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Mathieu Négri
Université Paris Dauphine – Master 1ère année Finance
Introduction
financiers est la norme qui a subi, de loin, le plus grand nombre de modifications depuis 1989,
Avant cette date, les instruments financiers étaient évalués via la méthode du coût
historique qui s’appuyait sur le coût d’acquisition tant que l’actif n’était pas vendu. Mais cette
méthode a été jugée peu pertinente avec l’évolution des marchés financiers : les entreprises
plus en plus intense. Les investisseurs et créanciers exigeaient une information plus utile pour
leurs décisions car le reporting en coût historique ne reflétait pas à temps les réelles situations
financières d’institutions utilisant ces instruments dérivés complexes qui disposaient d’un
large pouvoir discrétionnaire pour influer sur les résultats via les provisions pour risques
notamment.
fois.
Ces normes relatives aux IF ont été très critiquées depuis leur mise en place, jusqu'à
l’apogée, ces dernières années, où elles ont été accusées d’avoir amplifié la crise, voire d’en
être responsable. Les plus hautes instances politiques se sont même penchées sur le problème
obligeant l’IASB à réagir avec une nouvelle norme globale en cours de création : IFRS 9
"Instruments financiers".
Champ d’application et définition : la norme IAS 39 doit être appliquée à tous les
instruments financiers(IF) qui ne sont pas clairement traités par une autre norme, telle
que les « avantages aux personnels » traités par IAS 19 par exemple.
Selon l’IAS 32, un IF est défini comme tout contrat qui donne lieu à un actif financier
pour une entité et à un passif financier ou à un instrument de capitaux propres pour une autre
entité. Cela inclut donc les prêts, créances, dettes, trésorerie, obligations, actions… mais
aussi tous les instruments dérivés tels que les options, les swaps, les titres issus d’opération de
titrisation…
Classification et évaluation : Pour tous ces instruments financiers, la norme donne une
- Held For Trading : Actifs et passifs financiers évalués à la juste valeur constatée en
résultat (Instruments dérivés, VMP…) => Evalués à la juste valeur via P&L
- HTM: Tout instrument dérivé à échéance fixe que l’entreprise a l’intention expresse et
- Les prêts et créances : actif ou passif financier, à paiement fixe ou déterminable, non
- Les autres passifs financiers : créés par la doctrine pour les inclassables (emprunts
Juste valeur (fair value) : « Montant pour lequel un actif pourrait être échangé ou un passif
éteint entre des parties bien informées et consentantes dans le cadre d’une transaction
Coût amorti : Montant auquel un actif a été évalué lors de l’entrée dans le patrimoine,
proposer un système clair qui permet de mieux refléter la réalité économique des
organisations en indexant certaines données des reporting sur des valeurs de marché, censées
être la moins mauvaise des évaluations. Mais, tout n’est pas aussi parfait…
révision
L’IAS 39, on l’a vu, oblige les organisations à comptabiliser certains actifs à la juste
valeur, c’est-à-dire une valeur de marché. En période de croissance, la norme est bénéfique
car elle permet d’enregistrer des plus-values virtuelles, non encore réalisées par la vente de
ces actifs. Cependant, en cas de crise financière internationale, les organisations qui possèdent
majoritairement des actifs financiers (les banques) sont contraintes d’enregistrer la juste
valeur de ces actifs – qui était fortement dévaluée- et donc en contrepartie enregistrer une
perte ou bien diminuer les capitaux propres. Dans tous les cas, les informations financières
publiées sont fortement impactées négativement par cette comptabilisation. Cette action va
déprécier la valeur boursière, et donc par le même mécanisme déprécier la valeur des capitaux
propres des organisations possédant ces titres… entraînant des réactions en chaîne.
De plus, les dépréciations de capitaux propres des banques les obligent parfois à se
recapitaliser pour éviter la faillite. En effet, les banques doivent respecter des seuils
conditionnés par des ratios fonctions des capitaux propres (Bâle I et II) tels que l'endettement
Afin de limiter cet effet procyclique dévastateur dans une situation exceptionnelle de
marché inactif, l’IASB a publié en octobre 2008 un amendement « d’urgence » qui permet le
valeur. Cette option a été largement utilisée, des centaines de milliards d’euros d’actifs
Complexité de la norme
évalué en étant décomposé (contrat hôte + dérivé) ou non, et cela avec des méthodes
capitaux propres non coté, doit être évalué au coût amorti si la valeur ne peut pas être évaluée
de manière fiable… Pour ce qui est des opérations de couverture, il faut utiliser la juste valeur
approches de dépréciation différentes pour les actifs disponibles à la vente et les actifs évalués
au coût amorti. Cela s’étale sur plus de 300 pages rien que pour IAS 39 !
De nombreuses parties prenantes, dont le G20 qui formule en novembre 2008 plusieurs
recommandations allant dans ce sens, ont indiqué que la comptabilisation des instruments
Le Board à réagi aux problèmes rencontrés lors de la crise, et aux demandes des
commentaires, lors du premier semestre 2009, l’IASB a mis en place une réforme des normes
relatives aux instruments financiers. L’IASB collabore avec le FASB pour mettre en place des
normes proches.
l’évaluation
L’ED/2007/7 n’est que la première phase d’un projet de révision globale concernant
Ce projet tel qu’il est prévu entraînerait un changement radical de la norme IAS 39
actuelle.
