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Histoire Illustrée de L'informatique - Emmanuel Lazard, Pierre Mounier-Kuhn
Histoire Illustrée de L'informatique - Emmanuel Lazard, Pierre Mounier-Kuhn
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par Gérard Berry Professeur au Collège de France
'est un honneur et un plaisir pour moi de préfacer un livre Ça pourra être l'économie, car l'industrie des semi-conducteurs est
aussi complet, bien renseigné et richement illustré sur l'his- devenue la plus lourde du monde, avec des prix d'usines démesu-
toi re de l'informatique. Ayant débuté dans l'informatique rés, peu de nouveaux entrants, et de nombreux participants j etant
en 1967 avec les ordinateurs rudimentaires qu'étaient le SETI PB250 l'éponge chaque année.
et l'IBM 1620, évoqués dans le texte, j 'ai pu en suivre d irectement
Mais le développement a été plus linéaire d'un autre point de vue,
l'histoire sur une cinquantaine d 'années. Ce qui rend son dévelop-
car les circuits ne serviraient à rien si leur fonctionnement n'était pas
pement fascinant, c'est qu'il est à la fo is exponentiel, linéaire, et plein
gouverné par les logiciels. Or les logiciels sont avant tout des créa-
de cahots.
tions humaines fo rt difficiles à réaliser, et la capacité humaine ne suit
C'est un développement exponentiel d'abord, comme le montre le pas une courbe exponentielle. Nous ne sommes pas vraiment plus
graphique des performances qui clôt ce livre. Et comme l'exprime la intel ligents qu'avant, que ce soit individuellement ou collectivement.
fameuse loi de Moore qui énonce que le nombre de transistors par Nous sommes certes plus nombreux, mais le nombre d 'informaticiens
unité de surface d 'un circuit int égré double en gros tous les deux compétents aura des limites évidentes, surtout si l'on persiste à n'en-
ans (et non pas, comme on le voit souvent écrit, que la puissance des seigner le sujet que timidement. Bien sûr, les outils de programmation
ordinateurs doublerait tous les deux ans). Cette loi est restée valable et de vérification de programmes ont considérablement évolué et le
depuis sa formulation en 1965 jusqu'à nos jours, bien que l'on ait rendement humain avec eux. Mais le nombre d 'applications a aussi
régulièrement prédit sa péremption. La loi de Moore est moins une beaucoup grandi et leur qualité n'est pas toujours au rendez-vous. Le
observation qu'une décision industrielle : à chaque génération de public ne réalise en général pas que les bugs informatiques ne sont
circuits, on décide quelle sera la prochaine génération et l'on fabrique pratiquement j amais des pannes de la machine, mais bel et bien des
les usines pour la produire. Après la période héroïque des ordina- erreurs de programmation, donc en un sens des pannes des humains
teurs à tubes ou à transist o rs, elle a régi t oute l'industrie et permis qui ont écrit les logiciels.
la croissance également exponentielle du nombre des ordinateurs
Un autre aspect essentiel que le livre met bien en valeur, c'est que
- et des objets informatisés, maintenant bien plus nombreux que
les progrès n'ont pas été continus, mais ont p lutôt pris l'aspect de
les ordinateurs classiques. Son suivi a nécessité des prodiges d 'ingé-
séquences jalonnées par des chocs techniques assez brutaux qui ont
niosité des spécialistes qui ont développé, d 'une part la physique et
chaque fois bouleversé des positions acquises. Les chapitres du livre
la technologie de fabrication de circuit s contenant des milliards de
sont fort justement organisés selon ces bouleversements. D'abord
composants, d 'autre part l'ensemble des outils logiciels de concep-
!'Antiquité, dont les traces sont en fait toujours présentes dans l'a lgo-
tion assistée par ordinateur de ces circuits: il y a longtemps que p lus
rithmique - qui est un des cœurs de la science informatique avec la
personne ne peut réellement voir tous les détails d'un circuit, qu'on
science de la programmation. Puis l'ère des machines mécaniques,
ne peut d 'ailleurs plus imprimer sur du papier pour les lire. Ce n'est
dont nous gardons toujours q uelques héritages: par exemple 80, le
même pas forcément la physique qui freinera en premier cette loi.
nombre de colonnes dans une carte perforée IBM des années 1930,
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- Ei - Histo ire illustrée de l'in~crma tique
qui est re sté la taille maximum conseillée pour une ligne de pro- avant: son extraordin aire adaptabilité à des domaines d'applications
gramme. Ensuite, vers 1950 les premiers ordinateurs électroniques arbitraires, où la science, l'art et la culture en g énéral sont devenus
issus de la fantastique avancée intellectuelle apportée à partir de aussi importants que l'industrie traditionnelle. Même si tout cela
1936 par Turing, Church et d 'autres logiciens, puis par von Neumann. était en germe dans la notion de machine universelle inventée par
Malgré leur 80 ans, la théorie de la décidabilité et la machine de Turing Turing en 1936, les mini-révolutions ont été p ermanentes et variées.
restent des outils fondamentaux de l'algorithmique, dont les résultats Maintenant, l'ordinateur lui-même avec son clavier et son écran est
sont peu connus du public mais utilisés partout; et le À-calcul de fortement mis en question par les « couteaux suisses >> que sont les
Church est rest é le canon des langages de programmation modernes. nouveaux téléphones, devenus aussi bien des moyens privilégiés
Mais la technologie des années 1950 était lourde et chère : tubes d 'aller sur Internet que des appareils photos haut de gamme, tout
à vide puis transistors discrets, tambours et disques magnétiques en nous laissant la capacité de nous parler au téléphone.
massifs, lecteu rs de bandes magnétiques occupant des armoires, etc.
Après sa description fine du passé, le livre ne prend pas position sur
À cette époque, l'écriture des logiciels était davantage vue comme le futur de l'informatique, et il a raison . La seule chose claire est qu'on
le moyen technique d 'exploiter l'ordinateur que comme une activité est encore dans la jeunesse de son histoire. Et qu'il faut se méfier
noble. Mais des gens comme David Wheeler et Maurice Wilkes, à des prévisions reposant seulement sur l'extrapolation du passé. La
Cambridge, ont compris très tôt que mettre au point les programmes science-fiction avait imaginé des ordinateurs gros et intelligents, ils
était une activité très difficile. Le logiciel est effectivement d evenu sont au contraire devenus tout petits et toujours aussi peu pensants.
assez vite le point faible de l'informatique ; il l'est encore, et pour Les télécommunications ubiquitaires et les grands réseaux n'ont pas
longtemps. Plus tard les mini-ordinateurs, symbolisés par le PDP- souvent été imaginés, sauf par Albert Robida à la fin du x,xe siècle
11 puis le VAX de Digital Equipment, ont complètement changé la (http://www.robida.info/). Les prévisions sur l'hypothèse que l'in-
donne. Les prix devenaient abordables, la loi de Moore commençait telligence des ordinateurs va dépasser l'intelligence de l'homme
à produire ses effets et, surtout, la production de logiciels devenait pullulent ... mais elles évitent soigneusement de définir le mot intel-
une activité vraiment autonome avec des syst èmes d 'exploitation ligence, probablement pas encore près d'être compris ; les acteurs
ne dépendant plus des constructeurs. Nouveauté majeure, apparais- scientifiques de l'intelligence artificielle sont souvent p lus prudents
saient des programmes portables d 'un ordinateur à un autre. C'est que leurs exégètes. Et qui sa it comment évoluera le matériel, alors
l'époque où la recherche en informatique a commencé à exploser. qu'on n'a même pas encore vraiment essayé d'autres technologies
que les transistors sur si licium? Qui sait quels seront les progrès réels
Peu après, se croyant bien assis, les fabricants de mini-ordinateurs
de l'informatisation des objets et de la robot ique, au moment où
se sont pourtant fait anéanti r par l'irruption des micro-ordinateurs.
l'on voit l'impact des bugs et la trop faible cyber-sécurité devenir de
Ceux-ci ont profité à plein de la loi de Moore, cherché des clients
vrais facteurs de ralentissement des grands plans théoriques d'infor-
tout à fait différents - en particulier monsieur et madame Toutle-
matique universelle? Que nous réserve l'imagination des hommes
monde - et sauté sur l'arrivée du grand réseau Internet qui a lui-
qui s'est déjà tellem ent illustrée en informatique ? J'attends avec
même changé la façon de voir l'informatique et bien d'autres choses.
impatience l'édition 2048 (100 000 000 000 en binaire) de ce beau
Peu à peu, l'ordinateur est d evenu aussi utilisé que le téléphone o u
livre de 2016 (11111100000) pour en savoir plus 1.
la télévision, mais avec un gros avan t age sur tout ce qui se faisait
1. NTD: Gérard Berry a choisi cette date, 2048, parce que ce nombre est significatif pour les informaticiens. Ce m ultiple de 8 (le nombre de signes binaires dans un octet ) se retrouve.
par exemple, dans la tail le mémoire des ordinateurs d'autrefois (et d'aujourd'hui): 128,256,512, 1024, 2048 octets ...
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aire
Sam maire ...... ............................................................... . 1804 • Métier à tisser Jacquard .... ... .......... .... ....... .......... . 'i2
Introduction ....... ......... ......... ........... .... ....... .. ... ..... ......... 13 1820 • Arithmomètre ....... ............................. ....... .......... . 'i2
env. 300 av. J.-C. > Algorithmes grecs ............. ............... .. 2'i 1875 • Analyseur harmonique:
11• siècle av. J.-C. >Mécanisme d'Anticythère ......... .. .. .. ... .. 25 l'invention du calculateur analogique ................. . 'iB
820 • Al-Khwarizmi .. ... .. .. . ... ... .. .. .. .. ... ... .. .. . ... .. .. .. .. . .... .. .. .. 2& 1876 • Le téléphone .. ..... ............................... ... ...... ........ . 'iB
1000 • Numérotation indo-arabe .. .. . .. .. .. .... .. .. .. . .. ... ... .. .. . . 26 1876 • Additionneur de Tchebychev .... ...... ... ....... .. .. ...... .
Xlll 11 siècle~ L'horlogerie .. .... . .. .. .. .. . ... .. .. . .. . .. . .. .. .. ..... . .. .. ... 2e 1885 • L'Amérique entre en scène ... ........ .................... .. .. 't!J
1614 • Logarithmes et bâtonnets ...... ... ........... ...... ......... . 32 I I I. Le début du XXe siècle ............. 5 LI
1623 • Ébauche de la première machine à calculer ......... . l'i Introduction ........ .......... ... ............ ........... ........... .... ...... . 55
1630 • La règle à calcul .. .......... .. ..... ............ ........... .. ...... . 35 1904 ~ Diode et triode ....... ............................. ............... . 5l
1645 • La Pascaline ....... ... ...... .. ...... ................... ... .. .. ...... . 36 1905 • Nomographie de M. d'Ocagne .. .... .... .... ... .. .... .. .... . se
1669 • Barrême publie ses barèmes ............. .. ... ..... ...... ... 39 1913 • Totalisateur de paris mutuels ............. ......... ........ . 5!J
1694 • Multiplicatrice de Leibniz ..................... ......... ...... . 'tD 1918 > Bascule « Flip-Flop » ............................................ . 6D
1793 • L'usine à calcul de Gaspard de Prony ........................ . 'il 1920 ~ Leonardo Torres-Quevedo ................................... . 6D
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- B - Histo ire illustrée de l'inJ:armatique
1920 >Calculateurs humains .... ........... ..... ............. ......... . 6D 1948 >Les pionniers britanniques:
1920 >Apparition du robot ...... .............. ......... ........... .... . 62 Baby, ED SAC et les autres .. ... .. .. .... ... .. ... ..... . ... .. .... 92
1927 • Un cerveau d 'acier ... ... .. ........... .... .. .... ...... ....... .. .. . 62 1948 > Premier programme enregistré . .... ... .. ... .. . ... .. ... ... . 96
1928 >Carte perforée à 80 colonnes ...... ......... ........... .... . fii! 1948 >Cybernétique de Wiener ... ... ... .. .... .... . .. .... .. . ... .. .... 96
1928 >Problème de la décidabilité .. .... .. .......... ...... ......... . 6'i 1949 > Dispositifs de mémorisation . .. ... ... ... .. ... ... ... ... .. .... 9l
1930 >Analyseur différentiel .... .. ... .. ........ ....... ........... .. .. . fi'i 1950 >Les codes de Hamming .. ... ... .. . .. ... . ... .. ... ... .. . .. ... .. .. 9B
1933 >Cartes perforées: la maturation des machines ..... 66 1950 • Une révolution mondiale .. .... .. .. .... ... .. ... .... .. ... .. .... 1a2
1937 >Alan Turing .... ............. .. .. ......... .. ..... ..... .... ..... ...... . fil 1951 >Premiers ordinateurs en URSS ..... ...... ............. ...... 1a2
1945 >Rapport de von Neumann . .. .. ... .. .. . .. . ... ... ... ... ... .. .. . B9 1952 • Le tambour magnétique .... ... ... .. .... .. .. ... .... .. .... . .... ll'i
1946 > Méthode de Monte-Carlo .. ... .... .. ... ... ... ... .. ..... . ... ... B9 1953 >Mémoire à tores de ferrite ... .... ......... .................... 11'i
1947 >« Bug » sur le Mark Il ........ ............ ......... ...... ..... ... .. 9D 1954 > Théorie des Algorithmes .. ... .... .. .. ..... . ... .. ..... .. .. ... .. 115
1947 >Transistor au germanium .. .... ... ... .. ..... .. .. .. .... ... .. .. . 9D 1954 > t:informatique avant les ordinateurs: un centre
1947 >Tube de Williams-Kilburn .. .. .. .. . .. ... .... .. ... .. ... .. .. .. ... 91 de traitement bancaire dans les années cinquante .. 115
1948> 1BM604 ............. ......... .................... ..... ...... ..... ..... 91 1954 > Premier ordinateur français: « CUBA » de la SEA .. 116
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Sammaire - Hist:aire illust:rée de l'inl=armatique - 9 -
1954 • Le transistor bon marché .... .. .... .. ... ... .... . ..... . ... .. ... 11e 1962 • Naissance du terme informatique . ... .. .. .. ... ... .. ... ... 13e
1955 • IBM 650: apparition en France de l'ordinateur ...... 122 1962 • Courbes de Bézier .. . .. .... ... .. .... .. ... .. ... .... ... .. ... ... ... .. 13!1
1956 • Le disque dur .......... .. .......... ................................. 123 1962 • Spacewar! . ... .. .. ..... .. .. .. .. ... .. .. .... ... ... ... . .. .. ... ... ... ... .. 13!1
1956 • Genèse des systèmes d 'exploitation .. .. ... .... ... .. .. ... 125 1962 • Système STRIDA: la défense aérienne .. .. ... ... ... ... .. l'fa
1956 • L'intelligence artificielle .. ..... .. .. ... ... .. .. .. .. ... ..... . .. ... 125 1962 • Atlas et la mémoire virtuelle ..... .. .. .. .. . .. .. ... ... ... ... .. l'fa
1956 • The General and Logical Theory of Automata .. .. ... 12& 1963 • Infographie ............... ........................................... l'f2
1957 • FORTRAN .. ... ... ... .. .... .. .. . .. .... .. .... .. ... ... .. ... .... .... . .. ... 126 1963 • Pilotage et conquête spatiale ... ............................ l'f3
1958 • Maintenance et fiabilité .. .... ... .. ... .. . .. .. ... . .... ... .. .. ... 121 1963 • Code ASCII ... .. ......... ............................................. l'f'f
1958 • Ordinateur ternaire Setun ... .. ... ... ... .... . ... .... ... .. ... .. 12e 1963 • Formation des informaticiens .. .... .. .. . .. . .. ... ... ... ... .. l'f5
1958 • Premier circuit intégré .. .. .... .. .. .. ... .. .... .. .. ... .... .. .. .. . 12e 1963 • Chèque à lecture magnétique CMC7 ... .. ... ... ... ... .. l'f6
1958 • Début du traitement de texte .... .. ... ... ... .. .... .. ... .. ... li!!I 1964 • IBM System/ 360 .. . .. ... .... .. .... . .... .... . .... . .. .. .. .... ... ... . . l'f6
1959 • IBM 705 : le traitement de masse dans la banque . .. 13a 1964 • Langage BASIC .. ... ... . .... ... .. ... ... ... ... ... ... ... .. .. .... ... .. 1sa
1959 • LISP ... .. ... .. ... ... .. ... ... .... ... .. ... .. .... .. ... ... ... .. .... .. .... . ... 13D 1964 • Superordinateur CDC 6600 .. ..... .. .. ... .... .... ... .... ... .. 15a
1959 • Parametron . ... .. .... .. ... .... . .... .. ... ... ... ... ... .. ... ... .. . .. ... 13a
1959 • PDP- 1 de DEC . ... ... ...... .... . ... .. . .... .. ...... ... .. ... ... ... .. .. 131
1959 • CAB 500 de la SEA: VI. Les mini-ordinateurs ....... .............. 1s2
un ordinateur personnel interactif . ... .... . ... . .. .... . ... 131 lntraductian ............ ...... ..... .......................................... . 153
1960 • Analyseur différentiel à EDF . .... .. ... ... .... . .. . ... ... .. ... 133 L'évolution des ordinateurs: une question
1960 • Ordinateur analogique électronique ... ........... ...... 133 d e , ' .
generat1ons 7
. . .... ......... .... ......... ... ............................ . 156
1960 ~ COBOL . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13't 1963 • L'interface avec l'ordinateur: le téléimprimeur .... . 151
1960 • Transistor à effet de champ . .... . ... ... .... .. .. ..... .. .. ... .. 13'f 1965 • Loi de Moore ........................ ..... .......................... . 151
1960 • ALGOL 60 ... ........ .... ..... ........... ............ .... ....... .... ... 13'i 1965 • Algorithme FFT .. ..... ............................................ . 15!1
1960 • Olivetti Elea 9003 ...... .. ... .. .... . .. . ... ... .... .. .. . .. .. .. .. .. ... 135 1965 • PDP-8 de DEC .................................................... .. 161
1960 • Bull Gamma 60 . ... .... .. .... .. ... .. .... ... .. ... ... .. ... ... .... . ... 135 1965 • Olivetti Programma 101 ................. ..................... . 162
1960 • 1BM 1401 : le best-seller .. ... ... .. . ... ... ... .. ... ... ... .. . .. ... 136 1965 • L'ère des systèmes ... ........................... .... ............. . 162
1961 • IBM 7030 Stretch ..... ..... ........................ .... ... ......... 131 1966 • Le Plan Calcul ........... .................................. .. ...... . 163
1961 • CTSS: l'invention du Time-Sharing .. .. ... .. .. .... .. .. . .. . 13B 1966 • Invention de la DRAM ................................. .. ...... . 16'f
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- 10 - Histo ire illus tré e de l'in J:arm atique
1966 >Modem acoustique .. .. ... .. .. .. .. ... .. .. . ... ... ... .. .. .. ... .. .. . 16'i 1972 • La HP-35 :
1967 >Langage Logo .... ........ ..... ...... .... ....... .... ................ 165 une calculatrice électronique scientifique .... ....... . lBO
1
1967 • Début d une société de services ... ... .. . ... .. ..... .. ... .. 165 1973 • Ethernet ..... ..................... ... ....... .......... ..... .......... . lBO
1968 • The Art of Computer Programming . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . 165 1973 >Invalidation des brevets de l' ENIAC ...... ............... . 1B1
1968 • Dendral, un système expert . .. .. ... .. .... .. ... .... .. ... .. ... 166 1973 • La miniaturisation ..... ..... ..... ...... ... .... ................... . 1B1
1968 • Le génie logiciel ... ... . ..... .. ... ... ... .. .. . .. ..... .. .. ..... .. .. ... 166 1973 • Puce RFID ...... .... ... .. .............. .... ... ... ...... .............. . 1B1
1968 >Dijkstra : de la crise du software 1973 • La téléphonie mobile analogique ....................... .. 1ei!
à la programmation structurée .. ... .... .. ... ... ... ... .. ... 161 1973 • Code-barres .......... .... .... ...... ......... ...... ... ...... .... ..... 1e2
1968 • Démode la souris .. .. ... .... .. ... ... . .. ... .. .... ... .. ... .. . ... .. . 16B 1974. Affaire SAFARI : création de la CNIL .... ... ....... ...... ... 1e2
1968 >Mémoire cache .. .. .. ... ... ... ... .. .. .. .. . .. .... ... .. ... ... ... .. ... 16B 1974 • Microprocesseur 8080 ...... .. ... .. .. .. ... .. .. ... .... ... .. .. .... 1B3
19 6 9 >AR PAN ET . ... ... ... ... .. ... .... .. ... .. .... ... .. .. .. ... .. .. .... ... .. ... 1 &9 1975 • Bases de données relationnelles, SQL ................... 1B5
1969 ~ Logiciel ......... . .... .. ......................... ....................... 111 1975 • The Mythical Man-Mon th ......... .. .......... ................ 1B5
1969 • Unbundling: 1975 • Réseau Cyclades . .... .. .. ... ... ... ... .. .... ... .. .. . ... ... ... .. ... . 1e&
1970 • De « IBM et les 7 nains » au BUNCH ... .... ....... ..... .. .. l li! VII. La micra-infarmatique ......... .... 1ee
1970 • Le jeu de la vie ... .. .. ... ... ... ... .... .. .. ... .... .. ... .... .. .. ... ... 113 lntraductian .................................................................. 1e9
1970 ~ Unix ... ...... .... ...... .. ........... .............. ... .... .. ..... .... .... . 113 1973 • Le Micral de R2E .... .. .... ..... .. ....... .. .... ....... ........ .... .. 191
1970 ~ Disquette .. ... ...... ..... ...... ........ ... .. ...... .... ... ........ .... . 115 1973 ~ Le MCM/ 70 .... .. ..... ..... .... ......... ......... ...... .... ......... . 193
1970 >Pascal .. ........ ... .. ..... ..... .. .. ......... .... ...... ...... .. .... .... .. 116 1974 >Carte à puce mémoire ......... ...... ........ ... ...... .. ....... . 193
1971 • Premier email ..... ... .. .... ... ....... .. ... .... ... .... ...... ...... .. 116 1975 • L'avènement des microprocesseurs ....... ........ ...... . 193
1971 • Microprocesseur 4004 .... ... .......... ......... ............. .. . 111 1975 >Smaky, le petit Suisse ... .... .... ..... ..... ..... .. .. ... ........ .. 196
1971 >La << Silicon Valley » ... ....... ... ...... ....... ... ..... .... .... .. .. . 11B 1975 >Revues informatiques ............. ............................ . 196
1972~ Pong .................... ......... ........... ................ ........... . 11B 1975 • Microsoft .. ..... .. .. ........ ............. ..... .... ....... ... ......... . 191
1972 • Nouveaux langages, nouveaux paradigmes 1976 • Microprocesseur 280 .......................................... . 199
de programmation ................. ................. .. ......... . 119 1976 • Cryptographie à clé publique .... .. .... ..... .......... ... ... 200
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Sammaire - Hist:aire illust:rée de l'inl=armatique - 11 -
1976 • Imprimante laser . .... ... ... . .. .. .. ..... . ... ... .. . .. ..... . .. . .. .. . 2aa 1984 • Le cédérom .. .. .. .... .. .... ... .. .. .... ... ... .. .... ... .. .. .... .. .... .. 219
1976• Crayl ... ......................... ......... ............ ........... ....... 2a1 1984 • Psion Organiser 1 . . . ... . . .. . .. ............. . . ... . . . .. . .. . . • . . . . . . . . 22a
1977. Apple Il .. .. .. ... . .... .. ... ... ... . .. ... .. ... ... ... .. .. .. . . ... ... .... . ... 2D2 1984 • Macintosh ...... ......... ............................................. 22a
1977 • Mini-ordinateur VAX-11 / 780 .. .. ... ... ... .. .. . .... ... .. .. ... 2D5 1985 • Gigatl ops .. .. ... .. .... ... ... ... .. ... .... .. ... ... ... ... .. ... ... ... ... .. 222
1977 • Premiers jeux d 'aventure . .. . ... .. ... ... ... .. .. . ... .. .. ... .. .. 2D6 1985 • Manifeste GNU .. .. .. .. ... ... .. ... .. .... ... .. .... ... .. .. .... .. ..... . 223
1977 • Carte à microprocesseur Bull CP8 ... ... .... . .... .. ... .. ... 2D6 1985 • Plan informatique pour tous .. .. .... . .... ... .. .. .... ... .. ... 223
1977 • Numérique mobile ...... .... ........... .. ...... .... .. ..... ....... 2Dl 1985 • Symbolics.com .... .... .... ................... ...... .. ..... .. ....... 223
1978 • Rapport Nora-Mine .. .. ... .. .... .. .... .. ... ... ... .. .... ... .. ... .. 2Dl 1985 • Le i386 et la miniaturisation . ..... .. ... .. .... .. ... ... .. ... .. . 22'i
1978 • Les microprocesseurs 16 bits .................. .............. 2ae 1987 • OS/ 2 d'IBM ........ .... ......... ................ ..... ..... ........ .... 22'i
1978 • Transpac: un réseau numérique de données . ... . ... 2D9 1987~ GSM ........ ....... .. ... ..... .................. ~ ....... ~ ...... ........... i!i!S
1978 • Jeux vidéo d'arcade ..... . .. .... ... ... .. ... ..... . .. ... .... .. .. ... 21a 1987 • Taïwan monte en puissance . .. ... .. .... .. . .. ... .. ... ... .. ... 225
1978 • Computerized Bulletin Board System ... ......... ......... ... 211 1988 • Premier ver Internet ............................. .. .............. 225
1979 ~ VisiCalc . . . . . . . ... . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . ... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 211 1991 • Naissance de Linux .... . .. ..... ... ... ... .. ... .. .. .... . ... . .. .... . 226
1979. ADA .... ....... ......... .......... ...... ........ .. ....... ... ............ . 212
1981 • ZX-81 : le micro-ordinateur bon marché ........ ....... 215 1993 ~ Le Web et l'ouverture d'Internet .............. ........... 236
1981 • Microprocesseur RISC ......................................... . 216 1993 • Cisco ...... ...... .... ..... ................ ......... ... .... ...... ..... .... 23l
1981 • La cinquième génération ... ..... .. .. .... .. ..... ......... ... .. 216 1993 • NCSA Mosaic . .. .... .. .. . .. .. ... ... . ..... .. ... . ... .. ... .. .. .. .. ... .. 23l
1982• Le Minitel ............................................... ....... ...... . 216 1993 ~ Architecture client-serveur . . .. .. ........ .. .. .... . .... .. .... . 23l
1982 • ' . ~
Emot1cones .... ... ........... ... ..... ......................... ....... 2ll 1994 • Netscape Navigator ... . .. ... .. .... .. .... . .... . .. ... . ..... . .... .. 23B
1982 • Commodore 64 ........... ......... ..... .. ....... ....... .. ..... ... . 21B 1994 ~ OR-code . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . i!l!I
1982 • Magazine TIME: l'ordinateur « Man of the year » .. . 21B 1995 ~ Le langage PHP .. ..... ................ ........ .. ... ........... .... . 239
1983 • Wargames, le film ........ ......................... ......... ...... . 21B 1995 ~ Le langage Java .... .. .. .. .. ... .. .. .. .. ... ... . ..... .. .. .. . .. .. ... .. 2'iD
1983 • Le langage C++ ...... ... ...... ..... ................... ............ . 21!1 1995 • Javascript . ... ... . .... ... ... . .. ... .. .. ... .... ... .. .. .. .... . .... .. ... .. 2'iD
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- 12 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique
1995 • Yahoo! ... .. .. . ... ... ... ... . ..... .. ... .. . .. . .. .. . .. ... .. .. .. ... ... ... ... 2'iD 2007 >Réseaux sociaux . ... .... .. ... .. .. .. ... .. .. .... ... .. .. ... .. .. .. ... . 253
1995 >altavista.digital.com . .... ... .. .. .. .. ... .. .. . .... .. .. .... ... .. .. . 2'iD 2007 >Stockage flash . ... ... ... ... .. ... ... ... .. .... ... .. ... ... ... ... .. .. .. 253
1995 >Amazon.com .. ... .. .. . .. .. .. .. .. .. .. . .. ... .. .. .. ... .. .. .... ... .. .. . 2'il 2007 >iPhone .. ... .................... ... ................. .................... 253
1995 • Le DVD-ROM . .... ... ... . ..... .. .. ... .... ... .. .. .... ... .. .... .. ... .. . 2'il 2007 >Wikileaks .... ... ... .. ... ... .. ... ... .. . ... .. .. .. ... . .. . .... .... .. .. .. .. 253
1995 >Windows 95 .. . . . . .. . .. .. . . . .. . .. . . . . . . . . .. .. . .. . . . . .. . . . . .. . . . . .. . .. 2'il 2008 > Pétaflops .... ... .. ... ... ... .. .. . .. . ... ... .. .... ... .. .. . .. . .... .. .. ... . 255
1996 >Le Network Computer .......................................... 2'i2 2008 >Applications innovantes .. ... . ... .. .... ... .. .. .. .... . ... .. .... 256
1996 • Explosion d 'Ariane 5 : le coût du bogue .. ... ... ... .. ... 2'i2 2008 >Bitcoin .. .. .... ... .. ... ... ... ... .. ... ... ... .. .... ... .. .. . .. . .. . ... .. .... 256
1996 >La Chine entre en scène ... .. ..... .. .. .. . .. .. . ... ... ... ... .. . .. 2'i2 2010 >Le big data ........................................................... 256
1997 >Deep Blue bat Kasparov .. ...... ... ........ .. .. ... ..... .... . ... 2'i3 2010 > L'apprentissage profond ... .... ....... .... .. .... ...... ....... . 256
1997 >Téraflops ....... . .. .. .. .. . ... .. . ... .. ... ... ... .. ... .. .. .. .. .... ... ... .. 2'i5 2010 >Virus Stuxnet . .. .. . ... ... . .. .. .... .. ... . .. ... .. . .. ... ... ... .. . .. .. .. 251
1997 >Bluetooth et WiFi .. .. .. .. .. .. .. .. .. ... ... .. .. .. .. .. . ... .. . ... .. .. . 2'i5 2010 >Flash crash boursier .. .. .. . .... ... .. .. .. .. ... .. .. ... . .. . ... ... ... 251
1997 >Goog le .. .. .. . .. .... .... .. . ... .. .. .. ... .... .. .. . .. . ... ... .. . ... .. .. .. .. 2'i5 201 O >Huawei: apparition d' une multinationale ... .. ... .... 25B
1998 >ICANN: la gouvernance d 'Internet ..... .. .. .. .... ... .. .. . 2'i6 2011 >Stockage en ligne : le c/oud computing .. ... .. ... .. .. .. 25B
1999 >Napster et le peer-to-peer ...................... ... ... ... .. ... 2'i6 2011 >Watson gagne Jeopardy! ..... .. .. ... ... .. . .. ... ... .. .. .. .. .. .. 26D
2000 >Bogue de l'an 2000 .. .. .. .. . .. ... .... ... .. .. ... .. .. ... ... .. . .. .. . 2'il 2012 • Imprimante 30 .. .. . . . .. .. .. . .. . .. . . . . . .. .. . . . . . .. . . . . . .. .. . . . .. .. . 261
2000 >La bulle Internet éclate . ... .. ... ... ... .. .. . .... .. ... ... ... .. .. . 2'il 2013 >Réalité augmentée, réalité virtuelle ...... ... ............. 261
2000 • Déni de service distribué ..... ........ ... .. .... ....... .... .... . 2'iB 2013 >La NSA et Edward Snowden .. ... .. ... .... .. ... .. ... ... .. .. .. 262
2000 >Clés USB .... .. .. ... .. .. .. .. ... . ... .. .. .... .. . .. .. . .. .. .. ... .. .. .. ... .. 2'iB 2014 >Objets connectés .. . ... .. .. .. .. .. . .... .. .. . .. .. .. ... .. .. .. .. ... .. . 263
2002 >BOINC et SETl@Home ... ........ ..... ....... ... .... .. .... .. ... .. 25D
2006 >Multiprocesseurs .. .. .. .. .. ... .. .. .. .. .. .. .. .. .... . .. .. .. . ... ... .. 251 Bibliographie ............................................................... 26e
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e livre s'inspire d 'un doubl e constat. D'une part, nous ceux qui ont connu les spectaculaires mainframes clignotant d'in-
ba ignons dans une civil isation transformée par l'infor- nombrables boutons actionnés par des technicien s en blouse
matique et nous utilisons tous des appareils numériques blanche, ou les premiers micro-ordinateurs à monter soi-même,
dans notre vie quotidienne, mais nous ignorons souvent leurs et su rtout à tous ceux qu'a niment la curiosité et le plaisir de la
origines et les projets, les visions qui ont inspiré leur développe- technique, nous souhaitons offrir une initiation par l' hi stoire au
ment. D'autre part, ces t echnologies sont devenues des enjeux développem ent d e ces systèmes qui ont transformé la société,
économiques et sociaux gigantesques, et le discours marketing bouleversé l'économie et alourdi nos poches tout en allégeant
qui les enrobe est plus fait pour conditionner des consommateurs nos porte-monnaie.
que pour éduquer des citoyens libres.
L' histoire d e l'i nformatiqu e a ét é très étudi ée depu is une
Les ordinateurs so nt des « mach ines de von Neumann », du quarantaine d'années: des colloques ont réuni les pionniers qui
nom du grand mathématicien qui a défini leur architecture en voulaient transmettre leur expérience aux générations futures,
1945, puis fondé la t héorie des automates, lançant ainsi un véri- de j eunes historien s y ont consacré leurs thèses, une revue et un
table programme de recherche-développement qui se poursuit centre de recherch e spécialisés ont été fondé s aux États-Unis,
sous nos yeux. Or qu i, parm i les étudiants en informatique, sait qui des associations, des col lections, bientôt des musées ont vu le
était von Neumann et en quoi il a contribué à transformer notre jour à travers le monde. Aujourd'hui, plusieurs centaines de livres,
vision du monde, en m ême temps que son j eune ami Alan Turing ? plusieurs mil liers d'articles, d 'i nnombrables vidéos en ligne sont
Auj ourd' hui où le terme numérique supplante le mot informa - consacrés à divers aspects de l' histoire de l'informatique, et plus
tique (pourtant numérique s'appliquaitjadis à la mécanographie à personne ne saurait les connaître tou s - d'autant que leur qualité
cartes perforées!), l'ordinateur lui-même semble disparaître sous va du m eilleur au pire.
des couche s de plus en plu s épaisses de logiciel et de fonction s Ce livre veut offr ir une synth èse de l'évo lution mondiale
de communication, photographiques et ludiques. Comme si son d e l'informatique, en l'élargi ssant bi en au -de là de la scè ne
acceptation universelle et l'augmentation consécutive des chiffres anglo-américaine où l' historiographie s'est généra lement can -
de vente ne pouvaient résu lter que d'un obscurcissement de la tonnée. Bien entendu, une grande place y est donnée aux progrès
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2. En plus de nos propres recherches, une grande partie de notre texte se fo nde sur les travaux des historiens spécialisés ou su r les écrits des acteurs de cette histoire. li n'est pas
possible de les citer tous ici et nous avons dû brider nos réflexes universitaires, qui auraient conduit à multiplier les notes de bas de page sous chaque notice pour référencer
nos sources. Le lecteur intéressé par ces références pourra se reporter à nos autres publications et consulter la bibliographie à la fin de l'ouvrage.
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avancées, les usages en Europe et dans d'autres régions du monde. que quelques individus imaginent des solutions voisines, chacun
Cette ambition est inévitablement limitée par la dimension du croyant d'abord être le seul à y travai ller.
livre, et il serait d'ailleurs lassant de multiplier les images de salles Les dates indiquées ne sont donc pas nécessairement celles
informatiques des années 1960 dans le vain espoir de représenter de l'invention des techniques, mais souvent celles où les objets
le monde entier ! Nous souhaitons plutôt donner une idée de qui les incorporent se répandent sur le marché. Ainsi, sans rien
phénomènes globaux qui forment la trame de cette histoire: les enlever au mérite de Douglas Engelbart ou des développeurs du
processus de diffusion d'innovations sur la planète; la synergie de Xerox Park, le système souris-icônes-écran graphique n'est devenu
l'offre et de la demande, beaucoup plus éclairante que les lamen- vraiment significatif qu'avec la commercialisation du Macintosh en
tations sur « le retard technique » dont chaque pays se plaint tour 1984. Soit près de vingt ans après le début des recherches, ce qui
à tour; les inventions simultanées ; le caractère presque toujours souligne au passage l'importance du temps long dans un domaine
collectif de l'innovation. où l'on ne voit souvent que l'immédiateté. On peut en dire autant
Quelques remarques sur la conception de notre ouvrage. du développement des technologies logiciel les.
