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ALAI N MU S S E T

LeMexique

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ARM AND COLIN

4916
2, te poids des hériËages

Le Mexique n'est pas tine ten-evielge. olr un esoaceneLrf.Quanil lcs Espagrril:


y clébarclLrent.en l-5I9. ils doivent lnire face à clescirilisations puissuntcsrpri ()rrt
ctéjàrnaîtriséieur espace,organisélcur ten'itoire,créé des pa1'sages. Les gl'iincls
traits de l'occr,ipationhunrainesont cléjàescl-rissés:clesrégions septentrionales
déseites,des côtes sous-per-rplées. dcs montagnesnral diqrninéeset des bassins
oir se concentreI'essentielde la popr-rlation.
d'altitr"rde Malgré cettedistribi,rtioircJu
peuplementen vallécs,séparéesies nnesciesautrespar des chaînesde monlirsne.
I'espacemésoanéricainn'a pas pris la f-ormed'un archipeloùrchacluecultlrlc s'csî
développéede manière autonome.Il existait entre c:llesdes liens étroits. poJiti-
ques, économiques,religieux. qui clonnaientLrnecertaine unité à l'enserlt le"
rnalgrédes traits propresà chaqLreciviiisation : le Tlaloc des Aztèquesétiiit aussi
Ie Tajin des Totonaques,le Chac des Mayas. ou le Cocijo des N4ixtèques.
La Colonie n'a pas changé lbndamentalelnentcetie distribution.au contraile
d'autresrégions du monde. Les Espagnolsse sont installéslà où le clirnat leur
paraissaitle moins hostile et les sols les plus riches.mais aussi1àoù se trouvait
une main-d'æuvreabondanteet gratuite: les Indiens.C'est pourquoi les côteset
les zones montagneusesont été négligées. La création de 1'encuttientla, qui
donnait aux conquistadores presquetous les pouvoirs sur la populationindigène
qui leur était attribuée, à charge pour eux d'assnrer l'éducation religieuse dcs
nouveaux convertis,n'a fait que renforcer les clivages préhispaniqueset les iné-qa-
lités de peuplement.Seulela découvertede mines d'or, et surioutd'argent,dansle
Nord, a pu provoquer un bouleversementdans la distribution de la population.
Mais la portée de ce bouleversementest restéelirnitée à la naissancede quelques
villes minières,et au développementde.l'élevageextensifdcs bovins et des ovins
qui caractériseencore aujourd'hui des Etats comme le Durango ou le Chihuahua.
On ne peut cependantpas nier le caractèreextraordinaire de la conquête cspa-
gnole, qui a très largement débordé les cadres de ce que les archéologues
appellent la Mésoamérique,et qui englobe le Mexique du Centre et du Sud. ainsi
qu'une partie de l'Amérique centrale. Les conquérantssont allés fonder cies
villes jusqu'en Californie et ont presqueatteint I'Alaska. mais ces territoiresdu
Nord sont toujours restés mal reliés au cceur nrême de la Nouvelle-Espagne.
QuelquesannéesaprèsI'indépendance.ils ont échappéà son contrôle.
L'étude de ces espacesflous, terresde guerrejusqu'au xtx' siècle,mais aussi
terres de pionniers, permet de suivre une évolution importante de I'espace mexi-
cain, de plus en plus tourné vers sa fiontière nord. Pourtant,il paraît plus important
encorede s'attarderà comprendrepourquoi la région cæur de i'Empire aztèqueest
restéecelle de la Nouvelle-Espagne,puis celle du Mexique indépendant.Répondre
à cette question,c'est aussi expliquer comment les déséquilibresqui cerractérisent
I'organisationspatialede ce pays ont pu se perpétuer,au fil du temps.
!-e poitls tie.r ltéritu,qes

La structureprécolombienne
de I'espace

Ce que l'on sait de l'époque préhispaniqueest toujours sujet à des remisesà


jour, seion les découvertesarchéologiquesou I'interprétationdifférenteque I'on
clonne cle tel ou tel document. I\llais un simple regard slrr une carte suffit pour
comprendreque I'espacemexiciiinest encorefbrtementinfluencépar les cuitures
préhispaniclues: les toponymes indigènes sont toujours employés, même s'ils
écorchentparfois la iangue des lVlexicainseux-mêmes.Dans les zonesde peuple-
ment ancien,ils sont majoritaires,et on n'utilise presqueplus les noms de baptême
héritésde la cclonie. Tant de viila-qess'appellent SantaMaria que 1'on a besoin du
nom incligènepollr les clifférencieries uns des autres.Autour du bassinde Mexico,
et jusqu'à Oaxaca, ce scnt les noms nahuati qui dominent : Tianguistengo- < le
lieu du marché>, Atotonilco -,. le lieu des eaux chaudes>,Coatepec- (<la
colline clu serpent>.Au nord-ouestde cette région, dans le Michoacân, subsistent
cles noms d'origine tarasque'. Tzintzuntzan, I'ancienne capitale des Purépechas,
mais aussi Pâtzcuaro,ou Acâmbaro. Dans le Yucatân, la toponymie maya n'a pas
été compiètement supplantéepar les noms espagnols,et il est parfois difficile de
se souvenir de villages appelésXcabaczrb,Chicxulub ou Oxkutzcab.
La toponymie indigène est complexe et souple à la fois. Elle sert à désignerr-rn
lieu, mais aussi à décrire un paysage,et donc à se I'approprier. C'est pourquoi les
norns cle lieux fbnt référence à ttrnt d'éléments naturels (faune, f'lore, variété des
eaLrx).À côté de cette richesse.la toponymie espagnole,surimposéeaux noms indi-
gènes,paraît très limitée. Elle s'apparenteplus à l'énumérationdes jours d'un
calcndrierqLr'àla descriptiond'un nouveaumonde.C'est qu'il fallait posséderla
{erreaussipar le langage,et qlle i'on avait besoind'une foule de noms nouveaux
c1r-re
f imaginationne suffisaitpas ii inventer.A l'évangélisationdes massescorres-
ponclait le baptêrnedes lier-rx.Dans le nord du MexiqLre,ce sont les toponymes
espa-gnols qui subsistent:il n'existaitpas de culture assezfbrte pour imposcr sa
iangue à I'espace. Parlois, des interfërencesphonétiques et culturelles ont
provoqr:éh naissancecie rnots nolrveallx:i'ancienneQuar-rhnâhuac - <à l'orée
des iubreso -. est devenuelaCuernal'aca(.<corneclevache>)desEspagnols.

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l-'Ernpireaztèque,uft espaceéclaté
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lln tant que strurcturepolitiqr-re.l'empire aztèqucnous est mieux connn qLre
O ci'autres.car c'restlui ilLreles Espagnolsclurentafl'ronter'.l)e plus,:crn Lerlitoire
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couvrait tcuie Ia iégion ceirtnrleclela X,{ésoantérique qr-rialiait servir de baseà ia
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c olonis at ion( f ig . l 0 ). L e -*p e u p l e sp ré c o l o m b i ens
ne connai ssûnt pas l es ani maux
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cle tlait cie
or-r bât. le.r dislanccs étaicnt énorrlcs poLir l'époqtie. On ne porivrit
o aitcinclrela loiniaineprovitrcedu Xoconochcoqu'après-50jor,rrsde malche.Poru'-
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-oo tant les fuiexican'ont pa-cloujoursété un peuplepuissant.Derniersan'ir,ésdansla
! I'alléede FÆexico. ils avaientdû se réfugier au c{Eurdes marais.sllr unc pctiie ile
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percluelr,rmiiieLrc{esjoncs" anx confir.rsclesterritoiresdes grandespuissancesde
a l'époque.Tercoco et,Azcapoiziilco.I-à. ils loncièrentleur capitale,en 1325. tln
( stècle plLrsiard. ils d<xrinlie'nth valléetout entièreet déborclaient sur les régions
avoisiniittTes. La pcilitiqriesrriviepai'les souverainsaztèqLles poi,rraitse résumeriir
40 Le lt4exiclue et les h,le-ricuins

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10.- L'Empireaztèeue
à la veilledela Consuête.

une course vers les terres chaudes: paradoxalement,en effet, les zones les plus
peupléescorrespondaientaux terres froides des hauts plateaux, mais les régions
considéréescomme les plus riches étaient les côtes tropicales, où abondaientles
produits de valeur (plumes, fleurs, cacao,copal, caoutchouc).
Pour contrôier des territoires aussi étendus, les Aztèques avaient installé des
garnisons en certains points stratégiques,dans des régions qui menaçaient de se
soulever.Mais généralement,seule la perception du tribut reliait la ville conquise
à la grande Tenochtitlân. Ce tribut était perçu par des fonctionnaires de haut rang,
les calpixque. Par sa périodicité et son caractèreuniversel, il servait à resserrer
i'espace de l'empire. Ainsi affluait vers la capitale un flot ininterrompu de
produits divers, qui contribuait à enrichir seshabitants et à accroître son prestige.
Mais le tribut lui-même traduisait des relations de dépendance,facteurs de désé-
quilibres car, l'impôt et les obligations similaires à part, chaque cité conservait
son indépendanceau sein de la confédération mexicaine.
Le premier de ces déséquilibresétait issu de la croissancemême de Mexico.
La capitale aztèqueatteignait des proportions considérablesà l'arrivée des Espa,
gnols, sans doute entre 200 et 300 000 habitants, ce qui la plaçait déjà parmi les
grandesmétropoles de son époque et la f'aisaitvivre en parasite sur les richesses
de ses provinces. Pour survivre, elle avait besoin de terre et d'eau potable. Les
terres étaient conquises sur les lagunes, grâce à I'ingénieux système des
chinampas. Quant à l'eau potable, elle devait la chercher toujours plus loin. Tout
d'abord alimentée par I'aqueduc de Chapultepec(encore utilisé à l'époque colo-
niale), ce qui provoqua une guerre contre les habitants d'Azcapolzalco, elle tenta
par la suite de capter les sources de Coyoacân. Pour mener à bien son projet, le
tlatoani Ahuizotl fit assassinerle souverain de cette petite ville, mais la nouvelle
conduite ne réussit qu'à provoquer une formidable inondation.
! e poids de:;lÉritages

ALrlourcl'huiencore,les vieux schémaspréhispaniques n'ont pas été modifiés :


la capitale mexicaine draine vers eile les richessesdu pays et reste grande
consommatriceci'eaupotable,qu'elle doit faire venir de 1'extérieurde la vallée.
La diversitédes natiousincorporéesde force dans I'empire était un deuxième
lacteur cle déséquilibre.Pius de l2 grands groupes linguistiquesétaient repré-
sentés, en plus du nahuati. Le tribut était cause de nombreuses révoltes qu'il
fallait écraier périociiqLrement.À I'intérieur même de i'espace contrôlé par les
Mexicains subsistaientdes enclavesindépendantes.La pius connue était Tlax-
cala, avec qui se déroulait le rituel de la guerre fleurie: les guerriers faits
prisonniers lors de ces batailles étaient ensuite sacrifiés à I'occasion de certaines
grandes fêtes reiigieuses. Cette hétérogénéitéde I'espace contribuait à sa fragi-
lité. Si Ccrtés a pu s'emparerde Mexico, c'est grâce à ses alliés indigènes,et
parmi eux, grâce aux habitantsde Tiaxcala.

