Vous êtes sur la page 1sur 16

CAHIER N°2 28/03/03 12:56 Page 1 (1,1)

CRID : 14, passage Dubail - 75010 PARIS Les associations du CRID,


ISSN : en cours - Décembre 1996 - Prix : 30 F actives dans la solidarité
internationale depuis, pour
certaines, plus de cinquante
ans, ne sont pas seulement
attentives au mal
Migrations et développement des pays du Sud.

Implantées partout en France grâce

développement à de nombreux groupes locaux, elles


ont pu suivre la montée de la pauvreté
dans nos régions, et dans le même
temps, la dégradation des conditions de vie
durable des immigrés, que ce soit en matière de
papiers, de travail, de logement, etc..

Engagées depuis longtemps dans des solidarités


actives avec les pays de départ de ces migrants, elles ne
pouvaient rester indifférentes devant la détresse que certains
d’entre eux ont exprimée ici depuis plusieurs mois. Les lois de 1993,
dites lois Pasqua, les précarisent ou les rendent clandestins dans un pays
qu’ils considèrent comme le leur (et parfois ils n’en connaissent pas d’autre), et
peuvent entraîner jusqu’à leur expulsion sans ménagement. Devant ces situations,
les associations du CRID ont décidé d’un commun accord de porter à la
connaissance de l’ensemble de leurs interlocuteurs, membres associatifs, politiques,
institutionnels, ce dossier sur les migrations et le développement durable.

Ce document est le fruit d’une réflexion largement collective. Il vient en appui des
actions concrètes menées en partenariat avec les immigrés, en France, mais aussi
avec leur pays d’origine. Il se veut un outil de lutte contre la xénophobie, le
racisme, l’exclusion, l’ignorance. Puisse-t-il atteindre son objectif !

L E S C A H I E R S D E L A S O L I D A R I T É
CAHIER N°2 28/03/03 12:56 Page 2 (1,1)

LES CAHIERS DE LA SOLIDARITÉ

Quelques
rappels

La France : CRID. Celles-ci ont toujours travaillé avec les immigrés,


une nation métisse et égalitaire en soutenant les associations culturelles ou de défense
des droits de l’homme qu’ils ont créées ici, ou bien en
Des vagues de migrations successives ont participé au appuyant les projets de solidarité et de développement
peuplement de la France et à son développement qu’ils mènent dans leur propre pays. En luttant contre
économique. A partir du siècle dernier, et surtout après la les exclusions ou en intervenant dans les banlieues, les
Seconde Guerre mondiale, la croissance économique ONG ont appris que les différences entre les cultures
conjuguée au vieillissement démographique s’est peuvent poser de réels problèmes de reconnaissance
accompagnée d’un fort exode rural et d’un appel à la réciproque auxquels les discours idéologiques, qu’ils
main-d’oeuvre étrangère. Ce n’est que vers les années 70 soient haineux ou angéliques, opposant un occidental
que les flux ont commencé à se stabiliser. Aujourd’hui, abstrait à un étranger indifférencié, n’apportent aucune
on estime que 15 millions de Français ont au moins un réponse.
grand-parent étranger (ou naturalisé né à l’étranger). C’est
dire que la France est une nation métisse. Le point pour comprendre et agir
Par culture, par tradition et depuis la Révolution par Le problème des migrations et, partant, du droit ou du
inscription dans les textes fondateurs de la nation, non-droit des immigrés est complexe, douloureux
prévaut en France une conception universaliste de parfois, et tend à cristalliser des positions extrêmes. Il est
l’homme. Proclamant l’égalité fondamentale des êtres donc urgent de faire le point, de comprendre les
humains, au-delà des manifestations particulières que évolutions en cours en les replaçant dans un contexte
sont la couleur de la peau, la religion ou autres historique et géographique plus large pour mieux
différences, le modèle français définit un corps de désamorcer les conflits, mais aussi prendre acte des
citoyens sans référence aux notions de race et de sang. situations d’entente. Il est également urgent de réaffirmer
Cela a valu au pays d’être l’un des plus ouverts aux quelques principes fondamentaux et de préciser les
migrations d’origine économique, mais aussi politique actions à mener.
(réfugiés, droit d’asile).
Ce document rappelle ainsi quelques données sur les
Fluctuations cycliques migrations et leurs tendances, avant d’examiner
entre accueil et xénophobie successivement les trois volets des politiques touchant à
la migration et à la coopération internationale :
Cet égalitarisme est pourtant régulièrement battu en
brèche par des poussées de xénophobie, contre les - les mesures de contrôle à l’arrivée de nouveaux
Italiens, les Juifs, les Polonais ou les Algériens, selon migrants,
l’époque. Depuis quelques années, la France est le pays
d’Europe où s’est manifestée de la façon la plus - les mesures visant à assurer aux étrangers une meilleure
spectaculaire la montée d’une extrême-droite hostile aux intégration dans le pays d’accueil,
étrangers dont le poids électoral a pu atteindre 15 pour
cent des électeurs. Les gouvernements, de droite comme - la coopération internationale.
de gauche, se sont montrés de plus en plus sensibles aux
préoccupations sécuritaires de l’opinion publique. Chacun de ces points a connu, ces dernières années, des
L’adoption des lois Pasqua en 1993 et la récurrence évolutions fondamentales sur lesquelles les ONG, et
d’épisodes comme Vincennes ou Saint Bernard notamment celles du CRID, ont pris position.
constituent des points d’orgue de cette évolution.
La dernière partie de ce texte récapitule les propositions
Une telle “inversion sur l’échelle de la tolérance” de la d’action des associations membres du CRID face aux
société française ne peut qu’interpeller les associations du enjeux des migrations et du développement durable.

2/3
CAHIER N°2 28/03/03 12:56 Page 3 (1,1)

LES CAHIERS DE LA SOLIDARITÉ

Les migrations
internationales aujourd’hui

Phènomène universel et intemporel chercher par convois entiers des travailleurs étrangers. Il
s’agit alors d’une immigration de main-d’oeuvre,
Les migrations sont un phénomène international : elles majoritairement masculine et vivant en célibataire.
intéressent tous les continents et concernent une
proportion croissante de la population mondiale. Les La crise de 1974 marque le terme de cette période :
mouvements migratoires au niveau mondial sont en l’immigration est suspendue dans la plupart des pays
évolution : les causes profondes des migrations résident riches. La fermeture des frontières entraîne une
dans la persistance des conflits, des déséquilibres transformation de la nature des migrations : de temporaires
démographiques et économiques profonds entre les pays. elles deviennent définitives et la pratique du regroupement
Tant que des individus auront l’espoir d’une vie meilleure familial se met en place dans ces années-là. Depuis, les pays
ailleurs, ils seront prêts à tenter l’aventure de la d’accueil traditionnels ont connu des mutations profondes.
migration, en dépit de toutes les difficultés. La montée du chômage, les difficultés de financement des
systèmes de protection sociale, les déficits financiers des
Si de grands courants migratoires vont encore du Sud collectivités locales, la crise urbaine ont créé des contraintes
vers le Nord -des pays pauvres aux pays riches-, ils se nouvelles pour l’insertion des immigrés dans la société
sont largement diversifiés au cours de la dernière d’accueil, et entraîné des politiques limitatives puis
décennie. La chute du communisme a entraîné de répressives. Le recours à la main d’oeuvre étrangère
nouveaux flux de population Est-Ouest ainsi qu’entre continue, mais moins perceptible, car clandestin.
pays d’Europe centrale et orientale. Les migrants en
provenance d’Asie représentent également une part plus L’immigration :
importante des entrées dans les pays d’accueil. Surtout, les un enjeu désormais politique
migrations régionales (intra-asiatiques, intra-africaines)
sont de plus en plus importantes. L’origine des migrants a également beaucoup changé. Avant
la guerre, l’immigration était essentiellement européenne et
Evolution récente : méditerranéenne. Aujourd’hui, le nombre des Asiatiques et
de l’incitation au rejet des Africains de l’Ouest est proportionnellement en
augmentation par rapport à celui des européens. Mais les
Les arrivées de nouveaux migrants en France, et dans la quatre principaux pays d’origine des migrants vers la
plupart des pays riches, ont ralenti en pourcentage de France restent le Maroc (13,8 pour cent), l’Algérie (13,1),
l’accroissement total de population au cours des années 80 la Turquie (6,8) et la Tunisie (4,3). Les immigrés
(1,6 pour cent par an en moyenne entre 1980 et 1990, représentent 6,5 pour cent de la population totale en
contre 5,2 pour cent entre 1965 et 1975). Depuis le France. Les effectifs augmentent du fait de l’accroissement
début des années 90, la France accueille chaque année naturel de la population immigrée (naissances).
environ 100 000 nouveaux migrants, ce qui est très peu.
L’Allemagne est devenue le grand pays d’immigration en Plus familiale, en majorité musulmane, appelée à
Europe avec un million de personnes par an en moyenne. s’installer, cette immigration ralentie n’en est pas pour
En effet, les flux se sont stabilisés dans la plupart des autant mieux acceptée, comme en témoigne l’évolution
pays riches, essentiellement du fait de l’adoption de de l’opinion publique et des politiques gouvernementales.
mesures de contrôle visant à limiter les entrées et à lutter
contre l’immigration clandestine. Si l’immigration a été pendant de longues années un
simple problème technique pour les autorités, consistant à
Cette situation contraste grandement avec les politiques faire venir et à accueillir (tant bien que mal) une main-
extrêmement favorables à l’immigration adoptées au d’œuvre nécessaire à la croissance, elle s’est transformée
lendemain de la Seconde Guerre mondiale. En France aujourd’hui en un enjeu de société éminemment politique.
notamment, le déclin démographique, puis les besoins en
main-d’oeuvre très importants suscités par la croissance Cette évolution n’est pas propre à la France et la plupart
économique des “Trente Glorieuses”, incitent les des gouvernements des pays d’accueil ont modifié
pouvoirs publics et les grandes entreprises à aller récemment l’ensemble de leurs politiques migratoires.
CAHIER N°2 28/03/03 12:56 Page 4 (1,1)

