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de Lecture et d’Evaluation :
Luc Boyer Aline Scouarnec
Directeur de Publication Rédacteur en Chef,
Université de Paris-Dauphine Université de Caen
Jean-Paul Aimetti, CNAM, Paris
Michel Albouy, Université de Grenoble 2
David Alis, Université de Rennes 1
Olivier Badot, ESCP-EAP
Isabelle Barth, Université de Metz
Chaik Bentaleb, Université de Marrakech, Maroc
Michelle Bergadaà, Université de Genève, Suisse
Charles-Henry Besseyre des Horts, HEC
François Blanc, Université de Paris 1
Françoise Dupuich-Rabasse, Groupe Esc Rouen
Frank Bournois, CIFFOP
André Boyer, Université de Nice
Joel Brée, Ecole Doctorale Economie-Gestion Normandie
Louise Cadieux, Université du Québec, Canada
Jean-Luc Cerdin, Essec
Jacques Colin, Université d’Aix Marseille 2
Christian Defélix, Université de Grenoble 2
Eva Delacroix, Université de Paris Dauphine
Pierre Desmet, Université de Paris Dauphine
Jean-Yves Duyck, Université de La Rochelle
Marc Filser, Université de Bourgogne
Patrick Hetzel, Recteur de l’Académie de Limoges
Joan Mundet Hiern, Université de Barcelone, Espagne
Jacques Igalens, Université de Toulouse 1
Jean-Marcel Jammet, Directeur INSEEC, Paris
Patrick Joffre, Université de Caen
Michel Kalika, Université de Paris Dauphine
Pierre Louart, Université de Lille 1
Michel Marchesnay, Université Montpellier 1
Patrick Micheletti, Euromed Marseille
Jacques Orsoni, Université de Corte
Gilles Paché, Université de Montpellier 1
Jean-Marie Peretti, Université de Corte
François Pichault, Université de Liège, Belgique
Didier Retour, Université de Grenoble 2
Philippe Robert Demontrond, Université de Rennes 1
François Silva, CNAM, Paris
Jean-Claude Tarondeau, Université de Nanterre
Maurice Thévenet, CNAM, Paris
Eric Vatteville, Université de Rouen
Sylvain Wickham, Economiste, ISMEA
Zahir Yanat, Bordeaux Ecole de Management
Véronique Zardet, Université de Lyon 3
La Revue Management et Avenir a été créée en 2004 puis développée par l’INSEEC ceci
ain d’encourager la recherche universitaire en créant un nouvel outil à cet effet. La Marque
Management et Avenir est une marque déposée auprès de l’INPI par la société O&D.
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Sommaire
Page 3 Editorial
Luc Boyer
Page 9 Le management de la réputation chez Sernam : application
du modèle IPS
Philippe Boistel
Page 27 Impact du conlit intergénérationnel sur la relation à l’entreprise
et au travail : proposition d’un modèle.
François Grima
Page 43 Comment gérer les compétences dans les situations de
fusions-acquisitions ? Une étude de cas dans le domaine de
l’audit inancier et iscal.
Pierre-Yves Sanséau et Mohamed Matmati
Page 59 Diversité des référents culturels dans l’organisation :
comment optimiser la rencontre des cultures ?
Marie-Amélie Garcia
Page 79 De la polyphonie à la cacophonie : voix des voies du
commerce équitable.
Philippe Robert-Demontrond et Anne Joyeau
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Editorial
Jeux d’été.
Nombreux sont ceux, j’imagine, parmi nos lecteurs qui durant l’été essayent de «
repasser » tel ou tel diplôme (comme des baccalauréats en ligne)
L’exercice que je vous propose aujourd’hui pour le mois d’août est beaucoup
plus exigeant.
Comme vous le savez, le concours de recrutement des Professeurs d’Université
en Sciences de Gestion vient de se terminer. Commençons, comme il se doit,
par féliciter tous les candidats et bien sûr, particulièrement les 27 qui ont subi
avec succès les trois épreuves et accèdent, de ce fait, au rang magistral par la
voie dite royale. Félicitons aussi le dévouement et le travail du jury, qui sous la
Présidence du Professeur Pierre-Lois Dubois, a conduit les débats pendant de
longs mois.
Les sciences de gestion, au concours d’agrégation, sont réparties en 8 spécialités
:
- comptabilité et le contrôle
- inance
- marketing
- gestion des RH
- gestion de production et logistique
- gestion des systèmes d’information et communication
- gestion juridique et iscale
- management stratégique
Il y avait 93 inscrits répartis dans ces sections.
Nous voilà arrivé au « jeu » que je vous propose (certains d’entre nous connaissent
déjà cet exercice et pourront aisément le refaire ) : vous allez trouver ci-dessous
la liste exhaustive des sujets choisis par le jury et soumis aux candidats.
Bien entendu, il ne s’agit pas de vous mettre dans les conditions réelles du
concours : il vous faudrait quarante jours et vos congés n’y sufiraient pas, mais
d’imaginer quelle serait votre réaction et la ou les lignes directrices de votre
exposé.
Bonne chance :
- La gestion des risques de l’entreprise
- Est-il possible de gérer une entreprise démocratiquement ?
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A votre avis, méritez-vous de faire partie des 33 candidats qui ont franchi cette
deuxième épreuve ?
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Editorial
Luc Boyer
Directeur de Publication
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Formulaire d’abonnement
à la revue Management et Avenir
À retourner à :
Aline Scouarnec,
4 impasse Les Baronnies, 14 540 Soliers,
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(les références bancaires ou postales igurent sur la facture)
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Véronique Guilloux
Philippe Boistel Maître de Conférences
Maître de Conférences - IAE de Rouen - Université Paris XII LEA-irg
Université de Rouen veronique.guilloux@wanadoo.fr
Membre du Centre de Recherches et d’Etudes
en Gestion des Organisations
boistel.philippe@wanadoo.fr
Florence Laval
Maître de Conférences
CEREGE IAE de Poitiers
François Grima laval@iae.univ-poitiers.fr
Maître de Conférences en Sciences de gestion
Université Paris 12-IRG
grimaf2000@yahoo.com
Abdallah Thierno Diallo
Doctorant au CERMAT-Université de Tours
at.diallo@wanadoo.fr
Pierre-Yves Sanséau
Professeur à l’Ecole de Management de Henri Isaac
Grenoble Maître de Conférences
Chercheur à l’Université de Montréal CREPA Université Paris Dauphine
pierre-yves.sanseau@grenoble-em.com henri.isaac@dauphine.fr
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Le management de la réputation chez
Sernam : application du modèle IPS
Résumé
Le management de la réputation est au cœur des interrogations stratégiques
du 21e siècle. La mondialisation des économies, la médiatisation croissante
des entreprises, les questions de développement durable et d’éthique
montrent l’importance du concept. L’auteur a construit un modèle de
management de la réputation assis sur trois variables : l’identité, le
positionnement et le système d’offre. Pour l’illustrer, il l’applique à l’entreprise
Sernam qui depuis trois ans se reconstruit à partir du management de sa
réputation.
Abtract
The management of the reputation is in the heart of the strategic
interrogations of the 21e century. The globalization of the economies, the
increasing media coverage of the companies, the questions of durable
development and ethics show the importance of the concept. The author
has built a model of management of the reputation sitting on three variables:
identity, the positioning and the system of offer. To illustrate it, it applies it to
the Sernam company which for three years has been rebuilt starting from
the management of its reputation.
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Le management de la réputation chez
Sernam : application du modèle IPS
les clients. Cet aspect est essentiel car il est nécessaire à la création de liens
entre les salariés et les consommateurs.
Enin, selon les modèles, différentes identités sont indiquées, et parmi elles, se
retrouvent toujours l’identité actuelle et l’identité désirée. La dificulté de construire
une image ou une réputation favorable provient du décalage entre ces dernières.
Or, les modèles n’expliquent ni comment réduire l’écart, ni à quel moment il
convient de communiquer. De même, la vision identitaire prédominante dans les
modèles n’engendre-t-elle pas une vision trop centrée sur l’entreprise ?
Pour pallier à ces dificultés, il nous semble utile d’introduire un modèle tenant
compte des limites mises en évidence. L’objet de cet article est de présenter
un nouveau modèle de gestion de la réputation (le modèle IPS) qui permet à
l’entreprise de se constituer un avantage concurrentiel. Le modèle théorique
constitue la base de la première rélexion ; l’application à Sernam permet d’illustrer
le modèle dans un second temps.
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Le management de la réputation chez
Sernam : application du modèle IPS
Pour corriger les écarts enregistrés, des actions doivent être entreprises sur
le système d’offre. Il s’agira d’actions fortes sur la structure, les processus de
management, … des formations spéciiques doivent être entreprises dans un
double but : faire accepter le positionnement par les salariés, leur permettre
d’accroître leur compétence vers l’objectif de positionnement souhaité. A ce
stade, la communication interne doit être forte ain de faire adhérer les salariés au
positionnement retenu. S’il est possible d’intégrer les salariés dans la démarche
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C’est lorsque l’identité s’est déplacée vers le positionnement et qu’il n’y a plus
de différences majeures entre les deux variables que la communication externe
permet de se bâtir un avantage concurrentiel durable construit à partir d’une
image conforme à la réalité de l’entreprise. La réputation va alors se construire
sur des bases saines.
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Le management de la réputation chez
Sernam : application du modèle IPS
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structure.
2.1.1. Du service public...
Pour comprendre Sernam, il est important d’analyser la mission, l’identité,
le positionnement et le système d’offre tels qu’ils existaient à la naissance de
l’organisation.
La mission :
Avant 1970, les services généraux de la SNCF assurent le transport de colis
par rail de gare à gare puis par transporteurs jusqu’au domicile du destinataire.
Dans les années 1960, la baisse du fret marchandise liée à l’expansion des
transporteurs routiers conduit à la création en 1970 d’un service autonome au
sein de la SNCF : le Service National des Messageries (Sernam).
Sa mission est de transporter les colis par le réseau ferroviaire. Sernam est alors
un service public.
L’identité :
La valeur de service public constitue la trame centrale de l’identité en raison du
personnel et des dirigeants, tous issus de la SNCF. Celle-ci repose sur la culture
du service, la proximité et la recherche permanente de la satisfaction du client à
travers la qualité de la prestation. Malheureusement, si la satisfaction du client
est l’objectif recherché, elle se fait au détriment de l’équilibre inancier. Les prix
Sernam apparaissent être de l’ordre de 20% inférieurs au marché ; les volumes
transportés étant importants, la rentabilité ne l’est pas car les clients sont facturés
à un prix égal ou supérieur au coût de revient.
Le positionnement :
Le positionnement repose sur la place de leader français de la messagerie Sernam,
c’est un service de la SNCF, la proximité avec le client (un réseau de distribution
incomparable), la performance du service (une organisation performante dans
toute la France, dans les meilleures conditions de rapidité) et l’adaptation aux
besoins de la clientèle (des solutions adaptées à chaque situation). L’image
Sernam est mêlée de proximité, de disponibilité et de recherche de satisfaction à
partir de services que l’entreprise ne cherche pas à valoriser sur le plan du prix.
Le système d’offre :
Sernam (leader français) a un système de décisions fortement centralisé. Cette
structure hiérarchique pyramidale conduit à une insufisante responsabilisation
des salariés. Le plan de transport est lié à l’appartenance à la SNCF (45
succursales, 185 centres d’exploitation, 1500 wagons, 400 camions et 3000
véhicules de livraison). Le service s’appuie sur la SNCF en utilisant le TGV et
l’ensemble du réseau ferroviaire et à l’international les trains, les avions, les
camions et les bateaux.
Les emplacements proches des gares coûtent chers, puisqu’ils sont situés
en ville, et apparaissent peu adaptés aux contraintes actuelles des transports
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Le management de la réputation chez
Sernam : application du modèle IPS
1 Official Journal of the European Union, (2003), « State Aid – France : Sernam 2 : Revision of restructuring aid », C182/2, 1.8.2003
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ancien , la vétusté des installations, des camions trop souvent sales, un accueil
téléphonique médiocre… En 2002, les dirigeants mettent en place tout un
ensemble de mesures dans le but de construire une réputation favorable assise
sur une notoriété exceptionnelle ain de rétablir les équilibres inanciers.
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Le management de la réputation chez
Sernam : application du modèle IPS
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Le management de la réputation chez
Sernam : application du modèle IPS
L’objectif de tenir les engagements vis-à-vis des clients constitue l’une des
valeurs fondamentales du projet d’entreprise. Pour cela, Sernam s’appuie sur
des produits différenciés, une refonte du traitement des colis qui passe par
l’absence de rétention dans les agences de départ et dans les hubs (politique des
quais vides), une distinction des colis par des étiquettes symbolisant l’urgence
de livraison. Mais pour respecter l’idée de « respect absolu », le SAV est devenu
SRC (Service Relation Client). Derrière ce changement de nom se cache la
volonté d’être transparent et réactif face au client. Le service a ainsi une double
mission :
- La remontée d’information au client. Elle répond au principe de transparence,
même et surtout s’il s’agit d’un retard. Ce service est dénommé « Info Pro-active
».
- L’anticipation et le traitement des incidents en cours de transport et les
empêchements de livraison. Ils deviennent un impératif de gestion pour éviter les
impacts inanciers.
Bien entendu, ce service ne peut fonctionner correctement sans une iabilité du
retour d’information effectué par les agences à partir du système d’information
appelé Alizée.
3. Un nouveau plan de transport
Sernam utilise un plan de transport multimodal qui allie la vitesse du rail à la
souplesse de la route. Le nouveau plan de transport s’appuie sur :
> l’utilisation de TBE (Train Bloc Express) qui constitue un
avantage compétitif non négligeable sur les transports de
longue distance. Le TBE circule à 200 km/h sur les axes Paris/
sud ouest et Paris/sud est. Il permet à Sernam de maintenir
sa qualité d’offre et présente l’avantage d’anticiper l’évolution
de la réglementation européenne. Du 1er janvier 2005 au 1er
janvier 2007, la vitesse des camions de plus de 3,5 tonnes a été
progressivement limitée à 90 km/h.
> une douzaine de centres de tri ayant deux vocations : l’intra-
zone et l’inter plates-formes. L’objectif est double :
- favoriser la rapidité de transport des colis à partir du choix des
acheminements les plus directs et une meilleure réactivité lors
de l’arrivée des tractions dans les agences de livraison,
- responsabiliser les personnels des centres à travers le respect
d’un certain nombre d’obligations (quai vide après le départ des
tractions, tolérance zéro pour les retards, lashage obligatoire des
envois à la prise en charge au départ et à l’arrivée en agence à
destination…).
> une modernisation de l’outil de production (trente sites ont été
fermés) à partir de l’ouverture de nouvelles agences comprenant
des installations modernes et conformes aux normes du métier
d’»expressiste». Ainsi à Montpellier, l’ancienne agence du centre
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Le management de la réputation chez
Sernam : application du modèle IPS
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Le management de la réputation chez
Sernam : application du modèle IPS
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Impact du conlit intergénérationnel sur la
relation à l’entreprise et au travail : proposition
d’un modèle.
Résumé
Le but de cette contribution est de proposer un modèle exploratoire des
conséquences du conlit intergénérationnel en s’appuyant sur les résultats
existant sur les tensions de rôle. Après avoir déini le conlit intergénérationnel
comme une dificulté à travailler avec des personnes d’une génération
différente, voire une préférence pour travailler avec des personnes de la
même génération alors que l’organisation du travail rend cette segmentation
souhaitée délicate, l’auteur envisage son impact sur les tensions de rôle,
l’implication organisationnelle et les quatre dimensions de l’empowerment
(sens, autonomie, compétence, contrôle).Le test du modèle réalisé à partir
d’une approche path modelling PLS souligne les effets négatifs du conlit
intergénérationnel sur la relation au travail et à l’entreprise. Les résultats
sont ensuite discutés.
Abstract
The aim of this exploratory study is to propose a model about the impact
of age diversity on work and organizational commitment. After deining the
concept of intergenerational conlict, the author links it with role tension,
organizational commitment and empowerment. A path modelling PLS
approach is used to test this model. The results conirm negative effects
of intergenerational conlict on these variables. Later on, results are
discussed.
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Impact du conlit intergénérationnel sur la
relation à l’entreprise et au travail : proposition
d’un modèle.
Le faible nombre de travaux sur ce thème dans le champ de l’entreprise alors que
se multiplient les recherches macro-économiques mettant en relief les tensions
générationnelles autour de problématiques telles que le inancement des
retraites, nous conduit à adopter ici une conception unidimensionnelle du conlit.
Cependant, plusieurs travaux récents, à l’image de ceux de Beaud et Pialoux
(2002), montrent que la coopération au travail entre générations est multiforme.
Nous reviendrons en conclusion, dans la partie limite, sur ce point précis.
3 Comme le soulignent Maurer et al (2003), la définition du travailleur âgé est fluctuante dans la littérature, allant de plus de 35 ans
à plus de 58 ans. De plus aucun des auteurs ne précisent les raisons de son bornage. Dans une revue de littérature portant sur plus
de 105 recherches, Ashbaugh et Fay (1987) avance le chiffre moyen de 53 ans. Dans un contexte francophone, Marbot (2000) retient
le chiffre 50, sans fournir d’explications particulières. Dans un souci de comparaison, nous nous alignerons ici sur cette position pour
définir un salarié comme âgé.
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12
Le salarié âgé se trouve pris dans un dilemme : être à la hauteur des exigences de
son poste, comme en atteste son expérience professionnelle et, simultanément,
se confronter à une image sociale le déinissant comme en retrait de son
travail. Les analyses sur les stratégies et tactiques pour faire face aux tensions
montrent que loin de subir la tension, l’acteur y fait face. Se fondant sur des
professionnels de la gestion des ressources humaines, Grima (2000) montre que
le salarié peut, lorsqu’il estime que ses ressources pour modiier la situation de
travail en sa faveur sont limitées, opter pour une solution de fuite. Dans le cadre
d’une relation commerciale, le vendeur confronté aux tensions de rôle coupe la
communication avec son environnement en tournant le dos au client (Musselin,
1984). Rafaeli (1984) décrit des vendeuses de supermarché mobilisant leur client
pour manutentionner les achats les plus volumineux ain de ne pas rentrer en
communication avec eux. Ces éléments nous incitent à penser que le salarié âgé
peut être tenté de régler cette mauvaise image de marque en choisissant de se
replier dans des groupes de travail où sa génération sera sur-représentée.