Mais un espace dynamiqwe

Malgré la persistancede ces déséquilibres,I'espacemexicain dont les Espagnols


ont hérité n'était pas Llnespaceimmobile. Parmi les principaux flux qui 1'animaient,
clomrnait celui des échangesentre ies hauts plateaux et ies terres chaudes.Mexico
servait alors de plaque tournante pour ce type de commerce. Les transactionsse
tàisaient sous forme cle troc, ou bien par f intermédiaire de simili-monnaie : des
tèves iie cacao,clela pouclrecl'or, des hachesde cuivre ou des tissusde coton. Des
relationsintensesmettaienten jeu une grande variété de produits, même si les flux
étaientfausséspar le courirntunilatéralorganisépour la perceptiondu tribut. Dans le
cadre des échangescommeiciaux à grandeou à petite échelle,le marché (tianguis)
.iouaitle rôltl de place centrale,de pôie organisateurde I'espace.La cellule de base
était constituéepar clesmarchéstf impoÉancelocale,qui animaientune région clont
le rayon por-rvaitatteinclreune joumée de marcheà piecl.A un niveau supérieur,les
quatre sous-régions.Ainsi était constituéeune hiérar-
tiurtgtti.rrcgroupaienttrois c'rLr
chie des ceTltresque les Espagnolssurentutiliser pour imposer leur propre structure
adrninistrative: à la cubecera(chef'-lieu)étaientrattachésplusieurssujetos(sujets).
ô Enccrleaujourd'hui, le titutguis fait partie intégrantede la vie villageoise,surtout le
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sarriecliet le ciimanche.Les paysans qui vivent à la périphérie du chcf-lieu s'y
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renclent.venant parf'ois de tr'èsloin, porir vendre lcurs prodr,ritset boil'e clansles
o
.o pulc1rrcrfo.s. Entre..les tentes des commerçants et des revendeurss'installent les
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o inclicnnes. assises\ur le irottoir, ou directementsur le sol. Elles présententleurs
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o petits tas de rnaTsSuf une natte tt'essée,ou deS fi"uits et des légumes (avocats,
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Ê tornates.courg.lfes) prlacésen équilibre les uns sur les aLltres.Dans des marchésplus
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a
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totrristicpres, coil1[te à Tepoztlan.près de Cuernavaca.les paysansvendentausside
I
l'artisanat (objetsde vannerie.tableauxpeintssnr'papierd'amale).Dans les
o -{randes
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villes, il existe des cndroits réservésaux tictt'tgLti.\.
mais les grossistesmonopolisent
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les points de vente. Er:x serils disposentd'une organisationet de foncls sufflsants
z pour assurerle iransportdes prodLritsfiais, sur des distancespius intportantes.
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Parnri les flux commerciaux antérieursà la conquôte,mais qui se sont maintenus
c lusqu'à nosjours. les tlLrxlocaux et ré-{ioniruxportaientsur desproduitsde baseet
sur l'artisanat.La par-tdes professionnels,dans le transport et dans la vente, était
42 [-c X'le,rirlrteet Ii,.siltta.ritt iit.s

laible. Déjà. clesspécialisations i'égionalesgouvelrraientccrtainstvtresri'c<chairges.


L.lneforme d'agriculturecommerciale.celie des flcurs,ciorninaitdansia le gion de
Xochimilco. au suclcleMexico. L'artisanaiiouaitr-rrr rôle importani: les oir-iet:;er.r
o-qield'Ecatepec.en bordnrede ia iagunc.oi-rlcs pclteriesdc' Ci-roluia. jouis-t:lient
d'une firvenr.Ce'rtailtsmarchéss'é{aientspécialisés dansla r'entetie dii'ers
-trande
ploduits : ,,\cohranpout'lcschicns(r-iestinés ir la consortrnationi.Otirn:bupour-L:.;
oiseirrix.Azcapotzalcopour les escl:rves.Lc'ticLixiènict_vpede flur était contrôlé
prrLrirecastequi sc clédiaiti.iucol]rmerccà grancleciistance. iespot'iûetu.il a éiÉ,--u
{ran(le 1,'ultieIlnriné par ia Conquête.cal i} poitait sur clesulurcllan{-iises doi;'rl.r
valer-rrn'étail llas lcconnLtepar-lesE.spaguols. alurscluelcs peuplesp;-éhispar;iiiuer;
leru'accorclaient Lrne inrportance: les plunrcs.çlLriservaienlà corleclionner'
-u,r'attcle
clescoilfes. ou ij clrner les vêtements;1ecopal oi-rlcrc\urutchoLrc. utiiisésloi'; cles
cérénroniesleligieLrses: les l'leuis,r'éscrvcies
.) l'élitc gucrr:ièreoli irux -ce'rrrants
cles
tempies.Pour ces l'lux clelongue distance.il lullait que lc rapportpoi,Js/r,alcur iût
parTiculièrcment rttruct;f, car lcs ltoc'lftetaclevaic'ntlaire lace ir iie nci^rrbreLrses
ciifïcultés: I'hostilité clespopr-rlations non sounises r\ I'autorité cle h4cxico. les
distances.le tlansport.Chaqueporteln'ltLcunetue) ne pouvlritchargerque 25 kg au
rnaxinum. sur Llneclistance journalièrede 28 ou 30 knt.
Dans ce contcxte de flux locaux, régionaux e't inlerr'égionau.r. ia valiée Ce
I\4exicooccupaitune place privilégiée.Siègc dc ia capitalecie1'cmpire,elle recc-
vait tous les produitsciesteues chaudeset disposaitdu nronopoledu conrrcrce i)
longue distance.Des ticutgttisse tenaientdans les principales villes, au bolcl dc la
lagune. Les lacs lacilitaient les communicationsentre lÈs principaux ceutres
urbains. Les marchanclises étaient transportées dilns de longues itirogues
monoxyles, ce qui raccourcissaitles temps de parcourset fàisait baisserle coût du
fret. Les chroniqueurs dr"rxvr siècle parient encore du nombre considérabiede
200 000 embarcationsqui se chargeaientdu trafic de toute la vallée. Une ordon-
nancedu vice-roi Don Luis de Veiasco II, à la fln du siècle,dernandaità ce qu'il y
ait suffisammentde piroguesdans les ports pour assurersansretard Ie transportdes
marchandiseset des passagers.L'espace régional était articulé autour des t'olttes
empruntéespar les embarcatious.Mis à part Mexico, les pofis les plus in.tportants
étaientTexcoco, Chalco et Ayotzingo, au sud de la vallée. Ces deux derr.riers ports
recevaientles produits des teres chaudes.Il fallait huit heures de trajet (de nuit),
pour les acheminer vers la capitale. Les lacs fïrent utilisés comme moyen de
communication, malgré des problèmes croissants,jusqu'à la fin du xrx. siècle,
quand lbnctionnait encorele canal qui reliait Chalcclà Mexico. Les grandsmar:chés
du centre (la Merced, ia Viga) sont nés autoLlrdes embarcadèresoù I'oit entrepo-
sait, à l'époque coloniale, les produits amenés par ces pirogues à fond plat, qui
pouvaientpasserpaftout, ou presque,grâce à leur faible tirant d'eau.

L'empreintecoloniale

L'anivée des Espagnolsne s'est pas traduite par un bouleversernentcomplet de


la structurespatialehéritée du rnonde indigène et des culturespréhispaniques.Si la
Coionie a façonné ses proprespaysages,c'est d'une autre manière : elie a moditié
le régime de la propriété foncière, laisséaux ordresreligieux le soin d'organiser la
Le poids des hérirttges

vie villa-eeoise,
créé son pr'opreréseauurbain.C'est dans le nord du pays que
l'espacea été transfbrméde ia manièrela plus radicale.Considéréduranttoutela
périodecommeune zonehostile,peupléd'Indiensinsoumis,les chichimèc1ues, le
|',lordabritaitdes minesd'argent.Seulela présencede ces richesfilons pouvait
justifier,à l'époque,l'étabiissement
desEspagnols dansdesrégionsaussipeusûres.