LES CAHIERS DE LA SOLIDARITÉ

Les politiques de régulation


et de contrôle des flux

Limitations Concernant le droit d’asile, la loi Pasqua prolonge une


réforme engagée depuis 1989. Théoriquement, l’octroi
Confrontés à des pressions à leurs frontières, à une crise du statut de réfugié est défini par la Convention de
de l’emploi, mais aussi à l’hostilité d’une partie de Genève de 1951. La nouvelle législation française vise à
l’opinion face aux immigrés, la plupart des pays riches accélérer le traitement des dossiers et à éliminer plus
ont réagi en adoptant des politiques de plus en plus rapidement les demandes non fondées. L’examen du
restrictives. Celles-ci visent à limiter l’arrivée de dossier ne doit pas relever d’un autre Etat de l’Union
nouveaux immigrants, particulièrement en provenance européenne, le demandeur ne doit pas constituer une
des pays en développement. La coopération entre les menace pour l’ordre public et sa demande ne doit pas
Etats d’accueil s’est même renforcée, pour donner plus reposer sur une fraude délibérée ni constituer un recours
d’efficacité aux mesures de contrôle. C’est le cas par abusif aux procédures d’asile. L’Office français de
exemple des Accords de Schengen, de la Convention de protection des réfugiés et des apatrides (OFPRA)
Dublin (1) ou encore du Traité de Maastricht qui examine ensuite le bien-fondé de la demande et, dans le
comprennent des dispositions en matière de politique cas où le statut de réfugié n’est pas accordé, l’étranger
d’asile et de contrôle aux frontières. En France deux dispose d’un mois pour quitter le territoire.
textes sont adoptés en août et décembre 1993, dits “lois
Pasqua”, qui durcissent considérablement la législation Eloignement et précarisation
française. Le projet de loi Debré du début de l’automne des étrangers
1996, censé remédier aux abus ou aux difficultés
d’application des lois Pasqua, ne remet pas en cause Parallèlement à la volonté de limiter le flux des entrées,
l’évolution vers l’arrêt de l’immigration, engagée au les lois Pasqua ont mis en place des mesures
milieu des années 70. L’appel à l’immigration d’éloignement visant à augmenter les départs. C’est ainsi
économique étant légalement arrêté depuis vingt ans, les que les cartes de séjour de dix ans ne sont plus
dernières lois touchent aux autres portes d’entrée et de renouvelées de plein droit, que le champ d’application
séjour régulier, le regroupement familial et le droit des mesures de reconduite à la frontière a été élargi et
d’asile. leur mise en œuvre facilitée par l’allongement du délai de
rétention administrative. Les interdictions de territoire et
La mise en place du regroupement familial a été délicate. les expulsions ont également été rendues plus faciles par
Plusieurs circulaires gouvernementales entre 1975 et la suppression des catégories d’étrangers qui en étaient
1980, qui visaient déjà à rendre le regroupement familial protégés.
le plus difficile possible, ont été annulées par le Conseil
d’Etat. Ce dernier a largement contribué à fonder le Pour le CRID, ces modifications législatives, présentées
regroupement familial sur un droit naturel : le droit de comme des moyens de lutte contre l’immigration
vivre en famille, et sur des principes constitutionnels. La irrégulière, ont surtout pour effet de précariser le statut
loi de 1993 précise les conditions requises pour la venue des étrangers résidant en France et de renforcer, en les
du conjoint et des enfants mineurs du couple. Outre les élargissant, les situations d’irrégularité de séjour. Aux
exigences antérieures (logement et ressources suffisantes, conséquences immédiatement tangibles (suspicion,
absence de menace pour l’ordre public ou de maladie précarisation sociale, exclusion) s’ajoute le renforcement
mettant en danger la santé publique, résidence de la d’un cycle pervers : développement de la fraude,
famille à l’étranger), la nouvelle loi impose désormais à corruption, criminalisation du simple délit de séjour
l’étranger demandant le regroupement familial d’avoir irrégulier, nouveau tour de vis répressif et, pour finir,
séjourné deux ans en France régulièrement (au lieu d’un stigmatisation des communautés étrangères. En outre, en
an). Par ailleurs, la polygamie a été interdite puisque la durcissant une réglementation déjà sévère, la nouvelle loi
carte de résident d’un étranger qui fait venir une seconde
épouse sur le territoire français doit être retirée. Les
procédures de demande et de décision contribuent
également à rendre plus difficile le regroupement 1. Elle fut signée en 1990 par les États de l’Union Européenne et elle
familial. vise à coordonner les politiques régissant le droit d’asile.

4/5
CAHIER N°2 28/03/03 12:56 Page 5 (1,1)

LES CAHIERS DE LA SOLIDARITÉ

attaque le regroupement familial et va à l’encontre de à la Direction centrale du contrôle de l’immigration et de


nombreuses conventions internationales, en particulier la la lutte contre l’emploi clandestin, en 1994.
Convention européenne de sauvegarde des droits de
l’homme (art. 8) et la Convention internationale des Des positions fondamentales
droits de l’enfant (art. 9.1 et 10). De même, la
convergence des politiques des pays d’accueil vers une Pour le CRID, la “lutte contre l’immigration clandestine”,
interprétation restrictive de la Convention de Genève tout comme “le problème de l’immigration” d’ailleurs,
rend plus difficile l’accès au statut de réfugié. Seules les sont des épouvantails politiques dont il s’agit de décoder
personnes persécutées ou menacées par leur les composantes et sur lesquelles il faut prendre position
gouvernement peuvent y prétendre. Par exemple en sont une à une.
exclus les Algériens visés par les groupes islamistes, qui
ne peuvent espérer qu’un asile territorial provisoire. Et - La liberté de circulation est un droit fondamental et
pourtant, ces dernières années, les conflits dans universel qu’il s’agit de réaffirmer, d’autant plus que les
différentes régions du globe ont entraîné une expériences de formation et d’élargissement d’horizons
multiplication du nombre de réfugiés et de demandeurs par le voyage sont reconnues comme étant, de tout
d’asile. Que peuvent-ils devenir ? temps, des stimulations positives pour la jeunesse de
tous les pays.
Les lois Pasqua ont pour ambition de lutter contre
l’immigration clandestine. Ceci passe par un - Le travail clandestin est un problème social dont il
renforcement des contrôles aux frontières, par des s’agirait de réprimer les fautifs que sont les “employeurs”
contrôles d’identité à l’intérieur du territoire et par des et les profiteurs. Les victimes, les immigrés avec ou sans
inspections sur les lieux de travail et de résidence. papiers, ne doivent pas être pénalisées.
L’objectif consiste à rendre plus difficile l’entrée
irrégulière dans le pays d’accueil (avec de faux - La présence durable sur notre sol d’étrangers sans
documents ou par un passage clandestin des frontières) situation administrative reconnue est intolérable. Un
et à dissuader le séjour ou le travail clandestins, ensemble de mesures : accueil, discussions, formations,
notamment des personnes qui restent après expiration de régularisation, éventuellement retour assisté, doit être
leur visa ou de leur permis de séjour. La police de l’air et mis en place pour chercher des solutions ensemble, avec
des frontières a ainsi été de manière significative intégrée les personnes concernées.

