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FDU

our qui s'intéresse à l'informatique, rencontrer Emmanuel La société Klee Graup


Lazard c'est un peu comme la découverte d'un oncle
Klee Group est à la fois éditeur de logiciel, société de conse il,
inconnu qui change en quelques phrases votre vision de
et maître d'œuvre de projets informatiques. Klee Group tran s-
votre propre famille. En quelques minutes, le 2 avril 2015, Emma-
forme les systèmes d'information des entreprises en id entifiant
nuel m'a fait ce tour de magie. Fort de son érudition de professeur
et en concrétisant les bénéfices que l'innovation technologique
à Paris-Dauphine, habité par son enthousiasme pour le livre qu'il
permet au plus près du métier de ses clients.
voulait créer avec l'historien Pierre Mounier-Kuhn, il m'a fait voir les
photos qu'il avait déjà compilées, et expliqué le sens qu'il voulait Klee Group propose quatre lignes de service : conseil en sys-
donner à son œuvre. Les photos des pionniers qui nous ont précé- t èmes d'information, agence digitale, inform atique déci sion-
dés y côtoient celles de leurs machines, et le progrès qui s'y lit est nell e, projets d'intégrat ion , et troi s progiciels: Klee Commerce,
aussi une histoire humaine. Spark Archives, Capital Venture. Son expertise est particulière -
ment reconnue dans le secteu r des services, de la distribution,
Les entrepreneurs, même chevronnés, ont le sens du merveilleux.
des marques.
Aussi Emmanuel Lazard a facilement trouvé en Klee Group le
sponsor qu'il cherchait : je remercie même la providence qui me Klee Group est prése nt en France, en Italie, en Espagne et aux
l'a envoyé. Pour nous qui baignons dans l'accélération des transfor- États-Unis et compte des cl ients dans plus de 30 pays.
mations numériques, fonçant à travers des barrières hier infranchis-
www.kleegroup.com
sables, c'est un bonheur rafraichissant que de retrouver nos racines
à travers cette histoire illustrée de l'informatique.

Comme un album de famille, ce livre ravive notre enthousiasme


en nous rappelant d'où nou s venons, en nous su rprenant souvent,
et en redonnant du sens aux efforts quotidiens qui animent notre •
industrie. Feui lletez-le l Lisez-le ! Et, je l'espère, prenez autant de
plaisir à partager cet ouvrage que j 'en ai eu à en soutenir la création.

Thibaud VIALA
Cofondateur et directeur général de Kl ee Group Kl ee Group - Créateur de Solutions Digitales Métier.

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••
5-
par Gérard Berry Professeur au Collège de France

'est un honneur et un plaisir pour moi de préfacer un livre Ça pourra être l'économie, car l'industrie des semi-conducteurs est
aussi complet, bien renseigné et richement illustré sur l'his- devenue la plus lourde du monde, avec des prix d'usines démesu-
toi re de l'informatique. Ayant débuté dans l'informatique rés, peu de nouveaux entrants, et de nombreux participants j etant
en 1967 avec les ordinateurs rudimentaires qu'étaient le SETI PB250 l'éponge chaque année.
et l'IBM 1620, évoqués dans le texte, j 'ai pu en suivre d irectement
Mais le développement a été plus linéaire d'un autre point de vue,
l'histoire sur une cinquantaine d 'années. Ce qui rend son dévelop-
car les circuits ne serviraient à rien si leur fonctionnement n'était pas
pement fascinant, c'est qu'il est à la fo is exponentiel, linéaire, et plein
gouverné par les logiciels. Or les logiciels sont avant tout des créa-
de cahots.
tions humaines fo rt difficiles à réaliser, et la capacité humaine ne suit
C'est un développement exponentiel d'abord, comme le montre le pas une courbe exponentielle. Nous ne sommes pas vraiment plus
graphique des performances qui clôt ce livre. Et comme l'exprime la intel ligents qu'avant, que ce soit individuellement ou collectivement.
fameuse loi de Moore qui énonce que le nombre de transistors par Nous sommes certes plus nombreux, mais le nombre d 'informaticiens
unité de surface d 'un circuit int égré double en gros tous les deux compétents aura des limites évidentes, surtout si l'on persiste à n'en-
ans (et non pas, comme on le voit souvent écrit, que la puissance des seigner le sujet que timidement. Bien sûr, les outils de programmation
ordinateurs doublerait tous les deux ans). Cette loi est restée valable et de vérification de programmes ont considérablement évolué et le
depuis sa formulation en 1965 jusqu'à nos jours, bien que l'on ait rendement humain avec eux. Mais le nombre d 'applications a aussi
régulièrement prédit sa péremption. La loi de Moore est moins une beaucoup grandi et leur qualité n'est pas toujours au rendez-vous. Le
observation qu'une décision industrielle : à chaque génération de public ne réalise en général pas que les bugs informatiques ne sont
circuits, on décide quelle sera la prochaine génération et l'on fabrique pratiquement j amais des pannes de la machine, mais bel et bien des
les usines pour la produire. Après la période héroïque des ordina- erreurs de programmation, donc en un sens des pannes des humains
teurs à tubes ou à transist o rs, elle a régi t oute l'industrie et permis qui ont écrit les logiciels.
la croissance également exponentielle du nombre des ordinateurs
Un autre aspect essentiel que le livre met bien en valeur, c'est que
- et des objets informatisés, maintenant bien plus nombreux que
les progrès n'ont pas été continus, mais ont p lutôt pris l'aspect de
les ordinateurs classiques. Son suivi a nécessité des prodiges d 'ingé-
séquences jalonnées par des chocs techniques assez brutaux qui ont
niosité des spécialistes qui ont développé, d 'une part la physique et
chaque fois bouleversé des positions acquises. Les chapitres du livre
la technologie de fabrication de circuit s contenant des milliards de
sont fort justement organisés selon ces bouleversements. D'abord
composants, d 'autre part l'ensemble des outils logiciels de concep-
!'Antiquité, dont les traces sont en fait toujours présentes dans l'a lgo-
tion assistée par ordinateur de ces circuits: il y a longtemps que p lus
rithmique - qui est un des cœurs de la science informatique avec la
personne ne peut réellement voir tous les détails d'un circuit, qu'on
science de la programmation. Puis l'ère des machines mécaniques,
ne peut d 'ailleurs plus imprimer sur du papier pour les lire. Ce n'est
dont nous gardons toujours q uelques héritages: par exemple 80, le
même pas forcément la physique qui freinera en premier cette loi.
nombre de colonnes dans une carte perforée IBM des années 1930,

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1 11
111
- Ei - Histo ire illustrée de l'in~crma tique

qui est re sté la taille maximum conseillée pour une ligne de pro- avant: son extraordin aire adaptabilité à des domaines d'applications
gramme. Ensuite, vers 1950 les premiers ordinateurs électroniques arbitraires, où la science, l'art et la culture en g énéral sont devenus
issus de la fantastique avancée intellectuelle apportée à partir de aussi importants que l'industrie traditionnelle. Même si tout cela
1936 par Turing, Church et d 'autres logiciens, puis par von Neumann. était en germe dans la notion de machine universelle inventée par
Malgré leur 80 ans, la théorie de la décidabilité et la machine de Turing Turing en 1936, les mini-révolutions ont été p ermanentes et variées.
restent des outils fondamentaux de l'algorithmique, dont les résultats Maintenant, l'ordinateur lui-même avec son clavier et son écran est
sont peu connus du public mais utilisés partout; et le À-calcul de fortement mis en question par les « couteaux suisses >> que sont les
Church est rest é le canon des langages de programmation modernes. nouveaux téléphones, devenus aussi bien des moyens privilégiés
Mais la technologie des années 1950 était lourde et chère : tubes d 'aller sur Internet que des appareils photos haut de gamme, tout
à vide puis transistors discrets, tambours et disques magnétiques en nous laissant la capacité de nous parler au téléphone.
massifs, lecteu rs de bandes magnétiques occupant des armoires, etc.
Après sa description fine du passé, le livre ne prend pas position sur
À cette époque, l'écriture des logiciels était davantage vue comme le futur de l'informatique, et il a raison . La seule chose claire est qu'on
le moyen technique d 'exploiter l'ordinateur que comme une activité est encore dans la jeunesse de son histoire. Et qu'il faut se méfier
noble. Mais des gens comme David Wheeler et Maurice Wilkes, à des prévisions reposant seulement sur l'extrapolation du passé. La
Cambridge, ont compris très tôt que mettre au point les programmes science-fiction avait imaginé des ordinateurs gros et intelligents, ils
était une activité très difficile. Le logiciel est effectivement d evenu sont au contraire devenus tout petits et toujours aussi peu pensants.
assez vite le point faible de l'informatique ; il l'est encore, et pour Les télécommunications ubiquitaires et les grands réseaux n'ont pas
longtemps. Plus tard les mini-ordinateurs, symbolisés par le PDP- souvent été imaginés, sauf par Albert Robida à la fin du x,xe siècle
11 puis le VAX de Digital Equipment, ont complètement changé la (http://www.robida.info/). Les prévisions sur l'hypothèse que l'in-
donne. Les prix devenaient abordables, la loi de Moore commençait telligence des ordinateurs va dépasser l'intelligence de l'homme
à produire ses effets et, surtout, la production de logiciels devenait pullulent ... mais elles évitent soigneusement de définir le mot intel-
une activité vraiment autonome avec des syst èmes d 'exploitation ligence, probablement pas encore près d'être compris ; les acteurs
ne dépendant plus des constructeurs. Nouveauté majeure, apparais- scientifiques de l'intelligence artificielle sont souvent p lus prudents
saient des programmes portables d 'un ordinateur à un autre. C'est que leurs exégètes. Et qui sa it comment évoluera le matériel, alors
l'époque où la recherche en informatique a commencé à exploser. qu'on n'a même pas encore vraiment essayé d'autres technologies
que les transistors sur si licium? Qui sait quels seront les progrès réels
Peu après, se croyant bien assis, les fabricants de mini-ordinateurs
de l'informatisation des objets et de la robot ique, au moment où
se sont pourtant fait anéanti r par l'irruption des micro-ordinateurs.
l'on voit l'impact des bugs et la trop faible cyber-sécurité devenir de
Ceux-ci ont profité à plein de la loi de Moore, cherché des clients
vrais facteurs de ralentissement des grands plans théoriques d'infor-
tout à fait différents - en particulier monsieur et madame Toutle-
matique universelle? Que nous réserve l'imagination des hommes
monde - et sauté sur l'arrivée du grand réseau Internet qui a lui-
qui s'est déjà tellem ent illustrée en informatique ? J'attends avec
même changé la façon de voir l'informatique et bien d'autres choses.
impatience l'édition 2048 (100 000 000 000 en binaire) de ce beau
Peu à peu, l'ordinateur est d evenu aussi utilisé que le téléphone o u
livre de 2016 (11111100000) pour en savoir plus 1.
la télévision, mais avec un gros avan t age sur tout ce qui se faisait

1. NTD: Gérard Berry a choisi cette date, 2048, parce que ce nombre est significatif pour les informaticiens. Ce m ultiple de 8 (le nombre de signes binaires dans un octet ) se retrouve.
par exemple, dans la tail le mémoire des ordinateurs d'autrefois (et d'aujourd'hui): 128,256,512, 1024, 2048 octets ...

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1 1 1 1
1 1
l-

aire
Sam maire ...... ............................................................... . 1804 • Métier à tisser Jacquard .... ... .......... .... ....... .......... . 'i2

Introduction ....... ......... ......... ........... .... ....... .. ... ..... ......... 13 1820 • Arithmomètre ....... ............................. ....... .......... . 'i2

1837 • Machine analytique .. ... . .. .. .. .. ... .. . ... .. .. .. .. .. .... .. . ... .. 'il


1838 • Le code Morse. .. ... ...... ... .. ......... .. .... .. .. .... ..... ......... 'i5
I. L'antiquité du calcul ............................. 1 Ei 1854 • La logique Booléenne ................ ...... .. ......... ....... .. 'i6
Introduction .................................................................. 1l 1865 ~ CCIT-T ............... ................................................... . 'i6
4000 av. J.-C. • Comptage .... . .... .. ... .... . .... .. .. .. .. .. ... .. .. .. ... .. 23 1866 • Premier câble transatlantique ... .. ... ...... .. ... ...... ..... 'i6
env. 1000 av. J.-C. • Symboles binaires ............................ i!3 1867 • La machine à écrire .. ........................ ... ............. .. .. 'i6
env. 500 av. J.-C. > Abaques, bouliers .. ............ ....... ..... .. .. 2't 1873 • Arithmomètre d'Odhner:
330 av. J.-C. ~ Logique grecque ......... ............. ............... .. 2'i le best-seller mondial des calculatrices de bureau .... 'il

env. 300 av. J.-C. > Algorithmes grecs ............. ............... .. 2'i 1875 • Analyseur harmonique:
11• siècle av. J.-C. >Mécanisme d'Anticythère ......... .. .. .. ... .. 25 l'invention du calculateur analogique ................. . 'iB

820 • Al-Khwarizmi .. ... .. .. . ... ... .. .. .. .. ... ... .. .. . ... .. .. .. .. . .... .. .. .. 2& 1876 • Le téléphone .. ..... ............................... ... ...... ........ . 'iB

1000 • Numérotation indo-arabe .. .. . .. .. .. .... .. .. .. . .. ... ... .. .. . . 26 1876 • Additionneur de Tchebychev .... ...... ... ....... .. .. ...... .
Xlll 11 siècle~ L'horlogerie .. .... . .. .. .. .. . ... .. .. . .. . .. . .. .. .. ..... . .. .. ... 2e 1885 • L'Amérique entre en scène ... ........ .................... .. .. 't!J

1889 • La multiplicatrice directe ........................ ........... .. 5D

1890 • Début de la mécanographie ............. .................. .. 51


I I. Machines mécaniques ... .. ......... ... 3 a
lntraductian ........ ... ..... ........................................... .... ... 31

1614 • Logarithmes et bâtonnets ...... ... ........... ...... ......... . 32 I I I. Le début du XXe siècle ............. 5 LI
1623 • Ébauche de la première machine à calculer ......... . l'i Introduction ........ .......... ... ............ ........... ........... .... ...... . 55

1630 • La règle à calcul .. .......... .. ..... ............ ........... .. ...... . 35 1904 ~ Diode et triode ....... ............................. ............... . 5l

1645 • La Pascaline ....... ... ...... .. ...... ................... ... .. .. ...... . 36 1905 • Nomographie de M. d'Ocagne .. .... .... .... ... .. .... .. .... . se
1669 • Barrême publie ses barèmes ............. .. ... ..... ...... ... 39 1913 • Totalisateur de paris mutuels ............. ......... ........ . 5!J

1694 • Multiplicatrice de Leibniz ..................... ......... ...... . 'tD 1918 > Bascule « Flip-Flop » ............................................ . 6D

1793 • L'usine à calcul de Gaspard de Prony ........................ . 'il 1920 ~ Leonardo Torres-Quevedo ................................... . 6D

1 l1 li
l
- B - Histo ire illustrée de l'inJ:armatique

1920 >Calculateurs humains .... ........... ..... ............. ......... . 6D 1948 >Les pionniers britanniques:
1920 >Apparition du robot ...... .............. ......... ........... .... . 62 Baby, ED SAC et les autres .. ... .. .. .... ... .. ... ..... . ... .. .... 92

1927 • Un cerveau d 'acier ... ... .. ........... .... .. .... ...... ....... .. .. . 62 1948 > Premier programme enregistré . .... ... .. ... .. . ... .. ... ... . 96

1928 >Carte perforée à 80 colonnes ...... ......... ........... .... . fii! 1948 >Cybernétique de Wiener ... ... ... .. .... .... . .. .... .. . ... .. .... 96

1928 >Problème de la décidabilité .. .... .. .......... ...... ......... . 6'i 1949 > Dispositifs de mémorisation . .. ... ... ... .. ... ... ... ... .. .... 9l

1930 >Analyseur différentiel .... .. ... .. ........ ....... ........... .. .. . fi'i 1950 >Les codes de Hamming .. ... ... .. . .. ... . ... .. ... ... .. . .. ... .. .. 9B

1933 >Cartes perforées: la maturation des machines ..... 66 1950 • Une révolution mondiale .. .... .. .. .... ... .. ... .... .. ... .. .... 1a2

1937 >Alan Turing .... ............. .. .. ......... .. ..... ..... .... ..... ...... . fil 1951 >Premiers ordinateurs en URSS ..... ...... ............. ...... 1a2

1937 ,.... p rem 1er


. c1rcu1
. "t b"1na1re
. ............ ............... .................... . 69

1938 >Claude Shannon: des circuits binaires


a' 1a t h eor1e
, . d e I'"1nf ormat1on
. ........................ ....... .. 69
V. L'ère des << gras systèmes >> :
1948 • Calculatrices Curta ........ .... .. ..... .... ........ ....... .... .. .. . lD du Whirlwind à la lai de Maare ........... lDLt
lntraductian ... ... ... ... .. ... ... ... ... .. .... ... .. ... ... ... .. ... ... ... ... .. .... 1a5

1950 • Augmenter la productivité . .. . .. .. .... .. .. . .. . .... ... .. .. .. .. 1a1


IV. Les premiers ardinateurs ......... li! 1951 >Premiers ordinateurs commerciaux:
lntraductian ... ... ... .. ..... .. ... . ..... .. ... .. .... ... .. .. .... ... ... ... .. ... .. . 13
le Ferranti Mkl ..... .... ....... ............ .... .... .. ... ..... ...... 1a1
1940 >Calculateur ABC: Atanasoff-Berry Computer .. ... ... lS
1951 • Premiers ordinateurs commerciaux: l' UNIVAC 1 . . . 1ae
1940 >Les calculateurs de Konrad Zuse ... ... ..... ...... ... ...... . 16
1951 >Premier ordinateur temps-réel :
1938-1943 • Décryptage d' Enigma . .. .. . ... ... .. . ... .... . .... .. ... 11 le Whirlwind au MIT .. .. . .. ... .... .. .. .... ... .. .. . ... ... ... .. .... 111
1943-1945 • Colossus : décryptage des machines Lorenz .. lB 1951 • Premiers ordinateurs lBM ......................... .. . ... .. .... 112
1944 >Calculateur Harvard Mark 1.... .. . .. ... ... .. .. .. .. .... ... .. ... ea 1952 >Calculateur Bull Gamma 3 . .... .. .. .... ... .. ... ... ... ... .. .... 113
1945 >Vannevar Bush et !'hypertexte . .. ... ... ... ... ... ... .. .. . ... B'i 1952 • Premiers ordinateurs commerciaux:
1945 >ENIAC .... ... .. ... ... .. . ... .. .... .. ... .. .... ... .. ... .... .. .. .. .. ... .. .. . B'i LEO, l'ordinateur des salons de thé ... .. ... ... ... ... .. .... 113

1945 >Rapport de von Neumann . .. .. ... .. .. . .. . ... ... ... ... ... .. .. . B9 1952 • Le tambour magnétique .... ... ... .. .... .. .. ... .... .. .... . .... ll'i

1946 > Méthode de Monte-Carlo .. ... .... .. ... ... ... ... .. ..... . ... ... B9 1953 >Mémoire à tores de ferrite ... .... ......... .................... 11'i

1947 >« Bug » sur le Mark Il ........ ............ ......... ...... ..... ... .. 9D 1954 > Théorie des Algorithmes .. ... .... .. .. ..... . ... .. ..... .. .. ... .. 115

1947 >Transistor au germanium .. .... ... ... .. ..... .. .. .. .... ... .. .. . 9D 1954 > t:informatique avant les ordinateurs: un centre
1947 >Tube de Williams-Kilburn .. .. .. .. . .. ... .... .. ... .. ... .. .. .. ... 91 de traitement bancaire dans les années cinquante .. 115

1948> 1BM604 ............. ......... .................... ..... ...... ..... ..... 91 1954 > Premier ordinateur français: « CUBA » de la SEA .. 116

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Sammaire - Hist:aire illust:rée de l'inl=armatique - 9 -

1954 • Le transistor bon marché .... .. .... .. ... ... .... . ..... . ... .. ... 11e 1962 • Naissance du terme informatique . ... .. .. .. ... ... .. ... ... 13e

1955 • Avènement des transistors: 1962 • IBM SABRE:


la « deuxième génération » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11e le premier système de réservation en ligne . ... .... .. 13B

1955 • IBM 650: apparition en France de l'ordinateur ...... 122 1962 • Courbes de Bézier .. . .. .... ... .. .... .. ... .. ... .... ... .. ... ... ... .. 13!1

1956 • Le disque dur .......... .. .......... ................................. 123 1962 • Spacewar! . ... .. .. ..... .. .. .. .. ... .. .. .... ... ... ... . .. .. ... ... ... ... .. 13!1

1956 • Genèse des systèmes d 'exploitation .. .. ... .... ... .. .. ... 125 1962 • Système STRIDA: la défense aérienne .. .. ... ... ... ... .. l'fa

1956 • L'intelligence artificielle .. ..... .. .. ... ... .. .. .. .. ... ..... . .. ... 125 1962 • Atlas et la mémoire virtuelle ..... .. .. .. .. . .. .. ... ... ... ... .. l'fa

1956 • The General and Logical Theory of Automata .. .. ... 12& 1963 • Infographie ............... ........................................... l'f2

1957 • FORTRAN .. ... ... ... .. .... .. .. . .. .... .. .... .. ... ... .. ... .... .... . .. ... 126 1963 • Pilotage et conquête spatiale ... ............................ l'f3

1958 • Maintenance et fiabilité .. .... ... .. ... .. . .. .. ... . .... ... .. .. ... 121 1963 • Code ASCII ... .. ......... ............................................. l'f'f

1958 • Ordinateur ternaire Setun ... .. ... ... ... .... . ... .... ... .. ... .. 12e 1963 • Formation des informaticiens .. .... .. .. . .. . .. ... ... ... ... .. l'f5

1958 • Premier circuit intégré .. .. .... .. .. .. ... .. .... .. .. ... .... .. .. .. . 12e 1963 • Chèque à lecture magnétique CMC7 ... .. ... ... ... ... .. l'f6

1958 • Début du traitement de texte .... .. ... ... ... .. .... .. ... .. ... li!!I 1964 • IBM System/ 360 .. . .. ... .... .. .... . .... .... . .... . .. .. .. .... ... ... . . l'f6

1959 • IBM 705 : le traitement de masse dans la banque . .. 13a 1964 • Langage BASIC .. ... ... . .... ... .. ... ... ... ... ... ... ... .. .. .... ... .. 1sa

1959 • LISP ... .. ... .. ... ... .. ... ... .... ... .. ... .. .... .. ... ... ... .. .... .. .... . ... 13D 1964 • Superordinateur CDC 6600 .. ..... .. .. ... .... .... ... .... ... .. 15a

1959 • Parametron . ... .. .... .. ... .... . .... .. ... ... ... ... ... .. ... ... .. . .. ... 13a

1959 • PDP- 1 de DEC . ... ... ...... .... . ... .. . .... .. ...... ... .. ... ... ... .. .. 131

1959 • CAB 500 de la SEA: VI. Les mini-ordinateurs ....... .............. 1s2
un ordinateur personnel interactif . ... .... . ... . .. .... . ... 131 lntraductian ............ ...... ..... .......................................... . 153

1960 • Analyseur différentiel à EDF . .... .. ... ... .... . .. . ... ... .. ... 133 L'évolution des ordinateurs: une question
1960 • Ordinateur analogique électronique ... ........... ...... 133 d e , ' .
generat1ons 7
. . .... ......... .... ......... ... ............................ . 156

1960 ~ COBOL . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13't 1963 • L'interface avec l'ordinateur: le téléimprimeur .... . 151

1960 • Transistor à effet de champ . .... . ... ... .... .. .. ..... .. .. ... .. 13'f 1965 • Loi de Moore ........................ ..... .......................... . 151

1960 • ALGOL 60 ... ........ .... ..... ........... ............ .... ....... .... ... 13'i 1965 • Algorithme FFT .. ..... ............................................ . 15!1

1960 • Olivetti Elea 9003 ...... .. ... .. .... . .. . ... ... .... .. .. . .. .. .. .. .. ... 135 1965 • PDP-8 de DEC .................................................... .. 161

1960 • Bull Gamma 60 . ... .... .. .... .. ... .. .... ... .. ... ... .. ... ... .... . ... 135 1965 • Olivetti Programma 101 ................. ..................... . 162

1960 • 1BM 1401 : le best-seller .. ... ... .. . ... ... ... .. ... ... ... .. . .. ... 136 1965 • L'ère des systèmes ... ........................... .... ............. . 162

1961 • IBM 7030 Stretch ..... ..... ........................ .... ... ......... 131 1966 • Le Plan Calcul ........... .................................. .. ...... . 163

1961 • CTSS: l'invention du Time-Sharing .. .. ... .. .. .... .. .. . .. . 13B 1966 • Invention de la DRAM ................................. .. ...... . 16'f

1 l1 li
l
- 10 - Histo ire illus tré e de l'in J:arm atique

1966 >Modem acoustique .. .. ... .. .. .. .. ... .. .. . ... ... ... .. .. .. ... .. .. . 16'i 1972 • La HP-35 :
1967 >Langage Logo .... ........ ..... ...... .... ....... .... ................ 165 une calculatrice électronique scientifique .... ....... . lBO
1
1967 • Début d une société de services ... ... .. . ... .. ..... .. ... .. 165 1973 • Ethernet ..... ..................... ... ....... .......... ..... .......... . lBO

1968 • The Art of Computer Programming . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . 165 1973 >Invalidation des brevets de l' ENIAC ...... ............... . 1B1

1968 • Dendral, un système expert . .. .. ... .. .... .. ... .... .. ... .. ... 166 1973 • La miniaturisation ..... ..... ..... ...... ... .... ................... . 1B1

1968 • Le génie logiciel ... ... . ..... .. ... ... ... .. .. . .. ..... .. .. ..... .. .. ... 166 1973 • Puce RFID ...... .... ... .. .............. .... ... ... ...... .............. . 1B1

1968 >Dijkstra : de la crise du software 1973 • La téléphonie mobile analogique ....................... .. 1ei!

à la programmation structurée .. ... .... .. ... ... ... ... .. ... 161 1973 • Code-barres .......... .... .... ...... ......... ...... ... ...... .... ..... 1e2

1968 • Démode la souris .. .. ... .... .. ... ... . .. ... .. .... ... .. ... .. . ... .. . 16B 1974. Affaire SAFARI : création de la CNIL .... ... ....... ...... ... 1e2

1968 >Mémoire cache .. .. .. ... ... ... ... .. .. .. .. . .. .... ... .. ... ... ... .. ... 16B 1974 • Microprocesseur 8080 ...... .. ... .. .. .. ... .. .. ... .... ... .. .. .... 1B3

19 6 9 >AR PAN ET . ... ... ... ... .. ... .... .. ... .. .... ... .. .. .. ... .. .. .... ... .. ... 1 &9 1975 • Bases de données relationnelles, SQL ................... 1B5

1969 ~ Logiciel ......... . .... .. ......................... ....................... 111 1975 • The Mythical Man-Mon th ......... .. .......... ................ 1B5

1969 • Unbundling: 1975 • Réseau Cyclades . .... .. .. ... ... ... ... .. .... ... .. .. . ... ... ... .. ... . 1e&

dégroupage du matériel et du logiciel .. ............. ... 111

1969 • Langages de programmation: une tour de Babel . 11i!

1970 • De « IBM et les 7 nains » au BUNCH ... .... ....... ..... .. .. l li! VII. La micra-infarmatique ......... .... 1ee
1970 • Le jeu de la vie ... .. .. ... ... ... ... .... .. .. ... .... .. ... .... .. .. ... ... 113 lntraductian .................................................................. 1e9

1970 • PDP-11 de DEC: les minis transforment l essai ..... 1


113 1971 >Kenbak- 1 ..... .... .. ......... .. ........ ........... .... ...... .... ...... 191

1970 ~ Unix ... ...... .... ...... .. ........... .............. ... .... .. ..... .... .... . 113 1973 • Le Micral de R2E .... .. .... ..... .. ....... .. .... ....... ........ .... .. 191

1970 ~ Disquette .. ... ...... ..... ...... ........ ... .. ...... .... ... ........ .... . 115 1973 ~ Le MCM/ 70 .... .. ..... ..... .... ......... ......... ...... .... ......... . 193

1970 >Pascal .. ........ ... .. ..... ..... .. .. ......... .... ...... ...... .. .... .... .. 116 1974 >Carte à puce mémoire ......... ...... ........ ... ...... .. ....... . 193

1971 • Premier email ..... ... .. .... ... ....... .. ... .... ... .... ...... ...... .. 116 1975 • L'avènement des microprocesseurs ....... ........ ...... . 193

1971 • Théorie de la NP-complétude ...... .. ....... ............... . 116 1975 • Prem1ers


. k.1ts d e micro-or
. d.1nateurs ........ ... .......... . 19'f

1971 • Microprocesseur 4004 .... ... .......... ......... ............. .. . 111 1975 >Smaky, le petit Suisse ... .... .... ..... ..... ..... .. .. ... ........ .. 196

1971 >La << Silicon Valley » ... ....... ... ...... ....... ... ..... .... .... .. .. . 11B 1975 >Revues informatiques ............. ............................ . 196

1972~ Pong .................... ......... ........... ................ ........... . 11B 1975 • Microsoft .. ..... .. .. ........ ............. ..... .... ....... ... ......... . 191

1972 >Une nouveauté: l écran-clavier ....... ....... ............. .


1
119 1975 • Système d 'exploitation CP/ M .... .......................... . 199

1972 • Nouveaux langages, nouveaux paradigmes 1976 • Microprocesseur 280 .......................................... . 199

de programmation ................. ................. .. ......... . 119 1976 • Cryptographie à clé publique .... .. .... ..... .......... ... ... 200

1 1
1 ,1 1
1 11 1- •
1 -
'
Sammaire - Hist:aire illust:rée de l'inl=armatique - 11 -

1976 • Imprimante laser . .... ... ... . .. .. .. ..... . ... ... .. . .. ..... . .. . .. .. . 2aa 1984 • Le cédérom .. .. .. .... .. .... ... .. .. .... ... ... .. .... ... .. .. .... .. .... .. 219

1976• Crayl ... ......................... ......... ............ ........... ....... 2a1 1984 • Psion Organiser 1 . . . ... . . .. . .. ............. . . ... . . . .. . .. . . • . . . . . . . . 22a

1977. Apple Il .. .. .. ... . .... .. ... ... ... . .. ... .. ... ... ... .. .. .. . . ... ... .... . ... 2D2 1984 • Macintosh ...... ......... ............................................. 22a

1977 • Mini-ordinateur VAX-11 / 780 .. .. ... ... ... .. .. . .... ... .. .. ... 2D5 1985 • Gigatl ops .. .. ... .. .... ... ... ... .. ... .... .. ... ... ... ... .. ... ... ... ... .. 222

1977 • Premiers jeux d 'aventure . .. . ... .. ... ... ... .. .. . ... .. .. ... .. .. 2D6 1985 • Manifeste GNU .. .. .. .. ... ... .. ... .. .... ... .. .... ... .. .. .... .. ..... . 223

1977 • Carte à microprocesseur Bull CP8 ... ... .... . .... .. ... .. ... 2D6 1985 • Plan informatique pour tous .. .. .... . .... ... .. .. .... ... .. ... 223

1977 • Numérique mobile ...... .... ........... .. ...... .... .. ..... ....... 2Dl 1985 • Symbolics.com .... .... .... ................... ...... .. ..... .. ....... 223

1978 • Rapport Nora-Mine .. .. ... .. .... .. .... .. ... ... ... .. .... ... .. ... .. 2Dl 1985 • Le i386 et la miniaturisation . ..... .. ... .. .... .. ... ... .. ... .. . 22'i

1978 • Les microprocesseurs 16 bits .................. .............. 2ae 1987 • OS/ 2 d'IBM ........ .... ......... ................ ..... ..... ........ .... 22'i

1978 • Transpac: un réseau numérique de données . ... . ... 2D9 1987~ GSM ........ ....... .. ... ..... .................. ~ ....... ~ ...... ........... i!i!S

1978 • Jeux vidéo d'arcade ..... . .. .... ... ... .. ... ..... . .. ... .... .. .. ... 21a 1987 • Taïwan monte en puissance . .. ... .. .... .. . .. ... .. ... ... .. ... 225

1978 • Computerized Bulletin Board System ... ......... ......... ... 211 1988 • Premier ver Internet ............................. .. .............. 225

1979 ~ VisiCalc . . . . . . . ... . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . ... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 211 1991 • Naissance de Linux .... . .. ..... ... ... ... .. ... .. .. .... . ... . .. .... . 226

1979. ADA .... ....... ......... .......... ...... ........ .. ....... ... ............ . 212

1980 • Progiciels mathématiques ... ................ .. ............... 212


V I I I. L'ère des réseaux
1981 • Fondation de Logitech ... .. .. . .. .... ... .. .... .. .. ... .. .. .. .. . .. 212
, .
1981 • Les premiers portables . .. ... . ... ... .. ... ... .. . .. ... .. .. ... .. .. 212 numer1ques ......................................................... i! i! e
1981 t IBM PC ........................ .............. ......... ......... ...... .. . 2l'i lntraductian .............. .................................................... 229

1981 • ZX-81 : le micro-ordinateur bon marché ........ ....... 215 1993 ~ Le Web et l'ouverture d'Internet .............. ........... 236

1981 • Microprocesseur RISC ......................................... . 216 1993 • Cisco ...... ...... .... ..... ................ ......... ... .... ...... ..... .... 23l

1981 • La cinquième génération ... ..... .. .. .... .. ..... ......... ... .. 216 1993 • NCSA Mosaic . .. .... .. .. . .. .. ... ... . ..... .. ... . ... .. ... .. .. .. .. ... .. 23l

1982• Le Minitel ............................................... ....... ...... . 216 1993 ~ Architecture client-serveur . . .. .. ........ .. .. .... . .... .. .... . 23l

1982 • ' . ~
Emot1cones .... ... ........... ... ..... ......................... ....... 2ll 1994 • Netscape Navigator ... . .. ... .. .... .. .... . .... . .. ... . ..... . .... .. 23B

1982 • Semi-conducteurs: 1994 ~ Cookies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23B


, . . .
une guerre amer1cano-Japona1se ........... ..... ........ . 2ll 1994 • Algorithme quantique .. ... .. ... ... .... .. .. .. .. .... . ... ... ... .. 23B

1982 • Commodore 64 ........... ......... ..... .. ....... ....... .. ..... ... . 21B 1994 ~ OR-code . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . i!l!I

1982 • Magazine TIME: l'ordinateur « Man of the year » .. . 21B 1995 ~ Le langage PHP .. ..... ................ ........ .. ... ........... .... . 239

1983 • Wargames, le film ........ ......................... ......... ...... . 21B 1995 ~ Le langage Java .... .. .. .. .. ... .. .. .. .. ... ... . ..... .. .. .. . .. .. ... .. 2'iD

1983 • Le langage C++ ...... ... ...... ..... ................... ............ . 21!1 1995 • Javascript . ... ... . .... ... ... . .. ... .. .. ... .... ... .. .. .. .... . .... .. ... .. 2'iD

1 l1 li
l
- 12 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique

1995 • Yahoo! ... .. .. . ... ... ... ... . ..... .. ... .. . .. . .. .. . .. ... .. .. .. ... ... ... ... 2'iD 2007 >Réseaux sociaux . ... .... .. ... .. .. .. ... .. .. .... ... .. .. ... .. .. .. ... . 253

1995 >altavista.digital.com . .... ... .. .. .. .. ... .. .. . .... .. .. .... ... .. .. . 2'iD 2007 >Stockage flash . ... ... ... ... .. ... ... ... .. .... ... .. ... ... ... ... .. .. .. 253

1995 >Amazon.com .. ... .. .. . .. .. .. .. .. .. .. . .. ... .. .. .. ... .. .. .... ... .. .. . 2'il 2007 >iPhone .. ... .................... ... ................. .................... 253

1995 • Le DVD-ROM . .... ... ... . ..... .. .. ... .... ... .. .. .... ... .. .... .. ... .. . 2'il 2007 >Wikileaks .... ... ... .. ... ... .. ... ... .. . ... .. .. .. ... . .. . .... .... .. .. .. .. 253

1995 >Windows 95 .. . . . . .. . .. .. . . . .. . .. . . . . . . . . .. .. . .. . . . . .. . . . . .. . . . . .. . .. 2'il 2008 > Pétaflops .... ... .. ... ... ... .. .. . .. . ... ... .. .... ... .. .. . .. . .... .. .. ... . 255

1996 >Le Network Computer .......................................... 2'i2 2008 >Applications innovantes .. ... . ... .. .... ... .. .. .. .... . ... .. .... 256

1996 • Explosion d 'Ariane 5 : le coût du bogue .. ... ... ... .. ... 2'i2 2008 >Bitcoin .. .. .... ... .. ... ... ... ... .. ... ... ... .. .... ... .. .. . .. . .. . ... .. .... 256

1996 >La Chine entre en scène ... .. ..... .. .. .. . .. .. . ... ... ... ... .. . .. 2'i2 2010 >Le big data ........................................................... 256

1997 >Deep Blue bat Kasparov .. ...... ... ........ .. .. ... ..... .... . ... 2'i3 2010 > L'apprentissage profond ... .... ....... .... .. .... ...... ....... . 256

1997 >Téraflops ....... . .. .. .. .. . ... .. . ... .. ... ... ... .. ... .. .. .. .. .... ... ... .. 2'i5 2010 >Virus Stuxnet . .. .. . ... ... . .. .. .... .. ... . .. ... .. . .. ... ... ... .. . .. .. .. 251

1997 >Bluetooth et WiFi .. .. .. .. .. .. .. .. .. ... ... .. .. .. .. .. . ... .. . ... .. .. . 2'i5 2010 >Flash crash boursier .. .. .. . .... ... .. .. .. .. ... .. .. ... . .. . ... ... ... 251

1997 >Goog le .. .. .. . .. .... .... .. . ... .. .. .. ... .... .. .. . .. . ... ... .. . ... .. .. .. .. 2'i5 201 O >Huawei: apparition d' une multinationale ... .. ... .... 25B

1998 >ICANN: la gouvernance d 'Internet ..... .. .. .. .... ... .. .. . 2'i6 2011 >Stockage en ligne : le c/oud computing .. ... .. ... .. .. .. 25B

1999 >Napster et le peer-to-peer ...................... ... ... ... .. ... 2'i6 2011 >Watson gagne Jeopardy! ..... .. .. ... ... .. . .. ... ... .. .. .. .. .. .. 26D

2000 >Bogue de l'an 2000 .. .. .. .. . .. ... .... ... .. .. ... .. .. ... ... .. . .. .. . 2'il 2012 • Imprimante 30 .. .. . . . .. .. .. . .. . .. . . . . . .. .. . . . . . .. . . . . . .. .. . . . .. .. . 261

2000 >La bulle Internet éclate . ... .. ... ... ... .. .. . .... .. ... ... ... .. .. . 2'il 2013 >Réalité augmentée, réalité virtuelle ...... ... ............. 261

2000 • Déni de service distribué ..... ........ ... .. .... ....... .... .... . 2'iB 2013 >La NSA et Edward Snowden .. ... .. ... .... .. ... .. ... ... .. .. .. 262

2000 >Clés USB .... .. .. ... .. .. .. .. ... . ... .. .. .... .. . .. .. . .. .. .. ... .. .. .. ... .. 2'iB 2014 >Objets connectés .. . ... .. .. .. .. .. . .... .. .. . .. .. .. ... .. .. .. .. ... .. . 263

2001 >iPod et iîunes d 'Apple .......................................... 2'i9

2001 • Wikipédia .......................................................... .. 2'i9

2002 >BOINC et SETl@Home ... ........ ..... ....... ... .... .. .... .. ... .. 25D

2003 >Passage aux 64 bits .. .. .. . .. .. .. . .... ... .. .. . .. . .. . .. .... .. .. .. .. 251


Annexes ..... ............................................................ i!6 s
2005 >IBM cède ses PC à Len ovo ... .. ... .... .................... .... . 251
Les performances au fil du temps .. .. ....... ......... ...... .. 266

2006 >Multiprocesseurs .. .. .. .. .. ... .. .. .. .. .. .. .. .. .... . .. .. .. . ... ... .. 251 Bibliographie ............................................................... 26e

2006 >Les « nana-ordinateurs » .. .. . .. .. .. .. . .. . . .. . . .. .. .. . . .. . . .. .. 252 Musées et collections ................................................ 211

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13 -

e livre s'inspire d 'un doubl e constat. D'une part, nous ceux qui ont connu les spectaculaires mainframes clignotant d'in-
ba ignons dans une civil isation transformée par l'infor- nombrables boutons actionnés par des technicien s en blouse
matique et nous utilisons tous des appareils numériques blanche, ou les premiers micro-ordinateurs à monter soi-même,
dans notre vie quotidienne, mais nous ignorons souvent leurs et su rtout à tous ceux qu'a niment la curiosité et le plaisir de la
origines et les projets, les visions qui ont inspiré leur développe- technique, nous souhaitons offrir une initiation par l' hi stoire au
ment. D'autre part, ces t echnologies sont devenues des enjeux développem ent d e ces systèmes qui ont transformé la société,
économiques et sociaux gigantesques, et le discours marketing bouleversé l'économie et alourdi nos poches tout en allégeant
qui les enrobe est plus fait pour conditionner des consommateurs nos porte-monnaie.
que pour éduquer des citoyens libres.
L' histoire d e l'i nformatiqu e a ét é très étudi ée depu is une
Les ordinateurs so nt des « mach ines de von Neumann », du quarantaine d'années: des colloques ont réuni les pionniers qui
nom du grand mathématicien qui a défini leur architecture en voulaient transmettre leur expérience aux générations futures,
1945, puis fondé la t héorie des automates, lançant ainsi un véri- de j eunes historien s y ont consacré leurs thèses, une revue et un
table programme de recherche-développement qui se poursuit centre de recherch e spécialisés ont été fondé s aux États-Unis,
sous nos yeux. Or qu i, parm i les étudiants en informatique, sait qui des associations, des col lections, bientôt des musées ont vu le
était von Neumann et en quoi il a contribué à transformer notre jour à travers le monde. Aujourd'hui, plusieurs centaines de livres,
vision du monde, en m ême temps que son j eune ami Alan Turing ? plusieurs mil liers d'articles, d 'i nnombrables vidéos en ligne sont
Auj ourd' hui où le terme numérique supplante le mot informa - consacrés à divers aspects de l' histoire de l'informatique, et plus
tique (pourtant numérique s'appliquaitjadis à la mécanographie à personne ne saurait les connaître tou s - d'autant que leur qualité
cartes perforées!), l'ordinateur lui-même semble disparaître sous va du m eilleur au pire.
des couche s de plus en plu s épaisses de logiciel et de fonction s Ce livre veut offr ir une synth èse de l'évo lution mondiale
de communication, photographiques et ludiques. Comme si son d e l'informatique, en l'élargi ssant bi en au -de là de la scè ne
acceptation universelle et l'augmentation consécutive des chiffres anglo-américaine où l' historiographie s'est généra lement can -
de vente ne pouvaient résu lter que d'un obscurcissement de la tonnée. Bien entendu, une grande place y est donnée aux progrès
î

technique. initiés en Angleterre et aux Etats-Unis qui ont souvent imprim é


C'est pour démyth ifier l'informatique d'aujourd'hui que nou s leur rythme à l'innovation et servi de modèle dans d'autres pays.
avons voulu présenter celle d'h ier à travers un large voyage dan s De bon s historien s leur ont consacré d 'excellents volumes. Mais
le temps. Aux étudiants, aux enseignants, aux ingénieurs, à tou s notre ouvrage veut innover en montrant aussi les réa lisations, les

2. En plus de nos propres recherches, une grande partie de notre texte se fo nde sur les travaux des historiens spécialisés ou su r les écrits des acteurs de cette histoire. li n'est pas
possible de les citer tous ici et nous avons dû brider nos réflexes universitaires, qui auraient conduit à multiplier les notes de bas de page sous chaque notice pour référencer
nos sources. Le lecteur intéressé par ces références pourra se reporter à nos autres publications et consulter la bibliographie à la fin de l'ouvrage.

11
'•
111
- l'i - Histoire illustrée de l'inJ:armatique

avancées, les usages en Europe et dans d'autres régions du monde. que quelques individus imaginent des solutions voisines, chacun
Cette ambition est inévitablement limitée par la dimension du croyant d'abord être le seul à y travai ller.
livre, et il serait d'ailleurs lassant de multiplier les images de salles Les dates indiquées ne sont donc pas nécessairement celles
informatiques des années 1960 dans le vain espoir de représenter de l'invention des techniques, mais souvent celles où les objets
le monde entier ! Nous souhaitons plutôt donner une idée de qui les incorporent se répandent sur le marché. Ainsi, sans rien
phénomènes globaux qui forment la trame de cette histoire: les enlever au mérite de Douglas Engelbart ou des développeurs du
processus de diffusion d'innovations sur la planète; la synergie de Xerox Park, le système souris-icônes-écran graphique n'est devenu
l'offre et de la demande, beaucoup plus éclairante que les lamen- vraiment significatif qu'avec la commercialisation du Macintosh en
tations sur « le retard technique » dont chaque pays se plaint tour 1984. Soit près de vingt ans après le début des recherches, ce qui
à tour; les inventions simultanées ; le caractère presque toujours souligne au passage l'importance du temps long dans un domaine
collectif de l'innovation. où l'on ne voit souvent que l'immédiateté. On peut en dire autant
Quelques remarques sur la conception de notre ouvrage. du développement des technologies logiciel les.
Écrire une histoire, ce n'est pas relater tous les faits (le livre se Cette approche se traduit parfois dans notre choix d'illustra-
confondrait avec le monde), mais sélectionner et construire des tions. Si l'on a mis la photographie d'une règle à calcul du xxesiècle
faits représentatifs, en les plaçant dans un récit mais sans leur sous la notice de William Oughtred (1630), plutôt qu'une image
imposer p lus de logique, de cohérence que l'histoire n'en com - d'époque, c'est à dessein pour souligner la longue durée d'usage
porte. Dans le tissu historique, dates, inventeurs, entrepreneurs, de ce petit instrument intelligent qui permit longtemps de se pas-
idées, objets sont comparables à des nœuds où s'entrecroisent ser de machines compliquées. Il en va de même pour les images
des fi ls de plusieurs textures, représentant des lignes de force, de « robots », quelques chapitres plus loin.
reliant des ressources, des idées, des cultures. Le découpage chronologique met l'accent sur les grandes
Ce livre n'est pas une liste de « premières ». La question « quel nouveautés caractérisant chaque période. Il n'est là que pour la
fut le premier ordinateur ? » (ou le premier transistor, etc.) pré- commodité de l'exposé, en permettant de commencer chaque
sente certes un intérêt légitime pour les inventeurs qui déposent partie par une introduction au contexte socio-politique et aux
des brevets ou les chercheurs qui veulent être reconnus, comme modèles économiques alors en vigueur. Il souligne les change-
pour les organisateurs de commémorations. Mais elle est d'intérêt ments irréversibles, mais ne doit pas faire oublier les continuités
secondaire pour les historiens qui accordent autant de considéra - sur le temps long, les tendances lourdes, le fait que les techniques
tion aux processus d'innovation et à la diffusion des techniques anciennes continuent à évoluer, plus ou moins en concurrence
dans la société, dans les usages - diffusion qui seule donne sa avec les nouvelles. Ainsi l'un des plus fameux mini-ordinateurs,
véritable signification historique à une idée, si brillante soit-el le. le VAX, apparut la même année que le micro-ordinateur Apple Il,
D'autre part la question des « premières » se complique du fait tandis que l'on utilisait encore des cartes perforées remontant à
que l'invention simultanée est la règle, l'invention unique par un l'industrie texti le du xv111e siècle. Selon la formu le admirable de
génie solitaire, l'exception. On le comprend facilement : dans un l'auteur américain de science fiction Raymond Cummings, « le
monde où un même problème se pose en différents lieux (par temps est ce qui empêche les choses d'advenir toutes à la fois. ».
exemple calculer plus vite avec moins d 'erreurs}, et où des cen - La sélection des personnages - chercheurs, inventeurs, entre-
taines, voire des milliers de techniciens et de scientifiques ont preneurs - comporte inévitablement une part d'injustice, alors
des formations et des savoir-faire comparables, il est prévisible que les acteurs de cette histoire sont innombrab les, beaucoup

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Intraductian - H ist:aire illustrée de l'in l=c r mati que - 15 -

étant d'ailleurs restés anonymes. Nous avons donné la priorité par la volonté des banques de dématérialiser les paiements. Ce qui
à ceux dont il semble indispensable de rappeler le rô le, aux plus reflète non seulement leur stratégie de réduction des coûts, mais
emblématiques d'une époque ou d 'une avancée. Parfois en les aussi la véritable utopie d'une « société sans argent » (matériel)
démythifiant pour clarifier ce qu'ils ont rée llement apporté. où l'on peut acheter quand on veut, consommer à toute heure. La
Un objet numérique résulte toujours de croisements mu ltiples carte à puce est éga lement devenue un instrument d'identifica-
entre des techniques diverses, des intérêts économiques, souvent tion, un outil de contrôle et de sécurité, donc un enjeu politique.
aussi des visions sociales ou politiques. Prenez par exemple la carte Sous une forme miniaturisée (carte SIM), elle est au cœur de nos
à puce, ce petit objet fam ilier. Elle hérite des anciennes cartes téléphones portables, donc de notre aptitude à nous connecter au
porteuses d 'informations - cartes de visite dont elle a gardé réseau mondial Internet où que nous soyons - enfin .. . presque
le format, cartes perforées de la mécanographie. Elle contient partout. Et le cryptage des communications nous renvoie à Alan
trois technologies très différentes: des gravures en relief, lisibles Turing, à l'irruption des mathématiques dans la guerre. Bref, votre
mécaniquement; une piste magnétique inspirée des bandes de carte à puce est un condensé d'histoire contemporaine!
magnétophones; et un microprocesseur, véritable ordinateur Nous espérons que vous pourrez découvrir, dans chaque per-
miniature. Le développement de ce petit chef d'œuvre technique a sonnage et dans chaque objet, de semblables nœuds de re lations
été motivé à la fois par le désir de réduire la fraude et de sécuriser avec la vie d'une époque, pour mieux comprendre le présent et
les transactions, d'où les algorithmes de cryptage qu'elle recèle; et imaginer l'avenir.

1 l1 li
• 1l 1 1 l
Chapitre l - L'antiquité du ca lcul - 1 l -

ès les temps préhistoriques, certa in s humains ont


éprouvé le besoin de compter. Remontant parfois
jusqu 'à 20 000 ans, plusieurs artefacts portant des
encoches, souvent des os d'animaux, ont été retrouvés. On peut
y voir la naissance du nombre, utilisé pour indiquer le résu ltat de
la chasse ou compter les jours de la luna ison. Voire y déceler les
prémisses de l'arithmétique: nombres premiers, changement de
base? Mais peut-être ces interprétations ne proviennent-elles
que du prisme du désir, amenant les mathématiciens à lire ces
objets à travers leurs propres convicti ons. On sa it seulement
(mais là on marche sur les œufs fragiles du comparatisme) que
chez certains peuples « prem iers », on ne compte que jusqu'à
trois : un, deux, trois, beaucoup .. . Dans maintes langues tradi -
tionnelles existe une catégorie grammaticale du « duel » pour
désigner deux choses, qui s'oppose au singu lier et au plu riel; elle
est probablement fondée sur l'observation des paires naturelles
(deux yeux, deux bras, etc.). li y a même dans certaines langues
d'Australie une catégorie grammaticale du « t rie! » (trois choses).

C'est avec le passage au néolithique, quand des communautés


humaines sédentarisées s'organisent en sociétés plus nom-
breuses et complexes 1 avec une division du travail nécessitant
échanges réguliers et adm in istration, que l'on développe le
calcul, la mesure et la géométrie pour répondre à des besoins
p ratiques. Les archéo logues ont trouvé au Proche -Orient de
petits jetons de pierre ayant manifestement servi à compter (ca/-
culi), remontant au VIIe millénaire avant J.-C. Les plu s anciennes
traces de chiffres datent du IVe millénaire avant J.-C., gravées
en écriture cunéiforme de l'ancienne Mésopotamie. ,
D'autres
presque aussi anciennes ont été découvertes en Egypte et à
Boulier chinois.
Suze, au sud de l'Iran.

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- l B - Histoire illustrée de l'inJ:armatique

Le lecteur d 'aujourd'hui doit faire effort pour se projeter men- guère que de compter et d'enregistrer des grandeurs limitées.
talement dans un monde ancien où rien n'était normalisé. Les Les Romains apportèrent une petite amélioration : pour noter le
unités de mesure variaient non seulement d'un pays à l'autre, où chiffre 9 par exemple, ils convinrent d 'écrire VIII I ou IX. Système
leurs noms étaient souvent différents, mais, même à l'intérieur qui reste assez primitif: pour les unités on aligne des bâtons, le
d'un royaume, sous un même nom leur valeur variait d 'une ville cinq est figuré par une main ouverte (V), le dix par deux mains
à l'a utre : une coudée, un pied, un pas n'ava ient pas la même opposées (X), les centaines et les milliers par l'initiale du mot (C, M).
longueur à Babylone, à Memphis ou à Athènes. Une bonne part
On voit vite les limites de ce procédé. Essayez de multiplier LXVIII !
des ca lculs portaient donc sur les conversions d ' unités, que nous
par MDCVI ... Nous ne l'avons gardé que pour numéroter les
pratiquons encore quand nous voyageons dans des pays ayant
siècles, les souverains ou les républiques, les pages de préfaces
différentes devises monétaires. Les commerçants devront s'ac-
ou les chapitres de livres, les heures sur nos horloges ... Car cette
commoder de cette diversité jusqu'au x,xe siècle de notre ère et
notation permet de compter, non de calculer dès qu'on dépasse un
à la diffusion du système m étrique qui rompra totalement avec
petit niveau de complexité. Pour calculer il fallait procéder men-
les anciennes unités anthropomorphiques. Seules quelques com-
talement ou recourir à un dispositif matériel : jetons d 'argile ou
munautés un peu attardées comptent encore en « miles » (mil le
cail loux, plus tard boulier ou abaque. Le principe additif imposait
pas) ou en « pouces »...
donc une séparation entre écriture et calcul.
Plus profondément dans les représentations mentales, les sys-
La solution à ce problème a été l'invention du principe de posi-
tèmes de numération antiques variaient d'une aire culturel le à
tion, avancée capita le dans l' histoire de l'écriture numérique. La
l'a utre. Depuis les Sumériens, au Proche-Orient on comptait en
valeur du symbole varie désormais en fonction de sa place dans
base soixante, la base 10 servant de base auxiliaire. La base douze
le nombre : unité, dizaine, décimale, etc. L'idée est apparue très
a de grands avantages, puisqu'elle permet de diviser par 2, 3, 4
tôt dans la numération babylonienne sexagésimale. Mais elle ne
et 6 - contre seulement 2 et 5 pour la base dix. La base soixante
prendra vraiment toute sa valeur que lorsque des mathématiciens
(12 fois 5) cumule les avantages. Nous ne l'avons pas complète-
indiens du ive siècle l'associeront avec la numération décimale et
ment abandonnée, puisque nous comptons toujours le temps
avec un signe signifiant « rien », que nous appelons « zéro ». Il fallut
en demi-journées de 12 heures et en heures de 60 minutes de 60
des siècles de pratique et de réflexion pour admettre qu' un signe
secondes, les angles en fractions d 'un cercle de 360 degrés, sans
signifiant « rien » peut avoir une grande valeur.
parler des douzaines d 'œufs .. .

De l'autre côté de la Mer Rouge, les Égyptiens utilisaient un sys-


tème de numération décimal, mais dans lequel zéro n'existait pas. Les premières tablettes numériques
Ce système était de type additif: la valeur d 'un nombre était égale
Pour effectuer des opérations, les anciens utilisaient quatre types
à la somme des symboles qui le composent. Pour écrire le chiffre
de méthodes.
7 par exemple, on rép était le symbole de l' unité sept fois (1 111111).
• Ils comptaient sur leurs doigts, de façon beaucoup plus élaborée
En Eurasie, les peuples indo-européens util isaient le système déci-
que nous ne savons le faire ; par exemple, en utilisant le pouce
mal, issu directement du comptage des dix doigts de la main.
pour compter les phalanges des autres doigts de sa main, on
Parmi eux, Grecs et Romains adoptèrent à leur tour des systèmes
obtient naturellement la base douze. Et en raffinant encore, on
de numération alphabétiques « additifs » qui ne permettaient

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peut effectuer des opérations. Le calcul digital n'est donc pas outil essentiel de tous les praticiens des mathématiques jusqu'au
binaire à l'origine, mais duodécimal ! deuxième tiers du xxe siècle.

• Les doigts pouvaient être remplacés par de petits cailloux (en • Enfin le ca lcul mental faisait partie de l'apprentissage scolaire
latin calculi, origine du mot calcul) qui, mis dans un certain de l'arithmétique : depuis des millénaires (on en retrouve des
ordre, pouvaient représenter de grands nombres. Le premier archives dès Sumer) les écoliers mémorisent quelques tables
système connu, à Sumer, était constitué de boules creuses en simples, notamment la table de multiplication, et apprennent à
argile contenant des jetons d'argile de tailles différentes selon la faire menta lement des calculs élémentaires. Les gens de métier
signification numérique. Ce système, qui n'est au départ qu'une allaient beaucoup plus loin: un artisan ou un marchand devait
extension du corps humain employé comme instrument de être capable, après un rapide coup d'œil, d'évaluer par exemple
calcul ou archive comptable, donnera plus tard naissance au les dimensions d' un tonneau, d 'en calculer mentalement le
boulier et aux abaques ou tables de calcul, très utilisées jusqu'au volume et de déduire sa valeur, afin d 'en fixer le prix. Nous
Moyen Âge en Occident, et jusqu'au xxe siècle en Russie et en pouvons voir un témoignage de ces aptitudes sur les tableaux
Asie. de la Renaissance, où les artistes ont peint de multiples objets,
récipients et autres, sachant que leurs riches clients s'amuse-
• L'inconvénient des boules creuses d 'argile est qu'il fallait les
raient par réflexe à exercer leurs talents en calculant volumes,
casser pour en vérifier le contenu. On commença donc, vers 3300
proportions et perspectives.
avant J.-C., à apposer sur la bulle d 'argile une indication de son
contenu par des signes ou des encoches. Les jetons devenant D'autres techniques de comptage et de ca lcul ont été inventées
inutiles, il ne restait plus qu'à franchir une dernière étape: sup- dans diverses cultures par l'imagination fertile des humains :
primer le comptage « matériel » à base d'objets et le remplacer bâtonnets ou os gravés, quipus incas où les grandeurs sont codées
par le comptage « conceptuel » ; les sphères alors s'aplatissent, sous forme de nœuds sur une cordelette, etc. Et nous ne savons
se transforment en tablettes d 'argile où les nombres sont sim- pratiquement rien de la science gauloise et celtique, les druides
plement reportés par des symboles gravés avec un calame de ayant eu pour principe de ne rien écrire concernant leur savoir,
roseau. Ainsi sont nés les plus vieux chiffres connus de l'histoire. transmis uniquement par tradition orale; on sait seulement qu'ils
Dès l'époque Sumérienne, des scribes ont utilisé l'écriture non utilisaient la base douze et la base vingt, système de numération
seulement pour calcu ler au coup par coup, mais pour réaliser « vigésima l », qu'on retrouve indépendamment chez les Mayas.
des tables arithmétiques: au prix d'un long travail, le ca lcu l de Notre langue en a conservé quelques traces, quand les Français
toutes les grandeurs utiles est effectué une fois pour toutes et disent « quatre-vingts » au lieu de octante ou de huitante.
enregistré sur une tablette d'argi le ou une feuille de papyrus.
Il suffit ensuite de s'y reporter, ce qui économise le temps du
calcul en éliminant le risque d'erreur. On a trouvé et analysé de Du calcul aux mathématiques
nombreuses tablettes babyloniennes en arg ile, couvertes de
Les civilisations les plus avancées du Proche -Orient avaient éla-
signes cunéiformes : tables d'inverses (diviser par un nombre
boré des savoirs considérables en arithmétique et en géométrie,
revient à multiplier par son inverse), mais aussi tables de car-
tournés essentiellement vers la résolution de problèmes concrets
rés, de cubes, de sommes de carrés et de cubes, et même des
- y compris les prédictions astrologiques qui nécessitaient l'éta-
tables logarithmiques. Les tables arithmétiques resteront un
blissement de calendriers des positions des astres, fondés sur des

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• 1l 1 1 l
- 20 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique

observations systématiques pendant des siècles. Mais elles n'en Pythagoriciens restera très vivace pendant plus de mille ans dans
tiraient pas de concepts abstraits, au-delà du constat de certaines le monde gréco-romain, voire jusqu'à la Renaissance dans les
proportions. Leurs érudits savaient par exemple que le rapport mondes chrétien et musulman. Des progrès comparables, au
entre le rayon et la circonférence de tout cercle est une constante moins dans le domaine du ca lcul., ont eu lieu parallèlement en
(pi) ; ou qu'avec certains triplets numériques comme (3;4;5) ou Inde et en Chine, mais ces pays resteront longtemps sans contacts
(6;8;1O), ici exprimés en base décimale actuelle, ils pouvaient autres qu'épisodiques avec l'Occident.
tracer des angles droits, ce qui est fort utile en architecture. Mais
La machine d 'Anticythère, construite au uesiècle av. J.-C., matéria-
ils n'éprouvaient aucun besoin de le justifier, de le démontrer ou
lisait une partie du savoir pythagoricien. On ne la connaît que par
d 'en tirer des généralisations.
quelques fragments de rouages et de cadrans de bronze débar-
C1est avec les Pythagoriciens que l'on peut faire commencer toute rassés d ' une gangue de coquillages et de sédiments marins,
l' histoire intellectuelle de l'Occident. Au vie siècle avant notre ère, trouvés dans une épave au fond de la Méditerranée. Les travaux
le Grec Pythagore se forma en Asie mineure auprès de Thalès de minutieux de plusieurs historiens des sciences, à partir de ces
Milet, puis séjourna longuement dans les pays qui étaient alors informations très lacunaires, ont permis d'en lire les quelque
les centres rayonnants du savoir : l' Égypte et la Chaldée, où les 2 000 signes ou caractères, d'en comprendre les principes et de
prêtres l'initièrent aux mystères de l'astronomie, de la géométrie, construire des reproductions de la machine d 'Anticythère.
du calcul et de leurs religions respectives. Après être allé peut-
Ce premier calculateur ana logique de l' histoire était actionné par
être jusqu'en Inde, Pythagore s'installa ensuite en Italie du Sud,
une manivelle. Il décrivait les positions de la lune et du soleil par
en « Grande Grèce », et fonda un enseignement en menant des
rapport aux signes zodiacaux gravés sur l'un des cadrans, permet-
recherches avec des disciples choisis. Son but était de former une
tait de calculer et de prévoir divers phénomènes astronomiques
élite de l'esprit, capable de faire progresser le savoir et d 'influen-
comme les éclipses ou les mouvements de certaines planètes, de
cer les affaires publiques pour le bien commun. C'est en tout cas
fixer les dates futures des divers concours sportifs ...
ce que racontaient les disciples de ce personnage mystérieux
dont nous ne possédons aucun écrit. La machine d 'Anticythère, plus vieux mécanisme à engrenages
connu au monde, pose des problèmes redoutables aux historiens.
Son système de pensée se fondait sur la certitude que les nombres
Comment des Grecs antiques, dont l'industrie métallurgique était
sont constitutifs de l'univers. Établissant pour la première fois une
peu développée, ont-ils pu réaliser des roues dentées d'une telle
théorie de la musique et des rapports quantitatifs entre les sons,
régularité seize siècles avant que les horlogers d' Europe occiden-
étudiant les figures géométriques et les propriétés des nombres
tale ne mettent au point des machines à tailler les engrenages?
pour elles-mêmes (et non plus en vue d'applications comme le
Comment une mécanique aussi complexe (une trentaine de roues
faisaient Égyptiens et Méso.p otamiens), inventant, découvrant,
dentées) pouvait-elle fonctionner sans être immédiatement grip-
démontrant des théorèmes ou des équivalences, et réfléchissant
pée par les frottements ? Pourquoi ne trouve-t-on pas d 'autres
sur le raisonnement lui-même et sur les méthodes de démons-
appareils similaires? Une hypothèse vraisemblable est que la
tration, les Pythagoriciens ont fondé la Mathématique.
machine d'Anticythère était surtout une curiosité scientifique, un
Leur représentation du cosmos offrait à la discussion l' hypo- chef-d'œuvre d 'artisan génial, mais qui ne correspondait pas à
thèse que la Terre est une planète sphérique, en mouvement des besoins pressants à l'époque où la navigation se limitait pour
autour d 'un centre incandescent. L'influence intellectuelle des l'essentiel à du cabotage côtier. L'équivalent pour les mécaniciens

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Grecs de ce que seront les explorations de la Lune à la fin des rythme lent des voyageurs à pied ou à cheva l, des mulets portant
années 1960 pour la NASA ... des malles de manuscrits, des bateaux à voile qui naviguent de
la Méditerranée à l'Islande.
Beaucoup plus marquant est le bagage inte llectuel que les Grecs
nous ont légué. Ils ont non seu lement développé la théorie, Les chiffres dits arabo-indiens supplantent progressivement les
mais ils se sont éga lement intéressés à la résolution effective de chiffres roma ins. Plus que les chiffres eux-mêmes, c'est su rtout la
problèmes en élaborant ce qu'on appelle maintenant des algo- numérotation positionnelle qui va assurer leur succès : un chiffre
rithmes, une suite d'opérations perm etta nt d'obt en ir le résultat qui peut rep résenter plusieurs valeurs, suivant sa position dans
voulu. Le crible d'Ératosthène déterminant les nombres premiers, le nombre, simplifie les ca lculs et permet d'en aborder de plus
ou l'algorithme d'Euclide pour le calcu l du plus grand dénomina- difficiles. Le système actuel de numérotation, appelé système
teur commun, en sont deux exemples encore utilisés de nos jours. décimal de position, qui nous semble si naturel, est donc le résul-
tat de plusieurs m illiers d'années d'évolution, d 'échanges et de
Même avec des machines et des instruments de mesure plus
réflexions.
rud i mentaires que la mac h ine d 'Anticythère, le p rogrès des
sciences ne cesse pas dans l'empire roma in d 'Orient. Tandis Les applications scientifiques sont limitées à l'astronomie, les
qu'au vie siècle, en Eu rope occidentale, les structures urbaines et mouvements parfaits des corps célestes pouvant seuls s'exprimer
scolaires périclitent sous le coup des grandes invasions, ne la is- en term es mathémat iques. La physique aristotél icien ne, dom i-
sant subsister que de rares foyers d 'érudition monastiques, dans nante pendant tout le Moyen Âge, pose comme principe que les
l'empire Byzantin désormais christianisé les sava nts d'Alexandrie, phénomènes t errestres ne peuvent être décrits que qualit ative-
de Syrie et de Grèce maintiennent un haut niveau de savoir scien- ment (légers/ graves, chauds/ froids, etc.). Les progrès du ca lcul
tifique et philosophique, en s'efforçant de l'ajuster aux dogmes répondent donc principalement à des besoins pratiques: comp-
bibliques. Cette dynamique se poursuivra quand ces territoires tabil ité, commerce, calculs d'intérêts sur les prêts, arpentage ou
seront conqu is par les armées islam iques, et le grec y restera architecture. La géométrie, elle, accomplit des progrès en relation
lo ngtemps la langue savante avant d'être supplanté par l'arabe. avec l'arch itecture et la représentation graphique : l'invention
' .. - de la perspective par des artistes italiens révolutionne la vision
A partir du 1x e siècle, c'est l'aire cultu rel le arabophone qui devient
en Occident et marie les mathématiques avec la peinture, deux
le principal foyer de recherches en mathématiques et en méca-
mille ans après la musique. À la même époque sont construites
n ique. En témoignent des mots passés ensuite dans les langues
les premières horloges, donnant naissance du même coup à un
européennes: algorithme et algèbre, du nom du génial mathéma-
nouveau rapport au temps et à une nouvelle industrie: la méca-
ticien persan Al-Khwarizmi et de son traité des équations, zéro et
nique de précision, créant les conditions de possibilité matérielle
chiffre, du même mot arabe sifrdésignant ce symbole numérique
des futures machines à ca lcul er.
importé d'Inde et adopté en Europe chrétien ne à l'initiative d u
pape Gerbert d'Aurillac. Le savoir circule à travers le monde, au

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• 1l 1 1 l
Chapit:re l - L 'ant:iquit:é du c:alc:ul - 23 -

4DDD av. J.-c. ~ Camptage


En se développant, l'humanité acquiert de nouveaux modes de pen-
sée et avec eux, des méthodes de numérotation et de comptage.
Des jetons d 'argile retrouvés sur des sites archéologiques servaient
probablement à cela. Ils sont appelés calculi en lat in (« petits cail-
loux »), mot qui donnera aussi bien les calculs mathématiques que
les « calculs» rénaux ...

Le système d'écriture cunéiforme suméri en (IVe millénaire av. J.-C.),


la plus viei ll e éc riture conn ue, utilisait le système sexagésimal
(en base 60) qui perdure encore auj ourd'hui dans la mesure du
temps et des angles. Plus tard, les Babylon iens ont mis par écrit
leurs techniques de calcul : les premiers algorithmes dont nous

ayons connaissa nce.

env. 1DDD av. J.-c. ~ Symbales binaires Fragment du Papyrus Rhind (env. 1S00 av. J.-C.) témoignant
du niveau des mathématiques égyptiennes.
La tradition chinoise fait remonter au premier millénaire avant l'ère 1.a n Il contient 87 problèmes résolus d'arithmétique,
chrétienne la rédaction du Yi-Jing, ou « livre des changem ents ». d'algèbre, de géométrie et d'arpentage.
So n origine est liée à l'invention, par la figure mythologique Fu
Xi, des trigrammes. Ces derniers sont l'association de trois lignes,
chacune pouvant être pleine (yang) ou brisée (yin). Les huit possi-
b ilités se retrouvent dans l'octogone à trigramme, figu re classique
de la culture et la philosophie chinoise (une version simplifiée à
quatre trigrammes se retrouve su r le drapeau sud-coréen). Le « livre
des changement s » utilise des hexagrammes (deux trigrammes
su perposés, soit six symboles binaires) dans un tableau de 64 cases.
Il avait impressionné Leibniz qu i y avait vu un parallèle avec sa
numérotation binaire. Il est cependant très peu probable que les
Chinois aient connu le ca lcu l binaire: ces symboles étaient utilisés
pour la divination.

Bagua, ou diagramme octogonal


Tablette (trouvée en 1920 en Irak), datée d'environ 1800 av. J.-C., associant les huit trigrammes
listant 1Striangles rectangles en nombres entiers. i$kün binaires au symbole du yin/yang.

1
l
- 2'i - Histoire illustrée de l'inJ:armatique

env. SDD av. J.-c. • Abaques, bouliers 330 av. J.-c. • Logique grecque
Les premières aides au calcul et à la mémorisation des résultats Les prem ières règles de logique (syl-
apparaissent probablement au Proche-Orient et se répandent en logisme, techniques de réfutation des
Europe et en Asie. De l'abaque, simple support pour des jetons, soph ismes) sont définies par le p h ilo-
naîtra le boulier à tige, dispositif autonome et complet servant au sophe grec Aristote. Ma is la logique aris-
calcul. Ce n'est toutefois pas encore une « machine » car l'algorithme totélicienne, suffisante pour le raisonne-
de calcul, par exemple le report des retenues, est exécuté par l'opé- ment philosophique ou juridique, n'est
rateur humain, non par l'appareil. Le boulier sera utilisé dans le pas assez puissante pour être applicable
monde entier jusqu'au milieu du xxe siècle, suffisant notamment en mathématiques.
à répondre aux besoins arithmétiques de grands états comme la
Buste d'Aristote en marbre, copie romaine
Chine ou le Japon. Il sera ensuite supplanté par les calculatrices
d'un original grec en bronze.
électron iques.