Des territoires de conquête

On ne peutpascomprendrel'organisationspatialedu Mexiquecontemporain,
si I'on oublie que tous les territoiressoumisà la couronneespagnoleont été
conquis,parfoisdifficilementet au bout de dizainesd'annéesde luttes,par l'épée
et par ie crucifix. Jusqu'àla fin du xx" et au débutdu XX. siècle,des régions
entièreséchappaient au contrôledu pouvoir fédéral,et despeuples,commc les
Yacluisdu Sofloraou les Mayasdu Yucatân,n'ont rendulesarmesqu'aprèsavoir
menéune guerreférocecontreles Espagnols.puis I'arméemexicaine.Ce sont
pourtantlesgrandsaxesde la Conquêtequi ont donnéunepremièrephysionomie
à ce qui fut la Nouvelle-Espagne de CharlesQuint : terrede conquêtes,elle reflé-
tait le dynamismeet laprécantéd'un mondeen pleinetransformation (fig. 1l).
La premièreétapede ce processus d'hispanisationde I'espaceindigènea porté
sr-rrle Mexique central,contrôlépar l'empire aztèque.La structurepolitiqueet
adrninistrative, imposéepar les Mexica,a pu êtreutiliséepar les Espagnoispour

"+.
I!

C 200km

ll. - i-esgrandsa:resciela Conquêteespagnole


au xvt" siècle
L' l \l r'.ri t1ttet't It s .I 4c .ti ,,ti ,t'

s'emparerde territoiresimmensesprcsquesanscombattre: ils n'ont cu qu'rj sÈ


substitller aux anciens maîtres, L'expédition c1e Cortés avait été prépaféc.
quelqr"retemps allparâvant,par les erplorations de Francisco Hernândez cic
Cdrdoba.découvreurdu Yucatân, puis c1eJuan de Grijalva, qui avait reconu la
côte du Golfe jLrsqu'àl'emboi-rchnredu Rio Panuco.L'astuce, ou Ie génie. clc
Cortés est d'avoir su utiliser ses avxntagestechr.riclues (les armcs à 1èLr.lcs
col unrel es' Il axcal tèqLl es.
c h c v n u x ),s esal l i ési ncl i gènes, et l a supéri ol i t et
qLr elui
donnait lzi présencei\ ses côtés de cloiia Marinu. la Malinche, incliennequi lui
s e rv a i td ' i n t erprète.I1 put s' enrparerpresqLre srns di i ïcul té cl ' un pou\ ( r it ur iù
i\4octezunraiI, persuadéd'ar,oir en lace clelui un envo_-rrf de Qlletzalcoatl.si ci:
n'était Quetzalcoatllui-même, alrandonnairLrxl.louveanxalrivants.Après la noit
clu souverainaztèqueet la firite des Espagnolsduraut 7arutchetru.çit',tiois nrois
de siège lui sutTirentpour s'emprrer d'une ville ex\angLrcet faire prisonniel ie
d e rn i e rtl a to ani ,C uauhtémoc,l e2l âoût l -521.Quel quescenl ai nesci e conqur i-
rantsétaientles rnaîtrcsde rnillions d'lndicns
Très vite, en même temps que s'organisaitl'administrationespagnolesur les
territoires conquis, de nouvelles expéditions furent envoyées aux marges de
I'empire. Cortéslui-même dirigea celle dcs Hibueras(Guatemala)en 1524-1526.
Le n'riragede i'or entrctenaitl'espoir d'une richessefacile. Deux aixesgr-ridèrent
les conquêtes: au sud, les forêts dr-rCuatemaiaet ia péninsuledu Yucatrin.Dix
ans après Ia chute de Mexico, le Chiapas appartenaità la Couronne espagnole.Let
conquêtedu Yucatâncoûta en revancheplus d'cfforts. Les deux Franciscode (lc:
Vieux et le Jeune)mirent plus de quinze ans à établir un contrôle théoricluesur
cetterégion. Au nord, aprèsla reddrtiondu souveraintarasque,que les Aztèques
n'avaientjamais réussi à soumettre,Ie Michoacân était rattachéà la Nouvelle-
Espagne. Plusieurs expéditions permirent de reconnaître l'intérieur des terres,
mais ausside découvrirla péninsulede Basse-Cirlifornie. Nufro de Guzmiln. lors
de sa conquôtede la Nouvelle-Galice,laissaderrièrelui unc traînéede san-q,Dans
ces vastes territoires scmi-désertiques,où ils partaient à Ia rechcrche des fabr,r-
leusescités de Cibola, les conquistadoresdevaient faire face à des tribus nomades
ou semi-nomades qui ne se laissèrent pas conquérir aussi facilement qLre les
sociétés organisées du Mexique central. Nouvelle-Viscaye, Nouveau-Ledn.
Nouvelle-Estrémadure (Coahuila), Nouveau-Santander(Tamaulipas), s'ajoutè-
rent aux conquêtesespagnoles, mais que recouvraientréellementces territoires'?
La marque de la Conquête,c'est la ville. Au Mexique, chaque conquérant
tenait à marquer I'histoire et l'espace par sa propre fondation. En permettant la
créationde pôles de peuplement,éphémèresou non, il donnait à la géographiede
la Nouvelle-Espagneun nouveau visage. Peu à peu se construisit un réseau
urbain indépendantdes villes préhispaniques, concentréesdans le centreet le sud
du pays. Dans le Michoacân, Valladolid (la future Morelia). fondée en 1541,
supplantarapidcment la capitale tarasque.Tzintzuntzan, et la ville espa-9nolede
Pâtzcuaro,fondée par un évêque protecteur des Indiens, Don Vasco de Quû-oga,
sur l'emplacementd'une ville indienne.Une annéeplus tard. Guadalajara.capi-
tale de la Nouvelle-Galice,trouva son site déflnitif, après l'écrasementd'une
révolte indigène.Intervinrentpar 1asuite les fondationsde Guadiana(Durango).
en 1563.puis des alltresgrandesvilles du Nord. Au sud, la ville de San Cristcibal
fut fondée en 1528,la même annéequ'Antequera(Oaxaca)et que Salamancade
Le poids des héritages

Bacalar, abandonnéepeu après à cause des attaques indiennes. 11faut attendre


1542 povr que Francisco de Montejo el Mozo fonde Mérida et puisse maintenir
une présenceespagnolepermanenteau Yucatân.
Mais ces villes n'étaient bien souvent que des îlots de peuplement espagnol,
perdus au milieu de teres désertesou hostiles.Mis à part la région centralede 1'axe
néovolcanique,relativementhomogène,I'espace mexicain des premiers temps de
la Colonie était un vaste archipel à la structureéclatée.Sur sesmargesnord et sud,
des territoiresmal contrôlésétaienten perpétuellerévolte. Ceiie de Mixtôn (1541),
en Nouvelle-Galice, mit en péril la présenceespagnoledans toute cette région. Le
vice-roi Antonio de Mendoza fut obligé de l'écraser dans le sang. Au Yucatân,
malgré I'existence d'un réseau encore lâche de villes espagnoles(entre 1540 et
1545 sont fondées Campeche,Mérida, Valladolid, Salamancade Bacalar, future
Chetumal),la résistancemaya se poursuivit jusqu'au milieu du xvlr. siècle.Afin de
contrôler les routes principales,on étoffa le tissu urbain par la création de forts et
de villes défensives.Tel est le cas, dans la région du Bajio, de Celaya,San Miguel,
Ledn. Quand la situation était trop tendue, c'est aux religieux que I'on faisait
appel : une grande partie de la Nouvelle-Espagne leur doit d'avoir été pacifiée.

La conquête spirituelle du Mexique

La découvertedu Nouveau Monde avait plongé la hiérarchie religieuse dans la


perplexité, puisqu'elle remettait en cause des postulatsjusqu'alors inébranlables.
I a Bible ne parlait pas de ces terres inconnues.On ignorait l'origine des Indiens.
Avaient-ils été baptiséspar les apôtres,ou bien avaient-ils été tenus à 1'écarl de la
parole du Christ? Les conquêtesespagnolespourraient-ellessejustifier, au nom de
l'évangélisation de peuples idolâtres? Certains cherchèrentdans les rituels incli-
gènes des traces de christianisation. La croix de Quetzalcoatl, symbolisant les
quatre quartiers du monde, fut interprétéecomme l'instrument de la Passion.I-es
idées millénaristesde Joaqr-rimde Flore trouvèrenten Nouvelle-Espaglreun terrain
d'expérimentation : ia conquête des corps serait aussi celle des âmes. Les frères
'mendiantspensaientbâtir en ces teres vierges le royaume d'unc église régénérée.
=
. al
...,L'arrivée à Veracruz,en 1524, des l2 premiersfianciscains,dirigés par frère
:c
f, 'Martin de Valencia, avait aussi valeur de symbole : leur nombre rappelait celui
,, X l des apôtres.T'rèsvitc, on ér'ang\ilisales Indiens
en masse.Les chapellesouvertes
'3 des couvents permettaient de dire la messe face à des centaines de nouveaux
-c
o qui n'anraientja"maispu entrerclansles églises.Deux ansplus tarC,les
.. _:i .convertis"
d om inic air r sdiharq tra i c riàt l * u r i o u r' .s rri v i sp a r Ics augusti ns.en 1.533.À i a fi n
,''1, du
.i- siècle \1572J. [e:rjésuites foi;laiert le sc.1mexicain. I-es couventsdes cliffé-
:: . 9:
ai' rents oldres furent fondés tout d'abord autour de la vallée cle Mexico. clansles
'Ç reqions -:. controleesper les Espagnols.Dans les campagnes,i1s contrrbuèrentà
. r.à;
:Ï: creer dc s noy au\ d c p eu p l e rn e rrt
, . :.'.,'.-' i n d i g è n e sq u i trunsl orrnôrcnt l cs pi i ysrge:trl di -
-:i , ttonnels. La politique menée par
!-l
les autorités civiles et religieusestendait à
ii regrouper des popuiations dispersées,afin de faciiiter leur contrôle, ia perception
t-: ou tnbut et l'évangélisation.Ces regroupements(congregaciones)jouèrent un
role,rmp()rtantdans 1aréorganisationde 1'espacerégional.Le cas d'Otumba, au
L
o ., nord-estde Mexico, est typique ; I'eau dont disposaitle village, vingt ans aprèsla
46 Le fuIe.rirpte
et IesLtc.tit'uits