Les politiques
d’intégration

La politique d’assimilation nombre d’indicateurs concrets de l’insertion des immigrés


à la française et les derniers développements de la législation.

Outre le contrôle des entrées de nouveaux migrants, les Depuis plusieurs années, les changements intervenus dans
politiques migratoires visent à favoriser l’insertion des la nature du phénomène migratoire et dans la société des
immigrés déjà présents dans le pays d’accueil, ou qui pays d’accueil ont modifié les conditions de l’intégration
souhaitent y résider durablement. La qualité de des populations étrangères. Le modèle français
l’intégration des populations étrangères dans les différents notamment s’en est trouvé sinon remis en cause, du
pays d’accueil est difficile à mesurer. Elle dépend des moins fragilisé. En simplifiant, on peut distinguer en
modèles d’intégration en vigueur, de l’ampleur des flux, Europe trois grandes conceptions de l’intégration des
des traditions culturelles des immigrés, et met en oeuvre étrangers : le modèle assimilationniste français, le modèle
des relations sociales complexes. Pour comprendre communautaire à l’anglaise et la conception culturelle de
l’évolution de la politique d’intégration en France, il est l’Allemagne. Les différences de comportements qu’ils
important de revenir sur la spécificité du modèle recouvrent, reposent sur des structures anthropologiques
assimilationniste français, avant d’examiner un certain très anciennes qui renvoient au fonctionnement familial
CAHIER N°2 28/03/03 12:56 Page 6 (1,1)

LES CAHIERS DE LA SOLIDARITÉ

(égalitaire ou non), au statut de la femme (inférieur ou L’intégration ne se confond pas avec la naturalisation.
dit égal) et aux pratiques de mariage (à l’intérieur ou à C’est un processus qui passe par l’emploi, la
l’extérieur de la communauté). Ces modèles ont des scolarisation, et auquel contribuent les associations, la
conséquences très concrètes pour les immigrés. Ainsi politique de la ville... Sur le plan démographique,
dans les cas, anglais ou allemand, le différentialisme se l’intégration confirme la tradition de métissage de la
traduit par une ségrégation de fait des différentes société française. Les mariages mixtes par exemple
communautés, mais permet le maintien des cultures sont nombreux (environ 30 000 chaque année), de
initiales. Dans le cas français, l’assimilationnisme aboutit même que les naissances légitimes au sein de couples
à un mélange très rapide des populations (notamment mixtes (plus de 25 000 par an). Il faut noter la part
par une homogénéisation des modes de vie et la importante prise par les Algériens et les Marocains
fréquence des mariages mixtes), mais au prix d’ une dans les mariages mixtes et dans les naissances.
quasi-destruction des cultures minoritaires (1). L’apport des immigrés dans le dynamisme
démographique du pays est incontestable : sans
Difficultés d’insertion croissantes l’immigration et les naturalisations, la population
française, paraît-il, n’atteindrait aujourd’hui qu’une
Le modèle assimilationniste français s’est traduit quarantaine de millions de personnes.
notamment pendant des années par une politique
relativement facile de naturalisation des étrangers. La règle Vers une marginalisation
était celle du droit du sol, à savoir que toute personne née des étrangers
en France pouvait obtenir la nationalité française, quelle
que soit l’origine de ses parents. De plus, les étrangers La scolarisation des enfants de migrants est un facteur
originaires des anciennes colonies et territoires d’outre- déterminant de l’insertion sociale et économique. En
mer français bénéficiaient alors d’un accès privilégié. Mais France, près d’un million d’élèves étrangers sont scolarisés
le code de la nationalité française a été abrogé par la loi dans les établissements publics et privés du premier et du
du 22 juillet 1993. Les nouvelles règles retirent le bénéfice second degré. Ils représentent 8 pour cent du total des
de la nationalité française aux enfants nés en France de élèves. En outre, par rapport aux autres pays d’accueil
parents algériens dont aucun ne réside en France depuis européens, l’enseignement préscolaire (maternelle) est
plus de cinq ans et à tous les enfants de parents nés dans très développé en France et favorise grandement
les anciennes colonies. Selon la nouvelle loi, la nationalité l’acquisition du langage et l’intégration scolaire
française ne peut être acquise qu’après deux ans de ultérieure. La comparaison des résultats des élèves
mariage (au lieu d’un précédemment). Encore faut-il nationaux et étrangers met en évidence les plus grandes
surmonter les nombreux obstacles mis aux mariages difficultés rencontrées par les enfants étrangers ou
mixtes. Enfin, les enfants nés en France de parents d’origine étrangère. Mais une étude plus fine réalisée en
étrangers ne peuvent plus devenir français par déclaration 1994 par le ministère de l’Education nationale a étudié
avant seize ans et, alors qu’ils devenaient automatiquement dans le même temps la réussite scolaire, la nationalité et
français à leur majorité, ils doivent désormais en faire la les facteurs censés influencer les résultats scolaires
demande expresse entre 16 et 21 ans. Une non-déclaration (origine sociale, diplômes des parents, sexe, ancienneté
équivaut à un refus de la nationalité. Le taux d’acquisition du séjour en France...). Cette étude montre que, à
de la nationalité a ainsi baissé en France depuis 1993. conditions égales, la réussite scolaire des étrangers est
Cependant, en valeur absolue, la France avec l’Allemagne comparable à celle des Français.
restent les pays qui accordent le plus grand nombre de
naturalisations en Europe (cf. Annexe 2). L’insertion économique et sociale des immigrés est en
revanche de plus en plus difficile. Au recensement de
L’attribution ou l’acquisition de la nationalité du pays 1990, les travailleurs étrangers représentaient 6,4 pour
d’accueil permet aux étrangers d’accroître leurs chances cent de la population active (cf. Annexe 2). Ils sont
d’insertion ou représente l’aboutissement d’un processus présents principalement dans le bâtiment et les travaux
d’intégration sociale et économique. La réforme du code publics, les industries manufacturières et le commerce
de la nationalité en imposant un acte de volonté exprimé (cf. Annexe 2). Mais leur situation au regard du
par l’intéressé lui-même, prolonge la phase d’incertitude chômage appelle une mention particulière. En mars
entre deux nationalités. La finalité réelle n’est-elle pas de 1993, le chômage touche 11 pour cent des actifs, mais
rendre encore plus difficile l’intégration des jeunes dépasse officiellement 20 pour cent pour les étrangers.
d’origine étrangère ? Ils sont en effet concentrés dans des activités en déclin
ou soumises aux aléas de la conjoncture. En outre, le
taux d’activité des jeunes (autochtones et étrangers) a
1. Cf. Emmanuel TODD - 1993 - Voir bibliographie. chuté dans les années 80 et cette tendance s’est

6/7
CAHIER N°2 28/03/03 12:56 Page 7 (1,1)

LES CAHIERS DE LA SOLIDARITÉ

renforcée dans les années 90. La chute est d’autant plus population du pays d’accueil. La progression du
forte pour les jeunes d’origine étrangère qu’ils sont en chômage, la désintégration du tissu urbain, l’isolement
moyenne moins qualifiés, qu’ils abandonnent plus souvent géographique et social de certains quartiers, les
la recherche d’un emploi (phénomène dit du “travailleur difficultés de la formation professionnelle et de
découragé”) et qu’ils font l’objet de discriminations. l’insertion dans le système scolaire, tous ces problèmes
favorisent incontestablement le développement du
Avec la profonde mutation économique, et quel que soit racisme et de la xénophobie.
le modèle d’intégration dominant, les pays européens
sont confrontés à des problèmes qui non seulement Pour les associations du CRID, le chômage, le sous-
accroissent les difficultés d’intégration des immigrés, emploi, sont aujourd’hui les plus grands obstacles à une
mais mettent en cause la cohérence de l’ensemble de la intégration réussie des immigrés. Il serait grave de faire de
société. La marginalisation économique et sociale menace l’étranger un bouc émissaire pour détourner l’attention de
autant les immigrés que certains groupes de la problèmes qui concernent l’ensemble de la société.

