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POINT 9.

QUESTION DE LA VIOLATION DES DROITS DE L’HOMME ET DES LIBERTÉS


FONDAMENTALES, OÙ QU’ELLE SE PRODUISE DANS LE MONDE

Le point 9 procède à une évaluation critique de la situation des droits de l’homme dans certains
pays. Ainsi, l’année dernière, en dépit de la situation encore préoccupante des droits de l’homme
en Afghanistan et en Sierra Leone, les résolutions sur ces deux pays ont été présentées au point
19 intitulé "Services consultatifs et coopération technique dans le domaine des droits de l’homme".
Cette année, suivant cette tendance, les résolutions sur le Burundi et la République démocratique
du Congo (en règle générale traitées au point 9) ont été examinées au titre du point 19. A l’instar
des années précédentes, la Commission a rejeté la résolution intitulée "Situation des droits de
l’homme en Tchétchénie dans la Fédération de Russie" et adopté des motions de non-action
contre les résolutions présentées sur le Zimbabwe et sur la Chine.

1. Procédures confidentielles et publiques

Depuis plus de 30 ans, la Commission des droits de l’homme examine les cas de violations des
droits de l’homme en s’appuyant sur deux procédures. Tout d’abord, la Commission a recours à la
procédure confidentielle appelée "procédure 1503" (résolution 1503 du Conseil économique et
social (ECOSOC)), conformément à laquelle elle examine les requêtes qui lui sont transmises par
le Groupe de travail des communications de la Sous-Commission. Si les travaux selon la
procédure confidentielle se déroulent à huis clos et restent confidentiels, leurs résultats sont par
contre annoncés en séance plénière. Ensuite, la Commission peut suivre la procédure publique
(résolution 1235 de l’ECOSOC) qui fait appel à la participation de tous les Etats, les organisations
intergouvernementales et non-gouvernementales, et est mis en œuvre sous forme d'un débat
public au titre du point 9 de l’ordre du jour. Toujours au titre du point 9, la Commission examine le
rapport du Secrétaire général qui recense et analyse les cas signalés de représailles contre les
personnes qui cherchent à coopérer avec l'ONU et les représentants de ses organismes de
défense des droits de l’homme.

1.1 Procédure confidentielle

Conformément à la procédure 1503 et à huis clos, la Commission a décidé de ne pas poursuivre


l’examen de la situation des droits de l’homme en Bolivie, à Djibouti et au Honduras. Elle a en
outre entrepris de poursuivre l’examen de la situation des droits de l’homme en Ouzbékistan et de
nommer un expert indépendant chargé de présenter un rapport sur la situation des droits de
l’homme dans ce pays selon la procédure confidentielle de la Commission. En outre, comme suite
à la décision 2004/103, la documentation sur le Paraguay (1978-1990) devra être rendue publique.

1.2 Procédure publique

Au cours de sa 60ème session, la Commission a adopté des résolutions et des décisions sur la
situation des droits de l’homme dans divers pays, notamment au Bélarus, à Cuba, en République
populaire démocratique de Corée, au Myanmar et au Turkménistan. De nouveaux mandats ont été
créés pour le Bélarus et la République populaire démocratique de Corée.
Comme les années précédentes, la résolution soumise par l’Irlande au nom de l’Union
européenne (UE) et intitulée "Situation des droits de l’homme en République de Tchétchénie dans
la Fédération de Russie" a été rejetée. Par ailleurs, des motions de non-action ont été adoptées
dans le cadre des résolutions soumises sur la situation des droits de l’homme au Zimbabwe et en
Chine. Une résolution sur le Soudan a été déposée au titre du point 9 mais elle a été par la suite
retirée après l’adoption d’un projet de décision sur le Soudan au point 3.

2. Tendances générales du débat

Grâce aux efforts du Président Mike Smith, l’examen du point 9 a débuté et s’est terminé
relativement dans les temps, en dépit de trois heures de digression (séance spéciale suite à
l’assassinat de Cheik Ahmed Yasin) et du prolongement de la session à huis clos de la
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procédure confidentielle 1503 de la Commission dans l’après-midi du vendredi 26 mars 2004. Le


prolongement de la session consacrée au point 9 (b) a réduit le temps de parole alloué à M. Paulo
Sérgio Pínheiro et à Mme Iulia-Antoanella Motoc, Rapporteurs spéciaux sur la situation des
droits de l’homme, respectivement au Myanmar et en République démocratique du Congo.
Comme on a pu s’y attendre, le débat général sur le point 9 a divisé la Commission en
partisans et adversaires de toute résolution particulière aux pays. Cette scission est déjà apparue
au point 9 en raison des contestations de Cuba et des Etats-Unis et des déclarations divergentes
de l’Irlande, au nom de l’UE, et du Pakistan, au nom de l’Organisation de la conférence
islamique (OCI).
D'entrée de jeu, l’UE1 s'est déclarée en faveur des résolutions particulières par pays au titre
du point 9, en tant qu'outil essentiel à la protection et à la sauvegarde des droits de l’homme. Pour
l’UE, le débat au titre du point 9 ne devrait pas être perçu comme une confrontation, mais plutôt
comme entrant dans le cadre de l’interaction normale entre la communauté internationale et les
Etats.
Les Etats-Unis s’inspirant, entre autres, des citations du Mahatma Gandhi, ont appuyé dans
le cadre du point 9, le principe de la dénonciation et de la condamnation qu'ils considèrent comme
une obligation morale fondée sur les valeurs chères à l'Amérique. Par conséquent, le représentant
a déclaré que ne pas s’élever contre les violations des droits de l’homme, équivaudrait à perdre foi
dans les obligations morales américaines, et à galvauder les valeurs auxquelles ils souscrivent et
qu’ils se sont engagés à respecter. Se ralliant entièrement à la position des Etats-Unis, l’Australie
a soutenu que la Commission devrait user de tous les moyens à sa disposition pour remédier aux
situations de violations des droits de l’homme en se fondant sur les instruments conçus à cet effet
par la communauté internationale, l’arsenal des traités et des procédures spéciales.
Le Canada et la Norvège ont été plus prudents dans leur soutien aux résolutions
particulières par pays, mettant plutôt l'accent sur l’importance de la coopération au lieu de la
condamnation.
L’intervention de la Nouvelle-Zélande au point 9 a principalement porté sur l’importance de
la ratification et de l’application des traités, ainsi que sur le travail des rapporteurs spéciaux, des
représentants spéciaux et des experts indépendants, afin de "donner de la substance aux
résolutions". L’OCI, qui a mené l’opposition aux résolutions particulières par pays, s’est tout de
même gardée de proposer le retrait pur et simple du point 9. En revanche, elle s’est prononcée en
faveur de la promotion de la coopération technique (point 19) comme une alternative satisfaisante
aux résolutions particulières par pays. D’après l’OCI, cette démarche faciliterait la définition des
objectifs sur lesquels la communauté internationale assiste les Etats afin qu’ils les atteignent. A cet
égard, les récentes négociations entre le Pakistan et l’Inde concernant la région de Jammu et
Cachemire et les résultats obtenus par l’actuel Gouvernement afghan sont, aux yeux de l’OCI, des
exemples de progrès remarquables. Pour la Malaisie, le coup de pouce supplémentaire dont les
pays en développement ont besoin doit venir non pas de condamnations, mais d'une réorientation
des actions en faveur de la coopération technique, qui permet en outre que les différentes
mesures adoptées par les Etats pour garantir le respect des droits de l’homme reçoivent l'attention
qu'elles méritent. Au demeurant, l’OCI a soutenu que les Etats occidentaux ont persisté dans
l’usage abusif du point 9 pour prendre les pays islamiques et les autres pays en développement
pour cibles, alors que dans le même temps, ils refusent de reconnaître les préoccupations
exprimées par ces pays. Pour l’OCI, cette injustice pourrait bientôt justifier le retrait pur et simple
du point 9 s’il n’a pour objectif unique que d’indexer des pays, au lieu d’améliorer la situation des
droits de l’homme à travers une coopération et une compréhension mutuelles.
Le Bélarus, le Congo (prenant la parole au nom du Groupe africain), la République
populaire démocratique de Corée (RPDC), la Fédération de Russie et la Syrie ont tous
exprimé leur opposition au point 9 en le qualifiant de cause de la "politisation" de la Commission.
Pour la RPDC, des motivations et des préjugés unilatéraux… et la poursuite d’objectifs politiques
sans lien avec les sujets font peser des doutes sérieux sur la crédibilité de la Commission.
L’Egypte, le Népal, le Nigéria, la République de Corée et le Soudan ont chacun
préconisé de moduler le point 9 pour en faire un mécanisme applicable indistinctement aux pays
développés et aux pays en développement. Pour l’Inde, les résolutions particulières par pays ne

1
Chypre, la République tchèque, l’Estonie, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, Malte, la Pologne, la Slovaquie, la
Slovénie et les pays candidats que sont la Bulgarie et la Roumanie soutenaient l’UE.

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doivent être utilisées qu’en dernier recours.


Amnesty International (AI) a exprimé sa préoccupation devant les insuffisances observées
dans la mise en œuvre des décisions de la Commission, et déclaré que cette situation entame la
crédibilité et l’autorité de la Commission. L’ONG a fait valoir qu’il importe que la Commission
trouve des voies et moyens qui permettent que les Etats soient responsables de l’incapacité à
donner suite à ses décisions.
S’agissant de la situation des droits de l’homme dans les pays, l’Australie a salué les
progrès accomplis en Iraq tout en se disant préoccupée face à l’absence de progrès en matière de
droits de l’homme au Myanmar, à la détérioration de la situation des droits de l’homme au
Zimbabwe, à la situation humanitaire en RPDC, ainsi qu'aux violations des droits de l’homme dans
les provinces indonésiennes de Atjeh et de Dapua. L’Australie a également lancé un vibrant appel
en faveur de la reprise des négociations de paix entre Israël et l’Autorité palestinienne, entre le
Gouvernement de Sri Lanka et les Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE), ainsi qu’entre le
Gouvernement du Népal et les insurgés maoïstes. Cette déclaration a provoqué une réponse
cinglante du Zimbabwe qui a critiqué l’Australie pour sa politique d’immigration et pour les mauvais
traitements infligés aux populations autochtones, notamment son incapacité à trouver une solution
adéquate au problème des droits des autochtones.
L’UE ne s’est pas appesantie sur une approche introspective, se contentant en passant
d'exprimer son inquiétude face au racisme, à la discrimination raciale, à la xénophobie et à
l’intolérance qui règnent au sein de l’UE. Orientant habilement le débat vers la situation des droits
de l’homme ailleurs dans le monde, l’UE a annoncé son intention de proposer une série de
résolutions sur la Tchétchénie, la République démocratique du Congo, la RPDC, le Myanmar,
le Soudan, le Zimbabwe et les colonies juives dans les territoires arabes occupés, ainsi que
sur le Bélarus et le Turkménistan. L’abolition de la peine de mort, la prévention de la torture, et
des peines et traitements cruels, inhumains ou dégradants, ainsi que l’arrêt de l’enrôlement des
enfants dans les conflits armés, ont figuré au nombre de ses priorités majeures.
Sur une note positive, l’UE a félicité le Samoa, le Kazakhstan, la Zambie, le Tchad et les
Philippines pour leur abolition ou leur moratoire sur la peine de mort. L’UE a salué les efforts
déployés par le Timor-Leste, le Turkménistan et l’Ouzbékistan contre la torture. Sur un plan plus
négatif, l’UE a indexé la Chine pour: son recours "excessif" à la peine de mort et à la torture, la
limitation des droits civiques et politiques, l’occupation du Tibet, l’interdiction des groupes religieux
et le non-respect de ses obligations au titre de la Convention de 1951 relative au statut des
réfugiés. L’Indonésie, l’Iran, l’Arabie saoudite et la Syrie ont été chacune accusées de recourir
à la détention arbitraire et à la torture, pratiques qui entraînent la disparition de personnes. Cuba a
été condamnée pour l’intimidation d’opposants politiques et de dissidents dont beaucoup sont
considérés par l’UE comme des prisonniers d’opinion, et pour la levée de fait, en 2003, du
moratoire sur les exécutions. Pour conclure, l’UE a également abordé la situation en Haïti suite à
la démission du Président Aristide.
L’OCI a exprimé son inquiétude face au profilage racial, ethnique et religieux des
musulmans depuis les événements du 11 septembre 2001. Par ailleurs, selon l’OCI, l’occupation
par Israël des territoires palestiniens et l’insécurité permanente en Iraq illustrent l’échec des
instruments internationaux de défense des droits de l’homme au rang desquels les résolutions
particulières par pays occupent une place non négligeable.
La Fédération de Russie a interpellé la France et l’Allemagne au sujet des accrochages
interethniques enregistrés sur leurs territoires; le Canada et le Danemark sur les organisations
antisémites; l’Irlande en raison du traitement qu’elle réserve aux immigrés; et le Royaume Uni pour
la détention arbitraire des étrangers en vertu des lois sur la sécurité.
La liste des violations des droits de l’homme présentée par les Etats-Unis a porté sur: les
attaques contre les défenseurs de la démocratie et les dissidents politiques au Bélarus, à Cuba, en
Iran, au Myanmar, au Viet Nam, en Syrie et au Turkménistan; le recours à la torture et à d’autres
formes de violations en RPDC, en Indonésie, en Ouzbékistan et au Zimbabwe; l’utilisation des
enfants soldats en République démocratique du Congo; et la répression envers les minorités
religieuses en Arabie saoudite et en Chine. Au nombre des évolutions positives, ils notent les
nouvelles constitutions de l’Afghanistan, du Qatar et du Rwanda; les élections démocratiques à
Oman, en Jordanie, au Maroc et au Yémen; l’accord sur un partage des pouvoirs pour la transition
au Libéria; la stabilisation progressive au Pérou et en Sierra Leone; et la création de structures
nationales chargées de la promotion des droits de l’homme en Egypte, au Guatemala, au Kenya et

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en Turquie.
Les déclarations du Canada et de la Norvège ont été proches de celle des Etats-Unis
s’agissant des évolutions encourageantes et des condamnations de pays. Le Canada y a inclus la
Colombie, la Côte d’Ivoire, le Pakistan et l’Ouganda.
Les discussions se sont poursuivies dans le cadre du droit de réponse et ont porté sur les
différends entre Israël et le Liban; la Palestine et la Syrie; Chypre, la Grèce et la Turquie; le Japon
et la RPDC; l’Arménie et l’Azerbaïdjan; l’Inde et le Pakistan; la Chine et les Etats-Unis; ainsi que
Cuba et les Etats-Unis.

3. Situations particulières par pays

3.1 Afghanistan

La situation en Afghanistan a fait l’objet d’un premier examen au titre du point 19 intitulé "Services
consultatifs et coopération technique dans le domaine des droits de l’homme" dans lequel le
mandat d’un expert indépendant sur la situation des droits de l’homme en Afghanistan a été défini.
Toutefois, quelques observations ont été faites au point 9. La Norvège a salué les progrès réalisés
par le Gouvernement de transition tout en exprimant sa préoccupation devant la condition des
femmes et des petites filles. Le Pakistan a apprécié les réalisations du Gouvernement en faveur
de la stabilisation et de la réhabilitation économiques. Les Etats-Unis ont également fait une
déclaration positive dans laquelle ils ont relevé les progrès remarquables accomplis sur le plan
démocratique après l’ère des Talibans, avec une nouvelle constitution modérée qui engage le pays
à respecter les conventions internationales sur les droits de l’homme et qui accorde les mêmes
droits aux femmes et aux minorités.

3.2 Azerbaïdjan et Arménie

Une fois de plus, le conflit entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie est resté un sujet d'inquiétude,
essentiellement pour ces pays. L’Azerbaïdjan a accusé l’Arménie d’avoir procédé à un nettoyage
ethnique contre les populations originaires d’Azerbaïdjan, et d’avoir expulsé 200 000
Azerbaïdjanais d’Arménie, ce qui en fait, au niveau mondial, l'un des plus grands groupes de
personnes déplacées à l'intérieur de leur pays.
Au nom de l’OCI, le Pakistan a une fois de plus lancé un appel en faveur d’un règlement
juste et pacifique du conflit et de la reconnaissance de l’intangibilité des frontières reconnues sur le
plan international
S’agissant spécialement de la situation des droits de l’homme en Azerbaïdjan, la Norvège
a souligné le traitement réservé aux opposants politiques lors des élections présidentielles et le
climat de violence post-électoral qui y a régné.

3.3 Bélarus

Plusieurs délégations ont évoqué la situation des droits de l’homme au Bélarus. La Norvège a
exprimé sa préoccupation quant à la légitimité des prochaines élections. Avec plus de vigueur, les
Etats-Unis ont accusé le Gouvernement du Bélarus d’accentuer le harcèlement et l’intimidation des
défenseurs de la démocratie, des défenseurs des droits de l’homme et autres ONG; la fermeture
des journaux indépendants, la restriction des libertés au niveau des universitaires et l’interdiction
de la légitimité des activités religieuses. Le Canada a attiré l’attention sur la torture, les
arrestations et les détentions arbitraires, les exécutions extrajudiciaires et les disparitions forcées.

Résolution

• Situation des droits de l’homme au Bélarus (2004/14)

Dans cette résolution, la Commission a exprimé sa profonde préoccupation face aux


nombreux problèmes relatifs aux droits de l’homme qui se posent au Bélarus notamment:
le processus électoral du pays et le cadre législatif, des rapports permanents faisant état
d’arrestations et de détentions arbitraires, des restrictions progressives des activités des

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organisations religieuses ainsi que de l’incapacité du Gouvernement à collaborer avec les


organes spécialisés de la Commission. Elle a poursuivi en exhortant le Gouvernement à
prendre des mesures parmi lesquelles le licenciement ou la suspension des agents de
maintien de l’ordre et des agents publics impliqués dans les disparitions forcées et/ou les
exécutions sommaires ; et à mener des enquêtes approfondies et impartiales pour tout cas
de disparition forcée, d’exécution sommaire et de torture; et de rendre les actes de sa force
de police et de sécurité conformes à ses obligations dans le cadre du Pacte international
relatif aux droits civils et politiques. La Commission a également exhorté le Gouvernement
à faire appel à ses procédures spéciales et notamment au Rapporteur spécial de la
Commission des droits de l’homme chargé d’examiner les questions se rapportant à la
torture au Rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires,
et au Rapporteur spécial sur le droit à la liberté d’opinion et d’expression ainsi qu’au
Groupe de travail sur la détention arbitraire et à celui sur les disparitions forcées ou
involontaires.
La Commission décide également de mandater un rapporteur spécial afin d’établir un
contact direct avec le Gouvernement et le peuple du Bélarus, avec en perspective
d’examiner la situation des droits de l’homme dans le pays, notamment les progrès relatifs
à un programme de formation sur les droits de l’homme.