Toutefois, même une technique très ancienne peut être efficace


entre les mains de qui sait bien s'en servir. En 1957 une géophysi- env. 3DD av. J.-C. • Algorithmes grecs
cienne japonaise travai llant à l'université d 'lowa pour le programme
Les premiers « algorith mes » dont la description nous soit parvenue
spatial américain, Sekiko Yoshida, analysa les données transmises
proviennent des Babyloniens ; ils concernaient la résolution des
par le satellite Explorer sur les rayonnement s cosmiques. Ne dispo-
équations, mais étaient explicités sous forme d 'exemples p lutôt
sant pas de moyens informatiques adaptés, elle effectua ses calculs
que par une liste d'étapes.
sur un boulier pour décrire précisément le champ magnétique ter-
Aspect supposé d'un abaque
restre et déterminer la distribution et les mouvements des parti- Dans le livre VII des Éléments, Euc lide décrit une méthode pour cal-
romain, imaginé au xv11• siède.
cu les chargées en orbite. Ce tra - culer le p lus grand diviseur commun de deux entiers dont on ne
vail contribua à la découverte par connait pas les facteurs, en fa isant explicitement référence à une
James Van Allen de la ceinture de itération. li s'agit du plus vieil algorithme non-trivial connu qui soit

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Chapitre l - L ' antiquité du ca lcul - 25 -

siècle av. J.-c.


lie
• Mécanisme d'Rnticythère

Fragment principal
du mécanisme d'Anticythère,
d'environ 20 cm de côté.

En 1901, au large de l'île grecque d'Anticythère, des frag -


ments en bronze d' un mécanisme sont remontés d' une
épave romaine datant de 87 avant J.-C. Des études réali-
sées tout au long du xxe siècle, et surtout à partir de l'an
2000 à l'aide d'un scanner à rayons X, ont conclu qu'il s'agis- Radiographie
sait des restes d'un calculateur astronomique du principal fragment.
perfectionné. Modélisant la course des astres
à l'aide de plus d'une trentaine d'engrenages, il
indiquait la position du solei l et de la lune, pro-
bablement aussi de quelques planètes, ainsi que
les dates des éclipses. C'est le plus v ieux méca-
nisme à engrenages connu et il faudra attendre
plus d' un millénaire pour voir apparaît re des
systèmes comparables, dans les horloges du
Moyen Âge. Il est considéré comme le premier
calculateur analogique.

Réplique faite en 2007 du mécanisme d'Anticythère.

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- 26 - Histoire illustrée de lïn~armatique

Bi!D ~ RI-Khwarizmi liser. LOpposition d 'une partie des autorités (ainsi la ville de Florence
interdit-elle les chiffres arabes en 1299) s'explique par les risques de
Né en Ouzbékistan, le mathématicien musu lman Al -Khwarizmi
fraude, par exemple la transformation d'un 6 ou d 'un 9 en 0, inhérents
(c. 780-c. 850) explore da ns ses ouvrages la résolution des équa-
à un nouveau système que la population met du temps à apprendre.
t ions polynomiales en explicitant les étapes nécessa ires au calcul
des racines : c'est le début de l'algèbre (mot provenant de l'arabe Deux méthodes de calcul en concurrence au Moyen Age :
Al-jabr, ou opération de réduction, utilisé dans le titre de son principal à gauche les chiffres arabes, à droite l'abaque traditionnel.
ouvrage) et des premières tentatives de formal isation de l'algorith-
mique. Le terme algorithme dérive de la forme latine de son nom,
Algorithmi. Ses ouvrages auront une grande influence et contribue-
ront à introduire en Occident la numération décimale de position .

Timbre soviétique, de 4 kopecks à l'effigie d'AJ·Khwarizmi,


émis à l'occasion de son présumé 1200' anniversaire (789-1989}.

IDDD ~ Numératatian
inda-arabe
Devenu pape sous le nom de Sylvestre Il,
Gerbert d 'Aurillac utilise son influence pour
promouvoi r la numérotation dite arabe -
qui a en fait une origine indienne datant
~ 1
du ,vc siècle - et remplacer les chiffres
,;q.,'
t ,. _sç. romains. En quelques siècles, ceux-ci dispa-
,4>.T"o. ,.

~ raissent au profit des nouveaux symboles


1, (incluant, à partir du xu() siècle, le zéro) et de
.... . ' I'. .. À
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'l' 1rr I'. la numérotation positionnelle. Léonard de
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• Pise, dit Leonardo Fibonacci (1175- 1250),
~ ' ,.,r' ·-
..
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. l'un des p lus actifs transmetteurs des ---~--------::...~-1------00~---
• mathématiques du monde musulman vers

l'Europe, en est un fervent promoteur et
encourage les commerçants italiens à l'uti-

Une page du Liber Abaci de Léonard de Pise. Sa suite


de Fibonacci est dans l'encadré hors-texte à droite (1202}.

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Chapit:re l - L 'ant:iquit:é du c:alc:ul - 21 -

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Évolution de la graphie des chiffres (Jean-Étienne Montucla, Histoire des Mathématiques, 1798).
- 2B - Histoire illustrée de l'inJ:armatique

1
XIIIe siècle ~ L'harlagerie tés de la t echnique nouvelle et imaginent des dis-
positifs p our réa liser des fonctionnalités inéd ites:
Après la machine d'Anticythère, plus vieux méca-
statu es an imées automatiqu ement pour frapper les
ni sme à roues dentées connu, quelques apparei ls
cloches, multiplication des cadrans (et des m éca-
comparables sont m entionnés dans des textes au
n ismes complexes) indiq uant non seu lem ent les
cours des sièc les suiva nts, mais n'ont pas subsist é
heures, ma is au ssi les phases de la Lune, les mouve-
matériellement. Sous l'empire romain, d es mécani-
ments d es astres et d'autres phénomènes naturels,
ciens grecs o nt réa lisé de grandes horloges hydrau-
et permettant de prévoi r les fêtes m obiles. .. ce qui
liq ues en métal, capables d'indiquer la position
était déjà le but de la machine d'Anticythère.
des astres et des con stell ati ons. Cette t radition se
poursuit au Proche-Orient après la conquête musul- Avec l'inve ntion du pendule par Christ ian Huygens
mane, et se développe parallèlement en Chine. Au en 1657, l' horloge deviendra un instrument pré-
Moyen Âge, un autre t ype de système hydraulique cis p ouva nt ind iq uer les minutes, pl u s tard les
à eng renages devient courant : le moulin à eau, qui secon d es. Donc utilisable non seulement pour se
fournit l'énergie nécessaire à une véritable « révolu- donner rendez-vous, mais p our mesurer d es phé-
t ion industrielle » et répand un savoir-faire nouveau. nomènes physiques, co ntribuant au progrès des
Dans les deux cas, les mécanismes ne servent qu'à sciences et des techniques.
transmettre l'énerg ie, non à la produire.
Les horloges sont des mécanismes autom atiqu es
C'est en Europe, à la fin du x 111e siècle, dans les villes où pratiquement toute l'énergie est t ransformée en
alors en plein d éveloppement où le commerce et informations - information s sur l'écou lement du
l'artisanat nécessitent une meilleure maîtrise du temps et, dans le cas des horloges astronom iq u es,
temps, qu'ap p araissen t les premières horloges su r d es phénomènes périodiqu es. Les mécaniciens
entièrement mécaniques. Les innovations décisives du Moyen Âge o nt inventé des automates produi-
sont : le remplacement de l'énergie hydra uliq ue par sant de l'informatio n. Leurs su ccesseurs des temps
un p o ids ou un ressort; l'échappement, dispositif modernes co nstru iront les premières « horloges
qu i freine la rotat ion de la roue cent rale et l'oblige à calcu l ».
à accomp lir un t o ur en 24 heures. Invention qui
fonde l'horlogerie mécanique et lui permettra de
remp lacer progressivement les clepsydres et autres
cad ran s so laires.

Ces horloges monumentales ornent les clochers et


les beffrois où leur fonction se borne initialement
à son ner les heures. Rudimentaires, elles n'o nt
souvent ni cadra n ni aig uille et se dérèg lent vite.
Mais rapidement, comme da ns toute l'histoire des Analogique et numérique à la fois :
inventions, des passionnés exp lo rent les possibili- l'horloge à jacquemarts de la place San Marco à Venise (1496).

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Chapitre l - L'antiquité du calcul - 29 -

Horloge de la cathédrale de Strasbourg (détail).

Horloge astronomique de la cathédrale de Strasbourg. Une première


horloge fut construite en 1352, remplacée par une horloge planétaire
au xv1' siècle, et par une troisième (l'actuelle) dans les années 1830.

Crédits
P . 11 ; David R. Tribble / Wikimedia Commons , P . a_a_ : Plimpton 322, Cuneiform Collection, Rare Book and
Manuscript Library, Columbia University · P . ll : British Museum; Benoît Stella / Wiki n1edia Commons • P . i!'I :
From the Erwin Tomash Library on the History of Computing, by Erwin Tomash and /\~ichael R. Williams, pub-
lished by Erwin Tomash and Michael R. Williams, 2009 (electronic copy available on the Charles Babbage
lnstitute website). Extra it de Decimus Junius Juvenalis and Aulus Persius Flaccus, translated by Barten
Holyday, W. Downing for F. Oxlad, Senior; J. Adams, and F. Oxlad, Junior, 1673 ; Marie-Lan Nguyen I Wiki media
Commons ; Emmanuel Lazard • P . i!S : Mogi Vicentini / Wiki media Commons ; © Antikythera Research
M echanism Projcct ; C Antikyth era Research Mechanism Project • P . i!& : Wikimedia Commons; Otfried
Lieberknecht / Wlkimedla Commons; Gregor Reisch, Margarita Phllosophica, 1508 / Wikimedia Commons •
P . i!l : Jean-Étienne Montucla, Histoire des Mathématiques, 1798 / Bibliothèque nationale de France • P . i!B :
Pierre Mounier-Kuhn · P . ~ : Photo by David lliff. License: CC-BY-SA 3.0 / VVikimedia Commons; iwallpape~.free.fr

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Chapitre 2 - Machines mécaniques - 31 -


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partir de la Renaissance, deux profonds mouvements
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hist oriques déclenchent l'accroissement de la demande
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en matière de calcul et de traitement de l'information : la •
révo lution scientifique et industrielle, ainsi que la formation des •

états modernes. Pour y répondre, des inventeurs mobilisent à la


fois les connaissances mathématiques existantes et les tech niques
développées depuis le Moyen Âge par les horlogers.

La mathématisation progressive des sciences - de la physique


avec Galilée, puis des autres disciplines - fait des savants et des
ingénieurs d'insatiables utilisateurs de calcul, que ce soit pour les
applications civiles ou militaires. Calcu l qui devient vite une fasti- 0 .:fi" ' Jll~A JL&a

dieuse corvée. Le mathématicien Leibniz s'en irrite : « Il est indigne ' .• ' '• .••
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des meilleurs hommes de gaspiller leur intelligence à cette corvée servile,
alors qu'ils pourraient la confier à des subalternes équipés de machines.» •
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qui doit accompagner les progrès d e l'artillerie, d e l'hydraulique


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l'électricité ou de la propagation de la chaleur, de l'aéronautique •
ou d e la météorologie au xxe siècle. • ..
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La demande en matière de traitement de l'information pour la gestion
émerge parallèlement. Si Bla ise Pascal conçoit dans les années 1640 •
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sa « Pascaline », c'est pour aider son père, receveur des impôts d 'une {->- '
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administration roya le en plein développement, à effectuer ses fasti- •


dieux calculs fiscaux. Au cours du xv111e siècle, le besoin de connaître « la
richesse des nations » mu ltiplie les recensements ; le d ésir de contrôle •
• Mécanisme de contrôle
social et les réformes (cadastre, système métrique) inspirent divers •
de la machine analytique
projets plus ou moins utopiques. Vers 1740, un officier de police, •
de Babbage.

1
1 1 l
- 32 - Histo ire illustrée de l'inJ:armatique

Guillauté, propose de créer un fichier détaillé des habitants de Paris, y compris à l'époque des premiers ordinateurs, comme Wim Kl ein
constitu é de d eux millions de fiches individuel les. Celles-ci seraient au CERN . Mais ils ét aient trop peu nombreux pour répond re aux
classées sur d 'immenses roues contenant 100 000 fiches chacune ; besoins. Et leur « employa bilité » éta it limitée dans ce dom aine parce
en fa isant tourner une roue, on obtiendrait en quelques secondes la que, même si on leur faisait confiance, leurs résultats n'étaient pas
fich e vou lue. Ce projet rest era lettre morte. Cependant on retrouve vérifiables et qu'ils ne savaient pas toujours expliquer clairement
le même d ésir de tran spa ren ce sociale et de tenue en main dans le par quelle méthode leur esprit y parvenait. Ce don sem ble d 'ailleurs
Panoptikon de Jerem y Bentham, que l'Assemblée révolution naire indépendant des aptitudes au raisonnem ent mathématique dont il
de 1791 fait traduire en français. Pascal, Bernoulli et Quételet sont n'emprunte pas les processus habituels - m êm e s'il a existé aussi
les pères d es mathématiques appliquées aux affaires sociales. Le chez de grands mathématiciens comme Euler ou Gauss.
calcul des probabilités offre d es sol utions pratiqu es à un dilemme
essentiel de la philosophie politique des Lumières : pouvoir de l'État
ou liberté des individus? Solution s qui d éboucheront notamment
sur la mise au point des systèmes d'assurances ... lesquels à leur tour
réclameront toujours plus de calculs et de traitements de données.
1614 ~ Logarithmes et bâtannets
La gestion d 'autres institutions financières (banques), ainsi que des Après avoir inventé les logarithmes, !'Écossais John Neper (1550-
grands réseaux apparu s au x1xe siècle (chemins de fer, électricité, télé- 16 17) (ou John Napier en angla is) invente une aid e au ca lcu l sous
comm un ications) contribue fortement à constituer le marché, en form e de bâtonnets qui permettent de réduire une multiplication
plein essor, du traitement de l'information. à une suite d 'additions. Ces bâtonnets m atérialisent des tables de
multiplication portatives dont
Des t echniques variées se développent pour répondre à ces b esoins.
l'écritu re facil ite le calcu l d es
Toutes ne font pas appel aux machines, loin de là. Mais au x1xe siècle,
retenues entre colo nnes suc-
les progrès d e la mécanique de précision, l'expansion de l'industrie
cessives. Le m ath ém at ici en
des instruments scientifiques et des m at ériels de bureau, mettent à
ang lai s Henry Briggs (1556-
la disposition des inventeurs les moyens de réaliser pratiquement
1630) entreprend d e produire
les projets imag inés depuis d eux siècles à des prix abordables. On
des tables ; son Arithmetica
con state leurs efforts créatifs en con sultant les ancien nes tables
Logarithmica (1624) ind ique
de brevets, les catalogues d 'exposition s universelles et les articles
les logarithm es d e 30 000
qu'il s ont publiés pour faire connaître le fru it de leur labeur. Vers
nombres avec quatorze déci-
1900, l'emploi des machines à ca lcu ler, comme des instruments
ma les, suivi en 1633 d ' une
plus simples que sont les tables numériques et les règles à calcul,
Trigonometria Britannica. Les
est bien entré dans les prat iques de nombreuses organisations.
tables logarithmiques, pu is
Pourquo i n e pa s employer tout simplement des calculat eurs trigonométriques, révolution-
humains prodiges, tels Jacques Ina udi et le vertigineux Paul neront la pratiq ue du calcul
Lidoreau qui extrayait mentalement en vingt secondes la racin e en facil itant d e nombreuses
carrée d 'un nombre d e 15 chiffres ? En fait, certain s ont t rava illé opérations dans les sciences
pour des observat oires astronomiques ou des bureaux de calcul, et les techn iques.
John Neper.

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Un jeu de bâtonnets de Neper


de 1680.

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- 3'i - Histoire illustrée de l'inJ:armatique

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Ebauche de la premiere
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machine à calculer
L'Aiiemand Wilhelm Schickard ( 1592- 1635) tente de con struire la
première machine à calculer numérique de l'histoire pour aider
l'astronome Kep ler, à qui il écrit en 1623 : « .. . Ce que tu fais par le
calcul manuel, je l'ai récemment tenté mécaniquement et j'ai construit
une machine qui compte immédiatement et automatiquement les
nombres donnés, additionne, sous-
trait, multiplie et divise .. . Tu éclateras
certainement de joie lorsque tu verras
comment elle reporte les retenues des
dizaines ou des centaines, ou bien les
déduit dans les soustractions ... » Elle
devait permettre d 'add itionner et
de so u straire des nombres à six
chiffres. Les mu lt iplications étaient
repo rtées en addit ions successives
à l'aide de bâtonnets de Neper pré-
sents su r la machine.

Dessins originaux de Schickard.


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Réplique moderne de la machine de Schickard


faite à partir des dessins laissés dans ses lettres
à Kepler. Toute la partie supérieure de la machine
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correspond aux bâtonnets de Neper.
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Chapitre 2 - Machin es mécaniques - 35 -

L'unique exemplaire fut détruit quelques mois plus tard dans un 1&3D ~ La règle à calcul
incendie et l'inventeur annonça à Kepler qu'il abandonnait le pro-
Les propriétés mathématiques des logarithmes inspirent l'invention
jet. C'est seulement en 1957 (même s'il en est ponctuellement fait
de la règle à calcul en 1630 par Wi lliam Oughtred (1574-1660). Cir-
mention aux xv111e et x1xe sièc les) qu'on retrouva dans des archives
cu laire ou rectiligne, la règle est composée d'échelles graduées et
les lettres et un dessin envoyés à Kepler. On entreprit alors de
coulissantes permettant d'effectuer directement, par déplacement
reconstruire la machine. Plusieurs exemplaires existent à l'heure
de rég lettes et de curseurs, les opérations arithmétiques classiques.
actuelle. Malheureusement ces reconstitutions améliorèrent le
Elle se prête également à des opérations plus complexes - racines
mécanisme de propagation de la retenue d'une manière non évo-
carrées et cubiques, calculs logarithmiques et trigonométriques.
quée par Schickard, donc anachronique. Peut-être avait-il réussi
Ce petit instrument, portatif et facile à utiliser, sera perfectionné
à achever sa machine, mais elle ne fut probab lement ni fonction -
aux x1xe et xxe siècles, et restera le moyen matériel de calcul le plus
nelle, ni robuste, ni fiable.
couramment employé par les scientifiques, les ingénieurs et les
étudiants jusqu'à l'apparition des premières calculettes électro-
niques vers 1970.

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Une règle à calcul du x:x• siècle montrant la multiplication 1,3 x 2 = 2,6.

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- 3Ei - Histoire illustrée de l'in~armatique

1645 ~ La Pascaline
Pour aider son père, collecteur de taxes, Bla ise Pascal (1623-1662)
conçoit en 1642 l'idée d 'une machine à calculer. La démarche du
jeune mathématicien est exempla ire du processus d 'i nnovation.
Schématiquement il a : perçu un besoin émergent; répondu en
concevant une machine; développé celle- ci en « mariant » des
techniques et des concepts préexistants, la mécanique horlogère
et l'arithmétique décima le exprimée en chiffres inde-arabes; iden-
tifié le problème crucia l de la mécanisation du ca lcul - comment
mécaniser le report de retenues ? Et il l'a résolu en inventant un
d ispositif, le sautoir. Celui-ci fonctionne suffisamment pour q ue la
machine soit utilisable, mais sera ensuite perfectionné ou remplacé
par des systèmes plus fiables et p lus efficaces. C'est ce dispositif qui
sépare les simples instruments de ca lcul (boulier, etc.) des machines.

Ap rès trois années de t rava il et plus de cinquante maquettes ou


prototypes, Pascal présente sa première réalisation opérationnelle,
capable d 'additionner et de soustraire des nombres sur six chiffres ;
Machine à calculer des modèles non-décimaux, notamment en unités monétaires livres/
de Blaise Pascal
à six chiffres.

Intérieur de la machine arithmétique de Pascal (réplique vers 1970).

sous/ deniers, sont construits à leur tour. La « Pascaline » est considérée


comme la première machine à calculer ayant réellement fonctionné,
la seu le machine à calculer opérationnelle d u xvne siècle et la première
à être commercialisée (une vingtaine d'exemplaires), même si son prix
élevé la rend peu accessible. C'est aussi la première à être « brevetée »
(privilège royal de 1649) et la seule qui soit décrite dans L'Encyclopédie
de Diderot & d 'Alembert (1751 ). Si elle a peu d 'impact sur les pratiques
du calcul, son existence même révèle dans tous les m ilieux cultivés
d 'Europe qu'une machine peut effectuer des tâches intellectuelles.

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Chapil:re 2 - Machines mécaniques - 31 -

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Platine de la machine
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- 38 - Histoire illustrée de l'in~armatique
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Mécanisme complet
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de retenue. Tom. . W.
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Chapit:re 2 - Machines mécaniques - 3!:I -

l&&g • Barrême publie ses barèmes


En 1669 François-Bertrand Barrême (1638-1703), arithméticien et
expert-comptable sous Louis XIV, publie Les Comptes fa its, ou Le Tarif
?,- une Obol.c;' Pite & Scmipic, la cnoft . .A r D tnicr ta chofe.
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général de toutes les monnayes. li produit bientôt d'autres manuels - ' "
vnle. 1 c:l oh. & pitt
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« nécessaires pour les comptables, avocats, notaires, procureurs, négo- 1-ovalenc if 11 d ; ,·.ilonc. 3 ",, l t
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ou les monnaies. Ces livres constituent donc des solutions bien loV 8 d M!1le J!';t! 3 00 V 1L I ft oo6ole J 1 val11nr 't 300 v nlent T L sr
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diffuseront à des millions d'exempla ires et permettront à beaucoup 1 f V l ( 1 df..'"17%ÎpÏCt 8<X> v ~ L 18 ( 4 16 ~lent I C + 800 valcllt 3L 6C 1
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' Le Barrême : des calculs prêts à l'emploi (1669).

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- 'iD - Histoire illustrée de l'in~crmatique

1&94 ~ Multiplicatrice de Leibniz (principalement un problème de report de retenue). Elle apport a


plusieurs innovations technologiques comme le chariot mobile
Ayant pris connaissance des travaux de Pasca l, le philosophe et
et le tambour à dents inégales. Il n'en existe qu'un exemplai re
mathématicien allemand Gottfried Leibniz (1646-1716) met diffi-
con nu, exposé à la Bibliothèque nationale de Basse-Saxe. Il fut en
cilement au point en vingt ans la première machine permettant la
fait oublié pendant plus de cent ans avant d'être redécouvert à la
multiplication et la division. Théoriquement capable de multiplier
fin du x,xe siècle dans un grenier de l'université de Gëttingen par
des nombres de huit chiffres, elle ne connut pas le succès en raison
une équipe d'ouvriers ven ue effectuer des réparations.
de défauts de conception l'empêchant de fonctionner correctement

Machine quatre opérations


de Leibniz (1690).

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Chapitre 2 - Machines mécaniques - 'il -

Résumons un demi-siècle d'innovations :


- Schickard a inventé une additionneuse réversible effectuant les
quatre opérations (1623), qui n'a pas eu d'influence;
- Pascal a inventé la machine arithmétique, la première additionneuse
à monnaies complexes et à soustractio n par complément (1645);
- Leibniz a créé la première machine à ca lculer complète propre
aux quatre opérations (1694).

D'autres modèles fo nctionnels de machines à calculer seront mis au


point tout au long du XVIIIe siècle mais rest eront des curiosités de salon,
sans développement commercial. Cela en raison de leur prix et de leur
fiabilité douteuse, due à l'imprécision des techniques de fabrication
de l'époque ; et à la quasi-inexistence d'une demande solvable pour
de telles machines. Alors qu'un produit comparable par sa technique
et son nivea u de prix, la pendule, se diffuse par dizaines d e milliers
d'exemplaires. Elle seule donne l'heure jour et nuit continuellem ent,
tandis qu'on dispose d e plusieurs m oyens de calculer à moindres frais.

1793 ~ L'usine à calcul de Gaspard de Prany


L'int roduction du système décima l sous la Révolution fran çaise
implique l'éla boration de nouvelles tables logarithmiques et trigo-
nométriques, d est inées notamment à la constitution du nouveau
cadastre. Un ingénieur des Ponts et Chaussées, Gaspard Riche de Prony,
organise scientifiquement la production de ces tables: sous la direction
d'un groupe d 'éminents mathématiciens qui définissent les méthodes
de calcul les plus efficaces (méthode des différences fin ies), une équipe
de spécialistes traduit les fo rmules algébriqu es correspondantes en
données numériques. Celles-ci sont ensu ite traitées par une centaine
de tâcherons du calcul sur des feui lles pré-imprimées; chaque o péra-
tion est répétée indépendamment par deux employés différents afin
de détecter les erreurs. Appliquant pou r la première fois le principe de
division du travail au travail intellectuel, Prony invente une organisation Métier à tisser
Jacquard (voir
qui deviendra courante au xxesiècle: le service de calcul.
page suivante).

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- 'i2 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique

1BD4 ~ Métier à tisser Jacquard IBi!D ~ Rrithmamètre


Au XVIIIe siècle, le doublement de la population eu ropéenne induit une L'Arithmomètre est une machine à
forte demande de textiles. Des techniciens du tissage inventent des calculer à addition et soustraction
machines pour augmenter la productivité. Et bientôt germe l'idée d irectes, qui permet de multiplier et
de les automatiser: Basile Bouchon (1725) et Jean-Baptiste Falcon de diviser rapidement par additions
(1728), l'automaticien Jacques Vaucanson (1740). S'inspirant de o u soustractions partielles, grâce à
Vaucanson, Joseph-Marie Jacquard (1752-1834) construit en 1801 une platine mobile portant le résultat.
le premier métier à tisser automatique programmable à l'aide de L'assureur Thomas de Colmar (1785-
cartes perforées. Ces dernières portent le « programme », c'est-à-dire 1870) l'invente en 1820, puis s'en
la séquence d'enfilage des aiguilles correspondant aux différentes désintéresse pendant plus de 25 ans. li
Portrait de Jacquard tissé couleurs. C'est l'un des premiers exemples d 'enregistrement d 'une en reprend le développement quand
sur l'une de ses machines. séquence d 'opérations sur un support auxilia ire. le modeste succès de deux autres cal-
culatrices, l'additionneur de Roth et la
D'abord décriée par les canuts lyonnais qui
machine à touches de Schwilg ué, lui
craignent de perdre leur emploi et menacent
montre que le marché mûrit.
de jeter Jacquard et sa machine dans le Rhône, Chartes Xavier Thomas de Colmar.
l'invention est rapidement adoptée par les arti-
sans et fait le succès et la fortune de Jacquard.
À sa mort, son portrait sera tissé sur une de ses
mach ines à l'aide de 24 000 cartes perforées. Arithmomètre de Thomas,
modèle T18788 fabriqué en 1881 par louis Payen.

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Chapit:re 2 - Machines mécaniques - 't3 -

En 1851, dans une France qui se modernise, Thomas présente son


nouvel arithmomètre au public. C'est le début d 'une grande réus-
site commerciale, lançant l'industrie des machines à calculer. Sa •
machine est compacte, fiable et robuste. Plus de 5 000 exemplaires
seront produits de 1851 à 1915. Le motarithmometresera adopté
dans p lusieurs langues, tel le russe, comme synonyme de calculateur.

D'innombrables modèles de machines à calculer mécaniques seront


inventés ensuite pendant plus d'un siècle, à manivelles puis à clavier,
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bénéficiant de l'électrification à partir de 1890. Les plus répandus
(Brunsviga, Curta, Olivetti. .. ) coexisteront avec les premières géné- •
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rations d'ordinateurs et ne seront définitivement supplantés que •


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par les calculettes électroniques de poche dans les années 1970.

1B37 ~ Machine analytique •


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Le mathématicien anglais Charles


Babbage (1791 -1871) veut asso- • • •
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cier l' analyse mathématique >'J.;,-- .1,,r,,. f


avec les progrès du mach inisme · ~~ ~ "/-1 f;,~.,/.,~7 ,:7,....
pour développer un calculateur
dans un but pratique : él iminer
les erreurs contenues dans les
tables mathématiques (erreu rs Dessin original de Babbage extrait du « plan général de la machine analytique ».
de calcu l, de recopie ou d'im -
pression). Des tables nautiques
ou astronomiques fiables sont
vitales pour une puissance mari- Ambitieuse et géniale construction, confiée en 1823 au meilleur ate-
time, et les autorités sont prêtes lier de mécanique de précision anglais, la machine à différences ne
à soutenir toute invention qui les verra pas le jour. Babbage s'est en effet lancé dans le dessin d 'une
Charles Babbage (photo de 1860). améliorerait. En 1822 il présente deuxième machine automatique à différences et se désintéresse de
à la Roya l Astronomical Society la première, dont la construction est arrêtée en 1842. Ce chantier est
les p lans d ' une machine aux différences finies , méthode mathé- à son tour abandonné en 1849, car parallèlement Babbage met au
matique pour ramener des progressions polynom iales à des pro- point les plans d'une autre machine encore plus puissante, la machine
gressions arithmétiques. analytique, que l'on a pu considérer comme l'ancêtre des ordinateurs.

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Chapitre 2 - Machines mécaniques - 'iS -

Cette machine ana lytique entièrement mécanique innove sur tous Babbage a malheureusement un ca ract ère difficile. Passio nné par ses
les plans, notamment par son architecture. Ayant une mémoire, projets, il ne comprend pas que ce qui int éresse le gouvernement n'est
une unité arith métique et logique et un lecteur de cartes perfo- pas la conception d'une belle machine, mais la p roduction de tables
rées (idée empruntée aux métiers Jacquard), elle est générale au pour la Marine. Autoritaire et versatile, ses fréquents changements de
sens où elle est programmée par des instructions sur les cartes, qui plans fin issent par décourager ses sponsors et par le brouiller avec le
peuvent aussi porter des const antes ou des variables. Certaines patron de l'atelier de mécanique. C'est la vraie cause de l'abandon de
cartes peuvent générer un test ou effectuer une boucle ou encore ses machines, qui étaient pourtant faisables en mobilisant les meil-
appeler un sous-programme en annexe (pour employer le vocabu- leures aptitudes technologiques et financières de l'époque.
laire des informaticiens modernes).
Certain que l'avenir lui don nerait raison, l'irascible gén ie s'est efforcé
La première description scientifique de la machine est fa ite par le de laisser le maximum de plans et dessins. Des versions rédu ites de la
mathématicien italien Luigi Federico Menabrea, alors enseignant de machine à d ifférences seront réa lisées par les Suédois Pehr et Edvard
mécanique. Suite à des discussions avec Babbage lors d'un congrès Scheutz vers 1850. Une version partielle sera const ruite par son fil s
scientifique à Turin, il publ ie un article intitulé « Notions sur la mach ine Henry après 1880. Mieux encore, un siècle plus tard le Science Museum
analytique de M. Charles Babbage » dans le 4 7e tome de la Bibliothèque de Londres a entrepris d 'étudier minutieusement la Difference Engine
Internationale de Genève en octobre 1842. Une amie de Babbage, Ada n °2 et de la réaliser en respect ant scrupuleusement les contraintes
Lovelace (1815-1852), fille du poète Byron, en publie une traduction techniques du temps de Babbage. Spectaculaire, cette machine-
angla ise largement enrichie de ses propres commenta ires, expo- hommage a été inaugurée en 1991 pour le b icentenaire du grand
sant clairement le concept nouveau d 'un calculateur universel. Elle hom me. Son fonctionnement démontre que le projet était viable.
y ajoute un tableau des opérations successives que devrait effectuer
Entre temps, le concept de calculat eur p rogrammable imaginé par
la machine pour calcu ler un nombre de Bernoul li (B1 ) : sans être un
Babbage aura inspiré une longue suite d 'inventeurs que l'on ren-
« programme » codé, c'est une analyse algorithmique.
cont rera dans les chapitres suivants.

Augusta Ada King,


comtesse de Lovelace.
1B3B ~ Le cade Morse
Samuel Morse (1791-1872), peintre de son état, développe le télé-
graphe aux États-Unis à l'aide d'un système d 'électro -aimants et
de relais inventés quelques années auparavant par Joseph Henry.
Conjointement avec son assistant Alfred Vail, il introduit son code
ternaire fait de points, de traits et de silences pour transmettre
l'alphabet. Le code Morse international encore utilisé de nos jours
en sera une version simplifi ée, p roposée par !'Allemand Friedrich
Gerke. C'est une révo lution dans les communications: un système
Machine à différence n°2 de Babbage réalisée
en 2008 au Computer History Museum (Ca.), de signes permet d'utiliser l'énerg ie électrique pour transmettre
copie de celle du Science Museum de Londres. des informations à distance.

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- 'i6 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique

1B54 ~ La logique Baaléenne IB&& ~ Premier câble transatlantique


Avec son ouvrage Une investigation dans les lois de la pensée, sur les- Après plusieurs essais infru ctueux (rupture du câble, survoltage
quelles sont fondées les théories mathématiques de la logique et des amenant à sa destruction ... ), un câble transatlantique est tiré entre
probabilités, le mathématicien et philosophe angla is George Boole l'Irlande et le Canada, permetta nt la communication télégraphique
( 1815-1864) fonde une algèbre de entre l'Europe et l'Amérique. Cett e prouesse technique est aussi un
la logique. Son but est d 'étendre et avantage stratégique décisif pour les puissances qui con trôlent le
de comp léter la log iq ue d'Aristote, câble - à l'époque le Royaume -Uni et les États-Unis. De nos jou rs,
mais ce faisant Boole ramène la la quasi totalité du trafic intercontinental mondial passe par plus
logique dans le doma ine mathéma- d 'un million de fibres optiques posées sur le fond des océans, avec
tique. Il faudra attendre 191 O et les des débits dépassant le Térabit par seconde.
Principia Mathematica des logiciens
britann iques Wh itehead et Russell
pour que l'algèbre de Boole ait une
application ... théorique : la logique
symbolique.
1B67 ~ La machine à écrire
L'imprimeur américain Christopher Latham Sholes (1819- 1890)
George Boole. invente en 1867 la première machine à écrire p ratique et utilisable.
En 1873 il améliore le clavier en disposant les touches suivant la
séquence QWERTY, afin de séparer au maxi-
mum les paires de lettres successives les
1B65 ~ CCITT plus classiques en anglais, évitant ainsi les
Le Com ité consultatif international t éléphon ique et t élégraphique blocages de la machine par appui t rop
(CCITT) est un forum de concertation, créé dans le cadre de l'Union rapproché de deux t ouches trop
Intern ationa le des Télécommunicat ions (UIT), pour faciliter l'inter- proches. Les habitudes des utili-
connexion des résea ux de télécommunications qui se sont dévelop- sateurs ét ant rapidement prises,
pés dans différents pays. Un siècle après sa fondation, le CCITI com- tous les claviers postérieurs conser-
mencera à étudier la normalisation des transm issions de données veront cet ord re avec des variantes
via les systèmes téléphoniques des PTI. Bien que ses standard s ne linguistiques comme AZERTY. Mal-
soient que des recommandations facultatives, ils sont généralement gré de nombreuses propositions
adoptés dans les législations nationales comme le meilleu r moyen plus ergonom iques, il reste de
d'établir des normes sans référence aux industriels qui produisent nos jours le standard des cla-
les matériels. Ainsi la plupart des modems, y compris ceux produits viers d'ordinateur.
dans le bloc soviétique à partir de 1970, se conformeront aux avis
du CCITT. Le CCITT fonctionnera j usqu'en 1993 - année où Inter-
net s'ouvrira au commerce et changera les fondamentaux dans ce Un des premiers modèles de machines
domaine: TCP/IP ne doit rien au CCITT ! à écrire équipés du clavier qwerty

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Chapit:re 2 - Machines mécaniques - 'il -

1B73 ~ Rrithmamètre d'Ddhner : Protégée par des rafales de brevets (ce qui
n'empêche pas d 'innombrables contrefaçons),
le best-seller mondial des calculatrices de bureau
cette machine devient la calculatrice de bureau
Après de nombreuses années de réflexion par excellence dans la première moitié du
et d'études, le Suédois W. T. Odhner (1845- xxe siècle. On estime que 20 000 Brunsviga ont
1905) remplace les cylindres de Leibniz équi- été produites entre 1886 et 1912. De nouvelles
pant l'arithmomètre de Thomas de Colmar améliorations ont encore amplifié le succès par
par des roues à nombre variable de dents, la suite.
permettant d 'avoir ainsi une machine plus
Deux ans avant Odhner, Frank Baldwin ava it
légère et plus compacte. Il commercialise
également breveté aux États-Unis une machine
ses premiers modèles en 1890 à St-Péters-
à calculer basée sur le même principe de roue
bourg où il fonde une usine avec des capi-
variable mais sa commerc ialisation était restée
taux Nobel. Une licence est ensuite acquise
beaucoup plus confidentiel le que celle de la
en Allemagne par un fabricant de machines
machine d 'Odhner. Lorsque la couronne interne tourne
Willgodt Theophil à coudre de Brunswick, qui produit la calcu-
(attachée à une manette latérale mobile), les
Odhner. latrice sous la marque « Brunsviga ».
dents sont poussées en fonction de sa position.

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Arithmomètre d 0dhner.

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Premier calculateur de marées en 1872.

IB75 ~ Analyseur harmonique :


l'invention du calculateur analogique
Le physicien William Thomson (1824-
1907), devenu Lord Kelvin après son
anoblissement, construit un analyseur
harmonique, machine qui calcule les
coefficients de Fourier d'une fonction
à l'aide de disques, sphères et cyl indres
reproduisant une intégration mathéma-
tique ; puis un ca lculateur de marées,
appareil effectuant l'opération inverse,
c'est-à-dire la somme de fonctions sinu-
soïdales à l'aide de disques mobiles chaî-
• .·" William Thomson,
nés par une corde. C'est la naissance du
ca lculateur analogique qui résout une Lord Kelvin.
équation différentielle en substituant
d 'autres paramètres physiques aux vari ables de l'équati on : on
construit alors une machine (mécanique, hydraulique ou électrique),
étrangère au problème initial, mais dont le fonctionnement est régi
par une équation semblable ; on travaille par « analogie » entre le
problème et la machine : au lieu de « compter» le rés ultat comme
ferait un ordinateur numérique, un calculateur analogique le mesure.

1B76 ~ Le téléphone
Parallèlement au x travaux d 'autres inventeurs
comme Antonio Meucci ou Elisha Gray, Alexa nder
Graham Bell (1847-1922) dépose un brevet concer-
nant la transmission de la voix à distance à l'aide de
l'électricité; le t élép hone est né. Les technologies
et les co n cepts développés dans les télécom-
munication s (co mmutation, quantification de

Combiné téléphonique Berthon Ader de 1897.

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Chapit:re 2 - Machines mécaniques - 'i9 -

l'information, etc.) seront à la base de la culture professionnel le 1BB5 ~ L'Amérique entre en scène
des premiers concepteurs d 'ordinateurs. Le réseau téléphonique
S'inspirant d 'abord des développements européens,
commuté (RTC), construit pour des transmissions analogiques,
puis déployant leur propre capacité créatrice, des
sera aussi utilisé dans la seconde moitié du xxe siècle pour trans-
techniciens et des entrepreneurs améliorent et indus-
mettre les données des premiers réseaux informatiques. Inver-
trial isent des machines à calculer. Ils répondent à un
sement, à partir des années 1980, on fera circuler la voix sur les
' ' . marché intérieur en p leine croissance, où se créent
nouveaux reseaux numer1ques.
de grandes organisations qui inventent de nouveaux
modes de gestion, tandis que la main d 'œuvre qua- Machine à écrire additionneuse
lifiée est rare et chère. L'industrie mécan ique de pré - Ellis (191 O).
cision, qui a d 'abord fabriqué des armes à feu puis
1B76 ~ Rdditianneur de Tchebychev des machines à écrire (Remington), offre des savoir-
faire propices à l'innovation. Ainsi, le mariage de la
Le mathématicien russe Pafnouti L.Tchebychev (1821-1894) invente
calculatrice et de la machine à écrire, associant les
un dispositif d'addition continue sans propagation de retenue, résol-
mécanismes arithmétiques avec le clavier, engendre
vant l'un des problèmes apparus avec la Pascaline. Ce procédé permet
la machine comptab le. L'ajout d 'un petit moteur élec-
de construire des machines à calculer très rapides. Il sera utilisé aux
triqu e permet ensuite de réduire l'effort musculaire de
États-Unis dans une machine à additionner Burroughs de 1915, et
l' uti lisateur et d 'actionner une imprimante.
en 1945 dans la calculatrice Marchant (1 350 tours/ minute, soit plus
de 22 additions par seconde en pointe) qui restera employée jusqu'à À la suite de Felt et Tarrant, de Franck S. Baldwin,
la fin des années 1960. de l'employé de banque Bu rroughs et d'autres, un Pool de machines comptables
nouveau secteur industriel se forme. Bientôt dominé Burroughs-Moon -Hopkins
par des majors comme Nationa l Cash Register (NCR), dans une banque française
il contribue à transformer le mode de vie américain (vers 1930).
dont l'image sera bientôt associée à l'obsession des
données chiffrées. li initie la production en masse des
machines arithmét iques : NCR vend 25 000 caisses
enreg istreuses par an dès 1900, 100 000 en 191 O. Une
fois amorties sur le marché nord-américain, celles-ci
inondent ensuite l'Europe où seu le l'industrie alle-
mande saura vraiment résister.

Les principaux constructeurs, comme Burroughs ou


NCR, se convertiront à l'électronique dans la seconde
moitié du xx,esiècle et resteront des acteurs importants
de l'industrie informatique.

Calculatrice de Tchebychev {1876). Calculatrice Rheinmetall {1932).

l 1 i [ 1
l • l 1
.
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' 1 1 1 ' !
- sa - Histoire illustrée de l'inJ:armatique

1BB9 ~ La multiplicatrice directe 1\1 a t ricc


6~ 7 - 12
9 9
Toutes les machines à calculer précédentes effectuaient une mul- / x9
..;8 Il. IJ
tiplication par une série d 'additions : mu ltiplier par 8 revenait à
g~~ 7 7
tourner huit fois la manivelle pour additionner à chaque fois le ,/ . .,,,x
I / ~
, x4
!Il
6 6
multiplicande (nombre à multipl ier). À 19 ans, Léon Bollée (1870- Al 5 5
1913) présente une remarquable invention : la machine à multi- :-xzxl 4 4
plication directe. Son secret, des plaques en mét al reprodu isant la 3 3
table de Pythagore: pour chaque couple de chiffres, deux tiges de 2 2 ....1
lon gueur variable donnent les chiffres des dizaines et des unités 1 J
de leur produit et permettent ainsi de faire avancer les totaliseurs.
Uo.it .

Table de Pythagore matérialisant tous les produits .

-
ta CAtCU\.E de Lêon BOLLEE AU
l ,,,11::-.v.1.11. 1•,1u, 1nr,11 ,u ri,11 11:-1011
1
MANS . 8~ S.G.D.G. 1889
• •
n ECTn s ta n a , r r1: a ea a a :sr: o a " , no rm z r

Multiplicatrice directe
de Léon Bollée.
• • 1
1 •' 1
1 ' 1 1 l 1 1
1 l 1 ~ I • ' 1 1l 1 1 '
C'est, sous une forme mat érielle, ce qu' un informaticien d 'au-
j o urd 'hui appellerait un « sous-p rogramme ». Le procédé sera
repris da n s de nom breuses machines ulté rieures, y compris en .. "' ,. .. - -
rr. H'T1l',1. 1,t11f:M,r,11, ..,nt. n:,, ,~1.1) 11,,r, .. ,111. 11:-rn,. ,,,,, \t ,~1r u·rr1:tl\
mécanographie comptable. La machine reçoit u ne médaille d'or
., \ t:r lil Y J,11 li\ 11. of ~

,..._, ,. ,..

.
, .. 1 ' , ...

à l'exposit ion un ive rsel le de 1889 ; ma is lou rde, encombrant e et ' -


chère, elle n'a pas de succès commercial. Et Léon Bollée, b ien - --
qu'i ndustriel, n e transfo rme pas son invention en produ it de
sé rie. Des machines à multiplication d irecte so nt mises au point
et industrialisées outre-Rhin (modèle « Millionnai re ») et en Amé-
rique (Moon-Hopkins). Léon Bo llée continuera sa vie d'inventeur, •

devenant l'un des premiers const ructeurs d'a utomob iles.

1B9D ~ Début de la mécanographie "' .

Afin d'aj uster l'organisation politique des


États-Unis au poids démograph ique
des états, qui évolue vite, la constitution
américaine impose d 'effectuer tous les
dix ans un recensement de la population.
Le t raitement manuel des données du
recensement de 1880 a été si fastidieux
que ses derniers résultats ne paraissent
qu'en 1888 et sont donc périmés. Le •

gouvernement fédéra l cherche un sys-


tème plus efficace pour celui de 1890.

Herman Hollerith (1860-1929) remporte Hermann Hollerith
l'appel d'offres en proposant de coder les vers 1888.
don nées par des trous su r des cartes, et
d'accélérer le comptage en ut ilisant un
appareillage électrique à base de trieuses
et de tabulatrices à compteurs. I
Une de Scientific American d'août 1890 présentant
les tabulatrices Hollerith du recensement américain.

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r a -~- c.u•c• Of t d Ollrn> .UTES TD lltCT.P.(rAY. f!.t)IIUATll'O MUJlAJIUX - ~ 1
- 52 - Histcire illustrée de l'inJ:armatique

Tabulatrice et trieuse
d'Hermann Hollerith
utilisées pour le recensement
américain de 1890.

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1 • 1
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1 J ~ I J '. • ' 1 1 1 ' 1
C hapitre 2 - Machin es mécaniques - 53 -

1 2 .....' t LPC.. t • 1
Les applications sont d 'abord limitées aux statistiques. i ,. ,, t.. ;;, A (j C . F H I ...J ... L

Ma is, à force de perfectionnements par Hollerith et par ses AB .F G li I J ...._,,,._, ..,.,, N O P Q

émules, notamment Powers et Bull, elles s'étendront à la , ; 12 -- - • il •: •z --- -


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gestion comptable. Après le succès du recensement et pour ·~ s. ..) •1 ...::X ,.. 1,4 J+ •• J4 ,. •• t.. 14

commercialiser ses machines, Ho llerith crée la Tabulating Jt, ) <, J6 1~ ~~ J6 SI, s, S6 Î<, S&

Machine Company qui fusionnera avec d'autres entreprises, ;.... 1, ,, , , 71 '• • Il l ) 7a :a ' • 71 71 lr '•
puis deviendra IBM en 1924. -
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La carte perforée aura un immense succès en informatique
puisqu'elle servira de support d'entrée d'information pour
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la plupart des ordinateurs jusqu'au début des années 1970. •..
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La diffusion des terminaux interactifs et des disques magné-
) S& • 6 ~ S6 St, St, )
tiques entraînera ensuite sa disparit ion en une quinzaine
d'années. Le modèle de carte perforée le plus connu est la
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ca rte « 80 colonnes », introduite par IBM en 1928, qui restera


un standard jusque dans les formats d'écran des prem iers
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terminaux texte, à 24 lignes de 80 caractères. Carte perforée à trous ronds pour machine Remington·Rand.

Crédits
P . 31 : Charles Bab bage • P . li! : From the Erwin Tomash Library on the History of Computing, by Ervvin Tomash and Michael R. William s, published by Erwin Tomash and Michael R. Williams, 2009 (electronic
copy available on the Charl es Babbage lnstitute website). Extrait de Mark Napier, Memoirs of John Napier of Merchiston, William Blackwood and Thomas Cade li, 1834 • P . 11 : Kim Traynor / Wikimedia Commons
(Musée National d 'l:cosse) , P . J~ : Herbert Klaeren / Wikimedia Commons; F. Seck (Editor) "Wilhelm Schickard 1592-1635, Astronom, Geograph, Orientalist, Erfinder der Rechenmaschine·; Tübingen, 1978 , P . 35 :
Roger Mc Lassus / Wikimedia Commons • P . 3& : Tieum52 / Wiki m edia Commons (Musée des Arts et Métiers, Paris) ; © 201 5 by AUCTIONTEAM BREKER, Cologne, Germany (W\1\/v'J.Breker.com) • P . l'i : Wikimedia
Commons. Extrait de Blaise Pascal, Œuvres de Blaise Pascal, t. 4, Chez Det une, La Haye, 1779 • P . JB : Wikimedia Commons. Extrait de Blaise Pascal, Œuvres de Blaise Pascal, t. 4, Chez Detune, La Haye, 1779 • P . 39 :
Pierre Mounier· Kuhn ; Pierre Mounier· Kuhn • P . 'ID : Science Museum / Science & Society Picture Library , P. 'Il : Clem Rutter / Wikimedia Commons (Museum of Science and lndustry, Manchester) • P . '12 : Droits
réservés ; BastienM / Wikimedia Commons (Château de Maisons-Laffitte) ; arithmornet re.org , P. '13 : Droits réservés ; Charles Babbage , P . 'l'I : Nathan Myhrvold, Computer History Museum / xRe.z Studio ; , P . '15 :
Alfred Edward Chalon - Science Museum / Science & Society Picture l ibrary , P . 'I& : Popular Science Magazine; Koblenz Technical Museum , P . 'l'I : Droit s réservés ; Geni / Wikimedia Commons ; Wassén, Henry:
The Odhner History • An lllust rated Chronicle of "A Machine to Count on~ Gothenburg, Wezata, 1951 • P . 'ta : Science Museum I Science & Society Picture Library; Dickinson Brothers, publié par Photographische
Gesellschaft ; Alain Groult • P . 'Hl : Al ain Guyot & Musée nat ional d'histoire de Saint-Pétersbourg ; Droits réservés; Archives historiques BNP Paribas ; Pierre Mounier-Kuhn - Archives historiques BNP Paribas , P .
sa : Tieum52 / Wiki media Commons (Musée des Arts et Métiers, Paris); arithmometre.org • P . 51 : Charles Milton Bell / US Cens us Bureau ; Scientific American • P . Si! : US Census Bureau , P . 53 : Jeffrey S. Jonas

1 1 ! Il 1[11111 1 l1 11
• 1l 1 1 l 1 l l1 l
l • 1 - • t ·1 1
-
Chapitre 3 - Le début: du xx"' siècle - SS -

a deuxième révolution industrielle - celle de l'électricité,


de la chimie, des moteurs à pétrole - induit de nou-
veaux besoins de calcul et de traitement d'information.
Les ingénieurs veulent ca lcu ler les performances de leurs produits.
Les savants recourent de plus en plus à la modélisation mathéma-
tique pour comprendre les phénomènes. Les gestionnaires des
grands réseaux d'énergie ou de transport ont besoin à la fois de
calculs techniques, de statistiques d'incidents et de consomma -
tion pour optimiser leur fonctionnement. Les entreprises et les
grandes bureaucraties adoptent progressivement les méthodes
« d'organisation scientifique du travail » et de contrôle qual ité, qui
nécessitent une quantité croissante de statistiques. La production
de masse, dans une société occidentale où des couches sociales
p lus larges accèdent à la consommation, nécessite elle aussi un
contrôle de plus en plus rigoureux sur les flux et les stocks dans
l'entreprise: à côté des ingén ieurs apparaît une nouvelle catégo-
rie professionnelle, les cadres, dont l'activité revient en grande
partie à trai ter des informations, à produire et consommer des
données chiffrées.

Les guerres accentu ent ces tend ances. L'artillerie a été révolu-
tionnée entre le m il ieu et la fin du x,xe siècle à la fois par les pro-
grès de la chimie, qui ont engendré des explosifs surpu issants,
et par les progrès de la mécanique et de la métallurgie, qui ont
permis de produire des armes rayées, résistant aux hautes pres-
sions, capables donc de tirer dix, vingt fois plus loin que les tubes
de bronze de Napoléon. Vers 1905, les gros canons de marine
envoient des obus de plusieurs centaines de kilos à plus de 20 km
- et cela vers des cib les mouvantes, à partir d'un navire qui est
lui-même sujet au tangage et au roulis et avance à 20 nœuds. On Alan Turing.
imagine les problèmes de calcul et de correct ion automatique que

l 1l 1 l 1 1
l 1 11 l
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i 1 • • j 1 1 [ [ 1 1 1 ' 1 •1
- 56 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique

ces systèmes d'armes exigent de résoudre pour être efficaces. Pen- 1920. Le secteur est dominé par quelques grands producteurs:
dant la Grande Guerre, des équipes mobi lisant mathématiciens NCR, Burroughs, Remington - Rand et d'autres qui souve nt se
universitaires et ingénieurs militaires s'y attellent, pendant que sont implantés comme rcialement dans les ad m inistrations en
d'autres s'efforcent de gérer, de nourrir et d'équiper des millions vendant des machines à écrire. En Europe, !'Allemand Wande -
de combattants. rer Werke, le Suédois Facit et quelques autres se tai ll ent une
place honorable. S'y ajoutent de plus petites machines à calcu-
Le retour à l'économie de paix se carac térise par une pénurie de
ler, comme la Brunsviga, best-seller des calcu latrices de bureau
main d'œuvre (particu lièrem ent en France, qui avec 1,5 million de
pendant un long demi-siècle. Tous ces appareils peuvent être
morts a été le plus saigné des grands belligérants), ce qui pousse
utilisés par un employé individuel dans un bureau, ou rassem-
encore à mécaniser le travail. D'autre part la guerre a accéléré le
blés en vastes pools comme les pools dactylographiques. Leur
développement de nouvelles techniques, comme la TSF et l'avion,
manipulation s'apprend en quelques heures par une personne
dont les progrès vont à leur tour n écessiter des calculs de champs
habituée aux tâches administratives.
électriques, d'antennes, d'aérodynamique, de résistance des struc-
tures, et c. Beaucoup plus lourdes, performantes et coût euses, les machines
à cartes perforées ne sont concevables que dans de grandes
Comme souvent dans l' histoire, il n'y a pas un type unique de
organisations, ayant à la fois des besoins de traitements massifs
solution (the one best way) à ces problèmes, mais plusieurs, en
et les moyens d 'investir dans ces machines. Apparues sou s une
fonction des circonstances et des savoir-faire. C'est l'époque où
forme primitive pour répondre aux besoins de recensements des
se multiplient les bureaux de calcul employant des dizaines de
grands États, c'est seu lement vers 1920 qu'ell es attaquent le mar-
salariés (souvent des femmes) penchés sur des feuilles de calcul ou
ch é européen. Le premier constructeur est Ho ll erith, dont la très
sur de petites machines de table. Règles à ca lcul et tables numé-
profitable firme prend en 1924 le nom d' IBM aux États-Unis. Son
riques règnent dans les bureaux d'étude. Ainsi que la nomogra-
seul concurrent d'alors, Powers, a déjà débarqué en Europe occi-
phie, le calcul par le dessin, qui est une forme immatériel le de
dentale. En 1931 s'installera à Paris un petit challenger d 'origine
calcul analogique. C'est l'âge d 'or des inventeurs: les archives des
norvégienne, Bull. Il n'y en a pratiquement pas d 'autres, car le
offi ces de brevets révèlent l'intense créativité des passionnés de
coût du développement et de la fabrication des machines à cartes
mécanique et des utilisateurs mécontents qui perfectionnent les
perforées élève une barrière à l'entrée sur ce marché, beaucoup
dispositifs apparu s au x,xe siècle ou en inventent de nouveaux.
plus haute que celle des machines de bureau.
Peu d'entre eux font fo rtun e, car le marché est déjà dominé par
de grandes entreprises. Les machines à cartes perforées offrent d'emblée deux avantages
sans éq uivalent. D'une part les cartes perforées sont un support
Parmi les machines de bureau, les plus anciennes sont les cal -
de mémoire réutilisab le, par exemple pour calculer chaque mois
culatrices de table, qui von t de la simple additionneu se aux
la paye du personnel. D'autre part, entre la sa isie des données
machines aptes aux calculs scientifiques. En haut de gamme, les
et l'imp ression des résultats, ces grosses machines automatisent
machines comp tabl es résultent de décennies d'effo rt s inventifs
des suites d'opé rations élémentaires, éliminant nombre d'opéra-
pour marier la calculatrice avec la machine à éc ri re. Expl o itant
tions humaines: on rédu it à la fois le ri sque d'erreurs et les heures
toutes les ressou rces de la mécanique de précision, incorporant
de m ain d'œuvre. À beaucoup de points de vue ces machines ont
progressivement des éléments électriques pour facil iter le tra-
préparé le terra in aux premiers ordinateurs de gestion.
vail de l'uti lisateur, c'est une technologie mûre dès les années

1 111 ' 1 11 1
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1 -
Chapitre 3 - Le début: du xxe siècle - 5-=t -

Très loin des bureaucraties et des int érêts économiques, quelques


penseurs cogitent su r les fondements des mathématiques.
Qu'est -ce qui gara ntit la véracité d 'un énoncé, la rigueu r d'u ne
démonstratio n ? Les m athématiques s'étant développées dans
toutes les d irections depuis u n ou deux siècles, comment assurer
leur cohérence, comment les débarrasser des scories de l'int u it ion
\ '-
ou des pièges du langage commun? Un langage formel po urrait-il \
fonctionner comme u n mécanisme inf ai llible pour produire des
démonst rations? Ces réflexions géniales, aux limites de la philo -
sophie, aboutissent dans les années 1930 à des démonstrations
qui anéantissent l'espoir scientiste d ' u ne mathématique à la fois
complète, cohé rente et « déc idable », ma is fo n dent l'algorith-
mique. Elles ont peu d'influence su r la conception des p remiers
calculateurs électron iques après guerre, mais donneront p lus tard
les concepts nécessaires pour les comprendre et les théoriser.

19D4 ~ Diade et triade


Les premiers prototypes de « valves de Fleming »,
En cherchant à améliorer la transmission de la voix par TSF (inventée plus tard appelées diodes. Échantillon de tubes à vide des années 1950-1960.
en 1896 par Marconi), l'Anglais Joh n Fleming (1849- 1945), en 1904,
et !'Américain Lee de Forest (1873-1961 ), en 1907, inventent les
anode ---11--- -
pièces maîtresses pou r contrôler et amplifier le courant: les tubes à gril le -... ... ..
vide (aussi appelés tubes électroniques, lampes ou encore valves qui cathode -
exprime mieux leur apt it ude au « tout ou rien »). Par chauffage, u ne
cathode émet des électrons qu i sont ensu ite dirigés vers l'anode fi la1nent
en passant à travers une gri lle de commande. On a un contrôle
directionnel du courant (qu i peut passer de la cathode à l'anode
mais pas en sens inverse: effet diode) ainsi que de son amplifica-
t ion (le courant entre les deux électrodes est proportionnel à la
tension de la grille: effet triode). C'est le début de l'électronique qui
permet tra le développement de la radio et du radar. D'un point de
vue fonct ionnel, une diode équivaut à un cliquet sur une roue den-
tée en mécan ique, mais cette nouvelle technologie n'aura aucune
application informatique avant les années 1940.

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- se - Histoire illustrée de l'inJ:crmatique

19D5 ~ Namagraphie de M. d'Dcagne


f.1~
Polytechnicien et ingénieur des Ponts et Chaussées, Maurice d'Ocagne
(1862-1938) publie plusieurs ouvrages expliquant l'efficacité de la réso-
lution graphique d'équations algébriques par l'emploi d'abaques, une
branche des mathématiques appliquées qu'il baptise nomographie.
11111.1,
Son ardeur militante se fonde à la fois sur son expérience technique
et sur sa connaissance de l'histoire des procédés de calcul, à laquelle

il consacre de bons chapitres. Une partie des méthodes qu'il promeut
-
a été élaborée en collaboration avec l'ingénieur égyptien Farid Bou lad
Bey, qui joua un rôle comparable dans son pays. ~enseignement et les lll~llllftt t.1 JIE~t llltllO\ ~OM\l\lRE IIL, l\~Ull Ut.\1~ LT 11\[lll~[~ \ C.\I.CULlll.
ouvrages de Maurice d'Ocagne, plusieurs fois réédités, ont permis à l ll~ll~. Ill 1011 ~ t.1 ~Olllll,J. \ 1~ ',

trois générations d 'ingénieurs de résoudre des problèmes courants ...


,. \ Il
et souvent de se passer de machines à calculer.
Maurice d ' OCAGNE,
J - HH' 1 • l•~'.'\ l 11 I" '• ,1 ,.,,,

1'1 le 1
Abaque extrait de l'ouvrage H, I' 1t 1 11. :, 1·.. 1~ 1 •• lhl !'Il.'.

de Maurice d'Ocagne. l 3

t
• nli r~ nu:,

-2. -t
Maurice d'Ocagne en 1882.
-3 --- .. _---- ----
---- f' \ R 1~.

-i G.\ U 11111:lt-\" ll l.A Il~, 1\!Pltl \1 EUft-LIOl\,\lR E


r, t RI fi I> \ t lJ J;' ,. O \ r. 1 T l ' fi E • , t , E I ' 1: 1 0 1 r; I' Il 1 \ T f', · H ~ 1tJ l E ,
· Fig. 115.
Qu .. , ù~, c~ r1111tl~ \o.,u~t111::. ,;::,,

Eco le Nationale des Ponts et Chaussées
La figt1 rc 1 1 j 111on lrc 1111 fragn1c11t tln not1\ogra1 11111c ainsi
ro11:;(rt1it avec t•, = !.•~ = 1c,n 1.
, , r..~ r ?sition <.le J' indcx J1l:lrq11éc <'n poinlillé cor~pond Œ
l cq11(ll1on
3
:: +z'l - 1, r6 :-3,-i=o,
po11tt l:ic111ellc 0 11 :'l : = 1 .6. Maurice d'Ocagne, Le Calcul simplifié {1905).

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l ~ ! • • l 11 l •
C:hapit:re 3 - Le début: du xx 11 s iècle - 59 -

1913 ~ Totalisateur
de paris mutuels
Les calcu lateurs analogiques
se développent dans toute
l'industrie. L'ingénieur austra-
lien George Ju lius (1873-1946)
constru it un tota li sateur per-
mettant à plus d ' une vingtaine
de caissiers d 'enregistrer les paris
pendant une course de chevaux,
de calculer automatiquement la
cote associée en fonction du
montant et du nombre de paris
et d 'afficher le résultat en temps
réel sur de grands tableaux situés
à l'entrée du champ de course.
Sa machine est à base d 'engre-
nages, de compteurs et de dif-
férentiels, mais n'exécute pas de
programme: c'est l'arrangement
des pièces qui organise le calcul.

Totalisateur de paris mutuels


à Sydney (Australie), 1913.

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- 6D - Histoire illustrée de l'inJ:armatique

191B ~ Bascule << Flip-Flap >> foire de Paris de 1914,jouait la finale roi et tour contre roi seul et gagnait
toujours contre un opposant humain. Ses réalisations et ses réflexions
En 1918, deux physiciens français, Henri Abraham ( 1868-1943) et
théoriques lui valent une réputation internationale dès les années 1920.
Eugène Bloch (1878- 1944), inventent sous le nom de « multivibra-
Seul le faible développement industriel de l'Espagne à son époque
teur >> un montage de deux triodes en osci llateur. Au même moment,
empêche ses inventions de trouver l'audience qu'elles méritent.
de l'autre côté de la Manche, deux ingénieurs britanniques, William
Eccles (1875- 1966) et Frank Jordan (1882 - ?), expérimentent un
dispositif comparable qu'ils baptisent flip-flop, et publient l'année
suivante un article dans Radio Review intitulé « Un relais basculeur
utilisant des lampes à vide à trois électrod es».

Appelé aussi circuit bistable ou bascule, composé de deux triodes,


Carte réaJisant un bistable chacune pouvant alternativem ent être conductrice de courant,
(mémoire de 1 bit!} c'est potentiellement la brique de base pour la construction de
à base de trois transistors compteurs digitaux, voire de mémoires informatiques. Ce circuit
(situés au centre de servira effectivement dans les années 1930 à réaliser des comp-
la carte) utilisée dans teurs d 'impulsions pour la physique nucléaire, entrant ainsi dans
l'ordinateur DRTE la culture technique de quelques physiciens, comme Mauchly, qui
au Canada vers 1960.
se lanceront ensuite dans le calcul électronique.

Automate joueur d'échecs Machine analytique algébrique programmable de Torres-Quevedo,


de Torres-Quevedo. 192D ~ Leanarda Tarres-Queveda présentée à Paris en 1920.
Mathématicien et physicien, !' Espagnol
Leonardo Torres-Quevedo (1852-1936) est
192D ~ Calculateurs humains
l'un des grands pionniers de l'automatisme.
Inventeur prolifique d'engins télécomman - Dès la fin du x1xe siècle, les bureaux sont remplis d 'employés pen-
dés par radio (comme son contemporain chés sur les machines à écrire ou les calculatrices mécaniques.
Tesla ), d 'appareils automatiques et de Le développement des assuran ces, du secteur bancaire et de la
machines à calculer, il est l'un des premiers comptabilité nécessite d 'innombrables cohortes de « calculateurs »
à avoir uti lisé des relais de téléphone au lieu effectuant manuellement les calculs nécessaires. Les observatoires
de dispositifs purement mécaniques pour astronomiques, les centres d 'essais de l'artillerie, les constructeurs
traiter des informations. Ce qu i lui permet de de bateaux, d 'avions ou d 'appareils d 'optique organisent eux aussi
reprendre, avec une technique plus appro- des bureaux de calcul emp loyant des dizai nes de tâcherons de
priée, les projets de Babbage sur les calcula - l'arithmétique. Ils utilisent eux aussi les machines numériques de
teurs numériques programmables, Son pre- table, les règles à calcul et d'autres instruments de « nomographie ».
mier automate joueur d 'échecs, présenté à la Le terme ang lais pour les désigner est ... computers !

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- 62 - Histoire illustrée de l'in~armatique

192D ~ Rpparitian du rabat 1927 ~ Un cerveau d'acier


Le terme « robot » apparaît pour la première fois dans la La publicité de la Brunsviga,
Eine a lte Marke .. .
pièce de théâtre de science-fiction R. U. R. (Rossum's Uni- la ca lcu latr ice d e table qui
versai Robots) du romancier tchèque Ka rel Capek (1890- conquiert les marchés mon-
1938), le term e ayant été inventé par son frère à partir diaux, vante son i nfai llib le
du mot slave signifiant travailler. Les and roïdes imagi- « cerveau d'acier » m écanique
nés dans la pièce sortent d 'une usine de fabrication aux rouages inf ail libles. Cela à
de robots et sont init ialement dénués de sentiments. l'époq ue où le Tchèq ue Karel
Pour les rendre plus polyvalents, l'ingénieu r augmente Capek met en scène les pre -
leur intelligence. Ils finissent par se révolter et anéa n- miers robots, et bien avant les
t ir l'humanité, mais découvrent l'amour et assument « ce rveaux électroniques ». Ce
enfin la respon sabilité du monde. La pièce de Capek est thème g raphique devient le
bientôt jouée à New York et à Paris, popularisant le mot logo de la marque Brunsviga. GEHIRN VON STAHL
robot qui remplace rapidement l'appellation ancienne Le j eune Alan Tu ring, qui utili- hot bl ei bend en Wert

C3PO et R2D2, les robots les plus célèbres


d'automate. sait une mach ine de ce type et
connaissait donc ce dessin, en B11UN5VIGR
Rechenmaschinen • Addiermowuncn
du cinéma (La guerre des étoiles, 1977). a-t -il t iré m atière à pensée ?

Brunsviga, cerveau d'acier.


Robby, le robot du film
Planète interdite (1956).
Curiosity, le robot d'exploration 192B ~ Carte perforée à BD calannes
arrivé sur Mars en août 2012 ; il pèse 900 kg.
Une carte perforée est à la fois un objet technique destiné à fonc-
tionner dans une machine, et un document directement im primé
lisible. Le passage au traitement de données alph anumériques
sur les nouvelles tabulatrice s résout u n problème mais en crée
un autre: la carte 45 colonnes traditionnelle a des capaci t és d 'en-
registrement trop li mitées. 1BM met au point en 1928 une carte
portant 80 colonnes de perforations rectangulaires, « plus hautes
que larges », occupant donc moins de place que des trous ronds,
mais laissant assez de temps aux balais électriques pour établir le
contact permettant la lect ure. Cette formule élégante d'optimisa-
tion de la carte offre une capacité mémoire supéri eure de 78 °/o au
format 45 colonnes. En Europe, Bull et British Tabulating Machines
l'adoptent - Bull parviendra même, au terme d'une longue bataille
juridique, à faire ann uler les brevets d'IBM !

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Chapitre 3 - Le début: du xx 11 siècle - 63 -

La carte est au ssi à l'origine d' un casse -tête qui fit du bruit à la fin
Carte perforée à 80 colonnes.
du xxe siècle : la codifi cation de l'année par d eux chiffres sur les
cartes perforées, reprise ensuit e dans des millions de logiciels et
de firmwares (logiciels enfou is), a déterminé le bogue de l'an 2000
dont le coût en Fran ce était estimé de 100 à 150 milliards de Francs.

Bases de données mécanographiques : les tiroirs de cartes perforées d'une banque au milieu du xx' siècle.

1 11 J - 11925 , .
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- Ei'i - Histoire illustrée de l'in~armatique

192B ~ Problème de la décidabilité combinant ces intégrateurs, il est possible de simuler une équation
différentielle et de la résoudre en traçant automatiquement sa solu-
En 1900, le mathématicien al lemand David Hilbert (1862- 1943)
t ion. Ces calculateurs ana logiques mécaniques rendent des services
avait posé au congrès international des mathématiciens le pro-
en ingénierie et en calcul scientifique. Des copies en sont réalisées
blème de prouver la cohérence des mathématiques. En 1928, il
par des laboratoires universitaires dans la plupart des pays indus-
pose la question de la décidabilité des mathématiques: existe-t -il
trialisés ... sauf en France! Ils ont toutefois plusieurs inconvénients:
un algorithme général permettant de savoir, mécaniquement, si
encombrement, difficulté de reprogrammation (à chaque nouvelle
un énoncé est vrai ?
équation, il fallait réorgan iser les connexions entre engrenages, axes
Le logicien Kurt Gëdel (1906-1978) et moteurs), précision limitée en raison des frottements et jeu entre
répond en 1931 au premier pro- les pièces. Après guerre, ils seront remplacés par des calculateurs
blème en démontrant que tout électroniques, analogiques puis numériques.
système formel , aussi puissant
soit-il, est soit incohérent, soit
incomplet : il existe donc des
énoncés mathématiques que l'on
David Hilbert vers 1912. ne peut ni prouver, ni réfuter. Les
math ématiciens commencent
alors à s'intéresser à la théorie de
la calculabil ité : quelles sont les
fonctions mathématiques effec-
t ivement calculables en un temps Un intégrateur réalisé à l'aide de pièces de Meccano.
fini par un algorithme et comment
le formaliser ?
Albert Einstein et Kurt Godel à l'IAS
au début des années 1950.

