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La kimberlite

La kimberlite est une roche ignée ultrabasique riche en éléments volatils et que l'on
trouve, sous forme de brèches, dans des cheminées volcaniques verticales (les pipes),
les dykes et les filons-couches volcaniques. Compacte, bleue ou grise, elle comporte :

 de l'olivine ;
 du mica phlogopite ;
 de la serpentine ;
 parfois des nodules d'éclogites et de péridotite.

C'est une lave riche en magnésium, potassium, H2O et carbonates. C'est une formation HP-HT
qui provient du manteau et ce sont les seuls témoins de ces niveaux profonds qui nous soient
connus.

L'éruption kimberlitique

Elle projette de la roche et des cendres à la surface, formant un anneau de tuf autour
de l'ouverture du volcan. Les géologues cherchent la cheminée pour exploiter le
gisement primaire.

Tuf
Roche formée par accumulation de projections volcaniques en fragments de quelques millimètres,
pouvant contenir des blocs ou des cendres, et consolidée sous l'action de l'eau.
Le cratère est composé de deux types de kimberlite :

 la kimberlite pyroclastique, constituée de tufs déposés à la surface ;


 la kimberlite épiclastique, constituée de kimberlite pyroclastique érodée déposée à
l'ouverture de la cheminée.

Ces sédiments contiennent souvent des xénolites formées de roche de couverture


superficielle, de la végétation (par exemple du bois) et des organismes terrestres (par
exemple des microfossiles) qui existaient lors du dépôt des sédiments et qui sont
retombés dans le cratère.
Pendant l'érosion, les débris kimberlitiques sont transportés, ensuite déposés, ce qui
entraîne la formation d'une traînée de minéraux indicateurs : le pyrope, le diopside
chromique, la picro-ilménite, la chromite, l'olivine et le diamant. C'est cette traînée que
cherchent à suivre les géologues. Les kimberlites sont situées dans des
cratons archéens.
Le diatrème

Le diatrème se forme lors d'une éruption explosive dans la partie inférieure de la zone
de racines. Sa dimension et sa forme dépendent de la composition de la kimberlite et
des propriétés physiques de la roche encaissante, facteurs qui varient pendant
l'ascension. En général, le diatrème constitue la partie la plus épaisse de la cheminée et
repose sous le cratère. Il mesure généralement plus d'un kilomètre, a des parois très
abruptes et la forme d'une carotte. Le diatrème contient des quantités de fragments de
roche encaissante (xénolites), des roches mantelliques de plus grande profondeur, ainsi
que de la kimberlite (autolites).

La zone de raciness

C'est avant et pendant l'éruption que se forme la zone de racines par cristallisation
du magma sous le diatrème. La kimberlite qui y repose, appelée kimberlite
hypabyssale, présente des texturesignées cristallines et contient des quantités
variables de xénolites, ainsi que des diamants.
Le dyke
Le dyke, généralement tabulaire et étroit, est composé de kimberlite hypabyssale et
provient de la racine. Pendant sa formation, il recoupe la roche encaissante. Il contient
des xénolites ainsi que des diamants.

Quelques gisements sont issus d'autres laves : des lamproïtes


(Australie) ou des komatiites (Guyane).

La lamproïte

Roche magmatique effusive alcaline particulièrement riche en potassium, avec


sanidine, leucite, phlogopite. Le système de classification des lamproïtes décrit par
Mitchell et Bergman (1991) est recommandé par l'IUGS. La nomenclature a été revue.
Les lamproïtes suivent une classification basée sur le nom du minéral dominant
(phlogopite, richtérite, olivine, diopside, sanidine et leucite). La complexité des critères
nécessaires pour définir les lamproïtes est le résultat des conditions de leur genèse :

 nature des régions mantelliques ;


 profondeur et l'étendue de la fusion partielle ;
 forte différenciation.

Elles sont caractérisées par la présence de :


 phénocristaux de phlogopite titanifère pauvre en alumine ;
 tétraferriphlogopite titanifère pœcilitique. (TiO2 : 5 - 10 % poids) ;
 richtérite potassique titanifère ;
 olivine variété forstérite ;
 diopside pauvre en aluminium et en sodium ;
 leucite riche en fer déficiente en sodium et aluminium ;
 sanidine riche en fer.

Le minéral dominant avec 2 ou 3 autres est suffisant pour déterminer le nom


pétrographique de lamproïte.
Les phases minérales mineures sont :

 pridérite ;
 wadéite ;
 apatite ;
 pérovskite ;
 magnésio-chromite ;
 magnésio-chromite titanifère ;
 titano-magnétite magnésienne.

Les minéraux incompatibles sont :

 plagioclase primaire ;
 mélilite ;
 monticellite ;
 kalsilite ;
 néphéline ;
 feldspath alcalin riche en sodium ;
 sodalite ;
 noséane ;
 hauyne ;
 grenat porteur de zirconium ou de titane.

Caractéristiques chimiques :

 ultrapotassiques : K2O / Na2O >3 en mole ;


 hyperalcalines : (K2O +Na2O)/ Al2O3 >1 en mole ;
 hyperpotassiques : K2O / Al2O3 souvent >1 en mole.

