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Master de Sciences et Technologies

4P 004 – Mécanique Statistique


2014/2015 – TD No 13

Transitions de phase dans les cristaux liquides

Certains cristaux liquides sont constitués de molécules dont la forme est un cylindre de hauteur
très grande devant le diamètre. On s’intéresse à la transition entre la phase isotrope et la phase né-
matique. Dans ces deux phases, les centres de masse des molécules sont répartis de manière aléatoire,
comme dans le cas d’un liquide. Ce qui les distingue est la direction moyenne des molécules : dans la
phase haute température, isotrope, les axes des cylindres sont distribués de manière aléatoire. Dans
la phase basse température, nématique, les molécules ont tendance à s’aligner parallèlement à une
direction privilégiée de l’espace appelée directeur, qu’on repère par un vecteur unitaire → −
n.

En dessous de la température TC de coexistence des phases isotrope et nématique, à l’ordre


directionnel s’ajoute un ordre positionnel. C’est la phase smectique A : les molécules ont toujours
tendance à s’aligner parallèlement au directeur → −
n , et de plus, les positions des centres de masse des


molécules sont ordonnées dans la direction de n ; on a ainsi la formation de couches perpendiculaires
à cette direction. Alors que dans la phase nématique (comme dans un liquide) la densité moyenne N
est isotrope, l’apparition de couches se traduit par une modulation de cette densité selon l’axe porté
par le directeur et caractérisée par un vecteur d’onde k.

Isotrope Nématique Smectique

I. Transition isotrope - nématique


L’axe Oz est définit selon le directeur de la 
phase nématique.
 L’axe d’une molécule est repéré
sin θ cos ϕ
par les angles θ et ϕ qui définissent le vecteur →

u  sin θ sin ϕ . Cependant, les molécules ne sont
cos θ
pas polarisées. On note la densité de probabilité d’orientation f (θ, ϕ).
1. Déterminer f pour la phase isotrope et pour la phase nématique si la distribution des molécules
est modélisée par une une double distribution rectangulaire : f (θ) = fN pour θ ∈ [0, α] ∪ [π − α, π]
et f (θ) = 0 partout ailleurs.
2. Expliquer pourquoi l’angle hθi ne peut constituer un bon paramètre d’ordre. On caractérise donc
l’ordre du système par le paramètre Q = 12 h3 cos2 θ − 1i. Calculer Q pour les deux phases et
indiquer la variation de Q avec α.
On fait l’hypothèse que le potentiel thermodynamique est une fonction analytique du para-
mètre d’ordre au voisinage de la température de transition. On peut alors le développer en série
de Taylor par rapport à Q :
A C D
F(T, Q) = F0 (T ) + (T − T0 )Q2 − Q3 + Q4 (1)
2 3 4
où T0, A, C, D sont des constantes positives. On se limitera aux valeurs positives de Q.
3. Etudier les solutions du paramètres d’ordre pour cette équation et étudier la stabilité des solutions.
Dessiner l’allure de l’énergie en fonction de la température. On définira la température spinodale
TS à partir de laquelle apparaît la phase nématique.
4. Donner l’allure du paramètre d’ordre en fonction de T .
5. Montrer qu’il existe une température TC pour laquelle les deux phases peuvent coexister et dé-
terminer la valeur du paramètre d’ordre correspondant. Calculer TS − TC en fonction de TS − T0
puis TC en fonction des paramètres de l’énergie libre.
6. Calculer la variation d’entropie entre les deux phases et calculer la chaleur latente de la transition.

II. Transition nématique - smectique A


Dans la phase smectique, le paramètre d’ordre positionnel est lié à la densité moyenne, que l’on
développe en série de Fourier, en ne conservant que le fondamental :

N = ρ0 + ρ sin(kz + ϕ) (2)
ρ est le paramètre d’ordre de la transition. En son voisinage, on développe le potentiel thermodyna-
mique en série de ρ. Comme l’opération qui consiste à remplacer ρ par −ρ correspond à un simple
changement de l’origine des phases, les deux états associés ont la même énergie, et on ne conserve
dans le développement que les puissances paires de ρ.
a c d
FP (T, ρ) = FP (T ) + (T − TP )ρ2 + ρ4 + ρ6 (3)
2 4 6
où TP, a, c, d sont des constantes positives.
1. Etudier les nouvelles solutions et étudier leur stabilité. Quel est l’ordre de la transition ?
2. On pose ε = TP − T . Calculez l’exposant critique β relatif au paramètre d’ordre.
3. h étant la variable couplée au paramètre d’ordre, la différentielle de l’énergie libre s’écrit :
∂ρ

dF = −Sdt + hdρ. La susceptibilité isotherme est définie par χT = ∂h T . Comment s’exprime
χT à partir de F ? En déduire les exposants critiques γ 0 pour T 6 TP et γ pour T > TP .

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