Écrire une histoire, ce n'est pas relater tous les faits (le livre se Cette approche se traduit parfois dans notre choix d'illustra-
confondrait avec le monde), mais sélectionner et construire des tions. Si l'on a mis la photographie d'une règle à calcul du xxesiècle
faits représentatifs, en les plaçant dans un récit mais sans leur sous la notice de William Oughtred (1630), plutôt qu'une image
imposer p lus de logique, de cohérence que l'histoire n'en com - d'époque, c'est à dessein pour souligner la longue durée d'usage
porte. Dans le tissu historique, dates, inventeurs, entrepreneurs, de ce petit instrument intelligent qui permit longtemps de se pas-
idées, objets sont comparables à des nœuds où s'entrecroisent ser de machines compliquées. Il en va de même pour les images
des fi ls de plusieurs textures, représentant des lignes de force, de « robots », quelques chapitres plus loin.
reliant des ressources, des idées, des cultures. Le découpage chronologique met l'accent sur les grandes
Ce livre n'est pas une liste de « premières ». La question « quel nouveautés caractérisant chaque période. Il n'est là que pour la
fut le premier ordinateur ? » (ou le premier transistor, etc.) pré- commodité de l'exposé, en permettant de commencer chaque
sente certes un intérêt légitime pour les inventeurs qui déposent partie par une introduction au contexte socio-politique et aux
des brevets ou les chercheurs qui veulent être reconnus, comme modèles économiques alors en vigueur. Il souligne les change-
pour les organisateurs de commémorations. Mais elle est d'intérêt ments irréversibles, mais ne doit pas faire oublier les continuités
secondaire pour les historiens qui accordent autant de considéra - sur le temps long, les tendances lourdes, le fait que les techniques
tion aux processus d'innovation et à la diffusion des techniques anciennes continuent à évoluer, plus ou moins en concurrence
dans la société, dans les usages - diffusion qui seule donne sa avec les nouvelles. Ainsi l'un des plus fameux mini-ordinateurs,
véritable signification historique à une idée, si brillante soit-el le. le VAX, apparut la même année que le micro-ordinateur Apple Il,
D'autre part la question des « premières » se complique du fait tandis que l'on utilisait encore des cartes perforées remontant à
que l'invention simultanée est la règle, l'invention unique par un l'industrie texti le du xv111e siècle. Selon la formu le admirable de
génie solitaire, l'exception. On le comprend facilement : dans un l'auteur américain de science fiction Raymond Cummings, « le
monde où un même problème se pose en différents lieux (par temps est ce qui empêche les choses d'advenir toutes à la fois. ».
exemple calculer plus vite avec moins d 'erreurs}, et où des cen - La sélection des personnages - chercheurs, inventeurs, entre-
taines, voire des milliers de techniciens et de scientifiques ont preneurs - comporte inévitablement une part d'injustice, alors
des formations et des savoir-faire comparables, il est prévisible que les acteurs de cette histoire sont innombrab les, beaucoup
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Intraductian - H ist:aire illustrée de l'in l=c r mati que - 15 -
étant d'ailleurs restés anonymes. Nous avons donné la priorité par la volonté des banques de dématérialiser les paiements. Ce qui
à ceux dont il semble indispensable de rappeler le rô le, aux plus reflète non seulement leur stratégie de réduction des coûts, mais
emblématiques d'une époque ou d 'une avancée. Parfois en les aussi la véritable utopie d'une « société sans argent » (matériel)
démythifiant pour clarifier ce qu'ils ont rée llement apporté. où l'on peut acheter quand on veut, consommer à toute heure. La
Un objet numérique résulte toujours de croisements mu ltiples carte à puce est éga lement devenue un instrument d'identifica-
entre des techniques diverses, des intérêts économiques, souvent tion, un outil de contrôle et de sécurité, donc un enjeu politique.
aussi des visions sociales ou politiques. Prenez par exemple la carte Sous une forme miniaturisée (carte SIM), elle est au cœur de nos
à puce, ce petit objet fam ilier. Elle hérite des anciennes cartes téléphones portables, donc de notre aptitude à nous connecter au
porteuses d 'informations - cartes de visite dont elle a gardé réseau mondial Internet où que nous soyons - enfin .. . presque
le format, cartes perforées de la mécanographie. Elle contient partout. Et le cryptage des communications nous renvoie à Alan
trois technologies très différentes: des gravures en relief, lisibles Turing, à l'irruption des mathématiques dans la guerre. Bref, votre
mécaniquement; une piste magnétique inspirée des bandes de carte à puce est un condensé d'histoire contemporaine!
magnétophones; et un microprocesseur, véritable ordinateur Nous espérons que vous pourrez découvrir, dans chaque per-
miniature. Le développement de ce petit chef d'œuvre technique a sonnage et dans chaque objet, de semblables nœuds de re lations
été motivé à la fois par le désir de réduire la fraude et de sécuriser avec la vie d'une époque, pour mieux comprendre le présent et
les transactions, d'où les algorithmes de cryptage qu'elle recèle; et imaginer l'avenir.
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Chapitre l - L'antiquité du ca lcul - 1 l -
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Le lecteur d 'aujourd'hui doit faire effort pour se projeter men- guère que de compter et d'enregistrer des grandeurs limitées.
talement dans un monde ancien où rien n'était normalisé. Les Les Romains apportèrent une petite amélioration : pour noter le
unités de mesure variaient non seulement d'un pays à l'autre, où chiffre 9 par exemple, ils convinrent d 'écrire VIII I ou IX. Système
leurs noms étaient souvent différents, mais, même à l'intérieur qui reste assez primitif: pour les unités on aligne des bâtons, le
d'un royaume, sous un même nom leur valeur variait d 'une ville cinq est figuré par une main ouverte (V), le dix par deux mains
à l'a utre : une coudée, un pied, un pas n'ava ient pas la même opposées (X), les centaines et les milliers par l'initiale du mot (C, M).
longueur à Babylone, à Memphis ou à Athènes. Une bonne part
On voit vite les limites de ce procédé. Essayez de multiplier LXVIII !
des ca lculs portaient donc sur les conversions d ' unités, que nous
par MDCVI ... Nous ne l'avons gardé que pour numéroter les
pratiquons encore quand nous voyageons dans des pays ayant
siècles, les souverains ou les républiques, les pages de préfaces
différentes devises monétaires. Les commerçants devront s'ac-
ou les chapitres de livres, les heures sur nos horloges ... Car cette
commoder de cette diversité jusqu'au x,xe siècle de notre ère et
notation permet de compter, non de calculer dès qu'on dépasse un
à la diffusion du système m étrique qui rompra totalement avec
petit niveau de complexité. Pour calculer il fallait procéder men-
les anciennes unités anthropomorphiques. Seules quelques com-
talement ou recourir à un dispositif matériel : jetons d 'argile ou
munautés un peu attardées comptent encore en « miles » (mil le
cail loux, plus tard boulier ou abaque. Le principe additif imposait
pas) ou en « pouces »...
donc une séparation entre écriture et calcul.
Plus profondément dans les représentations mentales, les sys-
La solution à ce problème a été l'invention du principe de posi-
tèmes de numération antiques variaient d'une aire culturel le à
tion, avancée capita le dans l' histoire de l'écriture numérique. La
l'a utre. Depuis les Sumériens, au Proche-Orient on comptait en
valeur du symbole varie désormais en fonction de sa place dans
base soixante, la base 10 servant de base auxiliaire. La base douze
le nombre : unité, dizaine, décimale, etc. L'idée est apparue très
a de grands avantages, puisqu'elle permet de diviser par 2, 3, 4
tôt dans la numération babylonienne sexagésimale. Mais elle ne
et 6 - contre seulement 2 et 5 pour la base dix. La base soixante
prendra vraiment toute sa valeur que lorsque des mathématiciens
(12 fois 5) cumule les avantages. Nous ne l'avons pas complète-
indiens du ive siècle l'associeront avec la numération décimale et
ment abandonnée, puisque nous comptons toujours le temps
avec un signe signifiant « rien », que nous appelons « zéro ». Il fallut
en demi-journées de 12 heures et en heures de 60 minutes de 60
des siècles de pratique et de réflexion pour admettre qu' un signe
secondes, les angles en fractions d 'un cercle de 360 degrés, sans
signifiant « rien » peut avoir une grande valeur.
parler des douzaines d 'œufs .. .
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peut effectuer des opérations. Le calcul digital n'est donc pas outil essentiel de tous les praticiens des mathématiques jusqu'au
binaire à l'origine, mais duodécimal ! deuxième tiers du xxe siècle.
• Les doigts pouvaient être remplacés par de petits cailloux (en • Enfin le ca lcul mental faisait partie de l'apprentissage scolaire
latin calculi, origine du mot calcul) qui, mis dans un certain de l'arithmétique : depuis des millénaires (on en retrouve des
ordre, pouvaient représenter de grands nombres. Le premier archives dès Sumer) les écoliers mémorisent quelques tables
système connu, à Sumer, était constitué de boules creuses en simples, notamment la table de multiplication, et apprennent à
argile contenant des jetons d'argile de tailles différentes selon la faire menta lement des calculs élémentaires. Les gens de métier
signification numérique. Ce système, qui n'est au départ qu'une allaient beaucoup plus loin: un artisan ou un marchand devait
extension du corps humain employé comme instrument de être capable, après un rapide coup d'œil, d'évaluer par exemple
calcul ou archive comptable, donnera plus tard naissance au les dimensions d' un tonneau, d 'en calculer mentalement le
boulier et aux abaques ou tables de calcul, très utilisées jusqu'au volume et de déduire sa valeur, afin d 'en fixer le prix. Nous
Moyen Âge en Occident, et jusqu'au xxe siècle en Russie et en pouvons voir un témoignage de ces aptitudes sur les tableaux
Asie. de la Renaissance, où les artistes ont peint de multiples objets,
récipients et autres, sachant que leurs riches clients s'amuse-
• L'inconvénient des boules creuses d 'argile est qu'il fallait les
raient par réflexe à exercer leurs talents en calculant volumes,
casser pour en vérifier le contenu. On commença donc, vers 3300
proportions et perspectives.
avant J.-C., à apposer sur la bulle d 'argile une indication de son
contenu par des signes ou des encoches. Les jetons devenant D'autres techniques de comptage et de ca lcul ont été inventées
inutiles, il ne restait plus qu'à franchir une dernière étape: sup- dans diverses cultures par l'imagination fertile des humains :
primer le comptage « matériel » à base d'objets et le remplacer bâtonnets ou os gravés, quipus incas où les grandeurs sont codées
par le comptage « conceptuel » ; les sphères alors s'aplatissent, sous forme de nœuds sur une cordelette, etc. Et nous ne savons
se transforment en tablettes d 'argile où les nombres sont sim- pratiquement rien de la science gauloise et celtique, les druides
plement reportés par des symboles gravés avec un calame de ayant eu pour principe de ne rien écrire concernant leur savoir,
roseau. Ainsi sont nés les plus vieux chiffres connus de l'histoire. transmis uniquement par tradition orale; on sait seulement qu'ils
Dès l'époque Sumérienne, des scribes ont utilisé l'écriture non utilisaient la base douze et la base vingt, système de numération
seulement pour calcu ler au coup par coup, mais pour réaliser « vigésima l », qu'on retrouve indépendamment chez les Mayas.
des tables arithmétiques: au prix d'un long travail, le ca lcu l de Notre langue en a conservé quelques traces, quand les Français
toutes les grandeurs utiles est effectué une fois pour toutes et disent « quatre-vingts » au lieu de octante ou de huitante.
enregistré sur une tablette d'argi le ou une feuille de papyrus.
Il suffit ensuite de s'y reporter, ce qui économise le temps du
calcul en éliminant le risque d'erreur. On a trouvé et analysé de Du calcul aux mathématiques
nombreuses tablettes babyloniennes en arg ile, couvertes de
Les civilisations les plus avancées du Proche -Orient avaient éla-
signes cunéiformes : tables d'inverses (diviser par un nombre
boré des savoirs considérables en arithmétique et en géométrie,
revient à multiplier par son inverse), mais aussi tables de car-
tournés essentiellement vers la résolution de problèmes concrets
rés, de cubes, de sommes de carrés et de cubes, et même des
- y compris les prédictions astrologiques qui nécessitaient l'éta-
tables logarithmiques. Les tables arithmétiques resteront un
blissement de calendriers des positions des astres, fondés sur des
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- 20 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique
observations systématiques pendant des siècles. Mais elles n'en Pythagoriciens restera très vivace pendant plus de mille ans dans
tiraient pas de concepts abstraits, au-delà du constat de certaines le monde gréco-romain, voire jusqu'à la Renaissance dans les
proportions. Leurs érudits savaient par exemple que le rapport mondes chrétien et musulman. Des progrès comparables, au
entre le rayon et la circonférence de tout cercle est une constante moins dans le domaine du ca lcul., ont eu lieu parallèlement en
(pi) ; ou qu'avec certains triplets numériques comme (3;4;5) ou Inde et en Chine, mais ces pays resteront longtemps sans contacts
(6;8;1O), ici exprimés en base décimale actuelle, ils pouvaient autres qu'épisodiques avec l'Occident.
tracer des angles droits, ce qui est fort utile en architecture. Mais
La machine d 'Anticythère, construite au uesiècle av. J.-C., matéria-
ils n'éprouvaient aucun besoin de le justifier, de le démontrer ou
lisait une partie du savoir pythagoricien. On ne la connaît que par
d 'en tirer des généralisations.
quelques fragments de rouages et de cadrans de bronze débar-
C1est avec les Pythagoriciens que l'on peut faire commencer toute rassés d ' une gangue de coquillages et de sédiments marins,
l' histoire intellectuelle de l'Occident. Au vie siècle avant notre ère, trouvés dans une épave au fond de la Méditerranée. Les travaux
le Grec Pythagore se forma en Asie mineure auprès de Thalès de minutieux de plusieurs historiens des sciences, à partir de ces
Milet, puis séjourna longuement dans les pays qui étaient alors informations très lacunaires, ont permis d'en lire les quelque
les centres rayonnants du savoir : l' Égypte et la Chaldée, où les 2 000 signes ou caractères, d'en comprendre les principes et de
prêtres l'initièrent aux mystères de l'astronomie, de la géométrie, construire des reproductions de la machine d 'Anticythère.
du calcul et de leurs religions respectives. Après être allé peut-
Ce premier calculateur ana logique de l' histoire était actionné par
être jusqu'en Inde, Pythagore s'installa ensuite en Italie du Sud,
une manivelle. Il décrivait les positions de la lune et du soleil par
en « Grande Grèce », et fonda un enseignement en menant des
rapport aux signes zodiacaux gravés sur l'un des cadrans, permet-
recherches avec des disciples choisis. Son but était de former une
tait de calculer et de prévoir divers phénomènes astronomiques
élite de l'esprit, capable de faire progresser le savoir et d 'influen-
comme les éclipses ou les mouvements de certaines planètes, de
cer les affaires publiques pour le bien commun. C'est en tout cas
fixer les dates futures des divers concours sportifs ...
ce que racontaient les disciples de ce personnage mystérieux
dont nous ne possédons aucun écrit. La machine d 'Anticythère, plus vieux mécanisme à engrenages
connu au monde, pose des problèmes redoutables aux historiens.
Son système de pensée se fondait sur la certitude que les nombres
Comment des Grecs antiques, dont l'industrie métallurgique était
sont constitutifs de l'univers. Établissant pour la première fois une
peu développée, ont-ils pu réaliser des roues dentées d'une telle
théorie de la musique et des rapports quantitatifs entre les sons,
régularité seize siècles avant que les horlogers d' Europe occiden-
étudiant les figures géométriques et les propriétés des nombres
tale ne mettent au point des machines à tailler les engrenages?
pour elles-mêmes (et non plus en vue d'applications comme le
Comment une mécanique aussi complexe (une trentaine de roues
faisaient Égyptiens et Méso.p otamiens), inventant, découvrant,
dentées) pouvait-elle fonctionner sans être immédiatement grip-
démontrant des théorèmes ou des équivalences, et réfléchissant
pée par les frottements ? Pourquoi ne trouve-t-on pas d 'autres
sur le raisonnement lui-même et sur les méthodes de démons-
appareils similaires? Une hypothèse vraisemblable est que la
tration, les Pythagoriciens ont fondé la Mathématique.
machine d'Anticythère était surtout une curiosité scientifique, un
Leur représentation du cosmos offrait à la discussion l' hypo- chef-d'œuvre d 'artisan génial, mais qui ne correspondait pas à
thèse que la Terre est une planète sphérique, en mouvement des besoins pressants à l'époque où la navigation se limitait pour
autour d 'un centre incandescent. L'influence intellectuelle des l'essentiel à du cabotage côtier. L'équivalent pour les mécaniciens
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Grecs de ce que seront les explorations de la Lune à la fin des rythme lent des voyageurs à pied ou à cheva l, des mulets portant
années 1960 pour la NASA ... des malles de manuscrits, des bateaux à voile qui naviguent de
la Méditerranée à l'Islande.
Beaucoup plus marquant est le bagage inte llectuel que les Grecs
nous ont légué. Ils ont non seu lement développé la théorie, Les chiffres dits arabo-indiens supplantent progressivement les
mais ils se sont éga lement intéressés à la résolution effective de chiffres roma ins. Plus que les chiffres eux-mêmes, c'est su rtout la
problèmes en élaborant ce qu'on appelle maintenant des algo- numérotation positionnelle qui va assurer leur succès : un chiffre
rithmes, une suite d'opérations perm etta nt d'obt en ir le résultat qui peut rep résenter plusieurs valeurs, suivant sa position dans
voulu. Le crible d'Ératosthène déterminant les nombres premiers, le nombre, simplifie les ca lculs et permet d'en aborder de plus
ou l'algorithme d'Euclide pour le calcu l du plus grand dénomina- difficiles. Le système actuel de numérotation, appelé système
teur commun, en sont deux exemples encore utilisés de nos jours. décimal de position, qui nous semble si naturel, est donc le résul-
tat de plusieurs m illiers d'années d'évolution, d 'échanges et de
Même avec des machines et des instruments de mesure plus
réflexions.
rud i mentaires que la mac h ine d 'Anticythère, le p rogrès des
sciences ne cesse pas dans l'empire roma in d 'Orient. Tandis Les applications scientifiques sont limitées à l'astronomie, les
qu'au vie siècle, en Eu rope occidentale, les structures urbaines et mouvements parfaits des corps célestes pouvant seuls s'exprimer
scolaires périclitent sous le coup des grandes invasions, ne la is- en term es mathémat iques. La physique aristotél icien ne, dom i-
sant subsister que de rares foyers d 'érudition monastiques, dans nante pendant tout le Moyen Âge, pose comme principe que les
l'empire Byzantin désormais christianisé les sava nts d'Alexandrie, phénomènes t errestres ne peuvent être décrits que qualit ative-
de Syrie et de Grèce maintiennent un haut niveau de savoir scien- ment (légers/ graves, chauds/ froids, etc.). Les progrès du ca lcul
tifique et philosophique, en s'efforçant de l'ajuster aux dogmes répondent donc principalement à des besoins pratiques: comp-
bibliques. Cette dynamique se poursuivra quand ces territoires tabil ité, commerce, calculs d'intérêts sur les prêts, arpentage ou
seront conqu is par les armées islam iques, et le grec y restera architecture. La géométrie, elle, accomplit des progrès en relation
lo ngtemps la langue savante avant d'être supplanté par l'arabe. avec l'arch itecture et la représentation graphique : l'invention
' .. - de la perspective par des artistes italiens révolutionne la vision
A partir du 1x e siècle, c'est l'aire cultu rel le arabophone qui devient
en Occident et marie les mathématiques avec la peinture, deux
le principal foyer de recherches en mathématiques et en méca-
mille ans après la musique. À la même époque sont construites
n ique. En témoignent des mots passés ensuite dans les langues
les premières horloges, donnant naissance du même coup à un
européennes: algorithme et algèbre, du nom du génial mathéma-
nouveau rapport au temps et à une nouvelle industrie: la méca-
ticien persan Al-Khwarizmi et de son traité des équations, zéro et
nique de précision, créant les conditions de possibilité matérielle
chiffre, du même mot arabe sifrdésignant ce symbole numérique
des futures machines à ca lcul er.
importé d'Inde et adopté en Europe chrétien ne à l'initiative d u
pape Gerbert d'Aurillac. Le savoir circule à travers le monde, au
1 l1 li
• 1l 1 1 l
Chapit:re l - L 'ant:iquit:é du c:alc:ul - 23 -
env. 1DDD av. J.-c. ~ Symbales binaires Fragment du Papyrus Rhind (env. 1S00 av. J.-C.) témoignant
du niveau des mathématiques égyptiennes.
La tradition chinoise fait remonter au premier millénaire avant l'ère 1.a n Il contient 87 problèmes résolus d'arithmétique,
chrétienne la rédaction du Yi-Jing, ou « livre des changem ents ». d'algèbre, de géométrie et d'arpentage.
So n origine est liée à l'invention, par la figure mythologique Fu
Xi, des trigrammes. Ces derniers sont l'association de trois lignes,
chacune pouvant être pleine (yang) ou brisée (yin). Les huit possi-
b ilités se retrouvent dans l'octogone à trigramme, figu re classique
de la culture et la philosophie chinoise (une version simplifiée à
quatre trigrammes se retrouve su r le drapeau sud-coréen). Le « livre
des changement s » utilise des hexagrammes (deux trigrammes
su perposés, soit six symboles binaires) dans un tableau de 64 cases.
Il avait impressionné Leibniz qu i y avait vu un parallèle avec sa
numérotation binaire. Il est cependant très peu probable que les
Chinois aient connu le ca lcu l binaire: ces symboles étaient utilisés
pour la divination.
1
l
- 2'i - Histoire illustrée de l'inJ:armatique
env. SDD av. J.-c. • Abaques, bouliers 330 av. J.-c. • Logique grecque
Les premières aides au calcul et à la mémorisation des résultats Les prem ières règles de logique (syl-
apparaissent probablement au Proche-Orient et se répandent en logisme, techniques de réfutation des
Europe et en Asie. De l'abaque, simple support pour des jetons, soph ismes) sont définies par le p h ilo-
naîtra le boulier à tige, dispositif autonome et complet servant au sophe grec Aristote. Ma is la logique aris-
calcul. Ce n'est toutefois pas encore une « machine » car l'algorithme totélicienne, suffisante pour le raisonne-
de calcul, par exemple le report des retenues, est exécuté par l'opé- ment philosophique ou juridique, n'est
rateur humain, non par l'appareil. Le boulier sera utilisé dans le pas assez puissante pour être applicable
monde entier jusqu'au milieu du xxe siècle, suffisant notamment en mathématiques.
à répondre aux besoins arithmétiques de grands états comme la
Buste d'Aristote en marbre, copie romaine
Chine ou le Japon. Il sera ensuite supplanté par les calculatrices
d'un original grec en bronze.
électron iques.
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Chapitre l - L ' antiquité du ca lcul - 25 -
Fragment principal
du mécanisme d'Anticythère,
d'environ 20 cm de côté.
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- 26 - Histoire illustrée de lïn~armatique
Bi!D ~ RI-Khwarizmi liser. LOpposition d 'une partie des autorités (ainsi la ville de Florence
interdit-elle les chiffres arabes en 1299) s'explique par les risques de
Né en Ouzbékistan, le mathématicien musu lman Al -Khwarizmi
fraude, par exemple la transformation d'un 6 ou d 'un 9 en 0, inhérents
(c. 780-c. 850) explore da ns ses ouvrages la résolution des équa-
à un nouveau système que la population met du temps à apprendre.
t ions polynomiales en explicitant les étapes nécessa ires au calcul
des racines : c'est le début de l'algèbre (mot provenant de l'arabe Deux méthodes de calcul en concurrence au Moyen Age :
Al-jabr, ou opération de réduction, utilisé dans le titre de son principal à gauche les chiffres arabes, à droite l'abaque traditionnel.
ouvrage) et des premières tentatives de formal isation de l'algorith-
mique. Le terme algorithme dérive de la forme latine de son nom,
Algorithmi. Ses ouvrages auront une grande influence et contribue-
ront à introduire en Occident la numération décimale de position .
•
IDDD ~ Numératatian
inda-arabe
Devenu pape sous le nom de Sylvestre Il,
Gerbert d 'Aurillac utilise son influence pour
promouvoi r la numérotation dite arabe -
qui a en fait une origine indienne datant
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du ,vc siècle - et remplacer les chiffres
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Chapit:re l - L 'ant:iquit:é du c:alc:ul - 21 -
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Évolution de la graphie des chiffres (Jean-Étienne Montucla, Histoire des Mathématiques, 1798).
- 2B - Histoire illustrée de l'inJ:armatique
1
XIIIe siècle ~ L'harlagerie tés de la t echnique nouvelle et imaginent des dis-
positifs p our réa liser des fonctionnalités inéd ites:
Après la machine d'Anticythère, plus vieux méca-
statu es an imées automatiqu ement pour frapper les
ni sme à roues dentées connu, quelques apparei ls
cloches, multiplication des cadrans (et des m éca-
comparables sont m entionnés dans des textes au
n ismes complexes) indiq uant non seu lem ent les
cours des sièc les suiva nts, mais n'ont pas subsist é
heures, ma is au ssi les phases de la Lune, les mouve-
matériellement. Sous l'empire romain, d es mécani-
ments d es astres et d'autres phénomènes naturels,
ciens grecs o nt réa lisé de grandes horloges hydrau-
et permettant de prévoi r les fêtes m obiles. .. ce qui
liq ues en métal, capables d'indiquer la position
était déjà le but de la machine d'Anticythère.
des astres et des con stell ati ons. Cette t radition se
poursuit au Proche-Orient après la conquête musul- Avec l'inve ntion du pendule par Christ ian Huygens
mane, et se développe parallèlement en Chine. Au en 1657, l' horloge deviendra un instrument pré-
Moyen Âge, un autre t ype de système hydraulique cis p ouva nt ind iq uer les minutes, pl u s tard les
à eng renages devient courant : le moulin à eau, qui secon d es. Donc utilisable non seulement pour se
fournit l'énergie nécessaire à une véritable « révolu- donner rendez-vous, mais p our mesurer d es phé-
t ion industrielle » et répand un savoir-faire nouveau. nomènes physiques, co ntribuant au progrès des
Dans les deux cas, les mécanismes ne servent qu'à sciences et des techniques.
transmettre l'énerg ie, non à la produire.
Les horloges sont des mécanismes autom atiqu es
C'est en Europe, à la fin du x 111e siècle, dans les villes où pratiquement toute l'énergie est t ransformée en
alors en plein d éveloppement où le commerce et informations - information s sur l'écou lement du
l'artisanat nécessitent une meilleure maîtrise du temps et, dans le cas des horloges astronom iq u es,
temps, qu'ap p araissen t les premières horloges su r d es phénomènes périodiqu es. Les mécaniciens
entièrement mécaniques. Les innovations décisives du Moyen Âge o nt inventé des automates produi-
sont : le remplacement de l'énergie hydra uliq ue par sant de l'informatio n. Leurs su ccesseurs des temps
un p o ids ou un ressort; l'échappement, dispositif modernes co nstru iront les premières « horloges
qu i freine la rotat ion de la roue cent rale et l'oblige à calcu l ».
à accomp lir un t o ur en 24 heures. Invention qui
fonde l'horlogerie mécanique et lui permettra de
remp lacer progressivement les clepsydres et autres
cad ran s so laires.
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Chapitre l - L'antiquité du calcul - 29 -
Crédits
P . 11 ; David R. Tribble / Wikimedia Commons , P . a_a_ : Plimpton 322, Cuneiform Collection, Rare Book and
Manuscript Library, Columbia University · P . ll : British Museum; Benoît Stella / Wiki n1edia Commons • P . i!'I :
From the Erwin Tomash Library on the History of Computing, by Erwin Tomash and /\~ichael R. Williams, pub-
lished by Erwin Tomash and Michael R. Williams, 2009 (electronic copy available on the Charles Babbage
lnstitute website). Extra it de Decimus Junius Juvenalis and Aulus Persius Flaccus, translated by Barten
Holyday, W. Downing for F. Oxlad, Senior; J. Adams, and F. Oxlad, Junior, 1673 ; Marie-Lan Nguyen I Wiki media
Commons ; Emmanuel Lazard • P . i!S : Mogi Vicentini / Wiki media Commons ; © Antikythera Research
M echanism Projcct ; C Antikyth era Research Mechanism Project • P . i!& : Wikimedia Commons; Otfried
Lieberknecht / Wlkimedla Commons; Gregor Reisch, Margarita Phllosophica, 1508 / Wikimedia Commons •
P . i!l : Jean-Étienne Montucla, Histoire des Mathématiques, 1798 / Bibliothèque nationale de France • P . i!B :
Pierre Mounier-Kuhn · P . ~ : Photo by David lliff. License: CC-BY-SA 3.0 / VVikimedia Commons; iwallpape~.free.fr
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Chapitre 2 - Machines mécaniques - 31 -
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partir de la Renaissance, deux profonds mouvements
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hist oriques déclenchent l'accroissement de la demande
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en matière de calcul et de traitement de l'information : la •
révo lution scientifique et industrielle, ainsi que la formation des •
dieuse corvée. Le mathématicien Leibniz s'en irrite : « Il est indigne ' .• ' '• .••
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des meilleurs hommes de gaspiller leur intelligence à cette corvée servile,
alors qu'ils pourraient la confier à des subalternes équipés de machines.» •
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sa « Pascaline », c'est pour aider son père, receveur des impôts d 'une {->- '
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administration roya le en plein développement, à effectuer ses fasti- •
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dieux calculs fiscaux. Au cours du xv111e siècle, le besoin de connaître « la
richesse des nations » mu ltiplie les recensements ; le d ésir de contrôle •
• Mécanisme de contrôle
social et les réformes (cadastre, système métrique) inspirent divers •
de la machine analytique
projets plus ou moins utopiques. Vers 1740, un officier de police, •
de Babbage.
1
1 1 l
- 32 - Histo ire illustrée de l'inJ:armatique
Guillauté, propose de créer un fichier détaillé des habitants de Paris, y compris à l'époque des premiers ordinateurs, comme Wim Kl ein
constitu é de d eux millions de fiches individuel les. Celles-ci seraient au CERN . Mais ils ét aient trop peu nombreux pour répond re aux
classées sur d 'immenses roues contenant 100 000 fiches chacune ; besoins. Et leur « employa bilité » éta it limitée dans ce dom aine parce
en fa isant tourner une roue, on obtiendrait en quelques secondes la que, même si on leur faisait confiance, leurs résultats n'étaient pas
fich e vou lue. Ce projet rest era lettre morte. Cependant on retrouve vérifiables et qu'ils ne savaient pas toujours expliquer clairement
le même d ésir de tran spa ren ce sociale et de tenue en main dans le par quelle méthode leur esprit y parvenait. Ce don sem ble d 'ailleurs
Panoptikon de Jerem y Bentham, que l'Assemblée révolution naire indépendant des aptitudes au raisonnem ent mathématique dont il
de 1791 fait traduire en français. Pascal, Bernoulli et Quételet sont n'emprunte pas les processus habituels - m êm e s'il a existé aussi
les pères d es mathématiques appliquées aux affaires sociales. Le chez de grands mathématiciens comme Euler ou Gauss.
calcul des probabilités offre d es sol utions pratiqu es à un dilemme
essentiel de la philosophie politique des Lumières : pouvoir de l'État
ou liberté des individus? Solution s qui d éboucheront notamment
sur la mise au point des systèmes d'assurances ... lesquels à leur tour
réclameront toujours plus de calculs et de traitements de données.
1614 ~ Logarithmes et bâtannets
La gestion d 'autres institutions financières (banques), ainsi que des Après avoir inventé les logarithmes, !'Écossais John Neper (1550-
grands réseaux apparu s au x1xe siècle (chemins de fer, électricité, télé- 16 17) (ou John Napier en angla is) invente une aid e au ca lcu l sous
comm un ications) contribue fortement à constituer le marché, en form e de bâtonnets qui permettent de réduire une multiplication
plein essor, du traitement de l'information. à une suite d 'additions. Ces bâtonnets m atérialisent des tables de
multiplication portatives dont
Des t echniques variées se développent pour répondre à ces b esoins.
l'écritu re facil ite le calcu l d es
Toutes ne font pas appel aux machines, loin de là. Mais au x1xe siècle,
retenues entre colo nnes suc-
les progrès d e la mécanique de précision, l'expansion de l'industrie
cessives. Le m ath ém at ici en
des instruments scientifiques et des m at ériels de bureau, mettent à
ang lai s Henry Briggs (1556-
la disposition des inventeurs les moyens de réaliser pratiquement
1630) entreprend d e produire
les projets imag inés depuis d eux siècles à des prix abordables. On
des tables ; son Arithmetica
con state leurs efforts créatifs en con sultant les ancien nes tables
Logarithmica (1624) ind ique
de brevets, les catalogues d 'exposition s universelles et les articles
les logarithm es d e 30 000
qu'il s ont publiés pour faire connaître le fru it de leur labeur. Vers
nombres avec quatorze déci-
1900, l'emploi des machines à ca lcu ler, comme des instruments
ma les, suivi en 1633 d ' une
plus simples que sont les tables numériques et les règles à calcul,
Trigonometria Britannica. Les
est bien entré dans les prat iques de nombreuses organisations.
tables logarithmiques, pu is
Pourquo i n e pa s employer tout simplement des calculat eurs trigonométriques, révolution-
humains prodiges, tels Jacques Ina udi et le vertigineux Paul neront la pratiq ue du calcul
Lidoreau qui extrayait mentalement en vingt secondes la racin e en facil itant d e nombreuses
carrée d 'un nombre d e 15 chiffres ? En fait, certain s ont t rava illé opérations dans les sciences
pour des observat oires astronomiques ou des bureaux de calcul, et les techn iques.
John Neper.
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- 3'i - Histoire illustrée de l'inJ:armatique
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Ebauche de la premiere
'
machine à calculer
L'Aiiemand Wilhelm Schickard ( 1592- 1635) tente de con struire la
première machine à calculer numérique de l'histoire pour aider
l'astronome Kep ler, à qui il écrit en 1623 : « .. . Ce que tu fais par le
calcul manuel, je l'ai récemment tenté mécaniquement et j'ai construit
une machine qui compte immédiatement et automatiquement les
nombres donnés, additionne, sous-
trait, multiplie et divise .. . Tu éclateras
certainement de joie lorsque tu verras
comment elle reporte les retenues des
dizaines ou des centaines, ou bien les
déduit dans les soustractions ... » Elle
devait permettre d 'add itionner et
de so u straire des nombres à six
chiffres. Les mu lt iplications étaient
repo rtées en addit ions successives
à l'aide de bâtonnets de Neper pré-
sents su r la machine.
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Chapitre 2 - Machin es mécaniques - 35 -
L'unique exemplaire fut détruit quelques mois plus tard dans un 1&3D ~ La règle à calcul
incendie et l'inventeur annonça à Kepler qu'il abandonnait le pro-
Les propriétés mathématiques des logarithmes inspirent l'invention
jet. C'est seulement en 1957 (même s'il en est ponctuellement fait
de la règle à calcul en 1630 par Wi lliam Oughtred (1574-1660). Cir-
mention aux xv111e et x1xe sièc les) qu'on retrouva dans des archives
cu laire ou rectiligne, la règle est composée d'échelles graduées et
les lettres et un dessin envoyés à Kepler. On entreprit alors de
coulissantes permettant d'effectuer directement, par déplacement
reconstruire la machine. Plusieurs exemplaires existent à l'heure
de rég lettes et de curseurs, les opérations arithmétiques classiques.
actuelle. Malheureusement ces reconstitutions améliorèrent le
Elle se prête également à des opérations plus complexes - racines
mécanisme de propagation de la retenue d'une manière non évo-
carrées et cubiques, calculs logarithmiques et trigonométriques.
quée par Schickard, donc anachronique. Peut-être avait-il réussi
Ce petit instrument, portatif et facile à utiliser, sera perfectionné
à achever sa machine, mais elle ne fut probab lement ni fonction -
aux x1xe et xxe siècles, et restera le moyen matériel de calcul le plus
nelle, ni robuste, ni fiable.
couramment employé par les scientifiques, les ingénieurs et les
étudiants jusqu'à l'apparition des premières calculettes électro-
niques vers 1970.
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- 3Ei - Histoire illustrée de l'in~armatique
1645 ~ La Pascaline
Pour aider son père, collecteur de taxes, Bla ise Pascal (1623-1662)
conçoit en 1642 l'idée d 'une machine à calculer. La démarche du
jeune mathématicien est exempla ire du processus d 'i nnovation.
Schématiquement il a : perçu un besoin émergent; répondu en
concevant une machine; développé celle- ci en « mariant » des
techniques et des concepts préexistants, la mécanique horlogère
et l'arithmétique décima le exprimée en chiffres inde-arabes; iden-
tifié le problème crucia l de la mécanisation du ca lcul - comment
mécaniser le report de retenues ? Et il l'a résolu en inventant un
d ispositif, le sautoir. Celui-ci fonctionne suffisamment pour q ue la
machine soit utilisable, mais sera ensuite perfectionné ou remplacé
par des systèmes plus fiables et p lus efficaces. C'est ce dispositif qui
sépare les simples instruments de ca lcul (boulier, etc.) des machines.
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Chapil:re 2 - Machines mécaniques - 31 -
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Platine de la machine
et l'ensemble de son mécanisme
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Tmn. . f1T. (Encyclopédie).
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Chapitre 2 - Machines mécaniques - 'iS -
Cette machine ana lytique entièrement mécanique innove sur tous Babbage a malheureusement un ca ract ère difficile. Passio nné par ses
les plans, notamment par son architecture. Ayant une mémoire, projets, il ne comprend pas que ce qui int éresse le gouvernement n'est
une unité arith métique et logique et un lecteur de cartes perfo- pas la conception d'une belle machine, mais la p roduction de tables
rées (idée empruntée aux métiers Jacquard), elle est générale au pour la Marine. Autoritaire et versatile, ses fréquents changements de
sens où elle est programmée par des instructions sur les cartes, qui plans fin issent par décourager ses sponsors et par le brouiller avec le
peuvent aussi porter des const antes ou des variables. Certaines patron de l'atelier de mécanique. C'est la vraie cause de l'abandon de
cartes peuvent générer un test ou effectuer une boucle ou encore ses machines, qui étaient pourtant faisables en mobilisant les meil-
appeler un sous-programme en annexe (pour employer le vocabu- leures aptitudes technologiques et financières de l'époque.
laire des informaticiens modernes).
Certain que l'avenir lui don nerait raison, l'irascible gén ie s'est efforcé
La première description scientifique de la machine est fa ite par le de laisser le maximum de plans et dessins. Des versions rédu ites de la
mathématicien italien Luigi Federico Menabrea, alors enseignant de machine à d ifférences seront réa lisées par les Suédois Pehr et Edvard
mécanique. Suite à des discussions avec Babbage lors d'un congrès Scheutz vers 1850. Une version partielle sera const ruite par son fil s
scientifique à Turin, il publ ie un article intitulé « Notions sur la mach ine Henry après 1880. Mieux encore, un siècle plus tard le Science Museum
analytique de M. Charles Babbage » dans le 4 7e tome de la Bibliothèque de Londres a entrepris d 'étudier minutieusement la Difference Engine
Internationale de Genève en octobre 1842. Une amie de Babbage, Ada n °2 et de la réaliser en respect ant scrupuleusement les contraintes
Lovelace (1815-1852), fille du poète Byron, en publie une traduction techniques du temps de Babbage. Spectaculaire, cette machine-
angla ise largement enrichie de ses propres commenta ires, expo- hommage a été inaugurée en 1991 pour le b icentenaire du grand
sant clairement le concept nouveau d 'un calculateur universel. Elle hom me. Son fonctionnement démontre que le projet était viable.
y ajoute un tableau des opérations successives que devrait effectuer
Entre temps, le concept de calculat eur p rogrammable imaginé par
la machine pour calcu ler un nombre de Bernoul li (B1 ) : sans être un
Babbage aura inspiré une longue suite d 'inventeurs que l'on ren-
« programme » codé, c'est une analyse algorithmique.
cont rera dans les chapitres suivants.
