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Histoire des mathématiques

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Contenu
Articles
Histoire des mathématiques 1
Mathématiques préhistoriques 27
Mathématiques babyloniennes 30
Mathématiques dans l'Égypte antique 37
Mathématiques indiennes 46
Mathématiques de la Grèce antique 49
Mathématiques arabes 51
Mathématiques en Europe au XVIIe siècle 54
Sangaku 62

Références
Sources et contributeurs de l'article 64
Source des images, licences et contributeurs 65

Licence des articles


Licence 66
Histoire des mathématiques 1

Histoire des mathématiques


Article de la série
Histoire des sciences

Chronologie

Chronologie des sciences

Chronologie de l'astronomie

Sciences de l'Antiquité

Sciences au Moyen Âge

XVe s. - XVIe s.

XVIIe s. - XVIIIe s.

XIXe s. - XXe s.

Thématiques

Sciences grecques

Sciences chinoises

Sciences indiennes

Sciences islamiques

Histoire...

de l'astronomie

→ des mathématiques

de la biologie

de la médecine

de la physique

de l'électricité

de la zoologie & botanique

de l'écologie

des sciences du langage

Voir aussi

Science

Histoire des sciences (discipline)


Histoire des mathématiques 2

Philosophie des sciences

Épistémologie

Sociologie des sciences

Histoire des techniques

Méta

Projet

L’histoire des mathématiques s'étend sur plusieurs millénaires et dans de nombreuses régions du globe allant de la
Chine à l’Amérique centrale. Jusqu'au XVIIe siècle, le développement des connaissances mathématiques s’effectue
essentiellement de façon cloisonnée dans divers endroits du globe. À partir du XIXe et surtout au XXe siècle, le
foisonnement des travaux de recherche et la mondialisation des connaissances mènent plutôt à un découpage de cette
histoire en fonction des domaines de mathématiques.

Préhistoire
L'os d'Ishango datant de 20000 ans avant notre ère est généralement cité pour être la première preuve de la
connaissance des premiers nombres premiers et de la multiplication[réf. nécessaire], mais cette interprétation reste
sujette à discussions[réf. nécessaire]. Il est dit que les mégalithes en Égypte au Ve millénaire avant notre ère ou en
Angleterre au IIIe millénaire incorporeraient des idées géométriques comme les cercles, les ellipses et les triplets
pythagoriciens[réf. nécessaire]. En 2 600 avant notre ère, les constructions égyptiennes attestent d'une connaissance
précise et réfléchie de la géométrie[réf. nécessaire].
L'ethnomathématiques est un domaine de recherche à la frontière de l'anthropologie, de l'ethnologie et des
mathématiques qui vise entre autres à comprendre l'essor des mathématiques dans les premières civilisations à partir
des objets, instruments, peintures, et autres documents retrouvés.

De Sumer à Babylone
On attribue généralement le début de l'écriture à Sumer, dans le bassin du Tigre et de l'Euphrate ou Mésopotamie.
Cette écriture, dite cunéiforme, naît du besoin d'organiser l'irrigation [1] et le commerce. Conjointement à la
naissance de l'écriture naissent les premières mathématiques utilitaires (économie, calculs de surface). Le premier
système numérique positionnel apparaît : le système sexagésimal. Pendant près de deux mille ans, les mathématiques
vont se développer dans la région de Sumer, Akkad puis Babylone. Les tablettes datant de cette période sont
constituées de tables numériques et de modes d'emploi. C'est ainsi qu'à Nippur (à une centaine de kilomètres de
Bagdad), ont été découvertes au XIXe siècle des tablettes scolaires datant de l'époque paléo-Babylonienne (2000 av.
J.-C.)[2] . On sait donc qu'ils connaissaient les quatre opérations mais se sont lancés dans des calculs plus complexes
avec une très grande précision, comme des algorithmes d'extraction de racines carrées[3] , racines cubiques, la
résolution d'équations du second degré. Comme ils faisaient les divisions par multiplication par l'inverse, les tables
d'inverse jouaient un grand rôle. On en a retrouvé avec des inverses pour des nombres à six chiffres sexagésimaux,
ce qui indique une très grande précision [4] . On a également retrouvé des tablettes sur lesquelles figurent des listes
de carrés d'entier, des listes de cubes et une liste souvent interprétée comme celle de triplets pythagoriciens[5]
suggérant qu'ils connaissaient la propriété des triangles rectangles plus de 1 000 ans avant Pythagore. Des tablettes
ont aussi été retrouvées décrivant des algorithmes pour résoudre des problèmes complexes [6] .
Ils étaient capables d'utiliser des interpolations linéaires pour les calculs des valeurs intermédiaires ne figurant pas
dans leurs tableaux. La période la plus riche concernant ces mathématiques est la période de Hammurabi (XVIIIe
siècle av. J.-C.). Vers 1000 av. J.-C., on observe un développement du calcul vers l'astronomie mathématique[7] .
Histoire des mathématiques 3

Égypte
Les meilleures sources sur les connaissances mathématiques en Égypte antique sont le Papyrus Rhind (seconde
période intermédiaire, XXe siècle avant J.-C.) qui développe de nombreux problèmes de géométrie, et le Papyrus de
Moscou (1850 avant J.-C.) et le rouleau de cuir. À ces documents s'ajoutent trois autres papyrus et deux tablettes de
bois ; le manque de documents ne permet pas d'attester ces connaissances[8] . Les Égyptiens ont utilisé les
mathématiques principalement pour le calcul des salaires, la gestion des récoltes, les calculs de surface et de volume
et dans leurs travaux d'irrigation et de construction (voir Sciences Égyptiennes). Ils utilisaient un système d'écriture
des nombres additionnel (numération égyptienne). Ils connaissaient les quatre opérations, étaient familiers du calcul
fractionnaire (basé uniquement sur les inverses d'entiers naturels) et étaient capables de résoudre des équations du
premier degré par la méthode de la fausse position. Ils utilisaient une approximation fractionnaire de π[9] . Les
équations ne sont pas écrites, mais elles sous-tendent les explications données.

Chine
La source principale la plus ancienne de nos connaissances sur les mathématiques chinoises provient du manuscrit de
Zhoubi Suanjing ou Les neuf chapitres sur l'art mathématique, daté du Ier siècle, mais regroupant des résultats
probablement plus anciens. On y découvre que les Chinois avaient développé des méthodes de calcul et de
démonstration qui leur étaient propres : arithmétique, fractions, extraction des racines carrées et cubiques, mode de
calcul de l'aire du cercle, volume de la pyramide et méthode du pivot de Gauss. Leur développement des algorithmes
de calcul est remarquablement moderne. Mais on trouve aussi, sur des os de moutons et de bœufs, des gravures
prouvant qu'ils utilisaient un système décimal positionnel (numération chinoise). Ils sont aussi à l'origine d'abaques
les aidant à calculer. Les mathématiques chinoises avant notre ère sont principalement tournées vers les calculs
utilitaires. Elles se développent ensuite de manière propre entre le Ier et le VIIe siècle après J.-C. puis entre le Xe et le
XIIIe siècle.

Civilisations précolombiennes
La civilisation maya s'étend de 2600 avant J.-C. jusqu'à 1500 ans après
J.-C. avec un apogée à l'époque classique du IIIe siècle au IXe siècle.
Les mathématiques sont principalement numériques et tournées vers le
comput calendaire et l'astronomie. Les Mayas utilisent un système de
numération positionnel de base vingt (numération maya). Les sources
mayas sont issues principalement des codex (écrits autour du
XIIIe siècle). Mais ceux-ci ont été en grande majorité détruits par
l'Inquisition et il ne reste de nos jours que quatre codex (celui de
Dresde, de Paris, de Madrid et Grolier) dont le dernier est peut-être un
faux.

La civilisation Inca (1400-1530) a développé un système de


numération positionnel en base 10 (donc similaire à celui utilisé
aujourd'hui). Ne connaissant pas l'écriture[10] , ils utilisaient des quipus
pour « écrire » les statistiques de l'État. Un quipu est un encordage dont
les cordes présentent trois types de nœuds symbolisant respectivement
l'unité, la dizaine et la centaine[11] . Un agencement des nœuds sur une
corde donne un nombre entre 1 et 999 ; les ajouts de cordes permettant Exemple de quipu.
de passer au millier, au million, etc.
Histoire des mathématiques 4

Inde
La civilisation de la vallée de l'Indus développa un usage essentiellement pratique des mathématiques : système
décimal de poids et mesures et régularité des proportions dans la confection de briques. Les sources écrites les plus
anciennes concernant les mathématiques indiennes sont les sulba-sutras (de 800 av. J.-C. jusqu'à 200). Ce sont des
textes religieux écrits en sanscrit réglementant la taille des autels de sacrifice. Les mathématiques qui y sont
présentées sont essentiellement géométriques et sans démonstration. On ignore s'il s'agit de la seule activité
mathématique de cette époque ou seulement les traces d'une activité plus générale. Les Indiens connaissaient le
théorème de Pythagore, savaient construire de manière exacte la quadrature d'un rectangle (construction d'un carré de
même aire) et de manière approchée celle du cercle. On voit apparaître aussi des approximations fractionnaires de π
et de racine carrée de deux. Vers la fin de cette période, on voit se mettre en place les neuf chiffres du système
décimal.
Il faut ensuite attendre l'époque jaïniste (Ve siècle après J.-C.) pour voir naître de nouveaux textes mathématiques.
Les mathématiciens de cette époque commencent une réflexion sur l'infini, développent des calculs sur des nombres
de la forme qu'ils nomment première racine carrée, seconde racine carrée, troisième racine carrée. De cette
époque, datent l'Aryabhata (499), du nom de son auteur, écrit en sanscrit et en vers, et les traités d'astronomie et de
mathématiques de Brahmagupta (598-670) . Dans le premier, on y trouve des calculs de volume et d'aire, des calculs
de sinus qui donne la valeur de la demi-corde soutenue par un arc, la série des entiers, des carrés d'entiers, des cubes
d'entiers. Une grande partie de ces mathématiques sont orientées vers l'astronomie. Mais on trouve aussi des calculs
de dettes et recettes où l'on voit apparaître les premières règles d'addition et de soustraction sur les nombres négatifs.
Mais c'est à Brahmagupta semble-t-il que l'on doit les règles opératoires sur le zéro en tant que nombre et la règle des
signes.

Grèce antique
À la différences des mathématiques égyptiennes et mésopotamiennes
connues par des papyrus ou des tablettes d'argiles antiques
remarquablement bien conservées, les mathématiques grecques ne sont
pas parvenues jusqu'à nous grâce à des traces archéologiques. On les
connait grâce aux copies, traductions et commentaires de leurs
successeurs.
La grande nouveauté des mathématiques grecques est qu'elles quittent
le domaine de l'utilitaire pour rentrer dans celui de l'abstraction. Les
mathématiques deviennent une branche de la philosophie. De
l'argumentation philosophique découle l'argumentation mathématique.
Il ne suffit plus d'appliquer, il faut prouver et convaincre : c'est la Machine d'Anticythère, le plus ancien calculateur
naissance de la démonstration. L'autre aspect de ces nouvelles analogique.

mathématiques concerne leur objet d'étude. Au lieu de travailler sur des


méthodes, les mathématiques étudient des objets, des représentations imparfaites d'objets parfaits, on ne travaille pas
sur un cercle mais sur l'idée d'un cercle.

Les grandes figures de ces nouvelles mathématiques sont Thalès (-625 – -547), Pythagore (-580 – -490) et l'école
pythagoricienne, Hippocrate (-470 – -410) et l'école de Chios, Eudoxe de Cnide (-408 – -355) et l'école de Cnide,
Théétète d'Athènes (-415 – -369) puis Euclide.
Il est probable que cette école grecque des mathématiques ait été influencée par les apports mésopotamiens et
égyptiens. Ainsi Thalès voyagea en Égypte, et il a pu rapporter en Grèce des connaissances en géométrie, . Il
travailla sur les triangles isocèles et les triangles inscrits dans un cercle.
Histoire des mathématiques 5

Selon l'école pythagoricienne, « tout est nombre ». Les deux branches d'étude privilégiées sont l'arithmétique et la
géométrie. La recherche d'objets parfaits conduit les Grecs à n'accepter d'abord comme nombres que les nombres
rationnels matérialisés par la notion de longueurs commensurables : deux longueurs sont commensurables s'il existe
une unité dans laquelle ces deux longueurs sont entières. L'échec de cette sélection matérialisée par l'irrationalité de
la racine carrée de deux les conduit à n'accepter que les nombres constructibles à la règle et au compas. Ils se
heurtent alors aux trois problèmes qui vont traverser l'histoire : la quadrature du cercle, la trisection de l'angle et la
duplication du cube. En arithmétique, ils mettent en place la notion de nombre pair, impair, parfait et figuré.
Cet idéalisation des nombres et le souci de les relier à des considérations géométriques est probablement lié au
système de numération grecque assez peu pratique : si le système est décimal, il est additif et se prête donc assez peu
facilement aux calculs numériques. En géométrie, ils étudient les polygones réguliers avec un penchant pour le
pentagone régulier.
Hippocrate de Chios cherchant à résoudre le problème mis en place par Pythagore découvre la quadrature des lunules
et perfectionne le principe de la démonstration en introduisant la notion de problèmes équivalents.
Eudoxe de Cnide travaille sur la théorie des proportions acceptant ainsi de manipuler des rapports de nombres
irrationnels. Il est probablement à l'origine de la formalisation de la méthode d'exhaustion pour le calcul par
approximations successives d'aires et de volumes.
Théétète travaille sur les polyèdres réguliers.
La synthèse la plus importante des mathématiques grecques vient des Éléments d'Euclide. Les objets géométriques
doivent être définis : il ne s'agit plus d'objets imparfaits mais de l'idée parfaite des objets. Dans ses Éléments, Euclide
se lance dans la première formalisation de la pensée mathématique. Il définit les objets géométriques (droites,
cercles, angles), il définit l'espace par une série d'axiomes, il démontre par implication les propriétés qui en découlent
et fait le lien formel entre nombre et longueur. Cet ouvrage restera dans le cursus mathématique universitaire
européen jusqu'au XIXe siècle.
Après Euclide, d'autres grands noms éclairent les mathématiques grecques. Archimède qui perfectionne les méthodes
d'Eudoxe, et Apollonius de Perge dont le traité sur les coniques est considéré comme un classique de la géométrie
grecque.
Dans l'antiquité tardive, les mathématiques sont représentées par l'école d'Alexandrie.
Diophante étudiera les équations dites diophantiennes, et sera appelé le "père de l'algèbre".
Histoire des mathématiques 6

Civilisation islamique
Durant la période allant de 800 à 1500 après J.C., c'est dans les régions
conquises par les musulmans que se développent le plus les
mathématiques. La langue arabe devient langue officielle des pays
conquis. Un vaste effort de recueils et de commentaires de textes est
entrepris. S'appuyant d'une part sur les mathématiques grecques,
d'autre part sur les mathématiques indiennes et chinoises que leur
relations commerciales leur permettent de connaître, les
mathématiciens musulmans vont considérablement enrichir les
mathématiques, développant l'embryon de ce qui deviendra l'algèbre,
répandant le système décimal indien avec les chiffres improprement
appelés chiffres arabes et développant des algorithmes de calculs.
Parmi les nombreux mathématiciens musulmans, on peut citer
Al-Khwarizmi et son ouvrage al-jabr. On assiste à un développement
important de l'astronomie et de la trigonométrie.

Occident

Une page du traité de Al-Khawarizmi.

Durant le Moyen Âge


Le rôle du Moyen Âge fut essentiel pour l'extension du domaine des
nombres. C'est durant le Moyen Âge que l'application de l'algèbre au
commerce amena en Orient l'usage courant des nombres irrationnels,
un usage qui se transmettra ensuite à l'Europe. C'est aussi durant le
Moyen Âge, mais en Europe, que pour la première fois des solutions
négatives furent acceptées dans des problèmes. C'est enfin peu après la
fin du Moyen Âge que l'on considéra les quantités imaginaires, qui
permettaient de mettre en évidence des solutions réelles de certaines
équations du troisième degré.

Durant la renaissance européenne


Dès le XIIe siècle est entreprise en Italie une traduction des textes
Illustration des Éléments d'Euclide, vers 1309 - arabes et, par là-même, la redécouverte des textes grecs[12] . Tolède,
1316. ancien centre culturel de l'Espagne musulmane, devient, suite à la
Reconquista, l'un des principaux centres de traduction, grâce au travail
d'intellectuels comme Gérard de Crémone ou Adélard de Bath.
L'essor économique et commercial que connaît alors l'Europe, avec l'ouverture de nouvelles routes commerciales
notamment vers l'Orient musulman, permet également aux milieux marchands de se familiariser avec les techniques
transmises par les Arabes. Ainsi, Léonard de Pise, avec son Liber abaci en 1202, contribue largement à faire
redécouvrir les mathématiques à l'Europe. Parallèlement au développement des sciences, se concentre une activité
mathématique en Allemagne, en Italie et en Pologne aux XIVe siècle et XVe siècle. On assiste à un développement
important de l'école italienne avec Scipione del Ferro, Tartaglia, Cardan, Ferrari, Bombelli, école principalement
Histoire des mathématiques 7

tournée vers la résolution des équations. Cette tendance est fortement liée au développement dans les villes italiennes
de l'enseignement des mathématiques non plus dans un but purement théorique tel qu'il pouvait l'être dans le
Quadrivium mais à des fins pratiques, notamment destinée aux marchands. Cet enseignement se diffuse dans des
botteghe d'abbaco ou « écoles d'abbaques » où des maestri enseignent l'arithmétique, la géométrie et les méthodes
calculatoires à de futurs marchands à travers des problèmes récréatifs, connus grâce à plusieurs « traités d'abbaque »
que ces maîtres nous ont laissés[13] .
Les nombres complexes apparaissent lors des travaux de Scipione del Ferro, à l'occasion de la résolution des
équations de degrés trois. Repris par Tartaglia, et publiés par Cardan, ils trouvent une première forme avec Bombelli.
Ferrari résout les équations du quatrième degré.
Jusqu'à la fin du XVIe siècle, la résolution de problèmes demeure cependant rhétorique. Le calcul symbolique
apparaît en 1591 lors de la publication de l’Isagoge de François Viète avec l'introduction de notations spécifiques
pour les constantes et les variables (ce travail popularisé et enrichi par Harriot, Fermat et Descartes modifiera
entièrement le travail algébrique en Europe).

Au XVIIe siècle
Les mathématiques portent leur regard sur des aspects physiques et techniques. Fils de deux pères, Isaac Newton et
Gottfried Leibniz, le calcul infinitésimal fait entrer les mathématiques dans l'ère de l'analyse (dérivée, intégrale,
équation différentielle).

Le XVIIIe siècle
L'univers mathématiques du début de XVIIIe siècle est dominé par la
figure de Leonhard Euler [14] et par ses apports tant sur les fonctions
que sur la théorie des nombres, tandis que Joseph-Louis Lagrange
éclaire la seconde moitié de ce siècle.
Le siècle précédent avait vu la mise en place du calcul infinitésimal
ouvrant la voie au développement d'un nouveau domaine
mathématique : l'analyse algébrique dans laquelle, aux opérations
algébriques classiques, viennent s'ajouter deux opérations nouvelles, la
différentiation et l'intégration (introductio in analysin infinitorum -
Euler-1748). Le calcul infinitésimal se développe et s'applique aussi
bien aux domaines physiques (mécanique, mécanique céleste, optique,
cordes vibrantes) qu'aux domaines géométriques (étude de courbes et
de surfaces). Leonhard Euler, dans Calculi différentialis (1755) et
Institutiones calculi integralis (1770) essaie de mettre au point les
règles d'utilisation des infiniment petits et développe des méthodes Leonhard Euler par Emanuel Handmann.
d'intégration et de résolution d'équations différentielles. Jean le Rond
d'Alembert puis Joseph-Louis Lagrange lui emboîtent le pas. En 1797, Sylvestre-François Lacroix publie Traité du
calcul différentiel et intégral qui se veut une synthèse des travaux d'analyse du XVIIIe siècle. La famille Bernoulli
contribue au développement de la résolution des équations différentielles.

La fonction devient un objet d'étude à part entière. On s'en sert dans des problèmes d'optimisation. On la développe
en séries entières ou asymptotiques(Taylor, Stirling, Euler, Maclaurin, Lagrange), mais sans se préoccuper de leur
convergence. Leonhard Euler élabore une classification des fonctions. On tente de les appliquer à des réels négatifs
ou à des complexes [15] .
Le théorème fondamental de l'algèbre (existence de racines éventuellement complexes à tout polynôme) resté sous
forme de conjecture depuis deux siècles est remis en avant dans l'utilisation de la décomposition des fractions en
Histoire des mathématiques 8

éléments simples nécessaire pour le calcul intégral. Successivement, Euler (1749), le chevalier de Foncenex (1759)
et Lagrange (1771) tentent des démonstrations algébriques mais se heurtent à la partie transcendante du problème
(tout polynôme de degré impair sur R possède une racine réelle) qui nécessiterait l'utilisation du théorème des
valeurs intermédiaires[16] .. La démonstration de D'Alembert, publiée en 1746 dans les annales de l'académie de
Berlin, est la plus achevée mais présente encore quelques trous et des obscurités. Gauss, en 1799, qui critique
D'Alembert sur ces points n'est d'ailleurs pas exempté des mêmes reproches. Il faut à un moment faire intervenir un
résultat d'analyse fort que le siècle ne connaît pas. De plus, l'obstacle se situe dans la question des points de
branchement: on retrouve ici une question déjà débattue lors de la polémique sur les logarithmes des nombres
négatifs que tranchera Euler. La seconde et la troisième démonstration de Gauss ne souffrent pas de ces reproches
mais on n'est plus au XVIIIe siècle...
En arithmétique, Euler démontre le petit théorème de Fermat et en donne une version élargie aux nombres composés
(1736-1760). Il infirme la conjecture de Fermat sur la primalité des nombres de la forme (nombre de
Fermat)[17] . Il s'intéresse à la répartition des nombres premiers et prouve que la série des inverses des nombres
premiers est divergente[18] . La conjecture de Bachet (tout nombre est somme de 4 carrés au plus) est démontrée par
Lagrange en 1770. C'est aussi Lagrange qui démontre en 1771 le théorème de Wilson (si p est premier, il divise
(p-1)! + 1). Il développe la technique de décomposition en fractions continues et démontre l'infinité des solutions de
l'équation de Pell-Fermat[19] . Legendre publie en 1798 sa Théorie des nombres qui rassemble un grand nombre de
résultats d'arithmétique[20] .La loi de réciprocité quadratique conjecturée par Euler et Legendre ne sera démontrée
que le siècle suivant.
Durant ce siècle, les mathématiciens continuent de s'intéresser aux résolutions algébriques des équations. Le premier
essai systématique sur la résolution des équations algébriques était l'œuvre de Tschirnhaus en 1683. Euler lui-même,
dans deux essais, ne va pas au-delà de son devancier et en 1762, Bezout introduit la notion de racine de l'unité. Entre
1770 et 1772, on peut citer trois grands mémoires plus originaux : celui de Waring, celui d'Alexandre-Théophile
Vandermonde (1771) sur la résolubilité par radicaux des équations (équation cyclotomique) qui est un
précurseur dans l'utilisation des permutations des racines[21] et celui de Lagrange (1770) qui rassemble toutes les
méthodes de résolutions déjà tentées mais va introduire les résolvantes de Lagrange et démontrer, dans un langage
où la notion de groupe n'existe pas encore, le théorème de Lagrange: l'ordre d'un sous-groupe d'un groupe fini divise
l'ordre du groupe. Ces deux derniers mathématiciens mettent en évidence l'importance des racines et de leurs
permutations mais il faut attendre le siècle suivant pour voir naitre la notion de groupe de permutations.
La géométrie analytique se développe et s'étend de l'étude des courbes à celle des surfaces. Euler étudie l'équation
générale du second degré à trois variables et présente une classification des solutions. Alexis Clairaut étudie les
courbes gauches (1729). Gabriel Cramer publie en 1750 un traité sur les courbes algébriques. La grande figure de la
géométrie du XVIIIe reste Gaspard Monge[22] . Celui-ci développe la géométrie différentielle avec l'étude des
tangentes et crée une nouvelle discipline: la géométrie descriptive. Leonhard Euler développe le calcul
trigonométrique, met en place les formules de calcul de la géométrie sphérique et replace les fonctions circulaires
dans l'ensemble général des fonctions, les développant en séries entières ou en produits infinis et découvrant une
relation entre les fonctions circulaires et les fonctions exponentielles
Le siècle voit l'apparition de quelques théoriciens de la logique. Leonhard Euler met au point une méthode de
représentation figurée des déductions syllogistiques (diagramme d'Euler), Jean-Henri Lambert travaille sur la logique
des relations [22] .
C'est aussi le siècle qui s'attaque aux premiers exemples de ce qui va devenir la théorie des graphes. Euler résout en
1736 le problème des ponts de Königsberg, et, en 1766, énonce le théorème des circuits eulériens: un p-graphe admet
un circuit eulérien si et seulement si le nombre de ses sommets de degré impair est 0 ou 2. Il s'attaque au problème
du cavalier en 1759 mais ne publie rien jusqu'en 1766. Il s'agit d'un cas particulier de graphes hamiltoniens. Le
problème du cavalier est connu depuis fort longtemps. Vers 840, al-Adli ar-Rumi en donne une solution. Le poête
Rudrata en parlait aussi dans le Kavyalankara, un texte indou.
Histoire des mathématiques 9

Mais le siècle est fécond aussi en conjectures qui resteront des énigmes pendant plus d'un siècle: le problème de
Goldbach, le problème de Waring[23] , ...
Le siècle voit aussi Legendre s'échiner pendant des années sur les intégrales elliptiques. Malheureusement pour lui,
même s'il fait l'admiration d'Euler en ce domaine, la solution de la question allait lui échapper au profit d'Abel.
Le XVIIIe siècle est aussi celui de l'encyclopédie dans laquelle Jean le Rond d'Alembert fait un état des lieux des
mathématiques de ce siècle.

