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Articles
Histoire des mathématiques 1
Mathématiques préhistoriques 27
Mathématiques babyloniennes 30
Mathématiques dans l'Égypte antique 37
Mathématiques indiennes 46
Mathématiques de la Grèce antique 49
Mathématiques arabes 51
Mathématiques en Europe au XVIIe siècle 54
Sangaku 62
Références
Sources et contributeurs de l'article 64
Source des images, licences et contributeurs 65
Chronologie
Chronologie de l'astronomie
Sciences de l'Antiquité
XVe s. - XVIe s.
XVIIe s. - XVIIIe s.
XIXe s. - XXe s.
Thématiques
Sciences grecques
Sciences chinoises
Sciences indiennes
Sciences islamiques
Histoire...
de l'astronomie
→ des mathématiques
de la biologie
de la médecine
de la physique
de l'électricité
de l'écologie
Voir aussi
Science
Épistémologie
Méta
Projet
L’histoire des mathématiques s'étend sur plusieurs millénaires et dans de nombreuses régions du globe allant de la
Chine à l’Amérique centrale. Jusqu'au XVIIe siècle, le développement des connaissances mathématiques s’effectue
essentiellement de façon cloisonnée dans divers endroits du globe. À partir du XIXe et surtout au XXe siècle, le
foisonnement des travaux de recherche et la mondialisation des connaissances mènent plutôt à un découpage de cette
histoire en fonction des domaines de mathématiques.
Préhistoire
L'os d'Ishango datant de 20000 ans avant notre ère est généralement cité pour être la première preuve de la
connaissance des premiers nombres premiers et de la multiplication[réf. nécessaire], mais cette interprétation reste
sujette à discussions[réf. nécessaire]. Il est dit que les mégalithes en Égypte au Ve millénaire avant notre ère ou en
Angleterre au IIIe millénaire incorporeraient des idées géométriques comme les cercles, les ellipses et les triplets
pythagoriciens[réf. nécessaire]. En 2 600 avant notre ère, les constructions égyptiennes attestent d'une connaissance
précise et réfléchie de la géométrie[réf. nécessaire].
L'ethnomathématiques est un domaine de recherche à la frontière de l'anthropologie, de l'ethnologie et des
mathématiques qui vise entre autres à comprendre l'essor des mathématiques dans les premières civilisations à partir
des objets, instruments, peintures, et autres documents retrouvés.
De Sumer à Babylone
On attribue généralement le début de l'écriture à Sumer, dans le bassin du Tigre et de l'Euphrate ou Mésopotamie.
Cette écriture, dite cunéiforme, naît du besoin d'organiser l'irrigation [1] et le commerce. Conjointement à la
naissance de l'écriture naissent les premières mathématiques utilitaires (économie, calculs de surface). Le premier
système numérique positionnel apparaît : le système sexagésimal. Pendant près de deux mille ans, les mathématiques
vont se développer dans la région de Sumer, Akkad puis Babylone. Les tablettes datant de cette période sont
constituées de tables numériques et de modes d'emploi. C'est ainsi qu'à Nippur (à une centaine de kilomètres de
Bagdad), ont été découvertes au XIXe siècle des tablettes scolaires datant de l'époque paléo-Babylonienne (2000 av.
J.-C.)[2] . On sait donc qu'ils connaissaient les quatre opérations mais se sont lancés dans des calculs plus complexes
avec une très grande précision, comme des algorithmes d'extraction de racines carrées[3] , racines cubiques, la
résolution d'équations du second degré. Comme ils faisaient les divisions par multiplication par l'inverse, les tables
d'inverse jouaient un grand rôle. On en a retrouvé avec des inverses pour des nombres à six chiffres sexagésimaux,
ce qui indique une très grande précision [4] . On a également retrouvé des tablettes sur lesquelles figurent des listes
de carrés d'entier, des listes de cubes et une liste souvent interprétée comme celle de triplets pythagoriciens[5]
suggérant qu'ils connaissaient la propriété des triangles rectangles plus de 1 000 ans avant Pythagore. Des tablettes
ont aussi été retrouvées décrivant des algorithmes pour résoudre des problèmes complexes [6] .
Ils étaient capables d'utiliser des interpolations linéaires pour les calculs des valeurs intermédiaires ne figurant pas
dans leurs tableaux. La période la plus riche concernant ces mathématiques est la période de Hammurabi (XVIIIe
siècle av. J.-C.). Vers 1000 av. J.-C., on observe un développement du calcul vers l'astronomie mathématique[7] .
Histoire des mathématiques 3
Égypte
Les meilleures sources sur les connaissances mathématiques en Égypte antique sont le Papyrus Rhind (seconde
période intermédiaire, XXe siècle avant J.-C.) qui développe de nombreux problèmes de géométrie, et le Papyrus de
Moscou (1850 avant J.-C.) et le rouleau de cuir. À ces documents s'ajoutent trois autres papyrus et deux tablettes de
bois ; le manque de documents ne permet pas d'attester ces connaissances[8] . Les Égyptiens ont utilisé les
mathématiques principalement pour le calcul des salaires, la gestion des récoltes, les calculs de surface et de volume
et dans leurs travaux d'irrigation et de construction (voir Sciences Égyptiennes). Ils utilisaient un système d'écriture
des nombres additionnel (numération égyptienne). Ils connaissaient les quatre opérations, étaient familiers du calcul
fractionnaire (basé uniquement sur les inverses d'entiers naturels) et étaient capables de résoudre des équations du
premier degré par la méthode de la fausse position. Ils utilisaient une approximation fractionnaire de π[9] . Les
équations ne sont pas écrites, mais elles sous-tendent les explications données.
Chine
La source principale la plus ancienne de nos connaissances sur les mathématiques chinoises provient du manuscrit de
Zhoubi Suanjing ou Les neuf chapitres sur l'art mathématique, daté du Ier siècle, mais regroupant des résultats
probablement plus anciens. On y découvre que les Chinois avaient développé des méthodes de calcul et de
démonstration qui leur étaient propres : arithmétique, fractions, extraction des racines carrées et cubiques, mode de
calcul de l'aire du cercle, volume de la pyramide et méthode du pivot de Gauss. Leur développement des algorithmes
de calcul est remarquablement moderne. Mais on trouve aussi, sur des os de moutons et de bœufs, des gravures
prouvant qu'ils utilisaient un système décimal positionnel (numération chinoise). Ils sont aussi à l'origine d'abaques
les aidant à calculer. Les mathématiques chinoises avant notre ère sont principalement tournées vers les calculs
utilitaires. Elles se développent ensuite de manière propre entre le Ier et le VIIe siècle après J.-C. puis entre le Xe et le
XIIIe siècle.
Civilisations précolombiennes
La civilisation maya s'étend de 2600 avant J.-C. jusqu'à 1500 ans après
J.-C. avec un apogée à l'époque classique du IIIe siècle au IXe siècle.
Les mathématiques sont principalement numériques et tournées vers le
comput calendaire et l'astronomie. Les Mayas utilisent un système de
numération positionnel de base vingt (numération maya). Les sources
mayas sont issues principalement des codex (écrits autour du
XIIIe siècle). Mais ceux-ci ont été en grande majorité détruits par
l'Inquisition et il ne reste de nos jours que quatre codex (celui de
Dresde, de Paris, de Madrid et Grolier) dont le dernier est peut-être un
faux.
Inde
La civilisation de la vallée de l'Indus développa un usage essentiellement pratique des mathématiques : système
décimal de poids et mesures et régularité des proportions dans la confection de briques. Les sources écrites les plus
anciennes concernant les mathématiques indiennes sont les sulba-sutras (de 800 av. J.-C. jusqu'à 200). Ce sont des
textes religieux écrits en sanscrit réglementant la taille des autels de sacrifice. Les mathématiques qui y sont
présentées sont essentiellement géométriques et sans démonstration. On ignore s'il s'agit de la seule activité
mathématique de cette époque ou seulement les traces d'une activité plus générale. Les Indiens connaissaient le
théorème de Pythagore, savaient construire de manière exacte la quadrature d'un rectangle (construction d'un carré de
même aire) et de manière approchée celle du cercle. On voit apparaître aussi des approximations fractionnaires de π
et de racine carrée de deux. Vers la fin de cette période, on voit se mettre en place les neuf chiffres du système
décimal.
Il faut ensuite attendre l'époque jaïniste (Ve siècle après J.-C.) pour voir naître de nouveaux textes mathématiques.
Les mathématiciens de cette époque commencent une réflexion sur l'infini, développent des calculs sur des nombres
de la forme qu'ils nomment première racine carrée, seconde racine carrée, troisième racine carrée. De cette
époque, datent l'Aryabhata (499), du nom de son auteur, écrit en sanscrit et en vers, et les traités d'astronomie et de
mathématiques de Brahmagupta (598-670) . Dans le premier, on y trouve des calculs de volume et d'aire, des calculs
de sinus qui donne la valeur de la demi-corde soutenue par un arc, la série des entiers, des carrés d'entiers, des cubes
d'entiers. Une grande partie de ces mathématiques sont orientées vers l'astronomie. Mais on trouve aussi des calculs
de dettes et recettes où l'on voit apparaître les premières règles d'addition et de soustraction sur les nombres négatifs.
Mais c'est à Brahmagupta semble-t-il que l'on doit les règles opératoires sur le zéro en tant que nombre et la règle des
signes.
Grèce antique
À la différences des mathématiques égyptiennes et mésopotamiennes
connues par des papyrus ou des tablettes d'argiles antiques
remarquablement bien conservées, les mathématiques grecques ne sont
pas parvenues jusqu'à nous grâce à des traces archéologiques. On les
connait grâce aux copies, traductions et commentaires de leurs
successeurs.
La grande nouveauté des mathématiques grecques est qu'elles quittent
le domaine de l'utilitaire pour rentrer dans celui de l'abstraction. Les
mathématiques deviennent une branche de la philosophie. De
l'argumentation philosophique découle l'argumentation mathématique.
Il ne suffit plus d'appliquer, il faut prouver et convaincre : c'est la Machine d'Anticythère, le plus ancien calculateur
naissance de la démonstration. L'autre aspect de ces nouvelles analogique.
Les grandes figures de ces nouvelles mathématiques sont Thalès (-625 – -547), Pythagore (-580 – -490) et l'école
pythagoricienne, Hippocrate (-470 – -410) et l'école de Chios, Eudoxe de Cnide (-408 – -355) et l'école de Cnide,
Théétète d'Athènes (-415 – -369) puis Euclide.
Il est probable que cette école grecque des mathématiques ait été influencée par les apports mésopotamiens et
égyptiens. Ainsi Thalès voyagea en Égypte, et il a pu rapporter en Grèce des connaissances en géométrie, . Il
travailla sur les triangles isocèles et les triangles inscrits dans un cercle.
Histoire des mathématiques 5
Selon l'école pythagoricienne, « tout est nombre ». Les deux branches d'étude privilégiées sont l'arithmétique et la
géométrie. La recherche d'objets parfaits conduit les Grecs à n'accepter d'abord comme nombres que les nombres
rationnels matérialisés par la notion de longueurs commensurables : deux longueurs sont commensurables s'il existe
une unité dans laquelle ces deux longueurs sont entières. L'échec de cette sélection matérialisée par l'irrationalité de
la racine carrée de deux les conduit à n'accepter que les nombres constructibles à la règle et au compas. Ils se
heurtent alors aux trois problèmes qui vont traverser l'histoire : la quadrature du cercle, la trisection de l'angle et la
duplication du cube. En arithmétique, ils mettent en place la notion de nombre pair, impair, parfait et figuré.
Cet idéalisation des nombres et le souci de les relier à des considérations géométriques est probablement lié au
système de numération grecque assez peu pratique : si le système est décimal, il est additif et se prête donc assez peu
facilement aux calculs numériques. En géométrie, ils étudient les polygones réguliers avec un penchant pour le
pentagone régulier.
Hippocrate de Chios cherchant à résoudre le problème mis en place par Pythagore découvre la quadrature des lunules
et perfectionne le principe de la démonstration en introduisant la notion de problèmes équivalents.
Eudoxe de Cnide travaille sur la théorie des proportions acceptant ainsi de manipuler des rapports de nombres
irrationnels. Il est probablement à l'origine de la formalisation de la méthode d'exhaustion pour le calcul par
approximations successives d'aires et de volumes.
Théétète travaille sur les polyèdres réguliers.
La synthèse la plus importante des mathématiques grecques vient des Éléments d'Euclide. Les objets géométriques
doivent être définis : il ne s'agit plus d'objets imparfaits mais de l'idée parfaite des objets. Dans ses Éléments, Euclide
se lance dans la première formalisation de la pensée mathématique. Il définit les objets géométriques (droites,
cercles, angles), il définit l'espace par une série d'axiomes, il démontre par implication les propriétés qui en découlent
et fait le lien formel entre nombre et longueur. Cet ouvrage restera dans le cursus mathématique universitaire
européen jusqu'au XIXe siècle.
Après Euclide, d'autres grands noms éclairent les mathématiques grecques. Archimède qui perfectionne les méthodes
d'Eudoxe, et Apollonius de Perge dont le traité sur les coniques est considéré comme un classique de la géométrie
grecque.
Dans l'antiquité tardive, les mathématiques sont représentées par l'école d'Alexandrie.
Diophante étudiera les équations dites diophantiennes, et sera appelé le "père de l'algèbre".
Histoire des mathématiques 6
Civilisation islamique
Durant la période allant de 800 à 1500 après J.C., c'est dans les régions
conquises par les musulmans que se développent le plus les
mathématiques. La langue arabe devient langue officielle des pays
conquis. Un vaste effort de recueils et de commentaires de textes est
entrepris. S'appuyant d'une part sur les mathématiques grecques,
d'autre part sur les mathématiques indiennes et chinoises que leur
relations commerciales leur permettent de connaître, les
mathématiciens musulmans vont considérablement enrichir les
mathématiques, développant l'embryon de ce qui deviendra l'algèbre,
répandant le système décimal indien avec les chiffres improprement
appelés chiffres arabes et développant des algorithmes de calculs.
Parmi les nombreux mathématiciens musulmans, on peut citer
Al-Khwarizmi et son ouvrage al-jabr. On assiste à un développement
important de l'astronomie et de la trigonométrie.
Occident
tournée vers la résolution des équations. Cette tendance est fortement liée au développement dans les villes italiennes
de l'enseignement des mathématiques non plus dans un but purement théorique tel qu'il pouvait l'être dans le
Quadrivium mais à des fins pratiques, notamment destinée aux marchands. Cet enseignement se diffuse dans des
botteghe d'abbaco ou « écoles d'abbaques » où des maestri enseignent l'arithmétique, la géométrie et les méthodes
calculatoires à de futurs marchands à travers des problèmes récréatifs, connus grâce à plusieurs « traités d'abbaque »
que ces maîtres nous ont laissés[13] .
Les nombres complexes apparaissent lors des travaux de Scipione del Ferro, à l'occasion de la résolution des
équations de degrés trois. Repris par Tartaglia, et publiés par Cardan, ils trouvent une première forme avec Bombelli.
Ferrari résout les équations du quatrième degré.
Jusqu'à la fin du XVIe siècle, la résolution de problèmes demeure cependant rhétorique. Le calcul symbolique
apparaît en 1591 lors de la publication de l’Isagoge de François Viète avec l'introduction de notations spécifiques
pour les constantes et les variables (ce travail popularisé et enrichi par Harriot, Fermat et Descartes modifiera
entièrement le travail algébrique en Europe).
Au XVIIe siècle
Les mathématiques portent leur regard sur des aspects physiques et techniques. Fils de deux pères, Isaac Newton et
Gottfried Leibniz, le calcul infinitésimal fait entrer les mathématiques dans l'ère de l'analyse (dérivée, intégrale,
équation différentielle).
Le XVIIIe siècle
L'univers mathématiques du début de XVIIIe siècle est dominé par la
figure de Leonhard Euler [14] et par ses apports tant sur les fonctions
que sur la théorie des nombres, tandis que Joseph-Louis Lagrange
éclaire la seconde moitié de ce siècle.
Le siècle précédent avait vu la mise en place du calcul infinitésimal
ouvrant la voie au développement d'un nouveau domaine
mathématique : l'analyse algébrique dans laquelle, aux opérations
algébriques classiques, viennent s'ajouter deux opérations nouvelles, la
différentiation et l'intégration (introductio in analysin infinitorum -
Euler-1748). Le calcul infinitésimal se développe et s'applique aussi
bien aux domaines physiques (mécanique, mécanique céleste, optique,
cordes vibrantes) qu'aux domaines géométriques (étude de courbes et
de surfaces). Leonhard Euler, dans Calculi différentialis (1755) et
Institutiones calculi integralis (1770) essaie de mettre au point les
règles d'utilisation des infiniment petits et développe des méthodes Leonhard Euler par Emanuel Handmann.
d'intégration et de résolution d'équations différentielles. Jean le Rond
d'Alembert puis Joseph-Louis Lagrange lui emboîtent le pas. En 1797, Sylvestre-François Lacroix publie Traité du
calcul différentiel et intégral qui se veut une synthèse des travaux d'analyse du XVIIIe siècle. La famille Bernoulli
contribue au développement de la résolution des équations différentielles.
La fonction devient un objet d'étude à part entière. On s'en sert dans des problèmes d'optimisation. On la développe
en séries entières ou asymptotiques(Taylor, Stirling, Euler, Maclaurin, Lagrange), mais sans se préoccuper de leur
convergence. Leonhard Euler élabore une classification des fonctions. On tente de les appliquer à des réels négatifs
ou à des complexes [15] .
