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DENISOT Marie.
Séminaire Politique, Culture et Espace Public.
Sous la direction de Bernard LAMIZET.
Soutenu le septembre 2007.
Table des matières
Remerciements. . . 5
Avant-propos . . 6
Epigraphe . . 7
Introduction. . . 8
I - La Santa Muerte a Mexico df : étude descriptive d'une divinité et d’un culte ambigus. . . 13
A) La Santa Muerte : Symbolique d’une mort au double visage. . . 14
1) Esthétique de la mort humaine, incertaine et nécessaire. . . 14
2) Les attributs de la Santa Muerte : une mort puissante et juste. . . 16
3) Des pouvoirs s’étendant au-delà de la morale. . . 18
B) Le Culte à la Santa Muerte : une Réalité qui dérange au sein de l’Espace Public. . . 20
1) Des pratiques utilitaristes qui bousculent la morale. . . 21
2) Le parallèle avec le catholicisme : des rapports à interroger. . . 23
3) Une concurrence nouvelle dans le commerce du religieux à Mexico DF. . . 25
C) Un phénomène social aux Frontières équivoques. . . 27
1) Une spatialité constitutive de l'identité politique de la Santa Muerte. . . 27
2) Une base sociale entre ombre et lumières. . . 29
3) L’augmentation du culte et de la croyance en la Santa Muerte : une évolution
problématique. . . 32
II - La Santa Muerte, une médiation symbolique de l’identité chilanga ? . . 35
A) Les Débats autour de la Santa Muerte dans l’Espace Public chilango : un Imaginaire de
la Peur qui s'exprime dans le Réel par le Refus de la Parole. . . 36
1) Conflit religieux : de la non-reconnaissance à la lutte. . . 36
2) Un Conflit Politique : le Refus d’Attribuer à la Santa Muerte une officialité. . . 39
3) Conflit social : la création d'une frontière normative. . . 41
B) La Santa Muerte : Manifestation Symbolique d'une Identité de l'ombre dans l'Espace
Public chilango. . . 43
1) L'informalité comme mode d'organisation. . . 43
2) La fonctionnalité comme valeur tolérante. . . 45
3) Une dualité intégrée à l’espace. . . 47
C) Les Débats autour de l’Origine de la Santa Muerte : Parabole Symbolique aux Origines
de la ville de Mexico DF ? . . 48
1) La filiation aztèque de la Santa Muerte et l’inscription symbolique dans le temps
long. . . 49
2) L’origine de la Santa Muerte : une lutte pour la légitimité. . . 50
3) Le mythe du syncrétisme originaire. . . 51
III - La Santa Muerte, médiation moderne du « choc des rêves » de la conquête. . . 54
A) La Santa Muerte : un Rapport barbare au Sacré ? . . 55
1) L’idée d’une communication directe avec le divin. . . 55
2) Les moyens de communication avec le divin : la prise en compte de l’inconscient.
.. 56
3) Identité des dieux et des hommes. . . 57
B) Quand le Rêve de Magie se fait Rêve d’Identité. . . 59
1) Une unité fondée sur la magie. . . 59
2) Le rêve d’une identité païenne. . . 60
3) Mexico DF ou l’espace symbolique de la destinée du monde contemporain. . . 61
Conclusion . . 63
Bibliographie . . 65
Définitions et concepts . . 65
Livres étudiés . . 65
Livres explorés . . 65
Articles . . 66
Sitographie . . 66
Paroles de chanson . . 67
Filmographie . . 67
Photographie . . 67
Annexes . . 68
Annexe 1 : Photographies de la Santa Muerte . . 68
Annexe 2 : Paroles de la chanson Santa Muerte de Cartel de Santa. . . 69
Annexe 3 : Exemples de tatouages de la Santa Muerte. . . 70
Annexe 4 :Exemples de prières dédiées à la Santa Muerte. . . 71
Annexe 5 : Exemple de mises en garde contre la santa Muerte sur un site Internet
catholique. . . 75
Annexe 6 : Les lieux de présence de la Santa Muerte à Mexico DF. . . 76
Annexe 7 : Liste des principaux sites Internet mentionnant la Santa Muerte. . . 78
Sites mentionnant la Santa Muerte. . . 78
Sites Internet où l’on peut acheter des articles en relation avec la Santa Muerte . . 79
Forums . . 79
Articles d’opinion. . . 80
Remerciements.
Remerciements.
A l'heure de remettre ce travail entre d'autres mains que les miennes,
je tiens à remercier toutes les personnes, qui, par leur temps, leurs connaissances, leur attention,
ou leur simple mais inestimable présence, ont concouru à la rédaction de ce mémoire et au sentiment
personnel d'enrichissement.
Parmi elles, je tiens à remercier tout particulièrement Monsieur Bernard Lamizet, qui fut
d'une part mon maître de séminaire, mais aussi mon professeur depuis quatre ans dans le cadre
de la section Politique et Communication de l'IEP de Lyon et dont les analyses n'ont cessé de me
mobiliser intellectuellement, humainement et personnellement. Ses encouragements autant que ses
conseils ont été pour moi d'un soutien précieux et m'ont donné la confiance pour mettre à bien
mon projet de mémoire.
Merci à Mademoiselle Nélida Michaud qui fut ma professeur d'espagnol autant que mon amie
et qui a bien voulu accepter de faire partie de mon jury pour la soutenance de ce mémoire. Sa
passion pour la langue de Cervantes ainsi que sa disponibilité ont ponctué ce travail et cette année
de moments de partage et de compréhension mutuelle.
Enfin, merci, « gracias » devrais-je dire, à l'ensemble des Mexicains que j'ai pu connaître et
aimer lors mon séjour à Mexico DF. Ces anonymes qui s'appellent comme des milliers d'autres
mexicains, Juan, Yearim, Jessica, Nuria, Carmen, Angela, Roberto, Margarita, Maru, m'ont donner
à voir leur pays, leur ville, leur culture, leur traditions, un peu de leur vie en somme et je leur dois
tout ce que je sais du Mexique. Ils sont réellement l'âme de ce travail.
Avant-propos
Puisque nous ne sommes pas encore entré à proprement parler dans ce qu’il est convenu d’appeler
un mémoire, j’aimerais profiter de cet espace pour mettre en perspective sinon le statut, du moins
la place que tient ce travail au sein de ma scolarité mais plus généralement au sein de ma formation
personnelle.
Ces quelques dizaines de pages sont issues de quatre années d’enseignements à l’Institut
d’Etudes Politiques de Lyon, mais également d’une expérience personnelle qui s’inscrit presque a
contrario du cycle de vie qui a pu être le mien au cours de mon passage à l’IEP. En effet, ce que l’on
a coutume d’entendre par « semestre de mobilité internationale » fut pour moi une parenthèse de
vie au Mexique, une parenthèse bouleversant à la fois le connu et l’approche de l’inconnu, le savoir
passé comme celui à venir, parenthèse qui à ma plus grande satisfaction ne s’est pas refermée à
mon retour et qui, tout au contraire, ne cesse de repousser l’heure de son dénouement.
Cette expérience est longtemps venue concurrencer, voire contredire l’enseignement théorique
que j’ai pu recevoir au cours de ma scolarité. C’est ainsi que la perspective du mémoire m’est
apparue comme un signe de réconciliation. La liberté quant au choix du sujet a entrouvert
la possibilité pour moi de penser un thème résolument personnel, mais également ma propre
implication par rapport à ce thème. Les occasions, et j’irais même jusqu’à dire les chances de
réaliser un tel travail sont assez rares pour qu’elles soient notées.
J’ai donc voulu de ce travail qu’il soit à l’image non seulement de ce que j’ai pu apprendre
à travers mon cursus scolaire, mais aussi à l’image de ce que j’ai vécu plus intimement, des
doutes, des remises en questions, des contradictions parfois, qui ont animé mon esprit au cours des
dernières années. Sans doute est-ce autant une qualité qu’un défaut ; néanmoins ces deux réalités,
personnelle et théorique, tout à la fois complices et concurrentes, constituent le contexte d’écriture
de ce mémoire.
Epigraphe
« Le Mexique est une terre de rêves. Je veux dire une terre faite d'une vérité différente. Pays de
lumière extrême, pays de violence, où les passions essentielles sont plus visibles et où la marque de
l'antique histoire de l'homme est plus sensible ; tout comme dans certains pays fabuleux, la Perse,
l'Égypte, la Chine. Pourquoi ce rêve? Qu'est-ce qui fait du Mexique un des lieux privilégiés du
mystère, de la légende, un lieu où le moment même de la création paraît encore proche alors que
déjà s'annonce, inexplicablement, l'autre moment suprême, celui de la destruction du monde ? »
JMG Le Clézio « Le Rêve Mexicain ou la Pensée Interrompue »
Introduction.
1
Les lettres « DF » sont l’abréviation de Distrito Federal (en français district fédéral) terme par lequel on désigne au Mexique, la
capitale du pays, afin de la différencier du nom du pays lui-même se prononçant de la même façon.
Le sujet étant énoncé, il convient dès lors de définir le cadre dans lequel il sera
étudié. Le phénomène de la Santa Muerte est repérable dans l’ensemble de la République
mexicaine, bien que sous des formes qui peuvent être variables. On peut l’observer
également dans certaines grandes villes du sud et de l’ouest des États-Unis, notamment
à Los Angeles, ce qui s’explique par l’importante immigration mexicaine dans ces régions.
D’autre part, on remarque que la présence de la Santa Muerte est essentiellement le fait
des villes et même des très grandes villes mexicaines. On en trouve quelques traces dans
les campagnes mais on peut dire que l’importance du phénomène est largement associée
au fait urbain. Même si ces différents éléments seront détaillés par la suite, pour l’heure ils
fournissent les raisons qui ont orienté mon choix de délimiter l’étude de la Santa Muerte à
la ville de Mexico DF.
En effet, Mexico DF est non seulement la ville par excellence puisque c’est l’une des
plus grandes du monde, mais c’est surtout dans cette ville que j’ai vécu six mois durant. Elle
a été pour moi un terrain d’observation quotidien jusqu’à me devenir familière en quelque
sorte, ce qui n’est pas le cas du reste du pays. C’est ainsi que pour des raisons de capacité
et de connaissance, nous restreindrons l’aire géographique du sujet à celle de Mexico DF,
choix qui sera par la suite confirmé par l’enjeu du sujet lui-même, nous aurons certainement
l’occasion d’y revenir.
Cette délimitation du cadre de l’analyse est également à mettre en lien avec les sources
utilisées au cours du travail préliminaire de recherche d’informations. Une grande partie de
l’analyse est en effet basée sur l’observation directe, c'est-à-dire sur la participation aux
fêtes organisées pour la Santa Muerte, sur son culte plus quotidien, mais surtout sur les
nombreuses discussions que j’ai pu avoir avec des mexicains. L’intérêt de l’ensemble de
la population mexicaine pour les thèmes religieux ont permis il est vrai d’aborder le sujet
très facilement et, ce qui est peut-être plus surprenant pour un pays très religieux comme
le Mexique, sur un mode particulièrement libre. C’est vraiment dans ce contact direct et
quotidien avec la croyance et le culte à la Santa Muerte, mais aussi dans la confrontation
de ce dernier avec des personnes qui ne le pratiquent justement pas, que se sont forgées
les premières hypothèses.
Enfin cette proximité avec l’objet a permis de doter l’analyse d’une certaine spontanéité,
celle des réactions que pouvaient avoir certaines personnes, celle des anecdotes, des
positions pour ou contre. Cette spontanéité constitue un matériau important pour ce travail
dans la mesure où elle permet une approche plus sensible de la réflexion.
Cette nature quelque peu instinctive des sources issues de l'observation directe se
retrouve sous une autre forme dans l'appréhension des sources écrites. En effet, les
recherches indiquent une relative pauvreté de la littérature traditionnelle concernant la Santa
Muerte ; entendons par là qu'il existe très peu de livres, d'essais, d'articles d'universitaires
et même d'articles de journaux, alors qu'au contraire les sites dédiés à la Santa Muerte
sont nombreux et particulièrement bien fournis. Bien sur le phénomène est récent, ou du
moins récemment visible, mais il semble que cela ne constitue pas la principale explication.
Internet apparaît comme un instrument rapide, intelligible rapidement et par n'importe qui,
favorisant les échanges d'opinions en temps réel et donc adapté aux passions suscitées par
l'augmentation du culte à la Santa Muerte, quelles soient sociales, religieuses ou politiques.
Ainsi, l'abondance d'informations autour de la Santa Muerte sur le média Internet fait déjà
partie en quelque sorte de la réflexion elle-même.
Cela présente évidemment un avantage dans la mesure où Internet apparaît comme
une source particulièrement porteuse de sens en ce qui concerne l'étude de la Santa Muerte,
mais cela impose également d'avoir un certain recul par rapport à ce média-source afin de
Denisot Marie - 2007 9
LA CROYANCE EN LA SANTA MUERTE A MEXICO DF : DE LA SIGNIFICATION RELIGIEUSE A
L’IDENTITE POLITIQUE DE L’ESPACE.
ne pas tomber justement dans l'analyse purement réactionnelle. Cela explique alors le choix
d'utiliser en parallèle le livre de J.M.G. Le Clézio intitulé « Le rêve mexicain ou la pensée
interrompue » qui interroge sur le temps long le silence des peuples indiens par la violence
du monde moderne. Le but étant de combiner à la fois des sources d'origine directe et une
pensée plus globale, plus reculée sur l'identité mexicaine.
Dès lors, la délimitation du sujet ainsi que des sources qui en constituent la base
de recherche sont parties prenantes de l'analyse du phénomène de la Santa Muerte à
Mexico DF dans la mesure où elles constituent elles-mêmes des points d'appui sur lesquels
développer le raisonnement. Ces différents éléments seront donc par la suite approfondis ;
pour l'heure, ils forment le cadre dans lequel s'inscrira la démarche de ce travail.
Il convient à présent de définir les supports théoriques qui seront les nôtres, autrement
dit les notions auxquelles nous ferons appel pour argumenter la réflexion. L’hypothèse de
départ est de penser que l’étude de la Santa Muerte dans la capitale mexicaine nous permet
de parler de l’espace public de Mexico, de son organisation, de son identité. Autrement
dit nous partirons du principe que l’étude d’un fait religieux ne parle pas que du domaine
du religieux ou de quelques autres secteurs qui lui sont associés, mais de l’espace entier
sur lequel il s’inscrit. D’autre part, nous essayerons de nous inscrire dans une démarche
constructiviste, c’est à dire que nous partirons de l’observation du phénomène lui-même
(celui de la Santa Muerte à Mexico DF) c’est à dire des faits bruts si l’on peut dire, pour
en déduire des explications ou plutôt des significations. Notons enfin, avant d’énoncer plus
explicitement les axes qui seront les nôtres au cours de cette réflexion, que ce travail est
avant tout un point de vue originale sur la signification de la Santa Muerte à Mexico DF dans
la mesure où elle prend le parti d’un sens possible de signification qui n’est certainement
pas le seul et qui n’est pas étranger à une certaine subjectivité sur le sujet. Cependant, si
cet a priori a constitué l’acte de naissance de l’idée même de ce travail, il n’a pas lieu de
citer dans le déroulement de l’analyse qui essaye elle d’aborder l’objet scientifiquement.
Il s’agit donc maintenant de qualifier plus précisément l’objet d’étude. Tout d’abord,
2
on peut dire de la Santa Muerte qu’elle est une croyance , terme par lequel on entend le
fait de croire à la vérité ou à l'existence de quelque chose. Cela entraîne nécessairement
3
l’existence de croyants (qui a une foi religieuse) c'est-à-dire de personnes qui instituent
son existence comme vraie. Ainsi la notion de croyance relève d’une médiation, c'est-à-
dire d’une dialectique entre le singulier et le collectif. Chaque individu croyant possède une
expérience personnelle de sa croyance, mais qui est toujours en rapport avec celle de la
croyance sociale. Ainsi l’existence d’une croyance sur un espace donné n’est pas anodine
dans la mesure où elle instaure un rapport à l’autre, à l’autre « croyant », à l’autre « non
croyant », à l’autre « qui a une autre croyance ». Il y a donc quelque chose de l’ordre de
l’identité qui se joue dans l’existence d’une croyance. L’identité en ce sens apparaît comme
un concept profondément politique, donc symbolique. Aussi, le sens de l’existence d’une
croyance en la Santa Muerte dans l’espace public de Mexico DF, est profondément politique,
et c’est ce sens politique qu’il s’agira de mettre à jour.
D’autre part la question du temps est elle aussi constitutive du symbolique. On a pu
voir dans quelle mesure une croyance relève d’une médiation. Or la notion de médiation
institue une temporalité, dans la mesure où elle apparaît comme le contraire de l’immédiat.
On a donc d’une part le réel qui est le présent et donc l’absence de temps et de l’autre
une médiation qui va construire une définition par rapport au réel. Ainsi, l’existence de la
2
Dictionnaire Larousse 2004.
3
Dictionnaire Larousse 2004.
croyance en la Santa Muerte nous fait entrer de fait dans une dialectique entre un temps
court et un temps long, autrement dit le temps court qui est celui de l’existence plutôt récente
du culte à la Santa Muerte dans la ville de Mexico DF, mais aussi celui d’un temps plus
long, celui de l’histoire religieuse du pays, de l’histoire de la ville, des quartiers de cette
ville. Finalement ce que l’on va chercher à savoir, c’est ce que nous dit la Santa Muerte
sur la ville de Mexico DF. A ce propos il est peut être temps d’expliciter ici un mot familier
mexicain auquel nous aurons souvent à faire référence et qui éclairera certainement le sens
de la démarche que nous souhaitons mettre en place : c’est le mot qui est aussi un adjectif
« chilango ». Celui-ci est employé dans tout le pays pour désigner les habitants de Mexico
DF mais aussi pour caractériser ce qui vient de la capitale, l’accent par exemple, la manière
de s’habiller, les recettes de cuisine, les expressions ou encore l’humour. Bien sûr dans
chaque ville, les habitants, les spécialités prennent de fait le nom de cette dernière, mais
pour ce qui vient de la capitale mexicaine, on ne dérive pas à partir du nom de la ville
ou du moins on n’utilise pas cette possibilité qui existe pourtant, mais à partir d’un mot
complètement différend. Il me semble que le sens de ce travail se situe là, dans la tentative
de définir, à travers l’étude de la Santa Muerte le « chilango » si l’on peut l’exprimer ainsi
et que l’on pourrait définir comme l’identité de la ville de Mexico DF. Ainsi, les particularités
de la croyance et du culte rendu à la Santa Muerte dans la ville de Mexico DF, mais aussi
celles liées à son enracinement social, à sa reconnaissance sociale semblent intimement
liées au destin de la ville elle-même.
Nous choisirons de consacrer l’intégralité de la première partie de ce travail à la
description de l’objet en lui-même autrement dit la Santa Muerte : qui est-elle ? A quoi
ressemble-t-elle ? Quelles sont les pratiques qui forment son culte ? Qui la vénère ?
Autant de questions qui peuvent sembler de l’ordre de la pure observation et qui pourtant
constituent la base de l’analyse car en effet, la manière de vivre une croyance n’est pas
anodine. Il s’agit donc d’étudier et de mettre en perspective la réalité de l’objet d’étude dans
la ville de Mexico DF.
D’autre part et d’un point de vue plus pragmatique, il est important que le lecteur puisse
se faire une idée de la réalité d’une telle croyance afin d’en percevoir ensuite les différents
enjeux au sein de l’espace public de Mexico DF.
Nous nous intéresserons donc tout d’abord à la Santa Muerte mais dans la mesure où
elle est une croyance c’est à dire qu’un collectif lui attribut un certain nombre de choses
comme étant vrai. De plus, elle est aussi un culte et donc une existence sociale particulière
sur un espace donné, celui de la ville de Mexico DF. C’est donc dans cette rencontre
entre des éléments issus de l’imaginaire et d’autres du réel que nous mettrons en évidence
l’ambiguïté de la Santa Muerte.
