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LE LIVRE BLANC DE
L’EXPÉRIENCE
CLIENT VOL. 1
Janvier 2017
En général, les démarches d’innovation commencent par l’identification d’une En dépit du fait qu’on en parle de plus en plus, l’expérience client a du mal à
franchir le pas et à passer à l’action. Pourquoi ? J’échangeais récemment avec un
problématique dont la résolution intègre les besoins de la cible pour faire
spécialiste et fin connaisseur du secteur des services en France qui m’avouait
ensuite marche arrière lorsqu’ils sont confrontés aux contraintes internes de que les entreprises ne savaient pas par où commencer, qu’elles étaient
l’entreprise. Pourquoi ? Parce que les approches traditionnelles génèrent paralysées par l’ampleur de la tâche. S’il est vrai que la peur n’évite pas le
beaucoup d’idées qui ne prennent pas en compte les contraintes danger, il y a quand même urgence à agir pour ne pas figurer sur la liste des
opérationnelles, la capacité des équipes à les exécuter, ou la viabilité
entreprises qui auront disparu dans 10 ans.
commerciale du projet. Nous pensons qu’il faut combiner les deux points de
vue - celui du client et celui de l’entreprise, à partir d’une compréhension Vous pensez que j’exagère ? Quelques chiffres pour vous convaincre du
approfondie des besoins - pour dépasser le cadre de la problématique et contraire. Prenons l’exemple de la banque : une forteresse réputée imprenable
donner du sens au projet. du fait du poids réglementaire et des barrières à l’entrée. Aux USA et au
Royaume-Uni, les plateformes de financement participatif entre particuliers
Une autre de nos différences par rapport aux démarches classiques, c’est que ont prêté 17 milliard de dollars en 2106, soit autant qu’au cours de leurs 7
nous nous autorisons la posture du « Et si ? » (What if ?), qui nous ouvre le années d’existence. Avec ses 65 millions d’abonnées, Netflix, a 4 fois plus de
champ des possibles et laisse place à la sérendipité. Notre équipe intègre trois clients que le leader historique Comcast, Whatsapp n’en finit pas de faire
compétences clés : marketing, design et management qui travaillent main perdre de l’argent aux géants de la téléphonie… sans parler de Airbnb, Tesla,
dans la main depuis les phases amont jusqu’à la livraison. Nous pensons qu’en Uber… La liste est longue des nouveaux joueurs qui changent les codes et
mariant les compétences stratégiques d’un consultant en management de accélèrent l’adoption de nouveaux usages par la mise en oeuvre d’une
l’expérience client, celles d’un spécialiste des sciences du consommateur et les expérience client hors pair.
autres d’une équipe de designers de grand talent nous réalisons la synthèse
idéale entre cerveau droit et cerveau gauche pour résoudre de manière Vous pensez que ca n’est pas pour vous ? Que vous êtes à l’abri, qu’il y a une
structurée et rapide les problématiques qui nous sont confiées. exception française ? Si exception il y a, c’est à notre médiocrité que nous la
devons : à part Amazon, aucune entreprise n’apparait sur le radar du Cxi
Nos clients (Customer Experience Index), là où dans d’autres pays plus matures une
entreprise sur 5 est jugée bonne voire excellente sur le sujet. Alors
qu’attendons-nous ?
ING Direct SNCF
Securitas Depuis 5 ans que j’ai créé X+M, je n’ai eu de cesse d’évangéliser, d’animer des
Cofidis
conférences, d’écrire… Mon livre « L’expérience client » paru chez Eyrolles en
Dessange International Val Thorens
2015 a déjà été adopté par des entreprises leaders. Pour avancer dans cette
Groupe La Poste RATP
voie, voici le volume 1 du Livre blanc de l’expérience client dans lequel vous
Leroy Merlin Cetelem trouverez les meilleurs articles de mon blog pour vous initier, challenger vos
Monoprix La Banque Postale connaissances ou plus simplement diffuser autour de vous.
Mobivia Groupe American Express
Orange Decathlon L’expérience client n’est pas une mode, c’est un mouvement !
Castorama Ile de la Réunion Alors allons-y !
Groupe Chantelle Groupe Yak et Yéti
Chanel Joaillerie
Par où on commence ?
