales, cette tutelle peut porter sur le
personnel et sur les actes de ce personnel.
Notion.
Autres différences :
L’on soutient ici que les activités d’un établissement public industriel ou
commercial seraient celles qui n’entreraient pas dans les activités normales de l’Etat.
Objection :
La faiblesse de l’argument est manifeste :
- Il confine l’activité de l’Etat dans le rôle de l’Etat gendarme et,
- Ignore le fait que certains organes peuvent gérer à la fois les activités
industrielles ou commerciales et administratives
Critique :
S’il est vrai qu’en sa qualité d’unité économique, l’établissement public industriel
ou commercial est par nature appelé à réaliser des bénéfices, ce n’est pas là son but
principal. Son but principal est de rendre certains services d’intérêt général, et cette
considération peut amener à une gestion déficitaire (Cf. « supra »).
A. Définition.
B. Analyse de la définition.
C’est dire qu’il est géré par des professionnels désignés par l’ensemble des
membres de la profession. Son régime juridique (statut du personnel, régime
financier) relève du droit privé. Il en est de même de ses relations avec les tiers.
Mais, ses relations avec ses membres relèvent du droit public. Ainsi, par exemple,
l’Ord-loi n° 79/08 de 1979 portant organisation du Barreau, du Corps des défenseurs
judiciaires et du Corps des mandataires de l’Etat, prévoit dans son article 124 que :
« sauf s’il s’agit de sanctions disciplinaires, lorsqu’une décision ou un règlement du
Car, il s’agit des organes chargés uniquement des activités corporatives relatives
à un groupe professionnel. En conséquence, leurs compétences sont limitées
rationae personae et rationae materiae.
a. Rationae personae.
b. Rationae materiae.
Seuls les actes de la profession sont concernés, c'est-à-dire que les compétences
sont limitées à la représentation et à la défense de la profession devant les pouvoirs
publics et devant les Cours et tribunaux, ainsi qu’à la discipline et à l’organisation de
la profession. Mais, dans certains cas, il y a possibilité de prolongement des
compétences de l’organe dans la vie privée des membres. Ainsi, par exemple, des
principes du Barreau appliqués par l’ordre des Avocats à la Cour d’appel de
Kinshasa, on relève le principe de la dignité tant dans la vie professionnelle que dans
la vie privée. Et, c’est en vertu de ce principe que les autorités disciplinaires (c'est-à-
dire le Conseil de l’ordre) peuvent parfois intervenir dans la vie privée lorsque les
faits sont matière à scandale (par ex. insolvabilité notoire).
I. Adhésion.
Il est mixte, fait de droit public et de droit privé. Le droit public s’applique à l’activité
du service et à la partie administrative de son organisation et de son fonctionnement.
Le droit privé régit l’aménagement et le fonctionnement internes : attributions
sociales ou patrimoniales étrangères au service public proprement dit. La dualité
semble se retrouver dans tous les établissements publics industriels ou commerciaux,
mais elle est plus prononcée ici.
Le principe « nullapoena sine lege » s’applique ici. Mais, les sanctions ont un
caractère purement professionnel. Elles consistent dans des mesures qui sont à peu
près les mêmes selon les ordres. Il s’agit soit de l’avertissement, de la réprimande,
de l’interdiction temporaire ou de la suspension, soit de la radiation du tableau ou
l’interdiction définitive d’exercer la profession.
Titre 3
Concession de service public.
La concession de service public est un contrat par lequel une personne publique
administrative (le concédant) confie à une personne physique ou morale privé ou
parfois publique (le concessionnaire) la gestion d’un service public en lui permettant
de se rémunérer au moyen des redevances perçues sur les usagers.
Section 1. Concession parmi d’autres modes de gestion des services publics.
A. Concession et régie.
Il y a deux types de régies : la régie directe et la régie intéressée.
I. Concession et régie directe.
Dans la régie directe, l’Etat exploite lui-même directement le service public à ses
risques et périls, en utilisant son personnel et ses deniers propres. Par contre, en
recourant à la concession, les personnes publiques se déchargent des frais et des
risques du service, de la direction du personnel, du coût des investissements,
totalement ou partiellement, mais laissent l’exploitant disposer du revenu du service
aux fins de la rémunération des frais et du profit d’un bénéfice.
II. Concession et régie intéressée.
Dans la régie intéressée, l’exploitation du service est assurée par un particulier
appelé « régisseur » et lié à l’Administration par un contrat (comme pour la
concession). Mais, au contraire de la concession, les risques de l’exploitation
demeurent principalement à charge du concédant, le régisseur étant rémunéré par
des primes calculées selon les prévisions du contrat.
B. Concession et établissement public.
La concession et l’établissement public renferme une idée commune : le transfert
à un tiers d’un service public appartenant à une collectivité territoriale. Une
différence traditionnelle réside dans le fait que le concessionnaire est une personne
privée tandis que l’établissement public est une personne publique.
B. Le déclin.
Mais, au fur et à mesure que l’Etat amplifiait son intervention dans le domaine
économique, il apparut qu’il ne pouvait plus se désintéresser des risques courus par
le concessionnaire dans la mesure où ces risques étaient susceptibles de freiner la
continuité du service. De là, résulte l’élaboration de la théorie de l’équation financière
qui oblige l’Etat à venir au secours du concessionnaire lorsque l’équilibre est rompu.
De plus, dans certains cas, l’intervention de l’Etat ne se limite pas au rétablissement
de l’équilibre mais s’étend jusqu’aux subventions et garanties (ex : subventions de
premier établissement).
Par ce fait, le schéma initial et théorique de la concession se trouvait bouleversé.
D’où ce mode d’exploitation devait perdre du terrain. On lui préférait alors d’autres
modes de gestion, notamment les offices ou les techniques dans lesquelles les
rapports entre les collectivités et les particuliers sont mieux organisés.
C. Regain.
La concession résulte d’un actes écrit et signé et dans certains cas soumis à
l’approbation. Celle-ci est souvent exigée lorsque le concédant est lui-même soumis
à une tutelle. Cette approbation peut être tacite ou expresse.
Section 3. Nature juridique de la concession.
Avant de déterminer la nature juridique de la concession, il importe de dire un mot
sur la structure de la concession.
La concession est d’une structure complexe. Elle comporte deux documents
essentiels : la convention elle-même et le cahier des charges. La convention est
l’acte qui constate l’accord des parties, détermine l’objet du contrat et ses éléments
essentiels ainsi que les modalités financières particulières.