Cette résolution présentée par les Etats-Unis, a été co-parrainée par l’UE. Réagissant aussitôt, la
Fédération de Russie a lancé le débat et estimé que le contenu de la résolution était tellement
absurde qu’elle requerrait une motion de non-action. La Chine, Cuba et l’Inde ont appuyé la
motion de non-action, Cuba se contentant de relever l’hypocrisie dont les Etats-Unis ont fait
preuve en présentant une résolution au titre du point 9. L’Inde a exprimé son inquiétude au sujet
du "langage inapproprié" ainsi qu’à ses implications: selon elle, les paragraphes opératifs 2 a, b, c,
d et h constituent une ingérence dans les affaires intérieures de cet Etat, et le style du paragraphe
opératif 4 révèle un "nouveau stade de ce qui doit être prescriptible". Elle fait valoir, de surcroît,
que la Commission n’a pas la légitimité nécessaire pour exhorter un rapporteur spécial à établir
des "contacts directs… avec le peuple du Bélarus" (para. opératif 5).
L’Irlande s’est fermement opposée à la motion de non-action, à la fois par principe et parce
que, dans ce cas d’espèce, la résolution a été appuyée par 34 Etats. L’Irlande, au nom de l’UE, a
fait une longue déclaration dans laquelle elle a affirmé que les motions de non-action violent la
liberté d’expression ainsi que les principes de transparence et de non sélectivité. Elle a par
conséquent exhorté tous les membres de la Commission à voter contre cette motion, qu’ils soient
ou non favorables à la résolution.
La motion de non-action a été rejetée avec 22 Etats en sa faveur (l’Afrique du Sud,
l’Arabie saoudite, l’Arménie, Bahreïn, le Bhoutan, le Burkina Faso, la Chine, Cuba, l’Egypte, l’Inde,
l’Indonésie, la Mauritanie, le Nigéria, le Pakistan, le Qatar, la Fédération de Russie, la Sierra
Leone, le Soudan, le Swaziland, le Togo, l’Ukraine et le Zimbabwe), 22 Etats contre, et 9
abstentions (le Brésil, le Congo, l’Erythrée, l’Ethiopie, le Gabon, le Mexique, le Népal, Sri Lanka
et l’Ouganda).
La Fédération de Russie a ensuite proposé de passer au vote de la résolution et celle-ci a
finalement été adoptée par 23 voix contre 13 (l’Afrique du Sud, l’Arménie, la Chine, Cuba,
l’Egypte, l’Inde, l’Indonésie, le Nigéria, la Fédération de Russie, la Sierra Leone, le Soudan,
l’Ukraine et le Zimbabwe), et 17 abstentions (l’Argentine, Bahreïn, le Bhoutan, le Burkina Faso, le
Congo, l’Erythrée, l’Ethiopie, le Gabon, le Honduras, la Mauritanie, le Népal, le Pakistan, le Qatar,
l’Arabie saoudite, le Swaziland, le Togo et l’Ouganda).

3.4 Burundi

Le mandat du Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme au Burundi a été défini par
la résolution 1995/90 de la Commission. Après la démission de M. Paulo Sérgio Pinheiro (Brésil),
Mme Marie-Thérèse Aïssata Kéita-Bocoum (Côte d’Ivoire) a été nommée Rapporteuse spéciale
en août 1999. Ce mandat a été prorogé d'un an lors de la 59ème session et devrait à nouveau être
renouvelé au cours de la présente 60ème session de la Commission.

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A. Rapport de la Rapporteuse spéciale2

Le huitième rapport de la Rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l’homme au Burundi
ne s’appuie pas sur une mission dans ce pays, mais sur les rapports et renseignements recueillis
par la Rapporteuse spéciale depuis la présentation du rapport intérimaire devant l’Assemblée
générale en novembre 2003. Le rapport s’est intéressé à la période allant du 1er octobre au 31
décembre 2003 et s’est appuyé sur les rapports de la représentation locale du Haut Commissariat
aux droits de l’homme au Burundi (OHCDHB), des ONG et des agences du système de l'ONU. La
Rapporteuse spéciale a noté que les progrès dans la situation des droits de l’homme sont entravés
par une violence persistante et une situation sécuritaire délicate en dépit de quelques
changements politiques significatifs.
Le rapport reprend des points de vue sur la situation générale au Burundi et celle des droits
de l’homme en particulier ainsi que des observations et recommandations.
Le chapitre consacré à la situation générale présente le processus de paix, la situation
sécuritaire ainsi que la situation économique et sociale. Dans sa présentation du processus de
paix, la Rapporteuse spéciale a décrit les accords conclus par le Président Domitien Ndayizeye et
Pierre Nkurunziza, chef du principal groupe armé, le Conseil national pour la défense de la
démocratie - Forces pour la défense de la démocratie (CNDD-FDD). Elle signale que le 8 octobre
2003 à Pretoria, les deux parties sont parvenues à un accord sur la répartition des postes au
Gouvernement et sur l’intégration des rebelles dans l’armée et les forces de sécurité et leur
participation à l’Assemblée nationale. Par ailleurs, Mme Keita-Bocoum a déclaré que le 2
novembre 2003, les parties se sont accordées sur un protocole technique pour les forces armées
et la reconversion du CNDD-FDD en parti politique. S'agissant de la représentation du CNDD-FDD
au Sénat, elle a mentionné le refus du CNDD-FDD de siéger tant que l’alinéa 9 de l’article 147 de
la Constitution de transition ne fera pas l’objet d’amendement. Cet alinéa confère au Sénat le
pouvoir d’approuver les nominations à des postes de responsabilité élevés au sein de
l’administration, de la défense, de la sécurité et de la justice. Toutefois, elle a affirmé que la
signature du protocole de Pretoria3 a non seulement permis la distribution de rations aux
combattants du CNDD-FDD, mais a également entraîné la réduction de la violence dans le pays,
facilitant ainsi l’accès aux zones sinistrées. La Rapporteuse spéciale a indiqué que le Parti pour la
libération du peuple hutu – Forces nationales pour la libération (PALIPEHUTU-FNL) continue à
refuser le processus de paix, compromettant ainsi la perspective d’une paix totale. Elle a
cependant fait remarquer qu’une délégation du PALIPEHUTU-FNL a rencontré le Président
Domitien Ndayizeye et a accepté qu’une enquête internationale sur le décès de Mgr. Michael
Courtney soit initiée, que le dialogue reprenne, que la violence cesse et que les tueries entre le
PALIPEHUTU-FNL et le CNDD-FDD prennent fin.
Dans sa présentation de la situation sécuritaire, la Rapporteuse spéciale a fait valoir qu’en
dépit de la signature des accords de paix qui a entraîné, dans l’ensemble, une amélioration de la
sécurité, la présence du PALIPEHUTU-FNL et l’accroissement du taux de criminalité ont
compromis la sécurité dans les provinces de Bujumbura-rural, Bubanza et Kirundo. Elle a cité
plusieurs exemples d’affrontements violents ayant entraîné des pertes en vies humaines.
La Rapporteuse spéciale a brièvement présenté la situation économique et sociale et fait
remarquer que la situation demeure difficile, en citant les taux d’alphabétisation, l’espérance de
vie, le PIB, les taux de croissance et la dette extérieure comme des facteurs pouvant avoir une
incidence négative sur le processus de paix et le retour des réfugiés.
Le point suivant du rapport concerne la situation des droits de l’homme au Burundi, en
mettant un accent particulier sur les droits civiques et politiques, économiques, sociaux et
culturels, la justice et l’État de droit, ainsi que sur la promotion des droits de l’homme. La
Rapporteuse spéciale a en outre déclaré que dans l’ensemble, la situation des droits de l’homme
ne s’est pas améliorée en dépit des progrès enregistrés au plan politique, dans la mesure où la
paix n’est pas encore totalement rétablie.

2
E/CN.4/2004/35.
3
Protocole de Pretoria sur le partage du pouvoir politique et du pouvoir en matière de défense et de la sécurité au
Burundi (8 octobre 2003) et le Protocole de Pretoria sur les questions restées en suspens en vue du partage des
pouvoirs politique, de défense et de sécurité au Burundi (2 novembre 2003).

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En matière de droits civiques et politiques, la Rapporteuse spéciale a indiqué que le droit à


la vie reste compromis par la persistance des assassinats ciblés et les meurtres d’innocents. Elle a
rapporté des atteintes au droit à l’intégrité physique par la poursuite de la pratique de la torture et
du viol. Elle a souligné que la violence sexuelle a augmenté depuis sa dernière visite et que ces
crimes restent impunis. Elle a également observé la constance des menaces contre le droit à la
liberté et à la sécurité des personnes et fait état de cas de détentions illégales, d’enlèvements, de
disparitions forcées, de cambriolages, de pillages et d’exécutions. Elle a indiqué que les atteintes
au droit à la liberté de mouvement et à la liberté de fixer librement sa résidence perdurent, avec
des personnes qui continuent d’être déplacées à l’intérieur du pays et un nombre élevé de réfugiés
en Tanzanie, en République démocratique du Congo, au Rwanda et en Zambie. Elle a en
outre reconnu que les rapatriements se poursuivent en nombre limité, mais les réfugiés de retour
sont victimes de nombreuses violations de leurs droits dans les camps et sur les routes. Elle a
également constaté qu’une commission nationale chargée de la réinsertion a été créée mais ne
dispose pas de fonds suffisants pour son fonctionnement. Elle a cité les atteintes à la liberté
d’opinion et d’expression comme un autre motif de préoccupation, ainsi que l’absence de progrès
dans la situation des droits fondamentaux des femmes et des enfants.
La Rapporteuse spéciale a poursuivi en soulignant qu’aucun progrès notable n’a été
enregistré sur le plan des droits économiques, sociaux et culturels. Elle a en outre rendu compte
des problèmes d’accès à l’éducation et aux soins de santé, d’endémie permanente du paludisme
dans certaines provinces et une prédominance du sida engendrée par la violence envers les
femmes, des conditions de vie précaires et de l’absence d’activités de sensibilisation sur tous ces
problèmes.
Le rapport indique que les autorités burundaises s’efforcent de recourir aux libérations
conditionnelles et d’accélérer la procédure judiciaire afin de remédier au phénomène de la
surpopulation carcérale. La Rapporteuse spéciale a noté que bien que des efforts soient faits pour
améliorer les conditions de détention dans les prisons, la situation y demeure difficile en raison du
surpeuplement. Elle a affirmé que beaucoup d’espoir a été placé dans l’application rapide et
efficace des recommandations de la commission indépendante concernant les problèmes des
prisonniers. Ces recommandations pourraient apporter quelques améliorations dans les conditions
générales de détention.
Ce point du rapport, consacré à la promotion des droits de l’homme, présente les
nombreuses sessions de formation qui doivent être organisées par la représentation du OHCDHB
et qui visent notamment les femmes dirigeantes, les soldats de l’armée régulière et les forces
rebelles. La Rapporteuse spéciale a cité deux sessions déjà organisées à l’intention des
journalistes et des membres du corps judiciaire.
Le rapport s’achève par une série de recommandations faites par la Rapporteuse spéciale
et destinées aux parties au conflit, aux autorités burundaises et à la communauté internationale. A
l’égard des parties au conflit, ses recommandations sont les suivantes: qu’ils cessent d’enrôler des
enfants soldats; que les belligérants qui poursuivent les hostilités y mettent fin, déposent les armes
et retournent à la table de négociations; et que les droits des populations civiles soient respectés,
plus particulièrement le droit à la vie, à la liberté et à l’intégrité physique. Aux autorités
burundaises, elle a recommandé: qu’elles appliquent les recommandations de la commission
indépendante sur le statut des prisonniers; que les mesures nécessaires soient prises afin
d’améliorer l’efficacité de la commission gouvernementale des droits de l’homme; et qu’elles créent
une commission nationale des droits de l’homme dans les meilleurs délais. A la communauté
internationale, elle a recommandé qu’elle fournisse une plus grande assistance à la commission
nationale de réinsertion des personnes déplacées et au système judiciaire; et qu’elle augmente les
moyens financiers et humains de la représentation du Haut Commissariat au Burundi.

B. Débat

Très peu d’échanges ont eu lieu sur la situation des droits de l’homme au Burundi. Le Canada a
attiré l’attention sur le recours aux détentions arbitraires, à la torture et aux exécutions
extrajudiciaires.

C. Résolution

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ème
Commission, 60 session – Question de la violation des droits de l'homme et
des libertés fondamentales, où qu'elle se produise dans le monde

Cette année, la résolution sur la situation des droits de l’homme au Burundi a été examinée au titre
du point 19 intitulé "Services consultatifs et coopération technique dans le domaine des droits de
l’homme".

3.5 Tchad

L’examen de la situation des droits de l’homme au Tchad selon la procédure 1503 a été ajourné et
la situation au Tchad est examinée dans le cadre du point 19.
Au cours du débat en plénière sur le point 19, l’UE a exhorté le Tchad à maintenir son
moratoire sur la peine de mort.

3.6 Tchétchénie

A cause du rejet une fois de plus de la résolution L.13/Rev intitulée "Situation des droits de
l’homme dans la République de Tchétchénie de la Fédération de Russie", cette année comme
l’année dernière, il n’y a pas eu de rapport du Haut Commissaire sur la situation des droits de
l’homme en Tchétchénie.
Le Canada a déploré le recours à la torture, aux arrestations et aux détentions arbitraires,
aux exécutions extrajudiciaires et aux disparitions forcées en Tchétchénie. La Nouvelle-Zélande a
également relevé la prévalence des exécutions sommaires, des arrestations arbitraires, des
disparitions forcées et de la torture en Tchétchénie et en Ingouchie.
Human Rights Watch (HRW) a déclaré que la situation des droits de l’homme en
Tchétchénie demeure préoccupante malgré les efforts des autorités russes pour persuader la
communauté internationale du contraire. L’organisation a souligné l’extension du conflit à d’autres
régions de la Fédération de Russie; les exactions commises par les forces russes contre les
personnes déplacées en Ingouchie et leur responsabilité dans des détentions arbitraires au cours
de raids nocturnes, le passage à tabac et la torture des détenus ainsi que les exécutions
extrajudiciaires; l’augmentation de la fréquence des disparitions début 2003. HRW a également
dénoncé la poursuite, par les rebelles tchétchènes, d’exactions telles que les attentats suicides et
les assassinats. L’Organisation mondiale contre la Torture (OMCT) a invité la Commission: à
nommer un rapporteur spécial pour la Tchétchénie; à recommander la création d’un tribunal ad
hoc ayant pour mandat de juger les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre commis en
territoire tchétchène; et à lever le doute sur les déclarations des autorités russes d’une
normalisation de la situation en Tchétchénie.

Résolution

• Situation des droits de l’homme en République de Tchétchénie dans la Fédération de


Russie (L.29)

Le projet de résolution a fermement condamné tous les attentats terroristes commis en


Tchétchénie et partout ailleurs dans la Fédération de Russie ainsi que les graves atteintes
aux droits de l’homme et au droit humanitaire international en Tchétchénie qui se traduisent
par des disparitions forcées, des exécutions extrajudiciaires, sommaires et arbitraires, la
pratique de la torture, les mauvais traitements, les détentions arbitraires et les
enlèvements. Des inquiétudes ont également été exprimées, entre autres, sur les difficultés
des populations locales à obtenir que des responsables chargés du maintien de l’ordre
mènent des enquêtes appropriées sur les atteintes aux droits de l’homme commises par
les forces de sécurité.
Le projet de résolution demande instamment au Gouvernement de la Fédération de
Russie, entre autres, de collaborer avec les organisations de défense des droits de
l’homme; de faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire; et de coopérer pleinement avec
l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) en facilitant la
publication des rapports sur la Tchétchénie préparés par le Comité européen pour la
prévention de la torture et de peines ou traitements inhumains ou dégradants. Il demande
également que les rapporteurs compétents chargés des procédures spéciales de la
Commission effectuent, sans délai, des missions en Tchétchénie et soumettent leur rapport

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ème
Commission, 60 session – Question de la violation des droits de l'homme et
des libertés fondamentales, où qu'elle se produise dans le monde

à la Commission lors de sa 61ème session.

Ce projet de résolution a été rejeté à l’issue d’un vote au terme duquel 12 Etats se sont
prononcés pour, 23 contre (l’Afrique du Sud, l’Arménie, le Brésil, la Chine, le Congo, Cuba,
l’Egypte, l’Erythrée, l’Ethiopie, le Gabon, l’Inde, l’Indonésie, le Népal, le Nigéria, la Fédération de
Russie, la Sierra Leone, Sri Lanka, le Soudan, le Swaziland, le Togo, l’Ouganda, l’Ukraine et le
Zimbabwe), et 18 abstentions (l’Arabie saoudite, l’Argentine, Bahreïn, le Bhoutan, le Burkina
Faso, le Chili, la République de Corée, le Costa Rica, la République dominicaine, le Guatemala, le
Honduras, le Japon, la Mauritanie, le Mexique, le Pakistan, le Paraguay, le Pérou et le Qatar).
En présentant la résolution au nom de l’UE, l’Irlande l’a inscrite non dans une logique de
confrontation, mais plutôt dans le cadre d’un dialogue entre la communauté internationale et les
Etats. Le délégué a décrit la résolution comme étant équilibrée et objective dans la mesure où elle
condamne également très fermement les attentats terroristes. L’UE a exprimé son profond regret
que la Fédération de Russie n’ait pas pris part aux échanges sur la résolution.
Comme lors des années précédentes, la Chine, Cuba et l’Inde se sont fermement
opposées à la résolution, la Chine estimant que la Tchétchénie est partie intégrante du territoire de
la Fédération de Russie, dans laquelle cette dernière a engagé des efforts importants pour assurer
de meilleures conditions de vie à la population civile. Cuba a fait observer que, eu égard aux
efforts notables déployés par le Gouvernement russe pour trouver une solution au conflit, proposer
la résolution est un exemple supplémentaire de "manœuvre évidemment politicienne". L’Inde a mis
l’accent sur l’intégrité territoriale de la Fédération, la nécessité de combattre le terrorisme,
l’importance capitale d’une solution politique et l’amélioration de la situation des droits de l’homme
en Tchétchénie. La Fédération de Russie, en tant que pays concerné, a invoqué les liens de
coopération qu'elle entretient avec la communauté internationale dans le domaine des droits de
l’homme. S’agissant de la Tchétchénie, la Fédération a fait valoir que le processus de
normalisation est désormais devenu irréversible: des élections présidentielles ont été organisées,
des élections législatives et municipales devraient suivre à l’automne prochain, la loi d’amnistie est
en cours d’application, les infrastructures sanitaires et éducatives fonctionnent, le système
judiciaire est opérationnel et les personnes déplacées à l’intérieur des frontières nationales
retournent chez elles. La résolution est en conséquence un "acte inamical". Citant le Secrétaire
d’Etat américain au sujet des liens entre les extrémistes tchétchènes avec un large éventail
d’autres extrémistes, la Fédération de Russie a mis en garde la Commission qu'une telle résolution
ne mette en péril l’efficacité de la coalition internationale contre le terrorisme. Le Chili, qui s’est
abstenu dans le vote, a expliqué que même s’il a subsisté des problèmes en matière de droits de
l’homme en Tchétchénie, des mesures constitutionnelles d’importance ont été prises et des
progrès ont été réalisés en ce qui concerne les conditions de vie et en matière de poursuites
judiciaires.

