Côte d’Azur nice-matin

Vendredi 8 janvier 2016

Beausoleil : après
le vandalisme, la colère
Une centaine de riverains se sont rassemblés, hier soir aux Moneghetti, pour dire leur exaspération
après le saccage d’une cinquantaine de véhicules du quartier en une quinzaine de jours

I
ls arrivent par petits groupes.
Puis la foule grossit. Au final, ils
sont une centaine. Tous sont des
riverains du quartier des Mo-
neghetti, à Beausoleil. Hier soir, ils
sont venus dire leur colère après
le saccage d’une cinquantaine de
voitures du quartier en une quin-
zaine de jours, dont une bonne ving-
taine dans la seule nuit de mercredi
à jeudi. Un rassemblement spon-
tané, organisé sur le parking de la ré-
sidence qui porte le même nom que
le quartier, particulièrement tou-
chée par les dégradations.
Tout se passe au pied des immeu-
bles d’une poignée d’étages, sous le
halo des réverbères et le vent frais.
En fil rouge de cette réunion : se
rassembler, parler, évoquer les
craintes et faire retomber la pres-
sion dans un quartier qui parle
beaucoup de cette vague de vanda-
lisme.
« Pas la peine
de faire des milices »
« Si on arrive à prendre quelqu’un,
surtout il ne faut pas le frapper », dé-
marre Jacky Maiffret, un représen-
tant du syndic de la copropriété,
face aux riverains exaspérés mais
pas agressifs. Quelques rires et mur-
Foule compacte, hier sur le parking de la résidence Les Moneghetti, particulièrement touchée
par la vague de dégradations.
mures parcourent la foule.
« Vous êtes trop doux, lance un
homme. Ce n’est pas votre voiture qui
a été cassée. »
« Ce n’est pas la peine de faire notre
police nous-mêmes, calme Jacky
Maiffret. Ils sont là. »
« Qui? », demande quelqu’un dans
la foule.
(Photo N.H.-F.)
« La police », répond une voix sur le pose que c’était un pied-de-biche ».
ton de l’évidence. Pendant la réunion, il est aussi beau-
Le rassemblement est aussi l’occa- coup question des forces de l’ordre.
sion de livrer des témoignages. Jacky Maiffret et un autre orateur, le
Comme celui d’un homme : « Hier syndic de la résidence Hervé Via-
soir, ils cassaient des voitures devant longa, venu avec d’épais dossiers
chez moi. Il était 4h10 exactement, sous le bras, rassurent sur les effec-
je peux vous le dire. » L’individu tifs, l’enquête, conseillent de compo-
aperçu aurait tenu « un outil, je sup- ser le 17.
« Ils ont envoyé le paquet, poursuit
Jacky Maiffret. Croyez-moi, ça
bouge. » La foule, elle, s’interroge
sur les effectifs, les patrouilles, la
distance avec le commissariat de
Menton.
Manifestation
à  heures ce matin
Hervé Vialonga prend la parole et
conduit à l’autre enjeu de cette réu-
nion : faire en sorte que chacun
reste à sa place. Et calmer certaines
ardeurs. « Vous, vous êtes des victi-
mes, dit-il. N’essayez pas de vous
transformer en vengeurs. »
Autrement dit, plus directement :
« Ce n’est pas la peine de faire des mi-
lices. »
Le dialogue continue avec la foule
qui bruisse. « Ce soir, ça va recom-
mencer », s’inquiète une dame élé-
gante. Hervé Vialonga poursuit sur
le ton de la tempérance. « Ce soir,
peut-être qu’ils vont les attraper. » Un
homme en feutre noir prévient. « Il
va y avoir le ras-le-bol », laisse-t-il
tomber. À la fin du rassemblement,
décision est prise d’organiser une
manifestation, ce matin à 11 heu-
res, devant la mairie de Beausoleil.
NICOLAS HASSON-FAURÉ
nhasson@nicematin.fr