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Chapit:re 2 - Machines mécaniques - 'il -
1B73 ~ Rrithmamètre d'Ddhner : Protégée par des rafales de brevets (ce qui
n'empêche pas d 'innombrables contrefaçons),
le best-seller mondial des calculatrices de bureau
cette machine devient la calculatrice de bureau
Après de nombreuses années de réflexion par excellence dans la première moitié du
et d'études, le Suédois W. T. Odhner (1845- xxe siècle. On estime que 20 000 Brunsviga ont
1905) remplace les cylindres de Leibniz équi- été produites entre 1886 et 1912. De nouvelles
pant l'arithmomètre de Thomas de Colmar améliorations ont encore amplifié le succès par
par des roues à nombre variable de dents, la suite.
permettant d 'avoir ainsi une machine plus
Deux ans avant Odhner, Frank Baldwin ava it
légère et plus compacte. Il commercialise
également breveté aux États-Unis une machine
ses premiers modèles en 1890 à St-Péters-
à calculer basée sur le même principe de roue
bourg où il fonde une usine avec des capi-
variable mais sa commerc ialisation était restée
taux Nobel. Une licence est ensuite acquise
beaucoup plus confidentiel le que celle de la
en Allemagne par un fabricant de machines
machine d 'Odhner. Lorsque la couronne interne tourne
Willgodt Theophil à coudre de Brunswick, qui produit la calcu-
(attachée à une manette latérale mobile), les
Odhner. latrice sous la marque « Brunsviga ».
dents sont poussées en fonction de sa position.
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Arithmomètre d 0dhner.
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Premier calculateur de marées en 1872.
1B76 ~ Le téléphone
Parallèlement au x travaux d 'autres inventeurs
comme Antonio Meucci ou Elisha Gray, Alexa nder
Graham Bell (1847-1922) dépose un brevet concer-
nant la transmission de la voix à distance à l'aide de
l'électricité; le t élép hone est né. Les technologies
et les co n cepts développés dans les télécom-
munication s (co mmutation, quantification de
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Chapit:re 2 - Machines mécaniques - 'i9 -
l'information, etc.) seront à la base de la culture professionnel le 1BB5 ~ L'Amérique entre en scène
des premiers concepteurs d 'ordinateurs. Le réseau téléphonique
S'inspirant d 'abord des développements européens,
commuté (RTC), construit pour des transmissions analogiques,
puis déployant leur propre capacité créatrice, des
sera aussi utilisé dans la seconde moitié du xxe siècle pour trans-
techniciens et des entrepreneurs améliorent et indus-
mettre les données des premiers réseaux informatiques. Inver-
trial isent des machines à calculer. Ils répondent à un
sement, à partir des années 1980, on fera circuler la voix sur les
' ' . marché intérieur en p leine croissance, où se créent
nouveaux reseaux numer1ques.
de grandes organisations qui inventent de nouveaux
modes de gestion, tandis que la main d 'œuvre qua- Machine à écrire additionneuse
lifiée est rare et chère. L'industrie mécan ique de pré - Ellis (191 O).
cision, qui a d 'abord fabriqué des armes à feu puis
1B76 ~ Rdditianneur de Tchebychev des machines à écrire (Remington), offre des savoir-
faire propices à l'innovation. Ainsi, le mariage de la
Le mathématicien russe Pafnouti L.Tchebychev (1821-1894) invente
calculatrice et de la machine à écrire, associant les
un dispositif d'addition continue sans propagation de retenue, résol-
mécanismes arithmétiques avec le clavier, engendre
vant l'un des problèmes apparus avec la Pascaline. Ce procédé permet
la machine comptab le. L'ajout d 'un petit moteur élec-
de construire des machines à calculer très rapides. Il sera utilisé aux
triqu e permet ensuite de réduire l'effort musculaire de
États-Unis dans une machine à additionner Burroughs de 1915, et
l' uti lisateur et d 'actionner une imprimante.
en 1945 dans la calculatrice Marchant (1 350 tours/ minute, soit plus
de 22 additions par seconde en pointe) qui restera employée jusqu'à À la suite de Felt et Tarrant, de Franck S. Baldwin,
la fin des années 1960. de l'employé de banque Bu rroughs et d'autres, un Pool de machines comptables
nouveau secteur industriel se forme. Bientôt dominé Burroughs-Moon -Hopkins
par des majors comme Nationa l Cash Register (NCR), dans une banque française
il contribue à transformer le mode de vie américain (vers 1930).
dont l'image sera bientôt associée à l'obsession des
données chiffrées. li initie la production en masse des
machines arithmét iques : NCR vend 25 000 caisses
enreg istreuses par an dès 1900, 100 000 en 191 O. Une
fois amorties sur le marché nord-américain, celles-ci
inondent ensuite l'Europe où seu le l'industrie alle-
mande saura vraiment résister.
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Multiplicatrice directe
de Léon Bollée.
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C'est, sous une forme mat érielle, ce qu' un informaticien d 'au-
j o urd 'hui appellerait un « sous-p rogramme ». Le procédé sera
repris da n s de nom breuses machines ulté rieures, y compris en .. "' ,. .. - -
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mécanographie comptable. La machine reçoit u ne médaille d'or
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- 52 - Histcire illustrée de l'inJ:armatique
Tabulatrice et trieuse
d'Hermann Hollerith
utilisées pour le recensement
américain de 1890.
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C hapitre 2 - Machin es mécaniques - 53 -
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Les applications sont d 'abord limitées aux statistiques. i ,. ,, t.. ;;, A (j C . F H I ...J ... L
gestion comptable. Après le succès du recensement et pour ·~ s. ..) •1 ...::X ,.. 1,4 J+ •• J4 ,. •• t.. 14
commercialiser ses machines, Ho llerith crée la Tabulating Jt, ) <, J6 1~ ~~ J6 SI, s, S6 Î<, S&
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puis deviendra IBM en 1924. -
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La carte perforée aura un immense succès en informatique
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la plupart des ordinateurs jusqu'au début des années 1970. •..
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La diffusion des terminaux interactifs et des disques magné-
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tiques entraînera ensuite sa disparit ion en une quinzaine
d'années. Le modèle de carte perforée le plus connu est la
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terminaux texte, à 24 lignes de 80 caractères. Carte perforée à trous ronds pour machine Remington·Rand.
Crédits
P . 31 : Charles Bab bage • P . li! : From the Erwin Tomash Library on the History of Computing, by Ervvin Tomash and Michael R. William s, published by Erwin Tomash and Michael R. Williams, 2009 (electronic
copy available on the Charl es Babbage lnstitute website). Extrait de Mark Napier, Memoirs of John Napier of Merchiston, William Blackwood and Thomas Cade li, 1834 • P . 11 : Kim Traynor / Wikimedia Commons
(Musée National d 'l:cosse) , P . J~ : Herbert Klaeren / Wikimedia Commons; F. Seck (Editor) "Wilhelm Schickard 1592-1635, Astronom, Geograph, Orientalist, Erfinder der Rechenmaschine·; Tübingen, 1978 , P . 35 :
Roger Mc Lassus / Wikimedia Commons • P . 3& : Tieum52 / Wiki m edia Commons (Musée des Arts et Métiers, Paris) ; © 201 5 by AUCTIONTEAM BREKER, Cologne, Germany (W\1\/v'J.Breker.com) • P . l'i : Wikimedia
Commons. Extrait de Blaise Pascal, Œuvres de Blaise Pascal, t. 4, Chez Det une, La Haye, 1779 • P . JB : Wikimedia Commons. Extrait de Blaise Pascal, Œuvres de Blaise Pascal, t. 4, Chez Detune, La Haye, 1779 • P . 39 :
Pierre Mounier· Kuhn ; Pierre Mounier· Kuhn • P . 'ID : Science Museum / Science & Society Picture Library , P. 'Il : Clem Rutter / Wikimedia Commons (Museum of Science and lndustry, Manchester) • P . '12 : Droits
réservés ; BastienM / Wikimedia Commons (Château de Maisons-Laffitte) ; arithmornet re.org , P. '13 : Droits réservés ; Charles Babbage , P . 'l'I : Nathan Myhrvold, Computer History Museum / xRe.z Studio ; , P . '15 :
Alfred Edward Chalon - Science Museum / Science & Society Picture l ibrary , P . 'I& : Popular Science Magazine; Koblenz Technical Museum , P . 'l'I : Droit s réservés ; Geni / Wikimedia Commons ; Wassén, Henry:
The Odhner History • An lllust rated Chronicle of "A Machine to Count on~ Gothenburg, Wezata, 1951 • P . 'ta : Science Museum I Science & Society Picture Library; Dickinson Brothers, publié par Photographische
Gesellschaft ; Alain Groult • P . 'Hl : Al ain Guyot & Musée nat ional d'histoire de Saint-Pétersbourg ; Droits réservés; Archives historiques BNP Paribas ; Pierre Mounier-Kuhn - Archives historiques BNP Paribas , P .
sa : Tieum52 / Wiki media Commons (Musée des Arts et Métiers, Paris); arithmometre.org • P . 51 : Charles Milton Bell / US Cens us Bureau ; Scientific American • P . Si! : US Census Bureau , P . 53 : Jeffrey S. Jonas
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Chapitre 3 - Le début: du xx"' siècle - SS -
Les guerres accentu ent ces tend ances. L'artillerie a été révolu-
tionnée entre le m il ieu et la fin du x,xe siècle à la fois par les pro-
grès de la chimie, qui ont engendré des explosifs surpu issants,
et par les progrès de la mécanique et de la métallurgie, qui ont
permis de produire des armes rayées, résistant aux hautes pres-
sions, capables donc de tirer dix, vingt fois plus loin que les tubes
de bronze de Napoléon. Vers 1905, les gros canons de marine
envoient des obus de plusieurs centaines de kilos à plus de 20 km
- et cela vers des cib les mouvantes, à partir d'un navire qui est
lui-même sujet au tangage et au roulis et avance à 20 nœuds. On Alan Turing.
imagine les problèmes de calcul et de correct ion automatique que
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- 56 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique
ces systèmes d'armes exigent de résoudre pour être efficaces. Pen- 1920. Le secteur est dominé par quelques grands producteurs:
dant la Grande Guerre, des équipes mobi lisant mathématiciens NCR, Burroughs, Remington - Rand et d'autres qui souve nt se
universitaires et ingénieurs militaires s'y attellent, pendant que sont implantés comme rcialement dans les ad m inistrations en
d'autres s'efforcent de gérer, de nourrir et d'équiper des millions vendant des machines à écrire. En Europe, !'Allemand Wande -
de combattants. rer Werke, le Suédois Facit et quelques autres se tai ll ent une
place honorable. S'y ajoutent de plus petites machines à calcu-
Le retour à l'économie de paix se carac térise par une pénurie de
ler, comme la Brunsviga, best-seller des calcu latrices de bureau
main d'œuvre (particu lièrem ent en France, qui avec 1,5 million de
pendant un long demi-siècle. Tous ces appareils peuvent être
morts a été le plus saigné des grands belligérants), ce qui pousse
utilisés par un employé individuel dans un bureau, ou rassem-
encore à mécaniser le travail. D'autre part la guerre a accéléré le
blés en vastes pools comme les pools dactylographiques. Leur
développement de nouvelles techniques, comme la TSF et l'avion,
manipulation s'apprend en quelques heures par une personne
dont les progrès vont à leur tour n écessiter des calculs de champs
habituée aux tâches administratives.
électriques, d'antennes, d'aérodynamique, de résistance des struc-
tures, et c. Beaucoup plus lourdes, performantes et coût euses, les machines
à cartes perforées ne sont concevables que dans de grandes
Comme souvent dans l' histoire, il n'y a pas un type unique de
organisations, ayant à la fois des besoins de traitements massifs
solution (the one best way) à ces problèmes, mais plusieurs, en
et les moyens d 'investir dans ces machines. Apparues sou s une
fonction des circonstances et des savoir-faire. C'est l'époque où
forme primitive pour répondre aux besoins de recensements des
se multiplient les bureaux de calcul employant des dizaines de
grands États, c'est seu lement vers 1920 qu'ell es attaquent le mar-
salariés (souvent des femmes) penchés sur des feuilles de calcul ou
ch é européen. Le premier constructeur est Ho ll erith, dont la très
sur de petites machines de table. Règles à ca lcul et tables numé-
profitable firme prend en 1924 le nom d' IBM aux États-Unis. Son
riques règnent dans les bureaux d'étude. Ainsi que la nomogra-
seul concurrent d'alors, Powers, a déjà débarqué en Europe occi-
phie, le calcul par le dessin, qui est une forme immatériel le de
dentale. En 1931 s'installera à Paris un petit challenger d 'origine
calcul analogique. C'est l'âge d 'or des inventeurs: les archives des
norvégienne, Bull. Il n'y en a pratiquement pas d 'autres, car le
offi ces de brevets révèlent l'intense créativité des passionnés de
coût du développement et de la fabrication des machines à cartes
mécanique et des utilisateurs mécontents qui perfectionnent les
perforées élève une barrière à l'entrée sur ce marché, beaucoup
dispositifs apparu s au x,xe siècle ou en inventent de nouveaux.
plus haute que celle des machines de bureau.
Peu d'entre eux font fo rtun e, car le marché est déjà dominé par
de grandes entreprises. Les machines à cartes perforées offrent d'emblée deux avantages
sans éq uivalent. D'une part les cartes perforées sont un support
Parmi les machines de bureau, les plus anciennes sont les cal -
de mémoire réutilisab le, par exemple pour calculer chaque mois
culatrices de table, qui von t de la simple additionneu se aux
la paye du personnel. D'autre part, entre la sa isie des données
machines aptes aux calculs scientifiques. En haut de gamme, les
et l'imp ression des résultats, ces grosses machines automatisent
machines comp tabl es résultent de décennies d'effo rt s inventifs
des suites d'opé rations élémentaires, éliminant nombre d'opéra-
pour marier la calculatrice avec la machine à éc ri re. Expl o itant
tions humaines: on rédu it à la fois le ri sque d'erreurs et les heures
toutes les ressou rces de la mécanique de précision, incorporant
de m ain d'œuvre. À beaucoup de points de vue ces machines ont
progressivement des éléments électriques pour facil iter le tra-
préparé le terra in aux premiers ordinateurs de gestion.
vail de l'uti lisateur, c'est une technologie mûre dès les années
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Chapitre 3 - Le début: du xxe siècle - 5-=t -
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C:hapit:re 3 - Le début: du xx 11 s iècle - 59 -
1913 ~ Totalisateur
de paris mutuels
Les calcu lateurs analogiques
se développent dans toute
l'industrie. L'ingénieur austra-
lien George Ju lius (1873-1946)
constru it un tota li sateur per-
mettant à plus d ' une vingtaine
de caissiers d 'enregistrer les paris
pendant une course de chevaux,
de calculer automatiquement la
cote associée en fonction du
montant et du nombre de paris
et d 'afficher le résultat en temps
réel sur de grands tableaux situés
à l'entrée du champ de course.
Sa machine est à base d 'engre-
nages, de compteurs et de dif-
férentiels, mais n'exécute pas de
programme: c'est l'arrangement
des pièces qui organise le calcul.
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- 6D - Histoire illustrée de l'inJ:armatique
191B ~ Bascule << Flip-Flap >> foire de Paris de 1914,jouait la finale roi et tour contre roi seul et gagnait
toujours contre un opposant humain. Ses réalisations et ses réflexions
En 1918, deux physiciens français, Henri Abraham ( 1868-1943) et
théoriques lui valent une réputation internationale dès les années 1920.
Eugène Bloch (1878- 1944), inventent sous le nom de « multivibra-
Seul le faible développement industriel de l'Espagne à son époque
teur >> un montage de deux triodes en osci llateur. Au même moment,
empêche ses inventions de trouver l'audience qu'elles méritent.
de l'autre côté de la Manche, deux ingénieurs britanniques, William
Eccles (1875- 1966) et Frank Jordan (1882 - ?), expérimentent un
dispositif comparable qu'ils baptisent flip-flop, et publient l'année
suivante un article dans Radio Review intitulé « Un relais basculeur
utilisant des lampes à vide à trois électrod es».
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- 62 - Histoire illustrée de l'in~armatique
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Chapitre 3 - Le début: du xx 11 siècle - 63 -
La carte est au ssi à l'origine d' un casse -tête qui fit du bruit à la fin
Carte perforée à 80 colonnes.
du xxe siècle : la codifi cation de l'année par d eux chiffres sur les
cartes perforées, reprise ensuit e dans des millions de logiciels et
de firmwares (logiciels enfou is), a déterminé le bogue de l'an 2000
dont le coût en Fran ce était estimé de 100 à 150 milliards de Francs.
Bases de données mécanographiques : les tiroirs de cartes perforées d'une banque au milieu du xx' siècle.
1 11 J - 11925 , .
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- Ei'i - Histoire illustrée de l'in~armatique
192B ~ Problème de la décidabilité combinant ces intégrateurs, il est possible de simuler une équation
différentielle et de la résoudre en traçant automatiquement sa solu-
En 1900, le mathématicien al lemand David Hilbert (1862- 1943)
t ion. Ces calculateurs ana logiques mécaniques rendent des services
avait posé au congrès international des mathématiciens le pro-
en ingénierie et en calcul scientifique. Des copies en sont réalisées
blème de prouver la cohérence des mathématiques. En 1928, il
par des laboratoires universitaires dans la plupart des pays indus-
pose la question de la décidabilité des mathématiques: existe-t -il
trialisés ... sauf en France! Ils ont toutefois plusieurs inconvénients:
un algorithme général permettant de savoir, mécaniquement, si
encombrement, difficulté de reprogrammation (à chaque nouvelle
un énoncé est vrai ?
équation, il fallait réorgan iser les connexions entre engrenages, axes
Le logicien Kurt Gëdel (1906-1978) et moteurs), précision limitée en raison des frottements et jeu entre
répond en 1931 au premier pro- les pièces. Après guerre, ils seront remplacés par des calculateurs
blème en démontrant que tout électroniques, analogiques puis numériques.
système formel , aussi puissant
soit-il, est soit incohérent, soit
incomplet : il existe donc des
énoncés mathématiques que l'on
David Hilbert vers 1912. ne peut ni prouver, ni réfuter. Les
math ématiciens commencent
alors à s'intéresser à la théorie de
la calculabil ité : quelles sont les
fonctions mathématiques effec-
t ivement calculables en un temps Un intégrateur réalisé à l'aide de pièces de Meccano.
fini par un algorithme et comment
le formaliser ?
Albert Einstein et Kurt Godel à l'IAS
au début des années 1950.
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C:hapit:re 3 - Le début: du xx 11 siècle - 6l -
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• 1937 ~ Alan Turing
Dans un article fondateur de l'a lgorithmique, « Sur les nombres
calculables et les app li cations au problème de la décidabilité »,
le mathématicien ang lais Alan Turing (1912-1954) décrit un e
machine conceptue ll e capable d 'exécuter séquentiellement,
11•
selon un programme préétabli , une série d 'opérations en vue
de résoudre un prob lème. Il y a des concepts matériels (bande
Publicité pour les machines Bull (1934). de papier, unité centrale, di spositif de lecture/écriture) et logi-
ciels (table des états, liste d'instructions, convention d'écriture
des données) . Cela lui permet de répondre à la question de la
décidab ilité de Hilbert en montrant que toutes les questions
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- EiB - Histoire illustrée de l'inJ:armatique
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Chapitre 3 - Le début: du xx" siècle - 69 -
George Stibitz.
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- ,a - Histo ire illustrée de l'in~armatique
Crédits
P . 55 : King's college archives, Cambridge · P . 5~ : John Ambrose Fleming. Extrait de John /\mbrose Fleming (1919), The Th ermionic Valve and its Developments in Radiotelegraphy and Telephony, The Wireless
Press, London ; St efan Riepl / Wikimedla Commons • P . sa : École Nationale des Ponts et Chaussées ; École Nat ionale des Ponts et Chaussées ; Éditions Gaut hier-Villars · P . 59 : Museum of Applied Art s and
Sciences, Sydney , P . 60 : John N. Vardalas, DRTE/ CRC Image Collection ; L. Torres-Quevedo; L. Torres-Quevedo • P . 61 : Library of Cong ress • P . 6i! : Capital Pictures; UniversallmageGroup; NASNJPL-Caltech;
Brunsviga Gmbh • P . 63 : Bull ; Gwern / Wikimedia Commons; Bull · P . 6'1 : Universit é de Gôttingen ; Richard Arens photographer. From the Shelby White and Leon Levy Archives (enter, lnstitute for Advanced
Study, Princeton, NJ, USA. Tim Robinson (www.meccano.us) • P . 65 : Rutherford Appleton Labo ratory and the Science andTechnology Facilities Council (STFC). http://w,,.,w.chilton -computing.org.uk , P . &6 : Bull ;
Archives historiques BNP Pari bas ; Revue Mon Bureau · P . 6l : Bull ; Archives historiques BNP Paribas • P . ,a : Équipe Ru BENS, ENS LYON · P . 69 : Droits réservés ; Smithsonian • P . 10 : Thomas Schanz / Wikin, edia
Commons • P . 11 : Computer Laborat o ry, University of Cambridge. Reproduced by permission ; Bureau des brevets; Science Museum / Science & Society Picture Library ; Moore school of Engineering, University
of Pennsylvania ; US Army Photo; MIT Museun,. Boston ! Nixdorf MuseumsForum, Paderb-orn ; Library of Congress
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Chapitre 'i - Les premie r s ardinat:eur s - 13 -
u i a inventé l'ordinateur ? La question le nom bien pratique d'ordinateur. Le rap port von
n'a guère d e sens, s'agissant d 'un objet Neumann, publié dès juin 1945, aura un large impact
• aussi complexe. On a vu dans le chapitre
CYBERNETICS en raison même de sa disponibilité (on peut l'acheter
)
précédent que même des éléments de base des CONTROL •N O COMMUNICATI ON à Washington pour une poignée de dollars) et de la
l>i THI: ANIHAL AhO THE t'9ACKIHE
futurs calculateurs électroniques : le tube à vide, notoriété de son auteur: John von Neumann, l'un
puis son montage en bascule b inaire, avaient été .. des esprits les plus brillants et les plus universels du
inventés simultanément dans deux pays différents. - - ..:..---
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.... $ •• xxesiècle, est b ien connu dans le monde scientifique
L'ordinateu r résulte nécessairement d'une série de et a ses entrées chez les d irigeants civils et militaires.
<.<mariages » de concepts et de technologies pro- Quelques mois plus t ard, à Londres, le mathéma-
venant de courants très variés, de combinaisons ticien Alan Turing dresse les plans beaucoup plus
intelligentes effectuées sous l'intense pression de détaill és d'un ordinateur pour le National Physical
la guerre. Son histoire permet d'observer, sur une ~~- • c•
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Laboratory, citant d'ailleurs le rapport von Neumann
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petite dizaine d'années, les trois phases d'émer-
gence d'un concept radicalement nouveau. ~ --
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_,,......,. . . . . comme référence essentielle, mais sans beaucoup
cherch er à diffuser l'idée au-delà de l'équipe qu i
doit réaliser sa machine. Les motivations des deux
Vers 1940, p lusieurs spécialistes à travers le monde
hom mes (qui se connaissent et s'apprécient) sont
développaient d es calcu lateurs à programme
d 'ailleurs différent es : von Neumann veut surtout
externe, suivant consciemment ou no n le projet
faire construire un puissant calcula teur, si possible en plusieurs exem-
de machine analytique de Babbage en y ajoutant les possibilités des
plaires dans plusieurs universités, pour développer les mathématiques
relais électriques : Zuse en Allemagne, Couffig nal en France, Aiken et
appliquées et mettre de nouveaux moyens de modélisation mathé-
Stibitz aux États-Unis, d'autres encore tels les ingénieurs d'IBM ou de
matique au service des sciences et des techniques. Turing, lui, veut
Bull qui produisaient d es calculateurs à cartes perforées. Aucun n'avait
réaliser une machine à traiter l'information, autant pour calculer que
la moindre idée d'une machine à programme enregistré, notion qui ne
pour mener des recherches sur la pensée.
prendrait sens qu'avec un processeur électronique. Certains allaient
plus tard adopter cette idée, mais la plupart rest eraient longtemps En 1950, une dizaine d'ordinateurs sont en construction, certains
dans le paradigme du calculateur à programme externe, hérité de la même déjà en service, en Angleterre, aux États-Unis et en Union
mécanique. Soviétique. S'ils constituent potentiellemen t une solution élégante
et prometteuse à beaucoup de problèmes, ils comm encent par en
En 1945, tirant les leçons des réalisations électroniques secrètes
poser de très difficiles : comment réaliser les mémoires, cet organe
menées pendant la guerre, deux documents définissent une struc-
essent iel schématisé dans le rapport von Neumann, m ais qui n'exist e
ture de machine rad icalement nouvelle : le calculateur numérique
pas dans les t echnologies disponibles à l'époque ? Comment, aussi,
à programme enregistré - auquel les Français donneront plus tard
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- l'i - Histoire illustrée de l'inJ:armatique
assurer un minimum de fiabilité à une machine constituée de milliers l'importance et la difficulté de la programmation. Bien qu'universels
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de composants et de soudures qui ne demandent qu à griller et à se en principe, les premiers ordinateurs étaient conçus en vue de la réso-
dessouder? D'autant que l'on construit ces machines avec des pièces lution d'une certaine classe de problèmes - souvent pour produire
détachées qui proviennent d'autres secteurs d'activités, comme les des tables numériques. Ils étaient utilisés par des ingénieurs, physi-
télécommunications, et qui n'ont pas été conçues pour le calcul digital. ciens et mathématiciens qui indiquaient à la machine la suite des
Enfin, quelles méthodes de codage (on dira bientôt programmation) opérations à effectuer et récupéraient les résultats; sans être triviale,
élaborer pour communiquer avec la machine ? Et quels procédés l'écriture de programmes ne représentait pas une difficulté majeure.
mathématiques inventer pour faire traiter des équations par un appa- Avec le développement des premiers systèmes commerciaux dans
reil électronique qui peut amplifier à toute vitesse la moindre erreur et les années 1950, les possibilités et domaines d 'utilisation exploseront
la plus légère approximation (ce sera l'objet de l'analyse numérique, et la programmation deviendra le facteur critique de la réussite d 'un
une vieille sous-discipline qui prend dès lors une importance sans projet - elle l'est encore de nos jours.
précédent)? D'un point de vue plus concret, pour les laboratoires qui
À Cambridge, Maurice Wilkes a le vif souvenir d'en avoir pris conscience
se lancent dans l'aventure, comment gérer un projet de développe-
et le rappelle dans ses mémoires: « Dès que nous avons commencé à
ment technique aussi complexe, réunir dans une même équipe des
programmer, nous avons constaté à notre grande surprise qu'il n'était
mathématiciens, des électroniciens, des mécaniciens, inventer un
pas aussi faci le que nous l'avions pensé d'obtenir des programmes
langage commun? Les deux-tiers des projets de grands calculateurs,
corrects. Le débogage devait être inventé. C'était lors d'un de mes tra-
à l'époque, traverseront bien des avatars, subiront des retards parfois
jets entre la salle EDSAC et la perforatrice que, sur le palier de l'escalier,
irrémédiables ou seront même abandonnés quand les industriels
j 'ai brutalement réa lisé qu'une bonne partie du reste de ma vie allait
commercialiseront les premiers ordinateurs de série.
être passée à trouver des erreurs dans mes propres programmes. »
Le caractère extrêmement risqué de ces projets justifie qu'ils soient
Au-delà de ces problèmes techniques cruciaux, l'informatique nais-
menés généralement dans les laboratoires de recherche publics :
sante participe au changement des équilibres mondiaux. Les États-
ceux-ci, financés par des agences gouvernementales ou des acadé-
Unis sont sortis considérablement renforcés et enrichis du deuxième
mies, peuvent explorer des voies absolument nouvelles susceptibles
conflit mondial, et décidés à jouer désormais un rôle de leader sur la
d'être des impasses, prendre plus de temps que prévu pour surmon-
scène internationale. L'un de leurs atouts majeurs est - déjà - la puis-
ter des difficultés inédites, échanger ouvertement informations et
sance de leurs services de renseignement, de cryptanalyse et d 'écoute
leçons de l'expérience, là où des laboratoires privés seraient contraints
des transmissions. En quelques années, leurs chercheurs développent
par le secret industriel. Rapidement, toutefois, d'assez nombreuses
certains des premiers ordinateurs du monde et inventent le transistor,
entreprises de toutes tailles organisent les transferts de technologies
faisant des États-Unis le berceau de la « troisième révolution indus-
(généralement par des transferts d 'hommes), mettent au point et
trielle ». Un savoir-faire sans éga l dans la synergie entre recherche
industrialisent les nouvelles machines. En les mettant à la disposition
universitaire et industrie, combiné avec d'énormes investissements
d'utilisateurs de plus en plus nombreux, elles favorisent la multiplica-
gouvernementaux dans l'innovation et avec une foi ardente dans le
tion des expériences et l'acquisition de savoir-faire, donc de nouveaux
progrès et l'efficacité de la technique, fait des États-Unis une nouvelle
progrès qui ne s'arrêteront plus.
«économie-monde », imprimant son rythme et sa stratégie à sa vaste
Les pionniers de l'informatique ont eu une vision assez claire de sphère d'influence, et m ême au-delà dans les pays qui tentent d 'en
l'évolution future du matériel, mais ont complètement sous-estimé rester indépendants.
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Chapitre 'i - Les premiers ard inal:eurs - lS -
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- lEi - Histoire illustrée de l'in~armatique
194D • Les calculateurs de Konrad Zuse Jeune ingénieur allemand travaillant sur la résistance des struc-
tures, Konrad Zuse (1910-1995) imagine un calculateur binaire pour
effectuer ses longs calculs répétitifs. Un premier modèle p u rement
mécanique Zl, achevé en 1938, fonctionne juste assez mal pour le
convaincre d'en concevoir un deuxième avec des relais de téléphone,
le Z2, tandis que son ami Helmut Schreyer préférerait passer rapide-
ment aux tubes électroniques. Tous deux ignorent les travaux com -
parables menés outre-Atlantique par Shannon, Stibitz et d'autres.
Zuse cherche des appuis dans l'industrie mais peu de spécia listes
croient à une machine fonctionnant en binaire. Un constructeur lui
répond « qu'il lui adresse tous ses vœux pour l'heureux aboutissement de
ses recherches, mais que, ma/heureusement, toutes les techniques possibles
en matière de machines à calculer ont déjà été découvertes et exploitées et
que cest là un domaine où les idées nouvelles n'ont plus leur place >). Zuse
finit cependant par trouver un soutien auprès d' un constructeur de
calculateurs de bureau, puis à l'institut de recherche aéronautiques
de Berlin. Ce qui lui permet de développer un modèle bien plus
ambitieux, mais désormais sous le secret milita ire, le Z3.
Achevé en 1941, le Z3 contient p lus de 2 000 rela is, pèse une tonne
et consomme plus de 4 kW. Il comprend une mémoire, un dispositif
de contrôle et une unité arithmétique ca lculant en binaire sur des
nombres en virgule flottante! Données et instructions sont perfo-
rées sur du film cinéma 35 millimètres, moins cher et plus solide
que des rubans de papier et facile à guider avec les perforations
latérales. C'est donc, b ien dans la lignée conceptuelle de Babbage, le
premier grand calcu lateur nu mérique contrôlé par programme qui
entre en service opérationnel, plusieurs années avant le Colossus
anglais, le Harvard Mark 1 ou l' Eniac américains.
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1941 1t
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Chapit:re 1i - Les premiers ard inat:eurs - l l -
L'appareil est détruit en 1943 lors d'un bombardement allié. La du tic-tac de sa mécanique. Jusqu'à la chute de la France en juin
machine Z4, amélioration du Z3, est presque terminée en 1945 1940, les services franco-polonais lisent couramment les messages
lorsque Zuse doit fuir l'avance alliée. Après déménagement et militaires de l'ennemi.
reprise du travail, elle sera acquise en 1950 par le Polytechnikum
de Zurich, qui la cèdera en 1955 à un laboratoire mi litaire, l'Institut « Bombe » utilisée par l'armée américaine
franco-allemand de Saint-Louis, en Alsace. pour décrypter les messages allemands.
Zuse est l' un des premiers à avoir réalisé que les fonctions de
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contrôle pouvaient également s'exprimer et être stockées sous
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forme numérique, ouvrant la voie à la machine programmable. li a
aussi été le premier à concevoir dès 1943 un langage algorithmique
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de programmation (incluant fonctions avec paramètres, itérations, •
structures de données, etc.), Plankalkü/, dont il ne pourra malheu-
reusement pas poursuivre le développement. Zuse fondera ensuite
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son entreprise, qui construira des séries d 'ordinateurs jusqu'à son
rachat par Siemens en 1967.
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- 18 - Histoire illustrée de l'inJ:crmatique
Alan Turing apporte une contribution décisive, d 'abord en intro- Colossus reçoit les données par bandes de papier perforé à la vitesse
duisant la puissance des théories mathématiques dans la crypta - de 5 000 caractères/ seconde. La programmation des opérations
nalyse, puis en cassant le chiffre le plus difficile, celui de la marine logiques et de comptage se fait à l'aide de câbles et d 'interrupteurs.
allemande qui est la principale menace contre la survie de l'Ang le- Colossus ayan t pour but spécifique de déterminer la clé d 'un chiffre,
terre. Il contribue aussi à transférer l'expérience acquise vers les il ne nécessite pas des capacités plus complètes de programma-
États-Unis, qui lui consacreront des moyens à leur échelle et s'en tion, contrairement aux futu rs o rdinateurs universels conçus pour
servi ront contre l'agresseur japonais. résoudre tout type de problème. En termes rigoureux, Colossus est
le premier processeur électronique, numérique et partiellement
programmable de l'histoire. Flowers, avec Schreyer et Atanasoff,
est l'un des premiers hommes à avoir réalisé que l'électronique
1943-1945 ~ Calassus : pouvait être utilisée pour le calcu l numérique à grande vitesse - et
le premier à avoir été au bout de l'idée.
décryptage des machines Lorenz
L'existence de ces dix machines restera secrète pendant 30 ans en
Les systèmes mis au point contre Enigma s'avèrent impuissants à
raison du secret militaire britannique. Mais l'expérience acquise
déchiffrer les messages beaucoup mieux protégés des états-ma-
avec elles incitera plusieurs équipes anglaises à se lancer dans la
jors, codés avec des téléscripteurs de la firme Lorenz. Un ingénieur
construction des premiers ordinateurs. Entre temps, on a pu estimer
des téléphones, Tommy Flowers (1905-1998), juge que seules des
que les percées effectuées à Bletchley Park ont donné aux armées
machines électroniques encore plus complexes pourraient relever
alliées un avantage qui leur a permis de gagner la guerre deux ans
le défi. Collaborant à Bletchley Park avec Max Newman (ancien
plus tôt que si elles n'en avaient pas bénéficié.
professeur de logique de Turing) pour la partie mathématique, il
conçoi t en moins d ' un an Colossus, mis en construction fin 1943.
Contenant environ 2 000 tubes électroniques travaillant en binaire,
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Reconstruction commencée en 1997 d'une machine Colossus (National Museum of Computing Bletchley Park). ~
- BD - Histoire illustrée de l'inJ:crmatique
1944 ~ Calculateur Harvard Mark 1 tromécanique jamais assemblé. IBM s'en inspire en 1948 pour
construire une grande machine partiellement électronique 250
Sur les plans de Howard Aiken (1900-1973), IBM et l'université de
fois plus rapide que le Mark 1, le SSEC (Selective Sequence Elec-
Harvard construisent pour la marine américaine le ASCC (Auto-
tronic Ca/culator, 1 2 000 tubes à vide et plus de 20 000 relais).
matic Sequence Contro/led Ca/culator) ou Harvard Mark 1, gigan-
Ces deux machines de prestige permettent un apprentissage de
tesque ca lculateur décimal à relais (3 300 relais, plus de 750 000
techniques de programmation, qui seront mises à profit dans les
pièces détachées... ). Il effectue une addition de deux nombres
ordinateurs qu'I BM commence à dévelo pper en 1950.
de 23 chiffres en 3/10 de seconde. Utilisé pour des recherches
militaires à la fin de la guerre, c'est le plus gros calculateur élec-
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~ John von Neumann devant l'ordinateur du IAS. Au niveau de sa taille se trouvent les tubes cathodiques permettant le stockage, chacun, de 1 024 bits. Avec vingt tubes de chaque côté, la capacité totale était de S kilo-octets.
Chapitre Li - Les premiers ordi nateurs - 89 -
1945 ~ Rappart de van Neumann Intitulé First Draftofa report on the EDVAC, ce rapport largement dif-
fusé va inspirer le développement des premiers projets d 'ordina-
Pendant la construction de l'ENIAC, un groupe de trava il est mis en
teurs dans le monde entier. Von Neumann participera personnel-
p lace pour réfléch ir aux améliorations possibles et à la défin ition
lement à la conception de p lusieurs ordinateurs dont celui de l'IAS,
d 'un nouveau projet, l' EDVAC (E/ectronic Discrete Variable Arithme-
(lnstitutefor Advanced Studies) à Princeton, qui sera largement copié.
tic Computer). Le mathématicien John von Neumann (1903-1957),
l'un des esprits les plus brillants et les plus universels du xxe siècle, L'histoire a attribué la paternité de l'o rdinateur à von Neumann
participe à ces réunions. Tirant les enseignements de l'expérience car il est le seul auteur du rapport, document de travai l interne qui
ENIAC, notamment du goulet d 'étranglement que constituent n'était pas initialement destiné à être diffusé. Eckert et Mauch ly ont
la programmation et le stockage des données externe pour une peu apprécié ce qu'ils considéraient comme une captation de leurs
machine électronique, il réfléchit en t ermes de structure logique réflexions. Mais le génie de von Neumann, sa posit ion socio-pro-
de la machine. Il reprend des idées déjà exprimées par Eckert et fessionnel le prestigieuse, son talent pédagogique et son aptitude
Mauchly, en les formalisant, et les rapproche du concept de machine exceptionnel le à fa ire passer des idées neuves dans les cercles
universelle évoqué dans l'article d 'Alan Turing de 1937, que von dirigeants, ont été décisifs dans la diffusion rapide d 'une des plus
Neumann avait lu . grandes innovations de rupture de l'h istoire.
