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L‘enseignement scolaire

de la philosophie en France
MARK SHERRINGHAM, inspecteur général de l’Éducation nationale

Héritier d’une tradition prestigieuse remontant aux collèges jésuites du 18e siècle,
l’enseignement scolaire de la philosophie en France présente un certain nombre de
traits distinctifs : une vocation généraliste qui vise la formation du “citoyen éclairé”,
un enseignement élémentaire évitant le double écueil de l’encyclopédisme et de
l’érudition spécialisée, une pédagogie de la liberté qui soutient l’expression organisée
de la réflexion et du jugement. Mais ce modèle de l’enseignement philosophique,
s’il peut rester une source d’inspiration pour nos partenaires européens, doit aussi
assumer dans la sérénité quelques évolutions indispensables.

enseignement de la philosophie (1 h + 1 h) et est sanctionnée par une

L’ dans notre pays n’est pas limité


à l’université. La philosophie est
depuis le Premier Empire (s’inspirant
épreuve au baccalauréat. Mais la phi-
losophie est également présente en tant
que telle dans les classes préparatoi-
de la tradition des collèges des jésui- res aux écoles normales supérieures,
tes), et à l’exception d’une éclipse de sous la forme d’une épreuve de “cult-
1852 à 1863, une matière obligatoire ure générale” dans les concours d’en-
dans l’enseignement secondaire, circon- trée aux écoles commerciales ainsi que
scrite à la dernière année du lycée. dans le cadre d’une épreuve de “fran-
çais/philosophie” pour les concours des
Elle est présente aujourd’hui en écoles d’ingénieurs. Il faut également
terminale dans la voie générale (8 h en mentionner la présence déjà réelle mais
série L, 4 h en série ES, et 2 h + 1 h en très inégale d’un enseignement de
série S) et dans la voie technologique philosophie dans un certain nombre de

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secteurs de l’enseignement supérieur L’enseignement de la philosophie n’a
(droit, médecine, sciences, instituts d’é- pas sa fin en lui-même. Il ne s’agit pas
tudes politiques, écoles d’ingénieurs, seulement ni d’abord de donner aux
écoles commerciales…), présence élèves la maîtrise d’un domaine disci-
régie, bien entendu, par le principe de plinaire particulier en vue d’une éven-
l’autonomie des universités et par les tuelle spécialisation dans l’enseigne-
projets d’établissement. Enfin la philo- ment supérieur. Au travers de la maîtrise
sophie générale et la philosophie de l’é- de la philosophie, ce qui est visé c’est
ducation furent également enseignées la liberté de penser, liberté constitutive
comme matières obligatoires associées de la formation de l’homme et du citoyen,
à la psychologie de l’enfant et à la péda- et contribuant à fonder l’idéal français
gogie générale dans les Écoles norma- de la République, même si c’est à Victor
les d’instituteurs jusqu’à leur disparition Cousin, sous “la Restauration” que
en 1991. Elle a conservé une place revient le mérite d’avoir fixé cet ensei-
aujourd’hui dans les IUFM, place qui gnement dans ses traits essentiels. On
varie selon les établissements, et il est retrouve là l’inspiration de Montesquieu
légitime d’espérer que le futur cahier pour lequel le régime républicain sup-
des charges national de la formation des pose la vertu des citoyens, vertu qui se
maîtres l’inscrira comme un élément fon- décline d’abord comme la capacité
dateur de l’identité professionnelle de d’exercer librement son jugement. On
tous les enseignants. comprend bien qu’en ce sens, l’ensei-
gnement scolaire de la philosophie est
Une vocation généraliste ordonné à une fin qui lui est à la fois
C’est dire qu’en France, l’enseignement supérieure et complètement intérieure.
de la philosophie n’est pas réservé aux La République dépasse l’enseignement
étudiants qui souhaitent se spécialiser de la philosophie, mais son contenu et
à l’université dans cette discipline ou ses conditions de possibilité demeurent
envisagent d’en faire leur activité pro- en même temps pleinement philoso-
fessionnelle future. Dans la tradition fran- phiques. Le premier trait du modèle fran-
çaise l’enseignement de la philosophie çais est donc de reposer sur l’union
présente donc une vocation généraliste : intime d’un enseignement scolaire et
il a pour fin de s’adresser à tous les d’un régime politique qui suppose des
élèves en terminale, et il déborde le citoyens “éclairés” et des hommes libres.
cadre strictement universitaire au niveau
de l’enseignement supérieur. Dans notre Le refus de l’encyclopédisme
tradition, l’enseignement de la philoso- et de l’érudition
phie se voit ainsi reconnaître une valeur Parce qu’il est situé au lycée et qu’il vise
éducative éminente, dont il importe main- la formation du citoyen “éclairé”, l’en-
tenant de relever les principaux traits seignement de la philosophie cherchera
distinctifs. à éviter le double écueil de l’encyclo-
pédisme et de l’érudition spécialisée. Ce
La formation du citoyen qu’indique clairement la conception
C’est, en premier lieu, un enseignement habituelle du programme scolaire de cet
qui vise son propre dépassement. enseignement qui se déploie autour de