30
Impact du conlit intergénérationnel sur la
relation à l’entreprise et au travail : proposition
d’un modèle.
ans).
L’exposé précédent sur les liens avec les tensions de rôle et le CIG montre
l’inluence négative que peut avoir ce dernier sur le degré d’adhésion du salarié
aux valeurs de son organisation. En effet, le repli identitaire dont est synonyme
le CIG conduit le salarié à réduire son attachement à son entreprise qui n’est
plus qu’un espace secondaire d’investissement identitaire. La dégradation de la
relation avec l’entreprise semble plus importante pour les salariés âgés. En effet,
Miller et al (1993) comme Hassell et Perrewe (1993) montrent que ce repli sur
la génération historique est synonyme de moindre engagement dans le travail et
l’organisation. Cependant, même si des résultats existent, il convient de rester
prudent. En effet, aucun travail n’a été réalisé en contexte francophone. Ces
précautions étant posées, nous proposons au test les hypothèses suivantes :
H4 : Le conlit intergénérationnel est lié négativement avec l’implication
organisationnelle.
31
12
salarié qui se manifeste au travers quatre cognitions qui relètent son orientation
à l’égard de son rôle dans l’organisation.
La première est le sens donné par la personne à son travail. Il traduit l’adéquation
entre les exigences du poste de travail et les valeurs propres au salariés (Brief
et Nord, 1990). La seconde se réfère à la compétence, déinie ici comme la
perception d’eficacité dans le travail à réaliser (Gist, 1987). La troisième est
l’autonomie dans la réalisation du travail. Le salarié se perçoit comme à l’origine
de son rythme de travail, des méthodes à appliquer et des efforts à réaliser (Bell
et Staw, 1989). Enin, l’impact qui doit être distingué du locus de contrôle. Alors
que le second traduit une perspective globale sur la maîtrise des évènements,
l’impact se centre sur l’environnement de travail. Il traduit le degré d’inluence de
l’individu sur les données administratives, opérationnelles et stratégiques dans
la tenue de son poste.
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Impact du conlit intergénérationnel sur la
relation à l’entreprise et au travail : proposition
d’un modèle.
2.1 Le terrain.
Le test du modèle de recherche fut réalisé au sein d’une grande entreprise
publique française du secteur tertiaire. Confrontée à un double mouvement de
vieillissement de sa main-d’œuvre et d’arrivées importantes de jeunes salariés
dans un contexte de travail en équipe, la direction doit faire face à une gestion
de la diversité des âges forte. Un échantillon représentatif de la population de
trois établissements fut constitué de 74 personnes dont les caractéristiques sont
rassemblées dans le tableau 2. Chaque personne fut rencontrée par le chercheur
qui lui remis le questionnaire en lui expliquant le thème de la recherche. La
personne pouvait à sa convenance remplir le questionnaire dans la journée ou
le renvoyer par voie postale au chercheur. Seuls 5 personnes n’ont pas rempli le
questionnaire.
Caractéristiques de l’échantillon.
Age
Moyenne : 39 ans, Ecart-type : 12.5 ans , valeur minimale : 23 ans, valeur maximale : 59
ans 70% en dessous de 50 ans.
Genre
31 hommes ; 43 femmes.
Ancienneté dans l’entreprise
Moyenne : 15 ans, Ecart-type : 14 ans.
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Statut
31 personnes de statut employé.
34 personnes de statut agents de maîtrise.
9 personnes de statut cadre.
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Impact du conlit intergénérationnel sur la
relation à l’entreprise et au travail : proposition
d’un modèle.
3. Résultats
Les résultats de l’ANOVA révèlent l’absence de différence entre les salariés âgés
et plus jeunes (respectivement F égal à .797, signiicativité .375 pour H1). Les
résultats de l’analyse causale (test des hypothèses 2 à 5) sont présentés dans
le tableau 4.
35
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Il apparaît que les hypothèses H2 et H4 sont validées alors que H3 ne l’ai pas. En
revanche, l’hypothèse H5 est partiellement vériiée. Le rôle de variable médiatrice
de l’ambiguïté de rôle dans la relation entre le conlit intergénérationnel et le
sens et l’autonomie est validée, ce qui n’est pas le cas pour les deux autres
dimensions de l’empowerment, à savoir la compétence et l’impact. Comme nous
allons le mettre en relief maintenant, ces résultats sont porteurs d’ouvertures
fructueuses tant sur un plan théorique que managérial.
4. Discussion
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Impact du conlit intergénérationnel sur la
relation à l’entreprise et au travail : proposition
d’un modèle.
Pour autant, si ce travail n’indique pas la manière de mieux gérer les conlits
intergénérationnels, car tel n’est pas son but, il met en relief qu’il convient
de penser le CIG comme un signe avant coureur d’une dégradation de la
37
12
Dans cette lutte contre les conséquences de la discrimination perçue par l’âge,
les mesures visant une réduction de l’ambiguïté de rôle nous apparaissent
essentielle. En effet, c’est cette variable qui médiatise la relation entre le CIG et le
sens du travail et l’autonomie. Déinir clairement les attentes liées à chaque rôle,
mettre en place des procédures validant le rôle tenu par chacun semble être une
voie prometteuse. Le développement d’entretiens annuels d’appréciation pourrait
aussi permettre au salarié de mieux comprendre ce que l’entreprise attend de lui
et limiter ainsi toute perception d’ambiguïté de rôle.
Au-delà, il convient de considérer ces résultats avec prudence. L’absence
d’études quantitatives sur le sujet les rend fragiles. De plus, il conviendrait de
poursuivre l’analyse en utilisant une approche qualitative ain de mieux déinir le
concept de conlit intergénérationnel et les moyens mis en œuvre par les salariés
pour y faire face.
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Impact du conlit intergénérationnel sur la
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40
Impact du conlit intergénérationnel sur la
relation à l’entreprise et au travail : proposition
d’un modèle.
2 – Je trouve que mes valeurs personnelles sont très similaires à celles de cette
entreprise.
3- Je suis ier de dire aux autres que j’appartiens à cette entreprise.
4 – Je suis heureux d’avoir choisi, à l’époque de mon recrutement, de travailler
dans cette entreprise plutôt que pour une autre.
5 – Pour moi, cette entreprise est la meilleure parmi celles où je pourrais
travailler.
Conlit intergénérationnel
1 – Dans le travail, je me sens reconnu(e) par des personnes n’ayant pas le
même âge que moi.
2 – Je préfère travailler avec des gens du même âge que moi.
3 – C’est dificile de travailler avec quelqu’un d’un âge différent du mien.
Empowerment
- Sens
1- Le travail que je réalise est vraiment très important pour moi.
2 – Mon activité professionnelle compte beaucoup pour moi.
3 – Sur un plan personnel, mon travail a du sens.
- Compétence
1 – J’ai coniance dans mes capacités à réaliser mon travail.
2 – Je n’ai aucun doute sur mes capacités à mener à bien mon travail.
3 – J’ai les compétences nécessaire pour faire mon travail .
- Autonomie
1 – Je dispose d’un niveau d’autonomie signiicatif dans la manière de faire mon
travail.
2 – Je peux décider de moi-même de la manière de mener à bien mon travail .
3 – Je dispose d’une large marge d’indépendance et de liberté dans la façon de
faire mon travail.
- Impact
1 – L’impact de mes réalisations professionnelles sur ce qui se passe dans mon
service est important.
2 – J’ai un haut niveau de contrôle sur ce qui se passe dans mon service.
3 – J’ai une inluence réelle sur ce qui se passe dans mon service.
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12
42
Comment gérer les compétences dans les
situations de fusions-acquisitions ? Une
étude de cas dans le domaine de l’audit
inancier et iscal
Résumé
Dans cette recherche, nous tentons de mieux cerner le rôle de la gestion
des compétences comme approche de GRH dans les processus de fusions-
acquisitions. L’étude d’une fusion dans le secteur de l’audit inancier et iscal
permet de souligner les différents enjeux liés à la gestion des compétences
lors du rapprochement de deux entités et d’analyser comment la gestion des
compétences peut constituer un élément facilitateur voire de succès dans
les processus de fusions-acquisitions.
Abstract
The aim of this research is to better understand the role of management
of competences, as a HRM approach, in the processes of mergers and
acquisitions. The study of a merger in the sector of inancial and tax audit
underlines many stakes related to the management of competences in
a context of merger and points out how management of competences in
a merger can be an element of success and of further development for
companies.
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1. Fusions-acquisitions et dimensions RH
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Comment gérer les compétences dans les situations
de fusions-acquisitions ? Une étude de cas dans le
domaine de l’audit inancier et iscal
Charman, 1999 ; Sparks, 1999 ; Larsson & Lubatkin, 2001 ; Stahl et al., 2005).
D’un autre côté, lorsque les fusions et acquisitions sont des succès, les raisons le
plus souvent évoquées sont les suivantes : la présence d’un leadership eficace,
une rélexion préalable quant aux objectifs et aux buts, la considération des
aspects « hard » et « soft » du processus, la bonne gestion de l’équipe guidant la
fusion ou l’acquisition, l’enrichissement à partir des expériences précédentes et
extérieures, une planiication du déroulement des étapes, la rétention des talents
et des hauts potentiels, une communication large et destinée à toutes les parties.
Nous précisons dès à présent la différence qui doit être faite entre les fusions
et acquisitions, bien que les deux dimensions soient le plus souvent traitées
conjointement dans la littérature qui y est consacrée. Dans une fusion, deux
entreprises se joignent et créent une nouvelle entité. Dans une acquisition, une
entreprise est acquise par une autre entreprise et cette dernière gère l’intégration
à son gré (Hamel, 1991 ; Harbison, 1996 ; Doz et Hamel, 1998 ; Schuler et
Jackson, 2001).
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Comment gérer les compétences dans les situations
de fusions-acquisitions ? Une étude de cas dans le
domaine de l’audit inancier et iscal
Dans un premier temps, les auteurs soulignent le fait qu’une des dimensions
cruciales dans la phase de rapprochement de deux entreprises est la rétention des
employés ou des ressources humaines clés. Cette dimension est déterminante
car la plupart des entreprises acquises perdent leur personnel clé après la
fusion-acquisition. Dans ce cas de igure, la fusion-acquisition s’éloignerait alors
d’un de ses objectifs initiaux, à savoir l’acquisition de talents, de connaissance
et l’émergence de core competencies soit d’un nouveau foyer de compétences
clés. Cette rétention des compétences clés est, d’après Schuler et Jackson
(2001), déterminante car elle permettra d’atteindre les objectifs de performance
d’une part pendant la phase de transition que constitue la fusion en elle-même,
et d’autre part le développement d’un avantage compétitif à long terme associé
à la maîtrise de connaissances spéciiques. Ces compétences clés seront
issues d’un processus de sélection. Ce processus devra être accompagné de
rétributions spéciiques pour ces personnels stratégiques (ententes inancières,
primes de rétention, clauses écrites sur la durée de l’engagement). On se situe
ici donc dans le champ des compétences clés ou stratégiques. Dans la cadre
des fusions-acquisitions, c’est donc la notion de compétence clé ou stratégique
qui serait considérée. De prime abord, ceci peut paraître logique dans la mesure
ou les décisions de fusions-acquisitions sont avant tout liées à des stratégies qui
visent à la domination de marchés, à des économies d’échelle, à des diminutions
de coûts, à la création de valeur monétaire et à l’acquisition de technologies.
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2. Le cas étudié
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Comment gérer les compétences dans les situations
de fusions-acquisitions ? Une étude de cas dans le
domaine de l’audit inancier et iscal
En France, les équipes Arthur Andersen France ont intégré le cabinet Ernst &
Young après l’approbation de la Commission Européenne. C’est ainsi qu’au
plan international, ces mouvements stratégiques de fusions-acquisitions se
sont traduits par une profonde restructuration du secteur de l’audit et du conseil
entraînant le passage des fameux « Big ive » au « Big Four »5 (Pricewaterhouse
Coopers, Ernst & Young, KPMG, Deloitte). Plusieurs facteurs ont pesé sur cette
recomposition du paysage des grands cabinets d’audit et de conseil :
- le premier est la volonté des autorités publiques de renforcer la
transparence des activités d’audit. Dès la in des années 1990, les
autorités américaines ont manifesté leur souhait d’une séparation des
activités de conseil et d’audit. En France, la loi a soumis les commissaires
aux comptes au contrôle d’une autorité de régulation extérieure à la
profession ;
- le second est lié à l’évolution du marché du conseil. L’arrivée des TIC6
dans les entreprises a produit un double mouvement : d’une part des
entreprises d’informatique et SSII ont développé des activités de conseil
pour l’accompagnement des projets de changement technologique ;
d’autre part certains cabinets de conseil ont développé des activités dites
« d’intégrateur » de solutions technologiques, au point de ressembler
maintenant à des SSII ;
- le troisième est la succession de scandales inanciers notamment
aux Etats-Unis (Enron et World Com en particulier). C’est ainsi que le
cabinet Andersen en particulier, n’a pas résisté au scandale qui a frappé
Enron, son client.
5 En 1998, cinq géants se partagent le marché international de l’audit et du conseil : Pricewaterhouse Coopers (numéro un mondial
de l’audit), Andersen Worldwide (le groupe a déjà créé à cette époque une entité spécifique de conseil nommée Andersen Consulting),
Ernst & Young International, KPMG et Deloitte Touche Tohmatsu (réseau le plus ancien fondé en 1845). En 2003, le paysage du monde
de l’audit et du conseil est complétement bouleversé. En cinq ans, on est passé de cinq grands acteurs à quatre acteurs sous neuf
entités différentes : Pricewaterhouse Coopers, IBM Business Consulting Services (ex branche conseil de Pricewaterhouse Coopers
cedée à IBM et nouveau numéro un mondial du conseil), Ernst & Young, Cap Gemini Ernst & Young (Cap Gemini, leader européen des
services informatiques a fait l’acquisition en 1999 de la branche consulting de Ernst & Young), Deloitte Touche Thomatsu, Braxton (ex
branche conseil de Deloitte Touche Thomatsu), KPMG, Bearing Point (ex KPMG Consulting) et Accenture (ex Andersen Consulting).
6 TIC : technologie de l’information et communication, parfois dite NTIC
7 Rapprochement : terme utilisé pour des raisons politiques et « facilitatrices » par les pilotes du projet de fusion des deux cabinets
de conseil étudiés ici.
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Comment gérer les compétences dans les situations
de fusions-acquisitions ? Une étude de cas dans le
domaine de l’audit inancier et iscal
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composé de vingt personnes issues à parts égales de chacun des deux cabinets
ain de respecter l’objectif de parité préconisé avant la fusion. A ce comité, s’est
ajoutée une cellule de « Change Management » qui a pour mission d’assister
les branches métiers dans leur processus de rélexion et d’action. Elle est aussi
chargée de capter les éléments forts des deux cultures d’entreprises et d’identiier
ce que sera et ce qui constituera la culture du nouvel ensemble.
De plus, une structure de communication interne formée à partir des consultants
de deux cabinets a été mise à l’œuvre. La thématique choisie en matière de
communication a été essentiellement centrée sur le concept de parité et les
succès réalisés ou à réaliser ensemble. Trois supports de communication ont été
utilisés : une lettre interne, l’intranet du « Cabinet absorbant » et des séminaires
internes.
2.4.2. Déinition de nouveaux modes de fonctionnement et
d’ajustement
Une direction des RH proactive. Dans le « Cabinet 1 », les services ressources
humaines n’avaient qu’un rôle de suiveur par rapport à la volonté des associés.
Ces derniers dictaient leur politique aux responsables RH qui appliquaient alors
des pratiques et actions en suivant la logique de performance et de concurrence
à la base des relations entre les individus. Aussi, les associés issus du « Cabinet
1 » sont déstabilisés au début de la fusion, devant la mise en œuvre d’une
politique RH qui est dictée par la Direction des RH du « Cabinet absorbant».
Cette dernière renforce une approche de la GRH fortement axée autour d’outils
impliquant une gestion des compétences structurée et structurant l’activité même
des consultants et le business.
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Comment gérer les compétences dans les situations
de fusions-acquisitions ? Une étude de cas dans le
domaine de l’audit inancier et iscal
L’existence de métiers comparables sinon identiques chez les deux entités qui
fusionnaient a été un élément facilitateur, puisque les nouveaux collaborateurs
évoluaient sur des compétences semblables, dédiées à des activités quasi-
identiques et destinées à des clients parfois communs. Le périmètre des
compétences n’a pas changé et a évolué au gré des besoins des métiers comme
il l’aurait sans doute fait s’il n’y avait pas eu de fusion. La principale différence
était donc l’existence d’une gestion par les compétences structurée à partir d’un
référentiel de compétences et de pratiques d’évaluation et organisée autour d’un
système de parrainage chez le « Cabinet absorbant ».
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Comment gérer les compétences dans les situations
de fusions-acquisitions ? Une étude de cas dans le
domaine de l’audit inancier et iscal
qui ont développé leurs caractéristiques, leurs outils et leurs principes. Leur
rapprochement constitue un véritable déi dans la mesure où l’on touche aux
aspects humains de la gestion des compétences (mode d’approche, philosophie
par rapport à l’individu dans l’organisation) et aux outils (référentiels de
compétences et procédures parfois très codiiées) (Schweiger & Lippert, 2005).