Le théorème fondamental de l'algèbre (existence de racines éventuellement complexes à tout polynôme) resté sous
forme de conjecture depuis deux siècles est remis en avant dans l'utilisation de la décomposition des fractions en
Histoire des mathématiques 8
éléments simples nécessaire pour le calcul intégral. Successivement, Euler (1749), le chevalier de Foncenex (1759)
et Lagrange (1771) tentent des démonstrations algébriques mais se heurtent à la partie transcendante du problème
(tout polynôme de degré impair sur R possède une racine réelle) qui nécessiterait l'utilisation du théorème des
valeurs intermédiaires[16] .. La démonstration de D'Alembert, publiée en 1746 dans les annales de l'académie de
Berlin, est la plus achevée mais présente encore quelques trous et des obscurités. Gauss, en 1799, qui critique
D'Alembert sur ces points n'est d'ailleurs pas exempté des mêmes reproches. Il faut à un moment faire intervenir un
résultat d'analyse fort que le siècle ne connaît pas. De plus, l'obstacle se situe dans la question des points de
branchement: on retrouve ici une question déjà débattue lors de la polémique sur les logarithmes des nombres
négatifs que tranchera Euler. La seconde et la troisième démonstration de Gauss ne souffrent pas de ces reproches
mais on n'est plus au XVIIIe siècle...
En arithmétique, Euler démontre le petit théorème de Fermat et en donne une version élargie aux nombres composés
(1736-1760). Il infirme la conjecture de Fermat sur la primalité des nombres de la forme (nombre de
Fermat)[17] . Il s'intéresse à la répartition des nombres premiers et prouve que la série des inverses des nombres
premiers est divergente[18] . La conjecture de Bachet (tout nombre est somme de 4 carrés au plus) est démontrée par
Lagrange en 1770. C'est aussi Lagrange qui démontre en 1771 le théorème de Wilson (si p est premier, il divise
(p-1)! + 1). Il développe la technique de décomposition en fractions continues et démontre l'infinité des solutions de
l'équation de Pell-Fermat[19] . Legendre publie en 1798 sa Théorie des nombres qui rassemble un grand nombre de
résultats d'arithmétique[20] .La loi de réciprocité quadratique conjecturée par Euler et Legendre ne sera démontrée
que le siècle suivant.
Durant ce siècle, les mathématiciens continuent de s'intéresser aux résolutions algébriques des équations. Le premier
essai systématique sur la résolution des équations algébriques était l'œuvre de Tschirnhaus en 1683. Euler lui-même,
dans deux essais, ne va pas au-delà de son devancier et en 1762, Bezout introduit la notion de racine de l'unité. Entre
1770 et 1772, on peut citer trois grands mémoires plus originaux : celui de Waring, celui d'Alexandre-Théophile
Vandermonde (1771) sur la résolubilité par radicaux des équations (équation cyclotomique) qui est un
précurseur dans l'utilisation des permutations des racines[21] et celui de Lagrange (1770) qui rassemble toutes les
méthodes de résolutions déjà tentées mais va introduire les résolvantes de Lagrange et démontrer, dans un langage
où la notion de groupe n'existe pas encore, le théorème de Lagrange: l'ordre d'un sous-groupe d'un groupe fini divise
l'ordre du groupe. Ces deux derniers mathématiciens mettent en évidence l'importance des racines et de leurs
permutations mais il faut attendre le siècle suivant pour voir naitre la notion de groupe de permutations.
La géométrie analytique se développe et s'étend de l'étude des courbes à celle des surfaces. Euler étudie l'équation
générale du second degré à trois variables et présente une classification des solutions. Alexis Clairaut étudie les
courbes gauches (1729). Gabriel Cramer publie en 1750 un traité sur les courbes algébriques. La grande figure de la
géométrie du XVIIIe reste Gaspard Monge[22] . Celui-ci développe la géométrie différentielle avec l'étude des
tangentes et crée une nouvelle discipline: la géométrie descriptive. Leonhard Euler développe le calcul
trigonométrique, met en place les formules de calcul de la géométrie sphérique et replace les fonctions circulaires
dans l'ensemble général des fonctions, les développant en séries entières ou en produits infinis et découvrant une
relation entre les fonctions circulaires et les fonctions exponentielles
Le siècle voit l'apparition de quelques théoriciens de la logique. Leonhard Euler met au point une méthode de
représentation figurée des déductions syllogistiques (diagramme d'Euler), Jean-Henri Lambert travaille sur la logique
des relations [22] .
C'est aussi le siècle qui s'attaque aux premiers exemples de ce qui va devenir la théorie des graphes. Euler résout en
1736 le problème des ponts de Königsberg, et, en 1766, énonce le théorème des circuits eulériens: un p-graphe admet
un circuit eulérien si et seulement si le nombre de ses sommets de degré impair est 0 ou 2. Il s'attaque au problème
du cavalier en 1759 mais ne publie rien jusqu'en 1766. Il s'agit d'un cas particulier de graphes hamiltoniens. Le
problème du cavalier est connu depuis fort longtemps. Vers 840, al-Adli ar-Rumi en donne une solution. Le poête
Rudrata en parlait aussi dans le Kavyalankara, un texte indou.
Histoire des mathématiques 9
Mais le siècle est fécond aussi en conjectures qui resteront des énigmes pendant plus d'un siècle: le problème de
Goldbach, le problème de Waring[23] , ...
Le siècle voit aussi Legendre s'échiner pendant des années sur les intégrales elliptiques. Malheureusement pour lui,
même s'il fait l'admiration d'Euler en ce domaine, la solution de la question allait lui échapper au profit d'Abel.
Le XVIIIe siècle est aussi celui de l'encyclopédie dans laquelle Jean le Rond d'Alembert fait un état des lieux des
mathématiques de ce siècle.
Japon
Durant la période Edo (1603 - 1887), au Japon, se développe une mathématique sans influence de la mathématique
occidentale mais inspirée de la mathématique chinoise, travaillant sur des problèmes d'essence géométrique. Des
énigmes géométriques sont posées et résolues sur des tablettes en bois appelées → Sangaku.
XIXe siècle
L'histoire mathématique du XIXe siècle est riche. Trop riche pour qu'en un essai de taille raisonnable on puisse
couvrir la totalité des travaux de ce siècle. Aussi ne doit-on attendre de cette partie que les points saillants des
travaux de ce siècle.
Le XIXe siècle vit apparaître plusieurs théories nouvelles et l'accomplissement des travaux entrepris au siècle
précédent. Le siècle est dominé par la question de la rigueur. Celle-ci se manifeste en analyse avec Cauchy et la
sommation des séries. Elle réapparaît à propos de la géométrie. Elle ne cesse de se manifester en théorie des
fonctions et particulièrement sur les bases du calcul différentiel et intégral au point de voir disparaître totalement ces
infiniments petits qui avaient pourtant fait le bonheur du siècle précédent. Mais plus encore, le siècle marque la fin
de l'amateurisme mathématique: les mathématiques étaient jusque là surtout le fait de quelques particuliers
suffisamment fortunés soit pour étudier eux-mêmes soit pour entretenir quelques génies. Au XIXe siècle, tout cela
prend fin: Les mathématiciens deviennent des professionnels appointés. Le nombre de ces professionnels ne cesse de
croître et avec ce nombre, les mathématiques prennent une importance jamais atteinte, comme si la société tout
entière prenait enfin conscience du formidable outil. Les applications, en germe dans le siècle précédent, se
développent rapidement dans tous les domaines, laissant croire que la science peut tout. D'ailleurs, certains succès
sont là pour en attester. N'a-t-on pas découvert une nouvelle planète uniquement par le calcul ? N'a-t-on pas expliqué
la création du système solaire ? Le domaine de la physique, science expérimentale par excellence est complètement
envahi par les mathématiques: la chaleur, l'électricité, le magnétisme, la mécanique des fluides, la résistance des
matériaux et l'élasticité, la cinétique chimique sont à leur tour mathématisés au point que le bon vieux cabinet de
curiosité du XVIIIe siècle finissant est remplacé par un tableau noir. Et le vaste champ de la science s'étend encore et
encore. Certes, on ne dit plus ce presque lieu commun du XVIIIe siècle que les sciences mathématiques seront
bientôt achevées et qu'il faudra "fermer la mine", à la place on se met à rêver à la machine de Leibniz qui répondrait
à toutes les questions. On va même jusqu'à quantifier le hasard ou l'incertain, histoire de se rassurer. Cournot veut
appliquer le calcul des probabilités en matière judiciaire pour arriver à cette stupéfiante, et combien rassurante,
conclusion qu'il y a moins de deux pour cent d'erreurs judiciaires ! Les mathématiques s'insinuent jusqu'à la structure
intime de la matière: plusieurs théories de la lumière et les prémisses de la théorie de la relativité chez Lorentz qui
complète la théorie électromagnétique de Maxwell. La tendance à la rigueur, commencée au début du XIXe siècle, ne
verra son accomplissement qu'au début du XXe siècle par la remise en cause de bien des a priori.
Histoire des mathématiques 10
Revues de mathématiques
• Il existait depuis la fin du XVIIe siècle quelques académies qui publiaient leurs travaux et des résumés annuels.
De plus quelques journaux avaient fleuri, tels que les Acta Eruditorum édités par Otto Mencke à Leipzig ou les
commentaires de Petersbourg rendus célèbres par Euler. Mais ces journaux ou revues n'étaient pas spécialisés
dans les mathématiques et accueillaient des mémoires de philosophie, d'histoire, de botanique, aussi bien que de
mathématiques. Le début du XIXe va voir apparaître des revues qui se spécialiseront dans la publication des
mathématiques. Les éditeurs de ces revues sont Ferussac (pour le Bulletin général et universel des annonces et
des nouvelles scientifiques), Gergonne (pour les Annales de mathématiques pures et appliquées), Crelle (pour le
Journal für die reine und angewandte Mathematik), Liouville (pour le Journal de mathématiques pures et
appliquées) pour n'en donner que quatre avant 1840. Elles seront bientôt suivies par une foule d'autres revues que
chaque université un peu célèbre se plait à financer, tels les Acta Mathematica de Mittag-Leffler en 1882.
Histoire des mathématiques 11
Mécanique
• La mécanique de Newton opère sa révolution. Utilisant le principe
(variationnel) de moindre action de Maupertuis, Lagrange énonce
les conditions d'optimalité du premier ordre qu'Euler avait trouvé en
toute généralité et trouve ainsi les équations de la mécanique qui
portent son nom. Par la suite, Hamilton, sur les pas de Lagrange,
exprime ces mêmes équations sous une forme équivalente. Elles
portent aussi son nom. La théorie naissante des espaces de Riemann
permettra de les généraliser commodément.
• Delaunay, dans un calcul extraordinaire, fait une théorie de la Lune
insurpassée[24] . Faye[25] s'exprime ainsi à ses funérailles (1872) :
«Travail énorme, que les plus compétents jugeaient impossible
avant lui, et où nous admirons à la fois la simplicité dans la méthode
et la puissance dans l'application ». Il résolut de faire le calcul au 7e
ordre là où ses devanciers (Clairaut, Poisson, Lubbock, ...) s'étaient
arrêtés au 5e. Sofia Kovalevskaïa
Physique mathématique
Euler, dont on a commencé la publication des travaux (prévus sur cinquante ans !), s'était déjà attaqué à bien des
domaines : acoustique, optique, résistance des matériaux, mécanique des fluides, élasticité, mais ces domaines
étaient encore naissants. C'est Fourier, dont le premier mémoire est refusé par l'Académie des sciences de Paris, qui
attaque le premier la théorie de la chaleur faisant usage de ce qui va devenir les séries de Fourier. Vers la même
époque, les années 1820, Fresnel s'occupe d'optique ainsi que Bessel qui va introduire les fonctions de Bessel. La
mécanique des fluides, qui en était quasiment au stade laissé par Euler et d'Alembert, le stade des fluides parfaits, fait
des progrès avec Henri Navier et George Gabriel Stokes qui s'attaquent aux fluides incompressibles puis
compressibles introduisant la viscosité. L'électricité, fait ses débuts sous l'influence de Gauss, d'Ohm, de Biot, de
Savart et d'Ampère mais c'est surtout le génie de Maxwell qu va embrasser la théorie dans l'une des plus belles
théories du siècle, la théorie électromagnétique, qui prétend unifier l'ensemble des travaux sur l'électricité, l'optique
et le magnétisme. En résistance des matériaux, les progrès sont plus modestes. On peut citer notamment Barré de
Saint-Venant, Yvon Villarceau, Aimé-Henry Résal et son fils Jean Résal mais il faudra attendre le siècle suivant
pour que l'élasticité fasse de décisifs progrès, d'autant qu'on ignore encore bien des propriétés du béton et plus encore
Histoire des mathématiques 12
le béton armé. Vers la fin du siècle, on en connaît suffisamment pour que certains se lancent dans des réalisations
monumentales en acier, tels Eiffel.
Logique
• George Boole se lance dans des travaux qui vont mener à l'algèbre
de Boole, à la logique symbolique et à la théorie des ensembles en
voulant démontrer l'existence de Dieu. Le calcul des propositions
est né. Augustus De Morgan énonce les lois qui portent son nom. La
logique sort définitivement de la philosophie.
• Frege pose les bases de la logique formelle et Cantor celle de la
théorie des ensembles. Ni l'une ni l'autre ne sont comprises par
nombre de mathématiciens et elles suscitent bien des inquiétudes.
La question des fondements est posée. Elle ne sera partiellement
résolue que tardivement au XXe siècle. Déjà pointent les paradoxes,
tel celui de Burali-Forti, celui de Russell, celui de Richard ou celui
de Berry dans la tentative de théorie des ensembles de Frege.
Géométrie
• Le siècle débute par l'invention de la géométrie descriptive par
Gaspard Monge[31] .
• Delaunay classa les surfaces de révolution de courbure moyenne
constante, qui aujourd'hui portent son nom : surface de Delaunay.
• Héritier des siècles précédents, le siècle va voir s'accomplir la
résolution des grands problèmes grecs par la négative. La trisection
de l'angle à la règle et au compas est impossible en général. Il en est
de même de la quadrature du cercle et de la duplication du cube.
Concernant la quadrature du cercle, le XVIIIe siècle avait montré
que était irrationnel. Liouville, définissant les nombres
transcendants en 1844, ouvre la voie à l'étude de la transcendance
dont les deux monuments du XIXe siècle restent les théorèmes
d'Hermite (1872) sur la transcendance de e et de Lindemann (1881) Gaspard Monge
sur celle de , rendant impossible la quadrature du cercle par la
règle et le compas[32] . C'est à la fin du siècle que se fait jour la conjecture, que démontrera le siècle d'après en le
théorème de Gelfond-Schneider, que a et exp(a) ne peuvent être simultanément algébriques.
• l'autre héritage concerne le postulat d'Euclide. Le problème avait en fait été quasi résolu par Saccheri mais
celui-ci n'avait pas vu qu'il était près du but. Les travaux de Gauss sur les surfaces amènent János Bolyai et
Nicolaï Lobatchevsky à remettre en cause le postulat des parallèles. Ils inventent donc une nouvelle géométrie où
le postulat n'est plus vrai, une géométrie non euclidienne dont Poincaré donnera un modèle. Riemann, après eux,
offrira une nouvelle solution non euclidienne, avant que l'ensemble ne forme la théorie des espaces de Riemann,
qui fournira au siècle suivant un cadre à la théorie de la relativité généralisée.
• En généralisant la notion d'espace et de distance, Ludwig Schläfli arrive à déterminer le nombre exact de
polyèdres réguliers en fonction de la dimension de l'espace[33] .
• Felix Klein annonce le programme d'Erlangen[34] .
Histoire des mathématiques 14
• David Hilbert propose une axiomatique complète de la géométrie euclidienne en explicitant des axiomes
implicites chez Euclide.
Algèbre
• La représentation des complexes avait occupé bien du monde :
depuis Henri Dominique Truel (1786)[35] , Caspar Wessel[36] (1797)
en passant par Jean-Robert Argand[37] (1806), Mourey[38] , pour
aller à Giusto Bellavitis (1832). Hamilton, inspiré par cette
représentation des complexes en a+ib, cherche à généraliser le corps
des complexes. Il découvre le corps non commutatif des quaternions
et par la suite Cayley découvre les octavions. Hamilton passera une
grande partie de sa vie à proposer des applications de ses
quaternions.
• Grassmann, en 1844, développe dans "die lineale ausdenungslehre"
une nouvelle voie pour les mathématiques et fonde ce qui deviendra
la théorie des espaces vectoriels.
• Hamilton, en 1853, démontre ce qui deviendra le théorème de
Cayley-Hamilton pour la dimension 4 à propos de l'inverse d'un
quaternion. C'est Cayley, en 1857, qui généralise le résultat mais ne Evariste Galois. Sa vie est un véritable drame. A
le démontre qu'en dimension 2. Frobenius, en 1878, donne la l'instar d'Abel, il meurt jeune. Son génie est
première démonstration générale. méconnu de son vivant. Ses opinions politiques le
mènent en prison. Ses amours le perdent : Il
• Les résultats de Galois et de Kummer montrent qu'une avancée meurt en conséquence d'un duel pour une
majeure en théorie algébrique des nombres suppose la "coquette".
compréhension de structures subtiles : les anneaux d'entiers
algébriques sous-jacents à des extensions algébriques. Le cas le moins complexe est celui des extensions
algébriques finies et abéliennes. Il semble simple, le résultat correspond aux structures qu'avaient étudiées Gauss
au début du siècle pour résoudre les problèmes de l'antiquité de construction à la règle et au compas : les
extensions cyclotomiques associées au polynômes du même nom. Il faut néanmoins 50 ans et trois grands noms
de l'algèbre pour en venir à bout à la fin du siècle : Kronecker, Weber et Hilbert. Il ouvre la porte à l'étude des
extensions algébriques abéliennes générales, c'est-à-dire non finies. Hilbert ouvre la voie de ce chapitre des
mathématiques qui représente un des plus beaux défis du siècle futur, la théorie des corps de classe. Dans la
dernière année du siècle, en 1900, Richard Dedekind s'intéresse à une théorie générale des ensembles reliés entre
eux par des relations. En inventant la notion de dualgruppe, il vient de faire le premier pas dans la théorie générale
des structures.