Ces différents éléments mis en place, nous serons alors en mesure d’étudier la
perception par la société mexicaine de l’existence d’une croyance en la Santa Muerte
En effet, nous mettrons en évidence les débats qui se sont greffés autour de la Santa
Muerte, avec bien sur derrière ceux-ci des acteurs, des forces qui entrent en conflit. Or
c’est nécessairement dans le conflit que se crée l’identité. Le but ici n’est pas de mettre à
jour les raisons qui poussent certaines personnes ou certaines institutions à être pour ou
contre la Santa Muerte puisque c’est dans ces termes que se situe le débat, mais d’essayer
d’entrevoir qu’elle image cela nous donne de la ville de Mexico DF, comment l’identité de
cette dernière transparaît au travers de ces confrontations. D’autre part, nous ferons le
tentative de qualifier, de caractériser ces identités qui émanent de la conflictualité sociale
mise en place par la présence de la Santa Muerte dans la ville de Mexico DF mais aussi de
les mettre en perspective dans l’espace et dans le temps.
4
Annexe 1.
Lorsque l'on cherche des informations générales concernant le Mexique sur n'importe quel
moteur de recherche, on rencontre dans un premier temps des sites dont la démarche
est essentiellement touristique et qui fournissent toute sorte de renseignements sur les
5
coutumes et particularités du pays. En visitant d'un peu plus près l'un d'entre eux , on
trouve alors un article décrivant une réalité religieuse mystérieuse, celle de la Santa Muerte.
Si ces quelques lignes intriguent, rien de comparable pourtant avec ce que l'on peut
ressentir lorsque l'on se retrouve pour la première fois au centre d'une messe dédiée à la
« Santisima » (Saintissime), face à face avec un squelette de plus de deux mètres, au milieu
d'une foule de fidèles massée dans quelques rues fermées à la circulation, au centre de
6
la capitale mexicaine, dans le quartier de Tepito . C'est tout d'abord dans cette découverte
que se trouve la raison d'être de cette première partie qui se veut une approche descriptive
de la croyance et du culte à la Santa Muerte dans la ville de Mexico DF.
Cela va nous permettre d'entrevoir la réalité que prend effectivement la Santa Muerte
dans la capitale mexicaine. Or cette réalité dérange par bien des aspects. Pourtant dans
la ville de Mexico DF, le culte à un saint particulier n'est pas chose rare ; il y a en effet, et
en tout premier lieu, le culte à la Vierge de Guadalupe qui est extrêmement populaire, mais
aussi celui de Chalma pour qui l'on danse, ou encore le Saint enfant de Atocha auquel on
apporte des jouets. Mais la Santa Muerte n'est pas une sainte parmi ceux-ci et parmi tant
d'autres encore, elle est à part dans la mesure où sa croyance et son culte interrogent la
société chilanga.
Nous essayerons de montrer dans quelles mesures la Santa Muerte apparaît comme
ambiguë, c’est à dire dont le sens est équivoque, incertain et que l'on peut interpréter de
différentes façons et ce à plusieurs niveaux.
Nous commencerons par l'étude de la figure en elle-même qui manipule une
symbolique d'une mort duelle ou bicéphale.
7
Puis nous nous intéresserons au culte à la Santa Muerte, terme par lequel on entend
l'hommage rendu à Dieu, à une divinité, ou à un saint, mais qui désigne aussi l'ensemble
des cérémonies et pratiques par lesquelles on rend cet hommage. Nous montrerons que
celui-ci s'inscrit à la fois dans une culture catholique mais également contre cette dernière.
Enfin nous nous pencherons sur l'inscription sociale de la croyance et du culte à la
Santa Muerte en essayant d'en montrer les contours au sein de l'espace de la ville de Mexico
DF, contours qui présentent, nous le verrons, des frontières floues.
5
Http://www.monmexique.com/santa-muerte.htm
6
Tepito est un quartier du centre de Mexico DF qui est connu depuis des années pour résister à la modernisation, pour le commerce
illégal de toutes sortes de produits et pour son taux de violence considéré comme l’un des plus élevés de la capitale mexicaine.
7
Dictionnaire Larousse 2007.
Par la mise en évidence de ces ambiguïtés, nous nous proposons d'appréhender l'objet
d'étude qu'est la Santa Muerte, mais aussi déjà de repérer les éléments qui sont à l'origine
des débats autour de cette divinité dans l'espace public de la ville de Mexico DF.
exemple, aucun des sites consacrés à la Santa Muerte ne mentionne les mêmes binômes
signification/couleur.
Cette tunique colorée représente la forme par laquelle nous cachons notre véritable
apparence derrière une autre. Ainsi, de même que le tissu cache le squelette, qui est le
corps de la Santa Muerte, notre chair dissimule ce que nous portons vraiment à l’intérieur,
l'essence même de notre humanité, que nous essayons de déguiser. C'est particulièrement
11
vrai pour ce qui est du visage . En effet, nous jugeons de la beauté du visage par ce que
nous en voyons, autrement dit la peau, la couleur de celle-ci. Mais finalement, si l’on enlève
à un visage sa peau et qu'on en considère les seuls os, on se rend compte alors que notre
visage est très peu différent de celui de notre voisin, de notre collègue de travail, de notre
meilleur ami ou de notre pire ennemi. Ainsi, la tunique de la Santa est en quelque sorte
la couverture, le déguisement par lequel elle cache le destin de chacun, destin que nous
portons tous à l’intérieur de notre corps.
Ces premiers éléments physiques nous montrent la Santa Muerte comme déification
d'un phénomène naturel : la mort. En effet, tout être vivant est caractérisé par un cycle qui
commence à la naissance et se termine au moment de la mort. Or la mort est quelque chose
qui est de l'ordre de l'inconnu puisque par définition, c'est un moment que nous ne vivons
pas et qu'il nous est impossible de connaître par l'expérience. Dans la Santa Muerte, la mort
est matérialisée, elle acquiert d'une part une réalité, mais une réalité aux traits humains, en
témoigne notamment la taille humaine de certaines figures représentant la Santa Muerte.
Mais en parallèle de cette déification d'une des caractéristiques humaines, on trouve aussi
une humanisation de la divinité.
On remarque en effet que si nous autres humains dissimulons ce que nous sommes
vraiment derrière des apparences, ce qui peut être vue comme quelque peu négatif, la
Santa Muerte fait de même en dissimulant derrière sa tunique le destin de chaque homme.
Cela nous amène à penser la Santa Muerte, c'est à dire la divinité, et ses fidèles, ceux qui
croient en son existence, sur le même plan. Or cette idée se trouve être en contradiction
12
avec le sens du mot « saint » qui se dit de Dieu en tant qu'il est souverainement pur,
parfait ou de quelqu'un qui a été béatifié ou canonisé, dont la vie est proposé en exemple
par l'Église et auquel est rendu un culte public. Cette notion d'exemple est laissée de coté
puisque la Santa Muerte semble justement ne pas représenter la toute perfection, mais au
contraire s'inscrire dans un personnage plus en adéquation avec les possibles « travers »
des hommes et de leur vie.
De plus, par l'analyse de son apparence vestimentaire, on peut noter que la Santa
Muerte manipule une dialectique entre l'intérieur et l'extérieur à laquelle on peut substituer
celle de l'obscurité et de la lumière. Le vrai semble alors se trouver à l'intérieur, masqué
par des apparences qui sont visibles au grand jour. Nous poursuivons donc dans cette
symbolique de l'incertain dans lequel nous nous trouvons la plupart du temps puisque le
certain est ailleurs, à l'intérieur, dissimulé sous ce que l'on voit à la lumière. La Santa Muerte
laisse paraître la mort dans la lumière de l'espace public, mais l'heure et le jour de chacun
reste secret. Elle incarne à la fois la certitude de l'existence d'une heure pour terminer sa
vie, et l'impossibilité de connaître cette heure tout comme l'impossibilité de la penser.
On retrouve d'ailleurs ces caractéristiques dans les surnoms qui sont donnés, par ses
fidèles, à la Santa Muerte. Il est en effet dit dans la croyance que la Santa préfère ne
11
Http://www.santamuerte.galeon.com/
12
Dictionnaire Larousse 2007.
13
pas être nommé par son nom et qu’elle apprécie des surnoms affectueux comme « la
Flaquita » (la maigre), « Nina Santa » (la petite fille sainte), « la Bonita » (la mignonne »),
« la Senora » (la dame), « la Santisima » (saintissime), « Senora de las Sombras » (dame
des ombres). Autant de mots tendres qui permettent aux fidèles de ne pas prononcer le
mot « mort », terme qui suscite la peur. On a donc à faire à une volonté de figurer la mort
qui prend tout à coup une forme bien réelle tout en évitant de prononcer son nom de part
l'incertitude que l'idée de mort inspire. Notons aussi à propos des termes qui la désignent
que sont également employées des expressions telles que « la comadre » (la marraine)
qui fait référence à une figure féminine protectrice, notamment dans la religion catholique,
mais aussi comme le féminin de « parrain » que l'on emploie en argot « chilango » pour
désigner le compère, le comparse. Enfin elle est aussi appelée « la cabrona » que l'on
pourrait traduire par « saloperie ». On peut donc y voir un élément supplémentaire qui nous
permet d'affirmer que cette divinité est humanisée dans le sens où elle semble posséder
les défauts des humains.
Pour conclure ce premier point sur l'esthétique générale de la Santa Muerte, il semble
intéressant de reporter ici une anecdote contée par une vieille dame mexicaine et qui
résume, assez bien, la croyance en cette divinité. Devant les craintes exprimées quant à
l'idée de la mort elle a répondu l’histoire suivante : un jour la Santa Muerte a demandé
à Dieu de prendre des vacances parce qu'elle était lassée de son travail dans lequel elle
devait emporter des personnes qui ne voulaient pas mourir et dont la mort rendait triste
bon nombre de proches. Elle a donc profité de ces vacances pour se promener à travers le
monde sans avoir pour autant à emporter des gens sur son passage. Elle s'est alors rendue
compte que de nombreuses personnes souffraient énormément, elles perdaient du sang,
étaient prises de douleurs insoutenables sans que la mort viennent leur donner quelconque
soulagement. La Santa Muerte s'est alors rendue compte de l'importance de sa tâche et
de ses aspects positifs.
Cette légende révèle assez justement la dialectique entre nécessaire et incertain que
manipule le personnage de la Santa Muerte.
par un petit fil d'argent. Grâce à sa faux, la Santa Muerte coupe alors ce fil et pendant que
le corps suivra son processus de corruption, l'âme quant à elle sera sauvée.
Dans la paume de sa main droite, la Santa Muerte soutient le monde représenté par
un globe terrestre. Sa signification est très claire ; cela indique que la Santa n’a pas de
frontières, qu'elle est et existe en tout lieu et ne fait pas de différence entre les hommes qui
peuplent la terre. La terre entière est à elle et repose dans le creux de sa main. La mort
apparaît alors comme quelque chose qui transcende les différences quelles qu'elles soient.
De plus, les représentations de la Santa Muerte sont très souvent affublées d'une
balance qui trône à ses pieds. Cet objet est une allusion claire à l’équité, à la justice et
à l’impartialité. Cela vient confirmer ce que l'on a pu voir auparavant dans l'analyse des
autres attributs de la Santa. Mais cette balance représente également la volonté divine. Ici,
la balance qui est un symbole du jugement, représente celui de la Santa Muerte certes,
mais aussi l'inscription du jugement de cette dernière sous la tutelle du jugement divin.
Enfin, l'image de la Santa Muerte est également souvent accompagnée d'un sablier
qui est la mesure de la vie sur la terre. Ce n'est pas une horloge, ni une montre mais un
sablier parce qu’il suffit de le retourner pour que le temps reparte de nouveau. Cela indique
que la vie de chacun est cyclique, c'est à dire composée d'événements (la naissance, la
croissance, la mort) qui se renouvellent dans un ordre immuable. En ce sens, la mort est
seulement un changement et finalement, quelque chose de similaire au fait de retourner le
sablier et de recommencer un cycle.
Si l'on a pu entrevoir dans le point précédent que la Santa Muerte, contrairement à ce
que l'on entend traditionnellement par « saint », n'est pas emprunte de la « toute perfection »,
elle possède néanmoins des attributs qui témoignent d'un sens de la justice, de l'équité.
Ici encore on peut mettre ceci en relation avec le fait que la mort, ce que représente la
Santa Muerte, est quelque chose qui vaut pour tous en tout lieu. C'est en cela que réside la
certitude de la mort. Dans une chanson d'un groupe de rap de la capitale, cette dimension
14
est affirmée « la seule certitude dans cette vie c'est vous Santa Muerte ». On trouve donc
une sorte de résignation face à la mort, qui apparaît alors comme une réalité imminente.
La terre qui tient dans la seule paume de main de la Santa Muerte traduit à quel point les
hommes sont peu de choses face au cycle de la vie qui se termine. Mais la Santa Muerte
n'est pas uniquement cette divinité qui coupe le chemin de la vie, elle emporte chacun vers le
commencement d'un nouveau cycle et en ce sens elle est une instance rassurante. La mort
étant divinisée dans une sainte humanisée, se dessine alors une sorte de confiance en la
mort puisque la Santa Muerte est juste et impartiale. Ainsi, l'inconnu de la mort, matérialisé
dans une figure divine aux traits humains, n'inspire plus la peur mais un fatalisme confiant.
De plus il est intéressant de noter que les représentations de la Santa Muerte traduisent
un lien avec le catholicisme. Ses attributs témoignent de ses particularités mais s'inscrivent
dans une référence à Dieu ou du moins à un être suprême. De ce fait la croyance en la
Santa Muerte ne semble pas constituer pour ses fidèles un cadre exclusif des rapports de
ces derniers avec le sacré. Nous aurons l'occasion de revenir sur ce point.
Enfin, un autre élément est mis en évidence par l'analyse des attributs de la Santa
Muerte : sa puissance. En effet, bien que l'existence d'un être au dessus d'elle est suggérée,
son pouvoir semble pourtant immense. Elle maîtrise et manipule le temps des hommes sur
la terre. Elle est donc justement sur cette frontière entre le réel, la certitude présente d'une
heure où le cycle de la vie humaine s'arrêtera, et l'imaginaire, autrement dit l'incertitude que
l'on a du moment de la mort future.
14
Cartel de Santa : « Santa Muerte » Annexe 2.
On peut donc dire que la Santa Muerte se trouve à la croisée de plusieurs significations.
Tout d'abord elle semble à la fois sous l'autorité d'une instance supérieure mais aussi dotée
d'une puissance presque sans limites. Elle possède les attributs de l'impartialité et de la
justice, mais garde secret le moment où sa faux viendra couper le chemin de la vie, et de
ce fait garde secrètes les raisons d'abréger ou non la vie de chacun. Enfin, elle manifeste
la certitude réelle de la mort autant que sa dimension inconnue.
tous. Cela lui donne alors de fait une relation de proximité avec les fidèles, ce qui explique
certainement la ferveur de ces derniers. Le croyant en la Santa Muerte peut d’ailleurs
apprendre, lui aussi, à manipuler cette énergie qui émane des images consacrées de la
Santa, ce que l’on retrouve dans le fait de porter sur soi une image ou un objet représentant
la Santa puisque le contact avec cette dernière nous met également en relation avec sa
puissance. Ainsi, la très grande puissance de la Santa Muerte et sa capacité à réaliser les
demandes viendrait du fait qu’il est impossible d’échapper à la mort et que de ce fait, son
pouvoir sur nous est immense. Ainsi, contrairement à Dieu qui est tout puissant mais aussi
« toute bonté », la Santa Muerte elle présente une face double.
Elle concentre en effet la force créatrice comme destructrice de l’univers. Les fidèles
font appel à elle pour lui demander des faveurs en relation avec l’amour, la santé ou le travail.
Mais on peut également la solliciter pour atteindre des buts plus ambigus, tels que des
vengeances ou encore la mort d'une personne. Elle peut récupérer l’amour perdu, pousser
une personne qui ne le souhaitait pas à concéder au mariage, faire que certaines personnes
se rapprochent. Elle peut aider au niveau économique, à soigner des maladies, à repousser
les mauvais sorts, à se défaire des ennemis. Ici, on se rend compte que la Santa Muerte
ne fonctionne pas conformément à ce que l'on entend par le terme de « saint » qui inclut
nécessairement celui d'exemple. En ce sens elle apparaît comme une divinité fonctionnelle
dans la mesure où elle peut agir sur l'ensemble des désirs humains qu'ils soient conformes
ou non à la morale. On peut citer à ce titre le commentaire de Roberto Guitierrez, vendeur
ambulant : « Je lui demande qu’elle prenne soin de moi et qu’elle me protège de la jalousie
et quand on s'est mal comporté avec moi, je n'hésite pas à lui faire appel, j'ai confiance en
19
sa justesse. »
Cette fonctionnalité se retrouve également dans l'usage que font les fidèles de ses
pouvoirs. En effet; si on veut qu’elle nous concède une faveur, il faut lui promettre quelque
chose en échange que l’on sera en mesure de réaliser. Dans le cas d'une promesse non
tenue, et que cela soit volontaire ou non, elle « emporte » alors avec elle une personne
de la famille ou un proche. Il y a donc un réel échange entre la Santa Muerte et le fidèle :
leurs actions sont effectivement interdépendantes et associées dans un lien de réciprocité.
On se trouve donc dans le cadre d'un lien de causes à effets direct et sans équivoques.
20
Cela nous permet de rapprocher la croyance en la Santa Muerte du mysticisme , doctrine
philosophique et religieuse qui admet la réalité d’une communication directe et personnelle
avec Dieu par intuition ou par l’extase. Bien sûr ici, il ne s'agit pas de Dieu mais d'une sainte,
cependant, le mode de communication avec la divinité qui est décrit s'apparente à celui
observé pour la Santa Muerte.
Finalement, au terme de ce point il apparaît deux choses. Tout d’abord que, par
la puissance de sa force, la Santa Muerte est présente par des miracles ou encore
des apparitions dans l’espace du quotidien et ce de façon directe et réciproque ce qui
semble aller à l’encontre de l’image traditionnelle que véhicule un saint. D’autre part, cette
puissance, bien qu’elle soit toujours considérée comme juste par les fidèles peut s’avérer
bénéfique mais également maligne ce qui lui donne à la fois une dimension protectrice mais
aussi vengeresse.
~
Nous avions posé au préalable la Santa Muerte comme une croyance c'est-à-dire qu’un
collectif croit en son existence et en la vérité de celle-ci. Cette réalité considérée comme
19
Http://www.terra.com
20
Dictionnaire Larousse 2004.
vraie par les fidèles, c’est celle que nous venons de détailler à travers la symbolique du
personnage de la Santa Muerte. Or, nous avons pu constater que la simple description du
personnage de la Santa Muerte montre déjà des ambiguïtés, étant entendu qu’il n’ait bien
sûr donné aucune connotation négative à ce terme. Diviniser un phénomène aussi naturel
et pourtant aussi inconnu que celui de la mort n’est pas anodin et semble ne pas coïncider
avec ce que l’on peut observer généralement à Mexico DF où les nombreux saints auxquels
on rend un culte sont conformes à la définition de l’Eglise catholique. Cela concerne en effet
des personnes dont la vie est donnée en exemple par l’Eglise et qui sont canonisées. De
fait un phénomène naturel ne peut accéder à la dimension de saint.
De plus, cette mort devenue déesse, est représentée sous une forme sinistre et morbide
bien que richement vêtue et plus surprenant, à la manière d’une vierge, créant en quelque
sorte une confusion quant à son identité. Confusion qui est entretenue par ses pouvoirs qui
sont capables de protéger autant que de détruire et cela dans une justice et une impartialité
affichée par ses attributs.