conquête,ne sllfTsait pius à ses habitants.Un franciscain,fra)' Francisco rle


décidaalorsde tairevenirI'ezru
Tembleque, couventinstallédansle
iusclu'all
viilage, sur une distancede près de 40 km. Sur tont le tlajet de i'aquedLrc.dls
villagesct des haciendass'établirent,pour profiter dr.rpr'écieuxliquide.
C h a q u e ordre di sposai t d' un terri toi re d' évangél i sati on,attl i bué par ia
Couronne. qui conservaitun droit de legard sur tout ce qui touchiritaux rratièrc-s
lcligieuses des pays nouveilement conriuis (reol patronctto). Dans la zontr
centrirlc.ces pr'ovincesreligieusesétaientétroiternentinbriquées les r,rnescllr:s
les autres, mais plus on s'éloignait du cæur de la Nour.'elle-Espagne, plLrsi:
rnonopoleétait ligoureux : le centreétait dominé par les franciscainset ies donri-
nicains, prer.niersarrivés. Les augustins se rrirent attribucr des régions pliis
difficiles. peuplésd'Indiens otomis, au nold de ia .,,aliéede Mexico. I-es cloniiiri-
cains eulent aussila responsabilitéde la région '.1èOaxacaet cl'unegrandeprrtic
du Chiapaset du Guatemala.Dans les hautesterresde ce pays. ils fbndèrcnt la
province de la Verapaz (rrla vraie paix"), où Bartolomé de las Casas tenta
d'établir des conrmunautésindiennesgouvernéespar les religieux et où les Espa-
gnols n'avaientpas accès.
Bien souvent,pourtant,on n'autorisaitles ordresmendiantsà s'installerclans
une région insoumisequ'afin cl'ouvrir le passageà la colonisationespagnole . Ce
fut aussile cas desjésuites,à qui I'on confia le soin d'évangéliserles Indiensdu
Sonoretet de Basse-Californie,aux XVII" et XVIII'siècles,jusqu'à leur expulsion,
en 1769. Il ne reste presque rien aujourd'hui de ces missions fondées clzrnsIe
désert,pour regrouperdes indiensnomades,mais c'est grâceaux religieux quc ces
vastesterritoiresont été rattachésà la Nouvelle-Espagne. En Basse-Califorrrie, Ia
première mission fut créée en 1697 par Juan Maria de Salvatierra.Il s'agissaitde
Nuestra Seflora de Loreto Conch6. Le travail incessantdes jésuites permit à ces
fbndations de survivre. malsré des conditions clevie très orécaires.

Des villes et des mines

la Nouvelle-Espagne
Terrede conquôte, fut aussiun laboratoire
de I'urba-
nisme. La ville coloniale, en effet, se caractérisepar son plan en damier. inspiré
des théories antiques ou des bastidesdes xII" et xIII" siècles.Au centre se trouve
la place d'armes (zôcalo),autour de laquelle sont réuniesies autoritésciviles et
religieuses. A Mexico, il s'agit de la cathédraleet du palais épiscopal au nord,
des maisons de I'al,untamiento (municipalité) au sud et du palais du vice-roi à
I'est. Les places sont vastes,les rues sont larges et se coupentà angle droit. Si
quelquesvilles espagnolesont été construitessur i'emplacementdes cités indi-
gènes, la plupart du temps elles ont été créées ex nihiLo, afin de renforcer Ia
coupure entre le monde indien et celui des conquélants.Le cas est fla,erantdans
les régions de conquôtedont nous avons déjà parlé. Il l'est aussi dans la zone
centrale,où la viile de Puebla de Los Angeles a été fondée à l'écart des villes
préhispaniquesde Tlaxcala et de Cholula. En plus de leurs fonctions administra-
tives, ces nouvelles agglomérationsaccaparaientles fonctions de service et de
commerce,héritéesdes anciennescités indigènes,qui se trouvaientcondamnées
à péricliter.

I
3
J
t
--___J
Lc poids des héritages

Le cas des cités minièresest à part. Elles sont un élémentoriginal dans la


constructionde I'espacenexicain, pr-risque c'est à la présencefortuite de gise-
lnentsd'or ou d'argentqu'ellesdoiventleur existence. Ellessonl originales par
leur localisation,dans des zonesparfois d'accèsdifficile, au climat aride ou
semi-aride, videsou presquede populations indigènes. Cetteabsence de main-
d'æuvrea justilié la déportationde milliers d'Indiensvers les terrainsargenti-
fères,mais aussii'importationd'un grand nombrede travailleursnoirs,jugés
plus robustes. Ces viiles ont aussientraînéI'installation,dansleur sillage,de
grandstroupeauxde bétaii nécessaires à l'alimentationdes mineurs(fig. 12).
Ellesont favoriséia cuituredu blé dansdesrégionsjusqu'alorsdédiéesà ceiledu
mais,on à Ia cueillette.Le Bajio leur doit sa prospéritéagricole: les excellentes
terresà labourde cettezone,situéeau suddespremièresgrandesvilles minières,
ont trouvéaveccelles-ciun débouchépour leursproduits.Elles sont originales
aussipar leur paysageurbain.Construitesdansdesrégionsmontagneuses et tour-
mentées,elles ne disposaientpas d'un espaceplat suffisantpour reproduirele
modèletraditionnelde la ville en damier.Leurs rues sont tortueuses, leur plan
compliqué.Les maisons,construitesà flanc de colline, se pressentles unes
contl'eles autres.La richessetiréedu sous-solétaitinvestiedansles palaiset les
églises.Nulle part on ne trouve de plus belles constructionsbaroquesqu'à
Guanaiuato, Zacatecas ou Taxco.L'éelisede SantaPrisca.dont la constructiona

V72 aaglon"insoumises

III] Étevage
ovin

IlriÏil Élevagebovin

I Principales
villesminières

A R ealde mi na
//
Ceralvo/ 3

il, -- I-esmineset le bétailâLrXVII"siècle

--æa;.-.*:-
':+

48 Le Nfeticltte et lcs Ilexic'tiirt,s'

été frnancéepar un scul propriétairede rnines.cst rlu véritabiebrjou de pierrc. de


1 ata i l l e d ' u n e cathédl al e(photo 5). A morcée en 1546 l rvecl es ri ches l i l ons de
Zacatecas.i'ère des découvertesallait se poursuivre dLrranttor-rtle xvt'siècle.
provoqllantde périoriiquespousséesde f ièvre ct tle grandsl.rlouVelrents clepopu-
l a ti o n v e rs l e s zones mi ni èr' es.A LI X V II' si ècl e. l a résressi oneuropéen neL. , s
af'fectil,r-nais1'on continuala prospcction.Les découverte s se f irerrtplus raresArr
x v ttt' s i è c i e . s i ècl ede l a consol i dati oncl esrégi onsl es pl Lrsri cheset ci ' abandor . t
rJesmincs les moins procluctives.D'unc cerlainelnanièrLr. le siècic clcsl-trnrièr'es
fut aussi celui où les nines du Nouveau N4ondr:retrouvèr'eniune nouvelle
je unesse.ir I'oligine d'r-rnder-txièurc âgu:d'or.
L'argent, plt-is eircore que I'or, a été le principal pr-och-rit expolté vet'r
1'Espagnechrranttoulc la Colonie. ll a donné une popLrlirtiorr
uides Nords déserti-
ques et f'ai'oriséle développementdes voies de cor.nmunication. pour relier les
centresproducteursà la ville de Mexico. nais aussipclurconcluireà ces centrr.-\
les alimentsqu'ils ne pouvaientproduire.Les prernièresligne$rle chemin c1ef-er
mexicaines,construitessous Porflrio Diaz, passaieitttoutes par les plincipalcs
villes minières.Le précieux métal a aussi contlibr-rià dotcr la façadeatlantiqLre
cle son port le plus important, Veracruz. f)urant toute l'époque coloniale.celte
cité a conservéle rnonopoledu commerceavcc Sélille et la métfopole.grâce aLr
s),stèmedes flottes. Aucun bateau n'avait le droit d'aborder les côtes de la
Nouvclle-Espagneà titre indii,iduel. Les voyages s'eflèctuaienten convois. à

Photo 5. - L'église cleSatttctPri.çca,à 7-urco.


Les églisesbaroqueséler,éesdans les cités minièressyrnbolisentla richessed'unc société
londéesul l'extractionde 1'ar-eent.
Aujourd'hui.c'estsouventle tourisrnequi les fàit vivle.
Le prtids t!.e.shérituge.s

clatefixe' afin de permettre aux navires de se proté-eerdes attaqueset cle s'aicler