19:ID ~ Analyseur différentiel


Jeune professeur au MIT, Vannevar Bush (1890-1974) construit un
analyseur différentiel pour résoudre des problèmes d 'électrotech-
nique. Grand appareil composé d 'axes, d 'engrenages, de disques et
de volants, l'analyseur différentiel permet d 'effectuer des intégra-
tions et dérivations mécaniques (c'est-à-dire un système dans lequel
un paramètre physique - par exemple une vitesse de rotation
d 'un axe - est d irectement la dérivée ou l'intégrale d 'un autre). En

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- EiEi - Histoire illustrée de l'inJ:crmatique

1933 ~ Cartes perforées : \\11 11 1•1:1

la maturation des machines


les Mach ines à Statistiques
Depu is les années 1920, IBM et ses rares concurrents ont SAM AS - PO WERS
rivalisé pour étendre les applications des mach ines à cartes à foncl lonnemcnc mécanique . . .

perforées au-delà des « statistiques ». Il ne s'agit plus seu-


lement de compter, mais de calcu ler. Notamment pour
attaquer le march é de la comptabilité et de la tenue de
fichiers. Ce qui leur permettrait de conquérir les clientèles
des banques et des administrations. Il faut pour cela déve-
lopper des imprimantes, des cartes à grande capacité, des
machines capables de traiter des données alphanumériques
et d'effectuer les quatre opérations. Ce qui nécessite des méca-
niques encore p lus complexes que les machines purement arith- Tabulatri ce
Standard
métiques. Au m ilieu des années 1930, cet effort porte ses fru its et
les grandes organisat ions se dotent de nouvelles structu res conçues
Tabulatrice imprimante Bull
de 1931. autour de gros centres de t raitement des données.
. • . conv1enne11t aussi
b i en au ic ontre -
pr,ses moye n ni''i
qu'aux fi rmes 1mi,or-
lantes et aux gran-
dos admin1strotions

DEPUIS LE 15 AVRIL 1933


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SAMAS-POWERS
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25 -27, RUE D'ASTORG , PARIS - 8° - A NJOU 50-70

1 1•

Publicité pour les machines SAMAS-Powers (1933).


Atelier de perforation des cartes
dans une banque française
(années 1930).

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C:hapit:re 3 - Le début: du xx 11 siècle - 6l -

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Atelier mécanographique IBM à la BNCI {vers 1940).


• 1937 ~ Alan Turing
Dans un article fondateur de l'a lgorithmique, « Sur les nombres
calculables et les app li cations au problème de la décidabilité »,
le mathématicien ang lais Alan Turing (1912-1954) décrit un e
machine conceptue ll e capable d 'exécuter séquentiellement,
11•
selon un programme préétabli , une série d 'opérations en vue
de résoudre un prob lème. Il y a des concepts matériels (bande
Publicité pour les machines Bull (1934). de papier, unité centrale, di spositif de lecture/écriture) et logi-
ciels (table des états, liste d'instructions, convention d'écriture
des données) . Cela lui permet de répondre à la question de la
décidab ilité de Hilbert en montrant que toutes les questions

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- EiB - Histoire illustrée de l'inJ:armatique

Pendant la guerre, Alan Turin g a j oué un rô le décisif pour casser


•• •• les codes al lemands utilisés sur la mach ine En igma. Contribuant
ENS DE LYON à introduire l'approche mathématique en cryptana lyse, il a m is au
1----I • 1 l~ I 1 point des méthodes et participé à la construction de machines
électromécaniques permettant d 'automatiser le décryptage.
:. • • ·-1
La guerre finie, il s'est voué à la conception d ' un des premiers

lt \t t- ordinateurs anglais, avant de deven ir enseignant-chercheur en


p rogrammation et en t héorie de la calculabilité, puis est repa rti
t
- •
vers des travaux plus théoriques, notamment en morphogenèse
'·r et en intelligence artificiel le.

t- 11 a ainsi lancé l'idée d ' un test, appe lé maintenant « test de


1

1 Turing », censé décider de « l'intel ligence » d ' une machine. Le


r p rincipe est pour un ord inateu r d 'essayer de se faire passer pour
1,-
• un humain à travers un échange textu el quelconq ue avec un
opérateur. Le test est probant si l'opérateur croit avoir affaire
1 à un humain. M ême s'il est ridicule de restreindre l'intell igence
à une simple conversation, ce test a servi et sert encore d 'ob-
ject if pour tous les développements en inte ll igence artif icielle.
En 2014, une équ ipe russe a prétendu avoir réuss i une version
simplifiée du test simu lant l'intell igence d ' un enfant de 13 ans
parlant mal l'anglais, mais ce résu ltat est controversé et peu de
Machine de Turing entièrement mécanique faite en LEGO {2012). spéc ialistes l'acceptent .

Inculpé en 1952 d ' homosexualité (qu i était alo rs un dé lit dans


la puritaine Angleterre), Alan Tu ring a été forcé de suivre un
ne pouva ient être « décidées » par une telle mac h ine et qu'i l
tra itement hormonal castrateur. Il s'est suicidé de ux ans plus
n'existe pas d 'algorithme général permettant de démontrer n'im-
tard. Les travaux théoriques d 'Alan Turing restèrent dans une
porte quel théorème de l'arithmétique. Même si sa machine n'est
relative obscurité pendant les vingt premières années de l'in-
qu' un concept et nullement une réa lisation pratique, Turing est
fo rmatique, dont les p i onniers étaient d'abord accaparés par
considéré, avec Alonzo Church (1903- 1995) qui a indépendam-
la construction pratique des machines ; ils furent redéco u verts
ment répondu à la question de Hi lbert d'une man ière différente
dans les années 1960 au moment du développement de l'in-
(lambda-ca lcul), comme le père de l'informatique théorique. Son
formatique théorique (algorith m ique, complexité ... ). En son
œuvre a permis la formalisation et le développement de la théorie
honneur, le prix Tu ring, fondé en 1966 est décerné chaque année
de la ca lculab ilité, fondement de l'étude des algorithmes et de
pour des contributions majeures en informatique tant théorique
ce que p eut fai re un ordinateur. D'autres modèles de machines
qu'appliquée ; il est souven t considéré co m me l'équivalent d 'un
ont vu le jour; ils sont tous équivalents et correspondent bien à
prix Nobel en informatique.
ce qu'on appelle intuitivement une fonction ca lculable.

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Chapitre 3 - Le début: du xx" siècle - 69 -
George Stibitz.

1937 ~ Premier circuit binaire 193B ., Claude Shannon :


Ingénieur chez Bell, George Stibitz (1904- des circuits binaires à la théorie de l'information
1995) met au point le premier circuit binaire
Dans son mémoire universitaire,« Analyse symbolique des relais
(additionneur un bit) avec deux relais.
et commutateurs », le mathématicien américain Claude Shan-
Construite dans sa cuisine (d 'où model-K
non (1916-2001 ) est le premier à rapprocher l'algèbre binaire
pour kitchen), cette curiosité va lancer Bell
et les circuits électriques. Il propose d 'appliquer l'algèbre de
sur la voie des calcu lateurs binaires à relais:
Boole aux circu its de commutation automatiques, ouvrant la
le Complex Number Computer ou Mode/ I
voie à une conception rigoureuse des circuits logiques. Shan-
sera terminé en 1940 pour travailler sur les
non publie deux ans plus tard une théorie mathématique de
nombres complexes, très utilisés en traitement du signal dans les
l'ana lyseur différentiel. La guerre l'amène à appliquer sa science
compagnies téléphoniques. Il sera amélioré les années suivantes:
à la cryptologie, attirant son attention vers de nouveaux pro-
calculateur de trajectoires anti-aériennes, calculateur balistique . ..
blèmes théoriques.
La série culminera en 1946 avec le Mode/ V, vrai calcu lateur uni-
versel programmable à relais, au moment où d'autres ingénieurs En 1948 Shannon publie ses conclusions dans « A Mathematical
commencent à développer les premiers ordinateurs électroniques. Theory of Communication », article qui fonde la théorie de l'in-
formation . Celle-ci permet d'analyser la quantité d 'information
Une réplique du model-Kde Stibitz. contenue dans un ensemble de messages. Shannon y adopte
comme unité de mesure le bit, contraction de binarydigit (chiffre
binaire), terme inventé par John Tukey un an auparavant dans
un mémo interne aux Bell Labs.

Fondamentale pour les télécommunications, cette théorie difficile


et immensément féconde fait encore aujourd'hui l'objet d'études
approfondies. Elle a d 'autant plus de retentissement qu'elle unifie
l'étude de l'information avec la thermodynamique en élargissant
le concept d'entropie. Elle aura de nombreux développements
en cryptographie, en compression de données, en codage de
l'information, en analyse de la redondance .. . Ses concepts et les
outils qu'elle fourn it sont à la base des modélisations d 'Internet,
de l'invention des turbo codes qui a révolutionné les télécom-
munications, ou de la SG - la cinquième génération de futurs
standards en téléphonie mobile.

l1 li
- ,a - Histo ire illustrée de l'in~armatique

194B ~ Calculatrices Curta


1nventée par Curt Herzstark ( 1902- 1988) dans les années 1930
et perfectionnée pendant son emprisonnement à Buchenwald
durant la seconde guerre mondiale, la Curta est le dernier best-
seller des machines à ca lculer mécaniques. Sous son apparence de
« moulin à poivre » à manivelle, c'est une merveille d'intelligence
et de méca nique de précision qui en fait le digne successeur de
la Brunsviga . Produ ite à partir de 1948 par Cantina AG Mauren
au Liechtenstein, el le sera vendue à près de 140 000 exemplaires.
Les Curta étaient cons idérées comme les meilleures machines à
ca lculer manuelles j usqu'à l'avènement des calculettes électro-
niques de poche, qui entraîne l'arrêt de sa fabrication en 1972.
De très nombreux exemplaires existent encore dans les mains
des co llectionneurs et fonctionnent aussi parfaitement qu'au
• •
premier Jour.

Calculatrice Curta de type 1.

Crédits
P . 55 : King's college archives, Cambridge · P . 5~ : John Ambrose Fleming. Extrait de John /\mbrose Fleming (1919), The Th ermionic Valve and its Developments in Radiotelegraphy and Telephony, The Wireless
Press, London ; St efan Riepl / Wikimedla Commons • P . sa : École Nationale des Ponts et Chaussées ; École Nat ionale des Ponts et Chaussées ; Éditions Gaut hier-Villars · P . 59 : Museum of Applied Art s and
Sciences, Sydney , P . 60 : John N. Vardalas, DRTE/ CRC Image Collection ; L. Torres-Quevedo; L. Torres-Quevedo • P . 61 : Library of Cong ress • P . 6i! : Capital Pictures; UniversallmageGroup; NASNJPL-Caltech;
Brunsviga Gmbh • P . 63 : Bull ; Gwern / Wikimedia Commons; Bull · P . 6'1 : Universit é de Gôttingen ; Richard Arens photographer. From the Shelby White and Leon Levy Archives (enter, lnstitute for Advanced
Study, Princeton, NJ, USA. Tim Robinson (www.meccano.us) • P . 65 : Rutherford Appleton Labo ratory and the Science andTechnology Facilities Council (STFC). http://w,,.,w.chilton -computing.org.uk , P . &6 : Bull ;
Archives historiques BNP Pari bas ; Revue Mon Bureau · P . 6l : Bull ; Archives historiques BNP Paribas • P . ,a : Équipe Ru BENS, ENS LYON · P . 69 : Droits réservés ; Smithsonian • P . 10 : Thomas Schanz / Wikin, edia
Commons • P . 11 : Computer Laborat o ry, University of Cambridge. Reproduced by permission ; Bureau des brevets; Science Museum / Science & Society Picture Library ; Moore school of Engineering, University
of Pennsylvania ; US Army Photo; MIT Museun,. Boston ! Nixdorf MuseumsForum, Paderb-orn ; Library of Congress

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Chapitre 'i - Les premie r s ardinat:eur s - 13 -

L'ouvrage fondateur de la cybernétique (1948).

u i a inventé l'ordinateur ? La question le nom bien pratique d'ordinateur. Le rap port von
n'a guère d e sens, s'agissant d 'un objet Neumann, publié dès juin 1945, aura un large impact
• aussi complexe. On a vu dans le chapitre
CYBERNETICS en raison même de sa disponibilité (on peut l'acheter
)

précédent que même des éléments de base des CONTROL •N O COMMUNICATI ON à Washington pour une poignée de dollars) et de la
l>i THI: ANIHAL AhO THE t'9ACKIHE
futurs calculateurs électroniques : le tube à vide, notoriété de son auteur: John von Neumann, l'un
puis son montage en bascule b inaire, avaient été .. des esprits les plus brillants et les plus universels du
inventés simultanément dans deux pays différents. - - ..:..---
NOkllaT Wt~1Jt
-·"":""..:.:··
.... $ •• xxesiècle, est b ien connu dans le monde scientifique
L'ordinateu r résulte nécessairement d'une série de et a ses entrées chez les d irigeants civils et militaires.
<.<mariages » de concepts et de technologies pro- Quelques mois plus t ard, à Londres, le mathéma-
venant de courants très variés, de combinaisons ticien Alan Turing dresse les plans beaucoup plus
intelligentes effectuées sous l'intense pression de détaill és d'un ordinateur pour le National Physical
la guerre. Son histoire permet d'observer, sur une ~~- • c•
,., 1
11t11tJ
Laboratory, citant d'ailleurs le rapport von Neumann
.......... =•
petite dizaine d'années, les trois phases d'émer-
gence d'un concept radicalement nouveau. ~ --
T ~ 0 01',ltlU
... ••••
-W».I··- -
_,,......,. . . . . comme référence essentielle, mais sans beaucoup
cherch er à diffuser l'idée au-delà de l'équipe qu i
doit réaliser sa machine. Les motivations des deux
Vers 1940, p lusieurs spécialistes à travers le monde
hom mes (qui se connaissent et s'apprécient) sont
développaient d es calcu lateurs à programme
d 'ailleurs différent es : von Neumann veut surtout
externe, suivant consciemment ou no n le projet
faire construire un puissant calcula teur, si possible en plusieurs exem-
de machine analytique de Babbage en y ajoutant les possibilités des
plaires dans plusieurs universités, pour développer les mathématiques
relais électriques : Zuse en Allemagne, Couffig nal en France, Aiken et
appliquées et mettre de nouveaux moyens de modélisation mathé-
Stibitz aux États-Unis, d'autres encore tels les ingénieurs d'IBM ou de
matique au service des sciences et des techniques. Turing, lui, veut
Bull qui produisaient d es calculateurs à cartes perforées. Aucun n'avait
réaliser une machine à traiter l'information, autant pour calculer que
la moindre idée d'une machine à programme enregistré, notion qui ne
pour mener des recherches sur la pensée.
prendrait sens qu'avec un processeur électronique. Certains allaient
plus tard adopter cette idée, mais la plupart rest eraient longtemps En 1950, une dizaine d'ordinateurs sont en construction, certains
dans le paradigme du calculateur à programme externe, hérité de la même déjà en service, en Angleterre, aux États-Unis et en Union
mécanique. Soviétique. S'ils constituent potentiellemen t une solution élégante
et prometteuse à beaucoup de problèmes, ils comm encent par en
En 1945, tirant les leçons des réalisations électroniques secrètes
poser de très difficiles : comment réaliser les mémoires, cet organe
menées pendant la guerre, deux documents définissent une struc-
essent iel schématisé dans le rapport von Neumann, m ais qui n'exist e
ture de machine rad icalement nouvelle : le calculateur numérique
pas dans les t echnologies disponibles à l'époque ? Comment, aussi,
à programme enregistré - auquel les Français donneront plus tard

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- l'i - Histoire illustrée de l'inJ:armatique

assurer un minimum de fiabilité à une machine constituée de milliers l'importance et la difficulté de la programmation. Bien qu'universels
1
de composants et de soudures qui ne demandent qu à griller et à se en principe, les premiers ordinateurs étaient conçus en vue de la réso-
dessouder? D'autant que l'on construit ces machines avec des pièces lution d'une certaine classe de problèmes - souvent pour produire
détachées qui proviennent d'autres secteurs d'activités, comme les des tables numériques. Ils étaient utilisés par des ingénieurs, physi-
télécommunications, et qui n'ont pas été conçues pour le calcul digital. ciens et mathématiciens qui indiquaient à la machine la suite des
Enfin, quelles méthodes de codage (on dira bientôt programmation) opérations à effectuer et récupéraient les résultats; sans être triviale,
élaborer pour communiquer avec la machine ? Et quels procédés l'écriture de programmes ne représentait pas une difficulté majeure.
mathématiques inventer pour faire traiter des équations par un appa- Avec le développement des premiers systèmes commerciaux dans
reil électronique qui peut amplifier à toute vitesse la moindre erreur et les années 1950, les possibilités et domaines d 'utilisation exploseront
la plus légère approximation (ce sera l'objet de l'analyse numérique, et la programmation deviendra le facteur critique de la réussite d 'un
une vieille sous-discipline qui prend dès lors une importance sans projet - elle l'est encore de nos jours.
précédent)? D'un point de vue plus concret, pour les laboratoires qui
À Cambridge, Maurice Wilkes a le vif souvenir d'en avoir pris conscience
se lancent dans l'aventure, comment gérer un projet de développe-
et le rappelle dans ses mémoires: « Dès que nous avons commencé à
ment technique aussi complexe, réunir dans une même équipe des
programmer, nous avons constaté à notre grande surprise qu'il n'était
mathématiciens, des électroniciens, des mécaniciens, inventer un
pas aussi faci le que nous l'avions pensé d'obtenir des programmes
langage commun? Les deux-tiers des projets de grands calculateurs,
corrects. Le débogage devait être inventé. C'était lors d'un de mes tra-
à l'époque, traverseront bien des avatars, subiront des retards parfois
jets entre la salle EDSAC et la perforatrice que, sur le palier de l'escalier,
irrémédiables ou seront même abandonnés quand les industriels
j 'ai brutalement réa lisé qu'une bonne partie du reste de ma vie allait
commercialiseront les premiers ordinateurs de série.
être passée à trouver des erreurs dans mes propres programmes. »
Le caractère extrêmement risqué de ces projets justifie qu'ils soient
Au-delà de ces problèmes techniques cruciaux, l'informatique nais-
menés généralement dans les laboratoires de recherche publics :
sante participe au changement des équilibres mondiaux. Les États-
ceux-ci, financés par des agences gouvernementales ou des acadé-
Unis sont sortis considérablement renforcés et enrichis du deuxième
mies, peuvent explorer des voies absolument nouvelles susceptibles
conflit mondial, et décidés à jouer désormais un rôle de leader sur la
d'être des impasses, prendre plus de temps que prévu pour surmon-
scène internationale. L'un de leurs atouts majeurs est - déjà - la puis-
ter des difficultés inédites, échanger ouvertement informations et
sance de leurs services de renseignement, de cryptanalyse et d 'écoute
leçons de l'expérience, là où des laboratoires privés seraient contraints
des transmissions. En quelques années, leurs chercheurs développent
par le secret industriel. Rapidement, toutefois, d'assez nombreuses
certains des premiers ordinateurs du monde et inventent le transistor,
entreprises de toutes tailles organisent les transferts de technologies
faisant des États-Unis le berceau de la « troisième révolution indus-
(généralement par des transferts d 'hommes), mettent au point et
trielle ». Un savoir-faire sans éga l dans la synergie entre recherche
industrialisent les nouvelles machines. En les mettant à la disposition
universitaire et industrie, combiné avec d'énormes investissements
d'utilisateurs de plus en plus nombreux, elles favorisent la multiplica-
gouvernementaux dans l'innovation et avec une foi ardente dans le
tion des expériences et l'acquisition de savoir-faire, donc de nouveaux
progrès et l'efficacité de la technique, fait des États-Unis une nouvelle
progrès qui ne s'arrêteront plus.
«économie-monde », imprimant son rythme et sa stratégie à sa vaste
Les pionniers de l'informatique ont eu une vision assez claire de sphère d'influence, et m ême au-delà dans les pays qui tentent d 'en
l'évolution future du matériel, mais ont complètement sous-estimé rester indépendants.

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Chapitre 'i - Les premiers ard inal:eurs - lS -

194D ~ Calculateur RBC : 1


t
Rtanasaff-Berry Computer
John Atanasoff (1903-1995), p rofes-
seur de physique à l'université d'lowa,
constru it un calculateur binaire avec
l'aide d ' un étudiant, Clifford Berr y
(1918-1963). Cette petite mach ine
est à base de tubes électroniques et
comprend des circ u its logiques et
une mémoire à base de condensa-
teurs, mais n'est pas p rogrammab le
et ne peut que résoudre des systèmes
d 'équations linéaires. • • ••

Même si la partie électronique char-


gée du calcul fonctionne, la machine
ne sera jamais vraiment utilisable, des
erreurs récurrentes se produisant dans
le lecteur de cartes perforées. Atana -
soff cessera d 'ail leurs vite de s'occuper
de calculateurs. Cependant, en 1973,
lors d'un procès en paternité de b re-
- - -
vets contre les fondateurs d'Univac, un
juge américain déclarera qu'Atanasoff
pouvait être considéré comme le père
de l'ordinateu r. Décision qui reflète
sans doute l'ignorance du juge quant
aux réalités de l'innovation, mais qui
a l'avantage de mettre défin it ivement
les brevets de l'ord inateur da ns le
domaine public!

Calculateur ABC. En bas à droite,


les tubes électroniques servant aux calculs ;
le tambour du fond porte les condensateurs
mémorisant les bits de données.

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- lEi - Histoire illustrée de l'in~armatique

194D • Les calculateurs de Konrad Zuse Jeune ingénieur allemand travaillant sur la résistance des struc-
tures, Konrad Zuse (1910-1995) imagine un calculateur binaire pour
effectuer ses longs calculs répétitifs. Un premier modèle p u rement
mécanique Zl, achevé en 1938, fonctionne juste assez mal pour le
convaincre d'en concevoir un deuxième avec des relais de téléphone,
le Z2, tandis que son ami Helmut Schreyer préférerait passer rapide-
ment aux tubes électroniques. Tous deux ignorent les travaux com -
parables menés outre-Atlantique par Shannon, Stibitz et d'autres.

Zuse cherche des appuis dans l'industrie mais peu de spécia listes
croient à une machine fonctionnant en binaire. Un constructeur lui
répond « qu'il lui adresse tous ses vœux pour l'heureux aboutissement de
ses recherches, mais que, ma/heureusement, toutes les techniques possibles
en matière de machines à calculer ont déjà été découvertes et exploitées et
que cest là un domaine où les idées nouvelles n'ont plus leur place >). Zuse
finit cependant par trouver un soutien auprès d' un constructeur de
calculateurs de bureau, puis à l'institut de recherche aéronautiques
de Berlin. Ce qui lui permet de développer un modèle bien plus
ambitieux, mais désormais sous le secret milita ire, le Z3.

Achevé en 1941, le Z3 contient p lus de 2 000 rela is, pèse une tonne
et consomme plus de 4 kW. Il comprend une mémoire, un dispositif
de contrôle et une unité arithmétique ca lculant en binaire sur des
nombres en virgule flottante! Données et instructions sont perfo-
rées sur du film cinéma 35 millimètres, moins cher et plus solide
que des rubans de papier et facile à guider avec les perforations
latérales. C'est donc, b ien dans la lignée conceptuelle de Babbage, le
premier grand calcu lateur nu mérique contrôlé par programme qui
entre en service opérationnel, plusieurs années avant le Colossus
anglais, le Harvard Mark 1 ou l' Eniac américains.

La mémoire de travai l contient 64 mots de 22 bits. Les relais ne


permettant qu'une cadence lente, 5,3 Hertz, le Z3 effectue une
addition en 0,8 seconde, une multiplication en 3 secondes; d ivision
et extraction de racine carrée prennent trois fois plus de temps, mais
qu'importe : le Z3 ne se compa re pas avec nos app areils actuels,
La Z4 de Konrad Zuse terminée en 1944: sans doute la première machine « Turing-complete » de l'histoire. mais avec ses contemporains dont aucun ne peut approcher ses
performances.

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Chapit:re 1i - Les premiers ard inat:eurs - l l -

L'appareil est détruit en 1943 lors d'un bombardement allié. La du tic-tac de sa mécanique. Jusqu'à la chute de la France en juin
machine Z4, amélioration du Z3, est presque terminée en 1945 1940, les services franco-polonais lisent couramment les messages
lorsque Zuse doit fuir l'avance alliée. Après déménagement et militaires de l'ennemi.
reprise du travail, elle sera acquise en 1950 par le Polytechnikum
de Zurich, qui la cèdera en 1955 à un laboratoire mi litaire, l'Institut « Bombe » utilisée par l'armée américaine
franco-allemand de Saint-Louis, en Alsace. pour décrypter les messages allemands.
Zuse est l' un des premiers à avoir réalisé que les fonctions de
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contrôle pouvaient également s'exprimer et être stockées sous
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forme numérique, ouvrant la voie à la machine programmable. li a
aussi été le premier à concevoir dès 1943 un langage algorithmique
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de programmation (incluant fonctions avec paramètres, itérations, •
structures de données, etc.), Plankalkü/, dont il ne pourra malheu-
reusement pas poursuivre le développement. Zuse fondera ensuite
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son entreprise, qui construira des séries d 'ordinateurs jusqu'à son
rachat par Siemens en 1967.

193B-1!343 ~ Décryptage d'Enigma


Conçue à l'origine pour sécuriser les communications bancaires, la
machine En igma est adoptée par les services allemands du Ch iffre
au début des années 1930, dans le cadre du réarmement conduit
par Hitler. D'une t echnique classique et bien maîtrisée, qui permet
d'ailleurs d'en produire des milliers d'exemplaires, cette machine est
remarquable par son système de rotors et de tableau de connexions
qui génère des trillions de combinaisons possibles. Plus question
d'espérer les décrypter par les moyens existants.

Les services secrets français et polonais, qui coopèrent étroitement à


l'époque, s'y attaquent cependant. Le 2e Bureau de l'Armée française,
qui a remporté de beaux succès de cryptanalyse pendant la Grande
Guerre, bénéficie cette fois de l'aide d 'un officier allemand antinazi
qui fournit régulièrement les clés du chiffre. Les Polonais innovent
en employant des chercheurs en mathématiques qui inventent des
méthodes adaptées, dont une machine surnommée Bomba à cause

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- 18 - Histoire illustrée de l'inJ:crmatique

Les Anglais ont centralisé tous leurs moyens de décryptage dans


une Government Code and Cypher School interarmées qui réunit à
Bletchley Park une congrégation originale de brillants mathémati-
ciens, de linguistes et d'ingénieurs. Les techniques franco-polonaises
ont montré qu'il est possible de « casser Enigma », mais il faut les
perfectionner sans cesse car les Allemands de leur côté complexi-
fient régulièrement leur système. Travaillant dans un secret absolu
et sous la pression infernale de la g uerre, les cryptanalystes anglais
construisent de nouvelles « bombes » reproduisant les composants
d 'Enigma et pouvant tester rapidement des millions de configura-
tions de rotors chiffrants. Ces machines ne servent qu'à trouver la
cl é du chiffre, que l'ennemi change très souvent. Le déchiffrage est
ensuite fait à la main, et ses résu ltats classés dans un immense sys- Colossus à Bletchley Park (1944).
tème d'information qui reste en grande partie manuel.

Alan Turing apporte une contribution décisive, d 'abord en intro- Colossus reçoit les données par bandes de papier perforé à la vitesse
duisant la puissance des théories mathématiques dans la crypta - de 5 000 caractères/ seconde. La programmation des opérations
nalyse, puis en cassant le chiffre le plus difficile, celui de la marine logiques et de comptage se fait à l'aide de câbles et d 'interrupteurs.
allemande qui est la principale menace contre la survie de l'Ang le- Colossus ayan t pour but spécifique de déterminer la clé d 'un chiffre,
terre. Il contribue aussi à transférer l'expérience acquise vers les il ne nécessite pas des capacités plus complètes de programma-
États-Unis, qui lui consacreront des moyens à leur échelle et s'en tion, contrairement aux futu rs o rdinateurs universels conçus pour
servi ront contre l'agresseur japonais. résoudre tout type de problème. En termes rigoureux, Colossus est
le premier processeur électronique, numérique et partiellement
programmable de l'histoire. Flowers, avec Schreyer et Atanasoff,
est l'un des premiers hommes à avoir réalisé que l'électronique
1943-1945 ~ Calassus : pouvait être utilisée pour le calcu l numérique à grande vitesse - et
le premier à avoir été au bout de l'idée.
décryptage des machines Lorenz
L'existence de ces dix machines restera secrète pendant 30 ans en
Les systèmes mis au point contre Enigma s'avèrent impuissants à
raison du secret militaire britannique. Mais l'expérience acquise
déchiffrer les messages beaucoup mieux protégés des états-ma-
avec elles incitera plusieurs équipes anglaises à se lancer dans la
jors, codés avec des téléscripteurs de la firme Lorenz. Un ingénieur
construction des premiers ordinateurs. Entre temps, on a pu estimer
des téléphones, Tommy Flowers (1905-1998), juge que seules des
que les percées effectuées à Bletchley Park ont donné aux armées
machines électroniques encore plus complexes pourraient relever
alliées un avantage qui leur a permis de gagner la guerre deux ans
le défi. Collaborant à Bletchley Park avec Max Newman (ancien
plus tôt que si elles n'en avaient pas bénéficié.
professeur de logique de Turing) pour la partie mathématique, il
conçoi t en moins d ' un an Colossus, mis en construction fin 1943.
Contenant environ 2 000 tubes électroniques travaillant en binaire,

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Reconstruction commencée en 1997 d'une machine Colossus (National Museum of Computing Bletchley Park). ~
- BD - Histoire illustrée de l'inJ:crmatique

1944 ~ Calculateur Harvard Mark 1 tromécanique jamais assemblé. IBM s'en inspire en 1948 pour
construire une grande machine partiellement électronique 250
Sur les plans de Howard Aiken (1900-1973), IBM et l'université de
fois plus rapide que le Mark 1, le SSEC (Selective Sequence Elec-
Harvard construisent pour la marine américaine le ASCC (Auto-
tronic Ca/culator, 1 2 000 tubes à vide et plus de 20 000 relais).
matic Sequence Contro/led Ca/culator) ou Harvard Mark 1, gigan-
Ces deux machines de prestige permettent un apprentissage de
tesque ca lculateur décimal à relais (3 300 relais, plus de 750 000
techniques de programmation, qui seront mises à profit dans les
pièces détachées... ). Il effectue une addition de deux nombres
ordinateurs qu'I BM commence à dévelo pper en 1950.
de 23 chiffres en 3/10 de seconde. Utilisé pour des recherches
militaires à la fin de la guerre, c'est le plus gros calculateur élec-

IBM SSEC (1948).


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~ Vue partielle du Harvard Mark 1. Les lecteurs de bandes comportant le t< programme >) sont au centre de 11mage.


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WATSON . President. A UG 7. 1944

Diagramme du Harvard Mark 1. ~


- B'i - Histoire illustrée de l'in~armat:ique

1945 ~ Vannevar Bush et l'hypertexte 1945 • ENIRC


Professeur au M IT, Vannevar Bush (1890-1974), a développé un analy- En 1942 John W. Mauchly (1907-1980) dirige à Phi ladelph ie un
seur différentiel analogique, très utilisé pour les calculs d 'électrotech- centre de ca lcul qui élabore des tables de tir pour l'artillerie améri-
nique et reproduit dans divers laboratoires à travers le monde. Devenu caine. Il prévoit le moment où ce centre ne pourra plus faire face à
conseiller scientifique à la Maison Blanche, Vannevar Bush milite pour la demande croissante de calculs. Ayant étudié le petit calculateur
un investissement massif dans la recherche et dans les infrastructures spécialisé ABC d 'Atanasoff, il rédige pour l'armée un projet de gros
favorisa nt la diffusion du savoir. Son article « As we may think » décrit calculat eur électronique. Aux expert s qui objectent que la fragilité
un système futuriste, « Mernex », servant d'extension à la mémoire d 'un ensemble de milliers de tubes entraînerait des pannes trop
humaine et pouvant stocker des informations reliées entre elles sur le fréquentes, il répond que la vitesse de ca lcu l obtenue compensera
principe de !'hypertexte. Les techniques envisagées à l'époque (enre- largement ce défaut. li s'associe d 'ailleurs avec un électronicien hors
gistrement microphotographiques) sont très limitées, mais cette vision pair, Presper Eckert ( 1919- 1995), qui maîtrise bien les problèmes
du futur influencera de nombreux informaticiens. Notamment les ini- de fiabilité .
tiateurs du réseau Arpanet, qui y puiseront leurs idées et développeront
Tous deux d irigent la construction de l'EN IAC (Electronic Numerical
les technologies nécessaires pour réaliser ce rêve.
lntegrator And Computer) à la Moore School of Electrical Enginee-
ring de l'université de Pennsylvanie. Composé de 18 000 tube s
(2 000 sont remplacés tous les mois au début puis 15 par mois en
régime de crois ière), l'ENIAC pèse 30 tonnes et mesure 24 mètres
de long, 5 de haut, 4 de large. Une grande partie de cet encom-
brement vient de ce que ses circuits sont décimaux. Il n'a pas de
programme interne: les opérations à effectuer sont entrées à la
ma in en établissant des connexions et en positionnant des inter-
rupteurs. Les données sont lues par cartes perforées. L'EN IAC n'a
donc pas l'élégance des constructions intellectuelles de Babbage
ou de Turing :
• la machine est volontairement décimale;
• il n'y a pas de distinction entre la fonction mémoire et la fonction
calcul;
• il n'y a pas vraiment d ' unité centrale généra liste ma is une jux-
taposition d 'accumulateurs et d 'unités spécialisées;
• la p rogrammation se fait par câblage, avec des fiches et des
connecteurs à brancher pour chaque nouveau traitement.

V. Bush devant l'analyseur différentiel du MIT dans les années 1930.

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- BEi - Histo ire illustrée de l'in~armatique

H()H'llfl/C/1 /S Travail sur l'ENIAC.

En dépit de ces limitations l'ENIAC tient ses promesses, effectuant


The Army's ENIAC can glve you tho \\·hic.h bn,c nc,cr hefore existed. You'll find 5 000 additions par seconde grâce aux tubes à vide beaucoup plus
answer in a fradlon of a .econd ! Llu,t an .\ rn1\ lUrct'r pn)ll ofI.
rapides que les relais. Terminé juste après la guerre, son premier
The mo~t .ittrac-11\·e fields are [illi ng
Think that's a s.tun1per? ) ·ou :,laoulJ !t~e $Ome quicklr. Cet into ÙH' ""rim ,vhiJe the gctt ing':1 calcul servira à ét udier la faisabilité de la bombe H.
of 1hc E"\l ,\C·1, prohl,·,n~! flra in t,, Ï'-lt'rs that good ! 11t~. 2 u11d 3 )'eil r cnlisto1ents nrc optn
iI put to papi-r ,,·ovlù run off this page and i11 the Regulnr \11nr to nmhitiou~ )<>ung n1cn
L'ENIAC constitue bien un calculateur d'usage généra l, comparable
{cet bevond

... additiC111, :-uh1rartion. muhi- 18 to 31. 1 lï ,,·i1h parc>nts' ronç,enl) " 'ho arc aux conceptions électromécaniques de Zuse ou électroniques des
plication, di\'i!>ion - !U]Utire rool, cuue root, other" î~ qunlifi.cd. )f ) ou cnliql for 3 )"Wr5, Colossus anglais. S'il n'est ni le premier calculateur électronique
an} rool. Solvcd Ù)' an incredilily con1plex
)'t1Umay choo1-.e , our o,, n br,u1ch of lhe ser·
S) lènl of circuils operating 18.000 clcc;lron ic (l'ABC et les Colossus lui sont antérieurs), ni le premier calcu lateur
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t ubes and tipping lhe :.calM at30 ton:,! programmable (le Z3 et le Mark ! l'étaient avant lui), son importance
your ncore-;t 1\rmy Rccruiting , ta l ion.
The EXIAC i~ syn1bolic or mru1y ama.zing est proportionnelle à l'envergure du projet et à son retentissement,
,\ rmy clcvic-c:; \\ ith a hriiliaul rut ure for you !
'fhe OC\\' RC"gular Anny nf'eds men \\'lth apti- A GOOD JOB FOR YOU à la publicité faite après guerre aut our de lui. li permet éga lement
tude for <1cientific ,,·ork, and a<. one of th<." firi,t de démontrer la viabilité de l'électronique, et inspire à plusieurs
trainc<l in the post•\\ ar era. you i;1and to gct
in on the groU11<l floor of i111portunt jobs
U. S. Army chercheurs le désir d'aller plus loin.
CHOOSE THIS
YOUR REGULAR ARMY SERVES THE NATI ON FINE PROFESSION NOWI
Affiche de recrutement pour l'armée américaine.
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Diagramme schématique des panneaux de l'ENIAC. ~
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~ John von Neumann devant l'ordinateur du IAS. Au niveau de sa taille se trouvent les tubes cathodiques permettant le stockage, chacun, de 1 024 bits. Avec vingt tubes de chaque côté, la capacité totale était de S kilo-octets.
Chapitre Li - Les premiers ordi nateurs - 89 -

1945 ~ Rappart de van Neumann Intitulé First Draftofa report on the EDVAC, ce rapport largement dif-
fusé va inspirer le développement des premiers projets d 'ordina-
Pendant la construction de l'ENIAC, un groupe de trava il est mis en
teurs dans le monde entier. Von Neumann participera personnel-
p lace pour réfléch ir aux améliorations possibles et à la défin ition
lement à la conception de p lusieurs ordinateurs dont celui de l'IAS,
d 'un nouveau projet, l' EDVAC (E/ectronic Discrete Variable Arithme-
(lnstitutefor Advanced Studies) à Princeton, qui sera largement copié.
tic Computer). Le mathématicien John von Neumann (1903-1957),
l'un des esprits les plus brillants et les plus universels du xxe siècle, L'histoire a attribué la paternité de l'o rdinateur à von Neumann
participe à ces réunions. Tirant les enseignements de l'expérience car il est le seul auteur du rapport, document de travai l interne qui
ENIAC, notamment du goulet d 'étranglement que constituent n'était pas initialement destiné à être diffusé. Eckert et Mauch ly ont
la programmation et le stockage des données externe pour une peu apprécié ce qu'ils considéraient comme une captation de leurs
machine électronique, il réfléchit en t ermes de structure logique réflexions. Mais le génie de von Neumann, sa posit ion socio-pro-
de la machine. Il reprend des idées déjà exprimées par Eckert et fessionnel le prestigieuse, son talent pédagogique et son aptitude
Mauchly, en les formalisant, et les rapproche du concept de machine exceptionnel le à fa ire passer des idées neuves dans les cercles
universelle évoqué dans l'article d 'Alan Turing de 1937, que von dirigeants, ont été décisifs dans la diffusion rapide d 'une des plus
Neumann avait lu . grandes innovations de rupture de l'h istoire.

Le document qu'il rédige décrit une machine entièrement nou-


velle par sa conception fondam entale. Les principaux organes
correspondent à des fonctions clairement définies - processeur,
mémoire, dispositif d 'entrées/sorties - ouvrant sur un concept 1946 ~ Méthade de Mante-Carla
absolument inédit: le programme enreg istré. L'idée de stocker les
De nombreuses équations associées à des problèmes physiques
données et les instructions sous forme d 'impu lsions électriques, à
ne pouvant être résolues analytiquement, il est difficile d'obtenir
l'intérieur même de la machine qui pourra les consulter à l'instant et
des résultats exacts. On s'est longtemps contenté de simplifier une
à la vitesse qui lui conviennent, définit d 'un seul coup une structure
équation pour en obtenir une solution approchée. En 1946, alors
logique adaptée à la nouvelle technologie électronique, là où des
qu'ils travaillent à la construction de la bom be atomique, St anis-
techniciens plus immergés dans les problèm es de d étail auraient
law Ulam (1909- 1984), John von Neumann et Nicholas Metropolis
mis des années à élabo rer la solution. La notion de programme
(1915-1999) imaginent de simuler leurs équations en les calculant
enregistré rompt radicalement avec la lignée des calculateurs à
sur une distribution de données aléatoires et en répétant ces opéra-
programme externe tels les Z3, Mark I ou ENIAC. Cette architecture,
tion s de t rès nombreuses f ois, grâce à la puissa nce et la rapid ité de
appelée depu is « architecture de von Neumann », caractérise ce
l'ENIAC. Le nom d e« méthodes de Monte-Carlo » fera référence au
que nous appelons l'ordinateur.
casino de Mont e-Carlo où l'oncle d 'Ulam avait l'habitude d'aller. Ces
méthodes probabilistes sont maintenant très utilisées en physique,
ingénierie, mathématique, finance, statistiques ... dans tous les cas
où une résolution exacte est impossible.

1
1 11
111
- 9D - Histoire illustrée de l'inJ:crmatique

1947 ~ << Bug >> sur le Mark Il


Le terme anglais de bug (insecte) était utilisé par les ingénieurs
d epuis la fin du x,xe siècle pour d ésigner un dysfonctionnem ent.
Mais c'est Grace Hopper (1906-1992) qui popularisa son utilisation
en informatique. Un jour qu'elle travaillait sur le Mark Il destin é à
remplacer le Mark I à Harvard, le calculateur se mit en p anne. Après
d es recherches, on découvrit un insecte coincé dans un rela is. Elle
le colla alors dans son cahier de travail avec cette légende : « first
actual case of bug being found ».

Rappelons à ce propos qu'il ne peut y avoi r de pannes d ans un


Mite coincée entre les contacts
logiciel, mais seu lement d es erreurs - exactement comme dans
d un relais sur le Mark Il
1

le 9 septembre 1947. n'importe quel autre texte !


On a enfin trouvé le « bug » !

.-

Le premier transistor, devenu objet d'exposition aux laboratoires Bell.

1947 ~ Transistor au germanium


Menant des recherches sur la conductivité des semi-conduct eurs
aux laboratoires Bell (États-Unis), Walter Brattain (1902-1987), John
Bardeen (1908-1991) et William Shockley (1910-1989) inventent le
transistor (abréviation commerciale de transfer varistor ou transfer
resistor) à po int d e contact. Cette invention leur va udra le prix Nobel
I I fi • de physique en 1956. Relativement peu fiabl e au début et coûtant
d ix foi s plus cher que le tube à vide, le transistor est en revanche

r-
plus petit, consomme moins de courant et chauffe peu. Le transis-

tor est indépendamment inventé à peu près en m ême t emps par
• deux chercheurs allemand s, Welker et Mataré, travaillant dans un
laboratoire français. Tous ces progrès ont pour origine les recherch es
~ (".:.\ '"' ~+" \ C. '-1. ... .:_ m enées pendant la seconde guerre mondiale sur la miniaturisation
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~J .o-.l lb- . des dispositifs électroniques utilisés dans les radars. Les spécialistes
voient vite les avantages du transistor pour de nombreuses applica-
t ions, à commencer par les transmissions mil itaires et l'électroniqu e
embarquée sur les aéronefs. Mais il faudra des années de recherche-
d éveloppement avant d'en faire un produit indu striel utilisable.

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Chapitre Y - Les premiers ardinat:eurs - 91 -

1947 ~ Tube de Williams-Kilburn Tableau de connexion de « machine électro-comptable » IBM.


Dès le début de l'informatique s'est posé le problème de la mémo- En branchant les fiches électriques
risation des données de travail à l'aide d 'un appareil fonctionnant selon différentes configurations, on modifie la logique
de la machine.
à la vitesse de l'électronique. Comme il est difficile de stocker une
petite quantité d 'électricité de manière permanente, les premiers
dispositifs de stockage utilisaient une rémanence temporaire néces-
sitant de régénérer périodiquement les informations. Une de ces
p remières « mémoires » fut inventée par Freddie Wi lliams ( 1911 -
1977) et Tom Kilburn (1921 -2001 ) en utilisant un tube cathodique:
l'impact du faisceau d 'électrons sur l'écran chargeait très légèrement
celui-ci, générant un puits de potentiel stable pendant une fraction
de seconde. Il était donc possible de stocker un bit, de poursuivre
le travail et de relire ce bit quelques instants plus tard à l'aide d 'une
p laque en métal située à l'avant du t ube et mesurant la charge
électrique à l'emplacement visé. La charge dispa raissant progres-
sivement, il était nécessaire de relire et réécrire en permanence
(à peu près toutes les millisecondes) l'ensemble des informations
stockées. Chaque tube pouvait mémoriser entre 512 et 2 048 bits.

194B ~ IBM 604


Les « petits » calculateu rs élect roniques à programme externe ont
été négligés dans l'h istoire de l'inform atique. lis ont eu pourtant une
grande importance, en offrant à des m illiers de clients une certaine
puissance de traitement et une initiation à l'électronique et à la pro-
grammation, avant que les ordinateurs ne deviennent accessibles.
Dès 1946, l'IBM a remplacé les relais par des tubes dans les circuits
arithmétiques de sa calcu latrice 603 : c'est la première calculatrice
élect ro nique commercialisée de l'histoire. Elle reste une machine à
p rogrammation externe, par tableau de connexions, dans la tradi- ULATRICE ELECTRONIQUE
tion de Babbage et de la mécanographie à cartes perforées. Avec
Publicité hançaise pour l'IBM
sa version améliorée, l' IBM 604, IBM dominera largement le créneau •
,
des calculateurs électroniques, loin devant Univac aux Etats-Unis. Et
en avance sur Bu ll en Europe continentale où la 604 sera commer-
• 604 (19S0). L'affiche n'a nul
besoin de préciser le modèle :
à l'époque il n'y en a pas d'autre
cialisée en 1950, deux ans après son annonce américaine. sur le marché !

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- 92 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique

194B ~ Les pionniers britanniques : Au même moment, à l'université de Cambridge, l'équipe de Maurice
Wilkes (1913-201 O) et David Wheeler (1927-2004) construit l'ED-
Baby, EDSRC et les autres
SAC qui, en mai 1949, devient le premier ordinateur à programme
La Manchester Sma/1-Scale Experimental Machine, surnommée Baby, en registré vraiment opérationnel. Wilkes a mené son projet en bon
est une maquette d estinée à vérifier la faisabilité pratique de la stratège: il s'est donné pour but de réaliser une machine relative -
mémorisation dans des tubes cathodiques. Le 21 juin 1948, pour la ment simple, inspirée directement de l'architecture de von Neu-
première fo is dans l'histoire, un programme enregistré servant de mann, afin d'acquérir une expéri ence en hardware et de pouvoir
test effectue un calcul dans cette machine. Celle-ci sera la base d'un rapidement apprendre la programmation. Son équipe invente un
grand ordinateur construit l'année suivante, Manchester Mark 1, langage d'assemblage, code mnémonique qui remplace les codes
industrialisé ensuite par la firme Ferranti. Alan Turing est chargé binaires par un codage alphabétique. EtWheeler implémente l'idée
d'en concevoir la programmation; il y testera ses modèles mathé- de code réutilisable (déjà évoquée par Mauchly à Philadelphie): afin
matiques de morphogenèse. de décharger les programmeurs de tâches routinières, on constitue
M. Wilkes et W. Renwick une bibliothèque de sous-programmes où l'on vient puiser selon les
devant l'EDSAC.
besoins du programme principal. L'équipe de Cambridge publiera
en 1951 le premier ouvrage consacré à la programmation : The
Preparation ofprograms for an e/ectronic digital computer.

Deux autres ordinateurs pionniers sont construits simu ltanément


en Angleterre. Au National Physical Laboratory, dès fin 1945, Alan
Turing a dressé les plans détaillés d'un ordinateur conçu pour une
efficacité maximale - beaucoup plus rapide avec nettement moins
de matériel que les autres; la réalisation est retardée par des péri-
péties bureaucratiques, et une version réduite, le Pilot ACE, entrera
en fonctionnement en 1950.

Au Birbeck College de l'université de Londres, A. D. Booth et son


épouse inventent une solution pratique au problème de la mémoire
en réalisant un t ambour magnétique dès 1947 ; maîtrisant cette
technique cruciale, ils construisent ensu ite plusieurs ordinateurs,
d 'abord pour des calculs de cristallographie, puis pour lancer des
expérimentations en traduction automatique.

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- 9Ei - Histoire illustrée de l'inJ:armatique

194B ~ Premier programme enregistré


Afin de tester Baby, Tom Kilburn écrit et exécute le premier pro-
gramme enregistré de l' histoire le 21 juin 1948. C'est une simple
recherche du plus grand facteur propre de 2 18 en essayant de suc-
- 241ë C - ~. - - - I O l 2.) 4- t Il "t,i cessivement le « diviser » par les entiers inférieurs. La machine étant
Q -1 / 1 () t:J O I ' 0 I ô un prototype, elle ne possédait pas toutes les opérations arithmé-
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tique s et la division était simplement effectuée par soustractions
-2't.C ~, 3 0101, o•o répétées. Après 52 minutes et plus de deux millions d 'instructions
~-l.~2.:"'"t--+--t,.;:-:...':~·~~,
........ J l l O \l • tO exécutées, l'ordinateur produisit la réponse correcte ( 131 072). On
- aa a.. -r.: . . • _ r:.-11,~î'-r1-~~..:...:.....i,..:....:..=~
~ 1,1 ·0, o,o peut dater de ce jour la naissance de l'ordinateur, en considérant
~, ....<,; i....t-"-'"'-' ' 1 l O t I ô O' que l'enregistrement d 'un programme dans une mémoire direc-

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tement accessible par le processeur est l'acte qui va permettre les
développements algorithmiques postérieurs .
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-"~t: ,,.._ 1948 ~ Cybernétique de Wiener
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Suite à sa participation pendant la guerre à des conférences et
groupes de travail sur le comportement des systèmes, où se
'~ OlOl{ 040
lJr. ~· I S- \ 0 ., 0 ' " oI rencontraient neuropsychologues, mathématiciens, logiciens
.oc. t: 2.] t /, t t O l .1 1I 0 et anthropologues, le mathématicien américain Norbert W iener
-., cc ,1 ,10,, o,o (1894-1964) introduit la cybernétique dans le vocabulaire scien-
t; ~" tifique en publiant son ouvrage, La Cybernétique: information et
4C-
~ .. t.;
J'i O l Ot t 4 f ()
régulation dans le vivant et la machine, publié simultanément en
• t(l Ol lOl anglais et en français en 1948. Il y étudie les m.écanismes d 'inte-
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20 -3 101,,4'l:
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raction et de régulation des systèmes naturels et artificiels via
le contrôle et la rétroaction. Ce livre influen ce profondément la
réflexion sur l'utilisation et le contrôle des systèmes automatisés
'2. 2. 00 fJO
- dans la société. Le terme cybernétique fut longtemps synonyme
d'automatique ou de robotique, tandis que certains informati-
ciens rejetaient ce terme trop souvent associé à des spéculations
·r l 'o, oo fumeu ses. 11 perdure à travers l' usage de certa ins termes comme
cyberpunk, cyberespace ou cyborg (cyber-organisme), et revien -
le premier programme enregistré de l'histoire dans sa version modifiée du 18 juillet 1948. dra en vogue avec le développement des sciences cognitives et
de la neuroinformatique.

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Chapitre Y - Les premiers ard inat:eurs - 9l -

1949 ~ Dispasitifs de mémarisatian


La mémoi re à tubes de Will iams-Ki lburn étant assez peu fiable
sans réglages précis, Maurice Wilkes décide d 'utilise r des lignes
à retard comme d ispositif de stockage pour l'EDSAC. Inventé pen-
dant la guerre par Presper Eckert dans le but de comparer les
impu lsion s radar, il est rapidement réutilisé dans tous les premiers
ordinateurs. Comme les tubes cathodiques, les lignes à ret ard
mémorisent l'information de façon temporaire, nécess itant sa
régénération régulière. li s'agit de tubes de mercure dans lesquels
circulent des trains d'impulsions acoust iques émis d' un côté du
Bandes magnétiques
tube et reçus de l'autre par des cristaux de quartz piézo-électriques, de stockage
de l'IBM/360 (1965).

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M. Wilkes devant des lignes à retard à mercure.

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- 98 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique

De gauche à droite:
le temps de propagation dans le tube (inférieur à la milliseconde) Bibliothèque de bandes magnétiques dans les années 1960.
correspondant au délai de stockage avant réémission. Ce dispositif Bandes magnétiques de stockage permanent sur l'Univac 1.
permettait de mémoriser l'équivalent de quelques kilo -octets au Intérieur d'une bibliothèque de sauvegarde à cartouches act uelle.
prix d 'un appareillage lourd, encombrant, cher, toxique et nécessi-
tant un contrôle précis de sa température pour des raisons d 'équi-
librage des impédances entre les cristaux et le mercure. Il suffisait
de marcher un peu lourdement dans la pièce pour envoyer des
bugs dans cette mémoire électromécanique ...

Le tambour magnétique, imaginé dès 1932 par !'A utrichien Gustav 195D ~ Les cades de Hamming
Tauschek, est réinventé après la guerre simultanément à Londres
Lors de ses utilisations des calculateurs électromécaniques aux
par A. D. Booth, son père et son épouse, et aux États-Unis par une
Bel l Labs, Richard Hamming (1915- 1998) était particulièrement
start-up issue des services de cryptanalyse de l'US Navy, Electronics
agacé par les lectures erronées de bits qui se produisaient lors
Research Associates (ERA).
des chargements des cartes perforées. Si un travail était lancé
Sur l' UN IVAC 1, Eckert et Mauchly vont utiliser pour la première fois durant le week-end, il y avait toujours la crainte de revenir le lundi
une bande magnétique pour stocker les données. Ces bandes mises uniquement pour s'apercevoir qu' une erreur de lecture s'était
en armoires et visibles derrière des vitrines vont devenir emblé- produite et que tout avait été annulé. Hamming s'est alors attaqué
matiques des installations informatiques des années 1960- 1970 au problème de détection et correction automatique d 'erreurs,
avant de laisser leur place à des cartouches amovibles au début inventant de nombreux algorithmes et développant la théorie du
des années 1980. Elles sont encore utilisées de nos jours dans des codage, appelée maintenant codes de Hamming. Ces travaux ont
centres de stockage entièrement automatisés regroupant des mi l- révolutionné les tél écommunications en augmentant la fiabilité
liers de cartouches et d 'une capacité supérieure au pétaoctet. des transmissions.

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Chapitre Y - Les premiers ard inateurs - 9!3 -

Prototype ACE construit en 1950 d'après les plans d'Alan Turing.

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- Csirac, premier ordinateur construit en Australie (1950). C'est le plus vieil ordinateur subsistant, même s11n'est plus fonctionnel.
(Panorama reconstruit à partir de plusieurs vues; certains éléments périphériques ont disparu au montage.)
- 1a2 - Histoire illustrée de lïnJ:armatique

195D ~ Une révolution mondiale 1951 ~ Premiers ordinateurs en URSS


À t ravers le monde, des scientifiq ues p rennent conscience de l'im - Dès 1948 l'ingén ieu r soviét ique Sergueï Alexeïevitch Lebedev
po rtance de ces machines et des nouvelles possibilités de calcul (1902- 1974) s'attaque à la construction d 'u n ord inateur. Malgré
q u'elles offrent. Au cou rs de la décennie suivante, de nombreux un manque de soutien des autorités et avec un accès parcella ire aux
laboratoires de rec herches - principalement en mat hématiques info rmations su r les p rog rès effectués aux État s-Un is et en Europe
appliq uées et en ingénierie électrique - d éveloppent des « cer- occidentale, il termine à Kiev en Ukraine sa première machine,
veaux électroniq ues » occupant des pièces ent ières, consommant MESM (petit calcu lat eur électronique) fi n 1951 . Ce p rototype, conte-
De gauche à droite : des kilowatts et capables de milliers d 'opérations par seconde. La nant 6 000 tubes à v ides, peut effectuer environ 50 instructions
Ordinateur « Strela » programmat ion, d 'abord activit é annexe, passe p rogressivement au par seconde. C'est le premier ordinateur à programme enreg istré
au cent re de recherche en premier plan. Bientôt, cert ains expérimentent des applications non const ruit en Europe continentale. Par la suite, Lebedev s'insta llera à
informatique de l'université nu mériques: bases d e données, t rait ement des langues naturel les, Moscou où il contribuera à la concept ion d 'une série d 'ordinateurs
de Moscou en 1956. m usique, int ell igence artifi cielle ... De calculateu r su rpuissa nt qu'il puissants, les BESM, de 1953 à sa mort en 1974.
Deux vues de l'ordinateur était initia lement, l'ordinateu r éla rg it peu à peu son domai ne au
soviétique BESM-6 (1965). t raitement de l'informat ion.
Puissance : 1 MIPS.

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Crédits
F'. 13 : Sophia rare books · F'. 1s : Special Collections Depart ment/lowa State University Library ; • F'. l& : Deut sches Museum / Clemens Pfeiffer / Wikime<Jia Commons • F' . 11 : National Security Agency • P . 1a :
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Chapitre s- L'ère des << gras systèmes >> : du Whirlwind à la Ici de Macre - 105 -

ès 1950, des entreprises entrevoient le potent iel des ordi-


nateurs développés par les universitaires et prennent le Partie du Whirlwind.
risque d 'en réaliser des versions commerciales. Une fois les
principes de base établis et quelq ues solutions tech niques explo-
rées, un énorme t rava il reste à accomplir : il faut transformer des
machines de labo ratoire, conçues pour le calcul scientifiqu e, en
produits fiab les, util isables par des clients ayant des compétences
et des besoins très variés, mais tous soucieux de fonctionnement
re ntable.

Trois types d 'entrepri ses se lancent dans l'aventure, chacune avec


un mix d 'at outs et de défauts spécifiques.

• Les start-ups fondées par des ingénieurs pour constru ire d es cal-
culat eurs électroniqu es, dont la première est Univac. Ces firm es
ont des compétences rares en technologies de l'information et des
contacts privilégiés avec les milieux scient ifi ques, civi ls ou mili-
-
taires, qui sont leurs premiers client s. En revanche elles manquent
cruellement de capitaux et ignorent tout du marché de la gestion
-
- m êm e si el les ont souvent l'illu sion que les p erform ances des
ordi nateurs suffiront à sédui re la clientèle comptable. •

• Les constructeurs m éca nograp hiques, comme IBM, Rem ing-


ton-Rand, Powers, British Tabu lating Machines, Bull, NCR et autres
fabricants historiques de machines comptables. Ces sociétés ont
une connaissance intime du m arché d e la gestion et une bonn e
capacité d 'invest issement ; elles m aîtrisent aussi la technologie
d es imprimantes et d es lect eurs de cartes, périphériques indis-
pensables à l' utilisat ion d es ordinateurs. En revanche elles n'ont
ni les compétences en électro nique et en mathématiques, ni les
contacts avec les clients militaires ou scientifiques qui « tirent »
l'innovation.

1 l1 li
1 1 l
- 106 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique

ETA 8LISS[f'f[NT Of. 1000 1-'IJLIC[S D 'ASSURANCES "00,"1NAGES "


• Les grands groupes de construction électrique, tels General Electric, ( ift1!'S N{C{SSAIR{ t:tl 1/fl}fl[S)
~
Siemens, Alcatel ou Fujitsu. Ces firmes ont de prestigieux laboratoires POUR LlS ,R A.•'· SIJBS{OU!NTS
d'électronique et les moyens d 'investir dans une technologie nou- TR AVAIL
.
velle; elles entretiennent des contacts au plus haut niveau dans les HANUSCRIT
milieux militaires ou nucléaires qui leur achètent radars et équipe- 4 t, 7 HfURf .S 99 Ht:URlS

ments professionnels; elles produisent les composants des ordina- •


HA CH/NE
teurs. En revanche elles mettront longtemps à comprendre qu'il leur
À t CRÎRE
manque deux atouts essentiels pour passer de l'électronique à l'infor- J 1~ fi!. IJl?C S do/ Hl:JJRE.S

matique: elles n'ont pas plus d 'aptitude que les autres à développer
du logiciel et elles ignorent tout du marché de la gestion, qui va rapi- HA CH/NE À ( CRÎRE +

dement surpasser la clientèle scientifique en termes économiques. MA CH. A CAL CULER
Jt;) lf! UR!S 79 H!URé.S

La combinaison de ces aptitudes dans une économie concurren-



tielle entraîne une restructuration de l'industrie. La plupart des HACH/NE
start-ups d 'ingénieurs, manquant de capitaux pour soutenir une COHPTABLE
lô2 HCl/1/[.S 74 HEURES
expansion rapide, sont absorbées par les mécanographes ou les
électriciens qui y gagnent des équipes techniques de pointe. Les MACH. COHP TABLE +

constructeurs mécanographiques qui ne savent pas bascu ler assez HA CH. A ADRESSER
vite vers le développement d 'ordinateurs subissent le même sort, .J / 6 H(Uf<l S 1, H!UR[S

apportant leur réseau commercia l à leurs nouveaux maîtres. Plus


HACHINE À
tard, la plupart des grands groupes de construction électrique occi-
·• CARTES PERFOR(ES
dentaux jetteront à leur tour l'éponge, incapables de soutenir la /S~ HEURES 7, 5 HE.URES
concurrence d ' IBM et des rares firmes d 'ingénieurs qui ont réussi à
surmonter leurs crises de croissance. HA CH/NE
Affiche du premier tL[C TRON/0.UE
Sicob (1950). Parallèlement, les rôles dans l'innovation se répartissent ainsi : !)8 HllJR{S f, f HlURé.

• le développement des technologies matérielles, initié principale- CIABL ISSl../'1{,YT O!S P()lJC[ S
ment dans les laboratoires universitaires, est assumé désormais
I'.- 1
[TA8l. D[S
AVIS Ol i>RJMf.S
par l'industrie des composants et des ordinateurs, dans un effort
~
~[LE V( DES (L ( /1!NTS D[S
PRÎNCS
de longue haleine vers plus de miniaturisation, de compatibilité, ETJ.BL D[S 9 0RD1..RCAUX
i)' [NCA/SS!,'1[NT
de fiabilité ;

• la recherche académique se concentre su r un immense pro-


- C0 ffrTA8ÙÎSAIION

(Sowœ: McKwio A. de "L'a111omn1isat1,1n des traV'dU~ admi nis.t:atifs dans l'assu r,uic,l'' Gaz«rltt di: Lm,s<1nr.e. 7 jui!lcL rC)(iJ}
gramme: inventer de nouvelles façons d 'utiliser l'ordinateur et de
communiquer avec lui - ce qui implique de mieux comprendre
ce que sont ces automates et quelle est leur relation avec le lan- Progrès de productivité dans l'assurance.
gage; donc de construire une science nouvelle.

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Chapitre 5 - L ' ère des << gras systèmes >> : du Wh i rlw ind à la lai de Ma a r e - l a1 -

Cela n'empêche pas que des entreprises créent des langages de Alan Turing utilise cette machine pour modéliser des processus
programmation et que des universitaires conçoivent des architec- de morphogenèse, inaugurant l'emploi de l'ordinateur en biolo-
tures de systèmes. Mais globalement cette répartition des rôles gie. Ferranti Mkl est aussi le premier ordinateur sur lequel on ait
tiendra pendant des décennies. programmé une partie d 'échecs, réduite à deux coups finaux par la
mémoire très limitée (1 ko de mémoire vive et 16 ko sur le tambour
magnétique) ; et joué de la musique, en utilisant les haut-parleurs
censés signa ler les dysfonctionnements(« première » disputée par
195D ~ Augmenter la productivité le (SIRAC australien, mis en service un an plus tôt à Sydney) . Sept
exemp laires seront vendus, avant que ce modèle soit remplacé
La grande affa ire des organisateurs, des cadres et des ingé-
par le Ferranti Mercury beaucoup plus performant, lui aussi conçu
nieurs-conseils est d 'améliorer la productivité dans les services et
à l'université de Manchester.
les administrations, comme on l'a fait avec le taylorisme dans les
Alan Turing {à gauche)
usines. Car il y a un prix de revient de l'opération administrative
et la console du Mk1.
comme il y en a un de l'opération d 'usinage. Les techniques améri-
caines de management s'imposent comme modèle aux techniciens •

et aux hommes d'affaires qui visitent les États-Unis, dans le cadre



des missions de productivité du plan Marshall. On veut augmenter
la productivité notamment pour permettre aux responsables de
mécaniser ou de déléguer les tâches routinières, afin de dégager I

le temps de la réflexion et d 'accélérer le processus de décision.


L'adoption des techniques de traitement de l'information sont un
élément-clé de ce progrès, comme le démontrent les graphiques
publiés dans les revues professionnelles.

1951 ~ Premiers ordinateurs commerciaux :


le Ferran tl Mk1
Ferranti Ltd. est un grand constructeur de matériels électriques
établi à Manchester depuis 1885. En février 1951, il présente une
version améliorée du prototype expérimental Mark 1 développé à
l'université de Manchester par Freddie Williams et Tom Kilburn. C'est
le premier ordinateur commercialisé de l'histoire. Et le résultat d'une
collaboration recherche-industrie exemplaire, favorisée par le gou-
vernement britannique, qui continuera pendant trois décennies et
maintiendra l'informatique anglaise aux premiers rangs mondiaux.

1 1 l 1
11951
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- lDB - Histoire illustrée de l'inJ:crmatique

1951 ~ Premiers ordinateurs commerciaux : Un ordinateur UNIVAC


l'UNIVRC 1 en fonction au bureau
américain du recensement,
Eckert et Mauchly ont créé leur prop re compagnie et commercia- probablement vers 1970.
lisent en mars 195 1 leur prem ier ordinateur à programme enre-
gistré, l'UN IVAC 1 (Universa/AutomaticComputer). 11 comporte 5 200
tubes et utilise des lignes à retard comme mémoire rapide, des
bandes magn étiques comme mémoire de stockage. Son prix est
supérieur à un million de dollars (près de dix millions de dollars
Tableau de commande
2015). 46 UNIVAC 1 seront vendus j usqu'en 1957.
de l'UNIVAC 1.

Grace Hopper avec d'autres programmeurs


devant la console de l'UNIVAC 1.

l 1 • 1 11 1 l [ 1 1 1'
' l l 1
' ~ I • • 1 1 1
- 110 - Histoire illustrée de l'in~armatique

Les débuts ne sont pas de tout repos:


les clients sont rares, les difficu ltés de
construction imprévues dépassent
rapidement le budget initial ; il faut
augmenter le prix de vente annoncé,
ce qui fait renoncer les quelques
acheteurs du secteur privé. Dès 1950,
les deux ingénieurs en quête de capi-
. / tal ont dû vendre leur entreprise au
'( !..
constructeur de machines de bureau
• Remington-Rand. Ils continueront à y
travailler, de p lus en plus frustrés par
la médiocrité du management qu i
perd rapidement l'avantage du pre-
mier entrant et laisse IBM reprendre
0 ••.


..... •.
••
• •••
le dessus .

En 1952, un UNIVAC I utilisé par la


compagnie de télévision CBS prédit
correctement les résultats de l'élec-
t ion présidentielle américaine à partir
d 'un échantillon de votants- contrai-
rement aux sondages publiés dans les
journaux: le grand public découvre la
puissance des ordinateurs .

..
Univac 1103 à la soufflerie
de la NASA en 1964.

1 1 1 1 1 1 1l l 1 1•
1 1 • 1 ll 1 l 1 ' 1 l l 1
~ 1- .• ' 1 1 1 • 1 1 • 1 • 1 11 1
Chapitre 5 - L'ère des << gras systèmes >> : du Wh irlwind à la lai de Ma are - 111 -

1951 ~ Premier ardinateur temps-réel :


le Whirlwind au MIT
unn,u nn o'
Issu d 'un projet de simu lateur ana logique d'avion, le Whirlwind
u '"''" ,, im
devient le prototype d'un ordinateur relié à des stations radars pour ItlUJ.IJJDJl•1111, C
alerter la défense américaine en cas d'attaque aérienne russe. Les 1u~u,111111 11111.t
Hi1111111111 11111
énormes besoins en calcul amènent le Servomechanisms Labora-
w,,ru,Jl(UIUll
tory du MIT à développer un ord inateur fou rmillant d'innovations,
UuUIl•uguU1
notamment pour fonctio nner en « temps-réel ». Whirlwind est ainsi n
le premier ordinateur utilisant une mémoire à t ores de ferrit e.

Une version améliorée sert de prototype à une sé ri e de 56 ordi-


nateu rs construits, sous contrat avec l'US Air Force, par IBM qui y
,•
gagnera une expérience considérable. Cet ensemble est intégré à •
••

partir de 1957 dans un système aut omatisé de défense aéri enne :
Semi-Automatic Ground Environment (SAGE).

Le prototype Whirlwind au MIT en 1950.

....
.......
"

Une partie de 11nstallation SAGE au Computer History Museum de Mountain View (Ca.).

Opérationne l en 1963, SAGE est un vaste réseau où les ordina-


teurs t raitent les informat ions fournies par les stat ions radar nord-
américaines et en tirent des décisions de riposte envoyées aux
aérodromes, à la DCA, aux navires et aux sites de m issiles. SAGE,
conçu pour détecter les attaques de bombardiers qui restent pos-
sibles, sera obsolète ou trop peu fiab le face à la nouvelle menace
des missiles stratégiques. Le dernie r de ses o rd inateurs à t ubes
sera arrêté en 1983.

11 [ 1 1 1 1 •
1 11 J 1 ' l_ l 1 11 ' 1

' • ' 1 11 •1 1 1l
- 112 - Histoire illustrée de l'in~armatique

1951 ~ Premiers ordinateurs IBM


Avec ses calcu latrices électro-
. ' .
niques a programmation externe,
qui renforcent ses ensembles
mécanographiques, IBM domine
déjà le marché. Ses dirigeants ne
comprennent pas plus le poten -
tiel du programme enreg istré que
leurs concurrents, de plus ils ne
sont pas libres d 'acquérir de petits
constructeurs d 'ordinateurs, à cause
de la réglementation anti-trust aux
États-Unis. Cependant IBM surveille
attentivement les innovations dans ' .. ••
ce domaine et recrute von Neumann
comme consu ltant. En 1950, IBM
saisit l'occasion du déclenchement
de la guerre froide pour mettre sa
puissance au service du complexe
militaro-industriel américain en se
lançant dans la construction d 'or-
dinateurs. Ses i ngén ieu rs déve-
loppent deux familles de machines
qui lui permettront de maintenir sa
domination sur cette industrie. Son
premier ordinateur scientifique est
l'IBM 701 annoncé en 1952, ancêtre
d'une longue lignée de gros calcu -
lateurs. Simu ltanément, IBM prépare
des ordinateurs plus petits destinés
à son marché habituel.

IBM 704 à la NACA (ancêtre de la NASA) en 1957.

• • 1
1 1 l • 1 j 1 1 , 1 1 1
1[ 1 11 • 1 •
Chapitre s- L'ère des << gras systèmes >> : du Whirlwind à la lai de Macre - 113 -

195i! ~ Calculateur Bull Gamma 3 nale. Connectable à une tabulatrice, ce calcu -


lateur s'insère facilement dans les instal lations
m éca nographiques préexistantes, auxquelles
• il ajoute de la pui ssance sans d éva loriser le
savoir-faire et l'organisation établis.

Quand IBM, réagissant à son tour, ajout era à son


1
604 un syst ème de programmation par cartes
perforées, Bull répondra par un système éq uiva-
lent mais donnant encore plus de possibilités.
La course à l'innovation ne s'arrêtera p lus.
Circuit à diodes et tubes d'un Bull Gamma 3.

1952 ~ Premiers ordinateurs commerciaux :


LED, l'ordinateur des salans de thé
Aucune typologie n'étant parfaite, l'une des premières ent reprises
à construire des ordinateurs n'est pas un producteur de matériels Ordinateur « LEO 1»
électroniques ou bureautiques, mais un débiteur de J. Lyons & Cy.
Montage et contrôle d'un Gamma 3 dans l'usine Bull à Paris.
de boisson s chaudes. Dès 1947 les di ri geants de J.
Lyons & Cy, la célèbre chaîne de salons de thé, ont •
..
eu la curiosité de visiter à Cambridge le laboratoire
L'.avènement de l'électronique accélère le rythme de la concu rrence. qui construisait l' EDSAC. Ils ont compris le poten-
En Europe comme aux États-Un is, tous les grands constructeurs tiel d 'u ne telle machine pour gérer des masses de
de mach ines de bureau en sont conscients et investissent dans produits de grande consommation en flux rapide.
la nouvelle technologie en recrutant des équipes d 'ingénieurs en Recrutant d es ingénieurs d e l'équ ipe Wilkes, Lyons
« radioélectricité ». C'est le cas de British Tabulating Machines et de d écide de participer à la promotion de cette nouvelle
Powers-Samas, d 'Olivetti en Ita lie, de Bull en France, de Reming- technologie managériale et de réaliser son propre -.
.. .. .
~

ton-Rand aux États-Unis. Dès l'annonce de l'IBM 604 en Amérique, ord inateur. Mis en service en 195 1, LEO I calcule, ••
Bull constitue un laboratoire d'électronique pour développer une
rép lique moins chère et plus perfectionnée. Une astuce technique
non des équations de physique nucléaire, m ais les
stocks d·e sachets de thé. Lyons crée trois ans plus
-
• • •

décisive consiste à remplacer le plus possible les tubes, qui claquent tard une filiale LEO Computers Ltd., qui développe de
souvent, par des diodes en sem i-conducteu rs, beaucoup p l us nouvelles versions Leo Il et Ill avec un certain succès
fiables. Livré dès 1952, le Bull Gamma 3 est un grand succès (plus commercial. LEO sera plus tard absorbé par English
de mille exemplaires vendus ou loués) et permet au constructeur Elect ric et ICL ... confirmant heureu sement notre
français d 'entamer un e nouvelle phase d 'expansion internatio - typologie d 'entreprises.

