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Notions- Principe de subsidiarité, gouvernance multi-niveaux.

Thème : L'ordre politique européen

3-1 - Quel est l'impact de la construction européenne sur


l'action publique ?

Activité 2 – Comment se prennent les décisions dans l’UE ?

L’UE, un «espace particulier de gouvernance »

Le concept de gouvernance est bien adapté à l’UE

Depuis une dizaine d’année, le concept de gouvernance, issu de la littérature économique anglo-saxonne (corporate
governance), est de plus en plus utilisé pour aborder et analyser les politiques publiques, la stratégie des acteurs ou
tout simplement la vie politique à l’échelle européenne. Le vocable « gouvernance » a ensuite été repris par les
institutions elles-mêmes qui l’utilisent désormais de manière récurrente. ( ...)
A mi-chemin entre une organisation internationale et un Etat de type fédéral, l’espace politique créé par l’intégration
européenne constitue désormais un champ d’étude à part entière des sciences politiques. Il est reconnu que l’Union
Européenne ne laisse pas apparaître de manière évidente un centre de pouvoir (un gouvernement central). Ainsi, nous
pouvons envisager l’intégration européenne comme un espace de gouvernance en construction. S’il existe de
nombreuses définitions du terme de gouvernance, nous n’en retiendrons ici que deux.
Pour James Rosenau, le concept de gouvernance regroupe un « ensemble de règles reposant tant sur le jeu des
relations interpersonnelles que sur des lois et des sanctions explicites ».
Pour appliquer cette définition à l’UE, il est possible de voir dans les « lois » et les « sanctions » l’ensemble du droit
communautaire dérivant des Traités ainsi que les procédures et règlementations fixées par les institutions. Quant au
« jeu des relations interpersonnelles », il pourrait s’agir des relations établies de manière non officielle entre les
fonctionnaires et les députés européens d’un côté, les représentants des différents groupes d’intérêt présents à
Bruxelles de l’autre. En effet, si les processus de prise de décision au niveau européen sont établis par des règles et des
procédures juridiques, ils se déroulent également de manière officieuse, dans les « couloirs » des différentes
institutions…
Afin de détailler davantage la notion de gouvernance, il est intéressant d’utiliser une autre définition, issue d’un
ouvrage de Pierre Muller et Yves Surel : « La gouvernance apparaît bien comme un mode de gouvernement (ce dernier
terme étant entendu au sens large), dans lequel la mise en cohérence de l’action publique (construction de problèmes
publics, des solutions envisageables et des formes de leur mise en oeuvre) ne passe plus par l’action d’une élite
politico administrative relativement homogène et centralisée (qui tend à perdre, de ce fait, son relatif monopole de la
construction des matrices cognitives et normatives des politiques publiques), mais par la mise en place de formes de
coordination multi niveaux et multi acteurs dont le résultat, toujours incertain, dépend de la capacité des acteurs
publics à définir un sens commun, à mobiliser des expertises d’origines diverses et à mettre en place des formes de
responsabilisation et de légitimation des décisions » .
Cette acception du terme de gouvernance semble « coller » parfaitement au système politique européen. En effet, il
n’existe pas au sein de l’UE un organisme détenant le pouvoir d’une manière exclusive. Selon cette définition, de
même qu’au sein de la vie politique quotidienne de l’UE, le pouvoir, au lieu d’être la propriété de quelqu’un (individu,
groupe, parti politique…), doit résulter d’une négociation permanente entre différents acteurs sociaux, constitués en
partenaires d’un vaste jeu. Ces acteurs sociaux sont les institutions européennes mais également les Etats membres de
même que les acteurs privés ou les collectivités territoriales.
Source : Maxime Montagner , L’Union Européenne : un espace de gouvernance en construction, décembre 2005
Questions :
1. Pourquoi le concept de gouvernance est-il bien adapté à l’UE ?
2. Compléter le tableau

Définition de la gouvernance de Caractéristiques de la définition Remplies par l’UE


James Rosenau
Pierre Muller et Yves Surel
Les formes de gouvernance dans l’UE

Une gouvernance multi-acteurs

La gouvernance européenne est tout d’abord multi acteurs. Comme nous l’avons vu précédemment, en plus des
différentes institutions communautaires et des Etats membres, de nombreux groupes se sont agrégés à l’échelle
européenne. Dès les années soixante, les intérêts économiques (essentiellement les grandes entreprises et les
fédérations professionnelles) ont installé des bureaux de représentation à Bruxelles. Progressivement, d’autres
organismes, comme les syndicats ou les organisations de la société civile, se sont engagés à l’échelle européenne. La
présence de ces groupes s’explique par le fait que les processus de prise de décision sont relativement ouverts. De
plus, la Commission est souvent à la recherche d’expertise que seuls des groupes spécialisés peuvent apporter. La
plupart du temps, la logique du partenariat entre les groupes prévaut sur celle de l’affrontement direct. En fait, le
problème semble remplacer le conflit. Il s’agit moins de s’affronter que de traiter une question spécifique.