Le cahier des charges détermine les règles générales de la concession, les
modalités de construction de l’ouvrage, les règles de l’exploitation et les principes de
solution des litiges éventuels. Quant à la nature juridique de la concession, c’est un
acte d’une nature mixte : elle est mi-réglementaire, mi-contractuelle. L’aspect partiel
réglementaire de certaines clauses de la concession s’explique par le fait qu’elles
concernent la gestion du service public et justifie le rôle que peut jouer le recours
pour excès de pouvoir dans le contentieux de la concession.
La voie amiable ;
Le contrat lui-même ou les concessions d’occupation du
domaine public (qui peuvent être accordées par d’autres
autorités que l’autorité concédante) ;
Autorisations de voirie (ex : implantation de pylônes des lignes
électriques)
Les atteintes à la propriété privée sont justifiées par le fait que le concessionnaire
gère un service public ; il peut bénéficier de ce fait :
De la procédure d’expropriation ;
Du régime des travaux public (ex : droit d’occupation
temporaire) ;
De servitude de droit public (ex : implantation des pylônes
électriques).
I. Déchéance.
C’est la sanction la plus grave puisqu’elle met fin à la concession. De ce fait, elle
ne peut intervenir que pour des motifs graves et selon une certaine procédure.
a. Motifs de la déchéance.
La déchéance n’est prononcée que pour des motifs d’une réelle gravité portant
atteinte au fonctionnement même du service. Parmi ces motifs citons :
b. Procédure.
Deux hypothèses sont possibles ici :
Elle peut intervenir à la suite d’une simple interruption du service, et cela, sans
que le concessionnaire ait nécessairement commis une faute.
b. Procédure.
Prévue ou non par le contrat de concession, la mise sous séquestre est toujours
prononcée de façon unilatérale par l’autorité concédante. La mise en demeure n’est
pas ici indispensable.
B. Sanctions pécuniaires.
Elles peuvent avoir pour origine le contrat lui-même ou le droit commun.
I. Sanctions d’origine contractuelle.
Le contrat peut, en effet, prévoir des clauses pénales qui pourront, le cas échéant,
faire condamner le concessionnaire défaillant à des dommages et intérêts au profit
du concédant, sans préjudice des sanctions spécifiques telles que la déchéance ou
la mise sous séquestre.
On peut même admettre que l’autorité concédante puisse se faire prévaloir de
« l’exceptio non adimpleti contractus » et user à l’égard du concessionnaire du
procédé de « trait pour trait » qui permet à l’autorité concédante de suspendre le
paiement des redevances contractuelles qui peuvent être dues au concessionnaire.
I. Modalités de variation.
On admet qu’il s’agit ici d’une prérogative exclusive de l’autorité concédante, car ni
le juge ni le concessionnaire ne saurait décider de l’augmentation des tarifs. Tout ce
que peut faire le concessionnaire, c’est soumettre sa demande de majoration des
tarifs à l’homologation de l’autorité compétente.
En cas de refus d’augmentation, le concessionnaire peut introduire une action en
indemnité en vue de maintenir l’équilibre financier. Mais, en cette matière, la
tendance contemporaine va dans le sens de donner au concessionnaire une certaine
liberté tarifaire. Pour ce faire, le contrat prévoit généralement non un tarif, mais une
« fourchette ». Cependant les augmentations unilatérales par le concessionnaire ne
sont possibles que dans la limite d’un certain pourcentage.
Il y a deux hypothèses :
a. Faute de l’autorité concédante.
On peut considérer comme acte fautif de la part du concédant le fait d’avoir induit
le concessionnaire en erreur sur les recettes auxquelles celui-ci s’attendait, ou
encore le fait de favoriser la concurrence au détriment du concessionnaire. On
appliquera ici le droit commun de la responsabilité contractuelle.
b. L’exercice par le concédant de ses prérogatives contractuelles.
Que l’on se rappelle qu’en matière de contrat administratif, l’Administration est un
cocontractant privilégié qui jouit d’un certain nombre de prérogatives dont notamment
le pouvoir de modification unilatérale des conditions du contrat. Et sur ce point, il est
actuellement hors de discussion qu’on ne peut parler d’une quelconque intangibilité
des clauses financières car il est admis que toutes les clauses d’un contrat
administratif sont modifiables unilatéralement. Mais, en contrepartie, l’Administration
est tenue d’aider le cocontractant pour rétablir l’équilibre au cas où celui-ci parvient à
être interrompu. Dans les deux hypothèses que nous venons d’envisager, cette aide
doit être totale.
II. Déséquilibre se situant en dehors du contrat.
L’aggravation des charges peut résulter soit de l’exercice par l’autorité concédante
de ses pouvoirs généraux extra-contractuels (ex : pouvoir de taxation, fait du prince)
soit d’un événement extérieur (imprévision).
L’indemnité sera, sous certaines conditions, totale dans la première hypothèse,
partielle dans la seconde.
Cette réparation pourra prendre les formes diverses :
Soit la réduction des travaux à accomplir ;
Soit l’autorisation accordée au concessionnaire de relever les
tarifs ;
Soit l’octroi des subventions par le concédant.
La résiliation anticipée intervient pour cause d’un cas de force majeur (ex : décès
du concessionnaire). Le juge apprécie alors s’il y a lieu à des dommages et intérêts,
au profit de quelle partie et pour quel montant.
b. Deuxième hypothèse.
La résiliation anticipée intervient par la suite de l’accord amiable des parties :
l’accord doit normalement régler la question d’indemnité s’il y a lieu, ainsi que la
reprise des biens du concessionnaire.
c. Troisième hypothèse.
Le rachat par le concédant qui peut se réaliser soit en vertu des clauses du cahier
des charges, soit en vertu du droit commun de la concession.
Chapitre 4 : Le contentieux de la concession.
Le contentieux de la concession peut faire intervenir soit le juge administratif, soit
le juge judiciaire, tout dépend des rapports en présence.
Section 1. Répartition des compétences entre le juge administratif et le juge
judiciaire.
A. Rapports entre le concessionnaire et le concédant.
Il s’agit des rapports de droit public intéressant l’organisation et le fonctionnement
du service public.
En conséquence, la compétence revient aux juridictions administratives.
B. Rapports entre le concessionnaire et les tiers.
Par tiers ici, on entend toute personne qui n’est ni usager, ni lié au
concessionnaire par contrat de travail.