Japon
Durant la période Edo (1603 - 1887), au Japon, se développe une mathématique sans influence de la mathématique
occidentale mais inspirée de la mathématique chinoise, travaillant sur des problèmes d'essence géométrique. Des
énigmes géométriques sont posées et résolues sur des tablettes en bois appelées → Sangaku.

XIXe siècle
L'histoire mathématique du XIXe siècle est riche. Trop riche pour qu'en un essai de taille raisonnable on puisse
couvrir la totalité des travaux de ce siècle. Aussi ne doit-on attendre de cette partie que les points saillants des
travaux de ce siècle.
Le XIXe siècle vit apparaître plusieurs théories nouvelles et l'accomplissement des travaux entrepris au siècle
précédent. Le siècle est dominé par la question de la rigueur. Celle-ci se manifeste en analyse avec Cauchy et la
sommation des séries. Elle réapparaît à propos de la géométrie. Elle ne cesse de se manifester en théorie des
fonctions et particulièrement sur les bases du calcul différentiel et intégral au point de voir disparaître totalement ces
infiniments petits qui avaient pourtant fait le bonheur du siècle précédent. Mais plus encore, le siècle marque la fin
de l'amateurisme mathématique: les mathématiques étaient jusque là surtout le fait de quelques particuliers
suffisamment fortunés soit pour étudier eux-mêmes soit pour entretenir quelques génies. Au XIXe siècle, tout cela
prend fin: Les mathématiciens deviennent des professionnels appointés. Le nombre de ces professionnels ne cesse de
croître et avec ce nombre, les mathématiques prennent une importance jamais atteinte, comme si la société tout
entière prenait enfin conscience du formidable outil. Les applications, en germe dans le siècle précédent, se
développent rapidement dans tous les domaines, laissant croire que la science peut tout. D'ailleurs, certains succès
sont là pour en attester. N'a-t-on pas découvert une nouvelle planète uniquement par le calcul ? N'a-t-on pas expliqué
la création du système solaire ? Le domaine de la physique, science expérimentale par excellence est complètement
envahi par les mathématiques: la chaleur, l'électricité, le magnétisme, la mécanique des fluides, la résistance des
matériaux et l'élasticité, la cinétique chimique sont à leur tour mathématisés au point que le bon vieux cabinet de
curiosité du XVIIIe siècle finissant est remplacé par un tableau noir. Et le vaste champ de la science s'étend encore et
encore. Certes, on ne dit plus ce presque lieu commun du XVIIIe siècle que les sciences mathématiques seront
bientôt achevées et qu'il faudra "fermer la mine", à la place on se met à rêver à la machine de Leibniz qui répondrait
à toutes les questions. On va même jusqu'à quantifier le hasard ou l'incertain, histoire de se rassurer. Cournot veut
appliquer le calcul des probabilités en matière judiciaire pour arriver à cette stupéfiante, et combien rassurante,
conclusion qu'il y a moins de deux pour cent d'erreurs judiciaires ! Les mathématiques s'insinuent jusqu'à la structure
intime de la matière: plusieurs théories de la lumière et les prémisses de la théorie de la relativité chez Lorentz qui
complète la théorie électromagnétique de Maxwell. La tendance à la rigueur, commencée au début du XIXe siècle, ne
verra son accomplissement qu'au début du XXe siècle par la remise en cause de bien des a priori.
Histoire des mathématiques 10

Joseph-Louis Lagrange Bernhard Riemann

Carl Friedrich Gauß

Augustin Louis Cauchy

William Rowan Hamilton


Pierre-Simon Laplace
Gottlob Frege

Revues de mathématiques
• Il existait depuis la fin du XVIIe siècle quelques académies qui publiaient leurs travaux et des résumés annuels.
De plus quelques journaux avaient fleuri, tels que les Acta Eruditorum édités par Otto Mencke à Leipzig ou les
commentaires de Petersbourg rendus célèbres par Euler. Mais ces journaux ou revues n'étaient pas spécialisés
dans les mathématiques et accueillaient des mémoires de philosophie, d'histoire, de botanique, aussi bien que de
mathématiques. Le début du XIXe va voir apparaître des revues qui se spécialiseront dans la publication des
mathématiques. Les éditeurs de ces revues sont Ferussac (pour le Bulletin général et universel des annonces et
des nouvelles scientifiques), Gergonne (pour les Annales de mathématiques pures et appliquées), Crelle (pour le
Journal für die reine und angewandte Mathematik), Liouville (pour le Journal de mathématiques pures et
appliquées) pour n'en donner que quatre avant 1840. Elles seront bientôt suivies par une foule d'autres revues que
chaque université un peu célèbre se plait à financer, tels les Acta Mathematica de Mittag-Leffler en 1882.
Histoire des mathématiques 11

Mécanique
• La mécanique de Newton opère sa révolution. Utilisant le principe
(variationnel) de moindre action de Maupertuis, Lagrange énonce
les conditions d'optimalité du premier ordre qu'Euler avait trouvé en
toute généralité et trouve ainsi les équations de la mécanique qui
portent son nom. Par la suite, Hamilton, sur les pas de Lagrange,
exprime ces mêmes équations sous une forme équivalente. Elles
portent aussi son nom. La théorie naissante des espaces de Riemann
permettra de les généraliser commodément.
• Delaunay, dans un calcul extraordinaire, fait une théorie de la Lune
insurpassée[24] . Faye[25] s'exprime ainsi à ses funérailles (1872) :
«Travail énorme, que les plus compétents jugeaient impossible
avant lui, et où nous admirons à la fois la simplicité dans la méthode
et la puissance dans l'application ». Il résolut de faire le calcul au 7e
ordre là où ses devanciers (Clairaut, Poisson, Lubbock, ...) s'étaient
arrêtés au 5e. Sofia Kovalevskaïa

• Le Verrier[26] appliquant la théorie newtonienne aux irrégularités


d'Uranus que venait de découvrir Herschel, conjecture l'existence d'une planète encore inconnue (Neptune) dont il
détermine position et masse par le calcul des perturbations.
• Le mouvement d'un solide autour d'un point fixe admet trois intégrales premières algébriques et un dernier
multiplicateur égal à 1. Le problème de l'intégration formelle par quadrature du mouvement nécessite une
quatrième intégrale première. Celle-ci avait été découverte dans un cas particulier par Euler. La question est
reprise par Lagrange, Poisson et Poinsot. Lagrange et Poisson découvrent un nouveau cas où cette quatrième
intégrale est algébrique[27] .
• Les deux cas, désormais classiques, du mouvement d'Euler-Poinsot et du mouvement de Lagrange-Poisson sont
complétés, en 1888, par un nouveau cas découvert par Sophie Kovalevskaïa[28] . Poincaré avait montré qu'il ne
pouvait exister de nouveau cas si l'ellipsoïde d'inertie relatif au point de suspension n'est pas de révolution[27] .
• Mach énonce un principe qui sera central dans les motivations de la relativité d'Einstein.
• Malgré ses succès, la mécanique aura du mal à trouver, dans l'enseignement, une place que les mathématiques ne
veulent pas lui céder[29] et Flaubert pourra présenter comme une idée reçue que c'est une « partie inférieure des
mathématiques ».

Physique mathématique
Euler, dont on a commencé la publication des travaux (prévus sur cinquante ans !), s'était déjà attaqué à bien des
domaines : acoustique, optique, résistance des matériaux, mécanique des fluides, élasticité, mais ces domaines
étaient encore naissants. C'est Fourier, dont le premier mémoire est refusé par l'Académie des sciences de Paris, qui
attaque le premier la théorie de la chaleur faisant usage de ce qui va devenir les séries de Fourier. Vers la même
époque, les années 1820, Fresnel s'occupe d'optique ainsi que Bessel qui va introduire les fonctions de Bessel. La
mécanique des fluides, qui en était quasiment au stade laissé par Euler et d'Alembert, le stade des fluides parfaits, fait
des progrès avec Henri Navier et George Gabriel Stokes qui s'attaquent aux fluides incompressibles puis
compressibles introduisant la viscosité. L'électricité, fait ses débuts sous l'influence de Gauss, d'Ohm, de Biot, de
Savart et d'Ampère mais c'est surtout le génie de Maxwell qu va embrasser la théorie dans l'une des plus belles
théories du siècle, la théorie électromagnétique, qui prétend unifier l'ensemble des travaux sur l'électricité, l'optique
et le magnétisme. En résistance des matériaux, les progrès sont plus modestes. On peut citer notamment Barré de
Saint-Venant, Yvon Villarceau, Aimé-Henry Résal et son fils Jean Résal mais il faudra attendre le siècle suivant
pour que l'élasticité fasse de décisifs progrès, d'autant qu'on ignore encore bien des propriétés du béton et plus encore
Histoire des mathématiques 12

le béton armé. Vers la fin du siècle, on en connaît suffisamment pour que certains se lancent dans des réalisations
monumentales en acier, tels Eiffel.

Théorie des nombres


Trois grands problèmes éclaireront le siècle : la loi de réciprocité quadratique, la répartition des nombres premiers et
le grand théorème de Fermat. Le XIXe siècle offre des progrès considérables sur ses trois questions grâce aux
développements d'une véritable théorie prenant le nom d'arithmétique ou de théorie des nombres et s'appuyant sur
des outils abstraits et sophistiqués.
• En méconnaissant totalement les travaux d'Euler publiés en 1784 sur la loi de réciprocités quadratique, Legendre
(1785) et Gauss (1796) la retrouvent par induction. Ce dernier finit par en donner une longue démonstration
complète dans ses recherches arithmétiques. La démonstration est simplifiée dans le courant du XIXe siècle, par
exemple par Zeller[30] en 1852 où elle ne fait que deux pages ! La loi de réciprocité quadratique est promise à un
bel avenir par diverses généralisations.
• Eisenstein démontre la loi de réciprocité cubique.
• Depuis 1798, Legendre travaille à sa théorie des nombres. Il vient (en 1808) de démontrer le théorème de
raréfaction des nombres premiers et de proposer une formule approchée pour , le nombre de nombres
premiers plus petit que x. Ses recherches l'ont amené à reconsidérer le crible d'Eratosthène. La formule qu'il
obtient est le premier élément d'une méthode qui prendra tout son sens au siècle d'après, la méthode du crible. Par
la suite, en 1830, peu avant sa mort, il énonce une conjecture selon laquelle entre n² et (n+1)² existe au moins un
nombre premier. Cette conjecture reste non démontrée.
• La démonstration d'Euler de l'infinitude des nombres premiers inspire Lejeune-Dirichlet qui démontre une
conjecture de Legendre : il existe une infinité de nombres premiers dans toute suite arithmétique de la forme an+b
si a et b sont premiers entre eux. Pour cela il invente la notion de caractère arithmétique et les séries "de
Dirichlet".
• La conjecture de Legendre sur la répartition des nombres premiers est appuyée par Gauss et fait l'objet des
travaux de Tchebyschev en 1850. Il démontre un encadrement de conforme à la conjecture et il démontre le
postulat de Bertrand selon lequel il existe un nombre premier entre n et 2n. Mais la conjecture de Legendre ne
sera démontrée qu'en 1896, par Hadamard et De La Vallée Poussin indépendamment.
• Le résultat le plus important est le mémoire de Riemann de 1859 qui reste encore aujourd'hui le mémoire du
XIXe siècle le plus souvent cité. Riemann étudie dans ce mémoire la fonction "de Riemann". Cette fonction
introduite par Euler dans son étude du problème de Mengoli est étendue aux valeurs complexe de s à l'exception
de 1 qui est un pôle de résidu 1 (théorème de Dirichlet). Riemann énonce la conjecture, appelée Hypothèse de
Riemann, selon laquelle tous les zéros non réels sont de partie réelle égale à 1/2. Les démonstrations de Riemann
ne sont pour la plupart qu'ébauchées. Elles sont complètement démontrées, sauf la conjecture de Riemann, par
Hadamard et Von Mangold, après 1892.
• Le grand théorème de Fermat, qui avait déjà occupé Euler au siècle précédent est l'objet de nouvelles recherches
par Dirichlet et Legendre (n=5), Dirichlet (n=14), Lamé (n=7), démonstration simplifiée par Lebesgue. Kummer
démontre que le grand théorème de Fermat est vrai pour les nombres premiers réguliers en 1849.
Malheureusement il existe des nombres premiers irréguliers et ils sont même en nombre infini.
• Mertens démontre de nombreux résultats sur les fonctions arithmétiques et la fonction de Möbius. Il émet en 1897
une conjecture qui permettrait de démontrer l'hypothèse de Riemann. Sous sa forme forte, elle sera réfutée par
Odlysko et Te Riele en 1985. La forme faible reste une énigme.
Histoire des mathématiques 13

Logique
• George Boole se lance dans des travaux qui vont mener à l'algèbre
de Boole, à la logique symbolique et à la théorie des ensembles en
voulant démontrer l'existence de Dieu. Le calcul des propositions
est né. Augustus De Morgan énonce les lois qui portent son nom. La
logique sort définitivement de la philosophie.
• Frege pose les bases de la logique formelle et Cantor celle de la
théorie des ensembles. Ni l'une ni l'autre ne sont comprises par
nombre de mathématiciens et elles suscitent bien des inquiétudes.
La question des fondements est posée. Elle ne sera partiellement
résolue que tardivement au XXe siècle. Déjà pointent les paradoxes,
tel celui de Burali-Forti, celui de Russell, celui de Richard ou celui
de Berry dans la tentative de théorie des ensembles de Frege.

Georg Cantor est le créateur de la théorie des


ensembles

Géométrie
• Le siècle débute par l'invention de la géométrie descriptive par
Gaspard Monge[31] .
• Delaunay classa les surfaces de révolution de courbure moyenne
constante, qui aujourd'hui portent son nom : surface de Delaunay.
• Héritier des siècles précédents, le siècle va voir s'accomplir la
résolution des grands problèmes grecs par la négative. La trisection
de l'angle à la règle et au compas est impossible en général. Il en est
de même de la quadrature du cercle et de la duplication du cube.
Concernant la quadrature du cercle, le XVIIIe siècle avait montré
que était irrationnel. Liouville, définissant les nombres
transcendants en 1844, ouvre la voie à l'étude de la transcendance
dont les deux monuments du XIXe siècle restent les théorèmes
d'Hermite (1872) sur la transcendance de e et de Lindemann (1881) Gaspard Monge
sur celle de , rendant impossible la quadrature du cercle par la
règle et le compas[32] . C'est à la fin du siècle que se fait jour la conjecture, que démontrera le siècle d'après en le
théorème de Gelfond-Schneider, que a et exp(a) ne peuvent être simultanément algébriques.
• l'autre héritage concerne le postulat d'Euclide. Le problème avait en fait été quasi résolu par Saccheri mais
celui-ci n'avait pas vu qu'il était près du but. Les travaux de Gauss sur les surfaces amènent János Bolyai et
Nicolaï Lobatchevsky à remettre en cause le postulat des parallèles. Ils inventent donc une nouvelle géométrie où
le postulat n'est plus vrai, une géométrie non euclidienne dont Poincaré donnera un modèle. Riemann, après eux,
offrira une nouvelle solution non euclidienne, avant que l'ensemble ne forme la théorie des espaces de Riemann,
qui fournira au siècle suivant un cadre à la théorie de la relativité généralisée.
• En généralisant la notion d'espace et de distance, Ludwig Schläfli arrive à déterminer le nombre exact de
polyèdres réguliers en fonction de la dimension de l'espace[33] .
• Felix Klein annonce le programme d'Erlangen[34] .
Histoire des mathématiques 14

• David Hilbert propose une axiomatique complète de la géométrie euclidienne en explicitant des axiomes
implicites chez Euclide.

Algèbre
• La représentation des complexes avait occupé bien du monde :
depuis Henri Dominique Truel (1786)[35] , Caspar Wessel[36] (1797)
en passant par Jean-Robert Argand[37] (1806), Mourey[38] , pour
aller à Giusto Bellavitis (1832). Hamilton, inspiré par cette
représentation des complexes en a+ib, cherche à généraliser le corps
des complexes. Il découvre le corps non commutatif des quaternions
et par la suite Cayley découvre les octavions. Hamilton passera une
grande partie de sa vie à proposer des applications de ses
quaternions.
• Grassmann, en 1844, développe dans "die lineale ausdenungslehre"
une nouvelle voie pour les mathématiques et fonde ce qui deviendra
la théorie des espaces vectoriels.
• Hamilton, en 1853, démontre ce qui deviendra le théorème de
Cayley-Hamilton pour la dimension 4 à propos de l'inverse d'un
quaternion. C'est Cayley, en 1857, qui généralise le résultat mais ne Evariste Galois. Sa vie est un véritable drame. A
le démontre qu'en dimension 2. Frobenius, en 1878, donne la l'instar d'Abel, il meurt jeune. Son génie est
première démonstration générale. méconnu de son vivant. Ses opinions politiques le
mènent en prison. Ses amours le perdent : Il
• Les résultats de Galois et de Kummer montrent qu'une avancée meurt en conséquence d'un duel pour une
majeure en théorie algébrique des nombres suppose la "coquette".
compréhension de structures subtiles : les anneaux d'entiers
algébriques sous-jacents à des extensions algébriques. Le cas le moins complexe est celui des extensions
algébriques finies et abéliennes. Il semble simple, le résultat correspond aux structures qu'avaient étudiées Gauss
au début du siècle pour résoudre les problèmes de l'antiquité de construction à la règle et au compas : les
extensions cyclotomiques associées au polynômes du même nom. Il faut néanmoins 50 ans et trois grands noms
de l'algèbre pour en venir à bout à la fin du siècle : Kronecker, Weber et Hilbert. Il ouvre la porte à l'étude des
extensions algébriques abéliennes générales, c'est-à-dire non finies. Hilbert ouvre la voie de ce chapitre des
mathématiques qui représente un des plus beaux défis du siècle futur, la théorie des corps de classe. Dans la
dernière année du siècle, en 1900, Richard Dedekind s'intéresse à une théorie générale des ensembles reliés entre
eux par des relations. En inventant la notion de dualgruppe, il vient de faire le premier pas dans la théorie générale
des structures.
• Killing et Elie Cartan commencent l'étude des groupes et algèbres de Lie. La théorie des systèmes de racines
prend naissance.

Probabilité et statistiques
• Legendre en 1805[39] 1811[40] puis Gauss en 1809[41] introduisent, sur des problèmes d'astronomie, la méthode
des moindres carrés, ensemble de méthodes qui deviendront fondamentales en statistiques.
• Pierre-Simon Laplace fait entrer l'analyse dans la théorie des probabilités dans sa théorie analytique des
probabilités de 1812 qui restera longtemps un monument. Son livre donne une première version du théorème
central limite qui ne s'applique alors que pour une variable à deux états, par exemple pile ou face mais pas un dé à
6 faces. Il faudra attendre 1901 pour en voir apparaître la première version générale par Liapounov. C'est aussi
dans ce traité qu'apparaît la méthode de Laplace pour l'évaluation asymptotique de certaines intégrales.
Histoire des mathématiques 15

• Sous l'impulsion de Quételet, qui ouvre en 1841 le premier bureau statistique le Conseil Supérieur de Statistique
[42]
, les statistiques se développent et deviennent un domaine à part entière des mathématiques qui s'appuie sur
les probabilités mais n'en font plus partie.
• La théorie moderne des probabilités ne prend réellement son essor qu'avec la notion de mesure et d'ensembles
mesurables qu'Émile Borel introduit en 1897.

Théorie des graphes


• La théorie, on l'a déjà dit, a été commencée par Euler dans sa résolution du problème des sept ponts de
Königsberg. Elle prend une nouvelle tournure, singulière pour notre époque, quand on s'intéresse soudainement
aux nœuds, au tout début des modèles atomiques.
• La question de la cartographie est un vieux problème qui avait été partiellement résolu par différents procédés de
projection. Dans la question de la représentation la plus respectueuse de la topographie, la question avait eu un
nouvel intérêt par le théorème de l'application conforme de Riemann et les fonctions holomorphes dont on sait
qu'elles conservent les angles là où la dérivée ne s'annule pas. L'habitude des cartographes de colorer les états de
couleurs différentes avait montré que quatre couleurs suffisaient. Cette constatation très ancienne amène, en 1852,
Francis Guthrie à énoncer la conjecture des quatre couleurs[43] . Il faut attendre plus de vingt ans pour que Cayley
s'y intéresse[44] . Un avocat, Alfred Kempe, proposa en 1879 une démonstration par réduction mais que Percy
John Heawood réfuta en 1890 par un contre-exemple invalidant le procédé de coloriage de Kempe. Cependant la
tentative de Kempe montrait que le nombre chromatique de la sphère était au plus 5. Ce n'est que bien plus tard
que la conjecture des quatre couleurs sera démontrée.

Analyse réelle
• À la fin du XVIIIe siècle, faire des mathématiques consiste à écrire des égalités, parfois un peu douteuses, mais
sans que cela choque le lecteur. Lacroix par exemple n'hésite pas à écrire

sous la seule justification du développement en série de Taylor de 1/(1+x). Les mathématiciens croient encore, pour
peu de temps, que la somme infinie de fonctions continues est continue, et (pour plus longtemps) que toute fonction
continue admet une dérivée...
• C'est Cauchy qui met un peu d'ordre dans tout cela en montrant que la somme d'une série numérique n'est
commutativement convergente que si la série est absolument convergente. Mais Cauchy, qui pourtant n'est qu'à un
doigt de la notion de convergence uniforme, énonce un faux théorème de continuité d'une série de fonctions
continues qu'Abel contredit par un contre-exemple du 16 janvier 1826.
• C'est encore Cauchy qui se refuse à considérer la somme de séries divergentes, au contraire des mathématiciens
du XVIIIe siècle dont Lacroix est l'un des héritiers.
• Gudermann, en 1838, utilise pour la première fois, la notion de convergence uniforme. En 1847, Stokes et Seidel
définissent la notion d'une série convergeant aussi lentement que l'on veut, notion équivalente à la convergence
uniforme. Mais leur réflexion n'est pas mûre. Weierstrass donne une définition de la convergence uniforme en
1841 dans un article qui ne sera publié qu'en 1894. Il revient à Cauchy de donner la première définition claire de
la notion (sans le terme uniforme) en 1853. Weierstrass, de son côté, donnera par la suite les théorèmes classiques
de continuité, dérivabilité, intégrabilité des séries de fonctions continues dans ses cours à partir de 1861.
• Bolzano démontre le premier ce principe, implicite chez les auteurs du XVIIIe siècle, qu'une fonction continue qui
prend des valeurs de signes différents dans un intervalle s'y annule, ouvrant la voie à la topologie par le théorème
des valeurs intermédiaires.
• Karl Weierstrass donne le premier la définition de la limite d'une fonction, notion un peu floue jusque là, à partir
de , . La notion de limite supérieure, inventée par Cauchy, est expliquée clairement par Du Bois-Reymond.
Histoire des mathématiques 16

• En 1869, Charles Meray, professeur à l'université de Dijon, donne, le premier, une construction rigoureuse des
nombres réels par les classe d'équivalence de suites de Cauchy de nombres rationnels. Georg Cantor donnera une
construction analogue de . Karl Weierstrass construit à partir de la notion d'« agrégats » tandis que Richard
Dedekind crée de la notion de coupure de l'ensemble des rationnels.
• Il faut quasiment attendre le milieu du siècle pour qu'enfin on s'intéresse aux inégalités. Tchebyschev, dans sa
démonstration élémentaire du postulat de Bertrand, est l'un des premiers à les utiliser.
• Un peu avant, Bessel et Parseval, en s'occupant des séries trigonométriques démontrent ce qu'on appelle
aujourd'hui les inégalités de Bessel-Parseval.
• La grande application des séries trigonométriques reste la théorie de la chaleur de Fourier, même si ce dernier ne
démontre pas la convergence des séries qu'il utilise. Il faudra attendre la fin du siècle pour que la question soit
vraiment clarifiée par Fejér.
• Poincaré participe au concours du roi de Suède concernant les solutions du système des trois corps[45] . Dans le
mémoire de Stockholm (1889), il donne le premier exemple de situation chaotique. Il s'exprime ainsi :
« Une cause très petite, qui nous échappe, détermine un effet considérable que nous ne pouvons pas ne pas
voir, et alors nous disons que cet effet est dû au hasard. Si nous connaissions exactement les lois de la nature et
la situation de l'univers à l'instant initial, nous pourrions prédire exactement la situation de ce même univers à
un instant ultérieur... »
• Ce n'est qu'avec regret qu'on a abandonné les séries divergentes au début du siècle sous l'impulsion de Cauchy et
dans un but essentiellement de rigueur. Les séries divergentes refont, à la fin du siècle, leur apparition. Il s'agit,
dans certain cas, de donner une somme à de telles séries. Le procédé de sommation de Césaro est l'un des
premiers. Borel fournit le sien, plus sophistiqué. Cela va vite devenir un sujet d'étude important que le XXe siècle
va prolonger.