• Killing et Elie Cartan commencent l'étude des groupes et algèbres de Lie. La théorie des systèmes de racines
prend naissance.
Probabilité et statistiques
• Legendre en 1805[39] 1811[40] puis Gauss en 1809[41] introduisent, sur des problèmes d'astronomie, la méthode
des moindres carrés, ensemble de méthodes qui deviendront fondamentales en statistiques.
• Pierre-Simon Laplace fait entrer l'analyse dans la théorie des probabilités dans sa théorie analytique des
probabilités de 1812 qui restera longtemps un monument. Son livre donne une première version du théorème
central limite qui ne s'applique alors que pour une variable à deux états, par exemple pile ou face mais pas un dé à
6 faces. Il faudra attendre 1901 pour en voir apparaître la première version générale par Liapounov. C'est aussi
dans ce traité qu'apparaît la méthode de Laplace pour l'évaluation asymptotique de certaines intégrales.
Histoire des mathématiques 15
• Sous l'impulsion de Quételet, qui ouvre en 1841 le premier bureau statistique le Conseil Supérieur de Statistique
[42]
, les statistiques se développent et deviennent un domaine à part entière des mathématiques qui s'appuie sur
les probabilités mais n'en font plus partie.
• La théorie moderne des probabilités ne prend réellement son essor qu'avec la notion de mesure et d'ensembles
mesurables qu'Émile Borel introduit en 1897.
Analyse réelle
• À la fin du XVIIIe siècle, faire des mathématiques consiste à écrire des égalités, parfois un peu douteuses, mais
sans que cela choque le lecteur. Lacroix par exemple n'hésite pas à écrire
sous la seule justification du développement en série de Taylor de 1/(1+x). Les mathématiciens croient encore, pour
peu de temps, que la somme infinie de fonctions continues est continue, et (pour plus longtemps) que toute fonction
continue admet une dérivée...
• C'est Cauchy qui met un peu d'ordre dans tout cela en montrant que la somme d'une série numérique n'est
commutativement convergente que si la série est absolument convergente. Mais Cauchy, qui pourtant n'est qu'à un
doigt de la notion de convergence uniforme, énonce un faux théorème de continuité d'une série de fonctions
continues qu'Abel contredit par un contre-exemple du 16 janvier 1826.
• C'est encore Cauchy qui se refuse à considérer la somme de séries divergentes, au contraire des mathématiciens
du XVIIIe siècle dont Lacroix est l'un des héritiers.
• Gudermann, en 1838, utilise pour la première fois, la notion de convergence uniforme. En 1847, Stokes et Seidel
définissent la notion d'une série convergeant aussi lentement que l'on veut, notion équivalente à la convergence
uniforme. Mais leur réflexion n'est pas mûre. Weierstrass donne une définition de la convergence uniforme en
1841 dans un article qui ne sera publié qu'en 1894. Il revient à Cauchy de donner la première définition claire de
la notion (sans le terme uniforme) en 1853. Weierstrass, de son côté, donnera par la suite les théorèmes classiques
de continuité, dérivabilité, intégrabilité des séries de fonctions continues dans ses cours à partir de 1861.
• Bolzano démontre le premier ce principe, implicite chez les auteurs du XVIIIe siècle, qu'une fonction continue qui
prend des valeurs de signes différents dans un intervalle s'y annule, ouvrant la voie à la topologie par le théorème
des valeurs intermédiaires.
• Karl Weierstrass donne le premier la définition de la limite d'une fonction, notion un peu floue jusque là, à partir
de , . La notion de limite supérieure, inventée par Cauchy, est expliquée clairement par Du Bois-Reymond.
Histoire des mathématiques 16
• En 1869, Charles Meray, professeur à l'université de Dijon, donne, le premier, une construction rigoureuse des
nombres réels par les classe d'équivalence de suites de Cauchy de nombres rationnels. Georg Cantor donnera une
construction analogue de . Karl Weierstrass construit à partir de la notion d'« agrégats » tandis que Richard
Dedekind crée de la notion de coupure de l'ensemble des rationnels.
• Il faut quasiment attendre le milieu du siècle pour qu'enfin on s'intéresse aux inégalités. Tchebyschev, dans sa
démonstration élémentaire du postulat de Bertrand, est l'un des premiers à les utiliser.
• Un peu avant, Bessel et Parseval, en s'occupant des séries trigonométriques démontrent ce qu'on appelle
aujourd'hui les inégalités de Bessel-Parseval.
• La grande application des séries trigonométriques reste la théorie de la chaleur de Fourier, même si ce dernier ne
démontre pas la convergence des séries qu'il utilise. Il faudra attendre la fin du siècle pour que la question soit
vraiment clarifiée par Fejér.
• Poincaré participe au concours du roi de Suède concernant les solutions du système des trois corps[45] . Dans le
mémoire de Stockholm (1889), il donne le premier exemple de situation chaotique. Il s'exprime ainsi :
« Une cause très petite, qui nous échappe, détermine un effet considérable que nous ne pouvons pas ne pas
voir, et alors nous disons que cet effet est dû au hasard. Si nous connaissions exactement les lois de la nature et
la situation de l'univers à l'instant initial, nous pourrions prédire exactement la situation de ce même univers à
un instant ultérieur... »
• Ce n'est qu'avec regret qu'on a abandonné les séries divergentes au début du siècle sous l'impulsion de Cauchy et
dans un but essentiellement de rigueur. Les séries divergentes refont, à la fin du siècle, leur apparition. Il s'agit,
dans certain cas, de donner une somme à de telles séries. Le procédé de sommation de Césaro est l'un des
premiers. Borel fournit le sien, plus sophistiqué. Cela va vite devenir un sujet d'étude important que le XXe siècle
va prolonger.
Analyse complexe
• La théorie des fonctions de la variable complexe, LE grand sujet de tout le XIXe siècle, prend sa source dans les
travaux de Cauchy, bien qu'entrevue par Poisson[46] . Cauchy définit la notion d'intégrale de chemin. Il arrive
ainsi à énoncer le théorème des résidus et les principales propriétés de l'intégrale "de Cauchy". et notamment la
Formule intégrale de Cauchy.
• Il justifie ainsi le développement en série de Taylor et trouve la formule intégrale des coefficients en dérivant sous
le signe .Il démontre les inégalités "de Cauchy" qui seront intensément utilisées, dans la théorie des équations
différentielles notamment.
• Cauchy publie par la suite nombre d'applications de sa théorie dans des recueils d'exercices, notamment à
l'évaluation d'intégrales réelles, qu'il n'hésite pas à généraliser en ce qu'on appelle aujourd'hui la valeur principale
de Cauchy, un peu moins d'un siècle avant que Jacques Hadamard en ait besoin dans sa résolution des équations
aux dérivées partielles par les parties finies d'Hadamard et que Laurent Schwartz n'en vienne aux distributions.
• La théorie des fonctions analytiques se développe rapidement. Cauchy définit le rayon de convergence d'une série
entière à partir de la formule qu'expliquera parfaitement Hadamard dans sa thèse, suite aux travaux de Du
Bois-Reymond qui donna une définition claire de la limite supérieure.
• Ceci permet à Liouville de démontrer son théorème et d'en déduire une nouvelle et élémentaire démonstration du
théorème de D'Alembert-Gauss qu'on avait eu tant de mal à démontrer au siècle avant.
• À la mort de Cauchy, le flambeau est déjà passé à Riemann (Théorème de l'application conforme, intégrale de
Riemann remplaçant la conception de Cauchy, ...) et Weierstrass qui éclaircira la notion de point singulier
essentiel et de prolongement analytique (bien que Émile Borel ait montré par la suite que certaines des
conceptions du "maître" étaient erronées).
Histoire des mathématiques 17
• La théorie de Cauchy vient juste à point pour résoudre enfin la question des intégrales elliptiques, théorie
commencée par Legendre au siècle précédent. C'est Abel qui a l'idée de l'inversion des intégrales elliptiques et
découvrit ainsi les fonctions elliptiques qu'on s'empressa d'étudier. La très belle théorie des fonctions elliptiques
est enfin achevée lorsque paraissent le traité de Briot et Bouquet, théorie des fonctions elliptiques, 2e édition,
1875 et le traité de Georges Henri Halphen en quatre volumes, interrompu par la mort de l'auteur.
• Le résultat le plus difficile de la théorie reste le théorème de Picard qui précise le théorème de Weierstrass. La
première démonstration, avec la fonction modulaire, est bien vite simplifiée par Émile Borel à la fin du siècle.
• Le siècle s'est aussi beaucoup préoccupé de la théorie des équations différentielles et notamment de la théorie du
potentiel, des fonctions harmoniques. Fuchs étudie les singularités des solutions des équations différentielles
ordinaires linéaires.Émile Picard découvre le procédé d'intégration des équations différentielles par récurrence, ce
qui permet de prouver l'existence et l'unicité des solutions. Cela débouchera sur l'étude des équations intégrales
(Ivar Fredholm, Vito Volterra...).
• Bien qu'engagée par Laplace et utilisée sporadiquement par d'autres au cours du siècle, la résolution des équations
différentielles est effectuée par un électricien anglais, Oliver Heaviside, sans autre justification, en considérant
l'opérateur de dérivation comme une quantité algébrique notée p. La théorie de la transformation de Laplace est
née. Mais elle ne sera pleinement justifiée que par les travaux de Lerch, Carson, Bromwich, Wagner, Mellin et
bien d'autres, au siècle suivant. Oltramare donnera aussi un "calcul de généralisation" basé sur une idée voisine.
• Émile Borel commence l'étude des fonctions entières et définit la notion d'ordre exponentiel pour une fonction
entière. Son but est d'élucider le comportement du module d'une fonction entière et notamment de montrer le lien
entre le maximum du module de f sur le cercle de rayon R et les coefficients de la série de Taylor de F. Darboux
montre que les coefficients de Taylor s'écrivent en fonction des singularités. D'autres, comme Charles Méray,
Leau, Fabry, Lindelöf, étudient la position des points singuliers sur le cercle de convergence ou le prolongement
analytique de la série de Taylor.
• Poincaré définit et étudie les fonctions automorphes à partir des géométrie hyperboliques. Il laisse son nom à une
représentation par un demi-plan de la géométrie hyperbolique.
• Schwarz et Christoffel découvrent la transformation conforme qui porte leurs noms. Elle sera intensivement
utilisée le siècle d'après par les moyens informatiques (Driscoll par exemple).
• L'apothéose est atteinte par la démonstration du théorème des nombres premiers, en 1896, par Hadamard et de la
Vallée Poussin indépendamment l'un de l'autre.
Perspectives
Mais déjà le siècle est écoulé et, au congrès international de mathématique qui se tient, en cette année 1900, à Paris,
David Hilbert présente une liste de 23 problèmes non résolus de première importance pour le siècle d'après. Ces
problèmes couvrent une grande partie des mathématiques et vont prendre une part importante dans l'histoire
mathématique du XXe siècle.
• Traité des sections coniques, faisant suite au Traité de géométrie supérieure, 1865
• Darboux, Leçons sur la théorie générale des surfaces et les applications géométriques du calcul infinitésimal, 4
volumes, 1887-1896, Volume 2 [56] Volume 3 [57] Volume 4 [58]
• Du bois-Reymond, Die Allgemeine Functionentheorie, 1882, Théorie générale des fonctions, 1887 [59]
• Fourier, Théorie analytique de la chaleur [60], 1822
• Frege, Die Grundlagen der Arithmetik, 1884, Les Fondements de l'arithmétique
• Galois, Oeuvres mathématiques [61], 1846
• Gauss, Disquisitiones arithmeticae, 1801, Recherches arithmétiques [62], 1807.
• Goursat, Leçons sur l'intégration des équations aux dérivées partielles du second ordre, 2 volumes, 1896-1898,
Volume 1 [63] Volume 2 [64]
• Grassmann, Die lineare Ausdehnungslehre, 1844, La science de la grandeur extensive
• Halphen, Traité des fonctions elliptiques et de leurs applications, 3 volumes, 1886-1891, Volume 1 [65] Volume
2 [65] Volume 3 [66]
• Hamilton, Lecture on quaternions, 1853
• Hilbert, Grundlagen der Geometrie, 1899, Les principes fondamentaux de la géométrie [67], 1900
• Jordan
• Traité des substitutions et des équations algèbriques, 1870
• Cours d'analyse de l'école polytechnique, 1882-1883, 3 volumes. Volume 1 [68] Volume 2 [69] Volume 3 [70]
• Felix Klein, Vorlesungen über das Ikosaeder und die Auflösung der Gleichungen vom fünften Grade [71]
(Conférences sur l'icosaèdre et les solutions de l'équation du cinquième degré), 1888
• Lagrange, Leçons sur le calcul des fonctions [72], 1806
• Laplace
• Traité de mécanique céleste, 1798-1825
• Théorie analytique des probabilités [73], 1812
• Legendre
• Traité des fonctions elliptiques et des intégrales eulériennes, 2 volumes, 1825-1826
• Éléments de géométrie, ouvrage qui vient remplacer les Éléments d'Euclide.
• Théorie des nombres [74], 1830
• Liapunov, Problème général de la stabilité et du mouvement, 1892-1893
• Lobachevskii, Pangeometrie
• Maxwell, Traité d'électricité et de magnétisme, 2 volumes, 1885-1887
• Meray, Leçons nouvelles sur l'analyse infinitésimale et ses applications géométriques, 1894-1895
• Möbius, Der barycentrische Calcul, 1827
• Monge, La géométrie descriptive, an 7 = 1799
• Painlevé, Leçons sur la théorie analytique des équations différentielles, 1897
• Picard, Traité d'analyse, 3 volumes, 1892-1896
• Poncelet, Traité des propriétés projectives des figures, 2 volumes, 1822
• Serret, Cours d'Algèbre supérieure, 2 volumes, 1877
• Tannery et Molk, Éléments de la théorie des fonctions elliptiques, 3 volumes, 1893-1898
• Tisserand, Traité de Mécanique céleste, 4 volumes, 1889-1894
• Weber, Lehrbuch der Algebra, 2 volumes, 1898-1899
Histoire des mathématiques 19
XXe siècle
Le XXe siècle aura été un siècle extraodinairement fécond du point de vue mathématique. Trois grands théorèmes
dominent tous les autres : d'une part le théorème de Gödel ; d'autre part la démonstration de la conjecture de
Tanyama-Shimura qui entraîna la démonstration du grand théorème de Fermat ; enfin la démonstration des
conjectures de Weil par Pierre Deligne. De nouveaux domaines de recherche sont nés ou se sont développés : les
systèmes dynamiques, suite aux travaux de Poincaré, les probabilités, la topologie, la géométrie différentielle, la
logique, la géométrie algébrique, suite aux travaux de Grothendieck, ...
Algèbre
• Leonard Dickson commence l'étude systématique des corps finis[76]
et obtient la première classification des corps finis commutatifs. La
structure de l'anneau des polynômes associé y est explicitée. Joseph
Wedderburn, en 1905, démontre qu'il n'existe pas de corps fini non
commutatif.
Mécanique
• Édouard Husson, dans sa thèse soutenue en 1906, résout
définitivement le problème des intégrales premières de la
mécanique classique pour le mouvement d'un solide autour d'un
point fixe. Il n'y a que quatre intégrales premières possibles, la
quatrième n'apparaissant que dans trois cas particuliers, le
mouvement d'Euler-Poinsot, celui de Lagrange-Poisson et enfin
celui de Sophie Kowaleski. L'intégration complète par quadrature Wedderburn est surtout connu pour avoir
est donc possible dans ces trois cas. Cependant Goriatchoff montre démontré que tout corps fini est commutatif
Analyse
• Le siècle commence par la thèse de Lebesgue "intégrale, longueur, aire" qui constitue vraiment le début de la
théorie de la mesure. Par la suite, de nouvelles intégrales sont crées sur les traces de Lebesgue (intégrales de
Denjoy, de Perron et d'Henstock, ...). La théorie de la mesure finit par rejoindre la théorie des probabilités qui est
axiomatisée en 1933 par Kolmogorov.
• La théorie de Lebesgue mène à l'étude des espaces . Et sur les traces de Hilbert, Riesz (auteur du célèbre
théorème de représentation qui porte son nom), Banach, les opérateurs différentiels sont étudiés. C'est l'occasion
de créer la théorie des distributions, dont les prémisses avaient été données par Hadamard qui avait introduit les
parties finies dans un problème d'hydrodynamique[77] . S'illustrent ainsi Guelfand, Chilov, Schwartz, Vekua.
L'étude des conditions de régularité des solutions des équations aux dérivées partielles permet à Sergueï Sobolev
et ses continuateurs de définir ses espaces de fonctions et les théorèmes de trace en fonction des propriétés
géométriques du domaine.
• La théorie spectrales des opérateurs linéaires, notamment auto-adjoints, opérant dans un espace de Hilbert a été
commencée par David Hilbert, dans six mémoires publiés entre 1904 et 1910. Henri Weyl, de son côté fit avancer
la théorie des des équations différentielles singulières du second ordre. John Von Neumann développa le concept
de l'espace de Hilbert abstrait entre 1927 et 1929, cadre dans lequel il commença l'étude des opérateurs
auto-adjoint non bornés essentiellement pour les besoins de la théorie quantique naissante. Fréderic Riesz et M.
H. Stone développèrent la théorie spectrale et l'étendirent aux opérateurs normaux non bornés. Des applications
aux opérateurs différentiels et l'extension aux opérateurs semi-bornés symmétriques furent l'oeuvre de K. O.
Friedrichs en 1934 et Krein en 1947.
• En 1927, la théorie des corps ordonnables d'Artin-Schreier permet de clarifier la nécessité d'un argument
d'analyse dans la preuve du théorème fondamental de l'algèbre, le théorème de D'Alembert-Gauss.