1. LES GRANDS PRINCIPES 8
Par où on commence ? 8
Je perçois donc je suis 12
L’expérience client : business as unusual 14
L’engagement, la nouvelle frontière de la relation client 17
Stop thinking, start doing 22
Éloge de la simplicité 25
De l’importance de la mémoire 28
Des émotions à l’expérience client 32
L’enchantement client, arme ultime de différenciation 36
Les services excellents ne font pas (systématiquement) les Je souhaite partager avec vous les préoccupations de tous ceux qui viennent de
clients enchantés 39 prendre en charge l'expérience client dans leur entreprise et qui se posent la
question - angoissante pour certains - : « Par où je commence ? ». Je vois déjà
2. MÉTHODES ET OUTILS 42 les vieux briscards du sujet - et il n'y en pas tant que ça - esquisser un sourire :
rassurez vous, ils se la posaient il n'y a pas si longtemps.
Parcours client, mode d’emploi 42
Les « 7C » ou la stratégie en action 45 Alors pour démarrer sereinement dans votre nouveau rôle, voici mes 10 conseils
pour mettre en place une démarche expérience client et organiser son
Capter les enjeux 49 pilotage.
Comprendre les clients et les collaborateurs 52
1. Allez sur le terrain et vivez l'expérience des clients et des collaborateurs :
BONUS - Une société en quête d’émotions 55 c'est la première chose à faire ! Enfilez vos baskets, prenez un appareil photo, un
carnet de notes et quelques stylos et plongez vous dans le quotidien des
opérations. Achetez en ligne, in store, annulez, retournez, réclamez, parlez avec les
collaborateurs en front, allez chez vos clients voir comment ils utilisent vos
services ... en un mot « crash testez » vos offres et voyez ce qui se passe. Rien
de tel pour prendre le pouls de ce qui va bien et moins bien. On ne se fait
vraiment son opinion que lorsqu'on est confronté à la réalité : d'ailleurs
l'étymologie du mot expérience n'est elle pas : « connaissance acquise par le
vécu » ?
Cet article a été publié le 13/11/2016… et a été lu 1 020 fois Dans notre environnement complexe, les grilles de lecture classiques basées
sur l’analyse du passé ne fonctionnent plus. Difficile également d’en
comprendre les enjeux tant ils ne cessent de changer, modifiant ainsi les règles
En résumé : et le champ de ce qui est possible et probable. Les études marketing autrefois
si précieuses pour prédire les comportements sont devenues inopérantes : on
- Cela ne sert à rien d’attendre de vos clients qu’ils expriment les n’achète plus un service ou un produit mais la solution à un problème, la
émotions que vous avez prévues pour eux et qu’ils agissent en réponse à une frustration.
conséquence, les modèles comportementaux de type stimulus / réponse
ne fonctionnent plus Au milieu de toute cette confusion, nous n’avons qu’une certitude : plus rien ne
- Pour réduire l’écart entre la promesse de marque et la perception de sera comme avant. Il est arrivé le temps du « business as unusual », où
l’expérience vécue par le client, vous devez concevoir l’expérience depuis l’innovateur est en première ligne pour révéler de nouvelles opportunités de
le point de vue du client développement qui vont plus loin que les produits ou services « me too » et
- La mesure aussi est personnelle et subjective : le CES qui évalue la qui prennent enfin le consommateur/utilisateur au sérieux. Pour Pine et
perception de l’effort et le NPS qui s’appuie sur la mémoire pour Gilmore (1999), nous sommes entrés dans l’économie d’expérience, une
recommander… ou pas nouvelle ère aussi différente de l’économie de service que celle-ci l’était de
l’économie de production. Dans cette économie se sont déjà imposés des
acteurs comme Uber, Apple, Tesla, Starbucks,Virgin Atlantic, Amazon, Ikea …
La stratégie en action
Et parce qu’elle permet d’en finir avec les pratiques de conception en silos et
les déploiements descendants, l’expérience client est aussi un moyen
d’accompagner le changement. Êtes-vous prêt ?