L’intégration des Maghrébins en France :


refus du groupe immigré mais assimilation
des individus

Si l’on fait abstraction des naturalisations pour mêlées, dès la première génération de migrants. Le nombre
reconstituer un groupe statistique des Maghrébins de mariages mixtes et de naissances mixtes est
(Algériens, Marocains et Tunisiens) selon des critères particulièrement important (surtout avec les Algériens). En
“ethniques”, celui-ci apparaît comme la plus Allemagne au contraire, le brassage avec la communauté
importante population d’origine musulmane en Europe. turque est quasiment nul. L’opinion française combine donc
En France, il est estimé à 2,5 millions de personnes. Dans la à la fois un fort rejet du groupe étranger et une grande
société française, ce groupe est majoritairement ouvrier, ce acceptation à l’égard des individus.
qui résulte de son origine essentiellement modeste et de son
faible niveau de qualification à l’origine. Toutes les enquêtes En outre, la cohabitation avec la société d’accueil, et
révèlent l’hostilité d’une partie de l’opinion à l’encontre des notamment l’égalitarisme ethnique des établissements
Maghrébins, bien supérieure à celle manifestée envers les scolaires, aboutissent très rapidement à une désintégration
Portugais, les Asiatiques ou les Africains de l’Ouest. Le vote de la culture d’origine et des structures familiales de la
d’extrême-droite est d’ailleurs le plus souvent corrélé à population d’origine maghrébine. Cette acculturation -
l’importance de la population maghrébine. Cette hostilité notamment parce qu’elle désorganise les relations parents-
résulte essentiellement d’un refus des différences de moeurs enfants traditionnelles - peut soit faciliter l’entrée dans la
(statut de la femme, modes de vie, etc.), renforcé par la société d’accueil, soit au contraire contribuer à l’exclusion et
précarisation des conditions de vie et de l’avenir de la classe à la délinquance. La rapidité de l’assimilation des
ouvrière française elle-même. populations maghrébines en France, qui n’a pas d’équivalent
en Europe, résulte d’une part de la puissance du modèle
Pourtant, en dépit de ces différences culturelles, les universaliste, d’autre part d’une culture commune aux
communautés françaises et maghrébines sont étonnamment populations du pourtour méditerranéen.

Les politiques d’immigration


et le développement

L’alternative ambiguë heurtent à des difficultés accrues. Le développement des


pays pauvres peut-il alors représenter une alternative à
L’efficacité des politiques de contrôle des flux de migrants long terme aux migrations ? Deux théories s’affrontent
est remise en question, et les politiques d’intégration se sur ce point. Selon la première, le développement, et
CAHIER N°2 28/03/03 12:56 Page 8 (1,1)

LES CAHIERS DE LA SOLIDARITÉ

notamment les projets créateurs d’emploi, permettraient l’éducation). Les politiques d’aide et de coopération sont
de retenir dans leur pays des populations qui en l’absence également censées encourager les créations d’emplois et
de tels projets auraient dû s’expatrier pour survivre. Selon améliorer le fonctionnement des administrations et de
la seconde, le développement économique et technique systèmes financiers des pays en développement. Mais les
s’accompagnerait à court terme de gains de productivité politiques d’aide actuelles sont loin de remplir cet objectif.
qui libéreraient de la main-d’oeuvre. Le développement Leur volet social (services de base, infrastructures, lutte
pourrait donc produire, dans un premier temps, une contre la pauvreté) notamment pourrait être largement
accélération de l’exode rural et des migrations. renforcé afin de se rapprocher des recommandations du
PNUD lors du Sommet Social (pacte 20/20 (2)).
Les grandes lignes d’action adoptées par les pays riches
lors de la Conférence sur les migrations et la coopération
internationale qui s’est tenue à Madrid en 1993
consistent à favoriser la libéralisation des échanges, 2. Déclaration de Copenhague lors du Sommet Social de mars 1995.
l’intégration régionale, l’accroissement des Selon ce pacte qui correspond à des engagements réciproques, les
pays industriels consacreraient en moyenne 20 % de leur aide
investissements directs étrangers dans les secteurs
publique au développement (APD), et leurs partenaires 20 % de leur
intensifs en main-d’oeuvre des pays en développement et budget national, à la satisfaction des besoins élémentaires
dans les infrastructures sociales (notamment la santé et prioritaires des personnes.

Une association de migrants :


Migrations et développement

En 1984, le plan social de reconversion de l’entreprise Au Maroc, les associations villageoises se sont fédérées pour
Péchiney-L’Argentière dans les Hautes-Alpes, propose créer une structure “Migrations et Développement Local”
une prime de retour pour les 54 travailleurs immigrés dont le siège est à Rabat. Cette antenne marocaine a
licenciés. Vingt-quatre Marocains de la province de également réussi à intéresser des institutions comme la
Taroudant retournent alors dans leurs villages. Là, ils se délégation de l’UE, l’Ambassade de France, l’Association
rendent compte de l’ampleur des problèmes, et en marocaine d’appui à la promotion de la petite entreprise, le
particulier de l’absence de services de base tels que ministère de l’Education nationale, de la Jeunesse et des
l’électricité ou l’eau potable. Ils créent alors sur place des Sports (pour les chantiers de jeunes), etc...
équipes de jeunes et, en France, une association : le premier Actuellement, le programme communautaire d’électrification
objectif est de lancer un projet d’électrification. C’est ainsi que se poursuit dans les cercles de Taliouine et de Tata. Parmi les
naît en 1986 “Migrations et Développement”, une ONG projets en cours, suite à cette électrification , il faut signaler :
française dont le siège est maintenant installé à Marseille.
● Des actions de lutte contre la sécheresse et l’érosion,
Grâce à la collaboration de salariés de l’EDF, Imgoun est le ● Des aides à la création d’entreprises par les immigrés dans
premier village à être électrifié en 1989 ; les suivants, leur pays d’origine ; actuellement neuf immigrés, membres
actuellement 60 villages ou groupes de villages (un groupe de Migrations et Développement ont déjà créé et gèrent
peut réunir une dizaine de petits villages), seront électrifiés leur entreprise au Maroc,
par 15 Marocains qui ont suivi un apprentissage en France
dans un centre de formation de l’EDF. ● La promotion de l’artisanat et de la production agricole
auprès des femmes,
Ce projet d’électrification a contribué à créer ou consolider des
● Des activités de formation des cadres associatifs villageois,
associations villageoises (ne serait-ce au départ que pour aider
les familles qui ne peuvent pas payer le raccordement au réseau ● L’organisation de chantiers d’échanges qui permettent de
électrique) qui sont ensuite capables de formuler de nouveaux faire participer des jeunes Français et des jeunes d’origine
projets pour continuer à améliorer les conditions de vie du étrangère à ces différentes activités.
village. “Migrations et Développement” reçoit ces projets et
étudie leurs faisabilité. La moitié du budget nécessaire pour les Migrations et Développement compte aujourd’hui 670
réaliser doit être fourni par les villageois eux-mêmes et par les adhérents, 5 salariés en France, 2 à Rabat et 2 à Taliouine
villageois émigrés en France, en Allemagne, en Espagne ou (bureau régional), en plus des animateurs locaux qui
ailleurs. A Marseille, l’association se charge de trouver l’autre travaillent dans les villages. Outre son siège à Marseille,
moitié des fonds nécessaires. L’Union européenne, le ministère l’association dispose d’antennes à Perpignan, Montpellier et
de la Coopération, le Fonds d’Action Sociale, des financeurs Mulhouse. Des associations de migrants marocains en
privés, des collectivités territoriales, des ONG, ont déjà Allemagne, en Espagne ont pris contact avec Migrations et
apporté leur soutien à ces projets. Développement afin de coordonner leurs actions.

8/9
CAHIER N°2 28/03/03 12:56 Page 9 (1,1)

LES CAHIERS DE LA SOLIDARITÉ

Les immigrés, intégré à leurs activités un volet “développement du pays


acteurs de développement d’origine”, notamment sous forme de cotisations et de
montages de projets (irrigation, équipement, ...). (Voir
En ce qui concerne le développement des pays d’origine encadrés page 8 et 10).
des migrants, il faut rappeler que les transferts effectués
par les émigrés eux-mêmes représentent une contribution Pour les associations du CRID, la “fermeture” des
essentielle à l’économie de leur pays, qu’ils prennent la frontières et l’évolution vers des migrations permanentes
forme d’une épargne monétaire envoyée aux familles ou plutôt que tournantes a de nombreux effets pervers. Elles
de l’achat de biens rapportés au pays (cf. Annexe 2). privent les pays d’origine de la partie la plus dynamique de
Avec la fin des migrations tournantes, l’installation leur population car, contrairement aux idées répandues, les
définitive dans le pays d’accueil et le regroupement pays riches n’accueillent pas la misère du monde mais les
familial, la montée du chômage chez les travailleurs plus solides et les plus audacieux. La perte est lourde pour
immigrés, le volume de ces transferts est en diminution le pays d’origine lorsque ces personnes ne peuvent rentrer
rapide. Cette évolution présente un risque réel pour et mettre leur dynamisme et les compétences acquises
l’avenir, les familles restées au pays risquant de perdre durant l’émigration au service de leur pays. De plus, les
peu à peu une part considérable de leur revenu. entraves à la mobilité des étrangers les incitent à rester
dans le pays d’accueil, non par choix mais par crainte de
Outre les transferts, les immigrés se sont souvent ne pouvoir revenir. Conduits à une intégration forcée, ils
regroupés en associations dans les pays d’accueil. font venir leur famille proche et limitent peu à peu leurs
D’abord destinées à faciliter l’entraide et l’insertion des envois, privant les pays d’origine de ressources financières
nouveaux arrivants, ces associations ont rapidement et matérielles nécessaires.