3.7 Chine

L’Australie a reconnu les progrès accomplis par la Chine dans le domaine des droits
économiques, sociaux et culturels et a encouragé le Gouvernement à prendre des mesures en vue
du respect des droits civiques et politiques. Elle a invité le Gouvernement à protéger la liberté
d’expression, de religion et de rassemblement, ainsi que les droits des minorités ethniques. Le
Canada a salué la libération récente de prisonniers, mais s’est déclaré préoccupé par les
restrictions du droit d’expression, d’association, et de croyance religieuse.
Les Etats-Unis ont accusé la Chine de régresser en ce qui concerne les principaux sujets
relatifs aux droits de l’homme, attirant l’attention sur la multiplication des arrestations de partisans
de la démocratie, la répression brutale du Falun Gong, la répression persistante envers les
Uighurs musulmans et la situation au Tibet qui laisse à désirer. Ils ont également encouragé la
Chine à promouvoir les droits civils et politiques.
L’UE s’est inquiétée du recours à la peine de mort, aux détentions arbitraires, à la torture, à
la répression de la liberté d’expression et de religion, aux violations des droits fondamentaux des
syndicalistes, des défenseurs de la démocratie et des cybernautes, ainsi que du non respect des
droits religieux et culturels au Tibet.
HRW a affirmé qu’au cours de l’année écoulée, les progrès en matière de droits de
l’homme en Chine ont marqué un arrêt. L’organisation a attiré l’attention sur les violations

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ème
Commission, 60 session – Question de la violation des droits de l'homme et
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persistantes des droits d’expression, d’association, de rassemblement, sur la nécessité d’un


jugement équitable des activistes politiques et religieux arrêtés, les restrictions des droits des
minorités au Tibet, à Xinjiang et en Mongolie intérieure, les évictions forcées et le rapatriement des
Coréens du Nord réfugiés en Chine. HRW a invité la Commission à adopter une résolution sur la
Chine qui inviterait le Gouvernement de ce pays à mettre un terme aux violations sus-évoquées et
à coopérer avec les procédures spéciales de la Commission.

Résolution

Après une pause de quelques années, la Commission a de nouveau une résolution proposée par
les Etats-Unis contre la Chine. Toutefois, l’adoption d’une motion de non-action a une fois encore
signifié que la résolution n’ait pas été mise aux voix.

• La situation des droits de l’homme en Chine (L.37)

Ce projet de résolution exprime la préoccupation devant la persistance de rapports qui


allèguent de graves restrictions des droits de rassemblement, d’association, d’expression,
de religion, de la liberté de conscience, de procédures judiciaires qui restent en deçà des
normes internationales d’équité et de transparence et d’arrestations et d’autres verdicts
sévères à l’encontre de personnes qui cherchent à exercer leurs droits fondamentaux,
notamment au Tibet et à Xinjiang. Il encourage le Gouvernement chinois à autoriser des
visites de mécanismes de l'ONU et à procéder à des réformes systématiques pour assurer
le respect des droits de l’homme.

Le projet de résolution a été introduit par les Etats-Unis. Tout en attachant du prix à leurs relations
avec la Chine, les Etats-Unis ont regretté que ce pays ne se soit pas engagé dans le dialogue et
qu’elle ait reculé en ce qui concerne les principaux domaines des droits de l’homme. Ils ont
néanmoins reconnu que des progrès ont été accomplis.
La Chine a présenté une motion de non-action. Le Congo, le Zimbabwe, Cuba, la
Fédération de Russie, le Soudan, Sri Lanka, la Mauritanie et l’Indonésie ont appuyé la motion,
faisant valoir que la Chine a été favorable à des progrès en matière de droits de l’homme et en a
réalisés, tout comme dans sa coopération avec des organisations internationales de défense des
droits de l’homme, et qu’en conséquence, elle n’a "besoin des conseils de personne" (la
Fédération de Russie). Ils ont décrit la résolution comme une nouvelle tentative d'affaiblir les pays
en développement en général (le Soudan), et le système économique et politique de la Chine en
particulier (la Mauritanie).
La motion de non-action l’a finalement emporté avec 28 Etats pour et 16 contre
(l’Australie, l’Autriche, le Costa Rica, la Croatie, les Etats-Unis, la France, l’Allemagne, le
Guatemala, le Honduras, la Hongrie, l’Irlande, l’Italie, le Japon, les Pays-Bas, la Suède, et le
Royaume Uni) et 9 abstentions (l’Argentine, l’Arménie, le Chili, la République de Corée, la
République dominicaine, le Mexique, le Paraguay, le Pérou, et l’Ouganda).

3.8 Côte d'Ivoire

Peu d’Etats ont évoqué la situation des droits de l’homme en Côte d’Ivoire. Le Canada a déclaré
que les auteurs de violations des droits de l’homme dans ce pays devraient répondre de leurs
actes.

3.9 Cuba

Dans la résolution 2002/18, la Commission a invité le Haut Commissaire aux droits de l’homme à
prendre les mesures nécessaires pour désigner un représentant personnel en vue de promouvoir
la coopération entre le Haut Commissariat aux droits de l’homme (HCDH) et le Gouvernement
cubain dans le domaine de l’application de la résolution. Mme Christine Chanet (France) a été
désignée Représentante personnelle du Haut Commissaire.

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Commission, 60 session – Question de la violation des droits de l'homme et
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A. Rapport de la Représentante personnelle du Haut Commissaire aux droits de l’homme4

Le rapport de la Représentante personnelle énumère tout d’abord les facteurs et les difficultés qui
entravent la mise en oeuvre des droits de l’homme à Cuba, avec un accent particulier sur le blocus
économique, commercial et financier appliqué à Cuba depuis 40 ans. Cet embargo prive Cuba de
l’accès aux médicaments, aux nouvelles technologies scientifiques et médicales, à la nourriture et
au traitement chimique de l’eau.
Sur une note positive, la Représentante personnelle relève les efforts du Gouvernement en
vue de soutenir un système de santé de bon niveau et d’assurer un taux de scolarisation de 100%
chez les enfants. En outre, le niveau d’emploi des femmes dans le secteur public atteint 49,6%. La
Représentante personnelle fait état d’un accroissement régulier de la proportion de femmes à
l’Assemblée nationale et dans la magistrature, ainsi qu’aux postes de responsabilité.
Des sujets de préoccupation demeurent cependant. A cet égard, la Rapporteuse Spéciale a
notamment évoqué l’arrestation de près de 80 personnes en mars-avril 2003, arrestations
qualifiées d’"arbitraires" par le Groupe de travail sur les détentions arbitraires. Les personnes
détenues ont été accusées de recevoir des fonds de pays étrangers ou de participer à des
activités considérées comme subversives par l’Etat. En outre, ces personnes n’ont pas eu droit à
un jugement équitable. La Représentante personnelle a sollicité du Président Fidel Castro Ruz la
grâce des détenus définitivement condamnés, mais aucune réponse ne lui est parvenue à ce jour.
La Représentante personnelle recommande entre autres au Gouvernement de Cuba l'arrêt
des poursuites à l'encontre des citoyens qui exercent les droits garantis par les articles 18 à 22 de
la Déclaration universelle des droits de l’homme; la mise en liberté des détenus qui n’ont commis
aucune violence contre les personnes ou les biens; la révision des lois qui conduisent à
sanctionner pénalement l'exercice des libertés d’expression, de manifestation, de réunion et
d’association; l'institution d'une instance permanente indépendante destinée à recevoir les plaintes
des personnes qui se disent victimes de violation de leurs droits fondamentaux et l'autorisation
pour les ONG d’entrer à Cuba.

B. Débat

La Représentante personnelle a décrit son rapport comme étant d’une "impartialité relative",
Cuba n'ayant pas coopéré avec elle tout au long de l’exécution de son mandat. Néanmoins, dans
son propos Mme Chanet a mis en évidence les efforts appréciables engagés par Cuba en matière
de droits culturels, sociaux et économiques, notamment dans les domaines de l’éducation, de la
santé, de l’amélioration de la liberté de la pratique religieuse et, surtout, dans la coopération avec
d’autres rapporteurs spéciaux thématiques.
Au nombre de ses préoccupations, la Représentante personnelle a évoqué la vague de
répression sans précédent en cours à Cuba, qui a suivi le procès inique et la condamnation à de
lourdes peines de prison de 80 dissidents politiques en mars-avril 2003, ainsi que les trois
exécutions d'avril 2003, au lendemain de la tentative de détournement d’un ferry. Ces exécutions
ont mis fin au moratoire non officiel de Cuba, en place depuis 2000, sur l’application de la peine de
mort.
Réagissant avec détermination, Cuba a dénoncé le rapport de Mme Chanet comme étant
un document conforme à la politique agressive que mènent les Etats-Unis à l’encontre de Cuba, et
une analyse guidée par l’aveuglement de partis pris idéologiques du fondamentalisme libéral
bourgeois et par une volonté politique de domination. Comme à maintes reprises Cuba n’a pas
hésité à accuser Mme Chanet de dissimuler les faits, de dénaturer la vérité et d’énoncer des
mensonges flagrants, le Président Smith a interrompu l’intervention cubaine pour mettre en garde
la délégation contre ces attaques personnelles à l’endroit de la Rapporteuse spéciale, intervention
que Cuba a dénoncée comme étant à la fois contraire aux règles de procédure et une entrave à sa
liberté d’expression.
M. Ramcharan, Haut Commissaire aux droits de l’homme par intérim a, lui aussi,
estimé devoir prendre fait et cause pour le travail d’expertise, l’impartialité et la personnalité de
Mme Chanet. Dans sa propre défense, cette dernière a affirmé que les faits relatés dans ses
rapports sont indiscutables.

4
E/CN.4/2004/32.

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ème
Commission, 60 session – Question de la violation des droits de l'homme et
des libertés fondamentales, où qu'elle se produise dans le monde

Cuba a consacré le reste de son intervention sur des allégations de financement par les
Etats-Unis de mercenaires contre Cuba, la fabrication d'armes biologiques par les Etats-Unis, et le
mépris du Gouvernement américain pour les droits économiques, sociaux et culturels.
Dans une conclusion explosive, Cuba a réitéré son accusation selon laquelle un membre
de la délégation américaine a une longue histoire de participation à des activités terroristes. Cette
accusation a suscité trois motions d’ordre de la part des Etats-Unis qui ont qualifié l’allégation de
calomnieuse, enfantine et diffamatoire, et ont invité le Président Smith à rappeler la délégation
cubaine à l’ordre. Se refusant à donner un avertissement officiel, le Président Smith a averti Cuba
qu'il "naviguait à vue", et lancé un appel général à toutes les délégations de s’en tenir aux règles
d’éthique professionnelle, au risque de porter atteinte à l’intégrité de la Commission.
Au cours du débat qui a suivi, les Etats-Unis ont attiré l’attention sur l’incarcération de 75
dissidents pacifiques en mars 2003, le refus de Cuba d’inviter la Représentante personnelle à
visiter le pays, l’absence d’une justice indépendante et de liberté de presse ou d’expression, et la
mainmise du Gouvernement sur les organes de communication de masse. La Norvège a souligné
la dégradation de la situation des droits de l’homme, évoquant en particulier des procès
sommaires et des conditions de détention déplorables. Le Canada a invité le Gouvernement de
Cuba à libérer les 75 dissidents politiques. Au nom de l’UE, l’Irlande a insisté sur les détentions
arbitraires, l’intimidation des opposants politiques, la limitation à la liberté d’expression, les
emprisonnements politiques, tout en invitant Cuba à coopérer avec le HCDH.
Le débat sur Cuba a également été caractérisé par l’intervention d’un grand nombre
d’organisations pro-gouvernementales.

C. Résolution

• La situation des droits de l’homme à Cuba (2004/11)

La Commission estime que Cuba devrait s'abstenir d’adopter des mesures susceptibles de
restreindre les droits fondamentaux, la liberté d’expression et le droit à un procès équitable
(para. opératif 1). A cet égard, la Commission déplore en particulier les évènements
survenus l’année dernière à Cuba en rapport avec les verdicts rendus contre certains
dissidents politiques et journalistes. La Commission invite instamment le Gouvernement
cubain à coopérer avec la Représentante personnelle du Haut Commissaire en facilitant
l’accomplissement de son mandat. Elle décide également d’examiner cette question à sa
prochaine session dans le cadre du même point de l’ordre du jour.

Le débat sur cette résolution a, une fois de plus, été très polarisé. Tandis que l’UE, les Etats-Unis
et le Chili adoptaient une position ferme contre les violations des droits de l’homme à Cuba, la
Chine, le Congo, la Fédération de Russie, le Soudan, le Togo et le Zimbabwe ont volé au
secours de Cuba. Ces Etats ont constamment minimisé les violations des droits civiques et
politiques à Cuba. Ils ont loué les efforts du Gouvernement cubain dans le domaine des droits
économiques, sociaux et culturels en dépit du blocus, insisté à nouveau sur la souveraineté de
Cuba et se sont élevés contre l’ingérence étrangère dans sa politique intérieure, avant de prendre
pour cible l’opportunité du point 9. Comme au cours de l’année précédente, le Président a permis
à Cuba d'intervenir, à la fois dans le cadre des observations générales, et en tant que pays
concerné, ce qui a permis à Cuba de prendre la parole pendant 11 minutes en clôture des débats.
Le Honduras, introduisant la résolution, a souligné qu’aucun des co-parrains de ce texte
ne porte atteinte à la souveraineté de Cuba, faisant valoir que la résolution vise plutôt à inciter
Cuba à améliorer ses performances dans le domaine des droits de l’homme, en particulier en ce
qui concerne la démocratie. Si dans leurs déclarations les Etats-Unis, l’UE et le Chili se sont tous
montrés critiques au sujet des performances de Cuba en matière de droits civiques et politiques,
ils ont adopté des positions complètement différentes au sujet des droits économiques, sociaux et
culturels. Sans n’y faire aucune allusion, les Etats-Unis ont félicité le Gouvernement du Honduras
pour sa décision courageuse de proposer la résolution malgré les intimidations incessantes de
Cuba et ont condamné la répression brutale de journalistes et défenseurs des droits de l’homme
en 2003. Prenant la parole au nom de l’UE, l’Irlande s’est dite vivement préoccupée par la
situation des droits de l’homme à Cuba. Elle a salué les évolutions encourageantes dans ce
domaine, notamment en matière de liberté de religion, tout comme les efforts de Cuba et les

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ème
Commission, 60 session – Question de la violation des droits de l'homme et
des libertés fondamentales, où qu'elle se produise dans le monde

résultats que le pays a obtenus dans le domaine des droits économiques, sociaux et culturels en
dépit des sanctions économiques internationales. Néanmoins, l’UE s’est tout de même inquiétée
des questions relatives aux droits civiques et politiques, en nombre bien plus grand que ce qui a
été abordé dans la résolution, notamment de l’existence de détenus politiques, d’exécutions
sommaires et la levée du moratoire sur la peine de mort. Expliquant son vote, la Chine a fait les
éloges du Gouvernement et du peuple cubains pour leur développement économique et social, et
accusé les Etats-Unis d'être les véritables instigateurs de la résolution proposée par le Honduras.
Outre le fait qu’elle ait réitéré son opposition générale au point 9, la Fédération de Russie s’est
dite convaincue que la situation des droits de l’homme à Cuba ne justifie pas une résolution de la
Commission.
Cuba a attaqué pour mieux se défendre, s’en prenant en particulier au Gouvernement du
Honduras qu’il a accusé d’agir sur ordre des Etats-Unis, rien ne justifiant la préoccupation du
Honduras sur la situation des droits de l’homme à Cuba. Plus encore, Cuba a de nouveau récusé
la politique de "deux poids, deux mesures" de la Commission, argument derrière lequel il s’est
retranché afin d’occulter les interpellations sur ses propres violations des droits de l’homme, et
s’est demandé pourquoi ceux qui veulent condamner Cuba n’ont pas dit un seul mot sur les camps
de concentration dans l’enceinte de la base navale de Guantanamo, et pourquoi ne se disent-ils
pas scandalisés devant la brutalité et la violence dont font preuve les forces d’occupation en Iraq?
Là-dessus, Cuba a déclaré avec arrogance qu’il défendrait le droit au respect de la souveraineté et
à l’autodétermination et que "la lutte continue".
La résolution a été en définitive adoptée par 22 Etats contre 21 (l’Afrique du Sud, l’Arabie
saoudite, Bahreïn, le Burkina Faso, la Chine, le Congo, Cuba, l’Egypte, l’Ethiopie, l’Inde,
l’Indonésie, le Nigéria, le Pakistan, le Qatar, la Fédération de Russie, la Sierra Leone, le Soudan,
le Swaziland, le Togo, l’Ukraine et le Zimbabwe) et 10 abstentions (l’Argentine, le Bhoutan, le
Brésil, l’Erythrée, le Gabon, la Mauritanie, le Népal, le Paraguay, Sri Lanka et l’Ouganda).