Le facteur humain est central : les gens - en général et pas seulement les clients
- réclament d’être considérés et reconnus en tant qu’individus, veulent sentir
qu’on les accueille et qu’on s’intéresse à eux et à leur vie. Derrière chaque
demande, il y a une histoire, une situation, une vie. Et le rôle des collaborateurs
n’est tant pas de vendre que d’entendre l’histoire et le besoin qui se cache
derrière de manière authentique et sincère. Quand je rentre dans une boutique
pour acheter le sac dont je rêve depuis des mois, qu’on me répond - avec le
Une récente etude publiée par Accenture révèle l’émergence d’une nouvelle sourire et très poliment – qu’il y a une liste d’attente et qu’on me laisse
économie qui a augmenté au rythme effréné de 26 % ces 4 dernières années et repartir comme ca, je me sens seule et misérable. Meme si le sujet est trivial -
dont la valeur est estimée à 6 milliards $ : c’est l’économie du “churn” ou de un sac à main … - j’en veux au vendeur de ne pas avoir pris la mesure de
l’attrition. Cette étude révèle aussi que les consommateurs n’ont jamais été l’importance qu’il avait pour moi. Aucune connection, rien : juste un échange
aussi peu fidèles et que 80% de ces transferts auraient pu être évités si les hyper professionnel mais désincarné là où j’attendais qu’on me donne l’espoir
insatisfactions avaient été traitées rapidement. Et je ne parle pas de toutes ces de voir ma demande enfin satisfaite, voire qu’on me fasse vivre une experience,
expériences fades et ordinaires qui ne nous donnent aucune raison valable de fusse-t-elle de refus mais qui me laisse un bon souvenir. Pour paraphraser la
nous attacher. Et pour ce qui est de la France, le taux de fidélité moyen a baissé célèbre maxime : « la personne d’abord, le client ensuite ». Exit les
de 4 points à 71% entre 2013 et 2014 : le décrochage est encore plus violent
collaborateurs qui offrent des réponses standardisées qui ne laissent aucune
quand c’est une expérience négative qui est à l’origine du départ (Source
Customer Expérience Lab.)
trace émotionnelle et qui n’engagent pas personnellement. Plus concrètement ,
voici quelques bonnes pratiques pour faire en sorte que les clients se sentent
A la lecture de ces chiffres, le moins que l’on puisse dire est que le gâchis est accueillis :
immense et on se demande comment on ose encore parler d’expérience client
quand la qualité de service est à ce point degradée. C’est malheureusement ce
- Être empathique et pratiquer l’écoute active pour identifier les motivations
qui arrive quand on rogne sur la relation client et qu’on taille dans les coûts : et déceler les émotions associées
les clients ne mettent pas longtemps à réaliser que l’expérience n’est plus aussi
- Faire de l’attente une expérience à part entière
bonne qu’avant, qu’on a fait des économies sur leur dos et ils le font payer
- Partager des sentiments personnels pour créer la confiance
(cher) par leur départ. J’ai en mémoire mes déboires récents à l’ouverture d’un
- Recommander des concurrents si le produit est en rupture de stock
compteur EDF où il a fallu que j’attende 24 heures - dans le froid et dans le
- Être curieux, montrer de l’intérêt mais sans être intrusif
noir - parce que n’avais pas fait ma demande à temps, c’est à dire dans les
- Anticiper les questions et agir comme on le ferait avec un ami
horaires d’ouverture du centre de relation client qui était innaccessible de
toutes façons, faute de conseillers en nombre suffisant pour absorder le flot 2. Nous en savons (beaucoup) plus que vous
des demandes.
L’idée selon laquelle l’expérience client est bonne pour le business n’est
pas nouvelle : quand je fondais X+M et inaugurais ce blog en 2011, Joe
Pine et Jim Gilmore avaient déjà lancé le sujet en 1998 avec leur article
controversé “Welcome to the Experience Economy”. Depuis cette date,
elles ne sont pas si nombreuses les entreprises qui se sont engagées avec
le succès que l’on sait sur cette voie de l’enchantement : Apple, Amazon,
Netflix, Ikea, Disney, Airbnb, Uber, Starbucks, Virgin… quelques dizaines
tout au plus, là où la majorité a choisi le status quo de la banalité au
détriment de leurs clients. Alors que l’expérience client fait l’objet de
nombreuses publications et qu’elle s’invite dans toutes les conversations,
pourquoi ses pratiques sont-elles si peu répandues ? Pourquoi est-elle si
peu incarnée dans des actions sources de changement?
La raison principale tient au fait qu’elle n’est pas bien comprise : nous avons
tous entendu dire que l’expérience client était le nouveau territoire de
différenciation, le nouvel avantage concurrentiel … mais concrètement, que
font les entreprises pour la déployer ? Le plus souvent, les actions mises en
oeuvre s’inscrivent dans une stratégie d’excellence opérationnelle ce qui est un
bon début mais comporte l’inconvénient de limiter le sujet à la qualité de
service. Or nous nous le savons tous, la satisfaction ne suffit plus pour fidéliser.