Des défis à relever


pour les associations

Propositions du CRID - répéter que toute réponse répressive appliquée aux


migrations est non seulement vouée à l’échec mais aussi
Pour les associations du CRID, il est plus que jamais porteuse de conflits (forteresse Europe, migrations
fondamental de réaffirmer des valeurs d’humanisme que intra-asiatiques, intra-africaines),
les contraintes économiques, sociales et politiques tendent - rappeler que la réponse aux mouvements de population
à faire oublier : l’égalité fondamentale de tous les liés à la pauvreté ne peut se trouver que dans le
hommes, le droit à une vie décente, le droit à la liberté développement durable des pays pauvres et la
d’aller et venir, les règles du droit d’asile et de la coopération des pays riches.
protection des réfugiés, les droits de l’enfance. Le CRID
revendique également la tradition universaliste de la En matière de politique de coopération :
France et la richesse - humaine, culturelle - d’une société - poursuivre et renforcer l’appui aux initiatives de
plurielle. La défense de ces valeurs exige des efforts développement des migrants, et encourager leur
renouvelés, tant par les prises de position publiques, que reconnaissance par les gouvernements comme partenaires
du point de vue des actions à entreprendre, que ce soit au de la politique de coopération (voir encadré page 10),
niveau international, national ou local. - contribuer à la mise en place de circuits financiers
fiables pour la collecte de l’épargne des migrants et sa
Au niveau international, valorisation dans le pays d’origine,
- pousser les politiques de coopération bilatérale vers le
Dans toutes les instances internationales, à l’occasion des financement d’infrastructures de base (routes,
grandes conférences, etc. : électricité, téléphone...), la lutte contre la pauvreté et la
- réaffirmer les valeurs fondamentales auxquelles promotion d’activités économiques créatrices d’emplois,
souscrivent les ONG, - développer une politique de formation et d’échanges
- lutter pour la reconnaissance du droit à la liberté de qui permette de multiplier le nombre de cadres pour
mouvement des personnes, l’animation de projets sur le terrain.
CAHIER N°2 28/03/03 12:56 Page 10 (1,1)

LES CAHIERS DE LA SOLIDARITÉ

Au niveau national - appuyer les partenariats avec les associations


d’immigrés et les intégrer à la conception et la mise en
- demander la remise à plat de l’ensemble de la oeuvre de projets de coopération décentralisée,
législation concernant l’immigration et le droit d’asile, - réfléchir à la représentation des immigrés auprès des
- lutter contre la dérive policière dans l’application des instances municipales (droit de vote aux élections
lois, locales, voix consultative, reposant sur des critères à
- multiplier les actions d’information auprès de l’opinion préciser : temps de résidence, travail, paiement d’impôts).
publique (campagnes nationales, articles, lettres aux
enseignants...), Au niveau des quartiers
- accroître l’aide à l’insertion des immigrés dès leur
arrivée (soutien dans les démarches et formalités, - appuyer les expositions, musiques, spectacles... par
assistance linguistique, logement...) ; obtenir un soutien lesquels les jeunes ou autres peuvent mieux faire
financier accru de l’Etat aux associations pour remplir connaître leur pays d’origine,
ces fonctions, - multiplier les actions avec les écoles, les centres de
- généraliser l’apprentissage de la langue d’origine pour loisirs,
les enfants de deuxième génération (à l’école, dans des - travailler avec les résidents et associations d’immigrés
associations), célibataires afin de faire prendre en compte le rôle des
- faciliter les échanges d’information et d’expériences “foyers” comme centres sociaux, centres
entre associations travaillant au niveau local, communautaires et centres associatifs (voir encadré
- sans tomber dans un “communautarisme” que certains page 11),
pourraient juger incompatible avec le pacte républicain, - cibler les actions de développement social sur
obtenir et faire en sorte que l’Etat, les collectivités l’ensemble des populations défavorisées, sans aucun
locales, les associations, prennent en compte les particularisme ethnique.
spécificités de certaines migrations, notamment pour la
résolution du problème du logement. En particulier “les
foyers de travailleurs immigrés” sont une formule qui,
il y a 25 ou 30 ans, avait représenté une avancée sociale
importante. (voir encadré page 11). L’AQOCI, un exemple de collaboration
entre gouvernement et associations
Certes, il faut sans cesse réexaminer toute formule. Mais
il n’est pas contraire aux traditions d’accueil de la France Une importante communauté haïtienne s’est créée au
que ce genre de question soit négociée entre les autorités Québec dès les années 60. Emigrés pour des raisons
compétentes et les représentants des populations ou économiques mais aussi politiques, les Haïtiens du
groupes humains concernés. Canada ont une forte tradition de mobilisation. Ils se
sont rapidement regroupés en associations luttant
Au niveau local contre le gouvernement Duvalier, pour le rétablissement
des libertés civiles et politiques en Haïti, pour le retour du
- appuyer la constitution d’associations représentatives président Aristide... Ces associations ont également
des immigrés, mais aussi mixtes, dans les quartiers. Ne commencé à collecter des fonds pour soutenir des projets de
pas fermer les yeux sur les fraudes et abus manifestes : développement en Haïti. En décembre 1984, elles se
il en va de la crédibilité à long terme de ces regroupent en une Confédération des associations régionales
haïtiennes du Québec et deviennent un partenaire à part
associations,
entière de l’Agence canadienne de développement
- travailler avec les habitants pour empêcher que des
international (ACDI). L’ACDI crée alors un fonds, destiné à
quartiers entiers ne deviennent des “ghettos” de fait
financer les projets des associations canado-haïtiennes,
(soutien aux activités de jeunes, prévention de la
directement géré par elles, et hébergé par l’AQOCI
toxicomanie, parents d’élèves, amélioration des
(Association québécoise des organisations de coopération
transports, etc...),
internationale) : le fonds AQOCI-Haïti. Plus qu’un simple
- rendre transparentes les conditions d’accès au logement guichet, ce fonds est un mécanisme qui permet aux migrants
social et promouvoir la construction équilibrée de de participer à la définition des programmes de coopération
logements sociaux dans une ville ou une région, avec leur pays d’origine. L’AQOCI a également participé à la
- renforcer le travail auprès des femmes mission d’observation des élections de 1987 et créé une plate-
(alphabétisation, insertion professionnelle, activités de forme de concertation entre ONG canadiennes et haïtiennes.
loisirs) et surtout auprès des enfants (soutien Le Canada est ainsi le pays qui a poussé le plus loin la
scolaire...), la formation étant bien souvent la clé de la collaboration entre les pouvoirs publics et les associations de
sortie de l’exclusion, migrants pour promouvoir des actions de développement.

10 / 11
CAHIER N°2 28/03/03 12:56 Page 11 (1,1)

LES CAHIERS DE LA SOLIDARITÉ

Pourquoi les Africains tiennent-ils à rester


regroupés dans des “foyers” ?

