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Femme
1917/ Deux millions de soldats russes ayant été tués pendant la guerre,
les femmes russes ont de nouveau choisi le dernier dimanche de février
pour faire la grève pour obtenir « du pain et la paix ». Les dirigeants
politiques se sont élevés contre la date choisie pour cette grève, mais les
femmes ont passé outre. Le reste se trouve dans les livres d’histoire :
quatre jours plus tard, le tsar a été obligé d’abdiquer et le gouvernement
provisoire a accordé le droit de vote aux femmes. Ce dimanche historique
tombait le 23 février dans le calendrier julien qui était alors en usage en
Russie, mais le 8 mars dans le calendrier géorgien utilisé ailleurs.
Rares sont les causes dont l’ONU assure la promotion qui aient suscité un
appui plus intense et plus vaste que la campagne menée pour promouvoir
et protéger l’égalité des droits des femmes. La Charte des Nations Unies,
signée à San Francisco en 1945, était le premier instrument international à
proclamer l’égalité des sexes en tant que droit fondamental de la
personne humaine. Depuis, l’Organisation a aidé à créer un patrimoine
historique de stratégies, normes, programmes et objectifs convenus au
plan international pour améliorer la condition de la femme dans le monde
entier.
[5]
Il est utile de rappeler que ce texte était destiné à un congrès qui s'est
réuni en décembre 1933, i.e. en pleine période de mutation de la société
industrielle occidentale, où la condition de la femme posait des problèmes
d'ordre politique, juridique et professionnel auxquels il n'était pas encore
trouvé de solution. Ce n'est qu'en 1936, et plus tard en 1944, que la
femme française pouvait participer à l'activité productive; et il a fallu
attendre 1945 pour qu'elle se voie reconnaître ses droits politiques.
Aux Etats Unis, pendant cette même période, beaucoup de progrès ont été
accomplis. Un nombre significatif de femmes a adhéré aux organisations
syndicales. Leur participation au marché du travail a considérablement
augmenté pendant les deux guerres au cours desquelles elles étaient
appelées à occuper les postes de travail laissés vacants par les hommes
qui étaient appelés sous les drapeaux. Le 19ème amendement a reconnu
le droit de vote aux femmes en 1920, après 70 ans de lutte au cours
desquels quelques Etats ont reconnu aux femmes le droit de vote sans
réserve, d'autres ne l'ont reconnu que partiellement, tandis qu'un 3ème
groupe d'Etats l'a purement et simplement rejeté. L'amendement sur
l'égalité des droits proposé en 1923 par le parti national féminin visant
l'établissement d'une protection égale couverte par la loi et ne faisant
aucune distinction de race, de religion et de sexe, n'a pas encore été
adopté à ce jour malgré plusieurs efforts indiquant que la lutte pour
l'égalité totale reste encore un but inachevé.
Histoire de la femme Marocaine
La moudawana, kesako ?
Un micro-trottoir s’imposait, donc. Histoire de tâter le terrain, de confirmer
ce qui ressortait des échos entendus ici et là, de les compléter. Une
trentaine de personnes - c’est loin d’être suffisant, mais reste pertinent -
ont été rencontrées, interviewées, questionnées sur l’esprit du nouveau
code, sur les changements, point par point. La conclusion de ces
rencontres peut se résumer à une seule phrase : le nouveau code, les
Marocains n’en savent rien, mais en pensent toujours quelque chose. En
gros, leur avis est avant tout basé sur des rumeurs, sur des "on dit" et des
bribes d’informations glanées de-ci de-là. Ceux qui n’en pensent rien ? Ce
sont avant tout les jeunes, c’est-à-dire les moins de 20 ans. De manière
générale, ils ne se sentent pas concernés par la question, parce qu’ils ne
sont pas concernés par le mariage, le divorce et les enfants. Les
personnes, hommes et femmes qui ont été interviewées et qui "sont au
courant de la réforme et savent qu’elle a donné plus de droits aux
femmes", sont quant à eux partagés en trois catégories. D’abord les
trentenaires, mariés ou célibataires. Pour ceux-là, les femmes, disons-le,
sont plus au courant que les hommes et voilà ce qu’elles en retiennent le
plus : le nouveau code fait que les procédures de divorce ne vont plus
traîner des années au tribunal et la femme pourra avoir sa liberté au bout
de six mois (c’est le cas). Étonnant, quand même. Pas une seule fois la
"majorité" de la femme devant la loi n’a été évoquée, ni la co-
responsabilité dans le couple, ni la disparition de la notion d’obéissance.
Les femmes n’ont retenu que ce qui a trait au divorce. Un seule fois les
obstacles freinant la polygamie ont été abordés, par une jeune célibataire
et une seule fois l’âge du mariage à 18 ans a été évoquée par une jeune
étudiante de 22 ans. Quant aux hommes (toujours les trentenaires), ce
sont les plus… drôles. Tous sont unanimes : la réforme va mener le Maroc
vers le chaos. Et c’est loin d’être une caricature.
Dès que l’on s’éloigne de la ville et que l’on est dans la zone rurale (entre
Casablanca et Dar Bouâazza), c’est un autre son de cloche : les femmes
connaissent à peine le mot Moudawana et les hommes préfèrent parler
des difficultés à joindre les deux bouts. D’ailleurs pour eux : "C’est la
femme qui mène la baraque depuis toujours puisque c’est elle qui élève
les enfants et elle qui dépense l’argent"… L’âge du mariage de leurs filles :
"Elles doivent faire des études comme les garçons, mais si un mari se
présente, hors de question de le mettre à la porte".
Bref, la Moudawana, on n’en sait pas grand chose et cela n’a rien à voir
avec le milieu social ou le degré d’instruction. Hommes, femmes, instruits
ou pas, riches ou pauvres : tous sont logés à la même enseigne. On se
demande alors : comment défendre ses droits quand on ne les connaît pas
?