La Santa Muerte s’inscrit donc dans une proximité avec ses fidèles. Elle représente le
destin qui les attend tous et en attendant cette heure qu’elle garde en secret, elle accomplit
en échange de promesses tenues, les désirs humains de toute sorte, et apparaît à eux de
manière quotidienne. Endossant les défauts des hommes comme les qualités des dieux,
elle semble au plus proche de ses fidèles, réduisant les distances sur lesquelles se fondent
justement le rapport au sacrée dans la religion catholique : avec la Santa Muerte, le rapport
est direct, amoral, quotidien et réciproque.
21
ROJAS Maria de las Nieves. Surgimiento y desarrollo de las organizaciones evangélicas en México: la minoría existente
1988-1997.
26
http://www.udlondres.com/revista_psicologia:articulos/stamuerte.htm
27
http://es.catholic.netle
28
Objet de piété mariale, en forme de collier, composé de cinq dizaines de grains enfilés sur une chaînette ou un cordon,
utilisé pour compter les prières à réciter.
29
Annexe 4.
divine. La Santa Muerte se situerait donc dans le domaine du symbolique révélant un visage
double, moral et immoral, supérieure et égal à ses fidèles, divine et terrestre.
Enfin, le parallèle avec le catholicisme demande à être étudier plus profondément
puisque de nombreux éléments nous indiquent que la controverse qu’il existe autour de
la Santa Muerte réside certainement dans l’ambiguïté de ses relations avec la religion
dominante de la ville et dans le pays. Ce sera l’objet du point suivant.
30
La vierge de Guadalupe est le nom donné à la vierge Marie lors de son apparition à un indigène des Amériques en 1531. C’est
une figure catholique très célèbre sur le continent américain et qui est considérée comme la Sainte Patronne du Mexique et plus
particulièrement de la ville de Mexico DF.
31
Ce point sera détailler par la suite lorsque nous nous pencherons sur les polémiques crées par la Santa Muerte dans l’espace
public de la ville de Mexico DF.
32
http://www.udlondres.com/revista_psicologia/articulos/stamuerte.htm
Si les fidèles ne voient aucun problème à pratiquer les deux cultes, l’Eglise catholique,
elle, voit d’un très mauvais oeil la confusion des deux. En sont la preuve les innombrables
mises en garde contre la croyance en la Santa Muerte que l’on peut lire sur les sites Internet
33
catholiques et où la pratique du culte est largement condamnée d’un point de vue religieux.
Enfin, on peut signaler dans les pratiques en relation avec le catholicisme, celles
de celui que l'on peut considérer comme le chef de file des croyants en la Santa
Muerte et qui est pourtant issue du catholicisme : l'archevêque de l'église apostolique
traditionnelle Mexique-USA, David Romo qui est la figure la plus populaire du culte. La
dénomination même de cette institution religieuse est contestable puisqu'elle n'est pas
reconnue par Rome. Le polémique religieux, doté d’un passé militaire, revendique pourtant
son appartenance au catholicisme même s'il se confronte à la hiérarchie catholique romaine
pour être marié, promouvoir l’usage de contraceptifs dont la pilule du lendemain, de
préservatifs féminins comme masculins, pour accepter les avortements en cas de viols
et pour se déclarer contre le mythe de la virginité. De plus il a ouvert son église aux
homosexuels et aux travestis. Au cours de ses messes qui se déroulent selon la tradition
catholique, il bénie les figures de la Santa Muerte afin que les fidèles reçoivent sa protection.
Ici, la contradiction entre ce qui est accepté par l'église catholique et ce qui l'est par la
croyance en la Santa Muerte est d'autant plus forte. Les pratiques de ce prêtre en ce
qui concerne la sexualité, vont complètement à l'encontre de l'image construite par le
catholicisme.
En effet, la papauté, si elle a pu faire des concessions dans certains domaines, reste
au contraire très attachée à sa conception de la sexualité. Pourtant, encore une fois, pour
les croyants en la Santa Muerte, la pratique du culte païen et celle du culte catholique ne
semble pas entrer en lutte dans leur détermination religieuse.
Il apparaît donc que les pratiques liées au culte de la Santa Muerte s’inscrivent à la
fois dans une tradition catholique mais de manière alternative à celle-ci. Si l’on définit le
terme de culte comme une conjonction d’actes que l’on attribue à une vénération profonde
34
et qui sont liés à la culture , on peut alors penser que la Santa Muerte est liée à une culture
catholique et c’est le cas, la ville de Mexico DF étant imprégnée de cette religion. Il s’agit
de savoir maintenant d’où proviennent les éléments alternatifs que nous avons pu mettre
en valeur précédemment. Or c’est dans le conflit que se construit l’identité et de ce fait on
peut donc dire que l’identité de la Santa Muerte se trouve dans le conflit entre les pratiques
issues de la religion catholique, encore une fois telle qu’on peut l’observer à Mexico DF, et
les pratiques alternatives, dont on ignore la provenance. C’est là l’intérêt de l’étude de la
Santa Muerte, qui réside dans la tentative de mise à jour de l’identité de la Santa Muerte
en tant que représentation exprimant l’identité de la ville de Mexico DF. Elle semble se
manifester comme relevant du syncrétisme, c'est à dire comme un système philosophique
ou religieux (c'est le cas ici) qui tend à faire fusionner plusieurs doctrines différentes. Cette
notion de confusion de plusieurs éléments en une seule entité est représentative de ce que
l’on trouve quant à l’étude de l’identité de la Santa Muerte qui apparaît alors comme une
sorte d’amalgame entre la tradition d’un catholicisme populaire et d’autres sources de la
culture de la ville de Mexico qui se trouve au sein de la société chilanga.
33
Annexe 5.
34
ROJAS Maria de las Nieves. Surgimiento y desarrollo de las organizaciones evangélicas en México: la minoría existente
1988-1997.
peut donc noter que bien qu’il n’existe pas un recensement du nombre de personnes qui
pratiquent ce culte, ce qui est sûr, c’est que la vente d’articles en relation avec la Santa
Muerte est supérieure à celle des autres saints. On peut constater par exemple que dans le
marché de Sonora et au sein de celui-ci, dans le lieu réservé à la vente d’articles religieux,
sur trois allées, deux sont entièrement consacrées au commerce d’objets représentant la
Santa Muerte ce qui donne d’ailleurs à celles-ci une ambiance mystérieuse et spirituelle.
Cela nous permet de conclure, du moins partiellement, sur une popularité de la
croyance en la Santa Muerte parmi les habitants de Mexico DF.
Notons également ce commentaire particulièrement intéressant, d’Alfredo Flores,
propriétaire d’un local dans le même marché de Sonora : « les saints se vendent seulement
à leur moment, c'est-à-dire lorsque leur fête approche. Au contraire, la Santa Muerte n’a
pas de jour spécial pour se vendre, on en vend des images quotidiennement. »
Ainsi, une fois encore la Santa Muerte en tant qu’elle ne possède pas vraiment de jour
officielle prend la forme d’une divinité plus quotidienne dont le culte se réalise au jour le
jour. La relation entretenue par la Santa Muerte avec ses fidèles s'ancre donc dans l’angle
de la proximité.
Mais cette traduction économique du succès de la Santa Muerte pose problème à
l’église catholique dans la mesure où elle vient concurrencer le marché religieux issu du
catholicisme et notamment celui liée à la sainte patronne de Mexico DF, la vierge de
Guadalupe. On trouve il est vrai des stands consacrés à la vente d’objets représentant la
Santa Muerte jusque dans les alentours de la basilique de Mexico DF qui est le lieu de
pèlerinage du culte à la vierge de Guadalupe. Ainsi, dans les propres bastions des saints
catholiques, la Santa Muerte est de plus en plus présente.
C’est alors que de nombreux sites Internet d’obédience catholique, accusent les
promoteurs de la Santa Muerte d’avoir inventé cette croyance dans le but de convertir
certaines personnes crédules en consommateurs d’articles liés à la Santa. Or nous pouvons
entrevoir ici une certaine contradiction dans ce discours dans la mesure où la religion
catholique est elle aussi un commerce plus que fructueux dans la capitale mexicaine et
finalement assez semblable à celui que l’on observe pour la Santa Muerte.
Le culte à la Santa Muerte est donc actuellement d’une importance telle qu’il se traduit
économiquement par l’entrée de cette croyance dans les marchés populaires de la ville et
ce avec de plus en plus de succès. Nous pouvons faire l’hypothèse que ce succès est lié
à une plus grande quotidienneté de la présence de la Santa dans la vie des fidèles. Sous
sa forme marchande, la Santa semble également, comme on a pu le voir dans d’autres
domaines, se confronter à l’église catholique puisqu’elle vient en quelque sorte chasser sur
des terres qui autrefois étaient siennes.
Au terme de l’analyse du culte rendu à la Santa Muerte, il semble que la dimension
ambiguë de cette dernière soit pertinente, et ce dans la mesure où elle trahit, dans les
pratiques des fidèles également, un « coté sombre » qui semble se placer du coté de
l’immoralisme. C’est ce que nous avions pu voir auparavant par l’étude du personnage et de
sa symbolique. L’approche de la croyance par les actes qui relèvent de l’existence de cette
croyance tend à nous faire croire que cette dimension noire de la Santa l’est dans la mesure
où elle ne correspond pas aux valeurs affichées par l’Eglise catholique. Elle semble incarner
de ce fait le lieu de conflits entre les valeurs catholiques et d’autres valeurs qu’on ne peut
pour le moment se permettre de qualifier, mais qui sont caractérisées par le rejet de l’Eglise.
L’espace public de la ville de Mexico DF apparaît alors sous le jour d’un espace de lutte
pour l’imposition d’une norme religieuse. Cependant ce combat ne semble pas être mené de
manière équivalente du coté de l’Eglise catholique et des adeptes de la Santa Muerte. C’est
un fait, si ces derniers combinent les deux croyances sans y voir la moindre contradiction, on
sent au contraire une confrontation beaucoup plus vindicative du coté catholique. Bien que
nous en soyons encore au stade descriptif de l’analyse, on peut sentir déjà que les rapports
entre la Santa Muerte et la religion catholique demanderont à être approfondis et interrogés.
l’immigration interne. C’est à cette époque, entre 1920 et 1950 que virent le jour les
premières associations de défense sectorielle. Il s’étend sur plusieurs kilomètres, à cheval
entre la délégation Cuauhtémoc et la Venustiano Carranza.
Les marchés de Sonora et de Candelaria ont été construits dans les années 60 afin
de moderniser le vieux marché de la Merced. Ils se trouvent donc dans la continuité de
ce dernier. Ce sont des lieux particulièrement populaires et considérés comme des zones
particulièrement dangereuses du District Fédéral. On y trouve en effet des trafics en tout
genre et des luttes entre bandes délinquantes pour le contrôle du territoire. Dans ces
quartiers ; la pauvreté s’est largement développée ces vingt dernières années laissant place
à l’urbanisation massive, au commerce de survie, et à une augmentation de la violence.
C’est la première caractéristique commune que possèdent les marchés de la Merced,
de Sonora, de Candelaria mais aussi de Tepito et du centre historique. Ce dernier renvoie à
la partie de la ville qui a donné naissance au développement qui a été le sien et ce bien avant
l’arrivée des européens. C’est le lieu à partir duquel les Aztèques construisirent l’antique cité
de Tenochtitlan, qui fut détruite par les Espagnols et où ces derniers édifièrent la capitale
de la Nouvelle Espagne. Bien que cette zone soit considérée comme patrimoine mondial
de l’humanité, elle est le lieu de travail d’une population très pauvre convertie au commerce
ambulant pour pallier les difficultés économiques. Les rues qui jouxtent le centre historique
se remplissent chaque jour de stands de fortune qui permettent à leurs propriétaires de
gagner quelques pesos.
Ainsi, le culte à la Santa Muerte s’inscrit dans des zones d’habitat comme dans des
aires plus commerciales mais avec la particularité d’être exclusivement des zones que l’on
peut qualifier de très populaires, c'est-à-dire où l’on trouve un type d’urbanisation et une
présence de la population mal maîtrisée. On y trouve alors une organisation qui relève
plus de l’arrangement, de la débrouille que de l’officialité. Enfin, ces zones se caractérisent
également par la présence importante d’activités clandestines de toute sorte ainsi que par
une violence qui ose de plus en plus s’afficher au grand jour.
Cependant, on peut remarquer en outre que tous ces quartiers possèdent une identité
très marquée et de plus revendiquée comme telle. C’est bien sur le cas pour Tepito, mais
également pour la Merced dont les habitants ont crée entre eux et depuis près de 50 ans des
formes de solidarité qui leur sont propres. Formes de solidarité que l’on retrouve également
à Candelaria quartier des prostitués de Mexico DF entre ces dernières, ainsi qu’entre elles
et la police qui s’occupe du quartier. Enfin le centre historique de part son histoire est un
quartier dont l’identité surgit au détour de chacune de ses rues.
On peut donc émettre des hypothèses quant à l’inscription géographique du culte à
la Santa Muerte à Mexico DF. Celui-ci semble particulièrement présent dans les zones
populaires et pouvant prendre un caractère très violent, zones qui sont des lieux d’identité
particulièrement forts au sein de l’espace public de la ville de Mexico DF. On peut donc se
demander si l’identité de la Santa Muerte ne serait pas en relation avec l’identité de ces
zones dans lesquelles son culte s’inscrit plus particulièrement.
intéresser aux fidèles, à qui ils sont, et d’envisager s’il est possible de les déterminer
socialement. De part ce que nous avons pu voir dans le point précédent nous pouvons
peut déjà émettre l’idée qu’il s’agit certainement de personnes appartenant aux classes
populaires, mais la réalité est plus complexe, plus nuancée.
Nous commencerons en faisant un détour par une observation issue de l’expérience.
Dans un quartier de la délégation Venustiano Carranza, beaucoup étaient des fidèles de la
46
Santa Muerte quand au contraire à San Angel , une des aires les plus aisées de la ville
personne ne revendiquait la croyance en la Santa Muerte, au contraire, il était fréquent
d’entendre des commentaires péjoratifs sur cette dernière. Cela transcrit une réalité décrite
par l’ensemble des articles d’opinion se référant à cette croyance sur les sites Internet.
La base sociale du culte semble être intégrée par des personnes aux faibles ressources,
exclues des marchés formels de l’économie, de la sécurité sociale, du système juridique
et de l’accès à l’éducation, ainsi que par un large secteur social urbain et semi-urbain de
plus en plus pauvre.
Mais ce qui est décrit par ces mêmes sites et avec plus de véhémence encore, c’est le
lien entre la croyance en la Santa Muerte et le trafic de drogue, voir le crime organisé. En
47
effet, l’auteur Homero Aridjis dans son livre « La Santa Muerte » relate une fête à laquelle
il a participé et où se trouvaient réunis des hauts dignitaires du trafic de drogue mais aussi
quelques hommes politiques locaux ; c’est là que pour la première fois, bien avant qu’elles
ne soient visibles dans la rue à la lumière publique, il vit une chapelle dédiée à la Santa
Muerte. Il cite en outre une opération policière réalisée dans la Colonia Buenos Aires où fut
arrêtée une bande organisée dans le vol de voitures, et, dans le couloir de leur repère, il y
avait une figure de la Santa Muerte de taille humaine.
L’auteur note également comme autre preuve du lien entretenu par la Santa Muerte
avec le crime organisé, la présence très importante d’images représentant la Santa dans
48
les cellules de prison. Selon un site Internet , c’est particulièrement vrai dans la prison
Nord du DF, celle qui possède la plus grande population de la ville : 8300 hommes qui ont
majoritairement moins de trente ans y vivent privés de liberté. Dans cette prison, les jeunes
reclus ont élu la Santa comme marraine protectrice pour oser se trouver dans un lieu rempli
de péchés, de désespoir et de risques. Fernando de Nova Lujon qui y travaille en tant que
geôlier depuis 22 ans constate qu’il y a quinze ans on peignait timidement sur les murs des
images de la Santa Muerte dans quelques cellules mais que depuis trois ans on remarque
un engouement incroyable pour l’installation d’autels dédiés à la Santa. La majorité des
prisonniers l’ont déjà tatouée sur la peau et c’est une dévotion de la même ampleur voire
49
supérieure à celle de la vierge de Guadalupe . Les autels se multiplient donc dans les
cellules de la prison nord, particulièrement dans le dortoir six où sont reclus les prisonniers
les plus bagarreurs, les plus sales et les plus semeurs de troubles.
Il semble donc que la croyance en la Santa Muerte véhicule un lien plus ou moins
défini et dont on mesure mal l’intensité avec les secteurs illégaux de la ville de Mexico
DF. On peut avancer plusieurs sources d’explication. Tout d’abord, trafiquants de drogue,
marchands ambulants, chauffeurs de taxi, vendeurs de contrefaçons, enfants de la rue,
prostitués, voleurs à la tire et bandes délinquantes ont une caractéristique en commun : ils
46
Voir Introduction.
47
Aridjis Homero. La Santa muerte, sexteto del amor, las mujeres, los perros y la muerte.
48
http://www.udlondres.com/revista_psicologia/articulos/stamuerte.htm
49
http://www.udlondres.com/revista_psicologia/articulos/stamuerte.htm
ne sont pas très religieux mais ne sont pas athées non plus. Ils développent cependant, de
part leur activité illégale et bien souvent soumise à des risques, une tendance très marquée
pour la superstition.
D’autre part, ces personnages de la sphère plus ou moins clandestine semblent s’être
réfugié dans la Santa Muerte, image qui les représente et les protège. Elle apparaît en effet
comme une sainte fonctionnelle en accord avec leurs activités où la violence, la vie et la
mort sont étroitement liées formant ainsi une expérience quotidienne. Elle leur permettrait
en outre d’éviter un châtiment absolu au moment de leur propre mort.
Tous les types de personnes que nous avons pu citer comme particulièrement fervents
croyants de la Santa Muerte agissent en effet de manière marginale dans la société
dans la mesure où cette dernière ne les reconnaît pas et même les condamne pour se
trouver justement dans cette marge qu’est l’illégalité. Seuls certains de leurs comportements
ponctuels sont éclairés par l’espace public, mais leur vie, la manière dont ils la mènent,
les instances auxquelles ils se réfèrent ne sont pas de l’ordre de la visibilité publique. Ces
acteurs qui vivent en marge de la loi ont pris possession de la dimension symbolique de
la sainte dans la mesure où elle est un des éléments qui fait partie de la définition de
leurs propres codes, de leur organisation, de leur identité. Les personnes de la délinquance
organisée ne s’approchent pas de l’Eglise ni des autres institutions qui ont quelque chose
à voir avec un caractère politique légalisé, ils semblent donc trouver dans la croyance en
la Santa Muerte une divinité qui leur ressemble, qui incarne leur propre identité. A son tour,
la Santa Muerte, de par le pouvoir symbolique qu’ils lui confèrent (pouvoir nous l’avons vu
qui se trouve toujours être à la frontière entre le moral et l’immoral), va alors les légitimer
dans certains secteurs de la société.
Cependant, on ne trouve pas chez les fidèles de la Santa Muerte uniquement des
personnes qui sont issues des catégories que l’on vient de citer. Enriqueta Romero, doyenne
de la chapelle à la Santa à Tepito assure qu’ « il n’y a pas seulement des trafiquants
de drogue et les assassins mais aussi des gens très communs, du voisinage et d’autres
50
endroits de la ville. » « Nous nous mettons tous ensemble, bons et mauvais parce qu’elle
51
fait de grands miracles, surtout pour ceux qui croient en elle. » On peut observer en effet
de nombreuses mères de famille, des femmes de ménage, des employés dont les activités
étaient parfaitement légales, croire en la Santa Muerte.
