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Octobre 2004 - No 42
A quoi bon ?
L e terrorisme au quotidien, la décapitation
des otages américains à la télévision, la
récupération politique électorale de la guerre
remplissent plus, les professeurs sans cesse
sollicités ne courent pas les projections.
Nos adhérents eux-mêmes se ne déplacent
de doutes que nous vivons, la dignité de la per-
sonne humaine est à l’abri de la contestation
d’où qu’elle vienne. Elle n’a pas de couleur ni
en Irak, l’indifférence des nations et des plus pour participer à nos échanges. Quant aux d’origine. Elle est consubstantielle à l’exis-
médias pour la faim, les tortures et les géno- pouvoirs publics, ils excellent dans le discours tence et constitue la plus grande et le plus sûr
cides devraient nous tenir en éveil permanent. public et les bonnes intentions ; mais les cor- commun dénominateur qui nous rassemble et
Les préoccupations hexagonales ne sont dons de la bourse aux associations se resser- nous unit pour agir. Nul ne pourra nous
pas de cet ordre et même les résurgences d’un rent de plus en plus. reprocher de la cultiver et d’en ressasser la
certain antisémitisme, le retour en mineure du Raisons de plus ! Nous n’arrêterons pas nécessaire défense.
voile, le ballet diplomatique autour de nos tant que le monde n’ira pas mieux et il n’y a Il est grand temps de s’en occuper. Nos vies
otages, ne parviennent pas à nous mobiliser. que les valeurs qui le changeront. et notre action n’y suffiront pas mais nous
On a vite fait de s’apitoyer puis de se rassurer. Le partage des richesses relève des pou- pouvons être certains de trouver au cœur des
Après tout ne sommes-nous pas à l’abri ? voirs publics et du fonctionnement de la citoyens de demain auxquels nous nous adres-
Alors à quoi bon continuer à « militer » ? démocratie. Le partage des valeurs ne peut être sons un écho.
(l’expression même fait frémir ceux qui rêvent que le devoir de l’homme. Pas des Etats, pas Alors, il n’y a pas de doute, il faut contin-
de voir s’instaurer la paix...). des Nations, pas des Eglises, pas des hommes uer.
A quoi bon continuer d’agir pour changer providentiels. Le respect de la personne Bernard Jouanneau.
un monde qui ne s’améliore pas ? humaine et de sa dignité a ses exigences quo-
A quoi bon continuer de transmettre les tidiennes universelles et à tous les âges.
valeurs qui nous ont motivés si elles n’ont pas Ne retiendrait-on que cette valeur là, elle a
fait leurs preuves ? A quoi bon faire tant d’ef- besoin d’être cultivée, redécouverte,
forts pour convaincre le public des élèves enseignée, proclamée et donc transmise. Il ne CONVOCATION
auxquels nous nous adressons qu’ils doivent suffit pas qu’elle figure en tête de toutes les
eux-mêmes transmettre ces valeurs inhérentes déclarations, il faut la pratiquer à chaque L’assemblée Générale annuelle de
aux droits de l’homme ; alors que l’état de instant pour en comprendre l’impérieuse Mémoire 2000 se tiendra le :
droit régresse un peu plus chaque jour et que nécessité.
les Etats les plus puissants ou les plus riches Elle transcende les vertus républicaines. Lundi 6 décembre 2004
s’en affranchissent ? Elle justifie toutes les résistances et aucun
D’ailleurs on le voit bien ; nos salles ne se pouvoir ne peut s’en détacher ou s’en après le Conseil, à 19 heures 30, au
affranchir. Sans le respect de la dignité de la Brussel’s Café
Venez nombreux!
donnez-le à vos amis ! Dans l’univers d’incertitude, d’angoisse et
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T E R R O R I S M E E T V I E Q U O T I D I E N N E la barbarie et le silence
Choses vues…
derrière les voitures immobilisées. Deux policiers descendent du
L undi matin, carrefour boulevard Raspail, boulevard Mont-
parnasse, entre 8 heures 30 et 9 heures.
Une foule importante : enfants allant à l’école, hommes d’af-
véhicule,l’un pistolet au poing, l’autre avec un fusil, doigts sur
les gâchettes.
faires, livraisons nombreuses dans ce quartier très commerçant, Indifférence générale, spectacle incroyable ressemblant à ce
femmes faisant leurs courses, clients prenant leur café à la ter- que l’on voit à la télévision.
rasse d’une grande brasserie parisienne ( La Rotonde)... le tout S’ils avaient été amenés à tirer sur une cible qu’eux seuls
agrémenté d’embouteillages dus à d’importants travaux sur le devaient connaître, que se serait-il passé au milieu de la foule?
boulevard Montparnasse, laissant aux automobilistes le passage Que faire, que penser ? Nous vivons dangereusement dans ce
difficile sur une file. monde de fous, mais parfois le danger ne vient pas d’où l’on
Soudain deux voitures de police signalant fortement leur arri- croit.
vée, s’engouffrent dans le boulevard et pilent immédiatement Daniel Rachline.
Colin Powel, Kofi Anane ont fait le dépla- outre, comme dans d’autres cas similaires,
Darfour, cement pour essayer de convaincre le gouver- assisté à l’évacuation honteuse des contingents
Quoi de neuf ?
nement soudanais à revenir à de meilleurs sen- notoirement insuffisants de l’ONU.
timents et à cesser de soutenir et armer les Pourtant, l’intervention en ex-Yougoslavie,
milices. malgré le fait qu’elle se soit passablement fait
Résultat des démarches «verbales»: nul. attendre, a porté ses fruits et arrêté massacres
UNE HISTOIRE D’AMOUR ET DE MEMOIRE DE QUELQUES GRANDS Nous apprenons avec tristesse le décès,
survenu le 2 septembre dernier, de
TENEBRES. TEMOINS DE L’HISTOIRE.
Pierre YSMAL
D’Amos Oz Musée des lettres et manuscrits, 8 rue de ancien journaliste parlementaire, compa-
Traduit de l’hébreu par Sylvie Cohen Nesle, 75006 Paris. gnon de Mémoire 2000 depuis son origi-
Ed.Gallimard ne. Nous garderons de lui le souvenir
A voir pour ceux que l’écriture émeut : d’un homme affable, muni d’un solide
André Gide disait que souvent devant un chef -Le message top secret signé Eisenhauwer sens de l’humour.
d’œuvre on se devait de se taire sauf à dire adressé aux chefs d’état major des forces Nos pensées fraternelles vont à sa
ah... alliées annonçant la capitulation allemande le famille.
C’est le cas avec ce livre d’Amos Oz. Auto- 7 mai 1945 à 2 heures 45 du matin.
biographie où Oz joue à inventer des histoires -Une lettre de Boileau,commentant la mort
drôles et émouvantes. C’est un grand livre de Jean Racine... et plein d’autres, signées
comme on en rencontre peu. Mozart, Richelieu, Napoléon, Proust... « Ne dis jamais c’est mon
Si vous ne l’avez pas encore lu, quelle chan- D.R. dernier chemin »
ce car il vous reste à le découvrir.