ell cas de tempête.Avec ce systènre.la Couronneespagnoleespéraitaussilutter
contre la contrebande.La flotte débarquaitdu vin, de I'huilè et des produits
mannfacturés.qui tror-rvaient en Nouvelle-Espagneun marché captif. ElË repar-
tait char-téede peaux,de cuir et cl'argent.Quand elle n'arrivait p;s à clestinatlon,
la situationétait grave : les églisesmanquaientde vin de messe.pourtant,le site
du port de veracruz était médiocre. Au foncl d'une baie très ouverte, il était
balaiyépar les vents violentsen provenancedu nord. Sa seuleprotectionnaturelle
était l'île de San Juan de Ulûa. près de laquelle venaients'amarîer les bateaux.
L'île fut aménagéedès le débr"rtdu xvr siècle, por,rroffrir un meilleur abri. Ag
xvll" siècle, on renforça ses fbrtifications, car les pirates et les corsairesanglais,
fiançais et hollandais, faisajent peser sur la ville une menace permanente. La
prise de la Jamaïque par les Anglais, au milieu du siècle, Ieur offrit une base
cl'attaqueicléale.L'Armada tle Barlovento ne réussitjamais à assurerune protec-
tion efficace aux navires partant de veracruz aves leur précieux chargèment,
c'est pourquoi les villes côtières du Golfe ou du yucatân commencèrent à se
lbrtifier, comme Chetumai ou Campeche.
Le cas d'Ac:rpulco est difÏérent. Le grand porr cle la côte Pacifique bénéficiait
..
d',' monopole pour Ie commerce avec les philippines. Son site, au foncl d'une
vastebaie referméesur eile-mêmeet dominée par des colljnes proches,était excel-
lent. Pourtant,tout au long de ceite période,il n'a jamais dépasié le stadede simple
bor,rr-eade : I'argent mexicain ne passaitpas par lui. La Nao cle china, oa galion cle
Manille, r,enaity débarquerses produits,mais il ne s'agissaitque d,un port de
tfansit.Les marchandises éIaienttransportées
à Mexico, puis I veiurmz, cl,ôùelles
partaientpour 1'Espagne.Au début chi xvlt" siècle.on fit construire un petit fbrtin
pour protégerla baie, mais s;r meilleure cléfenseétait la mer. Au contrairecleVera-
crtlz et des villes du Yttcatir-r,menacéespar des piratesqr-ritrouvaient clansles îics
des Antiiles rles refuges sûrs, Acapulco régnait sur ur-rilésert. Pour l'atteindre, il
fiLliaitlianchir le clétrortcleMageilanet remôntertoutesles côtesde 1'Amé1oueclu
Slrd, tlr-rbien s'aveutllrersur I'océan Pacifique.L'entreiien annuel de la tlcxte du
Pacil'ic1ue, chargéede plotéger les routes commercialesentre les difïérentescolo-
nresespagno,". région.coûiairplus cher qLl'uneattaqueclepirates.
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'o T_,"
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c

- L'exploitation colaniade des campagnes


o
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.!f
a
l
lvlaisia eroiolisaticnue s'est pas bcrnr<cà fbrmer Lrnnouveauréseauurbain.ni
a
it cr-eierclesports clontl'intlLre,rc..t'r l'organisationclc I'espaceré-gionalest resiée
e
c Iirritée. Avec ies crngregctti.res, l;l pùvsiononriedes ôampagnesmexrcarnes
s'c-sitransfol'méecleieanièrebrutlle. Des villages sont nés.regrirLrpés
autour cles
a couvel]ls clc |eligier-rx qui on avait confié l'évangélisationcles
c_l
"\ Indierrs.ces
à resrotlpements tbi'césse faisiticntclansle caclrephrsvastecl'uneréorgalisation,-lLt
a
nttlncleindigè:ne. alin rie lui tlonnel une nouvelie stnrcturepolitiqLre .-écorror.niqLre
: et socillle'Dairsces ttottvelies comllunautés,on iraçait des rues àt c'lespiaces,o1
o i n s t allaitdes f bnt a i n e so, n u c c l i n :a ta ict l e sp l a n tes
z européennes.
on apprenariai l x
ittciiens ii Lrtilrsercle ncur,elles techniqLies
a( agricoles, comrre l'usage cle la
cltat"ruc:le 30 octui:re 1597.plus cle 12
0ô0 soc:sétaientdébarquésir veracluz.
T

-iû Le i,le.riqrta et lt'.v ll.'f


c.tit ititr.t

Une clesconséquences les plus dés:lstleuses dc ia Conqr"iête 1'utc1'ordlcdénri,r-


giapl.]ique,Les gneires,le tral'ail forcé. ies dépoltaiionset surtc)Lrl les inaiaclies.
ont pro\,oqllé la dispalition d'une grande partic'cleia populationindigène clc la
zone er-ntrale: au moirrsla ntoitié.et sirnsdcr"rte plLis.à ll fin.Ll Xvt'siècle. Cc-ttrr
chute cleia démogr-aphie eut des répercLrssions iurplri.antes.I)rurs les catnpirgrte s
déper-rplées. les Lcvenrrsclutritrut se firent rnoinsalli'ircLi1's.la rnainmiseespagnol,:
sui les teri-esconmLrnantairess'accéléraet lc régim,,:de l'eitt'<unit';r,l'1l rlliil cli
ciécaclence. Une des prétenticir.rs
cles conquistadores était ciefaile clc l'ettt'otttittttlrr
une iustitntjonperpétuelle,ce à cluois'cst trrujoursretilséla Couronneespagiiole .
La situalion des indigènes qui c1épenclaient cl'un encrnrterulenr correspondait en
eiTètiarerlent ali ilessciii initial cic cette in.ctitl-rtiun.
En éci-liur-r:c clc iil ircrcepiioii
tribtrt et de joLrrnéesde tlavail, le titLriaileclel'encotttienrladevait assurerla
c1r-r
protectionet l'édr-rcation reiigieusedes Indiensclui lui étaiert confiés.rlais ralt'',
étaientceux qlli s'acquittaientclecettetâche.f,n réalrté.I'eru-'ottriertclc n'était pa.'
Lurepropriétélbncière,pr-risque son tititlaiie ererçiritsttlrpouvoiL.rfi'urtcpilpLrlir-
tion, et non sul'un territoire.Eile n'a donc pas scn'i de basejuiicliqr-re à la créatiorr
des granclsdornainescaractéristiques dr"rMexicluecolonial. Sa naturenême en a
limité le cadre géographiclue aux régions les plus peupléesdu rlonrle préhispl-
nique. En delrorsdes grandesairesculturellesincligènes(hautsplateauxcentraux
de I'axe néovolcaniquc),elle n'a été répanduequ'au Yttcatân,oùrdes circons-
tancesexceptionnelleslLriont pernis de se maintenirjusqu'au xvrit'siècle. Dans
ces mômes régions, durement touchées par la crise démographique, se sont
formées les premières grandespropriétés espagnoles,grâce aux contposit:irnescle
tierra.sde 1591,puis de 1643-1645,qui légaiisaientla prrsede possessionpar les
conquérantsdes terres laisséesinoccupéespar les communautésindigènes.
Avec la Conquête,ce n'est pas seulementle régime de ia propriétédes telres
qui commençaà se transformer: de nouveilesactivitésvirent le jour, qui décidè-
rent de I'avenir de plusieurs régions. La canne à sucre, exploitée dans le
Marquesado del Valle (teruitoiresconcédés par Charles Quint à Cortés) rlès le
début du xvr siècle, prit dans cette zone unc irnpoltance considérable.Au
xvtI" siècle,Ia culture de la cannes'étendità I'est, vers Orizaba,Jalapaet Atlixccr
et à un degré moindre à I'ouest, vers le Michoacân. Aujourd'hui encore, le
Morelos reste un grand producteur de sucre, même si sa part dans la production
nationale ne cesse de diminuer, au profit de régions plus chaudes et plus
humides.La culture de la canne nécessitaitdes moyens techniquesimporiants:
inigation, transport,traitement.L'usage des moulins, pour broyer la canueet en
extraire le jus, se multiplia, augmentantles besoinsen eau. Au mrlieu du siècle
dernier, dans la région cle Jojutla, au sud de Cuernavaca,Lin ingenio (nroulin i)
sucre) provoqua l'inondation et la mort du village indien de Tequesquitengo.
situé dans une cuvette, en détournant une rivière à son profit. Les ingenios ont
transforméles paysages,mais aussila société.Très tôt apparurentles premières
haciendassucrièresqui jusqu'à la révolutionun contrôlepermanentsur
-9ardèrent
les canrpagnes.Les grands ingenios,qui aujourd'hui encoretravaillent la cernne
dans cette région, n'ont d'ailleurs pas complètementabandonnéles 1;r'riticlues
anciennes,mêléesde paternalismeet de brutalité.Le cycle complexe dela:rtfra
(coupede la canne,transpofijusqu'à I'unité de transformation,traitement)faisait
rrivretous les villagesenvironnants,ainsi que lespeone,sattachésà la ploplietrl.
Le 1t<;il,i tie,s hérin,qc.; 5i

fuialgré l"importarce de la canne à sucre dans l'économie <.lcla f'lou.,,elle-


F,spagne" une clesplus grande-rti'ansforilrationscle I'espacemexicain a été liée à
l'introch:ciicndr"rbéiaii, ovin ou bovin. C'est d:rnsle nord du pays que l'élevage,
clès 1a fin du XVt' siècie, connut sa première phase cl'expansion.Les mines
avaientbesoinci'animai;xde trait et de bât, de viande et de cuir. Chaquenor,rvelle
cléccr-lvertecie filons rlormait une impulsion nouvelle à l'élevage, ciui remonta
.ieLSle nord en srii.,rant1aroute des mines. L'cLltiplano mexicain se trcnrvaitirinsi
iivré ii un éievageextensif. contiôlé par une poignée de grands propriétaires.Les
hut'iendascouvraieni des milliers de km2 et s'étendaientjusqu'aux confins du
Chihuahuaet de 1'Étatde Durango.Ces grandsespacesont vB la naissanced'une
noi;vel1esociété.bien différente de celle des Indiens du sud mexicain, fondée sur
I'agricr"ltture.La part de la population indigène dans ces régions était làible. C'cst
rlonc un peuplernentespagnotrou métis qui s'est installé et a fait souche.Pareils
attx ccw-lroys norcl-américains,mais bien avant eux, les charros viveiient de
manière nomade, escortant ies troupeaux qr-rise rendaient d'un point d'eau à un
autre. setrondes routes immilables. L'élevage ovin a aussi donné à la Nouvelle-
Espag:ie "qapremière inclustrie. Dans ies grandes villes du centre et du Bajio
(N{exico, Texcoco, Fusbia, T1axcala,Querétaro, Celaya), des milliers cl'obraies
tissaient ia laine et exportaient leur production vers ie Pérou et l'Espagne.
En lTtX], ia Couronne fit fermer i30000 de ces fabriques,clui concurrençaient
clallgerensement1esmanufacturesmétropolitaines.