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- ll'i - Histoire illustrée de l'in~armatique

195i! ~ Le tambour magnétique 1953 ~ Mémoire à tares de ferrite


Les technologies de mémoire expérimentées dans les laboratoires Après les travaux de An Wang en 1948, Jay Forrester met au point,
universitaires étaient peu industrialisables. Une solution acceptable dans le cadre du projetWhirlwind, une mémoire révolutionnaire, le
est développée simultanément par p lusieurs équipes à travers le tore de ferrite. li s'agit d' un tore en matériau magnétique capable de
monde, notamment par A.D. Booth à Londres: un cylindre enduit garder la direction de l'aimantation, des fils électriques permettant
d'oxyde magnétique, tournant à grande v itesse entre des rangées de lire ou d'inverser cette aimantation. Chaque bit d'information
de têtes de lectu re-écriture, permet d 'enregistrer programmes et peut être stocké de manière permanente dans quelques millimètres
données. Des circuits électroniq ues contrôlent l'enregistrement, la carrés. L'enjeu économique de cette invention un iversitai re est donc
lecture et les échanges d'informations entre ce tambour magné- considérable : une série de procès aboutit aux États-Unis quand
tique et le calcu lateur. IBM achète les brevets Wang pour 500 000 dollars, puis en paye
Tambour magnétique 13 millions au MIT sur les brevets Forrester en 1964 - alors la p lus
Bull. Ce dispositif est fiable,
coûteuse transaction de l'histoire de la propriété industrielle.
réa li sable en série indus-
t rielle et suscept ibl e de La fab rication est confiée à des ouvrières du textile, et le coût de
progresser à mesure qu'on production dégringole quand el le est délocalisée dans le Sud-Est
augm ent era la vitesse et la asiatique. Premier composant conçu spécifiquement pour les o rdi-
lllG:NUlt
densité d 'enregistrement. nateurs, les mémoires à tores de ferri te remplacent bientôt toutes
DIUfl STOUGI
SYSTIMS Son défaut est sa relative les t echnologies primitives de mémoires rapides. Elles équiperont
lenteur, p u isque le pro- les systèmes informatiques pendant une vingtaine d'années, jusqu'à
cesseur doit attendre en la diffusion des m émoires à semi-conducteurs.
moyenne un demi-tour du
tambour magnétique pour
accéder à une information
(de l'ordre de que lques
millisecondes). Cette tech-
nologie pas trop coûteuse
permet à de nombreuses
ent reprises de se la n cer
Tambour magnétique dans la constru ct ion d'or-
SEA. dinateurs moyens au cours
des années cinquante.

Publicité pour les tambours magné-


tiques ERA. On retrouve, comme avec
la Brunsviga trente ans plus tôt, Module mémoire à tores de fe.rrite.
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le thème du cerveau d'acier Le module fait environ 11 cm de côté
- désormais électronique. et peut mémoriser 1 024 bits (32X32).

1 1 1 1 • 1 1 1 1 1 1•
1 l 1 • 1
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1[ ' 1 , l 1 l • 1 ' 1 •
Chapitre s- L'ère des << gras systèmes >> : du Whirlwind à la Ici de Macre - 115 -

1954 ~ Théorie des Rlgarithmes


--·
.. . ~.•.... ._........._
Le mathématicien, physicien et chim iste russe Andreï A. Markov ' ..
;,t
, • of.;,.
'· •

(1903-1979) s'est orienté après la second e guerre mondia le vers ,· .


la logique et les fondements des mathématiques, créan t l'éco le •

.
soviétique de mathématiques constructives. Après p lusieurs articles .' .
~ .,
marquants, il publie en 1954 un ouvrage magistral, Teoriaalgorifmov, ••

bientôt traduit en anglais, The Theory of Algorithms, qui fait de lui
l'un des fo ndateurs de l'informatique théorique, notamment en
th éorie d es langages formels et des compilateurs. Markov dirigera,
de 1959 à sa mort, le d épartement de Logique Mathématique de
l' un iversité d e Moscou.
. .•

1954 ~ L'infarmatique avant les ardinateurs :


un centre de traitement bancaire
dans les années cinquante
La Banque nationale pour le commerce et l'indust rie (BNCI, ancêtre
de BNP Paribas) a construit son nouveau centre mécanographique
à Paris boulevard Barbès. Équipé d e cinq calculateurs électro n iq ues •

Bull Gamma 3 connect és aux tabulatrices, c'est une grosse inst al- .. .
_..... ... .. ••

. . '
.
~

lation informatique pour l'époq ue, au moins à l'échelle frança ise. •


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Les opérat e u rs sont en blouse, marquant un e forte différence \~~.
' ·' ·. .:...
.( .

socio -professionnelle par rapport aux ca dres du siège et du réseau


commercial.
Centre mécanographique
de la BNCI à Paris (1954).
sa revue, ses congrès, ses experts reconnus qui publient des traités,
Révalutian au évolution informatique ? font d es conférences et vendent leurs conseils.

Les années cinquante sont l'âge d'or de la mécanographie. La m éca- Elle englobe une palette d e m étiers, de savoir-faire, allant d e l'élec-
nographie est une technologie mûre, un ensemble de solutions tromécanicien, armé de son voltmètre et de sa burette d 'huile, à l'in-
bien maîtrisées, un métier en pleine croi ssance d ém ographique. El le génieur-conseil, équipé de ses théories et qui veut lui aussi mettre
s'enseigne dans d es lycées ou des collèges techniques, et su rtout de l'hu ile dans les rouag es de l'organisation qu'il ambitionne d'o pti-
chez les constructeurs de machines. Une véritable profession s'est miser. C'est ce ti ssu socio-économique qui va accueillir l'ordinateur,
organisée, avec ses barèmes de sa lai res, son organisation syndica le, conditionner le rythm e et les modalités d e son insertion .

1 1 l1 11
• 1l 1 1 l l
- 116 - Histoire illustrée de l'in~armatique

La centralisation du traitement d es données autour de grosses 1954 ~ Premier ordinateur francais :


machines fait la p reuve d e so n efficacité, au pri x d e contrain te s
'
<< CUBA >> de la SER
gestionnaires - mais les cadres sont là pour s'en charger. La ques-
tion qui se pose est: j usqu'à quel degré de centralisation peut-on la La Calculatrice universelle binaire d e !'Armement (CU BA) a ét é
pousse r ? La réponse, qui varie d 'une organisation à l'autre, déter- commandée en 1951 p ar le laboratoire central d e l'armement sit ué
minera l'adoption de l'ordinateur - et, plus t ard, l'évolution vers au fort de Montrouge à Arcueil. Le cah ier d es charges stipule des
les réseaux ou les pet it s systèmes. performances t echniques élevées pour l'époque. Cette ambition
s'avère excessive, pour un premier essai dan s une technologie
Vers 1956, un ensemble mécanographique classique coûte envi ron
où il y a tant d'inconnues et où il faut presque tout invente r :
4 mill ions d 'anciens francs - le prix de quatre Citroën DS avec
architecture, technologies, composants de mémoires, méthodes
options ! Un ordinateur commercial moyen va ut dix à quinze fois
de gestion d e projet et de fa brication adaptées. Car pratiquement
plus, de l'ordre de 50 à 75 millions ; c'est le prix d'un p etit avion
rien, sauf quelques comp osa nts, ne se trou ve dans le commerce.
de ligne.
Les ingénieurs de la Sociét é d 'électronique et d'automatisme
(SEA) m ettront quatre ans à développer cette grande machine,
où chaque avancée entraîne des répercussions nécessitant d e
nouvea ux ajustages, parfois la refonte complète d'un élément. La
photo montre trois d es sept racks occupés par l'ensem ble arith -
métiq ue et logique et par la mémo ire à t ambour magnétique. On
voit des nappes de câb les plats, l'une des innovations introduites
en France par la SEA.

Du point de vue d e l'histoire mond iale, CU BA n'est qu'un apprentis-


sage t echnique difficile comme en ont vécu bien d'autres équ ipes.
Ce qu'elle a de particulier, dan s le contexte fran çais, c'est que c'est
une entreprise privée, non la rech erch e académique, qui assume
tous les ri sques du développement d' un premier ordinateur.

Montage des tabulatrices à l'usine IBM de Corbeil-Essonnes (1956).

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- 118 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique

1954 ~ Le transistor ban marché 1955 ~ Avènement des transistors :


Après l'invention du transistor bipolaire par Shockley en 1948, une la << deuxième génération >>
nouvelle avancée a lieu en 1954 lorsque Gordon Teal (1907-2003),
En Angleterre, une équ ipe de l'université d e Manchester s'est lancée
alors chez Texas Instruments, remplace le germanium par du si li-
dès 1952 dans l'étude d 'un petit ordinat eur à transisto rs, opération-
cium dans le transistor. Ce mat ériau permet une production en série
ne l en novembre 1953: c'est le premier ordinateur t ransistorisé de
très bon marché, en raison de la fac ilité à le purifier ; de plus il résiste
l'histoire. Une version p lus puissante ent re en service en avril 1955
m ieux à la chaleur, ce qui permet de développer des calcu lat eurs
(200 t ransist ors, 1 300 diodes au germ an ium, 150 watts, cadencée à
« ind ustriels » destinés à fonctionner dans des environnements
125 kHz). La médiocre fiabi lité des premiers lots de transistors déter-
difficiles, élargissant donc le marché à de nouvelles applications. Ses
mine sur ces mach ines un temps moyen entre pannes de l'ordre de
moindres perform ances en vitesse seront rapidement compensées
90 minutes. Ce n'est donc pas là qu'on trouve un ava ntage compa -
par son aptitude à l'intégration sur des chips.
Le CADET, l'un des premiers ratif par rappo rt aux tubes, mais d ans le moindre encombrement et
ordinateurs entièrement la con sommation d 'énergie. La fiabilité fa it u n bond décisif avec la
transistorisés au monde. m ise su r le marché des tran sistors à j onction. La vieille firm e d 'arme-
ment Metropolitan-Vickers les adopte aussitôt pour industrialiser le
prot otype de Manchester sous le nom de Metrovick 950, en 1956.

T IANSISIOR
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A U 11 A Le TX-0 du MIT.

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Chapitre 5 - L'ère des << gras systèmes >> : du Wh irlwind à la lai de Macre - 119 -

La réalisation la p lus significative est sans doute le TX-0 constru it


au Lincoln Lab du M IT en 1955-1956. Nettement plus puissant que
les précédents, c'est u ne version transistorisée du fameux Whir-
lwind . Il incorpore 3 600 transistors produits par Phi lco, basés sur
une nouvelle technologie permettant un fonctionnement à haute
fréquence, convenant bien aux o rdinateurs. Transféré en 1958 au
nouveau laboratoire d 'intelligence artificielle du MIT, le TX-0 et son
descendant direct, le PDP-1 de Digita l Equ ipment, deviend ront des
p lates-formes pour les recherches en informatique temps-réel et les
pratiques de ce que l'on appellera plus tard la culture des « hackers ».

IBM 7090 utilisé en recherche atomique au Lawrence Livermore National


Laboratory, l'un des plus grands clients du calcul intensif.
IBM 7094 à l'université
de Columbia en 1965.

Entre temps aux États-Unis, la compagnie Bell Telephone (où le


transistor a été inventé quelques années plus tôt) a réalisé début
1954 le TRADIC, calculateur destiné à être embarqué sur des bom-
bardiers stratégiques. IBM commercialise son premier calculateu r
civil t ransistorisé, l'IBM 608, en 1957.

En Europe, une équipe constituée au sein d 'IBM France développe


des ordinateurs transistorisés pour le guidage de missiles et le traite-
ment des signaux radars. Un assistant de l'université technologique
de Vienne, Heinz Zemanek, construit le Mailüfterl (1956- 1958). En
Allemagne, Siemens réa lise en 1956 le prototype de sa série Sie-
mens 2002, commercia lisée de 1959 à 1966.

Comme toujours, la not ion de « première » est relative et n'a qu'un


intérêt historique secondaire. Elle d épend largement de la définition
)
de l'objet . Le premier ordinateur complètement transistorisé semble
être le CADET construit en 1955 au centre atomique de Harwell (GB).

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- 120 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique

L'important est aussi qu'avec ces diverses machines, beaucoup de


gens voient advenir une « deuxième génération » d'ordinateurs, plus
petits, plus puissants, moins chers, plus fiables. Ce qui contribue à
ancrer la conviction que ces machines sont désormais bien là pour
durer, pour se diffuser et pour continuer à progresser.

Dès 1959, IBM propose trois modèles d'ordinateurs entièrement


transistorisés qui auront un grand succès: le 1401 pour des appli-
cations de traitement de données, le 7090 pour le calcul scientifique
et le 1620, petit calculateur scientifique d'entrée de gamme qui
sera très apprécié des universités. Les concurrents font de même,
en Europe comme en Amérique du Nord. De façon moins visible,
les militaires ont été les premiers à faire construire des ordinateurs
transistorisés pour contrôler leurs systèmes d'armes.

Cependant, d'autres voies alternatives aux tubes sont explorées.


Diverses entreprises au Japon, en Amérique et en France déve-
loppent des circuits logiques à composants magnétiques (Parame-
tron, Symmag, etc.), fiables et peu coûteux, pour construire de petits
ordinateurs temps-réel. Ceux-ci remporteront des succès tempo-
.. raires, mais leurs limites physiques intrinsèques ne leur permettront
pas de poursuivre la lutte face aux progrès des semi-conducteurs .

Module mémoire d'un IBM 7090.

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1 1 1 1 j 1 , 1 l 1
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Chapitre s- L'ère des << gras systèmes >> : du Whirlwind à la Ici de Macre - 121 -

-
.,

Quatre générations successives


de circuits, de fonction
comparable, sur quatre modèles
d'ordinateur : ENIAC (1946),
EDVAC (1948), ORDVAC (1951}
et BRLESC (1962).

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- 122 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique

1955 ~ IBM &SD :


apparition en France d,e l'ordinateur
Conçu par les ingénieurs et le management d 'IBM comme « a
machine for ordinary business », par opposition aux calcu lat eurs
géants de l'époque, l'IBM 650 Magnetic Drum Calculator à tubes a
été annoncé en 1953. En fonct ion d 'un p rix de location de 3 750
dollars par mois, son marché pot entiel ét ait alors estimé à 250 exem-
plaires. La légende selon laquelle le patron d ' IBM aurait p rédit que l'automation
le monde n'aurait besoin que « d 'une d izain e » de ces machines est
sans fondement; sa popularit é s'explique sans doute par ce qu'elle l'électronique
confortait le j ugem ent sévère des petites firmes de pointe envers
IBM, t rop engluée dans la mécanographie pour ré ussir vraiment à
faire des ordinateurs.
Ordinateur IBM 650 au centre
de calcul parisien d'IBM.

IBM 650
Calculateur
à tan1bour magnétique
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Publicjté d'IBM.

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Chapitre s- L'ère des << gras systèmes >> : du Whirlwind à la lai de Macre - 123 -

Pour le commercialiser en France, la direction d'IBM France souhaite 195& ~ Le disque dur
le désigner par un term e frança is moins ind igeste que E/ectronic
IBM commercialise le premier disque dur magnétique, développé
Data Processing Machine. Elle consulte en avril 1955 un professeur
par son laboratoire de San Jose (Ca.). Ce tourne-disque géant de
de lit térature latine de la Sorbonne, Jacques Perret, qui suggère un
2 m 3 contient 5 Mo répartis sur 50 disques d'environ 60 cm de dia-
mot emp runté à la théologie médiévale: « ordinateur». IBM adopte
mètre. L'ord inateur complet, le RAMAC 305, occupe une pièce de
ce terme et en gardera quelques années l'exclusivité, avan t de le
135 m 2 et pèse une tonne! L'accès aux données est lent. Et il reste
laisser se répand re dans le vocabulaire commun. Présenté au SICOB
à concevoir les logiciels permettant de gérer, consu lt er et associer
en octobre 1955, l'ord inateur est installé au centre de calcul parisien
d es masses de fichiers. L'invention du disque dur suscite ainsi de
d 'IBM, place Vendôme. De nombreux scientifiques et ingén ieurs
nouvelles recherches qui ét offeront la discipline informatique nais-
français s'initieront sur cette machine à la programmation, généra-
sante. Un nouveau secteur industriel spécialisé se créera bientôt
lement en PASO (Programme d'assemblage symbolique optimal),
pour développer cette technologie, face à IBM qui maintiendra
version frança ise du SOAP américain, et bientôt en Fortran.
longtemps son leadership sur les disques. Ceux-ci révolutionneront
IBM en produira 1 800 exemplaires au t otal jusqu'en 1962, fai sant de le stockage des données et ouvriront de nouveaux horizons g râce
l'IBM 650 le premier ordinateur de l'histoire construit à plus de mille à l'accès indexé, rendant possibles les bases de d onnées et l'infor-
unités. Cette machine révèle les potentialités du marché commercial. matique transactionnelle.

Le terme ordinateur passera d ans le langage courant au début d es


années 1960, en concurrence avec calculateur/triceélectronique, plus
rarement cerveau électronique ou machine IBM. IBM 305 avec disque dur, visible dans
le panneau transparent derrière l'opératrice. Le disque dur était déjà portable ...

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- 12'i - Histoire illustrée de l'in~crmatique

Une innovation de rupture :


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Chapitre 5 - L'ère des << gras systèmes >> : du Whirlwind à la lai de Ma are - 125 -

1956 ~ Genèse des systèmes 195& ~ L'intelligence artificielle


d'explaitatian L'o rd inateur apparaît sur des couvertures de magazines d'électro-
nique, d 'information et même de bandes dessinées ! On y parle
Devant la complexité croissante des tâches effect uées, des utilisateurs
de « cerveaux électroniques », ma is certains chercheurs explorent
et des constructeurs d otent les machines d 'une surcouche logicielle
sérieusement cette métaphore. En 1956 la con férence de Dart-
afin d 'en faciliter l'automatisation et de remplacer progressivement
mouth réunit pendant un mois les principaux pionniers de l'intel-
les opérateurs humains. Le premier système d 'exploitation (encore
ligence artificielle : Simon, Sha n non, Minsky, McCarthy, Roches-
appelé moniteur o u software de base) est le GM-NAA // 0 input/ out-
ter, etc., qui lancen t un véritable programme d 'investiga ti ons
put system, développé pou r l'IBM 704 chez General Motors et North
dans ce domaine. Dès 1957 John McCarthy (1927-20 11 ) fonde le
A m erican Av iation. Comme son nom l'indique, ce logiciel gère les
département d 'intel ligence artificielle au MIT et entrep rend des
tâches d 'entrées-sorties et enchaîne l'exécution des programmes
recherches avec Marvin Minsky. l'IA connaitra un d éveloppement
d'applicat ions. 11sera porté sur une quarantaine d 'installations IBM
spectacu laire. Cependant l'enthous iasme initial en a largem ent
704 et servira de base à un système p lus élaboré conçu par SHARE,
sous-estimé les difficu ltés.
l'association des utilisateurs de gros ordinateurs IBM.

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- 126 - Histoire illustrée de l'inJ:ar matique

Son histoire ultérieure peut se décrire comme une succession cyclique


d'espoirs et de déceptions : y alternent des périodes optimistes, où t"J
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(1924-2007) met au point chez IBM le premier langage évo- -- ....... .......... --... .,."'•• '° -- ... .,..,,'" .
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Carte perforée portant l'instruction


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Chapitre s- L ' ère des << gras systèmes >> : du Wh i rlwind à la lai de Macre - 12l -

195B ~ Maintenance et fiabilité


Les calculateurs de première génération sont peu fiables, notam-
ment parce que les tubes chauffent et claquent fréquemment, et
que les dizaines de milliers de connexions sont autant de « maillons
faib les ». Un bon constructeur se distingue en accumulant des savoirs
techniques d'atelier, qui ne doivent pas grand-chose à la science,
mais qui permettent d 'optimiser le « temps moyen entre pannes » ou
MTBF (Mean time between failures) par divers procédés de tests et de
sélection des composants ou en ajustant finement la puissance du
courant. Les techniciens de maintenance resteront jusqu'aux années
1980 une profession nombreuse dans l'industrie informatique.

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Maintenance des circuits à tubes d'un calculateur à l'unrversité de Grenoble.


« L'unité de bandes magnétiques
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- 12B - Histoire illustrée de l'inJ:armatique

195B • Ordinateur ternaire Setun


Le concept de calculateur en base ternaire, imag iné dès le x,xesiècle
par l'Anglais Fowler, est redécouvert et développé à l'université
de Moscou par l'équipe de N.P. Brusentsov. Son ordinateu r Setun
entre en service en 1958 et démontre ses avantages : la logique
ternaire (ou i / non / incerta in), inspirée d'Aristote, correspond bien
à la pensée humaine et facil ite la programmation. Du point de vue
électronique, le système ternaire permet de traiter plus d 'informa-
tions que le binaire, donc réduit le nombre de composants et par
conséquent la consommation électrique. Réa lisé en technologie à
noyaux magnétiques, cet ordinateur p etit et fiable entre en service
en 1958. li sera construit à une cinquantaine d 'exemplaires seule-
ment, la planification soviétique ayant confié sa production à une
Ordinateur ternaire Setun usine de calculateurs mécaniques qu i ne s'y intéresse pas. Ordinateur ternaire Setun à l' université de Moscou.
à l'université de Moscou.

195B ~ Premier circuit intégré


Paradoxe de l'industrie du hardware: les fabricants de composants
aa découpent soigneusement leurs plaques de semi-conducteurs en
a m ille fragments pour en faire des transistors ou

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nateurs s'acha rnent à rassembler
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et Robert Noyce (1927-
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Premier circuit intégré industriel, fabriqué chez Fairchild en 1960. Il contient 4 transistors ~
(cônes bleutés au centre) et S résistances (barres bleues). Il s'agit d' une bascule flip-flop.

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Chapitre s- L'ère des << gras systèmes >> : du Whirlwind à la lai de Macre - 129 -

intéressée par ce procédé nouveau de composition qu i permettrait


d'optim iser la disposition des caractères et de mieux gérer les saut s
de ligne. La décennie suivante verra d'autres entreprises, notamment
Siemens, commercialiser des systèmes comparables destinés aux
imprimeries de journaux.

Ordinateur de gestion IBM 705 à la BNCI.

Prototype du premier circuit intégré inventé par Jack Kilby chez Texas Instruments.

composants (résistances, condensateurs, transistors . .. ) d 'un même


circuit. Leur procédé de fabrication est amélioré par Jean Hoern i
(1924-1997). C'est une grande avancée pour la miniaturisation et,
plus im portant encore, pour la fiabilité. Ces circuits intégrés seront
vite utilisés par l'armée américaine et la NASA dans les syst èmes de
guidage des m issiles intercontinentaux et les modules lunaires, avant
d 'être à la base de tous les ordinateurs d 'aujourd'hui.

195B • Début du traitement de texte


Les brevets d 'un traitement de
texte sont déposés dès 1954 par la
la Société d'électronique et d'auto-
matisme (SEA) au nom de « BBR »
(Bafour-Blanchard-Raymond). Le
système est développé à Courbevoie
su r un ordinateur CAB 2000 en coo-
pération avec !'Imprimerie nationale,

Brochure BBR :
le traitement de texte sur gros ordinateurs.

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- 13D - Histoire illustrée de l'inJ:crmatique

1959 ~ IBM 7D5 :


L'AUTOMATION ADMINISTRATIVE PAR L'ORDINATEUR 705
le traitement de masse dans la banque
À la fi n des an nées cinquante, la Banq ue natio -
nale pour le commerce et l'indust rie s'équipe
IPll'I t UIP~l~SICN Il 7ll
d ' un des plus gros ordinateurs de gestion exis-
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tant, l' IBM 705. Les ba n ques f rançaises sont
alors à la pointe de l'informatisation et sont
parmi les p remières au monde à acquérir des
ordinateurs.

1959 ~ LISP
111,DI MltllfTrOUI ILII 171 Inventé par John McCarthy au MIT, LISP (L/StPro-
cessing)est le premier langage sym bol ique pour
l'intelligence artificielle.

1959 ~ Parametran
Le Parametron est un circuit logique magnéti que
inventé par le phys icien Eiichi Goto en 1954 à
l'université de Tokyo. Fiable et relat ivement peu
coûteux, il a servi à construi re p lusieurs ordina-
teurs japonais à la fi n des années cinquante, tel
le PC- 1 de l'université de Tokyo en 1958.

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Pédagogie d'IBM:
SO t€,.,~ 0[ ro CTIONNC/\1[NT D'UN ORDINATEUR
l'automation administrative par l'ordinateur 705.

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chapitre s- L'ère des << gras systèmes >> : du Wh i rlwind à la lai de Ma are - 131 -

1959 ~ PDP-1 de DEC 1959 ~ CRB 5DD de la SER :


Digital Equipment Corp. (DEC) a été fondée en 1957 par Ken Olsen, un ordinateur personnel interactif
électronicien formé au MIT où il a découvert les joies de l'emploi inte-
Petit ord inateu r très innovant, peu coûteux et simple à utiliser, des-
ractif d 'un ordinateur temps-réel sur le Whirlwind et son dérivé TX-2.
tiné au calcul scientifique, le CAB 500 est un succès commercia l (plus
Son modèle est en tous points opposé à celui d 'IBM: aux machines
de cent exemplaires vendus). 11 s'installe aussi simplement qu'un
réservées aux « grands prêtres » et aux opérateurs habilités comme
réfrigérateur ou un micro-ordinateur d 'aujourd'hui: pas besoin d 'air
aux mét hodes commerciales basées sur l'intéressement, o u à la « loi
condition né ni de faux p lancher, il suffit de le brancher sur u ne prise
de Grosch » affirmant l'avantage économiq ue des g rands systèmes.
de courant. Le CAB 500 se compose d 'une unité arithmétique et
Son premier ordinateur, le PDP-1, est l'un des prem iers à mettre
log ique, réal isée avec des amplificat eurs magnétiques d'impulsions,
l'accent sur l'interaction avec l'utilisateur (via entre autres un écran
et d'un tambour magnétique constituant la mémoire principale
d 'affichage graphique) p lutôt que sur les performances brutes. Un
(128 pistes de 128 mots). L'organe d 'entrée-sortie standard est une
exemplaire, livré au MIT en 1962, deviendra la mach ine préférée des
mach ine à écrire associée à un lecteur-perforateur de bande Friden
étudiants qui contribueront à lancer la culture hacker américaine. Le
Flexowriter. L'apprentissage de la programmation est facilité par un
PDP-1 sera l'instrument de nombreuses « premières » : premier j eu
langage évolué, PAF (Programmation au tomatique des fo rm ules),
v idéo, premiers éd iteur et traitement de texte, premier débogueur
développé à la SEA et comparable au Bas ic. Grâce à un logiciel
interactif, premiers essais de musique électronique .. .
original, il suffit à l'ut ilisateur de taper le début d'un mot pour que
le CAB 500 le retrouve dans sa mémoire et le complèt e.

Salle machine avec un PDP-1.



À droite, la console de visualisation avec son crayon optique.

CAB 500 de la SEA (le tambour


magnétique est sorti de son
meuble pour la démonstration).

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Chapitre s- L'ère des << gras systèmes >> : du Wh i rlwind à la lai de Mac r e - 133 -

19&0 ~ Analyseur différentiel à EDF


Les calculateurs analogiques restent p lus efficaces que les

ordinateurs numériques pou r d 'i mportants types de calculs et •••
pour la simu lation de phénomènes physiques complexes. Au

1
mi lieu des années cinquante, Électricité de France commande

l'étude d 'un analyseur d ifférentiel à la Société d 'au tomatisme et
d 'élect ronique (SEA). Les ingénieurs de la Di rection des études
et recherches d ' EDF ne s'inquiètent pas trop de l'enchevêtre-
ment de fi ls au stade des tests d ' une machine où, par définition,
toute la logique est câblée ou matéria lisée dans des amplifica-
teurs et des servomécanismes. Mise en service sous une forme
plus présentable avec ses tables traçantes, la machine rendra de
grands services dans la conception des centrales et des réseaux
électriques. C'est sur ce calculateur qu'est réa lisée la p remière
simulation cinétique d' un réacteur nucléaire en France. La SEA
en dé rivera des versions commercia les.

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Analyseur différentiel SEA


Calculateur analogique SEA NadaclOO (1963). de la Direction des études et recherches d'EDF.

Heathkit EC-1,
ordinateur analogique
196D ~ Ordinateur analogique électronique conçu pour l'enseignement.
Alors que le moindre ordinateur numérique coûte très cher, les tran-
sistors remplacent les t ubes à v ide dans les calculateurs analogiques
et en font baisser le coût. Heath kit sort une version simplifiée en kit
d 'un de ses modèles, incluant neuf amplificateurs opérationnels. De
nombreuses universités l'emploieront pour former les ingénieurs
électroniciens au calcul analogique, encore très répandu.

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- 131.i - Histoire illustrée de l'inJ:armatique

19&0 ~ COBOL 19&0 ~ Transistor à effet de champ


Réagissant à la prolifération des langages, le Pentagone réun it en Dès 1925, le physicien Julius Edgar Lilienfeld (1882-1963) a inventé
1959 les différents constructeurs pour jeter les bases d 'une standar- un dispositif amplificateur de courant contrôlé par un champ élec-
d isation. C'est la Conference on Data System Languages ou CODASYL. trique créé par une troisième électrode : c'est le principe du tran-
En 1960, basées sur les t ravaux antérieurs de Grace Hopper, les sistor à effet de champ. li a pris des brevets, mais n'a probablement
spécifications du COBOL (Common Business Oriented Language) sont pas tenté de réalisation - elle aurait de toute façon échoué car, à
publiées. Adopté par le département de la défense, qui l'impose l'époque, on ne savait pas produire des matériaux semi-conducteurs
aux constructeurs pour ses achats, il devient après FORTRAN le d 'assez bonne qualité. Il faut attendre 1960 pour fabriquer le pre-
deuxième langage standard de la programmation et est encore très mier transistor à effet de champ. Il est rapidement uti lisé dans les
répandu dans l'administration et le monde de la gestion. circuits intégrés où l'on parvient à serrer une dizaine de composants
par centimètre carré ; c'est l'échel le 551(Sma// Scale lntegration).
Le transistor à effet de champ reste la brique de base des circuits
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1 196D ~ RLGDL &D

En même temps que les gestionnaires éprouvent le besoin de
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V A définir un langage adapté à leurs applications, un comité scienti-
FIIOC:111 .,._o,au.tm f? •AMtm fiq ue se forme pour poser les bases d ' un langage universel, indé-
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- d'exprimer simplement les différentes étapes mathématiques d 'un
1 1 1 1 ca lcul informatique. Réunissant des experts américains et euro-
péens à Zurich, Munich et Paris, ce groupe définit un langage
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algorithmique, ALGOL (ALGOrithmic Language) 60. C'est le pre-
mier langage qui soit décrit syntaxiquement de manière formelle,
• FLCWCHAf\T TEfflPLATE grâce aux travaux de John Backus et Peter Naur (notation BNF ou
Backus-Nau r Form). Diverses ra isons, notamment l'apparit ion de
nouvelles versions de Fortran et l'effort d 'IBM pour promouvoir
Instrument de travail habituel des programmeurs, le normographe {flowchart template)
servait à dessiner les symboles du schéma logique d'un programme. PL/ 1, freineront sa diffusion au-de là du mil ieu universitaire où il
sera longtemps utilisé pour l'apprentissage de l'algorithmique.
ALGOL 60 forme la base de tous les langages impératifs qui lui
succéderont (PL/ 1, PascaL C.. . ).

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Chapitre s- L'ère des << gras systèmes >> : du Wh irlwind à la lai de Macr e - 135 -

196D ~ Dlivetti Elea 9DD3 19&D ~ Bull Gamma &D


Grand fabricant italien de machines à écrire et à calculer, renommé Rompant avec les extensions de matériels mécanograph iques, Bull
pour l'esthétique soignée de ses produ its qui reflète une rée ll e s'est lancée en 1957 dans le développement d 'un g ros ordinateur
volonté de « changer la vie », Olivetti s'est lancée au m ilieu des universel, innovant sur tous les plans : transistors, mémoires à tores
années cinquante dans le développement d 'ordinateurs, en colla- de ferrite, multiprogrammation ... Les ingénieurs ont carte blanche
boration avec l'université de Pise. Cet effort aboutit à la commercia - et aucun cadrage financie r ou stratégique. En 1960, tandis que le
lisation d 'une des premières séries transistorisées au monde, Elea prototype fonction ne bien, on découvre qu'il lui faudrait des pro-
9003, conçue pour la multiprogrammation. Son succès commercial grammes et surtout un système d 'exploitation pou r être compétitif
honorable entraîne le lancement d 'autres modèles, mais ne génère face à la marée de nouveaux produits IBM et Univac. On met les
pas une rentabilité convaincante. La division électronique d 'Olivetti bouchées doubles pour y remédier, mais il est trop tard et certains
passera en 1963 sous le contrôle de !'Américain General Electric, clients annulent leurs commandes. Une quinzaine d 'exemplaires
qui continuera à diffuser de petits ordinateu rs développés par les seulement seront installés en clientèle. Cet échec managérial coûte
équipes italiennes. cher à Bull, qu i cherchera désespérément des appuis auprès de
l'État et des grands constructeurs électriques français, puis préférera
passer en 1964 sous le contrôle de General Electric. Bull Gamma 60
Olivetti Elea 9003 : une esthétique ergonomique très originale à la Banca Nazionale
conçue par le designer Ettore Sottsass. del Lavoro, à Rome.

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- 136 - Histo ire illustrée de l'in~armatique

19&D ~ IBM 14D1 : le best-seller


Résultat d'études coordonnées en France et aux États-Unis, l' IBM
1401 est annoncé fin 1959. C'est un ordinateur de deuxième géné-
ration pensé pour convertir les mécanographes à l'informatique
sans les bousculer : l'entrée des données se fait toujours par cartes
perforées, la méthode de programmation reste accessible. Sa
remarquable imprima nte à 600 lignes par m inute est quatre fois
plus rapide que celles des tabulatrices existantes. On peut aussi
connecter des dérouleurs de bandes magnétiques aux modèles
supérieurs de la série IBM 1400.

Livraison d'IBM 1401


à la banque de la Société géné-
rale de Belgique, à Bruxelles.

IBM1440 à la banque de la Société générale de Belgique (1964).


r,,.

-"'
' Le succès commercial de ce petit ord inateur de gestion à cartes
perforées dépasse toutes les prévisions : plus de 10 000 exem-
plaires seront installés dans le monde. Pouvant remplacer quatre
ensembles mécanographiques classiques, chaque IBM 1401 placé
chez un client provoque le renvoi chez le constructeur des tabu -
latrices et autres trieuses en location, bousculant sérieusement la
profession - y compris IBM.

À partir de 1964, le 1401 commence lui-même à être remplacé par


•' t ---,, des ordinateurs plus puissants mais capables de « l'émuler » -
d'utiliser ses logiciels d'application - et qui auront à leur tour des
descendants compatibles. Ce qui fait que 40 ans p lus tard, de vieux
programmes écrits pour 1401 tournaient sur de nombreux ordina-
teurs. Les programmeurs qu i les ava ient conçus n'imaginaient pas
une telle longévité ... ni que leur méthode de codage, abrégeant le
,
- --.-~--:.--. numéro d'une année par deux chiffres, engendrerait un bug virtuel
et ouvrirait des perspectives désastreuses à l'approche de l'an 2000.

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Chapitre 5 - L'ère des << gras systèmes >> : du Wh irlwind à la lai de Macre - 13'1 -

1961 • IBM 7D3C Stretch


Répondant à la demande de certains g rands laboratoires améri-
cains, IBM propose en 1956 de construire un superordinateur: l'IBM
7030 « Stretch », cent fois plus rapide que l'IBM 704, alors le p lus puis-
sant ordinateur scientifique de la compagnie. La conception s'avère
p lus difficile que prévu et IBM doit admettre que ce but ne sera pas
atteint, entraînant une baisse du prix de vente pou r les contrat s en
cours et un retrait prématuré du catalogue. Le premier exemplaire
est livré en 1961, trente à cinquante fois plus puissant que le modèle
704. C'est un échec commercial. Cependant les innovations techno-
logiques et conceptuelles développées sur ce modèle (pipelining,
prefetching, mémoire entrelacée ... ) seront reprises dans tous les
superordinateurs suivants et jusqu'aux microprocesseurs actuels.

IBM 7030 Stretch au centre de recherche atomique anglais.

IBM 7030 Stretch au centre de calcul du CEA en 1963.

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- 138 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique

19&1 • [TSS : l'inventian du Time-Sharing Commissa riat à l'énergie atomique. Leur motivation est double.
Ils veulent à la fois donner un nom à ce nouvea u métier qu'ils
Un système d'exploitation en temps partagé, CTSS (Compatible
pratiquent, le traitement automatique de l'information, et bap-
Time-Sharing System), est expérimenté au MIT. Le but est double:
tiser une société de services qu'ils sont en train de fonder. C'est
exploiter au maximum les ressources d 'u n ordinateur, très coû-
une réussite linguistique: le terme entre dès 1966 dans le dic-
teuses à l'époque, et faire progresser l'étude de ces objets nou-
tionnaire de l'Académie française, ainsi que dans le vocabulaire
veaux, les systèmes d'exploitation. Le concept a été décrit en
d e plusieurs pays non -francophones (informatica, lnformatik). 11
1957 par Robert Berner, ingénieur d 'IBM qui jouera bientôt un
est inventé simu ltanément aux États-Unis pour baptiser, là aussi,
rôle clé dans la définition du code ASCII. Le premier projet est
une firme de software: /nformatics . Mais il n'y détrônera pas com-
démarré la même année par John McCarthy au MIT sur un gros
puting, pour une raison très simple: le terme lnformatics appar-
ordinateur IBM, modifié pour se connecter à plusieurs term inaux
t ient à la firme en question, dont les avocats rejettent toutes les
et empêcher les interférences entre leurs programmes respectifs.
d ema ndes d 'utilisation émanant d'autres organisations.
Le principe du temps partagé est de permettre l'utilisation
Alors que la plupart des termes liés à l'info rmatique sont d'ori-
simu ltanée de l'ordinateur par plusieurs personnes en laissant
gine américaine, voire directement importés sans traduction,
à chacune l'illusion que la machine est intégralement à sa dis-
un autre mot purement français réussit plu s tard à s'imposer:
position. Ce mécan isme est réalisé en découpant le temps en
logiciel, proposé en 1969 par la Délégation gouvernementa le à
petites unités et en allouant les ressources successivement à
l'informatique en combinant les termes « logique » et « maté-
chaque util isateur, assez rapidement pour que celui-ci n'ait pas
riel », pour remplacer software. Il sera lui aussi vite adopté par
d'impression d'attente. On joue donc sur le différentiel de vitesse
la profession.
entre le temps de traitement de l'o rdinateur et le temps de réac-
tion de l' utilisateur.

CTSS démontre la viabilité du temps partagé et inspirera la


conception des systèmes ultérieurs tels Multics, puis Unix.
19&2 • IBM SRBflE :
le premier système de réservation en ligne
Depu is le début de l'aviation civile, les compagnies aériennes ont
affronté le problème de la gestion centralisée des réservations
19&i! • Naissance du terme informatique effectuées un peu partout dans le monde. Le système manuel
Depuis la fin des années cinquante, plusieurs spécia listes ima- datant des années 1920, avec une équipe d'agents remplissant
ginaient des termes pour désigner les activités liées à l'ordina- des fiches bristol pour chaque vol, atteint ses limites avec l'ex-
teur: Computronics, lnformatik et d'autres expressions avaient plosion du trafic après la seconde guerre mond iale.
été essayées. « Informatiq ue » est un mot-va lise inventé en 1962
Une rencontre fortuite entre un directeur commercial d'IBM et
en fusionnant les deux terme s information et automatique. Ses
le président d 'American Airli nes mène à confier une réflexion à
auteurs sont Phi lippe Dreyfus, jusque- là ingénieur chez Bull,
une équipe conjointe. li s'agit d'adapter les formules du système
et Robert Lattès, mathématicien travai llant pour la SEMA et le
m ilitaire SAGE (l iaisons entre terminaux distants et site central) à

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Chapitre 5 - L ' ère des << gras systèmes >> : du Wh irlw ind à la lai de Mac r e - 139 -

un environnement commercial. Un prototype basé sur deux IBM jeu sert de logiciel de test lors de la livraison au client! Spacewar!
7090 est expérimenté dès 1960. L'ensemble du système de réser- se répand rapidement sur les machines des différents centres de
vation d'American Airlines bascu le en 1964 sur SABRE (Semi-auto- recherche américains. À l'université d'Utah, Nolan Bushnell passe
mated Business Research Environment). Après passage sur IBM/ 360 des heures sur le jeu ; quelques années p lus tard, il créera Atari,
en 1972, il s'ouvre aux autres compagnies aériennes en 1976 et entreprise pionnière dans l'industrie du jeu vidéo.
continue d'exister de nos jours sur de nouveaux matériels.

1962 ~ Caurbes de Bézier


Alors ingénieur chez Renault, Pierre Bézier (1910- 1999) cherche
à modéliser une courbe afin de faire le lien entre les dessina- Dan Edwards et Peter Samson jouant à Spacewar!.
teurs de carrosseries et les nouvelles machines à commande
numérique. Il définit mathématiquement une courbe paramé-
trique, aisément manipulab le dans une interface graph ique et
calcu lable par ordinateur. Une idée comparable est mise en
œuvre chez Citroën avec Pierre de Casteljau. Le procédé est
implémenté à la fin des années 1960 dans un logiciel de CFAO,
Unisurf, adopté par les constructeurs automobiles pu is par l'aé-
ronautique. Reprises au début des années 1980 dans le dessin
des polices de caractères du langage Postscript, les courbes de
Bézier sont devenues un standard des tracés de courbes dans
tous les logiciels graphiques.

1962 ~ Spacewar!
Steve Russell et d'autres étudiants créent Spacewar!, premier jeu
vidéo de l'histoire, sur le m ini-ordinateur PDP- 1 du MIT: chacun
des deux joueurs doit essayer de détruire le vaisseau adverse
tout en manœuvrant dans le puits gravitationnel d ' une l'étoile
centra le. Un an après, le constructeur DEC livre chaque PDP-1
(coûtant près d' un million de dollars actuels) avec une copie du
jeu préinstallée; utilisant toutes les ressources de la machine, le

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- l'iD - Histoire illustrée de l'inJ:armatique

Après appel d 'offres, l'étude et la réalisation du Strida sont confiées


à deux entreprises: la Sintra, firme spécialisée dans les calculateurs
et les écrans radar, et IBM France, où Jea n-Pierre Brulé (1929-2015)
crée une division militaire en 1960 pour d évelopper d es ordinateurs
spéciaux. Mis en service à partir de 1962, le Strida est un vaste dis-
positif où les aéronefs ne sont p lu s, à la limite, que les « terminaux »
mécaniques du réseau radioélectrique. C'est sans doute le premier
., , . .,
reseau numer,que europeen.

196i! ~ Atlas et la mémoire virtuelle


La mémoire virtuelle est un disposit if d'expansion de l'espace
mémoire dispon ible pour le programmeur, utilisant la mémoire
secondaire (d isq ue) comme extension de la mémoire principale.
Sa première réalisation a été faite en 1962 sur la machine Atlas,
construite conjo intement par l'université de Manchester et l'en-
treprise Ferranti. Les 96 ko de mémoire, réalisée en tores de ferrite,
étaient étendus à l'aide des 576 ko stockés sur tambour mag né-
tique. Nécessitant un matériel rapide, l'usage de la mémoire vir-
tuelle ne se généralisera qu'après la fin des années 1960.
Salle de contrôle Strida à Mont-de-Marsan (1968).

196i! ~ Système STRIDR : la défense aérienne


En 1957-1959, face au déploiement des bombardiers soviétiques
supersoniques, l'Armée de l'Air française a entrepris de développer
un nouveau syst èm e de t rai t ement et de tran smission des infor-
mations de défense aérienne (Strida). Les signaux radar seront
désormais traités par des calculateurs numériques qui évalueront
la menace éventuelle et prépareront les déc isions de riposte en
fon ction d es données disponibles: type et direction de la menace,
moyens de défense disponibles à proximité, ri sques de saturation,
état des avions d e chasse, etc.

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La salle machines du Computer Laboratory Atlas en Angleterre (août 1965). ~ ,.


- l'i2 - Histoire illustrée de l'in~crmatique

1963 ~ Infographie
Préparant sa thèse au MIT, Yvan Sutherland
crée Sketchpad, un programme interagissant
avec l'utilisateur via un crayon lumineux et
surtout capable de manipuler des objets géo-
métriques à l'écran. C'est l'ancêtre des logiciels
de CAO (conception assistée par ordinateur) et
le premier à populariser le concept d 'interface
homme-machine g raphique. Les capacités
graphiques des ordinateurs n'ont fait que se
développer depuis, pour arriver à des niveaux
de réalisme époustouflants.

Au sens d 'imagerie élaborée sur ordi nateur,


le terme infographie fut d 'a bord une marque
déposée en 1974 par le fabri cant frança is de
tables traçantes Benson.

Image numérique entièrement générée par programme


sans aucune origine photographique (2000).

Première image scannée


par Russell Kirsch en 1957, Démonstration de Sketchpad
montrant son bébé. sur la console du TX-2 du MIT.

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Chapitre s- L'ère des << gras systèmes >> : du Whirlwind à la lai de Macre - l'i3 -

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·:1 \/ S I T IJ AT I (1 t·~ un g ros consommateur de circui t s intégrés (de
C] Fairchild Semiconductor} dans les ordinateurs de
bord servant au pilotage et à l'approch e lunaire
des missions Apollo. Ces con trats permettent
à l'in dustrie de développer une production de
masse en baissant progressivement les coûts des
circuits intégrés, ouvrant la voie à leur utilisation
courante.

Ordinateur de pilotage d'un missile Minuteman 1


Univac 1232 à la station de suivi des missions Apollo
à base de transistors et de composants discrets.
de Honeysuckle {Australie) vers 1970.
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Copie d'écran du simulateur de vol « Flight Simulator 2.0 »


pour Atari ST (subLOGIC) en 1986.

196:3 • Pilotage et conquête spatiale ..• . . ...-•


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Les premiers circuits intégrés sont chers. lis trouvent leurs premiers
débouchés dans le domaine spatial et militaire, où leur fiabilité,
leu r petite taille et leur faible consommation les rendent plus inté-
ressants que les transistors discrets - comme leur forte résistance
aux radiations nucléaires.
•• •
Les missiles intercontinentaux Minuteman sont les premiers à
intégrer un système de guidage inertiel informatique, t ransistorisé
dès 1960, puis à partir de 1962 en circuits intégrés principalement
fournis pa r Texas Instruments. Dans le spatial « civil », la NASA est -
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- l'i'i - Histoire illustrée de l'inJ:armatique

19&3 • Cade RSCII


Afin de représenter chaque caractère alphanumérique en code tra i- minuscules, chiffres, signes de ponctuation, caractères de contrôle
table par ordinateur, une table de correspondance était nécessaire. gérant la communication entre term inaux et ordinateur central.
Chaque constructeur d'ordinateurs avait défini son propre codage, Le code ASCII sera ensu ite étendu à 8 bits (l'octet ou byte, devenu
ce qui ne permettait pas l'échange d 'information entre systèmes la taille stand ard en inf ormat ique) afin d'y intégrer les caractères
différents. Pour remédier à cette cacophonie, l'agence américaine occidentaux étrangers, par exemple les caractères accentués. Puis il
de norma lisat ion adopte en 1963 le code ASCII (American Standard se fondra dans l'Unicode, énorme travail mond ial de normalisation
Code for Information lnterchange). Celui-ci standardise le codage de tous les systèmes d 'écriture, intégrant graphisme des caractères,
numérique sur sept b its de 128 caractères: lettres, majuscules et sens d e lecture, superposition, ligatures, position dans un mot ...

U+10000 U+10001 U+10002 U+10003 U+10004 U+10005 U+10006 U+10007 U+10008 U+10009 U+1000A U+1000B U+1000C U+10000 U+1000E U+1000F

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U+10010 U+10011 U+10012 U+10013 U+10014 U+10015 U+10016 U+10017 U+10018 U+10019 U+1001A U+1001B U+1001C U+10010 U+1001E U+1001F

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m tJ f ~ \ti 1j V 'r y 1r y !s ~
U+10020 U+1002 1 U+10022 U+10023 U+10024 U+10025 U+10026 U+10027 U+10028 U+1002.9 U+1002A U+1002B U+ 1002C U+10020 U+1002E U+1002F

î ê- î ~ r + r
U+10030 U+10031 U+10032 U+10033 U+10034 U+10035 U+10036 U+10037 U+10038 U+10039 U+1003A U+1003B U+1003C U+1003 0 U+1003E U+1003F

C =f= /Î\ 2
U+10040 U+10041 U+10042 U+10043 U+10044 U+10045 U+10046 U+10047 U+10048 U+10049 U+1004A U+1004B U+1004C U+10040

-
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VJ!J B ~
U+10050 U+10051 U+10052 U+10053 U+10054 U+10055 U+10056 U+10057 U+10058 U+10059 U+1005A U+1005B U+1005C U+10050

~
)jj(
1 i SS ]: ,1

Exemple de table de codage Unicode


pour représenter l'alphabet syllabique
du linéaire B, utilisé pour l'écriture
du mycénien, une forme archaïque
du grec ancien.

11 1 l Il 1 111 ' ! 11 l 11 l 11 1
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Chapitre s- L'ère des << gras systèmes >> : du Whirlwind à la Ici de Macre - l'iS -

19&3 ~ Farmatian des informaticiens


Les premiers DepartmentsofComputerScienceapparaissent dans les PA
1 MOIS Dt COUI\$
universités américaines et britanniques à partir d e 1962. En France,
plus de 200 ordinateurs foncti onnent dès 1960, chacun n écessitant
en moyenne une dizaine de spécia list es. Et ce sect eur est en pleine
expansion : les entreprises s'a rrachent les programmeurs à prix d 'or! Ab"-M.00N r -;D;1-<0
.oi°
1S
~O::;
' FT
~V;O!c\
; -1 -- - - - - -- - - -- - - -- - - -- - -- -

Pour répondre à la demande, les responsables du centre de calcul


du CNRS et de la faculté des sciences d e Paris fondent en 1963 un
,.IOOUlllf •
Institut d e Programmation destiné à former des techniciens et d es Etlf ftt t
i.c1vtou DWXI rH E
ingénieurs en informatiq ue. Ils prévoient de former 450 étud iants Atl_H(E DE t'ltE>tlt ll
CYCU: 0 ( L' E S.

en 1966, p ou r des d ébouchés « immenses ». Une partie importante 08 11\l; CON ltt<U éR • ~

des cours est assurée p ar des ingénieurs et des mathématiciens de • CCt fl f l'~lt Lf
SU <;~ Cô Ni !ll O('~ t MO.S OE COUIIS 1 1101$ OE CO U ltS
l'industri e ou d es services publics, en attendant que les universi- 111.0 ft SltUltS
Cô Mrlt MfN t lJRU

taires soient en mesure de prendre la relève. En 1966, le min istère l'RO(. R•M MEUlt ~ - ( ltf( \) AU PRO I... TOI~ >--4
PE
o ·•r l'l l(Al!ONS
de !'Éducation nationale crée les maîtrises d 'informatique, en même
, - - - - - --« 9 MOIS D' E:v:>ts
temps que les m aîtri ses d 'électronique et d 'automatique, ain si que • CCU"l t PAR LC
CONSf'll o rs
1'1'tO rES5flllU
les IUT. D'autres diplômes s'y ajouteront plus tard pour répondre
à la d emande.

ACC.tPIE l'AcR I E
COl<UH Ot S
P1\0F{~lURS
SIAC:-.E - -- -

r a.oG~AMMEUI<

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2 41<$ r> f h Jllfs


(N 2 PARIIES

/1.!CU 4 L t X4NI N
Cursus de l'Institut de Programmation de l'université de Paris, PIN;t,L

représenté sous forme d'algorithme dans un organigramme,


[l(Pf.Rl r~ rR&1 l~ f 111
avec les symboles familiers aux programmeurs (1967). 0( L lti f 01t<H 4,IIO N

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- l'i6 - Histoire illustrée de l'inJ:crmatique

19&3 ~ Chèque à lecture magnétique CMC7 1964 ~ IBM System/36D


La possibilité de faire lire directement des caractères d 'imprimerie
par la machine intéresse vivement les banques qui doivent traiter
une masse croissante de chèques. Dès le milieu des années cin-
quante, l'organisation professionnelle des banques américaines a
lancé un appel d 'offres pour l'étude d'un tel système. Trois normes
concurrentes ont été mises au point, en Amérique, en Grande-
Bretagne et en Europe continentale. Développé par Bull, le CMC7
(caractère magnétique codé à 7 barres) permet à la fo is la lecture
magnétique par la mach ine et la lecture optique directe par l'uti li-
sateur humain. li est norma lisé par l' European Computer Manufac-
turers Association et adopté en 1963 par de nombreuses banques
européennes de préférence au système américain. Toujours utilisé
aujourd 'hui sur nos chèques bancaires, le CMC7 peut être aussi
considéré comme l'un des ancêtres du code ba rre.

Chèque à lecture
magnétique CMC7. Installation IBM/360 à la Banque de France (1966).

B. P. F_ _ _ _ _ __
'
BANQUE NATIONALE DE PARI S
, l I • ~ 1 •• i.> l 1~t , A,, '
Réagissant à la prolifération des types d'ordinateurs et de périphé-
' PAYEZ CONTRE CE CH~QUE _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _~ - - - - - riques différents, IBM a décidé de refondre et d 'unifier complète -
ment son catalogue en lançant un standard, la série IBM System/ 360,
A l'ordre de- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - « compatible à 360 degrés ». Conçue par une équipe dirigée par Bob
Cahors . le O. Evans et Frederick P. Brooks, cette famille d 'ordinateurs doit per-
. - - - - - P .\VA l l ( - - - - - .
- N' oe s1eae Numrro df' compte
- -- - - - - - mettre de couvrir l'ensemble des besoins, depuis les petits systèmes
••
16, Bou lr vnrd G ambe t 1t1 I 1
; de traitement de données jusqu'aux gros calculateurs optimisés
u 46 - CAHORS
•- pour l'analyse numérique. Chaque modèle est deux fois plus rapide
• ct1toue N •
SPÉCIMEN que le modèle inférieur et coûte 40 o/o de plus. La compatibilité tout
au long de la gamme, ainsi que la possibilité d 'exécuter du code écrit
pour des modèles plus anciens, doit assurer une évolution facile aux
clients, qui peuvent aussi choisir une multitude de périphériques.

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IBM ··- .
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Salle machine d'un IBM/360-SO.

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- l'iB - Histoire illustrée de l'inJ:crmatique

Alors que les systèmes précédents avaient des tailles de représen- La principale difficu lté s'avère être le développement du système
tation de données extrêmement variables, IBM introduit l'octet d'exploitation pour disques (DOS), achevé avec deux ans de retard.
(8 bits) comme unité standard de description de données, qui
Ce qui était au départ un investissement et un pari très risqués de
deviendra un standard de fait encore universel aujourd'hui. Moins
cinq milliards de dollars devient alors un immense succès commer-
heureux, le langage PL/ 1(Programming Language One), développé
cial. La compatibilité se poursuivra avec la gamme IBM System/ 370
par IBM pour remplacer Fortran et COBOL, est trop complexe. Ce
à mémoire virtuelle et circuits intégrés, introduite en 1970.
qu i freine son adoptio n et complique l'écriture de compilateurs
efficaces, empêchant sa diffusion au-delà des mainframes où l'on
peut encore le trouver.
Consoles de contrôle
d'un IBM/370 dans un centre
de recherche de la NASA en 1981. Installat ion IBM/360 vers 1965.
- -

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Console de commande de l'IBM/360 au CERN en 1967.

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- lSD - Histoire illustrée de l'inJ:armatique

19&4 ~ Langage BRSIC


-1
__ 1 1 Professeurs de mathématiques à l'uni-
versité de Dartmouth, John G. Kemeny
(1926-1992) et Thomas E. Kurtz,
décident d'initier tous les étudiants à
l'informatique, à sa puissance et à ses
limites. Mais comment y intéresser des
littéraires en leur enseignant Fortran,
langage scientifique relativement dif-
ficile et qui leur servira peu ? Et com-
ment organiser les travaux pratiques
Salle informatique au CERN en 1969 avec le CDC 6600.
de programmation pour des groupes
d 'élèves, si l'o n ne peut accéder à l'or-
dinateur que par une seule console ?
1964 ~ Superardinateur CDC 66DD
Pour résoudre ces prob lèmes pra-
tiques, ils implémentent l'un des pre- En 1960, Seymour Cray (1925-1996), alors chez Contrai Data Corpo-
John Kemeny lors d'un cours miers systèmes d 'exploitation en temps partagé, offrant aux uti li- ration, décide de construire l'ordinateur le plus rapide du monde.
de programmation BASIC sateurs un accès direct à la machine via de multiples terminaux. Et Quatre ans plus tard, ses ingénieurs présentent le CDC 6600 dont les
à l'université de Dartmouth.
ils inventent un nouveau langage de programmation simplifié, le performances, entre 1 et 10 mégatlops (millions d 'opérations flot-
BASIC (Begin ner's All-purpose Symbolic Instruction Code). D'abord tantes par seconde), soit presque dix fois plus que la concurrence,
voué à l'enseignement, ce langage rencontrera un succès impor- en font l'archétype du superordinateur. Une centaine d 'exemplaires
tant dans le monde des hobbyistes en raison de sa simplicité et à huit m illion s de dollars pièce seront vendus. Surnommé le « père
deviendra le langage principal des premiers micro-ordinateurs à des superordinateurs », Seymour Cray restera à la pointe des progrès
la fin des années 1970. en ce domaine jusqu'à son d écès.

Crédits
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Chapitre 6 - Les mini- ord inateurs - 153 -

• domine le marché par un mix très élaboré


de qualités techniques, d'efficacité com -
L'aboutissement logique de cette démarche est l'association de
plusieurs constructeurs pour imposer un standard concurrent de
• merciale et de prestige. On dit couram -
ment qu'aucun directeur informatique n'a jamais été licencié pour
celui d 'IBM; les efforts menés par diverses alliances dès les années
1970 en montrent les difficultés, même s11s finiront par aboutir sous
avoir choisi IBM. L'annonce de sa série IBM 360 n'a pas seulement d'autres formes.
renforcé cette emprise de Big Blue sur le marché informatique. Elle en
3. La troisième stratégie consiste à viser des « créneaux » peu ou
a transformé les règles. Les autres constructeurs comprennent plus
mal occupés par IBM, généralement au-dessus ou en-dessous
ou moins vite que, s'ils veulent rester ou entrer dans la compétition,
de la série 360. Ainsi Contrai Data s'impose dans le domaine
ils doivent choisir entre trois stratégies:
des superordinateurs, suivi de Cray Research puis de Fujitsu.
1. Jouer le jeu d 'IBM en proposant des machines compatibles, si Digital Equipment s'impose avec son mini-ordinateur PDP-8
possible meilleures et moins chères qu'IBM, pour profiter de sa qui la mènera au deuxième rang mondial des constructeurs, et
Bande perforée portant
dynamique et du désir de nombreux clients d'échapper à l'emprise d 'autres comme Nixdorf suivent son exemple. Ultérieurement,
des programmes
du leader mondial sans réécrire leurs logiciels. Cette stratégie est les fabricants de micro-ordinateurs bénéficieront d 'une situation de test du processeur
suivie entre aut res par RCA, dont chaque modèle se positionne semblable ... jusqu'au lancement de l'IBM PC en 1982. d'un PDP-1 1 en 1975.
entre les niveaux de performance de deux modèles IBM; ou par
les Japonais Fujitsu et Hitachi et par Amdahl, entreprise fondée
-
à la fin des années soixante par un ancien ingénieur d' IBM. Elle
peut porter sur les unités centrales comme sur les périphériques,
ce qui donne naissance à toute une industrie des Plug-compatib/e
manufacturers. Cette concurrence d irecte avec Big Blue présente
le risque de voir IBM modifier son standard ou baisser ses prix au
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OIGITAL 10Ulit , •
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point où les imitateurs ne peuvent p lus suivre, les clients retournant • •• •• • •

•• ••
alors chez IBM. Car la compatibilité est réversible!

2. Une deuxième stratégie, au contraire, consiste à présenter une


gamme incompatible avec celle d 'IBM, comportant des avantages
comparatifs d'ordre économique ou technique. Le constructeur
ne peut espérer conquérir beaucoup de clients d 'IBM, mais il est
sûr au moins de conserver les siens, devenus dépendants de son
« système propriétaire » (traduction littérale de proprietary system,
à laquelle système « privé » ou « maison » serait bien préférable !).
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- lSLt - Histoire illustrée de l'inJ:armatique

Quelle que soit l'option choisie, une firme doit consentir un effort rola, bientôt Intel et une poignée d'autres), fortement soutenues au
significatif de R&D, de l'ordre de 10 o/o du chiffre d 'affaires, pour se d ébut par des contrats militaires ou aérospatiaux. Concurrentes, ces
maintenir au rythme de l'innovation. entreprises apprennent cependant à s'entendre pour appliquer la« loi
de Moore » en organisant le rythme de l'innovation dans leur secteur:
Les deux premières stratégies sont jouables car la série IBM/360
c'est une véritable planification capitalist e. Le progrès des circuits
laisse du champ aux concurrents innovateurs - elle n'utilise pas
int ég rés devenant prévisible, les const ructeurs d'ordinateurs y voient
encore de ci rcuits intégrés et n'est adaptée ni au « temps-réel >> ni
plus clair pour préparer leurs futures « générations » de produits.
au time-sharing. De plus IBM est obligé par la législation libérale
anti-trust de laisser vivre ou survivre ses concurrents. Le défaut de Les constructeurs de mini-ordinateurs s'ouvrent un marché en forte
ces positionnements est qu'ils reviennent à affronter IBM là où le expansion. Dès la fin des années soixante, les mini-ordinateurs sont
leader mondial est le plus fort : en milieu de gamme, où Big Blue couramment employés, soit comme calculateurs indépendants
réalise de telles économies d 'échel le que sa marge brute est de pour du calcul scientifique simple ou du process-control (pi lotage
l'ordre de 40 °/o en moyenne .. . d 'appareils par ordi nateur), soit comm e interfaces d 'entrées-sorties
de gros ordinateurs. Soit, de plus en p lus, comme nœuds de réseaux
La troisième, la stratégie de contournement, est celle qui susci-
informatiq ues. Leur nombre double ou triple tous les deux ans :
tera les challengers les plus dangereux pour IBM, notamment les
6 700 minis fonctionnent dans le m onde fin 1968, 19 000 fin 1969.
constructeurs de mini-ordinateurs.
Les constru cteurs établis ne sont pas absents. lis développent deux
typ es de solutions:
Les minis sont tendance
• les petits ord inateurs de gestion, combinant la connaissance de
Depuis la fin des années cinquante, en Europe comme au Japon l'ancien ma rché mécanographique avec des matériels écono-
et en Amérique, la possibilité de réal iser de petits ordinateurs est miques, relativement faciles à utiliser ;
apparue avec la mise au point de composants de taille réduite,
• les terminaux distants, d 'abord à téléscripteur ou à cartes per-
transistors ou noyaux magnétiques, permettant de concilier une
forées, puis à clavier-écran, connectés par ligne téléphonique à
bonne fiabilité avec la compression des prix de revient. La rançon
un gros ordinateur fonctionnant en time-sharing. Ces systèmes
est une certa ine lenteur, acceptable dans des machines bon marché
permettent à un utilisateur individuel d'écri re des programmes ou,
en monoprogrammation. Pour une fraction du prix d 'un mainframe
plus souvent, d 'utiliser des logiciels prêts à l'emploi stockés dans
IBM, un bureau d 'études ou une école d 'ingénieurs pouvait s'offrir
les mémoires de l'ordinat eu r central. Terminaux et connexions
un bon calculateur et une formation à la programmation.
sont loués à l'heure ou au mois.
Au cours des années soixante, l'industrie des composants se trans-
Tout es ces solutions plus ou moins concurrentes répandent l'accès à
forme, suscitant à la fois une baisse des prix et un progrès rapide
l'informatique dans les entreprises et les administrations. Désormais
des circuits intégrés. Les grands groupes diversifiés de construction
des centaines de milliers de personnes dans le m onde se mettent
électrique, qui étaient passés sans trop de difficultés de la production
à utiliser des ordinateurs, de près ou de loin. Un immense effort
massive de tubes à celle des transistors et d 'autres composants « dis-
de fo rm ation est entrep ris par l'enseignement su p érieur, par les
crets », se font tailler d es croupières par de nouveaux entrants : les
entreprises d'informatique et par les grandes organisations clientes.
entreprises spécialisées dans les semi-conducteurs (Fairchild, Moto-
Ce n'est jamais assez pour répondre à la demande d 'informaticiens.

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Chapitre 6 - Les min i-ordinateurs - 155 -

<<Défi américain >>, politiques européennes En France, des comités d'experts réunissant des représentants de
et stratégie japonaise l'industrie électronique, du Commissariat au Plan et des grands
utilisateurs réagissent à partir de « l'affaire Bull » et des difficultés
Entre temps, dès le milieu des années 1960, les dirigeants européens
croissantes des producteurs français de composants. lis s'efforcent
se sont inqu iétés de la mainmise américaine croissante sur l'informa-
de combiner la politique d 'indépendance gau ll iste, le lobbying
tique du vieux continent. Ils s'alarment du « fossé technologique »
des grands industriels abonnés aux subventions ... et le fait que
qui se creuse entre les deux continents, du « retard » européen
les grands clients du secteur public se satisfont généralement des
face au « défi américain ». La prise de contrôle de Bull et d'Olivetti
solutions apportées par IBM et Bull-GE et n'ont pas envie qu'on leur
par General Electric en 1964, l'implantation de nouveaux construc-
impose un « champion national ». Leur activisme en faveur d'une
teurs comme Control Data, l'emprise d 'IBM qui profite mieux que
politique de l'informatique reçoit une justification supplémentaire
quiconque de l'ouverture du Marché Commun, l'arrivée des majors
lorsque Washington décrète un embargo sur les supercalculateurs
du consei l en organisation qui accèdent à toutes les données des
commandés par la division militaire du Commissariat à l'énergie
entreprises et des administrations clientes, tout cela paraît mena-
atomique (CEA). Il aboutit au lancement d 'un Plan Calcul dont le
cer l'indépendance des pays européens. Car l'informatique, qui
rapport coût/ efficacité reste très discuté.
commence à se constituer en réseaux, n'est désormais plus perçue
comme une aide mécanographique à la gestion, mais comme « le Le Japon a lui aussi réagi à la domination américa ine dans ce sec-
'
systeme nerveux des nations » : un enjeu stratégique. teur. Mais il l'a fait plus tôt que les Européens, avec un meilleur sens
stratégique du long terme et avec plus de latitude pour mettre en
En Angleterre, le gouvernement favorise le rapproc hement des
œuvre une politique à la fois protectionniste et expansionniste.
constructeurs d 'ordinateurs pour former en 1968 un « champion
S'appuyant à la fois sur la recherche et sur trois grandes firmes -
national », International Computers Ltd. (ICL), qui bénéficiera
Hitachi, NEC et Fujitsu - il parviendra à hisser son industrie des
d 'achats préférentiels et d'aides à la R&D. L'Allemagne fédérale
composants et des ordinateurs aux premiers rangs mondiaux dans
soutient Siemens et Te lefunken et lance un plan d 'équipement
les décennies suivantes.
favorisant leurs ordinateurs.

1
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• • 1
- 156 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique

L'évalutian des ardinateurs : une questian De plus, pourquoi faudrait-il exclure de ce schéma les relais, voire les
rouages mécaniques avec lesquels ont été construites de nombreuses
de génératians ? machines qui jouèrent un rôle important à l'origine de 11nformatique ?
Le mot « génération », employé dès 1956 en Angleterre, signifiait alors Où classer les calculateurs de 1960 où coexistent souvent tubes et
que lesordinateurs à tubes les plus récents avaient des vitesses plus éle- semi-conducteurs, parfois avec des processeurs faits de composants
vées, des champs d'application plus larges et une fiabi lité plus grande logiques magnétiques ?
que les premiers modèles. li a été ensuite utilisé par IBM pour présenter
Plus gênant encore, cette description réduit l'ordinateur aux seuls com-
ses sériestransistorisées commercialisées vers 1960 (« deuxième géné-
posants de commutation de son unité centrale. Or les ordinateurs
ration»), puis la série 360 (« troisième génération »). On a pris alors l'ha-
comportent aussi des organes de mémoire internes et externes ... et les
bitude de décrire l'évolution des ordinateurs avec ce terme popularisé
programmes qui y sont enregistrés: trois constituants tout aussi impor-
par le constructeur dominant : la première génération serait celle des
tants que l'unité arithmétique et logique. Et qui ont eu leur évolution
tubes électroniques, la deuxième celle des transistors, la troisième celle
propre. Même l'architecture, la conception générale de ces machines
des circuits intégrés, la quatrième celle des microprocesseurs - sans
complexes, a pu varier à partir du schéma théorique défini en 1945,
parler de la cinquième, celle des processeurs parallèles ...
entre les architectures série et parallèle, puis pipeline, vectorielle, CISC
« Génération » est donc devenu rapidement une expression à carac- ou RISC, etc. Tandis que certains des ordinateurs à tubes du réseau de
tère publicitaire mettant l'accent sur les innovations matérielles, mais défense aérienne SAGE, conçus vers 1955, fonctionneront jusqu'aux
qui décrit assez pauvrement l'évolution des systèmes informatiques. années 1980.
D'abord, la différence entre les tubes et les transistors n'est pas de même
Un résumé historique en termes de générations doit donc être com-
nature que celle qui distingue les transistors des circuits intégrés et des
plété pour dessiner un schéma plus global:
microprocesseurs: ces trois derniers sont tous des semi-conducteurs.

Cartes ou bandes perforées puis


195D Tubes Expérimentations** Code binaire, assembleurs
bandes magnétiques

1959 Transistors Tores de ferrite Cartes, tambours Premiers langages évolués

1966 Circuits intégrés ou hybrides Tores de ferrite et disques rapides Cartes, bandes, disques Langages évolués

Bandes disques, disquettes, car- Langages évolués et


1973 Microprocesseur Semi-conducteurs
touches communication graphique
*: Les dates indiquées ne sont pas celles de l'ïnvention des techniques, mais celles où les machines qui les incorporent se répandent su r le marché.
**: Expérimentations et hésitations entre les tubes cathodiques, les tambours magnétiques, les lignes à retard au mercure, au nickel, à magnétostriction, etc.

