Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
3.1 INTRODUCTION
L'étude de l'oscillateur simple à 1 degré de liberté ne se restreint pas à l'étude d'un système
masse-ressort-amortisseur tel qu'il a été décrit au chapitre 2. On a déjà rencontré un exemple
d'assemblage complexe de corps rigides dont les conditions aux limites étaient telles que les
mouvements possibles de l'assemblage pouvaient être décrits par l'amplitude du déplacement
en un point du système (chapitre 2.3.4). On a montré que moyennant l'introduction de
grandeurs généralisées (masse m*, raideur k*, amortisseur c* et chargement p*), l'équation
différentielle régissant l'équilibre dynamique du système se ramenait à celle de l'oscillateur à
1 degré de liberté. Ce concept peut être généralisé à l'étude de systèmes possédant une
flexibilité distribuée sur l'ensemble de la structure, comme par exemple une poutre en
flexion. En toute théorie, la poutre possède un nombre infini de degrés de liberté (voir
chapitre 1), cependant en admettant que la déformée de la poutre ne peut prendre qu'une
forme unique, il est possible de ramener l'étude de cette structure à celle d'un oscillateur à 1
degré de liberté.
La poutre console de la figure 3.1 est caractérisée par une rigidité en flexion EI(x) variable
sur sa hauteur, et une masse représentée par une variation m( x ) de la masse linéique.
47
Z(t)
L u(x, t)
x m(x)
EI(x)
Soit p(x,t) la distribution des efforts extérieurs appliqués le long de la poutre; pour toute
vitesse virtuelle, û, la puissance des efforts extérieurs est donnée par :
L
(3.2) Pe (uˆ ) = ∫ 0
p(x, t) uˆ dx
Les efforts intérieurs sont représentés par le moment de flexion M(x,t) dans toute section de
la poutre; la puissance des efforts intérieurs associée à la vitesse de rotation ℜ̂ est donnée
par :
L L ∂ 2 u dℜ
ˆ
(3.3) Pi (ℜ
ˆ)=−
∫ 0
M(x, t) dℜ
ˆ =−
∫ 0
EI(x )
∂x dx
2
dx
L
(3.4) A (uˆ ) = ∫ 0
(x, t) uˆ dx
m(x) u
48
Reportant les expressions (3.5) et (3.6) dans les relations (3.2) à (3.4) :
L
(3.7a) Pe (uˆ ) = ∫ 0
p(x, t) ψ (x ) Zˆ dx = p∗ Zˆ
L
conduit à l'équation :
k*
(3.11) ω=
m*
Application :
Considérons la poutre de la figure 3.1 avec des propriétés constantes sur la hauteur
(3.12) EI( x ) = EI , m( x ) = m
Les conditions aux limites sont telles que la poutre est encastrée à sa base. Ces conditions
s'expriment par :
49
A ce stade, il est possible de choisir toute fonction ψ(x) vérifiant ces conditions aux limites.
En choisissant par exemple :
πx
(3.14) ψ (x ) = 1 − cos( )
2L
on vérifiera aisément en utilisant les définitions de p*, k*, m* données par les relations (3.7)
que l'équation d'équilibre s'écrit :
( t) + π EI Z( t) = 0.363 L p ζ( t)
4
(3.15) 0.227 m L Z
32 L3
π4
avec λ= 4 = 1.91
32 ⋅ 0.228
Il convient de réaliser que la valeur de la pulsation propre calculée par (3.16) dépend
totalement de la forme de la déformée ψ(x). Si un autre choix, respectant les conditions aux
limites, était fait, une valeur différente serait obtenue. Par exemple en choisissant pour ψ(x)
la déformée statique sous une charge unité appliquée au sommet :
3 x 2 1 x3
(3.17) ψ(x) = −
2 L2 2 L3
λ = 1.89
La fréquence propre obtenue avec cette déformée est plus faible. En réalité, la valeur exacte
de λ est (chapitre 7) :
λ = 1.875
50
Ce résultat pour la pulsation propre peut être obtenu de façon équivalente par des
considérations énergétiques. Elle est connue sous le nom de méthode de Rayleigh.