Dès lors, le risque est fort de connaître, dans le cadre de la nouvelle entité issue
du rapprochement, un rejet du système de gestion des compétences qui n’est
pas familier pour l’un ou l’autre des partenaires. Ce rejet peut être suivi par une
hémorragie de compétences et notamment de compétences stratégiques ce qui
pourrait ruiner l’issue de la fusion-acquisition.
55
12
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Comment gérer les compétences dans les situations
de fusions-acquisitions ? Une étude de cas dans le
domaine de l’audit inancier et iscal
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Diversité des référents culturels dans
l’organisation : comment optimiser la
rencontre des cultures ?
Résumé
Nous connaissons de nombreux exemples d’échecs dans la rencontre
interculturelle tant à l’échelle interindividuelle que collective dans les
organisations. Pour optimiser les interactions de travail à l’interculturel, quels
outils doit-on mettre en place ? C’est dans ce cadre que s’inscrivent nos
travaux dont nous vous proposons ici un aperçu : 1. Quels sont les référents
culturels auxquels fait appel « l’homme communiquant » ? 2. Comment
mettre en évidence les référents critiques dans la rencontre interculturelle
3. Quelles sont les méthodes pour optimiser la rencontre interculturelle
interindividuelle et inter organisationnelle ? Nous illustrerons nos propos par
des exemples extraits de l’étude de cas effectuée dans des organisations
corses où se rencontrent Corses et Continentaux.
Abstract
Most of us eared about many failures in the intercultural meeting, both in
the inter individual and collective relationships in organizations. To optimize
these cross cultural interactions at work, what is the practice we can deal
with ? This is the emphasis of our research, that we sum up next : 1. what
are the cultural referents the “communicating man” refers to ? 2. How to
underline the critical referents in the cross cultural interaction ? 3. Which
methods to improve the interindividual and interorganizational meeting
in cross cultural situation ? We illustrate our viewpoint by declining some
extracts from our case study in corsican organisations, where Corsicans and
Continental workers meet.
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Diversité des référents culturels dans
l’organisation : comment optimiser la
rencontre des cultures ?
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Inluences macroculturelles
Ce sont tout d’abord les inluences culturelles à l’échelle de la macroculture :
- La distance hiérarchique et le rapport à la hiérarchie (G. Hofstede)
- Le contrôle de l’incertitude (G. Hofstede)
- L’orientation vers une forme de masculinité vs de féminité (G.
Hofstede)
- Le rapport au groupe (collectif vs individualiste) / Les relations
interhumaines vs les responsabilités humaines (F.R. Kluckholn et F.L.
Strodtbeck)
- L’orientation à l’égard de l’activité humaine (G. Hofstede / Les sphères
privées vs professionnelles soit type de vie segmentaire ou plutôt
intégrative (E. Mutabazi, 2005)
- Les suppositions initiales à l’égard de la nature humaine (G.
Hofstede)
Inluences microculturelles
A l’échelle de la microculture, les référents seront ce que O. Meier et J.M. Peretti
ont respectivement qualiié de risques culturels ou de zones de friction :
- L’identiication des rôles et des pouvoirs (O. Meier)
> La forme des relations hiérarchiques (J.M. Peretti)
> La clariication des rôles (J.M. Peretti)
- La perception et l’appréhension des risques (O. Meier)
- Les styles de communication (O. Meier)
> La manière de communiquer en interne et en externe (J.M.
Peretti)
- La façon d’aborder la relation à l’autre (O. Meier)
- La résolution des problèmes (O. Meier)
> Le processus de résolution des problèmes récurrents
> La prise en compte de la diversité des points de vue pour
déinir et résoudre un problème (J.M. Peretti)
- La manière de percevoir et de gérer les conlits (O. Meier)
- Les oppositions en matière d’organisation et de gestion du temps (O.
Meier)
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Diversité des référents culturels dans
l’organisation : comment optimiser la
rencontre des cultures ?
Le langage
Le vecteur verbal, c’est la langue (en dehors de la vocalité) qui ne sera qu’un des
matériels du langage dont disposent les individus pour interagir.
Pour O. Ducrot et T. Todorov (1972), « la langue se déinit comme un code, en
entendant par là la mise en correspondance entre des « images auditives » et
des « concepts ».
Le vecteur paraverbal ou encore composantes paralinguistiques sont le timbre
de la voix, la hauteur tonale, l’intensité, le débit, le rythme et tempo, les pauses et
accents. Ils représentent la signature du locuteur (C. Kerbrat-Orecchioni, 1995).
Ils sont aussi susceptibles de varier à l’interculturel.
La dimension non verbale, c’est le corps, qui intervient à travers ses gestes et
mouvements dans la communication kinésique, mais aussi à travers le langage
des relations spatiales – la proxémique, et les caractéristiques chronémiques liées
aux rythmes corporels et à leur synchronie dans l’interaction (E.T. Hall - 1983).
Dans cette dimension non verbale, Cosnier et Brossard distingueront plutôt les
statiques que constitue l’apparence physique naturels (physionomie, stature),
acquis (rides, cicatrices) ou surajoutés (vêtements, parures), les cinétiques lents,
que sont les attitudes et les postures et les cinétiques rapides comme le jeu des
regards, des mimiques et des gestes.
Les représentations socioculturelles
Pour N. Roussiau et C. Bonardi (2001, p. 19) « une représentation sociale est une
organisation d’opinions socialement construites, relativement à un objet donné,
résultant de communications sociales, permettant de maîtriser l’environnement
et de se l’approprier en fonction d’éléments symboliques propres à son ou ses
groupes d’appartenance ». De cette déinition se dégage toute la variabilité
potentielle des représentations.
Chaque membre d’un groupe donné a dans son cerveau des millions de
représentations mentales, les unes éphémères, les autres conservées dans
la mémoire à long terme et constituant le « savoir » de l’individu. Parmi ces
représentations mentales, certaines – une très petite proportion – sont
communiquées, c’est-à-dire qu’elles amènent leur utilisateur à produire une
représentation publique qui à son tour amène un autre individu à construire une
représentation mentale de contenu semblable à la représentation initiale (d’après
D. Sperber, 1989, in D. Jodelet, 1989, 1997, p.134). Parmi ces représentations
communiquées, certaines – une très petite proportion à nouveau – sont
communiquées de façon répétée et peuvent même inir par être distribuées dans
le groupe entier, c’est-à-dire faire l’objet d’une version mentale dans chacun de
ses membres. Les représentations qui sont ainsi largement distribuées dans un
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Diversité des référents culturels dans
l’organisation : comment optimiser la
rencontre des cultures ?
Une ratée n’est cependant pas déinitive. Elle fait partie du déroulement de
l’interaction et en est un constituant : c’est la négociation du sens. Ce raté est «
rattrapé », ou non, par des mécanismes d’adaptation.
On parlera de dysfonctionnement s’il y a persistances et répétitions de ces ratées,
qui conduiront à la rupture ou encore à des conduites d’évitement.
Une question qui doit être considérée par ailleurs est : y a t-il des différences
culturelles dans l’aptitude à admettre qu’il y a des dysfonctionnements
communicationnels, dans les procédés de négociation et de résolution des
dysfonctionnements ? Ces différences dépendent sans doute du désir des
locuteurs de résoudre le problème. Ce désir constitue un enjeu pour le manager
qui devra savoir motiver l’envie de l’arrivant à participer à une nouvelle culture
d’entreprise.
Dans la plupart des cas, les gens quelque soit leur culture d’origine, sont préparés
à admettre des dysfonctionnements d’ordre lexicaux ou contextuels. Les
dificultés se dissimulent donc plutôt dans la dimension cachée du comportement
communicationnel.
Ces dificultés ne sont pas réellement remarquées ou bien sont mal interprétées
parce qu’il n’y a pas de négociation du sens des messages (E. H. Schein,
1985).
1.3.2. Conséquence des échecs
Pour E. Mutabazi (2005), la méconnaissance du mécanisme de multiculturalisme
10
en jeu dans la gestion des projets et des relations de travail dans les entreprises
10 Pour E. Mutabazi, il faut distinguer la multiculturalité qui désigne la pluralité, la polyethnicité, ou la diversité des cultures (nombre
de cultures en présence) du multiculturalisme désignant un ensemble d’attitudes, de comportements et de pratiques de management
par lesquelles les entreprises ou les institutions politiques gèrent les différences culturelles ou managériales.
Souvent fondée sur une vision négative ou réductrice des différences, cette approche quelquefois perverse, se traduit par la négligence,
le déni ou la volonté de supprimer la diversité des cultures, souvent à des fins politiques ou économiques. Elle est généralement
développée en faveur de cultures et de modèles dominants. De manière complémentaire, le multiculturalisme est aussi le fait de
minorités (petits pays ou petites entreprises) fascinées par la puissance de ceux qui les dominent ou les achètent. Ce mécanisme
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Diversité des référents culturels dans
l’organisation : comment optimiser la
rencontre des cultures ?
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2.1.2. Echantillon :
Une précision sur l’échantillon concernant les entretiens effectués : il s’agit
d’entretiens aussi bien avec des Corses ayant travaillé sur le continent et revenus
travailler en Corse, que des Continentaux ayant travaillé sur le continent et qui
sont venus travailler en Corse.
Et les retours d’expériences sont les mêmes. Ceci tend à démontrer que notre
analyse ne se fondera pas sur un catalogue de préjugés.
Nous avons effectué 35 entretiens. A partir de 5 entretiens, certains types de
réponses ont commencé à être redondants.
2.1.3. Thématiques
Nous n’énumèrerons pas les référents déjà abordés de 1.2.1. à 1.2.4. Nous en
retrouvons par ailleurs en illustration au point suivant.
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Diversité des référents culturels dans
l’organisation : comment optimiser la
rencontre des cultures ?
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individualistes ».
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Diversité des référents culturels dans
l’organisation : comment optimiser la
rencontre des cultures ?
De plus, lorsque des référents culturels varient entre Corse et Continent, c’est
d’une manière très marquée. Ce qui sous-tend que notre méthode de mise en
évidence des inluences ou traits culturels est une méthode de comparaison
réellement discriminante d’une part, mais aussi que la Corse présente un modèle
culturel réellement marqué en terme managérial.
Nous dirons par ailleurs que le modèle de management corse, si nous devions
le situer, est bien plus proche du modèle circulatoire africain que du modèle
européen tels qu’ils sont décrits par E. Mutabazi
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Diversité des référents culturels dans
l’organisation : comment optimiser la
rencontre des cultures ?
Meslin-Broyez, 2001).
Ces impasses nous amènent à suggérer un procédé : il ne faut pas focaliser
l’effort sur les caractéristiques plus ou moins compatibles des individus ou
groupes culturels en présence.
C’est bien plutôt sur l’interaction, et plus particulièrement sur les facultés
d’adaptation et de négociations du sens, qu’il va falloir se focaliser. Il ne s’agit
donc pas de modiier les modèles, valeurs et représentations des individus en
présence, mais de leur faire « admettre » l’existence de référents différents des
leurs. L’apprentissage des langues n’est qu’un petit début du décodage. L’objectif
est de permettre un élargissement des référents culturels des interactants ou
groupes culturels interagissant.
73
12
Barzanty 2002).
Il faudra focaliser l’attention sur les points suivants :
- Avoir une raison d’être clairement exprimée
Quelles sont nos valeurs ? Nos objectifs ? Nos inalités ? Raison qui sert
de référence, de plate-forme de communication interne à l’équipe.
- Construire un langage commun : il ne s’agit pas simplement de la
langue de travail mais des signiications attribuées par chacun à
différentes notions techniques ou managériales, à certaines procédures
et bien sûr aux valeurs-clés.
- Clariier : la clariication doit intervenir dès lors qu’un langage commun
est crée.
Elle porte sur l’action à mener, la personne à convaincre, la nature d’une
décision, l’enjeu d’une négociation. Elle permet d’éviter les malentendus
et d’assurer une communication optimale.
- Exploiter les supports sociaux et les différences culturelles. La
formation, la discussion, les échanges doivent permettre de les faire
accepter comme sources d’enrichissement pour tous et pour l’entreprise
(H. Blaquière, P. Bossard et B. Mc Carron, 1984).
3.2.3. Le conseil (audit et formation)
Les actions à mener pour optimiser la rencontre interculturelle sont de deux
types selon les situations : la formation initiale et le coaching pour l’expatrié,
et un plan de ré-organisation accompagné d’un suivi extérieur pour les fusions
d’entreprise.
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Diversité des référents culturels dans
l’organisation : comment optimiser la
rencontre des cultures ?
Cette simulation est guidée par des questions clé telles que :
- Face à cette situation X dans votre nouvelle entreprise, quelles sont
vos réactions ?
- Par rapport à quelles attitudes, pourquoi ?
- Quelles sont les réactions que l’on peut provoquer, de par nos
attitudes, pourquoi ?
Pour les fusions d’organisations :
Nous recommandons dans le cadre des fusions un plan de ré-organisation
culturelle commun avec l’aménagement de groupes de travail représentatifs des
deux parties fusionnées, ainsi qu’un suivi pour rectiier les éventuelles dérives
(incompréhensions, conlits…). C’est ce que Burston-Marsteller11 appelle comité
de communication interne international. On parvient donc à développer des
référents communs aux deux cultures par l’interaction entre les deux organisations
et non par le simple écrasement des valeurs, rites, modes de fonctionnement…
Nous nous situons ainsi dans la mise en pratique du principe de synergie culturelle
souvent recommandé (et non d’intégration).
« En mettant en synergie les différents cas, l’entreprise permettra à ses hommes
d’enrichir leurs comportements, leur imagination, leurs ouvertures aux autres,
leurs performances. En retour, la culture de l’entreprise s’élèvera et favorisera
le développement des échanges culturels. Son eficacité, son ambiance et son
image s’amélioreront » (H. Blaquière, P. Bossard et B. Mc Carron, 1984, p.115).
Nous suggérons par ailleurs l’élaboration d’un outil de communication commun
11 Burston Martseller est une agence conseil en communication corporate et relations publiques. Dans l’une des ses études de cas,
elle réalise l’accompagnement d’une fusion (Accompagner un fusion ou comment faire accepter un monde qui change (www.burson-
marsteller.fr). Elle réalise aussi un audit préalable. Néanmoins, il s’agit d’un audit des perceptions. Pour nous, c’est audit est insuffisant.
Les perceptions directes des individu ne suffisent pas à expliquer les dysfonctionnements dans les interactions. L’audit des référents
culturels permet l’accès à des éléments dont les individus n’ont pas nécessairement conscience, et qui relèvent de représentations
plus que d’opinions.
75
12
A l’heure actuelle, les entreprises échouent dans la diversité culturelle pour les
raisons suivantes (dans l’ordre) :
- Elles ne tiennent pas compte ou sous-estiment les risques de la
diversité, se privant ainsi des bénéices potentiels de la diversité
- Elles comptent sur les managers qui n’ont pourtant pas toujours la
disponibilité, les moyens ou les compétences pour prévenir les risques
de la diversité ou pour savoir en tirer parti
- Elles organisent des formations uniquement - alors que le plan de ré-
organisation est fréquemment plus approprié
- Elles réalisent un audit externe mais sans lui associer le plan de
ré-organisation culturelle, l’élaboration d’un outil de communication
commun et l’accompagnement (suivi).
Notre approche permet d’appréhender la rencontre interculturelle à l’échelle
interindividuelle (pour l’adaptation d’un manager dans une organisation étrangère).
Mais elle permet aussi d’appréhender la notion de rencontre interculturelle inter
organisationnelle (fusions d’entreprises). C’est toujours en termes de référents
culturels et d’interactions que nous aborderons les rencontres interculturelles.
Au regard de nos convictions, fondées sur les travaux de nombreux chercheurs
et cabinets de conseils comme sur nos expériences propres, il n’y aura pas de
modèle strictement applicable à toute expatriation ou à toute fusion à l’issue de nos
travaux. De même qu’il n’existe pas un modèle de management international. Nous
proposons par contre un modèle structuré de référents pour l’enquête préalable à
tout rapprochement interculturel, ainsi que des outils adaptés aux différents cas
de diversité culturelle auxquels les organisations seront confrontées.
En dehors de l’apport escompté pour nos activités de consultant, nous espérons
proposer des éléments d’application à un domaine encore trop théorique, ou dont
les secrets de la pratique demeurent jalousement gardés.
Bibliographie
A. Abdeljalil S. Dine (2005), Diversité culturelle : du conlit à l’avantage compétitif ? Les
Déis de la Diversité, Corte, 6, 7, 8 octobre 2005,
M. Argyle (1994), Psychologie sociale des relations à autrui, Chapitre 4 Les compétences
sociales, Fac. Psychologie, Nathan Université
M. Bakhtine, V.N. Volochinov (1977), Le Marxisme est la philosophie du langage, Editions
de Minuit, Paris, in Kerbrat-Orrechioni C. (1995), Les interactions verbales, Tomes 1, 2 et
3, Armand Colin, Paris
C. Barzanty (2002), L’entreprise et l’internationalisation : les clés de la réussite d’un projet
international, Personnel, n°433, p. 13-17
G. Bateson, J. Ruesch (1951, trad. 1988), Communication : The Social Matrix of Psychiatry,
76
Diversité des référents culturels dans
l’organisation : comment optimiser la
rencontre des cultures ?
77
12
78
De la polyphonie à la cacophonie : voix des
voies du commerce équitable
Résumé
Forme parmi les plus anciennes des types de commerce usuellement dits
«alternatifs», le commerce équitable fait actuellement l’objet d’évolutions
considérables, au plan qualitatif de ses acceptions : il est des acteurs
originellement entrés dans le champ du commerce équitable qui inscrivent
aujourd’hui leurs démarches dans des matrices idéologiques variées,
intégrant toujours le champ de la solidarité organique (au sens de Durkheim)
et donc des préoccupations alter-mondialistes de type «commerce
équitable», mais également, nouvellement, des préoccupations de solidarité
mécanique, anti-mondialistes. Préoccupations qui deviennent de plus en
plus saillantes. Le discours originel du commerce équitable que portent
certains acteurs évolue ainsi, sous la pression de la mondialisation, vers
un commerce cherchant à développer l’économie locale : Nord-Nord et non
plus Nord-Sud. Alors, le commerce équitable peut s’emplir de considérations
ethniques. Ce qu’illustre la dynamique discursive de deux associations -
étudiées ici : Alternatiba, en pays Basque français (en Iparralde) et Kan ar
Bed, en Bretagne.