11 1 l Il 1 111 ' ! 11 l 11 l 11 1
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Chapitre 6 - Les mini-ordinateurs - lSl -

19&a ~ L'interface avec l'ardinateur : formations moins encombrant que les cartes perforées et moins
lim ité quant aux formats de données. Et le clavier permet de com-
le téléimprimeur
muniquer en temps réel avec l'ordinateur. Ce sont de remarquables
Formés d 'un clavier, d 'une imprimante et d 'un lecteur-perforateur réalisations électromécan iques, dont le seul inconvénient est d'être
de bande papier, les téléimprimeurs ont été développés depu is bruyantes.
le début du xxe siècle dans le cadre du perfectionnement du télé-
Après Friden-Flexowriter et d'autres, la vieille marque Teletype s'im-
graphe comme terminaux du réseau télex, utilisant le code Baudot.
pose bient ôt comme synonyme de termina l d 'ordinateur. Commer-
lis ont permis du même coup de mécaniser le cryptage des trans-
cialisée en 1963, la Teletype Madel 35 est adaptée aux nouveaux
missions - par exemple la machine Lorenz, qui servait à crypter
codes informatiques, notamment l'ASCII. Elle contribue à propager
les messages stratégiques allemands pendant la seconde guerre
le standard ASCII ou les fonctions ctrl et escape.
mondia le, et qui suscita en réponse le développement de Colos- Une illustration de la loi
sus, était essentiel lement un téléimprimeur. Ils sont donc fam i- de Moore : en 1975,
liers aux spécialistes des télécommunications, nombreux dans les une mémoire de 8 ko
firmes d 'ingénieurs qui se sont lancées dans le calcu l électronique. coûtait 1S0 dollars ...
Comme interface avec un ordinateur, les téléimprimeurs présentent
19&5 ~ Lai de Maare
l'avantage d 'êt re compacts et relativement peu coûteux, puisque
construits en grande série; la bande perforée est un support d 'in- L'amélioration des procédés de fabrication THE CHIPS ARE DOWN !
des circu its permet de placer plusieurs cen- 8K NOW JUST $149 ASSEMBLED
taines de composants élément aires, « dis-
Terminal Teletype relié à l'ordinateur Honeywell-Bull
de la BNP pour le calcul en direct de dossiers de crédit.
crets », par centimètre carré; c'est la Middle ,
Scale lntegration (MSI).

Interviewé par un magazine d 'électronique


sur l'avenir des semi-conducteurs, Gordon
Moore, alors directeur de la recherche chez
Fairchild Semiconductor, extrapole à par- ~
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tir des progrès observés depuis 5 ans et
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loi physique mais le simple constat d' une


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ment un but, une roadmap pour l'indus- ...................
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trie électronique américaine qui s'organise


avec toutes ses ressources pour planifier
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et réguler l'acc roissement des perfor- 1201 10 th Strc,el !k,l.ele , CA 94710


mances. En 1975, Gordon Moore amende

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- 158 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique

15
-c ore SJPARC
13 e 18-core Xeon Haswell -EP
5 700 000 000 Six-core Core i7
. "-. • 12-core POWERB
Six-core Xeon 7400, "-,. • -core Xeon Vl/estmere-EX

Oual-core ltaniun1 2 •
• 1:.,..---8-core POWER7

1 000 000 000 POWER6 • ,


: - auad-core ltanium l uk\•Jila
..._ 8-core Xeon Nehalem-EX
ltan1um 2 avec cache de 9~Ao • , S!x-core Opteron 2400
AMD K I Core 17 (quad}
• Core 2 Duo
ltanium 2 • • Cell

100 000 000


(/) • Sarton
~ • Atom
0 La droite indique
+-' AMDK7
(/) t AMD K6-III
·-
(/) un doublement AMOK6
C: 10 000 000 tous /es deux ans •/ • Pentlun1 Ill
~ • Pen tium Il
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+-' • Al\.10 K5
(1)
"O
~ 1 000 000
.0
E
0
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80286 •
100 000
68000 •
• 80186

8086 •

8085
10 000 6800 ' • 6809
8080 , l • 280

8008 • f • MOS 6502


2 300 4004 • RCA 1802

1971 1980 1990 2000 2010 2015


Évolution du nombre de
transistors dans les processeurs.
Date de sortie
1 1 l Il 1 111 ' 1 1
• 1 1
11 11_ l 1 •1 1
•1 1 11 1 1 1r • 1 1- 1 -
Chapitre 6 - Les mini-ardinateurs - 159 -

légèrement sa « loi », prévoyant désormais un doublement tous les métallurg ie (étude des vibrations) ... On découvrira plus tard que
deux ans de la densité d'intégration, croissance qui est à peu près cet algorithme ava it été décrit et uti lisé par Gauss dès 1805, sans
toujours respect ée de nos j ours grâce aux avancées t ech nologiques que la communauté scientifique ne se l'approprie - n'ayant fait
des processus de fabrication. l'objet que d'une publication posthume et confidentielle en latin ...

Il existe deux corollaires classiques à cette loi : le premier d it que


1
les pe rformances d u n système doub lent tous les dix-huit mois,
en raison de l'accroissement du nombre de transistors intégrables
mais aussi de l'augment ation de leur vitesse ; le second indiq ue
en contrepa rtie que le coût d'une usine de production de circuits
intégrés croît aussi exponentiellement.

En 1968, Gordon Moore, Robert Noyce et Andrew Grove quittent


Fairchild Semiconductor pour cofonder la société Intel qui devien-
dra le leader mondial des fab ri cants de semi-conducteurs en 1992.

1965 ~ Rlgarithme FFT


On résume trop souvent l'amélioration des performances des sys-
tèmes informatiques à une simple augmentation de vitesse des
machines. C'est oublier qu'elles ne sont là que pour fai re tourner
des applications, elles-mêmes basées sur des algorithmes. Toute
amélioration de ces derniers, toute réduction de leur complexité
(au sens mathématique) peut entraîner des ga ins nettement plus
importants q ue ceux p rocurés par l'avancée technologique.

La transformée de Fourier discrète est une opération mathématique


classique, développée depuis le x1xesiècle, utilisée en trait ement du
signal. Son calcul est assez long et les premiers ordinateurs ne pou-
vaient l'effectuer que sur des problèmes de t aille réd u ite. La publica-
1
tion en 1965, par deux mathématiciens américains, de l algorith me
de la transformée de Fourier rapide (FFT : Fast Fourier Transform),
Calculateur HPS451 de 1972
c'est-à-dire la descri ption d'u ne nouvelle méthode de calcul arrivant
effectuant sur un mini·
b ien p lus rap idement au résultat, révolutionne le doma ine en per- ordinateur embarqué
1
mettant d'un coup son application à la compression et à l analyse le calcul de la transformée
de données, à l'imagerie médicale, à l'holographie numérique, à la de Fourier rapide . . .

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~ PDP-1S (1971 ) avec, à gauche, son éaan graphique équipé d'un pointeur.
Chapitre 6 - Les mini-ordinateurs - 161 -

1965 ~ PDP-B de DEC


Alors que le marché inform atiqu e est dominé par les
moyens et g rands systèmes d'IBM, Digital Equipment
Corp. (DEC) sous la d irection de Ken Olsen (1926-2011)
développe le PDP-8, considéré comme l'archétype du
mini-ordinateur. Moins cher et plus simple d 'usage que
les mainframes, son architecture a ét é définie en suppri-
mant tout ce qui paraissait superflu et en compensant
par des astuces logiques, par l'emploi d es transistors
au german ium très rapides et par la st andardisation
maximale d es circu its, avec des périphériques et un
packaging re marquables. Le nom de « mini-ordina-
teur » fait référence à la voiture « Mini » et aux mini-
jupes, mais aussi au prix de la machine, entre 18 000 et
25 000 dollars de l'époque (moins de 200 000 dollars
2015). Ce prix très bas parie hardim ent sur des ventes
massives, et pourra baisser de moitié après quelques
années d 'amort issement des chaînes de production et
de chute des prix des composants (passage des transis-
tors discret s aux circu its intégrés). Avec plus de 40 000
PDP-8 vend us en une décennie, cette mach ine révèle
le potentiel d 'expansion de ce segm ent de marché.

DEC ne domine pas le marché des minis comme IBM


celui des mainframes. Ses concurrents ne cherchent
pas à se positionner en termes de compatibilité
logicielle. La vente n'a pas besoin d'être accompa-
gnée d 'investissements lourds en formation et en
développement d'applications. Les facteurs décisifs
de succès, sur ce marché, sont l'innovation - offrir
des machines performantes, compactes et au prix
le plus bas possible - et l'agressivité commercia le
ciblant une clientèle de t echniciens.

Mini-ordinateur PDP-8. Mini-ordinateur PDP-8i. De haut en bas : appareil


de laboratoire, disque dur (32 kmots de 12 bits),
lecteur de bande papier, processeur.
1 t l l l 1 1 1 1
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- 162 - Histcire illustrée de l'ini:crmatique

19&5 ~ Dlivetti Programma 1D1 1965 ~ L'ère des systèmes


Combinant la qua lité technique, l'élé- La compatibilité de la gamme IBM/ 360 repose (en simplifiant beau-
gance ergonomique du design et coup) sur un système d 'exploitation (operating system) capable de
l'intell igence marketing d 'Oli- tourner sur tous les modèles. C'est un projet extraord ina irement
vetti, cette petite machine élec- ambitieux : OS/ 360 doit être multiprogrammable (supporter plusieurs
\ tronique performante est un applications en m ême temps), fonctionner sur des configurations
véritable « calcu lateur per- matérielles diverses, exploiter des bases de données sur d isques. À
san nel » et devient un best l'époque presque tout reste à inventer en matière de méthodologie de
seller dans les laboratoires et développement de systèmes et il faut innover sur tous les front s à la fois.
les bureaux d 'étude.
OS/ 360 est annoncé pour 1966, mais il ne sera vraiment utilisable
Techniquement, la Pro - qu'en 1968 (d'autres OS sont disponibles entre temps). Son déve-
gramma 101 est un cal - loppement accumu le les retards au point d 'en faire un cas d'école de
culateur programmab le désastre technique. li a fa llu toute la puissance financ ière et commer-
imprimant, capab l e ciale d'IBM pour surmonter cette épreuve. Cette expérience, comme
d 'effectuer les quatre celle des autres constructeurs qui à leur tour élaborent leurs p ropres
• opérations arithmé - systèmes ou software de base, fait des systèmes d'exploitation un
tiques de base, l'extrac- nouvel objet de recherches. Elle convaincra les spécialist es de conce -
tion de racines carrées, voir des méthodes « industrielles » de développement : le software
Olivetti Programma 101
etc. Sa technologie est encore à transistors et d iodes discrets, avec engineering ou génie logiciel.
(1965).
une mémoire rapide faite d 'une ligne à reta rd à magnétostriction
comme dans les plus anciens ordinateurs! Rien de révolut ionnaire
Manuel de programmation pour IBM/360 (1 965). Les systèmes d'exploitation sont
sur ce p lan, mais des techniques bien maîtrisées pour un prix de à l'époque tous écrits en assembleur, ainsi qu'une grande partie des applications.
revient optimal. L'architectu re prévoit des instructions de bran-
chement conditionnel. Les programmes sont enregistrés sur des
cartes en plastique couvertes d'u n enduit magnétique, enfichables
dans un lecteur.

Présentée en 1964 à la New York World's Fair, la Programma


101 est mise en production l'année suivante. Olivetti en vendra
44 000 exemplai res, en Europe et en Amérique du Nord, au prix
de 3 200 dollars (environ 20 000 euros actuels). Quelques années
après, Hewlett-Packard s'en inspirera pour déve lopper sa calcu -
lette 91 OOA, et paiera d 'ailleurs près d'un m ill ion de dollars de iBM 360 /
redevances à Olivetti. La philosoph ie d 'entreprise et l'esthétique
d 'Olivetti préfigurent celles qui ca ractériseront quinze ans p lus ASSEMBLEUR Of a~s~
tard Apple.
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J t 11 1 1 J
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• • •
1966 ~ Le Plan Calcul
Réagissant à « l'affaire Bull » et aux difficultés de l'industrie électro-
nique, des dirigeants français ont élaboré une politique en faveur
de l'informatique : le Plan Calcul, lancé tin 1966. Une Délégation à
l'informatique est créée au niveau gouvernemental comme maître
d 'œuvre du Plan. Une Compagnie internationale pour l'informatique
(CIi}, filiale des groupes privés CGE, Thomson et CSF, f usionne deux
petits constructeurs de calculateurs scientifiques avec pour mission
essentielle de développer une « gamme moyenne de gestion » et de
participer à terme à la constitution d'une informatique européenne. Le
dispositif est complété l'année suivante par la création d'une société
pour les périphériques, d 'une autre pour les composants résultant de
la fusion des filia les spécialisées de Thomson et de CSF. Et d'un Institut
de recherches en informatique et automatique (IRIA, devenu l'lnria),
seul survivant aujourd'hui de cet ambitieux programme.

CIi iris 50, premier ordinateur développé par le Plan Calcul (1968).

La Cil démarre difficilement, soutenue à • •


bout de bras par les subventions et les
achats préférentiels des administrations.
Elle vend d 'abord principalement des
machines développées en Californie par
son partenaire Scientific Data Systems
(SDS), puis réalise des ordinateurs techni- 1 .,,

-l .a ~' quement avancés (séries Iris et Mitra, puis • •

'\ \ - Unidata), qui remporteront des succès


\ "\ "\\\\'-..__.....
commerciaux hors du secteur public et lui
-
permettront de négocier des accords avec 1

d'autres construct eurs européens. Quant à l


l'IRIA, il abritera notamment l'équipe qui /
développera le réseau Cyclades, l'un des
prédécesseurs d ' Internet. Disques magnétiques du centre de calcul CIi
à l'université de Lyon (1975).
La programmation se fait encore parfois « aux clés »,
octet par octet (ici sur CIi iris 50, vers 1968).

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- 161.i - Histoire illustrée de l'in~armatique

19&& • lnventian de la DRRM


Les premiers programmeurs ont tous été confrontés à la
re lative petite taille de la mémoire des ordinateurs. Après
les premiers essais (tubes à vide, tubes cathodiques,
tambours magnétiques, lignes à retard au mercure ... ),
l'invention des mémoires à tores de ferrite a permis aux
fabricants de proposer une mémoire fiable et efficace,
malheureusement de densité assez faible puisque
chaque tore stockant un bit occupait une surface de plus
d 'un mi llimètre carré. En 1966, Robert Dennard, alors
chercheur chez lBM, met au point une cellu le mémoire
dynamique composée d 'un transistor et d'un condensa-
Modem acoustique (boite blanche}« dialoguant » avec le combiné téléphonique via
teur (dont la charge correspond au bit à stocker), facile-
un haut-parleur et un micro, et relié à l'ordinateur via le câble en bas à droite.
ment reproductible sur un circuit intégré. En 1970, Intel
annonce la première puce m émoire d 'une capacité de
1 024 bits dans une surface de l'ordre d' un centimètre chères et peu pratiques. Cette interdiction fut contournée grâce au
Le premier circuit DRAM carré : la densité d'intégration a gagné quasiment un modem acoustique, boîte reliée d 'un côté au terminal et sur laquelle
d'Intel, la puce 1103 facteur 100 par rapport au tore. L'intégration suit désormais la loi on posait le combiné téléphonique. Les signaux venant du terminal
de 1 kbit. de Moore et les capacités des circu its mémoire doublent t ous les étaient envoyés dans un haut-parleur placé sous le micro du combiné,
quatre ans, rend ant les tores de ferrite rapidement obsolètes - tandis que les bits provenant de l'ordinateur d istant suivaient le che-
sauf pour des applications où leur insensibilité aux radiations leur min inverse, passant du haut-parleur du combiné à un m icro dans le
conserve une utilité. modem. On atteignait alors des vitesses de transmission de l'ordre de
300 bit/s. À partir du milieu des années 1960, les améliorations des
circuits couplées à des avancées théoriques en traitement du signal
o nt permis d 'aug m enter ces v itesses. Puis le monopole d'AT& T fut
démantelé en 1982. Les derniers modems des années 1990, entière-
1966 • Madem acaustique ment électroniques (c'est-à-dire reliant directement l'ordinateur à la
Dès la fin des années 1950, des lignes téléphoniques étaient utilisées ligne sans passer par un poste téléphonique), culminèrent à 33,6 kbit/ s
pour relier terminaux et ordinateurs centraux, par exem ple dans les puis 56 kbit/ s, soit des vitesses t rès proches des limites théoriques
systèm es SAGE et SABRE. Pour transformer les signaux binaires en des lignes téléphoniques st andard s. À cette époq ue, un ordi nateur
signaux analogiques compatibles avec les circuits téléphoniques, personnel se reliait à Internet en appelant le numéro téléphonique de
la connexion de l'éq uipement à la ligne s'effectuait via un modem la passerelle de connexion qui n'avait probablement aucu n lien avec
(abréviation de modulateur-démodulateur). Cependant, l'utilisation l'opérateur téléphonique. La rupture technologique et l'augmentation
du résea u téléphonique standard était impossible aux États-Unis car la spectacu laire des débits sont arrivées avec l'ADSL, reliant l'ordinateur à
compagnie AT&T interdisait le branchement d'un appareil non conçu un point d 'accès Internet de son opérateur en n'utilisant que la partie
par elle sur ses lignes, obligeant à recourir à des connexions dédiées, terminale du réseau téléphonique.

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Chapitre 6 - Les mini-ordi nateurs - 165 -

1967 • Langage Laga l'informatique dans les organisations, qui de merveille futuriste est
devenue un casse -tête managérial.
Afin de fac il iter l'enseignement
de la programmation aux enfants, Rentable dès son premier exercice, la Sogeti surfe sur la croissance
Seymour Papert développe le lan- du parc informatiq ue dans cette région où les SSII parisiennes sont
gage Logo. Inspiré par l~ntelligence peu présentes. Quelques années plus tard, Serge Kampf prendra
artificielle (plus précisément par le le contrôle de deux grands concurrents : le CAP (SSII franco-bri-
langage Lisp), la logique mathé- tannique) et Gemini, const ituant un groupe qui figure aujourd'h ui
matique et les théories de l'ap- parmi les dix principales sociétés de service informatique au monde.
prentissage, ce langage n'a plus
pou r objectif, comme les langages
préexistants, de résoudre des pro-
blèmes numériques mais de jouer
avec des mots et d 'apprendre à •
196B • The Rrt of Computer Programming
résoudre des problèmes. En 1962, encore étudiant, Dona ld Knuth reçoit commande d'un livre
Seymour Papert et une tortue sur l'écriture des compilateurs. li perçoit rapidement que le sujet est
La caractéristique la plus connue mécanique répondant aux ordres
très vaste et nécessite de nombreux approfondissements consacrés
de Logo est la présence d 'une tor- donnés par un programme Logo.
à l'analyse d 'algorithmes. Il entreprend alors une étude mathéma-
tue virtuelle à l'écran, contrôlé par
tique pointue des d ifférents algorithmes classiques et commence
le programme et pouvant se déplacer ou dessiner. Cela permettait Donald Knuth en 2010
l'œuvre de sa vie: The Art ofComputer Programming. En accord avec
à l'élève d 'avoi r un retour visuel immédiat de ses commandes. Une pendant une de ses
l'éditeur, la publication est p révue pour s'étaler sur sept volumes.
version « expérimenta le » était même d isponible où des ordres fameuses conférences.
Les trois premiers (algorithmes
étaient donnés à un petit robot « tortue » qui pouvait ainsi dessiner
fondamen t aux, numériques et
sur des feuilles de papier.
de tri) paraissent en 1968, 1969
S'il n'a jamais servi ailleurs que dans le domaine éducatif, Logo a et 1973. Ces ouvrages sont una-
influencé de nombreux langages, en particulier Smalltalk. L'un de n imement considérés comme
ses descendants, Scratch, est l'un des langages phares actuellement des l ivres fondateurs de la
utilisés pour l'enseignement de la programmation aux jeunes enfants. science informatique, appor-
tant des bases théoriques à ce
qui relevait avant du « brico-
lage » algorithm ique. Depuis
plus de 40 ans, Knuth poursuit
1967 • Début d'une société de services l'écriture des volumes suivants,
Un ancien responsab le commercial de Bull dans la région Rhô- allongeant sans fin le manuscrit
ne-A lpes, Serge Kampf, fonde à Lyon une société de services au gré des avancées théoriques
informatiques, Sogeti. Sa première publicité : << Ne vous torturez et de ses propres analyses. La
p lus : torturez Sogeti » reflète le changement de perception de première partie du volume 4

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- 166 - Histoire illustrée de l'inJ:crmatique

est parue en 2011, le volume 5 est prévu pour 2020. Les autres 19&B ~ Le génie lagiciel
seront peut-être publiés ensuite, mais il a l'intention de revoir les
L'expression « génie logiciel » (softwareengineering) est née en 1968
trois premiers volumes dans l'intervalle ...
lors d 'une conférence organisée par l'OTAN pour résoudre la crise
Préparant la deuxième éd ition des trois premiers volumes en 1976, du log iciel : en raison de l'accroissement de la puissance des ordi-
Donald Knuth a v ivement critiqué la typograph ie et la mise en page nateurs lié à l'arrivée des circuits intégrés et des disques, la tai lle des
utilisées par l'éditeur pour les formules mathématiques. Alliant ses projets informatiques augmentait en conséquence et il devenait
compétences de mathématicien à ses talent s de programmeur, il de pl us en p lus difficile de les mener à bien. Est alors apparue la
s'est alors attelé à la conception et à l'écriture d 'un logiciel complet nécessité de faire reposer le développement des logiciels sur des
de mise en page de documents scientifiques, TeX, incluant typogra- fondem ents théoriques et des règles pratiques, à l'image des autres
phie professionnelle et polices de caractères dédiées. Rapidement sciences de l'ingén ieur. Le génie logiciel repose sur des normes
adoptés par la communauté, Te X et ses dérivés sont maintenant des et recommandations standards et couvre l'ensemble du cycle de
outils indispensables dans le domaine de la publication scientifique. vie d 'un log iciel, depuis la demande initiale jusqu'à la phase de
maintenance finale.

196B ~ Dendral, un système expert


Alors que les ordinateurs sont principalement utilisés en calcul
numérique et pour des applications de gestion, pour la première
fois, un informaticien, Edward Feigenbaum, un chimiste, Carl Dje-
rassi (1923-2015) et un biologiste, Joshua Lederberg, tous trois à
Stanford, essaient d 'appliquer les nouvelles théories de l'inte lli- 1 rn•

gence artificielle à un problème concret en mimant le raisonne-


ment humain dans un logiciel. 1ls développent Dendral, dont le
but est de retrouver la structure de molécules organiques à partir
des données obtenues en sortie d 'un spectromètre de masse. Pour
ce faire, le logiciel applique des règles d'inférence à partir d'une
base de faits pour sélectionner les groupes chimiques les plus pro-
bables. La difficulté est bien sûr d 'arriver à coder les règ les à partir
des connaissances plus ou moins explicites des experts humains.
C'est la naissance du premier système expert et l'une des premières
applications de l'informatique dans la recherche b iomédica le.

Console de contrôle de l'IBM/360-75.


Pas encore d1nterface graphique . ..

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Chapitre 6 - Les mini- ard inateurs - 16l -

196B ~ Dijkstra : de la crise du software JEPOORRPJS 6Afi, AU DIABLE LES 60'KS


RESTRUCTURER LE ftUX PRATIQUES. ÇA rE PEUT PAS
DU PROGRAMME ÊTRE SI TERRIBLE QUE ÇA
à la pragrammatian structurée \
OU UTILISER~ 9oto ma1n_sub3;
Physicien de formation, le néerlandais Edsger W. Dijkstra (1930- PETIT « GOTO ,. À
2002) s'est consacré dès 1955 à la programmation, dont il devient
LAPLACE
\
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l'un des théoriciens les p lus influents. Parmi ses contributions
se trouvent un algorithme de calcul du plus court chemin dans
.. -
,

les graphes (algorithme de Dijkstra, 1959) et sa partic ipation au -


développement du langage Algol, notamment ses réflexions sur la
récursivité. Son système d 'exploitation THE, conçu dans les années « Ne jamais utiliser
1960 à l' université polytechnique d' Eindhoven, est une première Recevant le prix Turing en 1972, il prononce un discours d'au- goto. Jamais ».
tentative de bâtir un système d 'exploitation par superposition de todérision qui reste un morceau d 'anthologie, « The Humble
niveaux d'abstraction nettement séparés, idéal pour l'enseigne- Programmer ».
ment des systèmes. Les contributions de Dijkstra en informatique
E.W. Dijkstra faisant cours à Zurich (1994).
seront très nombreuses, tant en algorithmique (programmation
structurée, algorithmes de graphes ... ) que dans le domaine des
systèmes d'exploitation (couches d 'abstraction, sémaphores, sec-
tions critiques, auto-stabilisation ... ).
En 1968 il arrive à la conclusion que l'utilisation abusive de l'ins-
truction GOTO n'est que le symptôme d'une mauvaise organisa-
tion d ' un programme. Il publie un article qui deviendra célèbre,
sous le titre « GOTO Statement Considered Harmful », et se fait
le héraut de la programmation structurée où les ruptures de
séquences ne sont que la marque de structures algorithmiques
de plus haut n iveau (boucles, tests, itérat ions ... ). Ses livres, notam-
ment Structured Programming (avec 0.-J. Dahl et C. Hoare en 1972),
A Discipline of Programming (1976) ont une influence décisive sur
les progrès de la programmation.

Dijkstra est connu pour la sémantique percutante de ses aphorismes


de bon sens. Ainsi, « la programmation par objets est une idée
exceptionnellement mauvaise qui ne pouvait naître qu'en Califor-
nie ». Ou « les tests peuvent révéler la présence de bugs, mais ils ne
démontrent jamais qu'il n'y en a pas », résumant le défi que doivent -
·-
relever les recherches sur les méthodes de preuve de programme,
sujet crucial où la logique mathématique éclaire des problèmes
éminemment pratiques de la programmation. •

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- 166 - Histoire illustrée de l'inJ:armat:ique

~
mcltday artemoon
19&B Déma de la sauris
december 9
~$ p.m,1 /)ICf\11 Douglas Engelbart (1925-2013), chercheur à Stanford, présente
C t '
DA D C. EHGEl~AR~ devant plus d 'un millier d 'informaticiens ses t ravaux sur l'interface
......,. "!,'Ill -
~,._.,,,_. ....
1 ""

a resoa ch center homme-machine. li y fait la démonstration du principe de la souris


for augmentlng human qu'il a inventée quelq ues mois auparavan t , mais aussi de la plupart
Intellect
hn ..._. • i, iSll"t -... • fo - a • .-. o,. (\, des éléments maintenant standards en informatique personnelle :
C"'Of"t••lt, • <c-~o.--4 ~ r.w -., .........
a, .li'lll'l!0""1 Rt
CO•, tl"l',.,.t .,.,...,,., •• C•""'II
..... 'I lirlll. a..1.,. .,..,,. t"llf
t- . . ~
• 1,T\. d .lff~A "-A".A Mt fenêtrage, bureau, liens hypertextes, visioconférence, traitement de
R4r f Plor .,_,.. " ' " " ' " .-1 •• ....., • - ~ ~ ..:..
••' •, ,, ..n>)',""r>O prr.r.::i• .:, . - ictl rk.-...~1'1:
texte, travail collaboratif... Même s'il faudra attendre une quinzaine
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d 'années pour voir ses inventions reprises, son syst ème aura une
très forte influence sur les projets développés chez Xerox (où se
retrouveront de nombreux membres de l'équipe initiale) puis sur
Annonce originale les systèmes d 'exploitation de M icrosoft (Wi ndows) et du Macin-
de la conférence tosh d 'Apple.
de Douglas Engelbart.

Première maquette de souris, à un seul bouton.

Le système original d'Engelbart : souris à droite (à trois boutons) et « clavier accord »


à gauche permettant d'effectuer des commandes d'une seule main.

196B ~ Mémoire cache


Les différents composants internes de l'ordinateur sont fortement
interconnectés et travaillent de concert, ce qui nécessite d'avoir des
vitesses de fonctionnement assez proches. Entre autres, le processeur
accédant en permanence à la mémoire (pour récupérer instructions
et données), tout retard de cette dernière entraîne immédiatement
une baisse des performances. Or l'évolution des circuits processeurs
est beaucoup plus rapide que celle des supports de mémorisation et
les ingénieurs se trouvent, à la fi n des années 1960, obligés d 'interca-
ler un circuit supplémentaire pour accélérer les transferts mémoire:
la mémoire cache, ou antémémoire, petit circuit de mémoire t rès
rapide permettant au processeur de récupérer beaucoup plus vite les
informations régulièrement utilisées. Maurice Wilkes ayant défini ses
principes en 1965 (sous le terme de mémoire esclave), sa première
implémentation se fait en 1968 sur l'IBM/ 360-85.

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Chapitre 6 - Les mini-ardi nateurs - 169 -

les projets de recherche avancée). Contrairement à une légende,


ce n'était pas un « réseau militaire », mais un réseau conçu par et
pour des scientifiques civils avec un soutien de la Défense. Il devait
pouvoir tolérer des pannes, continuer à marcher si une liaison était
coupée ou un ordinateur arrêté, mais n'avait rien à voir avec les
résea ux de défense prévus pour fonctionner en mode dégradé
après un bombardement. En revanche il eut d'emblée un usage
de renseignement militaire: il permit de recevoir à Washington et
de traiter en temps rée l les données sismiques captées en Norvège
(détection d 'essais nucléaires soviétiques).

Le projet a été conçu initialement par Joseph Licklider (1915- 1990),


chercheur issu du MIT qui imaginait la possibilité d 'un grand réseau
re liant les calculateurs des universités, permettant aux scienti-
fiques d 'échanger des données. Donc d'augmenter l'efficacité d es
recherches qui peuvent avoir des retombées pour la Défense. Ses
successeurs à l'ARPA, Ivan Sutherland et Larry Roberts, partagent la
même vision en y ajoutant leurs propres idées: interfaces graphiques,
Console de l'IBM/360·85 installé à la NSA. courrier électronique. L'idée de la« tran sm ission par paquets », propo-
sée par un chercheur anglais, peut s'appuyer sur un modèle mathé-
matique des files d 'attente élaboré par Leonard Kleinrock au M IT.
Les premiers microprocesseurs reviendront à des vitesses com -
Fin 1969, les principaux problèmes d ' un rése au d 'ordinateurs
patibles avec celle des mémoires. Mais après quelques années le
hétérogènes étant résolu s, le réseau entre en service avec quatre
même problème apparaîtra et ils intégreront la mémoire cache
nœud s dans les universités partenaires (Los Angeles, Santa Bar-
dès 1984. À l'heure actuelle, la mémoire cache est un composant
bara, Stanford Research lnstitute, Utah) et l'aide d 'une entreprise d e
indispensable qui occupe souvent plus de la moitié des transistors
Boston, BBN, qui a développé le logiciel spécifique du petit ordina-
du microprocesseur.
teur chargé du trafic des messages (Interface Message Processor). Les
autres centres de calcul soutenus par l'ARPA s'y connectent rapide-
ment, avec trente-trois ordinateurs hôtes dès 1971 . Un beau succès
technique, comparé à tant de projets informatique qui explosent
1969 ~ ARPANET leurs budgets et leurs délais. Il reste toutefois peu significatif par
rapport aux dizaines de mi lliers d 'ordinateurs qui fonctionn ent dans
Souvent cons idéré comme le principal « ancêtre » d ' Internet,
le monde.
Arpanet fut le premier réseau connectant des ordinateurs de dif-
férents constructeurs. Il a été d éveloppé par quelques groupes de Une démonstration spectaculaire est effectuée par Roberts en 1972
chercheurs américains financés par une agence scientifique du au congrès international sur les communications par o rdinateur,
Pentagone, l'ARPA (Advanced Research Projects Agency, Agence pour qui ré un it mi lle informaticiens à Washington. Sur un stand équipé

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INCOl.N
MIT

BIH
UTAH

CARNEGIE

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RAND

Décembre 1969 Décembre 1970

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Évolution d'Arpanet entre 1969 et 1977. On notera le lien vers Londres dans le dernier graphique.

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Chapitre 6 - Les mini-ordinateurs - 1l l -

de quarante terminaux, les participants peuvent se connecter à


une douzaine d 'ordinateurs, dont un situé à Paris. Ils ont accès à
des bases de données, à des programmes de modélisation scien-
tifique ou de représentation graphique, et peuvent même jouer
aux échecs ou sur une simulation de contrôle aérien. Beaucoup
repartent conquis. Cinq ans plus tard Arpanet comptera 111 ordi-
nateurs hôtes, donc plusieurs milliers d'utilisateurs.
- -•

Quelques années plus tard, les protocoles de communications


sont unifiés grâce aux travaux de Robert Kahn, Vinton Cerf et Louis
Pouzin pour devenir le protocole TCP/ IP, norme encore à la base
du réseau Internet actue l.

1969 ~ Lagiciel
Le mot logiciel est proposé en 1969 par la Délégation à l'informa-
tique, agence gouvernementale française qui pilote le Plan Ca lcul.
Auparavant, on parlait de codes et de codage (sur les machines des
années cinquante), de programmes ou de software : software de
base, software d 'application ... Cette innovation terminologique
accompagne un plan de soutien aux sociétés de service et de conseil
en informatique, devenues bientôt sociétés de service et d'ingé-
nierie en informatique (5511).

IBM/360-195, le plus puissant des modèles, en 1978.

d 'achat, ou plus souvent de location, d ' une machine incluait les


1969 ~ Unbundling : logiciels de base, leur maintenance et leur évolution; tandis qu'une
bonne partie des logiciels applicatifs étaient écrits par les clients,
dégraupage du matériel et du logiciel
formés généralement dans les écoles des constructeurs. Ce modèle
Au début de l'informatique, l'accent était mis sur le matériel. C'est là devient de moins en moins tenable au cours des années 1960:
que les progrès étaient les plus visibles, c'était le matériel qui faisait
• le coût de développement des programmes pèse de plus en plus
la réputation des constructeurs et qui représentait l'essentiel des
sur les ressources de l'entreprise; pendant toute la conception de
coûts des installations. Le logiciel n'était qu'une partie du service
l'IBM 5ystem/ 360, des milliers de programmeurs ont été employés
après-vente, permettant de faire fonctionner les machines. Le coût
à plein temps pour développer son système d 'exploitation;

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- 112 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique

• certains clients préfèrent développer leurs propres applications spécialistes mondiales du software, dirigeait le développement
et ne veulent plus payer pour un package complet; des langages de programmation chez IBM. Elle a présenté dans
ce livre un panorama complet des systèmes de programmation
• de nombreuses sociétés de service se développent et dénoncent
élaborés dans les deux premières décennies de l'informatique.
une concurrence déloyale de la part des constructeurs; IBM y est
d'autant plus sensible qu'elle doit faire des concessions face à de
nouvelles actions anti-trust;

• des discussions s'engagent concernant la brevetabilité des pro- 197D ~ De << IBM et les 7 nains >> au BUNCH
grammes: est-ce un simple ajout au matériel ou une marchandise
Dans les années soixante, la structure de l'industrie informatique
comme une aut re dont on aurait intérêt à développer le marché?
était familièrement résumée par l'expression « Blanche-Neige [IBMJ
En 1969 IBM annonce qu'elle va dissocier (unbundle en anglais) la et les sept nains ». En 1970, après l'annonce de la série IBM/ 370,
facturation des matériels, des logiciels d 'application et des ser- General Electric et Rad io Corporation of America (RCA) perdent
vices. Pour l'utilisateur, il en résulte une baisse de 3 o/o sur les prix tout espoir de concurrencer le leader mondial de façon rentable
des matériels IBM et une hausse de 10 à 20 o/o sur les services et et vendent leurs activités de construction d'ordinateurs. La struc-
le logic iel. Les autres constructeurs suivent progressivement. Le ture de l'industri e informatique s'abrège désormais en « IBM and
software a désormais un prix, ce qui ouvre un vaste marché à the BUNCH » (Burrou ghs, Univac, NCR, Control Data, Honeywell
l'industrie du logiciel et va permettre l'éclosion de m ill iers d'en- - bunch signifiant bouquet). Auquel s'ajoute ensuite l'étoile
treprises capitalisant sur l'intelligence humaine sans nécessiter montante des minis, Digital Equipment, qui grimpera bientôt en
de ressources industrielles. deuxième position.

Couverture du livre 1969 ~ Langages de pragrammatian :


de J. Sammet (1969).
1 IBM 65,3 1 IBM 7 503
une tour de Babel
Les années soixante ont vu d 'innombrables langages informa- 2 Sperry-Univac 12,1 2 Univac 1755
tiques apparaître. À côté des projets de langages universels
comme Cobo l, Algol ou PL/ 1, beaucoup de gens inventaient un
a Control Data 5,4 a NCR 1450

langage optimisé pour tel type d'application. Ou afin d'explorer 4 Honeywell 3,8 4 Burroughs 893
une piste de rech erche, par exemple LISP conçu par John McCar-
thy pour l'intelligence artificielle. Les informaticiens ont bientôt 5 Burroughs 3,5 5 Honeywell 859
comparé cette accumu lation de langages à la légende biblique
6 General Electric 3,4 6 Contrai Data 580
de la tour de Babel, constru ct ion Babylonienne dont les bâtis-
seurs ambitionnaient de monter jusqu'au ciel, mais que Dieu punit 7 RCA 2,9
en leur faisant parler chacun une langue différente, rendant la
communication impossible. Jean E. Sammet, l'une des grandes B NCR 2,9

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Chapitre 6 - Les mini-ordinateurs - 113 -

NB : Ces statistiques sont discutables, ne serait-ce que parce que le des règles très simples. Le magazine Scientific American en fa it la
« marché » considéré n'est pas défini - il s'agit principalement de première description en octobre 1970 et permet au jeu de connaître
construction d'ordinateurs et de périphériques. On ne trouve pour cette un succès immédiat, favorisé par l'émergence des mini-ordinateurs
époque aucune statistique des parts du marché informatique mondial. qui pouvaient faire tourner le programme simulant le jeu pendant
La part d'IBM y est certainement inférieure à deux-tiers, car IBM affronte les périodes d'inactivité.
en Europe et au Japon des concurrents mieux implantés localement.
Et les pays du bloc soviétique ont leur propre industrie informatique,
bien que ne constituant qu'une petite part du marché mondial.

1970 ~ PDP-11 de DEC :


les minis transforment l'essai
197D ~ Le jeu de la vie En 1970, déjà bien établie sur les PDP-8, DEC peut se permettre
de prendre un virage et annonce une famille de mini-ordinateurs
Le jeu de la vie est né de la volonté de John Conway de simplifier
16 bits, les PDP- 11. L'éventail des applications étant plus ouvert que
la théorie des automates de von Neumann et de montrer qu'une
celui des 12 bits, la société transforme l'essai. En une vingtaine d'an-
organisation complexe pouvait émerger d'un système possédant
nées, environ 300 000 PDP-11 seront produits. Grâce au succès de
ses minis et de ses plus gros calculateurs temps-réel, au milieu des
Biowall, automate similaire au jeu de la vie, fonctionnant à l'École Polytechnique années 1970, DEC se hissera au deuxième rang des constructeurs,
fédérale de Lausanne. Les cellules se réorganisent en réaction aux stimuli extérieurs. derrière IBM, et attaquera le marché de la gestion.

197D ~ Unix
Le projet d'un nouveau système d 'exploitation en temps-partagé,
Multics, a été lancé en 1964 par le MIT, General Electric et les labo-
ratoires Bell d 'AT&T. Révolutionnaire pour l'époque, introduisant
nombre d'innovations techniques tant matérielles que logicielles,
le projet est ambitieux, trop ambitieux, et prend du retard. En rai-
son de son coût, tant en ressources matérielles que humaines, les
laboratoires Bell décident d 'abandonner le projet en 1969. Voulant
à la fois capitaliser sur les avancées déjà obtenues et faire plus
simple, Malcolm Mcllroy, Ken Thompson et Dennis Ritchie (1941-
2011 ), de l'équipe Multics chez Bell, écrivent un petit système d 'ex-
ploitation multitâches et multi-utilisateurs : Unix. D'abord déve-
loppé sur PDP-7, Unix est rapidement porté sur le mini-ordinateur

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Chapitre Ei - Les mini-ard inateurs - 1 lS -

emblématique de la période, le PDP- 11. Système d'exploitation


efficace, Unix est adopté par les autres services de Bell. Puis, la loi
anti-trust ayant empêché AT&T de le commercialiser, il sera diffusé
à l'extérieur, entre autres dans les universités et en particulier à Ber-
keley. Majoritairement réécrit en langage C en 1972, Unix connaîtra
une grande descendance via d 'innombrables versions développées
par des utilisateurs différents à partir d ' un code source librement
d iffusable. Unix avec ses différentes versions est encore à l'heure
actuelle l'un des systèmes d 'exploitation les plus utilisés au monde,
particulièrement sur les serveurs Internet.

197D ~ Disquette
David Noble met au point un disque magnétique souple pour les
ordinateurs System/ 370 d 'IBM. Originellement conçue pour conte-
Lecteurs de disquettes de 8 pouces (1980), 5,25 pouces (1983) et 3,5 pouces {2004).
nir le code de microprogramme du système, puis envisagée pour
distribuer des mises à jour logicielles aux clients, elle ne fonctionnait
qu'en lecture seule avec une capacité de 80 kilo -octets de don-
nées pour une taille de 8 pouces de côté, soit une vingtaine de
centimètres. Dès 1973, IBM commercialise des disquettes pouvant
Trois tailles de disquette: 8 pouces, 5,25 pouces et 3,5 pouces.
servir de support de stockage, accessib les en lecture et écriture,
contenant presque 250 kilo -octets. De nombreux fabricants se
lancent sur ce marché, améliorant progressivement la capacité de

-~- stockage mais sous des formats différents et incompatibles. Dès


1976, la taille diminuera à 5,25 pouces, puis à 3,5 pouces en 1984
avec une capacité de 1,44 Mo. Initialement dépourvus de disques
durs, les micro-ordinateurs des années 1970 et 1980 utiliseront la
disquette comme support de stockage de masse avant qu'elle ne
soit concurrencée dans les années 1990 par les supports de plus
grande capacité : disque magnétique de 100 Mo, disque magné-
to-optique, disque laser. .. puis clés USB.

La disquette a révolutionné l'échange d 'information entre systèmes,


qui devait auparavant se faire via des cartes perforées ou des bandes
magnétiques.

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1971 • Premier email


Le réseau Arpanet s'étend progressivement avec l'adjonction de
nouveaux nœuds et RayTomlinson expérimente l'envoi de message
entre deux machines : c'est le premier email. Il utilise le signe @
(qui se lit aten anglais), p résent sur les claviers m ais inutilisé, pour
séparer le nom d 'utilisateur du nom de la machine hôte.

1971 • Théorie de la NP-complétude


Lors d 'une conférence d 'informat iq ue t héorique, Stephen Cook
publie son article fondamen t al su r la NP-complétude, ouvrant la
voie à la t héorie de la complexit é.

La question fondamentale est de savoir si, lorsque l'on peut vérifier


rapidement la solution d 'un problème, l'on peut aussi la ca lculer
« rapidement » ? C'est vrai pour certains problèmes, dit s «faciles », qui
forment l'e nsemble P. En revanche, il existe des problèmes (forma nt

Le premier email a été envoyé entre ces deux ordinateurs qui, bien que côte à côte,
ne communiquaient qu'à travers Arpanet. Utilisation quotidienne de problèmes NP-complets.

MON PASSE-TEMPS : JNTROOORE DES PR06LÙ'ES l'l>-Cù1PLETS LORSQUE JE


Niklaus Wirth, Cù1MA~E AU RESTAœANT
le père de Pascal. 197D ~ Pascal
Afin de favoriser l'enseignement de l'informatique, Niklaus Wi rt h,
alors à l'u niversité ETH Zürich, invente le langage Pascal, qui oblige
le program m eur à définir de manière rigou reuse ses types de
va riables et à utiliser la p rogrammation structurée. Très utilisé dans
ASS<RTnENT Dt F'RUTS 2.15 }
F"RITES 2,75 ÊCOOTtZ. JE OOS AU.ER
l'enseignement u niversitaire jusqu'a ux années 1990-2000 (où il a VMSlX AUmtS TA8lCS
SALADE VERTE 3,35
depuis été p rogressivement remplacé par C, Java, CAML ou Python),
Al.ES DE Pal.ET 3,55
ce langage a difficilement percé dans l'environnement p rofession-
STDS DE MOZZARfllA 'i,20
nel où on lu i a souvent préféré des langages plus « efficaces » t el C.
ASSEt tE 5,80
Niklaus Wirth développera de nombreux autres langages, comme OCGOSTATIOH
Modu la-2 ou Oberon, et écrira de nombreux manuels dont le très
classique Algorithms + Data Structures = Programs.

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Chapitre 6 - Les min i-ordinateurs - 1l l -

l'ensemble NP) dont la vérification d'une solution donnée est simple,


Circuit imprimé d'un 4004. Il porte les initiales F.F.
mais pour lesquels on ne connaît aucun algorithme de résolution du concepteur Federico Faggin.
« efficace », sans parvenir à montrer qu'il n'en existe pas. On espère
un jour répondre à cette question, soit en exhibant un algorithme
rapide pour ces problèmes NP (montrant alors que tous les problèmes
peuvent se résoudre efficacement), soit au contraire en prouvant qu'ils
sont intrinsèquement compliqués. L.'.intérêt de ces questions n'est pas
uniquement théorique : de nombreux problèmes réels (logistique,
planification, recherche dans des données ... ) peuvent se modéliser
informatiquement. Et toute accélération dans le calcul d'une solution
peut avoir un impact immédiat. L.'.interrogation « P =NP? » est d'ailleurs
l'un des sept problèmes du millénaire proposés en 2000 et dotés d 'un Schéma de l'architecture interne du 4004.
prix d'un m illion de dollars.
Intel 4004 N ch1tectu1e . . 00-03 b1d1rect1onal
• Data nus
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Dain Bus
Buffe,

1971 ~ Micrapracesseur 4DD4 4 Bit lnœrnal Data Bus


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En 1970, la société japonaise Busicom demande à Intel de déve- "'


lopper plusieurs circuits intégrés pour sa prochaine calculatrice de
Accu mulator
Temp

lnstrucûon
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Reglster
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bureau. Après étude du projet, les ingénieurs Ted Hoff et Stan Mazor Reglster
Reglster Mt.*I 1lexer
proposent de remplacer la demi-douzaine de circuits spécifiques 0 1
envisagés par Busicom par un processeur universel pi loté par un Flag Slack
2 3
jeu d 'instructions et tenant sur une seu le puce. Federico Faggin Fllp Flops ~ ~ MultiDlexer
Instruction ... Program Counter g s
est embauché pour diriger le projet et réa lise le microprocesseur
4004, assisté de Masatoshi Shima de Busicom, à l'aide de nouvelles •
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Decoder and
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méthodes de gravure des transistors de son invention. Ce premier '
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microprocesseur (une unité centrale complète dans une puce) va
entraîner une chute des coûts, une p lus grande puissance et une •
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meilleur fiabilité. Le nom 4004 provient du fait qu'il s'agit d 'un micro- 12 13
processeur 4 bits. li comprend environ 2 300 transistors dans 1Omm 2 Oeclmal 14 15
et atteint la puissance de l'ENIAC, pouvant additionner deux nombres AdjuSj

de 4 bits en 10 µs. Busicom disparaît bientôt du paysage, mais Intel ' .. .. scralch
Pad
llmilg and Conlrol
décolle et le 4004 inaugure une quatrième génération d'ordinateurs.
R c onool RAM COncrol Te$t · Clocits
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Le 4004 sera surtout vendu comme composant d 'automatismes Reset
1 1
industriels, de périphériques et de petits calculateurs. C: P.~ l~O,,'\ ' ,I O 3
Ct,• RA~ l e s t sync Ph 1 Ph?

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- 1 l B- Histoire illustrée de l'inJ:crmatique

D'autres ingénieurs ont à l'époque conçu des puces ayant les 1972 ~ Pang
mêmes fonctionnalités mais s'intégrant dans un système plus
La miniaturisation des composants promettant toujours plus de
large sans être disponibles séparément. Dès 1970, la firme Garrett
puissance, il devient envisageable d'intégrer un clone de SpaceWar!
AiResearch a conçu l'ordinateur de contrôle de vol des avions F- 14
dans un produ it indépendant. Nolan Bushnell fonde Atari avec
Tomcat en y intégrant le processeur de signal numérique MP944,
l'objectif de créer des jeux vidéo, à commencer par un sim u lateur
fonctionnant en para llèle sur des données de 20 bits. La même
de conduite. Son unique programmeur, Allan Alcorn, n'ayant pas
année, Four-Phase Systems a développé son ordinateur incorporant
une grande expérience du domaine, Bushnell lui propose comme
trois circuits AL-1, composé de registres et d ' une unité de calcul sur
exercice de développer une simu lation très simpliste de tennis
8 bits. Sans avoir été appelé microprocesseur lors de sa conception,
où chaque joueur doit renvoyer une bal le à l'aide de sa raquette.
son rô le sera admis en 1995 lors d 'un lit ige concernant le brevet
Le prototype final fa isant une forte impression, Atari décide de le
du premier microprocesseur: son antériorité sera reconnue et le
commercialiser et installe une borne d 'arcade permettant de j ouer
brevet initial Intel invalidé.
à Pong dans un bar local. Le succès est immédiat ; c'est le début
L'idée de réunir tous les systèmes logiques d ' une unité cen - de l'industrie du jeu vidéo. Atari sera le poids lourd du domaine
tra le sur une même puce était donc dans l'air du temps - un jusqu'en 1983. La demande de consoles de jeu s'effondrera alors
autre employé d'Intel, Wayne Pickette, avait même présenté une en raison d'erreurs marketing, de la saturation du marché et de la
ébauche de schéma dès 1968. Il fallait toutefois attendre de pou- concurrence des logiciels de jeu vidéo sur les ordinateurs indivi-
voir résoudre les problèmes d'encombrement des transistors, de duels. Le flambeau sera repris quelques années plus tard par des
consommation électrique et de diss ipation thermique .. . et sur- compagnies japonaises, principalement Nintendo.
tout avoir une équipe de direction confiante en la réussite du
Première mention projet et prête à investir! Les deux premières bornes d'arcade - Pong et Computer Space -
de la « Silicon Valley». réunies lors d'une convention Atari en 2012.

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Sur la suggestion de son ami Ra lph Vaerst, le nom de Silicon
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Valley (vallée du silicium) est utilisé par un journaliste local,
n.., p..:t 11.t, ~ 10 '"'"'"' 111,11 " ' " ll.il,w.-...s ,,vr Don Hoefler, pour décrire la concentration d'entreprises
.. • ~ li• ~"'-"'411<'1or """ hn4•1 .... J 10 1•,;ll..., th•I tll•
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de haute technologie et de semi-conducteurs implantées
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actuelle, une pépinière de start-ups aussi b ien que le siège
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à l'informatique.

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Chapitre 6 - Les mini- ordinateurs - 119 -

197i! ~ Une nouveauté :


l'écran-clavier
Au début des années 1970, si le téléimprimeur est encore le dispo-
sitif d 'entrée-sortie distant le plus répandu, les consoles alphanu-
mériques se répandent avec des avantages comparatifs de plus en
plus convaincants à mesure que leur prix baisse : meilleure adap-
tation au trava il de bureau, fonctionnement silencieux comparé
au « tac-tac-tac » du télétype, affichage immédiat du texte que
l'on peut mod ifier avant de l'envoyer à l'ordinateur, fiab ilité due à
la suppression d'organes mécaniques, zéro papier ... potentiel. Le
principal inconvénient est la fatigue visuelle du travai l sur écran. Le Console écran-clavier Cii lriscope
(1972).
remplacement est facilité par la standardisation des connexions et
des formats d'information. Évolution significative du vocabulaire, le
terme console de visualisation disparaît au profit d 'écran. LOGique) pour le traitement en langage naturel dans les inter-
faces hommes-machines. Devenu un véritab le langage de pro-
grammation pour l'inte ll igence artificielle, Prelog s'étend au
calcul symbolique, à la résolution automatique de problèmes par
inférence logique et au développement des systèmes experts.
1972 ~ Nouveaux langages, nouveaux L'engouement pour Prolog culminera dans les années 1980 avec
Environnement graphique
le projet japonais, jamais abouti, d 'ordinateur de cinquième
paradigmes de programmation génération supposé util iser de nombreuses techniques d 'intel-
développé à la NASA, sur
lequel tourne un programme
Le développement d'Unix et le désir de le porter sur différentes ligence artificie lle. d'échecs (fin 1970).
machines amènent Ken Thomson et Dennis Ritchie à le réécrire en
Chercheur aux laboratoi res Xerox à Palo
langage de haut-niveau - Unix étant initialement écrit en assem-
Alto, Alan Kay crée Smalltalk, langage
bleur. lis utilisent le langage B, version simplifiée d 'un langage clas-
objet incorporant un environnement
sique de l'époque, BCPL, mais se retrouvent coincés lors du portage
complet de développement graphique.
d' Unix sur PDP-11 en raison d 'une structure matérielle différente.
Basé sur des idées provenant du langage
Ils étendent alors leur langage en ajoutant des fonctionna lités et
Simula, Smalltalk est l' un des premiers
le rebaptisent C. Performant, proche du matériel, facile à compiler,
langages permettant la programmation
permettant l'accès aisé aux primitives de bas niveau, le Ca vite rem-
orientée objet, méthode qui, contraire -
p lacé l'assembleur dans la programmation système. Il a inspiré de
ment à la programmation procédura le
nombreux autres langages qui ont repris ses structures syntaxiques.
classique, met plus l'accent sur les com-
C'est encore l'un des plus utilisés au monde.
posants du problème et leurs interactions
À l' université de Marse ille-Luminy, Alain Colmerauer et Phi- p lutôt que sur une séquence très préc ise
lippe Roussel conçoivent le langage Pro log (PROgrammation d'instructions.

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- lBD - Histoire illustrée de l'in~armatique

197i! • La HP-35 : 1973 • Ethernet


une calculatrice électronique scientifique Inspiré par le réseau radio ALOHAnet de l'un iversité de Hawaï,
Robert Metcalfe, au laboratoire Xerox à Palo Alto, publie un mémo
Les premières calculatrices entièrement électroniques
le 22 mai 1973 sur une technique de réseau local util isant la com-
sont apparues au début des années 1960. Elles étaient
mutation de paquet s sur un bus. Les premiers essais se font avec
lourdes, encombrantes et chères, mais les progrès tech-
l'aide de David Boggs. Rapidement un b revet est pri s pour une
niques corrigent p rogressivement ces défauts.
norme de réseau, que l'on baptise Ethernet en référe nce à « l'éther »
C'est l'invention du circuit intégré qui va vé ritab le- du x,xe siècle supposé transmettre les o ndes électromagnétiques.
ment permettre le développement des calculatrices de Dans les années 1980, Ethernet sera en concurrence avec d 'autres
poche. En 1972 Hewlett-Packard présente la première normes d e résea ux locaux portées par IBM, comme token ring ou
d 'entre elles, HP-35 - appelée ainsi car ell e a 35 touches. token bus, mais son adaptabilité et son adoption par d'autres géants
Si les modèles précédents n e p roposaient que les quatre du secteur auront raison des autres standards dès 1990.
opérations, celle -ci est capable de ca lcu ler les fo nctions t ri-
Utilisant à l'origine u n câble coaxial comme support de commu nica-
gonométriques et exponenti elles, indispensab les aux ingé-
tion, Ethernet a conqu is le marché en s'adaptant aux divers médias
n ieurs. C'est un succès commercial qui rend les règles à calcul
- paires téléphoniques (permettant ainsi de p rofiter d 'u n câblage
im m édiatement obsolètes.
préexistant dans les bureaux), fibres optiques, liaisons rad ios WiFi ...
Et en montant régulièrement en débit : de 3 Mbit/ s à l'origine, la
norme offre en 2015 des liaisons à 100 Gbit / s.

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De haut en bas :
Première calculatrice de bureau
ANITA Mark VIII, basée sur
des tubes à vide (1961 ).
Un des premiers schémas illustrant Ethernet.
Une des premières calculatrices
électroniques de poche : La première calculatrice
Busicom LE-120A Handy (1971 ). scientifique de poche :
HP-35 (1972).

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Chapitre 6 - Les mini-ordinateurs - 1B1 -

1973 ~ Invalidation des brevets de l'ENIAC 1973 ~ La miniaturisation


La construction de l' ENIAC souleva des questions de propriété La Large Scale lntegration (LSI) permet de placer 1 O 000 transistors
intellectuelle des idées et du matériel. L'antagonisme fut patent par centimètre carré, ouvrant la voie à de plus puissants micropro-
entre la tradition universitaire de libre diffusion et la volonté mili- cesseurs et à des mémoires de capacité accrue.
Composants électroniques.
taire de favoriser le développement de ces machines, d 'un côté,
et de l'a utre le souhait d' Eckert et Mauchly de rentabiliser leur
invention, en tant qu'ingénieur et concepteur principaux, via la
Densité d'intégration des ci1cuits inté~ré. :
création d 'une société commercia le. Devant l'impossibilité de
- SSI ("i11u1/l ,c«ltt iltlep.ra/1011) . 1noi11s de 10 portc:l) logi4ul:s par ci1eçui t
concilier toutes les positions, le groupe initial éclata, laissant Eckert
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et Mauchly lancer leur entreprise, Univac, et déposer les premiers
(rcsisianccs. - LSI (l.<111!,t.! ,cuit! lnreRr,,riun) : en, iron 10 000 portes logiqu~s par circuit
brevets en 1947, qui furent officiellement accordés en 1964. condensa teurs)
- \ "LSI ( f <!1)' la,xe .,cale i111e.~ro1io111 : plus de 100 000 portes logiques par circui t
En 1967 un litige opposa Sperry-Rand, titulaire des brevets depuis
le rachat d 'Univac, et Honeywell au sujet de la paternité de l'or- Discrets
Compo ants ~, ubes (1905)
dinateur et donc d 'éve ntuelles redevances à payer. Concluant (diodc!.,trnn istors dcpu is l9-4 7)
près de deux années de procès devant une cour du Minnesota,
Linéaires Ménioircs
le juge La rsen décida d 'invalider les brevets initiaux, favorisant
ainsi largement le développement concurrentiel de l'i ndustrie e111i-conducteurs - Circuit inté~rré~ ~

informatique américaine. Ses principaux arguments furent les


suivants:

• les brevets furent demandés bien après les démonstrations ·ro re. et noyaux
, . Optoélectroniqt1es
publiques de l'ENIAC, qui relevait dès lors du domaine com- n1agnct1qt1es
mun;

• les concepts étaient déjà présents dans le rapport von Neu-


mann, lui aussi public et largement antérieur aux brevets;

• Mauchly s'inspira des travaux d 'Atanasoff avec qui il avait cor-


re spondu en 1941 , f aisant de ce dernier le véritable père de
l'ordinateur. 1973 ~ Puce RFID
Ce dernier argument est encore aujourd'hui le plus controversé Un brevet est attribué à Mario Cardul lo en 1973 pour un dispositif
puisqu'il est difficile de prétendre que le ca lculateur ABC puisse être passif de réponse à une sollicitation radio. La même an née, un autre
regardé comme l'égal de l'ENIAC : câblé, non programmable, il était brevet est accordé à Charles Walton pour le déverrouillage sans
restreint à un certain type de calcul et n'a ja mais vraiment fonctionné contact d'une porte par une carte portant l'identification voulue.
de manière fiable ; Atanasoff n'a d 'ailleurs pas cherché à poursuivre C'est encore un brevet de Walton qui verra en 1983 la première
ses travaux ni à réclamer une quelconque antériorité sur le sujet. utilisation de l'acronyme RFID (Radio Frequency Identification).

1 l1 li
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- 1B2 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique

1973 ~ La téléphanie mabile analagique 1974 ~ Affaire SFIFFIRI : créatian de la CNIL


Avant 1973, la téléphon i e mobile se résumait à des télé- En 1974, le m inistère de l'intérieu r autorise le croisement des fichiers
phones de vo iture, encombrants et d ' un usage limité (zone informatiques administratifs en utilisant le numéro de sécurité sociale
géographique restreinte et peu de canaux de communication). comme identifiant unique, créant une base de données centralisée
Ingénieur chez Motoro la, Martin Cooper met au point le pre- de toute la population. C'est le projet SAFARI (Système Automat isé
mier combiné « portable » et l'utilise pour passer le premier pour les Fichiers Administratifs et Répertoire des Individus). Révélé en
coup de téléphone mobile depuis la 6e avenue de New-York. mars 1974 par le quotidien Le Monde dans un article intitulé « SAFARI
Ce combiné pèse p lus d'un kilo, mesure presque 25 centi - o u la chasse aux Français », le projet suscite une vive opposition et
mètres et son auto nomie ne dépasse pas la dem i-heure. Il est finalement retiré par le gouvernement. Celui-ci crée une commis-
faudra attendre 1979 pour voir débuter le pre mier service sion Informatique et Libertés afin de réfléchir «au devenir des libertés
de téléphon ie cellulaire au Japon, tandis que les Américains individuel/es et publiques dans la quête permanente de l'information ».
patiente ront jusqu'en 1983. De la lo i Informatique et Libertés naitra en janvier 1978 une autorité
administrative indépendante, la CN IL, « chargée de veiller à ce que
Martin Cooper passant son l'informatique soit au service du citoyen et qu'elle ne porte atteinte ni
premier coup de téléphone à l'identité humaine, ni aux droits de l'homme, ni à la vie privée, ni aux
cellulaire en 1973.
libertés individuel/es ou publiques. »
1973 ~ Cade-barres
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À la demande d 'une chaîne de supermarchés de Philadelphie J UST I CE


(États-Unis), les premiers tentatives d 'étiquetage et de lectu re
automatique de produits avaient été in it iées en 1948 par Bernard
TcmdiJ que lo m:inut~r• d_e rintl , i_eur dé velop~ lo tentrolisoli0f1 d~
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Silver (1924- 1963) et Norman Woodland (1921 - 2012). Les proto- .. ...,...
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en cercles concentriques, étiquetage de wagons et de véhicules ... ) < Safari > ou la chass e aux Français
sans résultat commercial not able. En 1966, l'association américaine
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Article du journal Le Monde


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Chapitre 6 - Les mini-ordinateurs - 1B3 -

1974 ~ Micrapracesseur BDBD 64 ko de m émoire. Il servira à construire la plupart des prem ie rs


Après le 4004 et le 8008, Intel lance le microprocesseur 8080 qui micro-ordin ateurs, vend us en kit ou assemblés. Son architecture
intègre environ 6 000 tran sistors. Fonctionnant à 2 MHz et exé- interne et son jeu d 'in struction s seront à l'o rig ine de toute la
cutant quelques centaines de milliers d'instructions par seconde, fami lle des processeurs Intel, laissant encore leu r marque dans
il est assez puissant pour pi lot er un micro-o rdin ateur et adresser les modèles actuels !

lntel's ne\'' 8080 n-chdnnel m,cror.omp• ,ter is he!"e- cd\ct ,ldtors, wcirci p~5ôrs st>U-cahbroting ,nstTUM<>nls, d'ica kx;g<>rs, commt1ruc;c,-
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MOS microcompulers c. utput cnan1lel<; handl"' almost
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by moro 1han 100 man ycars The 8080 n'UCTOCOmputer has lllfTI!L ICJeC PflOOUCT FA v
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Th.,. 8'.)80 IS the inev1tah'.e &JOB set p. tL'> nevv en.es thal make p o ~ suçh !1 '<'ltures os vectoreci mulh- f'VPI
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kx:,c su~ystcnLS lt LS the Pnx;t arn dcvt•lopnrerit fort~· 8080 can be done e:ther on a !drge
1ndustry·s brst qencrdl purposo computer usmg the lntel sohwd1~ cross products (PL M sy~ems !angtl(M)e
n-channel m1crocnmputer cnd :-omp:ler. rnar.ro-a._c:,,m_blPr ancl s1mulator), or en an lnrcUcc 8 dcv.,.lopment
the (J.rst ~u,1h perlomirutœ syst,:rn ,v1th a n.:s1clcnt rnorutoi: text editor and n1acn.,·<!!SSernbk.>r
singl~lup CPU. \or.th cxtremely 'T"M nov,~ product tam1!y 1ndudœ pcrforn.il.OCC nAtche<l pt;nphm·.il t1n<l
simp,'tt 1nterfi,ce requ1rerr.ents ancl memory c,rcuits conhgureci io m1.n1mrtc• dr!Sl<Jn ettc.-t and max1mu.e •,,,.~ern
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As c;uch. 1hr, 8060 ext,,nds th.<!! economic Tiie 80&.l 1c: ~ r to u~ a.n,J ma~ economK:'41 tha1i any hiqh p'.'rlorni:i~œ
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putcrs 10 a ne-,v un1vcrse of sy<:tt>ms thal neod oompu·cr a:1d the 1)'X)p1-e ,,.,ho l~o.d th" 1ndusu-y 111 pro:lucoon and design supr,ort
f~. mulll-por1 çontroUers dll<I processors TileSe Intel Corporahon. 3065 Bowr::rs Aven11c, Sania CL!ira. C<'lhforrua 95051
systems rncludc 1ntel!Jgent temuna.ls. pomt of sale (408) 246-7501
systems. proœss and numenc controilers. odv4!1œd
intel ters. Fu-st from the beginrûng.
Double page de publiàté pour
le 8080, parue en 1974 dans
le magazine Electronic News.

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- lB'i - Histoire illustrée de l'in~crmatique

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IBM/360-91 au laboratoire
américain d'Oak Ridge.

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Chapitre 6 - Les min i-ard inateurs - lBS -

1975 • Bases de données relationnelles, 1975 • The Mythical Man-Manth


SQL Responsab le du développement de
1'05/ 360, le principal système d 'exploita-
Dès l'arrivée des systèmes de stockage à accès direct (disques
tion de la gamme IBM/ 360, Frederick P.
durs essentiellement}, les ordinateurs ont commencé à stocker
Brooks présente dans un livre devenu clas-
de grandes quantités d 'informations dans des bases de données.
sique son expérience du développement
Leur utilisation technique (comment organiser les données sur le
logiciel. li met en pièces l'idée qu'il suffirait
support de stockage ?) et pratique (comment interroger la base
d 'ajouter des ressources humaines à un
de données ?) restait largement empirique dans les années 1960 Essays on Software Engineering
projet en retard pour rattraper ce retard,
et chaque système était particulier.
car l'avantage qu'on en espère est annihilé
Les travaux d' Edgar F. Codd (1923-2003), dont un article fondateur par deux facteurs : le temps nécessaire à
« A Relational Model of Data for Large Shared Data Banks » (1970), former les nouveaux arrivants et le nombre
ont permis de donner un cadre théorique aux bases de données : accru de canaux de communication entre
l'algèbre relationnelle. Elle permet d 'interroger le système en indi- les membres d'équipes plus grandes, qui en
quant ce que l'on souhaite chercher p lutôt que la manière d'y arriver. complexifie la gestion. Le retard du projet
ne fait alors qu'augmenter!
IBM, où travaillait Codd, mettra plusieurs années à implémenter ces
idées, préférant préserver les revenus de ses anciens logiciels de
bases de données. Parallèlement à des travaux effectués indépen-
damment à l'un iversité de Berkeley (système Ingres), c'est en 1975
que les premiers prototypes de bases de données relationnelles
verront le jour chez IBM (System R) incluant un nouveau langage
d'interrogation, SQL (StructuredQueryLanguage), devenu depuis un
standard incontournable. C'est pourtant une entreprise concurrente Frederlck P. Brooks. Jr.
qui proposera en 1979 le premier logiciel commercial de base de
données relationnelle incluant SQL: Oracle.
Couverture du livre de F. Brooks (1975).
Même si le modèle relationnel est encore très utilisé en raison de
sa simplicité et de son efficacité, il en existe d 'a utres, plus adaptés
à des utilisations particulières : bases de données orientées-objets
ou réparties, NoSQL, NewSQL ... .,
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Fred Brooks en 2007.

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- 1B6 - Histcire illustrée de l'ini:armatique

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1975 ~ Réseau Cyclades
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En France où le gouvernement gaulliste a lancé le « Plan Calcul » ••
• •

pour soutenir une informatique européenne indépendante, une •••• -•
équipe est formée en 1971 pour développer un ré seau inspiré ••

d 'Arpanet : « Cyclades ». Son p atron, Louis Pouzin, un polytech- • ••

nicien qui a participé aux rech erches américaines, développe et -
implémente systématiquement le concept de « datagramme » :
les paquets de données adressés constituant un message ou un
fichier n'ont pas besoin d'être transmis groupés ; dans un réseau •
d'ordinateurs, chacun d'eux peut librement emprunter la ligne la
moins encombrée, pour n'être regroupé qu'en fin de parcours, chez
le destinataire. Ce concept deviendra l'une des bases d'Internet.

Testé dès 1973, Cyclades entre en service opérationnel en 1975,


reliant d'abord 25 ordinateurs des laboratoires d 'informatique en
France, à Rome et à Londres, puis se connectant à d'autres réseaux
du m ême type, tels Euronet et le NPLnet anglais. Mais en 1978 les Cyclades: nœud de réseau Mitra 15 à l'université de Grenoble (1975).
pouvoirs publics décideront de l'arrêter pour concentrer tous les
efforts sur Transpac.

Crédits·
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Wikimedia Commons ; Droits réservés; Pierre Mounier-Kuhn ; Frank Heart I UCLA ; Atari; Droits réservés ; Popular Science; Pierre Mounier-Kuhn

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Chapitre "=t - La micra -inl=ar mati que - 189 -

ans les années soixante, trois obstacles barraient l'ac-


cès d ' un nouveau constructeur au marché des grosses
machines:

• le coût de la R&D nécessaire pour mettre au point une gamme


complète d 'ordinateurs et de périphériques;

• le coût du développement de programmes, notamment de sys-


tèmes d 'exploitation;

• le coût de création du réseau commercial nécessaire pou r vendre


en masse afin de réaliser des économies d 'échelle.

Au cours des années soixante-dix, l'apparition de circuits intégrés


relativement bon marché et de fournisseurs indépendants de
périphériques et de logiciels réduit les deux premiers obstacles et
favorise l'expansion des producteurs de mini-ordi nateurs. Ceux-ci,
débordant des applications p rincipalement techniques, attaquent
le marché « gestion ». Ceux qui savent constituer une force de vente
connaissent une croissance très rapide et parviennent à figurer dans
1
le groupe restreint des challengers d IBM. C'est notamment le cas
de Dig ital Equipment (DEC), qui avec son VAX, premier mini-ordi-
nateur en 32 bits, peut désormais rivaliser avec les bas de gamme
des mainframes.