Démonstration :
d ∂T ∂T ∂V d ∂T ∂T ∂V
− + =0 soit encore q i − q i + q i = 0
dt ∂q i ∂q i ∂q i dt ∂q i ∂q i ∂q i
1
Tenant compte de V = V ( q i ) , T = T ( q i , q i ) = m ij ( q k ) q iq j
2
dV ∂V dT ∂T ∂T ∂T
= q i , = q i + q i = m ijq jq i + q i
dt ∂q i dt ∂q i
∂q i ∂q i
En reportant ces expressions dans les équations de Lagrange et en tenant compte de la relation
d ⎛ ∂T ⎞ d dT
q i ⎜ ⎟ = q i ( m ij ( q k ) q j ) = 2 − m ij ( q k ) q jq i
dt ⎝ ∂q i ⎠ dt dt
dT dV d ( T + V ) )
il vient + = = 0 soit T + V = cst
dt dt dt
Lorsque l'énergie potentielle est maximale, l'énergie cinétique est nulle. De même, lorsque
l'énergie cinétique est maximale, l'énergie potentielle est nulle. La conservation de l'énergie
totale implique donc :
Démonstration :
1 2 1
V= kx , T= m x 2 , V + T = cste
2 2
∂T ∂V
=− = 0 ⇒ (k x) x = 0 ⇒ k x = 0 ⇒ V = 0
∂t ∂t
51
(3.19) u(x, t) = ψ (x ) Z0 sin(ωt)
qui est l'analogue de (3.1) pour une vibration harmonique. La vitesse vaut alors :
2
1 L ⎡ ∂ 2u ⎤
(3.21a) V=
2 ∫ 0
EI(x ) ⎢ 2 ⎥ dx
⎣ ∂x ⎦
1 L
(3.21b) T=
2 ∫ 0
m( x ) (u ) 2 dx
1 L
Vmax = Z02 EI( x ) [ψ "( x )] dx
∫
2
2 0
(3.22)
1 L
∫
Tmax = Z02 ω2 m( x ) [ ψ( x )] dx
2
2 0
∫ EI(x) [ψ "(x)] dx
2
(3.23) ω2 = 0
L
∫ m(x) [ψ(x)] dx
2
Comme on l'a indiqué précédemment, la déformée ψ(x) peut être arbitraire pour autant
qu'elle respecte les conditions aux limites du système. A chaque choix de ψ(x) correspond
une valeur de la pulsation propre ω. Toutefois, toute déformée qui ne correspond pas au
mode de vibration exact du système conduit à une valeur de ω supérieure à la valeur exacte.
52
En conséquence, la meilleure approximation pour ψ(x) est celle qui donne la valeur
minimale de ω.
Les considérations suivantes peuvent guider dans le choix de la déformée ψ(x). Dans un
système en vibration libre, les forces appliquées résultent des forces d'inertie (Principe de
d'Alembert, cf. chap. 1) qui sont proportionnelles à la distribution de masse et à la déformée;
en conséquence, la déformée correcte ψc(x) est celle qui résulte d'un chargement
proportionnel à m( x ) ψ c ( x ) . Bien évidemment, cette proposition ne permet pas la
détermination de ψc(x) mais on peut en déduire que la déformée calculée avec un
chargement p( x ) = m( x ) ψ( x ) , où ψ(x) représente une déformée raisonnable, fournira une
excellente approximation de la solution.
Il est possible de simplifier plus avant la procédure en retenant comme déformée celle
résultant d'un champ d'accélération uniforme g, c'est-à-dire un chargement p( x ) = m( x ) g
(ψ(x)=g). Posant u(x ) = u(L)ψ (x ) la déformée correspondant à ce chargement avec
ψ (L) = 1 , la pulsation propre peut alors être évaluée à partir de l'énergie potentielle Vmax,
égale au travail produit par la force p(x) :
1 L 1 L
(3.24) Vmax =
2 ∫ 0
p( x ) u( x ) dx =
2
g u ( L) ∫ 0
m( x ) ψ( x ) dx
L L
(3.25) ω2 =
g ∫0
m( x ) ψ( x ) dx
=g
∫0
m( x ) u( x ) dx
L L
u(L) m( x ) [ ψ(x )] dx m( x ) [ u(x ) ] dx
∫ ∫
2 2
0 0
L'équation (3.25) est communément utilisée pour le calcul de la fréquence propre de tout
système; elle ne nécessite que le calcul de la déformée u ( x ) sous un champ d'accélération
uniforme.
Lorsque la répartition de masse est non uniforme, le calcul de u ( x ) peut être fastidieux.
Gardant à l'esprit que l'intérêt majeur de la méthode de Rayleigh est d'obtenir rapidement et
aisément une bonne approximation de la fréquence propre du système, la complication
introduite dans le calcul de u ( x ) n'est pas justifiée. On calculera u ( x ) en supposant la
répartition de masse uniforme et en utilisant l'équation (3.25). De façon générale, tout
raffinement dans le choix de ψ(x) est généralement injustifié pour l'application de la
méthode de Rayleigh.
53
Application :
p L4 ⎡ 1 ⎛ x ⎞4 4 x 1 ⎤
u(x) = ⎢ ⎜1 − ⎟ + − ⎥ = u ( L) ψ ( x )
8EI ⎣⎢ 3 ⎝ L ⎠ 3 L 3 ⎦⎥
L L
⎛λ⎞
2
EI
ω=⎜ ⎟
⎝L⎠ m
8 ⋅ 0.3634
avec λ= 4 = 1.89
0.2268
La valeur de λ obtenue par cette approche est très voisine de la valeur exacte 1.875.
L'avantage de la méthode est d'éviter les spéculations sur le choix de ψ(x), qui de plus par
construction, satisfait aux conditions aux limites.
54