L’autre raison est liée à l’organisation en silos des entreprises : telle fonction
ou département va s’approprier le sujet et repenser l’expérience de
Ainsi, grâce à notre perception, nous sélectionnons dans notre environnement les
Cet article a été publié le 02/04/2014… et a été lu 593 fois informations qui contribuent à l’homéostasie, cette recherche permanente
d’équilibre qui nous guide dans nos choix. Ces informations sont confrontées à
celles déjà présentes et organisées en mémoire, et sont rattachées à des catégories :
En résumé : le principe de catégorisation est fondamental en marketing, il est à l’origine du
La simplicité d’usage est une part importante d’une expérience client concept de positionnement et concerne toutes les informations qu’elles soient
réussie, et pourtant trop de produits et service sont complexes et sensorielles ou sémantiques, conscientes ou pas. Pour vous convaincre du lien entre
génèrent ainsi du stress et de l’insatisfaction chez leus usagers. Les erreurs mémoire et expérience, voici un extrait de mon livre « Marketing Sensoriel » 2ème
sont également source de frustration. Voici quelques pistes pour réduire édition, publié chez Vuibert en 2012. Bonne lecture !
le stress des clients :
"
- Prendre en compte leur compétence La catégorisation est l’un des processus élémentaires du fonctionnement
- Simplifier le choix et l’expérience d’usage cognitif humain. Il consiste à traiter les différences perçues entre les objets.
- Clarifier le parcours client Lorsque ces différences sont négligeables, les objets sont considérés comme
- Réparer rapidement ses erreur et prévenir leur occurence suffisamment semblables et sont inclus dans une même catégorie. À l’inverse,
- Fournir du feed-back
- Éliminer les distractions lorsque ces différences sont grandes, les objets sont rattachés à des
- Réduire le temps d’attente et les retards … catégories différentes. Les catégories communes aux consommateurs sont
En résumé :
À chaque fois que l’on vit une expérience, s’enclenche un phénomène de
catégorisation qui va déterminer notre comportement futur face à une
nouvelle expérience de ce type. Cette catégorisation dépend de notre
perception de l’expérience en question, et des expériences similaires que
l’on a pu vivre dans le passé. Ainsi, elle est très liée à notre mémoire. Or,
plus une expérience sera riche et dense, plus elle sera mémorable. Il
faut donc privilégier la qualité et l’intensité des expériences que l’on
délivre à ses clients pour s’assurer qu’il la garde en mémoire et nous
accorde leur fidélité.
En résumé :
La psychologie environnementale nous apprend qu’un environnement
stimulant est perçu positivement, à condition qu’il soit agréable et que
le niveau de stimulation ne le rende pas désagréable. Cette perception
positive incitera les clients à y passer plus de temps et à y dépenser
davantage. Dans son modèle « Serviscape », Bitner parle de deux
tendances comportementales face à un environnement donné : le S’il est un mot qui résonne particulièrement aux oreilles des dirigeants
comportement d’approche et l’évitement. Quelques pistes pour aujourd’hui, c’est bien celui d’enchantement des clients. Mais au fait, de quoi
favoriser les comportements d’approche : parle-t-on ? De qualité de service ? De relation client ? D’excellence
- Donner la possibilité au client d’agir sur les variables de son opérationnelle ? D’un autre mot pour décrire l’orientation client ? De solutions
inconfort CRM ? Pour vous aider à y voir plus clair, nous vous proposons une visite
- Renforcer la dimension plaisir de l’expérience guidée à l’intérieur du secret le mieux gardé des entreprises qui réussissent à
Et cela vaut aussi bien pour vos clients que pour vos collaborateurs ! enchanter leurs clients : l’expérience client.
En résumé :
L’excellence du service ne suffit plus à enchanter les clients et à assurer
leur fidélité. Voici quelques idées pour aller plus loin que l’excellence De tous les outils de l’expérience client, le parcours client est certainement le
opérationnelle et considérer l’expérience client dans son ensemble pour plus connu. Il en existe de multiples formes et modèles : pas de format type
créer de l’enchantement véritable : mais une seule règle, il se construit du point de vue du client utilisateur et pas
- Travailler l’expérience d’anticipation en donnant de quoi rêver, se du point de vue des process internes ce qui est l’erreur la plus souvent
projeter … rencontrée.