Les rapports ici sont des rapports de droit privé du fait qu’ils mettent en présence
des particuliers à l’occasion d’une activité industrielle ou commerciale. C’est donc le
juge judiciaire qui doit en connaître. Il en serait autrement toutefois si le tiers
invoquait la violation du cahier des charges ou d’un acte administratif. Dans ce cas, il
y aurait une question préjudicielle qui obligerait le juge judiciaire de suspendre la
cause et de renvoyer, pour solution, la question préjudicielle au juge administratif.
Il y a compétence de principe du juge judicaire qui sera saisi des litiges portant sur
des réclamations adressées au concessionnaire par un usager lié par contrat
d’abonnement qui est forcément un contrat de droit privé, ou par un candidat usager,
ou aussi des actions en responsabilité. Mais, le juge administratif retrouve la
compétence lorsqu’il y a une question préjudicielle touchant par exemple à
l’interprétation du contrat de concession.
D. Rapports entre le concessionnaire et son personnel.
Ces rapports sont régis par le droit privé et relèvent donc de la compétence du
juge judiciaire.
II. L’usager.
L’usager peut s’adresser à l’autorité concédante ou l’autorité de tutelle pour
solliciter leur intervention en vue de contraindre le concessionnaire à appliquer les
règles du service. Si l’autorité concédante refuse d’intervenir, l’usager peut alors
attaquer ce refus par voie de recours pour excès de pouvoir.
III. Le personnel contre :
Les mesures prises par l’autorité concédante et qui sont susceptibles de porter
atteinte au droit du personnel.
C. Recours en intervention.
Il peut intervenir :
Nous avons vu que parmi les personnes juridiques autonomes qui sont
susceptibles de gérer un service public, il fallait placer entre l’établissement public et
les personnes privées une catégorie intermédiaire des personnes publiques
empruntant une forme juridique de droit privé. Il s’agit précisément des sociétés
publiques.
En attendant d’approfondir cette question dans l’étude du régime juridique des
entreprises publiques, nous allons ici donner quelques indications sommaires sur les
techniques de développement des sociétés publiques et sur leur statut.
Dans certaines circonstances, en effet, ces formules capitalistes sont une aide pour
l’Etat dans la mesure où elles facilitent son intervention.
LIVRE III
REGIME JURIDIQUE DES ENTREPRISES PUBLIQUES.
2. Les entreprises publiques sont soumises aux règles en usage dans les
sociétés industrielles ou commerciales en ce qui concerne leur gestion
financière et comptable.
Chapitre 1 : Création.
Section 1. Règles générales de compétence.
Que l’on se réfère ici à ce que nous avons déjà dit à ce sujet (en cette matière, il y
a répartition des compétences entre le pouvoir législatif et l’exécutif).
Section 2. Modalités particulières de constitution.
L’étude des modalités particulières de constitution concernera les nationalisations,
les établissements publics industriels et commerciaux, les sociétés d’économie mixte,
les filiales et participations des entreprises et leurs fusions.
A. Nationalisation.
a. La liquidation.
Il y a convocation d’une assemblée générale des anciens actionnaires pour
liquider la gestion. Dans le cas du maintien de la personne juridique, l’assemblée se
bornera à arrêter les comptes et à donner quitus. Si certains biens doivent être
restitués aux anciens actionnaires, on créera une commission de restitution qui
statuera sur leur sort.
b. L’indemnisation.
Elle doit être juste et préalable (ex : article 34 de la Constitution du 18 février
2006).
L’évaluation se fait suivant des modalités diverses. On peut se référer à la loi sur
les paiements des indemnités par les acquéreurs (loi n° 78/003 du 20 janvier 1978
portant mesures de recouvrement des sommes dues à l’Etat par les acquéreurs des
biens zaïrianisés de l’époque).
Section 2. Liquidation.
Il n’existe pas de règles communes ni d’organismes liquidateurs de principe,
chaque cas étant régi par la décision qui ordonne la dissolution. En principe, on
applique la règle du droit commun selon laquelle les sociétés dissoutes se survivent
pour les besoins de leur liquidation. Mais, cette règle se combine avec des
dispositions spéciales.
Un liquidateur est désigné. On peut lui adjoindre un comité de surveillance ou de
liquidation. Les fonds de liquidation sont remis à l’agent comptable, s’il en existe un
et, c’est le Trésor qui est bénéficiaire ou débiteur du solde actif ou passif de la
liquidation.
Titre 2
L’organisation de la gestion.
A. Représentation de l’Etat.
C’est la plus facile à réaliser parce que l’Etat est propriétaire. Néanmoins, elle
pose des problèmes. Cette représentation est destinée à défendre l’intérêt général,
mais elle se trouve aussi en face des intérêts opposés : ceux des usagers et du
personnel.
La conséquence en est que la représentation étatique est appelée à jouer un rôle
d’arbitre. Pour remplir efficacement ce rôle d’arbitre, la représentation de l’Etat doit
être homogène. Or, il arrive souvent que cette représentation ait plusieurs porte-
parole désignées par des autorités différentes. Pour pallier à cet inconvénient, l’on
peut recourir à la formule des commissaires du Gouvernement.
B. Représentation du personnel.
B. Mandat.
Les administrateurs sont nommés pour un mandat limité dans le temps. Selon
l’article 7 de la loi susvisée, la durée de ce mandat est de cinq ans, mais
renouvelable. Ils peuvent être relevés de leurs fonctions pour faute constatée dans
leur gestion, et leur mandat peut aussi prendre fin par suite de décès, démission
volontaire, limite d’âge (60 ans) ou d’ancienneté (30 ans de service) [art.8 de la loi de
1978].
Un administrateur nommé en remplacement d’un autre ne demeure en fonction
que pendant le temps restant à courir sur le mandat de son prédécesseur (Cf le
même article 8).
C. Rémunération.
Elle peut être réglée, selon les cas, sous forme de jetons de présence ou de
tantième ou d’une rémunération fixe perçue mensuellement. Aux termes de l’article
16 de la loi de 1978, « les membres du Conseil d’Administration reçoivent à titre de
jetons de présence, une allocation fixe dont le montant est déterminé par le
Président de la République », à charge de l’entreprise.
D. Responsabilité.
La mise en jeu de la responsabilité des membres du Conseil d’Administration
combine les règles de droit public et de droit privé. Le droit public s’applique au
régime disciplinaire, ex : un administrateur peut encourir la sanction disciplinaire de
révocation s’il s’est conduit ouvertement d’une façon incompatible avec sa qualité,
par ex : s’il s’oppose ou critique la politique du Gouvernement dans l’entreprise.