D’autre part on trouve aussi des fidèles du coté des policiers qui lui demandent de les
52
protéger comme en témoigne ce commentaire rapporté dans le livre d’Homero Aridjis :
« Je suis policier, j’allume toujours une bougie pour qu’elle me protège des délinquants qui
me cherchent, et une autre pour qu’elle me protège de mes collègues policiers, pour qu’ils
n’aillent pas m’envoyer une balle dans le dos ! »
Finalement, la base sociale de la croyance et du culte à la Santa Muerte semble difficile
à définir très clairement et avec sûreté. Si l’on essaye cependant de faire la synthèse des
différents éléments observés, on peut dire que le lien entre la Santa Muerte et la sphère
des activités clandestines apparaît comme existant effectivement et ce de manière assez
forte. La fonctionnalité de cette divinité que l’on pourrait qualifier d’ambiguë vis-à-vis des
valeurs morales, semble alors plus tolérante et plus à l’image de cette population. C’est
aussi de cette manière que l’on peut voir l’existence de fidèles du coté de la loi cette fois
50
http://www.terra.com
51
http://www.terra.com
52
Aridjis Homero La Santa muerte, sexteto del amor, las mujeres, los perros y la muerte. Muerte »
(policiers ou militaires) mais qui finalement se trouve dans le même rapport à la mort et
d’une certaine manière dans le même rapport à l’illégalité, qu’ils côtoient chaque jour, et
à laquelle il n’est pas rare de les voir participer. Enfin, la Santa Muerte apparaît comme
une divinité très populaire dans les classes les plus basses, qui certes ne se trouvent pas
forcément impliquées dans les secteurs illégaux mais qui cohabitent avec eux sur leurs
lieux d’habitation ou qui du moins se trouvent, comme eux, marginalisés par les institutions
publiques (n’ont pas accès à la sécurité sociale, au système juridique, à l’éducation). Ainsi,
la Santa Muerte pour reprendre une métaphore que la symbolique de son personnage trahit
déjà, se dresse dans la ville de Mexico DF comme « la sainte de l’ombre » celle d’une partie
de la population qui semble ne pas être prise en compte par les autorités, et évoluer dans
l’obscurité de l’espace public.
celle-ci. La pratique du culte de la Santa Muerte est d'ailleurs intégrée par quinze paroisses
57
d'obédience catholique à Los Angeles et une à Mexico , et ce bien que celle-ci soit répudiée
par Rome. On peut noter en outre, comme on a pu le voir dans le point précédent, que le
succès de la Santa est visible également dans les prisons, notamment dans la plus grande
de Mexico, la maison d’arrêt nord.
De plus, Internet constitue également une preuve particulièrement tangible de
58
l’engouement pour la Santa Muerte On trouve en effet un nombre incalculable de sites
évoquant selon des points de vue divers le phénomène de la Santa Muerte, tous consacrant
une partie à l’importance de ce dernier dans la capitale mexicaine. On trouve des articles
d’opinion bien sûr, issus des versions en ligne des journaux mexicains pour certains, mais
aussi des sites indiquant des prières spécifiques à réciter à la Santa Muerte, des autels
virtuels, des forums de discussion. Sur l’un d’entre eux on peut même demander à recevoir
59
gratuitement et ce régulièrement un bulletin d’information sur la divinité en question. Il
semble d’ailleurs qu’Internet soit le média privilégié en ce qui concerne les informations
autour de ce fait religieux, ce qui traduit la jeunesse du phénomène puisqu’il est difficile de
trouver au contraire une traduction de cette augmentation dans des médias plus classiques
tels que les journaux, les livres ou encore les articles universitaires.
On peut se demander alors quelles sont les raisons qui soutendent cette visibilité
nouvelle de la figure de la Santa Muerte dans l’espace public de la ville de Mexico DF. On
ne peut légitimement se poser la question sans s’intéresser aux évolutions parallèles des
autres religions et notamment de la religion catholique qui est celle de l’immense majorité
des habitants de la capitale. En effet, si au cours de la décennie 1960, plus de 90% de
la population du District Fédéral se déclarait catholiques, au début des années 2000, la
proportion n’atteignait pas même ce chiffre.
En peu de temps, on a donc assisté à une perte de vitesse de la religion catholique
parmi la population de la capitale, alors qu’an contraire le nombre de sectes et de cultes
non catholiques n’a cessé d’augmenter. Ce retrait, bien que relatif puisque la population
chilanga reste majoritairement d’obédience catholique, explique certainement pour une part
le contexte dans lequel on a vu la croyance en la Santa Muerte gagner de plus en plus de
fidèles.
Certains attribuent l’augmentation du culte au fait que les gens ne soient pas préparés à
mourir ; ils chercheraient donc des alliés qui pourraient les aider au moment de faire le grand
pas. La Santa Muerte serait une de ces alliés. Il semble cependant, d’après les différents
éléments que nous avons pu mettre auparavant en évidence, qu’une partie de la population,
parce qu’elle est justement préparée à mourir à n’importe quel moment et confrontée au
risque de la mort presque quotidiennement (de par les dangers liés aux activités pratiquées,
la précarité des situations, etc.) se soit réfugie dans le culte à la Santa Muerte qui incarne une
réalité (la mort) qui existe en tant que telle dans l’espace de leur quotidien. Dans un contexte
général de perte de crédibilité de la religion catholique et d’augmentation de la population
concernée par la marginalisation quelle qu’elle soit, et qui est particulière à la vie dans la
ville de Mexico DF, la Santa Muerte apparaît dans l’espace public comme la revendication
d’une identité alternative à celle proposée par l’ensemble des institutions officielles. Elle
semble être la partie immergée mais qui est de plus en plus visible à la surface d’un nouveau
système de valeurs resté jusque là dans l’ombre.
57
http://www.udlondres.com/revista_psicologia/articulos/stamuerte.htm
58
Annexe 7.
59
Annexe 8.
Nous sommes donc bien en face d’un phénomène social dont les frontières sont
d’autant plus significatives qu’elles ne sont pas forcément bien définies. Encore une fois
on retrouve la Santa Muerte sur une ligne de démarcation entre plusieurs systèmes de
valeurs ce qui constitue certainement sa signification politique dans l’espace public chilango.
Si son existence semblait auparavant ne poser problème que d’un point de vue religieux,
l’inscription sociale et géographique étend le débat autour de cette croyance dans un cadre
plus globale.
~
Cette description détaillée à laquelle nous venons de procéder avait pour but de nous
familiariser avec l’objet « Santa Muerte à Mexico DF ». Or nous nous sommes attachés
à considérer sous différents aspects la réalité de cette croyance et de son culte ce qui
nous donne dans un premier temps une vue d’ensemble de l’objet. Cela nous a en outre
permis de mettre en évidence les éléments qui relèvent d’une ambiguïté de la Santa
Muerte à Mexico DF. Peut importe l’angle de vue considéré, la Santa Muerte intrigue
l’espace public de la capitale mexicaine et elle n’y est pas visible avec de plus en plus
de puissance sans créer un certain nombre de conflits. Figure à la fois moral et amorale,
bousculant les valeurs catholiques tout en s’inscrivant dans sa tradition, initialement le fait
de la population clandestine de l’ombre et grignotant aujourd’hui les zones de lumière des
classes populaires, elle suscite de nombreux débats dans la société chilanga. On a pu
voir que dans la figure de la Santa Muerte s’incarnait d’une part, des valeurs issues du
fait religieux catholique tel que l’on peut l’observer dans le district fédéral, mais aussi d’un
amalgame de valeurs dont l’origine est confuse et qui lui donne sa dimension de « Sainte
des ombres ». Si l’on définit la culture comme la médiation symbolique de l’identité, alors
la Santa Muerte apparaît alors comme cette médiation, c'est-à-dire qui est au milieu et qui
incarne par ce fait une certaine idée du temps et donc de l’histoire de la ville de Mexico DF.
La Santa Muerte semble bien être un des éléments qui médie l’identité de la ville, prenant
la forme d’un phénomène comme la pointe symbolique d’une identité chilanga dissimulée
et dont la signification est profondément politique. Ce sont ces relations complexes entre
l’identité de la Santa Muerte et celle de la ville de Mexico DF que nous essayerons de mettre
à jour au cours de la seconde partie.
Une croyance, en tant qu'elle est révélatrice de l'organisation sociale vécue ou désirée,
ne se borne pas à nous parler de l'aspect religieux d'un espace ou d'une société mais
de cet espace lui-même, de cette société dans laquelle elle s'inscrit. Cette seconde partie
est donc basée sur l'hypothèse que la Santa Muerte, dans la mesure où nous avons pu
l'observer au sein de l'espace de la ville de Mexico DF, nous parle justement de l'identité
de la ville tout entière. Il ne s'agit pas de dire là que telle est sa fonction puisqu'elle n'a
pas à proprement parler de fonction au niveau politique. Ce qu'elle possède par contre
et de manière nécessairement politique, c'est une signification, et c'est cela même qui
nous intéresse ici. Cette signification, nous l'étudierons selon le triptyque réel, symbolique,
60
imaginaire . Par réel, il faut entendre l'ensemble des éléments qui sont donnés, qui ne
dépendent pas de nous, autrement dit pour notre étude cela correspond globalement au
point précédent c'est à dire à la présence de la Santa Muerte à Mexico DF. L'imaginaire est
caractéristique du discours, c'est à dire qu'il renvoie à ce vers quoi l'on voudrait tendre où
encore ce dont on a peur et que l'on souhaiterait au contraire éviter à tout prix. Le symbolique
quant à lui apparaît lorsqu'il y a représentation d'une identité. Le symbolique apparaît donc
comme une médiation entre le réel et l'imaginaire. Ces notions sont donc très étroitement
imbriquées les unes aux autres.
L'identité de la Santa Muerte, nous l'avons vu revêt de nombreux aspects ambigus et
il s'agit d'entrevoir ce que ces derniers trahissent quant à l'identité de la ville elle-même.
Cependant, la Santa Muerte n'est pas qu'une représentation qui exprime une identité dans
l'espace public, elle semble véhiculé tout un ensemble de représentations qui conduisent à
l'identité de l'espace lui-même. Ainsi, elle semble exprimer non seulement une culture bien
particulière au sein de la ville de Mexico DF, mais plus que cela, dans la mesure où elle est
une porte d'accès privilégiée à l'identité chilanga.
Il convient ici de définir une expression que nous utiliserons régulièrement et qui est
61
celle d'espace public. Selon Hannah Arendt dans « Penser l’événement » l’espace public
est un espace de visibilité qu’elle tient pour une condition essentielle de la vie politique.
Garanti par les institutions républicaines qui assurent la publicité des débats, l’espace public
n’est pas garanti contre l’indifférence, il n’existe pas une fois pour toutes à la manière d’une
scène : cet espace dépend des gestes qui le frayent, c'est-à-dire des interventions publiques
par lesquelles des membres d’une société affichent, sans égard pour les codes sociaux
tacites, leur souci du politique. Cette définition est en rapport avec notre sujet dans la mesure
62
où nous entendons par culture l’ensemble des représentations qui expriment une identité
dans l’espace public.
60
LAMIZET Bernard. Cours de « Médiation », « Communication Politique » et « Politique Culturelle » Institut d' Études Politiques
de Lyon.
61
ARENDT Hannah. Penser L’évenement.
62
LAMIZET Bernard. Séminaire. Institut d' Études Politiques de Lyon.
Nous nous intéresserons tout d'abord à la manière dont les imaginaires autour de la
Santa Muerte s'expriment dans le réel en étudiant notamment les débats qu'elle a suscités
et ce dans plusieurs domaines.
Cela nous permettra de mettre en avant les points de désaccord qui font surface et donc
d'en déterminer leur signification politique. Ceci étant, nous pourrons donc qualifier l'identité
à laquelle elle renvoie au sein de l'espace public de la ville de Mexico DF qui devient alors
en quelque sorte un enjeu de lutte identitaire.
Enfin, nous essayerons de déterminer si la dualité de la ville de Mexico DF constitue
le fondement identitaire de la ville, question pour laquelle nous nous situerons dans une
temporalité plus élargie.
débat dans des termes réels, c'est à dire qui dépassent le simple jugement de valeur pour
se placer du coté du problème autour de la sanctification, c'est à dire du coté de Dieu de
ce qu'il permet ou non. Notons, tout de même que l'église fait appel à tous les moyens pour
64
décourager les fidèles de la Santa Muerte. Dans la version en ligne de son journal officiel
au Mexique, il est mentionné que seule l'Eglise, guidée par l’Esprit Saint, a la faculté de
proclamer la qualité de saint d’une personne. Elle explique ensuite comment par manque
de connaissance on peut en arriver à attribuer la sainteté à quelqu’un et les conséquences
qui peuvent en découler. Ainsi, il est fait état que lorsque dans l’acception populaire, on
tient un défunt pour saint mais que cela n'a pas été reconnu par l'Église, il peut s'agir de
trois situations distinctes : Il se peut que la dévotion soit reconnue plus tard par l’Eglise,
que la personne soit très croyante, menant une vie exemplaire, mais qui n'est pas une
sainte tant qu'elle n'est pas béatifiée par l'Église catholique, ou enfin, il se peut que les
gens se trompent, qu’ils s’identifient à quelqu’un qui a lutté ou qui a souffert, mais cela n’est
pas nécessaire pour lui reconnaître la qualité de saint ; Encore faut-il avoir vécu tout cela
dans un amour héroïque pour Jésus Christ et de cela il n'y a que l'Église qui puisse en
juger. Au fur et à mesure du site, il est aussi rappelé les dangers qui peuvent dériver des
croyances populaires. Si les valeurs de la piété populaire sont indéniablement soulignées
comme bonnes, on ne cesse d’indiquer cependant les dangers auxquels elle peut donner
naissance et qui seraient liés à la présence insuffisante de foi chrétienne, comme par
exemple la disproportion entre l’estime accordée au culte des saints et celle attribuée à la
conscience de la centralité absolue de Jésus Christ et de son mystère, la distance prise
par rapport à la vie sacramental de l’Eglise, la conception utilitariste de certaines formes
de piété, l’utilisation de signes, gestes et formules qui parfois acquièrent une importance
excessive au point de chercher le spectaculaire, le risque et dans certains cas extrêmes
de favoriser l’entrer des sectes et de conduire à la superstition, la magie, le fatalisme ou
l’angoisse. Par cette démonstration, il est ainsi prouvé en quelque sorte que la Santa Muerte
ne remplit pas les caractéristiques nécessaires selon l'Église catholique pour que lui soit
attribuée la qualité de sainte.
Sur le même site on peut trouver également une explication de ce qu'est « vraiment »
la mort pour l'Église, argumentée de passages de la bible qui viennent témoigner de la
véracité et de la conformité des dires à la parole de Dieu. La mort serait la conséquence
logique de notre péché originel, elle a été vaincue par Jésus Christ dans la mesure où il est
ressuscité (410-421, 1010-1014). Notons d'ailleurs à ce propos un commentaire de Sergio
65
Roman dans la revue officielle de l'église catholique de Mexico « desde la fe » « Jésus
a battu la mort, son ennemie, conséquence et châtiment du péché… comment alors peut-
on qualifier de très sainte la mort ? Aucun catholique ne doit rendre culte à cette grotesque
image qui représente fondamentalement tout ce contre quoi le Christ a toujours lutté ». On
trouve également des passages où sont décrites les peurs concernant le moment de la mort,
notamment la maladie, le fait de laisser des êtres chers, mais que la résurrection viendra
finalement récompenser.
Il y a donc dans le discours de l'Église catholique une volonté de discréditer la croyance
et le culte à la Santa Muerte du point de vue de la religion chrétienne, en se basant sur le
désaccord de Dieu avec cette divinité et en inscrivant cette dernière du coté du péché, qui
selon l'Église catholique peut entraîner un châtiment. L'accent est mis sur la volonté de faire
peur avec l'inconnu, dans le cas présent avec la mort.
64
http://es.catholic.net/sectasapologeticayconversos/243/1456/articulo.php?id=21521
65
http://es.catholic.net/sectasapologeticayconversos/243/1456/articulo.php?id=21521
66
http://es.catholic.net/sectasapologeticayconversos/243/1456/articulo.php?id=21521
67
http://www.univision.com/
68
http://www.univision.com/
Remarquons enfin que la répudiation de la Santa Muerte par l'Eglise catholique ne fait
pas sentir ses croyants ni plus ni moins catholiques à l'image de ce qu'affirme son chef de
69
file « nous préférons être proches de Dieu et loin du Pape ».
Finalement, nous avons à faire à un débat qui fonctionne de manière presque
unilatérale dans la mesure où le conflit entre la religion catholique et la Santa Muerte
est approvisionné principalement par la première qui tient absolument à sa désolidariser
de la seconde. Autrement dit, non seulement l'église catholique tente d'effrayer afin de
décourager l'investissement de ce culte par la population, mais encore elle ne veut sous
aucun prétexte être associée à ceux qui le pratiquent déjà alors que la plupart sont aussi
des croyants chrétiens. Enfin, notons la signification symbolique du refus par l'église de
reconnaître la Santa Muerte qui est une manière de lui refuser l'usage de la parole et qui
transcrit le refus de s'objectiver en elle. Autrement dit, on évince le fait même que l'on
puisse parler de croyance lorsqu'il s'agit de la Santa Muerte et donc qu'ils s'agissent de
croyants lorsqu'il s'agit des fidèles de la Santa. Il y a donc par le biais du discours de l'Eglise
l'introduction d'un double niveau d'appartenance spirituelle : le vrai, le bon, celui de l'Eglise
catholique, le faux, le mauvais celui de la Santa Muerte.
était de conserver la liturgie de la sainte messe Tridentine, codifiée par le pape Pie V à
la demande du concile de Trente en 1570. Cependant ils n’ont jamais mentionné que leur
activité consistait à prier la Santa Muerte. De plus, cette organisation n’a rien à voir avec
le catholicisme selon le gouvernement.
Bien que l’annulation de l’association n’ait pas empêché les fidèles de continuer leurs
pratiques religieuses, cela a influé de manière importante sur les droits, maintenant perdus,
de l'ECTME. Elle est désormais extrêmement limitée pour ce qui concerne la perception de
fonds et la possession de biens. En effet, le Comité de Sanctions du gouvernement mexicain
ayant tranché pour l'annulation de la qualité d'association religieuse dans laquelle opérait
la Santa Muerte, cela la réduit à un groupe sans personnalité juridique.
Avant cela, on n'avait jamais assisté à une punition de cette ampleur au Mexique
qui, pourtant, laissa inchangée la liberté de pensée religieuse et la liberté de culte, tels
qu'ils sont garantis par la constitution. Le directeur des questions religieuses du secrétariat
73
de gouvernement, Alvaro Castro manifeste que le cas de la Santa Muerte, qui a cessé
d’utiliser un registre qui ne lui correspondait pas, montre que dans le pays toutes les
personnes sont libres de pratiquer les cérémonies, les dévotions ou les actes de culte de
leur religion pour autant qu’elles ne constituent pas un délit (le fait de ne pas poursuivre le but
déclaré lors de la création étant illégal, c'est donc le cas pour la Santa Muerte). Personne,
dit-il, n’a cependant été molesté par les autorités pour sa croyance en la Santa Muerte. C'est
donc d'un point de vue juridique et non pas pour l'objet de la croyance que l'association
religieuse qui se consacrait à la Santa Muerte a cessé d'exister.
L'argument est bien sur recevable du point de vue du droit et pourtant ce sont malgré
tout les autorités publiques de par la formule consacrée « selon les autorités » qui ne dit ni
trop, ni trop peu, qui se sont mises d'accord pour dire que la Santa Muerte n'avait aucun
lien avec le catholicisme ce que revendique également l'Eglise catholique ce qui est par
ailleurs réfutée par le chef de file de la croyance en la Santa, le prêtre David Romo. Ce
dernier a accusé cette décision publique d'être le fruit d'une pression de la part de l'Eglise
catholique en qualifiant le Secrétariat de gouvernement de s'être transformé en bureau
74
du Vatican . C'est d'ailleurs avec vigueur qu'après l'annonce d'annulation, le même David
75
Romo a déclaré : « avec ou sans registre la Santa Muerte continuera d'exister » ou encore
« le fait que les autorités se soient prononcées contre les fidèles, ne vont pas leur permettre
pour autant d'en finir avec le culte. » C’est ainsi que les fidèles ne sont pas restés les
bras croisés puisque quelques jours après l’annulation, une série de manifestations a été
76
organisée autour de la résidence officielle du président de la République « Los pinos » et
dans le centre historique afin de protester contre cette décision.