Abstract
Form among oldest of the types of trade usually known as «alternative»,
the equitable trade is the subject currently of considerable evolutions in the
plan, qualitative, of its meanings. The original speech of the equitable trade
evolves thus, under the pressure of universalization, to a trade seeking
to develop the local economy: North-north and either North-South. Then,
the equitable trade can ill up ethnic considerations. What illustrates the
discursive dynamics of two french associations - studied here: Alternatiba
and Kan ar Bed.
Forme parmi les plus anciennes des types de commerce usuellement dits
«alternatifs», le commerce équitable fait actuellement l’objet d’évolutions
considérables de ses acceptions. Plus précisément : en conséquence de chocs
exogènes et endogènes, ses frontières se loutent de plus en plus ; le contenu
sémantique de l’expression «commerce équitable» se charge d’ambiguïtés.
L’appellation devient ainsi un praxème - autrement dit, un signiiant sans signiié
igé, en dehors de ses usages.
79
12
12 La praxis désigne la source des informations acquises par l’expérience pratique, «à partir desquelles s’élaborent les représentations
versées au langage» (Siblot, 2001 : 268).
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De la polyphonie à la cacophonie : voix des
voies du commerce équitable
13 En France, la Fédération Artisans du Monde, regroupant plus d’une centaine de boutiques, rassemble ainsi près de 4 500
bénévoles pour seulement une cinquantaine d’employés (Diaz-Pedregal, 2006).
81
12
Reste que le référentiel idéologique du CE est donné tout entier en condensé par
la formule «Trade, not Aid», lancée lors de la Conférence des Nations Unies sur
le Commerce et le Développement (CNUCED) en 1964. Ce que réclament les
pays du Sud n’est pas la charité, mais le respect de la dignité des producteurs -
l’ouverture des marchés du Nord à leurs offres commerciales, et l’amélioration des
termes de l’échange. Dans cette perspective, la relation de solidarité Nord-Sud
développée au travers l’élaboration d’un cadre commercial alternatif en marge du
marché traditionnel est progressivement apparue insufisante : le marché du CE
restant trop marginal, trop conidentiel.
Les «labellisateurs» sont alors apparus pour pallier cette défaillance estimée du
système des acteurs spécialisés - pour notamment mettre les produits équitables
à disposition des consommateurs du Nord, dans les lieux d’achat habituels. C’est
ainsi, comme le notent Roozen et Van der Hoff (2002), pour augmenter le volume
des achats équitables au Nord, et donc le volume de l’aide au Sud, qu’a été
créé aux Pays-Bas, en 1988, le premier label de certiication du CE - le label
Max Havelaar14. D’autres «labels» sont par la suite apparus, dont Fair Trade
Mark et Transfair, amenant à la création d’une fédération internationale des
organismes de certiication : FLO International (Fairtrade Labelling Organization).
Avec en projet la mise en commun de leurs ressources par le biais d’un partage
de zones de compétence et l’uniformisation de leurs critères de certiication, la
détermination de standards de construction de cahiers des charges permettant
de rendre applicables à l’ensemble des structures de proit du marché capitaliste
classique les principes généraux du commerce équitable.
Relativement à la ilière intégrée, la logique du CE est ici radicalement autre, en ce
14 Expression indue, ceci dit incidemment : il ne s’agit en vérité que d’un logo. Le terme «label» employé ici pour qualifier la garantie
apportée est abusif, l’article L. 115-21 du code de la consommation précisant effectivement qu’un label fait référence à un cahier des
charges dont le contrôle est effectué par un organisme certificateur compétent et indépendant. Dernier attribut dont la réalisation n’est
ici pas respectée. Autrement dit, tout acteur peu étiqueter son offre comme relevant du «commerce équitable», dès lors qu’il respecte
sa propre charte, définissant sa propre vision du commerce équitable.
82
De la polyphonie à la cacophonie : voix des
voies du commerce équitable
83
12
Les acteurs du CE tracent donc pour celui-ci des voies de développement très
diverses. Et ce, selon des matrices idéologiques variées, intégrant toujours le
champ historique de la solidarité organique (au sens de Durkheim) et donc les
préoccupations alter-mondialistes de type «commerce équitable» (Zoll, 1998),
mais également, nouvellement, des préoccupations de solidarité mécanique,
anti-mondialistes (Robert-Demontrond, 2005). Préoccupations qui deviennent
de plus en plus saillantes. Le discours originel du commerce équitable que
portent certains acteurs évolue ainsi, sous la pression de la mondialisation, vers
un commerce cherchant à développer l’économie locale : Nord-Nord et non
plus Nord-Sud. Ce qu’illustre la dynamique discursive de deux associations -
étudiées ici : Alternatiba, en pays Basque français (en Iparralde) et Kan ar Bed,
en Bretagne.
Les discours ont été collectés selon deux modes, respectivement nethnographique
et sociologique. Nethnographique : le monde du commerce équitable se
prête particulièrement bien à ce type d’investigation, du fait du très fort niveau
d’implication socio-politique des acteurs, les inclinant au débat public. Il s’est
donc agi d’étudier les discours librement tenus sur divers blogs et forums de
discussion, et d’analyser les textes mis en ligne sur les sites internet des principales
associations et organisations du CE. Sociologique : il s’est agi de mener, en
complément, des entretiens auprès des acteurs du CE. Ainsi : 12 entretiens
semi-directifs ont été conduits auprès de dirigeants d’associations engagées
15 Créée en 1987, la société coopérative Andines a été la première en France à avoir parlé de «commerce équitable». Expression
d’ailleurs déposée par elle à l’INPI, en marque, avec une charte élaborée dans le souci de forger des partenariats qui ne créent pas
une dépendance économique des producteurs du Sud à l’importateur du Nord.
84
De la polyphonie à la cacophonie : voix des
voies du commerce équitable
Il en est ainsi avec le produit «Beuk Cola» lancé par Kan Ar Bed : la matrice
idéologique de cette offre commerciale - «première mondiale», «premier cola
équitable au monde, suivant le fondateur de Kan ar Bed, Hervé Legal - est très
signiicativement marquée par l’engagement politique des fondateurs de la
16 Des étudiants du master marketing de l’IGR ont participé après une formation ad hoc à la conduite de ces entretiens.
85
12
«Je vais schématiser pour que tu comprennes bien. Il y a deux piliers principaux du
17 www.ingalan.org/commerce_equitable/ingalan.php
18 Propos tenu dans un entretien cité en bibliographie (Legal, 2003).
86
De la polyphonie à la cacophonie : voix des
voies du commerce équitable
87
12
Herriko Kola Alternatiboa - soit en basque «Cola alternatif du Pays Basque») par
l’association Alternatiba s’est effectué avec le soutien technique de Kan Ar Bed.
Comme plus avant, il est alors question d’une solidarité de type organique : comme
le Beuk Cola, Ehka s’afirme en effet issu du commerce équitable. Ehka introduit
également des éléments relevant de la solidarité mécanique : plus encore que la
Scop Kan Ar Bed, l’association Alterniba insiste effectivement fortement dans sa
communication sur l’importance régionaliste du produit - se donnant notamment
pour ligne directrice, au plan managérial et commercial, l’utilisation fonctionnelle
et systématique de la langue basque. Avec un positionnement l’amenant à être
perçu comme une offre ethnique : le cola basque, produit par des basques, pour
être consommé par des basques. Au contraire de Beuk Cola (qui ne restreint
pas a priori l’extension de son marché, Ekha inscrit bien plutôt son action dans
le prolongement de Breizh Cola, lancé en 2002, en Bretagne (autre «première
mondiale») comme produit régional, de substitution aux offres internationales
(dans une logique anti-mondialiste et non pas alter-mondialiste). «Ça n’a rien
à voir avec l’esprit breton indépendant ou le régionalisme. En fait on aurait pu
communiquer sur son origine bretonne, le fait qu’il est fabriqué en Bretagne, mais
on ne le souhaitait pas. Nous, on a voulu vraiment communiquer sur le produit
équitable» (membre de Kan Ar Bed).
88
De la polyphonie à la cacophonie : voix des
voies du commerce équitable
Ce que mettent en évidence ces deux exemples est donc l’existence, nouvelle en
France, d’un type d’offre falsiiant les cartographies usuelles du CE. Lesquelles,
on l’a vu, tracent des lignes de partage entre spécialistes et labellisateurs,
transformateurs et régulateurs - acteurs n’envisageant toujours, tous, que les
voies Nord-Sud des relations commerciales. Ce qu’il faut à présent considérer,
c’est l’émergence d’un mouvement appelant à privilégier les voies Nord-Nord
de ces relations commerciales - appelant au développement d’un commerce
équitable local.
D’une part, donc, en première voix, les TAECOBs (pour «tenants d’une autre
économie du bien»), alter-mondialistes, pratiquant une solidarité organique,
89
12
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De la polyphonie à la cacophonie : voix des
voies du commerce équitable
Anti-mondialiste : ces offres ne relèvent pas que d’une «pulsion de vie», mais
relèvent aussi d’une «pulsion de mort». Positionnement que les consommateurs
enquêtés identiient pleinement : c’est «pour lutter contre les multinationales»
(I8), «contre la société libérale» (I16) ; «je préfère que cet argent aille aux petits
producteurs de chez nous qu’à Coca Cola» (I-19). Le Beuk Cola permet ainsi
d’assouvir la «pulsion de mort» des consommateurs. Celle-ci court sous un
discours souvent très euphémistique : «on fait un pied de nez aux Américains
(...) un gros pied de nez à Coca Cola» (I-20) ; «on a un remplaçant au Coca
américain, aux loobies américains» (I-21) ; «à partir du moment où tu choisis un
produit local, tu vas forcément abandonner un produit plus international quoi»
(I-27) ; «ça casse un peu le pouvoir de Coca» (I-22)... La pulsion de mort peut
être plus explicite : «je vais acheter plus cher ce produit-là mais au moins, ça
m’évitera de faire vivre d’autres groupes» (I16). Il s’agit de «contrer un peu les
produits américains, c’est important (...). On ne fait pas marcher l’économie des
Etats-Unis» (I-23). Avec un bénéice personnel, correspondant à un renforcement
intrinsèque - le boycott que sous-tend le buycott est psychologiquement gratiiant
: «ça met un peu la rage aux Ricains, j’aime bien» (I-24)...
91
12
moment donné si je, entre guillemets, par mon acte d’achat je donne à manger
à ces gens-là, est-ce que je vais pas retirer le pain de la bouche d’agriculteurs
français ? Donc là, y a un juste milieu à trouver» (I12). Quant aux ressources
environnementales, le commerce Nord-Sud est discrédité relativement à celui
Nord-Nord : «ça réduit le transport, les coûts de transport, la durée et donc la
pollution due au transport» (I-21) ; «ça évite d’avoir des camions sur les routes
et tout, quand on consomme au plus près quoi… j’essaie de faire attention à
tout ça» (I-25). «c’est plus près, donc moins de transport en camion, donc moins
polluant tout simplement. Je pense euh… si on part de loin, on a tous un lien de
sang avec la mer, avec la planète et donc je pense qu’il faut la respecter parce
que si on respecte pas la planète on va mourir, enin l’humanité en gros quoi.
Donc on doit être propre, respectueux de l’environnement et ces produits en in
de compte… Le plus important, c’est d’acheter local pour éviter les transports
(...) et c’est pour ça que je préfère même un produit qui est fabriqué même en
Bretagne» (I-26).
Toutes idées avancées par les consommateurs interrogés et partagées par les
organisations du CE hostiles à la conception historique du commerce équitable. Il
n’est ainsi pas juste, pour les TECOLs, d’aficher un label ou logo «équitable» sur
un produit dont les conditions de transport du Sud au Nord déient les règles de
labellisation - conditions de vie à bord des navires, pour les équipages, état même
des navires, pollution, etc. «Il y a strictement aucun produit, qui soit artisanal ou
alimentaire, qui soit issu du commerce équitable Nord-Sud, qui soit transporté de
manière cohérente avec la démarche. Vous êtes pas sans savoir que le transport
maritime est un vivier d’exploitation à ciel ouvert ; le transport aérien, si tu ajoutes
la notion d’impact écologique» (membre d’Ingalãn). Et encore, le transport Sud-
Nord pose problème pour les TECOLs, indépendamment de ces conditions de
réalisation, indépendamment de la qualité des conditions de travail. Le transport
même de ces marchandises génère des coûts écologiques d’importance - des
atteintes aux ressources environnementales qui, quoique non marginales, ne
sont pas intégrées dans le modèle. Le cas du jus d’orange, consommé en Europe
en volumes très conséquents, est souvent pris en exemple, paradigmatique
- le produit implique de fait, pour l’essentiel, des pratiques d’importation en
provenance de pays du Sud ; sa consommation étant notablement justiiée par
l’apport de vitamine C. Or, le cassis, produit au Nord, rivalise avec l’orange dans
ses apports, justement, de vitamine C. Pourquoi alors ne pas développer des
marchés équitables en circuits courts pour les jus régionaux, élaborés par de petits
producteurs locaux ? Offres plus écologiques, car de proximité, et propices au
développement de nouvelles solidarités. Ce n’est pas alors d’alter-mondialisation
qu’il s’agit, mais bien d’anti-mondialisation : «pour moi, faire cramer du kérosène
pour soutenir des producteurs qui en ont besoin, à moyen terme, on se rend
pas service et on leur rend pas service à eux non plus. Parce qu’on est en train
d’augmenter, d’accélérer une situation qui est en train de nous foutre tous en
l’air» (membre d’Ingalãn).
92
De la polyphonie à la cacophonie : voix des
voies du commerce équitable
93
12
94
De la polyphonie à la cacophonie : voix des
voies du commerce équitable
perspective des organismes de labellisation, ce n’est de fait qu’à travers les canaux
de distribution conventionnels que les consommateurs non-militants peuvent être
touchés - que le projet de forts volumes de vente peut être réalisé ; que le credo
originel «Trade, not Aid », peut être actualisé. Il est nécessaire, en conséquence,
d’iniltrer ces canaux et de conclure des ententes avec la grande distribution.
«Les produits du commerce équitable doivent être là où le consommateur va.
On n’est pas dans un système où le petit commerce prédomine» (responsable
du CRIDEV). Le CE ne peut être une réelle alternative économique «que si les
produits sont disponibles dans chaque supermarché, chaque épicerie, à chaque
coin de rue, là où le consommateur a l’habitude de faire ses courses, et pas
seulement dans les magasins spécialisés » (Transfair, 2001). L’argumentation
développée par M.-E. Leclerc21 dans ses rélexions sur le développement durables
est identique, qui conclut à la nécessité d’une entente entre acteurs du CE et
grande distribution : «en rentrant dans les rayonnages des hypers, le commerce
équitable proite de la notoriété et de l’attractivité des enseignes. Il augmente
les débouchés potentiels. Et les produits équitables deviennent plus accessibles
parce que moins chers. Contrairement à une idée reçue, le prix jusqu’ici élevé du
commerce équitable ne provient pas de la rémunération payée aux producteurs.
Ce sont les charges ixes, les coûts logistiques et les marges des intermédiaires
qui plombent leurs prix. Par rapport au circuit traditionnel et trop conidentiel des
réseaux militants, le référencement en hyper rend ces produits presque aussi
compétitifs que les grandes marques. Et ils proitent de la politique promotionnelle,
comme la présence en catalogue (15 millions d’exemplaires) »...
95
12
Les divergences confessionnelles, donc, sont extrêmes. Même si les efforts pour
en atténuer l’expression sont d’importance. Tout au long des entretiens menés,
un fort ressentiment transparaît dans le discours des acteurs du groupe contesté,
les TAECOBs - ces «gens qui défendent le commerce équitable, qui s’en font
les spécialistes et ne veulent voir que ça, le commerce Nord-Sud» (membre
d’Ingalãn)... Un sentiment de trahison domine - l’idée que les TECOLs bénéicient
pleinement des efforts de communication, de sensibilisation des consommateurs
aux problématiques du commerce équitable effectués depuis des années par
les TAECOBs : «il y en a beaucoup qui disent, ben notamment Ingalãn, qu’on
aurait jamais dû aller en grande distribution. (...). Maintenant que c’est en grande
distribution, leurs boutiques aussi en proitent. Les gens, ils savent en passant
devant Artisans du Monde ce qu’ils vont y trouver. (...) Si on n’était pas en grande
distribution, on ne serait pas connu, et les producteurs n’en bénéicieraient
pas» (membre de Lobodis)22. «Quand on est un petit peu sérieux, on ne casse
pas en permanence du sucre sur le dos de Max Havelaar au prétexte que Max
Havelaar est distribué par la grande distribution. (...) Moi, je ne suis pas favorable
maintenant à ce que l’on mélange la notion de commerce équitable et commerce
solidaire. Ce sont deux démarches qui sont convergentes, mais qui ne sont pas
de même nature. Alors que je pense que tout le travail que fait Breizh Ha Reizh
relève de l’organisation alternative, d’une autre manière de produire, de vendre
et de consommer, bon et qu’ils ne sont pas les seuls à faire. Et inalement je inis
par prétendre que toutes ces organisations-là existent parce qu’on s’est posé la
question» (fondateur de Max Havelaar France).
22 En France, la Fédération Artisans du Monde a décidé, lors de leur assemblée générale de juin 2005, de ne pas collaborer avec la
grande distribution (comme Oxfam, en Grande-Bretagne).