3.10 Chypre

A. Rapport du Secrétaire général5

Le rapport du Secrétaire général offre un aperçu général de la situation des droits de l’homme à
Chypre jusqu’au 2 avril 2004.
Le Secrétaire général reconnaît que l’île demeure divisée, la zone tampon étant
administrée par la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre (UNFICYP). Il
décrit la persistance de la division comme un sujet d'inquiétude en matière de droits de l’homme à
Chypre, notamment la liberté de circulation, la liberté d’association, les droits de propriété, la
liberté de religion, les droits de la famille, la liberté d’expression, le droit de vote, le droit à
l’éducation, le droit à la santé et les questions de droits de l’homme relatives à la disparition de
personnes. Même si le Secrétaire général note que les autorités chypriotes turques ont
partiellement allégé les restrictions à la liberté de circulation, ces mesures restent limitées. Le
Secrétaire général poursuit en évoquant des questions de droits de l’homme telles que les
allégations selon lesquelles les autorités chypriotes turques continuent d’empêcher les Chypriotes
grecs et les Maronites de léguer leurs biens lorsque leurs héritiers ne résident pas dans le Nord,
des informations faisant état d’attaques contre des journalistes Chypriotes turcs de l’opposition et
l’absence d’infrastructures scolaires au niveau du secondaire pour les Chypriotes grecs ou les
Maronites dans le Nord.
Le Secrétaire général conclut que malgré quelques évolutions positives récentes, la
persistance de la partition de fait de l’île constitue un obstacle majeur au plein exercice des droits
de l’homme par tous les Chypriotes (para. 26) et souligne ainsi l’intérêt que les deux parties ont à
parvenir à un règlement global de la crise.

B. Débat

L’UE s’est félicitée de la reprise des négociations en vue d’un règlement du problème chypriote et
a appuyé sans réserve les efforts du Secrétaire général visant à promouvoir un accord qui

5
E/CN.4/2004/27.

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Commission, 60 session – Question de la violation des droits de l'homme et
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permettrait à l'île unifiée d’accéder à l’UE en mai 2004.


Une fois de plus, la délégation chypriote a précisé qu’il est impossible d’évoquer toutes les
graves violations des droits de l’homme à Chypre. Elle a réaffirmé que Chypre est engagée dans
le processus de paix, mettant en exergue les négociations de Bürgenstock en Suisse. Réagissant
à la déclaration de l’UE, le délégué chypriote a réitéré l’attachement de Chypre à l’intégration
européenne. De son point de vue, Chypre a toujours souligné l’intérêt qu’il y a à parvenir à une
résolution du problème qui soit conforme à l’acquis communautaire à même de garantir un strict
respect des droits de l’homme. Le délégué chypriote a plaidé en faveur de l’entrée de l'île réunifiée
dans l’UE. Dans ce contexte, Chypre considère que les efforts de la Turquie qui tendent à
introduire des dérogations permanentes à l’acquis communautaire sur les questions de droits de
l’homme dans le règlement final sont inacceptables.
Le Pakistan, au nom de l’OCI, a fermement soutenu la juste cause du peuple musulman
turc de Chypre, et s’est dit satisfait des progrès des dernières négociations.
En réponse aux propos du représentant pakistanais, qui s’est exprimé au nom de l’OCI, le
délégué de la Grèce a renouvelé l’engagement sans réserve de son pays en faveur d’un
règlement juste, efficace et durable qui permettrait à Chypre réunifiée de devenir membre de l’UE
en mai 2004. D’après le délégué grec, il ne fait aucun doute qu’un tel accord irait dans le sens du
renforcement des droits de tous les Chypriotes, quelle que soit leur religion.

C. Décision

• La question des droits de l’homme à Chypre (2004/126)

La Commission décide de retirer le sous-thème (a) intitulé "La question des droits de
l’homme à Chypre" de son point de l’ordre du jour relatif à "La question de la violation des
droits de l’homme et des libertés fondamentales où qu’elle se produise dans le monde". La
Commission reconnaît en outre que les mesures imposées par ses résolutions antérieures
sur la question restent valables, notamment l’invitation adressée au Secrétaire général de
communiquer à la Commission un rapport sur l’application de ces résolutions.

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3.11 République populaire démocratique de Corée

A. Note du Secrétariat6

Dans la résolution 2003/10, la Commission a invité le Haut Commissaire aux droits de l’homme à
engager un dialogue approfondi avec les autorités de la République populaire démocratique de
Corée (RPDC). Le rapport qui s’en est suivi fournit des informations précises sur une vaste gamme
de questions soulevées dans la résolution, notamment: les efforts du Haut Commissariat aux droits
de l’homme (HCDH) visant à promouvoir la coopération avec la RPDC, les rapports sur les
violations systématiques, répandues et sérieuses des droits de l’homme dans la RPCD, y compris
l’examen par la Commission des droits économiques, sociaux et culturels, du second rapport
périodique de la RPDC; la liste des mesures demandées au Gouvernement par la Commission; et
la situation humanitaire en RPDC.
Les préoccupations en matière de droits de l’homme en RPDC se rapportent notamment: à
la torture; à l’imposition de la peine de mort pour des raisons politiques; au recours très fréquent
au travail forcé; aux sévères restrictions tous azimuts imposées à la liberté de pensée, de
conscience, de religion, d’opinion et d’expression; aux mauvais traitements et à la discrimination
dont sont victimes les enfants handicapés; et à la violation constante des droits fondamentaux des
femmes. La Commission des droits économiques, sociaux et culturels s’est déclarée préoccupée
de la situation des droits des enfants handicapés, de la persistance en RPDC de comportements
et de pratiques sociales ancrés dans la tradition, en particulier dans la condition des femmes.

B. Débat

L’Australie a exprimé sa profonde préoccupation face à la situation humanitaire en RPDC, tandis


que de l’avis du Canada la situation des droits de l’homme y est dramatique. Les Etats-Unis ont
attiré l’attention sur la répression totalitaire et fait état d’avortements forcés de prisonnières
enceintes et d'infanticides à la naissance, ainsi que de la traite des femmes et des jeunes filles
dans le pays. La Nouvelle Zélande s’est exprimée sur les exécutions illégales, la torture, les
discriminations et violences à l’égard des femmes perpétrées dans le pays.
Dans son temps d’intervention, la RPDC s'est opposée au projet de résolution de l’UE à
son encontre, le qualifiant d’absolument injustifiable et de nature à compromettre la crédibilité de la
Commission. Le délégué de la RPDC a ensuite affirmé que l’insistance de l’UE sur son soutien au
dialogue bilatéral et à la coopération n’est aucunement motivée par la sincérité. Il a également
reproché à l’UE d’être dans l’incapacité de dénoncer les activités des Etats-Unis en Iraq où la
situation, selon la description du délégué de la RPDC, est sanguinaire et constitue autant une
violation flagrante des droits de l’homme qu’un crime contre l’humanité. Il a ensuite accusé les
Etats-Unis d’aggraver la situation dans la péninsule de Corée sous prétexte d’attention sur les
questions nucléaires.

C. Résolution

• La situation des droits de l’homme en République populaire démocratique de Corée


(2004/13)

La Commission se déclare profondément préoccupée devant les nombreuses violations


des droits de l’homme, notamment la torture, les exécutions publiques, les détentions
extrajudiciaires et arbitraires; "les restrictions généralisées et graves de la liberté de
pensée, de conscience, de religion, d’opinion, d’expression, de réunion pacifique…" (para.
opératif 1c); et la traite des femmes. Elle formule par la suite un ensemble de
recommandations à l’intention du Gouvernement de la RPDC, l’invitant en particulier à se
conformer aux procédures de l'ONU en matière de droits de l’homme et à ratifier les traités
auxquels la RPDC n’est pas encore partie. La Commission invite en particulier le
Gouvernement à coopérer avec ses procédures spéciales thématiques, notamment avec
les rapporteurs spéciaux sur le droit à l’alimentation, sur la question de la torture, sur la

6
E/CN.4/2004/31.

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ème
Commission, 60 session – Question de la violation des droits de l'homme et
des libertés fondamentales, où qu'elle se produise dans le monde

liberté de religion ou de croyance et sur les violences faites aux femmes.


La Commission décide également, sous réserve de l’approbation de l’ECOSOC, de
désigner un rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en RPDC afin d’établir
un contact direct avec le Gouvernement et le peuple de la République démocratique de
Corée, notamment en visitant le pays profond, de mener des enquêtes et d’établir un
rapport sur la situation des droits de l’homme en RPDC (para. opératif 14).

Cette résolution, proposée par l’Irlande, au nom de l’UE, a été adoptée par 29 voix contre 8 (la
Chine, Cuba, l’Egypte, l’Indonésie, le Nigéria, la Fédération de Russie, le Soudan et le Zimbabwe)
et 16 abstentions (Bahreïn, le Burkina Faso, le Congo, l’Erythrée, l’Ethiopie, l’Inde, la Mauritanie,
le Népal, le Pakistan, le Qatar, la République de Corée, la Sierra Leone, l’Afrique du Sud, le
Swaziland, le Togo et l’Ouganda).
En introduisant la résolution, l’Irlande, au nom de l’UE, a soutenu que la situation des droits
de l’homme et humanitaire en RPDC mérite un intérêt de tous les instants et a attiré l’attention de
la Commission sur la nécessité d’un rapporteur spécial. L’Irlande a été soutenue par les Etats-
Unis et le Japon. La Chine, en revanche, s’est opposée à la résolution, estimant qu’il faut
encourager la RPDC pour ses efforts et non exercer des pressions à son encontre. En tant que
pays concerné, la RPDC a recouru à des arguments classiques: allégations de politisation et de
partialité de la Commission; ingérence de cette dernière dans les affaires intérieures; accusations
sur les violations des droits de l’homme en Iraq contre les Etats-Unis et sur la xénophobie dans
l’UE. La République de Corée a fait savoir qu’elle s’abstiendrait de voter et a attiré l’attention de
la Commission sur le sommet inter-coréen qui a été le premier pas vers la réconciliation, la paix et
la prospérité.

3.12 République démocratique du Congo

Suite à la démission de M. Roberto Garreton (Chili) en octobre 2001, Mme Iulia-Antoanella


Motoc (Roumanie) a été désignée Rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l’homme en
République démocratique du Congo.

A. Rapport de la Rapporteuse spéciale7

Le rapport de la Rapporteuse spéciale se fonde sur trois missions effectuées en République


démocratique du Congo (RDC) en 2003. Il porte essentiellement sur: l'évolution de la situation
politique; les institutions du Gouvernement de transition et les droits de l’homme; les violations
généralisées des droits de l’homme; l’impunité et la réconciliation; la sécurité des populations; les
réfugiés et les personnes déplacées à l’intérieur des frontières du pays; l’administration de la
justice; et la situation des groupes vulnérables.
Le rapport s’ouvre sur une présentation des évolutions politiques récentes, relevant avec
satisfaction la mise en place du Gouvernement de transition le 4 avril 2003, suite à la fin du
Dialogue inter-congolais à Sun City le 2 avril 2003. Le rapport ajoute par ailleurs que les élections
auront lieu dans deux ans, que des avancées notables ont été réalisées en ce qui concerne le
désarmement et la démobilisation des combattants étrangers, que le Conseil de sécurité a autorisé
en janvier 2004 la création de la première brigade militaire nationale. Il souligne que les premiers
des 200 instructeurs militaires prévus sont arrivés en janvier 2004 pour aider à former la nouvelle
armée congolaise intégrée.
Au cours du débat sur les institutions de transition, la Rapporteuse spéciale relève que
certains textes législatifs indispensables pour la transition et les élections envisagées doivent être
élaborés et adoptés. Elle a déploré le fait que les cinq institutions mandatées pour mener le pays à
des élections générales ne soient pas encore opérationnelles, six mois après le début de la
transition. Elle regrette également le retard accusé dans l’adoption des lois nécessaires à la mise
en place des deux institutions chargées de la promotion des droits de l’homme, de la Commission
vérité et réconciliation et de l’Observatoire national des droits de l'homme.
Le rapport examine ensuite les violations massives des droits de l’homme enregistrées en
RDC en 2003, qualifiées de crimes internationaux dans son rapport adressé à l’Assemblée

7
E/CN.4/2004/34.

Service International pour les Droits de l'Homme 16


ème
Commission, 60 session – Question de la violation des droits de l'homme et
des libertés fondamentales, où qu'elle se produise dans le monde

générale. Elle reconnaît cependant une réduction significative de ces violations massives des
droits de l’homme entre septembre et décembre 2003 suite à l’intervention de la Force
multinationale intérimaire d’urgence et au renforcement du mandat de la Mission de l'Organisation
des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC). Elle souligne toutefois que
pour mettre définitivement un terme à ces crimes internationaux, il convient d’éradiquer
l’exploitation illégale des ressources naturelles. A son avis, cette activité favorise la récurrence du
conflit actuel.
La Rapporteuse spéciale insiste sur l’importance du rôle que joue l’impunité et la
réconciliation dans le maintien de la paix en RDC. A ce titre, elle cite en exemple les signes
encourageants dans le processus de réconciliation des tribus Bahema et Walendu. Elle relève
qu’au plan national, le processus de réconciliation est entravé par les difficultés d’adoption des lois
sur la Commission vérité et réconciliation et par le fait que la société civile a affirmé que les
membres de cette Commission ne sont pas crédibles. Elle a exprimé ses craintes quant à la
lenteur du processus de lutte contre l’impunité. La Rapporteuse souhaite que le code militaire se
conforme aux normes internationales et que les crimes internationaux soient intégrés au code
pénal. Elle reste persuadée qu’il est nécessaire de concevoir un mécanisme judiciaire efficace qui
puisse prendre en compte les crimes commis avant juillet 2002. Elle préconise une meilleure
coordination entre les institutions internationales impliquées dans la question sur l’impunité en
RDC avec l’organisation d’une mission conjointe entre elle-même, le Rapporteur spécial sur les
questions extrajudiciaires, les exécutions sommaires ou arbitraires, et un membre du Groupe de
travail sur les disparitions provoquées ou involontaires. Cette mission constitue pour elle la
première étape de la mise en place d’un mécanisme judiciaire qui se penchera sur les crimes
commis avant juillet 2002.
Selon la Rapporteuse spéciale, l’insécurité est l’un des facteurs qui empêchent le respect
des droits de l’homme en RDC. Elle révèle que les civils continuent d'être victimes d’actes de
violence de la part des militaires et des forces de police, généralement pour des raisons
économiques et dans un contexte de totale impunité, ce qui exige une réforme judiciaire en
matière d’administration de la justice.
La Rapporteuse spéciale fait observer que le nombre de personnes déplacées à l’intérieur
du pays est passé de 700000 en 2003 à 3,4 millions à la date de la rédaction du présent rapport.
Elle souligne que bien que 25000 personnes soient rentrées chez elles en novembre 2003, leurs
habitations et leurs biens ont, dans la plupart des cas, été détruits. Elle déclare que l’aide accordée
par les ONG et les organismes de l'ONU est loin d’être suffisante et n’est pas encore parvenue à
plusieurs régions, et qu’il n’existe aucun programme d’envergure national d’assistance au retour
des personnes déplacées et des réfugiés.
Dans son analyse de la question de l’administration de la justice, la Rapporteuse spéciale
relève que la situation actuelle est loin de remplir les conditions minimales requises par les
Principes de Bangalore sur la déontologie judiciaire. Cependant, elle fait mention de nombreux
points positifs, dont le système judiciaire de l’Ituri, actuellement opérationnel, la prison de Bunia et
les forces de police de l’Ituri qui comptent actuellement 70 éléments formés par la MONUC. Elle
révèle qu’une grève des magistrats a eu lieu entre octobre et décembre 2003 en faveur de
l’indépendance effective du pouvoir judiciaire.
La Rapporteuse spéciale poursuit en citant de nombreux cas de détentions arbitraires et de
justice populaire par des milices. Elle fait également état de conditions carcérales inhumaines, de
cas de torture et d’évasions. Elle insiste particulièrement sur des cas de violences sexuelles à
l’endroit des femmes dans les prisons de Bafwasende. Elle affirme que le Président Kabila a signé
un décret d’amnistie le 15 avril 2003 en faveur de tous les détenus, mais qu’il en reste
énormément en prison. Parmi eux, nombreux sont ceux qui ont été condamnés par la Cour d’ordre
militaire (COM). Elle indique par ailleurs que les procédures en vigueur dans cette Cour violent les
normes internationales et ne remplissent pas les conditions nécessaires pour un procès en bonne
et due forme.
Dans le chapitre portant sur la situation des personnes vulnérables, la Rapporteuse
spéciale attire notamment l’attention sur les enfants, les femmes, les autochtones, les malades du
VIH/sida et les populations démunies.
Elle affirme dans son rapport que les enfants continuent d’être recrutés comme soldats.
Elle mentionne que les enfants soldats sont maltraités et torturés, que la plupart des petites filles
sont victimes de violences sexuelles et que plusieurs enfants soldats sont fréquemment drogués et

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ème
Commission, 60 session – Question de la violation des droits de l'homme et
des libertés fondamentales, où qu'elle se produise dans le monde

battus par leurs supérieurs pour les contraindre à participer à des actes d’une extrême cruauté tels
que le cannibalisme. La Rapporteuse spéciale souligne l’impérieuse nécessité pour le
Gouvernement d’adopter une stratégie de démobilisation de ces enfants soldats.
La Rapporteuse spéciale constate que les femmes continuent d'être tenues à l’écart de la
vie politique et souhaite que soit respecté l’Accord de Pretoria8 qui fixe un taux obligatoire de 30%
de femmes dans les institutions de la transition. Elle dénonce les violences sexuelles généralisées
dont sont victimes les femmes et la réticence des juges à punir ces crimes. Elle déclare également
que ces femmes contractent souvent des maladies et sont rejetées par leurs communautés.
Dans l’analyse qu’elle fait de la situation des populations autochtones, la Rapporteuse
spéciale déclare que celles-ci sont violées, asservies, privées d’éducation, de soins de santé et de
logements. Elle invite le Gouvernement à ratifier Convention concernant les peuples indigènes et
tribaux dans les pays indépendants (Convention C169 de l’Organisation internationale du travail
(OIT)) et à prendre des mesures pour améliorer leurs conditions de vie.
Une autre question abordée par la suite se rapporte à la propagation du sida. La
Rapporteuse spéciale note que 50% des personnes hospitalisées en RDC souffrent du sida et
qu’environ 1,3 million de personnes vivent avec le sida dans le pays. Elle affirme en outre que plus
de 60% de personnes âgées de 15 à 39 ans risquent de contracter le sida avant 2010.
La Rapporteuse spéciale déclare que le conflit a détruit les infrastructures agricoles du
pays. Ainsi, 17 millions de personnes souffrent de malnutrition, des femmes et des enfants en
particulier, et notamment dans la partie orientale du pays. Elle affirme que plusieurs personnes
vivent avec moins de 0,10 dollar par jour, que 85% de la population n’a pas accès à une
alimentation adéquate et que 85% n’a pas accès aux soins de santé.
Elle conclut son rapport par une série de recommandations à l’intention des parties au
conflit en RDC, du Gouvernement de transition de la RDC et de la communauté internationale.
Ainsi, aux parties au conflit, elle recommande: le respect de leurs obligations définies dans la
Constitution de transition; qu’ils appliquent les accords de Bujumbura; l’arrêt du recrutement
d’enfants soldats; la collaboration avec les mécanismes de protection des droits de l’homme; et la
promotion de la sécurité et de la liberté de circulation du personnel de l'ONU et d'accès pour le
personnel humanitaire. Au Gouvernement de transition, la Rapporteuse spéciale recommande: la
mise en application de la Constitution et la création de conditions propices à l’expression de la
démocratie, en particulier l’adoption de lois nécessaires au bon fonctionnement de la transition;
qu’il mette en oeuvre les mesures nécessaires à l’application du décret d’amnistie du 15 avril 2003,
à l’exception des crimes de génocide, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité; la
poursuite des réformes judiciaires; la mise en œuvre de mesures appropriées pour la protection de
l’enfance; et la fermeture des centres illégaux de détention. Elle invite la communauté
internationale à: aider le Gouvernement à mettre en œuvre des stratégies efficaces en vue de
protéger les réfugiés, les personnes déplacées et les autres groupes vulnérables; et à poursuivre
l’analyse de la situation relative à l’exploitation illégale des ressources naturelles afin de mettre en
place un système efficace de redistribution en faveur des personnes défavorisées.