Analyse complexe
• La théorie des fonctions de la variable complexe, LE grand sujet de tout le XIXe siècle, prend sa source dans les
travaux de Cauchy, bien qu'entrevue par Poisson[46] . Cauchy définit la notion d'intégrale de chemin. Il arrive
ainsi à énoncer le théorème des résidus et les principales propriétés de l'intégrale "de Cauchy". et notamment la
Formule intégrale de Cauchy.
• Il justifie ainsi le développement en série de Taylor et trouve la formule intégrale des coefficients en dérivant sous
le signe .Il démontre les inégalités "de Cauchy" qui seront intensément utilisées, dans la théorie des équations

différentielles notamment.
• Cauchy publie par la suite nombre d'applications de sa théorie dans des recueils d'exercices, notamment à
l'évaluation d'intégrales réelles, qu'il n'hésite pas à généraliser en ce qu'on appelle aujourd'hui la valeur principale
de Cauchy, un peu moins d'un siècle avant que Jacques Hadamard en ait besoin dans sa résolution des équations
aux dérivées partielles par les parties finies d'Hadamard et que Laurent Schwartz n'en vienne aux distributions.
• La théorie des fonctions analytiques se développe rapidement. Cauchy définit le rayon de convergence d'une série
entière à partir de la formule qu'expliquera parfaitement Hadamard dans sa thèse, suite aux travaux de Du
Bois-Reymond qui donna une définition claire de la limite supérieure.
• Ceci permet à Liouville de démontrer son théorème et d'en déduire une nouvelle et élémentaire démonstration du
théorème de D'Alembert-Gauss qu'on avait eu tant de mal à démontrer au siècle avant.
• À la mort de Cauchy, le flambeau est déjà passé à Riemann (Théorème de l'application conforme, intégrale de
Riemann remplaçant la conception de Cauchy, ...) et Weierstrass qui éclaircira la notion de point singulier
essentiel et de prolongement analytique (bien que Émile Borel ait montré par la suite que certaines des
conceptions du "maître" étaient erronées).
Histoire des mathématiques 17

• La théorie de Cauchy vient juste à point pour résoudre enfin la question des intégrales elliptiques, théorie
commencée par Legendre au siècle précédent. C'est Abel qui a l'idée de l'inversion des intégrales elliptiques et
découvrit ainsi les fonctions elliptiques qu'on s'empressa d'étudier. La très belle théorie des fonctions elliptiques
est enfin achevée lorsque paraissent le traité de Briot et Bouquet, théorie des fonctions elliptiques, 2e édition,
1875 et le traité de Georges Henri Halphen en quatre volumes, interrompu par la mort de l'auteur.
• Le résultat le plus difficile de la théorie reste le théorème de Picard qui précise le théorème de Weierstrass. La
première démonstration, avec la fonction modulaire, est bien vite simplifiée par Émile Borel à la fin du siècle.
• Le siècle s'est aussi beaucoup préoccupé de la théorie des équations différentielles et notamment de la théorie du
potentiel, des fonctions harmoniques. Fuchs étudie les singularités des solutions des équations différentielles
ordinaires linéaires.Émile Picard découvre le procédé d'intégration des équations différentielles par récurrence, ce
qui permet de prouver l'existence et l'unicité des solutions. Cela débouchera sur l'étude des équations intégrales
(Ivar Fredholm, Vito Volterra...).
• Bien qu'engagée par Laplace et utilisée sporadiquement par d'autres au cours du siècle, la résolution des équations
différentielles est effectuée par un électricien anglais, Oliver Heaviside, sans autre justification, en considérant
l'opérateur de dérivation comme une quantité algébrique notée p. La théorie de la transformation de Laplace est
née. Mais elle ne sera pleinement justifiée que par les travaux de Lerch, Carson, Bromwich, Wagner, Mellin et
bien d'autres, au siècle suivant. Oltramare donnera aussi un "calcul de généralisation" basé sur une idée voisine.
• Émile Borel commence l'étude des fonctions entières et définit la notion d'ordre exponentiel pour une fonction
entière. Son but est d'élucider le comportement du module d'une fonction entière et notamment de montrer le lien
entre le maximum du module de f sur le cercle de rayon R et les coefficients de la série de Taylor de F. Darboux
montre que les coefficients de Taylor s'écrivent en fonction des singularités. D'autres, comme Charles Méray,
Leau, Fabry, Lindelöf, étudient la position des points singuliers sur le cercle de convergence ou le prolongement
analytique de la série de Taylor.
• Poincaré définit et étudie les fonctions automorphes à partir des géométrie hyperboliques. Il laisse son nom à une
représentation par un demi-plan de la géométrie hyperbolique.
• Schwarz et Christoffel découvrent la transformation conforme qui porte leurs noms. Elle sera intensivement
utilisée le siècle d'après par les moyens informatiques (Driscoll par exemple).
• L'apothéose est atteinte par la démonstration du théorème des nombres premiers, en 1896, par Hadamard et de la
Vallée Poussin indépendamment l'un de l'autre.

Perspectives
Mais déjà le siècle est écoulé et, au congrès international de mathématique qui se tient, en cette année 1900, à Paris,
David Hilbert présente une liste de 23 problèmes non résolus de première importance pour le siècle d'après. Ces
problèmes couvrent une grande partie des mathématiques et vont prendre une part importante dans l'histoire
mathématique du XXe siècle.

Les livres du siècle


Ce paragraphe donne un ensemble de livres de première importance, soit par leur contenu historiquement important
soit pour la synthèse qu'ils constituent sur un domaine donné. L'ordre choisi est alphabétique sur le nom des auteurs.
• Bachmann, Zahlentheorie, 5 tomes, 1892 Tome 1 [47] Tome 2 [48] Tome 3 [49] Tome 4 [50] Tome 5 [51]
• Bolya, La science absolue de l'espace, 1868
• Briot et Bouquet, Théorie des fonctions elliptiques [52], 1875
• Cauchy, Le Cours d'analyse de l'École royale polytechnique : 1ère partie : Analyse algébrique, 1821 [53]
• Chasles
• Les trois livres de porismes d'Euclide [54], 1860
• Traité de géométrie supérieure [55], 1852
Histoire des mathématiques 18

• Traité des sections coniques, faisant suite au Traité de géométrie supérieure, 1865
• Darboux, Leçons sur la théorie générale des surfaces et les applications géométriques du calcul infinitésimal, 4
volumes, 1887-1896, Volume 2 [56] Volume 3 [57] Volume 4 [58]
• Du bois-Reymond, Die Allgemeine Functionentheorie, 1882, Théorie générale des fonctions, 1887 [59]
• Fourier, Théorie analytique de la chaleur [60], 1822
• Frege, Die Grundlagen der Arithmetik, 1884, Les Fondements de l'arithmétique
• Galois, Oeuvres mathématiques [61], 1846
• Gauss, Disquisitiones arithmeticae, 1801, Recherches arithmétiques [62], 1807.
• Goursat, Leçons sur l'intégration des équations aux dérivées partielles du second ordre, 2 volumes, 1896-1898,
Volume 1 [63] Volume 2 [64]
• Grassmann, Die lineare Ausdehnungslehre, 1844, La science de la grandeur extensive
• Halphen, Traité des fonctions elliptiques et de leurs applications, 3 volumes, 1886-1891, Volume 1 [65] Volume
2 [65] Volume 3 [66]
• Hamilton, Lecture on quaternions, 1853
• Hilbert, Grundlagen der Geometrie, 1899, Les principes fondamentaux de la géométrie [67], 1900
• Jordan
• Traité des substitutions et des équations algèbriques, 1870
• Cours d'analyse de l'école polytechnique, 1882-1883, 3 volumes. Volume 1 [68] Volume 2 [69] Volume 3 [70]
• Felix Klein, Vorlesungen über das Ikosaeder und die Auflösung der Gleichungen vom fünften Grade [71]
(Conférences sur l'icosaèdre et les solutions de l'équation du cinquième degré), 1888
• Lagrange, Leçons sur le calcul des fonctions [72], 1806
• Laplace
• Traité de mécanique céleste, 1798-1825
• Théorie analytique des probabilités [73], 1812
• Legendre
• Traité des fonctions elliptiques et des intégrales eulériennes, 2 volumes, 1825-1826
• Éléments de géométrie, ouvrage qui vient remplacer les Éléments d'Euclide.
• Théorie des nombres [74], 1830
• Liapunov, Problème général de la stabilité et du mouvement, 1892-1893
• Lobachevskii, Pangeometrie
• Maxwell, Traité d'électricité et de magnétisme, 2 volumes, 1885-1887
• Meray, Leçons nouvelles sur l'analyse infinitésimale et ses applications géométriques, 1894-1895
• Möbius, Der barycentrische Calcul, 1827
• Monge, La géométrie descriptive, an 7 = 1799
• Painlevé, Leçons sur la théorie analytique des équations différentielles, 1897
• Picard, Traité d'analyse, 3 volumes, 1892-1896
• Poncelet, Traité des propriétés projectives des figures, 2 volumes, 1822
• Serret, Cours d'Algèbre supérieure, 2 volumes, 1877
• Tannery et Molk, Éléments de la théorie des fonctions elliptiques, 3 volumes, 1893-1898
• Tisserand, Traité de Mécanique céleste, 4 volumes, 1889-1894
• Weber, Lehrbuch der Algebra, 2 volumes, 1898-1899
Histoire des mathématiques 19

XXe siècle
Le XXe siècle aura été un siècle extraodinairement fécond du point de vue mathématique. Trois grands théorèmes
dominent tous les autres : d'une part le théorème de Gödel ; d'autre part la démonstration de la conjecture de
Tanyama-Shimura qui entraîna la démonstration du grand théorème de Fermat ; enfin la démonstration des
conjectures de Weil par Pierre Deligne. De nouveaux domaines de recherche sont nés ou se sont développés : les
systèmes dynamiques, suite aux travaux de Poincaré, les probabilités, la topologie, la géométrie différentielle, la
logique, la géométrie algébrique, suite aux travaux de Grothendieck, ...

La communauté mathématique explose


• Le métier de mathématicien a réellement commencé à se professionnaliser à la fin du XIXe siècle. Grâce à la
mondialisation, aux progrès des transports, et aux moyens électroniques de communication, la recherche
mathématique n'est plus localisée sur un pays ou un continent. Depuis la fin du XIXe siècle, de nombreux
colloques, congrès, séminaires, se tiennent à un rythme soutenu, voire annuellement.
• Hormis deux congrès qui se sont tenus au XIXe siècle, vingt et un congrès internationaux de mathématiques se
sont tenus au XXe siècle, un presque tous les quatre ans malgré les interruptions dues aux guerres mondiales.
• L'apparition de l'ordinateur a sensiblement modifié les conditions de travail des mathématiciens à partir des
années 1980.
• Le développement mathématique a explosé depuis 1900. Au XIXe siècle, on estime qu'on publiait environ 900
mémoires par an. Actuellement plus de 15000. Le nombre des mathématiciens est ainsi passé de quelques
centaines ou milliers à plus d'un million et demi en moins d'un siècle.
• On a soutenu 292 thèses d'état de mathématiques entre 1810 et 1901 en France[75] . À la fin du XXe siècle, c'est le
nombre de thèses soutenues annuellement.

Algèbre
• Leonard Dickson commence l'étude systématique des corps finis[76]
et obtient la première classification des corps finis commutatifs. La
structure de l'anneau des polynômes associé y est explicitée. Joseph
Wedderburn, en 1905, démontre qu'il n'existe pas de corps fini non
commutatif.

Mécanique
• Édouard Husson, dans sa thèse soutenue en 1906, résout
définitivement le problème des intégrales premières de la
mécanique classique pour le mouvement d'un solide autour d'un
point fixe. Il n'y a que quatre intégrales premières possibles, la
quatrième n'apparaissant que dans trois cas particuliers, le
mouvement d'Euler-Poinsot, celui de Lagrange-Poisson et enfin
celui de Sophie Kowaleski. L'intégration complète par quadrature Wedderburn est surtout connu pour avoir
est donc possible dans ces trois cas. Cependant Goriatchoff montre démontré que tout corps fini est commutatif

que l'intégration est aussi possible dans le cas de conditions initiales


particulières, et un second cas est indiqué par Nicolaus Kowalevski en 1908.
• La mécanique, qui n'avait que peu changé depuis Newton, devient l'objet d'études poussées. Poincaré et Einstein
publient une mécanique qui ne renferme la mécanique newtonienne qu'en y faisant tendre la célérité c de la
lumière vers l'infini. La transformation de Galilée laisse sa place à la transformation de Lorentz. Et une nouvelle
généralisation, une théorie de la gravitation, prend le nom de théorie de la relativité générale, entre 1909 et 1916,
Histoire des mathématiques 20

prétendant inclure le principe de Mach.


• La spéculation cosmologique prend maintenant une tournure totalement inattendue par une mathématisation
sophistiquée. L'univers statique d'Einstein et celui de De Sitter sont bientôt accompagnés par des univers en
évolution régis par les équations de Friedman, aidé par les recherches de Hubble et Humason qui viennent de
découvrir le décalage vers le rouge. Ces progrès spectaculaires sont cependant tempérés par la découverte de la
mécanique quantique. Si tout va bien de ce côté jusqu'à l'année 1924, la thèse de De Broglie remet tout en cause.
Celle-ci part de l'idée de l'identité entre le principe de Fermat et le principe de moindre action de Maupertuis pour
le photon, associant ainsi à une particule une onde . L'école de Copenhague interprète les relations
d'incertitudes d'Heisenberg comme une invitation à ne considérer l'onde que comme une probabilité de
présence, rompant avec un déterminisme total qui étaient l'apanage de la mécanique de Newton et dont Einstein
sera le défenseur acharné dans le paradoxe Einstein-Podolski-Rosen. La mécanique d'Einstein, dont on a vérifié la
concordance avec les observations, s'accorde très bien aux faits expérimentaux à grande échelle. La mécanique
quantique, de son côté est la reine à l'échelle atomique et moléculaire. Et les deux mécaniques ne s'accordent pas.
Les différentes tentatives d'unification sont autant d'échecs au point qu'on désespère de trouver cette théorie
unitaire qui réconcilierait les deux mondes. La théorie pentadimensionnelle de Kaluza-Klein, la théorie d'Einstein
de 1931, la théorie de la double solution de De Broglie, la théorie cinématique de Milne, les spéculations
d'Eddington sur le nombre 137, la théorie de Bondi et Gold, ... apportent chacune une idée nouvelle mais qui ne
résolvent pas le problème de l'incompatibilité des deux mécaniques. Les auteurs, surtout des physiciens, se
lancent à corps perdu dans une algébrisation de leurs théories qui débouchent sur la théorie des cordes, la théorie
M, ... qui sont encore loin de résoudre toutes les questions posées. La théorie unitaire, la grande unification n'est
pas pour ce siècle.
• Alors qu'Einstein en avait fait une de ses motivations pour proposer la relativité, Kurt Gödel montre que le
principe de Mach n'est pas inscrit dans les équations de la relativité générale.

Analyse
• Le siècle commence par la thèse de Lebesgue "intégrale, longueur, aire" qui constitue vraiment le début de la
théorie de la mesure. Par la suite, de nouvelles intégrales sont crées sur les traces de Lebesgue (intégrales de
Denjoy, de Perron et d'Henstock, ...). La théorie de la mesure finit par rejoindre la théorie des probabilités qui est
axiomatisée en 1933 par Kolmogorov.
• La théorie de Lebesgue mène à l'étude des espaces . Et sur les traces de Hilbert, Riesz (auteur du célèbre
théorème de représentation qui porte son nom), Banach, les opérateurs différentiels sont étudiés. C'est l'occasion
de créer la théorie des distributions, dont les prémisses avaient été données par Hadamard qui avait introduit les
parties finies dans un problème d'hydrodynamique[77] . S'illustrent ainsi Guelfand, Chilov, Schwartz, Vekua.
L'étude des conditions de régularité des solutions des équations aux dérivées partielles permet à Sergueï Sobolev
et ses continuateurs de définir ses espaces de fonctions et les théorèmes de trace en fonction des propriétés
géométriques du domaine.
• La théorie spectrales des opérateurs linéaires, notamment auto-adjoints, opérant dans un espace de Hilbert a été
commencée par David Hilbert, dans six mémoires publiés entre 1904 et 1910. Henri Weyl, de son côté fit avancer
la théorie des des équations différentielles singulières du second ordre. John Von Neumann développa le concept
de l'espace de Hilbert abstrait entre 1927 et 1929, cadre dans lequel il commença l'étude des opérateurs
auto-adjoint non bornés essentiellement pour les besoins de la théorie quantique naissante. Fréderic Riesz et M.
H. Stone développèrent la théorie spectrale et l'étendirent aux opérateurs normaux non bornés. Des applications
aux opérateurs différentiels et l'extension aux opérateurs semi-bornés symmétriques furent l'oeuvre de K. O.
Friedrichs en 1934 et Krein en 1947.
• En 1927, la théorie des corps ordonnables d'Artin-Schreier permet de clarifier la nécessité d'un argument
d'analyse dans la preuve du théorème fondamental de l'algèbre, le théorème de D'Alembert-Gauss.
Histoire des mathématiques 21

• Abandonnés depuis le formalisme de Weierstrass, vers 1850, les infiniments petits de l'époque héroïque (XVIIe
siècle) reprennent du service sous l'impulsion de Abraham Robinson en 1960 qui crée l'Analyse non standard. En
1970, Nelson ajoute à l'axiomatique classique de Zermelo-Fraenkel+axiome du choix (ZFC) un nouveau prédicat
qui lui permet d'interpréter l'analyse non standard de Robinson dans une théorie plus facile. Les résultats
démontrés dans l'analyse non standard qui s'expriment dans ZFC seul sont alors vrais dans ZFC seul.

Théorie des groupes


• La théorie des groupes occupe beaucoup de monde. Notamment les groupes finis sporadiques dont l'étude ne sera
achevée que dans les années 1980. L'étude des groupes de Lie se poursuit et l'algébrisation de la physique devient
un enjeu majeur.

Topologie
• Poincaré énonce en 1904 la conjecture qui porte son nom : « Considérons une variété compacte V simplement
connexe, à 3 dimensions, sans bord. Alors V est homéomorphe à une hypersphère de dimension 3 ». Elle sera
démontrée en 2003 par Grigori Perelman.

Equations différentielles
• Dans l'étude des équations différentielles, Painlevé découvre de nouvelles transcendantes. Son étude est continuée
par Gambier.
• Un mémoire de Dulac[78] , de 1923, contient l'énoncé qu'un champs de vecteurs X à coefficients polynomiaux du
plan possède au plus un nombre fini de cycles limites (un cycle limite est une courbe intégrale analytique fermée
et isolée de X) qui succitera beaucoup de travaux complémentaires avant de devenir le théorème de Dulac. À
l'instar de nombre de théorèmes "démontrés", la démonstration fut contestée dans les années 1960. Celle de Dulac
comportait des "trous" mis en évidence par des contre-exemples de Ilyashenko. Le théorème de Dulac devint la
conjecture de Dulac. Puis la preuve fut complétée par Jean Ecalle[79] et la conjecture de Dulac retrouva son statut
de théorème sous la forme "Pour tout champs de vecteurs analytique dans le plan, les cycles limites ne
s'accumulent pas".

Théorie des nombres


• La thèse de Cahen (1894) avait fait l'objet de nombreuses critiques. Ce fut l'occasion de nouvelles études dans les
séries de Dirichlet et la théorie des fonctions L, particulièrement par Szolem Mandelbrojt.
• Robert Daniel Carmichael découvre les nombres de Carmichael en 1909. Il faut attendre 1994 pour que Alford,
Granville et Pomerance démontrent qu'il y en a une infinité[80] . Plus précisément, ces auteurs montrent que le
nombre de nombres de Carmichael inférieurs à , , est minoré par à partir d'un certain
rang. Divers auteurs ont donné des majorations de .
• On s'attacha à simplifier les preuves du théorème des nombres premiers (Landau, Erdös et Selberg, ...) et celles du
théorème de Picard (Borel). La fonction zêta de Riemann, dans le but de démontrer l'hypothèse de Riemann, est
l'objet de très nombreuses recherches de Hardy et Littlewood, Speiser, Bohr, Hadamard, ... sans pour autant que le
mystère ne soit résolu. Titchmarsh écrit en 1951 un traité sur la théorie de la fonction de Riemann qui reste l'un
des plus complets.
• Le problème de Waring est partiellement résolu par Hilbert en 1909 qui montre l'existence de g(k) tandis que
Wieferich s'attaque à la détermination du plus petit g(k) pour un entier k donné. Le problème de la détermination
de G(k) est commencé par Hardy et Littlewood qui énoncent même une conjecture non encore démontrée. Les
majorations de G(k) données par Vinogradov ont été améliorées par Heilbronn (1936), Karatusba(1985), Wooley
(1991). On connait les valeurs de G(k) pour k compris entre 2 et 20 par les travaux de Landau, Dickson,
Wieferich, Hardy et Littlewood, ...Linnik donna une méthode de résolution du problème de Waring par une voie
Histoire des mathématiques 22

purement arithmétique en 1943, utilisant une idée de Schnirelmann.


• Viggo Brun démontre en 1919 la convergence de la série des inverses des nombres premiers jumeaux, en utilisant
une méthode issue du crible de Erathostène-Legendre qui restera comme le crible de Brun, inaugurant la méthode
du crible moderne qui se développe principalement avec Selberg.
• Une forme faible de la Conjecture de Goldbach est résolue par Vinogradov en 1936 en montrant que presque tous
les nombres entiers impairs s'écrivent comme somme de trois nombres premiers.
• André Weil démontre l'hypothèse de Riemann pour les fonctions
zeta locales en 1940 et énonce les conjectures qui portent son nom,
qui sont démontrées dans le siècle.

Andrew Wiles

• Pierre Deligne démontre, contre toute attente, la conjecture de Weil


sur les valeurs propres des endomorphismes de Frobenius en
géométrie algébrique[81]
• Des travaux de Y. Hellegouarch lient dès les années 1960 le grand
théorème de Fermat à l'arithmétique de courbes algébriques
particulières, les courbes elliptiques, mais ce n'est qu'au milieu des
années 1980, que Ken Ribet montre que démontrer la conjecture de
Shimura-Taniyama-Weil (ou conjecture modulaire), qui affirme un
lien précis entre les fonctions modulaires et les courbes elliptiques,
Pierre Deligne en 2004. Sa démonstration d'une
entraînerait le grand théorème de Fermat. Au bout de sept ans de
des conjectures d'André Weyl fut un "coup de
recherches, Andrew Wiles annonce en 1993, au cours d'une série de tonnerre dans le ciel serein de la théorie des
conférences sur les courbes elliptiques et leurs représentations lors nombres"
d'un colloque à Cambridge, la démonstration de la conjecture de
Taniyama-Shimura-Weil pour une large famille de courbes elliptiques (ce qui suffit pour le théorème de Fermat).
Un problème technique retarde plusieurs mois la mise au point de la preuve, mais fin 1994, le grand théorème de
Fermat est démontré. Peu après, la conjecture de Taniyama-Shimura-Weil est complètement démontrée.
Histoire des mathématiques 23

Graphes
• Wegener et Brendan McKay, indépendamment, montrent qu'il existe plus de 13 267 364 410 532 solutions au
problème du cavalier et Ernesto Mordecki, un mathématicien uruguayen, en 2001, a majoré le nombre des
solutions à 1,305.10^35.

Analyse complexe
• La première véritable preuve du théorème de l'application conforme de Riemann (1851) est donnée par
Constantin Carathéodory en 1912 en utilisant les surfaces de Riemann. Elle est bientôt simplifiée par Koebe. Une
autre preuve est donnée en 1922 par Fejer et Riesz, elle-même simplifiée par Ostrowski et Carathéodory.
• Bieberbach, en 1916, va émettre une conjecture généralisant le lemme de Schwarz qui ne sera définitivement
résolue que par Louis de Branges de Bourcia, après près de 70 ans de recherches, en 1985.
• Après la première guerre mondiale, la communauté mathématique française, qui avait perdu beaucoup de ses
membres, se replia sur son sujet favori: l'analyse complexe et la théorie des fonctions analytiques dont elle était la
principale instigatrice.
• La théorie des fonctions entières d'ordre infini est l'œuvre de Otto Blumenthal vers 1913.
• L'importance de la formule de Jensen s'affirme dans la théorie de la croissance initiée par Emile Borel[82] .

