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Le point 9 procède à une évaluation critique de la situation des droits de l’homme dans certains
pays. Ainsi, l’année dernière, en dépit de la situation encore préoccupante des droits de l’homme
en Afghanistan et en Sierra Leone, les résolutions sur ces deux pays ont été présentées au point
19 intitulé "Services consultatifs et coopération technique dans le domaine des droits de l’homme".
Cette année, suivant cette tendance, les résolutions sur le Burundi et la République démocratique
du Congo (en règle générale traitées au point 9) ont été examinées au titre du point 19. A l’instar
des années précédentes, la Commission a rejeté la résolution intitulée "Situation des droits de
l’homme en Tchétchénie dans la Fédération de Russie" et adopté des motions de non-action
contre les résolutions présentées sur le Zimbabwe et sur la Chine.
Depuis plus de 30 ans, la Commission des droits de l’homme examine les cas de violations des
droits de l’homme en s’appuyant sur deux procédures. Tout d’abord, la Commission a recours à la
procédure confidentielle appelée "procédure 1503" (résolution 1503 du Conseil économique et
social (ECOSOC)), conformément à laquelle elle examine les requêtes qui lui sont transmises par
le Groupe de travail des communications de la Sous-Commission. Si les travaux selon la
procédure confidentielle se déroulent à huis clos et restent confidentiels, leurs résultats sont par
contre annoncés en séance plénière. Ensuite, la Commission peut suivre la procédure publique
(résolution 1235 de l’ECOSOC) qui fait appel à la participation de tous les Etats, les organisations
intergouvernementales et non-gouvernementales, et est mis en œuvre sous forme d'un débat
public au titre du point 9 de l’ordre du jour. Toujours au titre du point 9, la Commission examine le
rapport du Secrétaire général qui recense et analyse les cas signalés de représailles contre les
personnes qui cherchent à coopérer avec l'ONU et les représentants de ses organismes de
défense des droits de l’homme.
Au cours de sa 60ème session, la Commission a adopté des résolutions et des décisions sur la
situation des droits de l’homme dans divers pays, notamment au Bélarus, à Cuba, en République
populaire démocratique de Corée, au Myanmar et au Turkménistan. De nouveaux mandats ont été
créés pour le Bélarus et la République populaire démocratique de Corée.
Comme les années précédentes, la résolution soumise par l’Irlande au nom de l’Union
européenne (UE) et intitulée "Situation des droits de l’homme en République de Tchétchénie dans
la Fédération de Russie" a été rejetée. Par ailleurs, des motions de non-action ont été adoptées
dans le cadre des résolutions soumises sur la situation des droits de l’homme au Zimbabwe et en
Chine. Une résolution sur le Soudan a été déposée au titre du point 9 mais elle a été par la suite
retirée après l’adoption d’un projet de décision sur le Soudan au point 3.
Grâce aux efforts du Président Mike Smith, l’examen du point 9 a débuté et s’est terminé
relativement dans les temps, en dépit de trois heures de digression (séance spéciale suite à
l’assassinat de Cheik Ahmed Yasin) et du prolongement de la session à huis clos de la
ème
Commission, 60 session – Question de la violation des droits de l'homme et
des libertés fondamentales, où qu'elle se produise dans le monde
1
Chypre, la République tchèque, l’Estonie, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, Malte, la Pologne, la Slovaquie, la
Slovénie et les pays candidats que sont la Bulgarie et la Roumanie soutenaient l’UE.
en Turquie.
Les déclarations du Canada et de la Norvège ont été proches de celle des Etats-Unis
s’agissant des évolutions encourageantes et des condamnations de pays. Le Canada y a inclus la
Colombie, la Côte d’Ivoire, le Pakistan et l’Ouganda.
Les discussions se sont poursuivies dans le cadre du droit de réponse et ont porté sur les
différends entre Israël et le Liban; la Palestine et la Syrie; Chypre, la Grèce et la Turquie; le Japon
et la RPDC; l’Arménie et l’Azerbaïdjan; l’Inde et le Pakistan; la Chine et les Etats-Unis; ainsi que
Cuba et les Etats-Unis.
3.1 Afghanistan
La situation en Afghanistan a fait l’objet d’un premier examen au titre du point 19 intitulé "Services
consultatifs et coopération technique dans le domaine des droits de l’homme" dans lequel le
mandat d’un expert indépendant sur la situation des droits de l’homme en Afghanistan a été défini.
Toutefois, quelques observations ont été faites au point 9. La Norvège a salué les progrès réalisés
par le Gouvernement de transition tout en exprimant sa préoccupation devant la condition des
femmes et des petites filles. Le Pakistan a apprécié les réalisations du Gouvernement en faveur
de la stabilisation et de la réhabilitation économiques. Les Etats-Unis ont également fait une
déclaration positive dans laquelle ils ont relevé les progrès remarquables accomplis sur le plan
démocratique après l’ère des Talibans, avec une nouvelle constitution modérée qui engage le pays
à respecter les conventions internationales sur les droits de l’homme et qui accorde les mêmes
droits aux femmes et aux minorités.
Une fois de plus, le conflit entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie est resté un sujet d'inquiétude,
essentiellement pour ces pays. L’Azerbaïdjan a accusé l’Arménie d’avoir procédé à un nettoyage
ethnique contre les populations originaires d’Azerbaïdjan, et d’avoir expulsé 200 000
Azerbaïdjanais d’Arménie, ce qui en fait, au niveau mondial, l'un des plus grands groupes de
personnes déplacées à l'intérieur de leur pays.
Au nom de l’OCI, le Pakistan a une fois de plus lancé un appel en faveur d’un règlement
juste et pacifique du conflit et de la reconnaissance de l’intangibilité des frontières reconnues sur le
plan international
S’agissant spécialement de la situation des droits de l’homme en Azerbaïdjan, la Norvège
a souligné le traitement réservé aux opposants politiques lors des élections présidentielles et le
climat de violence post-électoral qui y a régné.
3.3 Bélarus
Plusieurs délégations ont évoqué la situation des droits de l’homme au Bélarus. La Norvège a
exprimé sa préoccupation quant à la légitimité des prochaines élections. Avec plus de vigueur, les
Etats-Unis ont accusé le Gouvernement du Bélarus d’accentuer le harcèlement et l’intimidation des
défenseurs de la démocratie, des défenseurs des droits de l’homme et autres ONG; la fermeture
des journaux indépendants, la restriction des libertés au niveau des universitaires et l’interdiction
de la légitimité des activités religieuses. Le Canada a attiré l’attention sur la torture, les
arrestations et les détentions arbitraires, les exécutions extrajudiciaires et les disparitions forcées.
Résolution
Cette résolution présentée par les Etats-Unis, a été co-parrainée par l’UE. Réagissant aussitôt, la
Fédération de Russie a lancé le débat et estimé que le contenu de la résolution était tellement
absurde qu’elle requerrait une motion de non-action. La Chine, Cuba et l’Inde ont appuyé la
motion de non-action, Cuba se contentant de relever l’hypocrisie dont les Etats-Unis ont fait
preuve en présentant une résolution au titre du point 9. L’Inde a exprimé son inquiétude au sujet
du "langage inapproprié" ainsi qu’à ses implications: selon elle, les paragraphes opératifs 2 a, b, c,
d et h constituent une ingérence dans les affaires intérieures de cet Etat, et le style du paragraphe
opératif 4 révèle un "nouveau stade de ce qui doit être prescriptible". Elle fait valoir, de surcroît,
que la Commission n’a pas la légitimité nécessaire pour exhorter un rapporteur spécial à établir
des "contacts directs… avec le peuple du Bélarus" (para. opératif 5).
L’Irlande s’est fermement opposée à la motion de non-action, à la fois par principe et parce
que, dans ce cas d’espèce, la résolution a été appuyée par 34 Etats. L’Irlande, au nom de l’UE, a
fait une longue déclaration dans laquelle elle a affirmé que les motions de non-action violent la
liberté d’expression ainsi que les principes de transparence et de non sélectivité. Elle a par
conséquent exhorté tous les membres de la Commission à voter contre cette motion, qu’ils soient
ou non favorables à la résolution.
La motion de non-action a été rejetée avec 22 Etats en sa faveur (l’Afrique du Sud,
l’Arabie saoudite, l’Arménie, Bahreïn, le Bhoutan, le Burkina Faso, la Chine, Cuba, l’Egypte, l’Inde,
l’Indonésie, la Mauritanie, le Nigéria, le Pakistan, le Qatar, la Fédération de Russie, la Sierra
Leone, le Soudan, le Swaziland, le Togo, l’Ukraine et le Zimbabwe), 22 Etats contre, et 9
abstentions (le Brésil, le Congo, l’Erythrée, l’Ethiopie, le Gabon, le Mexique, le Népal, Sri Lanka
et l’Ouganda).
La Fédération de Russie a ensuite proposé de passer au vote de la résolution et celle-ci a
finalement été adoptée par 23 voix contre 13 (l’Afrique du Sud, l’Arménie, la Chine, Cuba,
l’Egypte, l’Inde, l’Indonésie, le Nigéria, la Fédération de Russie, la Sierra Leone, le Soudan,
l’Ukraine et le Zimbabwe), et 17 abstentions (l’Argentine, Bahreïn, le Bhoutan, le Burkina Faso, le
Congo, l’Erythrée, l’Ethiopie, le Gabon, le Honduras, la Mauritanie, le Népal, le Pakistan, le Qatar,
l’Arabie saoudite, le Swaziland, le Togo et l’Ouganda).
3.4 Burundi
Le mandat du Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme au Burundi a été défini par
la résolution 1995/90 de la Commission. Après la démission de M. Paulo Sérgio Pinheiro (Brésil),
Mme Marie-Thérèse Aïssata Kéita-Bocoum (Côte d’Ivoire) a été nommée Rapporteuse spéciale
en août 1999. Ce mandat a été prorogé d'un an lors de la 59ème session et devrait à nouveau être
renouvelé au cours de la présente 60ème session de la Commission.
Le huitième rapport de la Rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l’homme au Burundi
ne s’appuie pas sur une mission dans ce pays, mais sur les rapports et renseignements recueillis
par la Rapporteuse spéciale depuis la présentation du rapport intérimaire devant l’Assemblée
générale en novembre 2003. Le rapport s’est intéressé à la période allant du 1er octobre au 31
décembre 2003 et s’est appuyé sur les rapports de la représentation locale du Haut Commissariat
aux droits de l’homme au Burundi (OHCDHB), des ONG et des agences du système de l'ONU. La
Rapporteuse spéciale a noté que les progrès dans la situation des droits de l’homme sont entravés
par une violence persistante et une situation sécuritaire délicate en dépit de quelques
changements politiques significatifs.
Le rapport reprend des points de vue sur la situation générale au Burundi et celle des droits
de l’homme en particulier ainsi que des observations et recommandations.
Le chapitre consacré à la situation générale présente le processus de paix, la situation
sécuritaire ainsi que la situation économique et sociale. Dans sa présentation du processus de
paix, la Rapporteuse spéciale a décrit les accords conclus par le Président Domitien Ndayizeye et
Pierre Nkurunziza, chef du principal groupe armé, le Conseil national pour la défense de la
démocratie - Forces pour la défense de la démocratie (CNDD-FDD). Elle signale que le 8 octobre
2003 à Pretoria, les deux parties sont parvenues à un accord sur la répartition des postes au
Gouvernement et sur l’intégration des rebelles dans l’armée et les forces de sécurité et leur
participation à l’Assemblée nationale. Par ailleurs, Mme Keita-Bocoum a déclaré que le 2
novembre 2003, les parties se sont accordées sur un protocole technique pour les forces armées
et la reconversion du CNDD-FDD en parti politique. S'agissant de la représentation du CNDD-FDD
au Sénat, elle a mentionné le refus du CNDD-FDD de siéger tant que l’alinéa 9 de l’article 147 de
la Constitution de transition ne fera pas l’objet d’amendement. Cet alinéa confère au Sénat le
pouvoir d’approuver les nominations à des postes de responsabilité élevés au sein de
l’administration, de la défense, de la sécurité et de la justice. Toutefois, elle a affirmé que la
signature du protocole de Pretoria3 a non seulement permis la distribution de rations aux
combattants du CNDD-FDD, mais a également entraîné la réduction de la violence dans le pays,
facilitant ainsi l’accès aux zones sinistrées. La Rapporteuse spéciale a indiqué que le Parti pour la
libération du peuple hutu – Forces nationales pour la libération (PALIPEHUTU-FNL) continue à
refuser le processus de paix, compromettant ainsi la perspective d’une paix totale. Elle a
cependant fait remarquer qu’une délégation du PALIPEHUTU-FNL a rencontré le Président
Domitien Ndayizeye et a accepté qu’une enquête internationale sur le décès de Mgr. Michael
Courtney soit initiée, que le dialogue reprenne, que la violence cesse et que les tueries entre le
PALIPEHUTU-FNL et le CNDD-FDD prennent fin.
