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Les infanticides, drames familiaux… on s’en fout !

Encore un autre enfant qui malheureusement fera la une des journaux, et


dont le sort amènera les instances gouvernementales à faire des sorties
publiques avec la gorge serrée, le trémolo dans la voix, un mouchoir dans la
main et la larme à l’ œil, s’écriant haut et fort devant les caméras que c’est
horrible et qu’il faut faire quelque chose ! On proposera alors des
études….oui des études comme celle du Rapport du comité d’experts sur les
homicides intrafamiliaux commandé par le ministre de la Santé et des
Services sociaux en 2012 à la suite du cas de Guy Turcotte……cette super
étude qui va sans dire a coûté des milliers de dollars aux contribuables et qui
à ce jour dort toujours sur une tablette à Québec.
Ce matin, lorsque je lis les journaux et que je regarde les sorties publiques de
certains politiciens, j’ai la tristesse dans le cœur et les larmes me coulent sur
les joues. Ce chagrin et cette douleur ne sont pas les miennes, elles sont
celles de tous ces enfants assassinés au fil des années et qui à travers ma
voix cherchent une façon d’être aujourd’hui, (de notre société) entendus. J’ai
donc épousé cette cause et je suis devenue au fil des années, témoin de
toutes ces demandes d’aide qu’ils ont implorées mais qui à ce jour, sont
toutes demeurées (par votre gouvernement) ignorées.
Monsieur Couillard dit et je le cite : « Quelle Horreur ! » « Est-ce que la
personne avait demandé de l’aide ? » ..... Je ne le sais pas Monsieur
Couillard mais moi je me souviens de vous avoir fait parvenir l’entièreté de
notre dossier en 2017 à la suite du cas Fredette, événement tragique qui
venait tout juste d’arriver dans l’actualité, vous mentionnant que la Maison
Kangourou était nouvelle, existait et répondait à un besoin réel afin d’assurer
la sécurité de ces enfants ! Mais depuis… rien !!! Combien d’atrocité de ce
genre faut-il encore avant de capter votre attention ?