Le droit privé s’applique à la responsabilité civile que les administrateurs peuvent
engager selon les règles du droit commun des sociétés. Mais, cela dépend surtout
des pouvoirs effectifs qui peuvent être dévolus aux administrateurs dans la gestion
de l’entreprise. Au Congo, la situation de droit public dans laquelle se trouvent placés
les administrateurs a été renforcée par la loi n°73 / 017 du 5 janvier 1973 qui,
modifiant et complétant la section II du Code pénal a étendu aux administrateurs
l’application des dispositions du Code pénal relatives aux détournements et
concussions commis par des personnes revêtus de mandat public ou chargées d’un
service ou d’une mission de l’Etat ou d’une société étatique.
L’article 35 de la loi de 1978 confirme cette responsabilité, cependant que l’article
38 énumère les cas où elle peut être engagée, aussi bien pour les membres du
Conseil d’Administration que pour ceux du comité de gestion. Les cas retenus sont
les suivants :
Employer les fonds de l’entreprise pour des destinations non
conformes à l’objet social de celle-ci ou pour des intérêts
personnels ;
Présenter ou publier un bilan et un compte des profits et pertes
sciemment inexacts en vue de dissimuler la situation véritable de
l’entreprise ;
Procéder à des affectations fictives de l’excédent des recettes ;
Utiliser les biens ou le crédit de l’entreprise contre l’intérêt de
cette dernière dans un but personnel ou pour favoriser une autre
entreprise dans laquelle ils ont un intérêts personnel ;
S’approprier des biens de l’entreprise à quelque titre que ce soit.
S / Chapitre 2 : Fonctionnement et pouvoirs du Conseil d’administration.
Section 1. Réunions et délibérations.
Plusieurs modalités peuvent être envisagées en ce qui concerne la périodicité des
réunions, leurs convocations, la préparation de l’ordre du jour, la désignation des
personnes qui peuvent y prendre part, les modalités de vote, de quorum etc.
En règle générale, on applique le droit commun avec cependant possibilités
d’adaptation. La loi cadre de 1978 prévoit dans son article 12 que le Conseil
d’Administration se réunit sur convocation de son président ou, en cas
d’empêchement de ce dernier, sur celle de son délégué, chaque fois que l’intérêt de
l’entreprise l’exige et chaque fois que la demande en a été faite, par écrit, soit par la
moitié des administrateurs en exercice, soit par l’autorité de tutelle.
Mais, dans tous les cas, il se réunit au moins une fois tous les deux mois. Les
convocations contenant l’ordre du jour, doivent parvenir aux administrateurs, en
principe, huit jours au moins avant la date de la réunion. Le quart au moins des
administrateurs ou l’autorité de tutelle peuvent faire inscrire un point à l’ordre du jour,
mais à condition d’adresser leurs propositions par écrit au président, quinze jours au
moins avant la date de la réunion.
Tout administrateur peut, par simple lettre ou par télégramme donner à l’un de ses
collègues pouvoirs de le représenter à une séance du Conseil d’Administration et d’y
voter en son nom, mais aucun mandataire ne peut représenter plus d’un
administrateur (art.13).
Le Conseil d’Administration ne peut valablement délibérer que si la moitié au
moins de ses membres est présente ou représentée, et ses décisions sont prises à la
majorité absolue des présents ou représentés, avec, bien entendu, prépondérance
de celle du Président en cas de partage des voix (art.14).
Le Conseil d’Administration a les pouvoirs les plus étendus pour poser tous les
actes d’administration et de disposition en rapport avec l’objet social de l’entreprise.
Section 2. Incompatibilités.
Section 5. Responsabilité.
Titre 3
Régime du personnel.
Cette différence tient compte des sources même du régime juridique du personnel.
Mais, il convient de noter que l’existence ou la non-existence d’un statut n’a pas
d’influences sur la qualification du personnel. Ces observations générales données,
le régime du personnel des entreprises publiques peut être étudié autour des deux
points principaux, à savoir : les rapports individuels du travail et les rapports
collectifs du travail.
Chapitre 2 : Rapports individuels du travail.
Les règles générales relatives à l’organisation sont fixées par les articles 23 et 24
de la loi du 6 janvier 1978.
Section 1. Recrutement du personnel.
Le recrutement du personnel s’effectue soit selon les règles du droit commun,
c'est-à-dire du Code du travail ; soit selon les modalités du statut des agents publics.
Le cadre et le statut du personnel de l’entreprise publique sont fixés par le Conseil
d’Administration sur proposition du Comité de gestion.
Le statut détermine, notamment, les grades, les conditions de recrutement, la
rémunération, les règles d’avancement, la discipline, les voies de recours. Il est
soumis à l’approbation de l’autorité de tutelle.
Le personnel de l’entreprise publique, exerçant un emploi de commandement, est
nommé, affecté, promu et le cas échéant, licencié, révoqué par le Conseil
d’administration sur proposition du Comité de Gestion, tandis que le personnel de
collaboration et d’exécution est nommé, affecté, promu, et, le cas échéant, licencié,
révoqué par le Délégué général.
Section 2. Rémunération.
C. Responsabilité disciplinaire.
On applique ici le droit commun et éventuellement certaines règles particulières.
Chapitre 3 : Rapports collectifs du travail.
Commençons par remarquer que le régime des conventions collectives peut être
applicable dans les entreprises publiques, dans la mesure où leur statut n’est pas
législatif ou réglementaire. Dans ce cas, c’est le statut qui tient lieu de convention
collective qui lie l’entreprise à son personnel, ou alors le statut se combine avec la
convention collective (ex : SNEL).
Cela dit, les rapports collectifs du travail peuvent être étudiés à propos de la
participation du personnel à la gestion des entreprises et à propos de l’exercice du
droit de grève.
Etant donné que les opérations des entreprises publiques s’effectuent suivant les
mêmes méthodes et usages que dans les entreprises privées industrielles ou
commerciales, elles sont régies de ce fait par les statuts des commerçants et sont
assujettis aux obligations fiscales qui en découlent.
Section 1. Statut de commerçant.
Pas de doute pour les sociétés d’économie mixte ou pour les entreprises qui
seraient organisées sous forme de sociétés nationales.