Dans sa présentation de la situation sécuritaire, la Rapporteuse spéciale a fait valoir qu’en
dépit de la signature des accords de paix qui a entraîné, dans l’ensemble, une amélioration de la
sécurité, la présence du PALIPEHUTU-FNL et l’accroissement du taux de criminalité ont
compromis la sécurité dans les provinces de Bujumbura-rural, Bubanza et Kirundo. Elle a cité
plusieurs exemples d’affrontements violents ayant entraîné des pertes en vies humaines.
La Rapporteuse spéciale a brièvement présenté la situation économique et sociale et fait
remarquer que la situation demeure difficile, en citant les taux d’alphabétisation, l’espérance de
vie, le PIB, les taux de croissance et la dette extérieure comme des facteurs pouvant avoir une
incidence négative sur le processus de paix et le retour des réfugiés.
Le point suivant du rapport concerne la situation des droits de l’homme au Burundi, en
mettant un accent particulier sur les droits civiques et politiques, économiques, sociaux et
culturels, la justice et l’État de droit, ainsi que sur la promotion des droits de l’homme. La
Rapporteuse spéciale a en outre déclaré que dans l’ensemble, la situation des droits de l’homme
ne s’est pas améliorée en dépit des progrès enregistrés au plan politique, dans la mesure où la
paix n’est pas encore totalement rétablie.
2
E/CN.4/2004/35.
3
Protocole de Pretoria sur le partage du pouvoir politique et du pouvoir en matière de défense et de la sécurité au
Burundi (8 octobre 2003) et le Protocole de Pretoria sur les questions restées en suspens en vue du partage des
pouvoirs politique, de défense et de sécurité au Burundi (2 novembre 2003).
B. Débat
Très peu d’échanges ont eu lieu sur la situation des droits de l’homme au Burundi. Le Canada a
attiré l’attention sur le recours aux détentions arbitraires, à la torture et aux exécutions
extrajudiciaires.
C. Résolution
Cette année, la résolution sur la situation des droits de l’homme au Burundi a été examinée au titre
du point 19 intitulé "Services consultatifs et coopération technique dans le domaine des droits de
l’homme".
3.5 Tchad
L’examen de la situation des droits de l’homme au Tchad selon la procédure 1503 a été ajourné et
la situation au Tchad est examinée dans le cadre du point 19.
Au cours du débat en plénière sur le point 19, l’UE a exhorté le Tchad à maintenir son
moratoire sur la peine de mort.
3.6 Tchétchénie
A cause du rejet une fois de plus de la résolution L.13/Rev intitulée "Situation des droits de
l’homme dans la République de Tchétchénie de la Fédération de Russie", cette année comme
l’année dernière, il n’y a pas eu de rapport du Haut Commissaire sur la situation des droits de
l’homme en Tchétchénie.
Le Canada a déploré le recours à la torture, aux arrestations et aux détentions arbitraires,
aux exécutions extrajudiciaires et aux disparitions forcées en Tchétchénie. La Nouvelle-Zélande a
également relevé la prévalence des exécutions sommaires, des arrestations arbitraires, des
disparitions forcées et de la torture en Tchétchénie et en Ingouchie.
Human Rights Watch (HRW) a déclaré que la situation des droits de l’homme en
Tchétchénie demeure préoccupante malgré les efforts des autorités russes pour persuader la
communauté internationale du contraire. L’organisation a souligné l’extension du conflit à d’autres
régions de la Fédération de Russie; les exactions commises par les forces russes contre les
personnes déplacées en Ingouchie et leur responsabilité dans des détentions arbitraires au cours
de raids nocturnes, le passage à tabac et la torture des détenus ainsi que les exécutions
extrajudiciaires; l’augmentation de la fréquence des disparitions début 2003. HRW a également
dénoncé la poursuite, par les rebelles tchétchènes, d’exactions telles que les attentats suicides et
les assassinats. L’Organisation mondiale contre la Torture (OMCT) a invité la Commission: à
nommer un rapporteur spécial pour la Tchétchénie; à recommander la création d’un tribunal ad
hoc ayant pour mandat de juger les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre commis en
territoire tchétchène; et à lever le doute sur les déclarations des autorités russes d’une
normalisation de la situation en Tchétchénie.
Résolution
Ce projet de résolution a été rejeté à l’issue d’un vote au terme duquel 12 Etats se sont
prononcés pour, 23 contre (l’Afrique du Sud, l’Arménie, le Brésil, la Chine, le Congo, Cuba,
l’Egypte, l’Erythrée, l’Ethiopie, le Gabon, l’Inde, l’Indonésie, le Népal, le Nigéria, la Fédération de
Russie, la Sierra Leone, Sri Lanka, le Soudan, le Swaziland, le Togo, l’Ouganda, l’Ukraine et le
Zimbabwe), et 18 abstentions (l’Arabie saoudite, l’Argentine, Bahreïn, le Bhoutan, le Burkina
Faso, le Chili, la République de Corée, le Costa Rica, la République dominicaine, le Guatemala, le
Honduras, le Japon, la Mauritanie, le Mexique, le Pakistan, le Paraguay, le Pérou et le Qatar).
En présentant la résolution au nom de l’UE, l’Irlande l’a inscrite non dans une logique de
confrontation, mais plutôt dans le cadre d’un dialogue entre la communauté internationale et les
Etats. Le délégué a décrit la résolution comme étant équilibrée et objective dans la mesure où elle
condamne également très fermement les attentats terroristes. L’UE a exprimé son profond regret
que la Fédération de Russie n’ait pas pris part aux échanges sur la résolution.
Comme lors des années précédentes, la Chine, Cuba et l’Inde se sont fermement
opposées à la résolution, la Chine estimant que la Tchétchénie est partie intégrante du territoire de
la Fédération de Russie, dans laquelle cette dernière a engagé des efforts importants pour assurer
de meilleures conditions de vie à la population civile. Cuba a fait observer que, eu égard aux
efforts notables déployés par le Gouvernement russe pour trouver une solution au conflit, proposer
la résolution est un exemple supplémentaire de "manœuvre évidemment politicienne". L’Inde a mis
l’accent sur l’intégrité territoriale de la Fédération, la nécessité de combattre le terrorisme,
l’importance capitale d’une solution politique et l’amélioration de la situation des droits de l’homme
en Tchétchénie. La Fédération de Russie, en tant que pays concerné, a invoqué les liens de
coopération qu'elle entretient avec la communauté internationale dans le domaine des droits de
l’homme. S’agissant de la Tchétchénie, la Fédération a fait valoir que le processus de
normalisation est désormais devenu irréversible: des élections présidentielles ont été organisées,
des élections législatives et municipales devraient suivre à l’automne prochain, la loi d’amnistie est
en cours d’application, les infrastructures sanitaires et éducatives fonctionnent, le système
judiciaire est opérationnel et les personnes déplacées à l’intérieur des frontières nationales
retournent chez elles. La résolution est en conséquence un "acte inamical". Citant le Secrétaire
d’Etat américain au sujet des liens entre les extrémistes tchétchènes avec un large éventail
d’autres extrémistes, la Fédération de Russie a mis en garde la Commission qu'une telle résolution
ne mette en péril l’efficacité de la coalition internationale contre le terrorisme. Le Chili, qui s’est
abstenu dans le vote, a expliqué que même s’il a subsisté des problèmes en matière de droits de
l’homme en Tchétchénie, des mesures constitutionnelles d’importance ont été prises et des
progrès ont été réalisés en ce qui concerne les conditions de vie et en matière de poursuites
judiciaires.
3.7 Chine
L’Australie a reconnu les progrès accomplis par la Chine dans le domaine des droits
économiques, sociaux et culturels et a encouragé le Gouvernement à prendre des mesures en vue
du respect des droits civiques et politiques. Elle a invité le Gouvernement à protéger la liberté
d’expression, de religion et de rassemblement, ainsi que les droits des minorités ethniques. Le
Canada a salué la libération récente de prisonniers, mais s’est déclaré préoccupé par les
restrictions du droit d’expression, d’association, et de croyance religieuse.
Les Etats-Unis ont accusé la Chine de régresser en ce qui concerne les principaux sujets
relatifs aux droits de l’homme, attirant l’attention sur la multiplication des arrestations de partisans
de la démocratie, la répression brutale du Falun Gong, la répression persistante envers les
Uighurs musulmans et la situation au Tibet qui laisse à désirer. Ils ont également encouragé la
Chine à promouvoir les droits civils et politiques.
L’UE s’est inquiétée du recours à la peine de mort, aux détentions arbitraires, à la torture, à
la répression de la liberté d’expression et de religion, aux violations des droits fondamentaux des
syndicalistes, des défenseurs de la démocratie et des cybernautes, ainsi que du non respect des
droits religieux et culturels au Tibet.
HRW a affirmé qu’au cours de l’année écoulée, les progrès en matière de droits de
l’homme en Chine ont marqué un arrêt. L’organisation a attiré l’attention sur les violations
Résolution
Après une pause de quelques années, la Commission a de nouveau une résolution proposée par
les Etats-Unis contre la Chine. Toutefois, l’adoption d’une motion de non-action a une fois encore
signifié que la résolution n’ait pas été mise aux voix.
Le projet de résolution a été introduit par les Etats-Unis. Tout en attachant du prix à leurs relations
avec la Chine, les Etats-Unis ont regretté que ce pays ne se soit pas engagé dans le dialogue et
qu’elle ait reculé en ce qui concerne les principaux domaines des droits de l’homme. Ils ont
néanmoins reconnu que des progrès ont été accomplis.
La Chine a présenté une motion de non-action. Le Congo, le Zimbabwe, Cuba, la
Fédération de Russie, le Soudan, Sri Lanka, la Mauritanie et l’Indonésie ont appuyé la motion,
faisant valoir que la Chine a été favorable à des progrès en matière de droits de l’homme et en a
réalisés, tout comme dans sa coopération avec des organisations internationales de défense des
droits de l’homme, et qu’en conséquence, elle n’a "besoin des conseils de personne" (la
Fédération de Russie). Ils ont décrit la résolution comme une nouvelle tentative d'affaiblir les pays
en développement en général (le Soudan), et le système économique et politique de la Chine en
particulier (la Mauritanie).
La motion de non-action l’a finalement emporté avec 28 Etats pour et 16 contre
(l’Australie, l’Autriche, le Costa Rica, la Croatie, les Etats-Unis, la France, l’Allemagne, le
Guatemala, le Honduras, la Hongrie, l’Irlande, l’Italie, le Japon, les Pays-Bas, la Suède, et le
Royaume Uni) et 9 abstentions (l’Argentine, l’Arménie, le Chili, la République de Corée, la
République dominicaine, le Mexique, le Paraguay, le Pérou, et l’Ouganda).
Peu d’Etats ont évoqué la situation des droits de l’homme en Côte d’Ivoire. Le Canada a déclaré
que les auteurs de violations des droits de l’homme dans ce pays devraient répondre de leurs
actes.
3.9 Cuba
Dans la résolution 2002/18, la Commission a invité le Haut Commissaire aux droits de l’homme à
prendre les mesures nécessaires pour désigner un représentant personnel en vue de promouvoir
la coopération entre le Haut Commissariat aux droits de l’homme (HCDH) et le Gouvernement
cubain dans le domaine de l’application de la résolution. Mme Christine Chanet (France) a été
désignée Représentante personnelle du Haut Commissaire.
Le rapport de la Représentante personnelle énumère tout d’abord les facteurs et les difficultés qui
entravent la mise en oeuvre des droits de l’homme à Cuba, avec un accent particulier sur le blocus
économique, commercial et financier appliqué à Cuba depuis 40 ans. Cet embargo prive Cuba de
l’accès aux médicaments, aux nouvelles technologies scientifiques et médicales, à la nourriture et
au traitement chimique de l’eau.
Sur une note positive, la Représentante personnelle relève les efforts du Gouvernement en
vue de soutenir un système de santé de bon niveau et d’assurer un taux de scolarisation de 100%
chez les enfants. En outre, le niveau d’emploi des femmes dans le secteur public atteint 49,6%. La
Représentante personnelle fait état d’un accroissement régulier de la proportion de femmes à
l’Assemblée nationale et dans la magistrature, ainsi qu’aux postes de responsabilité.