l-a f*rmæËÊCIe:
de l'Lsniténationfrle{IEX0-1giS}

I-e territcire niexiciiin acl::e1s'est fixé au xtx" siècle,dans les soubresauts des
r h m e ,J e sg u errcsrl ' i rrl crvcnti on"améri tl i ri er ct
! iler r r : , d' i: r r lé p e n d l i n L î..ti r)L
européennes. 11a fallu lclrte la poigne ciePortifirio Dfaz pcur donner ii sesvastes
étendues.inégaleruentper"ipiées et déveioppéçs.une cohésioncertaine,l'rien r;ue
1'fa-sile. 1 a révoi:-rtion cle 1910a montré la faiblesseci'uu régime qui avait bâti le
iléveloppemenide la nalion sirr les viiles et l'indr"rstrie, qr-landles deux tiers de la
populati,-lnvivaieni dans les carnpagnes"Siècle de grandesmntittions.le XIX" a
.o clonné.\es i'rcntièr'esari l,'[e:iir;ue.{i a aussi accru 1es iné-qalitésrégionaleset
c
:c renforcfles clivages enfre popuiaiion rr-rraleet popi-rlalionurbaine. Ce n'est
a
o q'rl'tvec 1achute cie clou Porlirio qu'il s'est terminé, laissantaux héritierscle la
o
.o révolLrtir-;n un pâys crisaugue.r;u'il fiillait rcconslluireslrr r-iesbasesnonvelles.
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= Les perfes ierrff*ræfes
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o Piiracioralernenl. c'e::l Lineréri,uctioncle son espacecir-iia clonnéitu irî)s sil
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q plrvsitxollie actueileillg. i-lt. r\près trois sièclesd'cxpirnsionvers le nofd. ar,r
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J tetrps rle la {lolonie. ie l'.{erlque indc<perndant vit f'cnrlrede rnoitié son ierritoire
en l'espiicede ireric aris.Ileir,r:urs a-prr\s ia proclai:rationclel'Tnrlépenclance. etr
- 1823.l' aniienri e C ri ri i a i i :e ri ed e G u a l e m a l ase séparai tde 1' E tatnou\/el l ement
-
7
:
tr
constitué"plcfiiani rie la eirute cl'Inirbirle,premier empereur du fv,lexiiiue.Du
ÛLiaielnallt.tr,rsqir'à
[]iinrL;i.u:. ia mosaique des petits Etatl: d'Américiue ceiitr:ale

aÆ,';'** -
T-

.4
a-
52 Le Mexique eTles Mexicains

T
5
il
::
:i
+
;.i
r€

ffi Territoiresséparésen 1823 *


:q

WZ Perdusen 1836 (Texas)


.j.-
V77) Perdus en 1848 :5

(77)Vendus en 1853 (Lâ Mesilla)

f--__l Territoire actuel

13.- LesDertes (1823-1853).


territoriales

allait naîtrede cettesécession.Des contestationsau sujetde la frontièreempoi-


sonnèrentles relations du Mexique avec le Guatemalajusqu'à la fin du
xtx" siècle,quandune commissionbilatéraleréussità mettreles deux capitales
d'accord,en 1895.L'établissement de cettefrontièrene butaitpasseulementsur
des facteurs géographiques : végétationexubérante,relief accidenté,zones
d'accèsdifficile. Les nombreuxproblèmespolitiqueset économiques que durent
affronterles deux paysà cetteépoqueretardèrentles basesd'un accord.Encore
aujourd'hui,la situationest souventtendueà la frontière.Nombreuxsont les
paysansguatémaltèques qui viennent se réfugier au Mexique, pour fuir un
régimemilitaire que le récentretourà la démocratien'a pasrenduplus clément
enversles populationsindigènes,suspectées de soutenirla guérilla.
Le casdu Bélizeestmoinsconflictuel.Dès le xvtt' siècie,cetterégionservait
de refugeà despiratesanglaisqui établirentunecoloniede fait dansle pays.Les
Espagnolsne purentjamais les en expulseret, duranttout le xvIu" siècle,ils
furent obligésde tolérercetteenclavebritanniqueau seinmêmede leur empire
colonial.Ce n'estqu'en 1862,pourtant,que l'occupationanglaisefut reconnue
officiellementpar le Mexique. Trente ans plus tard, en 1893, un accord fut
concluentreles deuxpartiespour fixer les frontières.Il répondaità un soucide
PorfirioDiaz de couperles insurgésmayasde leur traditionnellebasede repli sur
la colonieanglaise,qui leur fournissaitdesarmeset un appuilogistique.
L t' 1 trti ,l 5 ,l c,s I t t' ri tttgt,s 53

Au nord, le problèine clela frontière fut plus grave encore et il touche toujours
à l'hcnneur nationalmexicain.Au-deli\ du Rio Bravo s'étendaientde vastestei:ri-
toires. peu peupiés, rnal lollmis, mai reiiés alr centre. Quelques annéesaprès
l'Tndépendance. ces espaceshétérogènesdurent f'airef'aceà l'expansionnismede
la jeune répirbliquenord-américaine,qui commençaitsa marche vers I'ouest et
rencontrait I'obstacle mexicain. Dès 1836, le Texas proclamait son indépen-
ciance.l-lne guerre malheurer-rse, menée par le général Santa Anr-ra,faisait perdre
lr-r Mexique cet immense teruitoire.Douze ans plus tard, à la suite de f invasion
nord-américaine,le gouvernementmexicain dut accepterla perte de Ia Californie
et clu lrlonveau-fuTexique. En i853, afin d'éviter des complications diplomatiques
qui ar-rraientabouti à une nouvelle guere à laquelle il n'était pas préparé, il fut
obligé de vendre la région de la Mesilla. Vingt-cinq ans avait suffi pour conso-
lider une frcntière nord, très en retrait de ce qu'avait laissé la Colonie en héritage.
i-e Ivlexlque avait perdu au total p)us de la moitié de son territoire, passant de
plus de 4 millions de km2 a un peu rnoins de 2 millions.

L' intéEratiaff d€s {narges

à ne pas
régionscontinuaient
À f intérieurde ceslimites,clenombreuses
i'econnaîtreI'autorité dn gouvernement lédéral. Des guerres sanglantesopposè-
lent les Yaquis dr-rSonora et les Mayas dr"rYucatân aux troupes mexicaines. Ce
n'est qu'à la fin du Porfiriat que )a guerre des Castes,qui avait soulevétoute la
péninsule,put enlin trcuver une solution, avec la soumissiondes rcbelles et la
pr-isede ieur capitale,Chan Santa-Cruz.Durant pius d'un demi-siècle,les Indiens
avaientréussià isoler cetterégion dr-irestede ia république"Les viiles espagnoles
étaienties seuis points contrôléspar le gou.rernementde Mexico, alors que les
canrpagnesre:taientaux mains des indigènes.
Sr,rries borrlscluRio YaclLri, l'installationde plusieurscentainesde colons.dans
ies irnnéesi890. n'empêchapas les Indiens cle se rebeller une nouvelle fois en
1899.poul clemanderle retrait des iroupes gouvernementales de leur territoire.
[-'arnrée mcna contre eur cles catnpagnesr:épétées,mais cn ne put jarnais les
;
.o réciuire.!.ry1910,à i'heure rie la révoli-rtjon, les Yaquis se rangèrentaux côtésdu
a
Gc<néral Alvaro Obregôn.Celui-ci se retounlacontreeux quelqr-ies annéespius iaril
-
f

o
c t lc : s ouir r itdel i n i ti rc l n c n t. l ..rreg i trné tri t c n i i ri prrei l ' i écel rr' ndi ter l l rcpLrbl i qut.
o
.o
.9
Afin de rlouner aii tr'n-itoircnrericlin rLnecertaine unjté et perlnettl"eson
ô exploit:ilicr: a grancle échcile, Porfirio Ilia;: favc-rrisala coitstruction de
$
- nombreuseslignes clecheniin cle fer (fi-e. l4). lleux axes dirigèrent le tracé Ces
-oa ii-gnes: r'çlieries ceûiles urinierselltle elix ei ii la capitale,r'enfoi'cerles liaisons
.s
a
o
avcc le si'stène terroviaire nc-rd-américain mais ai:ssi préparerla c1éf'ense de la
o It'ontiÈ:re.Ceite i'écrguirisniionc1eI'espace ne faisait que renfblcer les cier-tr-
a
c
q tenciances rrrajeuresciLrdér,eioppenrent régional mexicain, en iiccentlrantle poids
G
J de in r-égioncenlraieet cn tlivor-isrntl'émergencedes ldords.Ce sont clescompa-
ô gnies américiiineset anglaisesqr-rifurent chargéesde la consh-uc-iion clesvoies.
z
Parmi celle:,-ci. l'liltcrocr:anic Raiirvry Mcxico Ltd et la N{erican Southern
Railwal,T-td"de l,.cnriies.louèrentun rôle fbrrclamental, à partil cles;rnnées188t.
a) Le capital étriuger irvesir'sait Jrrnslcs chemiriscle fèr inexicainsplus qr-redans

''"&s*..,*
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Le Mexique et les Me.ricuins --::

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0
+
200 km

14. - Les chemir"rs


de fer mexicainsen I 884.

n'importequel autresecteurde l'économie:en 1911,307odesinvestissements


européenset plus de 40vo des investissements américains,à égalité avec les
industriesextractives.En 1877,Ie pays comptaitmoins de I 000 km de voies.
En 1910, le réseauatteignaitpresque20 000 km. Mais ces chiffres absolus
cachentde graves inégalitésrégionales.Si les régions minièresétaient bien
reliéesaux Etats-unis,afin de faciliterles exportations,
de grandesrégionsagri-
colesrestèrentà l'écartdu mouvementet leur enclavement ne fit ques'accentuer.
Le Tabasco,le Chiapaset le Yucatân,c'est-à-diretout le sud du pays,n'étaient
pasraccordésaux grandspôlesindustrielset politiquesdu Mexiquecentral.

