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Chp 3 – la remise en cause de l'absolutisme 1 / 4

Séance 3 : 1789 – Les cahiers de doléances des Manchois témoignent de la crise de la société française

En 1789, dans tout le royaume de France, le peuple est invité à faire part au roi Louis XVI de ses
doléances, c'est-à-dire à exposer ses plaintes et ses attentes pour le royaume. Que les Français
puissent ainsi s'exprimer c'est presque déjà une révolution !
Mais pourquoi donc le roi de France, modèle du monarque absolu, en vient-il à demander leur avis aux
Français ? En réalité, la France va mal, elle connaît une série de crises...
Activité 1 : La situation du royaume de France dans les années 1780
Consigne générale : cherche dans ton livre ou dans un dictionnaire le sens des mots en gras, italique et soulignés et écris leur définition
dans le lexique (page 4)
1- Observe et lis les documents. Replace dans la case les explications ci-dessous en fonction des informations fournies par le document.
Le peuple refuse les augmentations d'impôts Il faut faire payer des impôts à la noblesse et au clergé
Louis XVI cède devant le mécontentement du peuple. Le royaume de France est endetté.
Il faut réduire les dépenses de la cour. Les privilégiés refusent de payer des impôts.
Les artisans sont victimes de la crise car leurs ventes s'effondrent Les prix du blé augmentent.
Le peuple manifeste son mécontentement. Louis XVI cède devant le mécontentement de la noblesse.
Les ministres de Louis XVI proposent des réformes pour sortir de la crise.
2- puis dans les cases Crise , tu qualifies cette crise (politique / budgétaire / économique / sociale).

Crise
Crise

Le 12 mai 1776, le roi Louis XVI Le 7 juin 1788, la journée des Tuiles à Grenoble
renvoie son ministre des finances, Grenoble vit dans une agitation extrême qui a pour origine une
Anne Robert Turgot. récolte qui s'annonce mauvaise en raison de la pluie et qui
À son entrée au gouvernement, deux provoque une hausse du prix du pain. Plusieurs familles protestent
ans plus tôt, quelques semaines après et chargent les membres du parlement du Dauphiné de faire
l'avènement du roi Louis XVI, Turgot, remonter leurs revendications auprès du roi de France Louis XVI.
économiste brillant, généreux et ami des Mais les parlementaires qui avaient acceptés de faire remonter les
philosophes des Lumières, a découvert doléances du peuple sont forcés de quitter la ville de Grenoble sur
la situation catastrophique des finances ordre d'un représentant royal.
Crise publiques. L'agitation du peuple grenoblois ne fait qu'augmenter
Pour éviter la banqueroute, solution par progressivement jusqu'à finir en émeute le 7 juin 1788. Montés sur
laquelle l'État se reconnaît incapable de les toits, ils jettent des tuiles et divers objets sur les soldats. Vers la
rembourser ses dettes, il sermonne même le roi en ces termes : «Il fin de l'après-midi, les émeutiers, maîtres de la ville, font revenir les
faut, Sire, vous armer contre votre bonté, de votre bonté même, parlementaires dans le palais de justice. Le 21 juillet, ceux-ci
considérer d'où vous vient cet argent que vous pouvez distribuer à appellent à refuser le paiement de l'impôt et demandent aux autres
vos courtisans». assemblées provinciales d'en faire autant. C'est la première
Mais comme cela est loin de suffire, Turgot engage aussi des manifestation de révolte contre l'autorité royale.
réformes audacieuses pour faire rentrer les impôts et développer Louis XVI se résout donc le 8 août 1788 à convoquer les états
l'économie. Par exemple, des édits abolissent les corvées qui généraux.
pèsent sur les paysans. Turgot veut les remplacer par un impôt Source : Herodote.net
payé par tous les propriétaires. C'est un tollé chez les privilégiés
(noblesse et clergé) qui obtiennent le renvoi du ministre.
Celui-ci, visionnaire, écrit au roi : «N'oubliez jamais, Sire, que Crise
c'est la faiblesse qui a mis la tête de Charles 1er [d'Angleterre] sur
un billot»...
Source : Herodote.net
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Activité 2 : Les Manchois préparent les états généraux


