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2. Elle est exposée dans Maurice Allais, La Crise mondiale d' aujourd' hui.
Pour de profondes réformes des institutions financières et monétaires, Éd. Clé-
ment Juglar, 1999. Ce livre reprend en fait, et développe, trois articles parus dans
Le Figaro en 1998.
COMMENTAIRES SUR QUELQUES PROJETS DE RÉFORME
3. Cette politique est fondée sur la théorie quantitative de la monnaie, qui pose
qu'il existe une relation stable entre masse monétaire en circulation et activité
économique en valeur nominale. Soit Y l'activité économique en volume, p l'in-
dice général des prix, M la masse monétaire, on a donc M == (p Y) / v, avec v
(vitesse de circulation de la monnaie) stable. Si l'on s'attend à une croissance éco-
nomique en volume de 40/0, et qu'on tolère une dérive de l'indice des prix p
de 2 %, il faut donc augmenter la masse monétaire M de 4 + 2 == 6 %. S'il apparaît
qu'en réalité v a varié, il faut rectifier.
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CHAPITRE 12
aussi liquide que leur passif 4 • Les banques de prêt, si elles sont
mal gérées et évaluent mal leurs risques de crédit, peuvent évidem-
ment faire faillite. Mais elles seront reprises par des banques
saines, et cela ne se traduira que par des transferts entre action-
naires et créanciers des banques, sans affecter la monnaie gérée par
les banques de dépôt. Certes, rien dans ce schéma n'empêche un
acteur d'emprunter à une banque de prêt pour spéculer sur les
marchés financiers. Mais Allais souligne tout d'abord que les
banques elles-mêmes devront emprunter pour spéculer, au lieu de
pouvoir le faire avec de la monnaie qu'elle créent ex nihilo et sans
coût dans le système actuel. Ensuite, si, toutes choses égales par
ailleurs, des acteurs (banques comprises) veulent emprunter pour
spéculer, cela fera augmenter les taux d'intérêt. Plus la spéculation
se développera, plus les ressources pour spéculer coûteront cher.
Allais voit là un puissant mécanisme de régulation de la spécu-
lation, alors que, dans le système actuel, le crédit bancaire peut
l'alimenter sans frein. Dans son système, on ne pourrait prendre
des risques sur les marchés financiers qu'avec une épargne préa-
lablement constituée, soit la sienne propre, soit de l'épargne
empruntée à d'autres. Allais y voit la garantie d'une bien plus
grande stabilité de ces marchés et donc de l'économie dans son
ensemble. Cela rendrait de plus impossibles des enrichissements
colossaux et rapides (d'individus ou d'institutions) grâce à des spé-
culations heureuses entreprises avec de l'argent créé expressément
pour cela, ce qu'Allais juge moralement condamnable.
Tel est le cœur des réformes proposées par Allais. Elles pré-
voient d'autres mesures 5, mais l'essentiel est la séparation et le
cloisonnement des activités bancaires ainsi que le fait de réserver
à l'État la création monétaire. L'intérêt de ces propositions est
4. Pour les banques de prêt, cela vient de ce qu'elles empruntent à plus long
terme qu'elles ne prêtent, les créances à court terme sont généralement plus
liquides que les créances à long terme.
5. En particulier: le retour à un régime de change fixe mais ajustable entre
grandes monnaies, une réforme du fonctionnement des Bourses qui ne coteraient
chaque valeur qu'une fois par jour, au lieu de l'actuelle cotation en continu, et
l1ne réglementation drastique des marchés dérivés.
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COMMENTAIRES SUR QUELQUES PROJETS DE RÉFORME
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CHAPITRE 12
7. Nous considérons pour simplifier la zone euro comme un État. C'est justifié
en matière de politique monétaire.
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