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111
- 9D - Histoire illustrée de l'inJ:crmatique
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•
Le premier transistor, devenu objet d'exposition aux laboratoires Bell.
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plus petit, consomme moins de courant et chauffe peu. Le transis-
•
tor est indépendamment inventé à peu près en m ême t emps par
• deux chercheurs allemand s, Welker et Mataré, travaillant dans un
laboratoire français. Tous ces progrès ont pour origine les recherch es
~ (".:.\ '"' ~+" \ C. '-1. ... .:_ m enées pendant la seconde guerre mondiale sur la miniaturisation
~ ~ J ~,~ ..; .
~J .o-.l lb- . des dispositifs électroniques utilisés dans les radars. Les spécialistes
voient vite les avantages du transistor pour de nombreuses applica-
t ions, à commencer par les transmissions mil itaires et l'électroniqu e
embarquée sur les aéronefs. Mais il faudra des années de recherche-
d éveloppement avant d'en faire un produit indu striel utilisable.
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Chapitre Y - Les premiers ardinat:eurs - 91 -
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- 92 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique
194B ~ Les pionniers britanniques : Au même moment, à l'université de Cambridge, l'équipe de Maurice
Wilkes (1913-201 O) et David Wheeler (1927-2004) construit l'ED-
Baby, EDSRC et les autres
SAC qui, en mai 1949, devient le premier ordinateur à programme
La Manchester Sma/1-Scale Experimental Machine, surnommée Baby, en registré vraiment opérationnel. Wilkes a mené son projet en bon
est une maquette d estinée à vérifier la faisabilité pratique de la stratège: il s'est donné pour but de réaliser une machine relative -
mémorisation dans des tubes cathodiques. Le 21 juin 1948, pour la ment simple, inspirée directement de l'architecture de von Neu-
première fo is dans l'histoire, un programme enregistré servant de mann, afin d'acquérir une expéri ence en hardware et de pouvoir
test effectue un calcul dans cette machine. Celle-ci sera la base d'un rapidement apprendre la programmation. Son équipe invente un
grand ordinateur construit l'année suivante, Manchester Mark 1, langage d'assemblage, code mnémonique qui remplace les codes
industrialisé ensuite par la firme Ferranti. Alan Turing est chargé binaires par un codage alphabétique. EtWheeler implémente l'idée
d'en concevoir la programmation; il y testera ses modèles mathé- de code réutilisable (déjà évoquée par Mauchly à Philadelphie): afin
matiques de morphogenèse. de décharger les programmeurs de tâches routinières, on constitue
M. Wilkes et W. Renwick une bibliothèque de sous-programmes où l'on vient puiser selon les
devant l'EDSAC.
besoins du programme principal. L'équipe de Cambridge publiera
en 1951 le premier ouvrage consacré à la programmation : The
Preparation ofprograms for an e/ectronic digital computer.
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développements algorithmiques postérieurs .
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Suite à sa participation pendant la guerre à des conférences et
groupes de travail sur le comportement des systèmes, où se
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-., cc ,1 ,10,, o,o (1894-1964) introduit la cybernétique dans le vocabulaire scien-
t; ~" tifique en publiant son ouvrage, La Cybernétique: information et
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régulation dans le vivant et la machine, publié simultanément en
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raction et de régulation des systèmes naturels et artificiels via
le contrôle et la rétroaction. Ce livre influen ce profondément la
réflexion sur l'utilisation et le contrôle des systèmes automatisés
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- dans la société. Le terme cybernétique fut longtemps synonyme
d'automatique ou de robotique, tandis que certains informati-
ciens rejetaient ce terme trop souvent associé à des spéculations
·r l 'o, oo fumeu ses. 11 perdure à travers l' usage de certa ins termes comme
cyberpunk, cyberespace ou cyborg (cyber-organisme), et revien -
le premier programme enregistré de l'histoire dans sa version modifiée du 18 juillet 1948. dra en vogue avec le développement des sciences cognitives et
de la neuroinformatique.
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- 98 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique
De gauche à droite:
le temps de propagation dans le tube (inférieur à la milliseconde) Bibliothèque de bandes magnétiques dans les années 1960.
correspondant au délai de stockage avant réémission. Ce dispositif Bandes magnétiques de stockage permanent sur l'Univac 1.
permettait de mémoriser l'équivalent de quelques kilo -octets au Intérieur d'une bibliothèque de sauvegarde à cartouches act uelle.
prix d 'un appareillage lourd, encombrant, cher, toxique et nécessi-
tant un contrôle précis de sa température pour des raisons d 'équi-
librage des impédances entre les cristaux et le mercure. Il suffisait
de marcher un peu lourdement dans la pièce pour envoyer des
bugs dans cette mémoire électromécanique ...
Le tambour magnétique, imaginé dès 1932 par !'A utrichien Gustav 195D ~ Les cades de Hamming
Tauschek, est réinventé après la guerre simultanément à Londres
Lors de ses utilisations des calculateurs électromécaniques aux
par A. D. Booth, son père et son épouse, et aux États-Unis par une
Bel l Labs, Richard Hamming (1915- 1998) était particulièrement
start-up issue des services de cryptanalyse de l'US Navy, Electronics
agacé par les lectures erronées de bits qui se produisaient lors
Research Associates (ERA).
des chargements des cartes perforées. Si un travail était lancé
Sur l' UN IVAC 1, Eckert et Mauchly vont utiliser pour la première fois durant le week-end, il y avait toujours la crainte de revenir le lundi
une bande magnétique pour stocker les données. Ces bandes mises uniquement pour s'apercevoir qu' une erreur de lecture s'était
en armoires et visibles derrière des vitrines vont devenir emblé- produite et que tout avait été annulé. Hamming s'est alors attaqué
matiques des installations informatiques des années 1960- 1970 au problème de détection et correction automatique d 'erreurs,
avant de laisser leur place à des cartouches amovibles au début inventant de nombreux algorithmes et développant la théorie du
des années 1980. Elles sont encore utilisées de nos jours dans des codage, appelée maintenant codes de Hamming. Ces travaux ont
centres de stockage entièrement automatisés regroupant des mi l- révolutionné les tél écommunications en augmentant la fiabilité
liers de cartouches et d 'une capacité supérieure au pétaoctet. des transmissions.
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Chapitre Y - Les premiers ard inateurs - 9!3 -
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- Csirac, premier ordinateur construit en Australie (1950). C'est le plus vieil ordinateur subsistant, même s11n'est plus fonctionnel.
(Panorama reconstruit à partir de plusieurs vues; certains éléments périphériques ont disparu au montage.)
- 1a2 - Histoire illustrée de lïnJ:armatique
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Chapitre s- L'ère des << gras systèmes >> : du Whirlwind à la Ici de Macre - 105 -
• Les start-ups fondées par des ingénieurs pour constru ire d es cal-
culat eurs électroniqu es, dont la première est Univac. Ces firm es
ont des compétences rares en technologies de l'information et des
contacts privilégiés avec les milieux scient ifi ques, civi ls ou mili-
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taires, qui sont leurs premiers client s. En revanche elles manquent
cruellement de capitaux et ignorent tout du marché de la gestion
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- 106 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique
matique: elles n'ont pas plus d 'aptitude que les autres à développer
du logiciel et elles ignorent tout du marché de la gestion, qui va rapi- HA CH/NE À ( CRÎRE +
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dement surpasser la clientèle scientifique en termes économiques. MA CH. A CAL CULER
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• le développement des technologies matérielles, initié principale- CIABL ISSl../'1{,YT O!S P()lJC[ S
ment dans les laboratoires universitaires, est assumé désormais
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gramme: inventer de nouvelles façons d 'utiliser l'ordinateur et de
communiquer avec lui - ce qui implique de mieux comprendre
ce que sont ces automates et quelle est leur relation avec le lan- Progrès de productivité dans l'assurance.
gage; donc de construire une science nouvelle.
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Chapitre 5 - L ' ère des << gras systèmes >> : du Wh i rlw ind à la lai de Ma a r e - l a1 -
Cela n'empêche pas que des entreprises créent des langages de Alan Turing utilise cette machine pour modéliser des processus
programmation et que des universitaires conçoivent des architec- de morphogenèse, inaugurant l'emploi de l'ordinateur en biolo-
tures de systèmes. Mais globalement cette répartition des rôles gie. Ferranti Mkl est aussi le premier ordinateur sur lequel on ait
tiendra pendant des décennies. programmé une partie d 'échecs, réduite à deux coups finaux par la
mémoire très limitée (1 ko de mémoire vive et 16 ko sur le tambour
magnétique) ; et joué de la musique, en utilisant les haut-parleurs
censés signa ler les dysfonctionnements(« première » disputée par
195D ~ Augmenter la productivité le (SIRAC australien, mis en service un an plus tôt à Sydney) . Sept
exemp laires seront vendus, avant que ce modèle soit remplacé
La grande affa ire des organisateurs, des cadres et des ingé-
par le Ferranti Mercury beaucoup plus performant, lui aussi conçu
nieurs-conseils est d 'améliorer la productivité dans les services et
à l'université de Manchester.
les administrations, comme on l'a fait avec le taylorisme dans les
Alan Turing {à gauche)
usines. Car il y a un prix de revient de l'opération administrative
et la console du Mk1.
comme il y en a un de l'opération d 'usinage. Les techniques améri-
caines de management s'imposent comme modèle aux techniciens •
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- 110 - Histoire illustrée de l'in~armatique
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Univac 1103 à la soufflerie
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Une partie de 11nstallation SAGE au Computer History Museum de Mountain View (Ca.).
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- 112 - Histoire illustrée de l'in~armatique
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ton-Rand aux États-Unis. Dès l'annonce de l'IBM 604 en Amérique, ord inateur. Mis en service en 195 1, LEO I calcule, ••
Bull constitue un laboratoire d'électronique pour développer une
rép lique moins chère et plus perfectionnée. Une astuce technique
non des équations de physique nucléaire, m ais les
stocks d·e sachets de thé. Lyons crée trois ans plus
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décisive consiste à remplacer le plus possible les tubes, qui claquent tard une filiale LEO Computers Ltd., qui développe de
souvent, par des diodes en sem i-conducteu rs, beaucoup p l us nouvelles versions Leo Il et Ill avec un certain succès
fiables. Livré dès 1952, le Bull Gamma 3 est un grand succès (plus commercial. LEO sera plus tard absorbé par English
de mille exemplaires vendus ou loués) et permet au constructeur Elect ric et ICL ... confirmant heureu sement notre
français d 'entamer un e nouvelle phase d 'expansion internatio - typologie d 'entreprises.
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soviétique de mathématiques constructives. Après p lusieurs articles .' .
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marquants, il publie en 1954 un ouvrage magistral, Teoriaalgorifmov, ••
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bientôt traduit en anglais, The Theory of Algorithms, qui fait de lui
l'un des fo ndateurs de l'informatique théorique, notamment en
th éorie d es langages formels et des compilateurs. Markov dirigera,
de 1959 à sa mort, le d épartement de Logique Mathématique de
l' un iversité d e Moscou.
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Bull Gamma 3 connect és aux tabulatrices, c'est une grosse inst al- .. .
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Les années cinquante sont l'âge d'or de la mécanographie. La m éca- Elle englobe une palette d e m étiers, de savoir-faire, allant d e l'élec-
nographie est une technologie mûre, un ensemble de solutions tromécanicien, armé de son voltmètre et de sa burette d 'huile, à l'in-
bien maîtrisées, un métier en pleine croi ssance d ém ographique. El le génieur-conseil, équipé de ses théories et qui veut lui aussi mettre
s'enseigne dans d es lycées ou des collèges techniques, et su rtout de l'hu ile dans les rouag es de l'organisation qu'il ambitionne d'o pti-
chez les constructeurs de machines. Une véritable profession s'est miser. C'est ce ti ssu socio-économique qui va accueillir l'ordinateur,
organisée, avec ses barèmes de sa lai res, son organisation syndica le, conditionner le rythm e et les modalités d e son insertion .
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- 116 - Histoire illustrée de l'in~armatique
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- 118 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique
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- 122 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique
IBM 650
Calculateur
à tan1bour magnétique
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Publicjté d'IBM.
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Pour le commercialiser en France, la direction d'IBM France souhaite 195& ~ Le disque dur
le désigner par un term e frança is moins ind igeste que E/ectronic
IBM commercialise le premier disque dur magnétique, développé
Data Processing Machine. Elle consulte en avril 1955 un professeur
par son laboratoire de San Jose (Ca.). Ce tourne-disque géant de
de lit térature latine de la Sorbonne, Jacques Perret, qui suggère un
2 m 3 contient 5 Mo répartis sur 50 disques d'environ 60 cm de dia-
mot emp runté à la théologie médiévale: « ordinateur». IBM adopte
mètre. L'ord inateur complet, le RAMAC 305, occupe une pièce de
ce terme et en gardera quelques années l'exclusivité, avan t de le
135 m 2 et pèse une tonne! L'accès aux données est lent. Et il reste
laisser se répand re dans le vocabulaire commun. Présenté au SICOB
à concevoir les logiciels permettant de gérer, consu lt er et associer
en octobre 1955, l'ord inateur est installé au centre de calcul parisien
d es masses de fichiers. L'invention du disque dur suscite ainsi de
d 'IBM, place Vendôme. De nombreux scientifiques et ingén ieurs
nouvelles recherches qui ét offeront la discipline informatique nais-
français s'initieront sur cette machine à la programmation, généra-
sante. Un nouveau secteur industriel spécialisé se créera bientôt
lement en PASO (Programme d'assemblage symbolique optimal),
pour développer cette technologie, face à IBM qui maintiendra
version frança ise du SOAP américain, et bientôt en Fortran.
longtemps son leadership sur les disques. Ceux-ci révolutionneront
IBM en produira 1 800 exemplaires au t otal jusqu'en 1962, fai sant de le stockage des données et ouvriront de nouveaux horizons g râce
l'IBM 650 le premier ordinateur de l'histoire construit à plus de mille à l'accès indexé, rendant possibles les bases de d onnées et l'infor-
unités. Cette machine révèle les potentialités du marché commercial. matique transactionnelle.
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- 126 - Histoire illustrée de l'inJ:ar matique
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- 12B - Histoire illustrée de l'inJ:armatique
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Premier circuit intégré industriel, fabriqué chez Fairchild en 1960. Il contient 4 transistors ~
(cônes bleutés au centre) et S résistances (barres bleues). Il s'agit d' une bascule flip-flop.
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Chapitre s- L'ère des << gras systèmes >> : du Whirlwind à la lai de Macre - 129 -
Prototype du premier circuit intégré inventé par Jack Kilby chez Texas Instruments.
Brochure BBR :
le traitement de texte sur gros ordinateurs.
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- 13D - Histoire illustrée de l'inJ:crmatique
1959 ~ LISP
111,DI MltllfTrOUI ILII 171 Inventé par John McCarthy au MIT, LISP (L/StPro-
cessing)est le premier langage sym bol ique pour
l'intelligence artificielle.
1959 ~ Parametran
Le Parametron est un circuit logique magnéti que
inventé par le phys icien Eiichi Goto en 1954 à
l'université de Tokyo. Fiable et relat ivement peu
coûteux, il a servi à construi re p lusieurs ordina-
teurs japonais à la fi n des années cinquante, tel
le PC- 1 de l'université de Tokyo en 1958.
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la.1rs u, 11• RA!f'JE MA[ !i'llO I Il" li 1
Pédagogie d'IBM:
SO t€,.,~ 0[ ro CTIONNC/\1[NT D'UN ORDINATEUR
l'automation administrative par l'ordinateur 705.
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chapitre s- L'ère des << gras systèmes >> : du Wh i rlwind à la lai de Ma are - 131 -
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Chapitre s- L'ère des << gras systèmes >> : du Wh i rlwind à la lai de Mac r e - 133 -
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Heathkit EC-1,
ordinateur analogique
196D ~ Ordinateur analogique électronique conçu pour l'enseignement.
Alors que le moindre ordinateur numérique coûte très cher, les tran-
sistors remplacent les t ubes à v ide dans les calculateurs analogiques
et en font baisser le coût. Heath kit sort une version simplifiée en kit
d 'un de ses modèles, incluant neuf amplificateurs opérationnels. De
nombreuses universités l'emploieront pour former les ingénieurs
électroniciens au calcul analogique, encore très répandu.
11 1 1 1 [ 1
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- 131.i - Histoire illustrée de l'inJ:armatique
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1 196D ~ RLGDL &D
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En même temps que les gestionnaires éprouvent le besoin de
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FIIOC:111 .,._o,au.tm f? •AMtm fiq ue se forme pour poser les bases d ' un langage universel, indé-
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- d'exprimer simplement les différentes étapes mathématiques d 'un
1 1 1 1 ca lcul informatique. Réunissant des experts américains et euro-
péens à Zurich, Munich et Paris, ce groupe définit un langage
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algorithmique, ALGOL (ALGOrithmic Language) 60. C'est le pre-
mier langage qui soit décrit syntaxiquement de manière formelle,
• FLCWCHAf\T TEfflPLATE grâce aux travaux de John Backus et Peter Naur (notation BNF ou
Backus-Nau r Form). Diverses ra isons, notamment l'apparit ion de
nouvelles versions de Fortran et l'effort d 'IBM pour promouvoir
Instrument de travail habituel des programmeurs, le normographe {flowchart template)
servait à dessiner les symboles du schéma logique d'un programme. PL/ 1, freineront sa diffusion au-de là du mil ieu universitaire où il
sera longtemps utilisé pour l'apprentissage de l'algorithmique.
ALGOL 60 forme la base de tous les langages impératifs qui lui
succéderont (PL/ 1, PascaL C.. . ).
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Chapitre s- L'ère des << gras systèmes >> : du Wh irlwind à la lai de Macr e - 135 -
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- 136 - Histo ire illustrée de l'in~armatique
-"'
' Le succès commercial de ce petit ord inateur de gestion à cartes
perforées dépasse toutes les prévisions : plus de 10 000 exem-
plaires seront installés dans le monde. Pouvant remplacer quatre
ensembles mécanographiques classiques, chaque IBM 1401 placé
chez un client provoque le renvoi chez le constructeur des tabu -
latrices et autres trieuses en location, bousculant sérieusement la
profession - y compris IBM.
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Chapitre 5 - L'ère des << gras systèmes >> : du Wh irlwind à la lai de Macre - 13'1 -
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- 138 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique
19&1 • [TSS : l'inventian du Time-Sharing Commissa riat à l'énergie atomique. Leur motivation est double.
Ils veulent à la fois donner un nom à ce nouvea u métier qu'ils
Un système d'exploitation en temps partagé, CTSS (Compatible
pratiquent, le traitement automatique de l'information, et bap-
Time-Sharing System), est expérimenté au MIT. Le but est double:
tiser une société de services qu'ils sont en train de fonder. C'est
exploiter au maximum les ressources d 'u n ordinateur, très coû-
une réussite linguistique: le terme entre dès 1966 dans le dic-
teuses à l'époque, et faire progresser l'étude de ces objets nou-
tionnaire de l'Académie française, ainsi que dans le vocabulaire
veaux, les systèmes d'exploitation. Le concept a été décrit en
d e plusieurs pays non -francophones (informatica, lnformatik). 11
1957 par Robert Berner, ingénieur d 'IBM qui jouera bientôt un
est inventé simu ltanément aux États-Unis pour baptiser, là aussi,
rôle clé dans la définition du code ASCII. Le premier projet est
une firme de software: /nformatics . Mais il n'y détrônera pas com-
démarré la même année par John McCarthy au MIT sur un gros
puting, pour une raison très simple: le terme lnformatics appar-
ordinateur IBM, modifié pour se connecter à plusieurs term inaux
t ient à la firme en question, dont les avocats rejettent toutes les
et empêcher les interférences entre leurs programmes respectifs.
d ema ndes d 'utilisation émanant d'autres organisations.
Le principe du temps partagé est de permettre l'utilisation
Alors que la plupart des termes liés à l'info rmatique sont d'ori-
simu ltanée de l'ordinateur par plusieurs personnes en laissant
gine américaine, voire directement importés sans traduction,
à chacune l'illusion que la machine est intégralement à sa dis-
un autre mot purement français réussit plu s tard à s'imposer:
position. Ce mécan isme est réalisé en découpant le temps en
logiciel, proposé en 1969 par la Délégation gouvernementa le à
petites unités et en allouant les ressources successivement à
l'informatique en combinant les termes « logique » et « maté-
chaque util isateur, assez rapidement pour que celui-ci n'ait pas
riel », pour remplacer software. Il sera lui aussi vite adopté par
d'impression d'attente. On joue donc sur le différentiel de vitesse
la profession.
entre le temps de traitement de l'o rdinateur et le temps de réac-
tion de l' utilisateur.
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Chapitre 5 - L ' ère des << gras systèmes >> : du Wh irlw ind à la lai de Mac r e - 139 -
un environnement commercial. Un prototype basé sur deux IBM jeu sert de logiciel de test lors de la livraison au client! Spacewar!
7090 est expérimenté dès 1960. L'ensemble du système de réser- se répand rapidement sur les machines des différents centres de
vation d'American Airlines bascu le en 1964 sur SABRE (Semi-auto- recherche américains. À l'université d'Utah, Nolan Bushnell passe
mated Business Research Environment). Après passage sur IBM/ 360 des heures sur le jeu ; quelques années p lus tard, il créera Atari,
en 1972, il s'ouvre aux autres compagnies aériennes en 1976 et entreprise pionnière dans l'industrie du jeu vidéo.
continue d'exister de nos jours sur de nouveaux matériels.
1962 ~ Spacewar!
Steve Russell et d'autres étudiants créent Spacewar!, premier jeu
vidéo de l'histoire, sur le m ini-ordinateur PDP- 1 du MIT: chacun
des deux joueurs doit essayer de détruire le vaisseau adverse
tout en manœuvrant dans le puits gravitationnel d ' une l'étoile
centra le. Un an après, le constructeur DEC livre chaque PDP-1
(coûtant près d' un million de dollars actuels) avec une copie du
jeu préinstallée; utilisant toutes les ressources de la machine, le
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1963 ~ Infographie
Préparant sa thèse au MIT, Yvan Sutherland
crée Sketchpad, un programme interagissant
avec l'utilisateur via un crayon lumineux et
surtout capable de manipuler des objets géo-
métriques à l'écran. C'est l'ancêtre des logiciels
de CAO (conception assistée par ordinateur) et
le premier à populariser le concept d 'interface
homme-machine g raphique. Les capacités
graphiques des ordinateurs n'ont fait que se
développer depuis, pour arriver à des niveaux
de réalisme époustouflants.
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Chapitre s- L'ère des << gras systèmes >> : du Whirlwind à la lai de Macre - l'i3 -
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Les premiers circuits intégrés sont chers. lis trouvent leurs premiers
débouchés dans le domaine spatial et militaire, où leur fiabilité,
leu r petite taille et leur faible consommation les rendent plus inté-
ressants que les transistors discrets - comme leur forte résistance
aux radiations nucléaires.
•• •
Les missiles intercontinentaux Minuteman sont les premiers à
intégrer un système de guidage inertiel informatique, t ransistorisé
dès 1960, puis à partir de 1962 en circuits intégrés principalement
fournis pa r Texas Instruments. Dans le spatial « civil », la NASA est -
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- l'i'i - Histoire illustrée de l'inJ:armatique
U+10000 U+10001 U+10002 U+10003 U+10004 U+10005 U+10006 U+10007 U+10008 U+10009 U+1000A U+1000B U+1000C U+10000 U+1000E U+1000F
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U+10010 U+10011 U+10012 U+10013 U+10014 U+10015 U+10016 U+10017 U+10018 U+10019 U+1001A U+1001B U+1001C U+10010 U+1001E U+1001F
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U+10020 U+1002 1 U+10022 U+10023 U+10024 U+10025 U+10026 U+10027 U+10028 U+1002.9 U+1002A U+1002B U+ 1002C U+10020 U+1002E U+1002F
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U+10030 U+10031 U+10032 U+10033 U+10034 U+10035 U+10036 U+10037 U+10038 U+10039 U+1003A U+1003B U+1003C U+1003 0 U+1003E U+1003F
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U+10040 U+10041 U+10042 U+10043 U+10044 U+10045 U+10046 U+10047 U+10048 U+10049 U+1004A U+1004B U+1004C U+10040
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Chapitre s- L'ère des << gras systèmes >> : du Whirlwind à la Ici de Macre - l'iS -
en 1966, p ou r des d ébouchés « immenses ». Une partie importante 08 11\l; CON ltt<U éR • ~
des cours est assurée p ar des ingénieurs et des mathématiciens de • CCt fl f l'~lt Lf
SU <;~ Cô Ni !ll O('~ t MO.S OE COUIIS 1 1101$ OE CO U ltS
l'industri e ou d es services publics, en attendant que les universi- 111.0 ft SltUltS
Cô Mrlt MfN t lJRU
taires soient en mesure de prendre la relève. En 1966, le min istère l'RO(. R•M MEUlt ~ - ( ltf( \) AU PRO I... TOI~ >--4
PE
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de !'Éducation nationale crée les maîtrises d 'informatique, en même
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temps que les m aîtri ses d 'électronique et d 'automatique, ain si que • CCU"l t PAR LC
CONSf'll o rs
1'1'tO rES5flllU
les IUT. D'autres diplômes s'y ajouteront plus tard pour répondre
à la d emande.
ACC.tPIE l'AcR I E
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Cursus de l'Institut de Programmation de l'université de Paris, PIN;t,L
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- l'i6 - Histoire illustrée de l'inJ:crmatique
Chèque à lecture
magnétique CMC7. Installation IBM/360 à la Banque de France (1966).
B. P. F_ _ _ _ _ __
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BANQUE NATIONALE DE PARI S
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Réagissant à la prolifération des types d'ordinateurs et de périphé-
' PAYEZ CONTRE CE CH~QUE _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _~ - - - - - riques différents, IBM a décidé de refondre et d 'unifier complète -
ment son catalogue en lançant un standard, la série IBM System/ 360,
A l'ordre de- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - « compatible à 360 degrés ». Conçue par une équipe dirigée par Bob
Cahors . le O. Evans et Frederick P. Brooks, cette famille d 'ordinateurs doit per-
. - - - - - P .\VA l l ( - - - - - .
- N' oe s1eae Numrro df' compte
- -- - - - - - mettre de couvrir l'ensemble des besoins, depuis les petits systèmes
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16, Bou lr vnrd G ambe t 1t1 I 1
; de traitement de données jusqu'aux gros calculateurs optimisés
u 46 - CAHORS
•- pour l'analyse numérique. Chaque modèle est deux fois plus rapide
• ct1toue N •
SPÉCIMEN que le modèle inférieur et coûte 40 o/o de plus. La compatibilité tout
au long de la gamme, ainsi que la possibilité d 'exécuter du code écrit
pour des modèles plus anciens, doit assurer une évolution facile aux
clients, qui peuvent aussi choisir une multitude de périphériques.
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- l'iB - Histoire illustrée de l'inJ:crmatique
Alors que les systèmes précédents avaient des tailles de représen- La principale difficu lté s'avère être le développement du système
tation de données extrêmement variables, IBM introduit l'octet d'exploitation pour disques (DOS), achevé avec deux ans de retard.
(8 bits) comme unité standard de description de données, qui
Ce qui était au départ un investissement et un pari très risqués de
deviendra un standard de fait encore universel aujourd'hui. Moins
cinq milliards de dollars devient alors un immense succès commer-
heureux, le langage PL/ 1(Programming Language One), développé
cial. La compatibilité se poursuivra avec la gamme IBM System/ 370
par IBM pour remplacer Fortran et COBOL, est trop complexe. Ce
à mémoire virtuelle et circuits intégrés, introduite en 1970.
qu i freine son adoptio n et complique l'écriture de compilateurs
efficaces, empêchant sa diffusion au-delà des mainframes où l'on
peut encore le trouver.
Consoles de contrôle
d'un IBM/370 dans un centre
de recherche de la NASA en 1981. Installat ion IBM/360 vers 1965.
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- lSD - Histoire illustrée de l'inJ:armatique
Crédits
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- lSLt - Histoire illustrée de l'inJ:armatique
Quelle que soit l'option choisie, une firme doit consentir un effort rola, bientôt Intel et une poignée d'autres), fortement soutenues au
significatif de R&D, de l'ordre de 10 o/o du chiffre d 'affaires, pour se d ébut par des contrats militaires ou aérospatiaux. Concurrentes, ces
maintenir au rythme de l'innovation. entreprises apprennent cependant à s'entendre pour appliquer la« loi
de Moore » en organisant le rythme de l'innovation dans leur secteur:
Les deux premières stratégies sont jouables car la série IBM/360
c'est une véritable planification capitalist e. Le progrès des circuits
laisse du champ aux concurrents innovateurs - elle n'utilise pas
int ég rés devenant prévisible, les const ructeurs d'ordinateurs y voient
encore de ci rcuits intégrés et n'est adaptée ni au « temps-réel >> ni
plus clair pour préparer leurs futures « générations » de produits.
au time-sharing. De plus IBM est obligé par la législation libérale
anti-trust de laisser vivre ou survivre ses concurrents. Le défaut de Les constructeurs de mini-ordinateurs s'ouvrent un marché en forte
ces positionnements est qu'ils reviennent à affronter IBM là où le expansion. Dès la fin des années soixante, les mini-ordinateurs sont
leader mondial est le plus fort : en milieu de gamme, où Big Blue couramment employés, soit comme calculateurs indépendants
réalise de telles économies d 'échel le que sa marge brute est de pour du calcul scientifique simple ou du process-control (pi lotage
l'ordre de 40 °/o en moyenne .. . d 'appareils par ordi nateur), soit comm e interfaces d 'entrées-sorties
de gros ordinateurs. Soit, de plus en p lus, comme nœuds de réseaux
La troisième, la stratégie de contournement, est celle qui susci-
informatiq ues. Leur nombre double ou triple tous les deux ans :
tera les challengers les plus dangereux pour IBM, notamment les
6 700 minis fonctionnent dans le m onde fin 1968, 19 000 fin 1969.
constructeurs de mini-ordinateurs.
Les constru cteurs établis ne sont pas absents. lis développent deux
typ es de solutions:
Les minis sont tendance
• les petits ord inateurs de gestion, combinant la connaissance de
Depuis la fin des années cinquante, en Europe comme au Japon l'ancien ma rché mécanographique avec des matériels écono-
et en Amérique, la possibilité de réal iser de petits ordinateurs est miques, relativement faciles à utiliser ;
apparue avec la mise au point de composants de taille réduite,
• les terminaux distants, d 'abord à téléscripteur ou à cartes per-
transistors ou noyaux magnétiques, permettant de concilier une
forées, puis à clavier-écran, connectés par ligne téléphonique à
bonne fiabilité avec la compression des prix de revient. La rançon
un gros ordinateur fonctionnant en time-sharing. Ces systèmes
est une certa ine lenteur, acceptable dans des machines bon marché
permettent à un utilisateur individuel d'écri re des programmes ou,
en monoprogrammation. Pour une fraction du prix d 'un mainframe
plus souvent, d 'utiliser des logiciels prêts à l'emploi stockés dans
IBM, un bureau d 'études ou une école d 'ingénieurs pouvait s'offrir
les mémoires de l'ordinat eu r central. Terminaux et connexions
un bon calculateur et une formation à la programmation.
sont loués à l'heure ou au mois.
Au cours des années soixante, l'industrie des composants se trans-
Tout es ces solutions plus ou moins concurrentes répandent l'accès à
forme, suscitant à la fois une baisse des prix et un progrès rapide
l'informatique dans les entreprises et les administrations. Désormais
des circuits intégrés. Les grands groupes diversifiés de construction
des centaines de milliers de personnes dans le m onde se mettent
électrique, qui étaient passés sans trop de difficultés de la production
à utiliser des ordinateurs, de près ou de loin. Un immense effort
massive de tubes à celle des transistors et d 'autres composants « dis-
de fo rm ation est entrep ris par l'enseignement su p érieur, par les
crets », se font tailler d es croupières par de nouveaux entrants : les
entreprises d'informatique et par les grandes organisations clientes.
entreprises spécialisées dans les semi-conducteurs (Fairchild, Moto-
Ce n'est jamais assez pour répondre à la demande d 'informaticiens.
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Chapitre 6 - Les min i-ordinateurs - 155 -
<<Défi américain >>, politiques européennes En France, des comités d'experts réunissant des représentants de
et stratégie japonaise l'industrie électronique, du Commissariat au Plan et des grands
utilisateurs réagissent à partir de « l'affaire Bull » et des difficultés
Entre temps, dès le milieu des années 1960, les dirigeants européens
croissantes des producteurs français de composants. lis s'efforcent
se sont inqu iétés de la mainmise américaine croissante sur l'informa-
de combiner la politique d 'indépendance gau ll iste, le lobbying
tique du vieux continent. Ils s'alarment du « fossé technologique »
des grands industriels abonnés aux subventions ... et le fait que
qui se creuse entre les deux continents, du « retard » européen
les grands clients du secteur public se satisfont généralement des
face au « défi américain ». La prise de contrôle de Bull et d'Olivetti
solutions apportées par IBM et Bull-GE et n'ont pas envie qu'on leur
par General Electric en 1964, l'implantation de nouveaux construc-
impose un « champion national ». Leur activisme en faveur d'une
teurs comme Control Data, l'emprise d 'IBM qui profite mieux que
politique de l'informatique reçoit une justification supplémentaire
quiconque de l'ouverture du Marché Commun, l'arrivée des majors
lorsque Washington décrète un embargo sur les supercalculateurs
du consei l en organisation qui accèdent à toutes les données des
commandés par la division militaire du Commissariat à l'énergie
entreprises et des administrations clientes, tout cela paraît mena-
atomique (CEA). Il aboutit au lancement d 'un Plan Calcul dont le
cer l'indépendance des pays européens. Car l'informatique, qui
rapport coût/ efficacité reste très discuté.
commence à se constituer en réseaux, n'est désormais plus perçue
comme une aide mécanographique à la gestion, mais comme « le Le Japon a lui aussi réagi à la domination américa ine dans ce sec-
'
systeme nerveux des nations » : un enjeu stratégique. teur. Mais il l'a fait plus tôt que les Européens, avec un meilleur sens
stratégique du long terme et avec plus de latitude pour mettre en
En Angleterre, le gouvernement favorise le rapproc hement des
œuvre une politique à la fois protectionniste et expansionniste.
constructeurs d 'ordinateurs pour former en 1968 un « champion
S'appuyant à la fois sur la recherche et sur trois grandes firmes -
national », International Computers Ltd. (ICL), qui bénéficiera
Hitachi, NEC et Fujitsu - il parviendra à hisser son industrie des
d 'achats préférentiels et d'aides à la R&D. L'Allemagne fédérale
composants et des ordinateurs aux premiers rangs mondiaux dans
soutient Siemens et Te lefunken et lance un plan d 'équipement
les décennies suivantes.
favorisant leurs ordinateurs.
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- 156 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique
L'évalutian des ardinateurs : une questian De plus, pourquoi faudrait-il exclure de ce schéma les relais, voire les
rouages mécaniques avec lesquels ont été construites de nombreuses
de génératians ? machines qui jouèrent un rôle important à l'origine de 11nformatique ?
Le mot « génération », employé dès 1956 en Angleterre, signifiait alors Où classer les calculateurs de 1960 où coexistent souvent tubes et
que lesordinateurs à tubes les plus récents avaient des vitesses plus éle- semi-conducteurs, parfois avec des processeurs faits de composants
vées, des champs d'application plus larges et une fiabi lité plus grande logiques magnétiques ?
que les premiers modèles. li a été ensuite utilisé par IBM pour présenter
Plus gênant encore, cette description réduit l'ordinateur aux seuls com-
ses sériestransistorisées commercialisées vers 1960 (« deuxième géné-
posants de commutation de son unité centrale. Or les ordinateurs
ration»), puis la série 360 (« troisième génération »). On a pris alors l'ha-
comportent aussi des organes de mémoire internes et externes ... et les
bitude de décrire l'évolution des ordinateurs avec ce terme popularisé
programmes qui y sont enregistrés: trois constituants tout aussi impor-
par le constructeur dominant : la première génération serait celle des
tants que l'unité arithmétique et logique. Et qui ont eu leur évolution
tubes électroniques, la deuxième celle des transistors, la troisième celle
propre. Même l'architecture, la conception générale de ces machines
des circuits intégrés, la quatrième celle des microprocesseurs - sans
complexes, a pu varier à partir du schéma théorique défini en 1945,
parler de la cinquième, celle des processeurs parallèles ...
entre les architectures série et parallèle, puis pipeline, vectorielle, CISC
« Génération » est donc devenu rapidement une expression à carac- ou RISC, etc. Tandis que certains des ordinateurs à tubes du réseau de
tère publicitaire mettant l'accent sur les innovations matérielles, mais défense aérienne SAGE, conçus vers 1955, fonctionneront jusqu'aux
qui décrit assez pauvrement l'évolution des systèmes informatiques. années 1980.
D'abord, la différence entre les tubes et les transistors n'est pas de même
Un résumé historique en termes de générations doit donc être com-
nature que celle qui distingue les transistors des circuits intégrés et des
plété pour dessiner un schéma plus global:
microprocesseurs: ces trois derniers sont tous des semi-conducteurs.