Logique et théorie des ensembles


• Sur la question des fondements, les mathématiciens se disputent allègrement, et des branches apparaissent sous
l'impulsion de Brouwer, de Henri Poincaré, ... Cependant la majorité de la communauté mathématique adhère à
l'axiome du choix dont Kurt Gödel montrera en 1930 que, tout comme l'hypothèse du continu, il pouvait être
ajouté aux axiomes de la théorie des ensembles de Zermelo-Fraenkel sans introduire de contradictions. En réalité,
ces deux énoncés sont indépendants des autres axiomes: ce sont des propositions indécidables (Paul Cohen,
1963). Les démonstrations de non contradictions fleurissent (sous réserve de la non contradiction de la théorie des
ensembles).
• Dans la théorie de la démonstration, on notera les travaux d'Herbrand (1930) et de Gentzen, trop vite décédés, le
premier en 1931, le second en 1945.
• On s'était demandé si toute proposition vraie, dans une axiomatique donnée, pouvait être démontrée. La réponse
est non. Le théorème d'incomplétude de Gödel (1931) énonce que toute théorie non contradictoire capable de
formaliser l'arithmétique ne permet pas de démontrer toutes les propositions vraies. Autrement dit, il existe des
tautologies indémontrables dans toute théorie capable de formaliser l'arithmétique ...
• Church invente le lambda calcul et énonce sa thèse, Turing invente la machine abstraite qui porte son nom et
Kleene précise la définition des fonctions récursives. La notion de fonction calculable est inventée. Matiyasevich
démontre qu'il n'existe pas d'algorithme qui permette de dire si une équation diophantienne est résoluble, donnant
ainsi une réponse négative aux dixième problème de Hilbert[83] . La théorie des automates et la théorie des
langages apparaissent.
• Donald Knuth publie son encyclopédie sur l'art de la programmation et crée un nouvelle discipline l'analyse
d'algorithmes.
Histoire des mathématiques 24

Probabilités
• La notion de mesure développée par Émile Borel en 1897 est
complétée par Henri-Léon Lebesgue et sa théorie de l'intégration.
[84]
Cette notion d'analyse est utilisée par les probabilistes pour une
définition plus rigoureuse de la probabilité et entre autres de la
densité de probabilité
• La première version moderne du théorème central limite est donnée
par Alexandre Liapounov en 1901 [85] et la première preuve du
théorème moderne donnée par Paul Lévy en 1910.
• En 1902, Andrei Markov introduit les chaînes de Markov[86] pour
entreprendre une généralisation de la loi des grands nombres pour
une suite d'expériences dépendant les unes des autres. Ces chaînes Donald Knuth
de Markov connaîtront de nombreuses applications, entre autres
pour modéliser la diffusion ou pour l'indexation de sites web sur Google.
• En 1933, la théorie des probabilités sort d'un ensemble de méthodes et d'exemples divers et devient une véritable
théorie, axiomatisée par Kolmogorov.
• Kiyoshi Itō met en place une théorie et un lemme qui porte son nom dans les années 1940. Ceux-ci permettent de
relier le calcul stochastique et les équations aux dérivées partielles faisant ainsi le lien entre analyse et
probabilités. Le mathématicien Wolfgang Döblin avait de son côté ébauché une théorie similaire avant de se
suicider à la défaite de son bataillon en juin 1940. Ses travaux furent envoyés à l'Académie des sciences dans un
pli cacheté qui ne fut ouvert qu'en 2000.

Analyse numérique
• Richard Courant introduit les éléments finis en 1940 qui servent à la résolution numérique d'équations aux
dérivées partielles. Cette méthode ne prendra véritablement son essor qu'avec l'informatique et des procédés de
maillage performant et adaptés, ce qui n'apparaîtra pas avant les années 1980.
• La méthode de Monte-Carlo se développe, sous l'impulsion de John von Neumann et Stanislas Ulam notamment,
lors de la Seconde Guerre mondiale et des recherches sur la fabrication de la bombe atomique. Elles sont
dénommées ainsi par allusion aux jeux de hasard pratiqués à Monte-Carlo. Ces méthodes probabilistes servent à
la résolution numérique d'équations aux dérivées partielles, d'équations différentielles stochastiques, et
d'estimations d'intégrales multiples.

Paradoxes apparents et curiosités


• Si l'acceptation de l'axiome du choix permet de démontrer l'existence de bases dans les espaces vectoriels de
dimension infinie, notamment les espaces de Hilbert, cela a aussi des conséquences plus étranges, comme le
paradoxe de Banach-Tarski : il existe un découpage d'une sphère parfaite en cinq morceaux tel qu'avec les
morceaux on puisse reconstituer deux sphères parfaites de même diamètre que la première.
• D'autres curiosités, comme le théorème du retournement de la sphère de Smale (qui utilise l'axiome du choix) sont
démontrées.
Histoire des mathématiques 25

Voir aussi

Liens internes
• Histoire des sciences
• Mathématiques
• Chronologie de l'algèbre
• Histoire de l'analyse fonctionnelle
• YBC 7289 tablette d'argile babylonnienne

Liens externes
• (fr) Liens sur l'histoire des mathématiques (2) [87]
• (fr) Histoire des mathématiques à Béjaia [88]
• (fr) Dans la lettre de l'Académie des sciences"Histoire et philosophie des sciences" (pdf 2,12 Mo) - n°14 / hiver
2004 [89]: Mathématiques de la Chine ancienne
• (en) Site de l'Université de St Andrews [90]
• (fr) Site recensant les étymologies des concepts mathématiques [91]
• (fr) Page de CNRS Éditions à propos de l'ouvrage La Mathématique [92]

Bibliographie
• Karine Chemla, Guo Shuchun, Neuf Chapitres. Le Classique de la Chine ancienne et ses commentaires. Edition
critique"
• Jean-Paul Collette, Histoire des mathématiques, éditions du Renouveau Pédagogique Inc., Montréal, 1973.
• Georges Ifrah, Histoire universelle des chiffres
• Collectif (Sir Michael F. Atiyah, Alain Connes, Freeman J. Dyson, Yuri I. Manin, David B. Mumford), La
Mathématique, les temps et les lieux, CNRS Éditions, Paris, 2009.
• Jean C. Baudet, Nouvel Abrégé d'histoire des mathématiques, Vuibert, Paris, 2002.
• Sylvia Couchoud, Mathématiques Égyptiennes. Recherches sur les connaissances mathématiques de l’Égypte
pharaonique, éditions Le Léopard d’Or, 2004. Le livre reproduit les hiéroglyphes, donne leur traduction et
procède à un examen critique du texte.
• Denis Guedj, Le théorème du perroquet.
• Maurice Mashaal, « Les mathématiques », in Histoire des sciences (dir. P. de la Cotardière), pp. 19-104,

Références
[1] La grande aventure de l'humanité, Arnold Toynbee, chap. 6
[2] Babylonian expedition voir ce document (http:/ / www-dapnia. cea. fr/ Phocea/ file. php?class=std& file=Seminaires/ 1421/ t1421_1. pdf)
[3] La tablette YBC 7289 prouve qu'ils connaissaient une valeur approchée de la racine carrée de deux au millionième près
[4] tablettes de Nippur
[5] Par exemple, la tablette Plimpton 322
[6] Babylonian mathematics (http:/ / www-history. mcs. st-andrews. ac. uk/ HistTopics/ Babylonian_mathematics. html)
[7] Les mathématiques et l'astronomie babyloniennes dans Les sciences exactes dans l'Antiquité de O. NEUGEBAUER
[8] Maurice Mashaal, p. 23 et p. 26.
[9] Sylvia Couchoud, Mathématiques Égyptiennes. Recherches sur les connaissances mathématiques de l’Égypte pharaonique, éditions Le
Léopard d’Or, 2004, pp. 61-65.
[10] Seules les données archéologiques apportent des informations sur leur organisation.
[11] Marcia Ascher, Mathématiques d'ailleurs, Nombres, Formes et Jeux dans les sociétés traditionnelles, Éditions du Seuil, 1998.
[12] Maurice Mashaal, p. 51.
[13] Van Egmond, Warren, The Commercial Revolution and the beginnings of Western Mathematics in Renaissance Florence, 1300-1500, éd.
University of Michigan UMI Dissertation Services, Ann Arbor, Michigan, États-Unis, 628 p.
Histoire des mathématiques 26

[14] Amy Dahan-Dalmedico, Jeanne Peiffer, Une Histoire des mathématiques - Routes et dédales, Seuil, coll. « Points Sciences », 1986 (ISBN
2020092380) p 199
[15] Controverse entre Leibniz et Jean Bernouilli sur les logarithmes des nombres négatifs ou imaginaires - 1712
[16] Routes et Dédales, p 251
[17] Jacques Bouveresse, Jean Itard, Émile Sallé, Histoire des mathématiques , p 52
[18] Léonard Euler, Variae observationes circa series infinitas, théorème 7, Commentarii academiae scientiarum Petropolitanae 9, (1744),
160-188, ou Opera Omnia, Series 1, Volume 14, 217 - 244. Téléchargeable à (http:/ / www. math. dartmouth. edu/ ~euler/ docs/ originals/
E072. pdf)
[19] Histoire des mathématiques (Bouveresse, Itard, Sallé) p 52
[20] Routes et dédales, p 112
[21] Routes et dédales, p 114
[22] Histoire des mathématiques (Bouveresse, Itard, Sallé) p 74
[23] Waring, meditationes algebricae, 1770, p203-204
[24] Charles Delaunay,Théorie du mouvement de la lune, 1860-1867, http:/ / resolver. sub. uni-goettingen. de/ purl?PPN374745188
[25] H. Faye, Discours aux funérailles, 1872
[26] CRAS, 10 novembre 1845, 1er juin 1846, 31 août 1846
[27] Appell, cours de mécanique rationnelle, T2
[28] Husson, thèse, 1906
[29] Bruno Belhoste « La formation d'une technocratie. L'École polytechnique et ses élèves de la Révolution au Second Empire » p. 222. Belin,
Collection Histoire de l'éducation.
[30] Nouvelle correspondance mathématique, T2, 1852
[31] Monge, Géométrie descriptive, Paris, Baudouin, An VII(1799)
[32] Pour une démonstration d'après Hurwitz voir Valiron, théorie des fonctions, Masson, Paris,1942
[33] Berger, Géométrie
[34] Hilbert, Vergleichende Betrachtungen über neuere geometrische Forschungen, Programm zum Eintritt in die philosophische Facultät und
den Senat der k. Friedrich-Alexander-Universität zu Erlangen, 1872
[35] Cité par Cauchy et repris par H. Laurent, Théorie des résidus,1865 et par Laisant, Exposition de la méthode des équipollences [de
Bellavitis], 1878
[36] Wessel, Essai sur la représentation analytique de la direction, 1797
[37] Argand, Essai sur une manière de représenter des quantités imaginaires dans les constructions géométriques,1806
[38] Mourey, La vraie théorie des quantités négatives et des quantités prétenduement imaginaires, 1828
[39] Legendre,Nouvelles méthodes pour la détermination des orbites des comètes, Appendice: sur la méthodes des moindres
carrés,Paris,Courcier, 1805
[40] Legendre, Méthodes des moindres carrés, lu le 24 février 1811
[41] Gauss, Theoria motus corporum coelestium in sectionibus conicis solem ambientium, 1809
[42] http:/ / statbel. fgov. be/ info/ quetelet_fr. asp, une biographie de Quételet
[43] Lettre de De Morgan à Hamilton du 23 octobre 1852
[44] dans diverses communications de 1878-1879 à la société mathématique de Londres et à la société de géographie.
[45] Sur le problème des trois corps et les équations de la dynamique. Acta Mathematica XIII, 1890,1-270
[46] un mémoire de Poisson de 1813 explique une curiosité mathématique des fonctions réelles par un contournement de la singularité réelle dans
le plan complexe. On n'est qu'à un pas du théorème des résidus
[47] http:/ / gallica. bnf. fr/ ark:/ 12148/ bpt6k99474n
[48] http:/ / gallica. bnf. fr/ ark:/ 12148/ bpt6k994750
[49] http:/ / gallica. bnf. fr/ ark:/ 12148/ bpt6k99476b
[50] http:/ / gallica. bnf. fr/ ark:/ 12148/ bpt6k994828
[51] http:/ / gallica. bnf. fr/ ark:/ 12148/ bpt6k99483m
[52] http:/ / gallica. bnf. fr/ ark:/ 12148/ bpt6k99571w
[53] http:/ / gallica. bnf. fr/ ark:/ 12148/ bpt6k29058v
[54] http:/ / gallica. bnf. fr/ ark:/ 12148/ bpt6k99381n
[55] http:/ / gallica. bnf. fr/ ark:/ 12148/ bpt6k996370
[56] http:/ / gallica. bnf. fr/ ark:/ 12148/ bpt6k77831k
[57] http:/ / gallica. bnf. fr/ ark:/ 12148/ bpt6k778307
[58] http:/ / gallica. bnf. fr/ ark:/ 12148/ bpt6k77832x
[59] http:/ / gallica. bnf. fr/ ark:/ 12148/ bpt6k99561k
[60] http:/ / gallica. bnf. fr/ ark:/ 12148/ bpt6k29061r
[61] http:/ / gallica. bnf. fr/ ark:/ 12148/ bpt6k290623
[62] http:/ / gallica. bnf. fr/ ark:/ 12148/ bpt6k29060d
[63] http:/ / gallica. bnf. fr/ ark:/ 12148/ bpt6k841465
[64] http:/ / gallica. bnf. fr/ ark:/ 12148/ bpt6k84147h
Histoire des mathématiques 27

[65] http:/ / gallica. bnf. fr/ ark:/ 12148/ bpt6k7348q


[66] http:/ / gallica. bnf. fr/ ark:/ 12148/ bpt6k7350h
[67] http:/ / gallica. bnf. fr/ ark:/ 12148/ bpt6k996866
[68] http:/ / gallica. bnf. fr/ ark:/ 12148/ bpt6k29024j
[69] http:/ / gallica. bnf. fr/ ark:/ 12148/ bpt6k29025w
[70] http:/ / gallica. bnf. fr/ ark:/ 12148/ bpt6k290267
[71] http:/ / gallica. bnf. fr/ ark:/ 12148/ bpt6k996986
[72] http:/ / gallica. bnf. fr/ ark:/ 12148/ bpt6k86261t
[73] http:/ / gallica. bnf. fr/ ark:/ 12148/ bpt6k88764q
[74] http:/ / gallica. bnf. fr/ ark:/ 12148/ bpt6k426107
[75] Estanave, Nomenclature des thèses de sciences mathématiques soutenues en France dans le courant du XIXe siècle, Paris, Gauthier-Villars,
1903
[76] Leonard Dickson, Linear Groups With an Exposition of the Galois Field Theory, 1901
[77] Hadamard, Leçons sur la propagation des ondes et les équations de l'hydrodynamique, Paris, 1903
[78] Dulac, Sur les cycles limites, Bulletin de la société mathématique de France,T51,p45,1923
[79] Jean Ecalle, Introduction aux fonction analysables et preuve constructive de la conjecture de Dulac, Hermann, 1992
[80] W. R. Alford, A. Granville and C. Pomerance, There are infinitely many Carmichael numbers, Annals of Mathemtics, 140 (1994), 703-722.
[81] Pierre Deligne, La conjecture de Weil:I. Publications mathématiques de l'IHÉS n°43, Paris, 1974, 273-307.
[82] Borel,Leçons sur la théorie de la croissance,Paris, Gauthier-Villars,1910
[83] Matiiassevitch, Le dixième problème de Hilbert, son indécidabilité,Paris, Masson, 1995
[84] http:/ / www. cict. fr/ ~stpierre/ histoire/ node4. html histoire des probabilités de Borel à la seconde guerre mondiale
[85] Entre De Moivre et Laplace (http:/ / ljk. imag. fr/ membres/ Bernard. Ycart/ smel/ articles/ etoiles/ cadre_etoiles. html)
[86] DicoMaths : Chaine de Markov (http:/ / www. bibmath. net/ dico/ index. php3?action=affiche& quoi=. / m/ markov. html)
[87] http:/ / noe-education. org/ D1114. php3
[88] http:/ / www. gehimab. org
[89] http:/ / www. academie-sciences. fr/ publications/ lettre/ pdf/ lettre_14. pdf
[90] http:/ / www-groups. dcs. st-and. ac. uk/ ~history/
[91] http:/ / trucsmaths. free. fr/ etymologie. htm
[92] http:/ / www. cnrseditions. fr/ ouvrage/ 6140. html

Mathématiques préhistoriques
Les → mathématiques préhistoriques sont par essence mal connues. En effet, l'activité mathématique étant
intellectuelle, elle ne laisse que rarement des traces exploitables par l'archéologie. Par exemple, on peut imaginer que
l'homme a très tôt su compter sur les doigts ou imaginer des formes géométriques, mais rien ne permet de le prouver.
De plus, les rares documents disponibles doivent être interprétés, ce qui est souvent malaisé : tel os marqué de treize
traits est-il le signe de la connaissance des nombres premiers, un calendrier lunaire, un comptage d'objets ?
Depuis la fin du XXe siècle cependant, la découverte de très anciens artefacts, l'avènement de l'ethnomathématiques
(qui étudie notamment les activités mathématiques ou apparentées chez des peuples ne pratiquant pas l'écriture) ou la
pédopsychologie (en étudiant l'apprentissage des mathématiques chez le jeune enfant) ont permis d'éclairer cette
période peu connue de l'→ histoire des mathématiques. Cependant, les résultats obtenus sont à prendre avec
précaution et souvent controversés[1] .
De plus l'élaboration d'une activité mathématique semble fortement liée à l'écriture (les premières traces écrites
connues contiennent des nombres[2] ) donc sort rapidement de la période préhistorique.
Mathématiques préhistoriques 28

L'os d'Ishango
L'exemple le plus frappant de la difficulté d'interpréter des traces
archéologiques mathématiques scientifiquement, sans se laisser
dépasser par l'imagination, est sans doute l'os d'Ishango[3] .
Il s'agit d'un fragment d'os de 10 cm de long découvert en 1950 dans la
région d'Ishango, dans l'actuelle République démocratique du Congo
par une équipe de fouilles belge. Cet os très ancien — il a été daté Deux vues de l'os d'Ishango
d'environ vingt mille ans avant le présent — porte des entailles
régulièrement espacées réparties sur trois colonnes. Il a été exhumé avec d'autres objets d'une culture mésolithique
mais est le seul de ce type, ce qui exclut toute comparaison, technique souvent féconde en archéologie. Il est
conservé à l'Institut royal des Sciences naturelles de Belgique. Le fait que les entailles soient regroupées et très
régulièrement espacées fait immédiatement penser à la représentation de nombres.

De multiples interprétations en ont été faites : pour son inventeur, il prouverait une connaissance des nombres
premiers, voire de l'arithmétique ; on y voit des opérations[4] . D'autres l'ont interprété comme un calendrier lunaire
ou plus simplement comme un bâton de comptage. On y a vu un signe de numération[5] c'est-à-dire un prémisse de
l'écriture, plus de dix mille ans avant la Mésopotamie. Ces nombreuses et parfois fantaisistes[6] interprétations ont eu
un fort impact médiatique, au point que ce petit os « est devenu l’emblème des Sciences et de la Recherche en
Région de Bruxelles-Capitale »[7] pour une opération Ishango destinée à promouvoir la science.
Ainsi, le site ishango.be consacré à l'opération Ishango[8] pose-t-il la question « Et si les mathématiques étaient nées,
il y a 20 000 ans sur les rives des Grands Lacs africains ? » puis énumère différentes interprétations avant de
conclure : « L'hypothèse est donc fascinante mais elle doit rester avant tout, faute d'autres preuves, sujet de
méditation. » Cependant, le fait même que cet objet soit mathématique est sujet à caution[9] .

En Mésopotamie

Géométrie
Les premières figures impliquant des carrés et des cercles entremêlés
e
sont attestées sur des poteries du VI  millénaire av. J.-C. en
Mésopotamie[10] .

Des calculi à l'écriture Une des premières traces d'écriture. On peut


remarquer les marques de comptage en forme de
Huit mille ans avant Jésus-Christ, l'essor rapide des cités-états triangle, notamment en haut à droite.
mésopotamiennes du néolithique incitèrent les habitants à utiliser des
jetons en argile (ou calculi) de différentes formes pour dénombrer des objets lors de transactions commerciales[11] .
Ce système évolua peu à peu pour donner naissance à l'écriture[12] . Les calculi, à l'origine simples formes coniques,
devinrent plus complexes, décorés, et insérés dans des enveloppes d'argile séchée.
Ce procédé était destiné à vérifier la justesse des transactions[13] Ainsi, si une personne A doit envoyer six chèvres à
une personne B, elle confie les six chèvres à un intermédiaire avec une enveloppe contenant six calculi. À l'arrivée,
la personne B casse l'enveloppe et peut ainsi vérifier que le nombre de chèvres est le bon.
Comment savoir si le nombre six désigne bien six chèvres et non cinq chèvres et un mouton ? La forme des calculi
intervient : chaque type d'objet est lié à une forme de calculus. Ainsi, si l'expéditeur envoie cinq chèvres et un
mouton, l'enveloppe devra contenir cinq calculi de type « chèvre » et un calculus de type « mouton ».
Mathématiques préhistoriques 29

Mais ce système n'est pas encore parfait : comment être sûr que l'enveloppe a bien été scellée par A ? Les enveloppes
sont cachetées avec des sceaux-cylindres qui identifient l'expéditeur.
À la fin de IVe millénaire av. J.-C., la forme des calculi est imprimée sur l'enveloppe d'argile encore fraîche : ainsi, il
n'est plus nécessaire de briser cette enveloppe pour connaître son message[14] . Puis on se rend compte qu'il n'est plus
nécessaire d'envelopper des calculi, puisque leur forme est représentée sur l'enveloppe. On se contente donc d'une
tablette sur laquelle est apposée le sceau-cylindre signature et un certain nombre de pictogrammes représentant la
quantité et la qualité de marchandise (cinq pictogrammes « chèvres » pour désigner cinq chèvres). L'écriture est
probablement née ainsi.
C'est la relative continuité de l'évolution des calculi aux pictogrammes (qui, rappelons-le, sont au début des
impressions de calculi) qui a permis aux archéologues de reconstituer de façon relativement assurée la signification
de ces premières formes d'argiles simples datées du VIIIe millénaire av. J.-C..

Ethnomathématiques
L'ethnomathématique est une jeune science qui étudie les activités mathématiques ou pseudo-mathématiques dans
divers groupes sociaux, notamment les peuples actuels qui n'utilisent pas l'écriture. Contrairement à ce qu'on pourrait
penser de prime abord, elle ne nous éclaire pas directement sur les mathématiques préhistoriques, mais permet plutôt
d'infirmer certaines hypothèses[15] .
Par exemple une étude[16] de Pierre Pica sur les amérindiens Mundurucus montre que ce peuple n'opère que
difficilement avec de petits nombres entiers, alors que leur capacité à évaluer de grands nombres est égale à celle
d'Européens ayant suivi une scolarité. Ainsi, l'a priori suivant lequel un peuple découvrirait les nombres par ordre
croissant est erroné. On ne peut s'appuyer dessus pour étudier les documents archéologiques.

Sources et notes

Références
[1] Préhistoire de la géométrie : le problème des sources (http:/ / www. reunion. iufm. fr/ recherche/ irem/ telecharger/ Keller/ Keller3. pdf),
article d'Olivier Keller.
[2] La notation des nombres (http:/ / mediamaths. fr/ pdf/ numeration. pdf), É. Cousquer.
[3] Dans Préhistoire de la géométrie : le problème des sources (http:/ / www. reunion. iufm. fr/ recherche/ irem/ histoire/
préhistoire_de_la_géométrie. htm), l'historien des mathématiques O. Keller écrit « le plus caricatural ».
[4] Site de l'Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (http:/ / www. naturalsciences. be/ expo/ old_ishango/ fr/ )
[5] Les os incisés d'Ishango font naître la numération en Afrique (http:/ / www. lemonde. fr/ cgi-bin/ ACHATS/ acheter. cgi?offre=ARCHIVES&
type_item=ART_ARCH_30J& objet_id=978708), Le Monde, 1er mars 2007.
[6] Le mot est d'O. Keller, dans l'article cité ci-dessus.
[7] Opération Ishango (http:/ / www. ishango. be/ fr2008/ )
[8] http:/ / www. ishango. be/ fr2008/ ?page=baton2
[9] Le site de référence en la matière (http:/ / www-history. mcs. st-and. ac. uk/ history/ Indexes/ HistoryTopics. html), de l'université de St
Andrews, n'y fait aucune allusion.
[10] (en) Eleanor Robson, Mathematics in Ancient Iraq: a Social History, Princeton University Press, 2008, 442 p. (ISBN 9780691091822),
conclusion du ch. 2.
[11] (en)Voir http:/ / www. ancientscripts. com/ cuneiform. html ou (en) Eleanor Robson, Mathematics in Ancient Iraq: a Social History,
Princeton University Press, 2008, 442 p. (ISBN 9780691091822), chap. 2
[12] Des calculi à l’écriture cunéiforme (http:/ / classes. bnf. fr/ dossiecr/ in-cunei. htm).
[13] Des calculi à l’écriture cunéiforme (http:/ / classes. bnf. fr/ dossiecr/ in-cunei. htm).
[14] Des calculi à l’écriture cunéiforme (http:/ / classes. bnf. fr/ dossiecr/ in-cunei. htm).
[15] Préhistoire de la géométrie : le problème des sources. (http:/ / www. reunion. iufm. fr/ recherche/ irem/ histoire/
préhistoire_de_la_géométrie. htm) Où les hypothèses sur l'os d'Ishango semblent contredites par des bâtons analogues utilisés par les
aborigènes d'Australie.
[16] Cognition et capacités arithmétiques : ce que nous apprennent les Indiens Mundurucus (http:/ / ist. inserm. fr/ basispresse/ CPS/ CPS2004/
15octobre2004. pdf), site de l'INSERM
Mathématiques babyloniennes 30

Mathématiques babyloniennes
Les mathématiques babyloniennes sont les
mathématiques pratiquées par les peuples de l'ancienne
Mésopotamie (dans l’Irak actuel), depuis l'époque des
Sumériens jusqu'à la chute de Babylone en 539 av. J.
Chr.. Alors que l'on ne dispose que de très rares sources
sur les mathématiques en Égypte antique, notre
connaissance des mathématiques babyloniennes
s'appuie sur environ 400 tablettes d'argile mises au jour
depuis les années 1850. Écrites en cunéiforme, ces
tablettes furent travaillées sur de l'argile encore humide,
puis cuites dans un four ou séchées au soleil.La plupart
des tablettes qui nous sont parvenues datent de 1800 à
1600 av. J. Chr., et traitent de fractions, d’équations
algébriques (équations du second degré et du troisième
degré), de calculs d'hypoténuse et de triplets
Photographie de la tablette YBC 7289 annotée. Les nombres écrits
pythagoriciens voire, peut-être, de certaines lignes dans le système babylonien donnent la racine carrée de 2 avec quatre
trigonométriques (cf. notamment la tablette Plimpton chiffres sexagésimaux significatifs, soit près de six chiffres décimaux
322). La tablette YBC 7289 fournit une approximation :
1 + 24/60 + 51/602 + 10/603 = 1.41421296...(crédit : Bill Casselman).
de précise à six décimales près.