Cependant, il faut signaler que certaines sociétés d’économie mixte peuvent agir
soit comme des bureaux d’études mis à la disposition, soit d’autres sociétés, soit des
administrations, soit des particuliers et cela sans que leurs activités puissent
répondre au critère de l’activité commerciale.
On peut alors considérer qu’elles exercent une profession libérale, sauf si elles
agissent comme mandataire salarié ou comme sous-traitant. Le problème se pose à
propos des établissements publics en particulier et toutes les entreprises publics en
général. Sont-ils commerçant ?
Une réponse de principe semble être difficile à donner. D’où il importe de se
référer aux éléments concrets qui peuvent se déduire de l’application du statut et
surtout aux conséquences pratiques qui en découlent. Ces éléments sont les
suivant :
A. Existence d’un fonds de commerce.
II. La faillite.
Une entreprise publique, peut-elle être mise en faillite ?
Sur le plan théorique, certains l’admettent pour ce qui concerne
les entreprises publiques ayant la forme de sociétés et pour les
sociétés d’économie mixte. Mais, la question paraît délicate en ce
qui concerne les établissements publics et nous affirmons que la
faillite doit, en tout cas, être exclue à l’égard des établissements
publics qui exploitent un service public.
Les entreprises peuvent acquérir des biens par divers procédés de droit commun :
dons, legs, achats etc., ou par des procédés d’exception telle que la réquisition,
l’expropriation, des servitudes spéciales qui ne comportent pas des biens mais des
droits immobiliers qui sont parfois un élément important dans l’activité de
C. Responsabilité.
Elle concerne les dommages causés aux tiers par les travaux publics ou ouvrage
appartenant à l’entreprise.
A. L’autonomie financière.
II. Emprunts.
Il peut s’agir des crédits consentis soit directement, soit par l’entremise
d’organismes financiers de l’Etat ou par des organismes financiers privés, avec la
garantie de l’Etat (ex : garantie d’intérêts).
B. Participation à la réalisation de la politique économique de l’Etat.
Les entreprises publiques peuvent être appelées à jouer un rôle important dans la
réalisation du plan économique. Elles peuvent alors solliciter et obtenir des prêts
spéciaux ou une aide financière spéciale.
Par ailleurs, l’Eta peut se servir des entreprises publiques pour réaliser un certain
contrôle des prix pratiqués sur les marchés et aboutir ainsi à une certaine
stabilisation, bref pour réaliser une certaine politique commerciale.
Titre 5
Contrôle des entreprises publiques.
B. Le contrôle financier.
Il est normalement exercé par le département des finances par l’intermédiaire des
inspecteurs des finances et par les Commissaires aux comptes. Il faut préciser qu’en
matière de contrôle financier des entreprises publiques, ce sont les Commissaires
aux comptes qui jouent le rôle le plus déterminant. D’où nous allons nous arrêter un
peu plus sur les Commissaires aux comptes.
I. Le collège des Commissaires aux comptes.
Le collège des commissaires aux comptes est le troisième organe des structures
organiques prévues par la loi-cadre de 1978 (article 5). Nous allons étudier la
composition du collège des commissaires aux comptes, le statut des Commissaires
et leurs pouvoirs.
a. Composition.
La loi prévoit, par entreprise, deux commissaires aux compte et quatre au
maximum.
b. Statut des Commissaires aux comptes.
Les Commissaires aux comptes sont nommés par le Président de la République
pour une durée de deux ans, renouvelables, et peuvent être relevés de leurs
fonctions par le Président de la République pour une faute constatée dans
l’exécution de leur mandat (art.26 de la loi de 1978). Leur rémunération est fixée par
le chef de l’Etat sur proposition de l’autorité de tutelle, mais laissée à charge de
l’entreprise.
Le collège des Commissaires aux comptes des entreprises publiques est placé
sous la coordination du Conseil Permanant de la Comptabilité au Congo, en sigle
« C.P.C.C ». Il est constitué des agents du Conseil Permanent de la Comptabilité au
Congo et de l’inspection Générale des Finances (voir article 26 bis, 26 ter ajouté à
l’article 1e de l’O-L n°89/051 du 17 septembre 1989 modifiant et complétant le
chapitre V de la loi de 1978. En ce qui concerne la responsabilité, il convient de se
référer à ce que nous avons dit à propos des administrateurs et des membres du
Comité de Gestion.
C. Pouvoirs.
Le collège des Commissaires aux comptes a les pouvoirs les plus étendus en
matière de contrôle financier des entreprises publiques. Ils bénéficient en effet, seuls
ou en collège, d’un droit illimité de surveillance et de contrôle sur toutes les
opérations de l’entreprise. A cet égard, ils ont mandat de vérifier les livres, la caisse,
le portefeuille et les valeurs de l’entreprise, de contrôler la régularité des inventaires
et des bilans ainsi que l’exactitude des informations données sur les comptes de
l’entreprise dans les rapports du Conseil d’Administration. Ils ont le pouvoir de
prendre connaissance, sans les déplacer, des livres, de la correspondance, des
procès verbaux et généralement de toutes les écritures de l’entreprise.
Si au niveau du contrôle, les commissaires aux comptes peuvent agir parfois seuls,
il leur est cependant interdit de prendre seuls une décision.
La Cour des comptes repose sur deux lois, toutes promulguées en 1987 : l’une sur
son organisation et l’autre relative à la procédure. Et à celles là, il faut ajouter une
autre loi de la même année : celle sur le statut des magistrats de la Cour des
Comptes.
Sans plus tarder, voyons successivement la composition, l’organisation, le
fonctionnement, la compétence, la procédure et le statut des magistrats.
A. Composition.
La Cour des comptes est composée d’un Président, des vice-présidents et des
Conseillers. Les membres de la Cour des comptes ont la qualité de magistrats. Ils
sont régis par un statut particulier.
Le rôle du Ministère Public est assuré par un Procureur Général, assisté d’un ou
de plusieurs Avocats Généraux.
audiences solennelles sont publiques. Elles ont lieu normalement pour l’installation
des magistrats. La Cour siège toutes sections réunies dans les cas suivants :
Pour examiner et arrêter le compte général de l’Etat ;
Pour se prononcer sur des questions de procédure ou de
jurisprudence ;
Pour connaître des affaires qui lui sont déférées directement par
le Président, sur renvoi d’une section, à la requête du Ministère
Public ou sur renvoi après cassation.
Le Comité des rapports est chargé de la préparation et de l’approbation des
rapports prévus par les lois et règlements relatifs à la Cour des comptes.