Les foyers sont souvent décrits comme une forme de espaces qui ont permis aux habitants africains de déployer
logement ségrégative et excluante, créatrice de ghettos trois activités qui sont autant de stratégies de survie
et d’enfermement. Certains maires se sont déjà individuelles et collectives face à la modernité et à la
illustrés dans l’expulsion manu militari de résidents mutation économique :
africains (à Montreuil, encore récemment au foyer - la fondation de centaines (400 repérées en France par le
“Nouvelle France”) et on peut s’attendre à des attaques GRDR) d’associations de développement villageois (voir
de plus en plus dures contre les “foyers de célibataires annexe 1). A part ces associations 1901 formellement
immigrés”. Pourtant, la plupart de ces bâtiments sont habités reconnues, il existe des centaines d’associations de fait qui
par des ouvriers - maghrébins ou africains - menant une vie regroupent familles et villages. Le foyer n’est pas seulement
extrêmement tranquille. Les foyers ne sont pas connus comme un mode de logement, il fonctionne aussi comme une
des centres d’intense violence, au contraire, et chaque fois que “maison des associations”.
les immigrés de l’Afrique de l’Ouest - soninkés ou toucouleurs - la pratique d’une solidarité familiale et communautaire
en particulier - y sont majoritaires, ils s’approprient ces interne aux foyers qui a permis aux plus démunis (sans
espaces pour en faire de véritables lieux de solidarité travail, sans logement officiel, parfois sans papiers) d’être
communautaire. pris en charge par la communauté. Le foyer fonctionne
Plusieurs aménagements des foyers ont permis ce phénomène : comme “résidence sociale”. C’est certainement cet aspect
- salles de réunion où les résidents se retrouvent, organisent de sa vie, sa solidarité interne, qui est le moins compris par
des rencontres et “portes ouvertes”, les autorités qui prétendent que le foyer échapperait “à la
- cuisines collectives où les repas peu chers sont servis pour loi républicaine”,
les résidents et d’autres personnes extérieures, - l’organisation, notamment les week-end, de visites et de
- salles de prière et salles d’alphabétisation ou de cours du fêtes concernant femmes, enfants et hommes des villages
soir, qui sont dispersés dans des HLM ou ailleurs. Le foyer
- espaces où des commerces au détail, des métiers d’artisanat fonctionne comme “maison de la communauté”.
(forgeron, tailleur, coiffeur) existent au service des
résidents. Tout en reconnaissant que de nombreux problèmes existent
Une autre caractéristique est l’évolution du partage des dans les foyers - surcharge, délabrement du bâti, parfois
responsabilités qui fait que la gestion effective du bâtiment mauvaise gestion du social et du sanitaire - on peut penser
est divisée entre l’association gestionnaire (pour le loyer et que des solutions pourraient être apportées par les autorités
les charges) et un comité de délégués des résidents (pour et les sociétés gestionnaires à condition d’instaurer un
l’organisation interne). Ce partage de fait, n’est pas reconnu dialogue avec les résidents ou leurs instances de
statutairement. représentation. Sans le préalable de l’écoute et du respect de
leur point de vue et de leurs besoins propres, on peut
C’est vrai que l’on pourrait souhaiter que d’autres modes de comprendre que les résidents opposent un refus parfois têtu
logement soient accessibles aux ouvriers ou aux chômeurs aux propositions de relogement dispersé qui leur sont
africains en France aujourd’hui. Cependant ce sont ces faites.

ANNEXE 1

L’immigration du bassin “marchands de sommeil”. A l’époque, une simple visite


du fleuve Sénégal en France. médicale à l’O.M.I. (Office de la Main-d’Oeuvre
Immigrée - actuellement Office des Migrations
Aujourd’hui, sur 176.000 ressortissants des pays Internationales) suffisait pour trouver du travail. Les
d’Afrique noire en France (recensement 1990), la frontières, même après l’indépendance, étant restées
majorité sont des Soninkés, Peuls et autres habitants de ouvertes, les Africains sub-sahariens n’avaient pas besoin
la région du fleuve Sénégal qui ont une ancienne de carte de séjour. Il y avait une liberté d’aller et retour qui
tradition de migration. Déjà, avec la colonisation s’était permettait à l’immigré de passer deux, trois ans en France
développée la pratique de déplacements saisonniers lors pour ensuite se ressourcer deux ou trois ans au pays.
de la récolte de l’arachide. Ensuite, dans les années
soixante, les industries françaises ont activement recruté Avec la fermeture des frontières (1974, sous la présidence
de la main-d’oeuvre. Les Africains arrivés à Paris se de M. Giscard), la situation des immigrés africains s’est
regroupaient dans des hôtels meublés, chez des trouvée complètement bouleversée. Il fallait alors obtenir
CAHIER N°2 28/03/03 12:56 Page 12 (1,1)

LES CAHIERS DE LA SOLIDARITÉ

des papiers de séjour et de travail. Après les chocs ou maliens, même pas ou peu démocratiques, étaient
pétroliers, l’augmentation du chômage, les nouveaux devenus relativement tolérants aux initiatives extérieures.
arrivés ont plongé dans une clandestinité d’autant plus
mal vécue que les contrôles de police commençaient à L’engagement des immigrés dans ces associations locales
viser systématiquement les immigrés, et que le racisme de développement est devenu massif en 1983-84, alors
populaire gagnait du terrain. Une première politique de même que se renforçaient les sentiments d’être dans une
retour (les mesures Stoléru avec la prime de 10.000 F impasse. Même si l’Etat et les grosses entreprises tentent
offerte en échange de l’abandon de la carte de séjour) a de rendre plus attractif leur dispositif de “retour”,
rencontré peu de succès. La situation du logement des l’immigration africaine reste très prudente, s’engageant
“célibataires” africains s’est améliorée progressivement dans un parcours associatif qui a connu plusieurs
avec l’ouverture de nouveaux foyers mieux équipés et la phases.
destruction des anciens taudis les plus insalubres.
Tout d’abord, les associations cherchent à créer leur
Le gel des mouvements, la dégradation de la situation unité, à montrer qu’elles sont capables de changements
économique ont eu des effets imprévus sur la population crédibles dans la vie du village : c’est le ralliement des
immigrée en France : vieux, l’investissement dans le “social” et le bâtiment,
- pour remédier au célibat forcé, certains se sont engagés qui peut aller de la mosquée à un centre de santé ou
dans le regroupement familial, faisant venir femmes et dispensaire, à la rénovation ou la construction d’une
enfants. D’autres, nés avant l’indépendance et qui le école.
pouvaient encore, se sont engagés sur le chemin de la
naturalisation. Dans un deuxième temps elles cherchent à pallier les
- la situation en Afrique a continué de se dégrader. Une insuffisances d’approvisionnement par le financement de
forte sécheresse a secoué la région du fleuve à partir de coopératives d’achat, parfois associées à des coopératives
1969/1973 et de nouveau dix ans plus tard, provoquant de production. Celles-ci, sauf exception, ont du mal à
une accélération de départs des jeunes du village, survivre aux lacunes de gestion, au manque de
malgré les difficultés rencontrées. formation, aux difficultés de communication entre les
financeurs en France et les clients et opérateurs au pays,
Peu à peu s’est installée une double impasse : la vie en à la faiblesse du marché local.
France devenait difficile et les mouvements migratoires
compliqués ; le village et la famille dépendaient de plus Dans une troisième phase, le développement d’activités
en plus du mandat envoyé de l’extérieur. L’espoir d’un économiques (périmètres irrigués, champs de
retour définitif s’éloignait ou rejoignait le royaume des maraîchage, élevage et embouche) est souvent caractérisé
mythes irréalisables. par une diversification des acteurs (groupes de femmes,
de jeunes, familles) qui mettent parfois à mal la structure
Cette conscience s’est éveillée dans une communauté “association villageoise”. Par contre, celle-ci joue un rôle
déjà dotée d’une longue tradition de solidarité et d’interlocuteur avec l’Etat (qui se décentralise) car elle a
d’entraide internes. Des caisses, des tontines existent pris en charge certaines fonctions “communales”.
depuis le début de l’immigration. Certaines regroupent
des communautés assez nombreuses et fortement Dans cette évolution, le GRDR avec ses différents
concentrées. Le village de Diallané, au Mali, comptant partenaires (diverses Fédérations régionales et un Réseau
2500 habitants, a un contingent de 300 hommes en des associations de développement du bassin du fleuve
France, quasiment tous logés sur deux foyers de la Sénégal ont récemment été fondés) accompagnent,
région parisienne ! appuient, forment, aident à trouver les relais financiers,
et - aujourd’hui - tentent de prévoir l’avenir d’un
Après la régularisation de 120.000 sans papiers en 1981, développement de la zone qui doit s’appuyer à la fois sur
le gouvernement socialiste d’alors, dans la foulée, a la densification de ces activités “multi-locales” et sur
permis aux immigrés de fonder des associations selon la l’amélioration des grandes infrastructures de transport et
loi 1901. D’où la naissance, dans les années qui suivent, de communication. En même temps, avec les
de centaines d’associations villageoises et régionales de associations, une réflexion est engagée sur l’avenir en
développement créées par les immigrés du bassin du France de la communauté, de plus en plus familiale, de
fleuve Sénégal en France. Le GRDR et l’Institut Panos les plus en plus questionnée par ses jeunes, même si de
estiment aujourd’hui à environ 400. Il faut bien sûr nouvelles formes de coopération-jumelage avec les
ajouter le fait que ces associations n’ont pu exister et villages en Afrique attestent d’une grande intégration à la
avoir une efficacité réelle qu’en raison de la situation société française.
politique de la sous-région d’origine : les Etats sénégalais Michael Hoare, Geneviève Petauton.