Les états généraux n'ont pas été réunis en France depuis 1614 : c'est un événement ! Dans tout le
pays, les Français sont invités en mars-avril 1789 à élire des représentants pour la réunion prévue en
mai 1789 à Versailles. Mais, n'imaginez pas des élections comme de nos jours : on est bien loin d'une
démocratie ! 1° les Français votent séparément : chacun des trois ordres élit ses représentants; 2°
l'élection se fait par étapes; 3° les femmes n'ont pas le droit d'y participer.
Pour faire simple, prenons l'exemple du tiers-état autour de Granville. Dans chaque paroisse de
campagnes (Anctoville, Saint-Planchers, Saint-Nicolas – qui n'est alors pas rattachée à
Granville ...), les paysans se réunissent et choisissent plusieurs représentants. Chaque ville (pour
nous Granville – c'est-à-dire à l'époque la Haute-Ville) en fait de même, mais là ce sont les
bourgeois qui votent. Puis les élus des villes et ceux des campagnes se réunissent par zone
géographique : pour Granville, c'est au bailliage à Coutances que cela se déroule. Là, viennent des
représentants des environs, de Pontorson à Valognes. Ils élisent leurs députés à Versailles. Autant
vous dire qu'au final, le petit paysan de Saint-Planchers n'a guère de chance d'être élu. Ce sont
plutôt de bons orateurs et des personnes cultivées qui sont choisies. Parallèlement, les deux autres
ordres (clergé, noblesse) se réunissent de leur côté et élisent eux aussi leurs représentants.
Question 1 : Voici la liste des députés élus du tiers-état du bailliage de Coutances. Observez les noms et cochez les cases qui leur
correspondent (remarque : il peut y avoir plusieurs cases cochées par député)
Ils Ils font partie Ils participent à Ils exercent une
Nom (prénom), profession et lieu appartiennent à d'une famille la vie politique profession au
la bourgeoisie noble de leur ville service du roi
1- Vieillard (Pierre-Jacques), avocat à Saint-Lô.
2- Perrée Duhamel (Jean-Pierre-Nicolas)
Jean Pierre Nicolas Perrée-Duhamel, est né le 12 février 1744 à
Granville (Manche). Membre de la famille Perrée, illustre lignée
granvillaise de corsaires et de négociants, il est le fils de René
Jean Perrée, seigneur de Grandpièce et du Hamel, armateur et
maire de Granville. Négociant et échevin de Granville, il était
administrateur de l'hôpital de la cité.
3- Le Sacher de la Palière (Denis-Gabriel), avocat à Mortain.
4- Dumesnil-Desplanques (Jean-Thomas), maire de Carentan.
5- Besnard Duchesne (Guillaume), lieutenant au bailliage de
Valognes
6- Ango (Louis-Hector-Amédée), bailli du roi à Saint-Sauveur-le-
Vicomte
7- Pouret de Roquerie (Louis), procureur du roi au bailliage de
Saint-Sauveur-Lendelin
8- Burdelot (Louis), vicomte et maire de la ville de Pontorson

