ProConseil Office de conseil viticole Laboratoire cantonal d’œnologie

Service de l'agriculture et de la viticulture

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ProConseil sàrl • Jordils 3 - CP 1080 • CH-1001 Lausanne

VITICULTURE / OENOLOGIE
BULLETIN D'INFORMATION N° 4 DU 19.04.2016

EN BREF
Phénologie : Date de débourrement dans la norme, le stade C a été atteint en moyenne le 15 avril
Situation : Suite aux fortes pluies, la pression excoriose est potentiellement forte pour les parcelles sensibles
Rougeot parasitaire : Stratégies pour les rares parcelles concernées
Réglage du pulvérisateur et qualité d’application : Primordial pour garantir l’efficacité
Stratégie mildiou/oïdium en début de saison : Comment raisonner la date du premier traitement
Flavescence dorée : Séance d’information réservée aux vignerons concernés par le périmètre de lutte
Œnologie : Comment prévenir l’oxydation prématurée des vins en bouteille

VITICULTURE

Situation actuelle La vigne se situe en moyenne entre le stade C,

pointe verte, et le stade D, sortie des feuilles. Le
Stade actuel et date de débourrement stade E a déjà été observé sur des cépages
précoces dans le Chablais.
Le débourrement de la vigne, stade C, a été
atteint en moyenne sur le canton pour le
Chasselas le 15 avril soit exactement à la date
moyenne des 10 dernières années.
Météorologie
Les conditions climatiques de la semaine dernière
ont été plus humides que prévues
Lieu Précipitation T°C moy
C D E La Côte 51 à 64 mm 11.3
Pointe Sortie des Feuilles
Lavaux 40 à 44 mm 11.9
verte feuilles étalées
Oeil continuant à Apparition des Les premières Chablais 22 à 25 mm 12.1
gonfler et à feuilles feuilles sont
s'allonger jusqu'à rudimentaires totalement Orbe-Bonvillars 40 à 44 mm 10.8
présenter la pointe rassemblées en dégagées et Vully 72 mm 11.1
verte constituée rosette, dont la présentent les
par la jeune base est protégée caractères Cumul de pluie et température moyenne du 11 au 17 avril
pousse. par la bourre. variétaux. Le Prévisions : Les conditions de ce milieu de
rameau est
nettement visible semaine seront douces et ensoleillées jusqu’à
jeudi soir. A partir de vendredi, le retour d’air
polaire entrainera un temps nettement plus froid et
plus variable alternant entre éclaircies et averses.
Situation phytosanitaire actuelle
Pression de l’excoriose potentiellement forte
Les précipitations des derniers jours ont été
suffisantes pour déclencher des potentielles
contaminations dans les parcelles présentant des
sarments atteints (> 10%). Des traitements ont
déjà été réalisés avant le week-end dernier. Pour
ceux qui n’auraient pas encore traité, une
application devrait être envisagée dans les
parcelles à risques en anticipant les
prochaines pluies. Pour les parcelles très
sensibles (Forts dégâts en 2015 et/ou taille
courte), un 2ème traitement entre les stades D et E
pourra être envisagé si de fortes pluies sont
annoncées.
Mange-bourgeons
Les dégâts de mange-bourgeons semblent être
dans la moyenne des années précédentes et
toujours limités aux secteurs habituellement
concernés. Les mange-bourgeons peuvent être
actif jusqu’au stade feuilles étalées. Nous
rappelons que le ramassage nocturne des chenilles
peut être une alternative efficace aux insecticides
sur les petites surfaces concernées par ces dégâts.
Rougeot parasitaire
Cette maladie ne concerne que des secteurs très
localisés du vignoble qui sont historiquement
sensibles et connus par les vignerons. Avec le
retour du froid vendredi, les apothécies ne devraient
pas être mûres avant la fin du mois. Dans les très
rares secteurs à rougeot, il sera ensuite possible
d’effectuer un traitement préventif avant les
premières pluies contaminatrices.
Qualité de pulvérisation primordiale
Il est indispensable d’étalonner son pulvérisateur
avant le premier traitement en mesurant la vitesse
d’avancement et le débit des buses et en vérifiant la
bonne orientation de celles-ci. La qualité de
l’application est primordiale pour avoir la bonne
quantité de produit au bon endroit. En début de
saison, l’utilisation des buses supérieures est
évidemment inutile. Les doses d’emploi des
produits selon le stade phénologique, consultable
dans l’index phyto 2016, doivent être respectées
dès le début de saison. Vous pouvez également
utiliser l’outil de calcul du dosage des produits
phytosanitaires adapté au volume foliaire
disponible sur www.agrometeo.ch .
Flavescence dorée
Une séance d’information est organisée à Blonay ce
jeudi 21 avril pour les vignerons concernés par le
périmètre de lutte obligatoire contre la cicadelle
vectrice de la flavescence dorée. Nous reviendrons
dans un prochain bulletin sur le détail des stratégies
proposées pour faire face à cette maladie.
Stratégie mildiou en début de saison
Il est évidemment bien trop tôt pour démarrer la
lutte mais nous vous communiquons dès à présent
les stratégies pour le début de saison.
Prophylaxie : un préalable à la lutte
Equilibrez la vigueur de la vigne et évitez les
zones de mouillères dans les parcelles.
Le mildiou est un champignon « algue » qui se
développe dans l’eau au niveau du sol. Plus les
organes végétaux sont éloignés du sol (vigne haute
bien épamprée), moins le risque de contamination
primaire précoce est élevé. Il est donc important
d’épamprer vos ceps le plus tôt possible, en
priorité dans les parcelles sensibles.
Epamprez rapidement les ceps pour retarder les contaminations
primaires du mildiou depuis le sol vers les organes supérieurs
Premier traitement
Le premier traitement est le plus difficile à
raisonner. Placé trop tôt, il sera inutile. Appliqué
trop tard, vous risquez de ne pas arriver à stopper
efficacement la propagation de la maladie.
Le 1er traitement doit être raisonné en suivant le
risque d’infection primaire qui peut avoir lieu si :
- les œufs d’hiver sont mûrs (pas avant la fin avril
dans les secteurs les plus précoces cette année)
- la vigne est au moins au stade 3 feuilles étalées ;
- les pluies sont suffisantes pour qu’il y ait de l’eau
liquide au sol (environ 10-15 mm sur 24 h)
- les températures sont supérieures à 10-11 °C
Consultez régulièrement la météorologie (pluie et
température) ainsi que la modélisation sur
www.agrometeo.ch pour suivre l’évolution de la
maturation des oospores, puis du risque mildiou.
Dans les parcelles sensibles, vignes basses et
historiquement atteintes, il est recommandé de
positionner le premier traitement à 80 % de la
période d’incubation de l’infection primaire.
En revanche, si le risque mildiou est plus faible,
il est possible d’attendre la sortie des tous
premiers foyers signalés dans le canton ou dans
votre région. Dans ce cas, il sera indispensable
d’éviter les repiquages en anticipant les pluies
suivantes.
Quels produits pour le début de saison ?
La pression en début de saison est rarement
importante et il faut souvent plusieurs
contaminations primaires pour avoir un
développement épidémique du mildiou. Ainsi, les
produits de contacts (folpet, cuivre) peuvent être
recommandés. Les spécialités à base de fosétyl-Al
ou phosphonate de potassium (associé à un
contact) sont aussi intéressantes pour les premiers
traitements pour leur efficacité, leur faible toxicité et
leur systémie ascendante. D’autres produits sont
disponibles dans l’index phyto.