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deux axes principaux : les notions et les noter que dix-neuf sont français ou de
auteurs. Les notions ne renvoient volon- langue française, dix sont anglais ou ont
tairement à aucun découpage de type composé la majeure partie de leur œuvre
universitaire. Elles recouvrent actuelle- en langue anglaise, neuf sont de langue
ment cinq champs pour la voie géné- allemande et quatre appartiennent à
rale : le sujet, la culture, la raison et le d’autres nations européennes.
réel, la politique, et la morale. Pour la
voie technologique, le programme pré- Un enseignement élémentaire
voit trois champs : la culture, la vérité et Cet enseignement se proclame encore
la liberté. Chaque champ renvoie, à son volontiers “élémentaire”, c’est-à-dire
tour, à une liste de notions, comme, par qu’il a l’ambition de poser les premiers
exemple, la perception, le désir, le lan- éléments de la culture et du raisonne-
gage, la religion, la démonstration, la ment en philosophie. Le professeur de
vérité, l’État, ou le devoir. À ces champs philosophie en terminale se conçoit
et aux notions qui les précisent, le nou- naturellement comme “l’instituteur” de
veau programme de 2003 a joint une liste ses élèves par rapport à la philosophie,
de “repères” qui présentent un carac- c’est-à-dire celui qui installe l’élève et
tère opératoire et, à des degrés varia- l’établit dans le champ philosophique.
bles, transversal, et qui peuvent être Ceci explique en particulier le refus de
mobilisés en relation avec l’examen des toute érudition spécialisée de type uni-
notions et des œuvres : absolu/relatif, versitaire, et la résistance à l’implanta-
abstrait/concret, cause/fin, idéal/réel, tion d’une perspective historique dans
légal/légitime, transcendant/immanent, cet enseignement. Les repères histo-
etc. riques sont bien évidemment présents,
mais le cours de philosophie ne se
À côté des notions et des repères, on décline jamais comme un exposé chro-
trouve une liste d’auteurs, dans la nologique de doctrines mortes ou
mesure où “l’étude d’œuvres des auteurs (dé)passées. Car cet enseignement vise
majeurs est un élément constitutif de à développer d’abord la capacité de
toute culture philosophique”. En vue du “réflexion personnelle” de l’élève, et il
baccalauréat, les œuvres seront obli- suppose le déploiement de cette même
gatoirement choisies parmi celles des capacité chez le maître qui en donne
auteurs figurant dans cette liste, com- l’exemple à travers la construction de
mune à toutes les voies et à toutes les son cours et la pratique de la leçon de
séries, et qui fait apparaître assez clas- philosophie.
siquement trois périodes : l’Antiquité et
le Moyen Âge (avec quinze auteurs de Le professeur de philosophie n’est pas
Platon à Guillaume d’Ockham), la période en situation d’extériorité érudite ou his-
moderne (avec dix-huit auteurs de torique par rapport aux problèmes qu’il
Machiavel à Kant), la période contem- traite. Il lui est demandé de s’approprier
poraine (avec vingt-quatre auteurs de personnellement le contenu de son
Hegel à Foucault). Sur les quarante deux enseignement et de manifester de façon
philosophes des périodes moderne et exemplaire cette réflexion personnelle,
contemporaine, il est intéressant de cette personnalisation de la pensée, qui