Numération babylonienne
Le système de numération en usage chez les Babyloniens était de type sexagésimal (« base 60 »). C'est d'ailleurs des
Babyloniens que nous avons hérité l'usage de diviser les heures en soixante minutes, et chaque minute en 60
secondes, et aussi de diviser la circonférence d'un cercle en 360 (60×6) degrés. Le développement des
mathématiques chez les Babyloniens tient à deux choses ; tout d'abord, au fait que le nombre 60 est un nombre
hautement composé, dont les nombreux diviseurs : 2, 3, 4, 5, 6, 10, 12, 15, 20, et 30, facilitent les calculs de
fractions[1] ; ensuite, à ceci que, contrairement aux Égyptiens et aux Romains, les Babyloniens (comme plus tard les
Indiens) disposaient d'un authentique système à numération de position[2] , où les chiffres les plus à gauche
représentent les plus grandes valeurs (exactement comme dans notre système décimal : 734 = 7×100 + 3×10 + 4×1).

Deux signes étaient utilisés : pour désigner l'unité et pour la dizaine. On écrivait plusieurs pour les
nombres jusqu'à neuf et plusieurs pour les dizaines, jusqu'à cinq dizaines. Il est à noter que les Babyloniens
écrivaient de la même manière les nombres égaux à un facteur 60 près.
Exemple :
• pour 9 ou 9×60 ou 9×60×60 ou 9⁄60, etc.
• pour 17 ou 17×60, etc.
• pour 89, ou 89⁄60, etc.
Mathématiques babyloniennes 31

Les mathématiques sumériennes (3000-2300 av. J. Chr.)


Les premières traces d'écrits mathématiques remontent aux anciens Sumériens, qui développèrent la première
civilisation de Mésopotamie. Il mirent au point une métrologie élaborée dès 3000 av. J. Chr. À partir de 2600 av. J.
Chr., ils dressent des tables de multiplication sur des tablettes d'argile[3] et mettent par écrit des énoncés de
problèmes géométriques et de division. C'est aussi de cette période que datent les premiers témoignages de
numération Babylonienne[4] .

Les mathématiques dans l'ancienne Babylonie (2000-1600 av. J. Chr.)


C’est à la période paléo-babylonienne que se rattachent la plupart des tablettes à contenu mathématique, ce qui
explique d'ailleurs pourquoi on a coutume d'appeler les mathématiques de Mésopotamie « mathématiques
babyloniennes ». Certaines tablettes comportent des listes ou des tableaux de nombres, d'autres des énoncés de
problèmes et leur solution.

Arithmétique

Multiplication
Les Babyloniens utilisaient massivement les tables numériques pour le calcul et la résolution de problèmes
d'arithmétique. Par exemple, deux tablettes trouvées à Senkerah sur l’Euphrate en 1854, datées de 2000 av. J. Chr.,
sont des listes des carrés d’entiers jusqu'à 59 et de cubes jusqu’à 32. Les Babyloniens s'en servaient pour effectuer les
multiplications, avec les identités :

Division
Les Babyloniens ne posaient pas de division. Pour ce genre de calcul, ils se ramenaient au produit :

et recouraient à une table d’inverses. L’inverse des nombres n'ayant comme facteurs premiers que 2, 3 ou 5 (appelés «
nombres 5-lisses » ou « nombres réguliers ») s'écrit avec un nombre fini de chiffres en écriture sexagésimale : or on a
retrouvé un grand nombre de tables donnant les inverses de tels nombres entiers.
Il faut se souvenir que pouvait désigner aussi bien ce que nous noterions 1 que 60 ou 60². Deux nombres étaient
inverses l'un de l'autre lorsque leur produit était une puissance de soixante. Ainsi, l'« inverse » de (2) était
(30) car 2×30 = 60. La table d'inverses classique était :
2 30 16 3,45 45 1,20
3 20 18 3,20 48 1,15
4 15 20 3 50 1,12
5 12 24 2,30 54 1, 6,40
6 10 25 2,24 1 1
8 7,30 27 2,13,20 1, 4 56,15
9 6,40 30 2 1,12 50
10 6 32 1,52,30 1,15 48
12 5 36 1,40 1,20 45
15 4 40 1,30 1,21 44,26,40
Mathématiques babyloniennes 32

où 6,40, qui désigne 6×60+40 est mis en relation avec 9 car 9×(6×60+40) = 3600 = 60². Donc 9 est l'inverse de
6×60+40 au sens babylonien du terme
Au contraire, des inverses comme 1/7, 1/11, 1/13, etc. n'ont pas de représentation finie en écriture sexagésimale.
Pour calculer 1/13 ou pour diviser un nombre par 13, les Babyloniens recouraient à une approximation de la forme
\dfrac{1}{13} = \dfrac{7}{91} = 7 \times \dfrac {1}{91} \approx 7 \times \dfrac{1}{90}=7 \times
\dfrac{40}{3600}.
[réf. nécessaire]

Algèbre
Outre les calculs d'arithmétique, les mathématiciens Babyloniens imaginèrent aussi des algorithmes pour résoudre
certaines équations algébriques. Là encore, ils recouraient à des tables numériques.
Pour résoudre une équation du second degré, les Babyloniens se ramenaient fondamentalement à la forme canonique

où les coefficients b et c ne sont pas nécessairement des entiers, mais où c est toujours positif. Ils savaient que la
solution positive (la seule qui avait un sens pour eux) à une équation de cette forme s'obtient par la formule

et se servaient de tables de carrés pour trouver les racines carrées intervenant dans cette formule. Parmi les énoncés
concrets pouvant se ramener à ce type de calcul, il y avait celui demandant de trouver les dimensions d’un rectangle
connaissant sa surface et l’excédent de sa longueur sur sa largeur.
Certaines équations du troisième degré pouvaient être résolues à l'aide de tables de n3+n2. Par exemple, soit
l’équation

Multipliant l’équation par a2 et la divisant par b3, on obtient

Substituant y = ax/b, cela donne

équation que l'on peut résoudre en consultant une table de n3+n2 pour trouver la valeur la plus proche du second
membre. Les Babyloniens exécutaient ces calculs sans véritablement poser les opérations algébriques, ce qui
témoigne d'une remarquable capacité de concentration. Cependant, ils n'avaient pas d'algorithme général pour
résoudre une équation du troisième degré quelconque.

Géométrie
Il est possible que les Babyloniens aient disposé de règles générales pour calculer la surface et le volume de certaines
figures géométriques. Ils calculaient la circonférence du cercle en prenant trois fois le diamètre, et la surface du
cercle en prenant un douzième du carré de la circonférence, ce qui revient à prendre pour π la valeur que l'on trouve
aussi dans la Bible, à savoir 3. Le volume d'un cylindre était calculé en formant le produit de sa base par sa hauteur ;
par contre, le calcul du volume du cône tronqué ou de la pyramide à base carrée était incorrect : les Babyloniens
formaient le produit de la hauteur par la demi-somme (c'est-à-dire la moyenne) des bases. Ils connaissaient le
théorème de Pythagore en tant que formule, sans que l'on ait trace d'une démonstration en tant que telle. On a
découvert récemment une tablette où l'on prend pour π la valeur 3 + 1/8. Les Babyloniens mesuraient les distance en
Mathématiques babyloniennes 33

utilisant le mille babylonien, représentant environ 10 km. Cette unité de mesure avait un équivalent horaire, ce qui
permettait de convertir les positions du Soleil dans le ciel en heure du jour[5] .

Trigonométrie
Si les anciens Babyloniens connaissaient depuis des siècles l’égalité des rapports entre les côtés de triangles
semblables, le concept d’angle leur était étranger : aussi se ramenaient-ils à des considérations sur les longueurs des
côtés[6] .
Les astronomes babyloniens tenaient une chronique précise des levers et couchers des étoiles, du mouvement des
planètes et des éclipses solaires et lunaires, autant de précisions qui supposent une familiarité avec les distances
angulaires mesurées sur la sphère céleste[7] .
Les Babyloniens paraissent avoir été les premiers à utiliser les lignes trigonométriques, comme en témoigne une
table de nombres portés sur une tablette en écriture cunéiforme, la Tablette Plimpton 322 (circa 1900 BC), qu'on peut
interpréter comme une table trigonométrique de sécantes[8] .
Avec la redécouverte de la civilisation babylonienne, il est apparu que les mathématiciens et les astronomes grecs de
la période classique et hellénistique, en particulier Hipparque de Nicée, ont beaucoup emprunté aux Chaldéens.
Franz Xaver Kugler, par exemple, a montré[9] la chose suivante : Ptolémée, dans l’Almageste, indique[10]
qu’Hipparque a corrigé la durée des phases de la Lune transmises par « des astronomes encore plus anciens » en
rapportant les observations des éclipse faite auparavant par « les Chaldéens » aux siennes. Or, Kugler a montré que
les périodes que Ptolémée attribue à Hipparque étaient déjà utilisées dans des éphémérides babyloniens, à savoir le
recueil nommé « Système B » (parfois attribué à Kidinnu). Apparemment, Hipparque s'est borné à confirmer par ses
observations l'exactitude des valeurs de périodes qu'il avait lues dans les écrits des Chaldéens.
Il est évident qu’Hipparque (et Ptolémée à sa suite) disposait d'une liste complète des observations d’éclipses sur
plusieurs siècles. Celles-ci avaient très probablement été compilées à partir des « tablettes-journaux », tablettes
d'argile contenant toutes les observations significatives effectuées au jour le jour par les Chaldéens. Les exemplaires
préservés datent de 652 av. J. Chr. à 130 de notre ère, mais les événements célestes qui y sont consignés remontent
très probablement au règne du roi Nabonassar : car Ptolémée fait commencer sa chronologie au premier jour du
calendrier égyptien, la première année du règne de Nabonassar, c’est-à-dire le 26 février 747 av. J. Chr.
Il n'a pas dû être facile d'exploiter toute cette masse d'observations, et il n'est pas douteux que les Chaldéens
eux-mêmes se servaient de tables abrégées contenant, par exemple, uniquement les éclipses observées (on a trouvé
quelques tablettes portant une liste de toutes les éclipses sur une période correspondant à un « saros »). Ces tables
leur permettaient déjà de constater le retour périodique de certains phénomènes. Parmi les périodes utilisées dans le
recueil du « Système B » (cf. Almageste IV.2), on trouve :
• 223 mois (synodiques) = 239 passages au périgée (mois anomalistique) = 242 passages sur la ligne des nœuds
(mois draconitique). Cette période est appelée période de saros : elle est très pratique pour calculer les périodes
d'occurrence des éclipses.
• 251 mois (synodiques)= 269 passages au périgée
• 5458 mois (synodiques)= 5923 passages à la ligne des nœuds
• 1 mois synodique = 29;31:50:08:20 jours (dans le système sexagésimal; 29.53059413… jours en numération
décimales = 29 jours 12 heures 44 min 3⅓ s)
Les Babyloniens exprimaient toutes les périodes en mois synodiques, probablement parce qu'ils utilisaient un
calendrier luni-solaire. Le choix des intervalles entre les phénomènes célestes périodiques survenant en l'espace
d'une année donnait différentes valeurs pour la longueur d'une année.
De même, on connaissait plusieurs relations entre les périodes des planètes. Les relations que Ptolémée attribue à
Hipparque[11] avaient déjà servi pour des prédictions retrouvées sur des tablettes babyloniennes.
Mathématiques babyloniennes 34

Toutes ces connaissances passèrent aux Grecs, sans doute peu après la conquête d’Alexandre le Grand (-331). Selon
le philosophe Simplicius (début du VIe siècle), Alexandre avait ordonné la traduction des éphémérides
astronomiques chaldéens, et en avait confié la supervision à son biographe Callisthène d’Olynthos, qui les envoya à
son oncle Aristote. Si Simplicius ne nous offre qu'un témoignage tardif, son récit n'en est pas moins fiable, car il
passa quelques temps en exil à la cour des Sassanides, et a pu avoir accès à des sources documentaires ayant disparu
en Occident. Ainsi il est frappant qu'il emploie le titre tèresis (en grec: « veille »), étrange pour un livre d'histoire,
mais qui constitue une traduction précise du babylonien massartu qui signifie « monter la garde » mais également «
observer ». Quoi qu'il en soit, c’est vers cette époque que Calippe de Cyzique, un élève d’Aristote, proposa l’emploi
d'un cycle de 76 ans, qui améliore le cycle de Méton, d'une durée de 19 ans. Il faisait démarrer la première année de
son premier cycle au solstice d’été (28 juin) de l'an 330 av. J. Chr. (date julienne prolepse), mais par la suite il semble
qu'il ait compté les mois lunaire à partir du mois suivant la victoire d’Alexandre à la bataille de Gaugamèles, à
l'automne 331 av. J. Chr. Ainsi, Calippe a pu obtenir ses données de sources babyloniennes, et il est donc possible
que son calendrier soit antérieur à celui de Kidinnu. On sait par ailleurs que le prêtre babylonien connu sous le nom
de Bérose écrivit vers 281 av. J. Chr. une histoire (à caractère plutôt mythologique) en grec de la Babylonie, les
Babyloniaca, dédiées au nouveau monarque Antiochos Ier ; et l’on dit qu’il fonda par la suite une école d’astrologie
sur l’île grecque de Cos. Parmi les autres auteurs qui ont pu transmettre aux Grecs les connaissances babyloniennes
en astronomie-astrologie, citons Sudines qui vivait à la cour du roi Attale Ier Sôter à la fin du IIIe siècle av. J.-C..
Quoiqu’il en soit, la traduction de ces annales astronomiques exigeait une connaissance profonde de l’écriture
cunéiforme, de la langue et des méthodes, de sorte qu’il est vraisemblable qu'on a confié cette tâche à un Chaldéen
dont le nom ne nous est pas parvenu. Les Babyloniens, en effet, dataient leurs observations dans leur calendrier
luni-solaire, dans lequel la durée des mois et des années n'est pas fixe (29 ou 30 jours pour les mois ; 12 ou 13 mois
pour les années). Qui plus est, à cette époque il n'utilisaient pas encore de calendrier régulier (fondé par exemple sur
un cycle, comme le cycle de Méton), mais faisaient démarrer un mois à chaque nouvelle Lune. Cette pratique rendait
fastidieux le calcul du temps séparant deux événements.
La contribution d’Hipparque a dû consister à convertir ces données en dates du calendrier égyptien, qui est fondé sur
une année d'une durée fixe de 365 jours (soit 12 mois de 30 jours et 5 jours supplémentaires) : ainsi le calcul des
intervalles de temps est beaucoup plus simple. Ptolémée datait toutes ses observations dans ce calendrier. Il écrit
d’ailleurs que « Tout ce qu'il (=Hipparque) a fait, c'est une compilation des observations des planètes ordonnée de
façon plus commode[12] . » Pline l'Ancien, traitant de la prédiction des éclipses écrit[13] : « Après eux(=Thalès) les
positions des deux astres (=le Soleil et la Lune) pour les 600 années à venir furent annoncées par Hipparque, … »
Cela doit vouloir dire qu'Hipparque a prédit les éclipses pour une période de 600 ans, mais étant donné l'énorme
quantité de calculs que cela représente, c'est très peu probable. Plus vraisemblablement, Hipparque aura compilé une
liste de toutes les éclipses survenues entre le temps de Nabonasser et le sien.
Voici d'autres traces de pratiques babyloniennes dans l’œuvre d’Hipparque :
• Hipparque est le premier auteur grec à avoir divisé le cercle en 360 degrés de 60 minutes.
• il est le premier à avoir utilisé systématiquement la numération sexagesimale .
• il a utilisé le pechus (« coudée »), unité d'angle de 2° ou 2½° d'ouverture.
• il a utilisé la courte période de 248 jours = 9 mois anomalistiques.

Mathématiques babyloniennes et mathématiques alexandrines


À l’époque hellénistique, les mathématiques et l’astronomie babylonienne exerçaient une influence profonde sur les
mathématiciens d’Alexandrie, dans l’Égypte des Ptolémée comme pendant la période romaine de l'Égypte. Cette
influence est particulièrement évidente dans les écrits astronomiques et mathématiques d’Hipparque, de Ptolémée, de
Héron d'Alexandrie et de Diophante. Dans le cas de Diophante, l’héritage babylonien est tellement visible dans ses
Arithmetica que certains chercheurs ont avancé qu'il avait pu être un « Babylonien héllenisé[14] ». De même,
l'empreinte babylonienne sur l'œuvre de Héron a laissé soupçonner que ce savant était peut-être d'origine
Mathématiques babyloniennes 35

phénicienne[15] .

Les mathématiques en Mésopotamie après l’invasion musulmane


Après la conquête musulmane de la Perse, la Mésopotamie prit le nom arabe d’Irak. Sous le califat abbasside, la
capitale de l’empire fut transférée à Bagdad, ville fondée en Irak au VIIIe siècle. Du VIIIe siècle au XIIIe siècle,
période fréquemment désignée comme l’ « Âge d'or de l’Islam », l’Irak-Mésopotamie retrouva le statut de centre de
l’activité mathématique. Nombre des plus grands mathématiciens de l'époque travaillaient en Irak, parmi lesquels
Al-Khawarizmi, Al-Abbās ibn Said al-Jawharī, 'Abd al-Hamīd ibn Turk, Al-Kindi (Alkindus), Hunayn ibn Ishaq
(Johannitius), les frères Banū Mūsā, la dynastie des Thābit ibn Qurra, Al-Battani (Albatenius), les Frères de Pureté,
Al-Saghani, Abū Sahl al-Qūhī, Ibn Sahl, Abu Nasr Mansur ibn Iraq, Alhazen, Ibn Tahir al-Baghdadi, et Ibn Yahyā
al-Maghribī al-Samaw'al. L’activité mathématique en Irak s'interrompit après le sac de Bagdad en 1258.

Voir également
• Babylonie
• → Histoire des mathématiques
• Astronomie babylonienne

Notes et références
[1] Cf. Caveing, Le matin des mathématiciens, p. 14.
[2] Cf. Taton, pp. 51-54.
[3] Cf. Maurice Caveing, Le Matin des mathématiciens, p. 10.
[4] Duncan J. Melville, «  Third Millennium Mathematics (http:/ / it. stlawu. edu/ ~dmelvill/ mesomath/ 3Mill/ chronology. html) », 2003, St.
Lawrence University.
[5] Cf. Eves, chapitre 2.
[6] (en) Boyer, , 1991, « Greek Trigonometry and Mensuration », p. 158-159
[7] Cf. Eli Maor, Trigonometric Delights (http:/ / press. princeton. edu/ books/ maor/ chapter_2. pdf), Princeton University Press, 1998 (ISBN
0691095418), p. 20.
[8] Cf. Joseph, pp. 383-4 et Eli Maor, Trigonometric Delights (http:/ / press. princeton. edu/ books/ maor/ chapter_3. pdf), Princeton University
Press, 1998 (ISBN 0691095418), p. 32.
[9] Franz Xaver Kugler, Die Babylonische Mondrechnung, Herder, Fribourg-en-Brisgau, 1900
[10] Almageste, livre IV, ch. 2
[11] Cf. Almageste, IX.3
[12] Almageste IX.2
[13] Naturalis Historia II.IX(53).
[14] Cf . D. M. Burton, History of Mathematics, Wm.C. Brown Publishers, Dubuque, Indiana (réimpr. 1995) : « Il est tout à fait probable que
Diophante ait été un Babylonien hellénisé. »
[15] Carl Benjamin Boyer, A History of Mathematics (réimpr. 1991), 171-2 p.: « De l’époque d’Alexandre le Grand au moins jusqu'à la
décadence de la civilisation classique, il y eut indubitablement d'intenses échanges entre Grèce et Mésopotamie, et il paraît clair que
l'arithmétique et l'algèbre géométrique babylonienne continuèrent d’exercer une influence considérable sur le monde hellénistique. Ainsi, cette
facette des mathématiques transparaît si visiblement chez Héron d'Alexandrie (dont l’acmè se situe vers 100 de notre ère) qu'on a pu le croire
égyptien ou phénicien plutôt que grec. On pense aujourd'hui que Héron représente un type de mathématiques qui a toujours été pratiqué en
Grèce mais qui n'a pas eu de représentant parmi les grandes figures - sauf peut-être le Ptolémée du Tetrabiblos. »

• (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé «
Babylonian_mathematics (http://en.wikipedia.org/wiki/Babylonian_mathematics) ».
Mathématiques babyloniennes 36

Bibliographie

En français
• Émile Noël et al., Le matin des mathématiciens, éditions Belin, Paris, 1985, 192 p. (ISBN 2-7011-0533-1), p. 6-18
• Christine Proust, «  Mathématiques en Mésopotamie (http://www.dma.ens.fr/culturemath/histoire des maths/
pdf/chrono_mesopotamie.pdf) », 2006, Site CultureMath
• René Taton, Histoire du calcul, Presses Universitaires de France, coll. « Que sais-je n°198 », Vendôme, 1946
(réimpr. 1969 (5e éd.)), 128 p.
• Marguerite Rutten, La science des Chaldéens, Presses Universitaires de France, coll. « Que sais-je n°893 », Paris,
1960 (réimpr. 1970), 128 p.
• Amy Dahan-Dalmédico, Jeanne Peiffer, Une histoire des mathématiques - Routes et dédales, éditions du Seuil,
coll. « Points sciences », Paris, 1986, 320 p. (ISBN 2-0200-9138-0)
• François Thureau-Dangin, Textes mathématiques babyloniens, Société Orientale, Leyde, 1938

En anglais
• Berriman, A. E., The Babylonian quadratic equation (1956).
• C. B. Boyer, A History of Mathematics, 2nd éd. rev. par Uta C. Merzbach. New York: Wiley, (1989) ISBN
0-471-09763-2 (1991 pbk ed. ISBN 0-471-54397-7).
• George G. Joseph, The Crest of the Peacock: Non-European Roots of Mathematics, Penguin Books, 2000 (ISBN
0-691-00659-8).
• Joyce, David E., «  Plimpton 322 (http://aleph0.clarku.edu/~djoyce/mathhist/plimpnote.html) », 1995
• Neugebauer, O., "Exact Sciences of Antiquity", Dover (1969).
• O'Connor, J. J. and Robertson, E. F., "An overview of Babylonian mathematics" (http://www-history.mcs.
st-andrews.ac.uk/HistTopics/Babylonian_mathematics.html), MacTutor History of Mathematics, (December
2000).
• Eleanor Robson, « Neither Sherlock Holmes nor Babylon: a reassessment of Plimpton 322 », dans Historia Math.,
vol. 28, no 3, 2001, p. 167–206 [ lien DOI (http://dx.doi.org/10.1006/hmat.2001.2317)]
• Eleanor Robson, Words and pictures: New light on Plimpton 322, The American Mathematical Monthly.
Washington: Feb 2002. Vol. 109, Iss. 2; pg. 105

Liens externes
• Mathématiques babyloniennes (http://www-history.mcs.st-andrews.ac.uk/Indexes/Babylonians.html), met
spécialement l’accent sur les triplets pythagoriciens.
• Photographies de la tablette YBC 7289 (http://www.math.ubc.ca/people/faculty/cass/Euclid/ybc/ybc.
html), prises par Bill Casselman à la Collection d’antiquités babyloniennes de Yale
Mathématiques dans l'Égypte antique 37

Mathématiques dans l'Égypte antique

Cet article fait partie de la série


Sciences dans l'Égypte antique

→ Mathématiques

Géométrie - Unités de mesure

Chiffres - Fraction

Multiplication - Division

Médecine

Papyri et ostraca médicaux

Ophtalmologie - Obstétrique Contraception

Astronomie

Zodiaque de Dendérah - Sothis - Astrologie

Les mathématiques en Égypte antique étaient fondées sur un système décimal. Chaque puissance de dix était
représentée par un hiéroglyphe particulier. Le zéro était inconnu. Toutes les opérations étaient ramenées à des
additions. Pour exprimer des valeurs inférieures à leur étalon, les Égyptiens utilisaient un système simple de
fractions unitaires.
Pour déterminer la longueur d'un champ, sa surface ou encore mesurer un butin, les Égyptiens utilisaient trois
systèmes de mesure différents, mais tous obéissaient aux règles décrites ci-dessus.
Les rares documents mathématiques découverts à ce jour ne donnent qu'une vague idée de l'étendue des
connaissances des anciens Égyptiens dans ce domaine. Toutefois, il est certain qu'ils parvenaient à proposer des
résolutions de problèmes apparentés à des équations du premier et du second degré. Ils connaissaient les suites
numériques et le calcul de volumes et de surfaces avait également atteint un certain degré de complexité.