D. Compétence de la Cour des comptes (art.21).
La Cour des comptes dispose d’un pouvoir général et permanent de contrôle de
gestion des finances et des biens publics ainsi que de ceux de tous les
établissements publics définis à l’article 3 de la présente ordonnance-loi (art.21).
A ce titre, elle est chargé notamment :
La Cour des Comptes vérifie la régularité de versement des recettes dues à l’Etat
ainsi que celle des dépenses.
Elle a le pouvoir de contrôler tout organisme qui n’est pas assujetti aux règles de
la comptabilité publique et qui reçoit un concours financier de l’Etat ou de tout autre
service public.
L’organisme en question tient un compte d’emploi à la disposition de la Cour. Mais,
il faut préciser que, dans ce cas, la vérification se limite au compte d’emploi.
La Cour des comptes surveille le remboursement des sommes dues à l’Etat au
titre des prêts et des garanties d’emprunts.
En matière de marché public, la Cour des Comptes examine la légalité et la
régularité des marchés publics de travaux et de fournitures de biens et services de
l’Etat et des organismes visés par la loi (art.3). A cet effet, il est fait obligation à
l’autorité adjudicatrice ou à l’autorité de tutelle, selon le cas, de transmettre à la Cour
un exemplaire du dossier du marché dans le mois de la signature. Elle surveille
l’annulation des marchés et l’application des pénalités prévues par la loi, lorsqu’il est
établi que les marchés sont contraires à la loi ou portent préjudice à l’Etat.
La Cour des Comptes arrête les sommes à recouvrer à charge des ordonnateurs
délégués, lorsqu’ils ont engagé les crédits en violation de la loi ou lorsque le Trésor
en a subi préjudice.
Elle peut leur infliger une amende qui n’excède pas la moitié de leur traitement et
proposer leur suspension ou leur destitution.
La Cour des comptes apure les comptes des comptables publics et établit par des
arrêts définitifs qu’ils sont quittes ou en débet. Dans le premier cas, elle leur accorde
le quitus de leur gestion, dans le second, elle les condamne à solder leur débit dans
le délai qu’elle prescrit.
Une expédition de l’arrêt est adressée pour exécution au Ministre des Finances s’il
s’agit d’un compte qui intéresse l’Etat, ou à l’autorité de tutelle dans le cas d’un
établissement public. Et la Cour doit être informée de l’exécution.
Chaque trimestre, la Cour des comptes vérifie sur place les pièces justificatives
des recettes et des dépenses effectuées au titre du budget général, des budgets
annexes ainsi que ceux des entités décentralisées.
La Cour des Comptes établit chaque année un rapport sur la gestion des finances
et des biens publics. Ce rapport est adressé au Président de la République et au
Parlement.
Le projet de loi portant arrêt des comptes pour l’exercice budgétaire écoulé est
accompagné des observations et considérations de la Cour.
Le Président de la République ou le Parlement peut demander à la Cour des
comptes de procéder à tout contrôle de la gestion des finances et des biens publics.
La Cour publie chaque année un rapport public.
La Cour des comptes se prononce soit par des arrêts provisoires, soit par des
arrêts définitifs. Les arrêts provisoires interviennent dans le cas où la Cour constate
des irrégularités, une dépense non ou insuffisamment justifiée, ou une recette non
recouvrée.
Ils ont pour objet d’ordonner au comptable de présenter ses justifications par écrit
ou, à défaut, de reverser les sommes correspondantes dans le délai qu’elle
détermine. Ce délai, qui ne peut pas être inférieur à deux mois, court à dater de la
notification de la décision au comptable. Les arrêts définitifs interviennent lorsque la
Cour ne retient aucune charge à l’endroit du comptable, ou lorsque les réponses
fournies par le comptable ne sont pas satisfaisantes.
En d’autres termes, les arrêts définitifs ont pour objet de déclarer le comptable,
soit quitte, soit en débet. Dans le premier cas, la Cour prononce la décharge
définitive ; dans le second, elle arrête le montant du débet dès la notification et cela,
nonobstant tout recours accordé par la Cour jusqu’à décision définitive sur le recours.
La Cour des comptes dispose des pouvoirs très larges en matière de contrôle. Elle
organise des contrôles sur place ou sur pièces. Elle a le droit de se faire
communiquer tous documents, pièces, renseignements et éclaircissements qu’elle
voudrait obtenir en ce qui concerne les recettes ou les dépenses de l’Etat et de tous
les organismes soumis à son contrôle.
Elle a accès à tous lieux, peut citer et entendre toutes personnes susceptibles de
l’aider dans l’accomplissement de sa mission. Elle peut correspondre directement
avec les services et établissements publics ainsi que toutes personnes susceptibles
de comptabilité envers l’Etat.
Aucune obligation de secret professionnelle n’est opposable aux magistrats et aux
agents de la Cour à l’occasion de leurs investigations.
La gestion de fait est une situation qui peut conduire la Cour des Comptes à
déclarer une personne comptable de fait. Elle est conçue spécialement dans le chef
des autorités politiques et administratives ainsi que des responsables des
établissements publics. Ceux-ci sont tenus de communiquer au Procureur Général
près la Cour des Comptes les gestions de fait qu’ils relèvent dans leurs services et le
Procureur Général saisit la Cour qui, du reste, peut aussi se saisir d’office des
gestions de fait, qu’elle peut découvrir elle-même.
Après examen du dossier, la Cour peut soit déclarer l’absence de gestion de fait
ou retenir la gestion de fait. Dans ce dernier cas, elle enjoint par arrêt provisoire, le
comptable de fait de produire son compte appuyé des pièces justificatives dans le
délai qu’elle prescrit, lequel ne peut excéder deux mois. Si le comptable de fait
satisfait aux injonctions de la Cour dans le délai imparti, la gestion est alors
confirmée par la Cour qui rend un arrêt définitif statuant sur le compte.
Dans le cas où le comptable de fait écrit des réserves sur l’arrêt provisoire, la Cour
examine les moyens invoqués et si elle les rejette, elle renouvelle son injonction au
comptable de fait de produire le compte et les pièces justificatives.
Si la Cour ne reçoit pas de réponse dans le délai imparti, elle statue d’office à titre
définitif.
Lorsqu’une gestion de fait met en cause plusieurs personnes, elles sont déclarées
conjointement et solidairement responsables et sont tenues de produire un compte
unique. La solidarité peut porter sur tout ou une partie de la gestion de fait, suivant la
participation de chacune aux opérations.