Composés principaux du dyke de Argyle Mine (Data Jacques et al. 1989) :

 SiO2 : 44.0
 TiO2 : 3.40
 Al2O : 35.29
 FeO : 8.02
 MnO : 0.14
 MgO : 19.7
 CaO : 5.27
 Na2O : 0.16
 K2O : 3.92
 P2O : 51.25
 H2O : 4.83
 CO : 22.69

Cette lamproïte basique ou ultrabasique avec un MgO de 16 à 23 % et K2O/Na2O > 3


contient beaucoup de nickel, de chrome et de Rb, Sr, Ba, Ti, Zr, Nb, Pb, Th, U et
quelques terres rares.
Le magma semble originaire de la lithosphère subcontinentale avec fusions partielles et
enrichissement géochimique. Les datations donnent 1.178 Gans pour l'éruption et un
âge de 1.580 Gans pour la formation des diamants. Ainsi les diamants seraient formés
400 Ma avant que le magma ne les entraîne !
La morphologie du diatrème d'Argyle laisse supposer qu'il s'est formé au cours de
plusieurs éruptions phréatomagmatiques causées par la rencontre du magma et les
eaux peu profondes du sous-sol. La majorité des diatrèmes ne contiennent cependant
pas de diamants. Beaucoup ont des lacs ou des cônes de tufs et d'autres sont érodés.

La komatiite

Avant les découvertes en Guyane, les géologues pensaient que les pipes se mettaient
en place dans les boucliers d'âge précambrien dans des terrains de plus de deux
milliards et demi d'années, comme on vient de le voir. La Guyane posait problème. Ces
diamants détritiques ne sont pas accompagnés par les autres minéraux caractéristiques
des kimberlites et lamproïtes. Avec cette découverte, c'est l'étude des talc-schistes de
type komatiite qui est lancée...

La komatiite est un magma, sec et chaud, engendré au cœur de panaches


mantelliques à des profondeurs d'au moins 250 kilomètres, en milieu sec. Lorsqu'il
débouche en surface, le magma est une émulsion riche en fluides et il doit remonter
rapidement pour éviter la graphitisation.
Deux indices indiquent que ces magmas ont traversé une zone de subduction riche en
fluides :

 des komatiites métamorphiques, fréquentes dans la ceinture de roches vertes de la


Guyane ;
 la forme des diamants et leur composition éclogitique.

Ces magmas naissent au cœur d'un panache mantellique. En remontant lentement


dans un premier temps, ils traversent la plaque océanique qui s'enfonce. Ceci a deux
conséquences :
 le magma entraîne des éclogites et des péridotites ;
 le magma se charge en eau, ce qui accélère sa remontée jusqu'à Mach 2.

Minéraux indicateurs de kimberlites

Les minéraux indicateurs de kimberlites sont :

 L'ilménite magnésienne : noire, fracture conchoïdale. L'ilménite est présente dans de


nombreuses roches archéennes ainsi que dans la kimberlite. Les ilménites dans les
kimberlites se distinguent des autres par leur teneur élevée en MgO, supérieure à 4 %
en poids. Chaque kimberlite se distingue par sa signature de Cr2O3 en fonction de MgO.




Mg ilmenite. © gsc.nrcan.gc.ca

 Le grenat pyrope chromifère : couleur pourpre, auréole kélyphitique. Les grenats


harzburgitiques subalcalins sont associés aux kimberlites diamantifères. On peut les
différencier des autres grenats lherzolitiques, harzburgitiques ou dunitiques en traçant
le graphique de CaO en fonction de Cr2O3. La diagonale qui sépare les grenats
lherzolitiques des grenats harzburgitiques est la ligne de 85 % définie par Gurney
(1984).



Pyrope chromifère. © gsc.nrcan.gc.ca

 Le grenat éclogitique : orange-rouge.





Éclogite et grenat. © C. König

 Le diopside chromifère : vert pâle à émeraude. Le diopside riche en Cr (> 0,5 % en


poids de Cr2O3) se distingue par sa couleur verte. Il indique la présence de kimberlite
sans toutefois informer sur la présence de diamants.





Diopside chromifère. © gsc.nrcan.gc.ca

 L'olivine très magnésienne : jaune-vert pâle.





Olivine forsterite péridot. © www.fabreminerals.com, Fabre Minerals photo

 La chromite : noir rougeâtre ; cristal irrégulier à octaédrique. La chromite associée aux


diamants à une teneur élevée en Cr2O3 (> 60 % en poids) et une teneur élevée (12-16
% en poids) en MgO.

 La pérovskite.





Pérovskite. © www.fabreminerals.com, Fabre Minerals photo

 Le niobotantalite.

Minéraux indicateurs de lamproïtes


Les minéraux indicateurs de lamproïtes sont un peu différents de ceux des kimberlites.
Selon Fipke et al. (1995) :

 l'ilménite magnésienne ;
 l'ilménite manganésienne chromifère ;
 le zircon faible en uranium et en thorium ;
 l'enstatite magnésienne et faible en FeO, Al2O3, CaO, Na2O ;
 le diopside chromifère potassique ;
 le corindon titanifère ou chromifère ;
 le rutile riche en niobium ;
 les tourmalines riches en K2O et en TiO2.





Rutile. ©www.fabreminerals.com,Fabre Minerals photo

Autant pour les kimberlites que pour les lamproïtes, les minéraux indicateurs doivent
présenter une composition chimique précise reflétant les conditions de pression, de
température et d'oxydoréduction qui prévalent lors de la formation du diamant. Il est
donc important d'analyser chimiquement le plus grand nombre de minéraux indicateurs
possibles afin de s'assurer que plusieurs grains possèdent la bonne composition
chimique. Ceci engendre des coûts importants d'analyse et d'interprétation des
résultats.

Minéraux traceurs

La méthode des minéraux traceurs est la plus employée en exploration, surtout lors des
premières étapes, bien avant les méthodes géophysiques. Utilisée pour la première fois
en 1902 pour la cheminée « Premier », en Afrique du Sud, la méthode des minéraux
libérés dans l'environnement secondaire (sols, ruisseaux, rivières...) consiste à
rechercher des minéraux caractéristiques associés aux kimberlites diamantifères et à
remonter à leur source (Bari, H. , 2001).

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