Bien qu'elle soit basée sur un problème juridique, ce qu'il ressort de l'analyse de
la décision d'annulation de l'association religieuse, c'est qu'elle semble particulièrement
politique. Sur ce point, les autorités se joignent à l'Eglise catholique pour essayer
d'empêcher la croyance et le culte à la Santa Muerte de prospérer. On peut donc voir qu'il
y a en quelque sorte un front des instances de pouvoir traditionnelles qui s'allient afin de
faire barrage, à la Santa Muerte. Ainsi, si l'on considère le niveau politique, on remarque
également un imaginaire de la peur qui pousse à prendre dans le réel, des choix qui vont
73
http:/www.meta-religion.com
74
http://www.terra.com
75
http://www.terra.com
76
Il s'agissait alors de Vicente Fox.
permettre de maîtriser cette peur. On retrouve une volonté de la part des autorités publiques
de mettre sous silence ce symbole et donc puisqu'elle est une médiation, de mettre sous
silence la culture ou encore le mode d'organisation sociale qui parle à travers elle. Du coté
du gouvernement mexicain, on préfère ne pas laisser, à tout ce que représente, médie la
Santa Muerte, l'occasion de s'exprimer. Celui-ci se positionne donc clairement non pas de
ces espaces, de ces populations que représente la Santa Muerte, mais au contraire de la
population mexicaine, moins cette partie là, à laquelle on objecte le silence pour éviter la
confrontation. Si l'espace public, selon la définition d'Hannah Arendt que nous avons posé
en introduction à cette seconde partie apparaît comme un espace qui dépend des gestes
qui le frayent, c'est-à-dire des interventions publiques par lesquelles des membres d’une
société affichent, sans égard pour les codes sociaux tacites, leur souci du politique, alors, la
décision d'annulation semble être au contraire une intervention publique qui conformément
aux codes sociaux tacites (ici la morale chrétienne) retire une des possibilités d'afficher
son souci pour le politique. Cela retranscrit donc d'une certaine manière la volonté du
gouvernement de mettre en place un espace public exclusif.
des choses comme ça, c'est dangereux et les gens biens le voient très mal qu'une jeune fille
ait ce truc là autour du cou. » Au contraire, de nombreuses personnes dans les quartiers
plus populaires se sentent rassurés de voir qu’une personne à qui ils tiennent porte une
image de la Santa parce qu’ils la savent alors protégée.
Il convient de dire cependant que les choses ne sont pas aussi simples. Nous avons
déjà eu l'occasion de le remarquer, la Santa Muerte ne forme pas une frontière stricte entre
les classes populaires et les classes aisées de la ville puisque l'on trouve des croyants dans
les deux groupes bien que l'inscription soit beaucoup plus nette dans les classes à faibles
ressources.
Il semble tout de même que la Santa Muerte crée au sein même de la société un
double niveau d'appartenance qui ne donne pas lieu à une réelle confrontation mais qui
s'inscrit dans un double rapport d'exclusion. La Santa Muerte apparaît donc en ce sens
comme créatrice d'une frontière sociale dont la ligne est perméable mais qui renvoie dos
à dos deux niveaux de valeur. Cependant le rapport n'est pas égal puisque de manière
générale une majorité de la société chilanga soutient la position de l'Eglise catholique. On
peut analyser cet accord par le fait que l'Eglise catholique, au fil du temps, a habitué la
société à ne pas remettre en question ses décisions. Cependant, avec la Santa Muerte,
une partie de la société et aussi petite soit-elle ne se réfère plus au discours de l'Eglise qui
est pourtant certainement un des plus influents dans l'espace public mexicain, et va même
jusqu'à s'émanciper de ce dernier.
Notons enfin que dans la société, contrairement aux plans politiques et religieux où
la confrontation semble bien présente, nous n'avons pas assisté jusqu'à aujourd'hui à un
quelconque évènement qui trahisse une opposition voire une lutte réelle. Au contraire il y
a bel et bien une cohabitation entre les deux cultes à l'image du quartier de Tepito où l'on
croise au milieu des autels à la Santa Muerte, des figures de la vierge de Guadalupe.
Finalement pour conclure ce point, nous pouvons signaler qu'au sein même de la
société chilanga, la Santa Muerte s'apparente à une frontière sociale sur laquelle se
rencontrent deux imaginaires collectifs qui fonctionnent dans un rapport d'exclusion : d'un
coté les fidèles de la Santa Muerte qui ne font plus confiance aux discours du gouvernement
et de l'Eglise catholique et qui créent ailleurs d'autres symboles correspondant à leur
identité. Et de l'autre les catholiques qui ne croient pas en la Santa Muerte et qui ont,
dans leur relation à elle, intégré le discours de l'Eglise catholique et se sont approprié en
conséquence l'imaginaire de la peur que cette dernière a véhiculé.
~
Cette partie nous l'enseigne fort bien, la Santa Muerte est une figure controversée qui
fait naître des débats importants dans l'espace public mexicain mais particulièrement dans la
capitale du pays, et ce au niveau religieux, politique et sociétale. Le discours des institutions
publiques et de l'Eglise catholique procède de la même démarche qui est globalement celle
d'un refus d'attribuer la parole et donc l'expression de l'identité que véhicule la Santa Muerte
La société se trouve alors en contact essentiellement avec l'imaginaire proposé par les
institutions du pouvoir. On peut alors questionner l'existence ou non d'un véritable espace
public dans la mesure où il semble ségrégé et qu'il ne permet pas à chacun d'afficher son
intérêt pour le politique. On pourrait conclure sur le fait que l'identité n'existant que dans la
mesure où elle s'exprime, l'identité véhiculée par la Santa Muerte n'a pas vraiment de sens
au niveau politique. Cependant l'augmentation de plus en plus significative du nombre de
ses fidèles nous montre qu'elle existe avec d'autant plus de vivacité. La question est alors
la suivante : est-elle la manifestation d'une identité particulière dans l'espace public ou alors
celle d’une identité que l’on cherche à exclure de l'espace public?
pratiques ; on a pu le voir par exemple avec les manifestations qui ont suivi l’annulation
du statut d’association religieuse qui témoigne d’un sentiment d’appartenance à un même
groupe, à une même tendance religieuse. L’absence de hiérarchie dans la croyance et
le culte à la Santa Muerte apparaît ici comme une volonté de s’extraire d’un caractère
institutionnel, normé. On peut attribuer cette caractéristique aux secteurs qui donnent leur
préférence à la Santa Muerte et qui sont le fait de personnes qui de par leur activité,
leurs ressources économiques, leur lieu d’habitation (éléments qui sont de fait liés) ne
sont pas visés par les discours institutionnels, essentiellement ceux des pouvoirs publics
et de l’Eglise catholique. Pour ces derniers l’informalité s’apparente à une véritable forme
d’organisation sociale dans la mesure où c’est à elle qu’ils font appel pour trouver des
solutions que le monde de la formalité ne peut leur offrir. L’informalité apparaît alors à
Mexico DF non pas comme un recours ponctuel, mais comme une forme d’organisation
sociale qui fournit travail, cercles de relations, rôle social, ce qui induit des formes diverses
de reconnaissance. Il ne s’agit pas ici de faire l’éloge de l’informalité en montrant qu’elle
fonctionne mieux que la sphère institutionnelle, mais elle offre indéniablement dans l’espace
public de la ville de Mexico DF des alternatives satisfaisantes à ce que propose le niveau
de vie formelle. Le but n’étant pas ici d’évaluer lequel des deux est le plus efficace mais de
mettre en évidence d’une part l’existence conjointe des deux ainsi que leur concurrence au
sein de l’espace de la ville de Mexico DF.
Ainsi, c’est toute une culture de l’informalité qui se développe dans l’espace public
de la ville de Mexico DF, c'est à dire un ensemble de représentations qui exprime cette
identité de l’informalité. Plus qu’un état de fait, une circonstance que l’on observe dans le
réel, le mode de vie informel va alors engendrer un certain nombre de symboles, de codes
exprimant une certaine appartenance dont la Santa Muerte est un parmi d’autres. Nous
pouvons d'ailleurs noter que Cartel de Santa, un groupe de rap mexicain consacre une
chanson à la Santa Muerte dont les paroles nous intéressent particulièrement ici. En effet,
78
tout au long de cette « dédicace toute spéciale » le personnage de la Santa Muerte est
constamment mis en relation avec le monde de la rue, du danger, de la clandestinité qui
sont les thèmes par excellence de la musique rap dans la mesure où au sein de ce monde
là, la Santa protège, est justement maîtresse de ce fil qui lie la mort à la vie. On peut donc
voir que l’informalité n’est pas qu’une organisation sociale dans la ville de Mexico mais aussi
une culture c'est-à-dire l’expression d’une identité qui demande à être reconnue. C’est en ce
sens qu’elle s’oppose à un autre niveau de signification qui est celui de la sphère formelle.
Là aussi la chanson que nous avons citée plus haut est un bon exemple puisque dans
cette dernière, la dualité est particulièrement présente sous le trait notamment des deux
79
familles « celle de sang et celle qui se fait au coin de la rue ». Cela exprime clairement
l’existence de deux niveaux d’appartenance différents qui se trouvent cohabiter au sein du
même espace et qui s’inscrivent à la fois sur un socle commun mais aussi dans un rapport
de conflit. C’est particulièrement visible dans le discours des pouvoirs publics notamment
dans l’annulation du statut d’association religieuse au culte à la Santa Muerte. En effet, la
Santa Muerte étant l’un des symboles les plus forts de cette culture de l’informalité, l’Etat
mexicain qui représente au contraire celui du formel, de l’institution, s’emploie par cet acte
à maintenir dans l’ombre autant que possible les signes d’émergence de cette culture de
l‘informalité.
On est alors dans une situation où l’une des cultures d’un espace se trouve devant
une non-reconnaissance de cette dernière comme partie prenante des identités composant
78
Première phrase de la chanson de Cartel de Santa : « Santa Muerte ». Annexe 2.
79
Annexe 2 .
l’espace public. Notons pour nuancer que le simple fait de mettre en place une procédure
juridique d’annulation d’association est en quelque sorte une forme de reconnaissance
implicite de l’existence de cette culture.
Finalement, de ce conflit entre ces deux cultures, donc de cette confrontation entre
deux identités émane alors l’identité de la ville de Mexico DF. Ainsi, on peut donc dire de
l’espace public de la ville de Mexico DF qu’il est traversé par un conflit, une ligne de fracture
qui est d’un type particulier. Cela signifie que l’on semble pouvoir définir l’identité de la ville
par la frontière normative entre l’espace de l’informalité et celui de la formalité. Or il convient
80
de noter si l’on reprend la définition d’Hannah Arendt que les institutions républicaines
doivent garantir la publicité des débats au sein de l’espace public. Dans le cas qui nous
intéresse le refus de reconnaissance des institutions de cette culture qui vit en marge d’elles
mais qui a aussi pris leurs contraires (les formes d’informalité) comme valeur identitaire,
amène à une segmentation de l’espace public et de ce fait celui-ci cesse d’être un espace
de visibilité politique.
On peut d’ailleurs noter le parallèle avec les événements qui ont suivit la défaite
controversée du candidat de gauche aux dernières présidentielles. Ce dernier qui a reçu
le soutien de ce que nous avons pu observer comme étant les secteurs informels de la
ville de Mexico DF, a mis en place devant le refus de procéder à de nouvelles élections, un
gouvernement parallèle à celui nouvellement élu, se dotant de ministres, d’un président (lui-
même), etc, ce pour quoi il a au départ bénéficier d’un grand soutien populaire notamment
des classes les plus liées au monde de l’informalité. Il y a donc bien une identité bipolaire
de la ville de Mexico qui se dessine de part et d’autre d’une dialectique formelle/informel et
dont l’une des figures symbolique est celle de la Santa Muerte.
80
ARENDT Hannah. Penser l’évènement.
On le remarque également par la tolérance du prêtre David Romo qui accepte les
homosexuels, les transsexuels et qui revient sur certaines interdictions formulées par l’église
catholique comme la contraception ou encore le mythe de la virginité. Nous pouvons
donc faire l’hypothèse que l’absence de refoulement de la mort donne lieu à l’absence
de refoulement de la sexualité dans son ensemble et dans toutes les formes qu’elle peut
prendre. La Santa Muerte semble donc exprimer une identité de la marginalité. En effet,
nous avons pu voir auparavant qu’elle était un symbole d’une culture de l’informalité, mais
la fonctionnalité de cette dernière nous permet d’entrevoir une autre dimension : celle de
la marginalité.
On le voit ici, la Santa Muerte ne s’inscrit pas dans un clivage classes populaires/classes
aisées mais plutôt sur une frontière entre le monde de la marginalité et celui de la conformité
(sous entendu aux normes préconisées par les institutions publiques et l’Eglise catholique).
Ici l’approche de la sexualité est particulièrement intéressante puisque les personnes qui
sont considérées comme pratiquant un certain type de déviance sexuelle (selon le discours
de l’Eglise catholique, relayé par la sphère du pouvoir politique) et donc exclues du discours
de ces derniers, vont trouver dans le culte et la croyance en la Santa Muerte un monde non
pas qui tolère cette déviance mais qui l’intègre de manière active. C’est exactement ce que
l’on retrouve dans le discours de madame Romero quant à la réputation de la Santa Muerte
d’être une divinité pour bandits et délinquants : « nous nous mettons tous ensemble pour la
prier, bons comme mauvais. » Ainsi, ce que les institutions et la morale qui y est associée
considèrent comme marginal aussi bien du point de vue moral, économique que sexuel, est
alors intégré par le culte et la croyance en la Santa Muerte. Il y a donc une fonctionnalité
réelle de la Santa Muerte dans la vie de tous les jours pour les fidèles, qui représente dans
le symbolique une identité de la marginalité.
81
Or il est intéressant de s’arrêter quelques instants sur le terme marginalité par lequel
on entend qui est autour, ce qui est en dehors. En effet, la volonté des pouvoirs publics
d’amoindrir le plus possible le signe de cette culture de la marginalité qu’est la Santa Muerte
montre clairement que c’est une identité que l’on cherche à exclure de l’identité de la ville de
Mexico DF. En effet, la sphère du pouvoir institutionnel semble vouloir repousser la culture
représentée par la Santa Muerte aux marges de l’espace public de la ville de Mexico DF
comme si cette dernière ne s’exprimait pas au sein même de celui-ci. Or, ironie du sort,
c’est justement au cœur de la capitale mexicaine, dans ce qui fut depuis l’origine le centre
névralgique de la ville que la Santa Muerte s’exprime avec le plus de ferveur.
On peut donc voir que l’identité de la ville de Mexico DF semble émaner de la
confrontation entre ce monde de la conformité (au discours des institutions et de l’Eglise
catholique) et celui de la marginalité. Ainsi la capitale mexicaine nous apparaît comme un
espace de luttes symboliques entre un niveau d’identité conformiste et un autre niveau qui
serait celui d’une identité de la marginalité, symbolisée comme telle par cette divinité aux
fonctions amorales.
Notre analyse fait donc apparaître que l’identité de la ville de Mexico DF se lit selon une
ligne de fracture qui serait l’appartenance ou non par n’importe quel type d’activité ou de
caractéristique a ce qui est accepté selon la sphère du pouvoir comme la marginalité ou la
non marginalité. A cet élément il faut ajouter le fait que l’image de la marginalité construite
symboliquement par les institutions publiques associées à l’église catholique est d’une part
dépréciée mais aussi souvent niée afin de l’empêcher de s‘exprimer en tant qu’identité
singulière dans l’identité collective de la ville de Mexico DF. Il n’est pas surprenant alors
que la récente augmentation de la visibilité sociale de la Santa Muerte dans cette dernière
81
Dictionnaire Larousse 2004.
ait appelée une réaction aussi forte, et, il faut le rappeler inédite, que l’annulation du statut
d’association religieuse.
Mexico DF s’est construite autour du quartier que l’on appelle à juste titre d’ailleurs le Centre
83
Historique ; Les quartiers les plus en marge de la ville étant au début du XX° siècle des
villages autonomes qui ont peu à peu été intégrées à celle-ci. Le centre de la ville de Mexico
DF revêt une importance toute particulière dans la mesure où il était le centre de l’ancienne
84
cité aztèque de Mexico Tenochitlan , puis le centre de ce qu’on a appelé la Nouvelle
Espagne après la conquête de celle-ci en 1531. Le centre à Mexico DF est donc doté d’une
importance historique particulière. Cela nous amène à formuler l’hypothèse d’une relation
entre l’histoire de Mexico DF et les conflictualités sociales mises en évidence par l’étude
de la croyance et du culte en la Santa Muerte dans l’espace public de la ville de Mexico
DF. En effet, la rencontre des conflictualités sociales mises en relief par la Santa Muerte
est repérable sur l’espace qui est au cœur de l’histoire de la ville et même des origines de
celle-ci. C’est donc une piste qui demande à être étudier dans notre démarche d’en savoir
plus sur l’identité de la ville de Mexico DF.
L’étude de la Santa Muerte nous a donc permis de mettre en relief les caractéristiques
identitaires de la ville de Mexico DF qui se construit on a pu le voir selon des axes
dialectiques. La Santa Muerte, en tant que représentation d’une identité au sein de l’espace
public de la ville de Mexico DF, semble être le symbole d’une culture alternative qui s’oppose
à celle revendiquée par les pouvoirs publics et l’Eglise catholique. Mais la Santa Muerte
apparaît également comme la partie émergente de cette conflictualité sociale particulière.
Dans la mesure où de cette conflictualité naît l’identité, on se trouve de fait dans le domaine
du symbolique. Or les deux dimensions constitutives du symbolique se trouvent être le
temps et l’espace. La spatialité de la conflictualité sociale dans la ville de Mexico DF semble
diriger notre analyse vers l’histoire même de la ville, l’histoire des origines de celle-ci. C’est
ce que nous allons aborder dans le point suivant.
l’espace qui nous concerna afin d’entrevoir si de cette dernière émane l’identité de l’espace
de la ville de Mexico DF.
de la mort. Leur temple se situait dans le centre cérémonial de l’ancienne ville de Mexico
Tenochtitlan et portait le nom de Tlalxico qui signifie nombril de la terre. Cela nous montre
qu’il y eu un culte très important à la mort sur le territoire de ce qui est aujourd’hui le centre
de la capitale mexicaine. Notons que les Espagnols ont longtemps lutté contre ce culte en
complet désaccord avec le discours de l’Eglise catholique concernant la mort, mais qu’ils
n’ont pas réussi à l’éradiquer. Il a apparemment continué d’exister en secret.
Le lien entre le culte à la mort chez les Aztèques dans l’antique cité de Mexico
Tenochtitlan et la présence de la Santa Muerte dans la ville de Mexico DF et surtout au
centre de celle-ci semble pouvoir être établit. Il ne s’agit pas ici d’établir un lien de causalité
entre l’ancienne présence d’un culte à la mort sur l’espace de la ville de Mexico DF et la
présence actuelle de la Santa Muerte. Les similarités que nous avons pu démontrer entre le
temps court et le temps long de l’image de la mort, aussi différente soit-elle, dans l’espace de
la ville de Mexico DF nous indiquent plutôt une relation de type identitaire. La vision sociale
de la mort semble en effet, dans le temps court comme dans le temps long, manipulé un
conflit symbolique autour des origines.