BIO
Lutte basée principalement sur le cuivre
A ce jour, aucune autre matière active homologuée
en bio n’a une efficacité comparable au cuivre. Les
ions cuivre agissent en présence d’eau en limitant
la germination des spores du mildiou. Ils ont donc
un effet uniquement préventif et doivent être
placé avant les pluies contaminatrices.
Il existe différentes formes de cuivre qui
possèdent des propriétés légèrement différentes
du fait d’une solubilisation des ions cuivreux plus ou
moins rapide. Plus la libération des ions est rapide,
plus il y a une « action de choc » (attention cela
reste toujours un préventif !) mais moins la
résistance au lessivage sera élevée. Ainsi :
- La bouillie bordelaise (sulfate de cuivre) a
l’action la plus persistante mais avec un effet choc
moins important. C’est vraiment la forme à
privilégier toute l’année en l’absence de symptôme.
- La forme hydroxyde libère le plus rapidement les
ions. Elle a donc une petite action choc. Sa
persistance d’action sera par contre moins bonne
que la bouillie bordelaise. C’est la forme à privilégier
en cas de forte pression ou en période à risque.
- Les formes oxychlorure et oxysulfate sont
intermédiaires entre le sulfate et l’hydroxyde de
cuivre.
Il est possible de combiner 2 formes de cuivre lors
d’une même application comme la bouillie
bordelaise et l’hydroxyde notamment pendant les
périodes sensibles.
Positionnement du 1er traitement
En bio, avec l’usage du cuivre les traitements sont
uniquement préventifs. Dans les parcelles très
sensibles, il est donc recommandé d’anticiper
les contaminations primaires annoncées en
plaçant le traitement avant les pluies
contaminatrices. Cette stratégie fait démarrer la
lutte très tôt alors que les premières contaminations
primaires ne sont jamais épidémiques. Donc, dans
les situations moins sensibles, il est possible
d’attendre la fin d’incubation de la toute première
infection primaire ou l’apparition des toutes
premières taches dans le canton ou la région (suivi
dans ce bulletin ou sur agrometeo.ch). Dans ce cas,
il sera indispensable de traiter avant les pluies
suivantes pour éviter toute contamination
secondaire. Cette stratégie permet d’économiser
1 à 2 traitements cupriques en début de saison.
Dose de cuivre en début de saison
Les doses de cuivre sur les premiers traitements
sont de 100 et 150 g de Cuivre métal / ha sachant
que le volume foliaire est très faible.
Stratégie oïdium en début de saison
Prophylaxie Comme pour le mildiou, la
prophylaxie est un préalable pour limiter l’oïdium.
Outre la limitation de la vigueur, la plus importante
des mesures prophylactiques et de bien aérer la
zone des grappes dès la floraison. Nous
reviendrons en détail sur l’importance de cette
mesure dans un prochain bulletin.
Démarrage de la lutte
La quantité d’inoculum primaire (ascospores et
cléistothèces) est toujours suffisante pour créer
une épidémie importante. Ce sont les conditions
climatiques de l’année qui font que la pression sera
importante ou non. Il n’y a pas de rapport entre la
pression l’année N-1 et l’année N : les traitements
en fin de saison viticole, en automne et hiver
sont donc inutiles (et inefficaces).
Par contre, l’un des facteurs clés de la lutte anti-
oïdium est de limiter précocement l’inoculum
secondaire (conidies et conidiophores) qui se
développe sur les feuilles et contamineront par la
suite les baies. Concrètement, il n’est pas
nécessaire de démarrer avant le stade 5-6 feuilles
étalées même pour les parcelles historiquement
sensibles. ATTENTION aux lignes le long des
murs qui ont parfois 2 semaines d’avance :
démarrer aussi au stade 5-6 feuilles pour ces
lignes avec un traitement spécifique.
Pour les parcelles peu sensibles, la lutte démarrera
au plus tard au stade 8-10 feuilles étalées.
Quels produits ?
Pour éliminer efficacement le mycélium qui se
développera sur les feuilles en début de saison, les
produits à action curative sur l’oïdium sont
recommandés. L’emploi de soufre pour les
premiers traitements est donc intéressant
surtout si vous utilisez des contacts anti-mildiou.
D’autres produits pénétrants avec une action
« choc » peuvent être utilisés en début de saison et
sont consultables dans l’index phytosanitaire (ex :
quinoxyfen, spiroxamine, metrafenone, ISS etc.).
BIO
Lutte basée sur l’action du soufre :
Le soufre agit en phase vapeur avec un mode
d’action multi-site et son effet est préventif sur
les conidies, curatif sur les filaments mycéliens et
partiellement éradiquant sur le dessèchement des
conidiophores et du mycélium. C’est donc un
produit très efficace, sans problème de résistance,
qui a le seul inconvénient d’être lessivable.
Le soufre doit se sublimer (passer de la phase
solide à vapeur) pour agir. La luminosité est le
facteur principal pour l’action du soufre et la
température est le second facteur. A une
température donnée, il y a une variation d’un facteur
5 des émissions de soufre par temps clair par
rapport à un temps couvert. Le soufre agit dès 8°C
et son optimum se situe à 25°C. Les traitements de
printemps sont donc efficaces mais en dessous de
15°C il faut retenir que l’action est principalement
par contact (d’où l’emploi de dose élevée pour les
traitements de printemps).
Premier traitement
La stratégie de début de traitement est la même
qu’en viticulture intégrée. Le mycélium ne peut pas
se développer avant le stade 5-6 feuilles étalées
et un traitement avant ce stade est donc inutile.
Les doses conseillée en début de saison sont de
2 à 3 kg de soufre / ha.
OENOLOGIE