La directive REACH (Registration, Evaluation and Authorization of Chemicals) peut éclairer le type de partenariat
multi acteurs à l’œuvre à l’échelle européenne. Cette « loi européenne » vise à contrôler et donc à limiter l’usage des
produits chimiques dangereux pour la santé humaine. Afin de préparer sa proposition d’acte législatif, la Commission
a non seulement consulté des experts nationaux mais également les représentants des industries pétrochimiques
européennes ainsi que différentes organisations de protection des consommateurs et de protection de l’environnement.
Au final, la directive REACH peut être ressentie comme étant un texte a minima. Cependant, le simple fait que
l’ensemble des acteurs concernés ait pu s’entendre sur un sujet si primordial est un bon exemple de gouvernance multi
acteurs. Désormais, le programme REACH s’applique sur le territoire des 25.

Source : Maxime Montagner , L’Union Européenne : un espace de gouvernance en construction, décembre 2005
Questions
1. Définir gouvernance multi-acteurs
2. Montrez à partir de la directive REACH la pertinence de la gouvernance multi acteurs

Une gouvernance multi-niveaux

Alors que la plupart des décisions politiques d’envergure sont prises à Bruxelles, de nombreux projets européens se
déroulent au niveau régional ou local. Les politiques de cohésion sociale et territoriale sont l’illustration parfaite de la
gouvernance multi niveaux des politiques européennes. En effet, afin de faciliter le développement des régions en
retard économique, la Commission travaille en direct avec les collectivités territoriales sur la base de différents projets
et programmes financés par des fonds spécifiques comme le FEDER, le FSE ou le FEOGA. Par exemple, la
Commission entretient des contacts réguliers avec la région de l’Alentejo au Portugal et la province de Huelva en
Andalousie afin de faciliter les relations économiques, culturelles et touristiques entre ces deux collectivités
territoriales. Parfois même, la Commission, pour esquiver les réticences des Etats membres, passe directement par le
biais des régions afin de réaliser ses objectifs. Les collectivités territoriales sont représentées à Bruxelles par le Comité
des Régions qui a un rôle consultatif de plus en plus étendu. Autre illustration de la gouvernance multi niveaux, la
« méthode ouverte de coordination », initiée par la stratégie de Lisbonne en mars 2000, permet l’échange de bonnes
pratiques entre les administrations nationales situées sur les différents niveaux de prise de décision. Concrètement, les
fonctionnaires des collectivités territoriales sont invités par l’UE à faire connaître leurs méthodes de travail ainsi que
les différents programmes qu’ils développent sur leurs territoires. Même s’il faut encore la concrétiser, cette démarche
facilitera à terme l’européanisation des collectivités territoriales.

Source : Maxime Montagner , L’Union Européenne : un espace de gouvernance en construction, décembre 2005
Questions :
1. Définir gouvernance multi-niveaux
2. A partir de la « méthode ouverte de coordination », montrez l’intérêt de la gouvernance multi-niveaux
L’ européanisation de l’action publique

Processus par lequel l’intégration européenne a des conséquences sans cesse plus importantes sur les systèmes
politiques des Etats membres, en particulier sur leur législation.
La notion se distingue de celle « d’intégration européenne » dans la mesure où il ne s’agit pas de montrer
comment et à quelles conditions un ensemble supranational européen se constitue, mais quel est l’impact de
l’intégration sur les institutions et les acteurs politiques nationaux.
L’européanisation est souvent décrite comme une série de séquences : l’intégration européenne prend la forme de
décisions et de politiques publiques ; ces dernières exercent une pression adaptative, lorsque les règles
nationales diffèrent par exemple des règles communautaires (ex : en France, les dates de chasse ne
correspondent pas aux prescriptions figurant dans plusieurs directives communautaires) ; ces pressions
adaptatives suscitent des réactions positives ou négatives chez les acteurs nationaux (ex : les chasseurs se
mobilisent contre les décisions communautaires) ; enfin, ces pressions adaptatives débouchent sur des changements
de normes ou des politiques au niveau national, qui tiennent compte des facteurs favorables ou défavorables
précités (ex : les dates de chasse ont été redéfinies en France sans aller jusqu’à correspondre aux objectifs
communautaires).
Source : Lexique de science politique, Dalloz, 2008
1. Quelle différence effectuez-vous entre intégration européenne et européanisation de l’action publique ?
2. Comment peut-on expliquer ce phénomène ?