- Aligner tous les signaux pour créer un ensemble cohérent et réduire
le stress que les dissonances peuvent engendrer chez le client Le parcours client est une représentation des étapes et des états émotionnels
- Incarner les valeurs que l’on proclame à tous les niveaux qu’un client traverse dans une situation donnée qui inclut un certain nombre
d’interactions avec l’entreprise. Il fournit une visualisation vivante mais structurée
de l’expérience de service telle que la perçoit le client. Réalisé sous la forme d’une
cartographie, il permet de décomposer les étapes de l’expérience vécue sur
l’ensemble des canaux et se déploie sur un laps de temps qui peut se découper en
quatre grandes étapes :
Temps 4 – Connecter à la stratégie et à la culture de l’entreprise Parce qu’elle ne se contente pas de modifier l’expérience livrée au client, l’expérience
Connecter à la stratégie et à la culture de l’entreprise est un temps essentiel client en tant que discipline permet à l’organisation de redéfinir son activité et le
d’alignement qui consiste à prendre la plate-forme de l’expérience comme outil de business model qui va avec dans une logique de transformation pour ses clients et ses
filtrage pour sélectionner les moments tangibles d’expérience qui seront collaborateurs.
implémentés et prioriser les décisions. De cette manière, l’expérience client et son
impact sur les politiques, process, technologies et communications deviennent un
critère de décision à part entière. Il s’agit ainsi non seulement de maintenir un flux Cet article a été publié le 11/09/2015… et a été lu 2 043 fois
constant de projets destinés à améliorer l’expérience client, mais aussi de réviser
régulièrement le statut et les métriques du programme expérience client pour piloter
le niveau d’atteinte des objectifs business et ajuster les tactiques et les budgets si En résumé :
nécessaire. L’écart perçu entre l’expérience que l’on souhaite délivrer et l’expérience
vécue par les clients est immense, et provient d’une mauvaise exécution
Temps 5 – Collaborer pour mobiliser durablement
liée à un défaut de méthode. L’expérience client étant une réelle discipline,
La dimension RH de l’expérience client permet de faire le lien entre l’expérience elle a besoin de modèles et nous vous proposons le nôtre : les 7C. Cette
voulue et l’expérience livrée, permettant ainsi de réduire l’écart entre l’intention et
méthode s’inspire des clients et adopte leur point de vue
l’exécution. Pour ce faire, la sélection des collaborateurs se fait essentiellement sur la
pourtransformer l’organisation par le prisme de l’expérience et se
base de leurs valeurs orientées client et de leur capacité à délivrer la stratégie
structure en 7 étapes :
expérience client. « Hire for passion » est le mantra de nombreux champions de
l’expérience client, la compétence métier suivra. La contribution des collaborateurs
C1. Capter les enjeux
renforce la culture expérience client qui se diffuse grâce aux histoires de bonnes
C2. Comprendre les clients et les collaborateurs
pratiques, à la mise en œuvre de rituels et de routines et à l’utilisation de
C3. Coconcevoir l’expérience client
récompenses et de célébrations informelles pour mettre en avant les meilleurs
C4. Connecter à la stratégie et à la culture de l’entreprise
comportements orientés client.
C5. Collaborer pour mobiliser durablement
C6. Chiffrer la performance
Temps 6 – Chiffrer la performance
C7. Changer : coordonner et pérenniser les actions
Le pilotage de l’expérience client passe par la définition d’un cadre de mesure en lien
avec les perceptions des clients et consistant dans toute l’organisation (circuits,
BU…). Il s’articule autour de plusieurs systèmes de métriques qui montrent
comment chaque groupe, rôle et individu dans l’organisation contribue à la qualité de
l’expérience client. L’analyse des tableaux de bord permet ensuite d’identifier des
différences de qualité parmi les segments de clients clés, les tâches (acheter un
produit, obtenir un service…) ou des aspects de l’expérience (gentillesse du
Point d’enjeu :
La difficulté de cette étape réside dans le fait que, rapidement, une masse
d’informations très importante peut être collectée et risque donc de noyer les
observateurs lors de la synthèse. De même, une approche trop superficielle et non
pilotée ne permettra pas de collecter des informations viables voire de premières
pistes de réflexion.