Une nouvelle organisation régionale *

Au xIX' siècle,le poids de la régioncentrale,et en particulierdu DF (District *


i;
trédéral)ne fit que s'accentuer,du fait de I'accroissement des capacitésindus-
trielleset commerciales de la capitale.L'industrietextile se développaselonun
axe déjà ancien,qui menaitde Mexico à veracruz: le vieux caminoreal, véri-
table cordonombilical qui reliait la capitalecoionialeà la métropole.En 1900,
quatregrandesentreprisesse chargeaientde 50 vo de la productionnationaleet
Lt poitl:; tles héritugc.s 55

()ccupaientpresque250/adesemployésde ce secteur.Elles étaienttoutessituées


le long de cet axe fbndamental : la Compaflia Indr"rstrialde Orizaba, la Compafria
IndustrialVeracruzana,la Compafliade Atlixco et }a Compafliade San Antonio
Abad (ce quartier de Mexico, durement toucl-rélors du tremblement de terre,
hébergetoujours les ouvrières du textiie).
Une nouvelle marche vers le nord, impulsée par le développement des
chernins de fèr et I'attrait de la frontière nord-américaine, marqua néanmoins ie
d'un recentragede 1'espaceintérieur rnexicain. Des milliers de braceros
c1éLrr"rt
(journaiiers)prirent l'habitude de fianchir le Rio Bravo pour aller travailler aux
Etats-Unis.Les vilies fiontières commencèrentà prendre de I'importance et la
Basse-Californieclu Nord, jusqu'alors moins peuplée qlle sa voisine du Sud,
accrut de rnanière sensible son poids démographique.En l930, pour la première
lbis, son chiffre de popLrlationdépassaitcelui de la Basse-Californiedu Sud, et la
différenceentre les deux n'allait que s'accentuer.
Dans les campagnes,un rlouveautype d'exploitation agricole remplaçait peu à peu
la vieille haciendacoloniale. Celle-ci était fondée sur une agriculture peu productive
cie céréales,ou sur l'élevage extensif du bétail. Une partie seulementde la propriété
était exploitée clirectement par I'hacewlado. L'aullre étzrit répartie entre plusieurs
oporceros (métayers) qui disposaient d'un lopin de terre et de quelques têtes de
béta;1.Seule une minorité d'ouvriers agricoles (peonesacasilLados)vivait sur le
clomaine.Les métayershabitaientdans des villages qui dépendaientde I'hacienda.
Malgré des conditions dc vie difficites, les employés pouvaient compter sur des
revenusmédiocresmais assurés.L'endettementvis-à-vis delatiencla cle raya, r>ùle
propriétairevendaità credit des articlesCeconsommation,attachaitdéfinitivementle
perin à sa ierre.Le systèmeen lui-mêmen'était pastoujourscombattupar les paysans
de la révclution. Il faisait pafiie du paysageéconomiqueet social des campagnes
nrexicaines.et I'on a vu des peules défendre I'hacienda de leur maître face aur
hollpes ré..,oiritionnaires.ivlais les excès du Porîriat furent la source de nombreux
déséquiiibresqui ébranlèrentun systèmefragile. Les lois sur la descunoftiz.aciôn des
biensde rnainmofie(appartenantà I'Eglise ou aux communautésindigènes),et sur la
colonisationCes tenes ncxrveiles,ne servirent qu'à accroîtt"cla taille des grands
clonaines.notâmmentclansle nord du pays oll clansla zone tropicale.Dans l"Ettt cle
5
.o l)ulangri. eqJ910" I4-3propriétésaccaparaientr-rnesr:pedicieclepresque4 500 000
!
q
J
ha. Certainshistoriensafflrmcnt que Luis Terazas. riche propriétairedu Chihuahua,
o
gor-rvenraitun enrpile de plus de 2 600 000 ha. Il est ccpendantproi..ablequ'il ne
o
'a c1épassait pasles deux millions,ce qui suffisaitpour vivre clartsuneceftainelislnee.
'c
a cle ces irouvelles hacicnclasétait ieur catacrtère
La sectrnrlecaractér'istique
( cornnrercil!. qui a protbnclc<r'nc-nt
f

marqué les paysageset la géographie rurale dr,r


c
3 \'{cxique coirternporain.r\LrChiapaset dansles monta-qnes dtt Veracruz,on dér'e-
.9
a
o
loppa ia ctrltur-eindustrielle'ducafé. Sur ies terresariclesde I'Etat d'Htclalgo.on
o s e n- r ità c uliiv e r I' a g a v c ' c l ema n i è re i n te n s ive.pour produi re dr-rpul que. A u
ô
c
a Yr-rcntl'rn" c'est la culturc tlLr sisai qul servit cle moteirr à l'éconcmie, dans la
.: cleuxièmemoitié clll xtx" sie\cle.Toute la région de Mérida pratiquaiila culture du
3
ô henequenet un port (Progreso)tirt aménagé pollf sa seule expoltation. Dans
o
a
tl'autlesr'égicns,des culturesplLrsanciennesconnurentLlnrenollveau: la canneà
tr sucre Ci; I,'{ci-elos ei cle Vrraclr:2. le tabac de Valle Nacrionai(Oiixaca),où 1'on
déportait les populatiousrebelles à i'aiitorité de l'Etiit, Mayas du Yucatân ou
56 Le Mexitlue et les Mc.ricuiris

Yaquis du Sonora.Les conditions de travail dans ces haciendasétaient Îrès dur-es.


querarement
Lesouvriersnedisposaient du statutdemétayer
et leursdenesles
attachaientà I'exploitation.De plus, leur extensionterritoriaiefit naître cie
nombreuxconflitsaveclescommunautés indigènes dépouillées de leursterres.
Si ia révolution,commenousle veffonsplusloin. a transfbrmé en profondeur les
campagnes mexicaines,elle n'a poufiantpasréussià corrigerles grandsdésécluiii-
bresrégionauxqui rendentdiflicilele développement généraldu pays.Lescontlastes
du peuplement montrcnt que des tendancesséculaires,voire nuliénaires, plirn,,':rt
encoresuruneévolûionrécente, qui accentue
lesciivagesentrele Mexiquedu Norcl
et celui du Sud.Pourtant,danscettepopulationjeune et en pleinecroissauce. ies
mouvements sefont de plusen plusnombreux.A I'aubedu deuxièmemillénaire,il
resteà prouverau Mexiquequela variétéde sespopulations estun atoutet noll pas,
colrunebeaucoupvoudraientle faire croire,un bor"rlet
trop lourd à tirer.

Bibliographie

Sur I'histoire généraledu Mexique, on peut consulterun ouvrageclassique: Historia Gerteral


de México, México, Colegio de México, 198'7(4 tomes).
Pour l'étude des flux comrnerciauxorganisateursde I'espaceavant la Conquête: HASSIG(R.),
Trade, Tribute and Transportation, University of Oklahoma Press,Norrnan, 1985.
Sur les mines, et en particulier la région deZacatecas,lelivre de P.-J. BaxpwgL.r-,Mineria ,-
sociedaden el México colonial -Zacatecas (1546-1700),Mexico, FCE, 1976.
Sur le régimedeshaciendas,I'ouvrageancienmais toujoursactuelde F. C HEVALTER , La.fbrma-
tion des grands domaine,tau Mexique. Terre et sociétécoloniale aux xvt'-xvtr siècle.s,Paris,
Institut d'ethnologie, 1952. On le compléterapar les travaux plus récents de G. Vot'l
WoBESER,Laformation de la haciendaen la épocacolonial. El uso de la tieray al ugua,
Mexico, UNAM, 1983.
Plusieursauteursont travaillé sur le Porfiriat. Parmi eux, on peut retenir D. Coslo Vtlr-Ec,q.s,
Hisroria moderna de México. éd. Hermes. 1974 (tomes IV à X) et F.-X. GuEnnR. Le
Mexique de I'Ancien Régime à la Révolution, Paris, L'Harmattan/Publicationsde la
Sorbonne,1985.

Dossier

Les Barcelonnettes

L'histoiredes Barcelonnettes, au xtx" siècle,est presquedevenueun mythe.Les


fortunesfabuleuses gagnéesen quelquesannéesde travail,dansun paysquis'ouvrait au
mondeaprès le départdes Espagnols, par une poignéed'émigrants originaires
d'une
valléeperduedes Alpes,ont {rappél'imagination. En effet,la présencefrançaiseau
Mexiquene s'estpas traduitepar la seuleguerred'intervention de Napoléonlll. De tous
lespayseuropéens, la Franceest celuiquia le plusparticipé
au décollage économique de
l'anciennecolonieespagnole,profitantdes avantagesconcédésaux compagniesétran-
gèressous le régimede PorfirioDîaz el surtoutdes possibilités offertesdans un secleur
commercial et bancaireen pleineexpansion.
Les flux de migrantsn'ontjamaisété très importants (au maximumquelquesdizaines
par an),maisils ont été dominéspar une régionde départ,cellede la moyennevalléede

i
a
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Le poids des héritage.r

l'Ubaye.L'attrait du Mexiquereposait surdes mythesdéjàanciens: minesd'argent, vastes