Parallèlement, un processus comparable s'amorce avec les micro-or-


dinateurs.
Il y a p lusieurs façons de raconter l' histoire du micro-ordinateur. La
moins historique est celle des innombrables sagas qui glorifient les
petits génies de la Silicon Valley triomphant face à des géants obtus
et myopes. Certes il est toujours intéressant de voir recycler les vieux Carte à microprocesseur KIM-1
mythes - en l'occurrence ceux de David contre Goliath ou d 'Ulysse avec clavier hexadécimal
et six afficheurs numériques.
contre Polyphème - à la sauce high-tech, ma is cela nous apprend

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- 190 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique

plus sur l'image qu'ils ont souhaité projeter que sur les réalités des te ment de texte, elles étaient par nature des appareils personnels
possibles et des décisions. De plus, l'immense majorité de cette de traitement de l'information.
littératu re se focalise sur deux hobbits devenus eux-mêmes géants, Cette approche contextualisée n'en lève rien à l'inventivité des pion-
Apple et Microsoft, laissant dans l'ombre des pans entiers de cette niers du micro-ordinateur, mais elle permet de mieux comprendre
grande aventure. Enfin elle suppose rétrospectivement que tous ses l'expansion rapide de celui-ci, dès que sa puissance et ses logiciels
héros ont inventé un objet unique, commun, LE micro-ordinateur. en ont fa it un produit substituable aux solutions préexistantes.
Or il y avait plusieurs définitions possibles d 'un micro-o rd inateur Ses pionniers s'appuyaient eux-mêmes sur des traditions, celle du
- et c'est resté un sujet de débat entre les amateurs qui veulent à bricolage électronique remontant aux anciens radioamateurs (bri-
toute force savoir quel était « le premier ». colage favorisé par l'existence de nombreux magasins de pièces
Bien loin d 'un déterminisme t echnique, les micro-ordinateurs détachées), celle du jeu d'arcade, celle des clubs scientifiques. Et,
résultent de la rencontre entre plusieurs courants. Le micropro- notamment en Californ ie, sur des groupes sociaux partageant une
cesseur bien sûr, lui-même fruit de la dynamique de l'intégration « contre-culture » qui promouvait l'innovation loca le,« ici et main-
croissante chez Intel et ses concurrent s, de la commande d'un fabri- tenant », et la réappropriation du pouvoir (donc de l'information)
cant de calculettes et de l'anticipation par les ingénieurs d' Intel par le peuple face aux Big Brothers gouvernementaux ou industriels.
d'un marché plus large, notamment le contrôle industriel. Mais
Ce contexte inspire une kyrielle d'inventeurs et suscite une vague
au ssi le désir de réaliser de très petits ordinateurs peu coûteux,
de création d'entreprises. La faiblesse des barrières à l'entrée de ce
avec ou sans microprocesseur. Enfin l'existence préalable d'objets,
marché favorise le foisonnement de constructeurs; la vive concur-
de cultures et de pratiques qui ont familiarisé des centaines de
rence et l'inexpérience commerciale de la plupart des passionnés
milliers d'utilisateurs à un usage personnel de l'ordinateur. On peut
qui se lancent dans l'aventure expliquent les difficultés de ces PME,
en évoquer au moins trois:
malgré la rapide croissance du marché : 149 o/o par an au niveau
• Le mini-ordinateur. Développé depuis les années soixante par mondial entre 1976 et 1982, puis 65 °/o entre 1982 et 1984 (quatre
des sta rt-ups comme Digital Equipment qui voulaient explicite- fois plus que les minis et les mainframes). Cette diffusion est due
ment inventer un nouveau rapport à l'ordinateur, son prix relati- non seulement aux baisses de prix des matériels, mais surtout à la
vement réduit et sa facilité d'utilisation ont permis à beaucoup mise au point de logiciels d'application où le contenu << culturel »
d'apprendre à programmer et à inventer des usages inédits de est aussi important que la performance technique.
la machine, par exemple de la faire jouer. S'ils restent toujours
Vers 1980 existe une foule de const ructeurs de micro-ordinateurs,
installés dans des environnements professionnels, ils sont souvent
à l'existence généralement éphémère. On en trouve une dizaine
utilisés comme ordinateurs personnels.
dans un pays moyen comme la France: R2E qui devient Bull-Micral,
• Le terminal distant. Les systèmes de time-sharing, connectant un Alvan, MBC qui a présent é son Alcyane au Sicob 1975, Normerel,
gros ordinateur à de multiples consoles, offraient à tout ind ividu Goupil fondé en 1978 à partir de clubs de hackers, Léanord, l'u ne
un accès relativement bon marché à l'inform atique et l'impression des plus anciennes start-ups françaises dans ce secteur, Logabax
d'être l'unique utilisateur de la machine. qui développe ses propres micros puis passe sous le contrôle
• Les machines de bureau, qui relevaient jadis de la petite mécano- d'Olivetti, bientôt la start-up grenobloise Symag, et d'autres. S'y
graphie, où l'électronique a progressivement remplacé la m éca- ajoutent les grands groupes (Thomson, Matra ... ) en quête de
nique de précision. Des calculettes aux machines dédiées au trai - diversification ... et de subventions. Ce baby-boom d'entreprises et

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Chapitre , - La micra- inl=ar matique - 191 -

d 'inventeurs éclate dans tous les pays industrialisés, y compris en vitesse de quelques centaines
Europe de l'Est. li durera moins d'une décennie, balayé dès le milieu d'instructions par seconde. li
des an nées 1980 par l'IBM PC et ses clones compatibles. Puis par s'en est vendu 40 exem-
la concurrence irrésistible des « petits dragons » asiatiques (princi- p laires (à 750 dol lars,
) . 1 ;


palement Taïwan, Singapour et la Corée du Sud) qui construisent soit environ 4 000 euros
sur leur savoir-faire en composants, en électronique grand public de 2015), p rincipalement
et en production à bas prix. à des établissements d 'en-
seignement. Le Kenbak-1
Les mini- ordinateurs ont englouti le marché des petits main-
n'est pas le seul « très petit ordina-
frames dès le début des années 1980, obligeant progressivement
teu r >> conçu à l'époque. Par exemple en France, une équipe
les anciens majors de l'informatique à se replier sur les hauts de Micro-ordinateur Kenbak-1.
du groupe Thomson a développé l'année précédente une machine
gamme et les services, ou à fermer boutique (Contrai Data, Uni-
comparable, Callisto, projet stoppé quand l'équipe a été transférée à
vac, etc.). Un phénomène comparable se produit ensuite avec les
la CIi pour pa rt iciper au projet Mitra 15.
micro -o rdinateurs. Évènement emblématique de cette nouvelle
révolution, Compaq prendra le contrôle de DEC en 1998. Mais le
monde de l'informatique aura p rofondément changé entre temps:
non seulement la hiérarchie des constructeurs s'est redistribuée,
mais, surtout, les rôles, les enjeux, le terrain même où s'exercent
leurs ta lents techniques et stratégiques ont été bou leversés. L'ar-
chitecture des unités centrales appartient presqu'entièrement à un
o ligopole fermé de fabrica nts de m icroprocesseurs, Intel en tête, où
IBM n'est qu'un acteur parmi d 'autres. Les constructeurs de serveurs
et de grosses machines s'efforcent de combiner cette activité avec
le service et le logiciel, secteur où règnent Microsoft, SAP et ... IBM.
Tous ces éléments se sont imbriqués depu is la fin du xxcsiècle dans
des réseaux, réa lisant la convergence, annoncée de longue date,
de l'informatique et des télécommunications.
L'ensemble des circuits
du Kenbak-1.

1971 ~ Kenbak-1
John Blankenbaker conçoit et réalise le Kenbak-1, considéré par plu-
1973 • Le Micral de R2E
sieurs musées de l'informatique comme le premier ordinateu r per- La soc iété f rançaise R2E (Réalisations et études é lectroniques),
sonnel. Le Kenbak-1 n'a pas de microprocesseur (qui n'est pas encore créée en 1971, produ i sait des équipements é lectron iques sur
inventé!) mais une logique de contrôle constituée d'une centaine de mesure pour les secteurs médical et n ucléaire, dans une culture
circuits intégrés classiques, avec une mémoire de 256 octets et une professionnelle marquée par la mini-info rmatique. Le responsable

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- 192 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique

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Un micro-ordinateur
Micral N. des études, François Gernelle, répond en juin 1972 à une demande l'INRA le 15 j anvier 1973. Rapidement industrialisée, la machine
de l'Institut National de la Recherche Agronomique (INRA) en est comme rcialisée sous le nom de Micra l N en avri l de la même
concevant un petit ordinateur autour du microprocesseur Intel année. La version de base se vend 8 500 francs (un peu plus de
8008 qui vient d'être commercialisé. 7 000 euros actuels}, soit cinq fois moins qu' un DEC PDP-8. C'est
tout de même le prix d'une 2 CV Citroën, ou un mois de salai re
La machine est développée en un temps record, entre septembre
d' un ingénieur moyen.
et décembre 1972, par une équipe de quatre personnes dans une
cave de Chatenay-Malabry. Le programme d'application est écrit Le Micral est exposé au Sicob 1973, et une publicité parue dans
et testé sur un Multi-8 de récupération. Les mémoires sont entiè- Electronics Magazine témoigne d' un effort précoce pour le lancer
rement en circuits intégrés MOS. L'horloge CPU tourne à 0,5 MHz su r le marché américain. R2E, qui prévoyait de produire 100 Micral
seulement, mais il y a 8 niveaux d'interruption et une structure par mois, reçoit effectivem ent 500 com mandes en cette première
de pile. Objet de deux brevets mondiaux, le système est livré à ann ée. Un certa in nombre équipent des unités de production

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Chapitre "=t - La micra- inl=ar matique - 1!3 3-
chimique chez Rhône-Poulenc, d'autres sont installés aux bornes 1974 ~ Carte à puce mémoire
de péage de plusieurs autoroutes en France et en Italie.
Roland Moreno (1945-2012) dépose
Suivant l'apparition de nouveaux microprocesseurs, R2E présentera ses premiers brevets pour une carte
ensuite des versions successives du Micral, de plus en p lus puis- à puce mémoi re incorporant des
santes, bientôt orientées gestion et multi-utilisateurs. Le moniteur dispositifs de sécurisation (p rotec-
d 'exploitation Sysm ic deviendra Prologue en 1978. Un écran-clavier tion des données stockées, code
Sait (marque belge) est ajout é dès 1974, remp laçant le vieux sys- secret ... ). Une version simple, conte-
tème des télétypes et des cartes perforées ; puis un premier disque na nt des unités consommables,
dur en 1975, un disque souple Seagate en 1979. Au total, un millier est adoptée dès la fin des an n ées
d'exemplaires de tous types de ces machines auront été construits 1970 par l'administration des télé-
et vendus par R2E à cette date. Manquant de capital, R2E passe alors communications, qui y trouve une
sous le contrôle de CII-Honeywell-Bull. Celle-ci cessera en 1982 de bonne so lution pour sécuriser les
développer le système origina l Micral, pour rejoindre le clan des téléphones publics. Cette première
compatibles IBM PC. applicati on de masse permet à la
carte à puce de décol Ier sur le plan
Le Micral est considéré comme le premier micro-ord inateur basé Roland Moreno
industriel et d 'en financer les développements ulté rieurs. L'entre-
sur u n m icroprocesseur. Matériel professionnel conçu pour des pro- en 1994, présentant
prise dirigée par Roland Moreno et titulaire de ses b revets, lnnova-
fessionnels, carrossé dans une boîte d 'acier, livré assemblé et prêt à une carte téléphonique
tron, restera pendant trente ans un acteur central de l'innovation
l'emploi, il diffère nettement des micro-ordinateurs commercialisés « collector » produite
dans ce nouveau secteur.
deux ans plus tard en kit par des hobbyistes californ iens. La culture pour le 20• anniversaire
d 'informatique industrielle de ses concepteurs se reflète dans sa de son premier brevet,
fiabi lité : des M icral N fonctionnaient encore au mi lieu des années dont elle reproduit
le schéma.
1990, vingt ans après leur installation !
1975 ~ L'avènement des micrapracesseurs
L'lntel 8008, commercialisé en 1972, était le premier circu it intégrant
sur une seule « p uce » les éléments d 'un processeur cent ral d'ordi-
197:1 ~ Le MCM/7D nateur, capable de traiter des mots de 8 bits (octets). Rapidement
des concurrents apparaissent: Motorola 6800, Mostek 6502, Zilog
Une entreprise d 'électronique basée à Toronto (Canada), Micro Com-
ZBO. Intel réagit vite en lançant un successeur compatib le, le 8080.
puter Machines, conçoit un très petit ordinateur voué à l'utilisation
Cette offre diversifiée suscite, en 1975, une kyrielle de réalisations
personnelle. Assemblé autour d'un Intel 8008 (alors le seu l micro-
de m icro-ordinateurs à travers le monde.
processeur utilisable pour un ordinateur), ce MCM/ 70 est program-
mable en langage de haut niveau APL. Le prototype fait l'objet d'une La saga des micro-ordinateurs ne doit pas faire oublier les autres
démonstration publique en mai 1973 en vue de sa commercialisation, utilisations qui ont fourn i aux p remiers microprocesseu rs des
puis est présenté à Paris au Sicob où ses auteurs découvrent l'exis- débouchés bien plus massifs: contrôleurs de périphériques, d 'ap-
tence du Micral. À quelques semaines p rès, les deux machines sont pareils de laboratoires ou de matériels médicaux, automatismes
parfaitement contemporaines. industriels ...

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- l~'i - Histoire illustrée de l'inJ:armatique

1975 ~ Premiers kits de micra-ardinateurs


HOW TO "READ" FM TUMER SPECIFICATIOMS
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Agauche:
Publicité pour une carte • PROJECT BRE KTHROUGH 1
micro-ordinateur, parue en mai m1crocœ11
1976 dans le magazine BYTE.
Les entrées se font avec un e World·s Flrst Minicomputer Kit
clavier hexadécimal et l'affi-
chage se résume à six afficheurs
to Rt,m Co11unerelal Modcls••.
sept-segments ; la mémoire
comporte 1 ko de RAM et 2 ko
"ALTAIR ssoo~ s ~E oveR $1000
de ROM. De très nombreux
systèmes identiques étaient ALTAIR eaaa
vendus (Nascom 1, Mk-14, H8, ----·----··· ..... . .
SWTPC 6800 ... ), soit « prêts --• • -. -• • " . •.- . . • . . .
- - - - ; .•. .j"-"--'' • • • •

à l'emploi », soit le plus souvent . . .. . . . . . . .


en kit, à souder soi-même. .. __- ... ____ ~"=-""~'
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À droite: ~ ''"''"''4 "~


Couverture de janvier 1975 LSO IH THIS ISSUE
présentant l'Altair,
sa construction étant détaillée .. • An Under-$90 Sclentlflc Calculator ProJcct
en pages intérieures. • • • CCD'1-TV C•mcr• Tub• Succenor 7
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L'unique exemplaire existant • • USE THI S FOR O OROER YOUR KIM-1 TOOAY ! • Thyrl1tor-Controllccl Photoflashcrs
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Pioneer RT·l0ll0Mo·8A lRet-.ruriftt'
avec une maquette vide 1 MOS T ECHNOLOGY. INC . ---- 1 aaaaa
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Tram Diamond ••
dont le panneau frontal 1 KI M· 1, 950 R, ttenhousa Rd. -·- Il m a Edmund Scienti
n'avart qu'un rapport lointain
avec l'original! -. • .;.o;;o;,;. : o~• ~ • • • .;~ • • z;. • .Il JIIOI
Hewlett-Packar
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Les premiers plans d 'ordinateurs à base de microprocesseurs Roberts (1941 -20 10) et sa société d 'électronique MITS leur facilitent
paraissent d ans des revues spécialisées, et les amateurs qui veulent la tâche en présentant un micro-ordinateur en kit basé sur le 8080
les réaliser doivent se procurer eux-m êmes toutes les pièces. Ed d ' Intel : l'Altair 8800. Dans sa version de base, l'Altair a quelques

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interrupteurs et diodes lum ineuses sur le panneau avant, ainsi que
256 octets de mémoire extensibles à 8 ko pour un prix presque égal
à celui du kit entier. Sans mémoire de stockage (disponible plus tard
en option sous forme d'un lecteur de bande papier), l'utilisateur doit
entrer son programme « aux clés », via les interrupteurs à chaque
allumage. Rudimentaire, peu puissant, compliqué à utiliser, l'Altair
met pourtant à la disposition de milliers de passionnés ce qui n'était
auparavant visible que dans des laboratoires, pour un prix de $400
(soit environ 1 500 euros en 2015).

Alors que MITS tablait sur quelques centaines de ventes par an,
le premier article décrivant l'Altair, paru dans un magazine d 'élec-
tronique en janvier 1975, déclencha une frénés ie d 'achats. Les
commandes affluèrent au rythme d 'environ un millier par mois (Ed
Roberts en reçut près de 400 le premier jour}, faisant de l'Altair le
p remier micro-ordinateur à succès populaire. Elles révélèrent une
fou le d 'individus, souvent très jeunes, qui ne se satisfaisaient pas

l'intérieur d'un Altair ;


des systèmes partagés ou les composants sont
des appareils en résea u et à souder soi-même...
voulaient un ordinateur à
eux. Les amateurs prennent
le risque d'envoyer un chèque
' . .
a une compagnie inconnue,
dans l'espoir de recevoir une
boite de composants qui, une
fo is soudés, leur permettront
simplement de faire clignoter
quelques diodes en fonction
ClJITTPIJTE~ d 'instruct ions péniblement
- entrées via des interrupteurs
L'Altair 8800 original avec ses diodes et ses interrupteurs de commande. et d'élaborer quelques pro-
grammes très simples.

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- 196 - Histoire illustrée de l'in~crmat:ique

1975 ~ Smaky, le petit Suisse


Jeune directeur du Laboratoire de ca lculatrices d igitales à l' École
polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), Jean-Daniel Nicoud
développe un SMArt KeYboard (Smaky) autour du processeur Intel
8080. L'idée initiale est de caser tout un ordinateur dans le clavier,
et de l'utiliser comme terminal graphique connecté aux mini-or-
dinateurs Digital Equipment, firme avec laquelle travaille Nicoud.
Rapidement les applications se diversifient tandis que les modèles
de Smaky se multip lient.

Une entreprise, Epsitec, est fondée pour les produire et les vendre
à partir de 1978. Les Smaky sont fournis avec des logiciels. Son
excellent système d'exploitation fait du Smaky un ordinateur puis-
sant pour l'époque : dès le Smaky 8 (1980), il devient multitâche
et dispose d'une interface graphique avec fenêtres. C'est pour le
Smaky que J.-0. Nicoud met au point les souris industrialisées plus
tard par Logitech. Une version portable est disponible avec une
carte mère dans le clavier.

1975 ~ Revues informatiques


La micro-informatique, ce n'est pas seulement les micro-ordina-
teurs. De nombreux magazines ont été lancés, offrant tests de
matériels, listings complets de programmes - souvent de jeu - ,
schémas électroniques de cartes d'extension , conseils de mon-
tage, sans oublier les publicités et les petites annonces . . . À une
époque où le web n'existait pas et où Internet se limitait à quelques
laboratoires américains, les passionnés attendaient régulièrement
leur numéro, fer à souder dans une main et clavier (hexadécimal)
Couverture de BYTE de janvier 1977. On y retrouve un Altaïr 8800
dans l'autre, afin de découvrir les nouveautés et de programmer
avec une extension pour disquettes, deux disquettes
les derniers jeux à la mode. Entre le fanzine et la revue techn ique, et deux bandes de papier perforé portant les programmes.
ces périodiques ont j oué un rôle important dans la constitution de
communautés d'utilisateurs-développeurs, d' un marché et d' une
culture micro-informatique .


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Chapitre l - La micra-ini:armatique - 19 l -

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JEUX ET

Paul Allen et Bill Gates en 1970, travaillant sur un terminal de leur lycée.

1975 ~ Micrasaft
Passion nés d'informatique qu'ils pratiquèrent au lycée sur des termi-
naux en temps-partagé, Paul Allen et Bill Gates voient arriver l'Altair
le fflllt99•ln• dtl l'lnfarm•tlqu• paur toue · tu111,11ao.,•.,.• ·"•
•••gtque ,aa fi• · au••-, li fl8 1 R fi avec la conviction que l'ère de l'ordinateur personnel commence.
Ils écrivent en deux mois un interpréteur BASIC et en proposent la
Couverture du magazine /'Ordinateur Individuel de juillet/août 1979. distribution à MITS. C'est le début de l'entreprise Microsoft- appe-
lée au départ Micro-Soft. Elle se développe les années suivantes en
proposant des logiciels, d'abord de développement, puis applicatifs,
Les plus connus en France ont pour nom Dr. Dobb's Journal, BYTE, pour les divers micro-ordinateurs disponibles. Bil l Gates se distingue
/'Ordinateur Individuel, Microsystèmes, /'Ordinateur de Poche, Science aussi en étant l'un des prem iers développeurs confrontés au souci
et Vie Micro ... du piratage de ses logiciels (notamment de son interpréteur BASIC

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- 19B - Histo ire illustrée de l'inJ:armatique - 2-
Pel:>runry 3 , 1976

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Open tette r t o Robbyis t s

To me ,the mos t c r itical t blng i n tho hobby market r ight now


i s t he l a ck ot good softwDre coursos , books and software i t s ol f .
Without good software and an QWller who unde r stando progra mming , a
hobby comput e r is was t ed. Will quali t y software be written fo r t h e
hobby mark ê t ?

Almoat a year ago , Paul Allon and mys c l f, oxpccti.ng the hobby
•arket to ex-pand , hir ed Monte oavidoff and devoloped Altair BASIC .
Though the ini t ial work took o n l y two months , tho threo of us have
spen t most o f the las t yea r documan ting, improvi:'\9 and adding foa-
t u res t.o BASI C. Now wc have 4K, BK, EX'l'ENDED , ROM a nd DISK BASI C.
The v.iluo o f t ha computer time we havo used exceeds $40, 000 .

The t cedback ve have gotte n from the hundxeds of peoplo wbo


say they a re usin9 BASIC has all been positi ve. Two surpr ising
t bings aro a ppa.rênt, howev er . 1) Most of the se •user s• n-ever bought
BASIC (less thnn 10% of all Altitir o·.·:ncr:l h.lvc bough t BASIC), alt\.l
2) Tho amount of royalties wo ha ve r ec o ived f rom sal es to hobbyis ta
ma k e s the titne spent of Altai r 61\SIC worth les8 t han ~2 a n hou_r .

Why i s thi s? As the major i ty of hobbyiats mus t be aware , mos t


of you stca l y our oof tvare . Hardwa r e mus t be paid f or , but s oft-
ware is some thing to s hare . Who car eG i f the pcoplo who work~d o n
it g e t paid ?

ra t his f ai r? One th~ng you don ' t do by steallng softwaxe is


get back a t Z.lI TS for somo pr obl em you may ha v e had. MITS doesn • t
mak~ n::oney sel l ing soft wa re. The. roy n l t y paid to us , t he TIU1nua l ,
the tape a nd the ove:rhead make i t a breaJt-even oper a tion . One t hing
you do do i s pr cvcnt good software fro:n being writ.ten. Who can a f -
L'équipe de Microsoft en décembre 1978. Bill Gates est en bas à gauche et Paul Allen en bas à droite. ford t o do pro f essional wo.rk fo:r notlù.ng ? What hobbyis t. can put
3-man yoaro into pzogramml ng, findi ng ai l bugs , document-ing his pro-
duct ond d i stribu t o fo r free? ~he f a c t i s , no one beai des us has
1nvested a l ot of money i n hobby software. we bave writtcn 6800
BASI C, and are w-r!tin9 8080 API:, a nd 6 800 APL, but the r e i s ve ry li t -
t l o 1-ncentive to rQake thi s software available to hobbyists . Mos t
pour l'Altair) par les membres de la communauté geek; et pour d i r ectly, t he th.ing yo u dois thett .
avoir protesté dans une lettre ouvert e publiée en 1976 par plu-
What a bout the CJ\IY& who r e-ael l J\lta ir BASIC, oxan ' t t hoy mak-
sieurs magazines d'informatique. Microsoft n'est qu'une petit e ing l'llOney on hobby software? Yes , but t hos•· who hav e been roported
entreprise de logiciel parmi bien d'autres, ju squ'à ce qu'IBM la to us ..ay l ose in t h e end . They ar e t he one~ who give hobbyists a
bad n mae , and s hou ld be k ick ed out of any c l ub meeting they st.ow up
choisisse pour réaliser le système d'exploit ation de l'I BM PC. at .
Décision qu i, en une décennie, propulsera la fi rme de Seatt le
1 would approciate l e tte.ra f r om any one wh.o want .s to pay up, or
parmi les géa nts mondiaux. has a suggestion ox comment. Just wri t e me at 1180 AlvtU:ado SE . e ll4,
Albuquerque, New Mexico, 87108. N"°thing would p).ease 11111 more thnn
bei-ng a bl e to hire ten prograJ\'lll\ers and d.e l uge tbe hobby market with
good sof t war e.

Bi l l Gates
Lettre de Bill Gates aux « hobbyistes » se plaignant G~neral Par tnar , Mic r o- Soft
du piratage de son BASIC pour l'Altair.

1 l ' 11 1 •
1 • 1 1 1 1 1 1 1 l 1 l
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Chapitre "=t - La micra-inl=ar matique - 1!:l!:I -

1975 ~ Système d'exploitation CP/M d 'instructions plus complet, meilleu r organisation des registres
et des interruptions, interfaçage simplifié . .. Le Z80 dominera le
Gary Kildall (1942-1994) développe CP/ M (Contro/Program forMicro-
marché jusqu'au milieu des années 1980, en étant l'un des m icro-
computers) qui deviendra le premier système d 'exploitation stan-
processeurs 8 bits les plus présents dans de nombreux modèles
dard sur les micro-ordinateurs naissants. On lui doit entre autres
de micro-ordinateurs. Lui et ses descendants sont encore utilisés
le syst ème de nommage des disques (A:, B:, C:) et des fichiers
dans des systèmes embarqués ne nécessitant pas la puissance des
incluant une extension sur trois lettres indiquant le type. Lors de
microprocesseurs actuels.
la conception du PC, IBM, à la recherche d 'un système d 'exploita-
Publicité pour le Z80 (mai 1976).
tion existant, se tournera d 'abord vers
Ki ldall pour porter CP/ M sur le nou- ( ,
vel ordinateur. Un désaccord sur les r111t111f1':hti! zu~ Z-80 ....,._...,"' ~ ....... -...,,,,c,uc
( IISltinclhy:
- 1)1•odttcls.
11 lk:l'Ol'Qf lflXJll.'1' .,. ~-,--·.,.,1MoVlot
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uni••••~
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conditions de la licence amènera le \ \ ·1t11 ll1.:- 11c..~ t gc,-.crntloo.
Z.cau CD"lduth • ....- , ...,,..,... o1
sir.._..-, ...,.,-..,, ..........,
développeur à rompre les discussions,
laissant le champ libre à Microsoft et à
the haltk 1s Jolrr.::J.
Tho Z-tO <\ """' --1.S~"'° cor,.
lj!ht.,· \1èl!f)Ol ts
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...,.i...,,,.9t IO """'' 3i1 .,,., - · - r
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son MS-DOS. Il est aussi possible que _ ,o,,r,q,.- ·~
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puissant, donc porteur d 'une possible .... "** l"Ofl
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concurrence interne entre l'IBM PC et la 001· 1u1111 11111IU01l:


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ligne de petits systèmes IBM existants. ~ c1,1,, ,,rr


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1976 ~ Microprocesseur -... ~--·


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Gravés à 10 µm, les processeurs 8 bits toe.< 1- &et• 1
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du milieu des années 1970 ont envi-


ron 10 000 transistors cadencés à
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2 MHz. On compte alors des diza ines
de fabricants de microprocesseurs. En -on,
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1974, Federico Faggin, un des créateurs CJl tco'I •• · ~ ,..,.;e,,i- Zilog


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du microprocesseur 4004, quitte Intel - ~ - 'O:.P,(y'-~"11" -tdl'I. 1 . . . . . . .,. (\ • ,. i,:,

f' t;t ) O"' .de- -v~•CA d


et fonde Zilog. Deux ans p lus tard, la ,.....,.,..,.,cc,. Llf{OH trtr- ~
société lance le microprocesseur Z80,
compatible avec le 8080 mais incluant
de nombreuses améliorations : jeu

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- 2DD - Histoire illustrée de l'inJ:armatique

1976 ~ Cryptographie à clé publique On a appris en 1997 que trois chercheurs t rava illant pou r les services
secrets britanniques, Ell is, Cocks et Williamson, avaient dès 1973
Depuis !'Antiquité roma ine et le chiffre de César, la cryptographie
inventé la cryptographie à clé publique avec un algorithme équi-
- ou l'art de chiffrer, déchiffrer et décrypter les messages - fait
va lent à RSA, mais que leur hiérarchie s'était contentée de classer
partie de l'art militaire, de la diplomatie et des affaires. Longtemps
leu rs travaux secret -défense sans en percevoir toute l'importance
cantonnée aux études d 'amateurs, la recherche de méthodes de
pour les futures communications civiles.
chiffrement et de décryptage s'est systématisée au xxc siècle en s'ap-
puyant sur les travaux de mathématiciens et d 'ingénieurs. Turing et
son cassage du code Enigma ou Flowers et son prote-ordinateur
Colossus en sont les meilleurs exemples.
1976 ~ Imprimante laser
Jusqu'en 1976, tout envoi de message codé reposait sur un préa-
En 1972, Gary Stark.w eather, alors ingénieur chez Xerox, modifie un
lable : l'échange secret, entre l'émetteur et le destinataire, d 'une clé
photocopieur maison en lui ajoutant un faisceau laser dessinant
de codage permettant le chiffrement. Si cette clé venait à tomber
directement sur le tambour d'impression; c'est la naissance de l'impri-
entre des mains ennemies, le système s'effondrait car l'adversaire
mante laser. Craignant une diminution de ses revenus su r le marché
pouvait alors déchiffre r sans peine les messages. Ce besoin de dis-
des p hotocopieurs, Xerox ne donne pas suite à cette invention. C'est
t ribuer secrèt ement les clés de codage a toujours été un véritable
IBM qui en 1976 proposera la p remière imprimante laser à ses clients,
casse -tête pour les services secrets car cela revenait souvent à
envoyer au destinataire un « livre de clés » en espérant q u'il ne soit
pas intercepté par l'ennemi. Imprimante laser IBM 3800.

C'est pourquoi,« New directions in cryptography », l'art icle publié •


• ..
en 1976 par Whitfield Diffie et Martin Hellma n, incluant u n tra -
vail précédent de Ralph Merkle, fait l'effet d 'u ne bombe dans le
milieu de la cry ptologie. li montre la possibilit é mathématique, ____
..,.- -

basée sur des fonctions à sens unique, de procéder à u n échange


public de clé su r un canal potentiellement comprom is sans que
l'adversaire ne pu isse la déduire des informations écha ngées. Un
an p lus tard, Ron Rivest, Ad i Shamir et Leonard Adleman pré-
sent ent l'algorithme RSA, p remière implémentation p ratique de
la cryptograph ie à clé publique. Ces avancées vont répandre la
cryptog raph ie b ien p lus que par le passé dans la sphère civile
et commerciale, pe rmettant quelques années p lus tard l'essor
du commerce électronique sécurisé. Cela obligera d'ail leurs de
nombreux gouve rn ements à changer leu r législati on da n s les
années 1990, afi n de lib éra liser ces outils auparavant classés
comme « armes de guerre ».

-------
1 1 1 1
1 l l l t l l 1 1 l J J 1
1 J 1 ' 1 1 l 11 1 1 l l
Chapitre :i - La micra-inl=armatique - 2D1 -

l'IBM 3800. Xerox reprendra alors les travaux de


Starkweather pour corn mercialiser sa propre
imprimante l'année suivante, la Xerox 9700.

En 1985, Apple lancera à un prix ra isonnable


la LaserWr iter, première imprimante laser de
bureau partageable entre plusieurs ordinateurs
et utilisant le nouveau langage de description
de page PostScript. La combinaison de l'inter-
face graphique du Macintosh et de liimpression
laser en réseau révolutionnera la PAO (publica-
tion assistée par ordinateur) en permettant à de
toutes petites structures (association, cabinets
d 'architectes, TPME ... ) d 'imprimer elles-mêmes
des documents de qualité professionnelle.

1976 ~ Cray 1
Opposé aux orientations techniques prises par
Contrai Data, Seymour Cray part en 1972 fonder
sa propre entreprise, poursuivant son idée de réali-
ser l'ordinateur le plus rapide du monde. Après des
années de développement, il présente le superor-
dinateur Cray 1, machine révolutionnaire utilisant
avec succès l'architecture vectorielle, et de forme
cylindrique pour minimiser les délais de propaga-
tion entre circuits. Entièrement à base de circuits
intégrés classiques- les microprocesseurs n'étant
pas assez rapides - , il coûte plus de cinq millions
de dollars (l'équivalent de plus de 20 millions en
2015) pour une puissance d 'environ 80 méga-
flops (million d'opérations en virgule flottante par
seconde). Soit la puissance qu'aura un micropro-
Cray-1 en exposition dans le hall de l'EPFL.
cesseur Intel Pentium de 1992 et mille fois moins
qu'un m icroprocesseur de 2015.

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- 2a2 - Histoire illustrée de l'inJ:crmatique

Alors que les prévisions étaient d 'une douzaine de commandes, plus 197 7 • Rpple Il
de 80 exemplaires sero nt vendus, renforçant la célébrité de Seymour
Steve Jobs (1955-20 11 ),
Cray dans le milieu informatique. Dans les années 1990, après la
pour la partie commer-
chute du communisme et la fin de la guerre fro ide, la baisse des
ciale, et Steve Woznia k,
dépenses militaires et la concurrence de puissantes stations de tra -
pour la partie t echnique,
vail fragiliseront les constructeurs de superordinat eu rs. Cependant,
fondent la compagnie
malgré des rachats successifs, l'entreprise Cray Research restera à la
Appl e en 1976 et com -
point e du développement sur ce créneau. Ainsi, en novembre 2012,
mercialisent leur premier
l'ordinateur le plus puissant du monde était le Cray Titan, installé au
modèle, l'App le 1; la carte -
la boratoire national d 'Oak Ridge (État s-Unis), avec une performance
mère portant le micro- ,

La salle informatique d'environ 20 pétaflops, vi ngt millions de milliards d 'opératio ns en
processeur es t vend u e
du CERN en 1983 avec virgule flottante par seconde.
ses superordinateurs.
assemblée, mais l'utilisa-
teur doit ajouter le boitier,
I
le clavier, l'ali mentation et
Steve Wozniak et Steve Jobs vers 1978
l'écran. En 1977, ils sortent
travaillant sur des Apple Il.
.' ' ~ , ,... ,. ......... ... . . Invitation pour la première réunion du Homebrew Computer Club de Fred Moore
à Steve Dompier indiquant « qu'il y aura d'autres monteurs d'Altair ».
-
t z/ 17 / ?:,
AMATEUR USERS G~UP
1 :..fOMEBREY! COMPUTER CLUB . .. you name it.

Are you building your own compu ter? Terminal? T V Typewriter?


f/ 0 deviœ? or some other digital black-magic box?
Or are you buying time on a time-sharing service?

If so, you might like to corne to a gat hering of people with like-minded
interests.. Exchange information, swap ideas, talk shop, help wotk: on
a project, whatever . . .
We are getting together Wednesday nite, March 5th, 7 pm at t he home
of Gordon French 614 18th Ave.• Menlo Park (near Marsh Road).
If you can't make ît this time, drop us a card for the ne><t meeting.
11 e See ya there, /7 / n.-?
rro}' yc l1 ~ -- ~6'WJ.L, ·I ,Il Vrt/.1! '-/ t''t~a-r..~...L..__
Th4!,>-e -~11 At. c1'?~~ Alhiir /,,1;/Jé'rs 11tere. •

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Chapitre 1 - La micra- inl=armatique - 203 -

un micro-ordinateur entièrement
. , , . ..
1ntegre qui aura un succes mon-
dial, l'Apple Il. C'est l'un des pre-
miers micros pouvant être utili-
sés tels quels et surtout aya nt un
--- _.,. ... _. __ _
affichage graphique en cou leurs. -·--------·--
__ - - - .. -. - ----·

~
Cette même année, deux autres
----------·--
,
------- -·
modèles de micro-ordinateurs
deviennent disponibles : le PET
Commodore et le TRS-80. À eux
trois, ils totaliseront des mil lions
de vente et lanceront l'industrie
de l'ordinateur personnel. C'est
su r un Apple Il au collège que l'un
des auteurs de ses lignes a décou-
vert l'informatique, avant que ses
parents ne lui ramènent un TRS-
80 en cadeau à la m aison ...

Dès le début des années 1980,


des dizaines d e micro-ordina-
teurs différents (Apple Il, PET,
TRS -80 puis pl u s tard Sinclair
ZX81 , Tl-99, Commodore 64, Atari
ST... ) se font concurrence pour
attirer l'attenti on d 'ingénieurs,
de hobbyistes et de passionnés •
qui se réunissent régulièrement
dans des clubs d 'informatiq ue
où ils échangent logiciels, t rucs
et idées. Le plus fameux de ces
clubs est le Homebrew Computer
Club, actif de mars 1975 à fin 1986 Collection de micro-ordinateurs célèbres: IMSAI 8080 (1975), Apple 1(1976), Apple Il (1 977), PET 2001 (1977),
dans la Silicon Valley. TRS-80 (1977), Commodore 64 (1982), Thomson T07 (1982), Amstrad CP( 464 {1984), Sinclair Ql (1984),
Atari 1040ST {1986), Acorn Archimedes (1987), Amiga 500 (1987).

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- 2D'i - Histoire illustrée de l'inJ:armatique

Publicité pour le TRS-80 modèle Ill


avec !'écrivain Isaac Asimov (janvier 1983).

Publicité pour le Tl-99/4 {mai 1980). ftadlO


TM l>lgg.U iwme 111 ll'!fl<t corrcx,t•11 -
"' Dll'SCN . . 'N-0, C . ~•\1,0I',

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Chapitre "=t - La micra-inl=armatique - 205 -

1977 ~ Mini-ordinateur VRX-11/7BD


Tandis que se développe le micro-ordinateur fondé sur les micro-
p rocesseu rs encore peu pu issa nts, les laboratoires continuent de
s'équiper en mini-ordi nateurs. Fin 1977 DEC présente le successeur
du PDP-11, le VAX-11 /780, un « super mini » dont le succès dans
les centres de recherch e sera immédiat (100 000 exemplaires ven -
dus au total). Aussi puissant qu' un IBM/370 sorti huit ans aupara-
vant, il coûte 1O à 50 fo is moins. Comme dans les gros ordinateurs
de l'époque, son unité centrale n'est pas assemblée autour d'un
microprocesseur, mais faite de circuits intégrés plus simples et plus ---
rap ides, disposés sur des cartes électroniques, elles-m êmes enfi-
chées su r des connecteurs perm ettant la communication ent re
-
composants. Le prix à payer est évidemment un encombrement
p lus important: le VAX-11 /780 occupe une petite armoire. À une
époque où beaucoup programment encore di rectem ent en assem -
b leur, le jeu d'instructions d e la machine est très complet, avec des
instructions complexes et de nombreux modes d'adressage.

Cette architecture, appelée CISC (Complex Instruction Set Computer),


atteindra ses limites à la fin des années 1980 pour être en partie
remplacée par les architectures RISC basées sur des microproces-
seurs plus simples mais beaucoup plus rapides. La taille mémoire
d'un VAX- 11/780 atteint 8 Mo, valeur importante pour l'époque.
Et t rès largement supérieure à la mémoire d'u n micro-ordinat eur,
souvent limitée à 16 ko, au m ieux à 64 ko. L'omniprésence du VAX-
11 /780 dans les centres de calcu l et les nœuds de réseau Internet
l'a naturellement conduit à devenir un étalon de performances: sa
vitesse annoncée était de 1 MIPS (million d'instruction par seconde)
et tous les tests de performance s'effectuaient en comparaison -
même si l'on s'est aperçu plus tard qu'il exécutait p lutôt 500 000
instructions par seconde. Le VAX a contribué à la foi s à éliminer
les petits mainframes et à diffuser le système d'exploitation Unix.

VAX-11/780 utilisé en réseau pour


des analyses de données astronomiques.

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- 206 - Histoire illustrée de l'in~crmatique

1977 ~ Premiers jeux d'aventure la tr ilogie Zork et la commercial iser via le u r propre entrepr ise
lnfocom; Robert a et Ken Williams lanceront la mode des aven-
Le p remier jeu d'aventure textuel, aussi appelé
tu res graphiques (Mystery House, King Ouest) avec Sierra On line.
fiction interactive, est créé par William Crowther.
-=iaa1
Passionné de spéléologie et amateur du jeu de Ce style de jeu s'est constamment déve loppé depu is ces années
MICIIO
• rôles Donjons & Dragons, Crowther déve loppe 1980 avec l'introduction de nouvelles fonct ionnalit és: graphismes
en 1976 Colossal Cave Adventure afin de pou- en rich is, personnages gé rés pa r l'ordinateu r p lus crédibles,
voir d istraire ses enfants lors de leurs fréquent es mondes persist ant s, et surtout jeu en ligne avec d'autres partici-
visites su ite à son divorce. Le j eu consiste prin- pa nts via Int ernet.
cipalement en l'exploration d'u n univers sou-
terrain, in spi ré de véritables cavernes carto-
graph iées par Crowther, peuplé de quelques
créatu res magiques. Le log iciel est déve loppé
en Fortran sur un mini-ordinateur PDP- 1O et est
1977 • Carte à micrapracesseur Bull CPB
bien sûr dépou rvu de graph ismes, se conten- Une cart e à p uce a été réalisée en 1974 au laboratoi re de Honeywell-
tant de descriptio n s textue lles et acceptant Bull à Saint-Ouen sous la direction de Karel Kurzweil. La puce est une
des commandes simples en langage natu rel mémoire PROM bipolaire contenant 1 kbit et possède u n connec-
(pick key, enter building, open door ... ). Le pro- teur en bout de carte un peu comparable aux actuels PCMCIA.
gramme est mis à disposition de tout le monde Destinée à remplacer les cartes de crédit classiq ues, cette ca rte
via Internet et un étudiant de St anford, Don est cependant plu s épaisse (1,6 mm). Il faudra pl usie urs années
Wood, demande à Crowther la perm ission de pou r définir des norm es permett ant de l'ajust er aux st andards
Boite du jeu d'aventure Zork I illustrant le reprendre, de .le déb og uer et de l'étend re. préexistants des lecteurs de cartes magn étiq ues, déjà installés en
des éléments de l'histoire même Il va ainsi cons idérablement élarg ir le t errain grand nombre.
si le programme est entièrement textuel. de jeu et fortement augmenter la composante
« magique » (créatures, objets, tréso rs.. . ) et le
nombre d 'én igmes.

Plusieurs ma isons d 'édition de log iciels de


jeu d 'aventure pour m icro -ordinateurs seront
créées à la suite de la d if fu sion de Co lossal
Sl01S qbS ~2 1 ~18 S
Cave Adventure et con t ribue ront ainsi au suc- ""' ~ an 28 Bull ·;:.
1050 Bt~ f l i l r . .
cès de ces mach ines parmi les amateurs: Scott TEL- 02,S178" 11

Adams fondera Adventure International dont


la douzaine de titres se vendra à plusieurs m il-
Carte à mémoire PROM Bull (1974). Carte à microprocesseur Bull de Michel Ugon,
lions d'exemplaires sur TRS -80, Apple Il, Atari développée en 1977. Elle combine trois
ou Commodore; plusieurs étudiants du M IT technologies : puce, caractères OCR,
Écran d'accueil de Mystery House, premier jeu s'inspireront de l'aventure o ri gina le pour écrire et piste magnétique au verso.
d'aventure graphique sorti en 1980 sur Apple Il.

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Chapitre 1 - La micra -in l=a r matique - 20 1 -

Dans la même entreprise, c'est ensuite l'équipe de Michel Ugon


qui développe des cartes à microprocesseurs. Son innovation
cruciale est l'architecture MAM (Microcontrôleur auto-program-
mable monolithique), en anglais SPOM (Self-ProgrammableOnechip
Microcomputer), brevetée en 1978, qui permet d 'intégrer à la fo is le Poste téléphonique RITA AT-35 (1977).
processeur et la mémoire dans une seule puce. La carte à micro-
processeur a plus de potentiel que la carte à mémoire, mais des
années de progrès technologique seront nécessaires pour qu'elle
devienne utilisable à un prix accessible.

En 1980 commence l'expérimentation en France de la carte bancaire


à puces. Le Groupement Carte Bleue lance un appel à la fabrica-
tion de cartes, auquel répondent Bull et Schlumberger, en concur-
rence-coopération avec lnnovatron fondée sur les brevets Moreno. Packet Radio Van du SRI,
se connecter par radio, sous protocole TCP, avec les réseaux PRnet, terminal mobile du Packet
Il faudra encore près de dix ans pour que les banques françaises
Satnet et Arpanet. Ce Packet Radio Van fait le tour de San Francisco Radio Network (PRNET)
s'entendent sur un standard commun de carte à puce et organisent
tout en parvenant à con server une bonne liaison hertzienne. Là de l'Arpa en 1977.
l'i nter-bancarité des distributeurs automatiques, avec une admis-
aussi, les perspectives d 'applications militaires motivent la création
sion dans le réseau VISA. Entre temps sera née une nouvelle entre-
de cet ancêtre de nos « objets connectés ».
prise, Gemplus, restée jusqu'à aujourd'hui le leader mondial sous le
nom de Gema lto, concurrent d'Oberthur et de !'Allemand Gieseke.

197B ~ Rapport Nara-Mine


1977 • Numérique mabile Mandatés par le Président de la République, Simon Nora (1921 -2006)
et Alain Mine produisent un rapport sur L'informatisation de la société.
Conçu en France depuis les années soixante, le Réseau intégré
Ces inspecteurs des finances connaissent peu l'înformatique mais
des transmissions automatiques (RITA) est l'un des tout premiers
ont su interroger des experts bien choisis. Leur rapport expose bril-
réseaux numériques pensés pour des postes mobiles. li applique les
lamment une situation et des problèmes qui étaient déjà connus et
procédés de modulation par impulsions codées, de numérisation de
discutés depuis le Plan Calcul, en les actualisant pour toucher une
la parole et de commutation électronique temporelle. Développé
large audience. Une campagne de presse en fait un best-seller (près
pour l'armée française, il sera aussi adopté par les armées de terre
de 130 000 exemplaires) qui sera traduit et publié dans 35 pays. Ce
belge et américaine.
livre -événement est suivi d 'un colloque international << Informatique
L'.agence de recherche de la Défense américaine, l'Arpa, a financé un et société », inauguré par le président Giscard d 'Estaing qui souhaite
réseau d 'ordinateurs communiquant par ondes hertziennes, Packet que la France apporte « une contribution exemplaire, novatrice et
Radio Network (PRnet). En 1977 le Stanford Research lnstitute (SRI) largement ouverte sur l'avenir, au débat international et à la réflexion
instal le dans un camion l'équipement électronique nécessaire pour sur l'impact de l'informatisation de la société ».

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- 2DB - Histoire illustrée de l'inJ:armatique

Le rapport prophétise l'explosion de la micro-informatique et son 197B ~ Les micrapracesseurs 16 bits


mariage avec les t élécommunications, lançant un nouveau t erme,
l'accroissement du nombre de t ransistors implantables sur une puce
télématique :
permet aux fabricants de proposer de nouveaux microprocesseurs
«Jusqu'à une période récente l'informatique était chère, peu performante, 16 bits, c'est-à-dire capables d'adresser plus de mémoire et de travail-
ésotérique, et de ce fait cantonnée à un nombre restreint d'entreprises et ler efficacement avec des nombres plus grands. Même si l'industrie
de fonctions: élitiste, elle demeurait l'apanage des grands et des puissants. d es semi-conducteurs est épa rp illée sur de très nombreuses com-
[ .. .] C'est une informatique de masse qui va désormais s'imposer, irrigant pagnies, trois noms émergent: Motorola avec son m icroprocesseur
la société comme le fait l'électricité. [ ... ] Il n'y avait autrefois que de grands 68000, Zilog avec son Z8000 et Intel qui sort le 8086. Ces processeurs
ordinateurs. Il existe désormais une multitude de petites machines puis- o nt quelques d izaines de milliers de transistors, tournent à environ
santes et peu coûteuses. Elles ne sont plus isolées, mais reliées les unes aux 1O MHz et sont gravés aux alentours de 3 µm.
autres dans des réseaux.[... ] Cette imbrication croissante des ordinateurs
Fin 1979, afin de reprendre
et des télécommunications - que nous appellerons la télématique -
sa première place, Intel se
ouvre un horizon radicalement neuf. La « télématique », à la différence
de lë/ectricité ne véhiculera pas un courant inerte, mais de l'information,
lance dans une opération
marketing sans précé -
Now!
For the
S-100 bus
8086 Power
WITH 16-Bfr WORD 1.ENGTH
c'est-à-dire le pouvoir. [ ... ] La télématique constituera non pas un réseau
dent et met l'accent su r
de plus mais un réseau d'une autre nature, faisant jouer entre eux images,
tout l'environnement du 8086 CPV
sons et mémoires: elle transformera notre modèle tradition culturel. [ .. .]
processeur (syst èmes de
Le téléphone véhicule aujourd'hui des signaux analogiques; il sera demain
développement, copro-
fondé sur des signaux numériques.[.. .] Cette banalisation de plus en plus
cesseurs, logiciels ... )
forte du signal connaÎtra son apogée avec Je développement des satellites
plutôt que sur les perfor- CPV Support Cllrd
de transmission. Multipliant les transmissions de données, les bascule-
mances pures, où il est
ments de traitement de pays à pays, de continent à continent, les satellites
un peu à la traine. C'est
feront progressivement naÎtre un réseau télématique mondial. »
un succès complet qui
Le corps des télécommunications utilise habilement le rapport pour permet à Intel de s'appro-
diffuser sa vision de l'avenir dans l'opinion : lancement des projets télé- prier une part de marché
matiques français, annuaire électronique puis Minitel et réseaux à inté- considérable et de revenir
gration de services, ouvrant la voie à l'e-administration. Le rapport, écrit définitivement en tête du
quatre ans après l'affaire des fichiers << Safari », évoque aussi les dangers classement des fabricants. •
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flux économiques des acteurs traditionnels (poste, banques, services dans un micro-ordinateur 8 bits.
publics... ) vers les acteurs du numérique, notamment les multinatio- On y propose aussi une carte
nales américaines. Des syndicats de postiers et d'employés de banques « de support» avec moniteur,
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interface disquette, port série .•.
réagiront d 'ailleurs par des grèves en 1979.
ainsi qu'une extension
mémoire de 16 ko.
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197B ~ Transpac :
un réseau numérique de données
À la fin des années 1960, des dirigeants français ont pris conscience que
le développement de l'informatique nécessiterait des services perfor-
mants de transmissions de données. Le Ministère des PTI a entrepris à
la fois de rattraper le retard national en équipement téléphonique et de
développer des réseaux numériques de pointe. La Direction générale
des Télécommunications a lancé en 1971 l'étude d'un réseau adop-
tant la technologie de commutation par paquets, expérimentée aux
États-Unis et en Angleterre. Les recherches aboutissent début 1975
à la décision d'implémenter un réseau de type nouveau, Transpac.
L'objectif est à la fois de satisfaire les besoins informatiques des
..
1c1 , ,s,, ,,. 1. ,
grandes entreprises et de permettre aux petites organ isations ou
aux particuliers d'accéder aux services d'information. On veut aussi
p résenter une alternative aux architectures « propriétaires » des
constructeurs, com me SNA d 'IBM. Ce service doit donc être reconnu
au niveau internationa l : la recommandation X25, décrivant le prin-
cipe des circuits virtuels de Transpac, est élaborée par un petit groupe
d'opérateurs de t élécommunications très engagés dans cette tech-
nologie (Royaume-Uni, Canada, États-Unis avec Telenet, France) et
adopt ée à l'Union internationale des t élécommunications en 1976.

Transpac ouvre officiellement fin 1978. Le cœur du réseau est réalisé


par la société SESA. D'autres sociétés privées, telles Steria ou Bull,
contribuent à sa mise en œuvre. Le service est rapidement utilisé
par les grandes organisations (banques, administrations, recherche,
etc.) qui apprécient son universalité, sa haute sécurité, la possibilité
de le facturer sur la base de la durée et du volume des échanges.
Simultanément, le gouvernement décide de créer un annuaire
. .
électronique utilisant l'infrastructure Transpac. En conséquence la ri, 1, ,.... ,.,'1.,\111.:A r( ~ Transpac : l'autoroute
France se dotera d 'un réseau télématique utilisant des terminaux de l'information du Minitel.
simples et peu coûteux: le système Télét el/ Minitel.
réseau téléphon ique offri ra à de nombreux utilisateurs un système
Le but à terme est de constituer un Réseau numérique à intégration plus avantageux que les réseaux spécialisés. Elle leur permettra
de services (RNIS), qui fonctionnera effectivement une décenn ie aussi de connecter des réseaux locaux à l'Internet. Devant l'emprise
plus ta rd sous le nom de Numéris. Cette prolongation numérique du croissante de celui-ci, le service Transpac fermera en 20 12.

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- 210 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique

197B ~ Jeux vidéo d'arcade Japon, ce rtain s jeux auront un succès mondia l et intégreront la
culture populaire : Space lnvaders (1978) est le premier b/ock-
buster qui lancera l'âge d 'o r des jeux d 'a rcade ; viendront ensuite
des titres connus comme Aste roids (1979), Pac-Man (1980) ou
Donkey- Kong (198 1). L'arrivée des consoles de jeu personnelles
(sur lesquelles ces titres seront aussi disponibles) et des logiciels
de jeu vidéo sur micro-ordinateur entrainera le déclin des bornes
d 'arcade à la fin des années 1980.

Reproduction de l'écran de Space lnvaders.

Reproduction
de l'écran de Pac-Man.

L'augmentation de la puissance des microprocesseurs et des cir-


cuits intégrés (circuits sonores et graphiques) permet le dévelop-
pement de jeux vidéo de bonne qua lité, mis à la disposition des
joueurs sur des bornes d 'arcade qui vont rapidement envahir les
lieux publics (centres commerciaux, bars . .. ) et les salles spécia-
lisées réunissant de nombreuses bornes. Souvent originaires du

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Chapitre 1 - La micra- ini=armatique - 211 -

197B ~ Camputerized Bulletin Baard System 1979 ~ VisiCalc


Le panneau de liège su r lequel chacun pouvait accrocher une affiche L'introduction du premier tableur pour l'Apple Il,
ou faire passer un message éta it très populaire d ans les universi- VisiCalc, par Dan Bricklin et Bob Fran kston trans-
t és sous le nom de Bulletin Board. En janvier 1978, coincés chez eux fo rm e le micro-ordinateur, qui n'est alors qu'un
pendant plusieurs jours par le blizzard hist oriq ue de Chicago, Ward gadget pour programmeurs am ateurs, en véri -
Christensen et Randy Suess développent le log iciel nécessaire pour table outil commercial pour p et ites entreprises.
que leur ordinateur puisse servir de centre d 'échange de messages et C'est une formidabl e accélération donnée à l'in-
de fich iers. Relié à un modem, leur ordinateur peut être contacté, via dustrie micro-informatique. Tout un écosystème
un numéro téléphon ique, par un utilisateur d ist ant (un à la fois) qui économique se met en place incluant éditeurs d e
pourra ainsi prendre connaissance des derniers messages, déposer logiciels, développeurs indépendants, boutiques
une anno nce ou transférer des fich iers. Les Québécois trouvent rapi- d e vente grand public, magazines d 'informatique ... Disponible Bob Frankston {debout)
dement un de ces mots français dont ils ont le génie: « Je babillard ». uniquement au départ sur l'Apple Il, VisiCalc en deviendra la ki/ler et Dan Bricklin en 1982.
app: il s'en ven dra plus d 'u n million d 'exemplaires, bien des clients
Tout au long des années 1980 et le début des années 1990, les 885
achetant le micro-ordinateur pour utiliser ce logiciel.
(Bulletin Board Systems) se multiplieront par dizaines d e milliers, cer-
tai ns g énéralistes, d 'autres spécialisés par communauté ou centres
d 'intérêt: échange d e fichiers, jeux, politique, religion, geeks, ren -
contres ... Le modem est alors un achat obligé pour tout possesseur
de micro-ordinateur souhaitant se connecter à d 'autres utilisateurs.
Le d éplo iem ent des premiers accès Internet pour le grand public à
partir de 1994 sonnera le glas des serveurs 885 puisque d'un seul
coup l'ensemble d es services mondiaux devenait accessible. L'esprit
BBS perdure encore de nos jours avec les forums de discussion.

Copie d'écran de Visicalc sur Apple Il.

Écran d'accueil d'un BBS listant les différentes possibilités


pour l'utilisateur connecté.

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- 212 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique

1979 • RDR rées depuis 1974 par le professeur J.-D. Nicoud de l'EPFL. Les pre-
mières souris Logitech sont fabriquées par une entreprise horlogère
Le Pentagone décide de rationaliser les centaines de langages infor-
spécialisée dans la micromécanique de précision, Dubois Dépraz. La
matiques différents utilisés dans ses services et lance un cahier
génération suivante est produite dans la ferme fami liale à Apples.
des charges. Le vainqueur est l'équipe dirigée par le Français Jean
Bientôt une commande de Hewlett-Packard vient stimuler la pro-
lchbiah (1940-2007) qui crée le langage ADA - appelé ainsi en
duction. Une usine est ouverte en 1986 à Taïwan pour résister aux
l'honneur de Ada Lovelace, la collaboratrice de Charles Babbage.
turbulences sur les prix. En 1994, la majeure partie de la production
Il a la particularité d 'intégrer le traitement des instructions temps-
sera transférée en Ch ine. En 2008 Logitech, devenue multinationale
réel, ce qui en fait un langage de choix pour les environnements
et diversifiée dans la production d 'autres périphériques informa-
temps-réels et les systèmes embarqués nécessitant fiabilité et sécu-
tiques, fêtera la vente de sa milliardième souris.
r ité : applications militaires, transport automobile et ferroviaire,
domaines aéronautique et spatial. .. La contrepartie de sa puissance
est une complexité certaine et une lourdeur d'implémentation qui
le restreint à ces domaines très particuliers.
1981 • Les premiers portables
Dans la seconde moiti é des années soixante -d ix, les premiers
constructeurs de micro- ordinateurs ont commencé à étudier
19BD • Progiciels mathématiques des versions portables - ou plutôt transportables ... Ils visaient
notamment le marché des représentants commerciaux. Dès 1976,
Même si l'invention de l'ordinateur est fortement liée
en Suisse, un professeur de Lausanne et la société Bobst Graphie
10 aux applications mathématiques, ces dernières se déve-
ont réa lisé un système de traitement de texte portable destiné aux
loppent pour tous les scientifiques grâce à l'apparition des
journalistes: le Scrib {16 kg) muni d 'un éditeur de texte et d 'un bon
premiers logiciels commerciaux de calcu l numérique et
système, construit à mille exemplaires. En France, R2E présente en
de calcul formel (permettant la manipulation algébrique
1981 une version portable du Micral, « Portal » (12 kg, petit écran
d'expressions mathématiques): Ma pie en 1980, Matlab en
plat, imprimante thermique incorporée). Outre-Manche, Osborne
1984 et Mathematica en 1988. Pour la première fois, des
fait de même en 1981 avec un portable de 10 kg, alimentation
scientifiques vont pouvoir fa ire des calculs sans avoir à .
non comprise.
apprendre les arcanes de la programmation informatique.
L'Osborne 1 est le premier o rdin ateur « portable » qui rencontre un
Une sortie du logiciel
Matlab. vrai succès commercial. Il n'a pas de batterie, mais doit être bran-
ché sur le sect eur, a la taille d'une petite va lise (il est explicit ement
prévu pour pouvoir se glisser sous un siège d'avion) et possède un
19B1 ~ Fondation de Lagitech écran de seulement 13 cm de diagonale. Mais il est accompagné de
L'histoire commence non dans un garage, mais dans une viei lle logiciels professionnels préinstallés. Son tarif étant t rès attrayant
ferme d 'un village suisse nommé Apples. Un jeune développeur de pour l'époque (équivalent d'environ 4 000 euros de 2015), les ventes
logiciels graphiques met au point une interface conviviale dans le démarrent à plus de 10 000 exemplaires par mois. Mais des erreurs
cadre d 'un projet pour la firme Ricoh, et découvre les souris élabo- de gestion, comme l'annonce prématurée de son successeu r, auront

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Chapitre "=t - La micra-ini=armatique - 213 -

Ordinateur « portable » Osborne 1. On voit les deux lecteurs de disquette et l'écran, accompagnés de divers connecteurs. ~

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- 2l'i - Histcire illustrée de l'in~crmatique

raison de l'entreprise au bout de quelques années. Peu après, dès la techniques. Mais son succès est immédiat. D'abord à cause de la
sortie de l'IBM PC, Compaq apparaît avec un portable compatible politique de cession de licence qui permet à d 'autres constructeurs
bien conçu qui sera le début de sa remarquable ascension. de proposer leu rs « compatibles », et surtout grâce à l'image rassu -
rante de l'entreprise, associée depuis toujours au monde informa-
Les écrans de tous ces apparei ls sont à tube cathodique, donc
tique professionnel: l'IBM PC don ne une légitimité sans précédent
relativement encombrants et lourds, ce qu i limite la portabilité :
au micro-ordinateur. IBM ayant demandé à Microsoft de lui fournir
on est très loin des /aptops ! Il existait bien déjà des écrans p lats,
le système d 'exploitation (PC-DOS), les chiffres colossaux des ventes
mais très petits, ceux des calculettes de poche ou des machines à
de l'IBM PC assu reront la croissance exponentielle de M icrosoft.
écrire électroniques. Ce problème devient, les années suivantes,
l'une des motivations déterminantes des investissements dans la Finalement, le début des années 1980 sera fatal aux start-ups qui
R&D sur les écrans p lats de grande d imension. À la fin des années n'ont pas su passer de l'o rdinateur personnel de loisir pour ama-
quatre-vingt, Apple présentera son premier Maci ntosh portable; teurs techniciens à l'ordinateur professionnel ayant sa place dans
bien conçu mais trop cher, il aura peu de succès. C'est avec la mise les organisations. Apple et surtout IBM s'imposeront, tandis que
au point des écrans plats de dimensions sérieuses, au début des la plupart des marques pionnières (Commodore, Tandy, At ari ... )
années quatre-vingt-dix, que commencera la diffusion massive des seront évincées par de nouveaux entrants comme Compaq ou Dell.
ordinateurs portables.
IBM PC original avec son écran monochrome
et sa lourde documentation ...

19B1 ~ IBM PC
En 1980, IBM est toujours l'acteur dominant sur le marché des gros
ordinateurs centraux mais, englué dans une procédure j ud iciaire
anti-trust dans les années 1970, a raté le virage du mini-ordinateur
et se retrouve dépassé sur certains march és par HP ou DEC. Un
micro-ordinateur de bureau IBM 5100 a bien été commercialisé en
1975, prog rammable en Basic et en APL, mais il manque de log iciels
applicatifs et, au prix de 9 000 dollars, ne rencontre pas une commu-
naut é de développeurs analogue à celle qui fait le succès de l'Altair.

Désireuse de reprendre la main dans le créneau émergeant de l'or-


d inateu r personnel, l'entreprise décide de lancer u n p roj et interne
pour développe r en un an son propre modèle. La proposition
finale est contraire à toute la trad ition de Big Blue: l'arch itecture
sera ouverte, fera appel à des logiciels et des composant s standards
d 'autres fabricants, et ce nouvel ord inateur sera vendu et répa ré en
boutique, non par le service technico-commercial interne. L'IBM PC
(pour persona/ computer) n'a rien de révolutionnaire dans ses choix


1 1 l • 1

• 1 1 11 1 •
Chapitre "=t - La micra-inJ:armatique - 215 -

19B1 ~ ZX-B1 :
le micro-ordinateur bon marché
Alors qu'IBM s'adresse à sa cible habi-
tuelle, le monde professionnel, d'autres
visen t le grand public et cherchent à
développer un ordinateur bon marché.
Sir Clive Sinclair est l' un d'entre eux et
son ZX-81 sera u n im mense succès. Il
est petit, peu puissant, avec t rès peu de
mémoire (1 ko par défaut, même si l'on ••..
peut ajouter des modules mémoire), se
••
branche sur un moniteur de télévision •
I}
pour un affichage graphique très grossier
mais il est surtout très bon marché (son
p rix est équ iva lent à environ 300 euros
en 2015) et vient avec un manuel très
pédagogique. 11 a permis à de très nom -
breux fut urs informaticiens de faire leur
apprentissage de la programmation.

Installation dassique d'un ZX-81 avec le lecteur


de cassette faisant office de mémoire de stockage.

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- 216 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique

19B1 ~ Micrapracesseur RISC parallèle et uti lisant des langages de programmation provenant
des recherches en intelligence artificielle. Malgré une forte publi-
À la fin des années 1970, l'intégration des composants atteint un pla-
cité, le projet est globalement un échec : les performances des
teau et les microprocesseurs plafonnent aux alentours de 100 OOOtran-
circuits construits spécifiquement pour le projet se font dépasser
sistors, principalement en raison du manque d 'outils de conception
par celles des microprocesseurs standards, tandis que la program-
permettant de développer des systèmes plus complexes. L'.agence
mation se révèle nettement plus complexe que prévue. Les travaux
américaine des projets de recherche lance alors le projet VLSI (Very
seront interrompus au bout d 'une dizaine d 'années. Certaines des
Large Sca/e /ntegration) ayant pour but d'améliorer les techniques de
idées in it iales seront réuti lisées au début des années 2000-201 o:
conception des puces en finançant plusieurs équipes de recherche
interrogations log iques de bases de données gigantesques dissé-
universitaires. De nombreuses avancées en découleront comme les
minées sur Internet, programmation parallèle via les processeurs
stations de travail graphiques, les logiciels de CAO, les sociétés de
multi-cœurs ... Le résultat le plus important est que l'ambition japo-
conception fabless (sans usine) ... Un des projets se focalise sur l'ac-
naise a inquiété les dirigeants américains, qui ont massivement
croissement des performances d 'un processeur par la simplification
investi dans la recherche-développement et réussi en une décennie
de son contrôle interne. En effet, les chercheurs se sont aperçus que
à remettre les États-Unis en position de leader mondial incontesté.
l'existence d 'instructions trop complexes pénalise l'ensemble des
performances alors que ces instructions ne sont que très rarement
utilisées. En supprimant ces instructions « rares », il est alors possible
de réaffecter les transistors correspondants à d'autres fonctions accé-
lérant le décodage et l'exécution des instructions standards: exécution 19B2 ~ Le Minitel
dans le désordre, pipeline, augmentation du nombre de registres, etc.
Après avoir développé le réseau numérique Transpac basé sur la
Cette innovation architecturale est rendue possible par la diffusion
norme X25, le gouvernement donne le feu vert à un vaste projet: doter
des mémoires en semi-conducteurs, dont l'accès est beaucoup plus
la France d'un réseau télématique utilisant des terminaux simples et
rapide que les anciennes en tores de ferrite. Ces nouveautés sont mises
peu onéreux chez l'usager. Des expérimentations locales sont menées
en œuvre aux universités de Berkeley et Stanford qui conçoivent les
.' dès 1980, permettant d'identifier les demandes, de perfectionner les
prem1eres puces RISC (Reduced Instruction Set Computer ou micro-
appareils et d'imaginer de nouveaux usages. En 1982, le Minitel est
processeur à jeu d 'instructions réduit), d'architecture interne corn-
lancé à grande échelle. li permet aux utilisateurs de se connecter, via
piétement différente des processeurs classiques de l'époque. Depuis,
le réseau téléphonique, à des services en ligne tels que l'annuaire élec-
ces nouvelles techniques ont été intégrées par tous les fabricants
tronique, la vente par correspondance, des messageries et des sites de
et permettent d'avoir des performances toujours plus importantes.
rencontres. Le terminal passif, constitué d'un écran et d 'un clavier, est
fourni gratuitement par France Télécom, la facturation s'effectuant sur
la ligne téléphonique proportionnellement à la durée de la connexion.

Le nombre de terminaux atteindra 6,5 millions en 1993, avec 90 mil-


19B1 ~ La cinquième génération lions d 'heures de connexion . On recensera 24 600 services l'année
Le Japon décide de financer des recherches en informatique suivante. Jusqu'à la fin des années 1990, le Minitel sera en concur-
visant à construire un ordinateur « de cinquième génération » (la rence avec Internet . . . et beaucoup plus rentable. Les avancées
quatrième étant celle à base de microprocesseurs) massivement technologiques d 'Internet (vitesse de connexion accrue avec l'ADSL,

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Chapitre l - La micra-ini=ar matique - 21 l -

I A

possibilités d 'affichage graphique sur o rd inateur) finiront par avoir 19Bi! ~ Ematicanes
le dessus, mais le Minitel gardera des avantages comparatifs (rapi-
Même s'il existe quelques exemples antérieurs dans des articles
dit é d 'accès, sécurité). Et sa suppression sera reportée plusieurs fois
ou revues, l'invention des émoticônes actuelles est généralement
à la demande des utilisateurs, jusqu'à sa fermeture en 2012 due à
attribuée à Scott Fahlman, professeur à l'université Carnegie Mel-
l'arrêt du réseau Transpac.
Ion, qui créa les symboles:-) et:-( imitant un sourire ou une moue
Le M initel est considéré comme l'une des expériences de services vus à 90°, afin d'étiqueter des messages circu lant sur le forum de
. . ,
en ligne antérieures au web les plus réussies au monde. Il a permis son un1vers1t e:
de fam iliariser des millions de Français avec l'util isation d'un termi-
na l et des réseaux numériques. Et à des milliers de développeurs ou
19 - Sep - 82 11 : 44 Scott E Fahlman :- )
d 'entrepreneurs f rançais de créer des services, qui ont pu ensuite
From : Scott E Fahlman <Fahlman at cmu - 20c>
basculer sur Internet.
I propose that the following character
Minitel 2 vers 1990. sequen ce for joke markers : :-)

Read it sideways . Actually, it is probably


more economical to mark things that are NOT
jokes, given current trends . For this ,
use : - (

19Bi! ~ Semi-conducteurs :
une guerre amer1cana-Japana1se
I 11 • •

Jusqu'aux années 1980, les microprocesseurs représentaient un


marché de niche par rappo rt aux circuits intégrés plus simples,
p rincipaux composants des m ainframes et mini-ordinateu rs.
Ces circuits étaient conçus et fabriqués soit directement par les
g rands constructeurs de mach ines, soit par la très performante
industrie j aponaise ; les fab ricants de m icroprocesseurs éta ient
eux marginalisés et soumis au bon vou loir des donneurs d 'ordres
qui leur imposaient des accords de cession de licence, favorisant
encore p lus les graveurs japonais q ui récupéraient ainsi à b as
prix les innovations techniques. Avec la complexité cro issante
des p rocesseurs, le rapport de force s'est inversé et a permis aux

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- 218 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique

architectes de ces puces (et principalement à la société Intel) de 19B2 ~ Magazine TIME :
se retrouver en position dominante et de dicter leurs règles au
l'ordinateur << Man af the year >>
rest e de l'industrie.
Pour la première fois, le titre de « personnalité de l'année », décerné
Par ailleurs, l'industrie américaine avait pris d'autres mesures pour
à Noë l par le magazine TIME, est attribué à un objet, l'ordinateur
enrayer son déclin. Les principaux industriels du secteur avaient créé
(sous le titre de « Machine of the year »). Les journalistes ne recon-
dès 1977 la Semiconductor lndustry Association, qui elle-même créa
naissent pas ainsi le début de l'informatique personnelle (qui a
en 1982, une filiale destinée à organiser et à financer la recherche
démarré vers 1976 avec les premières machines grand public)
précompétitive, Semiconductor Research Corp. (SRC). Les statuts de
mais plutôt l'impact économique grandissant qu'elle va avoir dans
SRC prévoyaient explicitement le refus d 'accepter des membres
les années à venir.
non-américains. La SIA et SRC ne furent en aucun cas des organi-
sations potiches. Elles reçurent des financements importants en
provenance des industriels et des pouvoirs publics, notamment
du ministère de la défense, et s'engagèrent dans une politique de
collaboration active avec les universités; ces actions eurent pour 19B3 ~ Wargames, le film
fruit de nombreuses innovations techniques et le red ressement
Dans le film Wargames, un j eune « hacker » brillant mais mal dans
de la courbe de progrès de l'industrie américaine dès le début des
sa peau, se connecte, par inadvertance, avec son modem sur le
années 1990, innovations et progrès dont le bénéfice était explici-
superordinateur contrôlant le réseau de défense américain et plus
tement réservé aux entrepri ses américaines.
précisément le système chargé de gérer la réponse nucléaire à une
attaque surprise venant du bloc soviétique. Pensant se trouver
face à un jeu vidéo, il lance la simu lat ion et manque de déclen-
cher la troisième guerre mondiale. Ce film a popularisé l'image
19B2 ~ Cammadare 64 du jeune pirate informatique, adolescent génial maîtri sant par-
faitement les techniques info rm atiq ues avancées (con n exion
L'ordinateur personnel Commodore 64 est lancé et devient très rapi-
à distance, contournement des sécurités, programmation de
dement un succès commercial dans la catégorie des ordinateurs de
bas-niveau ... ) et qui n'a aucu n e intention malveillante. Cliché
loisir (son prix de vente est à peu près équivalent à 1 200 euros en
qui perdure malheureusement encore aujourd' hui alors que la
2015) grâce à ses performances graphiques et sonores inédites, ainsi
grande majorité des actes de p iratage sont le fait de groupes
qu'en raison du grand nombre de logiciels de jeux disponibles. li est
criminels ou étatiques (détournement ou blanchiment d'argent,
considéré comme l'un des ordinateurs les plus vendus au monde
extorsion de fonds, espionnage, dégradation d 'infrastructures ... ).
avec, suivant les estimations, entre 12 et 17 millions d 'exemplaires
11 a cependant également il lustré pour le grand public la m ise en
écoulés sur une douzaine d'années. Un de ses successeurs, le Commo-
réseau d 'ord inateurs et les connexions à distance, préfigurant la
dore Amiga, sorti en 1985, fut le premier micro-ordinateur vraiment
télématique naissante.
multimédia, doté de capacités audio et vidéo très au-dessus de la
concurrence grâce à des circuits intégrés conçus sur mesure allégeant
le travail du processeur (rendant ce dernier de facto plus performant),
épaulé par un système d 'exploitation efficace.