96
De la polyphonie à la cacophonie : voix des
voies du commerce équitable
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12
équitable» sur un produit, ça se vend mieux. Alors que ce n’est pas ce que l’on
recherchait. (...) Le problème, c’est que beaucoup de personnes apposent la
notion de commerce équitable alors que cela n’a rien à voir avec du commerce
équitable. Par exemple, prenons le bio-équitable, ce sont des produits Bio
mais pas équitables» (fondateur de Max Havelaar France)... La question de la
frontière entre éthique et équitable court également dans le discours des acteurs
enquêtés - parfois en dénonciation, parfois en légitimation. En dénonciation, par
exemple de ce que «selon FLO, les gros producteurs peuvent bénéicier du label
équitable pour certains produits (...). Le patron doit alors respecter un cahier
des charges particulier, notamment en ce qui concerne les droits des ouvriers
agricoles (présence d’un syndicat, salaires décents…). Les autres conditions
sont les mêmes pour le cahier des charges qui s’applique aux petits producteurs.
Il ne s’agit plus vraiment à mon avis de commerce équitable, mais plutôt de
commerce éthique, dans le sens où les ouvriers travaillent dans les conditions
décentes dans le meilleur des cas, mais ne sont pas associés à la répartition des
bénéices réalisés par la société pour laquelle ils travaillent». En justiication :
considérant par exemple que des mouvements comme «Ethique sur l’étiquette»,
«sont complètement en lien avec le commerce équitable (...), parce que l’ambition
c’est bien de moraliser le commerce» (salarié de la CRES). Mais alors, tous les
credo se fondent en un syncrétisme insoucieux de toute priorité.
Les acteurs enquêtés expriment avec force une attente de repères, la demande
de normes claires, et restant exigeantes - permettant de prévenir l’irruption sur le
marché d’entreprises privées s’autoproclamant indûment «acteurs du commerce
équitable», sans autre forme d’engagement. «On va avoir du commerce équitable
qui n’aura plus de normes (...). Là, on fait maintenant des normes au rabais
pour faire plaisir aux distributeurs et aux grandes surfaces. Et je crois que l’on
commence à se perdre un peu dans la notion même du commerce équitable. (...)
Si on fait du volume maintenant, le terme de commerce équitable sera tellement
galvaudé qu’on fera un commerce équitable au rabais» (membre Ingalãn). «Il
faudrait poser une norme, pas une norme au rabais, une norme qui dicte bien
les règles qu’on ne puisse pas changer ou contourner. Le commerce équitable,
c’est quand même un cahier des charges, ce sont des normes bien déinies. Le
grand risque c’est qu’il y ait une confusion entre toutes les notions» (membre du
Cridev). «Le problème, c’est que chacun est avec ses critères. Alors comment
peut se retrouver le consommateur ?» (Président de Max Havelaar 35).
98
De la polyphonie à la cacophonie : voix des
voies du commerce équitable
présider les travaux. Les résultats escomptés n’ont pas été obtenus : du fait des
divergences par trop importantes entre les différentes parties prenantes, l’objectif
d’élaboration d’une norme a été inalement écarté (au moins ponctuellement)
pour la publication, en mars 2005, d’un simple fascicule de documentation,
déinissant les critères génériques de la démarche du CE...
Avec pour explication, notamment, le fait que le texte réduisait les missions
d’éducation et de développement à une simple sensibilisation, mettait l’accent
sur le prix juste de l’offre commerciale en négligeant la mission sociale du
commerce équitable, et ne prenait pas en considération le nécessaire partenariat
avec des producteurs ou travailleurs organisés, ou engagés dans un processus
d’organisation - condition sacralisée, estimée indispensable à l’engagement
d’un véritable processus de développement. « Il s’agit d’aider les producteurs
à s’organiser, pour qu’ils puissent accéder à leur propre autonomie. Sinon nous
restons dans l’assistanat »23.
Pour les TECOLs, cela même trace les frontières, met en lumière les positionnements
idéologiques, les convergences et les divergences confessionnelles et
d’intérêt, par delà les différences fonctionnelles. Max Havelaar France est tout
particulièrement interpellé - accusé de pratique anti-concurrentielle, de visée de
construction d’une situation monopolistique sur le marché de la labellisation et
de rapports impurs (sacrilèges) avec les acteurs de la grande distribution. « Max
Havelaar se trouve dans le système capitaliste et bien dedans, dans le sens ou
il faut faire du chiffre, on travaille avec la grande distribution, tout ça pourquoi…
pour intégrer un maximum de producteurs, pourquoi intégrer un maximum de
producteurs dans une relation de commerce équitable, quel est l’enjeu, la raison
? (membre d’EsperanZa) ; « bien qu’imparfait, le fascicule de documentation
aurait permis d’examiner un certain nombre de pratiques commerciales. C’est
pour cette raison qu’il a été refusé, précisément par ceux dont les pratiques
sont les plus opaques. Max Havelaar France a déinitivement montré qu’il se
rangeait aux cotés de ces acteurs (...). Leur ambition inavouée est l’édiication
d’un monopole privé de certiication qui leur permettra de s’exonérer du droit à
la consommation»24. Les voix s’enlent en cacophonie. « Le commerce équitable
23 Ferreira, directeur de Max Havelaar France in Bohé G. (2005), Polémique autour du document de l’AFNOR sur le commerce
équitable, 27 avril, www.novethic.fr
24 D. Minard, de l’agence de développement Quatre Mâts Développement, membre et représentant de Minga dans le cadre des
travaux de l’AFNOR, 8 novembre 2005 - www.quatre-mats.org./article.php3?id_article=15
99
12
Toutes idées reprises dans la loi sur les PME du 2 août 2005 (article 37),
qui donne une déinition restrictive du commerce équitable le bornant aux
échanges de biens et services entre Nord et Sud et prévoit la création de
cette Commission en charge du contrôle des pratiques de tous les acteurs,
personnes physiques ou morales, voulant recevoir une accréditation de l’État.
Reprenant son travail, l’AFNOR a inalement publié en janvier 2006 un accord
de référence sur le commerce équitable (AC X50-340), retenant trois principes,
présentés comme complémentaires et indissociables, pour sa déinition et sa
qualiication : i) l’équilibre de la relation commerciale entre les partenaires ou
co-contractants (prix minimum équitable pour le producteur, respect des droits
sociaux et environnementaux, pérennisation de la relation commerciale, etc.) ; ii)
l’accompagnement des producteurs et des organisations de producteurs engagés
dans le commerce équitable, «dans les pays en développement» ; iii) l’information
et la sensibilisation du public. Le texte n’engageant que les signataires et n’ayant
donc pas de valeur normative, sa portée est essentiellement symbolique, comme
le rappelle en préambule l’AFNOR : le document produit, entériné par la majorité
des membres de la commission dédiée à ce travail, «concrétise la volonté de ces
acteurs d’élaborer un cadre de référence professionnel partagé, sous la forme
25 E. Antoine, de l’agence de développement Quatre Mâts Développement, membre et représentant de Minga dans le cadre des
travaux de l’AFNOR, 21 juin 2005 - www.quatre-mats.org./article.php3?id_article=15
100
De la polyphonie à la cacophonie : voix des
voies du commerce équitable
26 www.maxhavelaarfrance.org/ressources/cp-afnor.htm
27 www.minga.net/article.php3?id_article=377
28 idem, 21 décembre 2005.
101
12
102
De la polyphonie à la cacophonie : voix des
voies du commerce équitable
Voix contre voix donc, cacophonie de clameurs où chaque groupe refuse à l’autre
le droit au même nom, à son nom. Cacophonie de nominations des acteurs,
inalement ; cacophonie d’auto-dénominations et d’hétéro-dénominations. A
entendre, à comprendre, selon ce que rappelle très justement Siblot (1999, p.
26) : «une nomination n’existe qu’en fonction d’autres nominations, en charge
d’autres points de vue. La prise en compte de cette réalité motive la distinction
sommaire faite entre auto-désignation et hétéro-désignation : nous savons depuis
103
12
Bibliographie
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Annexe
Descriptif des personnes interrogées :
I-1 : Femme, 45 ans, médecin, acheteur
I-2 : Homme, 22 ans, étudiant, acheteur
I-3 : Homme, 68 ans, retraité, acheteur
I-4 : Femme, 48 ans, cadre, acheteur
I-5 : Femme, 23 ans, professeur, acheteur
I-6 : Femme, 23 ans, assistante export, acheteur
I-7 : Homme, 40 ans, cadre d’entreprise, acheteur
I-8 : Femme, 43 ans, professeur, acheteur
I-9 : Femme, 45 ans, cadre, acheteur
I-10 : Femme, 23 ans, étudiante, non acheteur
I-11 : Femme, 50 ans, institutrice, non acheteur
105
12
106
GRH et TIC
107
Le syndicalisme face aux TIC : réalité du
changement et implications managériales
Résumé
Ain d’atteindre leurs objectifs, les organisations syndicales françaises sont
contraintes de mettre en place les TIC. Les changements en résultant
sont fortement inluencés par les spéciicités de leur fonctionnement
organisationnel. Cela nous conduira à étudier la réalité des changements
engendrés et les conséquences managériales pouvant résulter de
l’introduction de ces technologies.
Abstract
In order to reach their objectives, the French trade-union organizations have
to set up the ICT. The changes generated are strongly inluenced by the
speciicities of their organizational functioning. That will lead us to study the
reality of the generated changes and the managerial consequences of the
introduction of these technologies.
109
12
31 Les « Cyber-picking » consistent à envoyer un très grand nombre de messages de protestation dans une entreprise et ainsi à
surcharger le site.
110
Le syndicalisme face aux TIC : réalité du
changement et implications managériales
2. La réalité du changement
Nous apprécierons cette réalité à travers une étude de cas. Nous présenterons
tout d’abord celle-ci puis nous mettrons en avant les résultats de l’observation
pour enin discuter de ses implications managériales.
111
12
Ain d’étudier l’impact de l’introduction des TIC au sein d’une organisation syndicale,
nous avons réalisé une étude de cas en privilégiant une démarche qualitative.
Celle-ci a été conduite au sein des différentes structures composant l’organisation
syndicale analysée : la Confédération, trois Fédérations professionnelles, une
Union Interprofessionnelle régionale et trois Syndicats professionnels au sein de
la même région. Nous avons réalisé vingt-cinq entretiens semi-directifs auprès
de différentes catégories d’acteurs (secrétaires généraux… Des observations
non participantes ont également été conduites à l’occasion de nos visites au
sein des entités étudiées. Nous avons collecté un grand nombre de documents
écrits internes (revues, journaux, brochures, tracts…). Enin, les sites Internet de
certaines des entités observées fournissent des informations intéressantes sur
leur fonctionnement organisationnel (structure, prise de décision…) ainsi que sur
les TIC et leur utilisation.
112
Le syndicalisme face aux TIC : réalité du
changement et implications managériales
33 Cette utilisation est d’ailleurs très développée dans toutes les structures que nous avons observées.
34 Les propos reproduits entre guillemets et en italique sont des extraits des différents entretiens conduits à l’occasion de cette
recherche.
113
12
114
Le syndicalisme face aux TIC : réalité du
changement et implications managériales
2000). Les TIC peuvent contribuer à une telle démarche participative même si
l’accent doit être mis sur les débats directs, mode de fonctionnement essentiel
du syndicalisme français.
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115
12
116
Outsourcing et Ressources Humaines : Le
BPO : solution pour la transformation de la
fonction RH ?
Résumé
Les recherches concernant le thème de l’externalisation sont nombreuses.
Pourtant rares sont les articles académiques portant précisément sur
l’outsourcing Ressources Humaines. Ce papier souligne les spéciicités et
les enjeux de l’externalisation RH, tout en distinguant BPO transactionnel et
BPO transformationnel.
Abstract
Researches concerning the theme of externalisation are numerous. However
few are about HR outsourcing. This article underlines the different speciicities
of the HR externalisation and distinguishes between transactional BPO and
transformational BPO.
117
12
35 (On trouve les termes de HR- BPO ou ASO Administrative Service Organization ou BSP Business Service Provider)
36 Conseil Economique et Social (2005), Conséquences sur l’emploi et le travail des stratégies d’externalisation d’activités. Ed des
Journaux officiels.
118
Outsourcing et Ressources Humaines : Le
BPO : solution pour la transformation de la
fonction RH ?
119
12
Dans ce cadre, des entretiens exploratoires ont été menés auprès de prestataires
leaders en services RH pour comprendre comment l’externalisation des processus
métiers informatisés peut aider la fonction dans son nouveau rôle.
120
Outsourcing et Ressources Humaines : Le
BPO : solution pour la transformation de la
fonction RH ?
121
12
Pour les grands prestataires (ex IBM, Accenture), le BPO est lié au concept de
centres de service partagés, « shared service center » ou SSC.
Historiquement ces centres étaient internalisés au sein des entreprise. Ce sont
des entités opérationnelles indépendantes qui ont pour vocation de centraliser
un certain nombre de fonctions supports pour une entreprise ayant des activités
multiples et de nombreuses implantations géographiques. Au lieu d’avoir des «
back-ofices » indépendants, intégrés à chaque unité opérationnelle (usine, iliale
etc), il s’agit de regrouper les ressources de support.
122
Outsourcing et Ressources Humaines : Le
BPO : solution pour la transformation de la
fonction RH ?
38 A titre d’exemple le transfert d’information nominative en dehors de l’Europe requiert une procédure spécifique à la CNIL.
123
12
Pourtant force est de constater que les études empiriques portant sur l’eficacité
du BPO ne sont pas assez nombreuses pour universaliser le BPO. De plus les
résultats ne sont pas toujours cohérents (Shi, Chiang, Hsu (2005), Cook (2005,
2006) Shen (2005), Schlosser, Templer, Chanam (2006).
A l’instar de Mani, Barua, Whinston (2006) et de Linder (2004), il semble utile
pour analyser cette thématique de distinguer deux types d’externalisation :
l’externalisation transactionnelle et l’externalisation transformationnelle.
124
Outsourcing et Ressources Humaines : Le
BPO : solution pour la transformation de la
fonction RH ?
Bibliographie
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125
12
126
L’E-RH : un processus de modernisation de
la gestion des ressources humaines à la ville
de Paris.
Résumé
L’objet de cette recherche est d’observer l’impact des Technologies de
l’Information et de la Communication (TIC) sur la Gestion des Ressources
Humaines (GRH). Après une revue de la littérature, nous présenterons
les premiers résultats d’une étude empirique conduite au sein de la Mairie
de Paris. L’objectif est de décrire des pratiques de « modernisation » de
la GRH dans une organisation et d’analyser les changements. Selon les
auteurs, l’impact est opérationnel avec la mise en place du SIRH (bases
de données, automatisation des activités administratives…), relationnel
(ou transactionnel) avec le développement de l’E-RH. Dans ce cas, il
concerne des activités RH plus sophistiquées et interactives. L’accent
n’est plus mis sur l’administratif mais sur des outils RH supportant des
activités spécialisées et des process managériaux (recrutement, formation,
évaluation, rémunération). Enin le dernier impact est transformationnel. Il
s’agit de réorganiser la FRH en équipe virtuelle ain de lui conier un rôle et
des activités plus stratégiques.
A la Mairie de Paris, sur le plan fonctionnel, le SIRH met à la disposition des
professionnels des outils d’analyse et d’aide à la décision contribuant au
pilotage des RH. Le LSRH et l’automatisation des tâches progressent, mais
il y a encore d’importantes marges de progrès.
En effet, la performance organisationnelle est insufisante. Les observations
réalisées révèlent des phénomènes de résistance au changement de la
part des salariés et des managers. Enin, sur le plan technique, les critères
d’évaluation sont : la sécurité, la rapidité, la iabilité, l’ergonomie, le design
et le proiling.
Abstract
The object of the research is to observe the impact of the information
technology on the HRM. After a review of the academic literature, we
present the results of an empirical research conducted at the city council of
Paris. The aim of the article is to describe the “modernisation” of the HRM
practices and to analyse the induced changes.
In accordance with the authors, the impact is operational because of the
127
12
128
L’E-RH : un processus de modernisation de
la gestion des ressources humaines à la ville
de Paris.
Les enjeux puis les modalités du changement seront présentés dans cette
première partie. Les enjeux d’une modernisation sont stratégiques, toutefois les
professionnels de la FRH ne sont pas tous « réceptifs » et coopératifs. L’écart de
« performance » pourrait justiier a posteriori le changement. La littérature déinit
les modalités selon l’impact de la technologie sur la GRH : impact opérationnel,
relationnel et transactionnel.
39 SHRIVASTAVA et alii, RUËL et alii , SNELL, LEPAK, LENGNICK-HALL, STROHMEIER (cités en bibliographie).
129
12
130
L’E-RH : un processus de modernisation de
la gestion des ressources humaines à la ville
de Paris.
légitime42 – sont à la fois objet et acteurs du changement. Les TIC leur permettent
d’accéder et de diffuser plus eficacement l’information, tout en inluençant ce
que l’on attend d’eux (Gardner et alii, 2003). Une restructuration de la FRH
peut conduire l’entreprise à opter pour le recentrage sur certaines activités et
pour l’externalisation d’autres. Dès lors, la FRH peut se transformer en équipe
virtuelle, les membres de l’équipe sont choisis en fonction de leurs compétences,
indépendamment de leur localisation physique et de leur appartenance à une
organisation. Les activités sont réalisées et coordonnées par voie électronique
(Snell et alii, 2002).
Compte tenu du contexte stratégique, il s’avère que les acteurs « professionnels
de la GRH » participent à l’incorporation des TIC soit en tant qu’utilisateurs, soit
comme concepteurs au sein d’une équipe projet (Niederman, 1999 ; Lamb et
Davidson, 2003).