Il y a donc bel et bien quelque chose de l’ordre de l’identitaire qui se joue dans le
phénomène de la Santa Muerte à Mexico DF puisque ce dernier est à la fois d’actualité
mais s’articule également à une histoire plus longue, celle des origines de la ville qui sont
préhispaniques. Or, la question des origines fait débat et diffère selon les diverses tentatives
d’expliquer le phénomène. L’origine préhispanique n’est pas la seule mise en avant, au
contraire. Il existe en quelque sorte, une lutte de légitimité quant à l’attribution de l’origine
de la Santa Muerte : il s’agira donc d’étudier si ces conflits de légitimité autour des origines
de la croyance sont également à mettre en relation avec l’histoire de la capitale mexicaine.
87
http://es.catholic.net/sectasapologeticayconversos/243/1456/articulo.php?id=21521
88
comme un mythe au sens de Roland Barthes pour qui tout discours outre son message
direct, sa référence au réel, peut percevoir des connotations qui le font entrer dans le
domaine de la signification, dans le champ des valeurs. Le mythe ne crée donc pas de
langages mais les détourne au service d'une idéologie en les faisant parler obliquement
des choses. La modernité est vidée de son sens initial et rempli d’une connotation négative
d’une part, mais totalement déconnecté d’une quelconque participation, ou résultat d’un
processus historique.
On trouve donc dans la croyance en la Santa Muerte un conflit d’origine qui oppose
le temps long des Aztèques et le temps court de la modernité ; le premier apparaissant du
côté de la légitimité et le second de celui de l’illégitimité. On peut d’ailleurs remarqué que les
sites dédiés au culte de la Santa Muerte essayent d’enraciner le plus possible cette dernière
dans une filiation préhispanique, créant là aussi un mythe, celui d’un enracinement de la
Santa Muerte au sein d’un temps historique légitime. Quant aux sites Internet catholiques, ils
minimisent ce lien historique au profit d’explications récentes issues des supposées dérives
de la modernité et qui seraient la raison de la très récente augmentation du culte à la Santa
Muerte. L’origine de la Santa Muerte est donc l’objet de filiations diverses et concurrentes par
le biais d’une dialectique entre le temps long des aztèques et le temps court de la modernité.
Or, la ville de Mexico DF manipule elle aussi une dialectique entre l’époque
préhispanique et l’époque moderne, celle-ci commençant à la chute de Tenochtitlan lorsque
les Espagnols menés par Cortés deviennent les maîtres de ce que sont aujourd’hui les
Etats-Unis Mexicains. La ville est d’ailleurs elle-même marquée physiquement par cette
appartenance simultanée au temps long des indigènes et à un temps plus court des
Espagnols. En effet, si on se concentre sur l’architecture du centre de la ville et notamment
sur la place du Zocalo, on trouve à la fois le palais présidentiel construit par Cortés en
style colonial mais également à ses côtés les ruines du templo mayor qui était le centre
cérémonial de l’ancienne ville aztèque. Au centre de la capitale mexicaine, aztèques et
espagnols semblent se regarder pour l’éternité.
Ainsi, nous pouvons considérer que la Santa Muerte apparaît comme une des
représentations qui au sein de l’espace public de la ville de Mexico DF exprime l’identité
de cette dernière. Or la spatialité de la Santa Muerte semble faire apparaître une proximité
avec le conflit d’identité de la capitale mexicaine, notamment du point de vue des origines.
La croyance en la Santa Muerte manipule donc symboliquement un conflit autour de son
origine, qui est de type identitaire, et que l’on peut rapprocher du conflit de « temps »,
d’histoire, sur lequel se base l’identité chilanga.
88
BARTHES Roland. Mythologies.
89
C’est ainsi qu’Homero Aridjis dans son livre sur la Santa Muerte définit celle-ci comme
le fruit d’un syncrétisme entre des cultes préhispaniques, certaines branches marginales
du catholicisme baroque espagnol et le vide existentiel lié à la modernité. En effet, le
syncrétisme exprime cette idée de mélange notamment d’un point de vue religieux entre
origines différentes. La notion de syncrétisme sonne telle un signe de réconciliation de ces
filiations si différentes et permet de penser le mélange des cultures tel qu’on peut l’observer
au Mexique en général et à Mexico DF en particulier. Effectivement, il existe par exemple à
Mexico DF, dans le centre de la ville, une place dite « des trois cultures » qui semble être
le symbole des propos que nous venons de tenir. Elle doit son nom au fait que se trouvent
cohabiter sur ce même lieu les restes d’une pyramide de l’antique cité préhispanique de
Mexico-Tenochtitlan, une église catholique de type baroque et autour de ces monuments,
de grandes barres d’immeubles habitationnelles contemporaines (datant des années 70)
Sur cette place, on peut lire sur une plaque l’inscription suivante : « Le Mexique d’aujourd’hui
est cela, né du mélange entre les racines préhispaniques et les racines espagnoles qui se
sont métissées pour mettre la nation en marche vers le progrès »
Ainsi nous pouvons remarquer que cette idée de syncrétisme, de métissage, de
mélange entre plusieurs origines semble être une grille de lecture privilégiée pour
comprendre ou qualifier l’histoire de la ville de Mexico DF, ou plus généralement le
« mexicain », l’essence mexicaine. Il n’est donc pas surprenant de rencontrer une telle
explication pour décrire un fait religieux tel que celui de la Santa Muerte.
D’autre part, nous pouvons noter que l’identité syncrétique de la ville de Mexico DF
en elle-même, mais aussi en tant que symbole de la République mexicaine, est affichée
comme telle dans l’espace public. C’est cette identité et non une autre qui est posée comme
l’unique. La Santa Muerte si on considère qu’elle est issue d’un syncrétisme du type de celui
qu’a pu connaître la ville dans son histoire, on peut se demander alors pourquoi sa présence
est maintenue le plus possible dans le silence par les institutions quelles qu’elles soient.
Ainsi, la notion de syncrétisme ne résout pas dans le sens où elle n’explique pas l’existence
problématique d’une croyance et d’un culte à la Santa Muerte dans l’espace public de la
ville de Mexico DF.
Il semble donc que cette identité syncrétique revendiquée comme celle de l’espace
public de la ville de Mexico DF pose problème dans la mesure elle substitue aux rapports de
force entre civilisations différentes l’idée consensuel de mélange entre celles-ci qui serait
depuis le départ le socle commun de l’histoire de la ville de Mexico DF. Tout comme on
temps à présenter la Santa Muerte comme issue de telle ou telle origine ou bien alors du
mélange de plusieurs d’entre elles sans jamais intégrer l’idée de rapports de force voir de
domination entre ces différentes origines. IL s’agit de le noter ici, nous ne sommes pas en
train de faire un procès à l’histoire en essayant de définir laquelle des origines est le plus à
l’origine de la Santa Muerte ou de la ville de Mexico DF. Le but ici est de ne pas considérer
la question des origines unilatéralement mais de chercher l’identité dans les rapports de
conflit qui nécessairement font s’exprimer les identités et font de fait qu’elles s’expriment.
C’est pour cela que l’idée de syncrétisme n’est pas satisfaisante pour le sujet qui nous
concerne dans la mesure où elle temps à gommer les rapports conflictuels et de ce fait à
fonctionner comme un mythe, c’est à dire comme un détournement de signification au profit
d’une idéologie. Cela faisant cette notion apparaît alors dans l’espace public de la ville de
Mexico DF comme une cause première (comme un mythe de l’origine) plutôt que comme
une conséquence.
89
ARIDJIS Homero. La Santa muerte, sexteto del amor, las mujeres, los perros y la muerte.
Si l’on revient à l’identité de Mexico DF, l’idée de métissage entre la culture aztèque
pourrions-nous dire et celle importée par les colons espagnols semble oublier un élément
implacable de l’histoire de la ville, celui de la conquête, de la chute de Mexico-Tenochtitlan
qui a été synonyme, non seulement de la fin de la civilisation aztèque mais aussi du
début de la colonie et de l’exploitation des survivants indiens par les espagnols. Or nous
nous entendons pour dire que ce moment évènement revêt une importance capitale étant
donné la coupure qu’il introduit dans l’histoire de l’espace de la ville de Mexico-Tenochtitlan
aujourd’hui Mexico DF.
La conquête apparaît comme un bruit sourd dans l’histoire pas temps pour le cycle que
cela a terminé ou pour celui qu’elle a commencé, mais pour le choc que fut résolument la
rencontre des deux. La mort n’est pas étrangère à cet évènement historique, ni réellement,
ni symboliquement puisqu’elle termine le cycle de la vie pour en commencer un autre selon
la croyance en la Santa Muerte. Cette dernière n’est alors que le lieu de rencontre entre les
deux tout comme la conquête serait le lieu de rencontre entre deux temps de l’histoire. Nous
sommes donc en droit de faire l’hypothèse que la croyance et le culte en la Santa Muerte
à Mexico DF entretiennent un rapport symbolique avec le choc des temps historiques que
fut la conquête.
Dans cette seconde grande partie nous nous sommes intéressés aux relations que
pouvaient entretenir la Santa Muerte avec l’espace sur lequel elle s’inscrit qui est celui
de la ville de Mexico DF et cela dans une approche autour du triptyque réel/imaginaire/
symbolique. Or nous avons pu observer les éléments suivants. Tout d’abord, les débats qui
émanent de l’existence de la Santa Muerte dans l’espace public trahissent le conflit entre
deux niveaux de signification politique distincts et concurrents à Mexico DF et qui permettent
de lire l’identité de la ville selon la bipolarité symbolique de l’espace public qu’elle constitue.
Autrement dit, nous avons suivit l’hypothèse que, des conflits symboliques autour de la
Santa Muerte, émane l’identité de Mexico DF, c’est à dire ce qui fait sens, ce qui fait Mexico
DF n’est pas une autre ville mais bien celle-ci et qu’ainsi, les autres la perçoivent.
La Santa Muerte en tant que médiation symbolique construit une identité par rapport
au réel qui sont les dialectiques entre informalité et formalité et marginalité et conformité,
qui s’inscrivent elle-mêmes dans une spatialité et une temporalité particulières au sein de
la ville. L’aspect conflictuel de l’origine de la Santa Muerte nous amène à penser l’identité
de cette dernière et à travers elle celle de la ville de Mexico DF (et inversement) du coté de
l’histoire et de la dialectique entre temps long et temps court. Or, un des éléments qui semble
attirer particulièrement notre attention c’est le moment du choc frontal entre les deux pointes
extrêmes de cette dialectique du temps. C’est en passant par cette étude particulière de
la temporalité que nous essaierons d’entrevoir dans quelles mesures l’identité de la Santa
Muerte et celle de la ville de Mexico DF, espace sur lequel elle s’inscrit, se rencontrent l’une
et l’autre. Ce sera l’objet de la dernière grande partie de ce travail.
Pour cette dernière partie qui sera en quelque sorte l’aboutissement de ce travail nous nous
plongerons dans ce que nous pensons être la clef de l’identité de la ville de Mexico DF et qui
est un des évènements historiques les plus brutaux, les plus dramatiquement importants de
l’histoire de l’humanité : La conquête de l’Amérique centrale. Or la conquête de l’Amérique
centrale se fait à partir d’un point unique, centralisateur, névralgique et déterminant qui est
90
l’espace de l’ancienne cité aztèque de Mexico-Tenochtitlan .
Hernan Cortes le conquérant espagnol arrive pour conquérir ce que sont aujourd’hui
les Etats-Unis mexicains avec pas plus de 500 hommes pour un territoire habité par une
des civilisations les plus avancées, celle des Indiens de Méso-Amérique, dominée par la
civilisation aztèque installée dans la vallée de Mexico. C’est la rencontre, le choc entre des
hommes qui n’ont aucune idée de l’existence réciproque de l’autre, de ses habitudes, de sa
hiérarchie, de sa philosophie, de sa religion. C’est un moment où l’histoire se trouve face
à elle-même, où elle n’est plus ni linéaire, ni cyclique, mais où elle doit se contempler elle-
même avant de poursuivre sa route. Or le chemin qui a été le sien fut on le sait le massacre
des indigènes, la chute de Mexico-Tenochtitlan, la spoliation intégrale et systématique
des richesses indiennes ainsi que la mise sous servitude de l’intégralité de la population
91
indigène. C’est ce que nous raconte J.M.G. Le Clézio dans son livre intitulé « Le rêve
mexicain ou la pensée interrompue. » Ce dernier évoque déjà à lui-même cette coupure
temporelle que fût la conquête pour la pensée indienne qui fut non seulement détenue,
coupée dans sa course mais cela pour toujours. C’est d’ailleurs la question douloureuse
et pressante que pose Le Clézio : quelle aurait été l’évolution des peuples amérindiens s’il
n’y avait pas eu ce choc brutale de la conquête et en parallèle, comment aurait évoluer
l’Europe s’il elle n’avait pas basé son identité sur la destruction des racines amérindiennes.
C’est donc en nous basant sur l’analyse que fait l’auteur de la conquête du Mexique et plus
particulièrement de la chute de Mexico-Tenochtitlan que nous allons aborder la dernière
phase de la réflexion autour de la croyance en la Santa Muerte. Mais pour ce faire il est
nécessaire d’expliquer la démarche qui sera la nôtre et de quelle manière nous lierons les
réflexions l’une à l’autre.
J.M.G. Le Clézio définit la conquête du Mexique comme le choc entre deux rêves : le
rêve d’or des Espagnols et le rêve de magie des Aztèques. « Dans le drame de la conquête
du Mexique, ce qui me semble le plus bouleversant, c’est cette équivoque : d’un coté des
gens qui demandent de l’or pour devenir des maîtres, pour acheter, pour posséder, et, de
l’autre, des gens qui donnent tout leur or en pensant que ce sont des dieux qui viennent
90
La source historique la plus authentique et fiable relatant ce que l'on appelle la Conquête du Mexique est le récit autobiographique
du conquistador Bernal Diaz del Castillo qui participa à toutes les expéditions de Hernan Cortes. Sa chronique s'intitule Historia
verdadera de la conquista de la Nueva España (Histoire véridique de la conquête de la Nouvelle-Espagne). Tous les autres ouvrages
qui relatent cette aventure s'inspirent de cette chronique qui constitue, avec les lettres personnelles de Cortès, le seul document établi
par un témoin oculaire. La chronique de Bernal Diaz contient en outre de remarquables descriptions des rites aztèques.
91
LE CLEZIO Jean-Marie G. Le Rêve Mexicain ou la Pensée Interrompue.
92
réclamer ce qui leur appartient » Quand Le Clézio parle de rêve de magie des Aztèques,
il se réfère au rapport que ces derniers entretiennent avec le sacré.
Ainsi, nous étudierons les éventuelles relations entre le rapport au sacré dans la
croyance et le culte à la Santa Muerte et le rapport au sacré chez les peuples amérindiens et
en particulier cher les Aztèques. L’objectif n’étant pas ici de prendre position dans le conflit
autour des origines de la Santa Muerte que nous avons mis en évidence précédemment,
mais ce qui dans les similarités et les différences de cette dernière avec la religion
préhispanique nous permet de qualifier l’identité de la Santa Muerte.
Puis nous verrons comment, à partir de ce rapprochement entre la Santa Muerte et le
choc des deux rêves décrit dans l’ouvrage de J.M.G. Le Clézio, nous pouvons appréhender
le sens politique de l’identité de la ville de Mexico DF.
92
LE CLEZIO Jean-Marie. Ailleurs, Entretiens avec Jean-Louis Ezine. (p 68)
93
chamaniques . Cela s’explique par le fait que les religions indiennes fonctionnent sur le
principe du messianisme qui admet une communication directe et sans intermédiaire entre
les hommes et la sphère du divin. Une pratique catholique comme celle de la confession
où le fidèle vient confier ses péchés à un curé qui les transmet à Dieu puis qui dans le sens
inverse, achemine le pardon de ce dernier jusqu’au confessant, est absolument impensable
dans les religions préhispaniques.
En effet, ces dernières de par cette relation directe et immédiate entre les hommes et
94
les dieux permettent à tout homme quel qu’il soit d’atteindre le surnaturel , de se mettre
en communication avec lui.
Cela donne lieu à une appréhension différente de la religion avec laquelle on est lié
95
de manière individuelle . En effet, étant donné qu’il n’est nul besoin de tierce personne
pour permettre l’accès aux sphères du divin, chacun est alors doté d’un rapport privilégié et
personnel avec ses dieux. Cette dimension nous fait entrevoir le caractère particulièrement
libre de ces religions indiennes qui laissaient à chacun la possibilité de vivre sa foi
de manière individuelle, directement avec les dieux sans nécessité de contrôle ni de
démonstration particulière. La religion telle qu’elle se vit chez les peuples amérindiens est
l’expression d’une foi plus quotidienne, plus aléatoire, plus libre. Or, cette relation entre
la divinité et l’homme est absolument opposée aux structures hiérarchisées de l’église
chrétienne. C’est ce caractère violent et irrationnel des religions indiennes qui les opposent
au christianisme et qui rend plus cruelle et plus urgente encore la nécessité de convertir
les Indiens.
On retrouve nombreux de ces aspects dans la croyance en la Santa Muerte, dans
la mesure où son culte, de la même manière ne présente aucune hiérarchie et que la
communication se fait directement entre le fidèle et la Santa. L’aspect individualisé de
cette croyance peut s’observer notamment par le fait de porter des insignes à son effigie
de manière individuelle comme les tatouages, les médaillons ou encore comme la fait
de construire un autel lui étant dédié dans sa propre maison ou sur son lieu de travail.
Notons tout de même que cela ne signifie pas que la Santa Muerte ou encore les religions
préhispaniques ne se pratiquent pas collectivement : ce n’est pas le cas. Néanmoins, le
rapport au sacré il est vrai ne se fait pas sur un mode collectif mais individuel.
L’aspect direct de la communication entre l’humain et le divin crée un lien réel entre
98
les hommes et le surnaturel, quelque chose de l’ordre d’une relation charnelle .En effet,
si l’on observe la pratique du sacrifice chez les Aztèques par exemple, J.M.G. Le Clézio
montre que le sacrifice des victimes est plus qu’un honneur : c’est la participation rituelle à un
mystère où la divinité, le sacrificateur et la victime sont confondus. Nous pouvons donc dire
en quelque sorte que les dieux ont faim et que les hommes sont leur nourriture. L’homme
est à la fois l’aliment et la substance des dieux. L’auteur montre ici à quel point la limite
99
entre l’humain et le divin est imprécise . En effet, tout homme quelque soit son passé ou
son origine sociale peut changer sa nature et devenir l’incarnation de la divinité. Il y a donc
une identification totale aux forces que représentent les dieux.
Pour les Espagnols qui arrivent et entrent pour la première fois en contact avec les
cultures amérindiennes, ce que nous venons de décrire a quelque chose de choquant qui
ressemble plus à de la sorcellerie qu’à de la religion. Penser une consanguinité des hommes
et des dieux est du point de vue de la religion catholique de l’ordre de l’hérésie la plus
totale dans la mesure où croire à l’identité de l’humain et du divin, c’est croire à la réalité du
surnaturel, ce qui est contraire aux lois de l’église chrétienne et aux principes de la raison
qui sont les deux supports de l’humanisme du XVI° siècle.
Si l’on revient à la Santa Muerte, on retrouve également cette identification de la
divinité aux hommes et des hommes à la divinité. En effet, nous avions pointé le fait que
contrairement à l’idée de sainteté, attribuée dans le religion catholique à Dieu ou à une
personne exemplaire notamment du point de vue de la foi, la Santa Muerte combinait en
elle le bien comme le mal, les vertus comme les vices, à l’image des humains.
D’après la démonstration que nous avons mis en place, il semble donc que nous
puissions relever un parallèle entre le rapport au sacré chez les peuples amérindiens et celui
que l’on peut observer dans la croyance en la Santa Muerte. Les dieux y apparaissent sous
une double apparence : l’une humaine et charnelle et l’autre surnaturelle et fugitive. Ces
particularités sont intéressantes pour le sujet qui nous concerne dans la mesure le rapport au
sacré va fonctionner comme ce qui médie l’identité de la Santa Muerte. En effet, c’est dans
la mesure où la croyance en la Santa Muerte fonctionne sur le mode d’une communication
directe et individualisée entre elle-même et ses fidèles qu’elle fait débat dans l’espace public
de la ville de Mexico DF. L’identification entre les la divinité et les croyants entraîne que
celle-ci apparaît bien, dans la lumière de l’espace public comme le symbole divin d’une
population avec son organisation, ses valeurs, à son image.