Histoire des mathématiques 21
• Abandonnés depuis le formalisme de Weierstrass, vers 1850, les infiniments petits de l'époque héroïque (XVIIe
siècle) reprennent du service sous l'impulsion de Abraham Robinson en 1960 qui crée l'Analyse non standard. En
1970, Nelson ajoute à l'axiomatique classique de Zermelo-Fraenkel+axiome du choix (ZFC) un nouveau prédicat
qui lui permet d'interpréter l'analyse non standard de Robinson dans une théorie plus facile. Les résultats
démontrés dans l'analyse non standard qui s'expriment dans ZFC seul sont alors vrais dans ZFC seul.
Topologie
• Poincaré énonce en 1904 la conjecture qui porte son nom : « Considérons une variété compacte V simplement
connexe, à 3 dimensions, sans bord. Alors V est homéomorphe à une hypersphère de dimension 3 ». Elle sera
démontrée en 2003 par Grigori Perelman.
Equations différentielles
• Dans l'étude des équations différentielles, Painlevé découvre de nouvelles transcendantes. Son étude est continuée
par Gambier.
• Un mémoire de Dulac[78] , de 1923, contient l'énoncé qu'un champs de vecteurs X à coefficients polynomiaux du
plan possède au plus un nombre fini de cycles limites (un cycle limite est une courbe intégrale analytique fermée
et isolée de X) qui succitera beaucoup de travaux complémentaires avant de devenir le théorème de Dulac. À
l'instar de nombre de théorèmes "démontrés", la démonstration fut contestée dans les années 1960. Celle de Dulac
comportait des "trous" mis en évidence par des contre-exemples de Ilyashenko. Le théorème de Dulac devint la
conjecture de Dulac. Puis la preuve fut complétée par Jean Ecalle[79] et la conjecture de Dulac retrouva son statut
de théorème sous la forme "Pour tout champs de vecteurs analytique dans le plan, les cycles limites ne
s'accumulent pas".
Andrew Wiles
Graphes
• Wegener et Brendan McKay, indépendamment, montrent qu'il existe plus de 13 267 364 410 532 solutions au
problème du cavalier et Ernesto Mordecki, un mathématicien uruguayen, en 2001, a majoré le nombre des
solutions à 1,305.10^35.
Analyse complexe
• La première véritable preuve du théorème de l'application conforme de Riemann (1851) est donnée par
Constantin Carathéodory en 1912 en utilisant les surfaces de Riemann. Elle est bientôt simplifiée par Koebe. Une
autre preuve est donnée en 1922 par Fejer et Riesz, elle-même simplifiée par Ostrowski et Carathéodory.
• Bieberbach, en 1916, va émettre une conjecture généralisant le lemme de Schwarz qui ne sera définitivement
résolue que par Louis de Branges de Bourcia, après près de 70 ans de recherches, en 1985.
• Après la première guerre mondiale, la communauté mathématique française, qui avait perdu beaucoup de ses
membres, se replia sur son sujet favori: l'analyse complexe et la théorie des fonctions analytiques dont elle était la
principale instigatrice.
• La théorie des fonctions entières d'ordre infini est l'œuvre de Otto Blumenthal vers 1913.
• L'importance de la formule de Jensen s'affirme dans la théorie de la croissance initiée par Emile Borel[82] .
Probabilités
• La notion de mesure développée par Émile Borel en 1897 est
complétée par Henri-Léon Lebesgue et sa théorie de l'intégration.
[84]
Cette notion d'analyse est utilisée par les probabilistes pour une
définition plus rigoureuse de la probabilité et entre autres de la
densité de probabilité
• La première version moderne du théorème central limite est donnée
par Alexandre Liapounov en 1901 [85] et la première preuve du
théorème moderne donnée par Paul Lévy en 1910.
• En 1902, Andrei Markov introduit les chaînes de Markov[86] pour
entreprendre une généralisation de la loi des grands nombres pour
une suite d'expériences dépendant les unes des autres. Ces chaînes Donald Knuth
de Markov connaîtront de nombreuses applications, entre autres
pour modéliser la diffusion ou pour l'indexation de sites web sur Google.
• En 1933, la théorie des probabilités sort d'un ensemble de méthodes et d'exemples divers et devient une véritable
théorie, axiomatisée par Kolmogorov.
• Kiyoshi Itō met en place une théorie et un lemme qui porte son nom dans les années 1940. Ceux-ci permettent de
relier le calcul stochastique et les équations aux dérivées partielles faisant ainsi le lien entre analyse et
probabilités. Le mathématicien Wolfgang Döblin avait de son côté ébauché une théorie similaire avant de se
suicider à la défaite de son bataillon en juin 1940. Ses travaux furent envoyés à l'Académie des sciences dans un
pli cacheté qui ne fut ouvert qu'en 2000.
Analyse numérique
• Richard Courant introduit les éléments finis en 1940 qui servent à la résolution numérique d'équations aux
dérivées partielles. Cette méthode ne prendra véritablement son essor qu'avec l'informatique et des procédés de
maillage performant et adaptés, ce qui n'apparaîtra pas avant les années 1980.
• La méthode de Monte-Carlo se développe, sous l'impulsion de John von Neumann et Stanislas Ulam notamment,
lors de la Seconde Guerre mondiale et des recherches sur la fabrication de la bombe atomique. Elles sont
dénommées ainsi par allusion aux jeux de hasard pratiqués à Monte-Carlo. Ces méthodes probabilistes servent à
la résolution numérique d'équations aux dérivées partielles, d'équations différentielles stochastiques, et
d'estimations d'intégrales multiples.
Voir aussi
Liens internes
• Histoire des sciences
• Mathématiques
• Chronologie de l'algèbre
• Histoire de l'analyse fonctionnelle
• YBC 7289 tablette d'argile babylonnienne
Liens externes
• (fr) Liens sur l'histoire des mathématiques (2) [87]
• (fr) Histoire des mathématiques à Béjaia [88]
• (fr) Dans la lettre de l'Académie des sciences"Histoire et philosophie des sciences" (pdf 2,12 Mo) - n°14 / hiver
2004 [89]: Mathématiques de la Chine ancienne
• (en) Site de l'Université de St Andrews [90]
• (fr) Site recensant les étymologies des concepts mathématiques [91]
• (fr) Page de CNRS Éditions à propos de l'ouvrage La Mathématique [92]
Bibliographie
• Karine Chemla, Guo Shuchun, Neuf Chapitres. Le Classique de la Chine ancienne et ses commentaires. Edition
critique"
• Jean-Paul Collette, Histoire des mathématiques, éditions du Renouveau Pédagogique Inc., Montréal, 1973.
• Georges Ifrah, Histoire universelle des chiffres
• Collectif (Sir Michael F. Atiyah, Alain Connes, Freeman J. Dyson, Yuri I. Manin, David B. Mumford), La
Mathématique, les temps et les lieux, CNRS Éditions, Paris, 2009.
• Jean C. Baudet, Nouvel Abrégé d'histoire des mathématiques, Vuibert, Paris, 2002.
• Sylvia Couchoud, Mathématiques Égyptiennes. Recherches sur les connaissances mathématiques de l’Égypte
pharaonique, éditions Le Léopard d’Or, 2004. Le livre reproduit les hiéroglyphes, donne leur traduction et
procède à un examen critique du texte.
• Denis Guedj, Le théorème du perroquet.
• Maurice Mashaal, « Les mathématiques », in Histoire des sciences (dir. P. de la Cotardière), pp. 19-104,
Références
[1] La grande aventure de l'humanité, Arnold Toynbee, chap. 6
[2] Babylonian expedition voir ce document (http:/ / www-dapnia. cea. fr/ Phocea/ file. php?class=std& file=Seminaires/ 1421/ t1421_1. pdf)
[3] La tablette YBC 7289 prouve qu'ils connaissaient une valeur approchée de la racine carrée de deux au millionième près
[4] tablettes de Nippur
[5] Par exemple, la tablette Plimpton 322
[6] Babylonian mathematics (http:/ / www-history. mcs. st-andrews. ac. uk/ HistTopics/ Babylonian_mathematics. html)
[7] Les mathématiques et l'astronomie babyloniennes dans Les sciences exactes dans l'Antiquité de O. NEUGEBAUER
[8] Maurice Mashaal, p. 23 et p. 26.
[9] Sylvia Couchoud, Mathématiques Égyptiennes. Recherches sur les connaissances mathématiques de l’Égypte pharaonique, éditions Le
Léopard d’Or, 2004, pp. 61-65.
[10] Seules les données archéologiques apportent des informations sur leur organisation.
[11] Marcia Ascher, Mathématiques d'ailleurs, Nombres, Formes et Jeux dans les sociétés traditionnelles, Éditions du Seuil, 1998.
[12] Maurice Mashaal, p. 51.
[13] Van Egmond, Warren, The Commercial Revolution and the beginnings of Western Mathematics in Renaissance Florence, 1300-1500, éd.
University of Michigan UMI Dissertation Services, Ann Arbor, Michigan, États-Unis, 628 p.
Histoire des mathématiques 26
[14] Amy Dahan-Dalmedico, Jeanne Peiffer, Une Histoire des mathématiques - Routes et dédales, Seuil, coll. « Points Sciences », 1986 (ISBN
2020092380) p 199
[15] Controverse entre Leibniz et Jean Bernouilli sur les logarithmes des nombres négatifs ou imaginaires - 1712
[16] Routes et Dédales, p 251
[17] Jacques Bouveresse, Jean Itard, Émile Sallé, Histoire des mathématiques , p 52
[18] Léonard Euler, Variae observationes circa series infinitas, théorème 7, Commentarii academiae scientiarum Petropolitanae 9, (1744),
160-188, ou Opera Omnia, Series 1, Volume 14, 217 - 244. Téléchargeable à (http:/ / www. math. dartmouth. edu/ ~euler/ docs/ originals/
E072. pdf)
[19] Histoire des mathématiques (Bouveresse, Itard, Sallé) p 52
[20] Routes et dédales, p 112
[21] Routes et dédales, p 114
[22] Histoire des mathématiques (Bouveresse, Itard, Sallé) p 74
[23] Waring, meditationes algebricae, 1770, p203-204
[24] Charles Delaunay,Théorie du mouvement de la lune, 1860-1867, http:/ / resolver. sub. uni-goettingen. de/ purl?PPN374745188
[25] H. Faye, Discours aux funérailles, 1872
[26] CRAS, 10 novembre 1845, 1er juin 1846, 31 août 1846
[27] Appell, cours de mécanique rationnelle, T2
[28] Husson, thèse, 1906
[29] Bruno Belhoste « La formation d'une technocratie. L'École polytechnique et ses élèves de la Révolution au Second Empire » p. 222. Belin,
Collection Histoire de l'éducation.
[30] Nouvelle correspondance mathématique, T2, 1852
[31] Monge, Géométrie descriptive, Paris, Baudouin, An VII(1799)
[32] Pour une démonstration d'après Hurwitz voir Valiron, théorie des fonctions, Masson, Paris,1942
[33] Berger, Géométrie
[34] Hilbert, Vergleichende Betrachtungen über neuere geometrische Forschungen, Programm zum Eintritt in die philosophische Facultät und
den Senat der k. Friedrich-Alexander-Universität zu Erlangen, 1872
[35] Cité par Cauchy et repris par H. Laurent, Théorie des résidus,1865 et par Laisant, Exposition de la méthode des équipollences [de
Bellavitis], 1878
[36] Wessel, Essai sur la représentation analytique de la direction, 1797
[37] Argand, Essai sur une manière de représenter des quantités imaginaires dans les constructions géométriques,1806
[38] Mourey, La vraie théorie des quantités négatives et des quantités prétenduement imaginaires, 1828
[39] Legendre,Nouvelles méthodes pour la détermination des orbites des comètes, Appendice: sur la méthodes des moindres
carrés,Paris,Courcier, 1805
[40] Legendre, Méthodes des moindres carrés, lu le 24 février 1811
[41] Gauss, Theoria motus corporum coelestium in sectionibus conicis solem ambientium, 1809
[42] http:/ / statbel. fgov. be/ info/ quetelet_fr. asp, une biographie de Quételet
[43] Lettre de De Morgan à Hamilton du 23 octobre 1852
[44] dans diverses communications de 1878-1879 à la société mathématique de Londres et à la société de géographie.
[45] Sur le problème des trois corps et les équations de la dynamique. Acta Mathematica XIII, 1890,1-270
[46] un mémoire de Poisson de 1813 explique une curiosité mathématique des fonctions réelles par un contournement de la singularité réelle dans
le plan complexe. On n'est qu'à un pas du théorème des résidus
[47] http:/ / gallica. bnf. fr/ ark:/ 12148/ bpt6k99474n
[48] http:/ / gallica. bnf. fr/ ark:/ 12148/ bpt6k994750
[49] http:/ / gallica. bnf. fr/ ark:/ 12148/ bpt6k99476b
[50] http:/ / gallica. bnf. fr/ ark:/ 12148/ bpt6k994828
[51] http:/ / gallica. bnf. fr/ ark:/ 12148/ bpt6k99483m
[52] http:/ / gallica. bnf. fr/ ark:/ 12148/ bpt6k99571w
[53] http:/ / gallica. bnf. fr/ ark:/ 12148/ bpt6k29058v
[54] http:/ / gallica. bnf. fr/ ark:/ 12148/ bpt6k99381n
[55] http:/ / gallica. bnf. fr/ ark:/ 12148/ bpt6k996370
[56] http:/ / gallica. bnf. fr/ ark:/ 12148/ bpt6k77831k
[57] http:/ / gallica. bnf. fr/ ark:/ 12148/ bpt6k778307
[58] http:/ / gallica. bnf. fr/ ark:/ 12148/ bpt6k77832x
[59] http:/ / gallica. bnf. fr/ ark:/ 12148/ bpt6k99561k
[60] http:/ / gallica. bnf. fr/ ark:/ 12148/ bpt6k29061r
[61] http:/ / gallica. bnf. fr/ ark:/ 12148/ bpt6k290623
[62] http:/ / gallica. bnf. fr/ ark:/ 12148/ bpt6k29060d
[63] http:/ / gallica. bnf. fr/ ark:/ 12148/ bpt6k841465
[64] http:/ / gallica. bnf. fr/ ark:/ 12148/ bpt6k84147h
Histoire des mathématiques 27
Mathématiques préhistoriques
Les → mathématiques préhistoriques sont par essence mal connues. En effet, l'activité mathématique étant
intellectuelle, elle ne laisse que rarement des traces exploitables par l'archéologie. Par exemple, on peut imaginer que
l'homme a très tôt su compter sur les doigts ou imaginer des formes géométriques, mais rien ne permet de le prouver.
De plus, les rares documents disponibles doivent être interprétés, ce qui est souvent malaisé : tel os marqué de treize
traits est-il le signe de la connaissance des nombres premiers, un calendrier lunaire, un comptage d'objets ?
Depuis la fin du XXe siècle cependant, la découverte de très anciens artefacts, l'avènement de l'ethnomathématiques
(qui étudie notamment les activités mathématiques ou apparentées chez des peuples ne pratiquant pas l'écriture) ou la
pédopsychologie (en étudiant l'apprentissage des mathématiques chez le jeune enfant) ont permis d'éclairer cette
période peu connue de l'→ histoire des mathématiques. Cependant, les résultats obtenus sont à prendre avec
précaution et souvent controversés[1] .
De plus l'élaboration d'une activité mathématique semble fortement liée à l'écriture (les premières traces écrites
connues contiennent des nombres[2] ) donc sort rapidement de la période préhistorique.
Mathématiques préhistoriques 28
L'os d'Ishango
L'exemple le plus frappant de la difficulté d'interpréter des traces
archéologiques mathématiques scientifiquement, sans se laisser
dépasser par l'imagination, est sans doute l'os d'Ishango[3] .
Il s'agit d'un fragment d'os de 10 cm de long découvert en 1950 dans la
région d'Ishango, dans l'actuelle République démocratique du Congo
par une équipe de fouilles belge. Cet os très ancien — il a été daté Deux vues de l'os d'Ishango
d'environ vingt mille ans avant le présent — porte des entailles
régulièrement espacées réparties sur trois colonnes. Il a été exhumé avec d'autres objets d'une culture mésolithique
mais est le seul de ce type, ce qui exclut toute comparaison, technique souvent féconde en archéologie. Il est
conservé à l'Institut royal des Sciences naturelles de Belgique. Le fait que les entailles soient regroupées et très
régulièrement espacées fait immédiatement penser à la représentation de nombres.
De multiples interprétations en ont été faites : pour son inventeur, il prouverait une connaissance des nombres
premiers, voire de l'arithmétique ; on y voit des opérations[4] . D'autres l'ont interprété comme un calendrier lunaire
ou plus simplement comme un bâton de comptage. On y a vu un signe de numération[5] c'est-à-dire un prémisse de
l'écriture, plus de dix mille ans avant la Mésopotamie. Ces nombreuses et parfois fantaisistes[6] interprétations ont eu
un fort impact médiatique, au point que ce petit os « est devenu l’emblème des Sciences et de la Recherche en
Région de Bruxelles-Capitale »[7] pour une opération Ishango destinée à promouvoir la science.
Ainsi, le site ishango.be consacré à l'opération Ishango[8] pose-t-il la question « Et si les mathématiques étaient nées,
il y a 20 000 ans sur les rives des Grands Lacs africains ? » puis énumère différentes interprétations avant de
conclure : « L'hypothèse est donc fascinante mais elle doit rester avant tout, faute d'autres preuves, sujet de
méditation. » Cependant, le fait même que cet objet soit mathématique est sujet à caution[9] .
En Mésopotamie
Géométrie
Les premières figures impliquant des carrés et des cercles entremêlés
e
sont attestées sur des poteries du VI millénaire av. J.-C. en
Mésopotamie[10] .
Mais ce système n'est pas encore parfait : comment être sûr que l'enveloppe a bien été scellée par A ? Les enveloppes
sont cachetées avec des sceaux-cylindres qui identifient l'expéditeur.