Des sujets de préoccupation demeurent cependant. A cet égard, la Rapporteuse Spéciale a
notamment évoqué l’arrestation de près de 80 personnes en mars-avril 2003, arrestations
qualifiées d’"arbitraires" par le Groupe de travail sur les détentions arbitraires. Les personnes
détenues ont été accusées de recevoir des fonds de pays étrangers ou de participer à des
activités considérées comme subversives par l’Etat. En outre, ces personnes n’ont pas eu droit à
un jugement équitable. La Représentante personnelle a sollicité du Président Fidel Castro Ruz la
grâce des détenus définitivement condamnés, mais aucune réponse ne lui est parvenue à ce jour.
La Représentante personnelle recommande entre autres au Gouvernement de Cuba l'arrêt
des poursuites à l'encontre des citoyens qui exercent les droits garantis par les articles 18 à 22 de
la Déclaration universelle des droits de l’homme; la mise en liberté des détenus qui n’ont commis
aucune violence contre les personnes ou les biens; la révision des lois qui conduisent à
sanctionner pénalement l'exercice des libertés d’expression, de manifestation, de réunion et
d’association; l'institution d'une instance permanente indépendante destinée à recevoir les plaintes
des personnes qui se disent victimes de violation de leurs droits fondamentaux et l'autorisation
pour les ONG d’entrer à Cuba.
B. Débat
La Représentante personnelle a décrit son rapport comme étant d’une "impartialité relative",
Cuba n'ayant pas coopéré avec elle tout au long de l’exécution de son mandat. Néanmoins, dans
son propos Mme Chanet a mis en évidence les efforts appréciables engagés par Cuba en matière
de droits culturels, sociaux et économiques, notamment dans les domaines de l’éducation, de la
santé, de l’amélioration de la liberté de la pratique religieuse et, surtout, dans la coopération avec
d’autres rapporteurs spéciaux thématiques.
Au nombre de ses préoccupations, la Représentante personnelle a évoqué la vague de
répression sans précédent en cours à Cuba, qui a suivi le procès inique et la condamnation à de
lourdes peines de prison de 80 dissidents politiques en mars-avril 2003, ainsi que les trois
exécutions d'avril 2003, au lendemain de la tentative de détournement d’un ferry. Ces exécutions
ont mis fin au moratoire non officiel de Cuba, en place depuis 2000, sur l’application de la peine de
mort.
Réagissant avec détermination, Cuba a dénoncé le rapport de Mme Chanet comme étant
un document conforme à la politique agressive que mènent les Etats-Unis à l’encontre de Cuba, et
une analyse guidée par l’aveuglement de partis pris idéologiques du fondamentalisme libéral
bourgeois et par une volonté politique de domination. Comme à maintes reprises Cuba n’a pas
hésité à accuser Mme Chanet de dissimuler les faits, de dénaturer la vérité et d’énoncer des
mensonges flagrants, le Président Smith a interrompu l’intervention cubaine pour mettre en garde
la délégation contre ces attaques personnelles à l’endroit de la Rapporteuse spéciale, intervention
que Cuba a dénoncée comme étant à la fois contraire aux règles de procédure et une entrave à sa
liberté d’expression.
M. Ramcharan, Haut Commissaire aux droits de l’homme par intérim a, lui aussi,
estimé devoir prendre fait et cause pour le travail d’expertise, l’impartialité et la personnalité de
Mme Chanet. Dans sa propre défense, cette dernière a affirmé que les faits relatés dans ses
rapports sont indiscutables.
4
E/CN.4/2004/32.
Cuba a consacré le reste de son intervention sur des allégations de financement par les
Etats-Unis de mercenaires contre Cuba, la fabrication d'armes biologiques par les Etats-Unis, et le
mépris du Gouvernement américain pour les droits économiques, sociaux et culturels.
Dans une conclusion explosive, Cuba a réitéré son accusation selon laquelle un membre
de la délégation américaine a une longue histoire de participation à des activités terroristes. Cette
accusation a suscité trois motions d’ordre de la part des Etats-Unis qui ont qualifié l’allégation de
calomnieuse, enfantine et diffamatoire, et ont invité le Président Smith à rappeler la délégation
cubaine à l’ordre. Se refusant à donner un avertissement officiel, le Président Smith a averti Cuba
qu'il "naviguait à vue", et lancé un appel général à toutes les délégations de s’en tenir aux règles
d’éthique professionnelle, au risque de porter atteinte à l’intégrité de la Commission.
Au cours du débat qui a suivi, les Etats-Unis ont attiré l’attention sur l’incarcération de 75
dissidents pacifiques en mars 2003, le refus de Cuba d’inviter la Représentante personnelle à
visiter le pays, l’absence d’une justice indépendante et de liberté de presse ou d’expression, et la
mainmise du Gouvernement sur les organes de communication de masse. La Norvège a souligné
la dégradation de la situation des droits de l’homme, évoquant en particulier des procès
sommaires et des conditions de détention déplorables. Le Canada a invité le Gouvernement de
Cuba à libérer les 75 dissidents politiques. Au nom de l’UE, l’Irlande a insisté sur les détentions
arbitraires, l’intimidation des opposants politiques, la limitation à la liberté d’expression, les
emprisonnements politiques, tout en invitant Cuba à coopérer avec le HCDH.
Le débat sur Cuba a également été caractérisé par l’intervention d’un grand nombre
d’organisations pro-gouvernementales.
C. Résolution
La Commission estime que Cuba devrait s'abstenir d’adopter des mesures susceptibles de
restreindre les droits fondamentaux, la liberté d’expression et le droit à un procès équitable
(para. opératif 1). A cet égard, la Commission déplore en particulier les évènements
survenus l’année dernière à Cuba en rapport avec les verdicts rendus contre certains
dissidents politiques et journalistes. La Commission invite instamment le Gouvernement
cubain à coopérer avec la Représentante personnelle du Haut Commissaire en facilitant
l’accomplissement de son mandat. Elle décide également d’examiner cette question à sa
prochaine session dans le cadre du même point de l’ordre du jour.
Le débat sur cette résolution a, une fois de plus, été très polarisé. Tandis que l’UE, les Etats-Unis
et le Chili adoptaient une position ferme contre les violations des droits de l’homme à Cuba, la
Chine, le Congo, la Fédération de Russie, le Soudan, le Togo et le Zimbabwe ont volé au
secours de Cuba. Ces Etats ont constamment minimisé les violations des droits civiques et
politiques à Cuba. Ils ont loué les efforts du Gouvernement cubain dans le domaine des droits
économiques, sociaux et culturels en dépit du blocus, insisté à nouveau sur la souveraineté de
Cuba et se sont élevés contre l’ingérence étrangère dans sa politique intérieure, avant de prendre
pour cible l’opportunité du point 9. Comme au cours de l’année précédente, le Président a permis
à Cuba d'intervenir, à la fois dans le cadre des observations générales, et en tant que pays
concerné, ce qui a permis à Cuba de prendre la parole pendant 11 minutes en clôture des débats.
Le Honduras, introduisant la résolution, a souligné qu’aucun des co-parrains de ce texte
ne porte atteinte à la souveraineté de Cuba, faisant valoir que la résolution vise plutôt à inciter
Cuba à améliorer ses performances dans le domaine des droits de l’homme, en particulier en ce
qui concerne la démocratie. Si dans leurs déclarations les Etats-Unis, l’UE et le Chili se sont tous
montrés critiques au sujet des performances de Cuba en matière de droits civiques et politiques,
ils ont adopté des positions complètement différentes au sujet des droits économiques, sociaux et
culturels. Sans n’y faire aucune allusion, les Etats-Unis ont félicité le Gouvernement du Honduras
pour sa décision courageuse de proposer la résolution malgré les intimidations incessantes de
Cuba et ont condamné la répression brutale de journalistes et défenseurs des droits de l’homme
en 2003. Prenant la parole au nom de l’UE, l’Irlande s’est dite vivement préoccupée par la
situation des droits de l’homme à Cuba. Elle a salué les évolutions encourageantes dans ce
domaine, notamment en matière de liberté de religion, tout comme les efforts de Cuba et les
résultats que le pays a obtenus dans le domaine des droits économiques, sociaux et culturels en
dépit des sanctions économiques internationales. Néanmoins, l’UE s’est tout de même inquiétée
des questions relatives aux droits civiques et politiques, en nombre bien plus grand que ce qui a
été abordé dans la résolution, notamment de l’existence de détenus politiques, d’exécutions
sommaires et la levée du moratoire sur la peine de mort. Expliquant son vote, la Chine a fait les
éloges du Gouvernement et du peuple cubains pour leur développement économique et social, et
accusé les Etats-Unis d'être les véritables instigateurs de la résolution proposée par le Honduras.
Outre le fait qu’elle ait réitéré son opposition générale au point 9, la Fédération de Russie s’est
dite convaincue que la situation des droits de l’homme à Cuba ne justifie pas une résolution de la
Commission.
Cuba a attaqué pour mieux se défendre, s’en prenant en particulier au Gouvernement du
Honduras qu’il a accusé d’agir sur ordre des Etats-Unis, rien ne justifiant la préoccupation du
Honduras sur la situation des droits de l’homme à Cuba. Plus encore, Cuba a de nouveau récusé
la politique de "deux poids, deux mesures" de la Commission, argument derrière lequel il s’est
retranché afin d’occulter les interpellations sur ses propres violations des droits de l’homme, et
s’est demandé pourquoi ceux qui veulent condamner Cuba n’ont pas dit un seul mot sur les camps
de concentration dans l’enceinte de la base navale de Guantanamo, et pourquoi ne se disent-ils
pas scandalisés devant la brutalité et la violence dont font preuve les forces d’occupation en Iraq?
Là-dessus, Cuba a déclaré avec arrogance qu’il défendrait le droit au respect de la souveraineté et
à l’autodétermination et que "la lutte continue".
La résolution a été en définitive adoptée par 22 Etats contre 21 (l’Afrique du Sud, l’Arabie
saoudite, Bahreïn, le Burkina Faso, la Chine, le Congo, Cuba, l’Egypte, l’Ethiopie, l’Inde,
l’Indonésie, le Nigéria, le Pakistan, le Qatar, la Fédération de Russie, la Sierra Leone, le Soudan,
le Swaziland, le Togo, l’Ukraine et le Zimbabwe) et 10 abstentions (l’Argentine, le Bhoutan, le
Brésil, l’Erythrée, le Gabon, la Mauritanie, le Népal, le Paraguay, Sri Lanka et l’Ouganda).
3.10 Chypre
Le rapport du Secrétaire général offre un aperçu général de la situation des droits de l’homme à
Chypre jusqu’au 2 avril 2004.
Le Secrétaire général reconnaît que l’île demeure divisée, la zone tampon étant
administrée par la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre (UNFICYP). Il
décrit la persistance de la division comme un sujet d'inquiétude en matière de droits de l’homme à
Chypre, notamment la liberté de circulation, la liberté d’association, les droits de propriété, la
liberté de religion, les droits de la famille, la liberté d’expression, le droit de vote, le droit à
l’éducation, le droit à la santé et les questions de droits de l’homme relatives à la disparition de
personnes. Même si le Secrétaire général note que les autorités chypriotes turques ont
partiellement allégé les restrictions à la liberté de circulation, ces mesures restent limitées. Le
Secrétaire général poursuit en évoquant des questions de droits de l’homme telles que les
allégations selon lesquelles les autorités chypriotes turques continuent d’empêcher les Chypriotes
grecs et les Maronites de léguer leurs biens lorsque leurs héritiers ne résident pas dans le Nord,
des informations faisant état d’attaques contre des journalistes Chypriotes turcs de l’opposition et
l’absence d’infrastructures scolaires au niveau du secondaire pour les Chypriotes grecs ou les
Maronites dans le Nord.
Le Secrétaire général conclut que malgré quelques évolutions positives récentes, la
persistance de la partition de fait de l’île constitue un obstacle majeur au plein exercice des droits
de l’homme par tous les Chypriotes (para. 26) et souligne ainsi l’intérêt que les deux parties ont à
parvenir à un règlement global de la crise.
B. Débat
L’UE s’est félicitée de la reprise des négociations en vue d’un règlement du problème chypriote et
a appuyé sans réserve les efforts du Secrétaire général visant à promouvoir un accord qui
5
E/CN.4/2004/27.
C. Décision
La Commission décide de retirer le sous-thème (a) intitulé "La question des droits de
l’homme à Chypre" de son point de l’ordre du jour relatif à "La question de la violation des
droits de l’homme et des libertés fondamentales où qu’elle se produise dans le monde". La
Commission reconnaît en outre que les mesures imposées par ses résolutions antérieures
sur la question restent valables, notamment l’invitation adressée au Secrétaire général de
communiquer à la Commission un rapport sur l’application de ces résolutions.