B. Débat

S’adressant à la Commission, Mme Iulia-Antoanella Motoc, Rapporteuse spéciale


(conformément à la résolution A/58/534) a présenté la RDC comme un pays engagé dans un
processus qui, en dépit des progrès remarquables enregistrés en 2003, demeure fragile et
inachevé. De l’avis de Mme Motoc, la RDC doit mettre en œuvre la Constitution de transition,
introduire des réformes judiciaires, combattre la marginalisation de ses populations indigènes et
s’investir entièrement dans la préparation des élections prévues pour juin 2005.
La Rapporteuse spéciale s’est également dite préoccupée par la poursuite des graves
violations des droits de l’homme. Le peuple de la RDC est victime de la brutalité militaire et
policière. On estime à 3,4 millions le nombre de personnes déplacées à l’intérieur des frontières.
Par ailleurs la malnutrition et le VIH font des ravages. Pour Mme Motoc, cette situation est
paradoxale étant donné les immenses richesses naturelles dont regorge la RDC. En conclusion, la

8
Accord de paix entre les gouvernements de la République démocratique du Congo et de la République rwandaise sur
le retrait des troupes rwandaises du territoire de la République démocratique du Congo et le démantèlement des forces
de ex-FAR et des Interahamwe en République démocratique du Congo.

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ème
Commission, 60 session – Question de la violation des droits de l'homme et
des libertés fondamentales, où qu'elle se produise dans le monde

Rapporteuse spéciale a appelé à la cessation des conflits armés entre les parties belligérantes à
l’intérieur du pays, conformément à leurs obligations au titre de la Constitution de transition. Elle a,
en outre, exhorté le Gouvernement de transition à intensifier sa collaboration avec la Force
multinationale intérimaire d’urgence et la MONUC, afin de dédommager toutes les personnes
affectées par le conflit armé, de promouvoir la réconciliation et de combattre l’impunité en vue
d’une paix durable.
D’après le Gouvernement de transition, le tableau dépeint par Mme Motoc de la situation
des droits de l’homme en RDC reflète plus ou moins la réalité et reste dans l’ensemble juste et
équilibré. Tout en reconnaissant que la poursuite du conflit armé, le sort des personnes déplacées
et la propagation du VIH demeurent des sujets particulièrement préoccupants, la RDC a opté pour
une autoévaluation largement positive. Cette évaluation a porté sur l’introduction des droits
publics, des libertés et responsabilités dans la Constitution de transition, elle-même appuyée par la
création de cinq institutions de tutelle nationales. Le déploiement des brigades visant à restaurer
l’autorité de l’Etat dans les territoires non sécurisés, la présence d’une forte population de réfugiés
et l’introduction des mesures de protection spéciales pour les femmes et les enfants sont autant
d’autres indicateurs favorables présentés par la RDC.
La RDC considère que ces avancées sont le résultat de la coopération technique avec le
Conseil de sécurité de l'ONU, et avec l’UE pour ce qui est des réformes judiciaires. Tout en
reconnaissant que ces progrès ont contribué à la construction d’une paix "irréversible", la RDC en
appelle à la poursuite de la coopération internationale et à l’accroissement des subventions
budgétaires pour appuyer et faciliter l’organisation des élections nationales de juin 2005.
Pendant le dialogue interactif, la Suisse a interrogé Mme Motoc sur la forme que devrait
prendre l’administration effective de la justice en RDC. Exprimant ses craintes au sujet de
l’impunité persistante en RDC, la Rapporteuse spéciale a proposé la réalisation d’une mission
conjointe de rapporteurs spéciaux en RDC. Cette proposition avait été soumise pour la première
fois en 1997, mais n’avait alors pas été suivie d’effet. Pour Mme Motoc, une mission conjointe
permettrait une évaluation plus globale de la situation et faciliterait de ce fait la formulation des
recommandations et la mise en œuvre des programmes plus propices à l’administration effective
de la justice pour le peuple de la RDC.
Au cours de la discussion générale sur la situation des pays, plusieurs Etats se sont dits
interpellés par la situation des droits de l’homme en RDC. Le Canada a exhorté le nouveau
Gouvernement à mettre un terme aux violences infligées aux populations civiles. Tout en se
félicitant des mesures courageuses prises de concert avec le Gouvernement du Burundi, la
Norvège a émis des réserves quant à la situation humanitaire. De même, tout en saluant ces
avancées positives, les Etats-Unis ont dénoncé la poursuite des massacres, notamment dans le
district de l’Ituri dans l’est de la RDC et dans les provinces du nord et du sud Kivu ainsi que les
recrutements forcés des enfants soldats.
L’OMCT a mis l’accent sur la gravité de la situation qui prévaut en RDC, en condamnant
tout particulièrement les massacres du Katanga du nord, d’Ankoro, de Malemba et de Nkulu ainsi
que l’utilisation continuelle des enfants soldats.

C. Résolution

Cette année, la résolution sur la situation des droits de l’homme en RDC a été renvoyée au point
19 intitulé "Service consultatif et coopération technique dans le domaine des droits de l’homme".

3.13 Ethiopie et Erythrée

L’Erythrée déplore le non-respect par l’Ethiopie des Accords d’Alger9, un accord de paix bilatéral
signé entre les deux pays. Elle fait valoir que l’Ethiopie "rejette catégoriquement" cet accord. Selon
l’Erythrée, l’occupation d’une partie de son territoire par l’Ethiopie a entraîné le déplacement d’un
grand nombre de personnes à l'intérieur du pays. Ces accusations n’ont donné lieu à aucune
réponse de la part de l’Ethiopie.

9
Accord entre le Gouvernement de l'État d'Erythrée et le Gouvernement de la République fédérale démocratique
d'Éthiopie (12 décembre 2000).

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ème
Commission, 60 session – Question de la violation des droits de l'homme et
des libertés fondamentales, où qu'elle se produise dans le monde

3.14 Guatemala

Cette année, très peu d’échanges ont eu lieu sur la situation des droits de l’homme au Guatemala.
Les Etats-Unis ont favorablement accueilli le projet de mise sur pied d’une commission de l'ONU
chargée d’enquêter sur les groupes clandestins et l’achèvement du processus de démobilisation
de l’"Estado Mayor Presidencial" (EMP), l’Etat major militaire du Président, conformément aux
accords de paix de 1996.

3.15 Haïti

Au nom de l’UE, l’Irlande a appelé l’attention sur la situation humanitaire extrêmement grave qui
prévaut en Haïti, suite au départ du Président Aristide, et a préconisé l’envoi d’une force
multinationale intérimaire sous l'égide de l'ONU. La Norvège s’est également prononcée en faveur
de cette proposition.

3.16 Inde et Pakistan

Cette année, le dialogue a été succinct sur la situation au Cachemire et à Jammu. Au nom de
l’OCI, le Pakistan a invité les deux parties à se montrer déterminées dans leur noble quête de la
paix.
Une fois de plus, les discussions sur le Cachemire et Jammu ont été dominées par les
organisations pro-gouvernementales.

3.17 Indonésie

S'agissant des droits de l’homme en Indonésie, l’Australie s’est réjouie des prochaines élections
parlementaire et présidentielle. Les délégués ont ensuite préconisé l’accession à un régime
d’autonomie spéciale pour Atjeh et la Papouasie avant d’exhorter l’Indonésie à traduire en justice
les personnes qui se sont rendues coupables de violations de droits de l’homme au Timor-Leste.
De même, l’Irlande, au nom de l’UE, s’est félicitée des progrès enregistrés dans le processus de
réforme démocratique. Elle a également encouragé le Gouvernement indonésien à intensifier ses
efforts tendant à protéger les droits de l’homme, notamment à Atjeh et en Papouasie. Les Etats-
Unis ont attiré l’attention sur la situation à Atjeh pour faire remarquer qu’une loi martiale y est
appliquée depuis le 19 mai 2003. Les délégués ont également déploré l’existence de sévères
restrictions qui empêchent l’accès de l’aide humanitaire et des organisations des droits de l’homme
à Atjeh.
Pour sa défense, l’Indonésie a fait valoir son ferme engagement à poursuivre le processus
démocratique et son programme de réformes en ce qui concerne notamment la législation, la
gouvernance, le système judiciaire et la création d’une Cour constitutionnelle.
L’OMCT a mis l’accent sur la situation à Atjeh et sur l’indifférence de la communauté
internationale face aux violations des droits de l’homme qui y sont perpétrées. Elle a invité la
commission à condamner la violation à grande échelle des droits de l’homme et du droit
humanitaire à Atjeh, notamment les arrestations et les détentions arbitraires généralisées, le
recours abusif à la torture et à d’autres formes de mauvais traitements, ainsi que la disparition
forcée et l’exécution extrajudiciaire de nombreux civils parmi lesquels des défenseurs des droits de
l’homme. Franciscans International a déploré la montée de la violence en Papouasie, et
notamment l’opération militaire menée dans la zone de Wamena. Elle a également mis en exergue
la formation d’une milice anti-indépendantiste, le "Red and White Defence Front" (Front de
Défense rouge et blanc), à Timika par Eurico Guterres, responsable de graves violations des droits
de l’homme au Timor-Leste en 1999; la nomination de l’Inspecteur général Timbul Silaen comme
nouveau chef de la Police régionale en Papouasie depuis qu’il a été dénoncé comme ayant
participé aux violations des droits de l’homme au Timor-Leste; et la scission de la province de la
Papouasie en trois provinces distinctes, mettant ainsi un terme à l’application de la loi sur
l’autonomie spéciale et alimentant les conflits horizontaux.

3.18 Iran

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ème
Commission, 60 session – Question de la violation des droits de l'homme et
des libertés fondamentales, où qu'elle se produise dans le monde

Plusieurs pays se sont prononcés sur la situation des droits de l’homme en Iran. Au nom de l’UE,
l’Irlande s’est dite préoccupée par la poursuite des détentions arbitraires, des disparitions après
arrestation, de la torture en prison et des exécutions publiques. Elle a en outre dénoncé les
restrictions en place limitant la liberté des personnes à pratiquer les religions minoritaires et à jouir
de leurs droits et libertés politiques. Si l’Australie s’est félicitée des efforts du Président Khatami
visant à promouvoir l’état de droit, elle s’est néanmoins inquiétée des tentatives de suppression de
la liberté de presse et des violences faites aux femmes. Pour la Nouvelle Zélande, l’administration
de la justice et la liberté d’expression demeurent des sujets de vive préoccupation et la Norvège
s’interroge sur la légitimité des dernières élections démocratiques.
Les Etats-Unis ont mis l’accent sur la situation préoccupante des droits de l’homme en
Iran, arguant que l’exclusion de la plupart des candidats réformateurs de la course aux élections
parlementaires du 20 février par le Conseil des gardiens a clairement montré que les
conservateurs du régime continuent d’exercer une influence injustifiée sur les processus électoral
et législatif, violant ainsi le droit du peuple iranien à exercer sa liberté démocratique. Ils accusent le
régime des Mollahs de museler le débat public sur des questions qui vont de la liberté
d’expression au comportement jugé socialement correct.
La communauté des ONG s’attendait à la présentation d’une résolution sur l’Iran suite à
l’adoption de la résolution canadienne sur "La situation des droits de l’homme dans la République
islamique d’Iran" (A/RES/58/195) à la 58ème session de l’Assemblée générale. Mais leurs espoirs
ont été déçus.

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ème
Commission, 60 session – Question de la violation des droits de l'homme et
des libertés fondamentales, où qu'elle se produise dans le monde

3.19 Iraq

En décembre 1999, M. Andreas Mavrommatis (Chypre) a été nommé Rapporteur spécial sur la
situation des droits de l’homme en Iraq. Dans sa décision 2002/15 telle qu’entérinée par la
décision 2002/249 de l’ECOSOC, la Commission a prorogé le mandat de M. Mavrommatis d’une
année et lui a demandé de présenter un rapport intérimaire à la 57ème session de l’Assemblée
générale, puis d’en rendre compte à la Commission lors de sa 59ème session.
Dans sa résolution 2003/84, la Commission a, une fois de plus, reconduit son mandat pour
une année supplémentaire en lui recommandant de soumettre un rapport intérimaire à la 58ème
session de l’Assemblée générale et un rapport complet à la 60ème session de la Commission. Il a
été, cette fois-là, tenu de présenter un rapport sur les nouvelles informations disponibles sur les
violations des droits de l’homme et du droit international par le Gouvernement iraquien depuis des
années.
A ce jour, les mandataires ont déjà séjourné deux fois dans le pays. Le premier séjour a eu
lieu en 1992. Le second a été effectué par le Rapporteur spécial actuel M. Mavrommatis en 2002.
Malheureusement, la mission prévue pour le 22 au 27 septembre 2003 a dû être annulée suite à
l’attentat à la bombe contre le siège de l'ONU à Bagdad le 19 août 2003.

A. Rapport du Rapporteur spécial10

En raison du report inévitable de la mission prévue en Iraq en septembre 2003, le Rapporteur


spécial a fondé son rapport sur les réunions convoquées hors d’Iraq notamment à Genève, à New
York et dans des pays voisins de l’Iraq. Son rapport met l’accent sur les exécutions sommaires, les
charniers, la campagne d’Anfal et le processus "d’arabisation" y compris sur les droits
patrimoniaux. Il affirme que "les informations recueillies jusqu’à présent révèlent des violations
flagrantes, constantes et systématiques des droits de l’homme de la part du régime de Saddam
Hussein, assorties d’un mécanisme sophistiqué d’étouffement de la vérité à certains niveaux du
Gouvernement, voire de tous" (para. 8). Le Rapporteur spécial espère qu’il pourra enfin, dans un
proche avenir, "donner une description complète des violations des droits de l’homme et du droit
international, y compris la violation des conventions internationales ratifiées par l’Iraq" (para.8).
Le Rapporteur spécial reconnaît les conséquences néfastes de la détérioration de la
situation sécuritaire en Iraq sur la reconstruction du pays à long terme, sur l’allègement des
souffrances du peuple iraquien et sur les efforts d’investigation des violations passées. Si des
avancées notables ont été enregistrées en ce qui concerne la création d’une cour pénale pour
juger l’ancien Président et son Gouvernement, les avis divergent néanmoins dans la communauté
des ONG sur sa composition, son expérience et sa compétence ainsi que sur les sanctions qui
seront prononcées, notamment la peine capitale. En outre, compte tenu des évènements actuels,
la communauté des ONG dénonce les conditions de détention des personnes arrêtées par les
forces d’occupation, notamment au motif de crimes dits de sécurité et d’actes terroristes.
Dans le cadre de l’examen des violations des droits de l’homme et du droit international par
le Gouvernement iraquien pendant des années, le rapport met un accent particulier sur la
campagne Anfal contre les Kurdes (une série d’actions militaires qui ont duré du 23 février au 6
septembre 1988) et son cortège de personnes portées disparues, d’exécutions, de charniers ainsi
que l’usage d’armes chimiques contre les habitants de Halabcha. Ce nettoyage ethnique a eu lieu
sur toute l’étendue du territoire national et a été, de toute évidence, selon le Rapporteur spécial,
"une campagne délibérée et soigneusement exécutée d’arrestation, d’exécution de déplacement
ou d’expulsion des Kurdes" (para. 23) et des ressortissants d’autres nationalités telles que les
Turkmènes, les Assyriens ou les Chaldéens. Leurs biens ont été donnés aux Arabes. Ce
processus aujourd’hui connu sous le nom "d’arabisation" est susceptible de provoquer "une
situation juridique et politique explosive à laquelle on ne pourra trouver des solutions juridiques et
pratiques qu’avec beaucoup de patience et de prudence" (para. 23). Les autres violations des
droits de l’homme documentés par le Rapporteur spécial sont relatifs à la situation des prisonniers
de guerre koweïtiens et aux efforts du Gouvernement koweïtien pour faire face à cette situation
ainsi qu’à l’existence des charniers (à la fin de l’année 2003, on en dénombrait 273) qui
témoignent sans équivoque de "l’énormité des crimes et les violations flagrantes des droits de

10
E/CN.4/2004/36.

Service International pour les Droits de l'Homme 22


ème
Commission, 60 session – Question de la violation des droits de l'homme et
des libertés fondamentales, où qu'elle se produise dans le monde

l’homme commis par le Gouvernement déchu" (para. 42).