1966 Circuits intégrés ou hybrides Tores de ferrite et disques rapides Cartes, bandes, disques Langages évolués
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Chapitre 6 - Les mini-ordinateurs - lSl -
19&a ~ L'interface avec l'ardinateur : formations moins encombrant que les cartes perforées et moins
lim ité quant aux formats de données. Et le clavier permet de com-
le téléimprimeur
muniquer en temps réel avec l'ordinateur. Ce sont de remarquables
Formés d 'un clavier, d 'une imprimante et d 'un lecteur-perforateur réalisations électromécan iques, dont le seul inconvénient est d'être
de bande papier, les téléimprimeurs ont été développés depu is bruyantes.
le début du xxe siècle dans le cadre du perfectionnement du télé-
Après Friden-Flexowriter et d'autres, la vieille marque Teletype s'im-
graphe comme terminaux du réseau télex, utilisant le code Baudot.
pose bient ôt comme synonyme de termina l d 'ordinateur. Commer-
lis ont permis du même coup de mécaniser le cryptage des trans-
cialisée en 1963, la Teletype Madel 35 est adaptée aux nouveaux
missions - par exemple la machine Lorenz, qui servait à crypter
codes informatiques, notamment l'ASCII. Elle contribue à propager
les messages stratégiques allemands pendant la seconde guerre
le standard ASCII ou les fonctions ctrl et escape.
mondia le, et qui suscita en réponse le développement de Colos- Une illustration de la loi
sus, était essentiel lement un téléimprimeur. Ils sont donc fam i- de Moore : en 1975,
liers aux spécialistes des télécommunications, nombreux dans les une mémoire de 8 ko
firmes d 'ingénieurs qui se sont lancées dans le calcu l électronique. coûtait 1S0 dollars ...
Comme interface avec un ordinateur, les téléimprimeurs présentent
19&5 ~ Lai de Maare
l'avantage d 'êt re compacts et relativement peu coûteux, puisque
construits en grande série; la bande perforée est un support d 'in- L'amélioration des procédés de fabrication THE CHIPS ARE DOWN !
des circu its permet de placer plusieurs cen- 8K NOW JUST $149 ASSEMBLED
taines de composants élément aires, « dis-
Terminal Teletype relié à l'ordinateur Honeywell-Bull
de la BNP pour le calcul en direct de dossiers de crédit.
crets », par centimètre carré; c'est la Middle ,
Scale lntegration (MSI).
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circuit intégré. Ce n'est bien sûr pas une
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- 158 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique
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légèrement sa « loi », prévoyant désormais un doublement tous les métallurg ie (étude des vibrations) ... On découvrira plus tard que
deux ans de la densité d'intégration, croissance qui est à peu près cet algorithme ava it été décrit et uti lisé par Gauss dès 1805, sans
toujours respect ée de nos j ours grâce aux avancées t ech nologiques que la communauté scientifique ne se l'approprie - n'ayant fait
des processus de fabrication. l'objet que d'une publication posthume et confidentielle en latin ...
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~ PDP-1S (1971 ) avec, à gauche, son éaan graphique équipé d'un pointeur.
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1966 ~ Le Plan Calcul
Réagissant à « l'affaire Bull » et aux difficultés de l'industrie électro-
nique, des dirigeants français ont élaboré une politique en faveur
de l'informatique : le Plan Calcul, lancé tin 1966. Une Délégation à
l'informatique est créée au niveau gouvernemental comme maître
d 'œuvre du Plan. Une Compagnie internationale pour l'informatique
(CIi}, filiale des groupes privés CGE, Thomson et CSF, f usionne deux
petits constructeurs de calculateurs scientifiques avec pour mission
essentielle de développer une « gamme moyenne de gestion » et de
participer à terme à la constitution d'une informatique européenne. Le
dispositif est complété l'année suivante par la création d'une société
pour les périphériques, d 'une autre pour les composants résultant de
la fusion des filia les spécialisées de Thomson et de CSF. Et d'un Institut
de recherches en informatique et automatique (IRIA, devenu l'lnria),
seul survivant aujourd'hui de cet ambitieux programme.
CIi iris 50, premier ordinateur développé par le Plan Calcul (1968).
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Chapitre 6 - Les mini-ordi nateurs - 165 -
1967 • Langage Laga l'informatique dans les organisations, qui de merveille futuriste est
devenue un casse -tête managérial.
Afin de fac il iter l'enseignement
de la programmation aux enfants, Rentable dès son premier exercice, la Sogeti surfe sur la croissance
Seymour Papert développe le lan- du parc informatiq ue dans cette région où les SSII parisiennes sont
gage Logo. Inspiré par l~ntelligence peu présentes. Quelques années plus tard, Serge Kampf prendra
artificielle (plus précisément par le le contrôle de deux grands concurrents : le CAP (SSII franco-bri-
langage Lisp), la logique mathé- tannique) et Gemini, const ituant un groupe qui figure aujourd'h ui
matique et les théories de l'ap- parmi les dix principales sociétés de service informatique au monde.
prentissage, ce langage n'a plus
pou r objectif, comme les langages
préexistants, de résoudre des pro-
blèmes numériques mais de jouer
avec des mots et d 'apprendre à •
196B • The Rrt of Computer Programming
résoudre des problèmes. En 1962, encore étudiant, Dona ld Knuth reçoit commande d'un livre
Seymour Papert et une tortue sur l'écriture des compilateurs. li perçoit rapidement que le sujet est
La caractéristique la plus connue mécanique répondant aux ordres
très vaste et nécessite de nombreux approfondissements consacrés
de Logo est la présence d 'une tor- donnés par un programme Logo.
à l'analyse d 'algorithmes. Il entreprend alors une étude mathéma-
tue virtuelle à l'écran, contrôlé par
tique pointue des d ifférents algorithmes classiques et commence
le programme et pouvant se déplacer ou dessiner. Cela permettait Donald Knuth en 2010
l'œuvre de sa vie: The Art ofComputer Programming. En accord avec
à l'élève d 'avoi r un retour visuel immédiat de ses commandes. Une pendant une de ses
l'éditeur, la publication est p révue pour s'étaler sur sept volumes.
version « expérimenta le » était même d isponible où des ordres fameuses conférences.
Les trois premiers (algorithmes
étaient donnés à un petit robot « tortue » qui pouvait ainsi dessiner
fondamen t aux, numériques et
sur des feuilles de papier.
de tri) paraissent en 1968, 1969
S'il n'a jamais servi ailleurs que dans le domaine éducatif, Logo a et 1973. Ces ouvrages sont una-
influencé de nombreux langages, en particulier Smalltalk. L'un de n imement considérés comme
ses descendants, Scratch, est l'un des langages phares actuellement des l ivres fondateurs de la
utilisés pour l'enseignement de la programmation aux jeunes enfants. science informatique, appor-
tant des bases théoriques à ce
qui relevait avant du « brico-
lage » algorithm ique. Depuis
plus de 40 ans, Knuth poursuit
1967 • Début d'une société de services l'écriture des volumes suivants,
Un ancien responsab le commercial de Bull dans la région Rhô- allongeant sans fin le manuscrit
ne-A lpes, Serge Kampf, fonde à Lyon une société de services au gré des avancées théoriques
informatiques, Sogeti. Sa première publicité : << Ne vous torturez et de ses propres analyses. La
p lus : torturez Sogeti » reflète le changement de perception de première partie du volume 4
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est parue en 2011, le volume 5 est prévu pour 2020. Les autres 19&B ~ Le génie lagiciel
seront peut-être publiés ensuite, mais il a l'intention de revoir les
L'expression « génie logiciel » (softwareengineering) est née en 1968
trois premiers volumes dans l'intervalle ...
lors d 'une conférence organisée par l'OTAN pour résoudre la crise
Préparant la deuxième éd ition des trois premiers volumes en 1976, du log iciel : en raison de l'accroissement de la puissance des ordi-
Donald Knuth a v ivement critiqué la typograph ie et la mise en page nateurs lié à l'arrivée des circuits intégrés et des disques, la tai lle des
utilisées par l'éditeur pour les formules mathématiques. Alliant ses projets informatiques augmentait en conséquence et il devenait
compétences de mathématicien à ses talent s de programmeur, il de pl us en p lus difficile de les mener à bien. Est alors apparue la
s'est alors attelé à la conception et à l'écriture d 'un logiciel complet nécessité de faire reposer le développement des logiciels sur des
de mise en page de documents scientifiques, TeX, incluant typogra- fondem ents théoriques et des règles pratiques, à l'image des autres
phie professionnelle et polices de caractères dédiées. Rapidement sciences de l'ingén ieur. Le génie logiciel repose sur des normes
adoptés par la communauté, Te X et ses dérivés sont maintenant des et recommandations standards et couvre l'ensemble du cycle de
outils indispensables dans le domaine de la publication scientifique. vie d 'un log iciel, depuis la demande initiale jusqu'à la phase de
maintenance finale.
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- 166 - Histoire illustrée de l'inJ:armat:ique
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mcltday artemoon
19&B Déma de la sauris
december 9
~$ p.m,1 /)ICf\11 Douglas Engelbart (1925-2013), chercheur à Stanford, présente
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DA D C. EHGEl~AR~ devant plus d 'un millier d 'informaticiens ses t ravaux sur l'interface
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- 1 lD - Histoire illustrée de l'inJ:armatique
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Août1972
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Évolution d'Arpanet entre 1969 et 1977. On notera le lien vers Londres dans le dernier graphique.
1969 ~ Lagiciel
Le mot logiciel est proposé en 1969 par la Délégation à l'informa-
tique, agence gouvernementale française qui pilote le Plan Ca lcul.
Auparavant, on parlait de codes et de codage (sur les machines des
années cinquante), de programmes ou de software : software de
base, software d 'application ... Cette innovation terminologique
accompagne un plan de soutien aux sociétés de service et de conseil
en informatique, devenues bientôt sociétés de service et d'ingé-
nierie en informatique (5511).
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- 112 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique
• certains clients préfèrent développer leurs propres applications spécialistes mondiales du software, dirigeait le développement
et ne veulent plus payer pour un package complet; des langages de programmation chez IBM. Elle a présenté dans
ce livre un panorama complet des systèmes de programmation
• de nombreuses sociétés de service se développent et dénoncent
élaborés dans les deux premières décennies de l'informatique.
une concurrence déloyale de la part des constructeurs; IBM y est
d'autant plus sensible qu'elle doit faire des concessions face à de
nouvelles actions anti-trust;
• des discussions s'engagent concernant la brevetabilité des pro- 197D ~ De << IBM et les 7 nains >> au BUNCH
grammes: est-ce un simple ajout au matériel ou une marchandise
Dans les années soixante, la structure de l'industrie informatique
comme une aut re dont on aurait intérêt à développer le marché?
était familièrement résumée par l'expression « Blanche-Neige [IBMJ
En 1969 IBM annonce qu'elle va dissocier (unbundle en anglais) la et les sept nains ». En 1970, après l'annonce de la série IBM/ 370,
facturation des matériels, des logiciels d 'application et des ser- General Electric et Rad io Corporation of America (RCA) perdent
vices. Pour l'utilisateur, il en résulte une baisse de 3 o/o sur les prix tout espoir de concurrencer le leader mondial de façon rentable
des matériels IBM et une hausse de 10 à 20 o/o sur les services et et vendent leurs activités de construction d'ordinateurs. La struc-
le logic iel. Les autres constructeurs suivent progressivement. Le ture de l'industri e informatique s'abrège désormais en « IBM and
software a désormais un prix, ce qui ouvre un vaste marché à the BUNCH » (Burrou ghs, Univac, NCR, Control Data, Honeywell
l'industrie du logiciel et va permettre l'éclosion de m ill iers d'en- - bunch signifiant bouquet). Auquel s'ajoute ensuite l'étoile
treprises capitalisant sur l'intelligence humaine sans nécessiter montante des minis, Digital Equipment, qui grimpera bientôt en
de ressources industrielles. deuxième position.
langage optimisé pour tel type d'application. Ou afin d'explorer 4 Honeywell 3,8 4 Burroughs 893
une piste de rech erche, par exemple LISP conçu par John McCar-
thy pour l'intelligence artificielle. Les informaticiens ont bientôt 5 Burroughs 3,5 5 Honeywell 859
comparé cette accumu lation de langages à la légende biblique
6 General Electric 3,4 6 Contrai Data 580
de la tour de Babel, constru ct ion Babylonienne dont les bâtis-
seurs ambitionnaient de monter jusqu'au ciel, mais que Dieu punit 7 RCA 2,9
en leur faisant parler chacun une langue différente, rendant la
communication impossible. Jean E. Sammet, l'une des grandes B NCR 2,9
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Chapitre 6 - Les mini-ordinateurs - 113 -
NB : Ces statistiques sont discutables, ne serait-ce que parce que le des règles très simples. Le magazine Scientific American en fa it la
« marché » considéré n'est pas défini - il s'agit principalement de première description en octobre 1970 et permet au jeu de connaître
construction d'ordinateurs et de périphériques. On ne trouve pour cette un succès immédiat, favorisé par l'émergence des mini-ordinateurs
époque aucune statistique des parts du marché informatique mondial. qui pouvaient faire tourner le programme simulant le jeu pendant
La part d'IBM y est certainement inférieure à deux-tiers, car IBM affronte les périodes d'inactivité.
en Europe et au Japon des concurrents mieux implantés localement.
Et les pays du bloc soviétique ont leur propre industrie informatique,
bien que ne constituant qu'une petite part du marché mondial.
197D ~ Unix
Le projet d'un nouveau système d 'exploitation en temps-partagé,
Multics, a été lancé en 1964 par le MIT, General Electric et les labo-
ratoires Bell d 'AT&T. Révolutionnaire pour l'époque, introduisant
nombre d'innovations techniques tant matérielles que logicielles,
le projet est ambitieux, trop ambitieux, et prend du retard. En rai-
son de son coût, tant en ressources matérielles que humaines, les
laboratoires Bell décident d 'abandonner le projet en 1969. Voulant
à la fois capitaliser sur les avancées déjà obtenues et faire plus
simple, Malcolm Mcllroy, Ken Thompson et Dennis Ritchie (1941-
2011 ), de l'équipe Multics chez Bell, écrivent un petit système d 'ex-
ploitation multitâches et multi-utilisateurs : Unix. D'abord déve-
loppé sur PDP-7, Unix est rapidement porté sur le mini-ordinateur
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Chapitre Ei - Les mini-ard inateurs - 1 lS -
197D ~ Disquette
David Noble met au point un disque magnétique souple pour les
ordinateurs System/ 370 d 'IBM. Originellement conçue pour conte-
Lecteurs de disquettes de 8 pouces (1980), 5,25 pouces (1983) et 3,5 pouces {2004).
nir le code de microprogramme du système, puis envisagée pour
distribuer des mises à jour logicielles aux clients, elle ne fonctionnait
qu'en lecture seule avec une capacité de 80 kilo -octets de don-
nées pour une taille de 8 pouces de côté, soit une vingtaine de
centimètres. Dès 1973, IBM commercialise des disquettes pouvant
Trois tailles de disquette: 8 pouces, 5,25 pouces et 3,5 pouces.
servir de support de stockage, accessib les en lecture et écriture,
contenant presque 250 kilo -octets. De nombreux fabricants se
lancent sur ce marché, améliorant progressivement la capacité de
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Le premier email a été envoyé entre ces deux ordinateurs qui, bien que côte à côte,
ne communiquaient qu'à travers Arpanet. Utilisation quotidienne de problèmes NP-complets.
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Chapitre 6 - Les min i-ordinateurs - 1l l -
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Reglster
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bureau. Après étude du projet, les ingénieurs Ted Hoff et Stan Mazor Reglster
Reglster Mt.*I 1lexer
proposent de remplacer la demi-douzaine de circuits spécifiques 0 1
envisagés par Busicom par un processeur universel pi loté par un Flag Slack
2 3
jeu d 'instructions et tenant sur une seu le puce. Federico Faggin Fllp Flops ~ ~ MultiDlexer
Instruction ... Program Counter g s
est embauché pour diriger le projet et réa lise le microprocesseur
4004, assisté de Masatoshi Shima de Busicom, à l'aide de nouvelles •
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processeur 4 bits. li comprend environ 2 300 transistors dans 1Omm 2 Oeclmal 14 15
et atteint la puissance de l'ENIAC, pouvant additionner deux nombres AdjuSj
de 4 bits en 10 µs. Busicom disparaît bientôt du paysage, mais Intel ' .. .. scralch
Pad
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décolle et le 4004 inaugure une quatrième génération d'ordinateurs.
R c onool RAM COncrol Te$t · Clocits
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Le 4004 sera surtout vendu comme composant d 'automatismes Reset
1 1
industriels, de périphériques et de petits calculateurs. C: P.~ l~O,,'\ ' ,I O 3
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- 1 l B- Histoire illustrée de l'inJ:crmatique
D'autres ingénieurs ont à l'époque conçu des puces ayant les 1972 ~ Pang
mêmes fonctionnalités mais s'intégrant dans un système plus
La miniaturisation des composants promettant toujours plus de
large sans être disponibles séparément. Dès 1970, la firme Garrett
puissance, il devient envisageable d'intégrer un clone de SpaceWar!
AiResearch a conçu l'ordinateur de contrôle de vol des avions F- 14
dans un produ it indépendant. Nolan Bushnell fonde Atari avec
Tomcat en y intégrant le processeur de signal numérique MP944,
l'objectif de créer des jeux vidéo, à commencer par un sim u lateur
fonctionnant en para llèle sur des données de 20 bits. La même
de conduite. Son unique programmeur, Allan Alcorn, n'ayant pas
année, Four-Phase Systems a développé son ordinateur incorporant
une grande expérience du domaine, Bushnell lui propose comme
trois circuits AL-1, composé de registres et d ' une unité de calcul sur
exercice de développer une simu lation très simpliste de tennis
8 bits. Sans avoir été appelé microprocesseur lors de sa conception,
où chaque joueur doit renvoyer une bal le à l'aide de sa raquette.
son rô le sera admis en 1995 lors d 'un lit ige concernant le brevet
Le prototype final fa isant une forte impression, Atari décide de le
du premier microprocesseur: son antériorité sera reconnue et le
commercialiser et installe une borne d 'arcade permettant de j ouer
brevet initial Intel invalidé.
à Pong dans un bar local. Le succès est immédiat ; c'est le début
L'idée de réunir tous les systèmes logiques d ' une unité cen - de l'industrie du jeu vidéo. Atari sera le poids lourd du domaine
tra le sur une même puce était donc dans l'air du temps - un jusqu'en 1983. La demande de consoles de jeu s'effondrera alors
autre employé d'Intel, Wayne Pickette, avait même présenté une en raison d'erreurs marketing, de la saturation du marché et de la
ébauche de schéma dès 1968. Il fallait toutefois attendre de pou- concurrence des logiciels de jeu vidéo sur les ordinateurs indivi-
voir résoudre les problèmes d'encombrement des transistors, de duels. Le flambeau sera repris quelques années plus tard par des
consommation électrique et de diss ipation thermique .. . et sur- compagnies japonaises, principalement Nintendo.
tout avoir une équipe de direction confiante en la réussite du
Première mention projet et prête à investir! Les deux premières bornes d'arcade - Pong et Computer Space -
de la « Silicon Valley». réunies lors d'une convention Atari en 2012.
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Chapitre 6 - Les mini- ordinateurs - 119 -
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De haut en bas :
Première calculatrice de bureau
ANITA Mark VIII, basée sur
des tubes à vide (1961 ).
Un des premiers schémas illustrant Ethernet.
Une des premières calculatrices
électroniques de poche : La première calculatrice
Busicom LE-120A Handy (1971 ). scientifique de poche :
HP-35 (1972).
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Chapitre 6 - Les mini-ordinateurs - 1B1 -
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publiques de l'ENIAC, qui relevait dès lors du domaine com- n1agnct1qt1es
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- 1B2 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique
Silver (1924- 1963) et Norman Woodland (1921 - 2012). Les proto- .. ...,...
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Chapitre 6 - Les mini-ordinateurs - 1B3 -
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systems. proœss and numenc controilers. odv4!1œd
intel ters. Fu-st from the beginrûng.
Double page de publiàté pour
le 8080, parue en 1974 dans
le magazine Electronic News.
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- 1B6 - Histcire illustrée de l'ini:armatique
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1975 ~ Réseau Cyclades
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En France où le gouvernement gaulliste a lancé le « Plan Calcul » ••
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pour soutenir une informatique européenne indépendante, une •••• -•
équipe est formée en 1971 pour développer un ré seau inspiré ••
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d 'Arpanet : « Cyclades ». Son p atron, Louis Pouzin, un polytech- • ••
•
nicien qui a participé aux rech erches américaines, développe et -
implémente systématiquement le concept de « datagramme » :
les paquets de données adressés constituant un message ou un
fichier n'ont pas besoin d'être transmis groupés ; dans un réseau •
d'ordinateurs, chacun d'eux peut librement emprunter la ligne la
moins encombrée, pour n'être regroupé qu'en fin de parcours, chez
le destinataire. Ce concept deviendra l'une des bases d'Internet.
Crédits·
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Wikimedia Commons ; Droits réservés; Pierre Mounier-Kuhn ; Frank Heart I UCLA ; Atari; Droits réservés ; Popular Science; Pierre Mounier-Kuhn
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- 190 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique
plus sur l'image qu'ils ont souhaité projeter que sur les réalités des te ment de texte, elles étaient par nature des appareils personnels
possibles et des décisions. De plus, l'immense majorité de cette de traitement de l'information.
littératu re se focalise sur deux hobbits devenus eux-mêmes géants, Cette approche contextualisée n'en lève rien à l'inventivité des pion-
Apple et Microsoft, laissant dans l'ombre des pans entiers de cette niers du micro-ordinateur, mais elle permet de mieux comprendre
grande aventure. Enfin elle suppose rétrospectivement que tous ses l'expansion rapide de celui-ci, dès que sa puissance et ses logiciels
héros ont inventé un objet unique, commun, LE micro-ordinateur. en ont fa it un produit substituable aux solutions préexistantes.
Or il y avait plusieurs définitions possibles d 'un micro-o rd inateur Ses pionniers s'appuyaient eux-mêmes sur des traditions, celle du
- et c'est resté un sujet de débat entre les amateurs qui veulent à bricolage électronique remontant aux anciens radioamateurs (bri-
toute force savoir quel était « le premier ». colage favorisé par l'existence de nombreux magasins de pièces
Bien loin d 'un déterminisme t echnique, les micro-ordinateurs détachées), celle du jeu d'arcade, celle des clubs scientifiques. Et,
résultent de la rencontre entre plusieurs courants. Le micropro- notamment en Californ ie, sur des groupes sociaux partageant une
cesseur bien sûr, lui-même fruit de la dynamique de l'intégration « contre-culture » qui promouvait l'innovation loca le,« ici et main-
croissante chez Intel et ses concurrent s, de la commande d'un fabri- tenant », et la réappropriation du pouvoir (donc de l'information)
cant de calculettes et de l'anticipation par les ingénieurs d' Intel par le peuple face aux Big Brothers gouvernementaux ou industriels.
d'un marché plus large, notamment le contrôle industriel. Mais
Ce contexte inspire une kyrielle d'inventeurs et suscite une vague
au ssi le désir de réaliser de très petits ordinateurs peu coûteux,
de création d'entreprises. La faiblesse des barrières à l'entrée de ce
avec ou sans microprocesseur. Enfin l'existence préalable d'objets,
marché favorise le foisonnement de constructeurs; la vive concur-
de cultures et de pratiques qui ont familiarisé des centaines de
rence et l'inexpérience commerciale de la plupart des passionnés
milliers d'utilisateurs à un usage personnel de l'ordinateur. On peut
qui se lancent dans l'aventure expliquent les difficultés de ces PME,
en évoquer au moins trois:
malgré la rapide croissance du marché : 149 o/o par an au niveau
• Le mini-ordinateur. Développé depuis les années soixante par mondial entre 1976 et 1982, puis 65 °/o entre 1982 et 1984 (quatre
des sta rt-ups comme Digital Equipment qui voulaient explicite- fois plus que les minis et les mainframes). Cette diffusion est due
ment inventer un nouveau rapport à l'ordinateur, son prix relati- non seulement aux baisses de prix des matériels, mais surtout à la
vement réduit et sa facilité d'utilisation ont permis à beaucoup mise au point de logiciels d'application où le contenu << culturel »
d'apprendre à programmer et à inventer des usages inédits de est aussi important que la performance technique.
la machine, par exemple de la faire jouer. S'ils restent toujours
Vers 1980 existe une foule de const ructeurs de micro-ordinateurs,
installés dans des environnements professionnels, ils sont souvent
à l'existence généralement éphémère. On en trouve une dizaine
utilisés comme ordinateurs personnels.
dans un pays moyen comme la France: R2E qui devient Bull-Micral,
• Le terminal distant. Les systèmes de time-sharing, connectant un Alvan, MBC qui a présent é son Alcyane au Sicob 1975, Normerel,
gros ordinateur à de multiples consoles, offraient à tout ind ividu Goupil fondé en 1978 à partir de clubs de hackers, Léanord, l'u ne
un accès relativement bon marché à l'inform atique et l'impression des plus anciennes start-ups françaises dans ce secteur, Logabax
d'être l'unique utilisateur de la machine. qui développe ses propres micros puis passe sous le contrôle
• Les machines de bureau, qui relevaient jadis de la petite mécano- d'Olivetti, bientôt la start-up grenobloise Symag, et d'autres. S'y
graphie, où l'électronique a progressivement remplacé la m éca- ajoutent les grands groupes (Thomson, Matra ... ) en quête de
nique de précision. Des calculettes aux machines dédiées au trai - diversification ... et de subventions. Ce baby-boom d'entreprises et
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d 'inventeurs éclate dans tous les pays industrialisés, y compris en vitesse de quelques centaines
Europe de l'Est. li durera moins d'une décennie, balayé dès le milieu d'instructions par seconde. li
des an nées 1980 par l'IBM PC et ses clones compatibles. Puis par s'en est vendu 40 exem-
la concurrence irrésistible des « petits dragons » asiatiques (princi- p laires (à 750 dol lars,
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palement Taïwan, Singapour et la Corée du Sud) qui construisent soit environ 4 000 euros
sur leur savoir-faire en composants, en électronique grand public de 2015), p rincipalement
et en production à bas prix. à des établissements d 'en-
seignement. Le Kenbak-1
Les mini- ordinateurs ont englouti le marché des petits main-
n'est pas le seul « très petit ordina-
frames dès le début des années 1980, obligeant progressivement
teu r >> conçu à l'époque. Par exemple en France, une équipe
les anciens majors de l'informatique à se replier sur les hauts de Micro-ordinateur Kenbak-1.
du groupe Thomson a développé l'année précédente une machine
gamme et les services, ou à fermer boutique (Contrai Data, Uni-
comparable, Callisto, projet stoppé quand l'équipe a été transférée à
vac, etc.). Un phénomène comparable se produit ensuite avec les
la CIi pour pa rt iciper au projet Mitra 15.
micro -o rdinateurs. Évènement emblématique de cette nouvelle
révolution, Compaq prendra le contrôle de DEC en 1998. Mais le
monde de l'informatique aura p rofondément changé entre temps:
non seulement la hiérarchie des constructeurs s'est redistribuée,
mais, surtout, les rôles, les enjeux, le terrain même où s'exercent
leurs ta lents techniques et stratégiques ont été bou leversés. L'ar-
chitecture des unités centrales appartient presqu'entièrement à un
o ligopole fermé de fabrica nts de m icroprocesseurs, Intel en tête, où
IBM n'est qu'un acteur parmi d 'autres. Les constructeurs de serveurs
et de grosses machines s'efforcent de combiner cette activité avec
le service et le logiciel, secteur où règnent Microsoft, SAP et ... IBM.
Tous ces éléments se sont imbriqués depu is la fin du xxcsiècle dans
des réseaux, réa lisant la convergence, annoncée de longue date,
de l'informatique et des télécommunications.
L'ensemble des circuits
du Kenbak-1.
1971 ~ Kenbak-1
John Blankenbaker conçoit et réalise le Kenbak-1, considéré par plu-
1973 • Le Micral de R2E
sieurs musées de l'informatique comme le premier ordinateu r per- La soc iété f rançaise R2E (Réalisations et études é lectroniques),
sonnel. Le Kenbak-1 n'a pas de microprocesseur (qui n'est pas encore créée en 1971, produ i sait des équipements é lectron iques sur
inventé!) mais une logique de contrôle constituée d'une centaine de mesure pour les secteurs médical et n ucléaire, dans une culture
circuits intégrés classiques, avec une mémoire de 256 octets et une professionnelle marquée par la mini-info rmatique. Le responsable
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- 192 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique
mie rai
Un micro-ordinateur
Micral N. des études, François Gernelle, répond en juin 1972 à une demande l'INRA le 15 j anvier 1973. Rapidement industrialisée, la machine
de l'Institut National de la Recherche Agronomique (INRA) en est comme rcialisée sous le nom de Micra l N en avri l de la même
concevant un petit ordinateur autour du microprocesseur Intel année. La version de base se vend 8 500 francs (un peu plus de
8008 qui vient d'être commercialisé. 7 000 euros actuels}, soit cinq fois moins qu' un DEC PDP-8. C'est
tout de même le prix d'une 2 CV Citroën, ou un mois de salai re
La machine est développée en un temps record, entre septembre
d' un ingénieur moyen.
et décembre 1972, par une équipe de quatre personnes dans une
cave de Chatenay-Malabry. Le programme d'application est écrit Le Micral est exposé au Sicob 1973, et une publicité parue dans
et testé sur un Multi-8 de récupération. Les mémoires sont entiè- Electronics Magazine témoigne d' un effort précoce pour le lancer
rement en circuits intégrés MOS. L'horloge CPU tourne à 0,5 MHz su r le marché américain. R2E, qui prévoyait de produire 100 Micral
seulement, mais il y a 8 niveaux d'interruption et une structure par mois, reçoit effectivem ent 500 com mandes en cette première
de pile. Objet de deux brevets mondiaux, le système est livré à ann ée. Un certa in nombre équipent des unités de production
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chimique chez Rhône-Poulenc, d'autres sont installés aux bornes 1974 ~ Carte à puce mémoire
de péage de plusieurs autoroutes en France et en Italie.
Roland Moreno (1945-2012) dépose
Suivant l'apparition de nouveaux microprocesseurs, R2E présentera ses premiers brevets pour une carte
ensuite des versions successives du Micral, de plus en p lus puis- à puce mémoi re incorporant des
santes, bientôt orientées gestion et multi-utilisateurs. Le moniteur dispositifs de sécurisation (p rotec-
d 'exploitation Sysm ic deviendra Prologue en 1978. Un écran-clavier tion des données stockées, code
Sait (marque belge) est ajout é dès 1974, remp laçant le vieux sys- secret ... ). Une version simple, conte-
tème des télétypes et des cartes perforées ; puis un premier disque na nt des unités consommables,
dur en 1975, un disque souple Seagate en 1979. Au total, un millier est adoptée dès la fin des an n ées
d'exemplaires de tous types de ces machines auront été construits 1970 par l'administration des télé-
et vendus par R2E à cette date. Manquant de capital, R2E passe alors communications, qui y trouve une
sous le contrôle de CII-Honeywell-Bull. Celle-ci cessera en 1982 de bonne so lution pour sécuriser les
développer le système origina l Micral, pour rejoindre le clan des téléphones publics. Cette première
compatibles IBM PC. applicati on de masse permet à la
carte à puce de décol Ier sur le plan
Le Micral est considéré comme le premier micro-ord inateur basé Roland Moreno
industriel et d 'en financer les développements ulté rieurs. L'entre-
sur u n m icroprocesseur. Matériel professionnel conçu pour des pro- en 1994, présentant
prise dirigée par Roland Moreno et titulaire de ses b revets, lnnova-
fessionnels, carrossé dans une boîte d 'acier, livré assemblé et prêt à une carte téléphonique
tron, restera pendant trente ans un acteur central de l'innovation
l'emploi, il diffère nettement des micro-ordinateurs commercialisés « collector » produite
dans ce nouveau secteur.
deux ans plus tard en kit par des hobbyistes californ iens. La culture pour le 20• anniversaire
d 'informatique industrielle de ses concepteurs se reflète dans sa de son premier brevet,
fiabi lité : des M icral N fonctionnaient encore au mi lieu des années dont elle reproduit
le schéma.
1990, vingt ans après leur installation !
1975 ~ L'avènement des micrapracesseurs
L'lntel 8008, commercialisé en 1972, était le premier circu it intégrant
sur une seule « p uce » les éléments d 'un processeur cent ral d'ordi-
197:1 ~ Le MCM/7D nateur, capable de traiter des mots de 8 bits (octets). Rapidement
des concurrents apparaissent: Motorola 6800, Mostek 6502, Zilog
Une entreprise d 'électronique basée à Toronto (Canada), Micro Com-
ZBO. Intel réagit vite en lançant un successeur compatib le, le 8080.
puter Machines, conçoit un très petit ordinateur voué à l'utilisation
Cette offre diversifiée suscite, en 1975, une kyrielle de réalisations
personnelle. Assemblé autour d'un Intel 8008 (alors le seu l micro-
de m icro-ordinateurs à travers le monde.
processeur utilisable pour un ordinateur), ce MCM/ 70 est program-
mable en langage de haut niveau APL. Le prototype fait l'objet d'une La saga des micro-ordinateurs ne doit pas faire oublier les autres
démonstration publique en mai 1973 en vue de sa commercialisation, utilisations qui ont fourn i aux p remiers microprocesseu rs des
puis est présenté à Paris au Sicob où ses auteurs découvrent l'exis- débouchés bien plus massifs: contrôleurs de périphériques, d 'ap-
tence du Micral. À quelques semaines p rès, les deux machines sont pareils de laboratoires ou de matériels médicaux, automatismes
parfaitement contemporaines. industriels ...
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Les premiers plans d 'ordinateurs à base de microprocesseurs Roberts (1941 -20 10) et sa société d 'électronique MITS leur facilitent
paraissent d ans des revues spécialisées, et les amateurs qui veulent la tâche en présentant un micro-ordinateur en kit basé sur le 8080
les réaliser doivent se procurer eux-m êmes toutes les pièces. Ed d ' Intel : l'Altair 8800. Dans sa version de base, l'Altair a quelques
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interrupteurs et diodes lum ineuses sur le panneau avant, ainsi que
256 octets de mémoire extensibles à 8 ko pour un prix presque égal
à celui du kit entier. Sans mémoire de stockage (disponible plus tard
en option sous forme d'un lecteur de bande papier), l'utilisateur doit
entrer son programme « aux clés », via les interrupteurs à chaque
allumage. Rudimentaire, peu puissant, compliqué à utiliser, l'Altair
met pourtant à la disposition de milliers de passionnés ce qui n'était
auparavant visible que dans des laboratoires, pour un prix de $400
(soit environ 1 500 euros en 2015).
Alors que MITS tablait sur quelques centaines de ventes par an,
le premier article décrivant l'Altair, paru dans un magazine d 'élec-
tronique en janvier 1975, déclencha une frénés ie d 'achats. Les
commandes affluèrent au rythme d 'environ un millier par mois (Ed
Roberts en reçut près de 400 le premier jour}, faisant de l'Altair le
p remier micro-ordinateur à succès populaire. Elles révélèrent une
fou le d 'individus, souvent très jeunes, qui ne se satisfaisaient pas
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- 196 - Histoire illustrée de l'in~crmat:ique
Une entreprise, Epsitec, est fondée pour les produire et les vendre
à partir de 1978. Les Smaky sont fournis avec des logiciels. Son
excellent système d'exploitation fait du Smaky un ordinateur puis-
sant pour l'époque : dès le Smaky 8 (1980), il devient multitâche
et dispose d'une interface graphique avec fenêtres. C'est pour le
Smaky que J.-0. Nicoud met au point les souris industrialisées plus
tard par Logitech. Une version portable est disponible avec une
carte mère dans le clavier.
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JEUX ET
Paul Allen et Bill Gates en 1970, travaillant sur un terminal de leur lycée.
1975 ~ Micrasaft
Passion nés d'informatique qu'ils pratiquèrent au lycée sur des termi-
naux en temps-partagé, Paul Allen et Bill Gates voient arriver l'Altair
le fflllt99•ln• dtl l'lnfarm•tlqu• paur toue · tu111,11ao.,•.,.• ·"•
•••gtque ,aa fi• · au••-, li fl8 1 R fi avec la conviction que l'ère de l'ordinateur personnel commence.
Ils écrivent en deux mois un interpréteur BASIC et en proposent la
Couverture du magazine /'Ordinateur Individuel de juillet/août 1979. distribution à MITS. C'est le début de l'entreprise Microsoft- appe-
lée au départ Micro-Soft. Elle se développe les années suivantes en
proposant des logiciels, d'abord de développement, puis applicatifs,
Les plus connus en France ont pour nom Dr. Dobb's Journal, BYTE, pour les divers micro-ordinateurs disponibles. Bil l Gates se distingue
/'Ordinateur Individuel, Microsystèmes, /'Ordinateur de Poche, Science aussi en étant l'un des prem iers développeurs confrontés au souci
et Vie Micro ... du piratage de ses logiciels (notamment de son interpréteur BASIC
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- 19B - Histo ire illustrée de l'inJ:armatique - 2-
Pel:>runry 3 , 1976
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Open tette r t o Robbyis t s
Almoat a year ago , Paul Allon and mys c l f, oxpccti.ng the hobby
•arket to ex-pand , hir ed Monte oavidoff and devoloped Altair BASIC .
Though the ini t ial work took o n l y two months , tho threo of us have
spen t most o f the las t yea r documan ting, improvi:'\9 and adding foa-
t u res t.o BASI C. Now wc have 4K, BK, EX'l'ENDED , ROM a nd DISK BASI C.
The v.iluo o f t ha computer time we havo used exceeds $40, 000 .
Bi l l Gates
Lettre de Bill Gates aux « hobbyistes » se plaignant G~neral Par tnar , Mic r o- Soft
du piratage de son BASIC pour l'Altair.