À la fin de IVe millénaire av. J.-C., la forme des calculi est imprimée sur l'enveloppe d'argile encore fraîche : ainsi, il
n'est plus nécessaire de briser cette enveloppe pour connaître son message[14] . Puis on se rend compte qu'il n'est plus
nécessaire d'envelopper des calculi, puisque leur forme est représentée sur l'enveloppe. On se contente donc d'une
tablette sur laquelle est apposée le sceau-cylindre signature et un certain nombre de pictogrammes représentant la
quantité et la qualité de marchandise (cinq pictogrammes « chèvres » pour désigner cinq chèvres). L'écriture est
probablement née ainsi.
C'est la relative continuité de l'évolution des calculi aux pictogrammes (qui, rappelons-le, sont au début des
impressions de calculi) qui a permis aux archéologues de reconstituer de façon relativement assurée la signification
de ces premières formes d'argiles simples datées du VIIIe millénaire av. J.-C..
Ethnomathématiques
L'ethnomathématique est une jeune science qui étudie les activités mathématiques ou pseudo-mathématiques dans
divers groupes sociaux, notamment les peuples actuels qui n'utilisent pas l'écriture. Contrairement à ce qu'on pourrait
penser de prime abord, elle ne nous éclaire pas directement sur les mathématiques préhistoriques, mais permet plutôt
d'infirmer certaines hypothèses[15] .
Par exemple une étude[16] de Pierre Pica sur les amérindiens Mundurucus montre que ce peuple n'opère que
difficilement avec de petits nombres entiers, alors que leur capacité à évaluer de grands nombres est égale à celle
d'Européens ayant suivi une scolarité. Ainsi, l'a priori suivant lequel un peuple découvrirait les nombres par ordre
croissant est erroné. On ne peut s'appuyer dessus pour étudier les documents archéologiques.
Sources et notes
Références
[1] Préhistoire de la géométrie : le problème des sources (http:/ / www. reunion. iufm. fr/ recherche/ irem/ telecharger/ Keller/ Keller3. pdf),
article d'Olivier Keller.
[2] La notation des nombres (http:/ / mediamaths. fr/ pdf/ numeration. pdf), É. Cousquer.
[3] Dans Préhistoire de la géométrie : le problème des sources (http:/ / www. reunion. iufm. fr/ recherche/ irem/ histoire/
préhistoire_de_la_géométrie. htm), l'historien des mathématiques O. Keller écrit « le plus caricatural ».
[4] Site de l'Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (http:/ / www. naturalsciences. be/ expo/ old_ishango/ fr/ )
[5] Les os incisés d'Ishango font naître la numération en Afrique (http:/ / www. lemonde. fr/ cgi-bin/ ACHATS/ acheter. cgi?offre=ARCHIVES&
type_item=ART_ARCH_30J& objet_id=978708), Le Monde, 1er mars 2007.
[6] Le mot est d'O. Keller, dans l'article cité ci-dessus.
[7] Opération Ishango (http:/ / www. ishango. be/ fr2008/ )
[8] http:/ / www. ishango. be/ fr2008/ ?page=baton2
[9] Le site de référence en la matière (http:/ / www-history. mcs. st-and. ac. uk/ history/ Indexes/ HistoryTopics. html), de l'université de St
Andrews, n'y fait aucune allusion.
[10] (en) Eleanor Robson, Mathematics in Ancient Iraq: a Social History, Princeton University Press, 2008, 442 p. (ISBN 9780691091822),
conclusion du ch. 2.
[11] (en)Voir http:/ / www. ancientscripts. com/ cuneiform. html ou (en) Eleanor Robson, Mathematics in Ancient Iraq: a Social History,
Princeton University Press, 2008, 442 p. (ISBN 9780691091822), chap. 2
[12] Des calculi à l’écriture cunéiforme (http:/ / classes. bnf. fr/ dossiecr/ in-cunei. htm).
[13] Des calculi à l’écriture cunéiforme (http:/ / classes. bnf. fr/ dossiecr/ in-cunei. htm).
[14] Des calculi à l’écriture cunéiforme (http:/ / classes. bnf. fr/ dossiecr/ in-cunei. htm).
[15] Préhistoire de la géométrie : le problème des sources. (http:/ / www. reunion. iufm. fr/ recherche/ irem/ histoire/
préhistoire_de_la_géométrie. htm) Où les hypothèses sur l'os d'Ishango semblent contredites par des bâtons analogues utilisés par les
aborigènes d'Australie.
[16] Cognition et capacités arithmétiques : ce que nous apprennent les Indiens Mundurucus (http:/ / ist. inserm. fr/ basispresse/ CPS/ CPS2004/
15octobre2004. pdf), site de l'INSERM
Mathématiques babyloniennes 30
Mathématiques babyloniennes
Les mathématiques babyloniennes sont les
mathématiques pratiquées par les peuples de l'ancienne
Mésopotamie (dans l’Irak actuel), depuis l'époque des
Sumériens jusqu'à la chute de Babylone en 539 av. J.
Chr.. Alors que l'on ne dispose que de très rares sources
sur les mathématiques en Égypte antique, notre
connaissance des mathématiques babyloniennes
s'appuie sur environ 400 tablettes d'argile mises au jour
depuis les années 1850. Écrites en cunéiforme, ces
tablettes furent travaillées sur de l'argile encore humide,
puis cuites dans un four ou séchées au soleil.La plupart
des tablettes qui nous sont parvenues datent de 1800 à
1600 av. J. Chr., et traitent de fractions, d’équations
algébriques (équations du second degré et du troisième
degré), de calculs d'hypoténuse et de triplets
Photographie de la tablette YBC 7289 annotée. Les nombres écrits
pythagoriciens voire, peut-être, de certaines lignes dans le système babylonien donnent la racine carrée de 2 avec quatre
trigonométriques (cf. notamment la tablette Plimpton chiffres sexagésimaux significatifs, soit près de six chiffres décimaux
322). La tablette YBC 7289 fournit une approximation :
1 + 24/60 + 51/602 + 10/603 = 1.41421296...(crédit : Bill Casselman).
de précise à six décimales près.
Numération babylonienne
Le système de numération en usage chez les Babyloniens était de type sexagésimal (« base 60 »). C'est d'ailleurs des
Babyloniens que nous avons hérité l'usage de diviser les heures en soixante minutes, et chaque minute en 60
secondes, et aussi de diviser la circonférence d'un cercle en 360 (60×6) degrés. Le développement des
mathématiques chez les Babyloniens tient à deux choses ; tout d'abord, au fait que le nombre 60 est un nombre
hautement composé, dont les nombreux diviseurs : 2, 3, 4, 5, 6, 10, 12, 15, 20, et 30, facilitent les calculs de
fractions[1] ; ensuite, à ceci que, contrairement aux Égyptiens et aux Romains, les Babyloniens (comme plus tard les
Indiens) disposaient d'un authentique système à numération de position[2] , où les chiffres les plus à gauche
représentent les plus grandes valeurs (exactement comme dans notre système décimal : 734 = 7×100 + 3×10 + 4×1).
Deux signes étaient utilisés : pour désigner l'unité et pour la dizaine. On écrivait plusieurs pour les
nombres jusqu'à neuf et plusieurs pour les dizaines, jusqu'à cinq dizaines. Il est à noter que les Babyloniens
écrivaient de la même manière les nombres égaux à un facteur 60 près.
Exemple :
• pour 9 ou 9×60 ou 9×60×60 ou 9⁄60, etc.
• pour 17 ou 17×60, etc.
• pour 89, ou 89⁄60, etc.
Mathématiques babyloniennes 31
Arithmétique
Multiplication
Les Babyloniens utilisaient massivement les tables numériques pour le calcul et la résolution de problèmes
d'arithmétique. Par exemple, deux tablettes trouvées à Senkerah sur l’Euphrate en 1854, datées de 2000 av. J. Chr.,
sont des listes des carrés d’entiers jusqu'à 59 et de cubes jusqu’à 32. Les Babyloniens s'en servaient pour effectuer les
multiplications, avec les identités :
Division
Les Babyloniens ne posaient pas de division. Pour ce genre de calcul, ils se ramenaient au produit :
et recouraient à une table d’inverses. L’inverse des nombres n'ayant comme facteurs premiers que 2, 3 ou 5 (appelés «
nombres 5-lisses » ou « nombres réguliers ») s'écrit avec un nombre fini de chiffres en écriture sexagésimale : or on a
retrouvé un grand nombre de tables donnant les inverses de tels nombres entiers.
Il faut se souvenir que pouvait désigner aussi bien ce que nous noterions 1 que 60 ou 60². Deux nombres étaient
inverses l'un de l'autre lorsque leur produit était une puissance de soixante. Ainsi, l'« inverse » de (2) était
(30) car 2×30 = 60. La table d'inverses classique était :
2 30 16 3,45 45 1,20
3 20 18 3,20 48 1,15
4 15 20 3 50 1,12
5 12 24 2,30 54 1, 6,40
6 10 25 2,24 1 1
8 7,30 27 2,13,20 1, 4 56,15
9 6,40 30 2 1,12 50
10 6 32 1,52,30 1,15 48
12 5 36 1,40 1,20 45
15 4 40 1,30 1,21 44,26,40
Mathématiques babyloniennes 32
où 6,40, qui désigne 6×60+40 est mis en relation avec 9 car 9×(6×60+40) = 3600 = 60². Donc 9 est l'inverse de
6×60+40 au sens babylonien du terme
Au contraire, des inverses comme 1/7, 1/11, 1/13, etc. n'ont pas de représentation finie en écriture sexagésimale.
Pour calculer 1/13 ou pour diviser un nombre par 13, les Babyloniens recouraient à une approximation de la forme
\dfrac{1}{13} = \dfrac{7}{91} = 7 \times \dfrac {1}{91} \approx 7 \times \dfrac{1}{90}=7 \times
\dfrac{40}{3600}.
[réf. nécessaire]
Algèbre
Outre les calculs d'arithmétique, les mathématiciens Babyloniens imaginèrent aussi des algorithmes pour résoudre
certaines équations algébriques. Là encore, ils recouraient à des tables numériques.
Pour résoudre une équation du second degré, les Babyloniens se ramenaient fondamentalement à la forme canonique
où les coefficients b et c ne sont pas nécessairement des entiers, mais où c est toujours positif. Ils savaient que la
solution positive (la seule qui avait un sens pour eux) à une équation de cette forme s'obtient par la formule
et se servaient de tables de carrés pour trouver les racines carrées intervenant dans cette formule. Parmi les énoncés
concrets pouvant se ramener à ce type de calcul, il y avait celui demandant de trouver les dimensions d’un rectangle
connaissant sa surface et l’excédent de sa longueur sur sa largeur.
Certaines équations du troisième degré pouvaient être résolues à l'aide de tables de n3+n2. Par exemple, soit
l’équation
équation que l'on peut résoudre en consultant une table de n3+n2 pour trouver la valeur la plus proche du second
membre. Les Babyloniens exécutaient ces calculs sans véritablement poser les opérations algébriques, ce qui
témoigne d'une remarquable capacité de concentration. Cependant, ils n'avaient pas d'algorithme général pour
résoudre une équation du troisième degré quelconque.
Géométrie
Il est possible que les Babyloniens aient disposé de règles générales pour calculer la surface et le volume de certaines
figures géométriques. Ils calculaient la circonférence du cercle en prenant trois fois le diamètre, et la surface du
cercle en prenant un douzième du carré de la circonférence, ce qui revient à prendre pour π la valeur que l'on trouve
aussi dans la Bible, à savoir 3. Le volume d'un cylindre était calculé en formant le produit de sa base par sa hauteur ;
par contre, le calcul du volume du cône tronqué ou de la pyramide à base carrée était incorrect : les Babyloniens
formaient le produit de la hauteur par la demi-somme (c'est-à-dire la moyenne) des bases. Ils connaissaient le
théorème de Pythagore en tant que formule, sans que l'on ait trace d'une démonstration en tant que telle. On a
découvert récemment une tablette où l'on prend pour π la valeur 3 + 1/8. Les Babyloniens mesuraient les distance en
Mathématiques babyloniennes 33
utilisant le mille babylonien, représentant environ 10 km. Cette unité de mesure avait un équivalent horaire, ce qui
permettait de convertir les positions du Soleil dans le ciel en heure du jour[5] .
Trigonométrie
Si les anciens Babyloniens connaissaient depuis des siècles l’égalité des rapports entre les côtés de triangles
semblables, le concept d’angle leur était étranger : aussi se ramenaient-ils à des considérations sur les longueurs des
côtés[6] .
Les astronomes babyloniens tenaient une chronique précise des levers et couchers des étoiles, du mouvement des
planètes et des éclipses solaires et lunaires, autant de précisions qui supposent une familiarité avec les distances
angulaires mesurées sur la sphère céleste[7] .
Les Babyloniens paraissent avoir été les premiers à utiliser les lignes trigonométriques, comme en témoigne une
table de nombres portés sur une tablette en écriture cunéiforme, la Tablette Plimpton 322 (circa 1900 BC), qu'on peut
interpréter comme une table trigonométrique de sécantes[8] .
Avec la redécouverte de la civilisation babylonienne, il est apparu que les mathématiciens et les astronomes grecs de
la période classique et hellénistique, en particulier Hipparque de Nicée, ont beaucoup emprunté aux Chaldéens.
Franz Xaver Kugler, par exemple, a montré[9] la chose suivante : Ptolémée, dans l’Almageste, indique[10]
qu’Hipparque a corrigé la durée des phases de la Lune transmises par « des astronomes encore plus anciens » en
rapportant les observations des éclipse faite auparavant par « les Chaldéens » aux siennes. Or, Kugler a montré que
les périodes que Ptolémée attribue à Hipparque étaient déjà utilisées dans des éphémérides babyloniens, à savoir le
recueil nommé « Système B » (parfois attribué à Kidinnu). Apparemment, Hipparque s'est borné à confirmer par ses
observations l'exactitude des valeurs de périodes qu'il avait lues dans les écrits des Chaldéens.
Il est évident qu’Hipparque (et Ptolémée à sa suite) disposait d'une liste complète des observations d’éclipses sur
plusieurs siècles. Celles-ci avaient très probablement été compilées à partir des « tablettes-journaux », tablettes
d'argile contenant toutes les observations significatives effectuées au jour le jour par les Chaldéens. Les exemplaires
préservés datent de 652 av. J. Chr. à 130 de notre ère, mais les événements célestes qui y sont consignés remontent
très probablement au règne du roi Nabonassar : car Ptolémée fait commencer sa chronologie au premier jour du
calendrier égyptien, la première année du règne de Nabonassar, c’est-à-dire le 26 février 747 av. J. Chr.
Il n'a pas dû être facile d'exploiter toute cette masse d'observations, et il n'est pas douteux que les Chaldéens
eux-mêmes se servaient de tables abrégées contenant, par exemple, uniquement les éclipses observées (on a trouvé
quelques tablettes portant une liste de toutes les éclipses sur une période correspondant à un « saros »). Ces tables
leur permettaient déjà de constater le retour périodique de certains phénomènes. Parmi les périodes utilisées dans le
recueil du « Système B » (cf. Almageste IV.2), on trouve :
• 223 mois (synodiques) = 239 passages au périgée (mois anomalistique) = 242 passages sur la ligne des nœuds
(mois draconitique). Cette période est appelée période de saros : elle est très pratique pour calculer les périodes
d'occurrence des éclipses.
• 251 mois (synodiques)= 269 passages au périgée
• 5458 mois (synodiques)= 5923 passages à la ligne des nœuds
• 1 mois synodique = 29;31:50:08:20 jours (dans le système sexagésimal; 29.53059413… jours en numération
décimales = 29 jours 12 heures 44 min 3⅓ s)
Les Babyloniens exprimaient toutes les périodes en mois synodiques, probablement parce qu'ils utilisaient un
calendrier luni-solaire. Le choix des intervalles entre les phénomènes célestes périodiques survenant en l'espace
d'une année donnait différentes valeurs pour la longueur d'une année.
De même, on connaissait plusieurs relations entre les périodes des planètes. Les relations que Ptolémée attribue à
Hipparque[11] avaient déjà servi pour des prédictions retrouvées sur des tablettes babyloniennes.
Mathématiques babyloniennes 34
Toutes ces connaissances passèrent aux Grecs, sans doute peu après la conquête d’Alexandre le Grand (-331). Selon
le philosophe Simplicius (début du VIe siècle), Alexandre avait ordonné la traduction des éphémérides
astronomiques chaldéens, et en avait confié la supervision à son biographe Callisthène d’Olynthos, qui les envoya à
son oncle Aristote. Si Simplicius ne nous offre qu'un témoignage tardif, son récit n'en est pas moins fiable, car il
passa quelques temps en exil à la cour des Sassanides, et a pu avoir accès à des sources documentaires ayant disparu
en Occident. Ainsi il est frappant qu'il emploie le titre tèresis (en grec: « veille »), étrange pour un livre d'histoire,
mais qui constitue une traduction précise du babylonien massartu qui signifie « monter la garde » mais également «
observer ». Quoi qu'il en soit, c’est vers cette époque que Calippe de Cyzique, un élève d’Aristote, proposa l’emploi
d'un cycle de 76 ans, qui améliore le cycle de Méton, d'une durée de 19 ans. Il faisait démarrer la première année de
son premier cycle au solstice d’été (28 juin) de l'an 330 av. J. Chr. (date julienne prolepse), mais par la suite il semble
qu'il ait compté les mois lunaire à partir du mois suivant la victoire d’Alexandre à la bataille de Gaugamèles, à
l'automne 331 av. J. Chr. Ainsi, Calippe a pu obtenir ses données de sources babyloniennes, et il est donc possible
que son calendrier soit antérieur à celui de Kidinnu. On sait par ailleurs que le prêtre babylonien connu sous le nom
de Bérose écrivit vers 281 av. J. Chr. une histoire (à caractère plutôt mythologique) en grec de la Babylonie, les
Babyloniaca, dédiées au nouveau monarque Antiochos Ier ; et l’on dit qu’il fonda par la suite une école d’astrologie
sur l’île grecque de Cos. Parmi les autres auteurs qui ont pu transmettre aux Grecs les connaissances babyloniennes
en astronomie-astrologie, citons Sudines qui vivait à la cour du roi Attale Ier Sôter à la fin du IIIe siècle av. J.-C..