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est aussi exigée de ses élèves. Mais notions du programme. Pour le bacca-
l’appropriation personnelle dont le maître lauréat, le professeur peut choisir libre-
donne l’exemple à travers la leçon de ment les œuvres, mais à l’intérieur d’une
philosophie n’a rien à voir avec la bour- liste d’auteurs qui est limitative. Le pro-
souflure de la subjectivité individuelle fesseur ne se voit imposer aucune doc-
du professeur qui se donnerait en pâture trine ni aucune manière de traiter les ques-
ou en spectacle à ses élèves. Ce n’est tions abordées, mais il doit éviter l’exposé
pas l’énoncé d’une opinion personnelle historique des doctrines ou la simple pré-
qui s’exprimerait à la première personne. sentation des idées des philosophes. Le
Ce n’est pas non plus l’exposé, même professeur n’est assujetti à aucune péda-
brillant, des systèmes philosophiques. gogie officielle, mais il doit mettre en œuvre
Au contraire, c’est à travers la recherche la leçon de philosophie avec ses traits
obstinée de l’universel, l’intégration de caractéristiques qui ont été soulignés pré-
la position des problèmes par les grands cédemment.
auteurs de la tradition philosophique et
le refus des opinions individuelles que En fait la pédagogie de cet enseigne-
se construit progressivement le cours ment se veut une pédagogie de la liberté
de philosophie. qui repose sur deux piliers : la leçon pour
le professeur, et la dissertation pour
L’enseignement de la philosophie en ter- l’élève. Dans les deux cas, ce qui est
minale repose sur l’intériorisation uni- visé c’est la maîtrise de l’expression
versalisante de son contenu par le pro- organisée de la réflexion personnelle.
fesseur qui est ainsi appelé à devenir Mais à travers la leçon et la disserta-
véritablement un “maître”. Naturellement tion, il n’est pas essentiellement ques-
cette haute ambition n’est pas toujours tion de la pratique argumentative. La
atteinte par le professeur ni perçue par finalité n’est pas, malgré les apparen-
les élèves, mais elle demeure l’idéal fon- ces, la maîtrise d’une capacité à argu-
dateur du cours de philosophie. Même menter, c’est-à-dire à présenter des rai-
si tout professeur de philosophie ne par- sonnements convaincants sur n’importe
vient pas toujours à devenir pleinement quel sujet. En philosophie, le raisonne-
“l’auteur de son propre cours”, il lui ment n’est pas en droit séparable de son
revient au moins la responsabilité de pro- objet, il n’y a pas de forme vide de
poser à ses élèves une progression et l’argumentation qu’on pourrait plaquer
une problématisation des notions du pro- de l’extérieur sur la question abordée,
gramme qu’il ne peut pas simplement sinon l’enseignement de la philosophie
reproduire à partir d’un quelconque se dissoudrait dans son double rhéto-
manuel. rique et sombrerait dans son contraire
sophistique.
Une pédagogie de la liberté
L’enseignement scolaire de la philosophie En ce sens, l’idéal français du cours de
en France se présente ainsi comme un philosophie est plus proche qu’il n’y
mélange assez unique de liberté et de paraît de la perspective de la philoso-
contrainte. Le professeur est libre de cons- phie analytique, dans la mesure où il s’a-
truire son cours, mais il doit traiter les git d’abord de construire un problème

