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EN BOSNIE, HORREUR ET VERITE VONT SORTIR DE LA TERRE

AFP; ASSOCIATED PRESS; REUTER

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Lundi 8 juillet 1996

En Bosnie, horreur et vérité

vont sortir de la terre

Les enquêteurs du Tribunal pénal pour l'ex-Yougoslavie ont commencé à ouvrir les charniers
près de Srebrenica.

Sous un soleil de plomb et dans une atmosphère à peine plus légère, les enquêteurs ont
entamé, dimanche, les premiers travaux d'exhumation d'un charnier près de Srebrenica
(Bosnie orientale). Si les soupçons se confirment, la fosse commune de Cerska devrait
contenir les restes de musulmans massacrés par les Serbes.

Sous la protection de soldats américains, appuyés par des chars et des véhicules blindés
équipés de mitrailleuses, l'équipe d'experts a commencé à délimiter le site montagneux de
Cerska, dans la forêt à une trentaine de kilomètres de Srebrenica. Assistés d'ouvriers serbes,
les quinze enquêteurs disposent d'une pelle mécanique de sept tonnes, engin lourd qu'ils
utilisent pour la première fois.

Nous allons nous concentrer sur des sites inspectés précédemment, en faisant appel à du
matériel lourd, à des manoeuvres, à des médecins légistes et aussi à des anthropologues, a
déclaré John Gerns, pathologiste américain. Durant les excavations, nous mettrons au jour
l'intégralité de la fosse.

Les experts cherchent à déterminer l'ampleur réelle des atrocités commises dans la région. Ils
ont dit s'attendre que les travaux prennent plusieurs semaines. Au moins 3.000 civils
musulmans, et peut-être jusqu'à 8.000, auraient été massacrés par les forces serbes bosniaques
il y a un an après la chute de l'enclave de Srebrenica. Celle-ci était théoriquement protégée par
l'ONU.

Des survivants entendus à La Haye par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie
(TPI) ont dit que le général Ratko Mladic, chef de l'armée serbe bosniaque, était sur place au
moment des massacres. Le général Mladic et le leader politique Radovan Karadzic ont été
inculpés de génocide par le TPI. Selon le tribunal, Srebrenica a été le théâtre des crimes de
guerre les plus horribles et les plus inimaginables commis en Europe depuis la fin de la
seconde guerre mondiale avec une population virtuellement éliminée.

Le TPI devrait lancer dans les jours qui viennent un mandat d'arrêt international à l'encontre
de Mladic et de Karadzic. Les deux hommes ne pourront plus, théoriquement, quitter la
Republika srpska (entité serbe de Bosnie). Pour l'instant, les forces de l'Otan en Bosnie n'ont
rien fait pour arrêter les deux hommes qui refusent de se présenter devant le TPI auquel ils ne
reconnaissent aucune autorité pour les juger.

Samedi, à Han Pisejak (Est), une activité inaccoutumée du contingent américain de l'Ifor
(force multinationale en Bosnie) avait fait croire aux Serbes que l'Otan avait décidé de
s'emparer par la force du général Mladic. L'incident avait failli tourner à l'affrontement.

De leur côté, les enquêteurs du TPI continuent de rassembler les preuves des massacres. Les
fouilles qui se déroulent près du petit village de Cerska sont les premières d'une série qui
devrait durer trois mois. Les enquêteurs ouvriront une vingtaine de sites. Certains, sans
rapport avec Srebrenica, se trouvent dans d'autres régions de Bosnie et en Croatie. Tous ces
sites ont été mentionnés par des survivants ou repérés sur des photos par satellite fournies par
les Etats-Unis au Conseil de sécurité de l'ONU à la fin de 1995.

Parmi les sites liés à l'affaire de Srebrenica figurent un pré à Nova Kasaba qui pourrait
contenir jusqu'à 2.700 cadavres selon les Américains, une citerne proche de Zvornik et un
champ à Pilice, où un ex-soldat serbe bosniaque a signalé au TPI que des centaines de
personnes avaient été tuées en un seul jour. (D'après AFP, AP et Reuter.)

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