Brève histoire des mathématiques dans l'Égypte antique


Si l'on a souvent sous-estimé les connaissances scientifiques des anciens Égyptiens, c'est sans doute à cause du peu
de documents dont nous disposons. Les plus anciens sont les inscriptions contenues sur les murs de quelques temples
ou tombes, comme celles de la tombe de Metjen (IVe dynastie) qui montrent que les Égyptiens savaient à cette
époque calculer correctement la surface d'un rectangle.
Les ostraca[1] apportent également quelques témoignages de l'art des mathématiques égyptiennes. Le plus
remarquable est sans doute celui retrouvé à Saqqarah sur lequel figure une courbe avec abscisse et ordonnée. Daté de
2750 ans av. J.-C., il montre que dès cette première génération de bâtisseurs, les Égyptiens avaient suffisamment de
connaissances mathématiques pour élaborer ce type de problème.
Enfin viennent les papyrus. Plus fragiles, ils ont moins résisté au temps et ceux qui sont parvenus jusqu'à nous sont,
de fait, postérieur aux pyramides. Seule une poignée d'entre eux traite de mathématiques. Citons par exemple le
Mathématiques dans l'Égypte antique 38

papyrus de Berlin ou celui de Moscou, découvert en 1893 par l'égyptologue russe Vladimir Golenischev et conservé
au musée des Beaux-Arts de Moscou. Daté de la fin du Moyen Empire (1850 ans av. J.-C.) et rédigé en écriture
hiéroglyphique, il contient vingt-cinq problèmes mathématiques. Mais le papyrus mathématique le mieux conservé,
le plus complet et le plus prestigieux est sans nul doute le papyrus Rhind, du nom de son premier propriétaire
l'Écossais Alexander Henry Rhind, qui l'acheta peu après sa découverte à Thèbes en 1857. Rédigé en écriture
hiératique et daté du début du XVIe siècle avant J.-C., c'est une copie d'un document plus ancien. Il présente une
suite de quatre-vingt-sept problèmes mathématiques, accompagnés de leurs solutions.

Numération égyptienne
Les Égyptiens de l'Antiquité utilisaient un système de numération décimal, mais dans lequel le zéro n'existait pas.
Chaque ordre de grandeur (unités, dizaines, centaines, etc.) possédait un signe répété le nombre de fois nécessaire.
C'était donc un système additionnel.

Les unités de mesure


Plusieurs systèmes coexistaient selon le type de mesure désirée.
Pour mesurer des longueurs, il existait deux systèmes. Le premier était basé sur la grande coudée ou coudée royale
(meh ni-sout). Cette coudée représentait la distance entre le bout du majeur et la pointe du coude et mesurait à peu
près 0,5 mètre. Cette unité était très utilisée pour mesurer les largeurs, longueurs de pièces d'une construction ou des
salles d'un temple, mais aussi la hauteur d'une crue. Cent coudées constituent un khet.
Le deuxième système, le système oncial, était lui basé sur la coudée sacrée (meh djeser). Elle mesurait à peu près 0,7
mètre. Elle était principalement utilisée dans la décoration des tombes, temples et palais.
Pour les surfaces, l'unité de mesure était l'aroure. Elle représentait un carré de 1 khet (100 coudées) de côté. On
nommait coudée de terre (meh) une bande d'une coudée sur cent. L'aroure était utilisée pour mesurer des terres, et
construire un cadastre précis après chaque crue.
Pour mesurer des volumes, l'unité de mesure était l'hekat. Les mesures s'effectuaient grâce à un sac de cuir de vingt
hekat. Les Égyptiens avaient réussi à établir une correspondance de ce système avec celui des longueurs : il y avait
équivalence entre le cube de la coudée royale et trente hekat. L'hekat était utilisé pour mesurer les récoltes de grain.
Pour mesurer un poids, l'unité de mesure était le deben. À l'Ancien Empire, son poids variait selon le type du produit
pesé (or, cuivre...), mais au Nouvel Empire, ce système se simplifia et ne garda qu'un étalon unique (d'environ 91
grammes). De petits cylindres en pierre servaient à la mesure et matérialisaient cet étalon. Cette unité servait à
mesurer l'importance d'un butin ou d'un poids de métaux précieux utilisés pour une décoration.

Les fractions

L'Œil d'Horus ou Œil Oudjat


Les scribes se servaient des premières fractions dyadiques, à savoir
1/2, 1/4, 1/8, 1/16, 1/32 et 1/64 pour faire des calculs. Celles-ci étaient
représentées par l'Œil d'Horus, une représentation de l'œil gauche
d'Horus perdu puis retrouvé.
Seth le lui ôta par jalousie et le découpa en plusieurs morceaux, Thot
en retrouva six morceaux (représentant les six fractions donc) mais il
manquait 1/64 pour faire l'unité. Thot y ajouta alors « le liant magique
L'Oudjat (vue de droite à gauche).
» permettant à l'œil de recouvrer son unité. Les scribes opéraient donc
leurs calculs en approximant 63/64 à 1.
Mathématiques dans l'Égypte antique 39

La composition de deux fractions susnommées leur permettait d'en créer de nouvelles (par exemple 1/2 et 1/4 pour
avoir 3/4).
Les parties du dessin, stylisées, sont utilisées comme hiéroglyphes pour noter, dans les textes sur les volumes de
grains, les fractions correspondantes (voir Œil Oudjat). Dans les papyrus mathématiques, les fractions sont notées en
écrivant les nombres explicitement, mais, dans les sections R37 et R38 du papyrus Rhind, qui comportent chacune
des vérifications différentes, les deux dernières de R37 et la dernière de R38 sont proposées sous forme de volumes
de grains en hekat et écrites dans la notation de l'œil Oudjat, de même que le calcul de R64 [2] .

Connaissances arithmétiques
Les Égyptiens connaissaient les quatre opérations, pratiquaient le calcul fractionnaire, étaient capables de résoudre
des équations du premier degré par la méthode de la fausse position et de résoudre certaines équations du second
degré. Le papyrus Rhind explique comment calculer l'aire d'un cercle en utilisant une approximation fractionnaire de
pi : 4x(8/9)x(8/9)=3,16. Le papyrus de Moscou, quant à lui, explique entre autres comment calculer le volume d'une
pyramide tronquée et la surface d'une demi-sphère, montrant que les anciens Égyptiens avaient de bonnes
connaissances en géométrie.

Addition et soustraction
Bien qu'aucune explication ne soit fournie par les papyrus mathématiques, le système additionnel de la numération
égyptienne rend toutes naturelles les opérations d'addition et de soustraction.
L'addition de deux nombres consistait à compter le nombre de symboles total correspondant à une même grandeur.
Si le nombre de cette grandeur dépassait dix, le scribe remplaçait ces dix symboles par le symbole de la grandeur
supérieure.
Exemple
2343 + 1671

M12-M12-V1*V1:V1-V20*V20:V20*V20-Z1:Z1:Z1

M12-V1*V1*V1:V1*V1*V1-V20*V20*V20*V20:V20*V20*V20*Z1

nous donne

M12-M12-M12-V1*V1*V1*V1*V1:V1*V1*V1*V1*V20-V20*V20*V20*V20*V20:V20*V20*V20*V20*V20-Z1*Z1:Z1*Z1

Soit :

M12-M12-M12-V1*V1*V1*V1*V1:V1*V1*V1*V1*V1-V20-Z1*Z1:Z1*Z1

Finalement, le résultat est :

M12*M12:M12*M12-V20-Z1*Z1:Z1*Z1
Mathématiques dans l'Égypte antique 40

Multiplication
La technique de multiplication en Égypte antique reposait sur la décomposition d'un des nombres (généralement le
plus petit) en une somme et la création d'une table de puissance pour l'autre nombre. Très souvent, cette
décomposition s'effectuait suivant les puissances de deux. Mais celle-ci pouvait varier en fonction de la complexité
de l'opération. Le plus petit nombre pouvait ainsi être décomposé alternativement suivant les puissances de deux, les
dizaines et les fractions fondamentales telles que 2/3, 1/3, 1/10 etc.

Division
La technique de division en Égypte antique reposait sur le même principe que la multiplication, en ce sens où des
tables constituées de puissances de deux successives, de fractions fondamentales et de dizaines étaient utilisées pour
résoudre le problème.

Carré et racine carrée


Le carré d'une valeur appliqué au calcul d'une surface peut sans aucun problème être assimilé à une simple
multiplication. Par contre, les racines carrées, dont il est assuré qu'elles furent connues des anciens Égyptiens, n'ont
laissé aucun document nous permettant de comprendre la technique d'extraction opérée par eux.
L'énoncé du problème mathématique du papyrus 6619 de Berlin (voir § Équations du second degré) contient la
racine carrée de 1 + 1/2 + 1/16, soit 1 + 1/4 ; ainsi que la racine carrée de 100, c'est-à-dire 10. À en juger par les
exemples connus d'extraction d'une racine carrée, il semble que le scribe ne connaissait que les radicaux simples,
résultant en entiers ou en peu de fractions. Toutefois, l'absence d'opérations dans les problèmes traités indique que le
scribe devait avoir à sa disposition des tables contenant le résultat des racines carrées usuelles. Le papyrus Kahun et
le papyrus de Moscou contiennent des applications aux racines carrées, mais il est notable que le plus important
papyrus mathématique, le papyrus Rhind, n'en contient aucune.

Connaissances géométriques
Si la réputation des scribes en matière de mathématiques est, d'ordre général, inférieure à celle des Babyloniens ou
des Grecs, la géométrie, au regard des prouesses techniques réalisées très tôt dans leur histoire, fut leur domaine de
prédilection et il ne fait aucun doute aujourd'hui que cette science associée à l'architecture, fit la grande réputation
des Égyptiens. C'est l'une des raisons pour lesquelles leur pays accueillit en pèlerinage les savants de la Grèce
antique. Les égyptiens réussirent ainsi à calculer la surface d'un disque sans connaitre le nombre pi, avec une erreur
de seulement 0,6%. Ils pouvaient calculer les volumes de pyramides et de cylindres et l'aire d'une sphère. certains
problèmes figurant sur les papyri mathématiques du Moyen Empire préfigurent même les théorèmes de Thalès et de
Pythagore.

Résolutions d'équations
Le papyrus Rhind et le papyrus de Moscou contiennent différents problèmes que de nombreux auteurs ont assimilé à
des problèmes algébriques de résolutions d'équations à une inconnue (voire deux inconnues), du premier et du
second degré. Loin de faire l'unanimité, ce rapprochement met au moins l'accent sur une méthode efficace de
résolution présageant l'utilisation de variables et d'inconnues.

Recherches d'une quantité (les problèmes ‘ḥ‘w)


Le scribe égyptien ne pose jamais les problèmes sous forme d'équations algébriques (il ne connait pas d'opérateurs
mathématiques tels que +, -, x ou %, ni la notion d'inconnue posée par une lettre telle que x). Cependant, la technique
utilisée pour résoudre ces problèmes s'apparentent bien souvent aux méthodes de résolution modernes d'équations.
L'inconnue dont la valeur est à déterminer est toujours désignée par la quantité ‘ḥ‘ (‘ḥ‘w au pluriel).
Mathématiques dans l'Égypte antique 41

Exemple du problème M25 du papyrus de Moscou

Problème ‘ḥ‘ posé par le scribe Transcription du problème en langage algébrique moderne

Calcul d'une quantité (‘ḥ‘) à déterminer telle que

si elle est traitée 2 fois avec elle-même, il en vient 9 X + 2X = 9

Quelle est donc la quantité qui s'exprime ainsi ? que vaut X ?

Tu dois faire en sorte de calculer le total de cette quantité

avec sa deuxième (quantité). Le résultat est 3. X + 2X = 3X

Avec ces 3 tu dois trouver 9. 3X = 9

Le résultat est 3 fois. 9/3 = 3

Vois c'est 3 qui s'exprime ainsi. X=3

Tu trouveras cela correct Vérification de l'énoncé avec le résultat. 3 + 2x3 = 9

Une seconde technique consistait à résoudre les problèmes par la méthode de la fausse position. C'est-à-dire que l'on
attribuait à la quantité inconnue une valeur quelconque. Le résultat donné par cette valeur était évidemment faux,
mais pouvait être corrigé par la règle de proportionnalité inhérente aux équations linéaires. C'est bien cette propriété,
fondée sur une méthode empirique, qui fut utilisée ici.
Exemple du problème R26 du papyrus Rhind
Une quantité (‘ḥ‘) à laquelle on ajoute ses 1/4 devient 15 (Soit X + 1/4X = 15).
Première étape: une valeur aléatoire est donnée à cette quantité, en l'occurrence 4. Le scribe calcule donc 4 + 1/4x4,
dont le résultat ne sera évidemment pas 15 :

✔ 1 4

✔ 1/4 1

1+ 5
1/4

Le résultat est 5.
Deuxième étape: le résultat n'est pas 15 mais 5. Quel est donc le rapport entre ces deux résultats ?

✔ 1 5

✔ 2 10

3 15

Le rapport vaut 3. Par conséquent la relation entre notre valeur aléatoire 4 et la quantité ‘ḥ‘ vérifiant l'égalité posée
dans le problème est 4x3 = ‘ḥ‘.
Troisième étape: calcul de 4x3
Mathématiques dans l'Égypte antique 42

1 3

2 6

✔ 4 12

4 12

Le résultat est 12.


Quatrième étape: le scribe vérifie l'exactitude de sa solution par la vérification de l'égalité (soit 12 + 1/4x12 = 15)

✔ 1 12

✔ 1/4 3

1+ 15
1/4

La quantité ‘ḥ‘ vaut bien 12 et ses 1/4 ajoutés à elle-même font un total de 15.

Équations du second degré


Certains énoncés posent le problème de la recherche d'une ou plusieurs quantités dont la somme des carrés est
connue. Le papyrus 6619 de Berlin offre un très bon exemple du type de résolution par fausse position proposé par
les anciens Égyptiens, sous la forme d'un système équivalent à deux équations à deux inconnues.
Énoncé du problème
« Si on te dit : 100 coudées carrées sont divisées en deux surfaces (quantités ‘ḥ‘w dans le texte original), et 1
sur 1/2 1/4 est le rapport des côtés de la première surface (quantité) et de l'autre surface (quantité). Veuilles
faire en sorte que je connaisse la quantité de ces surfaces. Le calcul de l'un des carrés est avec 1 et le calcul de
l'autre est avec 1/2 1/4 de 1. Prends le 1/2 1/4 du côté de l'une des surfaces pour le côté de l'autre. Le résultat
est 1/2 1/4. Multiplie le par 1/2 1/4. Le résultat est 1/2 1/16 pour l'aire de la plus petite surface. Si la quantité
du côté du grand carré est 1, et que celle de l'autre est 1/2 1/4, et que tu fais la somme des deux carrés. Le
résultat est 1 1/2 1/16 (le texte original contient ici une erreur puisqu'il est noté 1 1/4 1/16). Tu prends sa racine
carrée. Le résultat est 1 1/4. Tu prends alors la racine carrée de 100. Le résultat est 10. Multiplie 1 1/4 pour
trouver 10. Le résultat est la quantité 8 (pour le côté du grand carré). Tu feras le 1/2 1/4 de 8. Le résultat est la
quantité 6 pour le côté du plus petit carré. »
Explication
Le problème est de trouver les aires de deux carrés différents dont la somme est égale à l'aire d'un carré de 100
coudées², le rapport des côtés de ces deux carrés étant de 1 pour (1/2 + 1/4).
Posons X la longueur du côté du petit carré, et Y la longueur du côté du grand carré. Par conséquent, l'énoncé serait
traduit en langage algébrique moderne par X² + Y² = 100 et X/Y = 1/2 + 1/4.
Le scribe ne différencie pas deux variables. Les côtés des deux carrés étant liés par la relation 1 pour 1/2 + 1/4, il
décide d'affecter la valeur 1 au côté du plus grand carré, et 1/2 + 1/4 au côté du plus petit. C'est la méthode de la
fausse position déjà étudiée ci-dessus. Il calcule donc les aires des deux carrés : (1/2 + 1/4) ² et 1². Il obtient un total
de 1 + 1/2 + 1/16. L'aire totale des deux carrés est donc de 1 + 1/2 + 1/16. Il en déduit le côté du carré équivalent à
cette surface en extrayant la racine carrée de 1 + 1/2 + 1/16. Il vient 1 + 1/4. Or le côté du carré de départ est 10
(racine carrée de 100 effectuée par le scribe). Le rapport de 10 sur (1 + 1/4) est de 8. Ce ratio va nous permettre de
réajuster les valeurs prises par fausse position : 1 x 8 et (1/2 + 1/4) x 8, soit 8 et 6. nous avons bien 6² + 8² = 100.
Mathématiques dans l'Égypte antique 43

La surface d'un carré de 10 coudées de côté est donc équivalente à la surface totale de deux carrés dont les côtés sont
respectivement de 6 et de 8 coudées.

Suites arithmétiques et géométriques


Les rares papyrus mathématiques découverts jusqu'à présent ont révélé que les Égyptiens avaient de très bonnes
notions sur les suites et qu'ils savaient résoudre des problèmes à l'aide des suites arithmétiques ou géométriques.

Suites arithmétiques
Une suite arithmétique est une suite de nombres dont chacun des termes s'obtient à partir du précédent en lui
additionnant (ou en lui soustrayant) toujours la même valeur. Cette valeur est appelée en langage mathématique
moderne, la raison. Par exemple, la suite {1; 3; 5; 7; 9} est une suite arithmétique de cinq termes dont la raison est 2.
Énoncé du problème R64 du papyrus Rhind
« Exemple de répartition de parts. Si on te dit: (on a) 10 héqat de blé pour 10 hommes. Et la différence entre un
homme et son voisin se monte à 1/8 de héqat de blé. La répartition moyenne est de 1 héqat. Soustrais 1 de 10,
il reste 9. Prendre la moitié de la différence qui est 1/16. Les 9 fois qui valent 1/2 1/16 de héqat sont à
additionner à la répartition moyenne et tu dois soustraire 1/8 de héqat par homme, chacun pris jusqu'au dernier.
À faire selon ce qui doit se produire. »

1 1/2 1/16

1 1/4 1/8 1/16

1 1/4 1/16

1 1/8 1/16

1 1/16

1/2 1/4 1/8 1/16

1/2 1/4 1/16

1/2 1/8 1/16

1/2 1/16

1/4 1/8 1/16

10

Explication
Le problème consiste à partager 10 héqat de blé entre 10 hommes. On peut désigner leurs parts respectives par H1,
H2, H3, H4, H5, H6, H7, H8, H9 et H10. Les 10 héqat de blé représentent le total des parts à distribuer. Nommons le
S. Soit N le nombre de parts. Chaque homme ne possèdera pas la même quantité d'héqat. Pris dans l'ordre, chacun
obtiendra 1/8 d'héqat de plus que son prédécesseur. Soit H2 = H1 + 1/8, H3 = H2 + 1/8 et ainsi de suite, le dernier
individu ayant la plus grande part. 1/8 représente la raison de la suite donc R = 1/8.
Le scribe détermine en premier lieu la valeur moyenne de héqat que l'on distribuera à chaque homme, soit S/N =
10/10 = 1. Ensuite, il calcule le nombre de différences effectuées sur l'ensemble des 10 individus. Il y en a N-1 =
10-1, soit 9. Il vient R/2 = 1/16, puis R/2 * (N-1) = 1/16 * 9 = 1/2 + 1/16. Le plus grand terme est donné par R/2 *
(N-1) + S/N = 1/2 + 1/16 + 1.
On a donc les dix parts suivantes :
Mathématiques dans l'Égypte antique 44

H10 = 1 + 1/2 + 1/16.

H9 = H10 - 1/8 = 1 + 1/4 + 1/8 + 1/16

H8 = H9 - 1/8 = 1 + 1/4 + 1/16

H7 = H8 - 1/8 = 1 + 1/8 + 1/16

H6 = H7 - 1/8 = 1 + 1/16

H5 = H6 - 1/8 = 1/2 + 1/4 + 1/8 + 1/16

H4 = H5 - 1/8 = 1/2 + 1/4 + 1/16

H3 = H4 - 1/8 = 1/2 + 1/8 + 1/16

H2 = H3 - 1/8 = 1/2 + 1/16

H1 = H2 - 1/8 = 1/4 + 1/8 + 1/16

Total = 10

Par une méthode empirique, le scribe a donc retrouvé la propriété des suites arithmétiques et appliqué les formules
suivantes :

puis

Suites géométriques
Une suite géométrique est une suite de nombres dont chacun des termes s'obtient à partir du précédent en le
multipliant toujours par la même valeur. Par exemple, la suite {1; 3; 9; 27; 81} est une suite géométrique de cinq
termes dont la raison est 3.
Ce type de suite fut usité, mais les documents manquent et il est impossible de se faire une idée précise quant aux
connaissances que pouvaient en avoir le scribe. Les méthodes de multiplication et de division employées par les
Égyptiens sont fondées sur les puissances de deux, autrement dit une suite géométrique de raison 2, et sur les
fractions 1/2, 1/4, 1/8 ... c'est-à-dire une suite géométrique de raison 1/2. Par ailleurs, le papyrus Rhind nous fournit
l'unique exemple de problème basé sur l'application des suites géométriques.
Énoncé du problème 79 du papyrus Rhind
Somme d'une suite géométrique de cinq termes, tels que le premier terme vaut 7 et le multiplicateur de chaque terme
(la raison) vaut 7. Application à l'inventaire d'une maison :

✔ 1 2801

✔ 2 5602

✔ 4 11204

7 19607
Mathématiques dans l'Égypte antique 45

Maisons 7

Chats 49

Souris 343

Malt 2401 (le scribe a noté 2301 par


erreur)

Héqat 16807

19607

Sources
• Clagett Marshall, Ancient Egyptian Science, A Source Book. Vol. 3, Ancient Egyptian Mathematics, American
Philosophical Society, 1999.
• Pour la reproduction des hiéroglyphes, leur traduction et un examen critique du texte des 4 papyri fondamentaux
(dont le papyrus Rhind), voir Sylvia Couchoud, Mathématiques Égyptiennes. Recherches sur les connaissances
mathématiques de l’Égypte pharaonique, éditions Le Léopard d’Or, 1993.
• Christian Mauduit et Philippe Tchamitichian, Mathématiques, Éditions Messidor/La Farandole.
• Hors série Science et Vie, Hommes, Sciences et Techniques au temps des Pharaons, décembre 1996.
• Hors série La Recherche, L'univers des nombres, août 1999.

Liens internes
• → Histoire des mathématiques
• Papyrus Rhind

Liens externes
• Brève chronologie de l'histoire des mathématiques en Egypte [3]

 Histoire • Géographie • Mythologie • Dieux • Art / Pyramides • Sciences • Vie quotidienne / Égyptologie • Bibliographie • Lexique
Organisation politique / Pharaons • Index

Egyptopedia Un article égyptologique au hasard : Aménémès IV [4]


Modifications du jour

Références
[1] fragments de céramique ou de calcaire utilisés comme brouillons par les scribes
[2] Sylvia Couchoud, Mathématiques Égyptiennes. Recherches sur les connaissances mathématiques de l’Égypte pharaonique, pp. 128, 130 et
161
[3] http:/ / www. dma. ens. fr/ culturemath/ histoire%20des%20maths/ chrono/ Egypte/ index_egypte. htm
[4] http:/ / fr. wikipedia. org/ w/ index. php?title=Spécial:Suivi_des_liens& target=Catégorie%3AIndex_égyptologique& days=0& limit=500
Mathématiques indiennes 46

Mathématiques indiennes
La chronologie des mathématiques indiennes s'étend de la civilisation de la vallée de l'Indus (-3300 à -1500)
jusqu'à l'Inde moderne.
Parmi les impressionnantes contributions des mathématiciens indiens au développement de la discipline, la plus
féconde est certainement la numération décimale de position, appuyée sur des chiffres arabo-indiens, et qui se sont
imposés dans le monde entier.
Mais les Indiens ont également maîtrisé le zéro, les nombres négatifs, les fonctions trigonométriques. Les concepts
mathématiques indiens ont diffusé et ont trouvé un écho en Chine et dans les → mathématiques arabes, avant de
parvenir en Europe.
Les mathématiciens indiens ont également découvert les fondements de l'analyse : calcul différentiel et intégral,
limites et séries, bien avant leur redécouverte en Occident.

La civilisation de la vallée de l'Indus


La civilisation de la vallée de l'Indus, remontant aux environs de l'an -3300, apporte les premiers témoignages d'une
activité mathématique, sur le sous-continent indien. Les fouilles de Harappa, Mohenjo-daro et de la zone
environnante ont permis de découvrir un système de poids et mesures d'une grande précision et de caractère décimal,
une technologie de la brique répondant à des recherches de proportion précises, et une sensibilité aux formes
géométriques.
Les poids sont mesurés dans un système décimal, puisque le poids unité (de 28 grammes environ) se décline selon
les facteurs 1/20, 1/10, 1/5, 1/2, 1, 2, 5, 10, 20, 50, 100, 200, et 500. Les longueurs sont mesurées à l'aide de règles
d'une grande précision. Une règle d'ivoire trouvée à Lothal porte ainsi des divisions espacées de 1,7 mm.
La confection de briques s'appuie sur des proportions fixes 4:2:1, d'une grande efficacité pratique. L'utilisation des
règles pour choisir les dimensions des briques est attestée par la correspondance, sur les mêmes lieux, entre les
divisions des règles, et les longueurs des briques qui en sont des multiples entiers.
Les poids de référence sont fréquemment de forme cubique, mais peuvent prendre d'autres formes géométriques :
tonneaux, cônes, cylindres. On trouve également des dessins géométriques gravés qui témoignent d'une certaine
familiarité avec les cercles.
À Lothal, un instrument de mesure des angles a également été découvert. Il avait probablement pour utilité de diviser
le ciel en 8 ou 12 sections.