42 Ruël et alii (2004) évoquent les conséquences de l’e-rh : « les professionnels seront beaucoup moins sollicités et l’effectif de la
FRH diminuera si les responsables hiérarchiques et les salariés consultent et utilisent les outils RH mis en ligne. »
131
12
Sur la thématique plus restreinte des intranets, Laval et alii (2002) dressent
également une liste des dificultés, établie à partir des déclarations des personnes
interrogées. Il en ressort : des dificultés organisationnelles (politiques d’acteurs,
culture de réticence au changement), des dificultés d’utilisation (manque de
convivialité), des dificultés techniques, des dificultés d’actualisation des données
(incohérence), des dificultés de sécurité (fuite de connaissance, évaluation
360°), des dificultés de travail en groupe, des dificultés de coordination
interfonctionnelle, des dificultés dues à la non intégration de l’utilisateur inal,
des problèmes de inancement.
En complément une liste de facteurs clés de succès a été élaborée : qualité de
contenu, actualisation dynamique, support humain et intégration de l’utilisateur
inal, coordination interfonctionnelle, culture BDD, design, proiling, implication de
la direction générale et de la hiérarchie.
L’importance de la qualité du contenu, du support humain, de l’actualisation et
l’importance du design et du proiling (exemple d’Arjowiggins dont le slogan est «
Fournir un maximum d’information RH en un minimum de clics » et de Siemens
ayant intégré un chef de projet artistique) est conirmée par l’étude longitudinale.
L’utilisateur inal, opérationnel ou membre de la fonction Ressources Humaines,
est, en outre, sensible à la formation à l’utilisation du système, à la documentation,
à l’installation d’applications «en ligne». Le système d’information doit comporter
un nombre signiicatif d’applications pour la GRH conviviales et pragmatiques
(Haines & Petit, 1997).
132
L’E-RH : un processus de modernisation de
la gestion des ressources humaines à la ville
de Paris.
Les performances des TIC sont dificiles à cerner car les bénéices sont intangibles
et les coûts associés sont souvent non connus à l’avance (Bhattacherjee (1998).
Les praticiens de la GRH doivent promouvoir l’innovation sociale tout en étant
sommés de participer à l’effort de réduction de coût et de création de la valeur
(Gilbert 2000 p 33). Knight, Steinbach, White (2003) émettent un doute en
indiquant le fort décalage entre les bénéices annoncés par les praticiens et les
académiques et les résultats réels.
43 Basic employee information ; Applicant tracking ; Recruiting ; Equal employment opportunity / affirmative action ; Position control
; Performance management ; Compensation ; Payroll ; Benefits ; Training ; Carrer development/skill inventory ; Human resource
planning.
133
12
L’impact relationnel
Dans l’entreprise, les TIC permettent également de :
- fédérer l’accès à l’information avec un outil indépendant des systèmes
de stockage et d’administration des données ;
- créer des services en ligne à l’usage privé des collaborateurs d’une
entreprise ; et des applications accessibles au travers d’Internet ; ainsi
que des passerelles de communication avec le réseau de l’entreprise
pour les collaborateurs itinérants (développement du nomadisme) ;
- mettre en place des ressources permettant de renforcer l’eficacité
des collaborateurs (sessions de formation et présentations sous
forme de vidéo numérisées, journaux électroniques, déclarations et
communications oficielles, etc.) ;
- expliquer, dans les grandes entreprises internationales, les ressources
partagées entre le siège et les iliales (les applications départementalisées
en intranet peuvent être exploitées en se servant d’Internet comme d’un
simple véhicule de paquets d’informations) ;
- développer des outils interactifs (libre service RH);
- automatiser des tâches administratives au travers des réseaux
intégrés.
L’outil intranet permet ainsi à l’entreprise une meilleure diffusion et un meilleur
partage de l’information. La communication entre l’ensemble des acteurs
organisationnels est améliorée. Le Libre service ressources humaines (LSRH)
regroupe toute une série d’applications administratives que les salariés peuvent
utiliser en ligne, à partir de leur poste de travail. Citons, à titre d‘exemples: le
ichier du personnel, les tableaux de bord sociaux, la plate-forme de formation
(dont e-learning), la gestion des compétences et carrières, la paie, la gestion des
temps et des activités...etc. La mise en ligne de services RH interactifs se réalise
grâce au worklow. Il s’agit d’applications permettant la formalisation et la gestion
des processus de circulation des lux d’informations entre différents acteurs) qui
permet au salarié de saisir les informations le concernant -par exemple sur sa
situation personnelle-, ses demandes -congés, formation,…-, ses décisions -
par exemple l’affectation des sommes reçues au titre de l’intéressement ou de
la participation (Peretti, Barthe & Castro Gonçalves, in e-GRH : révolution ou
évolution ?, 2002).
44 Observatoire du e-management Dauphine Cegos, enquête annuelle auprès de 500 entreprises : www.observatoireemanagement.
com.
134
L’E-RH : un processus de modernisation de
la gestion des ressources humaines à la ville
de Paris.
L’impact transformationnel
L’implantation des SIRH favorise ces modiications organisationnelles et
managériale, comme le souligne (Benghozi, 2001) : « les changements
organisationnels en cours [liés aux SI] se traduisent donc à la fois par une
décentralisation et une intégration accrue : plus d’adaptabilité, mais dans un
contexte formaté plus rigide : plus de structuration, mais en ménageant des
marges de souplesses. ».
Chaque application peut être conçue pour une division, un pays ou à l’échelle
centrale ou mondiale. Ces choix organisationnels ne sont pas neutres car, le
réseau informatique crée des liens (des relations d’information) qui court-circuitent
le cheminement hiérarchique (Huault, 1996).
Ainsi, nous considérons (Laval, 2000) que les changements technologiques ont
un fort impact organisationnel, notamment sur le management, la socialisation,
la coordination et le contrôle. Juger des effets produits sur l’organisation est plus
délicat :
- Le management
La fonction de manager évolue vers un rôle de facilitateur. Ainsi un chef de
projet est responsable de l’interface entre les utilisateurs et la technologie et
se situe au centre du système de communication. Il s’investit dans la formation
des participants, anticipe le changement technologique et devient l’initiateur et le
promoteur des TIC (Coat & Favier, 1998).
C. Dumoulin (1999) étudie la mise en place et le fonctionnement d’équipes
virtuelles dans l’entreprise EHPT - joint venture créée par Hewlett Packard (US)
et Ericsson (Suède) dans le domaine des télécommunications - avec des équipes
réparties sur 10 sites dans le monde. Les préconisations pour les managers
concernent :
> l’organisation du travail : la formalisation et la coordination
sont accentuées,
> l’information et la communication : elles sont différenciées en
termes de contenu et de forme selon qu’il s’agit de l’activité ou
de relations sociales. La confusion des genres45 est source de
malentendus,
> le contrôle : il est délégué et centré sur les résultats,
> et la reconnaissance.
- La socialisation, médiatisée par la technologie, découle notamment
de la coniance, de la motivation (Favier, Coat, Courbon & Trahand,
1998) et de «l’excellence» (Amherdt & Su, 1997). C’est une dimension
sociale et cependant fondamentale du fonctionnement des équipes.
Les individus travaillent par média interposé, le face à face n’est plus
systématique.
- La coordination, selon Coulon (1999), est accentuée par le groupware,
notamment la supervision directe, la standardisation des procédés
45 Cf la théorie des genres, Orlikowski & Yates (1994).
135
12
46 cf. Management, stratégie et Organisation, Vuibert, 6ème édition 2006, J.P. Helfer, M. Kalika, J. Orsoni.
136
L’E-RH : un processus de modernisation de
la gestion des ressources humaines à la ville
de Paris.
Les activités RH sont positionnées dans la matrice selon leur unicité ou leur
degré de spéciicité, leur valeur stratégique. C’est à partir de ce positionnement
que l’on peut choisir entre recentrage ou externalisation d’activités.
Les technologies de l’information permettent l’automatisation (impact
opérationnel), favorisent les accès distants (impact relationnel) et transforment le
champ et les fonctions du département RH.
« L’outsourcing » des activités RH à faible valeur ajoutée et les partenariats avec
des acteurs externes (externalisation vers des cabinets prestataires de services
; lien avec les administrations) vont notamment participer à la transformation de
la fonction RH.
Ulrich (2001) souligne que la fonction peut perdre sa place à moins que les
praticiens ne répondent avec intelligence aux déis d’un nouvel environnement
en transformant la fonction comme créatrice de valeur avec des orientations
compétitives et stratégiques
2.1. Méthodologie
La méthodologie retenue est celle de l’étude de cas. Cette étude longitudinale
débute en 2003, à la Mairie de Paris. Elle consiste en une trentaine d’entretiens
semi directifs centrés. Les données recueillies sont complétées par une analyse
de la documentation interne et des données disponibles sur le site Intranet RH
de la ville de Paris, et enin par une analyse des données issues de l’observation
participante ou non participante.
137
12
Les activités de gestion des personnels et les responsabilités sont réparties entre
la Direction des Ressources Humaines, les Directions48 et les Unités de Gestion
Directe (UGD).
Les services centraux de la DRH ont en charge la gestion collective des personnels
(avancements de grade, reclassements, examens professionnels…) ainsi que le
pilotage de chaque domaine de gestion.
Ils centralisent des décisions de gestion individuelle (le reclassement, par
48 Direction des affaires scolaires, Direction des parcs, jardins et espaces verts, Direction de la protection de l’environnement,
Direction de l’action sociale, de l’enfance et de la santé.
138
L’E-RH : un processus de modernisation de
la gestion des ressources humaines à la ville
de Paris.
139
12
Ainsi, la Fonction RH est mise en œuvre dans les différents niveaux d’organisation
suivants :
Niveau Mise en œuvre de la Gestion des
Ressources Humaines
Central Les acteurs sont situés à la DRH (pour la
Commune et le Département) et au service
central du personnel (pour le CASVP)
Direction Chacune des Directions (ou Services pour
le CASVP).
22 pour la Commune et le Département, 6
services pour le CASVP
R e g r o u p e m e n t Niveau d’organisation supplémentaire
intermédiaire déini par certaines directions, nommé
« sous-direction », « grand service », «
service technique », « subdivision », «
circonscription »…
Unité de Gestion Directe 400 pour la Commune et le Département,
(UGD) 56 pour le CASVP
Lieu de travail Environ 1700 + 260 pour le CASVP
140
L’E-RH : un processus de modernisation de
la gestion des ressources humaines à la ville
de Paris.
141
12
L’un des enjeux de la Ville de Paris est de passer d’une gestion des personnels
à une gestion des ressources humaines, d’une gestion quantitative à une gestion
qualitative, fondée sur la prévision. Cette évolution s’appuie sur la modernisation
de la fonction ressources humaines, qui intègrera davantage les TIC. Le SIRH
et la technologie Intranet contribueront à renforcer le système de pilotage et de
contrôle en matière de gestion administrative. Ils donneront plus de luidité aux
relations entre les gestionnaires RH positionnés dans les Directions et la DRH.
Le principal enjeu de ce projet est l’amélioration de la qualité de la GRH, ainsi
déinie par la Mission Modernisation de la DRH de la Mairie de Paris (groupe de
pilotage du projet) :
- Une simpliication des procédures,
- Des réductions de délais dans le traitement des dossiers,
- Une homogénéisation des pratiques de gestion garantissant ainsi une
égalité de traitement entre les agents,
- Une clariication du rôle de chaque acteur de la fonction ressources
humaines,
- Un renforcement du professionnalisme de l’ensemble des gestionnaires
de ressources humaines.
La nouvelle organisation interne de la DRH est conçue à partir d’une révision
des principes de répartition des responsabilités entre le niveau central et les
Directions opérationnelles. Elle sera facilitée par la mise à disposition d’instruments
d’analyse et d’aide à la décision contribuant notamment à une meilleure maîtrise
des effectifs et de la masse salariale.
Ce projet de modernisation de la fonction RH conduit à :
- La création d’un pôle de pilotage, ayant pour mission l’information et
l’aide à la décision du DRH par des analyses (tableau de bord DRH) et
des prévisions ou anticipations,
- La création d’un bureau des relations sociales (relations avec les
syndicats et observatoire social),
- L’élargissement de la démarche GPEEC à la logique compétences-
métiers (mission GPEEC de la DRH en relation avec les services RH
des Directions).
142
L’E-RH : un processus de modernisation de
la gestion des ressources humaines à la ville
de Paris.
Les droits d’usage du progiciel HR Access version 5 sont acquis par la Mairie de
Paris. Les modules HR Access listés ci-après sont disponibles pour la mise en
œuvre du projet :
- HRA Basic Unix / Oracle : Module de base de HR Access. Il comprend
également Impromptu de la société Cognos (version non Web).
- Moteur de Paie et de GTA : Module de base de la paie HR Access.
- HR Evolution : Module HR Access développé pour faciliter la migration
entre SIGAGIP/Personnel et HR Access, avec reprise des données de
personnel, des archives de paie SIGAGIP/Personnel, des archives
de rappel SIGAGIP/Personnel, des rubriques de paie SIGAGIP/
Personnel.
143
12
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L’E-RH : un processus de modernisation de
la gestion des ressources humaines à la ville
de Paris.
palette de services nécessaire à son activité. Quatre espaces ont été identiiés
selon les différents proils recensés à la Mairie de Paris (agents, managers,
professionnels RH) :
- Un espace collectif ;
- Un espace personnel permettant à chaque agent de consulter
sa situation personnelle, d’utiliser les outils du Self Service et de se
constituer un espace type « ma page » ;
- Un espace manager permettant à chaque manager de trouver
l’ensemble des données relatives à ses équipes et de consulter les
tableaux de bord mis à disposition par sa Direction, de valider les
demandes effectuées par ses collaborateurs au travers du Self Service,
…;
- Un espace professionnel permettant à chaque agent s’occupant de
RH d’accéder aux applications et aux fonctions dont il a besoin, de
consulter les bases documentaires, d’accéder à la Hot Line, d’accéder
aux fournisseurs via l’extranet si besoin (ex : billet de train) et permettant
à chaque Direction ou à la DRH de mettre des informations à la disposition
d’ensemble de populations (ex : modalités de participation aux vœux
du Maire pour toute la population, fermeture des écoles le lendemain
de l’Ascension pour les agents de la Direction des Affaires Scolaires,
promotions de voyages, places libres pour les visites médicales, …).
L’ensemble de ces espaces est sécurisé et lié au proil des agents. Ils sont
accessibles depuis les postes individuels et depuis des points d’accès collectifs.
145
12
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la gestion des ressources humaines à la ville
de Paris.
147
12
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L’E-RH : un processus de modernisation de
la gestion des ressources humaines à la ville
de Paris
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150
L’E-RH : un processus de modernisation de
la gestion des ressources humaines à la ville
de Paris
151
12
152
Surcharge informationnelle, urgence et
TIC. L’effet temporel des technologies de
l’information.
et Michel Kalika
Résumé
La présente recherche s’intéresse à la contribution des TIC au développement
du sentiment d’urgence dans les entreprises et à son lien avec les notions de
surcharge informationnelle et de surcharge d’activité. Si la notion de surcharge
informationnelle n’est pas nouvelle en soi, sa dimension temporelle a été
peu étudiée. La généralisation des TIC dans le travail quotidien des salariés
recompose l’espace-temps du travail. Peu de recherches ont tenté d’analyser
le niveau individuel de la surcharge informationnelle, concept qui s’est enrichi
d’une dimension communicationnelle avec les TIC. La recherche s’appuie
sur une analyse empirique longitudinale de cinq ans sur un échantillon de
plus de 12 000 salariés49. Les résultats montrent que la perception de la
surcharge d’information, de la surcharge d’activité, d’urgence est croissante
sur la période 2001-2005. De plus, ces variables sont corrélées. Un modèle
d’équations structurelles indique que la suractivité est déterminée par la
surinformation, l’urgence et, à un degré moindre, par les TIC.
49 Les données utilisées dans cet article sont issues de l’Observatoire Dauphine-Cegos du e-management.
153
12
50 Les premiers travaux académiques datent du milieu des années 1970, cf. la synthèse des travaux proposées par Eppler et
Mengis, 2004
154
Surcharge informationnelle, urgence et
TIC. L’effet temporel des technologies de
l’information.
mise en avant au détriment de l’aspect délai qui est directement lié aux effets
temporels des TIC. Or, plusieurs effets temporels des TIC sont identiiables :
l’accélération de l’exécution des processus opérationnels, l’instantanéité. Aussi,
il nous semble pertinent d’examiner les effets des TIC sur le temps de traitement
de l’information et par conséquent les effets possibles sur la notion de surcharge
informationnelle au travers de la notion d’urgence.
155
12
156
Surcharge informationnelle, urgence et
TIC. L’effet temporel des technologies de
l’information.
157
12
l’organisation (notamment les réunions dans lesquelles les salariés ont accès à
leur courrier électronique).
Si le courrier électronique est une source de surcharge informationnelle, d’autres
technologies contribuent à générer un lux d’informations considérables à traiter,
comme les forums de discussion en ligne. L’interconnexion mondiale des individus
contribue à un très grand nombre d’échanges écrits sur ces forums de discussion
(Jones, Ravid et Rafaeli, 2004).
Dans l’identiication des causes de la surcharge informationnelle, les TIC
occupent donc une place de plus en plus importante même si la plupart des
recherches envisagent une variété importante de facteurs causaux, comme les
traits personnels et les capacités cognitives des individus, les caractéristiques de
l’information traitée, la caractéristique des tâches et des processus, la structure
organisationnelle (Eppler et Mengis, 2004).
Ce phénomène de surcharge est accentué par les effets de superpositions des
différents médias de communication observés. Loin d’observer une substitution
entre les médias traditionnels (réunions, communications face à face ) et les
nouveaux médias utilisant les TIC, l’on constate un effet d’empilement conforme
à la théorie du millefeuille (Kalika, 2007).