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Chapitre "=t - La micra-inl=ar matique - 1!:l!:I -
1975 ~ Système d'exploitation CP/M d 'instructions plus complet, meilleu r organisation des registres
et des interruptions, interfaçage simplifié . .. Le Z80 dominera le
Gary Kildall (1942-1994) développe CP/ M (Contro/Program forMicro-
marché jusqu'au milieu des années 1980, en étant l'un des m icro-
computers) qui deviendra le premier système d 'exploitation stan-
processeurs 8 bits les plus présents dans de nombreux modèles
dard sur les micro-ordinateurs naissants. On lui doit entre autres
de micro-ordinateurs. Lui et ses descendants sont encore utilisés
le syst ème de nommage des disques (A:, B:, C:) et des fichiers
dans des systèmes embarqués ne nécessitant pas la puissance des
incluant une extension sur trois lettres indiquant le type. Lors de
microprocesseurs actuels.
la conception du PC, IBM, à la recherche d 'un système d 'exploita-
Publicité pour le Z80 (mai 1976).
tion existant, se tournera d 'abord vers
Ki ldall pour porter CP/ M sur le nou- ( ,
vel ordinateur. Un désaccord sur les r111t111f1':hti! zu~ Z-80 ....,._...,"' ~ ....... -...,,,,c,uc
( IISltinclhy:
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développeur à rompre les discussions,
laissant le champ libre à Microsoft et à
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1976 ~ Cryptographie à clé publique On a appris en 1997 que trois chercheurs t rava illant pou r les services
secrets britanniques, Ell is, Cocks et Williamson, avaient dès 1973
Depuis !'Antiquité roma ine et le chiffre de César, la cryptographie
inventé la cryptographie à clé publique avec un algorithme équi-
- ou l'art de chiffrer, déchiffrer et décrypter les messages - fait
va lent à RSA, mais que leur hiérarchie s'était contentée de classer
partie de l'art militaire, de la diplomatie et des affaires. Longtemps
leu rs travaux secret -défense sans en percevoir toute l'importance
cantonnée aux études d 'amateurs, la recherche de méthodes de
pour les futures communications civiles.
chiffrement et de décryptage s'est systématisée au xxc siècle en s'ap-
puyant sur les travaux de mathématiciens et d 'ingénieurs. Turing et
son cassage du code Enigma ou Flowers et son prote-ordinateur
Colossus en sont les meilleurs exemples.
1976 ~ Imprimante laser
Jusqu'en 1976, tout envoi de message codé reposait sur un préa-
En 1972, Gary Stark.w eather, alors ingénieur chez Xerox, modifie un
lable : l'échange secret, entre l'émetteur et le destinataire, d 'une clé
photocopieur maison en lui ajoutant un faisceau laser dessinant
de codage permettant le chiffrement. Si cette clé venait à tomber
directement sur le tambour d'impression; c'est la naissance de l'impri-
entre des mains ennemies, le système s'effondrait car l'adversaire
mante laser. Craignant une diminution de ses revenus su r le marché
pouvait alors déchiffre r sans peine les messages. Ce besoin de dis-
des p hotocopieurs, Xerox ne donne pas suite à cette invention. C'est
t ribuer secrèt ement les clés de codage a toujours été un véritable
IBM qui en 1976 proposera la p remière imprimante laser à ses clients,
casse -tête pour les services secrets car cela revenait souvent à
envoyer au destinataire un « livre de clés » en espérant q u'il ne soit
pas intercepté par l'ennemi. Imprimante laser IBM 3800.
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1976 ~ Cray 1
Opposé aux orientations techniques prises par
Contrai Data, Seymour Cray part en 1972 fonder
sa propre entreprise, poursuivant son idée de réali-
ser l'ordinateur le plus rapide du monde. Après des
années de développement, il présente le superor-
dinateur Cray 1, machine révolutionnaire utilisant
avec succès l'architecture vectorielle, et de forme
cylindrique pour minimiser les délais de propaga-
tion entre circuits. Entièrement à base de circuits
intégrés classiques- les microprocesseurs n'étant
pas assez rapides - , il coûte plus de cinq millions
de dollars (l'équivalent de plus de 20 millions en
2015) pour une puissance d 'environ 80 méga-
flops (million d'opérations en virgule flottante par
seconde). Soit la puissance qu'aura un micropro-
Cray-1 en exposition dans le hall de l'EPFL.
cesseur Intel Pentium de 1992 et mille fois moins
qu'un m icroprocesseur de 2015.
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- 2a2 - Histoire illustrée de l'inJ:crmatique
Alors que les prévisions étaient d 'une douzaine de commandes, plus 197 7 • Rpple Il
de 80 exemplaires sero nt vendus, renforçant la célébrité de Seymour
Steve Jobs (1955-20 11 ),
Cray dans le milieu informatique. Dans les années 1990, après la
pour la partie commer-
chute du communisme et la fin de la guerre fro ide, la baisse des
ciale, et Steve Woznia k,
dépenses militaires et la concurrence de puissantes stations de tra -
pour la partie t echnique,
vail fragiliseront les constructeurs de superordinat eu rs. Cependant,
fondent la compagnie
malgré des rachats successifs, l'entreprise Cray Research restera à la
Appl e en 1976 et com -
point e du développement sur ce créneau. Ainsi, en novembre 2012,
mercialisent leur premier
l'ordinateur le plus puissant du monde était le Cray Titan, installé au
modèle, l'App le 1; la carte -
la boratoire national d 'Oak Ridge (État s-Unis), avec une performance
mère portant le micro- ,
•
La salle informatique d'environ 20 pétaflops, vi ngt millions de milliards d 'opératio ns en
processeur es t vend u e
du CERN en 1983 avec virgule flottante par seconde.
ses superordinateurs.
assemblée, mais l'utilisa-
teur doit ajouter le boitier,
I
le clavier, l'ali mentation et
Steve Wozniak et Steve Jobs vers 1978
l'écran. En 1977, ils sortent
travaillant sur des Apple Il.
.' ' ~ , ,... ,. ......... ... . . Invitation pour la première réunion du Homebrew Computer Club de Fred Moore
à Steve Dompier indiquant « qu'il y aura d'autres monteurs d'Altair ».
-
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AMATEUR USERS G~UP
1 :..fOMEBREY! COMPUTER CLUB . .. you name it.
If so, you might like to corne to a gat hering of people with like-minded
interests.. Exchange information, swap ideas, talk shop, help wotk: on
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Th4!,>-e -~11 At. c1'?~~ Alhiir /,,1;/Jé'rs 11tere. •
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Chapitre 1 - La micra- inl=armatique - 203 -
un micro-ordinateur entièrement
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1ntegre qui aura un succes mon-
dial, l'Apple Il. C'est l'un des pre-
miers micros pouvant être utili-
sés tels quels et surtout aya nt un
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affichage graphique en cou leurs. -·--------·--
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Cette même année, deux autres
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modèles de micro-ordinateurs
deviennent disponibles : le PET
Commodore et le TRS-80. À eux
trois, ils totaliseront des mil lions
de vente et lanceront l'industrie
de l'ordinateur personnel. C'est
su r un Apple Il au collège que l'un
des auteurs de ses lignes a décou-
vert l'informatique, avant que ses
parents ne lui ramènent un TRS-
80 en cadeau à la m aison ...
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- 2D'i - Histoire illustrée de l'inJ:armatique
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- 206 - Histoire illustrée de l'in~crmatique
1977 ~ Premiers jeux d'aventure la tr ilogie Zork et la commercial iser via le u r propre entrepr ise
lnfocom; Robert a et Ken Williams lanceront la mode des aven-
Le p remier jeu d'aventure textuel, aussi appelé
tu res graphiques (Mystery House, King Ouest) avec Sierra On line.
fiction interactive, est créé par William Crowther.
-=iaa1
Passionné de spéléologie et amateur du jeu de Ce style de jeu s'est constamment déve loppé depu is ces années
MICIIO
• rôles Donjons & Dragons, Crowther déve loppe 1980 avec l'introduction de nouvelles fonct ionnalit és: graphismes
en 1976 Colossal Cave Adventure afin de pou- en rich is, personnages gé rés pa r l'ordinateu r p lus crédibles,
voir d istraire ses enfants lors de leurs fréquent es mondes persist ant s, et surtout jeu en ligne avec d'autres partici-
visites su ite à son divorce. Le j eu consiste prin- pa nts via Int ernet.
cipalement en l'exploration d'u n univers sou-
terrain, in spi ré de véritables cavernes carto-
graph iées par Crowther, peuplé de quelques
créatu res magiques. Le log iciel est déve loppé
en Fortran sur un mini-ordinateur PDP- 1O et est
1977 • Carte à micrapracesseur Bull CPB
bien sûr dépou rvu de graph ismes, se conten- Une cart e à p uce a été réalisée en 1974 au laboratoi re de Honeywell-
tant de descriptio n s textue lles et acceptant Bull à Saint-Ouen sous la direction de Karel Kurzweil. La puce est une
des commandes simples en langage natu rel mémoire PROM bipolaire contenant 1 kbit et possède u n connec-
(pick key, enter building, open door ... ). Le pro- teur en bout de carte un peu comparable aux actuels PCMCIA.
gramme est mis à disposition de tout le monde Destinée à remplacer les cartes de crédit classiq ues, cette ca rte
via Internet et un étudiant de St anford, Don est cependant plu s épaisse (1,6 mm). Il faudra pl usie urs années
Wood, demande à Crowther la perm ission de pou r définir des norm es permett ant de l'ajust er aux st andards
Boite du jeu d'aventure Zork I illustrant le reprendre, de .le déb og uer et de l'étend re. préexistants des lecteurs de cartes magn étiq ues, déjà installés en
des éléments de l'histoire même Il va ainsi cons idérablement élarg ir le t errain grand nombre.
si le programme est entièrement textuel. de jeu et fortement augmenter la composante
« magique » (créatures, objets, tréso rs.. . ) et le
nombre d 'én igmes.
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Chapitre 1 - La micra -in l=a r matique - 20 1 -
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- 2DB - Histoire illustrée de l'inJ:armatique
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d'une informatisation incontrôlée: exploitation non démocratique des Mk:loetlll BASIC-86
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données, destruction d'emplois suite aux gains de productivité, perte
de souveraineté ... Il annonce le transfert d'une partie croissante des
Publicité pour une carte 8086 .,. ....,"'"'°
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permettant d'installer ce processeur l,Jll,i,')
flux économiques des acteurs traditionnels (poste, banques, services dans un micro-ordinateur 8 bits.
publics... ) vers les acteurs du numérique, notamment les multinatio- On y propose aussi une carte
nales américaines. Des syndicats de postiers et d'employés de banques « de support» avec moniteur,
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interface disquette, port série .•.
réagiront d 'ailleurs par des grèves en 1979.
ainsi qu'une extension
mémoire de 16 ko.
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197B ~ Transpac :
un réseau numérique de données
À la fin des années 1960, des dirigeants français ont pris conscience que
le développement de l'informatique nécessiterait des services perfor-
mants de transmissions de données. Le Ministère des PTI a entrepris à
la fois de rattraper le retard national en équipement téléphonique et de
développer des réseaux numériques de pointe. La Direction générale
des Télécommunications a lancé en 1971 l'étude d'un réseau adop-
tant la technologie de commutation par paquets, expérimentée aux
États-Unis et en Angleterre. Les recherches aboutissent début 1975
à la décision d'implémenter un réseau de type nouveau, Transpac.
L'objectif est à la fois de satisfaire les besoins informatiques des
..
1c1 , ,s,, ,,. 1. ,
grandes entreprises et de permettre aux petites organ isations ou
aux particuliers d'accéder aux services d'information. On veut aussi
p résenter une alternative aux architectures « propriétaires » des
constructeurs, com me SNA d 'IBM. Ce service doit donc être reconnu
au niveau internationa l : la recommandation X25, décrivant le prin-
cipe des circuits virtuels de Transpac, est élaborée par un petit groupe
d'opérateurs de t élécommunications très engagés dans cette tech-
nologie (Royaume-Uni, Canada, États-Unis avec Telenet, France) et
adopt ée à l'Union internationale des t élécommunications en 1976.
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- 210 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique
197B ~ Jeux vidéo d'arcade Japon, ce rtain s jeux auront un succès mondia l et intégreront la
culture populaire : Space lnvaders (1978) est le premier b/ock-
buster qui lancera l'âge d 'o r des jeux d 'a rcade ; viendront ensuite
des titres connus comme Aste roids (1979), Pac-Man (1980) ou
Donkey- Kong (198 1). L'arrivée des consoles de jeu personnelles
(sur lesquelles ces titres seront aussi disponibles) et des logiciels
de jeu vidéo sur micro-ordinateur entrainera le déclin des bornes
d 'arcade à la fin des années 1980.
Reproduction
de l'écran de Pac-Man.
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Chapitre 1 - La micra- ini=armatique - 211 -
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- 212 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique
1979 • RDR rées depuis 1974 par le professeur J.-D. Nicoud de l'EPFL. Les pre-
mières souris Logitech sont fabriquées par une entreprise horlogère
Le Pentagone décide de rationaliser les centaines de langages infor-
spécialisée dans la micromécanique de précision, Dubois Dépraz. La
matiques différents utilisés dans ses services et lance un cahier
génération suivante est produite dans la ferme fami liale à Apples.
des charges. Le vainqueur est l'équipe dirigée par le Français Jean
Bientôt une commande de Hewlett-Packard vient stimuler la pro-
lchbiah (1940-2007) qui crée le langage ADA - appelé ainsi en
duction. Une usine est ouverte en 1986 à Taïwan pour résister aux
l'honneur de Ada Lovelace, la collaboratrice de Charles Babbage.
turbulences sur les prix. En 1994, la majeure partie de la production
Il a la particularité d 'intégrer le traitement des instructions temps-
sera transférée en Ch ine. En 2008 Logitech, devenue multinationale
réel, ce qui en fait un langage de choix pour les environnements
et diversifiée dans la production d 'autres périphériques informa-
temps-réels et les systèmes embarqués nécessitant fiabilité et sécu-
tiques, fêtera la vente de sa milliardième souris.
r ité : applications militaires, transport automobile et ferroviaire,
domaines aéronautique et spatial. .. La contrepartie de sa puissance
est une complexité certaine et une lourdeur d'implémentation qui
le restreint à ces domaines très particuliers.
1981 • Les premiers portables
Dans la seconde moiti é des années soixante -d ix, les premiers
constructeurs de micro- ordinateurs ont commencé à étudier
19BD • Progiciels mathématiques des versions portables - ou plutôt transportables ... Ils visaient
notamment le marché des représentants commerciaux. Dès 1976,
Même si l'invention de l'ordinateur est fortement liée
en Suisse, un professeur de Lausanne et la société Bobst Graphie
10 aux applications mathématiques, ces dernières se déve-
ont réa lisé un système de traitement de texte portable destiné aux
loppent pour tous les scientifiques grâce à l'apparition des
journalistes: le Scrib {16 kg) muni d 'un éditeur de texte et d 'un bon
premiers logiciels commerciaux de calcu l numérique et
système, construit à mille exemplaires. En France, R2E présente en
de calcul formel (permettant la manipulation algébrique
1981 une version portable du Micral, « Portal » (12 kg, petit écran
d'expressions mathématiques): Ma pie en 1980, Matlab en
plat, imprimante thermique incorporée). Outre-Manche, Osborne
1984 et Mathematica en 1988. Pour la première fois, des
fait de même en 1981 avec un portable de 10 kg, alimentation
scientifiques vont pouvoir fa ire des calculs sans avoir à .
non comprise.
apprendre les arcanes de la programmation informatique.
L'Osborne 1 est le premier o rdin ateur « portable » qui rencontre un
Une sortie du logiciel
Matlab. vrai succès commercial. Il n'a pas de batterie, mais doit être bran-
ché sur le sect eur, a la taille d'une petite va lise (il est explicit ement
prévu pour pouvoir se glisser sous un siège d'avion) et possède un
19B1 ~ Fondation de Lagitech écran de seulement 13 cm de diagonale. Mais il est accompagné de
L'histoire commence non dans un garage, mais dans une viei lle logiciels professionnels préinstallés. Son tarif étant t rès attrayant
ferme d 'un village suisse nommé Apples. Un jeune développeur de pour l'époque (équivalent d'environ 4 000 euros de 2015), les ventes
logiciels graphiques met au point une interface conviviale dans le démarrent à plus de 10 000 exemplaires par mois. Mais des erreurs
cadre d 'un projet pour la firme Ricoh, et découvre les souris élabo- de gestion, comme l'annonce prématurée de son successeu r, auront
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Chapitre "=t - La micra-ini=armatique - 213 -
Ordinateur « portable » Osborne 1. On voit les deux lecteurs de disquette et l'écran, accompagnés de divers connecteurs. ~
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- 2l'i - Histcire illustrée de l'in~crmatique
raison de l'entreprise au bout de quelques années. Peu après, dès la techniques. Mais son succès est immédiat. D'abord à cause de la
sortie de l'IBM PC, Compaq apparaît avec un portable compatible politique de cession de licence qui permet à d 'autres constructeurs
bien conçu qui sera le début de sa remarquable ascension. de proposer leu rs « compatibles », et surtout grâce à l'image rassu -
rante de l'entreprise, associée depuis toujours au monde informa-
Les écrans de tous ces apparei ls sont à tube cathodique, donc
tique professionnel: l'IBM PC don ne une légitimité sans précédent
relativement encombrants et lourds, ce qu i limite la portabilité :
au micro-ordinateur. IBM ayant demandé à Microsoft de lui fournir
on est très loin des /aptops ! Il existait bien déjà des écrans p lats,
le système d 'exploitation (PC-DOS), les chiffres colossaux des ventes
mais très petits, ceux des calculettes de poche ou des machines à
de l'IBM PC assu reront la croissance exponentielle de M icrosoft.
écrire électroniques. Ce problème devient, les années suivantes,
l'une des motivations déterminantes des investissements dans la Finalement, le début des années 1980 sera fatal aux start-ups qui
R&D sur les écrans p lats de grande d imension. À la fin des années n'ont pas su passer de l'o rdinateur personnel de loisir pour ama-
quatre-vingt, Apple présentera son premier Maci ntosh portable; teurs techniciens à l'ordinateur professionnel ayant sa place dans
bien conçu mais trop cher, il aura peu de succès. C'est avec la mise les organisations. Apple et surtout IBM s'imposeront, tandis que
au point des écrans plats de dimensions sérieuses, au début des la plupart des marques pionnières (Commodore, Tandy, At ari ... )
années quatre-vingt-dix, que commencera la diffusion massive des seront évincées par de nouveaux entrants comme Compaq ou Dell.
ordinateurs portables.
IBM PC original avec son écran monochrome
et sa lourde documentation ...
19B1 ~ IBM PC
En 1980, IBM est toujours l'acteur dominant sur le marché des gros
ordinateurs centraux mais, englué dans une procédure j ud iciaire
anti-trust dans les années 1970, a raté le virage du mini-ordinateur
et se retrouve dépassé sur certains march és par HP ou DEC. Un
micro-ordinateur de bureau IBM 5100 a bien été commercialisé en
1975, prog rammable en Basic et en APL, mais il manque de log iciels
applicatifs et, au prix de 9 000 dollars, ne rencontre pas une commu-
naut é de développeurs analogue à celle qui fait le succès de l'Altair.
•
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Chapitre "=t - La micra-inJ:armatique - 215 -
19B1 ~ ZX-B1 :
le micro-ordinateur bon marché
Alors qu'IBM s'adresse à sa cible habi-
tuelle, le monde professionnel, d'autres
visen t le grand public et cherchent à
développer un ordinateur bon marché.
Sir Clive Sinclair est l' un d'entre eux et
son ZX-81 sera u n im mense succès. Il
est petit, peu puissant, avec t rès peu de
mémoire (1 ko par défaut, même si l'on ••..
peut ajouter des modules mémoire), se
••
branche sur un moniteur de télévision •
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pour un affichage graphique très grossier
mais il est surtout très bon marché (son
p rix est équ iva lent à environ 300 euros
en 2015) et vient avec un manuel très
pédagogique. 11 a permis à de très nom -
breux fut urs informaticiens de faire leur
apprentissage de la programmation.
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- 216 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique
19B1 ~ Micrapracesseur RISC parallèle et uti lisant des langages de programmation provenant
des recherches en intelligence artificielle. Malgré une forte publi-
À la fin des années 1970, l'intégration des composants atteint un pla-
cité, le projet est globalement un échec : les performances des
teau et les microprocesseurs plafonnent aux alentours de 100 OOOtran-
circuits construits spécifiquement pour le projet se font dépasser
sistors, principalement en raison du manque d 'outils de conception
par celles des microprocesseurs standards, tandis que la program-
permettant de développer des systèmes plus complexes. L'.agence
mation se révèle nettement plus complexe que prévue. Les travaux
américaine des projets de recherche lance alors le projet VLSI (Very
seront interrompus au bout d 'une dizaine d 'années. Certaines des
Large Sca/e /ntegration) ayant pour but d'améliorer les techniques de
idées in it iales seront réuti lisées au début des années 2000-201 o:
conception des puces en finançant plusieurs équipes de recherche
interrogations log iques de bases de données gigantesques dissé-
universitaires. De nombreuses avancées en découleront comme les
minées sur Internet, programmation parallèle via les processeurs
stations de travail graphiques, les logiciels de CAO, les sociétés de
multi-cœurs ... Le résultat le plus important est que l'ambition japo-
conception fabless (sans usine) ... Un des projets se focalise sur l'ac-
naise a inquiété les dirigeants américains, qui ont massivement
croissement des performances d 'un processeur par la simplification
investi dans la recherche-développement et réussi en une décennie
de son contrôle interne. En effet, les chercheurs se sont aperçus que
à remettre les États-Unis en position de leader mondial incontesté.
l'existence d 'instructions trop complexes pénalise l'ensemble des
performances alors que ces instructions ne sont que très rarement
utilisées. En supprimant ces instructions « rares », il est alors possible
de réaffecter les transistors correspondants à d'autres fonctions accé-
lérant le décodage et l'exécution des instructions standards: exécution 19B2 ~ Le Minitel
dans le désordre, pipeline, augmentation du nombre de registres, etc.
Après avoir développé le réseau numérique Transpac basé sur la
Cette innovation architecturale est rendue possible par la diffusion
norme X25, le gouvernement donne le feu vert à un vaste projet: doter
des mémoires en semi-conducteurs, dont l'accès est beaucoup plus
la France d'un réseau télématique utilisant des terminaux simples et
rapide que les anciennes en tores de ferrite. Ces nouveautés sont mises
peu onéreux chez l'usager. Des expérimentations locales sont menées
en œuvre aux universités de Berkeley et Stanford qui conçoivent les
.' dès 1980, permettant d'identifier les demandes, de perfectionner les
prem1eres puces RISC (Reduced Instruction Set Computer ou micro-
appareils et d'imaginer de nouveaux usages. En 1982, le Minitel est
processeur à jeu d 'instructions réduit), d'architecture interne corn-
lancé à grande échelle. li permet aux utilisateurs de se connecter, via
piétement différente des processeurs classiques de l'époque. Depuis,
le réseau téléphonique, à des services en ligne tels que l'annuaire élec-
ces nouvelles techniques ont été intégrées par tous les fabricants
tronique, la vente par correspondance, des messageries et des sites de
et permettent d'avoir des performances toujours plus importantes.
rencontres. Le terminal passif, constitué d'un écran et d 'un clavier, est
fourni gratuitement par France Télécom, la facturation s'effectuant sur
la ligne téléphonique proportionnellement à la durée de la connexion.
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Chapitre l - La micra-ini=ar matique - 21 l -
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possibilités d 'affichage graphique sur o rd inateur) finiront par avoir 19Bi! ~ Ematicanes
le dessus, mais le Minitel gardera des avantages comparatifs (rapi-
Même s'il existe quelques exemples antérieurs dans des articles
dit é d 'accès, sécurité). Et sa suppression sera reportée plusieurs fois
ou revues, l'invention des émoticônes actuelles est généralement
à la demande des utilisateurs, jusqu'à sa fermeture en 2012 due à
attribuée à Scott Fahlman, professeur à l'université Carnegie Mel-
l'arrêt du réseau Transpac.
Ion, qui créa les symboles:-) et:-( imitant un sourire ou une moue
Le M initel est considéré comme l'une des expériences de services vus à 90°, afin d'étiqueter des messages circu lant sur le forum de
. . ,
en ligne antérieures au web les plus réussies au monde. Il a permis son un1vers1t e:
de fam iliariser des millions de Français avec l'util isation d'un termi-
na l et des réseaux numériques. Et à des milliers de développeurs ou
19 - Sep - 82 11 : 44 Scott E Fahlman :- )
d 'entrepreneurs f rançais de créer des services, qui ont pu ensuite
From : Scott E Fahlman <Fahlman at cmu - 20c>
basculer sur Internet.
I propose that the following character
Minitel 2 vers 1990. sequen ce for joke markers : :-)
19Bi! ~ Semi-conducteurs :
une guerre amer1cana-Japana1se
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- 218 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique
architectes de ces puces (et principalement à la société Intel) de 19B2 ~ Magazine TIME :
se retrouver en position dominante et de dicter leurs règles au
l'ordinateur << Man af the year >>
rest e de l'industrie.
Pour la première fois, le titre de « personnalité de l'année », décerné
Par ailleurs, l'industrie américaine avait pris d'autres mesures pour
à Noë l par le magazine TIME, est attribué à un objet, l'ordinateur
enrayer son déclin. Les principaux industriels du secteur avaient créé
(sous le titre de « Machine of the year »). Les journalistes ne recon-
dès 1977 la Semiconductor lndustry Association, qui elle-même créa
naissent pas ainsi le début de l'informatique personnelle (qui a
en 1982, une filiale destinée à organiser et à financer la recherche
démarré vers 1976 avec les premières machines grand public)
précompétitive, Semiconductor Research Corp. (SRC). Les statuts de
mais plutôt l'impact économique grandissant qu'elle va avoir dans
SRC prévoyaient explicitement le refus d 'accepter des membres
les années à venir.
non-américains. La SIA et SRC ne furent en aucun cas des organi-
sations potiches. Elles reçurent des financements importants en
provenance des industriels et des pouvoirs publics, notamment
du ministère de la défense, et s'engagèrent dans une politique de
collaboration active avec les universités; ces actions eurent pour 19B3 ~ Wargames, le film
fruit de nombreuses innovations techniques et le red ressement
Dans le film Wargames, un j eune « hacker » brillant mais mal dans
de la courbe de progrès de l'industrie américaine dès le début des
sa peau, se connecte, par inadvertance, avec son modem sur le
années 1990, innovations et progrès dont le bénéfice était explici-
superordinateur contrôlant le réseau de défense américain et plus
tement réservé aux entrepri ses américaines.
précisément le système chargé de gérer la réponse nucléaire à une
attaque surprise venant du bloc soviétique. Pensant se trouver
face à un jeu vidéo, il lance la simu lat ion et manque de déclen-
cher la troisième guerre mondiale. Ce film a popularisé l'image
19B2 ~ Cammadare 64 du jeune pirate informatique, adolescent génial maîtri sant par-
faitement les techniques info rm atiq ues avancées (con n exion
L'ordinateur personnel Commodore 64 est lancé et devient très rapi-
à distance, contournement des sécurités, programmation de
dement un succès commercial dans la catégorie des ordinateurs de
bas-niveau ... ) et qui n'a aucu n e intention malveillante. Cliché
loisir (son prix de vente est à peu près équivalent à 1 200 euros en
qui perdure malheureusement encore aujourd' hui alors que la
2015) grâce à ses performances graphiques et sonores inédites, ainsi
grande majorité des actes de p iratage sont le fait de groupes
qu'en raison du grand nombre de logiciels de jeux disponibles. li est
criminels ou étatiques (détournement ou blanchiment d'argent,
considéré comme l'un des ordinateurs les plus vendus au monde
extorsion de fonds, espionnage, dégradation d 'infrastructures ... ).
avec, suivant les estimations, entre 12 et 17 millions d 'exemplaires
11 a cependant également il lustré pour le grand public la m ise en
écoulés sur une douzaine d'années. Un de ses successeurs, le Commo-
réseau d 'ord inateurs et les connexions à distance, préfigurant la
dore Amiga, sorti en 1985, fut le premier micro-ordinateur vraiment
télématique naissante.
multimédia, doté de capacités audio et vidéo très au-dessus de la
concurrence grâce à des circuits intégrés conçus sur mesure allégeant
le travail du processeur (rendant ce dernier de facto plus performant),
épaulé par un système d 'exploitation efficace.
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19B4 ~ Le cédérom
Dès 1979, Philips et Sony développent conjointement
le disque optique com pact afin de supplanter le disque
vinyle (microsillon) dans la diffusion de musique enre-
gistrée. La version audio est commercialisée en 1982
tandis que 1984 voit la naissa nce du CD-ROM (Compact
Oise - Read On/y Memory) prévu pour le stockage de
données numériques.
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- 220 - Histoire illustrée de l'inJ:crmatique
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- 222 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique
19B5 ~ Gigaflaps
Le Cray-2 est le premier superordinateur à passer la barrière
du gigaflops (un milliard d 'opérations en virgule flottante à la
seconde). Pour ce faire, en plus d ' un parallélisme accru de ses
processeurs, les modules portant les circuits intégrés sont empilés
les uns sur les autres de manière très serrée afin de réduire le temps Caloducs de refroidissement sur un Cray T3E
de propagation des signaux élect riques. Un refroidissement par air de 1996 au CEA, d'une puissance d'un téraflops.
étant impossible (il n'y a pas assez de place entre les modules !),
le Cray-2 baigne dans un liquide inerte sous pression évacuant la
chaleur dissipée. li consomme quelq ues 200 kW et coûte environ
30 millions d 'euros (valeu r 2015). Sortie en 2012, une tablette iPad 2
standard possède la même vitesse de plus d ' un gigaflops, pour
une fraction de ce prix ...
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- 22'i - Histoire illustrée de l'inJ:crmatique
ce systè m e et en 1983, le système de noms de domaines avec L'augmen t ation du nombre de transistors intégrés sur une puce
bases de données hiérarchisées et réparties, automatiquement permet au début des années 1980 la conception de microproces-
mises à jour, est proposé. Le premier nom du domaine .com est seurs 32 bits, manipu lant des nombres plus grands et adressant
enregistré en mars 1985 par l'entreprise Symbolics, fabricant de plus de mémoire, avec des vitesses de fonctionnement toujours
machines Lisp. plus importantes grâce entre autres à des chemins de données
internes plus larges.
Sans être les premiers, deux modèles on t marqué l' hi stoire des
microprocesseurs 32 bits. Le Motorola 68000 est un hybride 32/ 16
19B5 • Le i3B6 et la miniaturisation bits, utilisé dans les micro-ordinateurs Apple Macintosh, Atari ST,
Commodore Amiga. Ses variantes et descendants sont encore pro-
duits de nos jours pour des systèmes embarqués. L' lntel i80386,
contenant presque 300 000 transistors gravés à 1 µm, est une évo-
lution 32 b its de sa gamme 8086 (8 bits) et 80286 (16 b its). li permet
d 'accroitre les performances des micro-ord inateurs lBM PC et com-
patibles, qui peuvent ainsi continuer à progresser. C'est d 'ailleurs
un fabrica nt de « clones », Compaq, suivi du Taïwanais Multitech,
qui propose d ès l'année suivante le premier PC basé sur un 80386,
détrônant au passage IBM comme leader dans l'innovation .
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fin 1987, mais 05/ 2 n'arrivera jamais à s'imposer, contrairement elle deviendra à la fin du siècle le
aux prévisions des analystes. Apparence graphique peu flatteuse, principal producteur mondial d e
prix trop élevé, erreurs de marketing, absence de pilotes matériels, cartes-m ère s, d'écrans et de petits
conservatisme technologique empêchant de profiter des proces- ordinateurs portables.
seurs récents, manque de logiciels applicatifs ... l'histoire d'OS/ 2 est
Certains Taïwanais ne se contentent
un désastre exemplaire. Il n'aura servi qu'à asseoir la domination
pas de ce rôle de sous-traitant et
de Microsoft, qui s'était bientôt concentré sur le développem ent
investissent à la fois dans la R&D et
de Windows en négligeant celu i d 'OS/ 2, sur le marché des logiciels
dans le marketing pour construire
syst èmes pour PC.
sous leur propre marque. Multi-
tech a été fondée en 1976 par l'in-
génieur Stan Shih qui avait réalisé
Stan Shih, fondateur
la première calcu latrice de poche
de Multitech et d'Acer.
19B7 ~ GSM taïwanaise. En 1982 elle a présenté
un clone d'Apple Il, puis des PC compatibles IBM, tout en restant
Des années de recherche s et de négociations sur les standards,
un acteur majeur de l'économie de la sous-traitance. En 1987
menées par les ingénieurs d'un groupe de trava il franco-al le-
l'entreprise se rebaptise Acer et entame une expansion interna-
mand, entraînent d'autres partenaires européens et aboutissent
tionale, soutenue indirectement par le gouvernement taïwanais.
à un accord international qui définit la première norme cellu laire
Deux ans plus tard, un groupe d'ingénieurs quitte Acer pour fonder
numérique : GSM (Groupe spécial mobile, puis Global System for
ASUSTek. Visa nt particulièrement le marché européen, ces deux
Mobile Communications). Celle-ci spéc ifie tous les éléments d ' un
firmes deviendront en une quinzaine d'années des lead ers mon-
système complet de télécommunications. Y compris un module
diaux dans l'industrie des ordinateurs portables.
de spécification d'abonné, le Subscriber Jdentity Module (SIM), qui
offre un élément important de sécurité. La norme GSM s'imposera
sur le marché mondial de la téléphonie mobile, face à une norme
américaine 15-95. Elle sera ensuite étendue pour prendre en charge
les hauts débits et le transport de données. 19BB ~ Premier ver Internet
Afin de mesurer la taille du réseau Internet, Robert Morris, alors
étud iant à l'u niversité Cornell, lâche un programme capable de se
propager de machine en machine en profitant d e faill es d e sécu-
19B7 ~ ra·iwan mante en puissance rité existant dans certains utilitaires Un ix. Ma lheureusement, une
mauvaise qualité du code entraîne d es réplication s plus rapides que
L'indu strie électronique taïwana ise a démarré dans les années
prévu et un fort ralentissement des ordinateurs infectés.
1960 comme sous-traitante des constructeurs américains et j apo -
nais de matériels grand public. L'accumulation de savoir-faire et le En plus des diverses pannes causées aux machines, le ver eu un
bas coût d e sa main d'œuvre lu i a permis ensuite d 'assembler des très fort impact psychologique ca r il mit en évidence la frag ilit é du
cartes-mères pour les grandes marques de micro-ordinateurs - réseau et la nécessité de renforcer sa sécurité. Morris fut condamné
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- 226 - Histoire illustrée de l'inJ:crmatique
Crédits
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Chapitre B - L ' ère des réseaux numériques - 229 -
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- 230 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique
D'autre part, il s'agit de l'histoire du temps présent : que l'on soit his- Arpanet a joué un rôle cru cial dans ce processus intégrateur. D'une
torien, informaticien ou investisseur, on manque du recul nécessaire part à cause des visions d'avenir informationnel qui l'inspiraient,
pour discerner les lignes de force. li est difficile (et c'est heureux, sinon bien au-delà des aspects technique s - Licklider avait repris le
l'histoire serait déterminée) de distinguer, parmi tant d'innovations flambeau allumé en 1945 par Vannevar Bush avec son projet
toutes clai ronnées comme « révolutionnaires »,« de rupture » et « de Mernex (vo ir chapitre 4), et cette idée de diffusion du savoir par
nouvelle génération », lesquelles dureront plus qu'une mode jetable des moyens nouveaux était partagée par divers g roupes sociaux,
et auront une véritable signification historique. li est encore plus dif- à commencer par les universitaires. L'ARPA, agence m ilitaire de
ficile de connaître certains projets, ceux-là t rès discrets au contraire, soutien à la recherch e civ ile, visant des objectifs à long terme,
mais qui influenceront profondément l'évolution technique. recrutait des responsables ayant à la fo is une expérience profes-
sionnelle et une vision de l'avenir. Des h ommes possédant ces
Pour donner quelques points de repère dans cette histoire foison-
rares mélanges de qualités: la rigueur et l'imagination, l'inventivité
nante, on peut rythmer sa ch ronologie par périodes décennales,
et l'a ptitude à gérer un projet. Et, pour être efficace, elle leur lais-
où chaque troisième année (1973, 1983, 1993 . .. ) porte des chan-
sait une grande liberté de décision, sans leur imposer de lourdes
gements signi fi catifs.
procédures bureaucratiques.
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Chapitre B - L 'ère des réseau x numéri ques - 231 -
Les solutions à ces problèmes furent trouvées en moins de deux En revanche, le Pentagone paye ces recherches en espérant bien
ans - la « transmission par paquets » et la fonction « d 'interface qu'elles auront des retombées pour la Défense américaine. Ce qui
réseau » confiée à des mini-ordinateurs - grâce, au-delà des indi- sera le cas. L'ARPA finance deux autres réseaux expérimentaux
vidus créatifs, à la densité du tissu scientifique, congrès, séminaires, d 'ordinateurs : Packet Radio Network (PRNET) et Satnet. PRNET
publications et télécommunications, qui leur permettait de partager teste les transmiss ions numériques hertziennes destinées aux
rapidement idées et expériences. En 1968, tous les principes d ' un futurs systèmes mobiles de Contrai and Command. Satnet teste les
réseau d 'ord inateurs hétérogènes étaient maîtrisés et l'ARPA pouvait transmissions numériques hertziennes par satellite, pour le rensei-
lancer le projet en grandeur réelle, avec 2,5 m illions de dollars pour gnement mil itaire; sa première appl ication permettra de recevoir
financer cinq équipes. à Washington et de traiter en temps réel les données sismiques
captées en Norvège, qui révèlent les essais nucléaires soviétiques.