A. Note du Secrétariat6
Dans la résolution 2003/10, la Commission a invité le Haut Commissaire aux droits de l’homme à
engager un dialogue approfondi avec les autorités de la République populaire démocratique de
Corée (RPDC). Le rapport qui s’en est suivi fournit des informations précises sur une vaste gamme
de questions soulevées dans la résolution, notamment: les efforts du Haut Commissariat aux droits
de l’homme (HCDH) visant à promouvoir la coopération avec la RPDC, les rapports sur les
violations systématiques, répandues et sérieuses des droits de l’homme dans la RPCD, y compris
l’examen par la Commission des droits économiques, sociaux et culturels, du second rapport
périodique de la RPDC; la liste des mesures demandées au Gouvernement par la Commission; et
la situation humanitaire en RPDC.
Les préoccupations en matière de droits de l’homme en RPDC se rapportent notamment: à
la torture; à l’imposition de la peine de mort pour des raisons politiques; au recours très fréquent
au travail forcé; aux sévères restrictions tous azimuts imposées à la liberté de pensée, de
conscience, de religion, d’opinion et d’expression; aux mauvais traitements et à la discrimination
dont sont victimes les enfants handicapés; et à la violation constante des droits fondamentaux des
femmes. La Commission des droits économiques, sociaux et culturels s’est déclarée préoccupée
de la situation des droits des enfants handicapés, de la persistance en RPDC de comportements
et de pratiques sociales ancrés dans la tradition, en particulier dans la condition des femmes.
B. Débat
C. Résolution
6
E/CN.4/2004/31.
Cette résolution, proposée par l’Irlande, au nom de l’UE, a été adoptée par 29 voix contre 8 (la
Chine, Cuba, l’Egypte, l’Indonésie, le Nigéria, la Fédération de Russie, le Soudan et le Zimbabwe)
et 16 abstentions (Bahreïn, le Burkina Faso, le Congo, l’Erythrée, l’Ethiopie, l’Inde, la Mauritanie,
le Népal, le Pakistan, le Qatar, la République de Corée, la Sierra Leone, l’Afrique du Sud, le
Swaziland, le Togo et l’Ouganda).
En introduisant la résolution, l’Irlande, au nom de l’UE, a soutenu que la situation des droits
de l’homme et humanitaire en RPDC mérite un intérêt de tous les instants et a attiré l’attention de
la Commission sur la nécessité d’un rapporteur spécial. L’Irlande a été soutenue par les Etats-
Unis et le Japon. La Chine, en revanche, s’est opposée à la résolution, estimant qu’il faut
encourager la RPDC pour ses efforts et non exercer des pressions à son encontre. En tant que
pays concerné, la RPDC a recouru à des arguments classiques: allégations de politisation et de
partialité de la Commission; ingérence de cette dernière dans les affaires intérieures; accusations
sur les violations des droits de l’homme en Iraq contre les Etats-Unis et sur la xénophobie dans
l’UE. La République de Corée a fait savoir qu’elle s’abstiendrait de voter et a attiré l’attention de
la Commission sur le sommet inter-coréen qui a été le premier pas vers la réconciliation, la paix et
la prospérité.
7
E/CN.4/2004/34.
générale. Elle reconnaît cependant une réduction significative de ces violations massives des
droits de l’homme entre septembre et décembre 2003 suite à l’intervention de la Force
multinationale intérimaire d’urgence et au renforcement du mandat de la Mission de l'Organisation
des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC). Elle souligne toutefois que
pour mettre définitivement un terme à ces crimes internationaux, il convient d’éradiquer
l’exploitation illégale des ressources naturelles. A son avis, cette activité favorise la récurrence du
conflit actuel.
La Rapporteuse spéciale insiste sur l’importance du rôle que joue l’impunité et la
réconciliation dans le maintien de la paix en RDC. A ce titre, elle cite en exemple les signes
encourageants dans le processus de réconciliation des tribus Bahema et Walendu. Elle relève
qu’au plan national, le processus de réconciliation est entravé par les difficultés d’adoption des lois
sur la Commission vérité et réconciliation et par le fait que la société civile a affirmé que les
membres de cette Commission ne sont pas crédibles. Elle a exprimé ses craintes quant à la
lenteur du processus de lutte contre l’impunité. La Rapporteuse souhaite que le code militaire se
conforme aux normes internationales et que les crimes internationaux soient intégrés au code
pénal. Elle reste persuadée qu’il est nécessaire de concevoir un mécanisme judiciaire efficace qui
puisse prendre en compte les crimes commis avant juillet 2002. Elle préconise une meilleure
coordination entre les institutions internationales impliquées dans la question sur l’impunité en
RDC avec l’organisation d’une mission conjointe entre elle-même, le Rapporteur spécial sur les
questions extrajudiciaires, les exécutions sommaires ou arbitraires, et un membre du Groupe de
travail sur les disparitions provoquées ou involontaires. Cette mission constitue pour elle la
première étape de la mise en place d’un mécanisme judiciaire qui se penchera sur les crimes
commis avant juillet 2002.
Selon la Rapporteuse spéciale, l’insécurité est l’un des facteurs qui empêchent le respect
des droits de l’homme en RDC. Elle révèle que les civils continuent d'être victimes d’actes de
violence de la part des militaires et des forces de police, généralement pour des raisons
économiques et dans un contexte de totale impunité, ce qui exige une réforme judiciaire en
matière d’administration de la justice.
La Rapporteuse spéciale fait observer que le nombre de personnes déplacées à l’intérieur
du pays est passé de 700000 en 2003 à 3,4 millions à la date de la rédaction du présent rapport.
Elle souligne que bien que 25000 personnes soient rentrées chez elles en novembre 2003, leurs
habitations et leurs biens ont, dans la plupart des cas, été détruits. Elle déclare que l’aide accordée
par les ONG et les organismes de l'ONU est loin d’être suffisante et n’est pas encore parvenue à
plusieurs régions, et qu’il n’existe aucun programme d’envergure national d’assistance au retour
des personnes déplacées et des réfugiés.
Dans son analyse de la question de l’administration de la justice, la Rapporteuse spéciale
relève que la situation actuelle est loin de remplir les conditions minimales requises par les
Principes de Bangalore sur la déontologie judiciaire. Cependant, elle fait mention de nombreux
points positifs, dont le système judiciaire de l’Ituri, actuellement opérationnel, la prison de Bunia et
les forces de police de l’Ituri qui comptent actuellement 70 éléments formés par la MONUC. Elle
révèle qu’une grève des magistrats a eu lieu entre octobre et décembre 2003 en faveur de
l’indépendance effective du pouvoir judiciaire.
La Rapporteuse spéciale poursuit en citant de nombreux cas de détentions arbitraires et de
justice populaire par des milices. Elle fait également état de conditions carcérales inhumaines, de
cas de torture et d’évasions. Elle insiste particulièrement sur des cas de violences sexuelles à
l’endroit des femmes dans les prisons de Bafwasende. Elle affirme que le Président Kabila a signé
un décret d’amnistie le 15 avril 2003 en faveur de tous les détenus, mais qu’il en reste
énormément en prison. Parmi eux, nombreux sont ceux qui ont été condamnés par la Cour d’ordre
militaire (COM). Elle indique par ailleurs que les procédures en vigueur dans cette Cour violent les
normes internationales et ne remplissent pas les conditions nécessaires pour un procès en bonne
et due forme.
Dans le chapitre portant sur la situation des personnes vulnérables, la Rapporteuse
spéciale attire notamment l’attention sur les enfants, les femmes, les autochtones, les malades du
VIH/sida et les populations démunies.
Elle affirme dans son rapport que les enfants continuent d’être recrutés comme soldats.
Elle mentionne que les enfants soldats sont maltraités et torturés, que la plupart des petites filles
sont victimes de violences sexuelles et que plusieurs enfants soldats sont fréquemment drogués et
battus par leurs supérieurs pour les contraindre à participer à des actes d’une extrême cruauté tels
que le cannibalisme. La Rapporteuse spéciale souligne l’impérieuse nécessité pour le
Gouvernement d’adopter une stratégie de démobilisation de ces enfants soldats.
La Rapporteuse spéciale constate que les femmes continuent d'être tenues à l’écart de la
vie politique et souhaite que soit respecté l’Accord de Pretoria8 qui fixe un taux obligatoire de 30%
de femmes dans les institutions de la transition. Elle dénonce les violences sexuelles généralisées
dont sont victimes les femmes et la réticence des juges à punir ces crimes. Elle déclare également
que ces femmes contractent souvent des maladies et sont rejetées par leurs communautés.
Dans l’analyse qu’elle fait de la situation des populations autochtones, la Rapporteuse
spéciale déclare que celles-ci sont violées, asservies, privées d’éducation, de soins de santé et de
logements. Elle invite le Gouvernement à ratifier Convention concernant les peuples indigènes et
tribaux dans les pays indépendants (Convention C169 de l’Organisation internationale du travail
(OIT)) et à prendre des mesures pour améliorer leurs conditions de vie.
Une autre question abordée par la suite se rapporte à la propagation du sida. La
Rapporteuse spéciale note que 50% des personnes hospitalisées en RDC souffrent du sida et
qu’environ 1,3 million de personnes vivent avec le sida dans le pays. Elle affirme en outre que plus
de 60% de personnes âgées de 15 à 39 ans risquent de contracter le sida avant 2010.
La Rapporteuse spéciale déclare que le conflit a détruit les infrastructures agricoles du
pays. Ainsi, 17 millions de personnes souffrent de malnutrition, des femmes et des enfants en
particulier, et notamment dans la partie orientale du pays. Elle affirme que plusieurs personnes
vivent avec moins de 0,10 dollar par jour, que 85% de la population n’a pas accès à une
alimentation adéquate et que 85% n’a pas accès aux soins de santé.
Elle conclut son rapport par une série de recommandations à l’intention des parties au
conflit en RDC, du Gouvernement de transition de la RDC et de la communauté internationale.
Ainsi, aux parties au conflit, elle recommande: le respect de leurs obligations définies dans la
Constitution de transition; qu’ils appliquent les accords de Bujumbura; l’arrêt du recrutement
d’enfants soldats; la collaboration avec les mécanismes de protection des droits de l’homme; et la
promotion de la sécurité et de la liberté de circulation du personnel de l'ONU et d'accès pour le
personnel humanitaire. Au Gouvernement de transition, la Rapporteuse spéciale recommande: la
mise en application de la Constitution et la création de conditions propices à l’expression de la
démocratie, en particulier l’adoption de lois nécessaires au bon fonctionnement de la transition;
qu’il mette en oeuvre les mesures nécessaires à l’application du décret d’amnistie du 15 avril 2003,
à l’exception des crimes de génocide, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité; la
poursuite des réformes judiciaires; la mise en œuvre de mesures appropriées pour la protection de
l’enfance; et la fermeture des centres illégaux de détention. Elle invite la communauté
internationale à: aider le Gouvernement à mettre en œuvre des stratégies efficaces en vue de
protéger les réfugiés, les personnes déplacées et les autres groupes vulnérables; et à poursuivre
l’analyse de la situation relative à l’exploitation illégale des ressources naturelles afin de mettre en
place un système efficace de redistribution en faveur des personnes défavorisées.
B. Débat
8
Accord de paix entre les gouvernements de la République démocratique du Congo et de la République rwandaise sur
le retrait des troupes rwandaises du territoire de la République démocratique du Congo et le démantèlement des forces
de ex-FAR et des Interahamwe en République démocratique du Congo.
Rapporteuse spéciale a appelé à la cessation des conflits armés entre les parties belligérantes à
l’intérieur du pays, conformément à leurs obligations au titre de la Constitution de transition. Elle a,
en outre, exhorté le Gouvernement de transition à intensifier sa collaboration avec la Force
multinationale intérimaire d’urgence et la MONUC, afin de dédommager toutes les personnes
affectées par le conflit armé, de promouvoir la réconciliation et de combattre l’impunité en vue
d’une paix durable.
D’après le Gouvernement de transition, le tableau dépeint par Mme Motoc de la situation
des droits de l’homme en RDC reflète plus ou moins la réalité et reste dans l’ensemble juste et
équilibré. Tout en reconnaissant que la poursuite du conflit armé, le sort des personnes déplacées
et la propagation du VIH demeurent des sujets particulièrement préoccupants, la RDC a opté pour
une autoévaluation largement positive. Cette évaluation a porté sur l’introduction des droits
publics, des libertés et responsabilités dans la Constitution de transition, elle-même appuyée par la
création de cinq institutions de tutelle nationales. Le déploiement des brigades visant à restaurer
l’autorité de l’Etat dans les territoires non sécurisés, la présence d’une forte population de réfugiés
et l’introduction des mesures de protection spéciales pour les femmes et les enfants sont autant
d’autres indicateurs favorables présentés par la RDC.