D’autre part, ce type de rapport particulier au sacré est comme nous avons pu le voir
plus emprunt à la liberté ce qui peut expliquer l’opposition farouche de l’Eglise catholique
contre la Santa Muerte. Effectivement, là où cette dernière a mis en place tout au long de son
implantation sur le territoire mexicain, des lois, des interdictions, des systèmes de sanctions
(dont la tristement célèbre inquisition) en somme des procédés qui contraignent la liberté
de chacun, la Santa Muerte de par le rapport qu’elle détermine au sacré permet à chacun
quel qu’il soit de vivre une foi libre de normes.
C’est donc bien d’un rapport barbare au sacré qu’il s’agit puisque les religions
préhispaniques comme la croyance en la Santa Muerte s’inscrivent dans une foi libre et
magique. Or cette origine magique de l’espace sur lequel on repère la présence de la Santa
98
LE CLEZIO Jean-Marie G. Le Rêve Mexicain ou la Pensée Interrompue.(p 180)
99
LE CLEZIO Jean-Marie G. Le Rêve Mexicain ou la Pensée Interrompue. (p 237)
100
Muerte, « ce rêve de magie des Aztèques » semble donner lieu à des flux de rêves
qui traversent le Mexique à toutes les époques produisant des explosions d’irrationnel,
d’illusion et même d’absurde. Ce pouvoir de rêve conduit à l’époque contemporaine à une
renaissance de l’irrationnel. Cela expliquerait pourquoi le culte à la Santa Muerte plus ou
moins enfoui au cours des siècles derniers réapparaît subitement.
Cependant cette subite éruption d’irrationnel dans la mesure où elle est le résultat d’un
conflit entre un temps long et un temps court, entre une histoire collective et des destins
personnels, procède du domaine du symbolique et recouvre donc une signification politique
dans l’espace public considéré. C’est ce que nous proposons d’étudier à présent.
Nous avons pu le constater au cours de notre analyse, les frontières de la Santa Muerte
sont floues puisque selon le point de vue considéré, ces dernières englobent des réalités
différentes qui ne se recoupent pas forcément entre elles. Ici encore, nous irons chercher
du coté des origines de l’espace sur lequel elle s’inscrit afin de déterminer si il est pertinent
de lire le phénomène de la Santa Muerte à Mexico DF à travers ces dernières.
Si l’on observe les peuples amérindiens dans leur diversité il semble quelque peu
compliqué de leur trouver un dénominateur commun tout en voulant rester précis. Ce que
nous fait remarquer J.M.G. Le Clézio dans « Le rêve mexicain », c’est que l’unité des peuples
barbares est moins dans la politique que dans ce rapport à la magie.En effet, leur unité
semble spirituelle dans la mesure où elle est basée sur les rêves et les augures. La pensée
ne se situe pas uniquement du coté du raisonnement mais le raisonnement lui-même intègre
le choix de la magie pour agir sur le réel. Ce trait de caractère des peuples préhispaniques
est d’ailleurs encore marqué aujourd’hui conformément à ce que soutient J.M.G. Le Clézio :
« Je crois que toutes les sociétés amérindiennes sont marquées par cette possibilité de
recours au rêve. Elles ne considèrent pas le réel comme la solution définitive à tous les
103
problèmes. » En cela ces sociétés sont profondément opposées, de fait, au christianisme
dans la mesure où pour les Espagnols, l’autorité fondée sur la magie ne pouvait avoir en
104
aucun cas une valeur humaine .
Or finalement dans la croyance en la Santa Muerte, le plus petit dénominateur commun
aux fidèles de cette divinité semble être également ce recours à la magie. Nous avons pu
l’observer à plusieurs reprises, c’est l’aspect miraculeux de la Santa Muerte qui est invoqué
pour justifier de cette piété en sa faveur. Ainsi, la confrontation entre les traits communs
aux peuples préhispaniques et aux fidèles de la Santa Muerte semblent résider dans cette
faculté à penser le recours à l’irréel. Il semble que cette particularité soit constitutive de
l’identité mexicaine : « En vivant au Mexique, on s’aperçoit que les gens ont un certain
scepticisme vis à vis de tout ce qui paraît utile, de tout ce qui paraît indispensable. Mais je
crois que ce qui lie le Mexique ancien, enfin ce Mexique magique, au Mexique moderne,
c’est cette possibilité de s’abstraire de la vie réelle ; c’est de na pas considérer que la vie
réelle est ce qu’il y a de plus important ; c’est d’admettre par exemple que les arbres ont
105
une âme. »
impétueuse entre le divin et le sacré, il leur était absolument impossible de ne pas s’incliner
contre les colons venus d’Europe et qui furent considérés comme des dieux. La culture
et la conception du sacré chez les Aztèques notamment (puisque c’est précisément eux
qui eurent à affronter les forces de Cortes) préparaient déjà leur propre chute. C’est ainsi
qu’une fois la cité de Mexico Tenochtitlan tombé, la soumission se fit relativement facilement.
Cependant les mauvais traitements infligés par les Espagnols aux Indiens et la différence
entre les paroles, les principes énoncés et les actes commis donnèrent lieu à des révoltes
indigènes qui de basèrent sur le regain de magie.
En effet, la volonté de ne pas se soustraire aux enseignements religieux entraîna un
renouveau de magie au sein des survivants indigènes. Le refus du christianisme s’apparente
alors à l’affirmation violente et désespérée de l’identité indienne à une volonté de retour à
106
la tradition païenne . Le refus des nouveaux dieux se fait avec une brutalité politique sans
précédent.
Dans cette réaction par l’irrationnel, par la magie des religions indiennes, nous pouvons
lire l’élan désespéré de ces peuples de préserver l’identité qui est la leur et qui est basée
sur cette magie qui unit le temps imaginaire et rêvé du futur au passé originaire.
Dans le renouveau d’irrationnel exprimé par la présence en augmentation de la Santa
Muerte au sein de l’espace de la ville de Mexico DF, on peut lire de la même manière une
volonté de revendication identitaire. La modernisation politique, économique et sociale de
la ville dont le contenu et l’idéologie a été imposée par les différents pouvoirs en fonction,
soutenus par l’Eglise catholique, a choisi de mettre sous silence toute une partie de la
population qui est restée en dehors des progrès réalisés. L’imposition du libre échange
occidental au coeur de l’organisation du pays n’a fait que renforcer le silence des structures
sociétales hérités d’un temps plus long de l’histoire.
Il semble donc que l’on puisse attribuer ce regain de magie au coeur de la société
chilanga (à travers la croyance et le culte en la Santa Muerte) à une volonté de réaffirmer
une identité que les institutions publiques cherchent à écraser à écarter de l’espace public.
Le silence public imposé à une partie de la population se traduit par la revendication d’une
identité païenne et barbare autrement dit qui s’inscrit contre cette « civilisation » qui ne tient
pas ses promesses, contre cette idée de la civilisation qui contredit ses propres principes, à
laquelle elle répond par une liberté morale en toute chose et par un renouveau de l’irrationnel
comme possibilité de concevoir le monde.
dialectique entre le crépuscule des civilisations ancestrales et l’aube d’une Europe obscure
initiant la construction de son identité sur la destruction de l’altérité.
La position des Etats-Unis, leader de l’Occident par excellence, en faveur du candidat
de la droite libérale, mais surtout contre celui de la gauche populaire aux dernières élections
présidentielles au Mexique est un très bon exemple de ce que nous venons de décrire. En
effet, le candidat de gauche prévoyait de renégocier avec son voisin du nord le volet agricole
de l’ALENA, traité de libre échange unissant les Etats-Unis, le canada et la Mexique dans
la mesure où l’agriculture traditionnelle mexicaine souffre depuis la signature du traité d’une
paupérisation sans précédent qui pousse la population agricole a délaisser cette activité et
à venir grossir le flot des classes urbaines les plus défavorisées.
On retrouve ici la parole de l’Occident qui incite à la possession par la domination de
l’Autre et dans le mépris ce qui lie l’homme à ses origines.
Finalement, la ville de Mexico DF apparaît donc comme l’espace par excellence de la
construction et de la déconstruction du sens du destin du monde contemporain.
Conclusion
Bibliographie
Définitions et concepts
Dictionnaire Larousse 2004, 1014 p.
LAMIZET Bernard. Cours de « Médiation », « Communication Politique » et « Politique
Culturelle » Institut d' Études Politiques de Lyon, 2004, 2005, 2006, 2007.
LAMIZET Bernard. Séminaire. Institut d'Études Politiques de Lyon, 2006/2007
Livres étudiés
LE CLEZIO Jean-Marie. Le Rêve Mexicain ou la Pensée Interrompue. Paris, Gallimard,
2004, 273 p.
LE CLEZIO Jean-Marie. Ailleurs, Entretiens avec Jean-Louis Ezine. Paris, Arléa, 1997,
125 p.
Livres explorés
AMBROSIO Juan. La Santa muerte, Biografía y culto. México, Planeta, 2003, 131 p.
ARENDT Hannah. Penser L’évenement.Traduction française Claude Habib. Belin,
1989.
ARIDJIS Homero. La Santa muerte, sexteto del amor, las mujeres, los perros y la
muerte. México, Alfaguara, 2003, 196 p.
BARTHES Roland. Mythologies. Paris, Seuil, 1970, 233 p.
ROJAS Maria de las Nieves. Surgimiento y desarrollo de las organizaciones
evangélicas en México: la minoría existente 1988-1997. 1998. Tesis Licenciatura
(Licenciado en Ciencias Políticas y Administración Publica), Facultad de Ciencias
Políticas y Sociales. Universidad Nacional Autónoma de México.
VILLALBAZO Javier A. Miquizamoxtli (el libro de la muerte): Códice contemporáneo
con el tema de la muerte en el Valle de México. México, 1999. 112 p. Tesis
Licenciatura (Licenciado en Artes Visuales)-UNAM, Escuela Nacional de Artes
Plásticas.
Denisot Marie - 2007 65
LA CROYANCE EN LA SANTA MUERTE A MEXICO DF : DE LA SIGNIFICATION RELIGIEUSE A
L’IDENTITE POLITIQUE DE L’ESPACE.
Articles
GALLIF Liliane. Santa Muerte, priez pour nous. Match du Monde, 2006, « Mexique :
beauté et grandeur du métissage »
BARRANCO Bernardo. La Santa Muerte. La Jornada, 1 de junio de 2005.
Sitographie
Sites Internet proposant des articles d’opinion sur le culte et la croyance en la Santa.
http://www.esmas.com/noticierostelevisa/mexico/390445.html
http://www.cronica.com.mx/nota.php?id_nota=170020
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http://www.cronica.com.mx/nota.php?id_nota=114661
http://www.metareligion.com/Religiones_del_mundo/Otras/santa_muerte.html
http://www.jornada.unam.mx/2005/06/1/04/a1eco.php
http://www.laprensaenlinea.com/noticias/LP.html
http://www.conaculta.gob.mx/saladeprensa/2007/03mar/muerte/htm. http://
whitepuma.net/articulos/santamuerte.php
http://www.lawaloca.com/node/7705
http://geocities.com/santamuerte
http://www.monmexique.com/santa-muerte.htm
http://www.univision.com/content/content.jhtml?cid=242599
http://www.udlondres.com/revista_psicologia/articulos/stamuerte.htm
http://www.angelfire.com/crazy3/diablita/LaSantaMuerte.html
Sites Internet d’obédience catholique se positionnant contre le culte et la croyance en la
Santa Muerte.
http://periodismocatolico.com/archivo/b031022.htm http://es.catholic.net/
sectasapologeticayconversos/243/1456/articulo.php
http://desdelafe.com.mx/index2.php?option=com_conten&do_pdf=1&id
Sites Internet consacrés à la Santa Muerte.
66 Denisot Marie - 2007
Bibliographie
http://lasanta.mx.tripod.com http://mx.geocities.com/e_franciscomx/LaSantaMuerte.html
http://www.santamuerte.galeon.com/
http://guia.mercadolibre.com.mx/santa-muerte-culto-altar-y-proteccion-11558VGPhttp://
miarroba.com/foros/ver.php?foroid=1061577&temaid=5754423
http://santamuerte1.galeon.com/
http://www.arcane-archive.org/religion/santa-muerte-revista-gratuita-1.php
http://www.pedroengel.cl/santamuerte/index.html
Forums de discussion consacrés à la Santa Muerte
http://foro.univision.com/univision/board.id=santamuerte
http://foro.univision.com/univision/board/message?
board.id=santamuerte&message.id=24378
http://foros.forosmexico.com/archive/index.php?t-30927.html
Paroles de chanson
Filmographie
Photographie
Annexes
que morir es despertar yo no se si hay un cielo o un infierno pero lo unico seguro en esta
vida es ustedes solo entiendo. No tengo miedo a brincarme ya de aqui cuando usted
me invite nos vamos por ahi no tengo miedo a brincarme ya de aqui cuando usted me
invite nos vamos por ahi No tengo miedo a brincarme ya de aqui cuando usted me invite
nos vamos por ahi no tengo miedo a brincarme ya de aqui cuando usted me invite nos
vamos por ahi Santa muerte cumplo con mi ofrenda y solo la inspiracion cumple con el
favor por que eso va hacer que mi disco venda que mis perros entiendan que usted es la
puerta la nueva aventura no se si lo que creo es producto de mi locura pero si me voy yo
primero alla los espero para seguir quemandonos la pastura rompan las ataduras y todos
los prejuicios si les preocupa su cuerpo midanse con los vicios despertar debe ser como
ir callendo a un precipicio donde al llegar al suelo te das cuenta de que estas en el inicio
No tengo miedo a brincarme ya de aqui cuando usted me invite nos vamos por ahi no
tengo miedo a brincarme ya de aqui cuando usted me invite nos vamos por ahi No tengo
miedo a brincarme ya de aqui cuando usted me invite nos vamos por ahi no tengo miedo
a brincarme ya de aqui cuando usted me invite nos vamos por ahi Especial dedicacion a
mi santa muerte por protegerme y proteger a toda mi gente por ser justa entre las justas
por dejarme seguir vivo por darme la fuerza para castigar al enemigo por la bendicion a
mi fierro pulso sertero y por poner a mi lado la jauria de fieles perros cuando usted me
invite nos vamos por ahi.
Oración a la santa muerte para atraer la buena fortuna en los negocios y en el hogar.
(Si reza esta oración, la Santa Muerte le auxiliará en sus ventas y en la paz de
su hogar.)
Muerte Querida de mi corazón,
no me desampares de tu protección
y desde este momento cubre mi casa,
trabajo o negocio para que atraigas
energías blancas del Universo
para que nunca falte nada
y que todas nuestras necesidades
sean cubiertas
por la energía Divina
72 Denisot Marie - 2007
Annexes
nos encomendamos para que nos alcancen por su intercesión las gracias de Dios. Este
culto se llama de “dulía”. Una veneración especial: reservada a la Santísima Virgen por su
dignidad de Madre de Dios. A este culto se le llama de "hiperdulía”. El culto a las imágenes
sagradas, fundado en el misterio de la Encarnación del Verbo de Dios, no es contrario al
primer mandamiento. El que venera una imagen, venera en ella al modelo, a la persona
que representa. Es una veneración respetuosa no una adoración que sólo corresponde a
Dios.(Catesismo 2132, 2141) ¿Es Santa la “niña blanca”? Recordemos que sólo
la Iglesia, guiada por el Espíritu Santo, tiene la facultad de proclamar la santidad de una
persona. Cuando popularmente se tiene a un difunto como santo que no ha sido reconocido
por la Iglesia, puede ser que: 1. La devoción de la gente acierte y años más tarde el difunto
sea oficialmente reconocido por la Iglesia como santo. 2. Puede que el difunto sea santo
pero que nunca sea reconocido canónicamente. 3. Puede que la gente se equivoque. La
gente se identifica con quien tuvo luchas, sufrimientos y tragedias. Pero no es suficiente
sufrir para ser santo, hace falta vivirlo todo con heroico amor y fidelidad a Jesucristo. La
devoción a los verdaderos santos está orientada a imitarlos en su total obediencia a Dios.
Para concluir recordemos lo que la Sagrada Congregación para el Culto Divino ha dicho
sobre los peligros que pueden desviar la piedad popular y las sugerencias que propone para
poner remedio a estas eventuales limitaciones y defectos que de ella se derivan. 65.El
Magisterio, que subraya los valores innegables de la piedad popular, no deja de indicar
algunos peligros que pueden amenazarla: presencia insuficiente de elementos esenciales
de la fe cristiana, como el significado salvífico de la Resurrección de Cristo, el sentido de
pertenencia a la Iglesia, la persona y la acción del Espíritu divino; la desproporción entre
la estima por el culto a los Santos y la conciencia de la centralidad absoluta de Jesucristo
y de su misterio; el escaso contacto directo con la Sagrada Escritura; el distanciamiento
respecto a la vida sacramental de la Iglesia; la tendencia a separar el momento cultual de
los compromisos de la vida cristiana; la concepción utilitarista de algunas formas de piedad;
la utilización de "signos, gestos y fórmulas, que a veces adquieren excesiva importancia
hasta el punto de buscar lo espectacular"; el riesgo, en casos extremos, de "favorecer la
entrada de las sectas y de conducir a la superstición, la magia, el fatalismo o la angustia".
66. Para poner remedio a estas eventuales limitaciones y defectos de la piedad popular,
el Magisterio de nuestro tiempo repite con insistencia que se debe "evangelizar" la piedad
popular, ponerla en contacto con la palabra del Evangelio para que sea fecunda. Esto "la
liberará progresivamente de sus defectos; purificándola la consolidará, haciendo que lo
ambiguo se aclare en lo que se refiere a los contenidos de fe, esperanza y caridad". En
esta labor de "evangelización" de la piedad popular, el sentido pastoral invita a actuar con
una paciencia grande y con prudente tolerancia, inspirándose en la metodología que ha
seguido la Iglesia a lo largo de la historia, para hacer frente a los problemas de enculturación
de la fe cristiana y de la Liturgia, o de las cuestiones sobre las devociones populares.
Source : http://es.catholic.net/sectasapologeticayconversos/243/1456/articulo.php?
id=21521
Source : http://www.maps-of-mexico.com/distrito-federal-df-mexico/mexico-df-distrito-
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http://casadelasantamuerte.spaces.live.com/
Forums
http://foro.univision.com/univision/board?board.id=santamuerte
http://forums.terra.com/foros/horoscopo/Mistisismo_y_Esoteria_F57/
mensaje_P709073
http://chilangabanda.com/2005/09/06/el-culto-a-la-santa-muerte-1a-parte/
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http://mx.answers.yahoo.com/question/index?qid=20060623140827AAgpMAQ
http://manueldiez.blogspot.com/2007/06/los-amantes-de-la-santa-muerte-i_878.html
http://foros.hispavista.com/esoterismo_ocultismo/2/809644/m/la-santa-muerte/
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http://www.misrespuestas.com/que-es-la-santa-muerte.html
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Articles d’opinion.
http://www.elporvenir.com.mx/notas.asp?nota_id=70694
http://www.jornada.unam.mx/2005/06/01/024a1eco.php
http://www.cronica.com.mx/nota.php?id_nota=114661
http://www.gentesur.com.mx/articulos.php?id_sec=7&id_art=405&id_ejemplar=137
http://www.periodismocatolico.com/archivo/b031022/06.htm
http://www.el-universal.com.mx/espectaculos/77217.html
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http://revistaespejo.iglesiatriunfante.com/modules.php?
name=News&file=article&sid=2272
http://www.jornada.unam.mx/2007/04/07/index.php?
section=espectaculos&article=a08n1esp
http://www.voltairenet.org/article125582.html
http://www.esmas.com/nationalgeographic/reportajes/493798.html
http://www.comunidadcristiana.agenciacatolica.com/modules/news/article.php?
storyid=273
http://www.milenio.com/index.php/2007/06/22/84001/
http://news.bbc.co.uk/hi/spanish/latin_america/newsid_4500000/4500899.stm
http://www.cronica.com.mx/nota.php?id_nota=139132
http://www.eluniversal.com.mx/notas/435022.html
http://www.elsalvador.com/hablemos/2004/280304/280304-5.htm
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Número 9
PRIMERA QUINCENA AGOSTO 2007
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EN ESTE NUMERO TE PRESENTAMOS
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apartando su lugar con tiempo suficiente. Nuestra amiga Marilotzin encargada de los
mismos les hará llegar en unas horas más las respectivas invitaciones.