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Chapitre "=t - La micra-inJ:armatique - 219 -

19B3 ~ Le langage C++


Afin de fac iliter le développement et l'analyse de gros
projet s info rmatiq ues, Bjarn e Stro ustrup d éveloppe
aux laboratoires Bell une extension orientée objet au
langage C : le C+ +. Ce langage de programmation est
toujours l'un des plus utilisés au monde.

19B4 ~ Le cédérom
Dès 1979, Philips et Sony développent conjointement
le disque optique com pact afin de supplanter le disque
vinyle (microsillon) dans la diffusion de musique enre-
gistrée. La version audio est commercialisée en 1982
tandis que 1984 voit la naissa nce du CD-ROM (Compact
Oise - Read On/y Memory) prévu pour le stockage de
données numériques.

Avec une capacité record (pour l'époqu e) de près de


700 Mo, il supplante rapidement les disquettes dans la
distribution des logiciels, avant d'être à son tou r dépassé
par les DVD puis par la diffusio n directe sur Internet.
Alors que le cédérom original est fabriqué en usi ne
sa ns être modifiable par l'utilisa teur final, des versions
inscriptibles (une fois pu is plusieurs) apparaissent en
1988, permettant l' utilisation du CD comme support
de sauvegarde personnelle.

Affiche pour le film Wargames.

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- 220 - Histoire illustrée de l'inJ:crmatique

19B4 ~ Psian Organiser 1 19B4 ~ Macintosh


La publicité le présente comme « le premier ordinateur de Su ite aux travaux de Douglas En gelbart, une première station de
poche pratique ». Le Psion Organiser I a le format d 'une calcu- travail incluant une interface graphique commandée par souris,
latrice mais possède un clavier alphanumérique et un écran l'Alto, a été construi t e en 1973 dans les laborat oires de Xerox. Elle
d 'une lig ne. Il sert de calculatrice, d 'horloge et de base de n'a jamais ét é commercialisée mais a servi d'outil de travail dans
données minimale. Le premier véritable assist ant numé- l'entrep ri se et dans quelques laborato ires universitaires. Fin 1979
rique personnel utilisable est la version Organiser Il (1986), l'Alto est présentée à Steve Jobs en visite chez Xerox. Émerveillé
incluant u n agenda et la gestion d 'un carnet d'adresses (le
term e PDA, Persona/ Digital Assistant, sera invent é en 1992
pour la présentation du Newton d 'Apple). Progressivement, Le Lisa 1 avec son disque dur au-dessus de l'unité centrale.
les PDA sont dotés de fonctionna lités supplémentaires :
bureautique, synchronisation, accès Internet, téléphonie .. .
Le Palm Pilot et ses descendants feront partie des PDA
les plus réussis et les plus vendus au monde à la fin des
années 1990. La convergence entre téléphone et PDA
conduira ensu ite au développement du smartphone, le
terme PDA t omba nt lui-même en désuétude.

-.-.. -- --
C

Psion Il en version française.

Palm Pilot professionnel


de 1997.

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Chapitre "=t - La micra- ini=ar matique - 221 -

par l'interface et y voyant l'ave nir de Macintosh original de 1984


l'informatique, Jobs décide de l'in - avec un second lecteur
t égrer aux futurs produits d 'A pple. de disquette externe.
Le premier à l'incorporer est le Lisa
(1983), grosse station de travail gra-
phique qui n'est pas un succès com-
mercia l car trop chère, trop lente et
quelque peu boguée. App le en tire
les leçons et lance en janvier 1984 le
Macintosh. Son interface graphique
révolutionnaire positionne ce pre-
mier m icro - ord i nateu r convivia 1
nettement au-dessus des IBM PC,
qui sont moins chers et possèdent
déjà plus d'appl ications. La gamme
Macintosh restera un segment mi no-
ritaire du marché, mais avec une
cl ientèle ent housiast e et très fidèle,
dans la recherche et la création . Ce
qui permettra à Apple de vivre dans
les décennies suivantes, avant de
trouver un relais de croissance en
se diversifiant avec l'iPod et l'iPhone.

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- 222 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique

19B5 ~ Gigaflaps
Le Cray-2 est le premier superordinateur à passer la barrière
du gigaflops (un milliard d 'opérations en virgule flottante à la
seconde). Pour ce faire, en plus d ' un parallélisme accru de ses
processeurs, les modules portant les circuits intégrés sont empilés
les uns sur les autres de manière très serrée afin de réduire le temps Caloducs de refroidissement sur un Cray T3E
de propagation des signaux élect riques. Un refroidissement par air de 1996 au CEA, d'une puissance d'un téraflops.
étant impossible (il n'y a pas assez de place entre les modules !),
le Cray-2 baigne dans un liquide inerte sous pression évacuant la
chaleur dissipée. li consomme quelq ues 200 kW et coûte environ
30 millions d 'euros (valeu r 2015). Sortie en 2012, une tablette iPad 2
standard possède la même vitesse de plus d ' un gigaflops, pour
une fraction de ce prix ...

Un Cray-2 en 1986. L'ensemble transparent à droite est le système évacuant la chaleur


récupérée par le liquide de refroidissement circulant autour des modules électroniques.

- -
- ...
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Chapitre "=t - La micra-inl=a r matique - 223 -

19B5 ~ Manifeste GNU


Programmeur expérimenté, Richard I' -
Stallman quitte le MIT pour écrire un 1,

système d 'exploitation compatible


,...
Unix : GNU (Gnu is Not Unix). Opposé
.....
au principe du logiciel « propriétaire »,
il publie début 1985 dans Dr. Oobb's
Journal of Software Tools le manifeste
GNU. Il y expose ses idées de logiciel
libre, permettant à chacun de s'ap-
proprier, de modifier et de d iffuser le
code source d'un logiciel. Depuis, St all-
man milite pour le logiciel libre d'un
point de vue non seulement pratique
(développement) mais aussi politique, Micro-ordinateur MOS identique
critiquant les notions mêmes de pro- Richard Stallman en 2014. à ceux utilisés dans le plan
priété intellectuelle, copyright ou bre- informatique pour tous.
vet. Dérivé de cet activisme, le mouvement open source, qui met
p lus l'accent sur le développement proprement dit, a progressi- (cho ix politiques de matériels français parfois peu performants,
vement acquis une importance économique considérable, faisant en seignants laissés à eux-mêmes), le plan offre à de nombreux
par exemple jeu égal avec les solutions « propriétaires » dans le élèves et enseignants une première approche de la program -
secteur public français. mation et de l' utilisat ion d 'un ordinateur. Ce sera malheu reuse-
ment la derniè re grande initiative gouvernementale, pendant
u n e v ingtaine d 'années, v isant à introdui re le n umérique da ns
l'éducation nationale.

19B5 ~ Plan informatique paur taus


Plu sieurs p lans d'initiation à l'i nformatique avaient été mis en
œuvre au cours des années 1970, aboutissant à la formation de
19B5 ~ Symbalics.cam
nombreux enseignants et lycéens. En 1985 le Premier m in istre
français Laurent Fabius annonce un nouveau p lan d 'éq u ipement Les numéros IP étant assez peu mémorisab les, les programmeurs
des écoles afin d'i nitier les élèves à l'outil informatique. Plus de du réseau ARPANET prennent rapidement l'habit ude d'associer un
120 000 machines sont prévues, sous forme de micro-ordinateurs nom de mach ine à chaque nœud du réseau, la correspondance
fam iliaux re liés par un nanoréseau à un IBM PC plus puissant, entre dénomination et adresse numérique se faisant alors via
associées à un développement de logiciels éducatifs et à la for- un fichier maintenu manue llement. Devant la croissance in inter-
mation de plus de 100 000 enseignants. Malgré certains défauts rompue du réseau, il devenait de plus en p lus difficile de garder

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- 22'i - Histoire illustrée de l'inJ:crmatique

ce systè m e et en 1983, le système de noms de domaines avec L'augmen t ation du nombre de transistors intégrés sur une puce
bases de données hiérarchisées et réparties, automatiquement permet au début des années 1980 la conception de microproces-
mises à jour, est proposé. Le premier nom du domaine .com est seurs 32 bits, manipu lant des nombres plus grands et adressant
enregistré en mars 1985 par l'entreprise Symbolics, fabricant de plus de mémoire, avec des vitesses de fonctionnement toujours
machines Lisp. plus importantes grâce entre autres à des chemins de données
internes plus larges.

Sans être les premiers, deux modèles on t marqué l' hi stoire des
microprocesseurs 32 bits. Le Motorola 68000 est un hybride 32/ 16
19B5 • Le i3B6 et la miniaturisation bits, utilisé dans les micro-ordinateurs Apple Macintosh, Atari ST,
Commodore Amiga. Ses variantes et descendants sont encore pro-
duits de nos jours pour des systèmes embarqués. L' lntel i80386,
contenant presque 300 000 transistors gravés à 1 µm, est une évo-
lution 32 b its de sa gamme 8086 (8 bits) et 80286 (16 b its). li permet
d 'accroitre les performances des micro-ord inateurs lBM PC et com-
patibles, qui peuvent ainsi continuer à progresser. C'est d 'ailleurs
un fabrica nt de « clones », Compaq, suivi du Taïwanais Multitech,
qui propose d ès l'année suivante le premier PC basé sur un 80386,
détrônant au passage IBM comme leader dans l'innovation .

Le processeur 80486 d 'Intel, en 1989, sera le premier à franchir la


barre du million de transistors sur une puce. Le milliard sera dépassé
0 en 2006 avec l'ltan iu m double-cœur. Même si la loi de Moore donne
' - des signes d 'essoufflement, on intègre en 2015 près d 'une dizaine
de milliards de transistors dans les processeurs et coprocesseurs
graphiques les plus récents.

19B7 ~ DS/2 d'IBM


Il était clair pour IBM q ue le MS-DOS de Microsoft n'était pas un
système d 'exploitation sérieux, professionnel, mais simplement
un expédient provisoire pour lancer en urg ence l'IBM PC. IBM
commence donc en 1985 à co-développer avec Microsoft un sys-
Compaq DeskPro 386, tème plus robuste et p lus puissant, OS/ 2, qui doit rétablir la pré-
le premier PC basé dominance d e Big Blue sur son marché. La première version sort
sur un processeur Intel 80386.

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Chapitre "=t - La micra-inl=armatique - 225 -

fin 1987, mais 05/ 2 n'arrivera jamais à s'imposer, contrairement elle deviendra à la fin du siècle le
aux prévisions des analystes. Apparence graphique peu flatteuse, principal producteur mondial d e
prix trop élevé, erreurs de marketing, absence de pilotes matériels, cartes-m ère s, d'écrans et de petits
conservatisme technologique empêchant de profiter des proces- ordinateurs portables.
seurs récents, manque de logiciels applicatifs ... l'histoire d'OS/ 2 est
Certains Taïwanais ne se contentent
un désastre exemplaire. Il n'aura servi qu'à asseoir la domination
pas de ce rôle de sous-traitant et
de Microsoft, qui s'était bientôt concentré sur le développem ent
investissent à la fois dans la R&D et
de Windows en négligeant celu i d 'OS/ 2, sur le marché des logiciels
dans le marketing pour construire
syst èmes pour PC.
sous leur propre marque. Multi-
tech a été fondée en 1976 par l'in-
génieur Stan Shih qui avait réalisé
Stan Shih, fondateur
la première calcu latrice de poche
de Multitech et d'Acer.
19B7 ~ GSM taïwanaise. En 1982 elle a présenté
un clone d'Apple Il, puis des PC compatibles IBM, tout en restant
Des années de recherche s et de négociations sur les standards,
un acteur majeur de l'économie de la sous-traitance. En 1987
menées par les ingénieurs d'un groupe de trava il franco-al le-
l'entreprise se rebaptise Acer et entame une expansion interna-
mand, entraînent d'autres partenaires européens et aboutissent
tionale, soutenue indirectement par le gouvernement taïwanais.
à un accord international qui définit la première norme cellu laire
Deux ans plus tard, un groupe d'ingénieurs quitte Acer pour fonder
numérique : GSM (Groupe spécial mobile, puis Global System for
ASUSTek. Visa nt particulièrement le marché européen, ces deux
Mobile Communications). Celle-ci spéc ifie tous les éléments d ' un
firmes deviendront en une quinzaine d'années des lead ers mon-
système complet de télécommunications. Y compris un module
diaux dans l'industrie des ordinateurs portables.
de spécification d'abonné, le Subscriber Jdentity Module (SIM), qui
offre un élément important de sécurité. La norme GSM s'imposera
sur le marché mondial de la téléphonie mobile, face à une norme
américaine 15-95. Elle sera ensuite étendue pour prendre en charge
les hauts débits et le transport de données. 19BB ~ Premier ver Internet
Afin de mesurer la taille du réseau Internet, Robert Morris, alors
étud iant à l'u niversité Cornell, lâche un programme capable de se
propager de machine en machine en profitant d e faill es d e sécu-
19B7 ~ ra·iwan mante en puissance rité existant dans certains utilitaires Un ix. Ma lheureusement, une
mauvaise qualité du code entraîne d es réplication s plus rapides que
L'indu strie électronique taïwana ise a démarré dans les années
prévu et un fort ralentissement des ordinateurs infectés.
1960 comme sous-traitante des constructeurs américains et j apo -
nais de matériels grand public. L'accumulation de savoir-faire et le En plus des diverses pannes causées aux machines, le ver eu un
bas coût d e sa main d'œuvre lu i a permis ensuite d 'assembler des très fort impact psychologique ca r il mit en évidence la frag ilit é du
cartes-mères pour les grandes marques de micro-ordinateurs - réseau et la nécessité de renforcer sa sécurité. Morris fut condamné

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- 226 - Histoire illustrée de l'inJ:crmatique

en appel à une peine de prison avec sursis, à des travaux d'intérêt


général et à payer une amende. Avec l'accroissement gigantesque
du réseau, la sécurité d'Internet est devenue un enjeu majeur aussi
bien d'un point de vue économique (espionnage industriel, extor-
sion de fonds, paralysie de sites web .. . ) que politique (espionnage
militaire, attaques sur des services vitaux ... ).

1991 ~ Naissance de Linux


Linus Torva lds, étudiant norvégien, décide d'écrire un mini-système
d'exploitation dérivé d'Unix pour son PC. Réputé pour sa stabilité
mais aussi pour sa complexité d'installation, Linux est adopté par
une communauté de bidouilleurs sur Internet qui étendent régu -
lièrement ses possibilités. Sans publicité, il se répand doucement
et finit par devenir une alternative crédible à la toute -puissance de
Windows et au coût des Unix commerciaux. Au point d'intéresser
les entreprises et de devenir l'un des systèmes d'exploitation les
plus répandus au monde, il lustrant la force du modè le de déve-
loppement open source.
Linus Torvalds en 201 4.

Crédits
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Chapitre B - L ' ère des réseaux numériques - 229 -

n adage dit que la victoire a beaucoup de pères, tandis


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que la défaite est orpheline. L'Intern et étant u ne réussite
mondiale, ses ancêtres son t nombreux. Il a bien sûr des
origines techniques, notamment Arpanet et d'autres réseaux sim i-
laires. Mais il rés ult e aussi de projets politiques et cu lt urels. Ainsi les '
auteurs d 'un bon ouvrage d 'histoire d e l'informatique, Bill Aspray
et Martin Campbell-Kelly, comm encent par évoq uer l'Encyc/opédie
de Did erot et d 'Alembert, l'utopie d 'un p artage universel du savoir,
chère à la philosophie politique des Lum ières. Celle-ci s'est com -
binée avec l'utopie informaticienne d 'augmenter les moyens m is
au service d e l'intelligence humaine - par exemple au Stanford
Research ln st itute - et avec les préoccupations stratégiques de
la guerre froide comme de la guerre économique. Préoccupations
qui motivaient aux États-Unis et ailleurs des investissements mas-
sifs pour être à la pointe des technologies de l'information, vues
comme le « système nerveux d es nations ». Enfin ces projets se
sont conjugués à l'utop ie financière de la société sa ns monnaie
(cash/ess society), où les transactions dématérialisées favoriseraient
une désintermédiation du commerce ... ou des transferts massifs
de valeur au profit de nouveaux acteurs.

Écrire l'histoire des réseaux numériques revient en partie à écrire


l'histoire du monde contemporain, du point de vue de l'information
et de la communication. C'est aussi une entrep rise risquée, pour au
moins deux raisons.

D'une part l'Internet a déjà sa légende, sa mythologie avec ses héros


fond at eu rs, ses b ons et ses mauvais ; les récit s sont inévitablement
orientés par les biais mémoriels, par les intérêt s des personnes et
des organisations impliquées, en fonction d 'enjeux économ iques
---__ , ...
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et strat égiques devenus aujourd'hui gigantesques. « Qui contrôle
le passé con trô le l'avenir », cette formule n'a j amais été aussi vraie.
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.. . Activités en ligne
en 60 secondes.

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- 230 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique

D'autre part, il s'agit de l'histoire du temps présent : que l'on soit his- Arpanet a joué un rôle cru cial dans ce processus intégrateur. D'une
torien, informaticien ou investisseur, on manque du recul nécessaire part à cause des visions d'avenir informationnel qui l'inspiraient,
pour discerner les lignes de force. li est difficile (et c'est heureux, sinon bien au-delà des aspects technique s - Licklider avait repris le
l'histoire serait déterminée) de distinguer, parmi tant d'innovations flambeau allumé en 1945 par Vannevar Bush avec son projet
toutes clai ronnées comme « révolutionnaires »,« de rupture » et « de Mernex (vo ir chapitre 4), et cette idée de diffusion du savoir par
nouvelle génération », lesquelles dureront plus qu'une mode jetable des moyens nouveaux était partagée par divers g roupes sociaux,
et auront une véritable signification historique. li est encore plus dif- à commencer par les universitaires. L'ARPA, agence m ilitaire de
ficile de connaître certains projets, ceux-là t rès discrets au contraire, soutien à la recherch e civ ile, visant des objectifs à long terme,
mais qui influenceront profondément l'évolution technique. recrutait des responsables ayant à la fo is une expérience profes-
sionnelle et une vision de l'avenir. Des h ommes possédant ces
Pour donner quelques points de repère dans cette histoire foison-
rares mélanges de qualités: la rigueur et l'imagination, l'inventivité
nante, on peut rythmer sa ch ronologie par périodes décennales,
et l'a ptitude à gérer un projet. Et, pour être efficace, elle leur lais-
où chaque troisième année (1973, 1983, 1993 . .. ) porte des chan-
sait une grande liberté de décision, sans leur imposer de lourdes
gements signi fi catifs.
procédures bureaucratiques.

D'a utre p art, l'ARPA a fin ancé des expériences d 'interconnexion


Rrpanet ... et les autres (1963-1973) d'o rdinateurs, perm ett ant d'identifier en 1966 trois principaux
problèmes qui cond itionnaient le développement d' un réseau à
Derrière les inventions astucieuses dont les dates jalonnent ce livre,
grande échel le.
la genèse d 'Internet se comprend comme la longue quête d'une
meilleu re efficacité des systèmes d 'information: optimiser l'emploi • Comment intercon necter tous les ordinateurs? Si chacun devait
des ressources et su pprim er les goulets d 'étranglement. Démarche être relié à tous les au tres, le nombre de lignes télécom aug-
commune à l'économiste et à l'ingénieur. menterait géométriquement : mettre en réseau les d ix-sept
ordinateurs financés par l'ARPA nécessiterait déjà 17 fois 16/2,
On peut choisir comme point de départ les premiers systèmes
soit 136 lignes !
d'exploitation en time-sharing, qui permettaient de mieux renta-
biliser le gros ordinateur d 'une université en optimisant la répar- • Comment employer de façon économ iquement optimale les
tition des ressources du processeur entre les terminaux et entre coûteuses lignes à haut débit (pour l'époque) qui relieraient
les programmes d'applications. L'admin istration américaine de la les ordin ateurs ? Les mesures f aites lo rs des expériences de
Défense, ayant contribué à les financer, avait intérêt à soutenir des time-sharing montraient que ces lignes n'étaient utilisées qu'à
recherches qui visaient à poursuivre cette log ique. Notamment à 2 °/o de leu r capacité, pendant les brefs moments où les termi-
interconnecter plusieurs ordinat eurs de plusieurs ca mpus, afin de naux envoyaient ou recevaient des données - le reste du t emps,
mettre à la disposition d'une communauté scientifique aussi large l'utilisateur réfléchissait ou lisait les résultats su r l'imprimante.
que possible des ressources rares et chères, comme les bases de
• Comment connect er des ord inateurs incompatibl es ? Les sys-
données qui commençaient à proliférer dans les années 1960. C'est
tèm es d'exploitation ayant été développés à grands f rais depuis
la justification première d 'Arpanetet d 'autres réseaux d'ordinateurs
d es années, au prix d' un t ravail harassant de d ébogage qui était
hétérogènes (académiques ou non) ult érieu rs. L'étape suivante
loin d 'être fini, i I n'était pas question de les réécrire.
consistera à connecter ces réseaux entre eux, à créer un inter-net.

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Chapitre B - L 'ère des réseau x numéri ques - 231 -

Les solutions à ces problèmes furent trouvées en moins de deux En revanche, le Pentagone paye ces recherches en espérant bien
ans - la « transmission par paquets » et la fonction « d 'interface qu'elles auront des retombées pour la Défense américaine. Ce qui
réseau » confiée à des mini-ordinateurs - grâce, au-delà des indi- sera le cas. L'ARPA finance deux autres réseaux expérimentaux
vidus créatifs, à la densité du tissu scientifique, congrès, séminaires, d 'ordinateurs : Packet Radio Network (PRNET) et Satnet. PRNET
publications et télécommunications, qui leur permettait de partager teste les transmiss ions numériques hertziennes destinées aux
rapidement idées et expériences. En 1968, tous les principes d ' un futurs systèmes mobiles de Contrai and Command. Satnet teste les
réseau d 'ord inateurs hétérogènes étaient maîtrisés et l'ARPA pouvait transmissions numériques hertziennes par satellite, pour le rensei-
lancer le projet en grandeur réelle, avec 2,5 m illions de dollars pour gnement mil itaire; sa première appl ication permettra de recevoir
financer cinq équipes. à Washington et de traiter en temps réel les données sismiques
captées en Norvège, qui révèlent les essais nucléaires soviétiques.
Des d izaines, bientôt des centa ines d'étudiants, de programmeurs
Tous deux influenceront le futur Internet.
et de chercheurs furent ainsi mobilisés à temps partiel, tout en
continuant leurs travaux personnels, pour « interfacer » l'ordinateur Fin 1969, le réseau Arpanet entre en service expérimental avec
de leur campus au réseau. Cette participation suscita une culture quatre, puis cinq nœuds. Larry Roberts en devient l'apôtre, prê-
nouvelle, où se mêlaient des universitaires financés par la Défense, chant dans les congrès d 'informaticiens pour gagner de nouveaux
des ingénieurs venus de l'i ndustrie, des garçons et des filles en disciples. Du point de vue socio-économique, le succès d 'un réseau
contact avec le mouvement hippie ou les diverses contre-cultures se fonde en effet sur un processus cumulatif par « effet bou le de
qui fleurissaient à l'époque. Cette culture techno-anarchique restera neige » : p lus les participants sont nombreux, p lus on a intérêt à se
très v ivace dans le monde de l' Internet jusqu'à nos Jours. connecter pour communiquer avec eux, profiter de leurs ressources
et se faire connaître soi-même. Chaque individu a intérêt à aug-
Quel intérêt y trouve la Défense? De ce côté le point de départ est
menter l'abondance collective. Là aussi on retrouve la philosoph ie
un rapport de la Rand Corp., firme de consultants scientifiques liée à
politique des Lumières, la recherche d 'une synergie entre intérêts
l' US Air Force. L'auteur, Paul Baran, recommandait en 1963 d 'étudier
publics et intérêts privés.
la transmission de données par « paquets » en vue de constituer
des réseaux numériques décentralisés, à la fois économiques et D'autant qu'en 1971 un programmeur de la firme BBN a introduit
capables de fonctionner même après une attaque nucléaire. dans Arpanet un dispositif de courrier électronique. Des e-mails
existaient déjà dans des réseaux internes de time-sharing. Mais,
Toutefois Arpanet n'a rien à voir avec un système mil itaire de contrôle
dans un réseau « sans frontière », ils deviennent potentiellement
et de commandement « durci »: il relie des centres universitaires de
substituables au téléphone, à la poste ou au fax. Alors que personne
grandes villes qui seraient immédiatement anéantis en cas de conflit
n'en a prévu le succès, ils constituent bientôt la majorité du trafic
majeur. Du reste, des chercheurs français ont participé au développe-
sur Arpanet et sur les réseaux similaires.
ment d'Arpanet, ce qui aurait été impensable dans un projet militaire
américain. On veut seulement qu'Arpanet soit robuste: d 'abord au D'autres systèmes comparables sont en effet apparus simu ltané-
sens habituel, qu'i l continue à fonctionner ma lgré les défaillances ment. Dès 1969 ALOHAnet, lui aussi poula in de l'Arpa, a relié par
inévitables des transmis sions et des ordinateurs; et aussi au sens radio les ordinateurs des îles Hawaï: les fichiers y sont fractionnés
où son architecture - contrôle distribué dans le réseau avec une en« paquets » de 1kbits commençant par l'adresse du destinataire ;
simple surveillance centra le - permet son ajustement dynamique chaque ordinateur, doté d 'un périphérique radio à haute fréquence,
aux configurations changeantes des commutateurs et des lignes. « accepte » les paquets portant son adresse et refuse les autres. En

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- 232 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique

Angleterre, au NPL, le physicien Donald Davies - qui avait dirigé la de pair avec d 'innombrables expérimentations assorties de calculs
construction de la machine ACE Pilot après le départ de Turing - a comparatifs d 'efficacité, pour déterminer les meilleurs compromis
conçu et mis en service avec Roger Scantelbury un autre réseau à possibles en fonction des technologies existantes ou émergentes,
commutation de paquets. Concept dont il est l'inventeur, en même et des visions qu'ont les ingénieurs des usages futurs.
temps que !'Américain Paul Saran.
En France, deux projets parallèles, bientôt concurrents, ont été lancés
Bien d'autres réseaux numériques fonctionnent déjà sur des bases pour mettre en œuvre le concept prometteur de commutation de
conceptuelles plus classiques. Ainsi les réseaux militaires, souvent paquets. Le Centre national d 'études des télécommunications intègre
les premiers à être opérationnels (SAGE, Strida, etc.); les réseaux de celui-ci dans son projet Hermès qui donnera naissance au réseau
données des banques, des assurances, des compagnies de trans- Transpac, infrastructure du Minitel et d 'autres services ; puis à un
port aérien ou ferroviaire. Les grands distributeurs d 'électricité réseau numérique intégré (RNIS) auquel on fixe d'emblée comme
comme EDF ont été parmi les premiers à constituer des systèmes but d 'acheminer conversations téléphoniques, images et données.
de dispatching, vastes réseaux téléinformatiques de contrôle de la Le Plan Calcul crée à l'Institut de recherche en informatique et auto-
production et du transport de l'énergie pour optimiser en perma- matique une équipe-projet qui conçoit le réseau Cyclades, inspiré
nence la répartition du courant et éviter qu'un petit déséquilibre directement d 'Arpanet, et aboutit à des tests probants dès 1973 ;
ne dégénère en panne d'électricité à l'échelle d'un pays. Tous ces au-delà des frontières, Cyclades se connecte ensuite à Arpanet, à
réseaux sont spécifiques à une institution et utilisent des lignes NPLNet et à un réseau européen de bases de données. li produit aussi
particulières, les fichiers y circu lant en bloc de façon séquentielle, des innovations majeures, tel le concept de datagramme, qui seront
comme une conversation téléphonique. Une autre approche appa- apportées à l'œuvre commune. S'il disparaît prématurément, un autre
raît quand de grands opérateurs de télécommunications publics réseau pour la recherche, Renater, renaîtra dix ans plus tard en France.
ou privés entreprennent de constituer des réseaux de données
De leur côté, dès le milieu des années 1970, les grands construc-
universels et définissent pour cela des normes comme X25.
teurs d 'ordinateurs proposent des systèmes de réseaux « proprié-
Le développement de ces systèmes a formé des compétences taires » comme IBM SNA ou DECnet. Parmi les grands utilisateurs,
humaines et poussé à la réalisation de matériels et de logiciels 250 banques d 'Europe et d 'Amérique s'entendent pour constituer
spécifiques. Depuis la fin des années soixante, les nouveaux ordi- le réseau de données interbancaires SWIFT, opérationnel en 1977.
nateurs sont conçus pour pouvoir fonctionner en réseaux, perçus
Ces déploiements de réseaux s'appuient non seulement sur des
comme l'horizon de l'informatique future. On songe surtout au
technologies en évolution rapide, mais aussi sur des visions de la
time-sharing et à de vastes systèmes de management intégré, mais
société future: un management plus fluide et moins hiérarchique,
la convergence entre l'informatique et les télécommunications est
fondé p lus sur la communication instantanée que sur l'autorité
déjà bien amorcée.
hiérarchique ; une société sans paperasse et sans argent liquide;
et bien sûr un partage du savoir p lus égalitaire, favorisant la com -
Vers l'interconnexion (1973-198:1) préhension entre les classes et les cultures.

Une partie des recherches visent à définir des protocoles permet- Peut-être l'exemple le plus achevé - et le plus éphémère -
tant à la fois la mise en communication des ordinateurs du réseau, de l' utopie communicationnelle est le réseau expérimental
le transfert de fichiers, la messagerie et d 'autres fonctions. Elles vont qui, en juillet 1977, met en liaison à travers le Rideau de fer des

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Chapitre B - L'ère des réseaux numériques - 233 -

scientifiques et des ordinateurs d'Autriche, des États-Unis, de nément aux Bell Labs, le système d 'exploit ation Unix favorise des
Pologne et d ' URSS. L'initiateur est Gennadij Dobrov, un chercheur modes d' utilisation ouverts. Une fois le protocole TCP/ IP adopté
soviétique qui souhaite rétablir la coopération scientifique inter- par l'équ ipe Arpanet et intégré dans Unix, quiconque exploite un
nationale. li utilise à fois la technologie et la zone fran che Est-Ouest réseau local sous Unix peut connecter celui-ci au réseau global.
qu'essaie d 'être à l'époque l' Institut internationa l pour l'analyse
La possibilité d'interconnecter les réseaux prend donc corps. Ainsi
des systèmes (IIASA) à Vienne.
naît l'Internet, qui mettra encore deux décennies à s'imposer. Temps
Ce foisonnement de réseaux pose la question des normes. Celles-ci nécessaire pour qu'une techn olog ie se diffuse, à partir de quelques
re lèvent de deux organisations internationales, où s'engagent des milliers d 'experts, dans le corps social sur cinq continents. Pour
négociations tendues, les enjeux étant considérables. Le CCITI, qu'une « gouvernance » adaptée se mette en place. Et pour que
qui représente les administrations des PTT, adopte la vision des soient développées les applications susceptibles d 'intéresser des
ingén ieurs des télécommunications : circuits virtuels et standard millions d'utilisateurs.
X25, ra ssemblant assez de pays pour l'imposer face aux systèmes
propriétaires des grands constru cteurs comme IBM. L'ISO, instance
de l'ONU plus proche des industriels, adopte en 1977 une norme De l'État au marché (1983-1993)
plus conforme à la vision des informat iciens.
Aux États- Unis, des universitaires ne travaillant pas sous contrat
Sans t rop s'en préoccuper, l'équipe Arpanet a entrepris en 1973 militaire et n'ayant donc pas accès à Arpanet, ont créé leurs propres
de remplacer son protocole interne NCP, pour permettre l'inter- réseaux vers 1980 : CSNET, Bitnet, Usenet. Ils son t assez hétéro-
connexion des réseaux. Robert Kahn et Vinton Cerf reprennent le gènes, l'un est influencé par IBM, l'autre est sous Unix .. .
problème à la base, en collaboration avec deux Français de l'équipe
En 1984 le Pentagone scinde Arpanet en deux réseaux. Milnet est
Cyclades, Louis Pouzin et Hubert Zimmermann. lis trouvent le moyen
réservé aux militaires pour leurs communications internes non
de « cacher » les différences entre protocoles particuliers sous un
secrètes. Arpa net continue à relier les centres universitaires. Il est
protocole commun et de confier la fiabi lité de l'ensemble non plus
bientôt t ransféré à l'agence de rec herche civile, la National Science
au réseau, mais aux ordinateurs hôtes. Ces principes simples doivent
Fou ndation (NSF).
permettre de connecter presque n'importe quel réseau de paquets
à un autre. Et d'étendre le réseau à volonté, puisque « l'intelligence » Or celle-ci a entrepris de créer un réseau à grande capacité, NSFNet,
réside dans les ordinateurs qu'il sera fac ile de faire évoluer. pour relier les supero rd inateurs des grands centres de calcul. La
réalisation est sous-traitée à IBM, qui accepte le protocole TCP/ IP
Le résultat est une norme de fait, Transmission Contro l Protocol /
(décision historique!), et à MCI (rachetée plus tard parVerizon) pour
Intern et Protocol (TCP/IP), que l'on teste entre plusieurs réseaux
le câble « dorsal » (backbone) en fib res optiques. Les performances
dans la seconde moitié des années 1970. Le 1erjanvier 1983, Arpanet
de l'infrastructure NSFNet sont telles qu'elles attirent les amateurs
migrera définitivementversTCP/ IP qu i deviendra une base durable
de connexion bien au-delà du p etit m o nd e du calcul inten sif.
du réseau Internet.
Rapidement les réseaux universitaires, Arpanet incl us, basculent
D'autres séri es de développements, issues d 'autres contextes, vers NSFNet et s'y fondent entre 1987 et 1990. C'est alors que l'on
viennent ren forcer le processus. Inventé en 1973 au Xerox Park, commence à utiliser couramment le mot Internet, dans les milieux
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Ethernet a montré la voie des réseaux locaux. Développé simulta- concernes qui sont encore assez restreints.

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- 23'i - Histoire illustrée de l'inJ:armatique

Une aut re chaîne d'événements vient rejoindre cette dynamique. L'ouverture d'Internet et le Web (1993-2DD3)
Les micro-ordinateurs se sont fait une place, non sans opposi-
On comptait dans le monde en 1990 environ cent mille ordinateurs
tions, dans le m onde professionnel. Dès le milieu des années
con nectés qui échangeaient des courriers électroniques, permet-
1980, certains grands constructeurs les ont reliés par des sys-
taient des recherch es d'i nformatio n dans des grosses bases de
tèmes de réseaux locaux ou « LAN » (AppleTalk, TokenRing d' IBM)
données et afficha ient des foru ms de discussion. Ce nombre passe
typiquement à la dimension d' un immeuble de bureaux o u d' un
à 2 millions en 1993. Parmi eux, quelques centa ines de serveurs.
département universitaire. Il suffit qu'un ind ividu prenne l'ini-
Une difficulté majeure est la recherche d'informations : l' Internet
tiative de connecter son réseau local à l'Internet pour que de
ressemble alors à une immense bibliothèque qui n'aurait pas de
nombreux uti lisateurs de PC y aient accès. Com me c'était déjà
catalogue. Au point que beaucoup d'informaticiens se demandent
le cas avec Ethernet et les st ations de travail. Tou s ces affluent s
à quoi il pourra bien servir, au-delà des échanges d'ema il s et des
g rossissent le fleuve.
consultations de bases de données scientifiques.
Les réseaux numériques à vocation commercia le se sont déve-
La solution est trouvée par au moins trois équipes dans le monde.
loppés parallèlement: Tymnet, Telenet, Compuserve, American
La plus connue est formée parTim Berners-Lee et Robert Ca ill iau,
On Li ne, etc. Fondé en 1984 par IBM, les magasins Sears et la
alors chercheurs au Centre européen de recherches nucléaires
chaîne de TV CBS, Prodigy proposait aux abonnés au téléphone
(CERN). Ils ont développé les protocoles et logiciels nécessaires à
de leur instal ler un micro-ordinateur, un modem et des logiciels
l'échange et l'affichage d 'info rmations via des liens hyp ertextes.
de communication incluant une interface graphique pour tra n s-
Ce qui permet à chacun de publier un document en ligne en le
mettre de la publicité. Ce qui en fa it l' un des ancêtres de l' Internet
re liant à d 'autres sites ; et rend praticables les recherches d'in-
d 'aujourd'hui.
formation sur l' Internet. Encore faut-il développer l'outi l pour ce
Ces réseaux commercia ux pouvaient se connecter à l'Internet, faire, annuaire ou navigateur. Au début, ce World Wide Web n'est
à conditio n de respecter la politique « d 'utilisation acceptable » accessible qu'aux physiciens du CERN équipés d'une station de
de la NSF: f inancée par le contribuable américain, ce lle -ci ne travail NeXt. Tout cha nge en 1993 lorsque le Web s'articule au
pouvait servir des intérêts particuliers. Les connexions serva ient navigateur Mosaic, développé au National (enter for Supercom-
donc su rtout au t rafic de courri er électronique. Mais ce mélange puting Applications américain (notons à nouveau le rôle moteur
d 'intérêts, favorable en so i à l'expansion d'Intern et , éta it ins- des grands centres de calcu l intensif). Le succès de leur système
table. Le principe « d' utilisation acceptable » n'allait pas résister fait rapidement oublier Gopher, un logiciel similaire au Web, créé à
lo ngtemps. l' université du Minnesota. Ce succès condui ra même à confondre
le Web avec l' Internet.
Le 23 novembre 1992, un amendement législatif promulgué
p ar le président G.W. Bush autorise, par une for mulat ion sub- Le problèm e principal est d 'adapter l'Internet au commerce. Les
tile, l'accès aux réseaux informatiques liés à la NSF « pour des réseaux numériques préexistants (M initel, Prodigy, AOL ... ) pos-
fins venant en sus de la recherche et de l'en seignement ». En sédaient des formules de paiement des connexions et des t ran-
deux mots, le go uvernem ent américa in a ouvert l' Int ernet au sactions, qui n'exist ent pas dans l'en semble Internet-Web. Des
com merce. L'a nn ée suiva nte, la NSF en transfère la gestion au centaines de jeunes développeurs se mettent à inventer des logi-
secteur privé - la gestion de l'infrastru ctu re, comme cel le des ciels ad hoc, souvent dans des universités américaines, puis créent
noms de domaine. leu rs entreprises avec le soutien financier de capital-risqueurs. Une

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Chapitre B - L 'ère des réseau x numéri ques - 235 -

100%
concurrence féroce s'engage, qui stimule l'innovation et aboutit des usages ne doit pas masquer que
généralement à la victoire totale d 'un des protagonistes suivant les investissements en production et
le modèle économique du winner takes al/. en infrastructures sont gigantesques; 80o/o
et qu'écrire un logiciel tel qu'Apache
Des articles enthousiastes dans la presse font découvrir l'Internet
ou Firefox reste un exercice de haute 60%
et le Web au grand public. Les micro-ordinateurs s'étant déjà large-
technologie nécessitant plusieurs cen-
ment répandus dans les entreprises et les foyers, quiconque les uti-
taines d 'années de travail cumulées
lise peut, en acquérant un modem et un abonnement à un serveur, 40o/o
pour des professionnels très qualifiés.
accéder aux nouvelles « autoroutes de l'information ». Par effet de
réseau, les premiers qui ont un accès Internet pressent leurs amis Une « nouvelle économie » ? L'expres- 20%
et connaissances de s'y connecter aussi, pour communiquer plus sion a fait fl orès et motivé bien des
facilement qu'avec le courrier ou le fax. investissements plus ou moins réflé -
chis à l'époque où gonflait la « bulle 1990 1995 2000 2005 2010
En 1995, la plupart des grandes organisations (administrations,
Internet » à l'approche de l'an 2000,
banques, etc.) se rendent visibles sur l' Internet en y créant leurs L'expansion d'Internet :
avant d 'éclater en causant surtout une
sites d 'i nformation . Deux ans p lus tard, elles é largissent les fonc- nombre d'utilisateurs pour
nouvelle crise économique. Mais celle-ci n'a été qu'un accroc dans
tionnalités de ces sites aux échanges interactifs, par exemple les 100 habitants, par pays.
le processus de réorganisation de l'économie mondiale autour de On voit que, dès avant 2010,
transactions commerciales ou bancaires, qui nécessitent la mise
l'i nformatique, dont l'Internet est l'une des man ifestations: véritable la Chine compte plus
au point de protocoles sécurisés. Notons que ce processus et ce
révolution cyberindustrielle qui remet en cause les institutions de d'internautes que tout
calendrier d 'adoption de la technologie reproduisent exactement
tous les pays et engendre un nouveau système de production. autre nation au monde.
celui qu'on avait observé quinze ans p lus tôt avec le Minitel.

L'expansion d 'Internet s'articule avec une profonde mutation de


l'informatique. Il est évident que « l'économie numérique » d 'au- La maturation d'Internet (2DD3· ?)
jourd' hui diffère profondément de l'industrie informatique tel le
Au début du xx1c siècle, l'Internet a surmonté ses premières crises de
qu'elle existait dans les années cinquante à quatre-vingt du xxc
croissance. Par essais et erreurs, controverses et affaires judiciaires, de
siècle. Si IBM en reste l'un des grands acteurs, la firme qui conserve
« bonnes pratiques » se sont dégagées, ainsi que des modèles écono-
ce nom a profondément changé par rapport à ce qu'elle était il y
miques possibles. Sa « gouvernance » est assurée en majeure partie
a encore vingt ans. La mutation touche aussi les constructeurs de
par l'ICANN en ce qui concerne le nommage ; et, en ce qui concerne
matériels pour opérateurs téléphoniques: ceux qui ne passent pas
le routage, par des accords souvent secrets entre les opérateurs dont
assez vite de la téléphonie aux appareils pour réseaux IP se vouent
les 15 plus importants constituent le Tier 1. L'Internet a traversé la bu lle
à l'extinction, aussi sûrement que les construct eurs mécanogra-
spéculative et son éclatement - assorti de la disparition de maintes
phiques de 1950 qui ne passaient pas à l'électronique.
« e-entreprises » et de nombreux business angels qui étaient prêts
En moins d 'une génération humaine, l'informatique semble pas- naguère à y risquer leurs capitaux. Avec des fournisseurs d 'accès bien
ser de processu s industriels très coûteux, maîtrisés par une élite rodés, une infrastructure réseau de plus en plus robu ste, des prix en
d 'ingénieurs, à l'ubiquité débridée des objets connectés et à un baisse, des internautes sans cesse plus nombreux et expérimentés, des
Internet où chacun peut créer sa page web. Cette popularisation matériels informatiques et des systèmes d 'exploitation tous conçus

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- 236 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique

désormais pour les usages connectés, l'Internet fait maintenant partie 1993 ~ Le Web et l'ouverture d'Internet
de l'environnement de milliards de personnes. Qu'on soit un com-
Au début, l'utilisation d'Internet était limitée par la difficulté à y cher-
merçant, un dirigeant politique ou administratif, un collégien ou un
cher l'information. Une solution est trouvée par deux chercheurs
agriculteur sur l'un des cinq continents, la question n'est plus « si » on
du Centre européen de recherches nucléaires (CERN) à Genève, Tim
utilisera l'Internet, mais comment et pour quels usages.
Berners-Lee et Robert Cailliau. Ils ont développé en 1989-1991 un
'
A ces questions, l'industrie informatique répond avec empresse- ensemble de protocoles et de logiciels qu'ils ont nommé hardiment
ment par ses offres innombrables. Industrie renouvelée par l'émer- World Wide Web. Celui-ci combine un log iciel de serveur, un naviga-
gence de géants comme Google et Amazon, et par la métamor- teur et un éditeur de documents permettant de créer des pages en
phose de firmes établies comme IBM, Apple ou Microsoft. ligne et d 'y insérer des liens hypertextes avec d 'autres documents
situés sur n'importe quel autre site Internet dans le monde.
La maturation et l'expansion d' Internet sont encore favorisées par
deux nouveautés techniques: le haut débit et le wifi. L'Internet ayant Le WWW initial n'est disponible que sur les stations de trava il NeXt
démontré son aptitude à servir le marché de masse et les services (un petit parc de 50 000 machines) et son navigateur est peu efficace
existant déjà, beaucoup d 'acteurs sont prêts à payer un supplément - il ne gère d 'ai lleurs pas encore les images. Le CERN accordant
pour avoir un accès p lus rapide ou développer de nouvelles appli- peu de moyens à ce développement, il a été constitué en réutilisant
cations qui en profiteront. La maturation va de pair avec un cercle des éléments logiciels préexistant, mais cette rusticité deviendra
vertueux de l'incitation à investir. C'est ce que font les opérateurs de un avantage décisif. Tim Berners-Lee invente trois standards qui
télécommunications ou de télévision par câble et d 'autres firmes,
comme les grandes banques qui remplacent leurs équipements de
La première page web dans le premier navigateur.
réseau par des matériels à haut débit pour faire face à l'explosion
du trafic Internet qu'elles vont elles-mêmes alimenter en contenus.

Le concept de wifi remonte en partie au réseau hertzien ALOHAnet,


dans le Pacifique, et à Ethernet inventé au Xerox Park. En 2003, un
consortium d 'industrie ls américains se constitue en Wifi Alliance.
Intel annonce qu'elle intègre un dispositif de connexion sans fil,
Centrino, dans tous les notebooks qu'elle équipe, contribuant à la
diffusion des ordinateurs portables - et à l'encombrement des
tables des cafés. Simultanément, le Blackberry devient un outil
OYD<D1f·:re:1,
de travail et de prestige pour des millions de professionnels qui y
trouvent une combinaison idéale de téléphone portable, d 'agenda
électronique et de terminal pour échanger des e-mails. Bien d 'autres
applications, objets et pratiques suivront, dont les images et les
notices de ce chapitre offrent un aperçu représentatif.

Comment caractériser la décennie commencée en 2013 ?Tout porte à


croire qu'elle s'intitulera « l'Internet des objets »... Rendez-vous en 2023 !

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Chapitre 8 - L 'ère des réseaux numériques - 231 -

seront adoptés par les navigateurs ultérieurs : HypertText Transfer la vidéo. Aucun autre équipementier n'a alors une vision aussi
Protocol (HTTP) qui permet au navigateur de demander une page claire de l'expansion à venir du réseau, et la stratégie de Cisco
sur le réseau et aux serveurs de la transmettre ; HypertText Markup réussira pleinement.
Language (HTML) qui code et décode les pages web et permet de
les afficher; l'Uniform Resource Locator (URL) qui étend le système
de noms de domaines à des adresses explicites (par exemple www.
edpsciences.org/ index.html) au lieu de chiffres pour identifier des 1993 ~ NCSR Masaic
ressources et des ordinateurs connectés.
Développé au National (enter for Supercomputing Applications
En 1993 le CERN décide de diffuser gratuitement ce système, qui se américain (NCSA) et distribué gratuitement, Mosaic est le naviga-
répand donc rapidement sur l'Internet à mesure qu'il est porté sur teur qui a le plus contribué, initialement, à répandre l'utilisation du
différentes plate-formes informatiques; et que ses standard s sont World Wide Web. Apportant des fonctionnalités graphiques nou-
adoptés par de nouveaux navigateurs. Le « Web » éclipse bientôt velles, il est le premier navigateur à être disponible pour les principaux
Gopher, un système comparable inventé à l'université du M innesota, types de micro-ordinateurs et à inclure les formulaires interactifs
mais que celle-ci a rendu payant. dans les pages - innovation importante pour le développement
du commerce électronique. Un an après sa sortie, les neuf dixièmes
Ce succès conduira même à confondre le Web avec l'Internet. Rap-
des internautes utilisaient Mosaic sous Unix. Son développement
pelons que celui-ci est essentiellement une infrastructure réseau,
sera arrêté en 1997.
form ée de moyens de transmission (câbles, ondes hertziennes dans
des zones marginales) et de moyens de commutation (routeurs), avec
les protocoles (TCP/ IP, ATM) et les logiciels qui permettent à ceux-ci
de fonctionner et de faire circu ler les données entre les réseaux, en
fonction du système d'adresses IP. Toute une industrie de câbliers
1993 ~ Architecture client-serveur
et de fournisseurs d 'accès (FAI) s'occupe aujourd'hui d'installer et La majorité des réseaux numériques avant Internet se composaient
de rentabiliser cet ensemble. Beaucoup d'objet connectés uti lisent principalement d 'un ou plusieurs ordinateurs centraux, chargés des
l'Internet sans passer par le Web. données et de leurs traitements, et reliés à de nombreux terminaux
« passifs ». La diffusion massive des PC et leur connexion aux réseaux
met en œuvre une nouvelle architecture des applications. Celles-ci
sont alors composées de deux logiciels (au minimum), coopérant
1993 ~ Cisca à la réalisation d 'un même traitement : un module client installé
sur le poste d e travail (micro-ordinateur, et maintenant téléphones
Fondée par un couple d'informaticiens de l'université de St an ford,
ou tablettes), un module serveur implanté sur le ou les ordinateurs
Cisco a gagné sa réputation au temps de l' Internet universitaire en
chargé(s) de rendre le service. Le serveur peut être un micro, un
développant d e bons routeurs qui permettaient d'interconnecter
mini ou un grand système.
des réseaux sous différents protocoles de communication. En
1993, Cisco est restructurée par une nouvelle direction qui entre- L'architecture client-serveur s'est d 'abord développée dans des
prend d 'en faire le leader mondial des matériels informatiques réseaux locaux, fermés, à l'intérieur des organ isations : les intra-
pour Internet, aussi bien pour les données que pour la voix ou nets. Internet est considéré comme une architecture client- serveur

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- 238 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique

de taille mondiale. Les serveurs distribuent des pages hypertexte de déterminer si les visiteurs du site l'ont déjà visité auparavant -
contenant textes, images, vidéos et sons. Ils jouent aussi le rôle de plus généralement de maintenir les données relatives à l'utilisateur
serveurs d'objets (app/ets). Le modèle client-serveur est omniprésent durant sa navigation et lors de ses visites ultérieures.
dans les « applis » de téléphone mobile, qui utilisent l'infrastructure
Les cookies sont bientôt intégrés dans d 'autres navigateurs. L'intro-
Internet mais pas toujours à travers le web. Ces applis sont devenues
duction des cookies se fait discrètement, et ce n'est qu'un ou deux
un énorme marché de programmation et ont diffusé la pratique de
ans plus tard que les médias commencent à évoquer de possibles
la programmation distribuée.
intrusions dans la vie privée des internautes. li faudra encore de
longues années pour que ceux-ci en soient informés par les sites
web qu'ils consultent et puissent sélectionner leurs « préférences »
en la matière.
1994 • Netscape Navigatar
Premier navigateur commercial diffusé à grande échelle, Netscape
rencontre dès son lancement un succès fulgurant, éclipsant vite son
prédécesseur Mosaic. Ses auteurs, une équipe issue de NCSA Mosaic 1994 • Algorithme quantique
qui proclame son ambition de supplanter Microsoft sur Internet,
L'informatique quantique est le nouveau graal des chercheurs. Il
lui ajoutent vite des fonctionnalités convaincantes : les cookies, le
ne s'agit plus de manipuler des bits pouvant va loir O ou 1 mais des
protocole de sécurisation des échanges SSL, le langage JavaScript.
qubits (quantum bits) qui se trouvent dans une superposition de ces
Et plus tard Java, qui est à la fois un langage de programmation et
deux états. Alors qu'une série de n bits peut prendre une valeur
une plate-forme d 'applications à vocation universelle.
parmi 2" possibles, un ensemble den qubits est dans une superpo-
Netscape a le mérite d 'être disponible pour la plupart des systèmes sition de ces 2° états. Quand un opérateur est appliqué à l'ensemble
d 'exploitation, en particu lier MacOS, Unix et Windows. Mais celu i- ci de ces qubits, il est appliqué aux 2° états en même temps, ce qui
étant déjà prépondérant sur les PC et Microsoft déployant une équivaut à un calcul parallèle sur 2" données en même temps.
offensive sur tous les fronts pour imposer son propre navigateur
Le domaine de recherche des ordinateurs quantiques se révei lle bru-
Internet Explorer, Netscape passera à son tour au second p lan, pour
talement en 1994 lorsque Peter Shor, chercheur chez AT&T, invente
réapparaître momentanément dans Mozilla Firefox.
un algorithme théorique permettant la factorisation d 'un nombre
entier en temps polynom ial sur un éventuel ordinateur quantique
alors que les meilleurs algorithmes classiques connus nécessitent
un temps exponentiel. Cette difficulté de factorisation étant la rai -
1994 • Caakies son principale de la validité de certains algorithmes de chiffrement
(RSA par exemple), on comprend le soudain intérêt manifesté par
Les cookies étaient initialement des paquets de données qu'un pro-
les gouvernements et grandes entreprises, et le déb locage des
gramme recevait et renvoyait inchangés. Leur utilisation sur le web
crédits de recherche. Depuis, les avancées théoriques se heurtent
est adoptée en 1994 dans le navigateur Netscape pour une appli-
aux difficultés techniques : construction des qubits et intrication,
cation de e-commerce (un brevet sera obtenu en 1998). Les cookies
préservation de la superposition des états, mémorisation . .. Les
permettent d 'implémenter le panier d 'achat virtuel d 'un magasin et

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Chapitre B - L ' ère des réseaux numériques - 239 -

ou alphanumériques. Ses spécificati ons ont été publiées en 1999 et


il a rapidement été adopté par l'ensemble des acteurs économ iques
en raison de sa grande fl exibilité (p lusieurs tai lles de QR-code
existent pouvant coder des numéros d 'identification, des URL, des
coordonnées géographiques, du t exte brut ... ), de sa fiabilité (les
informations codées incluent un code correcteur d 'erreurs permet-
tant la lecture même lorsque le dessin est d égradé), et surtout de
sa faci lité d 'utilisation liée à l'explosion des smartphones. Exemple de OR-code.

Structure d'un OR-code•


• 1. Information de version

2. Information de format

3. Données et codes correcteurs

~ 4 . Bl ocs obligatoires
« Processeur » S12 qubits de 0-Wave.

D 4 .1. Positionnement

quelques petits « ordinateurs » quantiques existants sont encore [ : ] 4 .2. Alignement


des jouets de laboratoire sans applications concrètes (et peut-être
le resteront-ils) mais les promesses sont imm enses (augmentation
•• 4.3. Timing

importante des performances).



5. Marge
La société D-Wave a présenté en 2011 ses premiers ordinateurs quan-
tiques spécialisés capables de résoudre certains problèmes d'opti-
misation à l'aide d 'un circuit manipulant des qubits et effectuant 1995 ~ Le langage PHP
un recuit simulé quantique à très basse température. Il ne s'agit pas
Le premier langage d 'écriture d e pages web, HTM L, permettait la
d'un calculateur quantique généraliste mais plutôt d'un optimiseur
const ruct ion de pages st atiques dont le contenu éta it fi xe. Afin
utilisant des propriétés quantiques pour accélérer le traitement.
d 'avoir des pages web variables incluant des éléments récupérés
« au vol » lors de la connexion d ' un navigateur, via une base de
données par exemple, Rasmus Lerdorf commence en 1994 le déve-
loppement d 'outils qu'il appe ll e Persona/ Home Page/ Forms lnter-
1994 ~ QR-cade preter. Une fois le code rendu public un an après, de nombreux
L'entreprise japonaise Denso-Wave crée le QR-code en 1994 afin informaticien s vont l'améliorer pour aboutir à un langage complet
de suivre des pièces détachées dans l'industri e automobile. li s'agit de description de pages web dynamiques : PHP dont l'ac ronyme
d'un code-barres bidimensionnel codant des données numériques récursif sign ifie m ai ntenant PHP: Hypertext Preprocessor.

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- 2"i0 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique

1995 ~ Le langage Java avec l'ambition de couvrir l'ensemble de la Toile. Mais la rapide crois-
sance du nombre de serveurs (10 000 fin 1994, 23 000 six mois plus
Travaillant chez Sun, James Gosling développe le langage Java. C'est
tard) rend le travail d'indexation de plus en plus lourd et oblige à
un langage objet, multi-plateforme car interprété par une machine
employer beaucoup de main d 'œuvre. David Filo et Jerry Yang trans-
virtuelle et adapté aux applications réseaux. Parmi les avantages qui
forment leur activité en entreprise, obtiennent du capital -risque et
en ont fait le succès, il est bien adapté au développement d'appli-
profitent de la publicité faite au web par les media . Yahoo affronte
cations client-serveur, et les logiciels écrits en Java sont facilement
vite une forte concurrence, mais parviendra a y survivre Jusqu a
' • • I '

portables sur plusieurs systèmes d 'exploitation courants. •


nos Jours.

1995 ~ Javascript 1995 ~ altavista.digital.cam


Développé en collaboration avec Sun et Netscape, JavaScript est
Développé par des chercheurs de Digital Equipment, principale-
un langage de scripts facilitant la production de pages web inte-
ment Louis Monier et Michael Burrows, AltaVista est le premier
ractives en permettant au navigateur de manipuler directement les
moteur de recherche capable d'indexer rapidement la plupart des
éléments d'une page. En 1995, Netscape intègre JavaScript dans son
pages web, puis de lancer la quête d 'images, de fichiers audio et
navigateur web. Le succès de ce navigateur contribue à l'adoption
de v idéos. Contrairement aux annuaires, il utilise un logiciel navi-
rapide du nouveau langage (qui diffère nettement de Java) dans le
A I gateur: celui-ci explore quelques pages web pertinentes en fonc-
développement web côté client (mais aussi plus récemment cote
tion de mots-clés, puis suit les liens vers d 'autres pages, selon des
serveur). Survivant à Netscape, Javascript est devenu le langage
modèles mathématiques conçus pour optimiser l'efficacité et la
dominant du web (notamment dans les applications pour smart-
pertinence de la recherche.
phones et tablettes), depuis que celui-ci n'est plus formé princi-
palement de pages statiques mais de programmes client-serveur Dès le début il parvient à indexer environ 20 millions de pages
distribués. web, beaucoup plus que les autres logiciels concurrents (Lycos,
Excite, lnfoSeek . .. ). Exploit rendu possible par l'enregistrement
de la base de données entière en mémoire, sur une v ingtaine
d 'ordinateurs totalisant 130 Go de mémoire vive et 500 Go sur
disques dur (en 1998) - capacité gigantesque à l'époque et qui
1995 ~ Yahaa! nécessite de gros investissements. Alta Vista est également le pre-
mier moteur de recherche multilingue (la version française appa-
Pour chercher de l'information sur Internet, il existe deux types de
raîtra en février 2000). Il devient vite le plus important moteur de
formules: l'annuaire et le navigateur. C'est la première, la plus évi-
recherche textuelle utilisé dans le monde, avant d 'être dépassé par
dente, qu'ont mise en œuvre des internautes qui voulaient rendre
Google. Depuis l'absorption de DEC par Compaq, AltaVista a en
service à la communauté, en établissant des listes thématiques de
effet changé plusieurs fois de propriétaires qui n'ont pas toujours
pages web avec les liens correspondants. Parmi eux, deux étudiants
perçu son potentiel. Il finit chez Yahoo qui l'arrête en 2013 avec
de Stanford ont créé Jerry and David's Guide to the World Wide Web,
d 'autres services web.

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Chapitre B - L ' ère des réseaux numériques - 2'il -

1995 ~ Rmazan.cam 1995 • Windows 95


Ne voulant pas rater le boom d u commerce électronique, Jeff À gran d renfort de publicité, M icrosoft sort la nouvelle version de
Bezos crée la librairie en ligne Amazon.com. Aucun profit n'est son système d'exploitation, Windows 95. Celui-ci est b ien repré-
réa lisé les cinq premières années mais l'entreprise survit à l'écla- sentatif de deux phénomènes : le déve loppement d'interfaces
tement de la bulle Int ernet en 2000, avant de voi r arriver ses graphiques, pour rivaliser avec celles offertes depuis 1O ans pa r les
premiers bénéfices. Le succès n'a fait que se confirmer depuis, Macintosh d'Apple et par IBM 05/ 2; et l'incertitude, courante alors
Évolution de la gravure
avec un élargissement progressif des vent es vers les DVD, fichiers dans la p rof ess ion, sur la p lace qu'il convient d'accorder à Int ernet. sur les supports optiques.
MP3, appareils électroniques puis l'habi llement, les jouets, la r
Achaque generat1on,
'I.. I •

M icrosoft réussit à intégrer ses produits précédents MS-DOS et


nourriture et les bijoux. Dernièrement, Amazon s'est lancé dans la taille et l'espacement
Windows avec un environnement graphique, produisant un sys-
le stockage dématérialisé (cloud computing) en proposant des des trous portant 11nforma-
tème convivia l convaincant à un p rix très inférieur à l' IBM 05/ 2. tion se réduisent, ainsi que
offres de stockage, d 'hébergement et de calcul distribués.
Porté par l'immense parc instal lé de PC compatibles, Windows la longueur d'onde du laser
En raison de sa position domi- permettant la lecture.
nante dans le commerce su r
Internet, Amazon est régu lière-
ment au centre de polémiques CD DVD HD DVD Blu-ray
sur les conditions de t ravai l au 1 = 800 nm 1 = 400 nm 1 = 200 nm 1= 150 nm
sein de ses immenses entrepôts
•• • •
de stockage et sur sa capacité
W=
600 nm ••
W=
320nm ••••
-· ...- - W=
200 nm •••-··• • W=
130 nm
à échapper aux taxes via des
montages fi scaux sophistiqués. • p=
-·- p= -·
-· .
.... p=
320 nm
l740 nm
••• 400nm
• •••
0=
1.6 µm
........... -- ••
•• 620 nm
0 =
-··
• • -·· 480 nm
• •
-c::::,-0-....-t-'
e • • -
0=

1995 ~ Le DVD-RDM
Le successeur du CD-ROM prend
_J L J L
"= 405 nm
J

un essor fulgurant. Sa capacité


À= 780 nm À= 650 nm À= 405 nm
aussi puisqu'el le passe à 4,7 Go
pour les modèles les plus simples ~====~ 0.1 mm 0.6 mm 0.6 mm
(mono-couche, mono-face) . Sa
1.1 mm
1.1 mm
capacité sera étend ue en 2007 0.6 mm 0.6 mm
- - - ===;;;i;::;==--- -:i O.1 mm
avec le DVD Blu- ray qui est su r-
tout utilisé par l'industrie cinéma-
tographique comme support de
films à haute définition ou en 3D.

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....
- 2'i2 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique

95 remporte un énorme succès commercial. Deux ans après sa ment de capacité dans une variable enregistrant un paramètre de
sortie, en 1997 il sera le système d 'exploitation le plus diffusé au vol. La valeur erronée enregistrée a provoqué la mise hors-service
monde : 100 millions de copies vendues, soit 69,4 % de parts de des calculateurs de bord et l'autodestruction de la fusée.
marché contre 4,6 °/o pour Mac OS et 2,4 °A> pour Linux.
L'histoire informatique est jonchée de bogues ayant entraîné des
Ce succès n'est pas gêné par le manque initial de connectivité avec pannes matérielles parfois graves: irradiations et décès de patients
Internet. Les versions originales de Windows 95 ne sont vendues lors de dysfonctionnements de l'appareil de radiothérapie The -
ni avec Internet Explorer, ni avec le protocole TCP/ IP installé par rac-25 (1985- 1987), décalage d ' horloge empêchant un missile
défaut. Ces logiciels ne seront fournis qu'avec des versions spé- Patriot de détruire un missile Scud qui explosera en tuant 28 soldats
ciales ou lors des révisions u ltérieures. Trois ans plus tard, Microsoft pendant la guerre du Golfe (1991 ), perte de la sonde spatiale Mars
commercialisera Windows 98, intégrant d 'emblée les fonction- Climate Orbiter en raison d'une incompatibilité d 'unités entre sys-
nalités liées au web ... et gagnant la « guerre des navigateurs » tèmes métrique et anglais lors du passage de données entre deux
contre Netscape. programmes (1999) ... Ces ratés informatiques peuvent souvent
s'expliquer par des erreurs de conception ou de développement,
par une mauvaise gestion du cahier des charges et des tests de
qualité, ou par une réduction du budget de maintenance.

199& • Le Netwark Computer


Pour contrer l'hégémonie d 'Intel (microprocesseurs) et de Microsoft
(système d 'exploitation Windows), plusieurs constructeurs lancent
le projet de Network Computer, terminal intelligent récupérant
1996 ~ La Chine entre en scène
programmes et données directement du réseau. Équipé d 'un pro- La Chine communiste s'est d'abord appuyée, au début des années
cesseur moins puissant, sans disque dur, il devait faire baisser les 1960, sur les technologies de son allié soviétique pour construire ses
prix des machines et faciliter l'accès à Internet. Mais il n'a jamais premiers ordinateurs à tubes. Puis, tout en essayant quelques déve-
réussi à se faire une place, principalement en raison de la baisse de loppements internes, elle a recouru massivement aux importations
prix des PC, du manque de support logiciel et du faible débit des de matériels informatiques des pays capitalistes, que ses ingénieurs
connexions réseaux de l'époque. analysaient m inutieusement pour les copier ou s'en inspirer (famille
de processeurs DJS). Après la parenthèse sanglante de la Révolution
culturelle où elle s'était refermée sur elle-même, elle achète aussi
des usines clés en main aux Occidentaux. Son premier ordinateur
à circuits intégrés date de 1970. Son premier micro-ordinateur, le
1996 • Explasian d'Ariane S : DJS-05 (1977), est entièrement équipé de circuits MOS LSI déve-
le caût du bague loppés en Chine.

Le 4 juin 1996, 37 secondes après le décollage, le vol inaugural du lan- Le 7e Plan quinquennal élaboré par le gouvernement pour la
ceur européen Ariane 5 se solde par l'explosion de la fusée. Cet échec période 1996-2000 se donne pour objectif d 'augmenter la part de
est causé par un dysfonctionnement informatique lié à un dépasse- composants nationaux dans les ordinateurs assemblés en Chine

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et d 'aider quelques fabricants de micro-ordinateurs à att eindre
un chiffre d 'affaires supérieur à un milliard de dollars. Pékin invite
des entreprises multinationales à créer des partenariats avec des
firmes locales et à leur transférer des technologies, en échange d 'un
accès à l'immense marché chinois. Y compris à la clientèle des admi-
nistrations publiques qui pratiq uent un patriotisme économique
très contrôlé. Les constructeurs étrangers d'ordinateurs personnels
couvrent rapidement 60°/o du marché chinois, mais reculent ensuite,
les con structeurs nationaux devenant t rès compétitifs.

Toutefois la Chi ne ne possède pas (pas encore) les capacités de


conception et de production des microprocesseurs les plus avan-
cés (finesse de gravure inférieure à 32 nanomètres), t echnologies
stratég iques soigneusement contrôlées par les pays qui les ont
développées.

1997 ~ Deep Blue bat Kasparav


Dès les débuts d e l'informatiqu e, les scient ifiques se sont posés la
question de la possibilité pour un ordinateur d e j ouer aux échecs.
Les premiers progrès se font dès les années 1950 avec l'invention
de l'alpha-beta améliora nt l'algorithme minimax de recherche du
meilleur coup. Dès 1962 apparaissent au MIT et en URSS les premiers
programmes capables de jouer une partie crédible. Rendus opti- Ordinateur spécialisé Mephisto Academy (1989).
mistes par les progrès rapides du matériel, les chercheurs préd isent
qu'un ordinateur deviendra rapidement champion du monde. Le
maître international David Levy n'est p as de cet avis et parie avec
eux en 1968 que, pendant dix ans, aucun programme ne remportera La première victoire d 'un programme contre un champion du
de match contre lui. Le pari est gagné en 1978 lorsqu'il bat Chess monde (lors d 'un match en six parties) au ra lieu en 1997 lorsque
4.7, alors le meilleur programme du moment, su r le score de 4,5 à Deep Blue, u n ordinateur massivement parallèle associé à des cir-
1,5. Le match fa it cependant sensation car la victoire de l'ord inateur cuits intégrés constru its par IBM spécialement pour le jeu d 'échec,
lors de la quatrième partie du match est la première défaite d 'un l'emporte 3,5 à 2,5 contre Garry Kasparov. Depuis, le niveau des
maître en tournoi. Les progrès s'enchaînent et les am ateurs p euvent programmes n'a cessé de s'améliorer et les meilleurs d 'entre eux,
j ouer contre des programmes tournant sur du matériel dédié puis même exécutés sur des ordinateurs classiques, sont au-dessus du
directement contre des programmes pour micro-ordinateurs. niveau des m eilleurs humains.

1' 11 1 1 l 1 1 1 •
1 1 11 l_ 1 1 l 1 l 11
' 1 1 • [ 11 1
Chapitre B - L 'ère des réseaux numériques - 2'i5 -


1997 ~ Téraflaps
- Avec presque dix m ille processeurs et plus d 'un 1 To de mémoire,
le superordinateur ASCI Red construit par Intel pou r un laboratoi re
militaire américai n franchit la barre du téraflops (mille milliards
d 'opérations à la seconde) en 1997. Il a ét é dém antelé en 2006.

1997 ~ Bluetaath et WiFi Logo Bluetooth.

Les réseaux sans-fil se développent, le WiFi en 1997 et le Bluetooth en


1999 pour les liaisons entre appareils électroniques. Bluetooth est une
référence au roi danois du xesiècle « Hara ld à la dent bleue » qui a, selon
la légende, unifié les tribus scandinaves, à l'image de Bluetooth essayant
d'unifier les protocoles en un standard universel. Le symbole du Blue-
tooth est formé des deux initiales royales écrit es en alphabet runique.

1997 ~ Gaagle
M écontents des moteurs de recherche, Sergueï Brin et Larry Page
créent Google en 1997, qui fonde les résult ats de la recherche sur les
relations entre sites web et une analyse fi ne du contenu des pages.
Rapidem ent, les utilisateurs p lébiscitent ce nouveau moteur dont la
pertinence des résultats est inégalée. La montée en puissance de l'en-
treprise est in interrorn p ue. Elle se d iversifie dans les services annexes
(mail, imagerie aérienne, services vidéo, bureautique et stockage en
ligne, hébergement d'applications, réseau social, mobiles ... ) fi nancés
en grande partie par la publicité ciblée. Google est maintenant l'une
des plus grandes entreprises m ondiales, mais sa posit ion dominante
inquiète de plus en plus d'acteurs: concurrence, vie privée, violations
de droits d'auteur, partage inégal de valeur ajoutée, changement de
législation . .. Les sujets de fâcherie ne m anquent pas entre les parti-
culiers, les gouvernements, les autres en t reprises et Google.

Superordinateur Blue Mountain d'environ 3 TFlop/s(1998).

1 [ 1 1 1 1 •

1998 1
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1 11
• •' 1
- 2"i6 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique

Si Google domine en Amérique et surtout en Europe, les inter- ment en admettant des noms rédigés dans d 'autres écritures que
nautes restent libres de choisir d 'autres moteurs qui présentent l'alphabet latin, ou représentant des « communautés » (comprendre
des avantages comparatifs - respect de la vie privée et des don- « clientèles ») beaucoup plus variées.
nées personnelles - comme Duckduckgo, Exalead, lxquick ou
Qwant. En Russie, la moitié des requêtes passent parYandex. En
Chine, Baidu j ouit d 'un quasi-monopole. En Amérique du Nord,
Bing et Yahoo totalisent 20 °A> du marché. Il existe en tout près
1999 ~ Napster et le peer-ta-peer
d 'une centaine de moteurs de recherche développés dans une
dizaine de pays. Étudiant à la Northeastern University de Bos-
ton, Shawn Fanning lance Napster, un service
d 'échange de fichiers musicaux fonctionnant

1998 ~ ICRNN : la gouvernance d'Internet -- en peer-to-peer (pair-à-pair ou P2P en français).