Organisation et logistique :
La captation est pilotée de manière générale, ouverte et sans a priori, et s’organise
en mode projet avec la désignation d’un chef de projet à l’interne pour identifier les
participants, gérer les rendez vous terrain, recueillir les informations auprès des
différents services. Plusieurs itérations de cette étape sont parfois nécessaires. La
Pour rentrer concrètement dans le « comment » d’une démarche expérience plupart des informations sont déjà disponibles au sein de l’entreprise. Il s’agit donc :
client, je vous présente le premier des 7C : Capter les enjeux. - d’identifier les sources humaines et documentaires de connaissances et
d’informations existantes, vision stratégique d’entreprise, veille sur les sources et
Capter c’est construire un socle commun de connaissances pour partager une contenus en lien avec la thématique projet…
même compréhension de la situation. Ce que l’on veut capter ce sont les regards - d’identifier et de cibler un premier cercle de parties prenantes. Ce premier
croisés sur les enjeux de l’entreprise et sur les enjeux des clients et, plus cercle, au fil de la captation, est amené à évoluer pour intégrer de nouveaux
généralement, sur l’écosystème de l’entreprise : c’est le préambule indispensable à acteurs pertinents identifiés pendant les échanges (par exemple, des partenaires
une démarche expérience client. Et pour cela, il est nécessaire d’adopter une posture externes à l’entreprise).
empathique pour se mettre dans les chaussures du client et envisager les situations - de créer l’équipe de captation
depuis son point de vue. - d’identifier les moyens à utiliser suivant la nature des captations : formats
collaboratifs (avec collaborateurs), interviews individuelles pour creuser en
Cette première étape permet de sentir, de comprendre les émotions et les attentes profondeur les enjeux perçus, remontées anonymes terrain sur des espaces
du client. Récolter ces informations qualitatives (en plus des informations d’expression physique ou encore de séquences photos, vidéos, sonores de
quantitatives existantes) nécessite un pilotage et un encadrement très précis. l’environnement ou de plongées dans le vécu des clients.
Rajoutons qu’il est crucial de se défaire de tout a priori. Vous êtes un observateur - de définir une échelle commune d’observation, en validant le cadrage projet.
neutre et ouvert ! Et le mieux, c’est de faire appel à des collaborateurs internes Alternativement, cette phase de captation peut permettre de mieux définir un
mais aussi à des spécialistes externes : ethnographes, philosophes, marketeurs, périmètre projet.
linguistes, sémiologues ont des visions des organisations et de l’humain, qui, une fois
croisées, nourrissent une compréhension holistique de la situation. Timing :
Le temps de captation peut se dérouler sur différentes temporalités. En fonction du
La méthode : degré de complexité du parcours client à construire, du scope du projet et des
Pour réaliser cette étape, plusieurs méthodes sont utilisées. Issues de plusieurs enjeux business, ce temps sera plus ou moins long : (de 2 à 5 jours à 1 mois) ou de
disciplines, elles vont de l’observation des comportements des clients aux interviews façon plus permanente mais avec des processus de remontées rapides et automatisés.
et observations des collaborateurs délivrant le service, le tout illustré de nombreuses
photos et vidéos. Le pilotage du temps de captation est très stratégique : il s’agit de Outils :
décloisonner les silos fonctionnels en charge de la conception des expériences de La captation repose sur un ensemble d’outils à la croisée du design, de l’ethnographie
service (marketing, relation client, communication, service client…) et de reconnecter et des études qualitatives permettant l’empathie et inclut:
1. La généralisation du design.
On dit parfois que la société du spectacle est dépassée parce qu’on est dans la Notre époque est marquée par une relative dé-différenciation des sphères de
société d’internet, des réseaux interactifs, la société de la transparence et de l’économie et de l’esthétique. Il y a une dérégulation entre les sphères de l’industrie
l’authenticité. Je crois que ce n’est pas vrai : je crois que c’est le contraire. Jamais la et du style, de la mode et de l’art, du divertissement et de la culture, du commercial
dimension spectaculaire n’a eu autant de relief. Il y a de plus en plus de spectacles, et du créatif, la culture de masse et la haute culture. Chaque jour, le monde industriel
avec de plus en plus d’images, de gigantisme, d’impact visuel et de divertissement. On se croise un peu plus avec l’univers de la mode : les ustensiles de cuisine, les salles de
est bien souvent dans une logique de surenchère, de toujours plus, d’hyperbolisme du bain, la lingerie, le matériel sportif, tout ça, des objets purement fonctionnels
spectacle. Les exemples ne manquent pas : prenez le cinéma, des superproductions deviennent des articles de mode, des accessoires de mode. Les partenariats avec les
aux budgets colossaux qu’on appelle des blockbusters, des défilés de mode qui depuis notoriétés de la mode se renforcent : Karl Lagerfel a redessiné les bouteilles de Coca
quelques années se sont un petit peu corrigés, mais il reste des logiques de Cola, Stella Mc Cartney a sorti des mini-collections pour H&M. Vous voyez ? je
présentation extrême, au Grand Palais, des énormes spectacles de mode, multiplie les exemples qui montrent que le monde de l’art, et le monde du show
l’architecture elle, les gratte-ciels de plus en plus hauts dans le monde, les centres business, qui étaient des mondes relativement autonomes, aujourd’hui viennent se
commerciaux gigantesques se multiplient ; les mégapoles qui fleurissent à travers le croiser avec d’autres univers. Buren a travaillé pour Hermès, qui incarnait dans les
monde avec des hôtels, des golfs, des piscines, des lieux de divertissement qui années 60 l’avant-garde qui vomissait le capitalisme et la sphère marchande.