Quoiqu’il en soit, la traduction de ces annales astronomiques exigeait une connaissance profonde de l’écriture
cunéiforme, de la langue et des méthodes, de sorte qu’il est vraisemblable qu'on a confié cette tâche à un Chaldéen
dont le nom ne nous est pas parvenu. Les Babyloniens, en effet, dataient leurs observations dans leur calendrier
luni-solaire, dans lequel la durée des mois et des années n'est pas fixe (29 ou 30 jours pour les mois ; 12 ou 13 mois
pour les années). Qui plus est, à cette époque il n'utilisaient pas encore de calendrier régulier (fondé par exemple sur
un cycle, comme le cycle de Méton), mais faisaient démarrer un mois à chaque nouvelle Lune. Cette pratique rendait
fastidieux le calcul du temps séparant deux événements.
La contribution d’Hipparque a dû consister à convertir ces données en dates du calendrier égyptien, qui est fondé sur
une année d'une durée fixe de 365 jours (soit 12 mois de 30 jours et 5 jours supplémentaires) : ainsi le calcul des
intervalles de temps est beaucoup plus simple. Ptolémée datait toutes ses observations dans ce calendrier. Il écrit
d’ailleurs que « Tout ce qu'il (=Hipparque) a fait, c'est une compilation des observations des planètes ordonnée de
façon plus commode[12] . » Pline l'Ancien, traitant de la prédiction des éclipses écrit[13] : « Après eux(=Thalès) les
positions des deux astres (=le Soleil et la Lune) pour les 600 années à venir furent annoncées par Hipparque, … »
Cela doit vouloir dire qu'Hipparque a prédit les éclipses pour une période de 600 ans, mais étant donné l'énorme
quantité de calculs que cela représente, c'est très peu probable. Plus vraisemblablement, Hipparque aura compilé une
liste de toutes les éclipses survenues entre le temps de Nabonasser et le sien.
Voici d'autres traces de pratiques babyloniennes dans l’œuvre d’Hipparque :
• Hipparque est le premier auteur grec à avoir divisé le cercle en 360 degrés de 60 minutes.
• il est le premier à avoir utilisé systématiquement la numération sexagesimale .
• il a utilisé le pechus (« coudée »), unité d'angle de 2° ou 2½° d'ouverture.
• il a utilisé la courte période de 248 jours = 9 mois anomalistiques.
phénicienne[15] .
Voir également
• Babylonie
• → Histoire des mathématiques
• Astronomie babylonienne
Notes et références
[1] Cf. Caveing, Le matin des mathématiciens, p. 14.
[2] Cf. Taton, pp. 51-54.
[3] Cf. Maurice Caveing, Le Matin des mathématiciens, p. 10.
[4] Duncan J. Melville, « Third Millennium Mathematics (http:/ / it. stlawu. edu/ ~dmelvill/ mesomath/ 3Mill/ chronology. html) », 2003, St.
Lawrence University.
[5] Cf. Eves, chapitre 2.
[6] (en) Boyer, , 1991, « Greek Trigonometry and Mensuration », p. 158-159
[7] Cf. Eli Maor, Trigonometric Delights (http:/ / press. princeton. edu/ books/ maor/ chapter_2. pdf), Princeton University Press, 1998 (ISBN
0691095418), p. 20.
[8] Cf. Joseph, pp. 383-4 et Eli Maor, Trigonometric Delights (http:/ / press. princeton. edu/ books/ maor/ chapter_3. pdf), Princeton University
Press, 1998 (ISBN 0691095418), p. 32.
[9] Franz Xaver Kugler, Die Babylonische Mondrechnung, Herder, Fribourg-en-Brisgau, 1900
[10] Almageste, livre IV, ch. 2
[11] Cf. Almageste, IX.3
[12] Almageste IX.2
[13] Naturalis Historia II.IX(53).
[14] Cf . D. M. Burton, History of Mathematics, Wm.C. Brown Publishers, Dubuque, Indiana (réimpr. 1995) : « Il est tout à fait probable que
Diophante ait été un Babylonien hellénisé. »
[15] Carl Benjamin Boyer, A History of Mathematics (réimpr. 1991), 171-2 p.: « De l’époque d’Alexandre le Grand au moins jusqu'à la
décadence de la civilisation classique, il y eut indubitablement d'intenses échanges entre Grèce et Mésopotamie, et il paraît clair que
l'arithmétique et l'algèbre géométrique babylonienne continuèrent d’exercer une influence considérable sur le monde hellénistique. Ainsi, cette
facette des mathématiques transparaît si visiblement chez Héron d'Alexandrie (dont l’acmè se situe vers 100 de notre ère) qu'on a pu le croire
égyptien ou phénicien plutôt que grec. On pense aujourd'hui que Héron représente un type de mathématiques qui a toujours été pratiqué en
Grèce mais qui n'a pas eu de représentant parmi les grandes figures - sauf peut-être le Ptolémée du Tetrabiblos. »
• (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé «
Babylonian_mathematics (http://en.wikipedia.org/wiki/Babylonian_mathematics) ».
Mathématiques babyloniennes 36
Bibliographie
En français
• Émile Noël et al., Le matin des mathématiciens, éditions Belin, Paris, 1985, 192 p. (ISBN 2-7011-0533-1), p. 6-18
• Christine Proust, « Mathématiques en Mésopotamie (http://www.dma.ens.fr/culturemath/histoire des maths/
pdf/chrono_mesopotamie.pdf) », 2006, Site CultureMath
• René Taton, Histoire du calcul, Presses Universitaires de France, coll. « Que sais-je n°198 », Vendôme, 1946
(réimpr. 1969 (5e éd.)), 128 p.
• Marguerite Rutten, La science des Chaldéens, Presses Universitaires de France, coll. « Que sais-je n°893 », Paris,
1960 (réimpr. 1970), 128 p.
• Amy Dahan-Dalmédico, Jeanne Peiffer, Une histoire des mathématiques - Routes et dédales, éditions du Seuil,
coll. « Points sciences », Paris, 1986, 320 p. (ISBN 2-0200-9138-0)
• François Thureau-Dangin, Textes mathématiques babyloniens, Société Orientale, Leyde, 1938
En anglais
• Berriman, A. E., The Babylonian quadratic equation (1956).
• C. B. Boyer, A History of Mathematics, 2nd éd. rev. par Uta C. Merzbach. New York: Wiley, (1989) ISBN
0-471-09763-2 (1991 pbk ed. ISBN 0-471-54397-7).
• George G. Joseph, The Crest of the Peacock: Non-European Roots of Mathematics, Penguin Books, 2000 (ISBN
0-691-00659-8).
• Joyce, David E., « Plimpton 322 (http://aleph0.clarku.edu/~djoyce/mathhist/plimpnote.html) », 1995
• Neugebauer, O., "Exact Sciences of Antiquity", Dover (1969).
• O'Connor, J. J. and Robertson, E. F., "An overview of Babylonian mathematics" (http://www-history.mcs.
st-andrews.ac.uk/HistTopics/Babylonian_mathematics.html), MacTutor History of Mathematics, (December
2000).
• Eleanor Robson, « Neither Sherlock Holmes nor Babylon: a reassessment of Plimpton 322 », dans Historia Math.,
vol. 28, no 3, 2001, p. 167–206 [ lien DOI (http://dx.doi.org/10.1006/hmat.2001.2317)]
• Eleanor Robson, Words and pictures: New light on Plimpton 322, The American Mathematical Monthly.
Washington: Feb 2002. Vol. 109, Iss. 2; pg. 105
Liens externes
• Mathématiques babyloniennes (http://www-history.mcs.st-andrews.ac.uk/Indexes/Babylonians.html), met
spécialement l’accent sur les triplets pythagoriciens.
• Photographies de la tablette YBC 7289 (http://www.math.ubc.ca/people/faculty/cass/Euclid/ybc/ybc.
html), prises par Bill Casselman à la Collection d’antiquités babyloniennes de Yale
Mathématiques dans l'Égypte antique 37
→ Mathématiques
Chiffres - Fraction
Multiplication - Division
Médecine
Astronomie
Les mathématiques en Égypte antique étaient fondées sur un système décimal. Chaque puissance de dix était
représentée par un hiéroglyphe particulier. Le zéro était inconnu. Toutes les opérations étaient ramenées à des
additions. Pour exprimer des valeurs inférieures à leur étalon, les Égyptiens utilisaient un système simple de
fractions unitaires.
Pour déterminer la longueur d'un champ, sa surface ou encore mesurer un butin, les Égyptiens utilisaient trois
systèmes de mesure différents, mais tous obéissaient aux règles décrites ci-dessus.
Les rares documents mathématiques découverts à ce jour ne donnent qu'une vague idée de l'étendue des
connaissances des anciens Égyptiens dans ce domaine. Toutefois, il est certain qu'ils parvenaient à proposer des
résolutions de problèmes apparentés à des équations du premier et du second degré. Ils connaissaient les suites
numériques et le calcul de volumes et de surfaces avait également atteint un certain degré de complexité.
papyrus de Berlin ou celui de Moscou, découvert en 1893 par l'égyptologue russe Vladimir Golenischev et conservé
au musée des Beaux-Arts de Moscou. Daté de la fin du Moyen Empire (1850 ans av. J.-C.) et rédigé en écriture
hiéroglyphique, il contient vingt-cinq problèmes mathématiques. Mais le papyrus mathématique le mieux conservé,
le plus complet et le plus prestigieux est sans nul doute le papyrus Rhind, du nom de son premier propriétaire
l'Écossais Alexander Henry Rhind, qui l'acheta peu après sa découverte à Thèbes en 1857. Rédigé en écriture
hiératique et daté du début du XVIe siècle avant J.-C., c'est une copie d'un document plus ancien. Il présente une
suite de quatre-vingt-sept problèmes mathématiques, accompagnés de leurs solutions.
Numération égyptienne
Les Égyptiens de l'Antiquité utilisaient un système de numération décimal, mais dans lequel le zéro n'existait pas.
Chaque ordre de grandeur (unités, dizaines, centaines, etc.) possédait un signe répété le nombre de fois nécessaire.
C'était donc un système additionnel.
Les fractions
La composition de deux fractions susnommées leur permettait d'en créer de nouvelles (par exemple 1/2 et 1/4 pour
avoir 3/4).
Les parties du dessin, stylisées, sont utilisées comme hiéroglyphes pour noter, dans les textes sur les volumes de
grains, les fractions correspondantes (voir Œil Oudjat). Dans les papyrus mathématiques, les fractions sont notées en
écrivant les nombres explicitement, mais, dans les sections R37 et R38 du papyrus Rhind, qui comportent chacune
des vérifications différentes, les deux dernières de R37 et la dernière de R38 sont proposées sous forme de volumes
de grains en hekat et écrites dans la notation de l'œil Oudjat, de même que le calcul de R64 [2] .
Connaissances arithmétiques
Les Égyptiens connaissaient les quatre opérations, pratiquaient le calcul fractionnaire, étaient capables de résoudre
des équations du premier degré par la méthode de la fausse position et de résoudre certaines équations du second
degré. Le papyrus Rhind explique comment calculer l'aire d'un cercle en utilisant une approximation fractionnaire de
pi : 4x(8/9)x(8/9)=3,16. Le papyrus de Moscou, quant à lui, explique entre autres comment calculer le volume d'une
pyramide tronquée et la surface d'une demi-sphère, montrant que les anciens Égyptiens avaient de bonnes
connaissances en géométrie.
Addition et soustraction
Bien qu'aucune explication ne soit fournie par les papyrus mathématiques, le système additionnel de la numération
égyptienne rend toutes naturelles les opérations d'addition et de soustraction.
L'addition de deux nombres consistait à compter le nombre de symboles total correspondant à une même grandeur.
Si le nombre de cette grandeur dépassait dix, le scribe remplaçait ces dix symboles par le symbole de la grandeur
supérieure.
Exemple
2343 + 1671
M12-M12-V1*V1:V1-V20*V20:V20*V20-Z1:Z1:Z1
M12-V1*V1*V1:V1*V1*V1-V20*V20*V20*V20:V20*V20*V20*Z1
nous donne
M12-M12-M12-V1*V1*V1*V1*V1:V1*V1*V1*V1*V20-V20*V20*V20*V20*V20:V20*V20*V20*V20*V20-Z1*Z1:Z1*Z1
Soit :
M12-M12-M12-V1*V1*V1*V1*V1:V1*V1*V1*V1*V1-V20-Z1*Z1:Z1*Z1
M12*M12:M12*M12-V20-Z1*Z1:Z1*Z1
Mathématiques dans l'Égypte antique 40
Multiplication
La technique de multiplication en Égypte antique reposait sur la décomposition d'un des nombres (généralement le
plus petit) en une somme et la création d'une table de puissance pour l'autre nombre. Très souvent, cette
décomposition s'effectuait suivant les puissances de deux. Mais celle-ci pouvait varier en fonction de la complexité
de l'opération. Le plus petit nombre pouvait ainsi être décomposé alternativement suivant les puissances de deux, les
dizaines et les fractions fondamentales telles que 2/3, 1/3, 1/10 etc.
Division
La technique de division en Égypte antique reposait sur le même principe que la multiplication, en ce sens où des
tables constituées de puissances de deux successives, de fractions fondamentales et de dizaines étaient utilisées pour
résoudre le problème.
Connaissances géométriques
Si la réputation des scribes en matière de mathématiques est, d'ordre général, inférieure à celle des Babyloniens ou
des Grecs, la géométrie, au regard des prouesses techniques réalisées très tôt dans leur histoire, fut leur domaine de
prédilection et il ne fait aucun doute aujourd'hui que cette science associée à l'architecture, fit la grande réputation
des Égyptiens. C'est l'une des raisons pour lesquelles leur pays accueillit en pèlerinage les savants de la Grèce
antique. Les égyptiens réussirent ainsi à calculer la surface d'un disque sans connaitre le nombre pi, avec une erreur
de seulement 0,6%. Ils pouvaient calculer les volumes de pyramides et de cylindres et l'aire d'une sphère. certains
problèmes figurant sur les papyri mathématiques du Moyen Empire préfigurent même les théorèmes de Thalès et de
Pythagore.
Résolutions d'équations
Le papyrus Rhind et le papyrus de Moscou contiennent différents problèmes que de nombreux auteurs ont assimilé à
des problèmes algébriques de résolutions d'équations à une inconnue (voire deux inconnues), du premier et du
second degré. Loin de faire l'unanimité, ce rapprochement met au moins l'accent sur une méthode efficace de
résolution présageant l'utilisation de variables et d'inconnues.
Problème ‘ḥ‘ posé par le scribe Transcription du problème en langage algébrique moderne
Une seconde technique consistait à résoudre les problèmes par la méthode de la fausse position. C'est-à-dire que l'on
attribuait à la quantité inconnue une valeur quelconque. Le résultat donné par cette valeur était évidemment faux,
mais pouvait être corrigé par la règle de proportionnalité inhérente aux équations linéaires. C'est bien cette propriété,
fondée sur une méthode empirique, qui fut utilisée ici.
Exemple du problème R26 du papyrus Rhind
Une quantité (‘ḥ‘) à laquelle on ajoute ses 1/4 devient 15 (Soit X + 1/4X = 15).
Première étape: une valeur aléatoire est donnée à cette quantité, en l'occurrence 4. Le scribe calcule donc 4 + 1/4x4,
dont le résultat ne sera évidemment pas 15 :
✔ 1 4
✔ 1/4 1
1+ 5
1/4
Le résultat est 5.
Deuxième étape: le résultat n'est pas 15 mais 5. Quel est donc le rapport entre ces deux résultats ?
✔ 1 5
✔ 2 10
3 15
Le rapport vaut 3. Par conséquent la relation entre notre valeur aléatoire 4 et la quantité ‘ḥ‘ vérifiant l'égalité posée
dans le problème est 4x3 = ‘ḥ‘.
Troisième étape: calcul de 4x3
Mathématiques dans l'Égypte antique 42
1 3
2 6
✔ 4 12
4 12
✔ 1 12
✔ 1/4 3
1+ 15
1/4
La quantité ‘ḥ‘ vaut bien 12 et ses 1/4 ajoutés à elle-même font un total de 15.
La surface d'un carré de 10 coudées de côté est donc équivalente à la surface totale de deux carrés dont les côtés sont
respectivement de 6 et de 8 coudées.
Suites arithmétiques
Une suite arithmétique est une suite de nombres dont chacun des termes s'obtient à partir du précédent en lui
additionnant (ou en lui soustrayant) toujours la même valeur. Cette valeur est appelée en langage mathématique
moderne, la raison. Par exemple, la suite {1; 3; 5; 7; 9} est une suite arithmétique de cinq termes dont la raison est 2.
Énoncé du problème R64 du papyrus Rhind
« Exemple de répartition de parts. Si on te dit: (on a) 10 héqat de blé pour 10 hommes. Et la différence entre un
homme et son voisin se monte à 1/8 de héqat de blé. La répartition moyenne est de 1 héqat. Soustrais 1 de 10,
il reste 9. Prendre la moitié de la différence qui est 1/16. Les 9 fois qui valent 1/2 1/16 de héqat sont à
additionner à la répartition moyenne et tu dois soustraire 1/8 de héqat par homme, chacun pris jusqu'au dernier.
