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Introduction:
L’organisation étatique est la plus répandue dans les sociétés humaines. Il semble donc que ce
soit une institution essentielle. Pourtant l’existence de sociétés sans État clairement défini nous
amène à nous poser la question de l’apparition et de la construction de celui-ci: Quelles sont
alors les caractéristiques de la construction de l’État ?
Nous verrons dans un premier temps que l’État est l’aboutissement d’un processus de
concentration et d’unification. Ceci nous amènera à étudier les bases de la légitimité d’un tel
monopole. Enfin nous dégagerons les enjeux que soulève l’apparition d’un État, entraînant toute
une série de luttes.
1) La concentration
Il s’agit de la concentration des différents types de capital. celle-ci relève d’un processus
mécanique (Bourdieu, Elias) qui commence par une conquête territoriale à l’époque féodale. On
assiste à des « combats éliminatoires » qui aboutissent à l’apparition de monopoles du capital de
force physique de la part des vainqueurs (Elias).Vient ensuite, sur un territoire donné, la
concentration des autres formes de capital: économique (instauration d’un impôt d’État, justifié
par la hausse des dépenses militaires); culturel (imposition de la culture dominante)..(Bourdieu).
2) L’unification
Elle apparaît avec la concentration du capital symbolique dans l’État, qui peut ainsi uniformiser,
harmoniser la société grâce en particulier à l’imposition de la culture (« unification théorique »-
Bourdieu). L’unification est également le fait d’une augmentation de la différenciation sociale,
qui tend à renforcer les interdépendances entre les individus. Ceci, selon Elias, rend de plus en
plus importante la nécessité d’une organisation (bureaucratique pour Weber).
Pour Bourdieu, cette unification entraînerait l’apparition d’une forme de nationalisme, d’idée de
souveraineté, ce qui permettrait à l’État de s’affirmer tant à l’intérieur du pays que face à ses
voisins. Exemple des Etats-unis : la souveraineté est divisée et l’influence de l’État à l’intérieur
du pays est limitée.
3) La civilisation
L’unification culturelle et le renforcement des interdépendances entraînent un changement de
comportement des individus: ils apprennent à se contrôler, refouler leurs passions pour vivre en
société (Elias). La civilisation, toujours selon Elias, est le passage de ce contrôle dans
l’inconscient: ainsi le « conditionnement social » se fait dès le plus jeune age et la présence de
l’État et sa domination apparaissent comme naturelles (« processus d’objectivation »- Bourdieu).
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II. Le processus d’unification est fondé sur une légitimité rationnelle, illustrée par la
présence d’une bureaucratie
Il ne s’agit pas seulement pour l’État de faire passer sa présence pour naturelle mais surtout
légitime, grâce à l’administration bureaucratique.
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2) Une lutte de spécialistes
On comprend alors que la possession de ce capital soit l’enjeu de luttes (Bourdieu, notion de
« champ de pouvoir »). Pour Weber, il s’agit d’une lutte de spécialistes détenteurs d’un « savoir
spécialisé », dans laquelle les non spécialistes n’ont aucune chance (cf Bourdieu, « microcosme
bureaucratique »). Ceci est illustré par Bourdieu, qui affirme que ce sont les juristes qui dominent
l’Etat, mais aussi par « le cas américain », dans lequel la bureaucratie est dominée par une élite
de juristes, de financiers et d’entrepreneurs privés. Selon Weber, aucune formation particulière
n’est préférable pour être à la tête de la bureaucratie, ce qui explique la diversité des domaines
cités.
Conclusion
Arrivés à ce point, il semble que l’Etat soit caractérisé par une construction mécanique,
inéluctable. La concentration des différents types de capital ainsi que la création d’un espace de
lutte permanente au sommet de la société parait en effet caractériser tous les types d’Etat. En
revanche, l’existence d’une bureaucratie telle que la conçoivent Bourdieu et surtout Weber est
moins fréquente. Sans même prendre en compte les Etats basés sur une légitimité autre que
légale-rationnelle, il existe des démocraties, en particulier les pays anglo-saxons, très libéraux,
où l’Etat n’a pas la place centrale que lui attribuent les auteurs. On sait d’autre part que certains
auteurs prévoient une perte d’influence progressive de l’Etat centralisé au profit d’autorités
supra-nationales, telle que l’Union Européenne. Ainsi, après des siècles de construction de l’Etat,
son avenir serait-il de décliner ?