Les TIC sont donc largement perçues comme une des causes de la surcharge
informationnelle en entreprise. Plus encore, les salariés ne perçoivent pas d’avenir
meilleur mais plutôt une aggravation du phénomène (Farhoomand et Drury,
2002). Il n’en demeure pas moins que, si les TIC constituent très certainement
une des causes identiiables et de l’accroissement des volumes d’informations
générées et échangées et d’une réduction des temps de traitement accordés aux
salariés, elles sont également souvent envisagées comme un moyen de réduire
ce problème (Edmunds et Morris, 2000). De très nombreuses recherches tentent
d’apporter une solution technique au problème de la surcharge informationnelle
dans l’entreprise (cf. Eppler et Mengis, 2004, tableau 5, p.336) par des systèmes
d’agents intelligents utilisés pour prioriser l’information, trier celles-ci (Schick,
Gordon et Haka, 1990), réduire le volume d’information à traiter (notamment
grâce au SIAD). C’est pourquoi il apparaît nécessaire de clariier les effets
temporels des TIC ain de mieux appréhender leur contribution à la modiication
de la surcharge informationnelle.
158
Surcharge informationnelle, urgence et
TIC. L’effet temporel des technologies de
l’information.
bien compte de cette idée : la notion de temps de mise sur le marché d’un produit
(Smith et Reinertsen, 1998), qui mesure le délai entre la phase de conception
d’un produit et sa date de mise sur le marché (time to market). Les outils de
conception numérique (Computer Aid Design, CAD), le recours aux maquettes
numériques, aux bases de données de composant et matériaux, les plates-formes
collaboratives de conception entre fournisseurs et donneurs d’ordre ont contribué
à réduire les délais de conceptions. Plus récemment, le développement de suites
applicatives de type PLM (Product Life Cycle Management), ain d’améliorer la
maîtrise des différentes phases de vie d’un produit témoigne bien de la volonté
d’une maîtrise accrue du temps et de la réduction des délais de conception et de
production.
Le développement des progiciels de gestion au cours des quinze dernières
années a également contribué à automatiser des pans entiers de processus
administratifs dans les entreprises accélérant le traitement de l’information dans
l’entreprise.
1.2.2. Disponibilité de l’information et instantanéité (temps réel)
L’accélération des processus opérationnels dans l’entreprise est également
permise par la disponibilité de l’information qui est disponible et accessible de
façon plus aisée grâce aux TIC. A cet égard, le développement des intranets
et des outils de travail collaboratifs facilitent le partage et la communication
d’informations qui deviennent immédiatement accessibles pour les salariés où
qu’il se situent (Metzger et Cléach, 2004). La disponibilité devient même une
caractéristique de certaines technologies comme les messageries instantanées
qui indiquent l’état de disponibilité de la personne au moment où l’interlocuteur
cherche à entrer en contact avec elle. Il en va de même avec le développement
des relations d’affaires électroniques (e-business) entre les entreprises leurs
fournisseurs et leurs clients. L’entreprise doit être disponible sur des plages
horaires plus longues (voir en permanence) et n’offrir des interruptions de service
très limitées à ses clients.
Accélération des processus, instantanéité des interactions, la maîtrise du temps
dans l’entreprise devient un déi pour les individus. Et il n’est pas certain que les
outils favorisent une meilleure maîtrise du temps au niveau individuel.
Maîtrise personnel du temps
Les effets temporels au niveau individuel dans l’entreprise ne sont pas
unidirectionnels. Disponibilité permanente, maîtrise de l’agenda, « joignabilité »,
temps privé, temps de travail, les effets temporels des TIC sont en effet multiples
pour les salariés. On assiste sous l’effet des TIC, à une réelle recomposition du
rapport au temps dans l’entreprise.
Partage de l’agenda et maîtrise de la planiication du temps
L’introduction des outils de travail collaboratif dans les entreprises a été l’occasion
d’introduire des calendriers électroniques partagés (Group Calendar Systems, ou
159
12
160
Surcharge informationnelle, urgence et
TIC. L’effet temporel des technologies de
l’information.
Développement de la polychronie
Travailler chez soi en alternant tâches de la vie familiale et tâches professionnelles
est une forme de polychronie. Dans un même temps, l’individu est dans deux
mondes cognitifs différents. Les TIC ont fortement contribué au développement
de ce phénomène qui s’ampliie aujourd’hui au sein même de l’entreprise avec
les TIC mobiles. En effet, de nombreux salariés assistent à des réunions tout en
étant connecté grâce à leurs outils mobiles au réseau de l’entreprise et effectuent
simultanément plusieurs tâches au même moment.
Maximisation du temps (la in des « temps morts »)
L’examen des pratiques de travail des managers nomades met en évidence que
ceux-ci maximisent l’utilisation de leur temps quotidien (Isaac, 2006 ; Isaac et
Besseyre des Horts, 2007). Grâce aux technologies mobiles, ceux-ci proitent
des « temps morts » (attente, transport, embouteillage) pour traiter leur courrier
électronique, lire des documents électroniques, communiquer avec leurs
collaborateurs. De façon plus globale, cette chasse aux temps morts s’inscrit dans
des logiques d’intensiication du travail (Queinnec, Barthe et Verdier, 2000).
Il est donc indiscutable que les TIC génèrent des effets temporels sur le management
de l’entreprise (conception, production, gestion) et plus particulièrement un
sentiment d’urgence permanente (Jauréguiberry, 1998) chez les salariés lié à la
vitesse accrue des processus et de l’information, la disponibilité permanente, la
nécessité de réactivité. Ces effets temporels contribuent à accroître la surcharge
informationnelle parce que les technologies de l’information contribuent fortement
à la réduction des temps dont disposent les salariés pour traitement une tâche.
Cette compression temporelle génère un sentiment d’urgence permanent dans
de nombreuses organisations.
161
12
2. Recherche empirique
2.1. Méthodologie
Les données ont été collectées auprès de salariés en formation au sein de la
Cegos dans le cadre de l’Observatoire Dauphine-Cegos du e-management.
162
Surcharge informationnelle, urgence et
TIC. L’effet temporel des technologies de
l’information.
Les questionnaires ont été remplis par les salariés à la in des séminaires de
formation. Les items proposés étaient associés à des échelles en 7 points allant
de « pas du tout d’accord » à « tout à fait d’accord » complétées de la modalité «
non concernée ». Les enquêtes ont été réalisées au printemps de chaque année
de 2001 à 2005.
2.1.1. Présentation de l’échantillon
163
12
164
Surcharge informationnelle, urgence et
TIC. L’effet temporel des technologies de
l’information.
2.2. Résultats
Je passe davantage
Surcharge cognitive de temps à classer 42,9% 47,4% 49,6% 58,3% 57,2% 50,5%
l’information
Je travaille plus
souvent sur mon
temps personnel en 32,2% 36,8% 40,7% 43,5% 44,6% 39,2%
dehors des horaires
Surcharge d’activité de travail
Je traite plus
de dossiers ND 49,8% 55,6% 59,8% 61,0% 56,4%
qu’auparavant
L’observation des résultats moyens sur 5 années et de leur évolution appelle les
commentaires suivants sur les effets des TIC:
- L’urgence perçue par les salariés au travers de l’exigence de prendre
des décisions dans un laps de temps plus court est ressentie en
moyenne par un pourcentage très élevé des salariés (68,1%). Il faut en
outre noter que cette perception est croissante sur les cinq années et
passe de 65,5% à près de 71%. L’exige d’instantanéité dans la réponse
51 ND : non disponible, question non posée cette année-là. % calculés excluant les non-réponses.
165
12
La construction d’indices
Nous n’avons retenu que les variables disponibles sur 2001-2005. Un indice de
surinformation a été construit par addition des réponses aux items surcharges
communicationnelle, informationnelle, cognitive. Un indice de suractivité a été
constitué de la même façon à partir des items portant sur le travail hors de
l’entreprise (débordement) et sur le volume de dossier à traiter.
Pour les TIC nous avons créé deux indices par sommation :
- TIC équipement & usage :
> d’équipement : ordinateur au domicile, portable,
> de connexion : accès à internet au travail, au domicile,
> d’applications disponibles : intranet, ERP, agenda partagé,
agenda électronique,
> d’usage : nombre de courriels reçus par jour.
- TIC expérience d’utilisation :
> durée d’utilisation des TIC.
166
Surcharge informationnelle, urgence et
TIC. L’effet temporel des technologies de
l’information.
Tableau 6 : Corrélations
Variables 1 2 3 4 5
1. TIC équipement et 1
usage
2.TIC expérience 0,315 1
3. Surinformation 0,256 0,168 1
4. Urgence 0,132 0,104 0,272 1
5. Suractivité 0,282 0,124 0,412 0,336 1
Toutes les corrélations sont signiicatives (p < 0,01)
Les corrélations entre les cinq indices sont toutes positives et signiicatives. Les
corrélations les plus fortes sont entre surinformation et suractivité (.412), urgence
et suractivité (.336).
2.2.3. Les déterminants de la suractivité
L’ensemble des hypothèses ont été testées simultanément à l’aide d’un modèle
d’équations structurelles (igure 2). Ce modèle présente un très bon degré
d’ajustement aux données, quel que soit l’indice d’ajustement considéré (Roussel
et alii., 2002) : = 8489 [ddl0 = 36] ; = 235 [ddl1 = 17] ; NFI = 0,972 ; CFI = 0,974
; GFI = 0,989 ; AGFI = 0,974 ; RMSEA (90%) = 0,044 (0,039-0,049).
Figure 2 : Modèle testé
Le bon degré d’ajustement du modèle aux données permet de conclure que les
hypothèses posées sufisent à bien rendre compte de la réalité mesurée par les
données. Le fait que l’ensemble des coeficients structurels sont statistiquement
signiicatifs permet de conclure que toutes les hypothèses sont validées.
Les résultats montrent plus précisément que :
- la surinformation est inluencée directement par les TIC, plus fortement
167
12
168
Surcharge informationnelle, urgence et
TIC. L’effet temporel des technologies de
l’information.
Critères Résultats
ENTREPRISE
La perception de l’urgence, de la surcharge
informationnelle et d’activité est particulièrement élevée
Secteurs
dans les télécoms et dans les services informatiques, très
faible dans le BTP, les services aux particuliers
La perception de l’urgence, de la surcharge
Taille informationnelle et d’activité augmente avec la taille de
l’entreprise
SALARIE
La perception de l’urgence, de la surcharge
Formation informationnelle et d’activité augmente avec le niveau de
formation
La perception de l’urgence, de la surcharge
Sexe informationnelle et d’activité est plus élevée chez les
hommes
La perception de l’urgence, de la surcharge
Age
informationnelle et d’activité augmente avec l’âge
POSTE DE TRAVAIL
La perception de l’urgence, de la surcharge
Niveau
informationnelle et d’activité augmente avec le niveau
hiérarchique
hiérarchique
La perception de l’urgence, de la surcharge
Eventail de
informationnelle et d’activité augmente avec l’éventail de
subordination
subordination
La perception de l’urgence, de la surcharge
Travail à
informationnelle et d’activité est plus forte pour les
l’international
salariés qui travaillent à l’international
169
12
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170
Surcharge informationnelle, urgence et
TIC. L’effet temporel des technologies de
l’information.
171
12
172
Vers des nouveaux types de réseaux sur
Internet ? Les réseaux à liens faibles du
dirigeant de petite entreprise.
Résumé
Nous présentons trois études de cas qui illustrent les nouveaux réseaux à la
disposition du dirigeant de petite entreprise : importance des signaux faibles
dans des clubs de dirigeants, utilisation d’Internet pour dé-problématiser
la relation entre l’expert comptable et le dirigeant, partage et réutilisation
de connaissances entre artisans via une base d’expériences « en ligne
». Aujourd’hui le dirigeant de PE peut disposer sur Internet de nouvelles
sources informationnelles, pour construire un réseau relationnel innovant «
à lien faible ».
Abstract
We present three case studies which illustrate the new networks at the
disposal of the leader of small company: importance of the weak links in
club of leaders, use of Internet for « dé-problématiser » the relation between
the accountant and the leader, share and re-use of knowledge between
craftsmen via a base of experiments “on line”. Today the leader of small
company can have on Internet news informational sources, to build a
network relational innovating “with weak link”.
173
12
Dans une seconde partie, nous illustrons ces opportunités par trois études de cas
: des réseaux à liens faibles « en face-à-face » au sein de clubs de dirigeants,
étude développée par P. Baillette (2000; 2002), d’éventuels réseaux « par Internet
» entre l’expert-comptable et la PE, étude menée par P. Chapellier (1994; 2003;
2004), enin des réseaux à liens faibles « sur Internet » entre des artisans qui
peuvent aujourd’hui y partager leurs expériences, étude conduite par C. Marti
(2005).
Par le biais de l’analyse des réseaux sociaux, Granovetter (2000) montre que
les interactions interindividuelles se traduisent par des phénomènes collectifs qui
174
Vers des nouveaux types de réseaux sur
Internet ? Les réseaux à liens faibles du
dirigeant de petite entreprise.
La création de liens faibles est loin d’être mécanique et elle est rarement le fruit du
hasard. Elle repose souvent sur l’activation de ce que Dibiaggio et Ferrary (2003)
appellent les « liens virtuels », au sens de liens « potentiels » entre différents
groupes ou communautés. Les auteurs déinissent ces liens comme des liens
entre agents encastrés dans des structures sociales favorisant leur rencontre,
tels les communautés ethniques, les associations culturelles ou sportives, ou
les réseaux d’anciens étudiants ou de grandes entreprises. L’appartenance d’un
individu à une association professionnelle lui confère ainsi des liens sociaux «
potentiels ». En devenant membre d’une association un individu acquiert un
capital social virtuel, et il a potentiellement accès à tous les membres de la
communauté sans pour autant connaître chacun d’eux de manière personnelle. Il
y a un lien potentiel entre tous les membres de la communauté, qui peut alors se
concrétiser quand les acteurs le souhaitent (Ferrary and Pesqueux 2004). Pour
Dibiaggio et Ferrary (2003), cette activation repose sur trois conditions:
175
12
Comme dans une petite entreprise le rôle du dirigeant est déterminant sinon quasi
exclusif dans le processus de veille, il est justement très important qu’il puisse
s’approprier les outils qui lui permettront de mieux jouer son rôle d’interface :
l’avantage concurrentiel peut alors venir, non pas uniquement de sa créativité
personnelle, mais de sa capacité à construire un réseau relationnel innovant
« à liens faibles » (Julien, Andriambeloson et al. 2002). Par opposition aux
traditionnels réseaux à liens forts (que constitue par exemple l’expert-comptable,
le banquier, les fournisseurs, les clients, la Chambre de Métiers... ) ces réseaux
à liens faibles sont sociologiquement plus éloignés du dirigeant. Néanmoins, ils
peuvent justement favoriser le repérage des signaux faibles que préconisent
Janissek-Muniz et Lesca (2003), ain d’aider l’ensemble de l’entreprise à
176
Vers des nouveaux types de réseaux sur
Internet ? Les réseaux à liens faibles du
dirigeant de petite entreprise.
Quelles sont les opportunités que peut offrir aujourd’hui Internet dans la
177
12
Dans le tableau ci-dessous nous reprenons les trois études avec leurs
caractéristiques principales, leurs principaux objectifs et la méthodologie
employée par le chercheur.
Tableau 1 : Récapitulatif des trois études de cas
178
Vers des nouveaux types de réseaux sur
Internet ? Les réseaux à liens faibles du
dirigeant de petite entreprise.
être immatriculé au répertoire des métiers. Et enin, il ne peut pas employer plus
de dix personnes lors de sa création.
179
12
opérer des choix, problem solving) mais elle est également utilisée dans toutes
les autres étapes du processus. En particulier, l’information peut-être exploitée
dans les phases amont du processus décisionnel pour interpréter et clariier les
faits, recueillir des informations pour mieux connaître l’environnement et pouvoir
anticiper (problem inding). Le dirigeant à la tête d’une PE est le véritable «
centre nerveux » de l’entreprise. Cette position lui donne accès à pratiquement
toutes les sources informationnelles dans l’entreprise. En comparaison des
grandes entreprises, le dirigeant de PE doit faire face à des conditions spéciales
caractérisées en particulier par une pénurie relative de ressources, surtout en
ce qui concerne les moyens inanciers et humains. Dès lors, les dirigeants de
PE sont amenés à développer eux-mêmes des contacts avec l’environnement.
Cette activité relationnelle apparaît donc particulièrement importante pour les
dirigeants de PE, car elle leur permet de bénéicier d’informations privilégiées en
mettant en œuvre des moyens limités (Duchéneaut 1996; Julien 1996).
À partir de ces constats, Baillette (2000; 2002) pose la question suivante : Les
réseaux de type « clubs de dirigeants » peuvent-ils être un outil pertinent pour
l’aide à la décision ?
Dans ces associations ou clubs, les adhérents rencontrent des homologues
exerçant la même activité de dirigeants d’entreprise et les réunions au sein de ces
structures sont généralement formalisées (agenda, ordre du jour, animation…).
L’auteur déinit le « succès » de l’aide à la décision apportée par ce type
d’association en référence aux trois critères classiques : l’eficacité, l’eficience
et la satisfaction. L’aide est alors perçue par l’adhérent comme étant eficace
si l’association l’a aidé à atteindre les buts qu’il s’était ixé. L’aide est perçue
comme étant eficiente s’il a réalisé des économies de moyens (utiliser moins de
ressources qu’il n’en aurait consommé avec d’autres sources, ou bien améliorer
les résultats obtenus pour un même investissement).
Il ressort de l’étude (1) que l’intérêt des chefs d’entreprise est très lié à leur
mission « théorique », et (2) que le succès de l’aide apporté par l’association est
grandement renforcé par l’assiduité des membres :
« Les contacts noués grâce au réseau permettent en effet d’économiser des
moyens grâce à un accès facilité aux acteurs adéquats. L’économie réalisée se
manifeste particulièrement en termes de temps, d’énergie et d’argent. Le succès
perçu de l’aide, le climat de convivialité qui existe dans ce type de réseaux,
contribuent à la satisfaction des dirigeants membres dans l’évaluation de l’aide
apportée » (Baillette 2002, p. 118).