Parmi les changements les plus importants on peut citer la suppression des cinq
groupes d’instruments financiers. Il n’y a dès lors que deux groupes, évalués soit à la juste
valeur, soit au coût amorti. La catégorie d’instruments financiers évalués au coût amorti doit
satisfaire deux critères. Ils doivent d’une part présenter les caractéristiques de base d’un prêt
et d’autre part ces instruments doivent être gérés sur la base d’un rendement contractuel. Les
instruments qui ne satisfont pas ces deux conditions sont évalués à la juste valeur.
Le Board définit les caractéristiques de base d’un prêt comme les « termes
contractuels qui génèrent à des dates définies à l’avance des flux de trésorerie qui sont
constitués du paiement du principal et des intérêts sur le principal échu ». Les intérêts
rémunèrent non seulement la valeur temps de l’argent mais également le risque de crédit
Parmi les caractéristiques de base d’un prêt on peut citer par exemple:
rendement qui varie sur la base d’un seul taux de référence qui peut être ajusté d’une
marge fixe
- le contrat ne dépend pas d’évènements futurs. Le paiement anticipé n’est possible que
Notons que lorsque plusieurs tranches de dettes existent, qui sont différenciées entre elles par
leur ordre de privilège et de risque de crédit, seule la tranche la plus privilégiée présente les
caractéristiques de base d’un prêt telles qu’elles sont définies dans l’exposé sondage, c’est
donc la seule qui peut être évaluée au coût amorti, toutes les autres étant évaluées à la juste
valeur.
d’un rendement contractuel. Ce critère est satisfait si les instruments financiers « sont gérés
et leurs performances évaluées par les principaux dirigeants de l’entité, sur la base des flux de
trésorerie contractuels générés lorsqu’ils sont détenus ou émis ». Il ne s’agit cependant pas
Notons que la classification dans l’une ou l’autre des catégories serait effectuée lors de
la comptabilisation initiale et point non négligeable : les reclassements ne sont pas autorisés.
Même si un actif, passif ou instrument financier satisfait les deux conditions pour être
évalué en coût amorti, il peut être évalué à la juste valeur via P&L à la condition que cette
o Dérivés incorporés
ensemble.Selon que l’ensemble du contrat satisfait ou non les conditions pour être évalué au
ainsi que les dérivés sur ces instruments soient mesurés à la juste valeur, y compris en
est faite au coût. Des tests d’impairment sont imposés et les pertes sont comptabilisées
Lorsque des instruments de capitaux sont achetés à des fins stratégiques, l’évaluation
celles-ci le Board a proposé que seuls les actifs financiers qui satisfont les deux conditions et
qui correspondent à la définition de « prêts et créances », soient évalués au coût amorti. Les
autres actifs, même s’ils satisfont les deux conditions seraient évalués à la juste valeur.
Cependant à chaque période, les variations de la juste valeur seraient ventilées comme suit :
-via résultat (P&L) pour les variations de valeur déterminées sur la base du coût amorti
-via les autres éléments du résultat global (OCI) pour la différence entre la juste valeur et le
coût amorti.
-les variations de la juste valeur seraient comptabilisées en résultat global (P&L) pour les
-tous les actifs et passifs seraient évalués à la juste valeur. Aucun instrument financier ne
La date d’entrée en vigueur précise n’a pas encore été fixée, cependant les
changements prévus par l’exposé sondage ne seront probablement pas applicables avant le 1er
janvier 2012. Il est cependant possible sous certaines conditions d’appliquer de manière
pouvant être mesurés au coût amorti est trop restreinte. Les deux critères à remplir pour
l’évaluation au coût amorti ne sont pas considérés comme définis avec suffisamment de
qu’une importance plus grande devrait être accordée au business model en tant que critère de
business model, les caractéristiques de celui-ci ne devraient être que secondaires. De plus la
démarcation entre les instruments évalués au coût amorti et à la juste valeur semble
Conclusion
instruments financiers, avec seulement deux catégories possibles : les instruments évalués à la
juste valeur et ceux évalués au coût amorti. Cette dernière est de plus jugée comme trop
Cependant elle a pour conséquence une application étendue de la juste valeur. Lorsque le
G20 et l’ECOFIN réclamaient une réforme de l’IAS 39, il ne s’agissait pas d’une simple
simplification de la norme, mais l’élaboration d’une norme qui favorise la stabilité financière
business model de l’entreprise. L’information financière devrait chercher à donner une image
fidèle de la réalité économique de l’entreprise. Dès lors la classification devrait être fondée
Les critiques concernant le projet de réforme ont été prises en compte dans la première
l’IAS 39, publiée le 12 novembre 2009. Notons que les dispositions de la version définitive ne
concernent que les actifs et plus les passifs , qui étaient initialement inclus.
des actifs financiers est effectué en fonction des « objectifs définis lors de l’élaboration du
business model pour la gestion des actifs financiers et des caractéristiques contractuelles des
flux de trésorerie». Ce n’est que si un actif financier peut être évalué au coût amorti, sur la
base du business model, qu’on vérifie que les flux de trésorerie générés par l’actif répondent