Mathématiques de l'époque védique (-1500 à -400)


L'articulation entre la civilisation de la vallée de l'Indus et la civilisation védique est mal connue. La théorie de
l'invasion aryenne y voyait initialement le résultat d'une invasion violente et subite. La grande majorité des historiens
lui préfère maintenant la théorie d'une migration progressive des Aryens en provenance d'Asie centrale.
Quelques-uns (souvent indiens) soutiennent en revanche le caractère autochtone des aryens et identifient les deux
civilisations.
Les textes védiques sont des textes religieux écrits en sanskrit réglementant la taille des autels de sacrifice. Les
mathématiques qui y sont présentées sont essentiellement géométriques et sans démonstrations, et s'accompagnent de
considérations relevant de l'astronomie et ayant également un caractère religieux. On ignore s'il s'agit de la seule
activité mathématique de cette époque ou seulement les traces d'une activité plus générale. Les Vedas contiennent
quelques considérations mathématiques, mais la plupart sont regroupées dans les sulba-sutras, ouvrages de géométrie
servant d'appendices aux Vedas.
Mathématiques indiennes 47

Les Indiens de cette époque utilisent des formes polygonales simples, connaissaient le théorème de Pythagore,
savaient construire de manière exacte la quadrature d'un rectangle (construction d'un carré de même aire) et de
manière approchée celle du cercle. Ils connaissent les opérations arithmétiques et considèrent des équations simples.
On voit apparaître aussi des approximations fractionnaires de π (exactes jusqu'à la première, voire la deuxième
décimale) et de la racine carrée de deux (jusqu'à la cinquième décimale).
Vers la fin de cette période, on voit se mettre en place les neuf chiffres du système décimal. La fascination, d'origine
religieuse, pour ces chiffres gigantesques, explique sans doute que les Indiens ont eu plus de facilité à appréhender
l'idée d'infinité (purna, la plénitude), parallèlement à celle de zéro (śūnya, le vide), qu'ils commencent à faire entrer
dans leurs opérations : ainsi dans le Yajur-Veda, quand on soustrait purna de purna il reste toujours purna [1] .

Mathématiques de l'époque jaïniste (-400 à 200)


Fondée en Inde au VIe siècle av. J.-C., le jaïnisme est une religion et une philosophie. La vision cosmologique a
fortement motivé les mathématiques indiennes, et en particulier la conception de l'infini. Le monde était divisé par
une limite en deçà de laquelle agissaient les êtres vivants, les dieux et les démons. Le monde supérieur était divisé en
deux parties. Ces divisions se retrouvent dans les nombres : dénombrables, indénombrables et infinis.
Les mathématiques jaïnistes réfèrent à la période s'étendant jusqu'au Ve siècle, période sous laquelle la religion
jaïniste était dominante. Peu de résultats scientifiques de cette période ont été conservés, mais ils sont d'une grande
originalité. L'étude des mathématiques n'est plus dans un but uniquement pratique ou religieux, mais se justifie par
elle-même.
Les jaïnistes introduisent les premiers concepts de cardinalité et de nombres transfinis, persuadés que tous les infinis
ne sont pas égaux. En particulier, ils introduisirent un plus grand nombre dénombrable (N) qui aujourd'hui a donné
aleph-zéro, le plus petit cardinal transfini.
Pingala, une école de jaïnistes, introduit le calcul matriciel et le système binaire, et utilise la suite de Fibonacci et le
triangle de Pascal, autant de résultats qui seront redécouverts. Le zéro est noté par un point.
Bien que les explications données en astronomie étaient de nature religieuse (interventions systématiques de
démons), leurs observations étaient précises. Dans Surya Prajnapti (400 avant notre ère) est calculée la période
orbitale de la lune de 29.5161290 jours, soit une erreur de 20 minutes.

Période classique (400 à 1200)


La période classique est souvent considérée comme l'âge d'or des mathématiques indiennes. Avec des
mathématiciens tels que Aryabhata, Varahamihira, Brahmagupta, Mahavira et Bhaskara, elle fut une période
d'intense rayonnement en direction de l'Orient et du → monde islamique.
Les avancées durant cette période eurent lieu dans le domaine des systèmes d'équations linéaires et quadratiques, de
la trigonométrie, avec l'apparition des fonctions trigonométriques et des tables permettant de les calculer. De
nombreux travaux portent sur des équations polynomiales de degrés divers, ou sur des problèmes d'astronomie tels
que les calculs d'éclipses.
Avec Brahmagupta (598-668) et son ouvrage célèbre, le Brahmasphutasiddhanta, les différentes facettes du zéro,
chiffre et nombre, sont parfaitement comprises et la construction du système de numération décimal parachevée. Les
nombres négatifs sont également introduits, ainsi que les racines carrées.
La période s'achève avec le mathématicien Bhaskara Acharya (1114-1185) qui écrivit plusieurs traités importants.
On y trouve des équations polynomiales, des formules de trigonométrie, dont les formules d'addition. Certains
auteurs font de Bhaskara un des pères de l'analyse puisqu'il introduisit plusieurs éléments relevant du calcul
différentiel : nombre dérivé, différentiation et application aux extrema, et même une première forme du théorème de
Rolle. Ces percées seront reprises et amplifiées par les mathématiciens de l'école du Kerala.
Mathématiques indiennes 48

L'école du Kerala (1300 à 1600)


Une école de mathématiciens-astronomes prospéra pendant trois siècles dans la région du Kerala, dans le sud de
l'Inde. Le fondateur en est Madhava de Sangamagrama (v. 1340-1425), qui partage avec Bhaskara la primauté dans
l'introduction des concepts de l'analyse moderne. Les travaux de Madhava nous sont surtout connus à travers ceux de
ses successeurs, mais ils montrent que le geste fondamental de l'analyse, le passage à la limite, s'est opéré.
On trouve notamment dans le Yuktibhasa, rédigé par Jyesthadeva, des développements de fonctions sous forme de
séries, des approximations par séries de Taylor, des tests de convergence pour des séries numériques, des
intégrations terme à terme. En conséquence, l'école du Kerala disposera d'approximations très précises de pi (onze
décimales), de tables trigonométriques à neuf décimales.
L'usage de la langue locale (le malayalam) fut un obstacle à la diffusion des idées de l'école du Kerala. Il est
vraisemblable que la redécouverte des bases de l'analyse en Occident se produisit sans influence indienne mais par le
truchement des arabes, même si certains historiens, défendent la théorie d'une transmission par les missionnaires
jésuites, eux-mêmes souvent versés en mathématiques et astronomie.

Voir aussi

Liens externes
• (fr) Michel Waldschmidt, Les Mathématiques en Inde [2]
• (en) Ancient Indian Mathematics [3], site sur les mathématiques indiennes

Références
[1] Zero, One, two, Three...Infinity (http:/ / home. ica. net/ ~roymanju/ Infinity. htm)
[2] http:/ / people. math. jussieu. fr/ ~miw/ articles/ pdf/ Maths-en-Inde. pdf
[3] http:/ / www-groups. dcs. st-and. ac. uk/ ~history/ Indexes/ Indians. html
Mathématiques de la Grèce antique 49

Mathématiques de la Grèce antique


Les mathématiques de la Grèce antique incluent les mathématiques développées en langue grecque, dans la région
autour de la mer Méditerranée, entre autres durant les époques classique et hellénistique, c'est-à-dire environ du
VIe siècle av. J.-C. au Ve siècle Les mathématiques hellénistiques incluent toutes celles écrites en grec, donc englobe
les mathématiques égyptiennes et → babyloniennes de l'époque.
Les mathématiques de la Grèce antique sont de grande importance dans l'→ histoire des mathématiques, puisque
c'est là qu'apparaissent les fondements de la géométrie et des preuves formelles. Elles ont aussi contribué aux
domaines de la théorie des nombres, de l'analyse, des mathématiques appliquées et se sont approchées de la notion
d'intégrale.

Le système numérique
En Grèce, le nombre est en fait né de la cité. En effet, dans son organisation, mais aussi dans la poésie ou encore
l'architecture, le nombre est le révélateur d'une nouvelle prise sur le réel qui va de pair avec l'élaboration de la cité.
Le système grec est décimal. Dans la cité s'élabore au VIIe siècle une numération de type acrophonique, c’est-à-dire
que les signes sont empruntés à la première lettre du nom du nombre. Par exemple, déka, 10, s'écrit d. La numération
comporte une double série de signes : des signes simples, qui, sauf pour l'unité, sont la première lettre du nom du
nombre correspondant, et des signes composés pour les multiples de 5.

Calculateurs
Le 9 juin 2006, des scientifiques ont identifié la machine d’Anticythère
vieille de plus de 2000 ans comme étant le plus ancien calculateur
analogique. On pense que c'est un mécanisme permettant de calculer la
position de certains astres, tels que le Soleil et la Lune et d'en prédire
les éclipses. (Le mécanisme est basé sur les cycles de progression de
l'arithmétique babylonienne. Au deuxième siècle avant J.C., Hipparque
a développé une théorie pour expliquer les irrégularités du mouvement
lunaire à cause de son orbite elliptique). Il est daté d'avant les alentours
de 87 av. J.-C. et c'est le plus vieux mécanisme à engrenages connus.

Cicéron évoque deux machines semblables. La première, construite par


Archimède, se retrouva à Rome grâce au général Marcus Claudius Machine d'Anticythère

Marcellus. Le militaire romain la ramena après le siège de Syracuse en


212 avant JC, où le scientifique grec trouva la mort. Marcellus éprouvait un grand respect pour Archimède (peut-être
dû aux machines défensives utilisées pour la défense de Syracuse) et ne ramena que cet objet du siège. Sa famille
conserva le mécanisme après sa mort et Cicéron l'examina 150 ans plus tard. Il le décrit comme capable de
reproduire les mouvements du Soleil, de la Lune et de cinq planètes :

« hanc sphaeram Gallus cum moveret, fiebat ut soli luna totidem conversionibus in aere illo quot diebus in ipso
caelo succederet, ex quo et in [caelo] sphaera solis fieret eadem illa defectio, et incideret luna tum in eam
metam quae esset umbra terrae, cum sol e regione » Cicero, De Re Publica I 22.
Si Cicéron ne se trompe pas, cela voudrait dire que cette technologie existait dès le IIIe siècle avant JC.
Cicéron mentionne également un objet analogue construit par son ami Posidonios (Cicero, De Natura Deorum
II.88[1] )
Les deux mécanismes évoqués se trouvaient à Rome, cinquante ans après la date du naufrage de l'épave
d'Anticythère. On sait donc qu'il existait au moins trois engins de ce type. Par ailleurs, il semble que la machine
Mathématiques de la Grèce antique 50

d'Anticythère s'avère trop sophistiquée pour ne constituer qu'une œuvre unique

Mathématiciens
Parmi les mathématiciens les plus connus, on compte Euclide,
Pythagore, Archimède, Zénon et Ptolémée. Toutefois, l'école
pythagoricienne à elle seule compte de nombreux autres
mathématiciens dont les travaux sont connus sous le nom de
Pythagore.

Annexes
L'École d'Athènes de Raphaël

Articles connexes
• → Histoire des mathématiques
• Grèce antique

Liens externes
• (fr) Les géomètres de la Grèce antique [2], un dossier de Bernard Vitrac

Références
[1] Extrait traduit in Long et Sedley, Les Philosophes hellénistiques, trad. Pierre Pellegrin et Jacques Brunschwig, Paris, Flammarion, coll. GF,
2001 : tome II Les Stoïciens, 54 L
[2] http:/ / www. dma. ens. fr/ culturemath/ histoire%20des%20maths/ index. htm#vitrac
Mathématiques arabes 51

Mathématiques arabes
Dans l'→ Histoire des mathématiques, on désigne par l'expression de mathématiques arabes une des époques les
plus importantes du développement de cette science. Il s'agit des contributions apportées par les mathématiciens du
monde islamique, du début de la conquête au milieu du XVIIe siècle. Les textes sont essentiellement écrits en arabe,
,qui était une des langues des sciences et de la culture à cette époque, d'où le nom, mathématiques arabes.
Les sciences arabes, et en premier plan, les mathématiques, s'exercent à travers les califats islamiques, établis en
Moyen-Orient, en Asie centrale, en Afrique du Nord, dans la péninsule ibérique, et au sud de la France au
VIIIe siècle.
On mesure mal, en Europe, l'importance de l'apport des mathématiques arabes. Non seulement ils ont conservé
l'héritage grec, mais de plus, de récentes recherches ont démontré que beaucoup d'idées qu'on pensait apportées par
les mathématiciens du XVIe, XVIIe, ou XVIIIe siècle, furent en réalité développées par des mathématiciens arabes
quatre siècles auparavant. Les mathématiques étudiées aujourd'hui sont plus proches des mathématiques arabes que
des mathématiques grecques.
• Les mathématiques grecques ont joué un rôle dominant dans les premiers développements des mathématiques
arabes. Beaucoup de textes grecs ont survécu à travers leur traduction en arabe.
• Les mathématiques indiennes ont influencé le développement des mathématiques arabes.
• Les mathématiques chinoises ont aussi eu une influence sur le développement des sciences arabes.

Histoire des mathématiques arabes


En 476, la chute de Rome marque l'effondrement de l'Empire romain
d'Occident. L'instabilité politique en Europe ne fut pas favorable à la
recherche scientifique qui de toute façon n'était pas le fait de l'Empire romain.
Parallèlement, l'Islam connaît dès sa naissance au VIIe siècle une fulgurante
progression. En un siècle, les territoires musulmans s'étendent d'Espagne
jusqu'en Chine. À chaque nouvelle conquête, l'héritage culturel du peuple
conquis est préservé et assimilé.

Le monde islamique a vu, vers la fin du huitième siècle, l'apparition de trois


entités politiques concurrent, abbassides, Idrissides et Omeyyades. Ce qui a
mené à l'apparition de deux séries différentes des chiffres:
0,1,2,3,4,5,6,7,8,9 Utilisé à Fez et à Cordoue .
۰, ۱, ۲, ۳, ٧ ,٦ ,٥ ,٤, ۸, ۹ Utilisé à Bagdad.
Fèz la capitale culturelle et spirituelle du Maroc. où se trouve Quaraouiyine l'établissement éducatif existant le plus
âgé dans le monde.
Bagdad, ville créée par les califes abbassides pour servir de capitale de l'Empire, devint très vite un centre culturel
avec notamment la création d'une Maison de la Sagesse sous le règne du calife Al-Mamun. Parmi les membres de
cette maison on compte le mathématicien Al-Khwarizmi. Deux de ses traités ont eu un impact considérable sur les
mathématiques européennes au XIIe siècle. Le premier, dont seule la traduction latine a été conservée, transmet la
numérotation décimale. Le second traité, Kitab fi'l-jabr wa'l-muqabala (Livre sur la restauration et la confrontation)
traite de manipulations sur les équations. Le mot al-jabr a donné algèbre. Il y donne la résolution des équations du
second degré, par une complétion en carrés. Le nom de ce mathématicien, latinisé en Algoritmi a donné un autre des
mots les plus courants des mathématiques : l'algorithme.
Mathématiques arabes 52

L'algèbre, branche nouvelle des mathématiques, continuera de s'épanouir avec la civilisation islamique. Il faut retenir
les noms de Abu Kamil qui emploie les irrationnels, Al-Karaji. Autre mathématicien arabe du IXe siècle, Tabit ibn
Qurra non seulement s'emploie à traduire les textes grecs, mais étudie de près les nombres amicaux.
L'astronome et mathématicien Al-Battani pose les bases de la trigonométrie moderne en employant le sinus et la
tangente dans ses calculs d'astronomie, et en réalisant des tables pour les calculer.
Le premier déclin des sciences arabes commence au XIIe siècle suite à des conflits divisant le monde musulman.
Astronome et mathématicien perse, Al-Kashi a donné les 16 premières décimales de pi. Sa mort en 1430 sonne le
glas des mathématiques arabes.
Certains attribuent la fin de l'ère des mathématiques arabes à la domination turque et son ambition d'orienter la
recherche. Ce dernier avis est discutable.

Traductions
De nombreux textes arabes ont été traduits en latin et ont joué un rôle important dans l'évolution des mathématiques
européennes.

Grecques à arabes
Les textes suivants, des mathématiques grecques ont été traduits en arabe, et souvent ensuite en latin :
• Éléments d'Euclide par Al-Hajjaj (VIIIe siècle).
• Révision des éléments par Thabit ibn Qurra.
• Les Coniques d'Apollonius par Thabit ibn Qurra.
• L'Almagest de Ptolémée par Thabit ibn Qurra.
• La Sphère et le cylindre d'Archimède par Thabit ibn Qurra.
• Sur les triangles d'Archimède par Sinan ibn Thabit.
• Arithmetica de Diophante d'Alexandrie par Abu'l-Wáfa.
• Le Traité sur les miroirs de Dioclès.
• Les Travaux sur la mécanique de Pappus d'Alexandrie.

Sanskrit à Arabe
Les textes suivants sont des textes sanskrit de mathématiques indiennes traduits en arabe.
• Surya Siddhanta par al-Fazari.
• Le Brahma Sphuta Siddhanta par al-Fazari.
• Khandakhayaka de Brahmagupta.
• Aryabhatiya de Aryabhata.
• Pancha Siddhanta de Varahamihira.
• Le Lagu Bhaskariya de Bhaskara I.
Mathématiques arabes 53

Arabe à Latin
Les textes arabes suivants ont été traduits en latin :
• Introduction à l’Astronomie par Adélard de Bath (fl. 1116-1142).
• les traités arithmétiques Liber ysagogarum Alchorismi et Astronomical Tables d’Al-Khwarizmi par Adélard de
Bath.
• Les tables arithmétiques d’Al-Khwarizmi par Adélard de Bath (1126).
• Zij al-Sindhind Al-Khwarizmi (1126).
• Liber alghoarismi de practica arismetrice, par Jean de Séville et Domingo Gundisalvo (fl. 1135-1153).
• Secretum Secretorum par Jean de Séville and Domingo Gundisalvo.
• De motu stellarum d’Al-Battani, contenant d’importants travaux de trigonométrie, par Platon de Tivoli (fl.
1134-1145).
• Algebra (ou Abrégé du calcul par la restauration et la comparaison) d’Al-Khwarizmi par Gérard de Crémone (fl.
1150-1185) et par Robert de Chester (1145).
• Elementa astronomica de Jabir Ibn Aflah par Gérard de Crémone.

Chronologie
Cette frise chronologique décrit l'évolution des mathématiques arabes.

Annexes

Articles connexes
• → Histoire des mathématiques
• Sciences arabes

• Astronomie arabe
• Liste des mathématiciens arabes

Liens externes
• L'algèbre arabe: entretien avec Ahmed Djebbar [1]

Références
[1] http:/ / www. dma. ens. fr/ culturemath/ video/ html/ Djebbar. htm
Mathématiques en Europe au XVIIe siècle 54

Mathématiques en Europe au XVIIe siècle


<!--
Au XVIIe siècle, en Europe, se produit un formidable développement des mathématiques qui se tournent vers la
résolution de problèmes pratiques dans un contexte d'amélioration des échanges et des communications. L’intérêt des
mathématiciens se concentre désormais sur des problèmes techniques précis, aboutissant à une nouvelle façon de
faire des mathématiques, avec en particulier le passage des spéculations (les sciences théorétiques[1] ) aux inventions
et à l’émergence des constructions. Progressivement, l’idée de comprendre va remplacer celle d’expliquer et comme
« on ne peut pas à la fois admirer et surpasser les anciens » le siècle va finalement rompre avec l’→ héritage antique.

Une situation favorable


L'Europe du XVIIe siècle offre aux savants des conditions propices à l'étude et à l'échange qui vont contribuer à la
formidable expansion des sciences et des mathématiques.
C'est durant ce siècle que commencent à se constituer dans les capitales européennes des académies des sciences
regroupant scientifiques et mathématiciens : l'académie dei Lincei à Rome en 1603, La Royal Society à Londres vers
1645, l'académie del Cimento à Florence en 1657 et l'académie royale des sciences de Paris en 1666. Au sein des ces
académies, des scientifiques de tous bords se réunissent pour partager et confronter leurs idées. Ainsi l'académie
royale de Paris regroupe sept mathématiciens (dont Huygens et Roberval) et six physiciens. L'État met à leur
disposition des laboratoires et des moyens pour poursuivre leur recherche mais les académies ont aussi pour rôle de
centraliser et valider les travaux et les mémoires qui leur sont envoyés de partout. Elles jouent ainsi un rôle
fédérateur des savoirs.
L'importance de la Compagnie de Jésus, durant cette période reste
prépondérante. Garante d'une certaine orthodoxie, elle fut, certes, un
frein au développement des idées nouvelles comme l'héliocentrisme de
Galilée, mais elle fournit par ailleurs de nombreux mathématiciens de
qualité (Clavius, Grégoire de Saint-Vincent, Saccheri, Ceva, Bachet de
Méziriac...). Elle offre aux chercheurs la possibilité de se consacrer aux
études ainsi qu'un réseau très étendu de savants et d'enseignants à
travers toute l'Europe. C'est ainsi qu'elle forme des mathématiciens
comme Descartes, Mersenne, Fontenelle ou Cassini. Les principes de
l'Ordre préconisent un « devoir d'intelligence » mis au service de la
connaissance et favorise ainsi la confrontation des idées.

Les cours royales, à l'instar de ce qui se pratiquait quelques siècles


auparavant dans les cours persanes, regroupent chercheurs et
mathématiciens autour de protecteurs qui leur permettent de travailler
dans une relative sérénité.
Les communications à travers toute l'Europe se développent. Les
échanges en langue nationale (allemand, anglais, français, italien)
prennent de l'ampleur mais le latin reste encore pour ce siècle la langue
Premier numéro du Journal des sçavans daté du 5
d'échange privilégiée des savants. C'est en latin que Bacon publie son
janvier 1665.
Novum Organum (1620) ou Leibniz ses Acta eruditorum. Le français
devient à cette époque langue diplomatique et s'avère un vecteur
important de communication et d'échange. Les mathématiciens de ce siècle communiquent abondamment par lettres,
Mathématiques en Europe au XVIIe siècle 55

confrontant leurs idées et annonçant leurs publications. Nombre d'erreurs et d'imprécisions sont ainsi rapidement
rectifiées, des embryons d'idée sont ainsi développés par une communauté internationale de mathématiciens. La
correspondance du Minime Marin Mersenne est à ce point exemplaire car il sert d'intermédiaire entre les
mathématiciens Descartes, Gassendi, Roberval et Fermat. Les avancées sur le calcul intégral (problème de la
chaînette...) sont le fruit d'échanges épistolaires fructueux entre Bernoulli, Leibniz et Huygens. Les publications de
périodiques se multiplient. Le Journal des savants est publié à Paris dès 1665, les Philosophical Transactions
paraissent à Londres en 1665 et les Acta eruditorum à Leipzig en 1682. Mais les mathématiciens n'hésitent pas non
plus à se déplacer et voyager pour rencontrer et dialoguer avec d'autres chercheurs européens. Descartes, Huygens,
Mersenne, Leibniz parcourent ainsi l'Europe à la rencontre de leurs confrères. Les voyages à Paris, en Italie, en
Hollande ou à Londres deviennent des passages obligés dans la formation des mathématiciens et permettent un
brassage important des idées et des cultures.
Ainsi tout contribue au développement et à la communication des idées nouvelles.

Des mathématiques au service des sciences et des techniques

L'idée de nouveau
Au XVIIe siècle on passe des spéculations aux inventions. L’époque est
habitée par l’idée de faire du nouveau, c’est la naissance des méthodes,
à l'image du Discours de la méthode de René Descartes, et qui sont un
« art d’inventer [2] ». L’objectif est d’obtenir des sciences actives
donnant la possibilité d’être « comme maître et possesseur de la nature
» [3] . Francis Bacon publia son Novum Organum en 1620, pour un
nouvel Organon en référence au travail d’Aristote, projet ambitieux s'il
en est. Dans ses écrits, il chercha à persuader ses contemporains de
rompre avec les anciens et précisa la méthode baconienne destinée à
obtenir des créations nouvelles. Les anciens posaient des grands
principes (voir le Traité des catégories d’Aristote) ; la méthode de
Bacon est elle fondée sur l’induction : à partir du particulier, il s’agit
d’énoncer des axiomes pour revenir au particulier car Bacon cherche à
élaborer une science active, une science en spirale très éloignée de ce
que présente Aristote dans l’Organum. Francis Bacon
Mathématiques en Europe au XVIIe siècle 56

Comprendre versus expliquer


Si pour Aristote la connaissance scientifique avait pour
finalité d’expliquer, de déterminer les causes, il
s’agissait désormais de comprendre c’est à dire de
déterminer comment cela fonctionne.
Par exemple, dans la chute d’un corps il s’agissait pour
Aristote de déterminer pourquoi cela tombe, quelle
était la cause, alors assimilée au principe selon lequel le
grave « rejoint son lieu naturel ». Avec Galilée la
question devient comment se fait cette chute. Galilée
travaillait aux arsenaux de Venise, il avait en vue des
problèmes techniques précis comme la trajectoire d’un
boulet de canon ou sa portée maximum. Si
En se déplaçant le long de sa directrice, la parabole est toujours vue l’accélération du mouvement est connue depuis
sous un angle droit. Aristote, Galilée ne se demande plus pourquoi la
vitesse augmente mais bien comment elle augmente
c’est-à-dire dans quelle proportion. Pour cela il cherche à quantifier, à numériser, en commençant par récuser la
distinction antique entre le naturel et l’artificiel.