En cuanto a nuestro directorio de capillas públicas nuestro amigo Juan Ambrosio ya
está terminando la primera parte que será puesto en nuestra página principal y que iremos
publicando en este mismo boletín. Recuerden que si saben de capillas que estén abiertas
al público escríbanos para poder incluirlas aquí.
También nos comenta Juan que ha recibido mucho apoyo por parte de todos los
integrantes de la red sobre las publicaciones que han aparecido en todo el país y aún fuera
de él y donde se habla de Nuestra Señora por lo que seguimos pidiendo su colaboración
para tener todas las noticias que vayan surgiendo.
Finalmente les cometamos que en un par se semanas volveremos con nuestras
promociones de platería que tanto han gustado por lo que les pedimos estén al pendiente.
Por favor les pedimos a todos los miembros de la RED que estén interesados en
algún tema en especial, pídanlo y en la medida de nuestras posibilidades estaremos
publicándolo en nuestro boletín o en nuestra página, recuerden que todas las sugerencias
son bienvenidas así como las críticas o comentarios.
Recuerden que esta revista boletín es gratuita, por lo mismo tratamos de que llegue al
mayor número de creyentes, si quieres consultar los números pasados ve a nuestra página
central de suscripción y allí encontraras los números anteriores así como los suplementos
en nuestra sección de mensajes.
También estamos trabajando sobre la página y las numerosas propuestas y
sugerencias que nos hacen para mejorarla. Si tienes algo que decirnos no dudes y
mándanos un correo a redsantamuerte@hotmail.com y con gusto te responderemos a la
brevedad posible.
Patricia Vázquez
CUANDO NO PODEMOS TENER UN ALTAR EN NUESTRA CASA (Segunda parte)
Por Marilotzin
En el número pasado vimos algunas formas de representar a la Santa Muerte en
nuestra casa, esto solamente cuando había razones fuertes para no tener la imagen como
debe ser. Ahora y para concluir vamos a ver como se le representa por medio de una
veladora blanca y un vaso con agua. Es una forma aparentemente sencilla pero como todo,
tiene sus pros y sus contras.
La representación de la Señora por medio de una veladora blanca y el vaso con agua
tiene un significado, un simbolismo; agua y fuego en perfecto equilibrio, el agua es muerte
pero en su contenido hay vida es creación de vida, y el fuego es lo que da la fuerza para
que esa vida que viene de la muerte exista. Entonces si ponemos un vaso con agua y
una veladora blanca estaremos indicando que allí esta la esencia de Nuestra Señora, pero
debemos cumplir con ciertos requisitos y características.
Primero la veladora siempre deberá estar encendida, algo difícil de conseguir, ya que
si no hay luz, no hay fuerza y pierde sentido la representación de la Señora.
Segundo, el agua debe ser cambiada constantemente ya que no se puede permitir un
estancamiento de la energía en el agua. Un estancamiento igual que la falta de luz rompe
el simbolismo.
Una foto de la persona que está lejos, si no la tenemos podemos usar alguna prenda
que tengamos de él o ella. Sólo si tu fe es muy grande puedes usar el nombre solamente.
Una foto tuya. (Las fotografías pueden ser en cualquier tamaño, te sugerimos que
le saques una copia si es la única imagen que tienes ya que con el trabajo se pueden
maltratar.)
Una imagen de la Santa Muerte en color rojo, puede ser en cualquier tamaño pero una
mediana o pequeña serían las más indicadas.
Una piedra imán, o un imán.
Una veladora roja untada con miel y agua bendita
Una bolsita pequeña de tela roja, debe ser tela natural.
Hilo rojo, debe ser también natural, nada sintético
FORMA DE TRABAJAR
Este ritual se debe realizar durante siete días seguidos como mínimo comenzando un
lunes por la mañana y terminando un sábado por la noche.
PREGUNTA.- Hola, acabo de hacer mi altar personal en mi recamara pero quería saber
si tengo que hacerle una oración especial a mi Santa Muerte que es de color negro, mi altar
es pequeño pero con mucha FE. Además de que quería pedir ayuda para hacer un trabajo
aun apersona que hace unos meses me hizo mucho daño, no se si me puedan ayudar en
mis peticiones, espero tener respuesta, muchas gracias. Ainat
RESPUESTA POR PATRICIA VÁZQUEZ.-Ainat definitivamente te recomiendo leer
nuestros números anteriores en donde decimos como se debe poner un altar. Ahora y por
lo que entiendo tu altar sería para perjudicar a una persona que te hizo daño y bueno yo no
soy nadie para decirte si esta bien o mal lo que haces, pero si es tu primer altar, deberías
hacer uno dedicado a la Señora y no tanto para un trabajo. Con el tiempo podrías hacer
uno especialmente para trabajos, y si es una Santa Muerte Negra para un trabajo de daño
no lo pongas dentro de tu recámara. Todo esto te lo indico como simple sugerencia.
PREGUNTA.- Hola soy Yaneth y quisiera saber si me podrían ayudar con una duda.
Quisiera quitarme de encima a una persona que me anda molestando y ya e hecho de
todo pero no puedo, Quisiera que mi flakita me ayudara. espero su respuesta un saludo
desde Guaymas, Sonora
RESPUESTA POR MARILOTZIN.- Yaneth no recuerdo bien pero creo que en otros
números hemos publicado algún ritual de alejamiento, sería cosa de que revisaras pero
mira, te prometo que en el siguiente número vamos a poner un ritual de alejamiento ya que
son varias las personas que lo han estado pidiendo. Por lo pronto puedes con el nombre de
la persona que te molesta escribirlo en un papel, dejarlo a los pies de mi Señora un nueve
días y después quemarlo pidiéndole que se aleje de tu vida.
PREGUNTA.- Hola que tal, soy de Culiacán, Sinaloa sabes? la santísima llego a mi
vida cuando menos la esperada de hecho yo no sabia que existía, desde que ella llegó a
mi. Mi vida cambio por completo, me dijeron que he sido elegida por ella para salir adelante
en todo lo que me proponga porque llevé una vida llena de injusticias de las cuales fui la
principal victima, cosa que a ella eso no le gusta, quisiera saber todo acerca de ella, porque
es muy importante en mi vida, ella es lo máximo y la numero uno. me encantaría tener
contacto con alguien que sepa todo de ella y que me ayude a encontrar un lugar donde ir
a visitarla aquí en Culiacán. Saludos y gracias por todo.
RESPUESTA POR PATRICIA VÁZQUEZ.- Gracias por escribirnos y que bueno que
sientas esa afinidad con la Señora, realiza mucha oración para que ella venga a ti y sobre
lo que nos preguntas nos dice Juan Ambrosio que en Culiacán hay varios capillas aunque
no son públicas, sería cosa de que te contactaras con algunas de los encargados de allá y
si alguien de Culiacán nos lee y nos recomienda alguna inmediatamente te la hago llegar.
PREGUNTA.- Que tal, tengo mucho tiempo con la inquietud de conocer y adorar a la
Santísima Muerte. Le diré con sinceridad que me la han recomendado mucho. Y ahora mas
que nunca necesito de su protección y ayuda. Me podrian orientar el como puedo llegar a
ella? Me urge. Anónimo
RESPUESTA POR PATRICIA VÁZQUEZ.- Los caminos para llegar a la Señora son
muchos, te sugiero hagas oración y le pidas. También infórmate sobre ella, puedes consultar
nuestros números anteriores, nuestra página web, puedes darte una vuelta por nuestro foro
donde otros devotos te pueden ayudar y cuando ya estés seguro de tu Fe puedes comenzar
poniéndole un altar y encomendarte a ella. Esto es un proceso y no se da de la noche a la
mañana pero si tu eres perseverante mi Señora siempre te escuchará.
PREGUNTA.- Hola tengo como cinco meses de que me e puesto a pedirle con devoción
a mi santita le prendo candelas y la tengo en imagen roja y verde le pongo ofrenda desde
que leí de ella le tengo fe. Les mando muchas saludes. Belinda
RESPUESTA.- Tu comentario ya está en nuestro boletín y como siempre te deseamos
lo mejor y si tienes dudas , escríbenos con toda la confianza del mundo.
PREGUNTA.- Hola es mi primera vez que mando una información acerca de la Santa
Muerte y deseo saber información acerca de la imagen de la Santa Muerte en color blanca
acerca de su veneración gracias. CAROLINA
RESPUESTA POR PATRICIA.- Carolina en nuestros primeros dos números
publicamos sobre el significado de los colores, revísalos y como complemento te digo que
Denisot Marie - 2007 87
LA CROYANCE EN LA SANTA MUERTE A MEXICO DF : DE LA SIGNIFICATION RELIGIEUSE A
L’IDENTITE POLITIQUE DE L’ESPACE.
es armonía, pureza, nos señala a la Señora en su forma más sencilla pero a la vez más
hermosa. Esta imagen es la que normalmente se pone en todos los altares y en su color esta
la esencia de nuestra vida y claro de nuestra muerte. Consulta nuestros boletines atrasados,
también el libro de la SANTA MUERTE, BIOGRAFÍA Y CULTO tiene una explicación concisa
sobre esta imagen.
PREGUNTA.- Hola a todos: Agradezco los boletines que nos mandan para estar bien
enterados de los días especiales para rendirle culto a la Santísima Muerte. También le
agradezco a mi Niña Blanca todos los favores recibidos y le doy las gracias por estar cerca
de mi y mi familia. Saludos a todos. MP
RESPUESTA.- Gracias por tus palabras y en la medida de lo posible seguiremos con
ustedes. Como siempre ya sabes que este espacio es por y para ustedes.
LA RED DE LA SANTA MUERTE AGRADECE SUS PREGUNTAS Y LES PIDE
QUE SIGAN ESCRIBIENDO, CON GUSTO LES ESTAREMOS RESPONDIENDO EN
NUESTROS PRÓXIMOS NÚMEROS.
FIN DE ESTE NÚMERO
Annexe 9 : Extraits des forums concernant la Santa Muerte.
Exemples de demandes à propos du culte en lui-même.
Jun 2, 2007, 3:09 PM
yo soy devoto, a la virgen de la santa muerte,vivo en nyork y deseo tener un busto de
ella ayudame por favor yo solo tengo una estampa que obtuve de una prensa que publico
de ella.yo tengo muchas pruebas de sus milagros, gracias por la oracion.
hola nose si salio mi otro mensaje pero necesito ayuda urgente suavesita2007
ayudame o mas bien orientame sobre la nina blanca plisssss deverdad me super urge un
amarre para mi esposo tengo 2 anos sin el y lokiero de vuelta tengo 3 bebes de el yo tengo
24 y el 26 y y no es justo ke todo lo ke he hecho por el se acabe asi y disfrute lo ke yo
me sacrifike otra mujer por ke yo lo cambie a el y ahora nose ke hacer no es justo verdad
ayudame plis yo tengo un altarcito de la nina blanca y le soy devota hace 1 mes o mas pero
ovio me decespero y nose ke hacer 2 anos y nada porfavor me urge mis bebes se estan
acostumbrando a estar sin el y yo no kiero eso NECESITO AYUDA URGENTE!!
Ago 6, 2007, 5:10 PM
hola k tal yo soy nueva de ser devota de ni nina. kisiera saber mas si alguien conoses
kien travaja con mi flakita k no cobre caro? gracias!
soledad 10 de Octubre de 2006 a las 8:02 pm
hola?nesesito ayuda,tengo poco de estar conociendo, a la santa,
marcoamerica8 26 de Junio de 2007 a las 11:01 am
QUISIERA QUE ME DEN MAS INFORMACION PORQUE HAY DE COLORES
NEGRO . BLANCA ,ROJA A QUIEN DE ELLAS ME PUEDO DIRIGIR PARA IMPLORARLA
Exemples à propos d’opinions sur la Santa Muerte.
2 septembre 2005 Bueno mi madreme pidio el favor de toner este mensaje y bueno
aqui va: ¡Cuidado! con la "Santa Muerte" La creencia de la Santa Muerte desoncierta a
muchos católicos sencillos hay en día, que no se explican porqué personas que se dicen ser
católicas honran a dicha imagen, siendo que la Iglezia Católica afirma que no solo se puede
88 Denisot Marie - 2007
Annexes
tratar del demonio. La persona de la Santa Muerte NO existe. Es solo una personalizacion
literaria de la calamidades humanas. Los jinetes del Apocalipsis son la muerte, la guerra,
la Peste y el hambre. Y a nadie se la ha ocurrido venerar a la Santa Guerra a la Santa
Peste o las Santa Hambre. estos son acontecimientos no personas. Si buscamos una
persona que represente estos funestos acontecimientos tendrian que ser Satanás; asi como
representamos la vida en la persona de Jesucristo. El Pan de Vida. La Biblia llama a la
muerte enemiga de Jesus. La muerte venció a Jesus el vuiernes santo, pero Jesus venció
a la muerte el domingo de resurreccion. Esta victoria de Jesus sobre la muerte llevaría a
explamar a San Pablo: ¿Donde esta oh muerte, tu victoria, donde tu aguijon? La muerte es
concecuencia del pecado y un católico no debe venerar camo Santa a la muerte. La palabra
Santa hoy en día se ha desviado, pues en realidad tiene un sentido positivo, sin embargo, no
hay que olvidar que el demonio actúa y se vale de todo para ganar devotos. Nuestra actitud
frente a esta imagen debe ser rechazo total, porque si de verdad estamos concencidos que
Jesucristo venció a la muerte y que está vivo y resucitado, creyendo en el plan de salvación
que tiene para el hombre, tenemos que ser congruentes con lo que creemos y hacemos.
Si no es así, estariamos venerando al mismo tiempo la vida y la muerte, es decir , a Dios
que es jsucristo y el Demonio. Nosotros católicos estamos llemados a vencer y a alabar
sólo a Jesucristo Rey y Señor de la vida. Tú que estas leyendo esto, te invitamos a que
conoscas la verdadera fe de la iglesia instruyendote o preguntando a quien de verdad sabe.
Que te bendiga. Bueno esto es todo. Bye
Gladiador
03-sep-2005, 12:41
Estoy en desacuerdo con Celic y de acuerdo con Arlan, la iglesia nos ha metido una
bola de mugre en la cabeza y algunos en estos tiempos todavía se la creen, asi que no
hagan mucho caso del demonio, de los pecados y de la muerte, es simplemente un paso
hacia otra vida diferente a la que conocemos. Amor y paz a todos. Glad.
Laberinto
04-sep-2005, 04:01
Bueno la santa Muerte es impersonal, es solo un suceso, desde el punto de visdta
religioso, la muerte SI es consecuencia del pecado, Adan y Eva no moririan hasta que
cometiron pecado, por esto fueron condenados a morir (tomen todo esto como alegoria no al
pie de la letra) ahora vemos a jesús que efectivamente vencio a la Muertes x su resurreción,
aunke tambien alegoriacamente vencio a la muerte , mediante el sacrificio por los pecados
del hombre que conducen a la muerte. Satan existe, asi como existe Dios.
alejandro 11 de Diciembre de 2006 a las 10:15 am
a ver la muerte puede o no ser santa pero al ser lo contrario a la vida no puede tener
ningún poder porque cualquier cosa que se refiera a poder o movimiento, favores, etc solo
los pueden realizar entes con cierto grado de vida.
la muerte es el fin temporal de una persona, físicamente no puede realizar nada ni
tener conciencia de nada, cuando estas muerto estas muerto y ya es por eso que se habla
de la vida despues de la muerte (muerte física)
yo respeto pero de ahi surgen 3 teoria mias:1.- su santa muerte no esta tan muerta y
por eso puede hacer cosas 2.- esta bien muerta o es realmente la muerte como su nombre
lo indica, entonces no puede hacer nada por carecer de vida y los que la adoran pus nomas
se hacen chaquetas mentales3.- adoran a otro ente religioso de los concernientes al polo
negativo como el diablo o los demonios (que si tienen vida) y simplemente le denominan
Denisot Marie - 2007 89
LA CROYANCE EN LA SANTA MUERTE A MEXICO DF : DE LA SIGNIFICATION RELIGIEUSE A
L’IDENTITE POLITIQUE DE L’ESPACE.
santa muerte aunque en realidad sea otra cosa que si tiene vidacorrecciones: Tony aunque
se dice profesionista escribió -debocion- en vez de “devoción” con V y acento, tal vez
deberia regresar a la universidad o a la primaria
ADES_ASI_NOMAS 31 de Diciembre de 2006 a las 1:12 am
PA EMPESAR YO NO SOY MAS QE UN GRAN DEVOTO A MI HERMOSA Y
ADORABLE PROTECTORA Y MADRE ( LA SANTISIMA MUERTE ) Y CON MUCHO
ORGULLO Y AMOR LA VENERO LA CUIDO Y LA AMO Y LO SEGUIRE HACIEDO HASTA
EL DIA EN QUE DESIDA TOMARME DE LA MANO PARA ENCAMINARME ANTE EL
CREADOR ES POR ESO QUE EN ESTE MOMENTO AUNQUE NO SEA MUCHO POR
ESTE MEDIO LE AGRADESCO LA AMAVILIDAD QUE A TENIDO PARA CONMIGO MI
FAMILIA Y MS SERES QUERIDOS YYYYYYYYYY BUENO ESTO YA ES PERSONAL
PARA CON EL VATITO ESE QUE SE LLAMA ALEJANDRO QUE PUSO UN COMENTARIO
VASTANTE ……… BUENO PONGAOSLO COMO QUE AUN LE FALTA SABER MAS DE
LO QUE SU MATERIA GRIS PUEDA ALMASENAR ….. MI COMPA PRIMERO ENTERESE
DE LO QUE VA A ABLAR SEGUNDO LAVESE ESE SHE OSICO ANTES DE ABLAR DE
(LA SANTISIMA MUERTE) YA QUE VIVA MUERTA DESPIERTA O DORMIDA PARADA
SENTADA O COMO LA QUIERAS TOMAR PUES NI MODO MI COMPA PUES LAS
CHAQUETAS SE LAS VAS A TERMINAR HACIENDO TU A ELLA EL DIA EN QUE PESE
CON SU BALANZA LAS ESTUPIDESES QUE PIENSAS DE ELLA PERO BUENO ELLA
SABRA COMO TE COBRA AAAAAAAAA SE ME OLVIDAVA ME SUPONGO QUE NO
ENTENDISTE QUE ESTE ESPACIO ES PRA DEJAR OPINIONES Y NO PARA CRITICAR
A LA GENTE COMO LO HICISTE CON EL TONY PERO YA ESTUBO PIENSO QUE
ALMENOS 2 PALABRAS DE TODO LO QUE ESCRIBI SE GABARAN EN TU MINIMA
MEMORIA DE TU CESO ASI QUE ESPERO QUE LO LEAS MI COMPA Y ES (SANISIMA
MUERTE)………………PIDO UNA DISCULPA POR LAS FALTAS DE ORTOGRAFIA Y SI
ES QE INSULTE A ALGUIEN …………….
Source : http://chilangabanda.com/2005/09/06/el-culto-a-la-santa-muerte-1a-parte/