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en l’extrayant de la langue et de la pen- de la déconstruction prétendument
sée communes et de parvenir à travers novatrice, il est aujourd’hui possible
l’analyse attentive de ses composantes d’ouvrir un certain nombre de chantiers.
à la formalisation des réponses appro-
priées. Des évolutions nécessaires
Tout en maintenant les deux piliers de
Du modèle à la réalité la pédagogie de la philosophie en
L’enseignement de la philosophie en terminale que sont la leçon et la
France a donc tous les traits d’un véri- dissertation, il peut être utile d’appro-
table modèle : la cohérence interne, le fondir la réflexion sur la diversité des
caractère systématique, la dépendance situations pédagogiques que l’on peut
réciproque de ses éléments constitutifs, proposer aux élèves, non seulement
l’équilibre de ses composantes internes dans la voie technologique comme y
et externes. Cet enseignement suppose invite déjà explicitement leur pro-
enfin l’existence d’un corps de profes- gramme, mais aussi dans la voie géné-
seurs hautement qualifiés, ce que garan- rale. Ce souci de didactique n’a rien de
tit le recrutement par des concours très révolutionnaire : il était déjà présent
exigeants : le CAPES et l’agrégation de dans la circulaire d’Anatole de Monzie
philosophie. de 1925. Sans tomber dans les travers
du “pédagogisme”, mais aussi sans
Telles sont les caractéristiques princi- craindre la véritable réflexion didac-
pales du modèle, mais qu’en est-il de la tique, les professeurs de philosophie,
réalité ? épaulés par les corps d’inspection,
doivent poursuivre le travail sur cette
On constate aujourd’hui une grande question de la plus grande variété des
adhésion des professeurs au nouveau situations à offrir à leurs élèves dans la
programme de philosophie, ainsi qu’un classe de philosophie.
grand sérieux dans son application
rigoureuse et complète. On constate À cet égard, la réflexion engagée par
aussi la volonté des professeurs d’aider l’inspection générale sur “l’évaluation
de façon systématique leurs élèves à des acquis des élèves” peut servir de fil
maîtriser la pratique de la dissertation conducteur. Il ne s’agit pas de “baisser
et de l’explication de textes. On constate les bras” ou de s’adapter par le bas au
encore un assez large soutien des élèves défi de la “massification”, mais bien
à la classe de philosophie, y compris d’imaginer toutes les activités, modali-
dans la voie technologique, même si sub- tés de travail et tous les exercices qui
siste la crainte, de moins en moins peuvent être proposés aux élèves tout
justifiée, de l’arbitraire de la notation au en respectant et en consolidant effec-
baccalauréat. Tous ces éléments positifs tivement les hautes ambitions culturel-
doivent permettre d’engager dans la les et intellectuelles de cet enseigne-
sérénité une réflexion sur les évolutions ment. C’est dans la classe de philosophie
indispensables. Fort de la solidité de cet que pourrait ainsi se surmonter de façon
enseignement, qui a su jusqu’à présent exemplaire le conflit récurrent entre les
se préserver de la démagogie facile ou tenants du savoir et ceux de la pédago-