Prévenir l’oxydation prématurée des vins en
bouteilles
Lors du conditionnement, le vin subit de multiples
opérations : pompages, filtration, tirage… A
chacune de ces opérations, de l'oxygène est
susceptible de pénétrer dans le vin et d'y être
dissous. De même, lorsque l’on met un vin en
bouteille, on laisse systématiquement un espace
vide entre le vin et le bouchon : l’espace de tête.
Cet espace contient des quantités plus ou moins
variable d’oxygène, mais selon certaines études, il
représenterait une part substantielle de l’oxygène
total présent dans les bouteilles (jusqu’à 65%).
Enfin, l’oxygène présent dans un vin embouteillé
peut également provenir du bouchon.
Au final, l’oxygène contenu dans un vin peut avoir 4
origines différentes (voir schéma ci-dessous) :
Une fois l'oxygène prisonnier dans la bouteille, le vin
n'a de cesse de le consommer. Le plus souvent, le
SO2 libre, protecteur du vin, est le premier touché
(1 mg/l d'oxygène peut oxyder jusqu’à 4 mg/l de SO2
libre). Il disparaît alors, perdant ainsi son rôle
antiseptique et antioxydant. Des défauts sensoriels
dus à l‘oxydation (évent) apparaissent ensuite,
notamment dans les vins blancs. Il est donc
important de limiter les apports d’oxygène lors de
la mise en bouteille.
Remarque : à priori, la capsule à vis semble être
un obturateur idéal pour des vins sensibles à
l’air. Pourtant, dans les cas de mise en bouteilles
avec des capsules à vis, la nécessité d’avoir un
inertage efficace est primordial car l’espace de
tête est 2 à 3 fois plus volumineux que dans le cas
des bouchons cylindriques (hauteur de dégarni de
15 à 20 mm pour les bouchons cylindriques contre
35 à 45 mm pour les capsules à vis).