Des d izaines, bientôt des centa ines d'étudiants, de programmeurs
Tous deux influenceront le futur Internet.
et de chercheurs furent ainsi mobilisés à temps partiel, tout en
continuant leurs travaux personnels, pour « interfacer » l'ordinateur Fin 1969, le réseau Arpanet entre en service expérimental avec
de leur campus au réseau. Cette participation suscita une culture quatre, puis cinq nœuds. Larry Roberts en devient l'apôtre, prê-
nouvelle, où se mêlaient des universitaires financés par la Défense, chant dans les congrès d 'informaticiens pour gagner de nouveaux
des ingénieurs venus de l'i ndustrie, des garçons et des filles en disciples. Du point de vue socio-économique, le succès d 'un réseau
contact avec le mouvement hippie ou les diverses contre-cultures se fonde en effet sur un processus cumulatif par « effet bou le de
qui fleurissaient à l'époque. Cette culture techno-anarchique restera neige » : p lus les participants sont nombreux, p lus on a intérêt à se
très v ivace dans le monde de l' Internet jusqu'à nos Jours. connecter pour communiquer avec eux, profiter de leurs ressources
et se faire connaître soi-même. Chaque individu a intérêt à aug-
Quel intérêt y trouve la Défense? De ce côté le point de départ est
menter l'abondance collective. Là aussi on retrouve la philosoph ie
un rapport de la Rand Corp., firme de consultants scientifiques liée à
politique des Lumières, la recherche d 'une synergie entre intérêts
l' US Air Force. L'auteur, Paul Baran, recommandait en 1963 d 'étudier
publics et intérêts privés.
la transmission de données par « paquets » en vue de constituer
des réseaux numériques décentralisés, à la fois économiques et D'autant qu'en 1971 un programmeur de la firme BBN a introduit
capables de fonctionner même après une attaque nucléaire. dans Arpanet un dispositif de courrier électronique. Des e-mails
existaient déjà dans des réseaux internes de time-sharing. Mais,
Toutefois Arpanet n'a rien à voir avec un système mil itaire de contrôle
dans un réseau « sans frontière », ils deviennent potentiellement
et de commandement « durci »: il relie des centres universitaires de
substituables au téléphone, à la poste ou au fax. Alors que personne
grandes villes qui seraient immédiatement anéantis en cas de conflit
n'en a prévu le succès, ils constituent bientôt la majorité du trafic
majeur. Du reste, des chercheurs français ont participé au développe-
sur Arpanet et sur les réseaux similaires.
ment d'Arpanet, ce qui aurait été impensable dans un projet militaire
américain. On veut seulement qu'Arpanet soit robuste: d 'abord au D'autres systèmes comparables sont en effet apparus simu ltané-
sens habituel, qu'i l continue à fonctionner ma lgré les défaillances ment. Dès 1969 ALOHAnet, lui aussi poula in de l'Arpa, a relié par
inévitables des transmis sions et des ordinateurs; et aussi au sens radio les ordinateurs des îles Hawaï: les fichiers y sont fractionnés
où son architecture - contrôle distribué dans le réseau avec une en« paquets » de 1kbits commençant par l'adresse du destinataire ;
simple surveillance centra le - permet son ajustement dynamique chaque ordinateur, doté d 'un périphérique radio à haute fréquence,
aux configurations changeantes des commutateurs et des lignes. « accepte » les paquets portant son adresse et refuse les autres. En
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- 232 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique
Angleterre, au NPL, le physicien Donald Davies - qui avait dirigé la de pair avec d 'innombrables expérimentations assorties de calculs
construction de la machine ACE Pilot après le départ de Turing - a comparatifs d 'efficacité, pour déterminer les meilleurs compromis
conçu et mis en service avec Roger Scantelbury un autre réseau à possibles en fonction des technologies existantes ou émergentes,
commutation de paquets. Concept dont il est l'inventeur, en même et des visions qu'ont les ingénieurs des usages futurs.
temps que !'Américain Paul Saran.
En France, deux projets parallèles, bientôt concurrents, ont été lancés
Bien d'autres réseaux numériques fonctionnent déjà sur des bases pour mettre en œuvre le concept prometteur de commutation de
conceptuelles plus classiques. Ainsi les réseaux militaires, souvent paquets. Le Centre national d 'études des télécommunications intègre
les premiers à être opérationnels (SAGE, Strida, etc.); les réseaux de celui-ci dans son projet Hermès qui donnera naissance au réseau
données des banques, des assurances, des compagnies de trans- Transpac, infrastructure du Minitel et d 'autres services ; puis à un
port aérien ou ferroviaire. Les grands distributeurs d 'électricité réseau numérique intégré (RNIS) auquel on fixe d'emblée comme
comme EDF ont été parmi les premiers à constituer des systèmes but d 'acheminer conversations téléphoniques, images et données.
de dispatching, vastes réseaux téléinformatiques de contrôle de la Le Plan Calcul crée à l'Institut de recherche en informatique et auto-
production et du transport de l'énergie pour optimiser en perma- matique une équipe-projet qui conçoit le réseau Cyclades, inspiré
nence la répartition du courant et éviter qu'un petit déséquilibre directement d 'Arpanet, et aboutit à des tests probants dès 1973 ;
ne dégénère en panne d'électricité à l'échelle d'un pays. Tous ces au-delà des frontières, Cyclades se connecte ensuite à Arpanet, à
réseaux sont spécifiques à une institution et utilisent des lignes NPLNet et à un réseau européen de bases de données. li produit aussi
particulières, les fichiers y circu lant en bloc de façon séquentielle, des innovations majeures, tel le concept de datagramme, qui seront
comme une conversation téléphonique. Une autre approche appa- apportées à l'œuvre commune. S'il disparaît prématurément, un autre
raît quand de grands opérateurs de télécommunications publics réseau pour la recherche, Renater, renaîtra dix ans plus tard en France.
ou privés entreprennent de constituer des réseaux de données
De leur côté, dès le milieu des années 1970, les grands construc-
universels et définissent pour cela des normes comme X25.
teurs d 'ordinateurs proposent des systèmes de réseaux « proprié-
Le développement de ces systèmes a formé des compétences taires » comme IBM SNA ou DECnet. Parmi les grands utilisateurs,
humaines et poussé à la réalisation de matériels et de logiciels 250 banques d 'Europe et d 'Amérique s'entendent pour constituer
spécifiques. Depuis la fin des années soixante, les nouveaux ordi- le réseau de données interbancaires SWIFT, opérationnel en 1977.
nateurs sont conçus pour pouvoir fonctionner en réseaux, perçus
Ces déploiements de réseaux s'appuient non seulement sur des
comme l'horizon de l'informatique future. On songe surtout au
technologies en évolution rapide, mais aussi sur des visions de la
time-sharing et à de vastes systèmes de management intégré, mais
société future: un management plus fluide et moins hiérarchique,
la convergence entre l'informatique et les télécommunications est
fondé p lus sur la communication instantanée que sur l'autorité
déjà bien amorcée.
hiérarchique ; une société sans paperasse et sans argent liquide;
et bien sûr un partage du savoir p lus égalitaire, favorisant la com -
Vers l'interconnexion (1973-198:1) préhension entre les classes et les cultures.
Une partie des recherches visent à définir des protocoles permet- Peut-être l'exemple le plus achevé - et le plus éphémère -
tant à la fois la mise en communication des ordinateurs du réseau, de l' utopie communicationnelle est le réseau expérimental
le transfert de fichiers, la messagerie et d 'autres fonctions. Elles vont qui, en juillet 1977, met en liaison à travers le Rideau de fer des
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Chapitre B - L'ère des réseaux numériques - 233 -
scientifiques et des ordinateurs d'Autriche, des États-Unis, de nément aux Bell Labs, le système d 'exploit ation Unix favorise des
Pologne et d ' URSS. L'initiateur est Gennadij Dobrov, un chercheur modes d' utilisation ouverts. Une fois le protocole TCP/ IP adopté
soviétique qui souhaite rétablir la coopération scientifique inter- par l'équ ipe Arpanet et intégré dans Unix, quiconque exploite un
nationale. li utilise à fois la technologie et la zone fran che Est-Ouest réseau local sous Unix peut connecter celui-ci au réseau global.
qu'essaie d 'être à l'époque l' Institut internationa l pour l'analyse
La possibilité d'interconnecter les réseaux prend donc corps. Ainsi
des systèmes (IIASA) à Vienne.
naît l'Internet, qui mettra encore deux décennies à s'imposer. Temps
Ce foisonnement de réseaux pose la question des normes. Celles-ci nécessaire pour qu'une techn olog ie se diffuse, à partir de quelques
re lèvent de deux organisations internationales, où s'engagent des milliers d 'experts, dans le corps social sur cinq continents. Pour
négociations tendues, les enjeux étant considérables. Le CCITI, qu'une « gouvernance » adaptée se mette en place. Et pour que
qui représente les administrations des PTT, adopte la vision des soient développées les applications susceptibles d 'intéresser des
ingén ieurs des télécommunications : circuits virtuels et standard millions d'utilisateurs.
X25, ra ssemblant assez de pays pour l'imposer face aux systèmes
propriétaires des grands constru cteurs comme IBM. L'ISO, instance
de l'ONU plus proche des industriels, adopte en 1977 une norme De l'État au marché (1983-1993)
plus conforme à la vision des informat iciens.
Aux États- Unis, des universitaires ne travaillant pas sous contrat
Sans t rop s'en préoccuper, l'équipe Arpanet a entrepris en 1973 militaire et n'ayant donc pas accès à Arpanet, ont créé leurs propres
de remplacer son protocole interne NCP, pour permettre l'inter- réseaux vers 1980 : CSNET, Bitnet, Usenet. Ils son t assez hétéro-
connexion des réseaux. Robert Kahn et Vinton Cerf reprennent le gènes, l'un est influencé par IBM, l'autre est sous Unix .. .
problème à la base, en collaboration avec deux Français de l'équipe
En 1984 le Pentagone scinde Arpanet en deux réseaux. Milnet est
Cyclades, Louis Pouzin et Hubert Zimmermann. lis trouvent le moyen
réservé aux militaires pour leurs communications internes non
de « cacher » les différences entre protocoles particuliers sous un
secrètes. Arpa net continue à relier les centres universitaires. Il est
protocole commun et de confier la fiabi lité de l'ensemble non plus
bientôt t ransféré à l'agence de rec herche civile, la National Science
au réseau, mais aux ordinateurs hôtes. Ces principes simples doivent
Fou ndation (NSF).
permettre de connecter presque n'importe quel réseau de paquets
à un autre. Et d'étendre le réseau à volonté, puisque « l'intelligence » Or celle-ci a entrepris de créer un réseau à grande capacité, NSFNet,
réside dans les ordinateurs qu'il sera fac ile de faire évoluer. pour relier les supero rd inateurs des grands centres de calcul. La
réalisation est sous-traitée à IBM, qui accepte le protocole TCP/ IP
Le résultat est une norme de fait, Transmission Contro l Protocol /
(décision historique!), et à MCI (rachetée plus tard parVerizon) pour
Intern et Protocol (TCP/IP), que l'on teste entre plusieurs réseaux
le câble « dorsal » (backbone) en fib res optiques. Les performances
dans la seconde moitié des années 1970. Le 1erjanvier 1983, Arpanet
de l'infrastructure NSFNet sont telles qu'elles attirent les amateurs
migrera définitivementversTCP/ IP qu i deviendra une base durable
de connexion bien au-delà du p etit m o nd e du calcul inten sif.
du réseau Internet.
Rapidement les réseaux universitaires, Arpanet incl us, basculent
D'autres séri es de développements, issues d 'autres contextes, vers NSFNet et s'y fondent entre 1987 et 1990. C'est alors que l'on
viennent ren forcer le processus. Inventé en 1973 au Xerox Park, commence à utiliser couramment le mot Internet, dans les milieux
, . .
Ethernet a montré la voie des réseaux locaux. Développé simulta- concernes qui sont encore assez restreints.
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- 23'i - Histoire illustrée de l'inJ:armatique
Une aut re chaîne d'événements vient rejoindre cette dynamique. L'ouverture d'Internet et le Web (1993-2DD3)
Les micro-ordinateurs se sont fait une place, non sans opposi-
On comptait dans le monde en 1990 environ cent mille ordinateurs
tions, dans le m onde professionnel. Dès le milieu des années
con nectés qui échangeaient des courriers électroniques, permet-
1980, certains grands constructeurs les ont reliés par des sys-
taient des recherch es d'i nformatio n dans des grosses bases de
tèmes de réseaux locaux ou « LAN » (AppleTalk, TokenRing d' IBM)
données et afficha ient des foru ms de discussion. Ce nombre passe
typiquement à la dimension d' un immeuble de bureaux o u d' un
à 2 millions en 1993. Parmi eux, quelques centa ines de serveurs.
département universitaire. Il suffit qu'un ind ividu prenne l'ini-
Une difficulté majeure est la recherche d'informations : l' Internet
tiative de connecter son réseau local à l'Internet pour que de
ressemble alors à une immense bibliothèque qui n'aurait pas de
nombreux uti lisateurs de PC y aient accès. Com me c'était déjà
catalogue. Au point que beaucoup d'informaticiens se demandent
le cas avec Ethernet et les st ations de travail. Tou s ces affluent s
à quoi il pourra bien servir, au-delà des échanges d'ema il s et des
g rossissent le fleuve.
consultations de bases de données scientifiques.
Les réseaux numériques à vocation commercia le se sont déve-
La solution est trouvée par au moins trois équipes dans le monde.
loppés parallèlement: Tymnet, Telenet, Compuserve, American
La plus connue est formée parTim Berners-Lee et Robert Ca ill iau,
On Li ne, etc. Fondé en 1984 par IBM, les magasins Sears et la
alors chercheurs au Centre européen de recherches nucléaires
chaîne de TV CBS, Prodigy proposait aux abonnés au téléphone
(CERN). Ils ont développé les protocoles et logiciels nécessaires à
de leur instal ler un micro-ordinateur, un modem et des logiciels
l'échange et l'affichage d 'info rmations via des liens hyp ertextes.
de communication incluant une interface graphique pour tra n s-
Ce qui permet à chacun de publier un document en ligne en le
mettre de la publicité. Ce qui en fa it l' un des ancêtres de l' Internet
re liant à d 'autres sites ; et rend praticables les recherches d'in-
d 'aujourd'hui.
formation sur l' Internet. Encore faut-il développer l'outi l pour ce
Ces réseaux commercia ux pouvaient se connecter à l'Internet, faire, annuaire ou navigateur. Au début, ce World Wide Web n'est
à conditio n de respecter la politique « d 'utilisation acceptable » accessible qu'aux physiciens du CERN équipés d'une station de
de la NSF: f inancée par le contribuable américain, ce lle -ci ne travail NeXt. Tout cha nge en 1993 lorsque le Web s'articule au
pouvait servir des intérêts particuliers. Les connexions serva ient navigateur Mosaic, développé au National (enter for Supercom-
donc su rtout au t rafic de courri er électronique. Mais ce mélange puting Applications américain (notons à nouveau le rôle moteur
d 'intérêts, favorable en so i à l'expansion d'Intern et , éta it ins- des grands centres de calcu l intensif). Le succès de leur système
table. Le principe « d' utilisation acceptable » n'allait pas résister fait rapidement oublier Gopher, un logiciel similaire au Web, créé à
lo ngtemps. l' université du Minnesota. Ce succès condui ra même à confondre
le Web avec l' Internet.
Le 23 novembre 1992, un amendement législatif promulgué
p ar le président G.W. Bush autorise, par une for mulat ion sub- Le problèm e principal est d 'adapter l'Internet au commerce. Les
tile, l'accès aux réseaux informatiques liés à la NSF « pour des réseaux numériques préexistants (M initel, Prodigy, AOL ... ) pos-
fins venant en sus de la recherche et de l'en seignement ». En sédaient des formules de paiement des connexions et des t ran-
deux mots, le go uvernem ent américa in a ouvert l' Int ernet au sactions, qui n'exist ent pas dans l'en semble Internet-Web. Des
com merce. L'a nn ée suiva nte, la NSF en transfère la gestion au centaines de jeunes développeurs se mettent à inventer des logi-
secteur privé - la gestion de l'infrastru ctu re, comme cel le des ciels ad hoc, souvent dans des universités américaines, puis créent
noms de domaine. leu rs entreprises avec le soutien financier de capital-risqueurs. Une
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Chapitre B - L 'ère des réseau x numéri ques - 235 -
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concurrence féroce s'engage, qui stimule l'innovation et aboutit des usages ne doit pas masquer que
généralement à la victoire totale d 'un des protagonistes suivant les investissements en production et
le modèle économique du winner takes al/. en infrastructures sont gigantesques; 80o/o
et qu'écrire un logiciel tel qu'Apache
Des articles enthousiastes dans la presse font découvrir l'Internet
ou Firefox reste un exercice de haute 60%
et le Web au grand public. Les micro-ordinateurs s'étant déjà large-
technologie nécessitant plusieurs cen-
ment répandus dans les entreprises et les foyers, quiconque les uti-
taines d 'années de travail cumulées
lise peut, en acquérant un modem et un abonnement à un serveur, 40o/o
pour des professionnels très qualifiés.
accéder aux nouvelles « autoroutes de l'information ». Par effet de
réseau, les premiers qui ont un accès Internet pressent leurs amis Une « nouvelle économie » ? L'expres- 20%
et connaissances de s'y connecter aussi, pour communiquer plus sion a fait fl orès et motivé bien des
facilement qu'avec le courrier ou le fax. investissements plus ou moins réflé -
chis à l'époque où gonflait la « bulle 1990 1995 2000 2005 2010
En 1995, la plupart des grandes organisations (administrations,
Internet » à l'approche de l'an 2000,
banques, etc.) se rendent visibles sur l' Internet en y créant leurs L'expansion d'Internet :
avant d 'éclater en causant surtout une
sites d 'i nformation . Deux ans p lus tard, elles é largissent les fonc- nombre d'utilisateurs pour
nouvelle crise économique. Mais celle-ci n'a été qu'un accroc dans
tionnalités de ces sites aux échanges interactifs, par exemple les 100 habitants, par pays.
le processus de réorganisation de l'économie mondiale autour de On voit que, dès avant 2010,
transactions commerciales ou bancaires, qui nécessitent la mise
l'i nformatique, dont l'Internet est l'une des man ifestations: véritable la Chine compte plus
au point de protocoles sécurisés. Notons que ce processus et ce
révolution cyberindustrielle qui remet en cause les institutions de d'internautes que tout
calendrier d 'adoption de la technologie reproduisent exactement
tous les pays et engendre un nouveau système de production. autre nation au monde.
celui qu'on avait observé quinze ans p lus tôt avec le Minitel.
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- 236 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique
désormais pour les usages connectés, l'Internet fait maintenant partie 1993 ~ Le Web et l'ouverture d'Internet
de l'environnement de milliards de personnes. Qu'on soit un com-
Au début, l'utilisation d'Internet était limitée par la difficulté à y cher-
merçant, un dirigeant politique ou administratif, un collégien ou un
cher l'information. Une solution est trouvée par deux chercheurs
agriculteur sur l'un des cinq continents, la question n'est plus « si » on
du Centre européen de recherches nucléaires (CERN) à Genève, Tim
utilisera l'Internet, mais comment et pour quels usages.
Berners-Lee et Robert Cailliau. Ils ont développé en 1989-1991 un
'
A ces questions, l'industrie informatique répond avec empresse- ensemble de protocoles et de logiciels qu'ils ont nommé hardiment
ment par ses offres innombrables. Industrie renouvelée par l'émer- World Wide Web. Celui-ci combine un log iciel de serveur, un naviga-
gence de géants comme Google et Amazon, et par la métamor- teur et un éditeur de documents permettant de créer des pages en
phose de firmes établies comme IBM, Apple ou Microsoft. ligne et d 'y insérer des liens hypertextes avec d 'autres documents
situés sur n'importe quel autre site Internet dans le monde.
La maturation et l'expansion d' Internet sont encore favorisées par
deux nouveautés techniques: le haut débit et le wifi. L'Internet ayant Le WWW initial n'est disponible que sur les stations de trava il NeXt
démontré son aptitude à servir le marché de masse et les services (un petit parc de 50 000 machines) et son navigateur est peu efficace
existant déjà, beaucoup d 'acteurs sont prêts à payer un supplément - il ne gère d 'ai lleurs pas encore les images. Le CERN accordant
pour avoir un accès p lus rapide ou développer de nouvelles appli- peu de moyens à ce développement, il a été constitué en réutilisant
cations qui en profiteront. La maturation va de pair avec un cercle des éléments logiciels préexistant, mais cette rusticité deviendra
vertueux de l'incitation à investir. C'est ce que font les opérateurs de un avantage décisif. Tim Berners-Lee invente trois standards qui
télécommunications ou de télévision par câble et d 'autres firmes,
comme les grandes banques qui remplacent leurs équipements de
La première page web dans le premier navigateur.
réseau par des matériels à haut débit pour faire face à l'explosion
du trafic Internet qu'elles vont elles-mêmes alimenter en contenus.
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Chapitre 8 - L 'ère des réseaux numériques - 231 -
seront adoptés par les navigateurs ultérieurs : HypertText Transfer la vidéo. Aucun autre équipementier n'a alors une vision aussi
Protocol (HTTP) qui permet au navigateur de demander une page claire de l'expansion à venir du réseau, et la stratégie de Cisco
sur le réseau et aux serveurs de la transmettre ; HypertText Markup réussira pleinement.
Language (HTML) qui code et décode les pages web et permet de
les afficher; l'Uniform Resource Locator (URL) qui étend le système
de noms de domaines à des adresses explicites (par exemple www.
edpsciences.org/ index.html) au lieu de chiffres pour identifier des 1993 ~ NCSR Masaic
ressources et des ordinateurs connectés.
Développé au National (enter for Supercomputing Applications
En 1993 le CERN décide de diffuser gratuitement ce système, qui se américain (NCSA) et distribué gratuitement, Mosaic est le naviga-
répand donc rapidement sur l'Internet à mesure qu'il est porté sur teur qui a le plus contribué, initialement, à répandre l'utilisation du
différentes plate-formes informatiques; et que ses standard s sont World Wide Web. Apportant des fonctionnalités graphiques nou-
adoptés par de nouveaux navigateurs. Le « Web » éclipse bientôt velles, il est le premier navigateur à être disponible pour les principaux
Gopher, un système comparable inventé à l'université du M innesota, types de micro-ordinateurs et à inclure les formulaires interactifs
mais que celle-ci a rendu payant. dans les pages - innovation importante pour le développement
du commerce électronique. Un an après sa sortie, les neuf dixièmes
Ce succès conduira même à confondre le Web avec l'Internet. Rap-
des internautes utilisaient Mosaic sous Unix. Son développement
pelons que celui-ci est essentiellement une infrastructure réseau,
sera arrêté en 1997.
form ée de moyens de transmission (câbles, ondes hertziennes dans
des zones marginales) et de moyens de commutation (routeurs), avec
les protocoles (TCP/ IP, ATM) et les logiciels qui permettent à ceux-ci
de fonctionner et de faire circu ler les données entre les réseaux, en
fonction du système d'adresses IP. Toute une industrie de câbliers
1993 ~ Architecture client-serveur
et de fournisseurs d 'accès (FAI) s'occupe aujourd'hui d'installer et La majorité des réseaux numériques avant Internet se composaient
de rentabiliser cet ensemble. Beaucoup d'objet connectés uti lisent principalement d 'un ou plusieurs ordinateurs centraux, chargés des
l'Internet sans passer par le Web. données et de leurs traitements, et reliés à de nombreux terminaux
« passifs ». La diffusion massive des PC et leur connexion aux réseaux
met en œuvre une nouvelle architecture des applications. Celles-ci
sont alors composées de deux logiciels (au minimum), coopérant
1993 ~ Cisca à la réalisation d 'un même traitement : un module client installé
sur le poste d e travail (micro-ordinateur, et maintenant téléphones
Fondée par un couple d'informaticiens de l'université de St an ford,
ou tablettes), un module serveur implanté sur le ou les ordinateurs
Cisco a gagné sa réputation au temps de l' Internet universitaire en
chargé(s) de rendre le service. Le serveur peut être un micro, un
développant d e bons routeurs qui permettaient d'interconnecter
mini ou un grand système.
des réseaux sous différents protocoles de communication. En
1993, Cisco est restructurée par une nouvelle direction qui entre- L'architecture client-serveur s'est d 'abord développée dans des
prend d 'en faire le leader mondial des matériels informatiques réseaux locaux, fermés, à l'intérieur des organ isations : les intra-
pour Internet, aussi bien pour les données que pour la voix ou nets. Internet est considéré comme une architecture client- serveur
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- 238 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique
de taille mondiale. Les serveurs distribuent des pages hypertexte de déterminer si les visiteurs du site l'ont déjà visité auparavant -
contenant textes, images, vidéos et sons. Ils jouent aussi le rôle de plus généralement de maintenir les données relatives à l'utilisateur
serveurs d'objets (app/ets). Le modèle client-serveur est omniprésent durant sa navigation et lors de ses visites ultérieures.
dans les « applis » de téléphone mobile, qui utilisent l'infrastructure
Les cookies sont bientôt intégrés dans d 'autres navigateurs. L'intro-
Internet mais pas toujours à travers le web. Ces applis sont devenues
duction des cookies se fait discrètement, et ce n'est qu'un ou deux
un énorme marché de programmation et ont diffusé la pratique de
ans plus tard que les médias commencent à évoquer de possibles
la programmation distribuée.
intrusions dans la vie privée des internautes. li faudra encore de
longues années pour que ceux-ci en soient informés par les sites
web qu'ils consultent et puissent sélectionner leurs « préférences »
en la matière.
1994 • Netscape Navigatar
Premier navigateur commercial diffusé à grande échelle, Netscape
rencontre dès son lancement un succès fulgurant, éclipsant vite son
prédécesseur Mosaic. Ses auteurs, une équipe issue de NCSA Mosaic 1994 • Algorithme quantique
qui proclame son ambition de supplanter Microsoft sur Internet,
L'informatique quantique est le nouveau graal des chercheurs. Il
lui ajoutent vite des fonctionnalités convaincantes : les cookies, le
ne s'agit plus de manipuler des bits pouvant va loir O ou 1 mais des
protocole de sécurisation des échanges SSL, le langage JavaScript.
qubits (quantum bits) qui se trouvent dans une superposition de ces
Et plus tard Java, qui est à la fois un langage de programmation et
deux états. Alors qu'une série de n bits peut prendre une valeur
une plate-forme d 'applications à vocation universelle.
parmi 2" possibles, un ensemble den qubits est dans une superpo-
Netscape a le mérite d 'être disponible pour la plupart des systèmes sition de ces 2° états. Quand un opérateur est appliqué à l'ensemble
d 'exploitation, en particu lier MacOS, Unix et Windows. Mais celu i- ci de ces qubits, il est appliqué aux 2° états en même temps, ce qui
étant déjà prépondérant sur les PC et Microsoft déployant une équivaut à un calcul parallèle sur 2" données en même temps.
offensive sur tous les fronts pour imposer son propre navigateur
Le domaine de recherche des ordinateurs quantiques se révei lle bru-
Internet Explorer, Netscape passera à son tour au second p lan, pour
talement en 1994 lorsque Peter Shor, chercheur chez AT&T, invente
réapparaître momentanément dans Mozilla Firefox.
un algorithme théorique permettant la factorisation d 'un nombre
entier en temps polynom ial sur un éventuel ordinateur quantique
alors que les meilleurs algorithmes classiques connus nécessitent
un temps exponentiel. Cette difficulté de factorisation étant la rai -
1994 • Caakies son principale de la validité de certains algorithmes de chiffrement
(RSA par exemple), on comprend le soudain intérêt manifesté par
Les cookies étaient initialement des paquets de données qu'un pro-
les gouvernements et grandes entreprises, et le déb locage des
gramme recevait et renvoyait inchangés. Leur utilisation sur le web
crédits de recherche. Depuis, les avancées théoriques se heurtent
est adoptée en 1994 dans le navigateur Netscape pour une appli-
aux difficultés techniques : construction des qubits et intrication,
cation de e-commerce (un brevet sera obtenu en 1998). Les cookies
préservation de la superposition des états, mémorisation . .. Les
permettent d 'implémenter le panier d 'achat virtuel d 'un magasin et
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Chapitre B - L ' ère des réseaux numériques - 239 -
2. Information de format
~ 4 . Bl ocs obligatoires
« Processeur » S12 qubits de 0-Wave.
D 4 .1. Positionnement
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- 2"i0 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique
1995 ~ Le langage Java avec l'ambition de couvrir l'ensemble de la Toile. Mais la rapide crois-
sance du nombre de serveurs (10 000 fin 1994, 23 000 six mois plus
Travaillant chez Sun, James Gosling développe le langage Java. C'est
tard) rend le travail d'indexation de plus en plus lourd et oblige à
un langage objet, multi-plateforme car interprété par une machine
employer beaucoup de main d 'œuvre. David Filo et Jerry Yang trans-
virtuelle et adapté aux applications réseaux. Parmi les avantages qui
forment leur activité en entreprise, obtiennent du capital -risque et
en ont fait le succès, il est bien adapté au développement d'appli-
profitent de la publicité faite au web par les media . Yahoo affronte
cations client-serveur, et les logiciels écrits en Java sont facilement
vite une forte concurrence, mais parviendra a y survivre Jusqu a
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Chapitre B - L ' ère des réseaux numériques - 2'il -
1995 ~ Le DVD-RDM
Le successeur du CD-ROM prend
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- 2'i2 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique
95 remporte un énorme succès commercial. Deux ans après sa ment de capacité dans une variable enregistrant un paramètre de
sortie, en 1997 il sera le système d 'exploitation le plus diffusé au vol. La valeur erronée enregistrée a provoqué la mise hors-service
monde : 100 millions de copies vendues, soit 69,4 % de parts de des calculateurs de bord et l'autodestruction de la fusée.
marché contre 4,6 °/o pour Mac OS et 2,4 °A> pour Linux.
L'histoire informatique est jonchée de bogues ayant entraîné des
Ce succès n'est pas gêné par le manque initial de connectivité avec pannes matérielles parfois graves: irradiations et décès de patients
Internet. Les versions originales de Windows 95 ne sont vendues lors de dysfonctionnements de l'appareil de radiothérapie The -
ni avec Internet Explorer, ni avec le protocole TCP/ IP installé par rac-25 (1985- 1987), décalage d ' horloge empêchant un missile
défaut. Ces logiciels ne seront fournis qu'avec des versions spé- Patriot de détruire un missile Scud qui explosera en tuant 28 soldats
ciales ou lors des révisions u ltérieures. Trois ans plus tard, Microsoft pendant la guerre du Golfe (1991 ), perte de la sonde spatiale Mars
commercialisera Windows 98, intégrant d 'emblée les fonction- Climate Orbiter en raison d'une incompatibilité d 'unités entre sys-
nalités liées au web ... et gagnant la « guerre des navigateurs » tèmes métrique et anglais lors du passage de données entre deux
contre Netscape. programmes (1999) ... Ces ratés informatiques peuvent souvent
s'expliquer par des erreurs de conception ou de développement,
par une mauvaise gestion du cahier des charges et des tests de
qualité, ou par une réduction du budget de maintenance.
Le 4 juin 1996, 37 secondes après le décollage, le vol inaugural du lan- Le 7e Plan quinquennal élaboré par le gouvernement pour la
ceur européen Ariane 5 se solde par l'explosion de la fusée. Cet échec période 1996-2000 se donne pour objectif d 'augmenter la part de
est causé par un dysfonctionnement informatique lié à un dépasse- composants nationaux dans les ordinateurs assemblés en Chine
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et d 'aider quelques fabricants de micro-ordinateurs à att eindre
un chiffre d 'affaires supérieur à un milliard de dollars. Pékin invite
des entreprises multinationales à créer des partenariats avec des
firmes locales et à leur transférer des technologies, en échange d 'un
accès à l'immense marché chinois. Y compris à la clientèle des admi-
nistrations publiques qui pratiq uent un patriotisme économique
très contrôlé. Les constructeurs étrangers d'ordinateurs personnels
couvrent rapidement 60°/o du marché chinois, mais reculent ensuite,
les con structeurs nationaux devenant t rès compétitifs.
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Chapitre B - L 'ère des réseaux numériques - 2'i5 -
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1997 ~ Téraflaps
- Avec presque dix m ille processeurs et plus d 'un 1 To de mémoire,
le superordinateur ASCI Red construit par Intel pou r un laboratoi re
militaire américai n franchit la barre du téraflops (mille milliards
d 'opérations à la seconde) en 1997. Il a ét é dém antelé en 2006.
1997 ~ Gaagle
M écontents des moteurs de recherche, Sergueï Brin et Larry Page
créent Google en 1997, qui fonde les résult ats de la recherche sur les
relations entre sites web et une analyse fi ne du contenu des pages.
Rapidem ent, les utilisateurs p lébiscitent ce nouveau moteur dont la
pertinence des résultats est inégalée. La montée en puissance de l'en-
treprise est in interrorn p ue. Elle se d iversifie dans les services annexes
(mail, imagerie aérienne, services vidéo, bureautique et stockage en
ligne, hébergement d'applications, réseau social, mobiles ... ) fi nancés
en grande partie par la publicité ciblée. Google est maintenant l'une
des plus grandes entreprises m ondiales, mais sa posit ion dominante
inquiète de plus en plus d'acteurs: concurrence, vie privée, violations
de droits d'auteur, partage inégal de valeur ajoutée, changement de
législation . .. Les sujets de fâcherie ne m anquent pas entre les parti-
culiers, les gouvernements, les autres en t reprises et Google.
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- 2"i6 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique
Si Google domine en Amérique et surtout en Europe, les inter- ment en admettant des noms rédigés dans d 'autres écritures que
nautes restent libres de choisir d 'autres moteurs qui présentent l'alphabet latin, ou représentant des « communautés » (comprendre
des avantages comparatifs - respect de la vie privée et des don- « clientèles ») beaucoup plus variées.
nées personnelles - comme Duckduckgo, Exalead, lxquick ou
Qwant. En Russie, la moitié des requêtes passent parYandex. En
Chine, Baidu j ouit d 'un quasi-monopole. En Amérique du Nord,
Bing et Yahoo totalisent 20 °A> du marché. Il existe en tout près
1999 ~ Napster et le peer-ta-peer
d 'une centaine de moteurs de recherche développés dans une
dizaine de pays. Étudiant à la Northeastern University de Bos-
ton, Shawn Fanning lance Napster, un service
d 'échange de fichiers musicaux fonctionnant
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Chapitre B - L'ère des réseaux numériques - 2'il -
i!DDD ~ Bague de l'an 2DDD énorme travail effectué à l'échelle mondiale, entraînant de lourds
investissements financiers et humains, a permis de limit er les effets
En raison de la taille limitée du stockage dans les années 1960-
du bogue à quelques courriers admin istratifs mal dat és sans autre
1980, de nombreux logiciels exprimaient les années en se limitant
dommage sur l'économ ie. Et de refaire à neuf de nombreux logiciels
aux deux derniers chiffres. Ve rs 1995, le monde informatique se
qui avaient trop longtemps survécu par de success ifs rafistolages.
rend compte que de nombreuses applicat ions risquent de dys-
Ce qui a amené certains à croire que l'annonce init iale du bogue
fonctionner en passant de l'an 99 (1999) à l'année 00 (interprétée
était un simple coup marketing, alors que les risques étaient réels.
comme 1900 au lieu de 2000). On parle dès lors du « bogue » de
l'an 2000, alors qu'il ne s'agit pas d 'une erreur de p rogrammation,
mais plutôt d'un défaut de conception initiale - les program -
meurs des années 1960 qui devaient économiser la mémoire des
ordinateurs n'imaginaient pas que leurs logiciels fonctionneraient 2DD0 ~ La bulle Internet éclate
encore 40 ans plu s t ard .
Dès 1995, l'ouverture du secteur des télécommunications à la
Ce problème risquait d 'affect er des systèmes critiques, d 'autant concurrence, les investissements informatiques des entreprises
qu'il se conjuguait en Europe avec le passage à l'Euro q u i exigeait (ind irectement liés au bogue de l'an 2000) et les espoirs mirifiques
la mod ification de tous les logiciels contenant des instru ctions liés à la popularité cro issante du « nouveau » réseau Internet
d 'ord re financier: le 31 décembre 1999 à minuit, par exemple, les poussent les investisseu rs à se ruer sur les valeurs technologiques,
d istributeurs automat iques bancaires ne se mettraient-il s pas à les fameuses « dot.corn ». L'indice boursier du marché NASDAQ, spé-
cracher des liasses de billets sur les trottoirs? Plus grave encore, cialisé dans les hautes technolog ies, est multiplié par cinq en cinq
les systèmes de contrôle aérien ou ceux des centrales nucléaires ans et les valeurs des entrepri ses du secteur grimpent sans rapport
pouva ient être affectés. avec leur chiffre d'affaires ou leurs bénéfices.
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- 2'iB - Histoire illustrée de l'inJ:armatique
La bulle éclat e au premier semestre de l'an 2000 quand des socié- i!DDD ~ Clés USB
tés font faillite ou ne peuvent tenir leurs promesses extravagantes
La clé USB est u n bon symbole de la mondialisation, puisque son
de bénéfices. On découvre aussi que des comptes ont été maquil-
invention est attribuée à la fois à un ingénieur d'IBM, à un Malaisien
lés pour masquer des pertes. Les investisseurs se retirent en masse,
et à un Israélien. Ce support de stockage amovible repose sur l'utili-
souvent « lessivés » eux-mêmes et laissant des épargnant s ruinés.
sation de la mémoi re flash, pour la m iniaturisation et la fiabilité, et se
Fin 2002, l'indice boursier retombe à sa valeur de 1996. Il remon-
branche sur le port Universal Serial Bus (USB) d'un ordinateur ou d'un
tera ensuite.
autre appareil numérique. Les premières clés USB sont produites par
IBM avec une capacité de 8 Mo, soit cinq fois celle d'une disquette
3,5 pouces. En 2013, la capacité maximale a été portée à 512 Go, soit
plus d 'un doublement par an, supérieur à la loi de Moore.
2DDD ~ Déni de service distribué
Pour mettre à genou un serveur, « il suffit » de le bombarder
de fausses demandes de connexion, l'obligeant à les traiter en
réservant des ressources. Avec un grand nombre de fausses
requêtes, le serveur est saturé et ne parvient plus à répondre aux
connexions légitimes; il subit une attaque par « déni de service ».
Cependant, si la puissance du serveu r est assez importante, il
sera difficile pour l'attaq uant de disposer d'une bande passante
suffisante. li f aut alors distribuer les attaques à partir de cen -
taines, milliers ou dizaines de milliers d 'ordinateurs afin que leurs
bandes passantes sortantes s'additionnent et submergent le ser-
veur visé; c'est le déni de service distribué ou DDoS (Distributed
Denial of Service), qui util ise des réseaux d 'ordinateurs infect és par
des logiciels m alveillants pour lancer les attaques. La première
att aque DDoS médiatisée a lieu en février 2000 lorsque Michael
Ca lce, un j eune Canadien de 15 ans connu sous le pseudonyme
de Mafiaboy, met hors service de g ros sites web commerciaux
comme Yahoo!, Amazon.com, Dell, E*TRADE, eBay et CNN à l'aide
de log iciels ad-hoc créés par d 'autres. Il sera condamné à huit
mois de détention. Depuis, la puissance de ces attaques n'a fait
qu'augmenter; ell es sont souvent effectuées en représai lles ou
pour exercer un chantage.