Le logiciel Napster permet à l'internaute qui l'a
.. téléchargé de copier les fichiers MP3 situés sur
Divers organismes li és au gouvernement fédéral am éricain, tel
Logo de Napster. tout disque dur d 'ordinateur possédant le même
l'Internet Assigned Numbers Authority, se chargea ient initiale-
logiciel, n'importe où sur la planète. Il donne
ment d 'allouer l'espace des adresses de protocole Internet, d 'at-
donc accès gratuitement à une quantité de morceaux musicaux très
tribuer les adresses IP, de gérer le système de serveurs racines du
supérieure à ce qu'offrent alors les rares sites payants. Au sommet de
DNS et les noms de domaine de premier niveau, génériques ou
sa popularité, il compte plus de 26 millions d'utilisateurs par mois.
nationaux. En 1998, au terme de difficiles négociations avec les
parties prenantes (universitaires, télécommunications, fabricants C'est un choc pour l'industrie de l'enregistrement musical, qui per-
d 'équipements, fournisseurs de contenus, administrations), l'ad- çoit soudain une menace sur ses ventes de disques - menace
ministration Clinton crée une autorité de régulation : l'Internet qui se concrétisera en effet dans la chute des revenus des produc-
Corporation for Assigned Names and Numbers (ICANN, ou Société teurs et des artistes. Elle réagit vigoureusement, bataillant dans
pour l'attribution des noms de domaine et des numéros sur l' In- les tribunaux, dans les media et auprès du milieu politique qu'elle
ternet), de droit californien. pousse à légiférer pour protéger son commerce. Après deux ans
de procédure, le serveur central Napster est fermé et son logiciel
Avec ce rég ulateur central, rattaché au gouvernement d'une super-
retiré. Shawn Fanning fonde la société Snocap, une plate-forme de
puissance et qui fixe les prix des noms de domaines, on est très loin
vente de musique en ligne parmi d 'autres.
de l'idéa l décentralisateur que partageaient nombre de communau-
tés de l' Internet premier. D'où des controverses très vives autour de Mais Napster a ouvert la voie à des échanges P2P décentralisés beau-
la gouvernance d'Internet, de son utilisation par les intérêts d 'une coup plus difficiles à contrôler. Surtout, en familiarisant des millions
nation et du refus américain de la transférer à l'ONU ou à une autre de consommateurs avec les systèmes de vente de musique en ligne, il
organisation internationale. a contribué à bouleverser le marché de l'enregistrement sonore. Plus
largement, il a fait brutalement prendre conscience que le « virtuel »
Il existait en 2012 plus de 250 millions de noms de domaine dans le
pouvait désormais supplanter et ruiner des pans entiers de l'écono-
monde, dont la majorité sont encore des « .corn » et des extensions
mie « matérielle », que l'on entrait dans une « nouvelle économie ».
nationales. L'ICANN a accepté de rouvrir cette nomenclature, notam-

! 11 l 11 l 11 1
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Chapitre B - L'ère des réseaux numériques - 2'il -

i!DDD ~ Bague de l'an 2DDD énorme travail effectué à l'échelle mondiale, entraînant de lourds
investissements financiers et humains, a permis de limit er les effets
En raison de la taille limitée du stockage dans les années 1960-
du bogue à quelques courriers admin istratifs mal dat és sans autre
1980, de nombreux logiciels exprimaient les années en se limitant
dommage sur l'économ ie. Et de refaire à neuf de nombreux logiciels
aux deux derniers chiffres. Ve rs 1995, le monde informatique se
qui avaient trop longtemps survécu par de success ifs rafistolages.
rend compte que de nombreuses applicat ions risquent de dys-
Ce qui a amené certains à croire que l'annonce init iale du bogue
fonctionner en passant de l'an 99 (1999) à l'année 00 (interprétée
était un simple coup marketing, alors que les risques étaient réels.
comme 1900 au lieu de 2000). On parle dès lors du « bogue » de
l'an 2000, alors qu'il ne s'agit pas d 'une erreur de p rogrammation,
mais plutôt d'un défaut de conception initiale - les program -
meurs des années 1960 qui devaient économiser la mémoire des
ordinateurs n'imaginaient pas que leurs logiciels fonctionneraient 2DD0 ~ La bulle Internet éclate
encore 40 ans plu s t ard .
Dès 1995, l'ouverture du secteur des télécommunications à la
Ce problème risquait d 'affect er des systèmes critiques, d 'autant concurrence, les investissements informatiques des entreprises
qu'il se conjuguait en Europe avec le passage à l'Euro q u i exigeait (ind irectement liés au bogue de l'an 2000) et les espoirs mirifiques
la mod ification de tous les logiciels contenant des instru ctions liés à la popularité cro issante du « nouveau » réseau Internet
d 'ord re financier: le 31 décembre 1999 à minuit, par exemple, les poussent les investisseu rs à se ruer sur les valeurs technologiques,
d istributeurs automat iques bancaires ne se mettraient-il s pas à les fameuses « dot.corn ». L'indice boursier du marché NASDAQ, spé-
cracher des liasses de billets sur les trottoirs? Plus grave encore, cialisé dans les hautes technolog ies, est multiplié par cinq en cinq
les systèmes de contrôle aérien ou ceux des centrales nucléaires ans et les valeurs des entrepri ses du secteur grimpent sans rapport
pouva ient être affectés. avec leur chiffre d'affaires ou leurs bénéfices.

Sa résolution a nécessité la mise en place de nombreux groupes


de pilotage, la réécriture d'applications, voire des migrations com-
p lètes vers de nouvelles plateformes matérielles et logicielles. Un

2000

1000

Bogue d'affichage ••• 0+-~--~--~--~-.-~~~~...-~..--~---~--~--~--


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Cours de 11ndice du NASDAQ
entre 1994 et 2004.

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- 2'iB - Histoire illustrée de l'inJ:armatique

La bulle éclat e au premier semestre de l'an 2000 quand des socié- i!DDD ~ Clés USB
tés font faillite ou ne peuvent tenir leurs promesses extravagantes
La clé USB est u n bon symbole de la mondialisation, puisque son
de bénéfices. On découvre aussi que des comptes ont été maquil-
invention est attribuée à la fois à un ingénieur d'IBM, à un Malaisien
lés pour masquer des pertes. Les investisseurs se retirent en masse,
et à un Israélien. Ce support de stockage amovible repose sur l'utili-
souvent « lessivés » eux-mêmes et laissant des épargnant s ruinés.
sation de la mémoi re flash, pour la m iniaturisation et la fiabilité, et se
Fin 2002, l'indice boursier retombe à sa valeur de 1996. Il remon-
branche sur le port Universal Serial Bus (USB) d'un ordinateur ou d'un
tera ensuite.
autre appareil numérique. Les premières clés USB sont produites par
IBM avec une capacité de 8 Mo, soit cinq fois celle d'une disquette
3,5 pouces. En 2013, la capacité maximale a été portée à 512 Go, soit
plus d 'un doublement par an, supérieur à la loi de Moore.
2DDD ~ Déni de service distribué
Pour mettre à genou un serveur, « il suffit » de le bombarder
de fausses demandes de connexion, l'obligeant à les traiter en
réservant des ressources. Avec un grand nombre de fausses
requêtes, le serveur est saturé et ne parvient plus à répondre aux
connexions légitimes; il subit une attaque par « déni de service ».
Cependant, si la puissance du serveu r est assez importante, il
sera difficile pour l'attaq uant de disposer d'une bande passante
suffisante. li f aut alors distribuer les attaques à partir de cen -
taines, milliers ou dizaines de milliers d 'ordinateurs afin que leurs
bandes passantes sortantes s'additionnent et submergent le ser-
veur visé; c'est le déni de service distribué ou DDoS (Distributed
Denial of Service), qui util ise des réseaux d 'ordinateurs infect és par
des logiciels m alveillants pour lancer les attaques. La première
att aque DDoS médiatisée a lieu en février 2000 lorsque Michael
Ca lce, un j eune Canadien de 15 ans connu sous le pseudonyme
de Mafiaboy, met hors service de g ros sites web commerciaux
comme Yahoo!, Amazon.com, Dell, E*TRADE, eBay et CNN à l'aide
de log iciels ad-hoc créés par d 'autres. Il sera condamné à huit
mois de détention. Depuis, la puissance de ces attaques n'a fait
qu'augmenter; ell es sont souvent effectuées en représai lles ou
pour exercer un chantage.
Supports de stockage amovibles: disquettes 3,S pouces, S,25 pouces et 8 pouces ;
sur cette dernière, clé USB, cartes mémoires et cartouche microdrive (1984);
en haut à droite une cassette audio, utilisée comme support de sauvegarde
des premiers micro-ordinateurs, et une bande magnétique; en dessous, DVD et CD-R.

1 J 1 1
l1 1 l l 1 [ [ 1 1 1
l 11 l .. . 1 1 l 1 1 1
Chapitre B - L ' ère des réseau x numér iques - 2'i9 -

i!DD1 ~ iPad et iTunes d'Apple Les deux produits évoluent ensuite. L'iPod multiplie sa capacité en
passant aux mémoires flash (2005). À partir de 2003, iTunes permet
Constru isant sur le potentiel de ses ordinateurs Mac équipés dès
l'achat de musique en ligne et devient progressivement un ges-
1986 de capacités d 'enreg ist rem ent audio et de lecture MIDI,
t ionnaire de contenus multimédia très élaboré, un outil de pilotage
Apple fait une entrée fracassante sur le marché de la musique
d e matériel et une plateforme de commerce en ligne. Régnant en
enregistrée en lançant un ba ladeur numérique. Ce premier iPod
maître sur les ventes de baladeurs numériques, Apple joue ainsi un
à micro-disque dur (5 Go) peut contenir mille chansons. D'autres
rôle majeur dans la dématérialisation des contenus (musique puis
constructeurs avaient déjà commercia lisé des appareils compa -
vidéo) qui propulse l'industrie musica le dans l'ère Internet.
rab les, mais de capacité moindre et peu conviviaux. Simultané-
ment Apple offre iTunes, un logicie l de lecture bien adapté au La firme à la pomme change de raison sociale en conséquence, pas-
format MP3. sant en 2007 de Apple Computer à Apple, Inc. Ses fondateurs avaient
obtenu jadis moyennant 80 000 do llars l'autorisation d'Apple
Records, qui produisa it les disques des Beatles, d'utiliser comme
iPod 3G, iPod 4G, iPod nano 1G, iPod nano 2G,
logo la pomme croquée à condition de rester à l'écart de l'indus-
iPod shuffle 36, iPod shuffle 26 et iPhone 4.
trie musicale, ce qui ne posait aucun problème aux inventeurs de
l'App le Il. Il faut renégocier l'accord au terme d'un procès, mais le
coût en est modique comparé aux profits pharamineux que génère
le nouveau modèle économique d 'Apple.

2DD1 ~ Wikipédia
Wikipédia est une encyclopédie en ligne à vocation universelle,
créée pa r l'homme d'affa ires américain Jimmy Wa les et par l'ensei-
gnant de philosophie Larry Sanger. Son principe est la participation
des internautes à sa rédaction : quiconque accédant au site peut
modifier la quasi-totalité des articles ou en créer de nouveaux.
Wikipédia présume donc la bonne volonté constructive de tous
les utilisateurs du Net, renouant avec l'imaginaire optimiste de l'In-
ternet universitaire. Le résultat est une très grande facilité à la fois
d'accès et de modifications, faisant de Wikipédia le sixième site le
plus fréquenté sur Internet dans le monde entier. En 2015, avec
plus de 37 millions d'articles en ligne, Wikipédia a dépassé les 500
mi ll ions d e visiteurs par mois. Bien que son contenu ait alors été
principalement en anglais, il est rapidement devenu multilingue
(291 langues en 2015).

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- 250 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique

1sooooor--...---.---..--..........--.------,--....----,.--~-.-------,,---..-,
..
i:!DD2 ~ BDINC et SETlm!Hame
1700000
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••••"• !I •
Au début de l'informatique, la puissance de ca lcul était rare et
1 sooooo • • . .. . .. . ..... . ..
' • • • • .. .
1 400000 •
chère; elle devait être rentab ilisée en ouvrant les centres de calcul
1300000 • 24 heures sur 24 et en optimisant les logiciels de manière à mini-
1200000 miser les temps d'inactivité des processeurs. Avec la diffusion de
1100000
micro-ordinateurs de plus en plus puissants et leur mise en réseaux,
1000000 -

. .
900000 .... le problème s'est inversé: il y a une puissance installée gigantesque,
600000 . • ..• .- . •.• . . ..... .. . -. . ... .
répartie sur toute la planète (domiciles, bureaux ... ) et disponible
700000
600000
chaque fois que l'utilisateur ne se sert pas de sa machine, c'est-à-
sooooo • • • • dire au moins la moitié du temps!
400000
• •• • • •• •
. . .. .. Partant de ce constat, des initiatives ont été lancées afin de profiter
300000 ~

200000 de cette puissance dormante pour résoudre des problèmes scien-


Nombre d'articles 100000
de Wikipedia en français --- -- -- tifiques nécessitant de très nombreux calculs. Une des premières
2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 20 15
depuis 2002. tentatives, l'une des plus connues, est le projet SETl@home qui vise
à analyser les données enregistrées par le radiotélescope d'Are-
cibo à la recherche de signaux extraterrestres, en effectuant de

Toutefois la vocation universelle de Wikipédia reste discutée. Une


Copie d'écran des calculs effectués par SETl@Home.
grande partie des articles est souvent traduite de la version anglaise,
contribuant à diffuser un point de vue et des biais culturels amé-
ricains. Ensuite interviennent des ajouts et des modifications en
tou s sens. Les versions d 'un même article sont supposées sem-
blables d 'une langue aux autres, mais elles présentent souvent de
fortes différences de contenu et de techniques d 'édition. Certains
articles sont des sujets d 'affrontement politiques et idéologiques
permanents, et comme tels étroitement survei llés par les protago-
nistes et par le management de Wikipédia. Enfin la qualité très iné-
ga le des articles, parfois les erreurs grossières ou la propagande qui
s'y glissent, font de Wikipédia une expérience intéressante plutôt
qu'une référence fiable. Des enseignants reprochent aussi à Wikipé-
dia d 'offrir un accès trop fac ile à des savoirs apparents, favorisant un
travail de copie de la part des étudiants au détriment d'une véritable
réflexion personnelle. Les notices les plus sérieusement rédigées
sont celles qui portent sur les sujets scientifiques, reflétant l'esprit
du milieu socio-professionnel à l'origine d'Internet.

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Chapitre B - L 'ère des réseau x numéri ques - 25 1 -

très nombreuses analyses numériques (transformées de Fourier) en i!DD5 ~ IBM cède ses PC à Lenava
variant durées et fréquences. Avec un petit logiciel téléchargeable,
Se réorientant de plus en plus sur les services informatiques, IBM
chacun est capable sur son ordinateur de participer à la recherche.
transmet son activité « ordinateurs personnels » à Lenovo, qui en
Un serveur central distribue les signaux bruts et récupère le résu ltat
fabriquait déjà une grande partie en sous-traitance. Cette entre-
des analyses effectuées dans le monde entier.
prise chinoise fondée en 1984 produisait aussi ses propres PC
Les premières implémentations ont montré la viabilité du concept sous la marque « Legend », profitant de la politique protection-
de calcul distribué. De nombreux autres projets se sont greffés sur niste d 'achats de son gouvernement. Elle a pour actionnaires l'État
la p late-forme qui a évolué afin d 'élargir les domaines de recherche chinois (15 °/o du capita l), IBM qui profite ainsi de la croissance du
- elle s'appelle maintenant BOINC pour Berkeley Open Infrastruc- marché chinois, et les fonds d 'investissement américains entrés à
ture for Network Computing. On y trouve des analyses en biologie l'occasion du rapprochement avec IBM. En 2013, Lenovo deviendra
(rep liement des protéines, structures moléculaires ... ), en astro- le premier constructeur de PC au monde par unités vendues, devant
nomie (signaux extra-terrestres, détection de pu lsars, trajectoires Hewlett-Packard. Puis complètera son offre en acquérant une partie
d'astéroïdes ... ), en mathématiques (recherche de contre-exemples de la branche serveurs d 'IBM, ainsi que Motorola Mobility cédée par
à des conjectures, recherche de nombres premiers . .. ), en physique Google. Globalement, de 2000 à 2008 la Chine a multiplié par dix ses
(simulations numériques, interactions atomiques ... ), en climatolo- exportations de matériels informatiques (de l'ordre de 170 mi lliards
gie ... Chaque participant choisit le ou les projets auxquels il parti- de dollars en 2008), aggravant d 'autant le déficit commercial des
cipe et la fraction de la puissance de son processeur qu'il est prêt pays de l'OCDE dans ce secteur.
à leur consacrer.
La puissance tota le moyenne de calcu l offerte par les centaines de
milliers de bénévoles approche maintenant la dizaine de pétaflops,
soit l'équivalent d 'un des cinq premiers superordinateurs mondiaux. 2DD6 ~ Multiprocesseurs
La course à l'augmentation des fréquences d 'horloge des micro-
processeurs commence à poser des problèmes de dissipation
thermique. Elles plafonnent juste au-dessus de 3 GHz. Les fabri-
2D03 ~ Passage aux 64 bits cants de microprocesseurs décident alors de profiter de l'inté-
gration toujours plus importante (en 2015, on grave à 14 nm,
Les processeurs 64 bits, permettant d 'adresser p lus de mémoire et
incorporant plusieurs mi lliards de transistors sur une puce) pour
d 'effectuer des calculs plus rapidement, équ ipaient depuis long-
réaliser des processeurs réunissant deux cœurs d 'exécution, ou
temps les superordinateurs (dès 1975) et les stations de travail (vers
p lus, sur un même support. La pu i ssance est théoriquement
1990). Les premiers microprocesseurs 64 bits pour ordinateurs per-
augmentée, mais les applications mettront longtemps à profi-
sonnels sortent en 2003 chez AMD puis en 2004 chez Intel. Ils sont
ter rée llement de ces « processeurs » multiples car la program-
rejoints en 2011 par ARM dont les puces seront utilisées dans le
mation parallèle nécessite de nouveaux modèles, de nouveaux
premier smartphone 64 bits, l'iPhone SS, en 2013.
algorithmes et de nouveaux langages.

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- 252 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique

Microprocesseur AMD Opteron à six cœurs


visibles sur les deux-tiers de la photo.

i:!DD6 ~ Les << nana-ordinateurs >>


Devant la complexité croissante des environnements de déve-
loppement, des ingénieu rs cherchent à favoriser l'apprentissage
de la programmation, notamment à l'école, et à retrouver l'esprit
« bidouille » des premiers m icro -ordinateurs. Plusieurs petites
cartes de développement très bon marché (quelques dizaines
d'euros pour quelques d izaines de cm 2 ) sont conçues à partir de
microprocesseurs basiques: Raspberry Pi, système Arduino ... Tout
un écosystème de kit s et de cartes d 'extension se met en place
pour ces nana-ordinateurs et rencontre un franc succès.

Cartes Arduino, Raspberry Pi et BeagleBone.

- -
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Chapitre e- L ' ère des réseaux numériques - 253 -

2DD7 ~ Réseaux sociaux


Les sites de partage « social » se multiplient: MySpace puis Facebook,
Linkedln, Twitter, Foursquare, lnstag ram, Flickr ... et deviennent un
véritable phénomène de société. La géné ration qu i naît au numé-
rique en même t emps qu'eux considère l'email comme la Poste de 12
la génération p récédente.

2DD7 ~ Stackage flash


Successeurs des EPROM, les mémoires flash EEPROM, inventées en
1984 et dont la commercialisation commence en 1988, s'imposent au
rythme de la diminution de leur prix. D'abord dans le stockage des
apparei ls p hotos numériques puis rapidement dans le stockage des
données informatiques. Les clés USB sonnent le glas des disquettes
puis des DVD comme su pport d 'échange. Les disques SSD concur-
rencent les d isques durs en étant plus rapides et p lus fiables - mais
plus chers et d'une capacité moindre. Pour encore quelques temps ...

iPhone d'Apple et Galaxy de Samsung,


i!DD7 ~ iPhane deux smartphones à succès.

Exploitant magistra lement la diversification vers le multimédia qu'elle


a entreprise depuis 2001 (iPod et iîunes), Apple lance l'i Phone, smart-
phone qu i par son ergonomie nouvelle révolutionne l'accès mobile à
Internet, alors que ces types d 'appareils étaient auparavant réservés 2DD7 ~ Wikileaks
au monde p rofessionnel. En 2010 est lancée la tablette iPad, qui en
À partir de 2007, le site wikileaks.org commence à d iffuser de
complétant les p rodu its précédents crée un nouvel écosystème.
manière anonyme des documents confidentiels obtenus auprès de
Paradoxalement, Apple est peut-être le seul constructeur d'ordina- lanceurs d'a lerte. li accède à la célébrité en 201 O lorsqu'il publie des
teurs qui ait repris, en l'actualisant, le m odèle généraliste de l'an- documents militaires américains relatifs à la guerre en Afghan istan,
cienne IBM, produisant une vaste gamme d'appareils, de logiciels puis s'associe à p lusieurs organes de presse pour rendre public des
et de services autour d' un savoir-faire et d'un savoir-vendre très dizaines de milliers de télégrammes diplomatiques américains. Le
poussés. Et c'est aussi l'un de ceux qui ont su le mieux p rend re le grand public découvre alors qu'Internet peut aussi servir aux ONG
virage d 'Internet et de cette « nouvelle économie ». pour récolte r, traiter et diffuser des information confident ielles.

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Chapitre B - L 'ère des réseaux numériques - 255 -

i:!DDB ~ Pétaflaps
La barre du pétaflops, ou million d e milliards d'opérati ons en virg ule Au classement publié en ju in 20 15, l'ordinateur le p lus puissant du
flottante par seconde, est franchie en m ai 2008 par le superordina- monde est le Tianhe -2 chinois, avec une puissance t otale estim ée
teur Roadrunner construit par IBM pour le département de l'énergie à presque 34 pétaflops répartis sur plus d e trois m illions de cœurs
des États-Unis. Composé de près de v ingt mille processeurs mu l- d'exécution, associés à une mémoire principale de 1 Po (un million
ti-cœurs, certains standa rds, d 'aut res spécialisés, il est utilisé pour de gigaoctets). Ce n'est toutefois pas le plus efficace du point de
des calculs de climatologie et de vieillissement d'armes nucléaires, vue énergét iq ue, sa puissance électrique consommée avoisinant
Supercalculateur Curie
mais aussi par l'indu strie automobile et aéronautique. li a été rem - 17 MW. Ce même classement de juin 2015 listait plus de 65 systèmes développé par Bull
p lacé en mars 2013 par un aut re superordinateur, plus petit mais d 'une puissance installée supérieure au pétaflops. et le CEA, le plus puissant
énergétiquement plus efficace. ordinateur en France lors
de son installation en 2012.

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- 256 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique

2DDB • Rpplicatians innovantes peu retombé, ce qui n'empêche pas le b itcoin d'être de plus en
plus accepté comme moyen de paiement sur des sites Internet
La généralisation des accès Internet fixes et mobiles, ainsi que l'ex-
et même dans des magasins ayant pignon sur rue. Il attire aussi
plosion de l' usage des smartphones, a permis de nouvelles inte-
l'attention des autorités par sa faculté à court-circuiter les sys-
ractions commerciales entre entreprises et clients : localisation
tèmes bancaires et fiscaux traditionnels. C'est l'une de ses qua-
géographique et personnalisation pour améliorer le service (ou le
lités, recherchée tant par ses utilisateurs honnêtes (rapidité de
marketing), réactivité et information sur les réseaux sociaux ... De
transactions et surtout absence de frais ) que par les criminels
nouvelles start-ups se lancent, créant de nouveaux usages comme
(blanchiment d'argent, anonymat).
Reddit pour le partage de liens, Craigslist pour les petites annonces,
Dropbox pour le partage de fichiers, Kickstarter pour le financement
participatif, mais aussi des applications d 'agrégation de données,
de rencontres, de sécurité ... D'autres concurrencent les acteurs
historiques sur leur propre terrain à l'aide d 'outils technologiques: i!DID ~ Le big data
AirBnB se heurte aux hôteliers en proposant des locations et réser-
L'expression anglophone big data, traduite en français par data -
vations de logements entre particuliers, tandis que Uber bouscule
masse, désigne des ensembles de données si gigantesques qu'ils
le monopole des taxis en faci litant la location, via son téléphone,
nécessitent de nouveaux outils de collecte, de gestion, de stoc-
de voitures avec chauffeur. Ces nouveaux usages condamnent pro-
kage, de visualisation et de traitement. Ils offrent en revanche de
bablement à terme les anciens schémas commerciaux mais posent
nouvelles possibilités d 'analyse à l'aide d 'outils statistiques pour
directement le problème de la destruction d'emplois existants. Voire
l'extraction d 'informations pertinentes et la prise de décision,
de la concurrence déloyale, puisque certains de ces services ne se
dans les domaines aussi bien scientifiques ou économiques que
plient pas aux règ lementations imposées aux professionnels.
politiques.

Le bitcoin est accepté


dans ce magasin. 2DDB • Bitcain 2D1D ~ L'apprentissage prafand
En 2008, un dénommé Satoshi Nakamoto (nom
Les réseaux de neurones artificiels, essayant de mimer le fonction -
ou pseudonyme, personne physique ou groupe
nement des neurones humains, sont longtemps restés, dans le
d 'inventeurs, personne ne le sait jusqu'à ce
domaine de l'intelligence artificielle, une technique prometteuse
jour) publie un article décrivant bitcoin, un
mais rarement couronnée de succès.
moyen de paiement numérique décentralisé,
ACCEPTED HERE et propose l'année suivante les logiciels adé- Avec l'arrivée de nouveaux algorithmes utilisant des couches
quats pour l' uti liser. Restée quelque temps empilées de neurones et l'augmentation de puissance des pro-
confidentiel le, cette devise se fait connaître cesseurs, la situation change progressivement sous l'impulsion du
• fin 2011 avec l'explosion de son nombre de chercheur français Yann LeCun. On commence en 2010 à parler
..
ea~ tresh• transactions et la spécu lation sur sa va leur d'apprentissage profond ou deep /earning.
monétaire. Depuis, le buzz médiatique est un

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Chapitre B - L 'ère des réseaux numériques - 25l -

leur implication. Mais cela ne fait aucun doute pour les spécialist es
que Stuxn et est le premier exemp le connu de cyber-arme, déli-
bérément fabriquée par des gouvernements pour attaquer une
puissance en nem ie. Depuis 2010, d'autres logiciels malveillant s
infectant systèmes industriels, réseaux bancaires ou logiciels de
communication, tous probablement d'origine état ique et tout aussi
sophistiqués et puissants, ont été découverts. Fin 2015, une impor-
tante coupure de courant s'est produite en Ukraine suite à l'action
de log iciels malveillants situés sur les ordinateurs de la compagnie
de distribution d'électricit é. La cyber-guerre est m aint ena nt une
préoccupation de toutes les administrations de défense.
Reconnaissance d'objets dans une image.

Correctement entraînés à partir de mill ions d'exemples, les pro-


grammes sont maintenant capables d'extraire les éléments concep-
i!D1D ~ Flash crash boursier
tuels d'une photo, d'effectuer de la reconnaissance automatique de
la parole et du traitement automatique du langage natu re l. Le 6 mai 2010 à 14h45, l'indice du marché boursier américain chute
de presque 10 o/o en moins de dix minutes, avant de remonter et
Ces techniqu es aux résultats spectaculaires ont ravivé les craintes
d'effacer une bonne partie d e sa perte. Aucune annonce particu-
anciennes que l'intelligence artific iel le ne finisse par dépasser
lière n'est à l'origine d e cette chute mais simplement une anoma lie
l'i ntel ligence humaine; certa ins scientifiques ont même écrit des
d ans les algorit h mes de trading automatique ayant provoqué une
tribunes pour demander un contrôle de ces recherches.
réaction en chaîne.

Près de deux-tiers des transactions boursières sont maintenant


effectu ées automatiquement par des algorithmes de trading à
haute-fréquence. Ceux-ci sont conçus pour profiter de micro-
i!mD ~ Virus Stuxnet anom alies de cours existant pendant quelques secondes pour
En 2010, le monde de la sécurité informatique découvre, stupéfait, générer de minuscules plus-values appliquées à grande échelle. Les
qu'un virus très sophistiqué appelé Stuxnet infecte et détru it des groupes financiers qui les contrôlent sont très friands de haute-tech-
systèmes industriels, visant spécifiquement les centrifu geuses ira- nologie; ils cherchent à avoir les ordinateurs les plus rapides et
niennes utilisées pour l'enrichissement d'uranium, indispensables les plus puissants, ainsi que les meilleures connexions réseaux. En
à la fab rication d'une éventuell e bombe atomique par l'Iran. La effet le gain sera souvent pour celui qu i aura été le plus rapide
complexité du logiciel est telle (est imée à près d' un an de déve- dans l'envoi et l'exécution de son offre de vente ou d'achat. Il faut
loppement pour une équipe d'une diza ine de personnes haute- par exemple contacter au plu s vite le serveur de centralisation des
ment qualifiées) que les soupçons se tourn ent rapidement vers d es ordres de bourse, donc install er le matériel au plus près géographi-
agences gouvernementales, plus particu lièrement américa ines et quement: les vitesses de transaction sont maintenant de l'ordre de
israéliennes. Il n'y a, à ce jour, touj ours pas de preuves directes de la centaine de microsecondes ...

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- 2SB - Histoire illustrée de l'inJ:crmatique

2mo ~ Huawei : apparitian d'une multinatianale •

Fondée en 1988 à Shenzhen co mme fo urnisseur de réseaux d e


télécommunication pour le march é intérieur chinois, Huawei --.:'-- _- =
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devient en 2010 le deuxième producteur mondial d 'équipements
de réseau x informat iques, après Ericsson et devant Cisco Syst ems,
ZTE, Nokia-Siemens Net works et Alcatel-Lucent (ce d ernier b ientôt
rach et é par Nokia, t andis que Cisco gagne le 1er rang ). Ciblant les
marchés émergents et occidentaux, Huawei réalise à l'exportation
plus d es d eux t iers de son chiffre d'affaires (27 mill ia rd s d e dollars
en 2010).

Cette expansion a inspiré inqu iétudes et controverses : copie des


technologies d es concurrents occidentaux, pratiques d e dumping
ou d 'aides d' État , emploi d'enfants et d'ouvriers à t rès bas salaires
dans les usines chinoises, ri sques de cyber- espio n nage au profit
du gouvernement et des milieux d 'affaires chinois. Mais, recou -
rant massivement à la sous-traitance pour ses productions, Huawei
consacre plus d e 45 o/o de sa masse sa lariale à la rech erche-d évelop-
pement (environ 70 000 personnes dans le monde) et sait utiliser
les compétences des pays clients dan s ses centres de R&D répa rti s
en Europe, aux États-Unis et en Asie.

2D11 ~ Stockage en ligne : le c/aud camputing


Les entrepr ises de service informatique proposent un stockag e
en ligne ou « dans les nuages », d éportant l'enreg istrement d es
données sur des disques situés dans de véritables usines-entrepôts
d 'i nfo rmation s numériques. En p lus du stockage, le t rait em ent d es
données peut lui aussi être déporté sur des serveurs dista nts, per-
m ettant un accès d epuis n'impo rte quel poste o u un dimensio nne-
ment dynamique en fonction de la puissance nécessaire.

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Datacenter IBM servant de stockage


pour le c/oud en Italie.
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- 26D - Histoire illustrée de l'in~crmat:ique

Ce type de dispositif reproduit, avec des technologies nouvelles, les i!D11 ~ Watson gagne Jeapardy!
grands systèmes centralisés développés dans les années 1970: on est
En février 2011 , Watson, programme d'intelligence artificielle conçu
à l'opposé de l'ordinateu r « personnel » ! Il offre à l'util isat eur mobile un
par IBM, participe au jeu télévisé Jeopardy! et reporte la v ictoire face
accès permanent et à j our à ses données . . . à condition qu'il ait accès
à deux cham p ions humains. Pour ce faire, le programme devait être
au réseau. Des questions sont sou levées: que se passe-t -il en cas de
capable d e comprend re les quest ions énoncées en langage naturel,
crash du serveur ? Les données sont-elles cryptées et protégées des
de trouver les réponses en quelques secondes en parcourant son
accès malveillants? Qui est légalement responsab le des données? Un
immense base de données, d 'énoncer les répon ses en syn thèse
gouvernement peut-il forcer un hébergeur à les lui communiquer?
vocale et de choisir le thème des quest ions suivantes.

Ala fin d'une des parties


du jeu télévisé Jeopardy!,
la victoire est pour l'avatar du
logiciel IBM Watson au centre.

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Chapitre B - L'ère des réseaux numériques - 2fil -

Watson est un logiciel spécialement conçu pour appliq uer les


résultats des recherches sur le traitement du langage naturel, la
recherche d'information, le raisonnement automatisé, la représen -
tation des connaissances et l'apprentissage automatique. Pour par-
ticiper au jeu, il était installé sur une machine possédant près de
trois mille cœurs d 'exécution et 16 To de mémoire.

Le syst ème est maintenant utilisé par plusieurs clin iques améri-
caines comme aide au diagnostic et au traitement médical.

i!Dli! ~ Imprimante 3D
Les premières imprimant es 30 « bon marché » apparaissent. Ce sont
essentiellement de petites machines-outils à commande n u m é-
rique, rendues accessibles au grand public par la miniaturisation et
des astuces de conception. Elles permettent de construi re un objet
par dépôts successifs de couches de résines, décrites par un fichier
numérique. Après les problèmes de propriété intellectuelle sur les
fichier musicaux et vidéos, le problème du « piratage des objets »
par échange de fichiers se profile ...

Imprimante 30 open source.

i!DB ~ Réalité augmentée, réalité virtuelle


De nombreux projets utilisant la technologie cherchent à étendre
les perceptions de l'utilisateur (réalité augmentée) voire à les rem-
p lace r (réa lité virtuelle). Un sma rtphone pourra superposer à la
vue prise par sa caméra des informat ions supplémentaires : che -
min pour aller à un endroit visé, inform ations commerciales sur un
p rodu it, lien encyclopédique sur un monument ... Les Goog/e glass
projettent directement sur la rétine de l'utilisateur des informations
pertinentes en fonction de ce qu'il regarde et de ses demandes. Les
p remiers casques de réalité virtuelle sont au stade de prototypes Application immobilière ajoutant des informations
et immergent le porteur dans un univers propre en remp laçant ses à une vue prise en direct par la caméra.

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- 262 - Histoire illustrée de l'inl=crmat:ique

perceptions visuelles et auditives par des images et sons générés


par informatique. Les défis technologiques sont immenses: qualité
de l'image (taille, couleurs, m ais aussi latence et vitesse d 'affichage),
l.\:C>I t 111>:\ 01 t1 Il
suivi du positionnement de la tête, poids total. .. Comme souvent '>Ul•r l<l <l'U' ll 11 H

en informatique, les premiers intéressés sont la Défense, les concep-


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teurs de jeux vidéo et l'indu strie pornographique ...
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2D13 ~ La NSR et Edward Snawden
Lorsq ue l'informaticien Edward Snowden, ancien employé de la
National Security Agency (NSA), rend publics les déta ils des pro-
grammes de surveillance américain et britannique, le monde entier
découvre l'étendue des interceptions et systèmes d 'écoute utilisés
p ar ces gouvernement s pour espionner l'en sem ble des communi-
cations passant par l'Internet et les résea ux téléphoniques. Analyse
de métadonnées, recherches contextu elles, recoupement s, mais
aussi implantation de logiciels espions, décryptage mathématique,
ou même affaiblissem ent volontaire de normes cryptograph iques,
toutes les techniques de cyber-espionnage ont été ou sont utilisées
par la NSA, souvent au mépris de la législation et de la vie privée
de millions de citoyens.

Créée en 1952, la NSA a eu pour objectif l'interception et le décryp-


tage des télécommunications de l'ennemi, principalement sovié-
t ique à cette époque-là. Ce travail nécessitant d 'énormes capacités
de traitement, la NSA a toujours ét é consommatrice de superordi-
nateurs, investi ssant dans les technologies de pointe afin de dis-
poser du meilleur matériel. La rumeur, probablement vraie, affirme
que pour chaq ue nouveau type de superord inateur américain, le
premier exemplaire serait livré à la NSA. Très discrète dans ses opé-
rations, la NSA est souvent suspectée de posséder des ordinateurs
surpuissants, voire quantiques, capables de prouesses cryptog ra- Superordinateur Cray X·MP/24 utilisé à la NSA de 1983 à 1993,
phiques. Ou d 'avoir obtenu des avancées théoriq ues non divul- exposé au National Cryptologie Museum (Maryland).
guées sur les algorit hmes de décryptage, permettant d 'espionner
n'importe quel tra fi c chiffré.

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Chap itre B - L 'ère des réseau x numéri ques - 263 -

i!D14 ~ Objets connectés 1


La mode est à la connexion de l'ensemble des biens de consom- ..a....,_ ) •
-
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mation sur le résea u Internet: télévi sion pou r accéder à des infor-
mations liées aux programmes diffusés, montre connectée pour y
.....
reporter l'affichage d'un smartphone, thermo stat surveil lé à dis-
tance via le réseau, drone transmettant une vidéo en temps-réel,
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réfrigérateur intelligent pouvant automatiquement composer une ·---• ••
-./

liste de courses ... Mais cela pose aussi des problèmes de sécurité,
car comment prévenir les attaques ou les prises de contrôle à dis- Panoplie d'objets connectés.
tance si le monde entier peut se relier à des objets du quotidien ?
Des exemples récents, comme la prise de contrôle à distance d'une
qués sur un circ uit intégré, pouvant comprendre mémoire, micro-
voiture, montrent que l'exigence de sécurité n'est pas encore suffi-
processeur et périphériques d'interface. Avec eux l'informatique a
samment intégrée dan s tous les développements technologiques
changé de taille, de consommation électrique, est passée dans les
et industriels.
poches des consommateurs. Au -delà de l'aspect « gadget » que
La convergence massive des technologies matérielles et logicielles leur confère souvent le martelage commercial accompagnant leur
avec des efforts marketing sans précédent aboutit aux « systèm es diffusion, ces objets et leurs producteurs bouleversent l'industrie
sur une puce » (system on a chip ou SoC), systèmes complets embar- informatique et la conception des objets.

Crédits
P . i!i!:!I : qmee.com , P . 21s : Banque Mondiale · P . i!l& : CERN • P . i!l!I : Courtesy
of D·Wave Systems Inc.; Emmanuel Lazard ; Bobmath / \Nîkimedia Commons • P . i!'ll : Cmglee / Wiki media Commons • P . i!'ll : Morn
/ Wikimedia Commons • P . i!'l'I : Los Alamos National Laboratory • P . i!'IS : Jnmasek / Wikimedia Commons • P . i!'l& : Napster / Wikiped ia • P . i! 'l1 : Bug de l'an 2000 / Wikimedia Commons; ed g 2s / Wiklmedia
Commons • P . i!'IB : avaragado I Wiki media Commons • P . i!'l!I : VinciArt • P . i!SD : Wikipedia ; Namazu-tron /Wîkimedia Cornmons • P . i!S~ : Advanced Micro Devices, Inc. (AMD); MCM • P . i!Sl : GoMoinCher.com
, P . i!S'I : © CEA/ CADAM , P . 2ss : © CEA/CADAM • P . i!S& : Droit s réservés . P . 2s1 : Google Research Blog • P . as!I : Courtesy of International Business Machines Corporation, © International Business Machines
Corporation • P . i!&D : "Jeopardy!" photos courtesy Jeopardy Productions, Inc. • P . i!&'l : Oeezrnaker / Wiki media Cornmons ; MeilleursAgents.com • P . i!&i! : NSA Photo Gallery · P . i!&3 : objetconnecte.net

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- 266 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique


ances au 1

n ne parlait de p erforma nces, pour les machines à calcu - Avec ces réserves, nous avons néanmoins reporté sur le graphique
ler mécaniques, qu'en mesurant l'efficacit é combinée de ci -contre un « indicateu r d e performances » principa lement basé
l'utilisateur et de sa machine. Celle-ci permettait simple- su r les capacités de calcul - ce qui explique la place un peu basse
ment de gagner du temps et de réduire les erreurs. C'est véritable- de certains ordinateurs « de gestion ». Il faut s'attacher aux ordres
m ent l'électronique qui, en accélérant et en automatisant de plus de grandeur et à leu r évolution au cours du t emps, plus qu'aux
en plu s d 'opérations, a fait entrer le calcul dans une ère nouvelle, valeurs numériques.
offrant aux mathématiciens, physiciens et ingénieurs la possi-
bilité de résoudre numériq uemen t des problèmes au p aravant La pui ssance des grands calculateurs électron iques (représentée
insol ubles. L'ENIAC a d'ai lleurs été « vend u » à l'armée américa ine ici en échelle logarithmique) a ét é multipliée par plus de d ix mille
sur la promesse de démultiplier la production des tables de tir. milliards en 70 ans. Un téléphone portable d'aujourd' hui a des p er-
formances supéri eures aux plus gros super-ordinateurs des années
La « performance » d'une machine est ainsi deve nue un critère quatre-vingts, qui coûtaient des dizaines de millions de do lla rs.
important d ans les choix de développement ou les décisions
d'achat. Les spécialistes des ordinateurs ont, dès les années 1950, Ce gain repose à la fois sur l'évolution des composants, sur l'in-
entrepris de mesurer et de compa rer les aptit udes d es machines vention de nouve lles arch itectu res et sur le p erfectionnem ent
à partir des caractéristiques architecturales, des tests à des bancs des mémoires magnétiqu es. Progrès qui résu lte nt de l'interac-
d 'essai logiciels sta nd ards et des chiffres publicitaires fournis à tion con stante entre la rech erche, les industries informat iques et
l'époque par les constructeurs; ces évaluations comportaient tou- quelques grands sect eurs clients comme la Défen se o u la Banque.
jours une p art d'estimati on au « doigt mouillé » ou au pifomètre Les utilisateurs finaux n'y ont joué pratiquement aucun rôle direct.
- et p arfois une dose de b iais subtils pour présenter favora ble- Ils ont en revanche contribué à l'exten sion des applicat ions et à
ment l'ordinateur que l'on vou lait acq uéri r. l'évolution du logiciel.

Malheureusement, il est impossible de présenter une mesure uti le Outre le simple constat de cette progression spectacu lai re, ce
de performance pouvant satisfaire tous les utilisateurs : comment graphique nous fait vo ir des ph énomèn es décisifs. Par exemple,
comparer un ordinateur scientifique opt im isé pour l'exécution visua liser la faib le puissance d es micro-ordinateurs, au m il ieu
des instructions de calcul et un e machine de gestion dont les des années 1970, permet de comprendre pourquoi les grands
capacités d'entrées/ sorties - lecture de cartes perforées, accès const ructeurs leur accord aient p eu d'importance. Voir qu'ils attei-
disque, impression - sont les caractéristiques principales ? De gnaient ensuite les performances de mainframes beaucoup plu s
plu s, un e mesure ne peut exprimer que l'efficacité ind ividuelle coûteux sorti s quelques années plus tôt permet de comprendre
de quelques com p osants, alors que l'expérience utilisateur sera com ment ces produits devenaient « su bstituables » et co ntri-
beaucoup plus affectée par l'architecture globale du système. buèrent à bouleverser l'économie.

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Annexes - Les peri:crmances au Fil du temps - 26l -

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Tianhe-2

1E+10

nanhe-1
1E+-09 Mainframe
Mênis RoadRunner
IBM 8'ue Gene
Ml,cros
100000000
Supers

• Autres
10000000
ASCI White

1000000
ASCI Red
Hitachi SR2201
Wind Tunnel
100000
CM-5/1024 MacBook-Air
iMac
• ,Mac Core Duo 2.0
10000
S PS2 • Opteron 252 iPho 5
ony • Dell 8300 P4/3.0 ne
Cray Y-MP
Pentium 111/600 • iPad 2
1000 CAAY-2
Mac G3 •
Raspberry Pl
CRAY-1
100 • Gateway PS-75
CDC Cyber 205
AcerPower
COC-7600 Gateway 486DX2/66
IBM 360/195 DEC VAX 865-0 • Amiga 3000
10 CDC 6600
IBM 370/165 CDC IPL
PC-386 • Mac SE30
Atlas IBM 360ll5
DEC PDP-10 Sun3 Mac Il
1 Sun 2
IBM 7030 Stretch BESM-6 VAX 11 nao • Macintosh
IBM 7090 PDP-8 POP-1 1
TX·O • IBM P~ At.ari 800XL
0,1
Whirlwind IBM PDP-1 Bull Gamma 60 Micral N A.pple Il
704
rBM SystemJ3 Allair
IBM 701 Olivetti Elea 9003
0,01
UNIVAC 1 IBM 1401
ENIAC
Fetranti Mkl IBM 705
0,001 EDSAC
Colossus

0 ,0001
1930 1940 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2020

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- 268 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique

• • •
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1existe une centaine d'excellents livres et certainement BASHE Charles J., Lyle R. JoHNSoN, John H. PALMER & Emerson PuGH, IBM 's
un millier de bons articles sur l'histoire du calcul et de l'i n- EarlyComputers, Cambridg e (Mass.), The MIT Press, Series fn the History
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livre entier, de la t aille de celui-ci, et devrait être mise à jour quo- der Datenverarbeitung, Balje, Superbrain-Verlag, 2005.
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Annexes - Musées et: callect:ians - 211 -

usees e
Cité des Télécoms (Pleumeur-Bodou): www.cite-telecoms.com
a plupart des grands musées des sciences ou des tech-
niques présentent depuis longtemps des collections de Collection Historique de France Télécom (devenue Orange) :
machines à calculer mécaniques, auxquelles ils ont ajouté www.remut.fr/ musee/ collection -historique-de-france -telecom
une partie informatique depu is une trentaine d 'années. D'autre
NB: Il existait un musée de l'informatique, installé dans le toit de l'Arche de
part, d es musées spécia lisés dans le calcul, le t raitement et la com - la Défense de 2005 à 201 O. Depuis, l'administration a récupéré les locaux et
municat ion de l'information se sont constitués, souvent à l'initiative la collection se d ét ériore d ans des caisses au fond d' un hangar...
de collectionneurs passionnés. Cette liste ne sau rait être exhaustive,
mais donne un aperçu du patrimoine v isitable.
Hars de France
Allemagne
En France Deutsches Museum (Munich): www.deutsches-museum.de
Musée des arts et métiers, Paris: www.arts-et-metiers.net
Deutsches Technikmuseum (Berl in): www.sdtb.de/ Startseite.63.0.html
Cit é des sciences et de l'industrie, Paris-La Villette :
www.cite-sciences.fr Heinz Nixdorf MuseumForum (Paderborn, Westphalie) :
www.hnf.de/ en/ home.html
ACONIT, Association pour un conservatoire de l'informatique
et de la télématique, Grenobl e : db.aconit.org Belgique
Fédération des équ ipes Bull (région parisienne, Mu lhouse NAM-IP réunit d epuis 2014 trois collections mécanographiques et
informatiques belges, dont celles d ' Unisys et de Bull-FEBB (Namur-
et Angers, plu s des collections FEB associées en Belgique
et en Allemagne) : www.feb-patrimoine.com Salzinnes) : histoireinform.com/ Histoire/ NAM_IP_page_ Web

Homo Calculu s (Bordeaux), in itiative privée d e Michel Mouyssinat en Hongrie (pays natal de John von Neumann)
partenariat avec l' université de Bordeaux: Musée hongrois des sciences, des techniques et des transports
www.leon-bollee.edu.vn/ page-hc_sommaire-fr.html (Budapest): www.mmkm.hu/ index.php/ en

Musée de l'informatique de l'IN2P3 (Lyon ), d ans le cadre Des réserves visitables bien tenues, dan s un bâtiment moderne
de cet institut de physique nucléaire du CNRS: à la périphérie de la capitale, contiennent une intéressante co llection
www.festivalparticu le.com de matériels informatiques, soit locaux ou soviétiques, soit construits
sous licence occidentale.
AMISA, Association pour un Musée international du calcul, de
l'informatique et de l'automatique (Sophia Antipolis) : interstices.fr
Italie
Une belle collection liée à l'hi stoire de l'écriture et du calcul est gérée par Museo per gli Strum enti di Calcolo (Pise) :
la ville de Lill ers (Pas d e Calais). www.fondazionegalileogal ilei.it/ museo/ museo.html

Musée des Transmiss ions (Cesson-Sévigné) : www.espaceferrie.fr Museo della Tecnica Elettrica (université de Pavie):
info@museotecnica.it

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- 212 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique

Pologne Le Tekniska Museet mène un projet d'histoire de l'informatique avec


Musée d'histoire des calculateurs et du traitement de l'information l'Institut Royal de Technologie et la Société Suédoise des Informaticiens.
(Katowice)
Suisse
Royaume-Uni Musée Bolo - Fondation Mémoires Informatiques (École Polytechnique
Science Museum (Londres), l'une des plus riches expositions Fédérale de Lausanne) : www.bolo.ch
permanentes sur le calcul et l'informatique: ,
www.sciencemuseum.org.uk Etats-Unis
Computer History Museum {Mountain View, California):
National Museum of Computing (Bletchley Park) : www.tnmoc.org
www.computerhistory.org
Centre for Computing History {Cambridge):
National Museum of American History (Washington) :
www.computinghistory.org.uk
american history.si.edu
Museum of Science and lndustry (Manchester) :
Museum of Air & Space (Washington) : airandspace.si.edu
msimanchester.org.uk
American Computer & Robotics Museum (Bozeman, Montana) :
Mentionnons aussi le travail persévérant de restauration et de mise
www.compust ory.com
en valeur du patrimoine informatique britannique mené par la Computer
Conservation Society: www.computerconservationsociet y.org Mentionnons aussi le Charles Babbage lnstitute (University of Minnesota,
Minneapolis), grand centre de recherches et de conservation d'archives
Pays-Bas sur l'histoire de l'informatique: www.cb i.umn.edu
Computer Museum (université d'Amsterdam) lié à une History
Of Computing Project Foundation {THOCP) : Japon
ub.fnwi.uva.nl/ computerm useum Le IPSJ Computer Museum est un « musée virtuel » :
museum.ipsj.or.jp/e n/ computer
Russie
Musée Polytechnique / Politekhnicheskiy Muzey (Moscou): Australie
polymus.ru/eng Monash Museum of Computing History {Monash University}:
www. infotech.monash.edu.au/ about/ museum
Suède
Musée des techniques (Stockholm) :
www.tekniskamuseet.se/ 1/ 192_en.htm1

11 1 l 11 1 111 ' ! 11 l 11 l 11 1
1' t
1 1 l ,1 1
1 ,- 1
• 1 11 1 1 1 - 1- n 1 1 -
Annexes - Index - 2l3 -

Calculatrice, 180
A 224, 249, 253
Arduino, 252
Big data, 256
Bistable, circu it, voir Bascule Calculi, 19
@, 176 Ariane 2. 242 Bit, 69 Cambridge, université de, 74, 92, 113
68000, microprocesseur, 208, 224 Aristote, 24 Bitcoin, 256 CAO, 142
8080, m icroprocesseur, 183, 193, 194 Arithmomètre, 42, 47 Blankenbaker, John, 191 Capek,. Karel, 62
Abaque, voir Boulier ARPA, 169, 207, 230 Bloch, Eugène, 60 Cardullo, Mario, 181
ABC, calculateur, 75, 84, 86, 181 Arpanet, 84, 169, 223, 230 Bluetooth, 245 Carte à puce, 193, 206
Abraham, Henri, 60 ASCII, code, 144, 157 BNCI, 67, 115 Carte perforée, 42, 53, 62, 66
ACE, Pilot, 92, 99, 232 AT&T, 164, 174, 238 Boggs, David, 180 CCITT, 46
Acer, 225 Atanasoff, John, 75, 181 BOINC, 250 CD-ROM, 219
Ada Atari, 139, 178, 203, 214, 224 Bollée, Léon, 50 CDC 6600, 1SO
• langage, 212 Atlas, 140 Boole, George, 46 CEA, 137, 2.22, 255
• Lovelace, voir Lovelace Australie, 59, 101 Boulier, 16, 24 Cerf, Vinton, 171 , 233
Adams, Scott, 206 Automates, 126 Bourse, 247, 257 CERN, 149, 150, 202, 234, 236
Adleman, Leonard, 200 Brattain, Walter, 90 CFAO, 139
Aiken, Howard, 73, 80 Bricklin, Dan, 211 Chèque, 146
Al-Khwarizmi, 21 , 26
B Brin, Sergueï, 245 Chine, 23, 243, 258
Alcorn, Allan, 178 B. langage, 179 Brooks, Frederick, 146, 185 Christensen, Ward, 211
Algèbre, 26 Babbage, Charles, 31, 43, 212 Brunsviga, 43, 47, 62, 114 Church, Alonzo, 68
Algèbre de Boole, 46, 69 Baby, 92, 96 Bug, 90, 167, 242 CI i, 163
ALGOL, 134, 167, 172 Backus,John, 126, 134 Bug de l'an 2000, 63, 136, 247 Ci rcuit intégré, 128, 143, l 77, 217
Algorithme, 24, 26, 45, 64, 67, 115, Baldwin, Frank, 47 Bull, 56, 62, 67, 91 , 113, 114, 115, 135, CISC, 205
134, 159, 165 Baran, Paul, 231 138, 146, 155, 163, 193, 206 Cisco, 237
• quantique, 238 Bardeen, John, 90 Bulle internet. 247 Clé USB, 175, 248
Allemagne, 34, 40, 64, 76 Barrême, Jean-François, 39 BUNCH, 172 Cloud computing, 24 1, 258
Allen, Paul, 197 Bascule, 60 Bush, Vannevar, 64, 84, 230 CMC7, 146
ALOHAnet, 180, 23 l , 236 Base de données, 185 Bushnell, Nolan, 139, 178 CN IL, 182
Altair, 194, 197, 202 Base sexagésimale, 18 Busicom, 177 COBOL, 134, 148, 172
Altavista, 240 BASIC, 150, 197 BYTE (revue), 196 CODASYL, 134
Alto, Xerox, 220 Bâtonnets de Neper, 32, 34 Codd, Edgar, 185
Amazon, 241 BBN, 169, 231
AMD, 2-'>1 BBS, 211
C Code-barres, 182, 239
Colmerauer, Ala in, 179
Amiga, 203, 224 BCPL, 179 C, 175, 176, 179 Colossa l cave adventure, 206
Analyseur différentiel, 64, 84, 133 Bell labs, 69, 90, 98, 119, 173, 233 C++, 219 Colossus, 78, 86, 200
Angleterre, 32, 43, 46, 48, 57, 67, 91, Bell, Alexander Graham, 48 CAB 500, 13 1 Commodore 64, 203, 218
92, 114, 118, 140, 232 Berkeley, université de, 175, 216 CADET. 118 Compaq, 214, 224. 240
Antém.émoire, 168 Berners-Lee, Tim, 234, 236 Cailliau, Robert, 234, 236 Complex number computer, 69
Anticythère, mécanisme, 20. 25 Berry, Clifford, 75 Calcul analogique, 48, 59, 64, 84, 133 Complexité, théorie de la , 176
APL, 193 BESM, 102 Calcul binaire, 23, 69, 76 Conway, John, 173
Apollo, missions, 143 Bézier, Pierre, 139 Calcul ternaire, 128 Cook, Stephen, 176
Apple, 168, 201 , 202, 206, 211 , 214. Bezos. Jeff, 241 Calculateurs humains, 32, 60 Cookie, 238

1 ! Il 1111111 1 l1 11
l 1 1 l 1 l
l • 1 ( • t ·1 1
- 2l'i - Histoire illustrée de l'inJ:armatique

Cooper, Martin, 182 EDVAC, 89, 121 Générations, 156, 177, 179, 216 ICANN, 246
Couffignal, Louis, 73 Électroniqu e, 57 Génie logiciel, 162, 166, 185 lchbiah, Jean, 212
CP/ M, 199 Email, 1 76 Germanium, l l 8 ICL, 113, 155
CP8, 206 Émoticônes, 21 7 Gernelle, François, 192 IMP, 169
Cray _! - Cray1.r voir Cray Research Engelbart, Douglas, 168, 220 GNU, 223 Imprimante 30, 261
Cray Research, 201, 222 ENIAC, 84, 121 , 177, 181 Gëdel, Kurt, 64 Infographie, 142
Cray, Seymour, 150, 20 1 Enigma, 68, 77, 200 Google, 240, 245 Informatique (terme), 138
Crowther, William, 206 EPFL, 196, 201 , 212 Gosling, James, 240 lnnovatron, 193
Cryptographie, 200, 243, 262 Epsitec, 196 Goto, 167 INRIA, 163
(SIRAC, 101, 107 Équations, 26 Grèce, 24, 25 Institut de programmation, 145
CTSS, 138 Espagne, 60 Grove, Andrew, 159 Intel, 159, 164, 177, 183, 193, 208, 2241
CUBA, 116 Ét ats-Unis.45, 49, 51 , 57, 64, 69, 69 et GSM, 225 245, 251
Cunéiforme, 23 suivantes Guillauté, 32 Intelligence artificielle, 125, 165, 166,
Curta, 43, 70 Ethernet, 180, 233 179, 216, 256
Cybernétique, 96
Cyclades, 163, 186, 232
Euclide,11
H Interface homme-machine, 168,
221 , 224
Hamming, Richard, 98 Internet, 169, 211 , 229, 233
F Harvard Markl 80, 86, 90
D Faggin, Federico, 177, 199 Heathkit, 133
iPhone, 253
IRIA, voir INRIA
D-Wave, 239 Fahlman, Scott, 217 Hellman, Martin, 200 Iris 50, 163
Davies, David, 232 Fairchild Semiconductor, 128, 143, Herzstark, Curt, 70 Italie, 26, 135, 162
DDoS, 248 157 Hewlett-Packard, 159, 162, 180, 212
DEC, voir Digital Equipment Fanning, Shawn, 246 Hilbert, David, 64, 67
Deep Blue, 243 Feigenbaum, Edwa rd, 166 Hoefler, Don, 178 J
Dégroupage, voir Unbundling Ferranti, 92, 107 Hoerni, Jean, 129 Jacquard, Joseph-Marie, 42
Dell, 214 FFT, 159, 251 Hoff, Ted, 177 Japon, 130, 179, 182, 210, 216, 217
Dendral, 166 Fibonacci, Leonardo, 26 Hollerith, Hermann, 51 Java, 176
Dennard, Robert, 164 Fleming, John, 57 Homebrew Computer Club, 202, 203 Java, langage, 240
Diffie, Whitfield, 200 Flip-flop, voir Bascule Honeywell, 181 Javascript, 238, 240
Digital Equipment, 119, 139, 153, 16 l , Flops, 202, 222, 245, 255 Hopper, Grace, 90, 108, 126, 134 Jeu de la vie, 173
172, 173, 189, 196, 205, 240 Flowers, Tommy, 78, 200 Horlogerie, 28 Jeux d'aventure, 206
Dijkstra, Edsger, 167 Forest, Lee de, 57 HTML, langage, 237 Jeux vidéo, 178, 21 O
Diode, 57 Forrester, Jay, 114 HTTP, protocole, 237 Jobs, Steve, 202, 220
Disque dur, 123 FORTRAN, 126, 134, 148 Huawei, 258 Jordan, Frank, 60
Disquette, 175, 248 Four-Phase Systems, 178
ONS, 223
Dobrov, Gennadji, 233
France, 36, 42, 50, 58, 113, 13 1, 135,
140, 145, 165, 186, 206, 209, 216,
1 K
Donjons et dragons, 206 223 IAS, 88 Kahn, Robert, 171, 233
Dr. Dobb's Journal (revue), 197, 223 Frankston, Bob, 211 IBM, 53, 62, 66, 80, 91, 97, 112, 11 4, Kampf, Serge, 165
DRAM, 164 119, 122, 126, 130, 131 , 136, 153, Kasparov, Garry, 243
DVD, 219, 241 164, 171 , 180, 182, 185, 20 1, 241 , Kay, Allan, 179
243, 258, 260 Kelvin, Lord, 48
Gamma..1_ Bull, 113 • 5100, 21 4 Kemeny, John, 150
E Gamma 60, Bull, 135 • PC, 197, 199, 214, 221 , 224, 251 Kenba k-1, 191
Eccles, William, 60 Garrett AiResearch, l 78 • SABRE, 138, 164 Kilburn, Tom, 91 , 96, 97
Échecs (jeu), 243 Gates, Bill, 197 • Stretch, 137 Kilby, Jack, 128
Eckert, Presper, 84, 97, 109, 181 Gauss, Carl Friedrich, 159 • System/360, 146, , 62, 166, 168, Kildall, Gary, 199
EDSAC, 74, 92, 113 Gemplus, 206 184, 185 Kim-1, 189, 194
Éducation, 145, 223 General Electric, 135, 172, 173 • Syst em/370, 148, 175, 205 Kleinrock, Leonard, 169

11 1 l 11 1 111 ' ! 11 l 11 l 11 1
1' t
1 1 l ,1 1
1 ,- 1
• 1 11 1 1 1 - 1- n 1 1 -
Annexes - Index - 2l5 -

Knuth, Donald, 165


Kronkite, Walter, 109
McCarthy, John, 125, 130
Mcllroy, Malcolm, 173
N Pays-Bas, 167
POA, 220
Kurtz, Thomas, 150 MCMno. 193 Napster, 246 POP- 1, 119, 13 1, 139
Kurzweil, Karel, 206 Mernex, 84, 230 NASA, 110, 112, 129, 143, 148, 179 POP- 10, 206
Mémoire, 91 , 97, 164, 168 Naur, Peter, 134 POP- 11 , 173, 174, 179, 205
NCR, 49, 56
L Mémoire cache, voir Antémémoire
Mémoire virtuelle, 140 Neper, John, 32
POP-15, 160
POP-8, 153., 161 , 173, 192
L'Ordinateur individuel (revue), 197 Menabrea, Luigi Federico, 45 Netscape, 238, 240 Pentagone, 212, 231 , 257
lambda-calcul, 68 Merkle, Ralph, 200 Neumann, John von, 73, 89, 126, 181 Perret, Jacques, 123
larson, Juge, 181 Metcalfe, Robert. 180 NeXt, 234, 236 PET Commodore, 203
Laser, imprimante, 200 Méthode de Monte-Carlo, 89 Ni coud, Jean-Dan iel, 196, 212
pgcd. ~
Laurer, George, 182 Métier à tisser, 42 Noble, David, 175
PHP, langage, 239
Lebedev, Sergueï Alexeïevitch, 102 Metropolis, Nicholas, 89 Nom de domaine, voir ONS
Pickette, Wayne, 178
le(un, Yann, 256 Micral, 19 1 Nomographie, 58
PUl, 134, 148, 172
Leibniz, 23, 31 , 40 Nora, Simon, 207
Micro-ord inateur, 150, 183, 189 Plan calcul, 163, 186, 207, 232
lenovo, 251 Noyce, Robert, 128, 159
• kit, 189, 194 Pong, 178
LEO, 113 NP-complet, 176
Microprocesseur, 177, 183, 193, 251 Popular Eleetronics (revue), 194
Léonard de Pise, voir Fibonacci NSA, 262
Microsoft, 197, 199, 214, 224. 24 1 Postscript, 139, 201
Lerdorf, Rasmus, 239 Numérotation positionnelle, 26
Microsystèmes (revue), 197 Pouzin, louis, 171 , 186, 233
Levy, David, 243
Mine. Alain, 207 Prix Turing, voir Turing, prix
licklider, Joseph, 169, 230
Lilienfeld, Julius Edgar, 134
Mini-ordinateur, 161 , 173
Minitel, 209, 216, 232
a Programmation objet, 179, 2 19
Linux, 226 Oberon, 176 Programmation structurée, 167
Minsky, Marvin, 125 Programme enregistré, 96, 102
LISP, 130, 172 Objet connecté, 263
MIT, 64, 84, 1 11, 119, 125, 131 , 138, Prolog, 179
Logarithmes, 32 Ocagne, Maurice d; 58
139, 142, 169, 173, 206, 223 Prony, Gaspard de, _il
Logiciel, 17 1 Octet, 148
MITS, 194 Psion, 220
Logiciel libre, 223 Odhner, 47
Model-K, 69 Pythagore, 20
Logique mathématique, 24, 46, 64, 67 Olivetti, 135, 162
Modem, 164, 211 Python, 176
Logitech, 196, 212 Olsen, Ken, 1 31, 161
Modula-2; 176
Logo, 165 Open source, 223
Moore
Lorenz, machine de, 78, 157
• Gordon, 159
Oracle, 185 Q
Lovelace, Ada, 45, 212 Ordinateur, 123
• loi de , 157, 164, 224 OS/2, 224, 241 QR-code, 239
LSI, 181
Moreno, Roland, 193 Qubit, 238
Osborne, 212
Morris, Robert, 225 Qu ipus, 19
M Morse
Oughtred, William, 35
Qwerty, clavier, 46
Machine à différences, 43 • code, 45
p
Machine analytique, 43
Macintosh, 168, 201 , 220
• Samuel, 45
Mosa ic, 237 P= NP ?, 177
R
Maintenance, 127 MOSFET, 134 P2P, 246 R2E, 191
Manchester Mostek, 193 Pac-Man, 210 RAMAC, 123
• Mark 1, 92 Moteur de recherche, 240 Page, Larry, 2tl 5 Rapport Nora-Mine, 207
• universitéde, 65, 92, 107, 118 Motorola, 182, 193, 208, 224 PA0, 201 Raspberry Pi, 252
Maple, 212 MS-DOS, 199, 224 Papert, Seymour, 165 Réa lité virtuelle, 261
Markov, Andreï, 115 MSI, 157, 181 Parametron, 130 Règle à calcul, 35
Mathernatica, 212 MTBF, 127 Pascal Relais, 60, 76, 80
Matlab, 212 Multics, l /3 • Blaise, 31 , 36, 11 Remington-Rand, 49, 56
Mauchly, John W., 84, 181 Multiplicatrice, 40, 50 • langage, 176 République tchèque, 62
Mazor, Stan, 177 Mystery House, 206 Pascaline, voir Pascal Réseau, 169, 180, 207, 209, 231

1 ! Il 1111111 1 l1 11
• 1l 1 1 l 1 1 l1 l
l • 1 - • t ·1 1
- 2lEi - Histoire illustrée de l'inJ:armatique

Réseaux sociaux, 253 Sno~vden, Edward, 262 Texas Instruments, 118, 128, 143, Virus, 225, 25 7
Revues informatiques, 196 Souris, 168, 212 203, 204 Visicalc, 21 1
RFID, 181 Space invaders, 210 Théorie de l'information, 69 VLSI, 18 1, 1-16
RISC, 205, 2 16 Spacewar!, 139 Thomas de Colmar, Charles Xavier, 42
RITA, 206
Ritchie, Dennis, 173, 179
Spirale d'Ulam, voir Ulam
SQL, 185
Thomson (entreprise), 203, 223
Thomson, Ken, 173, 179
w
Rivest, Ron, 200 SSO, 253 Thomson, William, voir Kelvin Wales. Jimmy, 249
RNIS, 209, 232 SSEC, 80 Tl-99, 203, 204 Walton, Charles, 181
Roberts, Ed, 194 SSEM, 92 TIME (magazine), 218 Wang, An, 11 <1
Roberts, Larry, 169, 231 SSI, 134, 181 , 247 Token ring, 180 Wargames, 218
Robot, 62 SSII, 165, 171 Tomlinson, Ray, 176 Watson, 260
Roussel, Philippe, 179 Stanford, université de, 166, 168, 178, Tores d e ferrite, 111, 114 Web, 234, 236
RSA, 200, 238 206, 207, 216, 240 Torres-Quevedo, Leonardo, 60 Wheeler, David, 92
Russell, Steve, 139 Starkweather, Gary, 200 Torvalds, Linus, 226 Wh irlwind, 111 , 114, 119, 131
Russie, 49, 102, 115, 128 Stibitz, George, 69, 73 TRADIC, 119 Wiener, Norbert, /3, 96
STRIDA, 140, 232 Transformée de Fourier, 48, 159, 251 Wifi, 236, 245

s Stroustrup, Bjarne, 219


Stuxnet, 257
Transistor, 90, 118, 134, 164, 224
Transpac, 186, 209, 216, 232
Wikileaks, 253
Wikipedia, 249
SABRE, voir IBM, Sabre Suède, 47 Trigrammes, 23 Wilkes, Maurice, 74, 92, 113, 168
Safari, affaire, 182 Suess, Randy, 211 Triode, voir Tube à vide Williams, Freddie, 9 1, 97
SAGE, 111 , 156, 164, 232 Suisse, 1 76, 196, 212 TRS-80, 203, 204 Williams, Robert a et Ken, 206
Sanger, Larry, 249 Sun, 240 Tube à vide, 57, 60, 84 Windows, 241
Satoshi, Nakamoto, 256 Tube cathodique, 91 Wirth, Niklaus, 176
Superordinat eur, 150, 201 , 222, 245,
Scheutz, Pehr et Edvard, 45 Tube de mercure, 97 Wood, Don, 206
255, 262
Schickard, Wilhelm, 31 , 34, 41 Turing, Alan, 55, 62, 67, 73, 89, 92, Woodland, Norman, 182
Sutherland, Yvan, 142, 169
Schockley, William, 90, 118 107, 200 Wozniak, Steve, 202
Système expert, 166, 179
Scholes, Christopher Latham, 46 • machine de, 68, 126
Systèmes d'exploit ation, 125, l 38,
Science et Vie Micro (revue), 197
SEA, 11 4, 116, 129, 131 , 133
148, 162, 167, 173, 196, 199, 224
• prix, 68, 167
• test de, 68
X
TX-0, 119 X25, 209, 216, 232
SETl@Home, 250
Setun, 128 T Xerox, 168, 179, 180, 200, 220, 233
Shamir, Adi, 200
Shannon, Claude, 69
Tables arithmétiques, 19
Tableur, 211
u y
Ugon, Michel, 206
Shih, Stan, 225 Tabulatrice, 53, 66 Yahoo!, 240
Ulam, Stanislaw, 24, 89
Shima, Masatoshi, 177 Taï~van, 225
• spirale d: ~
Shor, Peter, 238
SICOB, l 06, 123, 192
Tambour magnétique, 92, 98, 114
Tandy Radio Shack, 204, 214
Unbundling, 171
Unicode, 144
z
Siemens, 77, l 06, 119, 129, 155, 258 TAOCP, 165 Univac, 75, 91 , 98, 108, 172, 181 Z3, Z4, 76, 86
Sierra Online. 206 Tchebychev, Pafnouti, 49 Unix, 173, 179, 205, 223, 225, 226, 233 280, 199
Silicium, 118, 128, 178 TCP/ IP, 46, 171 , 233 UPC, 182 Zéro,..1§
Silicon Valley, 178 Teal, Gordon, 118 URL, 237 Zilog, 193, 199, 208
Sinclair, 203, 2 15 Téléimprimeu r, 157 Zimmermann, Hubert, 233
Sketchpad, 142 Télématique, 208, 209 Zork, 206
Smaky, 196 Téléphonie mobile, 182, 225 V Zuse,Konrad, 73, 76
Smalltalk, 165, 179 Teletype, 157 Vaucanson, Jacques, 42 ZX-81 , 203, 215,.&_
Smartphon e, 220 TeX, 166 VAX-11, 189, 205

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- 218 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique

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- 2B0 - Histoire illustrée de l'inJ:armatique

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