12 /13
CAHIER N°2 28/03/03 12:56 Page 13 (1,1)

LES CAHIERS DE LA SOLIDARITÉ

ANNEXE 2

1
FRANCE, acquisitions de la nationalité Transferts de fonds annuels des émigrés des pays
1
selon le pays d’ancienne nationalité du Maghreb 1970, 1980, 1990, en pourcentage
60A 60A
1988 1989 1990 1991 1992 1993

Maroc 4 435 5 393 7 741 10 289 12 292 13 131 1970 1980 1990
Algérie 3 256 4 070 5 355 6 631 7 410 7 909 50A 50A
Tunisie 2 347 2 538 3 076 4 375 4 991 5 370
Portugal 7 984 7 027 6 876 7 126 5 575 5 233
40A 40A
Cambodge 1 511 1 724 1 827 1 729 1 701 1 847
Viêt-nam 2 012 2 478 2 326 2 139 1 888 1 775
Ex-Yougoslavie 1 015 1 249 1 405 1 367 1 400 1 652
30A 30A
Turquie 690 921 914 1 124 1 296 1 515
Espagne 4 460 3 320 2 868 2 317 1 528 1 385
Laos 1 294 1 305 1 468 1 343 1 305 1 187 20A 20A
Italie 3 081 2 576 1 869 1 475 1 117 936
Pologne 1 298 1 587 1 446 1 230 873 755
Autres 12 968 15 142 17 195 18 510 17 870 17 312 10A 10A
Total 46 351 49 330 54 366 59 655 59 246 60 007

1. Les données ne comprennent pas, d’une part, les enfants naturalisés suite à la 0 0
naturalisation de leurs parents, et, d’autre part, les acquisitions automatiques de la Algérie Maroc Tunisie
nationalité à leur majorité des jeunes, nés en France de deux parents étrangers. La
prise en compte de ces deux dernières catégories porterait le total des acquisitions de 1. Transferts de fonds estimés à partir des transferts unilatéraux de la balance des
la nationalité à environ 74 000, 82 000, 88 500, 95 500, 95 300 et 95 500 transactions courantes.
respectivement en 1988, 1989, 1990, 1991, 1992 et 1993. Source : Statistiques financières internationales, FMI, 1988 et 1992

1
FRANCE, effectifs de travailleurs étrangers par nationalité (en milliers)
1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993

Portugal 441.0 463.8 456.8 408.2 393.2 396.1 413.3 428.5 421.7 426.5 381.8
Algérie 292.2 297.3 279.0 271.6 249.3 268.8 258.5 248.5 236.3 243.7 237.4
Maroc 152.0 171.5 186.4 177.3 176.0 179.9 187.0 168.1 175.6 176.6 179.5
Italie 138.5 139.2 125.9 116.2 113.6 104.2 103.8 96.9 96.6 87.5 98.3
Espagne 143.0 140.0 117.8 129.2 119.3 114.4 101.5 108.5 98.9 81.6 81.9
Turquie 31.3 38.9 41.6 38.7 56.5 60.8 65.0 53.9 42.0 56.8 73.5
Tunisie 75.7 79.1 75.1 72.6 71.5 81.5 76.2 74.7 63.9 75.5 71.0
Ex-Yougoslavie 35.5 43.7 44.1 35.8 39.8 34.3 30.7 29.6 24.7 19.5 24.3
Pologne 10.5 9.4 14.2 15.9 12.2 13.8 16.6 15.1 13.4 12.3 8.4
Autres pays 255.1 275.3 308.3 290.2 293.5 303.2 341.2 325.6 333.1 337.9 385.6

Total 1 574.8 1 658.2 1 649.2 1 555.7 1 524.9 1 557.0 1 593.8 1 549.5 1 506.0 1 517.8 1 541.5
Dont : UE 790.3 813.4 771.6 722.7 693.5 699.1 707.3 716.2 689.6 674.1 658.7

1. Données en mars de chaque année provenant de l’enquête sur l’emploi.


CAHIER N°2 28/03/03 12:56 Page 14 (1,1)

LES CAHIERS DE LA SOLIDARITÉ

Travailleurs étrangers ou immigrés par activité économique


dans quelques pays de l’OCDE en 1992, en pourcentage

France Allemagne
6A 4A Légende :
5A 3A 1. Agriculture, chasse, sylviculture et pêche
4A 5A
2. Énergie et eau
7A 6A
3A 2A 3. Extraction et transformation de minéraux non
9A 7A énergétiques et produits dérivés ; industrie
11A 11A chimique
1A 8A
4. Industries transformatrices des métaux,
8A 9A
mécanique de précision
2A 1A
10 10 5. Autres industries manufacturières
0 5 10 15 20 % 0 5 10 15 20 % 6. Bâtiment et génie civil
7. Commerce, restauration et hébergement,
Royaume-Uni Canada réparations

11A 8. Transports et communications


4 et 5A
7A 9. Institutions de crédits, assurances, services
9A
9A fournis aux entreprises, location
11A
8A
6A 6A 10. Administration générale
5A 7A 11. Autres services
4A 8A
10A 10A
3A 1A
2A
3
1

0 2 4 6 8 10 % 0 10 20 30 40 %

BIBLIOGRAPHIE SOPEMI, Tendances des migrations internationales. Rapport


annuel 94, Système d’observation permanente des migrations,
OCDE, Paris, 1995.
CIMADE, Frontières ?, in Cimade Information, Hors-série,
octobre 1992. TODD, E., Le destin des immigrés. Assimilation et ségrégation
dans les démocraties occidentales, Seuil, Paris, 1993.
DAUM, C., Les migrants, partenaires de la coopération
internationale : le cas des Maliens de France, Document Economie des migrations
technique n°107, Centre de Développement de l’OCDE, Paris,
1995. APPLEYARD, R., L’incidence des migrations internationales
sur les pays en développement, Séminaire du Centre de
GARSON, J-P et TAPINOS, G., L’argent des immigrés, Développement, OCDE, Paris, 1989.
INED, Travaux et documents, cahier n°94, Presses
universitaires de France, Paris, 1981. GONIN, P., Migration et développement des lieux d’origine :
l’exemple de la communauté de l’Afrique de l’Ouest, Espaces,
INSTITUT PANOS, Quand les immigrés du Sahel Population et Sociétés n°2, pp. 304-309, 1990.
construisent leur pays, 1993, 207 p.
MOULIER BOUTANG, Y., GARSON, J-P. et SILBERMAN,
LAVIGNE-DELVILLE P., La rizière et la valise. Irrigation, R., Economie politique des migrations clandestines de main-
migration et stratégies paysannes dans la vallée du fleuve d’œuvre, comparaisons internationales et exemple français,
Sénégal, Syros, Paris, 1991. Publisud, Ministère des Affaires Sociales et de la Solidarité
Nationale, 1986, 276 p.
OCDE, Migration et développement : un nouveau partenariat
pour la coopération, Paris, 1994. OCDE, Migrations internationales : le tournant, Paris, 1993.

14 / 15
CAHIER N°2 28/03/03 12:56 Page 15 (1,1)

LES CAHIERS DE LA SOLIDARITÉ

PADRUN, R., Vivre et entreprendre en France, les créations SAYAD, A., Les trois âges de l’émigration algérienne en
d’entreprises d’origine immigrée, situations et attentes, France, actes de la Recherche en Sciences Sociales, n°15, juin
IRFED-CRID, 1990. 1977, pp. 59-79.