En conclusion, le Rapporteur spécial reconnaît qu’il est difficile de recueillir de nouvelles
informations sur les violations des droits de l’homme et du droit international par le Gouvernement
iraquien du fait de la détérioration de la situation sécuritaire dans le pays. Il recommande donc:
que les autorités Iraqiennes accélèrent et rendent systématique le processus d’investigation et
qu’elles portent à la connaissance du Rapporteur spécial des cas patents d’anciennes violations
des droits de l’homme qui lui permettront de tirer les conclusions qui s’imposent; que le
Gouvernement Iraqien mette en place un système de communication rapide et efficace avec le
Rapporteur spécial. Celui-ci souligne en outre que l’enquête sur les violations passées et la
poursuite des auteurs de tels actes sont essentielles au processus de démocratisation. Il insiste
tout particulièrement sur la nécessité de dispositions juridiques, d’institutions et de mécanismes
appropriés qui inspirent la confiance, et caractérisés par une impartialité et une efficacité avérées
et reconnues par tous.

B. Additif 111

L’additif au rapport du Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en Iraq concerne
la période allant du 10 février au 7 mars 2004.
D’après le résumé, les informations qui figurent à l’additif sont essentiellement fondées sur
les discussions de fond organisées par le Rapporteur spécial à Amman du 3 au 6 mars 2004.
Deux catégories de participants ont pris part aux consultations: des témoins oculaires dont certains
sont des survivants des exécutions massives ou des tortures insoutenables; les autres sont de
hauts responsables des ministères iraquiens des droits de l’homme, de l’immigration et de la
justice ainsi que du ministère des Droits de l’homme du Gouvernement régional du Kurdistan.
Les questions abordées portent essentiellement sur l’oppression, la discrimination, la
persécution religieuse et les exécutions massives des ressortissants de la communauté majoritaire
chiite; les expulsions, les exécutions massives des Faili (Chiites Iraquien kurdes) et la confiscation
de leurs biens; les campagnes Anfal et les bombardements chimiques de Halabcha;
l’assèchement des marais et par conséquent les violations de nombreux droits des populations
des marais.
Un registre des groupements a également été mis à la disposition du Rapporteur spécial
qui offre une description générale des violations des droits de l’homme commises par l’ancien
régime au cours de la période 1979-2003 ainsi qu’une documentation importante du ministère des
droits de l’homme du Gouvernement régional du Kurdistan relative aux charniers et qui appelle
l’attention sur la nécessité, pour la communauté internationale, de fournir une aide financière ou en
terme de formation.
Le résumé donne également des indications détaillées sur les questions abordées dans
l’additif, notamment: la question du retour des réfugiés iraquiens au moment où les conditions
locales, à savoir l’insécurité et les problèmes de logement, rendent particulièrement difficile un
retour paisible et une intégration harmonieuse; la loi provisoire sur l’administration de l’Iraq pour la
période de transition qui devrait être adoptée par le Conseil de gouvernement intérimaire iraquien.
Le Rapporteur spécial a émis le vœu que la nouvelle loi obéisse aux normes internationales,
contraignantes en matière des droits de l’homme.
Enfin, le résumé précise certaines recommandations du Rapporteur spécial. Celui-ci
propose, entre autres, l’accélération du processus de l’enquête judiciaire dans les cas de graves
violations des droits de l'homme, la conservation de toutes les fosses communes ainsi que
l’accélération du processus d’identification des restes humains. Il invite les autorités iraquiennes à
veiller à ce que toutes les lois, ainsi que les attitudes de toutes les personnes concernées, soient
conformes aux obligations internationales, notamment au Pacte international relatif aux droits civils
et politiques. Il les engage à ratifier en particulier la Convention contre la torture et autres peines
ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. Le Rapporteur spécial fait valoir que l’amélioration
de la situation sécuritaire en Iraq est nécessaire à l’enracinement du processus de
démocratisation.

C. Débat

11
E/CN.4/2004/36/Add.1.

Service International pour les Droits de l'Homme 23


ème
Commission, 60 session – Question de la violation des droits de l'homme et
des libertés fondamentales, où qu'elle se produise dans le monde

Dans son intervention, le Rapporteur spécial a mis l’accent sur la détérioration de la situation
sécuritaire en Iraq. L’instabilité persistante dans ce pays a empêché M. Mavrommatis de s’y
rendre, indiquant par là même l’importance de cette visite. De son point de vue, le seul moyen de
parvenir à de meilleurs résultats est d’accomplir ce pour quoi il a été mandaté. Selon lui,
l’instabilité persistante freine non seulement la reconstruction, mais entrave également l’enquête
sur les violations des droits de l’homme commises à la fois sous l’ancien régime et sous l’actuel
Gouvernement de transition en Iraq, assuré par l’Autorité provisoire de la coalition. Parmi les
préoccupations, M. Mavrommatis a cité la détention arbitraire des personnes par l’Autorité
provisoire de la coalition et les victimes civiles de ses opérations militaires.
Le Rapporteur spécial a invité la Commission à le soutenir dans l’exécution de son mandat.
Il a également réitéré la nécessité de retrouver la trace des prisonniers de guerre kurdes ou
koweïtiens ainsi que des victimes des nettoyages ethniques disparues bien avant la chute de
l’ancien régime. A cette fin, il faudrait creuser les charniers, avoir recours à la technologie
scientifique pour l’exhumation, l’examen et l’identification des corps; faire appel aux ONG pour
interroger les témoins et les survivants de ces graves violations. Pour M. Mavrommatis, la mise à
jour de ces charniers est une étape nécessaire à la réconciliation nationale. En effet, ce n’est qu’en
élucidant le sort des personnes disparues que l’unité deviendra possible.
Le Rapporteur spécial a également mis l’accent sur l’intolérance religieuse dont est victime
la communauté chiite majoritaire en Iraq; le respect des engagements internationaux souscrits par
l’Iraq dans le cadre des traités des Nations Unies ainsi que la question des élections et des libertés
civiles.
Pour conclure, M. Mavrommatis a souligné l’importance de l’aide internationale pour la
reconstruction de l’Iraq, notamment en matière de formation et de promotion de la démocratie en
lieu et place de la culture de l’oppression. Selon le Rapporteur spécial, le peuple iraquien qui a tant
souffert pour ces valeurs mérite le soutien de la communauté internationale qui le lui doit bien.
Il ressort du dialogue interactif que les Etats ont pris acte de l’appel à l’aide lancé par le
Rapporteur spécial. Le Koweït et le Pakistan, au nom de l’OCI, ont réitéré la nécessité de
retrouver la trace des personnes disparues. Le Canada a mis en garde contre toute "régression"
des droits des femmes. Au nom de l’UE, l’Irlande a demandé combien de consultations M.
Mavrommatis avait tenues avec les autres mandataires pour permettre une idée plus précise de la
situation actuelle en Iraq en général et du peuple iraquien en particulier.
L’Iraq s’est engagé à soutenir les projets de reconstruction des organisations
internationales; à appuyer l’œuvre du Rapporteur spécial et à ratifier les futures résolutions sur
l’évaluation des progrès de la reconstruction en Iraq.
Au cours des débats, le Canada a vivement encouragé le Gouvernement de transition à
faire de la protection des droits de l’homme "un de ses chevaux de bataille". La Norvège a déploré
la situation actuelle des droits de l’homme en Iraq. Prenant la parole au nom de l’OCI, le Pakistan
s’est dit profondément inquiet de "l’insécurité persistante" et en a, par conséquent, appelé à la
recherche d’une solution au problème des personnes disparues du Koweït.
Sur une note plus positive, l’Australie a encouragé l’Autorité provisoire de la coalition en
Iraq, affirmant qu’elle se félicite des progrès réalisés en Iraq en vue de la transition vers un
système de gouvernement démocratique et représentatif. Les Etats-Unis ont fait valoir que la
libération de l’Iraq par les forces de la Coalition il y a un an a mis un terme à des décennies de
violations flagrantes des droits de l’homme perpétrées par le régime brutal et totalitaire de Saddam
Hussein, soulignant qu’il faudra du temps pour que la démocratie s’enracine et pour que s’installe
une culture du respect des droits de l’homme après 36 années de tyrannie brutale. Le chemin sera
long. Mais le peuple iraquien, dans sa vaste majorité, accepte d’en soutenir l’effort. "A la fin nous
triompherons".
HRW note que si la transition actuelle en Iraq laisse espérer un plus grand respect des
droits de l’homme à l’avenir, le peuple iraquien continue d’être victime des abus des groupes
armés, des forces de sécurité iraquiennes et des forces d’occupation militaire du fait notamment
de l’usage excessif et non sélectif de la force par les soldats américains entraînant de graves
préjudices pour les populations civiles. L’ONG a en outre dénoncé les dispositions prises par le
Conseil de gouvernement de l’Iraq visant à poursuivre les personnes responsables des crimes
passés. Elle les considère comme truquées et non conformes aux normes internationales. Elle
invite la Commission à ne pas oublier l’Iraq en ce moment critique, à mettre en place un

Service International pour les Droits de l'Homme 24


ème
Commission, 60 session – Question de la violation des droits de l'homme et
des libertés fondamentales, où qu'elle se produise dans le monde

mécanisme de suivi de la situation dans ce pays et à soumettre des recommandations aux


autorités de transition et aux forces d’occupation. Dans le même ordre d’idée, AI a relevé que la
situation des droits de l’homme en Iraq reste toujours préoccupante. Elle a mis l’accent sur la
nécessité de s’attaquer aux violations précédentes et de poursuivre les responsables
conformément aux normes internationales relatives aux droits de l’homme. Al a également invité la
Commission à poursuivre son observation de la situation des droits de l’homme en Iraq et à se
donner les moyens de soutenir effectivement l’Iraq afin de s’assurer que le respect des droits de
l’homme occupe une place centrale dans le processus de transition en cours.

D. Résolution

Cette année, aucune résolution sur l’Iraq n’a été soumise à la discussion que ce soit au point 9 ou
au point 19.

3.20 Israël

A. Rapport du Secrétaire général sur les détenus libanais en Israël12

La résolution 2003/8 a invité le Secrétaire général à: a) porter la résolution à la connaissance du


Gouvernement israélien et de demander à celui-ci de se conformer à ses dispositions; et b) de
faire rapport à l’Assemblée générale, à sa 58ème session et à la Commission des droits de
l’homme, à sa 60ème session sur les résultats de ses efforts en la matière. Le 12 décembre 2003
aucune suite n’avait encore été donnée par Israël à la note verbale du Secrétaire général datée du
10 juin 2003.
Dans un additif à ce rapport, le Secrétaire général informe la Commission que le 29 février
2004, 23 détenus libanais en Israël ont été libérés.

12
E/CN.4/2004/28.

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ème
Commission, 60 session – Question de la violation des droits de l'homme et
des libertés fondamentales, où qu'elle se produise dans le monde

B. Débat

Plusieurs délégations ont participé au débat sur Israël. De nombreuses observations ont été faites
sur la situation des droits de l’homme dans les territoires arabes occupés. Le Canada a mis
l’accent sur la dégradation de la situation des droits de l’homme dans les territoires occupés de la
Palestine et a déploré la construction du mur en Cisjordanie. L’Australie a exhorté les deux parties
à reprendre les négociations. Au nom de l’OCI, le Pakistan a fait valoir que la marginalisation du
peuple palestinien témoigne de l’échec des mécanismes internationaux de défense des droits de
l’homme.
La Libye comme le Pakistan, au nom de l’OCI, ont attiré l’attention sur la situation des
détenus et disparus libanais arrêtés pendant l’occupation israélienne de certaines parties du Liban.
Pour sa défense, Israël a invoqué les nombreux attentats terroristes perpétrés par le
Hezbollah avec le soutien actif de l’Iran et de la Syrie depuis le retrait d’Israël du Sud-Liban. Le
délégué d’Israël a affirmé que le Liban continue d’abriter, de soutenir et d’encourager des
terroristes, leur permettant même d’implanter leurs infrastructures sur son territoire, au mépris total
de la résolution 1373 du Conseil de sécurité.

C. Résolution

Par décision 2004/105 adoptée sans vote, la Commission renvoie à sa 61ème session l’examen du
projet de résolution L. 9 intitulé "Situation des droits de l’homme des détenus libanais en Israël".
D’autres résolutions concernant les territoires arabes occupés ont été soumises à la discussion et
adoptées au point 8 de l’ordre du jour de la Commission.

3.21 Libéria

Cette année, la situation au Libéria a été examinée sous plusieurs points. Au point 4, la
Commission a examiné le rapport du Haut Commissaire aux droits de l’homme13 sur la situation
des droits de l’homme au Libéria. Au point 19, elle a examiné une note du Secrétariat
communiquant le rapport de l’Expert indépendant sur la situation des droits de l’homme au Libéria,
soumission faite conformément à la procédure 1503, ainsi que le rapport de l’Expert indépendant
présenté à la 60ème session de la Commission et qui fait état des progrès enregistrés depuis
janvier 2003.
Au titre du point 9, le Canada a exhorté le Gouvernement à tout mettre en oeuvre afin que
les criminels de guerre soient jugés. Les Etats-Unis ont relevé la signature d’un accord de
transition, de coopération et de partage du pouvoir entre la société civile, les forces de l’ancien
Gouvernement et les forces rebelles, ainsi que les élections prévues pour octobre 2005.
Malheureusement, a poursuivi le délégué, les soldats du maintien de la paix se rendent coupables
de nombreuses violations des droits de l’homme dans les régions reculées.

3.22 Myanmar

Suite à la démission de M. Rajsoomer Lallah (Maurice) en novembre 2000, M. Paulo Sérgio


Pinheiro (Brésil) a été nommé, en décembre 2000, Rapporteur spécial sur la situation des droits
de l’homme au Myanmar. Son mandat contenu dans la résolution 1992/58 de la Commission a été
prorogé d’une année supplémentaire par la résolution 2003/12 de la Commission.

13
E/CN.4/2004/5.

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ème
Commission, 60 session – Question de la violation des droits de l'homme et
des libertés fondamentales, où qu'elle se produise dans le monde

A. Rapport du rapporteur spécial14

Le rapport du Rapporteur spécial se fonde sur sa cinquième mission d’enquête effectuée au


Myanmar en novembre 2003 et sur les informations qu’il a reçues jusqu’au 17 décembre 2003. Il
fait l’état de la situation des droits de l’homme et autres questions avant de tirer des conclusions et
de faire ses propositions.
Durant son séjour, le Rapporteur spécial a pu rencontrer de nombreux responsables du
Gouvernement ainsi que des hommes politiques, notamment le Premier Ministre, le ministre des
affaires étrangères, le chef du département du renseignement militaire et des représentants de la
commission nationale des droits de l’homme. Le Rapporteur spécial a également rencontré Mme
Daw Aung San Suu Kyi (Secrétaire générale de la Ligue nationale pour la démocratie – LND) et
trois membres du comité exécutif central du LND assignés à résidence. Il a également eu des
entretiens avec l’équipe de pays de l'ONU, les média, la société civile et le Comité international de
la Croix Rouge (CICR).
Parmi les situations relatives aux droits de l’homme relevées par le Rapporteur spécial on
note: les événements du 30 mai 2003 qui selon lui n’auraient pas pu se dérouler sans l’intervention
des agents de l’Etat; la recrudescence des arrestations arbitraires et l’augmentation du nombre
des prisonniers politiques depuis le 30 mai 2003; la disparité des conditions de détention entre les
différents blocs pénitentiaires, notamment en ce qui concerne la qualité de l’alimentation, l’absence
de services de première nécessité, la pratique de l’isolement cellulaire, la détention dans des
locaux loin des quartiers de prisonniers et le manque d’intimité durant les visites familiales; des cas
d’intolérance et de violence à l’égard des religions; des allégations persistantes de sérieuses
violations des droits de l’homme dans les régions où vivent les ethnies minoritaires, notamment
l’Etat Shan; les enfants soldats; et l’enrôlement forcé de civils dans l’armée.
Le Rapporteur spécial exhorte le Gouvernement du Myanmar, entre autres, à: ouvrir une
enquête totale et indépendante sur les incidents de Depayin avec l’aide de la communauté
internationale; relâcher immédiatement et sans condition les personnes détenues ou en résidence
surveillée depuis le 30 mai 2003; restaurer la liberté de mouvement et des activités politiques pour
Mme Daw Aung San Suu Kyi et les autres dirigeants et membres du LND; lever toutes les autres
restrictions sur la liberté d’expression, de mouvement, d’information, de réunion et d’association;
abroger la loi sur la sécurité relative à ces restrictions et ouvrir, voire ouvrir à nouveau, tous les
bureaux des partis politiques à travers le pays.

B. Rapport du Secrétaire général15

Ce rapport du Secrétaire général est présenté conformément à la résolution 58/247 de


l’Assemblée générale. Il est le fruit des bons offices de l’Envoyé spécial du Secrétaire général M.
Razali Ismail dans le processus de réconciliation nationale et de démocratisation au Myanmar. Il
précise le déroulement des activités de l’Envoyé spécial lors de ses deux missions (du 6 au 10 juin
2003 et du 30 septembre au 2 octobre 2003), et de ses efforts de médiation entre le
Gouvernement et le LND. Au cours de ses deux visites, il a rencontré le Premier Ministre, le
général Khin Nyunt, le ministre des affaires étrangères U Win Aung, le vice-ministre des affaires
étrangères U Khin Maung Win et bien d’autres personnalités. Il s’est également entretenu avec
Mme Daw Aung San Suu Kyi.
La dernière partie du rapport est consacrée aux observations du Secrétaire général. Il met
l’accent sur l’importance d’une feuille de route impliquant dès le départ toutes les parties
concernées et appliquée de manière libre, juste et transparente afin de garantir l’efficacité et la
crédibilité du processus. Le Secrétaire général engage le Gouvernement, Mme Daw Aung San
Suu Kyi et les représentants nationaux des ethnies à "mettre de côté leurs différences et s’unir
pour la cause supérieure de la reconstruction nationale et à engager un dialogue de fond sur les
moyens de réaliser la transition démocratique au Myanmar" (para. 13). Pour ce faire, il invite
instamment le Gouvernement du Myanmar à rétablir immédiatement la liberté de mouvement et
des activités politiques pour Mme Daw Aung San Suu Kyi et le LND.