La RDC considère que ces avancées sont le résultat de la coopération technique avec le
Conseil de sécurité de l'ONU, et avec l’UE pour ce qui est des réformes judiciaires. Tout en
reconnaissant que ces progrès ont contribué à la construction d’une paix "irréversible", la RDC en
appelle à la poursuite de la coopération internationale et à l’accroissement des subventions
budgétaires pour appuyer et faciliter l’organisation des élections nationales de juin 2005.
Pendant le dialogue interactif, la Suisse a interrogé Mme Motoc sur la forme que devrait
prendre l’administration effective de la justice en RDC. Exprimant ses craintes au sujet de
l’impunité persistante en RDC, la Rapporteuse spéciale a proposé la réalisation d’une mission
conjointe de rapporteurs spéciaux en RDC. Cette proposition avait été soumise pour la première
fois en 1997, mais n’avait alors pas été suivie d’effet. Pour Mme Motoc, une mission conjointe
permettrait une évaluation plus globale de la situation et faciliterait de ce fait la formulation des
recommandations et la mise en œuvre des programmes plus propices à l’administration effective
de la justice pour le peuple de la RDC.
Au cours de la discussion générale sur la situation des pays, plusieurs Etats se sont dits
interpellés par la situation des droits de l’homme en RDC. Le Canada a exhorté le nouveau
Gouvernement à mettre un terme aux violences infligées aux populations civiles. Tout en se
félicitant des mesures courageuses prises de concert avec le Gouvernement du Burundi, la
Norvège a émis des réserves quant à la situation humanitaire. De même, tout en saluant ces
avancées positives, les Etats-Unis ont dénoncé la poursuite des massacres, notamment dans le
district de l’Ituri dans l’est de la RDC et dans les provinces du nord et du sud Kivu ainsi que les
recrutements forcés des enfants soldats.
L’OMCT a mis l’accent sur la gravité de la situation qui prévaut en RDC, en condamnant
tout particulièrement les massacres du Katanga du nord, d’Ankoro, de Malemba et de Nkulu ainsi
que l’utilisation continuelle des enfants soldats.
C. Résolution
Cette année, la résolution sur la situation des droits de l’homme en RDC a été renvoyée au point
19 intitulé "Service consultatif et coopération technique dans le domaine des droits de l’homme".
L’Erythrée déplore le non-respect par l’Ethiopie des Accords d’Alger9, un accord de paix bilatéral
signé entre les deux pays. Elle fait valoir que l’Ethiopie "rejette catégoriquement" cet accord. Selon
l’Erythrée, l’occupation d’une partie de son territoire par l’Ethiopie a entraîné le déplacement d’un
grand nombre de personnes à l'intérieur du pays. Ces accusations n’ont donné lieu à aucune
réponse de la part de l’Ethiopie.
9
Accord entre le Gouvernement de l'État d'Erythrée et le Gouvernement de la République fédérale démocratique
d'Éthiopie (12 décembre 2000).
3.14 Guatemala
Cette année, très peu d’échanges ont eu lieu sur la situation des droits de l’homme au Guatemala.
Les Etats-Unis ont favorablement accueilli le projet de mise sur pied d’une commission de l'ONU
chargée d’enquêter sur les groupes clandestins et l’achèvement du processus de démobilisation
de l’"Estado Mayor Presidencial" (EMP), l’Etat major militaire du Président, conformément aux
accords de paix de 1996.
3.15 Haïti
Au nom de l’UE, l’Irlande a appelé l’attention sur la situation humanitaire extrêmement grave qui
prévaut en Haïti, suite au départ du Président Aristide, et a préconisé l’envoi d’une force
multinationale intérimaire sous l'égide de l'ONU. La Norvège s’est également prononcée en faveur
de cette proposition.
Cette année, le dialogue a été succinct sur la situation au Cachemire et à Jammu. Au nom de
l’OCI, le Pakistan a invité les deux parties à se montrer déterminées dans leur noble quête de la
paix.
Une fois de plus, les discussions sur le Cachemire et Jammu ont été dominées par les
organisations pro-gouvernementales.
3.17 Indonésie
S'agissant des droits de l’homme en Indonésie, l’Australie s’est réjouie des prochaines élections
parlementaire et présidentielle. Les délégués ont ensuite préconisé l’accession à un régime
d’autonomie spéciale pour Atjeh et la Papouasie avant d’exhorter l’Indonésie à traduire en justice
les personnes qui se sont rendues coupables de violations de droits de l’homme au Timor-Leste.
De même, l’Irlande, au nom de l’UE, s’est félicitée des progrès enregistrés dans le processus de
réforme démocratique. Elle a également encouragé le Gouvernement indonésien à intensifier ses
efforts tendant à protéger les droits de l’homme, notamment à Atjeh et en Papouasie. Les Etats-
Unis ont attiré l’attention sur la situation à Atjeh pour faire remarquer qu’une loi martiale y est
appliquée depuis le 19 mai 2003. Les délégués ont également déploré l’existence de sévères
restrictions qui empêchent l’accès de l’aide humanitaire et des organisations des droits de l’homme
à Atjeh.
Pour sa défense, l’Indonésie a fait valoir son ferme engagement à poursuivre le processus
démocratique et son programme de réformes en ce qui concerne notamment la législation, la
gouvernance, le système judiciaire et la création d’une Cour constitutionnelle.
L’OMCT a mis l’accent sur la situation à Atjeh et sur l’indifférence de la communauté
internationale face aux violations des droits de l’homme qui y sont perpétrées. Elle a invité la
commission à condamner la violation à grande échelle des droits de l’homme et du droit
humanitaire à Atjeh, notamment les arrestations et les détentions arbitraires généralisées, le
recours abusif à la torture et à d’autres formes de mauvais traitements, ainsi que la disparition
forcée et l’exécution extrajudiciaire de nombreux civils parmi lesquels des défenseurs des droits de
l’homme. Franciscans International a déploré la montée de la violence en Papouasie, et
notamment l’opération militaire menée dans la zone de Wamena. Elle a également mis en exergue
la formation d’une milice anti-indépendantiste, le "Red and White Defence Front" (Front de
Défense rouge et blanc), à Timika par Eurico Guterres, responsable de graves violations des droits
de l’homme au Timor-Leste en 1999; la nomination de l’Inspecteur général Timbul Silaen comme
nouveau chef de la Police régionale en Papouasie depuis qu’il a été dénoncé comme ayant
participé aux violations des droits de l’homme au Timor-Leste; et la scission de la province de la
Papouasie en trois provinces distinctes, mettant ainsi un terme à l’application de la loi sur
l’autonomie spéciale et alimentant les conflits horizontaux.
3.18 Iran
Plusieurs pays se sont prononcés sur la situation des droits de l’homme en Iran. Au nom de l’UE,
l’Irlande s’est dite préoccupée par la poursuite des détentions arbitraires, des disparitions après
arrestation, de la torture en prison et des exécutions publiques. Elle a en outre dénoncé les
restrictions en place limitant la liberté des personnes à pratiquer les religions minoritaires et à jouir
de leurs droits et libertés politiques. Si l’Australie s’est félicitée des efforts du Président Khatami
visant à promouvoir l’état de droit, elle s’est néanmoins inquiétée des tentatives de suppression de
la liberté de presse et des violences faites aux femmes. Pour la Nouvelle Zélande, l’administration
de la justice et la liberté d’expression demeurent des sujets de vive préoccupation et la Norvège
s’interroge sur la légitimité des dernières élections démocratiques.
Les Etats-Unis ont mis l’accent sur la situation préoccupante des droits de l’homme en
Iran, arguant que l’exclusion de la plupart des candidats réformateurs de la course aux élections
parlementaires du 20 février par le Conseil des gardiens a clairement montré que les
conservateurs du régime continuent d’exercer une influence injustifiée sur les processus électoral
et législatif, violant ainsi le droit du peuple iranien à exercer sa liberté démocratique. Ils accusent le
régime des Mollahs de museler le débat public sur des questions qui vont de la liberté
d’expression au comportement jugé socialement correct.
La communauté des ONG s’attendait à la présentation d’une résolution sur l’Iran suite à
l’adoption de la résolution canadienne sur "La situation des droits de l’homme dans la République
islamique d’Iran" (A/RES/58/195) à la 58ème session de l’Assemblée générale. Mais leurs espoirs
ont été déçus.
3.19 Iraq
En décembre 1999, M. Andreas Mavrommatis (Chypre) a été nommé Rapporteur spécial sur la
situation des droits de l’homme en Iraq. Dans sa décision 2002/15 telle qu’entérinée par la
décision 2002/249 de l’ECOSOC, la Commission a prorogé le mandat de M. Mavrommatis d’une
année et lui a demandé de présenter un rapport intérimaire à la 57ème session de l’Assemblée
générale, puis d’en rendre compte à la Commission lors de sa 59ème session.
Dans sa résolution 2003/84, la Commission a, une fois de plus, reconduit son mandat pour
une année supplémentaire en lui recommandant de soumettre un rapport intérimaire à la 58ème
session de l’Assemblée générale et un rapport complet à la 60ème session de la Commission. Il a
été, cette fois-là, tenu de présenter un rapport sur les nouvelles informations disponibles sur les
violations des droits de l’homme et du droit international par le Gouvernement iraquien depuis des
années.
A ce jour, les mandataires ont déjà séjourné deux fois dans le pays. Le premier séjour a eu
lieu en 1992. Le second a été effectué par le Rapporteur spécial actuel M. Mavrommatis en 2002.
Malheureusement, la mission prévue pour le 22 au 27 septembre 2003 a dû être annulée suite à
l’attentat à la bombe contre le siège de l'ONU à Bagdad le 19 août 2003.
10
E/CN.4/2004/36.
B. Additif 111
L’additif au rapport du Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en Iraq concerne
la période allant du 10 février au 7 mars 2004.
D’après le résumé, les informations qui figurent à l’additif sont essentiellement fondées sur
les discussions de fond organisées par le Rapporteur spécial à Amman du 3 au 6 mars 2004.
Deux catégories de participants ont pris part aux consultations: des témoins oculaires dont certains
sont des survivants des exécutions massives ou des tortures insoutenables; les autres sont de
hauts responsables des ministères iraquiens des droits de l’homme, de l’immigration et de la
justice ainsi que du ministère des Droits de l’homme du Gouvernement régional du Kurdistan.
Les questions abordées portent essentiellement sur l’oppression, la discrimination, la
persécution religieuse et les exécutions massives des ressortissants de la communauté majoritaire
chiite; les expulsions, les exécutions massives des Faili (Chiites Iraquien kurdes) et la confiscation
de leurs biens; les campagnes Anfal et les bombardements chimiques de Halabcha;
l’assèchement des marais et par conséquent les violations de nombreux droits des populations
des marais.
Un registre des groupements a également été mis à la disposition du Rapporteur spécial
qui offre une description générale des violations des droits de l’homme commises par l’ancien
régime au cours de la période 1979-2003 ainsi qu’une documentation importante du ministère des
droits de l’homme du Gouvernement régional du Kurdistan relative aux charniers et qui appelle
l’attention sur la nécessité, pour la communauté internationale, de fournir une aide financière ou en
terme de formation.
Le résumé donne également des indications détaillées sur les questions abordées dans
l’additif, notamment: la question du retour des réfugiés iraquiens au moment où les conditions
locales, à savoir l’insécurité et les problèmes de logement, rendent particulièrement difficile un
retour paisible et une intégration harmonieuse; la loi provisoire sur l’administration de l’Iraq pour la
période de transition qui devrait être adoptée par le Conseil de gouvernement intérimaire iraquien.
Le Rapporteur spécial a émis le vœu que la nouvelle loi obéisse aux normes internationales,
contraignantes en matière des droits de l’homme.
Enfin, le résumé précise certaines recommandations du Rapporteur spécial. Celui-ci
propose, entre autres, l’accélération du processus de l’enquête judiciaire dans les cas de graves
violations des droits de l'homme, la conservation de toutes les fosses communes ainsi que
l’accélération du processus d’identification des restes humains. Il invite les autorités iraquiennes à
veiller à ce que toutes les lois, ainsi que les attitudes de toutes les personnes concernées, soient
conformes aux obligations internationales, notamment au Pacte international relatif aux droits civils
et politiques. Il les engage à ratifier en particulier la Convention contre la torture et autres peines
ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. Le Rapporteur spécial fait valoir que l’amélioration
de la situation sécuritaire en Iraq est nécessaire à l’enracinement du processus de
démocratisation.
C. Débat
11
E/CN.4/2004/36/Add.1.