La Cour des comptes examine les pièces justificatives des recettes et des
dépenses effectuées au titre du budget et des budgets annexes de l’Etat et des
entités décentralisées.
Pour lui permettre d’accomplir cette mission, les ordonnateurs délégués sont
tenus de lui faire parvenir :
Dans le dernier mois de chaque trimestre, les situations des
dépenses engagées revêtues du visa du contrôleur des
dépenses engagées ;
En cette matière, la Cour des comptes est saisie d’office, soit par le Procureur
Général ou à l’initiative des autorités politiques et administratives pour les fautes
relevées à charge des personnes placées sous leur autorité, tutelle ou contrôle en
conformité avec les lois et règlements qui les régissent.
La Vice-président désigne un Conseiller-rapporteur pour examiner le dossier et lui
faire un rapport qu’il transmet au Président. Si le rapporteur estime qu’il y a des
charges à retenir, le Président communique ce rapport au Procureur Général pour
ses conclusions dans les 15 jours.
Dans le cas contraire, il peut proposer le classement sans suite au Vice-président
et au Procureur Général. La proposition de classement sans suite est transmise,
avec avis du Vice-président et du Procureur Général, à l’autorité dont dépend la
personne mise en cause ainsi qu’à celle-ci.
En cas des charges retenues, l’intéressé est avisé par lettre recommandée avec
accusé de réception. Il peut prendre connaissance du dossier à la Cour,
personnellement ou par l’entremise d’un mandataire. Il dispose d’un délai d’un mois
pour produire sa réponse à la Cour. Les audiences se déroulent à huis clos.
Enfin, il importe de noter que les fautes de gestion définies à l’article 24 de l’O-L n°
87 / 005 ne peuvent plus être poursuivies à l’expiration d’un délai de 5 ans à compter
du jour où elles ont été commises (article 66 de l’O-L n° 87 / 031).
b. Incompatibilités.
c. Droits et devoirs.
Parmi les devoirs qui incombent aux membres de la Cour des Comptes, on peut
épingler les suivants :
Les membres de la Cour des Comptes ont droit aux traitements, indemnités et
autres avantages déterminés par le Président de la République. Leur rémunération
comprend le traitement, les prestations familiales et tous autres indemnités, primes
ou avantages reconnus par l’O-L fixant leur statut ou autres lois et règlements.
Et au titre de primes, l’article 15 de leur statut précise qu’ils ont droit aux frais de
représentation, à la prime de diplôme et à celle des risques professionnels. En sus
des avantages d’ordre matériel, les membres de la Cour des Comptes ont aussi droit
à la protection contre les menaces, attaques, injures ou diffamations dont ils peuvent
être l’objet, et ce, conformément aux dispositions du Code pénal et des lois spéciales
en vigueur.
d. Régime disciplinaire.
1) Causes.
La carrière d’un membre de la Cour des comptes peut prendre fin pour plusieurs
causes, notamment la révocation, la démission, le décès et la mise à la retraite.
2) Effets.
Les effets sont tributaires de la manière dont la carrière a pris fin. Ils consistent
dans l’octroi d’un certain nombre d’avantages d’ordre matériel ou d’ordre moral.
La pension de retraite.
La pension de retraite peut intervenir soit par anticipation, soit à la limite d’âge ou
à l’ancienneté.
- La retraite anticipée intervient lorsque le Magistrat a atteint l’âge de 50
ans ou lorsqu’il a accompli une carrière de 20 ans.
- La retraite à la limite d’âge a lieu dans le cas où le Magistrat a atteint
l’âge de 55 ans.
- La retraite par ancienneté intervient lorsque le Magistrat a accompli une
carrière de 30 ans de service ininterrompu.
Dans ces trois hypothèses, la pension de retraite est égale aux deux tiers du
dernier traitement annuel d’activité.
Pension d’inaptitude.
La pension d’inaptitude intervient lorsque le Magistrat est reconnu définitivement
inapte à continuer ses services ou à les reprendre ultérieurement et cela à condition
que l’inaptitude résulte d’une maladie professionnelle ou d’un accident de travail,
d’une maladie non professionnelle ou d’un accident autre qu’un accident de travail.
Dans les deux premières hypothèses, la pension est accordée, quelle que soit la
durée de la carrière, tandis que dans les deux dernières, elle n’est octroyée que si
l’intéressé compte au moins dix ans de carrière.
La pension d’inaptitude est exclue dans tous les cas où l’inaptitude résulte d’un
risque auquel le Magistrat s’est volontairement exposé ou si elle est imputable au
refus ou à la négligence de l’intéressé de se soumettre à un traitement médical
préventif.
Allocation de fin de carrière.
L’allocation de fin de carrière est octroyée au Magistrat qui, pour une cause autre
que le décès, la démission d’office ou la révocation, cesse définitivement ses
services après une carrière d’au moins dix ans.
Du point de vue moral, les membres de la Cour des Comptes peuvent bénéficier
de l’éméritat et de l’honorariat.
L’éméritat est accordé à un Magistrat qui a atteint l’âge de 55 ans et qui a
accompli au moins 15 ans d’activités ininterrompues en qualité de Magistrat. Ceci
sous-entend que l’éméritat ne sera pas accordé si par exemple, de ces quinze
années d’activités, deux ont été accomplies dans un autre secteur d’activités, public
ou privé.
En cas de l’éméritat, la pension de retraire est égale au dernier traitement
d’activités qui, le cas échéant, pourra être revalorisé. Ce qui revient à dire que le
magistrat admis à l’éméritat bénéficiera chaque fois de mêmes réajustements des
traitements que les magistrats en activités de service.
L’honorariat est le droit pour un ancien Magistrat de porter après la cessation
définitive de ses fonctions, le titre de son dernier grade au moment où intervient la fin
Les techniques utilisées ici sont celles qui vont du contrôle exercé sur les
professions organisées en passant par le moyen de l’autorisation conditionnée.
I. Contrôle sur les professions organisées.
Certaines activités exercées par des particuliers sont d’une importance sociale
telle que l’Etat ne peut pas se passer de les assujettir à un certain contrôle. C’est le
cas, par exemple des banques d’affaires.
L’Etat peut exercer son contrôle en nommant un représentant dont la mission
serait précisément d’exercer un contrôle permanant sur l’établissement (ex : BCC).