La Calypso en Principauté :
le projet tombe à l’eau
« Merci de nous l’apprendre. » La Fondation
Prince Albert II n’était pas au courant. En
Principauté, tout le monde ignorait que
Francine Cousteau, la seconde femme du
célèbre explorateur, venait de virer de bord
et de choisir un autre avenir pour la Calypso,
l’emblématique navire océanographique
du commandant Jacques-Yves Cousteau.
Pourtant, les discussions n’étaient pas rom-
pues. Elles ont débuté il y a tout juste un an.
Début 2015, l’Équipe Cousteau (Cousteau
Society), l’association propriétaire du ba-
teau en ruine, présidée par Francine Cous-
teau, et la Fondation Prince Albert II en-
traient en négociation pour tracer un avenir
monégasque à la Calypso.
Monaco attaché à Cousteau
Le souverain, en effet, souhaitait acquérir, via
sa fondation, l’héritage scientifique du com-
mandant Cousteau, composé de films, de
livres, de photographies et, bien sûr, du na-
vire océanographique qui croupit depuis
2007 dans un hangar du chantier naval de
Concarneau, en Bretagne.
Une volonté du prince Albert II qui n’avait
rien d’un caprice. D’abord, le commandant
Cousteau a dirigé le Musée océanographique
de Monaco durant de longues années,
entre 1957 et 1988. L’homme au bonnet rouge
incarnait tellement les lieux que d’aucuns, en
Principauté, parlaient volontiers du « Musée
Cousteau ». L’actuel directeur des lieux, Ro-
bert Calcagno, manque d’ailleurs rarement
de rappeler à ses invités, non sans émotion,
que le bureau qu’il occupe était celui de Jac-
ques-Yves Cousteau.
Par l’acquisition de la Calypso, le prince Al-
bert II voulait aussi rendre hommage à son
trisaïeul, le prince Albert Ier, grand scientifi-
que et navigateur, qui a fondé l’Institut océa-
nographique en 1889 et fait bâtir le musée,
lequel sera inauguré en 1910.
Dans le cadre des discussions avec l’Équipe
Cousteau, deux options étaient envisagées :
« Soit la restauration du navire à l’identique
pour lui permettre de naviguer à nouveau, soit
sa transformation en musée », rappelle la
fondation. Dans le second cas, la Calypso Fin mars, le bateau du commandant Cousteau quittera Concarneau pour rejoindre
aurait trouvé naturellement sa place à côté Gênes en cargo. (DR)
du Musée océanographique.
restaurée et entamer une nouvelle vie. Ce Et maintenant, vers quels horizons va voguer
Seconde vie en Méditerranée sera sur les eaux et, ajoute-t-elle, « en Médi- la Calypso? Selon nos confrères du Télé-
Ce ne sera pas le cas. Francine Cousteau a terranée ». gramme, le navire de 43 mètres, pesant
annoncé sa décision mercredi sur le site Cette décision soudaine n’a pas manqué de 250 tonnes, sera chargé sur un cargo vers la
www.cousteau.org : « En ce début d’année surprendre la Fondation Prince Albert II. fin du mois de mars, pour être acheminé à
2016, une toute nouvelle vie s’ouvre pour la D’autant que les discussions, même si elles Gênes. Une traversée qui devrait durer qua-
Calypso, 20 ans exactement après son acci- s’étaient quelque peu étiolées ces derniè- tre à cinq jours. Pour autant, rien ne dit que
dent à Singapour, écrit-elle. Après avoir ex- res semaines, étaient toujours en cours. « Le la Calypso sera remise à neuf sur un chantier
ploré la possibilité d’un avenir monégasque dernier contact date d’octobre dernier, confie- génois. En revanche, le navire océanographi-
pour le mythique navire du commandant Cous- t-on à la fondation. Francine Cousteau de- que du commandant Cousteau entamera
teau, une autre solution est retenue pour sau- vait revenir vers nous pour proposer des noms une seconde vie de navigation en Méditerra-
ver la Calypso. » de repreneurs avec qui nous aurions pu tra- née. Et peut-être, qui sait, qu’il fera escale, un
Toujours selon la veuve du commandant vailler. La balle était dans son camp. Nous jour, au port Hercule…
Cousteau, l’épave pourrait quitter les chan- n’avons plus eu de nouvelles depuis. » Et ARNAULT COHEN
tiers de Concarneau pour être entièrement pour cause… acohen@nicematin.fr