Dans son intervention, le Rapporteur spécial a mis l’accent sur la détérioration de la situation
sécuritaire en Iraq. L’instabilité persistante dans ce pays a empêché M. Mavrommatis de s’y
rendre, indiquant par là même l’importance de cette visite. De son point de vue, le seul moyen de
parvenir à de meilleurs résultats est d’accomplir ce pour quoi il a été mandaté. Selon lui,
l’instabilité persistante freine non seulement la reconstruction, mais entrave également l’enquête
sur les violations des droits de l’homme commises à la fois sous l’ancien régime et sous l’actuel
Gouvernement de transition en Iraq, assuré par l’Autorité provisoire de la coalition. Parmi les
préoccupations, M. Mavrommatis a cité la détention arbitraire des personnes par l’Autorité
provisoire de la coalition et les victimes civiles de ses opérations militaires.
Le Rapporteur spécial a invité la Commission à le soutenir dans l’exécution de son mandat.
Il a également réitéré la nécessité de retrouver la trace des prisonniers de guerre kurdes ou
koweïtiens ainsi que des victimes des nettoyages ethniques disparues bien avant la chute de
l’ancien régime. A cette fin, il faudrait creuser les charniers, avoir recours à la technologie
scientifique pour l’exhumation, l’examen et l’identification des corps; faire appel aux ONG pour
interroger les témoins et les survivants de ces graves violations. Pour M. Mavrommatis, la mise à
jour de ces charniers est une étape nécessaire à la réconciliation nationale. En effet, ce n’est qu’en
élucidant le sort des personnes disparues que l’unité deviendra possible.
Le Rapporteur spécial a également mis l’accent sur l’intolérance religieuse dont est victime
la communauté chiite majoritaire en Iraq; le respect des engagements internationaux souscrits par
l’Iraq dans le cadre des traités des Nations Unies ainsi que la question des élections et des libertés
civiles.
Pour conclure, M. Mavrommatis a souligné l’importance de l’aide internationale pour la
reconstruction de l’Iraq, notamment en matière de formation et de promotion de la démocratie en
lieu et place de la culture de l’oppression. Selon le Rapporteur spécial, le peuple iraquien qui a tant
souffert pour ces valeurs mérite le soutien de la communauté internationale qui le lui doit bien.
Il ressort du dialogue interactif que les Etats ont pris acte de l’appel à l’aide lancé par le
Rapporteur spécial. Le Koweït et le Pakistan, au nom de l’OCI, ont réitéré la nécessité de
retrouver la trace des personnes disparues. Le Canada a mis en garde contre toute "régression"
des droits des femmes. Au nom de l’UE, l’Irlande a demandé combien de consultations M.
Mavrommatis avait tenues avec les autres mandataires pour permettre une idée plus précise de la
situation actuelle en Iraq en général et du peuple iraquien en particulier.
L’Iraq s’est engagé à soutenir les projets de reconstruction des organisations
internationales; à appuyer l’œuvre du Rapporteur spécial et à ratifier les futures résolutions sur
l’évaluation des progrès de la reconstruction en Iraq.
Au cours des débats, le Canada a vivement encouragé le Gouvernement de transition à
faire de la protection des droits de l’homme "un de ses chevaux de bataille". La Norvège a déploré
la situation actuelle des droits de l’homme en Iraq. Prenant la parole au nom de l’OCI, le Pakistan
s’est dit profondément inquiet de "l’insécurité persistante" et en a, par conséquent, appelé à la
recherche d’une solution au problème des personnes disparues du Koweït.
Sur une note plus positive, l’Australie a encouragé l’Autorité provisoire de la coalition en
Iraq, affirmant qu’elle se félicite des progrès réalisés en Iraq en vue de la transition vers un
système de gouvernement démocratique et représentatif. Les Etats-Unis ont fait valoir que la
libération de l’Iraq par les forces de la Coalition il y a un an a mis un terme à des décennies de
violations flagrantes des droits de l’homme perpétrées par le régime brutal et totalitaire de Saddam
Hussein, soulignant qu’il faudra du temps pour que la démocratie s’enracine et pour que s’installe
une culture du respect des droits de l’homme après 36 années de tyrannie brutale. Le chemin sera
long. Mais le peuple iraquien, dans sa vaste majorité, accepte d’en soutenir l’effort. "A la fin nous
triompherons".
HRW note que si la transition actuelle en Iraq laisse espérer un plus grand respect des
droits de l’homme à l’avenir, le peuple iraquien continue d’être victime des abus des groupes
armés, des forces de sécurité iraquiennes et des forces d’occupation militaire du fait notamment
de l’usage excessif et non sélectif de la force par les soldats américains entraînant de graves
préjudices pour les populations civiles. L’ONG a en outre dénoncé les dispositions prises par le
Conseil de gouvernement de l’Iraq visant à poursuivre les personnes responsables des crimes
passés. Elle les considère comme truquées et non conformes aux normes internationales. Elle
invite la Commission à ne pas oublier l’Iraq en ce moment critique, à mettre en place un
D. Résolution
Cette année, aucune résolution sur l’Iraq n’a été soumise à la discussion que ce soit au point 9 ou
au point 19.
3.20 Israël
12
E/CN.4/2004/28.
B. Débat
Plusieurs délégations ont participé au débat sur Israël. De nombreuses observations ont été faites
sur la situation des droits de l’homme dans les territoires arabes occupés. Le Canada a mis
l’accent sur la dégradation de la situation des droits de l’homme dans les territoires occupés de la
Palestine et a déploré la construction du mur en Cisjordanie. L’Australie a exhorté les deux parties
à reprendre les négociations. Au nom de l’OCI, le Pakistan a fait valoir que la marginalisation du
peuple palestinien témoigne de l’échec des mécanismes internationaux de défense des droits de
l’homme.
La Libye comme le Pakistan, au nom de l’OCI, ont attiré l’attention sur la situation des
détenus et disparus libanais arrêtés pendant l’occupation israélienne de certaines parties du Liban.
Pour sa défense, Israël a invoqué les nombreux attentats terroristes perpétrés par le
Hezbollah avec le soutien actif de l’Iran et de la Syrie depuis le retrait d’Israël du Sud-Liban. Le
délégué d’Israël a affirmé que le Liban continue d’abriter, de soutenir et d’encourager des
terroristes, leur permettant même d’implanter leurs infrastructures sur son territoire, au mépris total
de la résolution 1373 du Conseil de sécurité.
C. Résolution
Par décision 2004/105 adoptée sans vote, la Commission renvoie à sa 61ème session l’examen du
projet de résolution L. 9 intitulé "Situation des droits de l’homme des détenus libanais en Israël".
D’autres résolutions concernant les territoires arabes occupés ont été soumises à la discussion et
adoptées au point 8 de l’ordre du jour de la Commission.
3.21 Libéria
Cette année, la situation au Libéria a été examinée sous plusieurs points. Au point 4, la
Commission a examiné le rapport du Haut Commissaire aux droits de l’homme13 sur la situation
des droits de l’homme au Libéria. Au point 19, elle a examiné une note du Secrétariat
communiquant le rapport de l’Expert indépendant sur la situation des droits de l’homme au Libéria,
soumission faite conformément à la procédure 1503, ainsi que le rapport de l’Expert indépendant
présenté à la 60ème session de la Commission et qui fait état des progrès enregistrés depuis
janvier 2003.
Au titre du point 9, le Canada a exhorté le Gouvernement à tout mettre en oeuvre afin que
les criminels de guerre soient jugés. Les Etats-Unis ont relevé la signature d’un accord de
transition, de coopération et de partage du pouvoir entre la société civile, les forces de l’ancien
Gouvernement et les forces rebelles, ainsi que les élections prévues pour octobre 2005.
Malheureusement, a poursuivi le délégué, les soldats du maintien de la paix se rendent coupables
de nombreuses violations des droits de l’homme dans les régions reculées.
3.22 Myanmar
13
E/CN.4/2004/5.
14
E/CN.4/2004/33.
15
E/CN.4/2004/30.
C. Débat
Dans sa présentation, le Rapporteur spécial a encouragé le Myanmar ainsi que tous les Etats
membres de l'ONU à accueillir favorablement les recommandations de changement, notamment
par l’échange d’invitations avec les procédures spéciales de la Commission. Il est évident qu’une
telle initiative ne peut que faciliter les visites des mandataires de l'ONU.
Le rapport du Rapporteur spécial a mis un accent particulier sur les attentats du 30 mai
2003 à Depayin. Un certain nombre de personnes ont été tuées à Depayin et le leader du LND,
Daw Aung San Suu Kyi, ainsi que d’autres membres du comité exécutif central du LND ont, depuis
lors, été assignés à résidence. Le Rapporteur spécial s’est en outre penché sur: les restrictions
des libertés de réunion et d’association, d’expression, de mouvement et d’information, la
répression de l’opposition politique par le régime militaire, et les allégations de violation des droits
de l’homme contre les minorités ethniques de l’Etat Shan. Selon M. Pinheiro, la réussite de la
transition démocratique nécessite des changements réels et tangibles sur le terrain en vue d’un
véritable processus libre, transparent et participatif impliquant toutes les parties, les nationalités
ethniques et les représentants de la société civile.
A l’actif du Myanmar, M. Pinheiro a cité: la coopération de ses autorités avec le Comité
international de la Croix Rouge dans les régions où vivent les minorités ethniques; la collaboration
du Gouvernement avec le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR); la
reprise des pourparlers de paix entre le Gouvernement et l’Union nationale karen, le groupe
d’opposition armé le plus important ainsi que l’engagement croissant du Premier Ministre le
général Khin Nyunt en faveur du changement démocratique.
Le Rapporteur spécial a clôturé son intervention sur une forte recommandation adressée
aux Gouvernements: la Commission doit agir avec diligence pour consolider la crédibilité de ses
procédures spéciales. Il a ajouté: à quoi sert-il de faire des propositions si les Etats membres ne
font pas grand cas de nos rapports ou de nos recommandations?
En réponse, le Gouvernement du Myanmar s’est contenté de donner lecture d’une série de
citations tirées mot pour mot du rapport du Rapporteur spécial. Chacune de ses citations ont repris
les observations positives contenues dans le rapport. En réaction aux observations négatives du
rapport, le Myanmar a minimisé les attentats de Depayin qu’il considère comme un simple
"événement malheureux" qui aurait pu être évité si Mme Daw Aung San Suu Kyi avait agi en toute
bonne foi et coopéré avec les autorités.
En réponse aux préoccupations de M. Pinheiro quant au traitement des minorités ethniques
et religieuses, la réponse du Myanmar a été laconique: il n’existe aucune discrimination de religion,
de race ou de sexe. Sa justification des "incorrections" contenues dans le rapport du Rapporteur
spécial s’est résumée à cette déclaration: même l’homme le plus sage peut avoir des trous de
mémoire.
Dans le dialogue interactif avec le Rapporteur spécial, le Brésil, le Canada et l’Irlande, au
nom de l’UE, se sont félicités du rapport et de la prorogation du mandat du Rapporteur spécial
pour le Myanmar. La Suisse a questionné le Rapporteur spécial sur la mise en œuvre effective de
la feuille de route et en réponse, M. Pinheiro a souligné le rôle important des pays voisins du
Myanmar dans la facilitation de son processus de transition vers la démocratie.
Plusieurs délégations se sont ensuite intéressées à diverses questions relatives aux droits
de l’homme au Myanmar, notamment la situation des détenus politiques. Le Canada s’est déclaré
préoccupé par la détention de membres haut placés du LND. De même, l’Australie a déploré
l’absence de progrès concernant la situation des droits de l’homme et a appelé à la libération
immédiate et inconditionnelle de tous les détenus politiques, y compris Mme Daw Aung San Suu
Kyi. La Nouvelle Zélande a également appelé à la libération des responsables du LND et à la
levée des restrictions sur la liberté d’expression et d’association. Le délégué s'est davantage
montré préoccupé par la pratique persistante du travail forcé, les mauvaises conditions de
détention, la discrimination à l'égard des femmes et des minorités ethniques. Le délégué des
Etats-Unis a fait état de la détérioration de la situation des droits de l'homme et a exprimé sa
préoccupation devant le nombre des membres du LND assassinés ou portés disparus et le
maintien de l'assignation à résidence de son leader.