TALHA, L., Une théorie économique des migrations SIMON-BAROUH, I. et SIMON, P-J, Les étrangers dans la
internationales est-elle concevable ?, in Annuaire de l’Afrique ville, le regard des sciences sociales, l’Harmattan, Paris,
du Nord, t. XXIV, pp.459-487, 1985. (Communications présentées au colloque international de
Rennes 14-15-16 déc. 1988), 1990, 435 p.
TAPINOS, G., La coopération peut-elle constituer une
alternative à l’émigration des travailleurs ?, in Migrations TOUBON, J-C et MESSAMAH, K., Centralité immigrée, le
internationales : le tournant, OCDE, Paris, pp 195-203, quartier de la Goutte d’Or. Dynamiques d’un espace pluri-
1993. ethnique : succession, compétition, cohabitation, CIEMI,
l’Harmattan, Paris, 2 vol., 1990, 764 p.
TEITELBAUM, Michel S., Les effets du développement
économique sur les pressions à l’émigration dans les pays TRIBALAT, M., Faire France, La Découverte/Essais, 1995.
d’origine, in Migrations internationales : le tournant, OCDE,
Paris, pp.179-182, 1993. TRIPIER, M., L’immigration dans la classe ouvrière en
France, l’Harmattan, Paris, 1990, 332 p.
TERMOTE, M., Causes et conséquences économiques de la
migration internationale, in Etudes internationales, vol. 24, Aspects historiques
n°1, pp. 51-61, 1993.
et politiques des migrations
VERHAEREN, R-E, Partir ? Une théorie économique des BADIE, B., Flux migratoire et relations transnationales, in
migrations internationales, Grenoble, Presse Universitaire de Etudes Internationales, vol. 24, n°1, pp. 7-16, mars 1993.
Grenoble, 1990, 316 p.
BENATTIG, R., Les retours assistés dans les pays d’origine :
Vers un ailleurs prometteur... L’émigration, une réponse une enquête en Algérie, in Revue Européenne des Migrations
universelle à une situation de crise ?, in Cahiers de l’IUED, Internationales, vol. 5, n°3, 1er trimestre, 1990.
IUED, 1993, 391 p.
FUCHS, G., Ils resteront, le défi de l’immigration, Syros,
Sociologie et migrations Paris, 1987, 191 p.

ADOU SADA, G., COURAULT, B. et ZEROULOU, Z., HOLLIFIELD F., J., Immigration et logiques d’Etats dans les
L’immigration au tournant : actes, CIEMI, l’Harmattan, Paris, relations internationales, l’immigration, entre droit et marché,
(Colloque du GRECO 13 sur les mutations économiques et in Revue Etudes Internationales, vol. 24, n°1, pp. 31-50, 1993.
les travailleurs immigrés dans les pays industriels, Vaucresson,
28-30 janvier 1988), 1990, 331 p. HOLLIFIELD F., J., Migration and international relations :
cooperation and control in the european countries, in
BAROU, J., Etrangers dans la ville, pour une anthropologie International Migration Review, vol. 26, pp. 568-595,
de la ségrégation, in Ethnologie Française, t.18, n°2, pp. 169- summer 1992.
172, avr-juin 1988.
MAFFIOLI, D. et SONNINO, E., L’évaluation des politiques
De RUDDER, V., La recherche sur la coexistence pluri- d’intégration des migrants : quelques observations relatives au
ethnique : bilan, critiques et propositions, in Espaces et cas italien, in Les Migrations internationales, problèmes de
Sociétés, n°64, 1er sem., pp. 131-157, 1991. mesures, évolutions récentes et efficacité des politiques, INED,
AIDELF, Ministère des Affaires Sociales, Ministère des
De RUDDER, V., Autochtones et immigrés en quartier Affaires Etrangères, (Séminaire de Calabre, 8-10 sept. 1986),
populaire : du marché d’Aligré a l’îlot Chalon, CIEMI, pp. 279-294, 1988.
l’Harmattan, Paris, 1987, 234 p.
TERRE DES HOMMES, Lois sur l’immigration,
HAUT CONSEIL A L’INTEGRATION, Liens culturels et conséquences sur les droits des enfants et de la famille, les lois
intégration, Rapport au Premier Ministre, La documentation Pasqua en examen, Ed. TERRE DES HOMMES, janvier 1995.
française, Paris, 1995.
WIHTOL DE WENDEN, C., Flux migratoires et politiques
Immigration, identités, intégration, in Ethnologie Française, d’immigration, in Hommes et Migrations, n°1159, pp. 6-17,
vol. 23, n°2, 1993, 302 p. nov. 1992.

La migration : tendances mondiales, flux régionaux et WIHTOL DE WENDEN, C., Les immigrés et la politique :
nationaux, adaptation, in Revue Internationale des Sciences cent cinquante ans d’évolution, Presses de la Fondation
Sociales, n°101, pp. 403-601, 1985. Nationale des Sciences Politiques / CNRS, Paris, 1988, 393 p.
CAHIER N°2 28/03/03 12:56 Page 16 (1,1)

LES CAHIERS DE LA SOLIDARITÉ

Le CRID
et ses membres :

Avant tout lieu de concertation entre ses membres, le partenariat, s’inscrivent dans un processus de
CRID (Centre de recherche et d’information pour le développement à long terme visant l’autonomie des
développement) est un creuset de réflexion sur les populations, leur autosuffisance et leur indépendance.
politiques de coopération pour les associations qui
défendent globalement une même conception du Le CRID, comme collectif, ne mène pas d’opérations
développement. Sur la base de ce positionnement politique dans les pays en développement. Son action se situe ici et
commun, le CRID poursuit un dialogue avec les pouvoirs consiste à promouvoir des solutions politiques à
publics et interpelle les institutions gouvernementales et l’échelon national et international pour rééquilibrer les
internationales sur leurs modes d’interventions. relations entre pays du Nord et pays du Sud. Son travail
vise l’information de l’opinion publique française et
Créé en 1976 comme force de propositions et l’interpellation sur les problèmes qu’affrontent les
d’innovations en matière de coopération par huit populations défavorisées en matière de dette, de crise
organisations non gouvernementales, le CRID regroupe économique, d’environnement.
aujourd’hui 41 associations de solidarité internationale
autour d’une charte commune. Pour ces associations,
l’action pour le développement ne s’incarne pas seulement
dans les relations entre Etats, mais aussi entre
communautés, associations et individus. Elles prônent un
développement durable, décentralisé et participatif qui
s’appuie sur les capacités d’organisation des populations et
favorise l’appropriation des programmes de développement
au niveau local. Les opérations qu’elles soutiennent sur les
autres continents, dans un esprit de co-responsabilité et de
Editeur : CRID, 14, passage Dubail - 75010 PARIS
Tél. : 01 44 72 07 71 - Fax : 01 44 72 06 84
E-mail : crid@globenet.org
Les 41 associations Directeur de la publication : Robert Fallay
de solidarité internationale Rédaction en chef : Véronique Sauvat, Annie Simon
Rédaction : Adelino O de Souza (CCFD), Michael Hoare (GRDR),
CCFD, CICDA, CICP, CIMADE, COLLEGE COOPERATIF, Paul Schrumpf (GRDR), Geneviève Petauton (GRDR), Laurent Giovannoni
CRIAA, FEDERATION ARTISANS DU MONDE, FRERES (CIMADE), Pila Salaberry (CIMADE), Reynald Blion (CIMADE),
DES HOMMES, GRDR, GRET, GROUPE Suzanne Humberset (CEDIDELP), Denise de Leiris (CRID)
Avec la collaboration de : Madeleine Laverne (CCFD), Sylla Samba
DEVELOPPEMENT, IRAM, IRFED, INGENIEURS SANS
(GRDR), Harouna Kebe (GRDR), Louis Bretton (CIMADE),
FRONTIERES, INSTITUT BELLEVILLE, OICS MEDICUS
Didier François, R.M. Ribeiro (Frères des Hommes), Robert Fallay (Frères
MUNDI FRANCE, PEUPLES SOLIDAIRES, RITIMO, des Hommes), Hervé Derriennic (Terre des Hommes), Corinne Vorms
SOLAGRAL, TERRE DES HOMMES FRANCE. (Terre des Hommes), Pierre-Marie Cellier (Peuples solidaires), Zaïna Abaïd

ACTION D’URGENCE INTERNATIONALE, AITEC, (Migrations Développement), Ronan Durand (CRID)


Logo : J.P. Donnot
AIDE ODONTOLOGIQUE INTERNATIONALE, ASPAL,
Conception graphique : René Bertramo
CEDAL, CENTRE LEBRET, CFEI, CIEDEL, CIEPAC, Maquette : Stéphanie Dunand
CODEV, EAU VIVE, EMMAÜS INTERNATIONAL, Dépôt légal : 4395
ENDA-TIERS-MONDE, FORUM DE DELPHES, FEMMES Imprimerie : Landais
Tirage : 3 000 ex.
ET CHANGEMENTS, LA VIE NOUVELLE-SECTION
TIERS-MONDE, MADERA, MAISONS FAMILIALES
Le programme “Acteurs Solidaires” est mené avec l’appui
RURALES, SOLIDER, UNION INTER SERVICE financier du Ministère de la Coopération, du Ministère des
MIGRANTS, SECOURS POPULAIRE FRANCAIS. Affaires étrangères et de l’Union Européenne.

16

Vous aimerez peut-être aussi