14
E/CN.4/2004/33.
15
E/CN.4/2004/30.

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ème
Commission, 60 session – Question de la violation des droits de l'homme et
des libertés fondamentales, où qu'elle se produise dans le monde

C. Débat

Dans sa présentation, le Rapporteur spécial a encouragé le Myanmar ainsi que tous les Etats
membres de l'ONU à accueillir favorablement les recommandations de changement, notamment
par l’échange d’invitations avec les procédures spéciales de la Commission. Il est évident qu’une
telle initiative ne peut que faciliter les visites des mandataires de l'ONU.
Le rapport du Rapporteur spécial a mis un accent particulier sur les attentats du 30 mai
2003 à Depayin. Un certain nombre de personnes ont été tuées à Depayin et le leader du LND,
Daw Aung San Suu Kyi, ainsi que d’autres membres du comité exécutif central du LND ont, depuis
lors, été assignés à résidence. Le Rapporteur spécial s’est en outre penché sur: les restrictions
des libertés de réunion et d’association, d’expression, de mouvement et d’information, la
répression de l’opposition politique par le régime militaire, et les allégations de violation des droits
de l’homme contre les minorités ethniques de l’Etat Shan. Selon M. Pinheiro, la réussite de la
transition démocratique nécessite des changements réels et tangibles sur le terrain en vue d’un
véritable processus libre, transparent et participatif impliquant toutes les parties, les nationalités
ethniques et les représentants de la société civile.
A l’actif du Myanmar, M. Pinheiro a cité: la coopération de ses autorités avec le Comité
international de la Croix Rouge dans les régions où vivent les minorités ethniques; la collaboration
du Gouvernement avec le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR); la
reprise des pourparlers de paix entre le Gouvernement et l’Union nationale karen, le groupe
d’opposition armé le plus important ainsi que l’engagement croissant du Premier Ministre le
général Khin Nyunt en faveur du changement démocratique.
Le Rapporteur spécial a clôturé son intervention sur une forte recommandation adressée
aux Gouvernements: la Commission doit agir avec diligence pour consolider la crédibilité de ses
procédures spéciales. Il a ajouté: à quoi sert-il de faire des propositions si les Etats membres ne
font pas grand cas de nos rapports ou de nos recommandations?
En réponse, le Gouvernement du Myanmar s’est contenté de donner lecture d’une série de
citations tirées mot pour mot du rapport du Rapporteur spécial. Chacune de ses citations ont repris
les observations positives contenues dans le rapport. En réaction aux observations négatives du
rapport, le Myanmar a minimisé les attentats de Depayin qu’il considère comme un simple
"événement malheureux" qui aurait pu être évité si Mme Daw Aung San Suu Kyi avait agi en toute
bonne foi et coopéré avec les autorités.
En réponse aux préoccupations de M. Pinheiro quant au traitement des minorités ethniques
et religieuses, la réponse du Myanmar a été laconique: il n’existe aucune discrimination de religion,
de race ou de sexe. Sa justification des "incorrections" contenues dans le rapport du Rapporteur
spécial s’est résumée à cette déclaration: même l’homme le plus sage peut avoir des trous de
mémoire.
Dans le dialogue interactif avec le Rapporteur spécial, le Brésil, le Canada et l’Irlande, au
nom de l’UE, se sont félicités du rapport et de la prorogation du mandat du Rapporteur spécial
pour le Myanmar. La Suisse a questionné le Rapporteur spécial sur la mise en œuvre effective de
la feuille de route et en réponse, M. Pinheiro a souligné le rôle important des pays voisins du
Myanmar dans la facilitation de son processus de transition vers la démocratie.
Plusieurs délégations se sont ensuite intéressées à diverses questions relatives aux droits
de l’homme au Myanmar, notamment la situation des détenus politiques. Le Canada s’est déclaré
préoccupé par la détention de membres haut placés du LND. De même, l’Australie a déploré
l’absence de progrès concernant la situation des droits de l’homme et a appelé à la libération
immédiate et inconditionnelle de tous les détenus politiques, y compris Mme Daw Aung San Suu
Kyi. La Nouvelle Zélande a également appelé à la libération des responsables du LND et à la
levée des restrictions sur la liberté d’expression et d’association. Le délégué s'est davantage
montré préoccupé par la pratique persistante du travail forcé, les mauvaises conditions de
détention, la discrimination à l'égard des femmes et des minorités ethniques. Le délégué des
Etats-Unis a fait état de la détérioration de la situation des droits de l'homme et a exprimé sa
préoccupation devant le nombre des membres du LND assassinés ou portés disparus et le
maintien de l'assignation à résidence de son leader.

D. Résolution

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ème
Commission, 60 session – Question de la violation des droits de l'homme et
des libertés fondamentales, où qu'elle se produise dans le monde

• Situation des droits de l'homme au Myanmar (2004/61)

Dans une longue résolution, la Commission se déclare gravement préoccupée par "les
violations systématiques des droits de l'homme - droits civils et politiques aussi bien
qu’économiques, sociaux et culturels - dont continue à souffrir le peuple du Myanmar"
(para. opératif 3a). La résolution met un accent particulier sur les évènements survenus le
30 mai 2003, la détention et l'assignation à résidence de Mme Daw Aung San Suu Kyi, la
persistance des exécutions extrajudiciaires, le viol et autres formes de violence sexuelle,
ainsi que la situation des nombreuses personnes déplacées dans le pays. La Commission
invite le Gouvernement: à s’acquitter de son obligation de rétablir l’indépendance de
l’appareil judiciaire et le respect de la légalité; à agir immédiatement pour mettre
pleinement en œuvre des dispositions législatives, exécutives et administratives concrètes
destinées à faire cesser la pratique du travail forcé par tous les organes du Gouvernement;
à permettre immédiatement l’accès à toutes les régions du Myanmar, en toute sécurité et
sans entraves, à l'ONU et aux organisations humanitaires internationales; à coopérer
pleinement avec l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Myanmar et avec le
Rapporteur spécial en vue de conduire le Myanmar à une transition vers un régime civil; et
mettre en place une commission nationale des droits de l’homme qui soit conforme aux
Principes concernant le statut des institutions nationales pour la promotion et la protection
des droits de l’homme (Principes de Paris). En outre, la Commission "engage vivement" le
Gouvernement du Myanmar: à lever toutes les restrictions imposées à l’activité politique
pacifique de toutes les personnes; à restaurer la démocratie et à respecter les résultats des
élections de 1990, notamment en libérant immédiatement et sans condition les dirigeants
du LND; et à coopérer pleinement et sans délai avec le Rapporteur spécial en vue de
faciliter une enquête internationale indépendante sur les allégations continues de violences
sexuelles et autres sévices commis par des membres des forces armées sur des civils
dans l’État Shan et dans d’autres États. Elle décide également de proroger à nouveau d’un
an le mandat du Rapporteur spécial, et prie le Rapporteur spécial de présenter un rapport
intérimaire à l’Assemblée générale, lors de sa 59ème session, et de faire rapport à la
Commission, à sa 61ème session.

Dans son commentaire liminaire sur la résolution de cette année sur le Myanmar, l'Irlande, au
nom de l'UE, a remercié le Myanmar pour le dialogue constructif sur la résolution. Comme dans
les années précédentes, un certain nombre d'États ont fait des commentaires sur le sujet sans
appeler à un vote sur la résolution. Les Etats-Unis, co-parrains de la résolution, ont réaffirmé leur
"soutien … indéfectible à l'instauration de la démocratie en Birmanie". Ils ont déclaré que le
Gouvernement du Myanmar doit également établir un calendrier devant aboutir à l'instauration de
la démocratie au Myanmar et encouragent la communauté internationale, en particulier les pays
asiatiques à accroître leur engagement avec le Gouvernement du Myanmar sur ces questions. La
République de Corée s'est jointe aux Etats-Unis dans son appel au Gouvernement du Myanmar à
déterminer un calendrier pour la démocratisation du pays. Même si le Japon s'est rallié au
consensus sur l'adoption de la résolution, son représentant a eu des propos plutôt favorables et
conciliants à l'égard du Gouvernement du Myanmar. Pour le Japon, la Commission devrait dûment
reconnaître les progrès significatifs réalisés dans le pays; elle ne doit pas indexer ce
Gouvernement, mais l'encourager à améliorer la situation actuelle. Le Myanmar a rejeté la
résolution qu'elle n'a trouvé ni juste ni équilibrée, mais a déclaré qu'il continuerait à coopérer avec
la Commission et les autres organismes de l'ONU.

3.23 Népal

La situation des droits de l'homme au Népal a également fait l'objet de débats au titre du point 19,
sous lequel une déclaration du Président intitulée "Assistance aux droits de l'homme au Népal" a
été adoptée.
Au titre du Point 9, l'Australie a regretté la décision des Maoïstes, groupe de rebelles, de
se retirer des pourparlers de paix et a lancé un appel pour le redoublement des efforts afin que soit
réalisé "un accord politique durable". Le Canada s'est montré préoccupé par la rébellion en cours,
les cas de torture et les exécutions gratuites. La Norvège a également déploré l'enracinement de

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ème
Commission, 60 session – Question de la violation des droits de l'homme et
des libertés fondamentales, où qu'elle se produise dans le monde

la crise des droits de l'homme et a marqué son soutien résolu à une approche internationale
conduite par l'ONU afin de renforcer les initiatives de réconciliation nationale.
La Commission internationale de Juristes (CIJ) a fait allusion à la détérioration rapide de la
situation des droits de l'homme au Népal, en soulignant que ce pays compte parmi ceux ayant le
plus grand nombre de disparitions forcées dans le monde. La CIJ a davantage attiré l'attention de
la Commission sur les atteintes aux droits de l'homme dont sont victimes les avocats et les
défenseurs des droits de l'homme; la pratique systématique et généralisée de la torture par
l'armée, la police et autres forces de sécurité; et l'impunité presque totale pour des violations
perpétrées par les forces gouvernementales. Elle a noté que la Commission nationale des droits
de l'homme est restée indépendante malgré la forte pression exercée par l'armée mais qu'elle
manque de moyens et d'appui politique. La CIJ a remarqué que le Gouvernement a jusqu'à
présent refusé de donner suite aux appels pour un appui technique significatif de la part du HCDH
afin de permettre à la Commission des droits de l'homme d'assurer l'importante surveillance du
comportement à la fois des forces gouvernementales et des rebelles maoïstes dans diverses
régions du pays. AI a également soulevé la question de la situation des droits de l'homme au
Népal en soulignant les violations des droits de l'homme commises par les deux parties pendant le
conflit armé, telles que les arrestations arbitraires, la disparition de personnes, les exécutions
extrajudiciaires, la torture, le viol, l'enrôlement des enfants et la prise d'otages. Elle a demandé à la
Commission d’établir un mandat pour le suivi de la situation des droits de l'homme et d'appuyer la
mise en place dans le pays d'un observatoire durable des droits de l'homme ayant des moyens
adéquats. L'OMCT a également lancé un appel en direction de la Commission en vue de l'adoption
d'une résolution sur le Népal comprenant des dispositions sur la conduite d'activités de suivi
effectif aux plans national et international, conformément à l'Accord sur les Droits de l'Homme.

3.24 Paraguay

• Décision relative au Paraguay dans le cadre de la procédure 1503 (2004/103)

La Commission a décidé de rendre publique la résolution qu'elle a adoptée et qui est


relative à l'examen de la situation des droits de l'homme au Paraguay dans le cadre de la
procédure 1503, dans laquelle elle a salué la création d'une Commission vérité et justice
chargée d'enquêter sur les violations des droits de l'homme commises depuis mai1954, et
de présenter un rapport sur les résultats de ces investigations. La résolution recommande
également à l’ECOSOC de cesser de considérer comme confidentiels les documents
relatifs au Paraguay examinés par la Commission entre 1978 et 1990 dans le cadre de la
procédure 1503.

3.25 Arabie saoudite

Encore une fois, tout en saluant les multiples évolutions positives en matière de droits de l'homme
en Arabie saoudite, notamment la tenue de la première conférence sur les droits de l'homme à
Riyad, la création de la première association non gouvernementale de défense des droits de
l'homme ainsi que l'amélioration des droits des prévenus, l'UE demeure préoccupée par la
discrimination dont les femmes sont victimes, les mauvais traitements et la torture infligés aux
détenus, le maintien de la peine capitale et la restriction des libertés d'expression, de réunion et de
religion. Dans la foulée de l'UE, le Canada a regretté les cas de torture et de confessions forcées.
Le délégué des Etats-Unis a attiré l'attention de la Commission sur l'absence de liberté de religion
en Arabie saoudite.

3.26 Sri Lanka

Peu d'interventions ont été faites sur la question sri-lankaise. L'Australie a regretté la décision des
Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE) de suspendre les négociations de paix avec le
Gouvernement sri-lankais et a demandé à la fois au Gouvernement et au LTTE de relancer le
processus de paix.

3.27 Soudan

Service International pour les Droits de l'Homme 30


ème
Commission, 60 session – Question de la violation des droits de l'homme et
des libertés fondamentales, où qu'elle se produise dans le monde

Au cours de la 59ème session, la Commission a rejeté la résolution "Situation des droits de l'homme
au Soudan" (L. 35), mettant ainsi un terme au mandat du Rapporteur spécial sur la situation des
droits de l'homme au Soudan.
Les débats portant sur le Soudan au point 9 se sont focalisés sur la situation au Darfour. Le
Canada s'est montré préoccupé par les informations selon lesquelles le Gouvernement
empêcherait les organisations humanitaires d'accéder au Darfour et a encouragé les pourparlers
de paix entre le Gouvernement soudanais et le Mouvement populaire de libération du Soudan
(MLPS). Tout en reconnaissant les progrès remarquables accomplis dans les négociations de paix
internes, les Etats-Unis s'inquiètent de l’"aggravation de la crise" dans le Darfour qui a mis jusqu'à
un million de vies en péril. La Norvège s'est également montrée préoccupée par la situation
humanitaire au Darfour.
L'OMCT a mis l'accent sur la grave situation des droits de l'homme au Soudan et en
particulier au Darfour. Il invite la Commission à adopter une résolution sur le Soudan condamnant
la généralisation actuelle des violations des droits de l'homme et qui renouvelle le mandat du
Rapporteur spécial.

Déclaration du Secrétaire général

Le 7 avril 2004, dans une déclaration faite à la Commission et dans un contexte où l'ONU n'a
pas pu prendre de mesures décisives au sujet du génocide rwandais de 1994, le Secrétaire
général a partagé la profonde inquiétude que lui inspire l'étendue des cas signalés de violations
des droits de l'homme et de la crise humanitaire au Darfour. Il a affirmé que quels que soient les
termes utilisés pour décrire la situation, la communauté internationale ne restera pas les bras
croisés. A l'invitation du Gouvernement soudanais, M. Annan a proposé l’envoi d’une équipe de
haut niveau au Darfour afin de mieux comprendre l'étendue et la nature de cette crise, et
d'accéder plus aisément aux populations qui ont besoin d'aide et de protection.

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ème
Commission, 60 session – Question de la violation des droits de l'homme et
des libertés fondamentales, où qu'elle se produise dans le monde

Résolution

Au départ, cette résolution a été présentée par l'UE qui l'a ensuite retirée après qu'un projet de
décision sur le Soudan eu été adopté au point 3. Toutefois, les Etats-Unis se sont montrés
extrêmement déçus par l'absence de fermeté du projet de décision et ont par conséquent souhaité
que les débats sur L. 36 se poursuivent dans le cadre du point 9.

• Situation des droits de l'homme au Soudan (L.36)

Tout en saluant les pourparlers de paix en cours, le projet de résolution tient à exprimer sa
préoccupation devant "la situation dans le domaine des droits de l'homme et la situation
humanitaire au Soudan et la situation inquiétante au Darfour tout en soulignant la nécessité
pressante de protéger les populations civiles des effets de ce conflit armé". Le projet de
texte a mis l'accent en particulier sur la situation au Darfour, en soulignant les inquiétudes
particulières en matière de droits de l'homme telles que: les attaques systématiques sur
des civils; le ciblage des villages et des centres qui hébergent des personnes déplacées et
des civils par les milices janjaouid; l’absence de protection adéquate et d'assistance aux
civils par le Gouvernement soudanais; le recours généralisé au viol et aux autres formes de
violence sexuelle. Il a exhorté toutes les parties à déclarer un cessez-le-feu immédiat au
Darfour afin de permettre l’accès de l’aide humanitaire aux personnes déplacées. Il a
notamment demandé de manière spécifique au Gouvernement, de mettre immédiatement
un terme à toutes les attaques contre des civils; à fournir l'appui nécessaire à tous les
organismes internationaux et à toutes les organisations humanitaires; et de prendre des
mesures visant à empêcher les arrestations et détentions arbitraires et la torture.
Le projet de texte comportait également un appel à la communauté internationale
pour une présence du HCDH à Khartoum afin d'y intégrer "un rôle de surveillance visant à
faire mieux respecter les droits de l'homme et le droit humanitaire et à contribuer à la mise
en place d’un dispositif national de promotion et de protection des droits de l'homme".
(para. opératif 7b). Il a également permis la nomination pour une année d'un rapporteur
spécial sur la situation des droits de l'homme au Soudan. Le rapporteur spécial devait
présenter son rapport devant la 59ème session de l'Assemblée générale et la 61ème session
de la Commission.