D. Résolution
Dans une longue résolution, la Commission se déclare gravement préoccupée par "les
violations systématiques des droits de l'homme - droits civils et politiques aussi bien
qu’économiques, sociaux et culturels - dont continue à souffrir le peuple du Myanmar"
(para. opératif 3a). La résolution met un accent particulier sur les évènements survenus le
30 mai 2003, la détention et l'assignation à résidence de Mme Daw Aung San Suu Kyi, la
persistance des exécutions extrajudiciaires, le viol et autres formes de violence sexuelle,
ainsi que la situation des nombreuses personnes déplacées dans le pays. La Commission
invite le Gouvernement: à s’acquitter de son obligation de rétablir l’indépendance de
l’appareil judiciaire et le respect de la légalité; à agir immédiatement pour mettre
pleinement en œuvre des dispositions législatives, exécutives et administratives concrètes
destinées à faire cesser la pratique du travail forcé par tous les organes du Gouvernement;
à permettre immédiatement l’accès à toutes les régions du Myanmar, en toute sécurité et
sans entraves, à l'ONU et aux organisations humanitaires internationales; à coopérer
pleinement avec l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Myanmar et avec le
Rapporteur spécial en vue de conduire le Myanmar à une transition vers un régime civil; et
mettre en place une commission nationale des droits de l’homme qui soit conforme aux
Principes concernant le statut des institutions nationales pour la promotion et la protection
des droits de l’homme (Principes de Paris). En outre, la Commission "engage vivement" le
Gouvernement du Myanmar: à lever toutes les restrictions imposées à l’activité politique
pacifique de toutes les personnes; à restaurer la démocratie et à respecter les résultats des
élections de 1990, notamment en libérant immédiatement et sans condition les dirigeants
du LND; et à coopérer pleinement et sans délai avec le Rapporteur spécial en vue de
faciliter une enquête internationale indépendante sur les allégations continues de violences
sexuelles et autres sévices commis par des membres des forces armées sur des civils
dans l’État Shan et dans d’autres États. Elle décide également de proroger à nouveau d’un
an le mandat du Rapporteur spécial, et prie le Rapporteur spécial de présenter un rapport
intérimaire à l’Assemblée générale, lors de sa 59ème session, et de faire rapport à la
Commission, à sa 61ème session.
Dans son commentaire liminaire sur la résolution de cette année sur le Myanmar, l'Irlande, au
nom de l'UE, a remercié le Myanmar pour le dialogue constructif sur la résolution. Comme dans
les années précédentes, un certain nombre d'États ont fait des commentaires sur le sujet sans
appeler à un vote sur la résolution. Les Etats-Unis, co-parrains de la résolution, ont réaffirmé leur
"soutien … indéfectible à l'instauration de la démocratie en Birmanie". Ils ont déclaré que le
Gouvernement du Myanmar doit également établir un calendrier devant aboutir à l'instauration de
la démocratie au Myanmar et encouragent la communauté internationale, en particulier les pays
asiatiques à accroître leur engagement avec le Gouvernement du Myanmar sur ces questions. La
République de Corée s'est jointe aux Etats-Unis dans son appel au Gouvernement du Myanmar à
déterminer un calendrier pour la démocratisation du pays. Même si le Japon s'est rallié au
consensus sur l'adoption de la résolution, son représentant a eu des propos plutôt favorables et
conciliants à l'égard du Gouvernement du Myanmar. Pour le Japon, la Commission devrait dûment
reconnaître les progrès significatifs réalisés dans le pays; elle ne doit pas indexer ce
Gouvernement, mais l'encourager à améliorer la situation actuelle. Le Myanmar a rejeté la
résolution qu'elle n'a trouvé ni juste ni équilibrée, mais a déclaré qu'il continuerait à coopérer avec
la Commission et les autres organismes de l'ONU.
3.23 Népal
La situation des droits de l'homme au Népal a également fait l'objet de débats au titre du point 19,
sous lequel une déclaration du Président intitulée "Assistance aux droits de l'homme au Népal" a
été adoptée.
Au titre du Point 9, l'Australie a regretté la décision des Maoïstes, groupe de rebelles, de
se retirer des pourparlers de paix et a lancé un appel pour le redoublement des efforts afin que soit
réalisé "un accord politique durable". Le Canada s'est montré préoccupé par la rébellion en cours,
les cas de torture et les exécutions gratuites. La Norvège a également déploré l'enracinement de
la crise des droits de l'homme et a marqué son soutien résolu à une approche internationale
conduite par l'ONU afin de renforcer les initiatives de réconciliation nationale.
La Commission internationale de Juristes (CIJ) a fait allusion à la détérioration rapide de la
situation des droits de l'homme au Népal, en soulignant que ce pays compte parmi ceux ayant le
plus grand nombre de disparitions forcées dans le monde. La CIJ a davantage attiré l'attention de
la Commission sur les atteintes aux droits de l'homme dont sont victimes les avocats et les
défenseurs des droits de l'homme; la pratique systématique et généralisée de la torture par
l'armée, la police et autres forces de sécurité; et l'impunité presque totale pour des violations
perpétrées par les forces gouvernementales. Elle a noté que la Commission nationale des droits
de l'homme est restée indépendante malgré la forte pression exercée par l'armée mais qu'elle
manque de moyens et d'appui politique. La CIJ a remarqué que le Gouvernement a jusqu'à
présent refusé de donner suite aux appels pour un appui technique significatif de la part du HCDH
afin de permettre à la Commission des droits de l'homme d'assurer l'importante surveillance du
comportement à la fois des forces gouvernementales et des rebelles maoïstes dans diverses
régions du pays. AI a également soulevé la question de la situation des droits de l'homme au
Népal en soulignant les violations des droits de l'homme commises par les deux parties pendant le
conflit armé, telles que les arrestations arbitraires, la disparition de personnes, les exécutions
extrajudiciaires, la torture, le viol, l'enrôlement des enfants et la prise d'otages. Elle a demandé à la
Commission d’établir un mandat pour le suivi de la situation des droits de l'homme et d'appuyer la
mise en place dans le pays d'un observatoire durable des droits de l'homme ayant des moyens
adéquats. L'OMCT a également lancé un appel en direction de la Commission en vue de l'adoption
d'une résolution sur le Népal comprenant des dispositions sur la conduite d'activités de suivi
effectif aux plans national et international, conformément à l'Accord sur les Droits de l'Homme.
3.24 Paraguay
Encore une fois, tout en saluant les multiples évolutions positives en matière de droits de l'homme
en Arabie saoudite, notamment la tenue de la première conférence sur les droits de l'homme à
Riyad, la création de la première association non gouvernementale de défense des droits de
l'homme ainsi que l'amélioration des droits des prévenus, l'UE demeure préoccupée par la
discrimination dont les femmes sont victimes, les mauvais traitements et la torture infligés aux
détenus, le maintien de la peine capitale et la restriction des libertés d'expression, de réunion et de
religion. Dans la foulée de l'UE, le Canada a regretté les cas de torture et de confessions forcées.
Le délégué des Etats-Unis a attiré l'attention de la Commission sur l'absence de liberté de religion
en Arabie saoudite.
Peu d'interventions ont été faites sur la question sri-lankaise. L'Australie a regretté la décision des
Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE) de suspendre les négociations de paix avec le
Gouvernement sri-lankais et a demandé à la fois au Gouvernement et au LTTE de relancer le
processus de paix.
3.27 Soudan
Au cours de la 59ème session, la Commission a rejeté la résolution "Situation des droits de l'homme
au Soudan" (L. 35), mettant ainsi un terme au mandat du Rapporteur spécial sur la situation des
droits de l'homme au Soudan.
Les débats portant sur le Soudan au point 9 se sont focalisés sur la situation au Darfour. Le
Canada s'est montré préoccupé par les informations selon lesquelles le Gouvernement
empêcherait les organisations humanitaires d'accéder au Darfour et a encouragé les pourparlers
de paix entre le Gouvernement soudanais et le Mouvement populaire de libération du Soudan
(MLPS). Tout en reconnaissant les progrès remarquables accomplis dans les négociations de paix
internes, les Etats-Unis s'inquiètent de l’"aggravation de la crise" dans le Darfour qui a mis jusqu'à
un million de vies en péril. La Norvège s'est également montrée préoccupée par la situation
humanitaire au Darfour.
L'OMCT a mis l'accent sur la grave situation des droits de l'homme au Soudan et en
particulier au Darfour. Il invite la Commission à adopter une résolution sur le Soudan condamnant
la généralisation actuelle des violations des droits de l'homme et qui renouvelle le mandat du
Rapporteur spécial.
Le 7 avril 2004, dans une déclaration faite à la Commission et dans un contexte où l'ONU n'a
pas pu prendre de mesures décisives au sujet du génocide rwandais de 1994, le Secrétaire
général a partagé la profonde inquiétude que lui inspire l'étendue des cas signalés de violations
des droits de l'homme et de la crise humanitaire au Darfour. Il a affirmé que quels que soient les
termes utilisés pour décrire la situation, la communauté internationale ne restera pas les bras
croisés. A l'invitation du Gouvernement soudanais, M. Annan a proposé l’envoi d’une équipe de
haut niveau au Darfour afin de mieux comprendre l'étendue et la nature de cette crise, et
d'accéder plus aisément aux populations qui ont besoin d'aide et de protection.
Résolution
Au départ, cette résolution a été présentée par l'UE qui l'a ensuite retirée après qu'un projet de
décision sur le Soudan eu été adopté au point 3. Toutefois, les Etats-Unis se sont montrés
extrêmement déçus par l'absence de fermeté du projet de décision et ont par conséquent souhaité
que les débats sur L. 36 se poursuivent dans le cadre du point 9.
Tout en saluant les pourparlers de paix en cours, le projet de résolution tient à exprimer sa
préoccupation devant "la situation dans le domaine des droits de l'homme et la situation
humanitaire au Soudan et la situation inquiétante au Darfour tout en soulignant la nécessité
pressante de protéger les populations civiles des effets de ce conflit armé". Le projet de
texte a mis l'accent en particulier sur la situation au Darfour, en soulignant les inquiétudes
particulières en matière de droits de l'homme telles que: les attaques systématiques sur
des civils; le ciblage des villages et des centres qui hébergent des personnes déplacées et
des civils par les milices janjaouid; l’absence de protection adéquate et d'assistance aux
civils par le Gouvernement soudanais; le recours généralisé au viol et aux autres formes de
violence sexuelle. Il a exhorté toutes les parties à déclarer un cessez-le-feu immédiat au
Darfour afin de permettre l’accès de l’aide humanitaire aux personnes déplacées. Il a
notamment demandé de manière spécifique au Gouvernement, de mettre immédiatement
un terme à toutes les attaques contre des civils; à fournir l'appui nécessaire à tous les
organismes internationaux et à toutes les organisations humanitaires; et de prendre des
mesures visant à empêcher les arrestations et détentions arbitraires et la torture.
Le projet de texte comportait également un appel à la communauté internationale
pour une présence du HCDH à Khartoum afin d'y intégrer "un rôle de surveillance visant à
faire mieux respecter les droits de l'homme et le droit humanitaire et à contribuer à la mise
en place d’un dispositif national de promotion et de protection des droits de l'homme".
(para. opératif 7b). Il a également permis la nomination pour une année d'un rapporteur
spécial sur la situation des droits de l'homme au Soudan. Le rapporteur spécial devait
présenter son rapport devant la 59ème session de l'Assemblée générale et la 61ème session
de la Commission.
En exprimant leur mécontentement face à l'adoption de la décision au point 3 au lieu du L.36, les
Etats-Unis ont accusé la Commission de n'avoir pas fait face à ses responsabilités. Ils ont
demandé la tenue d'une session spéciale de la Commission au retour de la mission dépêchée au
Soudan par le Haut Commissaire par intérim.
Les autres États n'ont pas partagé le point de vue des Etats-Unis sur le L.36. Le Congo, au
nom du Groupe africain, et l'Egypte ont été d'avis que la question a été suffisamment traitée et
que toute autre discussion serait une perte de temps. Cuba a rappelé la règle 65 des règles de
procédures de l’ECOSOC, qui stipule que si deux ou plusieurs propositions, autres que des
amendements, ont trait au même sujet, elles sont soumises au vote dans l'ordre dans lequel elles
ont été présentées, sauf si la Commission en décide autrement. Elle peut, au terme d'un vote sur
proposition, décider si la prochaine question doit faire l'objet d'un vote ou pas. Néanmoins, le
Président a interprété la règle de façon à permettre la poursuite des débats sur le L.36. Par
conséquent, le Congo, au nom du Groupe africain a invoqué la règle 49 du règlement intérieur de
l'ECOSOC et a demandé une suspension momentanée des travaux. Avant que cette motion
d'ajournement ne soit votée, les Etats-Unis ont réitéré leur position et ont reçu l'appui du
Honduras.