Au inal, ce type de réseau de liens faibles en face-à-face remplit de manière
satisfaisante son objectif, c’est-à-dire être un moyen capable d’offrir une aide à la
formulation et à l’interprétation des problèmes, idées et questions que se pose le
dirigeant dans son rôle de décideur.
180
Vers des nouveaux types de réseaux sur
Internet ? Les réseaux à liens faibles du
dirigeant de petite entreprise.
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12
182
Vers des nouveaux types de réseaux sur
Internet ? Les réseaux à liens faibles du
dirigeant de petite entreprise.
183
12
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processus de création dans les équipes virtuelles globales (EVGs) : Cas du projet IVP «
Intercultural Virtual project »
185
12
186
Créativité et processus de création dans les
équipes virtuelles globales (EVGs) : Cas du
projet IVP52 « Intercultural Virtual project »
Résumé
Ce travail se propose d’étudier le processus de création dans les équipes
virtuelles globales (EVGs) et de déterminer les facteurs qui pourraient
favoriser ou inhiber leur créativité. Une étude de cas menée auprès de
25 EVGs participant au projet IVP a permis de repérer sept phases dans
le processus de création dans les EVGs : la préparation, l’incubation, la
génération, l’émanation, la sélection, la inalisation et l’évaluation. Le
processus de création peut être appréhendé comme une suite d’interactions
entre le conscient et le subconscient des équipes. Cinq facteurs inhibiteurs
et quatre facteurs dynamogènes peuvent apparaître au cours du processus
de création et inluencer ainsi la créativité des EVGs.
Abstract
This article studies the creation process in global virtual teams (GVTs). It
determines factors that may increase or reduce their creativity. A case study
covering the 25 GVTs belonging to the Intercultural Virtual Project revealed
seven stages in their creation process, namely: preparation, incubation,
generation, emanation, selection, inalization, and evaluation. The creation
process is illustrated as successive interactions between the teams’
conscious and subconscious. Our study has uncovered ive inhibiting factors
and four enhancing factors which can interfere with the creation process and
inluence the GVTs’ creativity.
La créativité est un élément de plus en plus crucial pour les entreprises d’aujourd’hui
(Fillis et McCauley 2000). L’accroissement de la concurrence fait de la créativité un
facteur déterminant pour la compétitivité voire la survie de certaines entreprises.
Le rythme des changements s’accélère, les entreprises qui persistent à offrir des
produits et des services identiques selon des modalités inchangées ne peuvent
pas survivre longtemps (Amabile 1997; Oglivie 1998). En revanche, celles qui se
préparent pour l’avenir en introduisant des idées nouvelles en phase avec notre
monde changeant pourront probablement prospérer (Amabile 2002).
La créativité peut être déinie comme le processus par lequel un individu, ou un
groupe, placé dans une situation donnée, élabore un produit nouveau ou original,
52 Les auteurs tiennent à remercier Mabel Miguel (Kenan-Flagler Business School, NC, E.U), Mary Watson (New School University,
NY, EU), Todd Weber (Kenan-Flagler Business School, NC, E.U) et James Corbett (IAE de Grenoble, France) ainsi que tous les
professeurs participant au projet IVP pour leur collaboration et leur disponibilité.
187
12
Quelles sont les conditions de réussite des équipes virtuelles globales ? Comment
favoriser leur créativité ? Comment dépasser les dificultés dues à ce mode
d’organisation ? Autant de questions qui restent en suspens.
Bien que le mode d’organisation en équipes virtuelles globales existe depuis
plus d’une décennie, ce n’est que récemment que les chercheurs commencent à
comprendre leur fonctionnement et beaucoup de travail reste à faire pour faciliter
la mise en place et le management de ces équipes (Martins et al. 2004).
188
Créativité et processus de création dans les
équipes virtuelles globales (EVGs) : Cas du
projet IVP « Intercultural Virtual project »
189
12
190
Créativité et processus de création dans les
équipes virtuelles globales (EVGs) : Cas du
projet IVP « Intercultural Virtual project »
sur les objectifs dès le début du projet. Deux principales limites peuvent être
accordées à cette étude. Les résultats ne concernent que les facteurs inhibiteurs
et dynamogènes de la créativité. Le processus de création n’a pas été étudié.
L’étude a été réalisée dans un cadre expérimental et a pour sujets des étudiants.
D’autres études sont donc nécessaires pour combler ces limites.
191
12
des 25 équipes à notre disposition, celles qui se distinguent par leur haut ou
bas niveau de créativité. Les équipes ayant un niveau de créativité moyen sont
exclues du champ d’étude. Plusieurs étapes sont nécessaires pour atteindre cet
objectif.
3.1. La pré-évaluation
Une première évaluation est faite en faisant appel à l’avis de trois juges. Deux
des trois juges sont des coordinateurs responsables du projet IVP. Le troisième
juge est un des enseignants participant au projet IVP. Les évaluations par les
juges sont faites de manière indépendante et portent sur les travaux (totems
et descriptions) rendus par les équipes. Dans cette étape de présélection, il
est demandé à chaque juge d’évaluer le niveau de créativité du rendu selon
trois modalités (élevé, moyen, faible). Aucune déinition, ni critère d’évaluation
n’est donné aux juges. Les juges se basent alors sur leur déinition implicite et
subjective de la créativité (Amabile 1983; Amabile 1996).
Grâce à cette première évaluation, un premier classement des groupes en quatre
catégories est effectué : les créatifs (2 équipes), les moyennement créatifs (10
équipes), les peu créatifs (8 équipes) et les aléatoires (5 équipes).
Les équipes créatives, moyennement et peu créatives sont celles qui ont été
jugées respectivement créatives, moyennement et peu créatives par au moins
deux juges sur trois. Les équipes qui n’ont pas obtenu un accord d’au moins deux
juges sont classées en équipes aléatoires.
3.2. L’évaluation
L’étape de pré-évaluation a permis de faire un premier tri. Parmi les 25 équipes
de départ, seules 15 sont prises en considération dans cette étape après
l’élimination des 10 équipes qui ont présenté des travaux (totems et descriptions)
moyennement créatifs. Les travaux des équipes restantes vont de nouveau être
évalués par l’ensemble des professeurs et responsables participant au projet
IVP mais cette fois sur la base de critères explicites. Au total, 30 juges sont
sollicités pour faire cette évaluation. Pour mesurer la créativité des travaux
rendus par les étudiants nous avons utilisé la « Creative Product Sementic Scale
(CPSS)» (Besemer et O’Quin 1986; O’Quin 1989). La CPSS est une échelle de
mesure sémantique (7 points) développée par Besemer et O’Quin pour mesurer
la créativité. L’échelle renferme 55 items répartis en trois dimensions : (1) la
nouveauté, (2) la résolution et (3) l’élaboration et synthèse.
Nous suivons les recommandations données par O’Quin en utilisant une version
réduite du CPSS étant donnée la longueur de l’échelle et l’inadéquation de
certains items à notre objet d’étude. Les 15 travaux d’équipes sont présentés
aux juges pour évaluation dans un ordre aléatoire. L’évaluation des travaux est
effectuée via un questionnaire électronique.
192
Créativité et processus de création dans les
équipes virtuelles globales (EVGs) : Cas du
projet IVP « Intercultural Virtual project »
3.3. La sélection
Parmi les 30 juges interrogés, 22 ont répondu à notre questionnaire (73%). Au
total, nous avons collecté 243 évaluations ce qui donne une moyenne de 16
évaluations par travail. L’analyse factorielle en composantes principales avec
rotation varimax, montre que les 15 items igurent dans les 3 dimensions. La
première dimension est la nouveauté. Elle regroupe les 5 premiers items. La
deuxième est la logique et rassemble les 5 items suivants. Les 5 derniers items
sont regroupés dans la troisième dimension : l’élaboration et synthèse. Tout est
regroupé dans le tableau 2. Volontairement les éléments de l’échelle dans le
tableau 2 n’ont pas été traduits car ils ont été utilisés comme tels, vu l’aspect
international de l’étude.
Composante
1 2 3
Novel ,909
Unique ,900
Original ,902
Unusual ,907
Fresh ,854
Relevant ,861
Sense ,838
Appropriate ,861
Logical ,853
Adequate ,792
Skillful ,739
Well crafted ,782
Meticulous ,803
Well made ,834
Careful ,720
193
12
194
Créativité et processus de création dans les
équipes virtuelles globales (EVGs) : Cas du
projet IVP « Intercultural Virtual project »
A partir de cette classiication par dimension, une typologie est mise en œuvre.
Cette typologie scinde les 15 EVGs en 8 classes. Les quatre premières classes
renferment les équipes qui se sont distingués de par leurs scores élevés dans une
ou plusieurs dimensions (en gras et souligné dans le tableau 7). Les 3 classes
suivantes sont celles qui au contraire ont eu des scores relativement faibles dans
une ou plusieurs dimensions (en gras et italique dans le tableau 7). Enin la
dernière classe regroupe toutes les équipes qui ne sont placées dans aucunes
des classes précédentes.
195
12
Les artistes : cette classe renferme les équipes dont les travaux sont jugées
originaux et bien élaborés. Seule l’équipe 2 appartient à cette classe.
Les pragmatiques : l’équipe 4 et l’équipe 7 appartiennent à cette classe. Cette
classe regroupe les équipes dont les travaux sont jugés présenter un niveau
élevé de logique.
Les concepteurs : la classe des concepteurs rassemble les équipes qui se sont
distinguées par un niveau élevé d’originalité et de logique. Seule l’équipe 9
appartient à cette classe.
Les novateurs : les novateurs sont les équipes qui se distinguent par l’originalité
de leurs travaux comme c’est le cas pour l’équipe 16.
Les brouillons : les équipes qui appartiennent à cette classe sont celles dont le
niveau d’élaboration de leurs travaux a été jugé faible. On retrouve dans cette
classe l’équipe 10.
Les conventionnels : la classe des conventionnels rassemble les équipes dont le
niveau d’originalité est jugé faible. L’équipe 20 appartient à cette classe.
Les non créatifs : une seule équipe est jugée non créative. L’équipe 21 présente
des scores faibles dans toutes les dimensions de la créativité.
Les moyens : Cette classe regroupe les équipes numéro 5, 11, 19, 22, 23, 24 et
25. Ces équipes ont obtenus des scores moyens dans les trois dimensions de la
196
Créativité et processus de création dans les
équipes virtuelles globales (EVGs) : Cas du
projet IVP « Intercultural Virtual project »
La présentation des résultats se fera en deux parties. Une première partie apporte
des éléments théoriques dans le but d’améliorer la compréhension du processus
de création dans les EVGs. La deuxième partie s’attarde sur les facteurs qui
197
12
198
Créativité et processus de création dans les
équipes virtuelles globales (EVGs) : Cas du
projet IVP « Intercultural Virtual project »
thème central. A titre illustratif, les « concepteurs » ont choisi pour thème «
harmonie et coopération eficiente », les « novateurs » ont opté pour « cultures
unis » et enin le thème central pour les « brouillons » et les « non créatifs » est
«paix et amitié ».
La sélection
La phase d’émanation et la phase de génération sont deux phases parallèles et
inter-reliées. L’effet structurant de l’émanation est d’autant plus important qu’il a
lieu au début de la phase de génération. A la in de la phase de génération, les
EVGs se trouvent en général face à plusieurs croquis. Un choix doit alors avoir
lieu. C’est la phase de sélection.
La inalisation
Selon le degré de inition du croquis sélectionné, des modiications, des révisions
et des retouches sont engagées par les membres jusqu’à l’obtention du produit
inal.
L’évaluation
La phase d’évaluation a lieu une fois que les équipes ont soumis le produit inal
aux responsables du projet. Aucours de cette phase, les membres de l’équipe
évaluent le travail réalisé et les contributions de chacun.
4.3.2. Dynamique de la création des EVGs : résultat des confrontations
entre le conscient et le subconscient de l’équipe
Dans la continuité des travaux utilisant l’approche psychodynamique pour étudier
la créativité, les analyses menées dans cette étude ont permis de constater que le
processus de création des EVGs est une suite d’interactions entre deux sphères
: le conscient et le subconscient (Cf. Figure 1). Les TIC jouent le rôle d’interface
qui rend les interactions entre ces deux sphères possibles.
199
12
200
Créativité et processus de création dans les
équipes virtuelles globales (EVGs) : Cas du
projet IVP « Intercultural Virtual project »
niveau supérieur (niveau équipe). Sinon, l’acte est refusé et condamné à retourner
au niveau du subconscient. Le sous-groupe ayant validé cet acte doit donc le
modiier ain de le rendre transmissible par la technologie et/ou utiliser une autre
technologie disponible. Dans le cas contraire, le sous-groupe condamne cet acte
à rester au niveau du subconscient de l’équipe.
Le troisième niveau est le système conscient de l’équipe. Il contient
toutes les informations, actions et interactions visibles et accessibles effectuées
par les membres de l’EVG. Plus communément appelée « conscience collective
» (Daassi et Favier 2005), ces informations, actions et interactions participent
à la création d’une vision commune et partagée du contexte global de l’équipe
permettant ainsi aux membres de l’équipe de coordonner implicitement leurs
activités et leurs comportements. L’acte ayant traversé le iltre technologique, il
vient s’ajouter aux autres actes qui se trouvent au niveau conscient de l’équipe.
Il prend donc part dans la formation et/ou l’actualisation de la « conscience
collective ». Cette dernière contribue à son tour à la formation de nouveaux actes
et le cycle recommence…
Le contournement des problèmes par peur de représailles peut être une source
de dysfonctionnement dans les EVGs. Comparée à une communication face-
à-face, la dispersion géographique et la communication médiatisée privent les
membres des EVGs de certains signaux de communication. Des ambiguïtés
et des incertitudes peuvent ainsi apparaître. Aborder les problèmes et ne pas
hésiter à demander les éclaircissements nécessaires est un gage de réussite
des EVGs.
201
12
202
Créativité et processus de création dans les
équipes virtuelles globales (EVGs) : Cas du
projet IVP « Intercultural Virtual project »
d’une idée centrale qui vient harmoniser les différentes visions et contributions
des membres. Elle peut intervenir à différents instants du processus de création.
Chez les EVGs les plus créatives (les concepteurs et les artistes), l’émanation a
eu lieu au cours des deux premières semaines du projet. Par contre chez les non
créatifs l’émanation a eu lieu au cours de la dernière semaine du projet.
Les résultats obtenus viennent s’ajouter aux rares connaissances existantes sur
la créativité des EVGs. Ces résultats montrent que le processus de création peut
être décomposé en sept phases itératives.
Deux d’entre elles sont communes à celles identiiées dans les travaux de Nemiro
(Nemiro 2002; Nemiro 2004). Il s’agit de la phase de inalisation et de la phase
d’évaluation. Contrairement aux travaux de Nemiro, il n’y pas de séparation entre
la génération d’idées (niveau conceptuel) et le développement de croquis (niveau
pratique). Les membres proposent des croquis et décrivent les idées sous-
jacentes en même temps. Les membres disposent d’un forum de discussion
pour communiquer, collaborer et coordonner leurs efforts. Cette technologie
asynchrone n’est pas adéquate pour supporter une activité de génération d’idées
en groupe. Cette dernière demande une forte réactivité de la part des participants.
La phase de sélection découle directement de la phase de génération. Chacun
des sous-groupes ayant proposé sa solution (idée + croquis), tous les membres
de l’équipe sélectionnent collectivement la solution qui va être inalisée pour être
soumise aux responsables du projet.
Cette étude met en relief trois phases inexistantes dans les travaux de Nemiro
à savoir la préparation, l’incubation et l’émanation. Les membres des EVGs ne
sont pas supposés se connaître avant la mise en place du projet. La phase de
préparation leur permet de se « rencontrer » et de faire connaissance. La phase
d’incubation est aussi une phase exclusive à cette étude. En effet, la dispersion
géographique et temporelle des membres de l’équipe favorise la formation de
sous-groupes dans une même équipe. Ces sous-groupes, locaux ou virtuels,
travaillent d’une manière « invisible » au reste de l’équipe. Ils oeuvrent à
générer des solutions qu’ils proposent ensuite au reste de l’équipe. Cette phase
d’incubation permet de conceptualiser le processus de création des EVGs selon
une approche psychodynamique.
Le processus de création des EVGs peut être décrit comme étant une suite
203
12
Cette étude utilise une situation de gestion simulée pour étudier la créativité des
EVGs. Un tel choix offre la possibilité d’accéder à l’ensemble des interactions qui
ont eu lieu entre les membres d’une EVG. L’accès à des données de même nature
est peu envisageable dans une situation de gestion réel (en entreprise) pour
des raisons de conidentialité. Les résultats de l’étude se basent donc sur des «
traces » et non pas des « déclarations » de la par des acteurs. Deux principales
limites peuvent être objectées à ce travail. Il s’agit d’une étude sur un cas unique
à savoir le projet IVP. La deuxième limite est due au fait que les EVGs étudiées
sont composées d’étudiants. Des études complémentaires sont donc nécessaires
pour confronter les résultats obtenus et les articuler ain d’obtenir une meilleure
compréhension du processus de création dans les EVGs. Malgré ses limites,
cette étude ouvre des voies de recherche. La description psychodynamique du
processus de création des EVGs met en relief l’interaction qui existe entre le
conscient et le subconscient de l’équipe. Il est désormais possible de faire un
lien avec les travaux réalisés dans le domaine de l’Interaction Homme Machine
(IHM). Après la coordination (Dourish et al. 1992) et le leadership (Weisband
2002), il serait pertinent d’étudier l’impact du conscient et du subconscient des
équipes virtuelles sur leur processus de création et leur créativité.
Bibliographie
T.M. Amabile (1983),« The social psychology of creativity: A componential conceptualisation
», Journal of Personality and Social Psychology, Vol.45, No.2, p. 357-376.
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et aimez ce que vous faites », in: Créativité organisationnelle: Entreprendre - regards sur
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Créativité et processus de création dans les
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projet IVP « Intercultural Virtual project »
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