Question 2 : Voici la liste des représentants du clergé du bailliage de Coutances. Après avoir cherché les définitions de bas-clergé et de
haut-clergé, coche la bone case.
Nom (prénom), fonction et lieu Bas-Clergé Haut-Clergé
1. Le Lubois (Jacques-François-Louis), curé de Fontenay, près Valognes.
2. Becherel (François), curé de Saint-Loup.
3. Le Rouvillois (François-Germain), curé de Carantilly.
4. Talaru de Chalmazel (Ange-François de), abbé de Blanchelande, évêque de Coutances.
Question 3 : Voici la liste des représentants de la noblesse du bailliage de Coutances. Après avoir cherché les définitions de seigneur, de
noblesse d'épée et noblesse de robe, complète les cases.
Vie en zone rurale Noblesse de robe ou
Nom (prénom), fonction et lieu
ou urbaine noblesse d'épée
1. Achard de Perthus de Bonvouloir-Loyauté (Luc-René-Charles), seigneur du Désert, etc.,
ancien capitaine de cavalerie, chevalier de Saint-Louis, demeurant au château du Désert.
2. Beaudrap de Sotteville (Pierre-François), chevalier, seigneur de Sotteviile, etc., ancien
officier au corps royal de l'artillerie, demeurant au château de Sotteville.
3. Artur de la Villarmois (Jacques-René-Jean-Baptiste), chevalier, seigneur de la Villarmois,
Launay, Champagne et autres lieux, demeurant à Avranches.
4. Juigné (Léon-Marguerite Le Clerc, baron de), comte de Courtomer, seigneur de Sainte-
Mère-Église, maréchal de camp, demeurant à l'archevêché à Paris.
Conclusion : Au final, tous ces députés représentent bien la diversité de la société française à cette
époque. Chaque ordre est formé de métiers et de personnes aux richesses et aux modes de vie
différents. Mais, aux états généraux, 90% des Français ne sont pas directement représentés : le petit
peuple des paysans et des artisans-ouvriers des villes qui n'ont pas la culture pour être élus !
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Activité 3 : Les Manchois ont la parole !


Les élections des députés aux états généraux s’accompagnent de la rédaction de cahiers de doléances
dans lesquels les sujets du roi peuvent exprimer leurs revendications. Dans chaque bailliage de
France, les trois ordres rédigent séparément un cahier au printemps 1789. Pour rédiger le cahier du
tiers état du bailliage de Coutances, les représentants ont fait la synthèse des dizaines de cahiers
rédigés dans chaque ville et dans chaque paroisse, même dans le plus petit des villages du coin. La
preuve !
Quelques doléances du tiers état
TE1-«Il est dû, dans la paroisse de Tourville, aux seigneurs, le droit de verte moute et verte cuite ( = de moudre et de cuire). Pour chacun
de ces droits, les habitants sont obligés, quand il vont moudre au moulin banal du seigneur, de payer le vingtième de leur blé, et quand ils
vont cuire à son four, aussi le vingtième de leur farine ». Cahier de la paroisse de Tourville (canton de Saint-Malo-de-la-Lande)
TE2- « Ordonner que , dans aucun cas, [l’entretien] des églises et des presbytères ne seront â la charge des paroissiens, mais toujours à
celle des gros décimateurs* qui, dès lors, seront bien intéressés à ce que les réparations soient faites (...), Cahier de Saint-Nicolas de
Granville
* gros décimateurs: ceux du clergé qui perçoivent les « grosses dîmes » , souvent les évêques et abbés.
TE3- «Que les Etats généraux avisent aux moyens les plus prompts et les plus efficaces de détruire les gabelles, et que ce nom soit à
jamais proscrit de la langue d’un peuple auquel il a produit tant de maux (...). Cahier de la ville de GranviIle
TE4- «Accorder la liberté de la presse, pour peu que l’ouvrage soit souscrit au nom de l’auteur et de l’imprimeur ». Cahier de la ville de
Granville
TE5- «Art. 1er. Le but le plus important auquel on doit chercher à atteindre est de procurer à la nation une constitution solide, durable et
qui, en assurant les droits de la couronne, fixe invariablement ceux du peuple (...). » Cahier de la ville de Saint-Lô
TE6- «Qu’enfin tous les membres du Tiers état (...), lorsqu’ils s’en seront rendus dignes par leurs talents (...), soient admis comme les
nobles, à tous les emplois et fonctions ecclésiastiques, civiles et militaires et qu’à cet effet, Sa Majesté soit suppliée de lever les
exclusions humiliantes qui dégradent [les membres du tiers état](...). Cahier de la paroisse de Tourville (canton de Saint-Malo- de- la-
Lande)
TE7- «Le grand nombre d’exempts et de privilégiés fait les malheurs du Tiers état, et rend la perception des impôts difficile, et il n’y a
qu’un seul remède à y apporter, c’est de faire contribuer (...) tous les sujets du royaume, sans aucune distinction d’état ou de condition,
soit du clergé, de la noblesse ou du tiers ». Cahier de la paroisse de Saint-Pair (canton de Granville)
TE8- «D’ordonner que (...) toutes les délibérations aux prochains états généraux y soient arrêtées en commun, les trois ordres
rassemblés, et que les suffrages y soient comptés par tête et non par ordre. Cahier de la ville de Villedieu