En vue de rendre cette mission plus efficiente, on peut concevoir que le
représentant de l’Etat soit assisté d’un comité de contrôle composé de lui-même, des
représentants syndicaux et ceux des organismes financiers publics (ex : Banque du
Congo) ou semi-public (ex : SOFIDE). Les documents essentiels doivent lui être
communiqués et il doit disposer d’un droit de veto contre toute mesure qui serait
contraire à l’intérêt national.
b. Contrôle technique.
C’est par le procédé de l’établissement public que l’Etat ou les autres collectivités
publiques assurent ordinairement la gestion d’un service économique.
L’établissement public qui est doté de la personnalité juridique agit dans le domaine
économique en son nom, mais pour le compte de l’Etat ou d’une collectivité
territoriale à laquelle il est rattaché.
L’intervention de l’Etat ou de la collectivité de rattachement reste extérieure, ce qui
signifie que le contrôle se trouve séparé de l’action. En cette matière, le principe
général est que tous les établissements publics restent soumis au contrôle supérieur
I. Le but de la tutelle.
La production au moindre coût et le rendement le plus élevé possible, tels sont les
objectifs que poursuit normalement la gestion d’une entreprise. Cette recherche de
l’efficacité, loin d’être l’apanage de la seule entreprise privée, est au contraire
commune à l’entreprise capitaliste à l’entreprise publique ou à l’entreprise national, et
elle n’affecte en rien le mobile théorique de l’activité qui est le profit ici et l’intérêt
général là.
Or, les techniques du droit privé ont précisément pour but au moins supposé,
d’assurer cette efficacité. En conséquence, la surveillance d’une entreprise publique
ou nationale peut s’effectuer dans un cadre de droit privé.
Le recours aux modes de gestion publique ou aux modes de gestion privée n’est
pas fonction de la recherche plus ou moins grande de l’intérêt général, car dans les
deux cas celui-ci reste l’objectif essentiel. Il n’est donc pas incompatible de faire une
large application des procédés du droit privé aux établissements publics industriels et
commerciaux.
L’Etat peut exproprier les capitalistes, non seulement de leurs entreprises mais
aussi de leurs expériences et de leurs recettes. Il n’est pas interdit que l’Etat se
comporte à l’égard des entreprises publiques comme un actionnaire ou un
propriétaire de droit commun. Au surplus, l’adoption de la gestion privée peut
répondre à la volonté de confier le pouvoir dans l’entreprise à la compétence
technique plutôt qu’à l’Administration. Le statut des sociétés par action passe sans
doute pour être le plus propre à permettre une gestion aussi autonome que possible.
L’ossature de la société par action est constituée par trois organes : de gestion, de
contrôle et de délibération. Le contrôle est assuré par un corps des contrôleurs
appelés commissaires aux comptes, et par les assemblées générales ordinaires. De
nature essentiellement interne, ce contrôle doit fonctionner dans l’intérêt des
actionnaires.
I. Les commissaires aux comptes.
Les commissaires aux comptes qui constituent l’organe de contrôle sont nommés
par l’assemblée générale des actionnaires pour une durée déterminée. Pour éviter
des collusions entre les contrôleurs et les contrôlés, c'est-à-dire les administrateurs,
des précautions peuvent être prises par le législateur, par exemple en interdisant au
commissaires de devenir administrateurs dans les sociétés qu’ils contrôlaient dans
un délai à compter de la cessation de leurs fonctions de contrôleurs, par exemple un
délai de cinq (5) ou six (6) ans.
En tant que mandataires de la société, c’est sur leur patrimoine qu’ils répondent
de leurs fautes personnelles. Ils sont placés sous la dépendance complète de
l’organe délibérant (l’Assemblée Générale).
L’activité des commissaires est essentiellement comptable. Ils ont la faculté
d’opérer à tout moment et bénéficient des pouvoirs très larges. Ils vérifient la
comptabilité des administrateurs et se portent garants de son exactitude, mais leur
intervention s’effectue toujours a posteriori. Ce qui laisse aux gérants toute la liberté
d’action et d’initiative, mais dans la limite des impératifs légaux. Comme on le voir, il
n’existe donc pas de confusion entre le contrôle et la direction dont les organes
respectifs sont nettement précisés et dotés de fonctions définies.
Il convient de noter toutefois que tout en se portant essentiellement sur les
résultats financiers, ce contrôle ne se limite pas à cet aspect. Les commissaires
doivent en effet, faire un rapport sur toute convention passée par la société avec un
membre du Conseil d’Administration de celle-ci. C’est au moins autant un contrôle
d’opportunité qu’un contrôle de régularité.
C’est l’organisme supérieur du contrôle. C’est elle qui nomme et révoque les
administrateurs, et ce pouvoir lui confère un droit de surveillance sur leur action.
C’est elle qui doit se prononcer sur leur gestion au vu du rapport rédigé par les
commissaires aux comptes. Après vérification de ce rapport, elle leur accorde le
quitus pour l’exercice écoulé ou, au contraire, les démet de leurs fonctions en cas de
faute.
Section 3. Les sanctions de contrôle.
Il existe ici deux types de sanctions, l’un d’origine légale, l’autre d’origine
économique. Les mécanismes légaux visent à écarter un administrateur indélicat :
celui-ci engage sa responsabilité pénale et civile dans les conditions du droit
commun. Les commissaires aux comptes peuvent prendre l’initiative de le faire
révoquer. Les mécanismes de l’économie libérale fournissent un système de
récompenses et de sanctions qui, à l’inverse des précédents, sont spontanés et sont
commandés par l’idée de profit.
Le marché, dans l’hypothèse théorique de libre concurrence, tend à rapprocher le
prix de revient et le prix de vente. C’est donc une sanction indirecte mais efficace. En
effet, une société bien administrée obtient une prime sous l’aspect des bénéfices
qu’elle retire de ses ventes de biens ou de services, une mauvaise administration du
patrimoine social au contraire, entraîne des pertes pour celui-ci, et éventuellement
pour celui des gérants.
Le contrôle suprême est en définitive assuré par le client ; sa sanction est la faillite.
Mais, c’est une punition qui frappe la victime de la mauvaise gestion plutôt que la
coupable.
L’utilisation des contrôles de droit privé pour surveiller une entreprise publique
permettrait ainsi d’assurer la mise en jeu de la responsabilité personnelle des
administrateurs auxquels appartient la réalité du pouvoir de décision. Mais, elle
suppose un maintien des conditions théoriques du marché capitaliste, sans
lesquelles les sanctions disparaissent.
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