L‘oxygène qui diffuse par le bouchon (diffusion généralement

élevée pour les bouchons synthétiques, très variable pour les
bouchons naturels, et minimale pour les capsules à vis).

L‘oxygène libéré par le tissu du bouchon.

L‘oxygène piégé dans l‘espace de tête de la bouteille.

L‘oxygène dissous dans le vin suite aux différentes opérations

de cave (pompage, filtration, collage…).

Limiter la dissolution d’oxygène dans le vin : Maitriser l’oxygène de l’espace de tête :

- Au moment de débuter la mise en bouteille, la
teneur en oxygène dissous du vin devrait être
proche de zéro. Si de fortes dissolutions
d’oxygène ont été générées, il est possible de
procéder à une désoxygénation avec de l’azote.
- Inerter (préférentiellement avec un mélange
d’azote et de CO2) les circuits de filtration et de
remplissage de la tireuse.
- L’inertage de la bouteille vide avant
remplissage et le contrôle régulier des têtes de
remplissage permettent de limiter les apports
d’oxygène dans le vin.
- Les derniers volumes de vin doivent être poussés
à l’azote ou avec un mélange azote - CO2.
- Dans le cas d’un bouchage cylindrique,
l’utilisation d’un système de mise sous vide
avant bouchage permet de réduire
considérablement l’apport d’oxygène. Si un
système d’inertage y est couplé, l’apport
d’oxygène devient faible (0,2 mg/L).
- Dans le cas d’utilisation de capsules à vis, le
volume important de l’espace de tête et
l’impossibilité d’utiliser la mise sous vide
engendrent des apports d’oxygène globalement
élevés (3 à 5 mg/l). Mais les solutions d’inertage
de l’espace de tête permettent de limiter l’apport
d’oxygène à des valeurs d’environ 1,5 mg/l.

Auteurs :
David Marchand et David Rojard, Conseillers viticoles Questions en lien avec la viticulture : viticulture@prometerre.ch
Philippe Meyer, Oenologue cantonal Questions en lien avec l’œnologie : philippe.meyer@vd.ch
Remarque : L'utilisation de produits ou de procédés mentionnés dans ce bulletin n'engage d'aucune manière la responsabilité des auteurs.
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