Quelques doléances du clergé (cahier du bailliage du Cotentin)


C1- «Que la distinction constitutionnelle des trois ordres soit conservée dans le royaume ».
C2- «Que la licence de la presse et l’introduction des mauvais livres soient arrêtées (...) conformément aux lois (...).

Quelques doléances de la noblesse (cahier du bailliage du Cotentin)


N1- « L’ordre de la noblesse du bailliage du Cotentin, disposé à faire aux besoins de l’Etat les sacrifices pécuniaires qu’ils exigeront, ne
peut cependant, s'assujettir à la Taille qui est un impôt contraire aux droits de la noblesse (...).
N2- «La majorité seule des voix de chaque ordre formera le vœu unique et précis de chaque ordre, dont il sera émané (...).

Lis ces articles et réponds aux questions suivantes. Les abréviations TE 1 ou C2, etc, servent à te repérer (revendication 1 du Tiers-état...)
1- Dans quels articles, le Tiers-état se plaint-il des impôts ? Relève le nom des impôts et précise à qui ils doivent les payer ?

2- Dans quels articles le Tiers-état critique-t-il les privilèges de la noblesse et du clergé ? Quels privilèges leur reprochent-ils ?

3- Quelles libertés et quels droits réclament le Tiers-état ? À quels penseurs du XVIIIème siècle cela te fait-il penser ?

4- Que demande la ville de Saint-Lô au niveau politique ? À quel pays cela te fait-il penser ?

5- Cependant, il y a des différences entre les revendications des cahiers du Tiers-état. Dans la liste des revendications du tiers-état,
entoure en vert celles qui ont été rédigées dans les cahiers de doléances des paroisses rurales et en rouge les cahiers des villes. Tu
entoures les revendications suivantes en vert si ce sont des demandes des campagnes et en rouge si ce sont des demandes des villes
Pouvoir accéder à
Plainte contre le Partage des impôts Plainte contre les Changement Libertés et idées des
tous les métiers de la
seigneur entre les trois ordres impôts royaux politique Lumières
fonction publique
6- Quels droits et privilèges la noblesse et le clergé refusent-ils de perdre ? Que refusent-ils également ?

7- Pour conclure, que peux-tu dire quand tu compares les revendications du Tiers-état àcelles de la noblesse et du clergé.
Chp 3 – la remise en cause de l'absolutisme 4 / 4

Activité 4 : Le Royaume de France dans la tourmente, de la crise des années 1770 aux états généraux
Sur ton cours « chp.3 : ...), tu notes le titre de la 3ème séance « Séanc 3- Le Royaume de France dans la tourmente, de la crise des
années 1770 aux états généraux ».
Tu rédiges un paragraphe d'une quinzaine de lignes dans lequel tu rappelles tout d'abord les crises que traverse la
France dans les années 1770-1780, puis comment les Français ont préparé les états généraux et enfin les
revendications qu'ils ont exprimées dans les cahiers de doléances.
Lexique

bailliage

Banal (ou
« banalités »)

bas-clergé

bourgeoisie

cahiers de
doléances

clergé

constitution

corsaire

corvées

dîme

échevin

états généraux

gabelle

haut-clergé

négociant

noblesse

Noblesse d'épée

Noblesse de robe

Ordre (« les trois


ordres »)

Parlement

Paroisse

privilégiés

seigneur

taille

tiers-état

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