intègrent de plus en plus les espaces expérientiels ; des paquebots de croisières sont Murakami, Stephen Sprouse ont signé des articles pour Vuitton. On peut multiplier les
de plus en plus gigantesques. exemples.
Nombre de musées maintenant apparaissent comme des architectures spectacles en Nous sommes à l’heure du lissage des genres, de la déstabilisation des distinctions
vue d’un effet image et de l’essor du tourisme culturel. Les parcs de loisirs se traditionnelles entre culture artistique et culture matérielle, art et économie, avant-
multiplient avec des divertissements kitsch : des spectacles de sons et lumières, des garde et marché, création et industrie. De plus en plus, on voit dans ces nouvelles
parades. Il s’agit au fond de faire image, de provoquer des émotions et des hybridations créatives un pacte de performance qui permet de renforcer la notoriété
stimulations immédiates. Et cela pourquoi ? Pour se différencier, pour gagner de et l’image des produits, des enseignes, parce que ça touche précisément les émotions,
nouveaux marchés, pour marquer les sensibilités. Le capitalisme artiste pousse l’expérientiel, dès l’instant où vous faites intervenir ce paramètre esthétique, c’est
toujours plus loin la recherche des effets pour séduire, pour amuser, distraire un l’ensemble du système qui se coule. L’ensemble du système économique était fondé
nombre croissant de consommateurs. La société de l’hyperspectacle unit l’économie, sur un élément simple, sur les formes par exemple, avec Ford les machines seraient
le divertissement, la séduction, l’expérientiel. Désormais nous sommes dans une capables de créer des voitures en série etc. Il y a un refus systématique de
société qui transforme toute chose en culture. L’information, les jeux, les spectacles l’expérience même, elle est la même pour tout le monde, une voiture pas chère et
tout cela vient illustrer cette dimension de l’hyperspectacle et de la séduction. Le une voiture qui marche. Il n’y a aucun sens de forme, 1910-1920, c’est le rationalisme
Alors bien sûr, il est vrai que dans la société dans laquelle nous sommes a brisé les
codes capables de nous faire comprendre les chefs d’œuvre dont nous sommes
4. L’esthétisation des désirs et comportements. témoins durant ces voyages – le visiteur de musée reste entre 5 et 10 secondes
devant un tableau – par rapport à une vision académique de ce qu’est l’expérience
Il y a le changement de l’offre mais il y a également une transformation du côté de la esthétique, face à ça les gens ne comprennent rien, c’est normal : il faut les codes,
demande des individus. On n’arrête pas de dire que le système dans lequel nous quelqu’un. Vous n’êtes pas un spécialiste, un égyptologue. Mais justement c’est
sommes prolétarise les consommateurs parce qu’on a un nombre croissant de fast exactement ça : ce n’est plus une expérience savante, c’est purement une expérience
foods, de télévision, du zapping … Dans cet univers-là, l’expérience esthétique ne esthétique, on ne comprend même pas. Et donc le consommateur esthétique
cesserait de décliner, et au fond brise l’expérience qualitative. Il y a des tas d’exemples aujourd’hui transforme en esthétique ce qui ne l’était pas. Ce n’était pas des projets
qui viennent étayer la thèse de la prolifération mais en même temps on a mille autres esthétiques. Par exemple au Quai Branly au Musée des Arts Premiers, vous voyez des
exemples qui vont dans le sens opposé car nous sommes désormais dans un monde totems, des masques qui n’étaient pas des objets esthétiques. Ils étaient intégrés dans
où les consommateurs sont de plus en plus désireux de paysages, de patrimoines, de l’univers – des objets magiques, faits pour la guerre, plein de choses -, le problème
tourisme, de décoration des intérieurs, de jardins, d’ambiance, de décoration. Jamais n’était pas de plaire ou de ne pas plaire, il n’y avait pas de problème esthétique.