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gie, conflit qui continue malheureuse- l’horaire entre les filières de la voie
ment de peser sur l’évolution indispen- générale, au profit de la série scienti-
sable de l’enseignement au lycée. fique qui est devenue aujourd’hui, qu’on
le veuille ou non, la seule véritable filière
Le deuxième chantier qu’il devient d’excellence ?
souhaitable d’ouvrir est celui de la pos-
sibilité d’étendre l’enseignement de la Le quatrième chantier consiste à réflé-
philosophie au lycée en dehors du cadre chir sur la nature de la contribution de
de la classe de terminale. L’exemple la philosophie à l’enseignement du “fait
d’autres pays européens comme religieux”. Le rapport annexé de la loi
l’Allemagne (dans plusieurs de ses d’orientation et de programme pour
Länder), l’Italie, l’Espagne ou le Portugal l’avenir de l’École demande en effet que
peuvent nous y encourager. Le rapport cet enseignement soit organisé de façon
annexé à la loi d’orientation et de pro- interdisciplinaire dans ses contenus et
gramme pour l’avenir de l’École d’avril dans ses outils pédagogiques, et qu’il
2005 a, pour sa part, clairement envi- fasse l’objet d’un effort soutenu de for-
sagé la possibilité d’un enseignement mation initiale et continue pour les pro-
de préparation à la philosophie en classe fesseurs de lycée. Il serait paradoxal,
de première L. La réflexion sur les moda- dans ces conditions, que le professeur
lités de cet enseignement en classe de de philosophie au lycée soit le seul à
première est aujourd’hui nécessaire, demeurer dans l’incapacité d’intervenir
non seulement pour enrayer le déclin sur un sujet aussi important pour l’ave-
de la série littéraire dans notre pays, nir de la société française et de la laïcité
mais aussi pour aborder la question des républicaine.
conditions d’une progressivité philoso-
phiquement pertinente de l’enseigne- On le voit, assuré de ses finalités, fier
ment de la philosophie au lycée. Et il est de ses traits spécifiques, fidèle à sa
important d’ajouter que cette question longue tradition, le modèle français de
de la philosophie en classe de première l’enseignement de la philosophie peut
ne saurait se cantonner a priori à la seule envisager l’avenir avec sérénité, pour
série littéraire. peu qu’il accepte de s’engager dans
la voie d’une évolution maîtrisée, et
Le troisième chantier consiste à s’in- fondée, on ose à peine l’écrire tant
terroger sur l’équilibre, il faudrait plu- cette belle expression a été galvau-
tôt parler aujourd’hui du déséquilibre, dée, sur un véritable “diagnostic
qui existe dans l’enseignement de la partagé”.
philosophie entre les trois séries de la
voie générale. Est-il vraiment clairvoyant Une source d’inspiration
de vouloir défendre absolument un Mais ce modèle de l’enseignement
horaire de 8 heures par semaine pour français de la philosophie est-il unique
la série littéraire qui ne concerne plus en son genre, et mérite-t-il d’être imité,
que 12 % des élèves, pas forcément les c’est-à-dire, doit-il inspirer d’autres pays
meilleurs, ou ne vaudrait-il pas la peine en quête d’amélioration de leur système
d’envisager un rééquilibrage global de éducatif ?

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Si l’on excepte le Royaume-Uni et les D’autres caractéristiques sont en revan-
Etats-Unis, où il n’existe pas d’ensei- che plus essentielles comme le carac-
gnement de la philosophie proprement tère ouvert de son programme qui défi-
dite au niveau du second degré, la nit un cadre de référence plus que des
plupart des autres pays européens contenus explicites et qui n’impose
disposent d’un tel enseignement au aucune progression ou organisation du
lycée. Il est, soit obligatoire (Italie, cours ; sa méthode où la liberté laissée
Espagne, Portugal), soit optionnel au professeur suppose la maîtrise de
(Allemagne, Suisse, Suède) ; il est cet enseignement, où la position des
réservé à la dernière classe du second problèmes remplace le simple énoncé
degré ou il est étendu aux trois derniè- des doctrines ; ses outils privilégiés que
res années de notre lycée, il est orga- sont la leçon pour le professeur et la dis-
nisé selon une perspective historique sertation pour l’élève ; la finalité de la
ou il aborde les grandes questions phi- réflexion personnelle aussi bien pour le
losophiques dans un arrangement sys- professeur que pour l’élève ; l’absence
tématique (anthropologie, éthique, épis- de perspective historique ou encyclo-
témologie, etc). On le voit, notre modèle pédique ; enfin son lien intime avec une
français de philosophie au lycée n’est finalité politique, l’idéal républicain et la
sans doute pas aussi unique que cer- formation du citoyen éclairé. Aucun de
tains aiment à le penser. Cependant il ces traits n’est sans doute directement
possède bien des traits spécifiques, dont transposable hors de nos frontières, mais
certains sont sans doute accessoires ils peuvent tous nourrir la réflexion de
comme sa concentration sur la seule nos partenaires européens et de tous
classe de terminale et son évaluation à les pays qui souhaitent établir ou éten-
travers une épreuve dans un examen dre un enseignement philosophique dans
national (le baccalauréat). le second degré.

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