La naissance du courbe et de l'objet cinématique


Galilée travaillait sur la trajectoire du boulet
de canon tiré, problème qui induit une
réflexion au sujet de la courbe et bientôt du
courbe.
Dans les → mathématiques grecques il est
fait état d’environ 12 courbes particulières
étudiées et correspondant à des problèmes
géométriques : c’est ainsi que les coniques Le point mobile engendre une cycloïde droite.
ont été introduites pour résoudre le
problème géométrique de la duplication du cube

Au XVIIe siècle l’étude concerne la courbe en générale qui n’est plus uniquement un problème géométrique [4] et
devient un problème cinématique, c’est-à-dire où le mouvement est concerné ce qui fait rupture par rapport à la
géométrie grecque. Dans ce contexte la parabole devient un objet cinématique et non plus exclusivement statique.
Mathématiques en Europe au XVIIe siècle 57

Galilée et l’expérimentation, en rupture avec les anciens


Lorsque Niccolo Fontana Tartaglia étudie la question des artilleurs et
dans son ouvrage de 1537 sur la nova sciensa, il cherche à définir
l’angle d’inclinaison du canon pour avoir une portée maximum.
Cependant il part encore de la classification d’Aristote basée sur la
différence entre mouvement violent et mouvement naturel avec la
théorie de l'impetus. Un siècle plus tard, Galilée n’hésite pas à mêler
mouvement violent et naturel. Il traite également les problèmes des
artilleurs tels la portée selon l’inclinaison du canon. Galilée est proche
des hommes de l’art comme le puisatier, il propose des tables de tir ou
une méthode d’utilisation de la hausse. C’est aussi à cette époque que
s’élabore définitivement la notion de fonction. Galilée quitte
l’enseignement de l’Université pour se consacrer à ses recherches et,
dans une lettre au secrétaire du grand duc de Toscane, il élabore un
véritable programme de recherche où la technique est bien présente aux
côtés de problèmes plus mathématiques ou purement physiques. Pour
lui, il n’est plus question d’étudier seulement la physis c’est-à-dire ce
qui est naturel dans la classification d’Aristote mais aussi ce qui est Galileo Galilei.
artificiel comme le mouvement violent. Ainsi naissent les
problématiques relatives au temps et à l’espace parcouru, à la mesure de la distance. Un de ces prédécesseurs Nicole
Oresme, réalisant des travaux sur des thèmes proches, s’intéressa à la vitesse mais pas à la distance. Il est manifeste
que Galilée a dans l’idée d’expérimenter car, si le temps et la distance sont accessibles, en reliant les deux on obtient
la loi de chute des graves. Galilée vérifie par une expérience que la distance est proportionnelle au carré des temps et
s’abstient de réfléchir sur les causes.

René Descartes et l'optique géométrique


René Descartes était passionné par les problèmes pratiques, les
problèmes d’ingénieurs et se situait également dans une posture de
critique des anciens. Il travailla sur les courbes optiques telles
l'anaclastique [5] de l’ingénieur Cornier de Rouen. Il s’agissait de
déterminer la forme d’un dioptre (verre optique) de telle sorte que les
rayons de lumière arrivant de manière parallèle vont se réfracter en un
point unique. Dans cette recherche, Descartes trouve la loi de la
réfraction et abandonne l’idée de trouver la cause de cette réfraction.
Pour cela il résout un problème mathématique de type « inverse des
tangentes » (on connaît une propriété des tangentes et on cherche la
courbe correspondante) et qui donne la forme de la courbe et donc du
verre optique. On sait que deux formes sont possibles : l’hyperbole et
l’ellipse. Descartes abandonne à cette occasion la définition des
Anciens comme intersection d’un cône et d’un plan pour préférer la
René Descartes, d'après Frans Hals.
définition issue de la manière dont les jardiniers dessinent l’ellipse et
l’hyperbole dans leurs jardins. Par suite, Descartes donnera des
recommandations pour construire les machines à tailler ces verres. Pour autant, après résolution du problème de
l’anaclastique, Descartes traite le problème des ovales que lui se pose [6] . Il s’agit ici de déterminer la forme d’un
Mathématiques en Europe au XVIIe siècle 58

dioptre de façon que des rayons partent d’un point, rencontrent le verre et se rejoignent en un même point. Descartes
trouve une courbe à trois foyers qui va bien au delà des mathématiques des anciens et aboutit à sa méthode
d’inversion des tangentes donnée au livre II. Dans cette recherche, il rend hommage à Kepler, événement rare dans
l’œuvre de Descartes.

Christiaan Huygens ou le « secret des longitudes »


Un autre problème technique concret fut à la source d’innovation
mathématiques et techniques au XVIIe siècle : il s’agit de la
détermination des longitudes en mer. Celles-ci étaient alors
difficilement accessibles par des observations astronomiques directes
ou des procédés hasardeux comme l'observation de la déclinaison
magnétique. On savait en théorie qu'une meilleure solution était le
recours à des horloges embarquées dont on comparait l’heure avec celle
du port de départ, le décalage horaire donnant la longitude. Richelieu
avait promis une forte somme d’argent, comme le roi d’Angleterre ou
le stathouder de Hollande à qui trouverait le « secret des longitudes »
car sa connaissance autorisait la maîtrise des mers et le développement
du commerce.

Dans cette recherche, Christian Huygens s'intéresse aux oscillations


isochrones (1656 - 1659) et publie ses résultats sur l'isochronisme de
l'oscillation cycloïdale. Il applique ce résultat à la conception des
horloges : pour que la période des oscillations soit indépendante de
l'amplitude, il faut que le mouvement s'effectue sur une cycloïde[7] . Il
utilise pour ce faire deux lames métalliques correctement recourbées
entre lesquelles il fixe son pendule [8] . Ce système permet de Portrait probable de Huygens, détail de
l'Établissement de l'Académie des Sciences et
régulariser le mouvement et d’obtenir un battement isochrone du
fondation de l'observatoire, 1666.
pendule qui n’est pas naturel contrairement à ce croyait Galilée. Il
construit sa première horloge en 1657; qui ne se décale que de 15
secondes par jour. Il en confie quelques exemplaires à des marins mais leur réalisation pratique n'est pas assez
robuste et elles ne résistent pas aux efforts dus aux mouvements des bateaux [9] . Il faudra attendre le siècle suivant
avec John Harrison, Ferdinand Berthoud et Julien Le Roy pour que soit enfin résolu le problème des longitudes par
le développement des chronomètres de marine.

Des outils théoriques qui s'affinent


C'est au cours de ce siècle que se mettent en place des outils nécessaires au développement des mathématiques
principalement en analyse.

Algèbre
La révolution symbolique initiée par François Viète de 1591 à 1603 se poursuit avec la publication de ses oeuvres
par Alexander Anderson (1612-1619), Marin Ghetaldi (1615), Jean-Louis Vaulezard (1630), Claude Hardy (1630),
Jean de Beaugrand (1624 et 1631), James Hume (1636) et Frans Van Schooten (1646). Cette nouvelle algèbre (on
préfère alors le terme d'analyse symbolique) est amplifiée par les travaux des anglais Nathanael Tarporley, William
Oughtred et Thomas Harriot et du français Pierre de Fermat. Ainsi, se mettent en placent toutes les règles du calcul
littéral. Sa mise en forme définitive s'achève avec Descartes dans ses Regulae et dans sa Géométrie (1637), qui, outre
les opérations usuelles (additions, multiplication, soustraction, division, racine carré et racine cubique), fournit une
Mathématiques en Europe au XVIIe siècle 59

définition de l'exponentielle. Cette période de formation du calcul algébrique (1591-1637) voit se réaliser une
véritable rupture avec les rédactions plus anciennes. Elle va permettre une plus grande lisibilité dans la résolution des
équations, le traitement des polynômes et la mathématisation des problèmes.
S'appuyant sur les travaux de ses prédécesseurs, Leibniz approfondit
l'usage de la notation symbolique dans des ouvrages marquants comme
Conspectus calculi et Mathesis universalis. Il exploite à son avantage
cet outil pour développer de nouvelles méthodes de résolution dans son
De arte combinatoria (1666). Il s'attache à la résolution des systèmes
d'équations linéaires et met en place pour la première fois la notion de
déterminant (1684), celle d'élimination et de résultante.[10] Il applique
son imagination à cette nouvelle écriture pour créer du neuf et invente
le concept de puissance réelle d'un réel avant de pouvoir en donner une
définition mathématique rigoureuse. Il est suivi ou précédé dans cette
recherche par Isaac Newton.[11]

Arithmétique
L'arithmétique apparait en Europe durant ce siècle. Les mathématiciens
Gottfried Wilhelm von Leibniz.
redécouvrent le savoir de l'antiquité et développent de nouvelles
techniques pour résoudre des questions parfois anciennes. Ils se
limitent à la branche des mathématiques appelée arithmétique modulaire.
Bachet de Méziriac traduit le livre de Diophante d'Alexandrie Arithmetica en latin et il démontre l'identité
maintenant connue sous le nom d'identité de Bézout. Ce sujet passionne Pierre de Fermat qui énonce un grand
nombre de propositions sur ce sujet. On peut citer son petit théorème, celui sur les deux carrés et son dernier
théorème. La communauté scientifique se lance des défis sur ce sujet, ainsi Fermat demande : « un nombre carré qui,
ajouté à la somme de ses parties aliquotes (ie ses diviseurs), fasse un cube. » Il conclut par : « j'attends la solution de
ces questions ; si elle n'est fournie ni par l'Angleterre, ni par la Gaule Belgique ou Celtique, elle le sera par la
Narbonnaise »[12] .
Les nombres premiers fascinent. Mersenne en développe une famille et Fermat une autre. Ils communiquent
largement entre eux sur ce sujet, comme l'atteste cette lettre de Fermat : « Si je puis une fois tenir la raison
fondamentale que 3, 5, 7, 17, 257, 65 537, ..., sont nombres premiers, il me semble que je trouverai de très belles
choses en cette matière, car j'ai déjà trouvé des choses merveilleuses dont je vous ferai part »[13] . René Descartes
n'est pas en reste. Il cherche en vain à démontrer que si la division par huit d'un nombre premier donne pour reste un
ou trois, il s'écrit de la forme .
On peut encore citer Leibniz qui démontre un résultat redécouvert au XVIIe siècle et qui prendra le nom de théorème
de Wilson. Il propose aussi une démonstration plus rapide[14] vers 1683 du petit théorème de Fermat.

Géométrie
Durant ce siècle, la géométrie se détache de la notion ancienne d'ensemble de points ou de figures de référence pour
entrer dans l'ère de la géométrie des coordonnées créée par Pierre de Fermat et René Descartes. Ces mathématiciens
cherchent à associer des courbes et des surfaces à des équations algébriques et permettent ainsi un échange fructueux
entre deux domaines (géométrie et algèbre). Descartes met en place les outils de calcul de tangente au point A à une
courbe en recherchant la droite passant par A et ne possédant en commun avec la courbe qu'un point double. De
même, la méthode des cercles tangents lui permet de trouver de manière algébrique la normale à la courbe (la
perpendiculaire à la tangente). Il définit les courbes géométriques à l’aide de mouvements à condition « qu’ils soient
bien réglés entre eux », et donne une méthode universelle, avec introduction d’un élément d’unité, de la géométrie
Mathématiques en Europe au XVIIe siècle 60

algébrique [15] . Parallèlement, Fermat s'attache à l'étude des maxima et des minima.
Desargues, quant à lui, dans son ouvrage paru en 1636, Pratique de la perspective développe une approche
projective de la géométrie et complète son étude trois ans plus tard par l'exploration des coniques. Son travail est
repris et approfondi par Blaise Pascal, Philippe de La Hire et Isaac Newton (Philosophiae naturalis principia
mathématica 1687).

Analyse
C'est surtout dans ce domaine que l'on note un progrès considérable
avec la notion de limite et de calcul infinitésimal. La construction des
tangentes aux courbes étudiée par Descartes, Fermat et Roberval pose
les premiers jalons du calcul différentiel. Dès le début de ce siècle se
pose la question de la recherche de l'inverse des tangentes (ou
comment trouver une courbe quand on connaît une propriété
tangentielle). En 1645, Roberval propose ses quadratrices.

Le début du XVIIe voit le développement de l'étude des aires sous les


courbes ; Cavalieri met en place sa méthode des indivisibles
(Geometria indivisibilibus continuorum nova quadam ratione promata,
1635) développée par Torricelli, Stefano degli Angeli, Gregory et
Wallis.
Sa méthode, novatrice, est cependant supplantée à la fin du XVIIe
siècle quand se met en place le calcul infinitésimal et intégral John Wallis

développé conjointement par Leibniz (les infiniment petits, Nouveau


calcul, 1684) et Newton (les fluxions, écrit en 1670 et publié en 1690).
Dès la parution du calcul différentiel de Leibniz, sa méthode est
utilisée dans le monde des mathématiciens. John Craig l'exploite dans
un livre traitant des quadratures. Leibniz comprend que sa méthode
permet de résoudre le problème inverse des tangentes (l'intégration) et
c'est Jacques Bernoulli qui emploie pour la première en 1690 le terme
intégral. Jacques et Jean Bernoulli utilisent ce nouveau calcul pour
l'étude de courbes particulière (courbe isochrone, courbe
brachistochrone). En 1696, le marquis de l'Hospital, instruit par Jean
Bernouilli, publie Analyse des infiniment petits pour l'intelligence des
lignes courbes. Ce nouveau calcul présente des imprécisions qui seront
levées à la fin du siècle et au début du siècle suivant grâce à un grand
débat ouvert à l'Académie Royale des Sciences. Le calcul des fluxions
de Newton trouve, quant à lui, un développement parmi les
mathématiciens anglais.

Dans la seconde moitié du XVIIe siècle, l'école anglaise est florissante. Portrait d'Isaac Newton par Godfrey Kneller
John Wallis approfondit le calcul des indivisibles. Avec James Gregory (1689).

et Isaac Newton, il travaille sur le développement en série entière.


Mercator découvre l'aire sous l'hyperbole en développant en série 1/(1+x) (Logarithmotechnia, 1668). Isaac Newton
développe en série Arccos, Arcsin, cos et sin (avant 1670).
Le XVIIe siècle voit aussi la naissance de deux fonctions transcendantes : la fonction logarithme et la fonction
exponentielle . Mise en place par John Napier (1614) qui lui donne le nom de logarithme (logarithme d'un sinus), et
Jost Bürgi (1620), La fonction logarithme n'est au départ qu'une table de correspondances pour des calculs
Mathématiques en Europe au XVIIe siècle 61

astronomiques. Henry Briggs en 1615 propose une table de logarithmes décimaux. Puis c'est l'invention de la règle à
calcul en 1624 par Edmund Gunter. De tables de correspondances, le logarithme prend progressivement le statut de
fonction avec l'aire sous l'hyperbole attribuée à Grégoire de Saint-Vincent (1647), étudiée aussi par James Gregory
(1667) et Huygens qui font le lien entre cette aire et les propriétés des logarithmes. En 1668, Brouncker et Mercator
les développent en série entière (log 2, log 5/4, puis log (1+x)) puis vient sa définition intégrale écrite par Leibniz
sous la forme . La fonction exponentielle n'est au départ que l'extension de à des exposants d'abord nég

fractionnaires. Elle s'appuie sur la notation exponentielle de Descartes (1637) développée ensuite par Leibniz mais
c'est au cours du siècle suivant avec Euler que cette fonction sera complètement étudiée.
Tous ces nouveaux outils vont permettre le développement au siècle suivant de l'étude des fonctions et de la
cinématique.

Voir aussi

Liens internes
• → Histoire des mathématiques

Bibliographie
• La révolution mathématique du XVIIe siècle - Évelyne Barbin – Éditions Ellipses (ISBN 2729831444)
• Michel Blay et Rober Halleux, La Science classique - XVIe - XVIIIe siècle - Dictionnaire critique, éditions
Flammarion, (ISBN 2-08-211266-6)
• Jacques Bouveresse, Jean Itard, Émile Sallé, Histoire des mathématiques
• Nicolas Bourbaki, Éléments d'histoire des mathématiques (1984)
• Michel Serfati, La révolution symbolique

Références
[1] Voir aussi Métaphysique (Aristote)
[2] L'expression est de Leibniz
[3] L’expression est de René Descartes
[4] Par exemple Archimède définit la spirale de manière géométrique, non cinématique comme la combinaison d’un mouvement de rotation et de
translation
[5] Selon l'encyclopédie de Diderot et d'Alembert, l'anaclastique est la partie de l'optique qui a pour objet les réfractions. Les courbes
anaclastiques sont selon Descartes « les courbes qui permettent par réfraction de rompre (Klao en grec, briser) des rayons parallèles pour les
faire converger en un point »
[6] Ce n’est plus un problème issu du monde technicien mais une spéculation théorique à son initiative
[7] Michel Blay, Robert Halleux, La Science classique, XVIe - XVIIIe siècle, p 280
[8] Voir une illustration (http:/ / www. sciences. univ-nantes. fr/ physique/ perso/ gtulloue/ Meca/ Oscillateurs/ pend_cyclo. html)
[9] Laurette Tuckerman, Les pendules de Huygens (http:/ / www. pmmh. espci. fr/ ~laurette/ papers/ huygens. ps. gz) dans la revue Pour la
Science
[10] La science classique - XVIe -XVIIe siècle - Algèbre et géométrie, texte d'Eberhard Knobloch
[11] Michel Serfati, La révolution symbolique
[12] Pierre de Fermat Correspondance 3 janvier 1657
[13] Pierre de Fermat Correspondance Marin de Mersenne 25 Décembre 1640
[14] M. BÜHLER et A. MICHEL-PAJUS Une démonstration du théorème de Fermat par Leibniz, MNEMOSYNE n°19, "Bonnes vieilles pages
(2)p 61-66 2007
[15] Discipline déjà initiée par les mathématiciens arabes
Sangaku 62

Sangaku
Les Sangaku ou San Gaku (算額 ; littéralement tablettes mathématiques) sont des énigmes géométriques
japonaises de géométrie euclidienne gravées sur des tablettes de bois, apparues durant la période Edo (1603-1867) et
fabriquées par des membres de toutes les classes sociales.

Historique
Pendant la période Edo, le Japon était complètement isolé du reste du monde, si bien que les tablettes furent créées
en utilisant les mathématiques japonaises (wasan), sans influence de la pensée mathématique occidentale. Par
exemple la connexion fondamentale entre une intégrale et sa dérivée était inconnue, de sorte que les problèmes des
Sangaku sur les aires et les volumes étaient résolus par l'expansion de séries infinies et le calcul terme par terme. Ce
fut une période d’intense création culturelle, au sens large, avec l’apparition d'autres formes d’art profondément
originales : le théâtre Kabuki, le Bunraku (théâtre de marionnettes), l’Ukiyo-e (estampes). Les Japonais tirèrent profit
des héritages culturels chinois ramenés du continent. Certains ouvrages de mathématiques leur furent d'abord
incompréhensibles et furent ensuite lentement assimilés.
Les Sangaku étaient peints en couleur sur des tablettes de bois suspendues à l'entrée de temples et d'autels shintoïstes
(Jinja) en offrande aux divinités locales (tablettes votives).[réf. souhaitée]. Selon certaines sources, il s'agissait de
montrer le talent d'un maître mathématicien à la vue du plus grand nombre. [1]
Beaucoup de ces tablettes ont été perdues après la période de modernisation qui succéda à la période Edo, mais
environ 900 ont pu être conservées. Les Sangaku furent publiées pour la première fois en 1989 par Hidetoshi
Fukagawa, un professeur de mathématiques de lycée et par Daniel Pedoe dans un livre intitulé Japanese Temple
Geometry Problems.

Types de problèmes
Les tablettes sangaku présentent souvent des figures simples où l'esthétique des formes est déterminante dans le
choix des problèmes. On y retrouve particulièrement des polygones et des polyèdres simples ou réguliers, des
cercles, des ellipses, des sphères et des ellipsoïdes. Le paraboloïde et les différentes coniques y font leur apparition
aussi. Le cylindre intervient surtout pour créer l'ellipse par intersection avec le plan. Les transformations affines sont
utilisés pour passer du cercle à l'ellipse. Des problèmes concernent par exemple plusieurs cercles mutuellement
tangents ou plusieurs cercles tangents avec une ellipse.
• Un des beaux problèmes, celui trouvé sur une tablette de la Préfecture de Tokyo en 1788 et qui fit la couverture
du Scientific American, met en jeu le disque ou le cercle des entiers, où, dans un cercle de rayon 1, on coince
deux disques de rayon 1/2 (ou de courbure 2, la courbure étant l'inverse du rayon), les interstices étant comblés de
disques de courbure 3, créant ainsi d'autres interstices, qui seront à leur tour remplis par de plus petits disques de
courbures entières (6, 11, 27, etc.) Cette construction remarquable, qui fait intervenir une infinité de quadruplets
de cercles mutuellement tangents (satisfaisant donc le théorème de Descartes), ne contient que des cercles aux
courbures entières. Le problème demandait simplement quel était le rayon d'un cercle d'une des séries
intersticielles.
Sangaku 63

Voir aussi

Articles connexes
• Le mathématicien Seki Kowa

Bibliographie
• Tony Rothman et Hidetoshi Fugakawa, « Géométrie et religion au Japon » Pour la Science, n° 249, Paris, Juillet
1998.
• Annick Horiuchi. « Les mathématiques peuvent-elles n'être que pur divertissement ? Une analyse des tablettes
votives de mathématiques à l'époque d'Edo ». Extrême-Orient, Extrême Occident, n°20, Presses Universitaires de
Vincennes, octobre 1998.
• (en) H. Fukagawa et Daniel Pedoe. Japanese Temple Geometry Problems: San Gaku. (Charles Babbage Research
Centre. Winnipeg, 1989)
• (en) Hidetoshi Fukagawa et Tony Rothman. "Sacred Mathematics: Japanese Temple Geometry". (Princeton
University Press , juillet 2008)
• Géry Huvent, Sangaku. Le mystère des énigmes géométriques japonaises, Dunod, novembre 2008

Liens externes
• Plusieurs images de Sangaku [2]
• (en) http://www.wasan.jp/english/
• (en) http://www.loyola.edu/maru/sangaku.html
• (en) Pythagoras and Vecten Break Japan's Isolation [3]
• (en) http://www.cut-the-knot.org/pythagoras/Sangaku.shtml
• (fr) http://pagesperso-orange.fr/gery.huvent/html/sangaku.htm
• (fr) De l'usage des Sangakus comme problème mathématique au collège et au lycée [4]
• (fr) http://www.etab.ac-caen.fr/le-castillon/IMG/pdf/Sangaku.pdf

Références
[1] Annick Horiuchi, in : Géry Huvent. Sangaku Le mystère des énigmes géométriques japonaises. Dunod, Paris; 2008. « Les problèmes légués
symbolisent ce que nous appellerions aujourd'hui le front de la recherche. [...] Ces joutes mathématiques que les maîtres s'échangent à distance
stimulent incontestablement la recherche... »
[2] http:/ / www. sangaku. info/ index. fr. html
[3] http:/ / www. cut-the-knot. org/ Curriculum/ Geometry/ PythagorasWithVectenInJapan. shtml
[4] http:/ / revue. sesamath. net/ spip. php?article218
Sources et contributeurs de l'article 64

Sources et contributeurs de l'article


Histoire des mathématiques  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?oldid=46085187  Contributeurs: 307sw136, Acélan, Aldoo, Ambigraphe, Amoceann, Aoineko, Apokrif, Archibald,
Ascaron, Badmood, Bakha, Baleer, Ben D, Bibi Saint-Pol, Carmen Anchel, Cgolds, Chouca, Chrono1084, Claude Valette, Claudeh5, CommonsDelinker, David Berardan, Dgl, Diligent, Diti,
DocteurCosmos, Doof, Dricokit, EDUCA33E, Edhral, Ektoplastor, El Caro, Ellisllk, Emiaille, Esprit Fugace, Fabrice Dury, Fransoua69, GLec, Galoric, Gene.arboit, GillesC, Godix, Graffity,
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Mathématiques préhistoriques  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?oldid=39884142  Contributeurs: Bob08, El Caro

Mathématiques babyloniennes  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?oldid=43009566  Contributeurs: Badmood, Diti, El Caro, Leag, PIerre.Lescanne, Verbex, Xofc, 5 modifications
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Mathématiques dans l'Égypte antique  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?oldid=45369631  Contributeurs: Alchemica, Arnauldvm, Attaleiv, Badmood, Bakha, BenduKiwi, Bouette,
Claude Valette, Dfgt, DocteurCosmos, El Caro, HB, JB, JKHST65RE23, Johrnard, Lord-of-the-Light, Maloq, Medium69, Mnmngb, Nadvig, Néfermaât, PIerre.Lescanne, Pdebart, Peps, Sebi,
Sebleouf, Sherbrooke, VIGNERON, Vincnet, 16 modifications anonymes

Mathématiques indiennes  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?oldid=44734355  Contributeurs: Actorstudio, Badmood, CUSENZA Mario, Deepujoseph, Ektoplastor, Gôkulam, Leag,
Litlok, Medium69, Moez, Mélanie Huguet, Nataraja, Peps, Sebleouf, Wiz, 6 modifications anonymes

Mathématiques de la Grèce antique  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?oldid=44180698  Contributeurs: B-noa, Badmood, Bibi Saint-Pol, Bob08, Deep silence, Dfeldmann,
Ektoplastor, El Caro, Eristik, Escaladix, Gene.arboit, Jastrow, Jerome66, Kelemvor, Medium69, Nadvig, Olmec, Verbex, 5 modifications anonymes

Mathématiques arabes  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?oldid=46338968  Contributeurs: B-noa, Chrono1084, Claudeh5, Deep silence, Ektoplastor, El Caro, Fabienkhan, Fagairolles
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