territoires ouvertsà la colonisation, terresricheset facilesà mettreen valeur.A la veillede
la révolution qui allaitruinerbiendes rêves,AugusteGénindisait,dansson introduction à
ses Nofessur le Mexique(1908-1910) : "Aux capitalistes et aux industriels, il offredes
placements avantageux et sûrs,des usinesà monter,de grossesaffairesà entreprendre
ou à pour s uiv re (...).Au xc o m m e rç a n ts i l ,s e p r ésente en payspresqueneuf(...).A ux
ouvriersde touscorpsde métiers,il permeldes salairesrémunérateurs (...).Aux mineurs,
il offredes milliersde gîtesmétallifères (...).A tous,maisspécialement aux Français, il est
prêtà donnerunesecondepatrie,une patrievraimentmaternelle. "
Les habitantsde Barcelonnette, plus que d'autres,se sont laissésséduirepar ce
tableau,parcequ'ilsavaientdéjà I'habitude de quitterleursterres.La traditiondu colpor-
tage était bien établie,dans cetterégionpauvreet isoléedes Basses-Alpes. Au débutdu
xtx"siècle,on comptaitenlre17000 et 18 000 habitants dansla vallée.Chaquehiver,de
1 500 à 2 000 hommespartaient sur les routespourvendredes tissuset de la pacotille
danstoutela Franceet jusqu'enFlandres. Cetteouverture sur le monde,conjuguée à un
niveauculturelsupérieur à la moyennenationale, dansunezoneoù la premièrecharrette
ne fit son entréedansla villequ'en1839,a, sansaucunedoute,préparél'émigration vers
le Mexique.Ellea aussijoué un rôle dansle choixdes Barcelonnettes de se consacrer
d'abordau commerce, puisà I'industrie, au détriment de I'agriculture.
ll ne fautpourtantpas crolreque seulsles Barcelonnettes se sontrendusau Mexique.
Plusieurs tentatives de colonisations antérieures s'étaient soldéespar des échecs,comme
celledes500colonsentraînés parLaisnéde Villevêque surlesbordsduCoatzacoalcos, au
débutdu siècle.Attiréspar la promessede disposerde terresagricoles fertiles,ils durent
affronter un climatauquelrienne lesavaitpréparés. Unecentainede survivants se disper-
sèrentensuitesur le territoiremexicain,mais ils avaientouvertla voie d'uneinstallation
futuredes Françaisdans le Tabasco.D'autresaventuresconnurentun meilleursort: des
Français figuraientparmilesfondateurs de Tampico, et les paysansbourguignons installés
à Jicaltepec, prèsde Veracruz, réussirent à fonderunevéritable colonie. Aprèsla guerrede
1870,nombreuxsont les Alsaciens-Lorrains qui choisirentde s'expatrier au Mexique.
Cependant, leshabitants de Barcelonnette ontconservé leurprédominance. ll ne faitpasde
doutequelessuccèsrencontrés par lespremiers émigrants ont influéde manièredéfinitive
sur la vocationde ceuxqui les ont suivis.En 1845,le retourde E. Caireet de A. Jauffard,
qui rapportaient chacun250000 francs-or,a été suivi d'une vague de départs.Après le
coupd'Etatde Napoléon lll, le mouvement s'estaccéléré, car le département des Basses-
Alpess'étaitdéclaréhostileà l'empire - ce qui explique le soutienapportéà Juarezparde
nombreuxFrançaisinstallés au Mexique,à partirde.1862.En 1900,les immigrants origi-
. .0)
nairesde Ia valléede l'Ubayereprésentaient les4/5 des Français installés au Mexique. En
1910,ils étaient4 800 sur unecoloniede 6 000 résidents. Leurimplication dansle monde
..t o du commé-rce et de Ia financefaiTqu'ilsse sontsurtoutconcentrés dansles villes(lacapi-
:\o
.P
tale, Guadalajara et Puebla) et sur l'axe stratégique Mexico-Veracruz. À la fin du xtx"siècle,
.:. r
o ilspossédaient 35 fabriques (7 500ouvriers) à Puebla.14fabriques (7 0C0ouvriers) dansle
,o .5 Veracruz
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et 12 fabriques (3 200 ouvriers) dans Ie District Fédéral.
Leurplacedansl'économie mexicaine a été considérable. A le veillede la révolution, la
C)
Francereprésentait 60% clesrnvestissements étratlgers dansla barrque, 55 % dansl'indus-
trieet 65% dansle commerce. Fn 191'l, le BancoCentralMexicerno étaitfra,nçais à 60% et,
à la même époque, 70% des 20 millions de pesos qui constituaient le capital du Banco
,: , ô
::'
:J'
.$ Nacional de Méxicoappartenaient à des Frarrçais, le plussouventdesBarcelonnettes. Une
despremières activités exercées par les nouveaux arrivants fut le commerce de détail.Les
frèresArnaudfondèrentau débutdu sièclela premièreboutiquede nouveautés : Las Siefe
::o
'::z: Puertas("Les SeptPortes").En 1846,400 Barcelonnettes travaillaient dans46 établisse-
:E ments(dont20 à Mexico).En 1892,ils contrôlaient presqueentrèrement le commerce du
i.. 6l vêt em ent118 : bo u ti q u essu r.l 5 0q u i a p p a rl e n a ientà des Françai s. E n 19i 0, ces chi ffres
::i,::
-r--
5
t:
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58 Lt il4triclttc ct les lltc-rii:uitt.s :


.:
:l
:
étalentpassésà '150 sur200.Profiiant de I'expansion économique du Mexique et de la ffan- l
cophiliede la bourgeoisiemexjcaine,iis ouvrirentde grands magasinsà la mode
parisienne: :i
le Palaisde Fer,le Portde Veracruz, le Poftde Liverpocl... ::
Une deuxièmeétapeles conduisit à s'intéresser aux immensespossibiiités du secteur
i n d u s trremel x i carn, favori sé,dans l es centresurbai ns.par l a croi ssance du ma r che
c o n s o mma i e uCr '.estdans l e texti l equ' i l sfi rentl eurspremi ères armes.La création, en
1 8 8 9d , e l a C o mpagnilendustri eld' l eOri zaba, dontl a seul eusi nede R i oB l ancoemp loyait
plus de 3 000 ouvriers,représenta un changement Tondamental dans les techniques de
production. Il s'agissait en effetci'uneTilature moderne,mécanisée, hautementrentable.
Maiscetterentabilité s'accompagnait de salairesbas, d'horairesexcessifs(journées de
tra v a idl e 1 4 h e u res) de fer.E n 1906-1907,
et d' unedi sci pl i ne l esgr' èves
de R i o B l an cose
soldèrentpar I'intervention de l'arméeet Ie massacrede plusieursdizainesd'ouvriers.
EIIesresTèrent longtemps présentes dansla mémoirecollective du peuplemexicain.
Le textrlerestale pointfort des Barcelonnettes. mais ceux-ciétaientprésentsaussi
i
dansde nombreuses branchesde l'industrie. En 1875,ErnestPugibetfcndait'lafabrique .l
de cigareites El buentono,unedes plusmodernes du monde.En 1900,la seuleusinede
Mexicoemployait 2 000personnes. La Fundidora de Monterrey. au départ,étaitcomposée
auxdeuxtiersde capitauxfrançais.La minede cuivredu Boléo,en Basse-Californie, était l
exploitéepar des Français.Dans le secteuralimentaire, deux grandescompagnies se
détachaientdes aulres: ClémentJacques (conserves)et la brasserieMoctezuma,
installée à Orizaba.Dansl'ensemble, les Barcelonnettes ont travaillé danslessecteursde
base du secteurmanufacturier mexicain(alimentaire et textile).lls ont introduitde
nouvelles lechniques de production et participé à la créationd'uneindustrie moderne.
L'originalité de leurprésenceau Mexiquevientde ce qu'ilsont su resterune commu-
nautéet conserver leurslraditions. Lesliensn'ontjamaisété rompusentrelesémigrants et
leurvilled'origine. Le but du départétaitde revenirà Barcelonnette, unefoisfortunefaite.
SelonJeanMeyer,entre1890et 1900,on évalueà plusd'un millionde francsle capital
rapatrié annuellement parles Barcelonnettes retournant au pays.La richesse desexilésse
traduisait par la construction de villasdontle luxesembleencoredéplacédansunerégion
pauvre.Le cimetièreest parseméde monumentssomptueuxconstruitspar ceux qui
voulaienty trouverleur dernièredemeure.Le senTiment d'appartenance à une commu-
nautéa permisla créationde plusieurs institutions qui exisienttoujours, commela Société
de Bienfaisance, crééeen 1842,ou le ClubFrance,qui étendses jardinset ses installa-
tionssportives au bordde I'avenueInsurgentes. Maisdansle mêmetemps,I'intégration à
la sociétémexicaine s'estfaiterapidement et les immigrants ont participé à la vie poliiique
de leur nouveaupays.Limantour, ministredes Financesde PorfirioDb4 éTaiId'origine
française. Les vastesdemeuresconstruiies à Barcelonnette servirent surtoutde maisons
de vacances. Le retourau paysne voulaitplusriendirepourlesjeunesgénérations nées
au Mexique.
Aprèsla guerrede 1914,à laquelleles Barcelonnettes padicipèrent activement (30%
de la communauté a combattudanslestranchées), le fluxmigratoire s'esttari,amorçantle
déclindes grandesfamillesvenuesdes Basses-Alpes. A I'heureactuelle,les Barcelon-
nettesconserventle souvenirde leursorigines,mais ils sont Mexicainsavanttout et
beaucoupd'entreeux ne parlentplusfrançais.Leurrôledans l'économie nationale s'est
estompé,maisles grandsmagasinsqu'ilsont fondéssontioujoursprospères, mêmes'ils
ne leurappartiennent plus.Dansles grandesvilles,ils ont laissédes vestigesarchitectu-
rauxde leurpuissance économique: à Puebla,le bâtiment du magasinfondépar|esfrères
Lions,La Ciudadde México,dontlespiliersde fer étaientimpodésde France.estactuelle- -i!
menten coursde restauration : ce symboleabandonné de la réussitecommerciale des ,;.
lj:

Barcelonnettes est devenuun monument historique (photo6).


..:
+
:!

a:

".. :..-'''.-'..* T:i,r


59

Photo6, -- {,e.nttt.gttsi.rt Litttts it Pueblu'


tles.li'èr'c,s
I-es}Jarcclonitcttesont luit lortuncdansle cornrlcrce.Leursgrutnds niagasins"iL la tl-ancaise"
urbaitrdesgranrlesviilestnexicatnes.
lirnt particriu pe-vsuge

Bibliographie

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i l ( ) . j i t . i ( , , 1 _ 1n.. l.l_ i{ ,
P n t r r t . { N { . ) c t N,i\RT IN ( ,lHAItPEtr ' tr(!- P.) . L ' r :r n p ir c dt,.tB Ltttel ttrtrtettt.\au Itt'.ti ti i i a, N {l rse;l l c.
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