La politique européenne de l’environnement fournit un [...] exemple de politique « partagée » ou un


processus d’européanisation est manifeste [...]. il convient d’insister sur les changements significatifs induits
par le développement du dispositif législatif et réglementaire européen sur l’approche française de ce problème.
Comme dans les autres pays « du Sud », la protection de l’environnement, au travers de contraintes imposées aux
secteurs industriel et agricole, ainsi qu’auprès des citoyens, était loin d’être prioritaire pour le gouvernement français
avant que la législation européenne n’impose de nouvelles orientations. Néanmoins, en 1995, un rapport rédigé par
le Conseil d’État révélait que près de 90% de la législation française en matière d’environnement trouvait son
origine dans les lois européennes. Comme ailleurs en Europe, cette forme d’européanisation a forcé le gouvernement
français à prendre des mesures spécifiques pour respecter les dispositions européennes en matière de qualité de l’air et
de l’eau, de pollution automobile et de gestion des ordures ménagères, etc.
Source : Andy Smith, "L'intégration européenne des politiques françaises", Presses de Science Po, 2008.
Questions :
1. Montrez que la politique de l’environnement en France est un exemple d’européanisation

Le partage des compétences dans l’UE

3 grandes compétences

Le traité de Lisbonne (2007) clarifie le partage des pouvoirs entre l'Union européenne et les Etats membres. Il apporte
une réponse à "qui fait quoi ?" dans l'UE
Source : Fondation Robert Schuman, "Le traité de Lisbonne expliqué en 10 fiches", décembre 2009.
Questions:
1. Pourquoi le traité de Lisbonne est-il essentiel?

Les compétences de l’Union se répartissent en trois grandes catégories : les compétences exclusives, les compétences
partagées et les compétences d’appui.
Sont exclusivement réservées à l’Union européenne les décisions dans les domaines de l’union douanière,
l’établissement des règles de concurrence, la conservation des ressources biologiques de la mer, la politique
commerciale commune et la politique monétaire (pour les États membres de la zone euro).
L’essentiel des activités de l’Union européenne relève de compétences partagées entre l’UE et les États. On y trouve
notamment les décisions relatives à l’organisation du marché intérieur, l’environnement, les transports, l’énergie, la
protection des consommateurs, la propriété intellectuelle et la politique agricole commune.
Enfin, les États membres conservent la pleine maîtrise de l’action législative en matière de santé, d’éducation et de
culture, de formation professionnelle, de sport, de tourisme, de protection civile, d’industrie et de coopération
administrative. Dans ces domaines, l’Union européenne dispose seulement de compétences de coordination non
contraignantes.
Source : Loup Besmond de Senneville , les 3 piliers de l’UE, 28/04/2014
Questions :
1. Distinguez les 3 grandes catégories de compétences

Le principe de subsidiarité pour régler les compétences partagées

La signification et la finalité générales du principe de subsidiarité résident dans l’octroi d’un certain degré
d’indépendance à une autorité subordonnée vis-à-vis d’une autorité de niveau supérieur, notamment d’une autorité
locale envers le pouvoir central. Il y va donc du partage des compétences entre les divers échelons de pouvoir,
principe qui constitue le fondement institutionnel des États à structure fédérale.
Appliqué au cadre de l’Union européenne, le principe de subsidiarité sert de critère régulateur de l’exercice des
compétences non exclusives de l’Union. Il exclut l’intervention de l’Union lorsqu’une matière peut être réglementée
de manière efficace par les États membres à leur niveau central, régional ou local et il légitime l’exercice par l’Union
de ses pouvoirs lorsque les États membres ne sont pas en mesure de réaliser les objectifs d’une action envisagée de
manière satisfaisante et que l’action au niveau de l’Union peut apporter une valeur ajoutée. (…)
Le principe de subsidiarité s’applique aux domaines relevant des compétences non exclusives partagées entre l’Union
et les États membres. (…)
Le principe de subsidiarité vise à assurer une prise de décision la plus proche possible du citoyen en vérifiant que
l'action à entreprendre au niveau européen est justifiée par rapport aux possibilités qu'offre l'échelon national, régional
ou local. Ce principe a été conçu pour rapprocher les lieux décisionnels des citoyens et éviter l'éloignement des lieux
de pouvoir. (…)
Le principe de subsidiarité est l'un des principes essentiels du droit de l'UE car il est au coeur de la question délicate
de la répartition des compétences entre l'Union européenne et les Etats membres. Le principe de subsidiarité doit
permettre de déterminer si l'Union peut intervenir ou si elle doit laisser les Etats membres agir.
Il répond à deux objectifs : permettre à l'UE d'agir quand les Etats membres, agissant isolément, ne peuvent pas
apporter de solution efficace compte tenu des dimensions transfrontalières de la question ; préserver les compétences
des Etats membres quand l'action européenne n'apporte pas plus d'efficacité.
Il est étroitement lié aux principes de proportionnalité et de nécessité qui supposent que l'action de l'Union ne doit pas
excéder ce qui est nécessaire pour atteindre les objectifs du traité. (…)
Ce principe ne joue que pour les compétences concurrentes, c'est-à-dire celles partagées entre l'UE et les Etats. A
l'inverse, le principe de subsidiarité ne joue pas concernant les compétences exclusives de l'UE (ex : PAC), ni celles
qui demeurent de la seule compétence des Etats (ex : droit de la nationalité).
Source : https://www.touteleurope.eu/actualite/qu-est-ce-que-le-principe-de-subsidiarite.html
Questions :
1. Définir le concept de subsidiarité et son application à l’UE
2. En quoi ce principe est-il essentiel dans la construction européenne ?
3. Quels sont ces objectifs ?

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