À faire selon ce qui doit se produire. »
1 1/2 1/16
1 1/4 1/16
1 1/8 1/16
1 1/16
1/2 1/16
10
Explication
Le problème consiste à partager 10 héqat de blé entre 10 hommes. On peut désigner leurs parts respectives par H1,
H2, H3, H4, H5, H6, H7, H8, H9 et H10. Les 10 héqat de blé représentent le total des parts à distribuer. Nommons le
S. Soit N le nombre de parts. Chaque homme ne possèdera pas la même quantité d'héqat. Pris dans l'ordre, chacun
obtiendra 1/8 d'héqat de plus que son prédécesseur. Soit H2 = H1 + 1/8, H3 = H2 + 1/8 et ainsi de suite, le dernier
individu ayant la plus grande part. 1/8 représente la raison de la suite donc R = 1/8.
Le scribe détermine en premier lieu la valeur moyenne de héqat que l'on distribuera à chaque homme, soit S/N =
10/10 = 1. Ensuite, il calcule le nombre de différences effectuées sur l'ensemble des 10 individus. Il y en a N-1 =
10-1, soit 9. Il vient R/2 = 1/16, puis R/2 * (N-1) = 1/16 * 9 = 1/2 + 1/16. Le plus grand terme est donné par R/2 *
(N-1) + S/N = 1/2 + 1/16 + 1.
On a donc les dix parts suivantes :
Mathématiques dans l'Égypte antique 44
H6 = H7 - 1/8 = 1 + 1/16
Total = 10
Par une méthode empirique, le scribe a donc retrouvé la propriété des suites arithmétiques et appliqué les formules
suivantes :
puis
Suites géométriques
Une suite géométrique est une suite de nombres dont chacun des termes s'obtient à partir du précédent en le
multipliant toujours par la même valeur. Par exemple, la suite {1; 3; 9; 27; 81} est une suite géométrique de cinq
termes dont la raison est 3.
Ce type de suite fut usité, mais les documents manquent et il est impossible de se faire une idée précise quant aux
connaissances que pouvaient en avoir le scribe. Les méthodes de multiplication et de division employées par les
Égyptiens sont fondées sur les puissances de deux, autrement dit une suite géométrique de raison 2, et sur les
fractions 1/2, 1/4, 1/8 ... c'est-à-dire une suite géométrique de raison 1/2. Par ailleurs, le papyrus Rhind nous fournit
l'unique exemple de problème basé sur l'application des suites géométriques.
Énoncé du problème 79 du papyrus Rhind
Somme d'une suite géométrique de cinq termes, tels que le premier terme vaut 7 et le multiplicateur de chaque terme
(la raison) vaut 7. Application à l'inventaire d'une maison :
✔ 1 2801
✔ 2 5602
✔ 4 11204
7 19607
Mathématiques dans l'Égypte antique 45
Maisons 7
Chats 49
Souris 343
Héqat 16807
19607
Sources
• Clagett Marshall, Ancient Egyptian Science, A Source Book. Vol. 3, Ancient Egyptian Mathematics, American
Philosophical Society, 1999.
• Pour la reproduction des hiéroglyphes, leur traduction et un examen critique du texte des 4 papyri fondamentaux
(dont le papyrus Rhind), voir Sylvia Couchoud, Mathématiques Égyptiennes. Recherches sur les connaissances
mathématiques de l’Égypte pharaonique, éditions Le Léopard d’Or, 1993.
• Christian Mauduit et Philippe Tchamitichian, Mathématiques, Éditions Messidor/La Farandole.
• Hors série Science et Vie, Hommes, Sciences et Techniques au temps des Pharaons, décembre 1996.
• Hors série La Recherche, L'univers des nombres, août 1999.
Liens internes
• → Histoire des mathématiques
• Papyrus Rhind
Liens externes
• Brève chronologie de l'histoire des mathématiques en Egypte [3]
Histoire • Géographie • Mythologie • Dieux • Art / Pyramides • Sciences • Vie quotidienne / Égyptologie • Bibliographie • Lexique
Organisation politique / Pharaons • Index
Références
[1] fragments de céramique ou de calcaire utilisés comme brouillons par les scribes
[2] Sylvia Couchoud, Mathématiques Égyptiennes. Recherches sur les connaissances mathématiques de l’Égypte pharaonique, pp. 128, 130 et
161
[3] http:/ / www. dma. ens. fr/ culturemath/ histoire%20des%20maths/ chrono/ Egypte/ index_egypte. htm
[4] http:/ / fr. wikipedia. org/ w/ index. php?title=Spécial:Suivi_des_liens& target=Catégorie%3AIndex_égyptologique& days=0& limit=500
Mathématiques indiennes 46
Mathématiques indiennes
La chronologie des mathématiques indiennes s'étend de la civilisation de la vallée de l'Indus (-3300 à -1500)
jusqu'à l'Inde moderne.
Parmi les impressionnantes contributions des mathématiciens indiens au développement de la discipline, la plus
féconde est certainement la numération décimale de position, appuyée sur des chiffres arabo-indiens, et qui se sont
imposés dans le monde entier.
Mais les Indiens ont également maîtrisé le zéro, les nombres négatifs, les fonctions trigonométriques. Les concepts
mathématiques indiens ont diffusé et ont trouvé un écho en Chine et dans les → mathématiques arabes, avant de
parvenir en Europe.
Les mathématiciens indiens ont également découvert les fondements de l'analyse : calcul différentiel et intégral,
limites et séries, bien avant leur redécouverte en Occident.
Les Indiens de cette époque utilisent des formes polygonales simples, connaissaient le théorème de Pythagore,
savaient construire de manière exacte la quadrature d'un rectangle (construction d'un carré de même aire) et de
manière approchée celle du cercle. Ils connaissent les opérations arithmétiques et considèrent des équations simples.
On voit apparaître aussi des approximations fractionnaires de π (exactes jusqu'à la première, voire la deuxième
décimale) et de la racine carrée de deux (jusqu'à la cinquième décimale).
Vers la fin de cette période, on voit se mettre en place les neuf chiffres du système décimal. La fascination, d'origine
religieuse, pour ces chiffres gigantesques, explique sans doute que les Indiens ont eu plus de facilité à appréhender
l'idée d'infinité (purna, la plénitude), parallèlement à celle de zéro (śūnya, le vide), qu'ils commencent à faire entrer
dans leurs opérations : ainsi dans le Yajur-Veda, quand on soustrait purna de purna il reste toujours purna [1] .
Voir aussi
Liens externes
• (fr) Michel Waldschmidt, Les Mathématiques en Inde [2]
• (en) Ancient Indian Mathematics [3], site sur les mathématiques indiennes
Références
[1] Zero, One, two, Three...Infinity (http:/ / home. ica. net/ ~roymanju/ Infinity. htm)
[2] http:/ / people. math. jussieu. fr/ ~miw/ articles/ pdf/ Maths-en-Inde. pdf
[3] http:/ / www-groups. dcs. st-and. ac. uk/ ~history/ Indexes/ Indians. html
Mathématiques de la Grèce antique 49
Le système numérique
En Grèce, le nombre est en fait né de la cité. En effet, dans son organisation, mais aussi dans la poésie ou encore
l'architecture, le nombre est le révélateur d'une nouvelle prise sur le réel qui va de pair avec l'élaboration de la cité.
Le système grec est décimal. Dans la cité s'élabore au VIIe siècle une numération de type acrophonique, c’est-à-dire
que les signes sont empruntés à la première lettre du nom du nombre. Par exemple, déka, 10, s'écrit d. La numération
comporte une double série de signes : des signes simples, qui, sauf pour l'unité, sont la première lettre du nom du
nombre correspondant, et des signes composés pour les multiples de 5.
Calculateurs
Le 9 juin 2006, des scientifiques ont identifié la machine d’Anticythère
vieille de plus de 2000 ans comme étant le plus ancien calculateur
analogique. On pense que c'est un mécanisme permettant de calculer la
position de certains astres, tels que le Soleil et la Lune et d'en prédire
les éclipses. (Le mécanisme est basé sur les cycles de progression de
l'arithmétique babylonienne. Au deuxième siècle avant J.C., Hipparque
a développé une théorie pour expliquer les irrégularités du mouvement
lunaire à cause de son orbite elliptique). Il est daté d'avant les alentours
de 87 av. J.-C. et c'est le plus vieux mécanisme à engrenages connus.
« hanc sphaeram Gallus cum moveret, fiebat ut soli luna totidem conversionibus in aere illo quot diebus in ipso
caelo succederet, ex quo et in [caelo] sphaera solis fieret eadem illa defectio, et incideret luna tum in eam
metam quae esset umbra terrae, cum sol e regione » Cicero, De Re Publica I 22.
Si Cicéron ne se trompe pas, cela voudrait dire que cette technologie existait dès le IIIe siècle avant JC.
Cicéron mentionne également un objet analogue construit par son ami Posidonios (Cicero, De Natura Deorum
II.88[1] )
Les deux mécanismes évoqués se trouvaient à Rome, cinquante ans après la date du naufrage de l'épave
d'Anticythère. On sait donc qu'il existait au moins trois engins de ce type. Par ailleurs, il semble que la machine
Mathématiques de la Grèce antique 50
Mathématiciens
Parmi les mathématiciens les plus connus, on compte Euclide,
Pythagore, Archimède, Zénon et Ptolémée. Toutefois, l'école
pythagoricienne à elle seule compte de nombreux autres
mathématiciens dont les travaux sont connus sous le nom de
Pythagore.
Annexes
L'École d'Athènes de Raphaël
Articles connexes
• → Histoire des mathématiques
• Grèce antique
Liens externes
• (fr) Les géomètres de la Grèce antique [2], un dossier de Bernard Vitrac
Références
[1] Extrait traduit in Long et Sedley, Les Philosophes hellénistiques, trad. Pierre Pellegrin et Jacques Brunschwig, Paris, Flammarion, coll. GF,
2001 : tome II Les Stoïciens, 54 L
[2] http:/ / www. dma. ens. fr/ culturemath/ histoire%20des%20maths/ index. htm#vitrac
Mathématiques arabes 51
Mathématiques arabes
Dans l'→ Histoire des mathématiques, on désigne par l'expression de mathématiques arabes une des époques les
plus importantes du développement de cette science. Il s'agit des contributions apportées par les mathématiciens du
monde islamique, du début de la conquête au milieu du XVIIe siècle. Les textes sont essentiellement écrits en arabe,
,qui était une des langues des sciences et de la culture à cette époque, d'où le nom, mathématiques arabes.
Les sciences arabes, et en premier plan, les mathématiques, s'exercent à travers les califats islamiques, établis en
Moyen-Orient, en Asie centrale, en Afrique du Nord, dans la péninsule ibérique, et au sud de la France au
VIIIe siècle.
On mesure mal, en Europe, l'importance de l'apport des mathématiques arabes. Non seulement ils ont conservé
l'héritage grec, mais de plus, de récentes recherches ont démontré que beaucoup d'idées qu'on pensait apportées par
les mathématiciens du XVIe, XVIIe, ou XVIIIe siècle, furent en réalité développées par des mathématiciens arabes
quatre siècles auparavant. Les mathématiques étudiées aujourd'hui sont plus proches des mathématiques arabes que
des mathématiques grecques.
• Les mathématiques grecques ont joué un rôle dominant dans les premiers développements des mathématiques
arabes. Beaucoup de textes grecs ont survécu à travers leur traduction en arabe.
• Les mathématiques indiennes ont influencé le développement des mathématiques arabes.
• Les mathématiques chinoises ont aussi eu une influence sur le développement des sciences arabes.
L'algèbre, branche nouvelle des mathématiques, continuera de s'épanouir avec la civilisation islamique. Il faut retenir
les noms de Abu Kamil qui emploie les irrationnels, Al-Karaji. Autre mathématicien arabe du IXe siècle, Tabit ibn
Qurra non seulement s'emploie à traduire les textes grecs, mais étudie de près les nombres amicaux.
L'astronome et mathématicien Al-Battani pose les bases de la trigonométrie moderne en employant le sinus et la
tangente dans ses calculs d'astronomie, et en réalisant des tables pour les calculer.
Le premier déclin des sciences arabes commence au XIIe siècle suite à des conflits divisant le monde musulman.
Astronome et mathématicien perse, Al-Kashi a donné les 16 premières décimales de pi. Sa mort en 1430 sonne le
glas des mathématiques arabes.
Certains attribuent la fin de l'ère des mathématiques arabes à la domination turque et son ambition d'orienter la
recherche. Ce dernier avis est discutable.
Traductions
De nombreux textes arabes ont été traduits en latin et ont joué un rôle important dans l'évolution des mathématiques
européennes.
Grecques à arabes
Les textes suivants, des mathématiques grecques ont été traduits en arabe, et souvent ensuite en latin :
• Éléments d'Euclide par Al-Hajjaj (VIIIe siècle).
• Révision des éléments par Thabit ibn Qurra.
• Les Coniques d'Apollonius par Thabit ibn Qurra.
• L'Almagest de Ptolémée par Thabit ibn Qurra.
• La Sphère et le cylindre d'Archimède par Thabit ibn Qurra.
• Sur les triangles d'Archimède par Sinan ibn Thabit.
• Arithmetica de Diophante d'Alexandrie par Abu'l-Wáfa.
• Le Traité sur les miroirs de Dioclès.
• Les Travaux sur la mécanique de Pappus d'Alexandrie.
Sanskrit à Arabe
Les textes suivants sont des textes sanskrit de mathématiques indiennes traduits en arabe.
• Surya Siddhanta par al-Fazari.
• Le Brahma Sphuta Siddhanta par al-Fazari.
• Khandakhayaka de Brahmagupta.
• Aryabhatiya de Aryabhata.
• Pancha Siddhanta de Varahamihira.
• Le Lagu Bhaskariya de Bhaskara I.
Mathématiques arabes 53
Arabe à Latin
Les textes arabes suivants ont été traduits en latin :
• Introduction à l’Astronomie par Adélard de Bath (fl. 1116-1142).
• les traités arithmétiques Liber ysagogarum Alchorismi et Astronomical Tables d’Al-Khwarizmi par Adélard de
Bath.
• Les tables arithmétiques d’Al-Khwarizmi par Adélard de Bath (1126).
• Zij al-Sindhind Al-Khwarizmi (1126).
• Liber alghoarismi de practica arismetrice, par Jean de Séville et Domingo Gundisalvo (fl. 1135-1153).
• Secretum Secretorum par Jean de Séville and Domingo Gundisalvo.
• De motu stellarum d’Al-Battani, contenant d’importants travaux de trigonométrie, par Platon de Tivoli (fl.
1134-1145).
• Algebra (ou Abrégé du calcul par la restauration et la comparaison) d’Al-Khwarizmi par Gérard de Crémone (fl.
1150-1185) et par Robert de Chester (1145).
• Elementa astronomica de Jabir Ibn Aflah par Gérard de Crémone.
Chronologie
Cette frise chronologique décrit l'évolution des mathématiques arabes.
Annexes
Articles connexes
• → Histoire des mathématiques
• Sciences arabes
• Astronomie arabe
• Liste des mathématiciens arabes
Liens externes
• L'algèbre arabe: entretien avec Ahmed Djebbar [1]
Références
[1] http:/ / www. dma. ens. fr/ culturemath/ video/ html/ Djebbar. htm
Mathématiques en Europe au XVIIe siècle 54
confrontant leurs idées et annonçant leurs publications. Nombre d'erreurs et d'imprécisions sont ainsi rapidement
rectifiées, des embryons d'idée sont ainsi développés par une communauté internationale de mathématiciens. La
correspondance du Minime Marin Mersenne est à ce point exemplaire car il sert d'intermédiaire entre les
mathématiciens Descartes, Gassendi, Roberval et Fermat. Les avancées sur le calcul intégral (problème de la
chaînette...) sont le fruit d'échanges épistolaires fructueux entre Bernoulli, Leibniz et Huygens. Les publications de
périodiques se multiplient. Le Journal des savants est publié à Paris dès 1665, les Philosophical Transactions
paraissent à Londres en 1665 et les Acta eruditorum à Leipzig en 1682. Mais les mathématiciens n'hésitent pas non
plus à se déplacer et voyager pour rencontrer et dialoguer avec d'autres chercheurs européens. Descartes, Huygens,
Mersenne, Leibniz parcourent ainsi l'Europe à la rencontre de leurs confrères. Les voyages à Paris, en Italie, en
Hollande ou à Londres deviennent des passages obligés dans la formation des mathématiciens et permettent un
brassage important des idées et des cultures.
Ainsi tout contribue au développement et à la communication des idées nouvelles.
L'idée de nouveau
Au XVIIe siècle on passe des spéculations aux inventions. L’époque est
habitée par l’idée de faire du nouveau, c’est la naissance des méthodes,
à l'image du Discours de la méthode de René Descartes, et qui sont un
« art d’inventer [2] ». L’objectif est d’obtenir des sciences actives
donnant la possibilité d’être « comme maître et possesseur de la nature
» [3] . Francis Bacon publia son Novum Organum en 1620, pour un
nouvel Organon en référence au travail d’Aristote, projet ambitieux s'il
en est. Dans ses écrits, il chercha à persuader ses contemporains de
rompre avec les anciens et précisa la méthode baconienne destinée à
obtenir des créations nouvelles. Les anciens posaient des grands
principes (voir le Traité des catégories d’Aristote) ; la méthode de
Bacon est elle fondée sur l’induction : à partir du particulier, il s’agit
d’énoncer des axiomes pour revenir au particulier car Bacon cherche à
élaborer une science active, une science en spirale très éloignée de ce
que présente Aristote dans l’Organum. Francis Bacon
Mathématiques en Europe au XVIIe siècle 56
Au XVIIe siècle l’étude concerne la courbe en générale qui n’est plus uniquement un problème géométrique [4] et
devient un problème cinématique, c’est-à-dire où le mouvement est concerné ce qui fait rupture par rapport à la
géométrie grecque. Dans ce contexte la parabole devient un objet cinématique et non plus exclusivement statique.