La motion d'ajournement a alors été adoptée par 27 Etats contre 7 (l’Australie, le Costa
Rica, les Etats-Unis, le Guatemala, le Honduras, le Paraguay et le Pérou) et 19 abstentions
(l’Allemagne, l’Argentine, l’Arménie, l’Autriche, le Brésil, le Chili, la République populaire
démocratique de Corée, la Croatie, la République Dominicaine, la France, la Hongrie, l’Irlande,
l’Italie, le Japon, le Mexique, les Pays-bas, la Suède, l’Ukraine et le Royaume Uni). L'analyse de
ce vote met en lumière deux approches totalement opposées: d'un côté, le pragmatisme, en tenant
compte de l'adoption de la décision négociée au titre du point 3 (les pays de l'UE et quelques Etats
du Groupe des États d'Amérique latine et des Caraïbes (GRULAC)); et de l'autre, l'opposition
générale au point 9.
Pour l'Allemagne, ce jour a été le "plus difficile" des six semaines écoulées. Selon elle,
l'absence de fermeté du projet de décision adopté au point 3 a été compensée par la nécessité de
créer un mécanisme régulier de la Commission ayant un accès immédiat au terrain et l'appui du
Groupe régional et de la Commission. Le Royaume Uni s'est associé à la déclaration de
l'Allemagne tout en maintenant qu'il n'a pas besoin qu'on lui rappelle la gravité de la situation. Son
représentant a en outre demandé au Président de nommer le plus rapidement possible un expert
indépendant tel que requis par la décision au titre du point 3. La France a partagé les inquiétudes
de la Commission et a demandé au Haut Commissaire et aux autorités soudanaises de coopérer
et de tout mettre en œuvre pour la pleine application de la décision du point 3.
L'Egypte a une fois de plus accusé les Etats-Unis de politiser le travail de la Commission.
L'Egypte, tout comme le fera le Nigéria plus tard, s'est fermement opposée au point 9 et a
souligné la nécessité d'établir des critères qui empêchent la confrontation. La Sierra Leone s'est
déclarée "attristée" par la division au sein de la Commission sur ce sujet. Elle a minimisé le rôle de
la Commission en affirmant fermeté de ton ou pas, la décision du point 3 n'est pas importante car,
comme elle l'a répété, la Commission "n'est pas le Conseil de sécurité". Selon elle, cette décision
est "suffisamment bonne pour cette Commission" qui n'est qu'un organe subsidiaire de l'ECOSOC.
3.28 Syrie
S'agissant de la situation des droits de l'homme en Syrie, l'UE a noté avec une vive inquiétude la
détention continue de centaines de prisonniers de conscience; le jugement de civils par des
tribunaux militaires et le sort des prisonniers libanais en Syrie. Dans le même ordre d'idées, les
Etats-Unis ont soulevé le problème de la restriction des libertés d'expression et de la presse, les
graves violations des droits de l'homme par les forces de sécurité et les obstacles à la formation
de toute opposition politique sérieuse dressés par le Gouvernement. Le Canada s'est montré
préoccupé par les atteintes présumées aux droits de l'homme des détenus.
3.29 Turkménistan
A. Note du Secrétariat16
B. Débat
L'année dernière, la résolution sur le Turkménistan (2003/11) adoptée au point 9 a attiré l'attention
des rapporteurs spéciaux sur l'indépendance des juges et des avocats, sur la question de la
torture, sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires et arbitraires, sur le droit à la liberté
d'opinion et d'expression et sur la liberté de religion ou de conviction. Elle a également exhorté le
Groupe de travail sur la détention arbitraire ainsi que le Représentant spécial sur les défenseurs
des droits de l'homme à obtenir des invitations du Gouvernement à visiter le pays. Cependant,
pour une raison ou une autre, ceci n'a pas été fait.
Au cours des débats de cette année, le Canada a fait état de la situation déplorable des
droits de l'homme au Turkménistan, en soulignant l’interdiction des ONG, la restriction de la liberté
d'expression et la détention des opposants politiques. Les Etats-Unis ont également fait allusion à
la répression sévère par le Gouvernement des opposants politiques et aux rumeurs persistantes
de violations de droits de l'homme, de restrictions des libertés d'expression, de religion,
d'association et de réunion.
16
E/CN.4/2004/118.
C. Résolution
Cette résolution, introduite par l'Irlande, au nom de l'UE a été adoptée par 25 Etats contre 11
(l’Arabie saoudite, Bahreïn, la Chine, Cuba, L’Egypte, l’Indonésie, le Pakistan, le Qatar, le Soudan,
l’Ukraine et le Zimbabwe) et 17 abstentions (l’Afrique du Sud, l’Arménie, le Bhoutan, le Burkina
Faso, le Congo, l’Erythrée, l’Ethiopie, le Gabon, l’Inde, la Mauritanie, le Népal, le Nigéria, la
Fédération de Russie, la Sierra Leone, le Swaziland, le Togo et l’Ouganda).
Seul pays à prendre la parole lors du débat général, la Chine a énergiquement défendu et
félicité le Gouvernement turkmène. Le Turkménistan, principal concerné, était absent. Au nom de
l'OCI, le Pakistan a sollicité un vote parce qu'il s'est rendu compte que certaines idées débattues
n'étaient pas ressorties dans la résolution.
3.30 Ouganda
La Norvège a jugé la situation des droits de l'homme en Ouganda "toujours aussi préoccupante".
Au nom de l'UE, l'Irlande a condamné tout particulièrement le recrutement d’enfants dans les
conflits armés comme c'est en l’occurrence le cas au nord de l'Ouganda.
3.31 Etats-Unis
La CIJ a déploré la détention arbitraire de plus de 600 personnes dans la baie de Guantanamo à
Cuba affirmant que, non contents de refuser que les détenus puissent être défendus par des
avocats et traduits devant des tribunaux, les Etats-Unis persistent à dire qu'aucun régime
humanitaire ou de droits de l'homme ne s'applique à leur situation, réfutant par là même leur
existence de personnes devant la loi.
Plus tard pendant les travaux de la Commission et au point 17, Cuba a introduit une
résolution intitulée "Question des détentions arbitraires dans l’enceinte de la base navale des
Etats-Unis à Guantanamo" (L.88, Rev. 2). Ce projet de résolution demande à "l’Etat ayant une
autorité juridique effective sur les camps de détention situés dans la base navale des Etats-Unis à
Guantanamo" (para. opératif 1) de: fournir au HCDH toutes les informations pertinentes
susceptibles d'apporter des clarifications sur les conditions de vie et le statut légal des personnes
actuellement détenues dans ces camps et les mesures prises en vue du respect de leurs droits
fondamentaux et d'enquêter sur les violations présumées des droits de l’homme des détenus. La
Commission demande au Rapporteur spécial sur la question de la torture, au Rapporteur spécial
sur l'indépendance des juges et des avocats et au Groupe de travail sur la détention arbitraire
"d’évaluer la situation décrite dans le présent projet de résolution et de rapporter au Haut
Commissaire pour les droits de l’homme les conclusions de leur enquête" (para. opératif 4). Il en
appelle également au Haut Commissaire pour "présenter un rapport sur la mise en œuvre de la
résolution à la 61ème session de la Commission des droits de l’homme" (para. opératif 4).
Le projet de résolution a été retiré par Cuba le dernier jour des travaux de la Commission.
3.32 Ouzbékistan
Les Etats-Unis ont attiré l'attention de la Commission sur l'existence de la torture dans les prisons
ainsi que du harcèlement et des arrestations constantes des opposants politiques et des
représentants des média. La Norvège a noté avec inquiétude le traitement des prisonniers.
Dans le cadre de sa procédure confidentielle 1530, la Commission a décidé d’observer de
près la situation des droits de l'homme en Ouzbékistan et de nommer un expert indépendant
chargé de rendre compte devant la Commission de l'évolution de la situation.
Les Etats-Unis ont noté l'intolérance du Gouvernement pour toute opposition politique ainsi que
les restrictions à la liberté de religion.
3.34 Zimbabwe
Plusieurs Etats ont exprimé leurs préoccupations face à la situation des droits de l'homme au
Zimbabwe, en particulier au sujet des droits civils et politiques. Les Etats-Unis ont accusé le
Gouvernement d'avoir orchestré une campagne concertée d'intimidation, de violence et de
répression tout en présentant dans le détail les méthodes de torture utilisées contre les opposants
politiques et les défenseurs des droits de l'homme. Dans la même lancée, la Norvège a fait état de
la limitation de la liberté de presse et de la violence contre l'opposition politique. La Nouvelle-
Zélande a souligné les restrictions à la liberté d'expression et de réunion, l'érosion de l'état de droit
et l'effritement de l'indépendance du système judiciaire et des média.
L'Australie a "condamné avec la dernière énergie" l'utilisation "routinière" des forces de
sécurité gouvernementales et des milices de jeunes pour intimider et agresser physiquement les
membres de l'opposition. Elle s'est déclarée préoccupée par l'existence signalée des "camps
d'entraînement" de jeunes où des techniques violentes sont enseignées, et a demandé au
Résolution
Comme l'année précédente, la "non-action" a été adoptée sur la résolution introduite par l'Irlande
au nom de l’UE.
Ce projet de résolution a exprimé sa grave inquiétude face aux "violations persistantes des
droits de l'homme au Zimbabwe" (para. opératif 1) en faisant une allusion particulière à la
violence politiquement motivée en cours et au Gouvernement pour n'avoir pas permis à la
société civile zimbabwéenne de fonctionner sans risque de brutalités ou d'intimidations. Il
invite le Gouvernement entre autres à: mettre un terme au climat d'impunité ambiant;
permettre l'indépendance du pouvoir judiciaire; assurer et garantir le respect total de la
liberté d'expression et d'opinion; coopérer entièrement avec les mécanismes spéciaux de la
Commission; créer des conditions pour une complète démocratisation du pays; s'assurer
que l'aide alimentaire fournie par le truchement du Gouvernement est distribuée de façon
équitable, transparente et selon les besoins; et s'assurer de la sûreté, de la sécurité et de
la liberté de mouvement du personnel de l'ONU et assimilé ainsi que l'accès sans entrave
du personnel humanitaire aux populations. Le projet de résolution a également été un
appel afin que toutes les procédures spéciales examinent les violations présumées des
droits de l'homme au Zimbabwe et d'en faire rapport à la Commission lors de sa 61ème
session.
La motion de non-action a immédiatement été introduite par le Congo, au nom du Groupe africain,
qui a préféré une solution nationale ou régionale à une " confrontation déplorable" devant la
Commission. Cuba, la Chine et le Nigéria se sont immédiatement alignés derrière le Congo. Cuba
a une fois de plus établi un parallèle entre les droits de l'homme et la politique. Il a saisi cette
opportunité pour accuser les anciennes puissances colonisatrices, notamment le Royaume Uni
d'introduire une résolution en lien uniquement avec le foncier et non les droits de l'homme. Le
Nigéria a soutenu que la Commission doit établir des passerelles, éviter l'ostracisme et l'isolement
d'un pays, et qu’il faut plutôt trouver une solution équilibrée au niveau africain. Cette démarche a
reçu une farouche opposition de la part de l'UE qui a estimé que la motion de non-action érode la
crédibilité de la Commission. Les Etats-Unis ont fermement dénoncé le régime zimbabwéen de
Mugabe et se sont opposés à la motion de non-action. Le Zimbabwe, pays concerné, a soutenu
que les motions de non-action sont permises selon les règles de l'ECOSOC et a ainsi fortement
soutenu cette initiative.
Dans ce contexte, le Brésil a exprimé "sa profonde inquiétude" face à "la politisation et à la
sélectivité croissante" et présumée des résolutions relatives à des pays particuliers. Au lieu de
"l'approche sélective au cas par cas", la Commission devrait plutôt envisager des alternatives au
point 9. Le Brésil a immédiatement proposé comme autre option la rédaction d'un rapport mondial
par l'ONU qui permettrait de retrouver l'esprit de départ de la Commission.
La motion de non-action a été adoptée par 27 voix (l’Afrique du Sud, l’Arabie saoudite,
Bahreïn, le Bhoutan, le Burkina-Faso, la Chine, le Congo, Cuba, l’Égypte, l’Érythrée, l’Éthiopie, le
Gabon, l’Inde, l’Indonésie, la Mauritanie, le Népal, le Nigéria, le Pakistan, le Qatar, la Fédération
de Russie, la Sierra Leone, Sri Lanka, le Soudan, le Swaziland, le Togo, l’Ouganda et Zimbabwe)
contre 24 et 2 abstentions (le Brésil et le Mexique).
4. Rapport du Secrétaire général sur la coopération avec les organes de défense des droits
de l'homme de l'Organisation des Nations Unies17
• Coopération avec les Représentants des organes de défense des droits de l'homme
de l'ONU (2004/15).
17
E/CNs.4/2004/29.