Supports de stockage amovibles: disquettes 3,S pouces, S,25 pouces et 8 pouces ;
sur cette dernière, clé USB, cartes mémoires et cartouche microdrive (1984);
en haut à droite une cassette audio, utilisée comme support de sauvegarde
des premiers micro-ordinateurs, et une bande magnétique; en dessous, DVD et CD-R.
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Chapitre B - L ' ère des réseau x numér iques - 2'i9 -
i!DD1 ~ iPad et iTunes d'Apple Les deux produits évoluent ensuite. L'iPod multiplie sa capacité en
passant aux mémoires flash (2005). À partir de 2003, iTunes permet
Constru isant sur le potentiel de ses ordinateurs Mac équipés dès
l'achat de musique en ligne et devient progressivement un ges-
1986 de capacités d 'enreg ist rem ent audio et de lecture MIDI,
t ionnaire de contenus multimédia très élaboré, un outil de pilotage
Apple fait une entrée fracassante sur le marché de la musique
d e matériel et une plateforme de commerce en ligne. Régnant en
enregistrée en lançant un ba ladeur numérique. Ce premier iPod
maître sur les ventes de baladeurs numériques, Apple joue ainsi un
à micro-disque dur (5 Go) peut contenir mille chansons. D'autres
rôle majeur dans la dématérialisation des contenus (musique puis
constructeurs avaient déjà commercia lisé des appareils compa -
vidéo) qui propulse l'industrie musica le dans l'ère Internet.
rab les, mais de capacité moindre et peu conviviaux. Simultané-
ment Apple offre iTunes, un logicie l de lecture bien adapté au La firme à la pomme change de raison sociale en conséquence, pas-
format MP3. sant en 2007 de Apple Computer à Apple, Inc. Ses fondateurs avaient
obtenu jadis moyennant 80 000 do llars l'autorisation d'Apple
Records, qui produisa it les disques des Beatles, d'utiliser comme
iPod 3G, iPod 4G, iPod nano 1G, iPod nano 2G,
logo la pomme croquée à condition de rester à l'écart de l'indus-
iPod shuffle 36, iPod shuffle 26 et iPhone 4.
trie musicale, ce qui ne posait aucun problème aux inventeurs de
l'App le Il. Il faut renégocier l'accord au terme d'un procès, mais le
coût en est modique comparé aux profits pharamineux que génère
le nouveau modèle économique d 'Apple.
2DD1 ~ Wikipédia
Wikipédia est une encyclopédie en ligne à vocation universelle,
créée pa r l'homme d'affa ires américain Jimmy Wa les et par l'ensei-
gnant de philosophie Larry Sanger. Son principe est la participation
des internautes à sa rédaction : quiconque accédant au site peut
modifier la quasi-totalité des articles ou en créer de nouveaux.
Wikipédia présume donc la bonne volonté constructive de tous
les utilisateurs du Net, renouant avec l'imaginaire optimiste de l'In-
ternet universitaire. Le résultat est une très grande facilité à la fois
d'accès et de modifications, faisant de Wikipédia le sixième site le
plus fréquenté sur Internet dans le monde entier. En 2015, avec
plus de 37 millions d'articles en ligne, Wikipédia a dépassé les 500
mi ll ions d e visiteurs par mois. Bien que son contenu ait alors été
principalement en anglais, il est rapidement devenu multilingue
(291 langues en 2015).
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- 250 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique
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Au début de l'informatique, la puissance de ca lcul était rare et
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chère; elle devait être rentab ilisée en ouvrant les centres de calcul
1300000 • 24 heures sur 24 et en optimisant les logiciels de manière à mini-
1200000 miser les temps d'inactivité des processeurs. Avec la diffusion de
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micro-ordinateurs de plus en plus puissants et leur mise en réseaux,
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900000 .... le problème s'est inversé: il y a une puissance installée gigantesque,
600000 . • ..• .- . •.• . . ..... .. . -. . ... .
répartie sur toute la planète (domiciles, bureaux ... ) et disponible
700000
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chaque fois que l'utilisateur ne se sert pas de sa machine, c'est-à-
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. . .. .. Partant de ce constat, des initiatives ont été lancées afin de profiter
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Chapitre B - L 'ère des réseau x numéri ques - 25 1 -
très nombreuses analyses numériques (transformées de Fourier) en i!DD5 ~ IBM cède ses PC à Lenava
variant durées et fréquences. Avec un petit logiciel téléchargeable,
Se réorientant de plus en plus sur les services informatiques, IBM
chacun est capable sur son ordinateur de participer à la recherche.
transmet son activité « ordinateurs personnels » à Lenovo, qui en
Un serveur central distribue les signaux bruts et récupère le résu ltat
fabriquait déjà une grande partie en sous-traitance. Cette entre-
des analyses effectuées dans le monde entier.
prise chinoise fondée en 1984 produisait aussi ses propres PC
Les premières implémentations ont montré la viabilité du concept sous la marque « Legend », profitant de la politique protection-
de calcul distribué. De nombreux autres projets se sont greffés sur niste d 'achats de son gouvernement. Elle a pour actionnaires l'État
la p late-forme qui a évolué afin d 'élargir les domaines de recherche chinois (15 °/o du capita l), IBM qui profite ainsi de la croissance du
- elle s'appelle maintenant BOINC pour Berkeley Open Infrastruc- marché chinois, et les fonds d 'investissement américains entrés à
ture for Network Computing. On y trouve des analyses en biologie l'occasion du rapprochement avec IBM. En 2013, Lenovo deviendra
(rep liement des protéines, structures moléculaires ... ), en astro- le premier constructeur de PC au monde par unités vendues, devant
nomie (signaux extra-terrestres, détection de pu lsars, trajectoires Hewlett-Packard. Puis complètera son offre en acquérant une partie
d'astéroïdes ... ), en mathématiques (recherche de contre-exemples de la branche serveurs d 'IBM, ainsi que Motorola Mobility cédée par
à des conjectures, recherche de nombres premiers . .. ), en physique Google. Globalement, de 2000 à 2008 la Chine a multiplié par dix ses
(simulations numériques, interactions atomiques ... ), en climatolo- exportations de matériels informatiques (de l'ordre de 170 mi lliards
gie ... Chaque participant choisit le ou les projets auxquels il parti- de dollars en 2008), aggravant d 'autant le déficit commercial des
cipe et la fraction de la puissance de son processeur qu'il est prêt pays de l'OCDE dans ce secteur.
à leur consacrer.
La puissance tota le moyenne de calcu l offerte par les centaines de
milliers de bénévoles approche maintenant la dizaine de pétaflops,
soit l'équivalent d 'un des cinq premiers superordinateurs mondiaux. 2DD6 ~ Multiprocesseurs
La course à l'augmentation des fréquences d 'horloge des micro-
processeurs commence à poser des problèmes de dissipation
thermique. Elles plafonnent juste au-dessus de 3 GHz. Les fabri-
2D03 ~ Passage aux 64 bits cants de microprocesseurs décident alors de profiter de l'inté-
gration toujours plus importante (en 2015, on grave à 14 nm,
Les processeurs 64 bits, permettant d 'adresser p lus de mémoire et
incorporant plusieurs mi lliards de transistors sur une puce) pour
d 'effectuer des calculs plus rapidement, équ ipaient depuis long-
réaliser des processeurs réunissant deux cœurs d 'exécution, ou
temps les superordinateurs (dès 1975) et les stations de travail (vers
p lus, sur un même support. La pu i ssance est théoriquement
1990). Les premiers microprocesseurs 64 bits pour ordinateurs per-
augmentée, mais les applications mettront longtemps à profi-
sonnels sortent en 2003 chez AMD puis en 2004 chez Intel. Ils sont
ter rée llement de ces « processeurs » multiples car la program-
rejoints en 2011 par ARM dont les puces seront utilisées dans le
mation parallèle nécessite de nouveaux modèles, de nouveaux
premier smartphone 64 bits, l'iPhone SS, en 2013.
algorithmes et de nouveaux langages.
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- 252 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique
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Chapitre B - L 'ère des réseaux numériques - 255 -
i:!DDB ~ Pétaflaps
La barre du pétaflops, ou million d e milliards d'opérati ons en virg ule Au classement publié en ju in 20 15, l'ordinateur le p lus puissant du
flottante par seconde, est franchie en m ai 2008 par le superordina- monde est le Tianhe -2 chinois, avec une puissance t otale estim ée
teur Roadrunner construit par IBM pour le département de l'énergie à presque 34 pétaflops répartis sur plus d e trois m illions de cœurs
des États-Unis. Composé de près de v ingt mille processeurs mu l- d'exécution, associés à une mémoire principale de 1 Po (un million
ti-cœurs, certains standa rds, d 'aut res spécialisés, il est utilisé pour de gigaoctets). Ce n'est toutefois pas le plus efficace du point de
des calculs de climatologie et de vieillissement d'armes nucléaires, vue énergét iq ue, sa puissance électrique consommée avoisinant
Supercalculateur Curie
mais aussi par l'indu strie automobile et aéronautique. li a été rem - 17 MW. Ce même classement de juin 2015 listait plus de 65 systèmes développé par Bull
p lacé en mars 2013 par un aut re superordinateur, plus petit mais d 'une puissance installée supérieure au pétaflops. et le CEA, le plus puissant
énergétiquement plus efficace. ordinateur en France lors
de son installation en 2012.
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- 256 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique
2DDB • Rpplicatians innovantes peu retombé, ce qui n'empêche pas le b itcoin d'être de plus en
plus accepté comme moyen de paiement sur des sites Internet
La généralisation des accès Internet fixes et mobiles, ainsi que l'ex-
et même dans des magasins ayant pignon sur rue. Il attire aussi
plosion de l' usage des smartphones, a permis de nouvelles inte-
l'attention des autorités par sa faculté à court-circuiter les sys-
ractions commerciales entre entreprises et clients : localisation
tèmes bancaires et fiscaux traditionnels. C'est l'une de ses qua-
géographique et personnalisation pour améliorer le service (ou le
lités, recherchée tant par ses utilisateurs honnêtes (rapidité de
marketing), réactivité et information sur les réseaux sociaux ... De
transactions et surtout absence de frais ) que par les criminels
nouvelles start-ups se lancent, créant de nouveaux usages comme
(blanchiment d'argent, anonymat).
Reddit pour le partage de liens, Craigslist pour les petites annonces,
Dropbox pour le partage de fichiers, Kickstarter pour le financement
participatif, mais aussi des applications d 'agrégation de données,
de rencontres, de sécurité ... D'autres concurrencent les acteurs
historiques sur leur propre terrain à l'aide d 'outils technologiques: i!DID ~ Le big data
AirBnB se heurte aux hôteliers en proposant des locations et réser-
L'expression anglophone big data, traduite en français par data -
vations de logements entre particuliers, tandis que Uber bouscule
masse, désigne des ensembles de données si gigantesques qu'ils
le monopole des taxis en faci litant la location, via son téléphone,
nécessitent de nouveaux outils de collecte, de gestion, de stoc-
de voitures avec chauffeur. Ces nouveaux usages condamnent pro-
kage, de visualisation et de traitement. Ils offrent en revanche de
bablement à terme les anciens schémas commerciaux mais posent
nouvelles possibilités d 'analyse à l'aide d 'outils statistiques pour
directement le problème de la destruction d'emplois existants. Voire
l'extraction d 'informations pertinentes et la prise de décision,
de la concurrence déloyale, puisque certains de ces services ne se
dans les domaines aussi bien scientifiques ou économiques que
plient pas aux règ lementations imposées aux professionnels.
politiques.
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Chapitre B - L 'ère des réseaux numériques - 25l -
leur implication. Mais cela ne fait aucun doute pour les spécialist es
que Stuxn et est le premier exemp le connu de cyber-arme, déli-
bérément fabriquée par des gouvernements pour attaquer une
puissance en nem ie. Depuis 2010, d'autres logiciels malveillant s
infectant systèmes industriels, réseaux bancaires ou logiciels de
communication, tous probablement d'origine état ique et tout aussi
sophistiqués et puissants, ont été découverts. Fin 2015, une impor-
tante coupure de courant s'est produite en Ukraine suite à l'action
de log iciels malveillants situés sur les ordinateurs de la compagnie
de distribution d'électricit é. La cyber-guerre est m aint ena nt une
préoccupation de toutes les administrations de défense.
Reconnaissance d'objets dans une image.
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- 2SB - Histoire illustrée de l'inJ:crmatique
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Ce type de dispositif reproduit, avec des technologies nouvelles, les i!D11 ~ Watson gagne Jeapardy!
grands systèmes centralisés développés dans les années 1970: on est
En février 2011 , Watson, programme d'intelligence artificielle conçu
à l'opposé de l'ordinateu r « personnel » ! Il offre à l'util isat eur mobile un
par IBM, participe au jeu télévisé Jeopardy! et reporte la v ictoire face
accès permanent et à j our à ses données . . . à condition qu'il ait accès
à deux cham p ions humains. Pour ce faire, le programme devait être
au réseau. Des questions sont sou levées: que se passe-t -il en cas de
capable d e comprend re les quest ions énoncées en langage naturel,
crash du serveur ? Les données sont-elles cryptées et protégées des
de trouver les réponses en quelques secondes en parcourant son
accès malveillants? Qui est légalement responsab le des données? Un
immense base de données, d 'énoncer les répon ses en syn thèse
gouvernement peut-il forcer un hébergeur à les lui communiquer?
vocale et de choisir le thème des quest ions suivantes.
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Chapitre B - L'ère des réseaux numériques - 2fil -
Le syst ème est maintenant utilisé par plusieurs clin iques améri-
caines comme aide au diagnostic et au traitement médical.
i!Dli! ~ Imprimante 3D
Les premières imprimant es 30 « bon marché » apparaissent. Ce sont
essentiellement de petites machines-outils à commande n u m é-
rique, rendues accessibles au grand public par la miniaturisation et
des astuces de conception. Elles permettent de construi re un objet
par dépôts successifs de couches de résines, décrites par un fichier
numérique. Après les problèmes de propriété intellectuelle sur les
fichier musicaux et vidéos, le problème du « piratage des objets »
par échange de fichiers se profile ...
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- 262 - Histoire illustrée de l'inl=crmat:ique
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Chap itre B - L 'ère des réseau x numéri ques - 263 -
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réfrigérateur intelligent pouvant automatiquement composer une ·---• ••
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liste de courses ... Mais cela pose aussi des problèmes de sécurité,
car comment prévenir les attaques ou les prises de contrôle à dis- Panoplie d'objets connectés.
tance si le monde entier peut se relier à des objets du quotidien ?
Des exemples récents, comme la prise de contrôle à distance d'une
qués sur un circ uit intégré, pouvant comprendre mémoire, micro-
voiture, montrent que l'exigence de sécurité n'est pas encore suffi-
processeur et périphériques d'interface. Avec eux l'informatique a
samment intégrée dan s tous les développements technologiques
changé de taille, de consommation électrique, est passée dans les
et industriels.
poches des consommateurs. Au -delà de l'aspect « gadget » que
La convergence massive des technologies matérielles et logicielles leur confère souvent le martelage commercial accompagnant leur
avec des efforts marketing sans précédent aboutit aux « systèm es diffusion, ces objets et leurs producteurs bouleversent l'industrie
sur une puce » (system on a chip ou SoC), systèmes complets embar- informatique et la conception des objets.
Crédits
P . i!i!:!I : qmee.com , P . 21s : Banque Mondiale · P . i!l& : CERN • P . i!l!I : Courtesy
of D·Wave Systems Inc.; Emmanuel Lazard ; Bobmath / \Nîkimedia Commons • P . i!'ll : Cmglee / Wiki media Commons • P . i!'ll : Morn
/ Wikimedia Commons • P . i!'l'I : Los Alamos National Laboratory • P . i!'IS : Jnmasek / Wikimedia Commons • P . i!'l& : Napster / Wikiped ia • P . i! 'l1 : Bug de l'an 2000 / Wikimedia Commons; ed g 2s / Wiklmedia
Commons • P . i!'IB : avaragado I Wiki media Commons • P . i!'l!I : VinciArt • P . i!SD : Wikipedia ; Namazu-tron /Wîkimedia Cornmons • P . i!S~ : Advanced Micro Devices, Inc. (AMD); MCM • P . i!Sl : GoMoinCher.com
, P . i!S'I : © CEA/ CADAM , P . 2ss : © CEA/CADAM • P . i!S& : Droit s réservés . P . 2s1 : Google Research Blog • P . as!I : Courtesy of International Business Machines Corporation, © International Business Machines
Corporation • P . i!&D : "Jeopardy!" photos courtesy Jeopardy Productions, Inc. • P . i!&'l : Oeezrnaker / Wiki media Cornmons ; MeilleursAgents.com • P . i!&i! : NSA Photo Gallery · P . i!&3 : objetconnecte.net
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- 266 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique
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ances au 1
n ne parlait de p erforma nces, pour les machines à calcu - Avec ces réserves, nous avons néanmoins reporté sur le graphique
ler mécaniques, qu'en mesurant l'efficacit é combinée de ci -contre un « indicateu r d e performances » principa lement basé
l'utilisateur et de sa machine. Celle-ci permettait simple- su r les capacités de calcul - ce qui explique la place un peu basse
ment de gagner du temps et de réduire les erreurs. C'est véritable- de certains ordinateurs « de gestion ». Il faut s'attacher aux ordres
m ent l'électronique qui, en accélérant et en automatisant de plus de grandeur et à leu r évolution au cours du t emps, plus qu'aux
en plu s d 'opérations, a fait entrer le calcul dans une ère nouvelle, valeurs numériques.
offrant aux mathématiciens, physiciens et ingénieurs la possi-
bilité de résoudre numériq uemen t des problèmes au p aravant La pui ssance des grands calculateurs électron iques (représentée
insol ubles. L'ENIAC a d'ai lleurs été « vend u » à l'armée américa ine ici en échelle logarithmique) a ét é multipliée par plus de d ix mille
sur la promesse de démultiplier la production des tables de tir. milliards en 70 ans. Un téléphone portable d'aujourd' hui a des p er-
formances supéri eures aux plus gros super-ordinateurs des années
La « performance » d'une machine est ainsi deve nue un critère quatre-vingts, qui coûtaient des dizaines de millions de do lla rs.
important d ans les choix de développement ou les décisions
d'achat. Les spécialistes des ordinateurs ont, dès les années 1950, Ce gain repose à la fois sur l'évolution des composants, sur l'in-
entrepris de mesurer et de compa rer les aptit udes d es machines vention de nouve lles arch itectu res et sur le p erfectionnem ent
à partir des caractéristiques architecturales, des tests à des bancs des mémoires magnétiqu es. Progrès qui résu lte nt de l'interac-
d 'essai logiciels sta nd ards et des chiffres publicitaires fournis à tion con stante entre la rech erche, les industries informat iques et
l'époque par les constructeurs; ces évaluations comportaient tou- quelques grands sect eurs clients comme la Défen se o u la Banque.
jours une p art d'estimati on au « doigt mouillé » ou au pifomètre Les utilisateurs finaux n'y ont joué pratiquement aucun rôle direct.
- et p arfois une dose de b iais subtils pour présenter favora ble- Ils ont en revanche contribué à l'exten sion des applicat ions et à
ment l'ordinateur que l'on vou lait acq uéri r. l'évolution du logiciel.
Malheureusement, il est impossible de présenter une mesure uti le Outre le simple constat de cette progression spectacu lai re, ce
de performance pouvant satisfaire tous les utilisateurs : comment graphique nous fait vo ir des ph énomèn es décisifs. Par exemple,
comparer un ordinateur scientifique opt im isé pour l'exécution visua liser la faib le puissance d es micro-ordinateurs, au m il ieu
des instructions de calcul et un e machine de gestion dont les des années 1970, permet de comprendre pourquoi les grands
capacités d'entrées/ sorties - lecture de cartes perforées, accès const ructeurs leur accord aient p eu d'importance. Voir qu'ils attei-
disque, impression - sont les caractéristiques principales ? De gnaient ensuite les performances de mainframes beaucoup plu s
plu s, un e mesure ne peut exprimer que l'efficacité ind ividuelle coûteux sorti s quelques années plus tôt permet de comprendre
de quelques com p osants, alors que l'expérience utilisateur sera com ment ces produits devenaient « su bstituables » et co ntri-
beaucoup plus affectée par l'architecture globale du système. buèrent à bouleverser l'économie.
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Annexes - Les peri:crmances au Fil du temps - 26l -
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Tianhe-2
1E+10
nanhe-1
1E+-09 Mainframe
Mênis RoadRunner
IBM 8'ue Gene
Ml,cros
100000000
Supers
• Autres
10000000
ASCI White
1000000
ASCI Red
Hitachi SR2201
Wind Tunnel
100000
CM-5/1024 MacBook-Air
iMac
• ,Mac Core Duo 2.0
10000
S PS2 • Opteron 252 iPho 5
ony • Dell 8300 P4/3.0 ne
Cray Y-MP
Pentium 111/600 • iPad 2
1000 CAAY-2
Mac G3 •
Raspberry Pl
CRAY-1
100 • Gateway PS-75
CDC Cyber 205
AcerPower
COC-7600 Gateway 486DX2/66
IBM 360/195 DEC VAX 865-0 • Amiga 3000
10 CDC 6600
IBM 370/165 CDC IPL
PC-386 • Mac SE30
Atlas IBM 360ll5
DEC PDP-10 Sun3 Mac Il
1 Sun 2
IBM 7030 Stretch BESM-6 VAX 11 nao • Macintosh
IBM 7090 PDP-8 POP-1 1
TX·O • IBM P~ At.ari 800XL
0,1
Whirlwind IBM PDP-1 Bull Gamma 60 Micral N A.pple Il
704
rBM SystemJ3 Allair
IBM 701 Olivetti Elea 9003
0,01
UNIVAC 1 IBM 1401
ENIAC
Fetranti Mkl IBM 705
0,001 EDSAC
Colossus
0 ,0001
1930 1940 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2020
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- 268 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique
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1 ID 1e
1existe une centaine d'excellents livres et certainement BASHE Charles J., Lyle R. JoHNSoN, John H. PALMER & Emerson PuGH, IBM 's
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livre entier, de la t aille de celui-ci, et devrait être mise à jour quo- der Datenverarbeitung, Balje, Superbrain-Verlag, 2005.
tidiennement. Nous nous sommes lim ités ici à une sélection de BERTHO Catherine, Télégraphe et Téléphone, de Valmy au microprocesseur,
bons ouvrages généraux. Paris, Hachette, 1981.
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Annexes - Musées et: callect:ians - 211 -
usees e
Cité des Télécoms (Pleumeur-Bodou): www.cite-telecoms.com
a plupart des grands musées des sciences ou des tech-
niques présentent depuis longtemps des collections de Collection Historique de France Télécom (devenue Orange) :
machines à calculer mécaniques, auxquelles ils ont ajouté www.remut.fr/ musee/ collection -historique-de-france -telecom
une partie informatique depu is une trentaine d 'années. D'autre
NB: Il existait un musée de l'informatique, installé dans le toit de l'Arche de
part, d es musées spécia lisés dans le calcul, le t raitement et la com - la Défense de 2005 à 201 O. Depuis, l'administration a récupéré les locaux et
municat ion de l'information se sont constitués, souvent à l'initiative la collection se d ét ériore d ans des caisses au fond d' un hangar...
de collectionneurs passionnés. Cette liste ne sau rait être exhaustive,
mais donne un aperçu du patrimoine v isitable.
Hars de France
Allemagne
En France Deutsches Museum (Munich): www.deutsches-museum.de
Musée des arts et métiers, Paris: www.arts-et-metiers.net
Deutsches Technikmuseum (Berl in): www.sdtb.de/ Startseite.63.0.html
Cit é des sciences et de l'industrie, Paris-La Villette :
www.cite-sciences.fr Heinz Nixdorf MuseumForum (Paderborn, Westphalie) :
www.hnf.de/ en/ home.html
ACONIT, Association pour un conservatoire de l'informatique
et de la télématique, Grenobl e : db.aconit.org Belgique
Fédération des équ ipes Bull (région parisienne, Mu lhouse NAM-IP réunit d epuis 2014 trois collections mécanographiques et
informatiques belges, dont celles d ' Unisys et de Bull-FEBB (Namur-
et Angers, plu s des collections FEB associées en Belgique
et en Allemagne) : www.feb-patrimoine.com Salzinnes) : histoireinform.com/ Histoire/ NAM_IP_page_ Web
Homo Calculu s (Bordeaux), in itiative privée d e Michel Mouyssinat en Hongrie (pays natal de John von Neumann)
partenariat avec l' université de Bordeaux: Musée hongrois des sciences, des techniques et des transports
www.leon-bollee.edu.vn/ page-hc_sommaire-fr.html (Budapest): www.mmkm.hu/ index.php/ en
Musée de l'informatique de l'IN2P3 (Lyon ), d ans le cadre Des réserves visitables bien tenues, dan s un bâtiment moderne
de cet institut de physique nucléaire du CNRS: à la périphérie de la capitale, contiennent une intéressante co llection
www.festivalparticu le.com de matériels informatiques, soit locaux ou soviétiques, soit construits
sous licence occidentale.
AMISA, Association pour un Musée international du calcul, de
l'informatique et de l'automatique (Sophia Antipolis) : interstices.fr
Italie
Une belle collection liée à l'hi stoire de l'écriture et du calcul est gérée par Museo per gli Strum enti di Calcolo (Pise) :
la ville de Lill ers (Pas d e Calais). www.fondazionegalileogal ilei.it/ museo/ museo.html
Musée des Transmiss ions (Cesson-Sévigné) : www.espaceferrie.fr Museo della Tecnica Elettrica (université de Pavie):
info@museotecnica.it
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- 212 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique
11 1 l 11 1 111 ' ! 11 l 11 l 11 1
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1 ,- 1
• 1 11 1 1 1 - 1- n 1 1 -
Annexes - Index - 2l3 -
Calculatrice, 180
A 224, 249, 253
Arduino, 252
Big data, 256
Bistable, circu it, voir Bascule Calculi, 19
@, 176 Ariane 2. 242 Bit, 69 Cambridge, université de, 74, 92, 113
68000, microprocesseur, 208, 224 Aristote, 24 Bitcoin, 256 CAO, 142
8080, m icroprocesseur, 183, 193, 194 Arithmomètre, 42, 47 Blankenbaker, John, 191 Capek,. Karel, 62
Abaque, voir Boulier ARPA, 169, 207, 230 Bloch, Eugène, 60 Cardullo, Mario, 181
ABC, calculateur, 75, 84, 86, 181 Arpanet, 84, 169, 223, 230 Bluetooth, 245 Carte à puce, 193, 206
Abraham, Henri, 60 ASCII, code, 144, 157 BNCI, 67, 115 Carte perforée, 42, 53, 62, 66
ACE, Pilot, 92, 99, 232 AT&T, 164, 174, 238 Boggs, David, 180 CCITT, 46
Acer, 225 Atanasoff, John, 75, 181 BOINC, 250 CD-ROM, 219
Ada Atari, 139, 178, 203, 214, 224 Bollée, Léon, 50 CDC 6600, 1SO
• langage, 212 Atlas, 140 Boole, George, 46 CEA, 137, 2.22, 255
• Lovelace, voir Lovelace Australie, 59, 101 Boulier, 16, 24 Cerf, Vinton, 171 , 233
Adams, Scott, 206 Automates, 126 Bourse, 247, 257 CERN, 149, 150, 202, 234, 236
Adleman, Leonard, 200 Brattain, Walter, 90 CFAO, 139
Aiken, Howard, 73, 80 Bricklin, Dan, 211 Chèque, 146
Al-Khwarizmi, 21 , 26
B Brin, Sergueï, 245 Chine, 23, 243, 258
Alcorn, Allan, 178 B. langage, 179 Brooks, Frederick, 146, 185 Christensen, Ward, 211
Algèbre, 26 Babbage, Charles, 31, 43, 212 Brunsviga, 43, 47, 62, 114 Church, Alonzo, 68
Algèbre de Boole, 46, 69 Baby, 92, 96 Bug, 90, 167, 242 CI i, 163
ALGOL, 134, 167, 172 Backus,John, 126, 134 Bug de l'an 2000, 63, 136, 247 Ci rcuit intégré, 128, 143, l 77, 217
Algorithme, 24, 26, 45, 64, 67, 115, Baldwin, Frank, 47 Bull, 56, 62, 67, 91 , 113, 114, 115, 135, CISC, 205
134, 159, 165 Baran, Paul, 231 138, 146, 155, 163, 193, 206 Cisco, 237
• quantique, 238 Bardeen, John, 90 Bulle internet. 247 Clé USB, 175, 248
Allemagne, 34, 40, 64, 76 Barrême, Jean-François, 39 BUNCH, 172 Cloud computing, 24 1, 258
Allen, Paul, 197 Bascule, 60 Bush, Vannevar, 64, 84, 230 CMC7, 146
ALOHAnet, 180, 23 l , 236 Base de données, 185 Bushnell, Nolan, 139, 178 CN IL, 182
Altair, 194, 197, 202 Base sexagésimale, 18 Busicom, 177 COBOL, 134, 148, 172
Altavista, 240 BASIC, 150, 197 BYTE (revue), 196 CODASYL, 134
Alto, Xerox, 220 Bâtonnets de Neper, 32, 34 Codd, Edgar, 185
Amazon, 241 BBN, 169, 231
AMD, 2-'>1 BBS, 211
C Code-barres, 182, 239
Colmerauer, Ala in, 179
Amiga, 203, 224 BCPL, 179 C, 175, 176, 179 Colossa l cave adventure, 206
Analyseur différentiel, 64, 84, 133 Bell labs, 69, 90, 98, 119, 173, 233 C++, 219 Colossus, 78, 86, 200
Angleterre, 32, 43, 46, 48, 57, 67, 91, Bell, Alexander Graham, 48 CAB 500, 13 1 Commodore 64, 203, 218
92, 114, 118, 140, 232 Berkeley, université de, 175, 216 CADET. 118 Compaq, 214, 224. 240
Antém.émoire, 168 Berners-Lee, Tim, 234, 236 Cailliau, Robert, 234, 236 Complex number computer, 69
Anticythère, mécanisme, 20. 25 Berry, Clifford, 75 Calcul analogique, 48, 59, 64, 84, 133 Complexité, théorie de la , 176
APL, 193 BESM, 102 Calcul binaire, 23, 69, 76 Conway, John, 173
Apollo, missions, 143 Bézier, Pierre, 139 Calcul ternaire, 128 Cook, Stephen, 176
Apple, 168, 201 , 202, 206, 211 , 214. Bezos. Jeff, 241 Calculateurs humains, 32, 60 Cookie, 238
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- 2l'i - Histoire illustrée de l'inJ:armatique
Cooper, Martin, 182 EDVAC, 89, 121 Générations, 156, 177, 179, 216 ICANN, 246
Couffignal, Louis, 73 Électroniqu e, 57 Génie logiciel, 162, 166, 185 lchbiah, Jean, 212
CP/ M, 199 Email, 1 76 Germanium, l l 8 ICL, 113, 155
CP8, 206 Émoticônes, 21 7 Gernelle, François, 192 IMP, 169
Cray _! - Cray1.r voir Cray Research Engelbart, Douglas, 168, 220 GNU, 223 Imprimante 30, 261
Cray Research, 201, 222 ENIAC, 84, 121 , 177, 181 Gëdel, Kurt, 64 Infographie, 142
Cray, Seymour, 150, 20 1 Enigma, 68, 77, 200 Google, 240, 245 Informatique (terme), 138
Crowther, William, 206 EPFL, 196, 201 , 212 Gosling, James, 240 lnnovatron, 193
Cryptographie, 200, 243, 262 Epsitec, 196 Goto, 167 INRIA, 163
(SIRAC, 101, 107 Équations, 26 Grèce, 24, 25 Institut de programmation, 145
CTSS, 138 Espagne, 60 Grove, Andrew, 159 Intel, 159, 164, 177, 183, 193, 208, 2241
CUBA, 116 Ét ats-Unis.45, 49, 51 , 57, 64, 69, 69 et GSM, 225 245, 251
Cunéiforme, 23 suivantes Guillauté, 32 Intelligence artificielle, 125, 165, 166,
Curta, 43, 70 Ethernet, 180, 233 179, 216, 256
Cybernétique, 96
Cyclades, 163, 186, 232
Euclide,11
H Interface homme-machine, 168,
221 , 224
Hamming, Richard, 98 Internet, 169, 211 , 229, 233
F Harvard Markl 80, 86, 90
D Faggin, Federico, 177, 199 Heathkit, 133
iPhone, 253
IRIA, voir INRIA
D-Wave, 239 Fahlman, Scott, 217 Hellman, Martin, 200 Iris 50, 163
Davies, David, 232 Fairchild Semiconductor, 128, 143, Herzstark, Curt, 70 Italie, 26, 135, 162
DDoS, 248 157 Hewlett-Packard, 159, 162, 180, 212
DEC, voir Digital Equipment Fanning, Shawn, 246 Hilbert, David, 64, 67
Deep Blue, 243 Feigenbaum, Edwa rd, 166 Hoefler, Don, 178 J
Dégroupage, voir Unbundling Ferranti, 92, 107 Hoerni, Jean, 129 Jacquard, Joseph-Marie, 42
Dell, 214 FFT, 159, 251 Hoff, Ted, 177 Japon, 130, 179, 182, 210, 216, 217
Dendral, 166 Fibonacci, Leonardo, 26 Hollerith, Hermann, 51 Java, 176
Dennard, Robert, 164 Fleming, John, 57 Homebrew Computer Club, 202, 203 Java, langage, 240
Diffie, Whitfield, 200 Flip-flop, voir Bascule Honeywell, 181 Javascript, 238, 240
Digital Equipment, 119, 139, 153, 16 l , Flops, 202, 222, 245, 255 Hopper, Grace, 90, 108, 126, 134 Jeu de la vie, 173
172, 173, 189, 196, 205, 240 Flowers, Tommy, 78, 200 Horlogerie, 28 Jeux d'aventure, 206
Dijkstra, Edsger, 167 Forest, Lee de, 57 HTML, langage, 237 Jeux vidéo, 178, 21 O
Diode, 57 Forrester, Jay, 114 HTTP, protocole, 237 Jobs, Steve, 202, 220
Disque dur, 123 FORTRAN, 126, 134, 148 Huawei, 258 Jordan, Frank, 60
Disquette, 175, 248 Four-Phase Systems, 178
ONS, 223
Dobrov, Gennadji, 233
France, 36, 42, 50, 58, 113, 13 1, 135,
140, 145, 165, 186, 206, 209, 216,
1 K
Donjons et dragons, 206 223 IAS, 88 Kahn, Robert, 171, 233
Dr. Dobb's Journal (revue), 197, 223 Frankston, Bob, 211 IBM, 53, 62, 66, 80, 91, 97, 112, 11 4, Kampf, Serge, 165
DRAM, 164 119, 122, 126, 130, 131 , 136, 153, Kasparov, Garry, 243
DVD, 219, 241 164, 171 , 180, 182, 185, 20 1, 241 , Kay, Allan, 179
243, 258, 260 Kelvin, Lord, 48
Gamma..1_ Bull, 113 • 5100, 21 4 Kemeny, John, 150
E Gamma 60, Bull, 135 • PC, 197, 199, 214, 221 , 224, 251 Kenba k-1, 191
Eccles, William, 60 Garrett AiResearch, l 78 • SABRE, 138, 164 Kilburn, Tom, 91 , 96, 97
Échecs (jeu), 243 Gates, Bill, 197 • Stretch, 137 Kilby, Jack, 128
Eckert, Presper, 84, 97, 109, 181 Gauss, Carl Friedrich, 159 • System/360, 146, , 62, 166, 168, Kildall, Gary, 199
EDSAC, 74, 92, 113 Gemplus, 206 184, 185 Kim-1, 189, 194
Éducation, 145, 223 General Electric, 135, 172, 173 • Syst em/370, 148, 175, 205 Kleinrock, Leonard, 169
11 1 l 11 1 111 ' ! 11 l 11 l 11 1
1' t
1 1 l ,1 1
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l • 1 - • t ·1 1
- 2lEi - Histoire illustrée de l'inJ:armatique
Réseaux sociaux, 253 Sno~vden, Edward, 262 Texas Instruments, 118, 128, 143, Virus, 225, 25 7
Revues informatiques, 196 Souris, 168, 212 203, 204 Visicalc, 21 1
RFID, 181 Space invaders, 210 Théorie de l'information, 69 VLSI, 18 1, 1-16
RISC, 205, 2 16 Spacewar!, 139 Thomas de Colmar, Charles Xavier, 42
RITA, 206
Ritchie, Dennis, 173, 179
Spirale d'Ulam, voir Ulam
SQL, 185
Thomson (entreprise), 203, 223
Thomson, Ken, 173, 179
w
Rivest, Ron, 200 SSO, 253 Thomson, William, voir Kelvin Wales. Jimmy, 249
RNIS, 209, 232 SSEC, 80 Tl-99, 203, 204 Walton, Charles, 181
Roberts, Ed, 194 SSEM, 92 TIME (magazine), 218 Wang, An, 11 <1
Roberts, Larry, 169, 231 SSI, 134, 181 , 247 Token ring, 180 Wargames, 218
Robot, 62 SSII, 165, 171 Tomlinson, Ray, 176 Watson, 260
Roussel, Philippe, 179 Stanford, université de, 166, 168, 178, Tores d e ferrite, 111, 114 Web, 234, 236
RSA, 200, 238 206, 207, 216, 240 Torres-Quevedo, Leonardo, 60 Wheeler, David, 92
Russell, Steve, 139 Starkweather, Gary, 200 Torvalds, Linus, 226 Wh irlwind, 111 , 114, 119, 131
Russie, 49, 102, 115, 128 Stibitz, George, 69, 73 TRADIC, 119 Wiener, Norbert, /3, 96
STRIDA, 140, 232 Transformée de Fourier, 48, 159, 251 Wifi, 236, 245
11 1 1 111 ' 1
• 1 11 1
1 l 1 1 •1 1
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Annexes - Nct:es - 2ll -
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