Mathématiques en Europe au XVIIe siècle 57
dioptre de façon que des rayons partent d’un point, rencontrent le verre et se rejoignent en un même point. Descartes
trouve une courbe à trois foyers qui va bien au delà des mathématiques des anciens et aboutit à sa méthode
d’inversion des tangentes donnée au livre II. Dans cette recherche, il rend hommage à Kepler, événement rare dans
l’œuvre de Descartes.
Algèbre
La révolution symbolique initiée par François Viète de 1591 à 1603 se poursuit avec la publication de ses oeuvres
par Alexander Anderson (1612-1619), Marin Ghetaldi (1615), Jean-Louis Vaulezard (1630), Claude Hardy (1630),
Jean de Beaugrand (1624 et 1631), James Hume (1636) et Frans Van Schooten (1646). Cette nouvelle algèbre (on
préfère alors le terme d'analyse symbolique) est amplifiée par les travaux des anglais Nathanael Tarporley, William
Oughtred et Thomas Harriot et du français Pierre de Fermat. Ainsi, se mettent en placent toutes les règles du calcul
littéral. Sa mise en forme définitive s'achève avec Descartes dans ses Regulae et dans sa Géométrie (1637), qui, outre
les opérations usuelles (additions, multiplication, soustraction, division, racine carré et racine cubique), fournit une
Mathématiques en Europe au XVIIe siècle 59
définition de l'exponentielle. Cette période de formation du calcul algébrique (1591-1637) voit se réaliser une
véritable rupture avec les rédactions plus anciennes. Elle va permettre une plus grande lisibilité dans la résolution des
équations, le traitement des polynômes et la mathématisation des problèmes.
S'appuyant sur les travaux de ses prédécesseurs, Leibniz approfondit
l'usage de la notation symbolique dans des ouvrages marquants comme
Conspectus calculi et Mathesis universalis. Il exploite à son avantage
cet outil pour développer de nouvelles méthodes de résolution dans son
De arte combinatoria (1666). Il s'attache à la résolution des systèmes
d'équations linéaires et met en place pour la première fois la notion de
déterminant (1684), celle d'élimination et de résultante.[10] Il applique
son imagination à cette nouvelle écriture pour créer du neuf et invente
le concept de puissance réelle d'un réel avant de pouvoir en donner une
définition mathématique rigoureuse. Il est suivi ou précédé dans cette
recherche par Isaac Newton.[11]
Arithmétique
L'arithmétique apparait en Europe durant ce siècle. Les mathématiciens
Gottfried Wilhelm von Leibniz.
redécouvrent le savoir de l'antiquité et développent de nouvelles
techniques pour résoudre des questions parfois anciennes. Ils se
limitent à la branche des mathématiques appelée arithmétique modulaire.
Bachet de Méziriac traduit le livre de Diophante d'Alexandrie Arithmetica en latin et il démontre l'identité
maintenant connue sous le nom d'identité de Bézout. Ce sujet passionne Pierre de Fermat qui énonce un grand
nombre de propositions sur ce sujet. On peut citer son petit théorème, celui sur les deux carrés et son dernier
théorème. La communauté scientifique se lance des défis sur ce sujet, ainsi Fermat demande : « un nombre carré qui,
ajouté à la somme de ses parties aliquotes (ie ses diviseurs), fasse un cube. » Il conclut par : « j'attends la solution de
ces questions ; si elle n'est fournie ni par l'Angleterre, ni par la Gaule Belgique ou Celtique, elle le sera par la
Narbonnaise »[12] .
Les nombres premiers fascinent. Mersenne en développe une famille et Fermat une autre. Ils communiquent
largement entre eux sur ce sujet, comme l'atteste cette lettre de Fermat : « Si je puis une fois tenir la raison
fondamentale que 3, 5, 7, 17, 257, 65 537, ..., sont nombres premiers, il me semble que je trouverai de très belles
choses en cette matière, car j'ai déjà trouvé des choses merveilleuses dont je vous ferai part »[13] . René Descartes
n'est pas en reste. Il cherche en vain à démontrer que si la division par huit d'un nombre premier donne pour reste un
ou trois, il s'écrit de la forme .
On peut encore citer Leibniz qui démontre un résultat redécouvert au XVIIe siècle et qui prendra le nom de théorème
de Wilson. Il propose aussi une démonstration plus rapide[14] vers 1683 du petit théorème de Fermat.
Géométrie
Durant ce siècle, la géométrie se détache de la notion ancienne d'ensemble de points ou de figures de référence pour
entrer dans l'ère de la géométrie des coordonnées créée par Pierre de Fermat et René Descartes. Ces mathématiciens
cherchent à associer des courbes et des surfaces à des équations algébriques et permettent ainsi un échange fructueux
entre deux domaines (géométrie et algèbre). Descartes met en place les outils de calcul de tangente au point A à une
courbe en recherchant la droite passant par A et ne possédant en commun avec la courbe qu'un point double. De
même, la méthode des cercles tangents lui permet de trouver de manière algébrique la normale à la courbe (la
perpendiculaire à la tangente). Il définit les courbes géométriques à l’aide de mouvements à condition « qu’ils soient
bien réglés entre eux », et donne une méthode universelle, avec introduction d’un élément d’unité, de la géométrie
Mathématiques en Europe au XVIIe siècle 60
algébrique [15] . Parallèlement, Fermat s'attache à l'étude des maxima et des minima.
Desargues, quant à lui, dans son ouvrage paru en 1636, Pratique de la perspective développe une approche
projective de la géométrie et complète son étude trois ans plus tard par l'exploration des coniques. Son travail est
repris et approfondi par Blaise Pascal, Philippe de La Hire et Isaac Newton (Philosophiae naturalis principia
mathématica 1687).
Analyse
C'est surtout dans ce domaine que l'on note un progrès considérable
avec la notion de limite et de calcul infinitésimal. La construction des
tangentes aux courbes étudiée par Descartes, Fermat et Roberval pose
les premiers jalons du calcul différentiel. Dès le début de ce siècle se
pose la question de la recherche de l'inverse des tangentes (ou
comment trouver une courbe quand on connaît une propriété
tangentielle). En 1645, Roberval propose ses quadratrices.
Dans la seconde moitié du XVIIe siècle, l'école anglaise est florissante. Portrait d'Isaac Newton par Godfrey Kneller
John Wallis approfondit le calcul des indivisibles. Avec James Gregory (1689).
astronomiques. Henry Briggs en 1615 propose une table de logarithmes décimaux. Puis c'est l'invention de la règle à
calcul en 1624 par Edmund Gunter. De tables de correspondances, le logarithme prend progressivement le statut de
fonction avec l'aire sous l'hyperbole attribuée à Grégoire de Saint-Vincent (1647), étudiée aussi par James Gregory
(1667) et Huygens qui font le lien entre cette aire et les propriétés des logarithmes. En 1668, Brouncker et Mercator
les développent en série entière (log 2, log 5/4, puis log (1+x)) puis vient sa définition intégrale écrite par Leibniz
sous la forme . La fonction exponentielle n'est au départ que l'extension de à des exposants d'abord nég
fractionnaires. Elle s'appuie sur la notation exponentielle de Descartes (1637) développée ensuite par Leibniz mais
c'est au cours du siècle suivant avec Euler que cette fonction sera complètement étudiée.
Tous ces nouveaux outils vont permettre le développement au siècle suivant de l'étude des fonctions et de la
cinématique.
Voir aussi
Liens internes
• → Histoire des mathématiques
Bibliographie
• La révolution mathématique du XVIIe siècle - Évelyne Barbin – Éditions Ellipses (ISBN 2729831444)
• Michel Blay et Rober Halleux, La Science classique - XVIe - XVIIIe siècle - Dictionnaire critique, éditions
Flammarion, (ISBN 2-08-211266-6)
• Jacques Bouveresse, Jean Itard, Émile Sallé, Histoire des mathématiques
• Nicolas Bourbaki, Éléments d'histoire des mathématiques (1984)
• Michel Serfati, La révolution symbolique
Références
[1] Voir aussi Métaphysique (Aristote)
[2] L'expression est de Leibniz
[3] L’expression est de René Descartes
[4] Par exemple Archimède définit la spirale de manière géométrique, non cinématique comme la combinaison d’un mouvement de rotation et de
translation
[5] Selon l'encyclopédie de Diderot et d'Alembert, l'anaclastique est la partie de l'optique qui a pour objet les réfractions. Les courbes
anaclastiques sont selon Descartes « les courbes qui permettent par réfraction de rompre (Klao en grec, briser) des rayons parallèles pour les
faire converger en un point »
[6] Ce n’est plus un problème issu du monde technicien mais une spéculation théorique à son initiative
[7] Michel Blay, Robert Halleux, La Science classique, XVIe - XVIIIe siècle, p 280
[8] Voir une illustration (http:/ / www. sciences. univ-nantes. fr/ physique/ perso/ gtulloue/ Meca/ Oscillateurs/ pend_cyclo. html)
[9] Laurette Tuckerman, Les pendules de Huygens (http:/ / www. pmmh. espci. fr/ ~laurette/ papers/ huygens. ps. gz) dans la revue Pour la
Science
[10] La science classique - XVIe -XVIIe siècle - Algèbre et géométrie, texte d'Eberhard Knobloch
[11] Michel Serfati, La révolution symbolique
[12] Pierre de Fermat Correspondance 3 janvier 1657
[13] Pierre de Fermat Correspondance Marin de Mersenne 25 Décembre 1640
[14] M. BÜHLER et A. MICHEL-PAJUS Une démonstration du théorème de Fermat par Leibniz, MNEMOSYNE n°19, "Bonnes vieilles pages
(2)p 61-66 2007
[15] Discipline déjà initiée par les mathématiciens arabes
Sangaku 62
Sangaku
Les Sangaku ou San Gaku (算額 ; littéralement tablettes mathématiques) sont des énigmes géométriques
japonaises de géométrie euclidienne gravées sur des tablettes de bois, apparues durant la période Edo (1603-1867) et
fabriquées par des membres de toutes les classes sociales.
Historique
Pendant la période Edo, le Japon était complètement isolé du reste du monde, si bien que les tablettes furent créées
en utilisant les mathématiques japonaises (wasan), sans influence de la pensée mathématique occidentale. Par
exemple la connexion fondamentale entre une intégrale et sa dérivée était inconnue, de sorte que les problèmes des
Sangaku sur les aires et les volumes étaient résolus par l'expansion de séries infinies et le calcul terme par terme. Ce
fut une période d’intense création culturelle, au sens large, avec l’apparition d'autres formes d’art profondément
originales : le théâtre Kabuki, le Bunraku (théâtre de marionnettes), l’Ukiyo-e (estampes). Les Japonais tirèrent profit
des héritages culturels chinois ramenés du continent. Certains ouvrages de mathématiques leur furent d'abord
incompréhensibles et furent ensuite lentement assimilés.
Les Sangaku étaient peints en couleur sur des tablettes de bois suspendues à l'entrée de temples et d'autels shintoïstes
(Jinja) en offrande aux divinités locales (tablettes votives).[réf. souhaitée]. Selon certaines sources, il s'agissait de
montrer le talent d'un maître mathématicien à la vue du plus grand nombre. [1]
Beaucoup de ces tablettes ont été perdues après la période de modernisation qui succéda à la période Edo, mais
environ 900 ont pu être conservées. Les Sangaku furent publiées pour la première fois en 1989 par Hidetoshi
Fukagawa, un professeur de mathématiques de lycée et par Daniel Pedoe dans un livre intitulé Japanese Temple
Geometry Problems.
Types de problèmes
Les tablettes sangaku présentent souvent des figures simples où l'esthétique des formes est déterminante dans le
choix des problèmes. On y retrouve particulièrement des polygones et des polyèdres simples ou réguliers, des
cercles, des ellipses, des sphères et des ellipsoïdes. Le paraboloïde et les différentes coniques y font leur apparition
aussi. Le cylindre intervient surtout pour créer l'ellipse par intersection avec le plan. Les transformations affines sont
utilisés pour passer du cercle à l'ellipse. Des problèmes concernent par exemple plusieurs cercles mutuellement
tangents ou plusieurs cercles tangents avec une ellipse.
• Un des beaux problèmes, celui trouvé sur une tablette de la Préfecture de Tokyo en 1788 et qui fit la couverture
du Scientific American, met en jeu le disque ou le cercle des entiers, où, dans un cercle de rayon 1, on coince
deux disques de rayon 1/2 (ou de courbure 2, la courbure étant l'inverse du rayon), les interstices étant comblés de
disques de courbure 3, créant ainsi d'autres interstices, qui seront à leur tour remplis par de plus petits disques de
courbures entières (6, 11, 27, etc.) Cette construction remarquable, qui fait intervenir une infinité de quadruplets
de cercles mutuellement tangents (satisfaisant donc le théorème de Descartes), ne contient que des cercles aux
courbures entières. Le problème demandait simplement quel était le rayon d'un cercle d'une des séries
intersticielles.
Sangaku 63
Voir aussi
Articles connexes
• Le mathématicien Seki Kowa
Bibliographie
• Tony Rothman et Hidetoshi Fugakawa, « Géométrie et religion au Japon » Pour la Science, n° 249, Paris, Juillet
1998.
• Annick Horiuchi. « Les mathématiques peuvent-elles n'être que pur divertissement ? Une analyse des tablettes
votives de mathématiques à l'époque d'Edo ». Extrême-Orient, Extrême Occident, n°20, Presses Universitaires de
Vincennes, octobre 1998.
• (en) H. Fukagawa et Daniel Pedoe. Japanese Temple Geometry Problems: San Gaku. (Charles Babbage Research
Centre. Winnipeg, 1989)
• (en) Hidetoshi Fukagawa et Tony Rothman. "Sacred Mathematics: Japanese Temple Geometry". (Princeton
University Press , juillet 2008)
• Géry Huvent, Sangaku. Le mystère des énigmes géométriques japonaises, Dunod, novembre 2008
Liens externes
• Plusieurs images de Sangaku [2]
• (en) http://www.wasan.jp/english/
• (en) http://www.loyola.edu/maru/sangaku.html
• (en) Pythagoras and Vecten Break Japan's Isolation [3]
• (en) http://www.cut-the-knot.org/pythagoras/Sangaku.shtml
• (fr) http://pagesperso-orange.fr/gery.huvent/html/sangaku.htm
• (fr) De l'usage des Sangakus comme problème mathématique au collège et au lycée [4]
• (fr) http://www.etab.ac-caen.fr/le-castillon/IMG/pdf/Sangaku.pdf
Références
[1] Annick Horiuchi, in : Géry Huvent. Sangaku Le mystère des énigmes géométriques japonaises. Dunod, Paris; 2008. « Les problèmes légués
symbolisent ce que nous appellerions aujourd'hui le front de la recherche. [...] Ces joutes mathématiques que les maîtres s'échangent à distance
stimulent incontestablement la recherche... »
[2] http:/ / www. sangaku. info/ index. fr. html
[3] http:/ / www. cut-the-knot. org/ Curriculum/ Geometry/ PythagorasWithVectenInJapan. shtml
[4] http:/ / revue. sesamath. net/ spip. php?article218
Sources et contributeurs de l'article 64
Mathématiques babyloniennes Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?oldid=43009566 Contributeurs: Badmood, Diti, El Caro, Leag, PIerre.Lescanne, Verbex, Xofc, 5 modifications
anonymes
Mathématiques dans l'Égypte antique Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?oldid=45369631 Contributeurs: Alchemica, Arnauldvm, Attaleiv, Badmood, Bakha, BenduKiwi, Bouette,
Claude Valette, Dfgt, DocteurCosmos, El Caro, HB, JB, JKHST65RE23, Johrnard, Lord-of-the-Light, Maloq, Medium69, Mnmngb, Nadvig, Néfermaât, PIerre.Lescanne, Pdebart, Peps, Sebi,
Sebleouf, Sherbrooke, VIGNERON, Vincnet, 16 modifications anonymes
Mathématiques indiennes Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?oldid=44734355 Contributeurs: Actorstudio, Badmood, CUSENZA Mario, Deepujoseph, Ektoplastor, Gôkulam, Leag,
Litlok, Medium69, Moez, Mélanie Huguet, Nataraja, Peps, Sebleouf, Wiz, 6 modifications anonymes
Mathématiques de la Grèce antique Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?oldid=44180698 Contributeurs: B-noa, Badmood, Bibi Saint-Pol, Bob08, Deep silence, Dfeldmann,
Ektoplastor, El Caro, Eristik, Escaladix, Gene.arboit, Jastrow, Jerome66, Kelemvor, Medium69, Nadvig, Olmec, Verbex, 5 modifications anonymes
Mathématiques arabes Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?oldid=46338968 Contributeurs: B-noa, Chrono1084, Claudeh5, Deep silence, Ektoplastor, El Caro, Fabienkhan, Fagairolles
34, Hichamov SHADY, Laddo, Le sotré, Leridant, Ludovic89, Maroc788, Medium69, Mith, Moez, Oxyde, Peps, Sebleouf, Sherbrooke, Spooky, VIGNERON, Wanderer999, 18 modifications
anonymes
Mathématiques en Europe au XVIIe siècle Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?oldid=45265990 Contributeurs: Archimëa, Badmood, Bub's, Cgolds, CommonsDelinker, Dcoetzee,
GLec, HB, Jean de Parthenay, Jean-Luc W, Kelson, LPLT, Lady9206, Litlok, Mathieuw, Medium69, Mit-Mit, Olmec, Oxo, Peps, Pld, Rflock, Sanao, Valvino, Wuyouyuan, Yelkrokoyade, 8
modifications anonymes
Sangaku Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?oldid=46061853 Contributeurs: Aladin34, Archibald Tuttle, Badmood, Caddie, DavidL, Dfeldmann, Ektoplastor, FH, Fgrosshans, Fiyet
christof, Flot2, Goliadkine, Gwendi70, Macassar, Matthieu Godbout, Medium69, PIerre.Lescanne, Peps, Rovnet, Symac, Thedreamstree, Wuyouyuan, 17 modifications anonymes
Source des images, licences et contributeurs 65
Licence
Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported
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