on n’a consommé autant de musique, de concerts, de films, de festivals. Les nuits Contrairement à ce qui est dit, il n’y a pas prolétarisation mais il y a démocratisation
banches à Paris chaque année c’est plus de deux millions de personnes. C’est pas des de l’expérience esthétique, du goût de l’esthétique, quelle que soit l’absence de
phénomènes esthétiques à l’ancienne, tout le monde qui regarde des films, qui va au repères et de capacité de l’intelligibilité des choses parce que nous ne sommes plus
musée, qui regarde les chefs d’œuvre de l’humanité, ce n’est pas ça ; il y a une sorte dans un monde fermé. Il faut allier les deux, les deux sont vrais. A partir de là, gardons
de quête esthétique qui signifie ici expérientielle au sens aesthesis comme je l’ai dit ce modèle tout simplement ambivalent.
tout à l’heure. On n’est pas là pour faire des analyses sémiotiques des œuvres d’art.
Ceux qui vont visiter ces lieux veulent vivre une expérience. Nous assistons non pas
au dépérissement de masse de la sensibilité mais je pense à la démocratisation des
aspirations et de l’expérience esthétique au sens global que j’ai défini tout à l’heure. 5. Quels sont les impacts sur le consommateur ou la consommation ?
La vérité est que le capitalisme artiste a enrichi les attentes esthétiques des individus, Avec le capitalisme artiste, nous sommes entrés dans une nouvelle logique. La
l’appétit des sensations et des expériences nouvelles. De fait, le capitalisme artiste ne consommation était dans les trente glorieuses une consommation fondée sur un
cesse de développer une consommation de plus en plus abondante d’expériences développement d’une consommation semi-collective. La maison, la voiture, la télé,
esthétiques au sens originel du terme. Voyez la musique, avant c’était dans les fêtes de étaient pour la famille. Depuis une trentaine d’années, c’est un autre jeu qui se met en
temps en temps, deux-trois dans l’année ; aujourd’hui c’est non-stop. Les jeunes place, c’est une consommation fondée sur les individus. Il y a plusieurs télés dans la
écoutent de la musique non-stop, ils écoutent leurs playlists, sur les différents médias, maison, plusieurs ordinateurs, appareils, des consoles. Là où il y avait une
la musique est devenue un antidote expérientiel permanent. Le capitalisme a standardisation de la consommation, nous avons des expériences de
contribué à créer un regard, un mode de perception désintéressé, une distance du désynchronisation, de délinéarisation.
regard, autrement dit un consommateur esthétique ou transesthétique, c’est-à-dire à
la recherche, comme disait Valéry, des « impressions inutiles » qui sont Je vais prendre un exemple simple : dans les années 50, tous les Français regardaient
caractéristiques de l’expérience esthétique. le même programme, à la même heure, tous. Aujourd’hui vous avez la multiplication
des canaux, avec le replay, les podcasts, les différés, les smartphones. Là où il y avait
Prenons un exemple : prenons le touriste. Le touriste se promène avec des shorts une massification de la consommation, vous avez une hyperindividualisation rendue
horribles, des baskets, il mange ses sandwichs avec ses papiers gras, il parle fort, bref possible par les nouvelles technologies qui rendent possibles des pratiques de
c’est l’horreur. Mais en même temps qu’est-ce qui motive ce touriste ? Il va aux désynchronisation là où tout était synchronisé. Cette désynchronisation d’ailleurs se
quatre coins du monde pour quoi faire ? Il va voir sans vivre les choses : il se lit jusque dans les modes de consommation : autrefois les gens consommaient en
promène, il va voir des musées, des villes, des pyramides, des cathédrales, des temples, fonction de leur classe sociale. Un ouvrier consomme comme un ouvrier. Si une
ce que vous voulez, mais il va pour vivre des émotions, des sensations, quelle que soit femme ouvrière voulait un chapeau dans un magasin un peu chic, il valait mieux
la part de vulgarité qui peut l’accompagner. Les deux choses peuvent aller ensemble. qu’elle se pende. Aujourd’hui vous avez une dérégulation des comportements de
Reste que dans l’essentiel, vous avez là une formidable expression de ce néo- consommation car on n’a plus de culture de classe. Il y a toujours, il y a même un
consommateur à l’affût non pas d’utilité mais comme le disait Valéry d’impressions renforcement des inégalités économiques mais il n’y a plus de culture de classe. Du
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