Madame Lucie Charlebois, dit et je la cite : «Ça ma heurtée ce matin pour


ne pas me dire bouleversée.» Mais pourtant en 2014, j’ai reçu de sa main le
prix coup de cœur du Ministère de la famille comme quoi notre organisme
était extraordinaire… Une belle statuette en verre que j’ai déposé dans la
maison kangourou. Mais rien de plus. Après une demande d’aide financière,
on nous a dit que nous (La maison Kangourou) ne relevons pas du ministère
de la famille. Suite à une telle réponse de votre gouvernement, je n’ai jamais
baissé les bras et au nom de tous ces enfants, j’ai poursuivi avec persistance
mes demandes de subvention….eh bien….cette semaine…nous venons de
recevoir 500.00$. Oui, vous avez bien lu….500.00$ de la part du ministère
de la famille.
Devant de tels drames familiaux et n’ayant pas beaucoup de ressource
financière, j’ai fondé en 2011 le premier centre d’urgence et de première
ligne au Québec ouvert 24/7 pour venir en aide à ces familles en détresse. À
ce moment bien précis, on m’a dit ceci : « Quel parent aura le courage de
téléphoner, se rendant à ce point vulnérable pour exprimer leurs détresses
ainsi que leurs moments de faiblesses ? »
On m’a dit que personne ne le ferait, eh bien, après plus de 7 ans, je peux
vous confirmer que par la force des choses, je suis devenue une experte en
matière de prévention et de dégradation de la santé familiale, et que lorsque
des parents perdent leurs points de repère et que les épreuves de la vie leur
rentrent dedans pour de multiples raisons qui sont propres à eux, eh bien oui,
les parents téléphonent.
Au fil de ces années, je vous confirme que nous avons sauvé la vie de
nombreux enfants, empêché d’épouvantables catastrophes et évité de
nombreux drames familiaux. Il est vrai que cela n’a peut-être pas fait la une
des journaux…. Mais sachez que ce genre d’intervention et de réalisation se
passent à tout coup sous le couvert de la discrétion de la confidentialité et de
l’anonymat.
En 2014, nous avons trouvé une maison et mobilisé plus de 150 bénévoles
de tous horizons qui ont mis la main à la pâte et participé à la rénovation et
la mise sur pied de la première maison kangourou sur la rue Sherbrooke à
Montréal.
Nous avons mené le projet à terme avec très peu de ressources et avons
travaillé très fort seulement grâce aux dons de la communauté, et croyez-moi
ce fut un travail colossal.
Nous offrons annuellement plus de 250 dodos d’urgence sans compter en
moyenne plus de 700 appels de parents en difficulté annuellement et la
demande est sans cesse grandissante.
Jusqu’à maintenant, nous avons réussi à mobiliser et faire fonctionner la
Maison Kangourou avec très peu de ressource financière. En cours de route,
j’ai fait de nombreuses demandes auprès des instances publique et auprès de
Centraide afin d’obtenir des fonds récurrents. Cependant, nous n’avons
toujours rien ni aucune réponse de ce côté.
Il n’existe qu’un seul programme gouvernemental au Québec qui vient en
aide aux OBNL : le PSOC (programme de soutien aux organismes
communautaires). Nous avons rencontré les dirigeants de ce programme et
avons fait auprès d’eux plusieurs demandes. Leur réponse fut la suivante :
« Ça prendrait au minimum 7 ans avant d’être reconnu comme organisme
auprès du Ministère de la santé et des services sociaux. Après quoi vous
pourrez espérer recevoir un premier dollar. Cependant, nous avons été
avertis que les premières contributions seraient très modestes.
Nous avons accumulé de nombreuses lettres de soutien de plusieurs acteurs
importants dont Michelle Dionne, directrice de la DPJ, qui considère notre
service comme essentiel en matière de prévention et qui d’ailleurs a fait
parvenir une lettre au ministre de la Santé, mais à ce jour, nous sommes
toujours sans nouvelle et sans subvention qui nous aiderait dans la poursuite
de notre mission, c’est-à-dire celle d’éviter des drames familiaux où des
enfants innocents sont pris en otages.
Tristement, je trouve difficile de constater que les médias mettent
régulièrement en lumière des drames familiaux et encore ce matin celui de la
petite Rosalie. Je crois que c’est bien de dénoncer de tels événements et je
dis merci aux médias de le faire. Toutefois, ce qui m’afflige et ce qui
m’affecte est qu’on dise encore aujourd’hui que : « c’est épouvantable, qu’il
n’y ait pas de ressources de disponibles, alors que j’ai fondé et que je dirige
le premier centre d’urgence et de première ligne ouvert 24/7 au Québec pour
les familles qui traversent des difficultés familiales. Il ne faut pas oublier que
la Maison Kangourou compte plusieurs témoignages de vie transformée, et
que nous sommes la preuve vivante que les parents téléphonent et que par
notre intervention nous sauvons des enfants et sommes des acteurs
importants en matière de prévention de la dégradation de la santé familiale
au Québec.
Madame Charlebois a dit qu’elle injecterait 12 millions auprès des familles
afin de prévenir que des enfants évitent d’atterrir à la DPJ. Elle nous a certes
remis un prix pour lequel je suis extrêmement reconnaissante…mais en fait
d’aide monétaire et en fait de subvention nous n’avons encore rien reçu à ce
jour !... On me retourne des lettres disant souvent que nous ne cadrons pas
avec les critères pour recevoir un quelconque soutien. Peut-être sommes-
nous trop novateurs ? Peut-être ne rencontrons-nous pas toutes les exigences
? Toutefois, il y a une chose que je sais, c’est que La Maison Kangourou
peut jouer un rôle prédominant en matière de prévention de la dégradation
de la santé familiale au Québec.
Heureusement, nous avons eu la sympathie des médias qui ont cru à notre
cause et qui nous ont aidés à la propager. C’est grâce à eux que nous avons
réussi à atteindre les familles en difficulté, directement dans leurs salons.