En exprimant leur mécontentement face à l'adoption de la décision au point 3 au lieu du L.36, les
Etats-Unis ont accusé la Commission de n'avoir pas fait face à ses responsabilités. Ils ont
demandé la tenue d'une session spéciale de la Commission au retour de la mission dépêchée au
Soudan par le Haut Commissaire par intérim.
Les autres États n'ont pas partagé le point de vue des Etats-Unis sur le L.36. Le Congo, au
nom du Groupe africain, et l'Egypte ont été d'avis que la question a été suffisamment traitée et
que toute autre discussion serait une perte de temps. Cuba a rappelé la règle 65 des règles de
procédures de l’ECOSOC, qui stipule que si deux ou plusieurs propositions, autres que des
amendements, ont trait au même sujet, elles sont soumises au vote dans l'ordre dans lequel elles
ont été présentées, sauf si la Commission en décide autrement. Elle peut, au terme d'un vote sur
proposition, décider si la prochaine question doit faire l'objet d'un vote ou pas. Néanmoins, le
Président a interprété la règle de façon à permettre la poursuite des débats sur le L.36. Par
conséquent, le Congo, au nom du Groupe africain a invoqué la règle 49 du règlement intérieur de
l'ECOSOC et a demandé une suspension momentanée des travaux. Avant que cette motion
d'ajournement ne soit votée, les Etats-Unis ont réitéré leur position et ont reçu l'appui du
Honduras.
La motion d'ajournement a alors été adoptée par 27 Etats contre 7 (l’Australie, le Costa
Rica, les Etats-Unis, le Guatemala, le Honduras, le Paraguay et le Pérou) et 19 abstentions
(l’Allemagne, l’Argentine, l’Arménie, l’Autriche, le Brésil, le Chili, la République populaire
démocratique de Corée, la Croatie, la République Dominicaine, la France, la Hongrie, l’Irlande,
l’Italie, le Japon, le Mexique, les Pays-bas, la Suède, l’Ukraine et le Royaume Uni). L'analyse de
ce vote met en lumière deux approches totalement opposées: d'un côté, le pragmatisme, en tenant
compte de l'adoption de la décision négociée au titre du point 3 (les pays de l'UE et quelques Etats
du Groupe des États d'Amérique latine et des Caraïbes (GRULAC)); et de l'autre, l'opposition

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ème
Commission, 60 session – Question de la violation des droits de l'homme et
des libertés fondamentales, où qu'elle se produise dans le monde

générale au point 9.
Pour l'Allemagne, ce jour a été le "plus difficile" des six semaines écoulées. Selon elle,
l'absence de fermeté du projet de décision adopté au point 3 a été compensée par la nécessité de
créer un mécanisme régulier de la Commission ayant un accès immédiat au terrain et l'appui du
Groupe régional et de la Commission. Le Royaume Uni s'est associé à la déclaration de
l'Allemagne tout en maintenant qu'il n'a pas besoin qu'on lui rappelle la gravité de la situation. Son
représentant a en outre demandé au Président de nommer le plus rapidement possible un expert
indépendant tel que requis par la décision au titre du point 3. La France a partagé les inquiétudes
de la Commission et a demandé au Haut Commissaire et aux autorités soudanaises de coopérer
et de tout mettre en œuvre pour la pleine application de la décision du point 3.
L'Egypte a une fois de plus accusé les Etats-Unis de politiser le travail de la Commission.
L'Egypte, tout comme le fera le Nigéria plus tard, s'est fermement opposée au point 9 et a
souligné la nécessité d'établir des critères qui empêchent la confrontation. La Sierra Leone s'est
déclarée "attristée" par la division au sein de la Commission sur ce sujet. Elle a minimisé le rôle de
la Commission en affirmant fermeté de ton ou pas, la décision du point 3 n'est pas importante car,
comme elle l'a répété, la Commission "n'est pas le Conseil de sécurité". Selon elle, cette décision
est "suffisamment bonne pour cette Commission" qui n'est qu'un organe subsidiaire de l'ECOSOC.

3.28 Syrie

S'agissant de la situation des droits de l'homme en Syrie, l'UE a noté avec une vive inquiétude la
détention continue de centaines de prisonniers de conscience; le jugement de civils par des
tribunaux militaires et le sort des prisonniers libanais en Syrie. Dans le même ordre d'idées, les
Etats-Unis ont soulevé le problème de la restriction des libertés d'expression et de la presse, les
graves violations des droits de l'homme par les forces de sécurité et les obstacles à la formation
de toute opposition politique sérieuse dressés par le Gouvernement. Le Canada s'est montré
préoccupé par les atteintes présumées aux droits de l'homme des détenus.

3.29 Turkménistan

A. Note du Secrétariat16

La présente note du Secrétariat vise à informer la Commission de faits nouveaux survenus en


rapport avec l'application de la résolution 2003/11 lorsqu'ils concernent le HCDH. Tout
particulièrement, elle détaille les communications avec le Gouvernement au sujet de
l'établissement d'un dialogue constructif avec le HCDH; la coopération du Gouvernement avec les
procédures spéciales de la Commission; et ses rapports aux organismes conventionnels
compétents ainsi que l’assurance de la pleine mise en œuvre de leurs recommandations.

B. Débat

L'année dernière, la résolution sur le Turkménistan (2003/11) adoptée au point 9 a attiré l'attention
des rapporteurs spéciaux sur l'indépendance des juges et des avocats, sur la question de la
torture, sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires et arbitraires, sur le droit à la liberté
d'opinion et d'expression et sur la liberté de religion ou de conviction. Elle a également exhorté le
Groupe de travail sur la détention arbitraire ainsi que le Représentant spécial sur les défenseurs
des droits de l'homme à obtenir des invitations du Gouvernement à visiter le pays. Cependant,
pour une raison ou une autre, ceci n'a pas été fait.
Au cours des débats de cette année, le Canada a fait état de la situation déplorable des
droits de l'homme au Turkménistan, en soulignant l’interdiction des ONG, la restriction de la liberté
d'expression et la détention des opposants politiques. Les Etats-Unis ont également fait allusion à
la répression sévère par le Gouvernement des opposants politiques et aux rumeurs persistantes
de violations de droits de l'homme, de restrictions des libertés d'expression, de religion,
d'association et de réunion.

16
E/CN.4/2004/118.

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ème
Commission, 60 session – Question de la violation des droits de l'homme et
des libertés fondamentales, où qu'elle se produise dans le monde

C. Résolution

• Situation des droits de l'homme au Turkménistan (2004/12)

La Commission déclare constater avec une vive préoccupation un certain nombre de


questions relatives aux droits de l’homme au Turkménistan, notamment l’utilisation abusive
du système juridique par le biais de la détention, de l’emprisonnement et de la surveillance
arbitraires, la persistance d’une politique gouvernementale fondée sur la répression de
toutes les activités d’opposition politique; les restrictions à la liberté d’information et
d’expression, de pensée, de conscience, de religion et de conviction; la discrimination que
pratique le Gouvernement turkmène à l’égard des minorités ethniques russe, ouzbèke et
autres dans les domaines de l’enseignement et de l’emploi; la piètre situation régnant dans
les prisons au Turkménistan; et que le Gouvernement turkmène n’a toujours pas répondu
aux critiques formulées, dans son rapport, par le Rapporteur de l’Organisation pour la
sécurité et la coopération en Europe (OSCE) dans le cadre du Mécanisme de Moscou.
Plusieurs recommandations sont faites au Gouvernement du Turkménistan,
notamment: d’autoriser immédiatement l’accès d’organismes indépendants compétents,
notamment le CICR, ainsi que d’avocats et de proches aux personnes détenues; de mettre
fin aux déplacements forcés et à garantir la liberté de circulation dans le pays; de
s’acquitter de son obligation de faire en sorte que les responsables de violations des droits
de l’homme soient traduits en justice et de lever les nouvelles restrictions aux activités des
associations publiques. La Commission réitère sa demande aux nombreuses procédures
spéciales notamment au Rapporteur spécial sur l’indépendance des juges et des avocats,
au Rapporteur spécial sur la question de la torture, à la Rapporteuse spéciale sur les
exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, ainsi qu’au Groupe de travail sur la
détention arbitraire, d’envisager de se rendre au Turkménistan dans le cadre de leur
programme de visites pour 2004-2005.

Cette résolution, introduite par l'Irlande, au nom de l'UE a été adoptée par 25 Etats contre 11
(l’Arabie saoudite, Bahreïn, la Chine, Cuba, L’Egypte, l’Indonésie, le Pakistan, le Qatar, le Soudan,
l’Ukraine et le Zimbabwe) et 17 abstentions (l’Afrique du Sud, l’Arménie, le Bhoutan, le Burkina
Faso, le Congo, l’Erythrée, l’Ethiopie, le Gabon, l’Inde, la Mauritanie, le Népal, le Nigéria, la
Fédération de Russie, la Sierra Leone, le Swaziland, le Togo et l’Ouganda).
Seul pays à prendre la parole lors du débat général, la Chine a énergiquement défendu et
félicité le Gouvernement turkmène. Le Turkménistan, principal concerné, était absent. Au nom de
l'OCI, le Pakistan a sollicité un vote parce qu'il s'est rendu compte que certaines idées débattues
n'étaient pas ressorties dans la résolution.

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ème
Commission, 60 session – Question de la violation des droits de l'homme et
des libertés fondamentales, où qu'elle se produise dans le monde

3.30 Ouganda

La Norvège a jugé la situation des droits de l'homme en Ouganda "toujours aussi préoccupante".
Au nom de l'UE, l'Irlande a condamné tout particulièrement le recrutement d’enfants dans les
conflits armés comme c'est en l’occurrence le cas au nord de l'Ouganda.

3.31 Etats-Unis

La CIJ a déploré la détention arbitraire de plus de 600 personnes dans la baie de Guantanamo à
Cuba affirmant que, non contents de refuser que les détenus puissent être défendus par des
avocats et traduits devant des tribunaux, les Etats-Unis persistent à dire qu'aucun régime
humanitaire ou de droits de l'homme ne s'applique à leur situation, réfutant par là même leur
existence de personnes devant la loi.
Plus tard pendant les travaux de la Commission et au point 17, Cuba a introduit une
résolution intitulée "Question des détentions arbitraires dans l’enceinte de la base navale des
Etats-Unis à Guantanamo" (L.88, Rev. 2). Ce projet de résolution demande à "l’Etat ayant une
autorité juridique effective sur les camps de détention situés dans la base navale des Etats-Unis à
Guantanamo" (para. opératif 1) de: fournir au HCDH toutes les informations pertinentes
susceptibles d'apporter des clarifications sur les conditions de vie et le statut légal des personnes
actuellement détenues dans ces camps et les mesures prises en vue du respect de leurs droits
fondamentaux et d'enquêter sur les violations présumées des droits de l’homme des détenus. La
Commission demande au Rapporteur spécial sur la question de la torture, au Rapporteur spécial
sur l'indépendance des juges et des avocats et au Groupe de travail sur la détention arbitraire
"d’évaluer la situation décrite dans le présent projet de résolution et de rapporter au Haut
Commissaire pour les droits de l’homme les conclusions de leur enquête" (para. opératif 4). Il en
appelle également au Haut Commissaire pour "présenter un rapport sur la mise en œuvre de la
résolution à la 61ème session de la Commission des droits de l’homme" (para. opératif 4).
Le projet de résolution a été retiré par Cuba le dernier jour des travaux de la Commission.

3.32 Ouzbékistan

Les Etats-Unis ont attiré l'attention de la Commission sur l'existence de la torture dans les prisons
ainsi que du harcèlement et des arrestations constantes des opposants politiques et des
représentants des média. La Norvège a noté avec inquiétude le traitement des prisonniers.
Dans le cadre de sa procédure confidentielle 1530, la Commission a décidé d’observer de
près la situation des droits de l'homme en Ouzbékistan et de nommer un expert indépendant
chargé de rendre compte devant la Commission de l'évolution de la situation.

3.33 Viet Nam

Les Etats-Unis ont noté l'intolérance du Gouvernement pour toute opposition politique ainsi que
les restrictions à la liberté de religion.

3.34 Zimbabwe

Plusieurs Etats ont exprimé leurs préoccupations face à la situation des droits de l'homme au
Zimbabwe, en particulier au sujet des droits civils et politiques. Les Etats-Unis ont accusé le
Gouvernement d'avoir orchestré une campagne concertée d'intimidation, de violence et de
répression tout en présentant dans le détail les méthodes de torture utilisées contre les opposants
politiques et les défenseurs des droits de l'homme. Dans la même lancée, la Norvège a fait état de
la limitation de la liberté de presse et de la violence contre l'opposition politique. La Nouvelle-
Zélande a souligné les restrictions à la liberté d'expression et de réunion, l'érosion de l'état de droit
et l'effritement de l'indépendance du système judiciaire et des média.
L'Australie a "condamné avec la dernière énergie" l'utilisation "routinière" des forces de
sécurité gouvernementales et des milices de jeunes pour intimider et agresser physiquement les
membres de l'opposition. Elle s'est déclarée préoccupée par l'existence signalée des "camps
d'entraînement" de jeunes où des techniques violentes sont enseignées, et a demandé au

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ème
Commission, 60 session – Question de la violation des droits de l'homme et
des libertés fondamentales, où qu'elle se produise dans le monde

Gouvernement d'abroger les lois anti-démocratiques et allant contre la liberté d'expression. Le


Canada a relevé le non-respect de la liberté d'expression et de la bonne gouvernance par le
Gouvernement et a une fois de plus noté avec préoccupation la politisation de la distribution de
l'aide alimentaire.
La CIJ a attiré l'attention de la Commission sur la situation préoccupante des droits de
l'homme au Zimbabwe en soulignant entre autres: la fréquence des bastonnades et de la torture
pratiquée par la police; la jeunesse et la brigade de jeunesse du ZANU-PF (Zimbabwe African
National Union Patriotic Front) opposées aux personnes faisant partie de ou ayant des affinités
avec l’opposition politique; les graves atteintes aux droits de l'homme et le viol des enfants dans
les camps d'entraînement des jeunes; l'ambiguïté du Public Order and Security Act de 2002 et
l'utilisation de l'aide alimentaire comme arme politique. Elle a encouragé vivement la Commission
à permettre que la résolution sur le Zimbabwe soit examinée sur le fond.

Résolution

Comme l'année précédente, la "non-action" a été adoptée sur la résolution introduite par l'Irlande
au nom de l’UE.

• Situation des droits de l'homme au Zimbabwe (L.33)

Ce projet de résolution a exprimé sa grave inquiétude face aux "violations persistantes des
droits de l'homme au Zimbabwe" (para. opératif 1) en faisant une allusion particulière à la
violence politiquement motivée en cours et au Gouvernement pour n'avoir pas permis à la
société civile zimbabwéenne de fonctionner sans risque de brutalités ou d'intimidations. Il
invite le Gouvernement entre autres à: mettre un terme au climat d'impunité ambiant;
permettre l'indépendance du pouvoir judiciaire; assurer et garantir le respect total de la
liberté d'expression et d'opinion; coopérer entièrement avec les mécanismes spéciaux de la
Commission; créer des conditions pour une complète démocratisation du pays; s'assurer
que l'aide alimentaire fournie par le truchement du Gouvernement est distribuée de façon
équitable, transparente et selon les besoins; et s'assurer de la sûreté, de la sécurité et de
la liberté de mouvement du personnel de l'ONU et assimilé ainsi que l'accès sans entrave
du personnel humanitaire aux populations. Le projet de résolution a également été un
appel afin que toutes les procédures spéciales examinent les violations présumées des
droits de l'homme au Zimbabwe et d'en faire rapport à la Commission lors de sa 61ème
session.

La motion de non-action a immédiatement été introduite par le Congo, au nom du Groupe africain,
qui a préféré une solution nationale ou régionale à une " confrontation déplorable" devant la
Commission. Cuba, la Chine et le Nigéria se sont immédiatement alignés derrière le Congo. Cuba
a une fois de plus établi un parallèle entre les droits de l'homme et la politique. Il a saisi cette
opportunité pour accuser les anciennes puissances colonisatrices, notamment le Royaume Uni
d'introduire une résolution en lien uniquement avec le foncier et non les droits de l'homme. Le
Nigéria a soutenu que la Commission doit établir des passerelles, éviter l'ostracisme et l'isolement
d'un pays, et qu’il faut plutôt trouver une solution équilibrée au niveau africain. Cette démarche a
reçu une farouche opposition de la part de l'UE qui a estimé que la motion de non-action érode la
crédibilité de la Commission. Les Etats-Unis ont fermement dénoncé le régime zimbabwéen de
Mugabe et se sont opposés à la motion de non-action. Le Zimbabwe, pays concerné, a soutenu
que les motions de non-action sont permises selon les règles de l'ECOSOC et a ainsi fortement
soutenu cette initiative.
Dans ce contexte, le Brésil a exprimé "sa profonde inquiétude" face à "la politisation et à la
sélectivité croissante" et présumée des résolutions relatives à des pays particuliers. Au lieu de
"l'approche sélective au cas par cas", la Commission devrait plutôt envisager des alternatives au
point 9. Le Brésil a immédiatement proposé comme autre option la rédaction d'un rapport mondial
par l'ONU qui permettrait de retrouver l'esprit de départ de la Commission.
La motion de non-action a été adoptée par 27 voix (l’Afrique du Sud, l’Arabie saoudite,
Bahreïn, le Bhoutan, le Burkina-Faso, la Chine, le Congo, Cuba, l’Égypte, l’Érythrée, l’Éthiopie, le
Gabon, l’Inde, l’Indonésie, la Mauritanie, le Népal, le Nigéria, le Pakistan, le Qatar, la Fédération

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ème
Commission, 60 session – Question de la violation des droits de l'homme et
des libertés fondamentales, où qu'elle se produise dans le monde

de Russie, la Sierra Leone, Sri Lanka, le Soudan, le Swaziland, le Togo, l’Ouganda et Zimbabwe)
contre 24 et 2 abstentions (le Brésil et le Mexique).

4. Rapport du Secrétaire général sur la coopération avec les organes de défense des droits
de l'homme de l'Organisation des Nations Unies17

Suite à la résolution 2003/9, le Secrétaire général a présenté un rapport compilant et analysant


des représailles présumées contre tous ceux qui ont voulu coopérer avec l'ONU et les
représentants de ces organes de défense des droits de l'homme. Comme dans les années
précédentes, les cas signalés de représailles vont des brimades, du licenciement abusif, des
menaces, des détentions arbitraires aux mauvais traitements ou à la torture en prison.
Les cas présentés dans le rapport concernent le Brésil, le Cameroun, la Chine, l'Iran, Sri
Lanka, la Tunisie, la Turquie et l'Ouzbékistan.

• Coopération avec les Représentants des organes de défense des droits de l'homme
de l'ONU (2004/15).

La Commission réitère sa préoccupation au sujet de la persistance des actes d'intimidation


et de représailles contre des individus ou des groupes cherchant à coopérer avec l'ONU et
les représentants de ses organes de défense des droits de l'homme ainsi que de la gravité
croissante des cas signalés.
La Commission demande instamment aux Gouvernements de s'abstenir de tout acte
d'intimidation ou de représailles envers ceux qui ont coopéré avec les procédures de l'ONU
dans le domaine des droits de l'homme et contre les membres de famille des victimes
d'atteintes aux droits de l'homme. Elle prie tous les représentants des organes de défense
des droits de l'homme de l'ONU de continuer à prendre des mesures afin de contribuer à
empêcher que de tels actes d’intimidation ou de représailles ne se produisent et de faire
état, dans leurs rapports respectifs à la Commission, à la Sous-Commission et à
l’Assemblée générale, des allégations concernant des actes d’intimidation ou de
représailles et des actes visant à entraver le recours aux procédures mises en place par
l’ONU dans le domaine des droits de l’homme. Elle invite le Secrétaire général à lui
présenter, à sa 61ème session, un rapport contenant une compilation et une analyse de tous
les renseignements disponibles, émanant de toutes sources appropriées, sur les
représailles dont auraient été victimes les personnes qui ont coopéré ou qui cherchent à
coopérer avec les procédures mises en place par l’ONU dans le domaine des droits de
l’homme.

17
E/CNs.4/2004/29.

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