Notre plus grand souhait serait qu’un grand médium télévisuel nous offre
une tribune publique afin de pouvoir exprimer notre désolation face au grand
manque de volonté politique et face aux réels enjeux sociaux. Aujourd’hui
j’utilise ce médium pour dire merci à tous ces médias. C’est grâce à vous et
à votre sensibilité que nous avons pu atteindre toutes ces familles dans le
passé qui très souvent sous l’égide de la honte et de la solitude cachent leurs
détresses.
Jusqu’à aujourd’hui, nous avons aidé de nombreuses familles qui auraient
certainement fait la une des journaux si nous n’avions pas été là. Il est
évident que nous ne pourrons jamais atteindre tous les parents en détresse.
Cependant une chose est certaine, nous avons réussi à en sauver des petits
Émile, Mathias, Sophie, etc. et nous pourrons encore en sauver d’autres…
Nous en avons et nous en comptons des noms, des visages de tout-petits et
de parents qui oui ont eu le courage d’appeler pour recevoir de l’aide car oui
nous existons et nous vivons pour cette mission.
Je connais de nombreuses familles qui accepteraient de faire entendre leurs
voix et de témoigner pour dire publiquement que la Maison Kangourou a
sauvé leurs vies et celles de leurs enfants.
Des exemples, j’en ai des tonnes. Une femme m’a confiée qu’elle avait un
plan de suicide pour elle et son fils de 2 ans et demi, et que si nous n’avions
pas été là, elle aurait commis un geste irréparable. Elle avait déjà son plan
établi pour mettre fin à ses jours et celle de son fils.
D’ailleurs, un grand journaliste, du nom de Jean-François Guérin est déjà
venu, dans le cadre de l’émission J.E, interviewer des parents directement à
la Maison. Il a entre autres recueilli le témoignage d’une mère qui avait
acheté une bouteille de propane pour s’enlever la vie et celle de ses trois
enfants. Par chance, une travailleuse sociale lui avait parlé de nous car elle
avait lu sur notre organisme dans les journaux et lui avait parlé de nos
services. Grace aux médias, cette femme s’est présentée chez moi tard le soir
avec ses enfants.
De plus, nous sommes également appuyés par les acteurs du milieu dont :
l’Hôpital Sainte-Justine, l’Hôpital Maisonneuve Rosemont, Opération
Enfants Soleil, les CSSS, les écoles, sans oublié tous ces gens du milieu
artistique tels que Marc-André Coallier, Edith Cochrane, Martin Léon etc.
Nous avons même reçu la visite de la première dame du Canada, Madame
Sophie Grégoire qui a constaté et mentionné l’importance de la ressource
ainsi que des représentants de la Ville de Montréal mais nous n’avons
toujours aucuns fonds malgré nos nombreuses demandes et les appuis que
nous avons.
Je fais aujourd’hui une sortie médiatique afin de dévoiler publiquement ce
qui est à mon avis une honte nationale et la grande hypocrisie de tous les
acteurs publics à qui je me suis adressée au nom des enfants et auprès
desquels nous n’avons de voix.
Lorsque je lis dans les journaux qu’on dépense des millions sur des toilettes
publiques et d’autres millions pour des autos de Formule un, je me
demande sincèrement mets on nos priorité comme société. Surtout quand
je vois devant moi des petits bouts de choux à la Maison Kangourou et
que nous ne savons jamais d’où proviendront les sous pour maintenir
notre ressource ouverte de mois en mois. Comment se fait-il qu’une
ressource aussi ESSENTIELLE et IMPORTANTE comme la nôtre qui
vient en aide aux plus petits de notre société soit complètement ignorée
et non subventionnée? Mais dites-moi :‘’Combien vaut la vie d’un enfant
? 500.00$ !!
Malaise, honte, horreur… Aujourd’hui, j’aimerais demander aux acteurs des
instances publiques, si cela serait possible de remettre eux-mêmes en main
propre le chèque de 500.00 $ aux enfants assassinés. Mais malheureusement,
j’en doute.
La mort de la petite Rosalie cette semaine et tous les autres enfants qui sont
négligés est dramatique. Mais nous avons le pouvoir de faire changer les
choses.
Ce matin, je me suis sentie directement interpellée car je suis témoin et je
suis un acteur dans cette grande spirale d’effritement social. Je lance un
appel à tous les acteurs publics pour nous soutenir dans notre mission.
Moi qui à titre de professionnelle et qui œuvre directement auprès de
familles vulnérables et qui demande de l’aide aux instances publiques aux
noms de tous ces parents en détresse et des enfants, je suis ignorée. Alors, si
on m’ignore moi, imaginez les sans voix.
En janvier 2018, la Maison Kangourou a subi de graves dommages à la suite
de dégâts d’eau. Nous sommes sans ressources, les assurances couvriront la
partie des murs, mais on vient d’apprendre que la fondation et la structure du
bâtiment sont affectées…..nous risquons de fermer. Va-t-on nous laisser
mourir comme on laisse mourir les enfants?
Voilà le triste constat d’un organisme qui a pris naissance dans les cendres
de ceux qui sont décédés et qui luttent, se battent et tentent de survivre alors
que des millions sont gaspillés chaque jour par les instances publiques sur
des voyages, des grands diners au parlement, pour n’en nommer que
quelques –uns etc.
La Maison Kangourou est l’unique ressource d’urgence ouverte 24/7 pour
les plus vulnérables laissés à l’abandon dans la plus grande indifférence.
Comme cet enfant qui fera la une des journaux pendant une semaine et
ensuite on passera à autre chose et nous ressortirons les mouchoirs et les
micros pour le ou les prochains tout-petits qui seront victimes non pas des
parents en détresse mais de nos propres inactions.
Merci pour tout au nom des petits kangourous.
Sur ce, je vous invite également à consulter notre site Web
: www.lamaisonkangourou.org
et la page Facebook “La Maison Kangourou”.
Josée Fortin, directrice générale

La Maison Kangourou
www.lamaisonkangourou.org
T. 514 524 4141

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