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Rt:vue INTERN~TioN~LE DES ÉTuoE5 ByzaN1iNE5


PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DE

H. GRÉGOIRE
AVEC LA COLLABORATION DE

N. BXNEscu, A. E. R. BoAK, t Mrs. G.BucKLER, P. CHARANIS, CH.DELVOYE,


t R. GoossENS, A. GRABAR, n. GUILLAND, o. HALECKI, t E. HONIGMANN,
M. LASCARIS, P. LEMERLE, R. LOPEZ, M. MATHIEU, G. MORAVCSIK, P. ÛRGELS,
G. ÛSTROGORSKY, A. SOLOVIEV' p. v AN DEN v EN' t A.A. v ASILIEV' G. VERNADSKY.

lMPHIMEfUE

DE MEESTER TOME XXIV (1954)


WETTEREN
(BELGIQUE)

BRUXELLES
FONDATION BYZANTINE ET NÉO-GRECQUE
PETITE RUE DU MUSÉE, 10

1955
THOIS DATES HISTOHlQUES
PHÉCISÉES GRACE AU SYNAXAIRE

Tous les byzantinistes connaissent évidemment l'existence


du synaxaire de l'Église de Constantinople et l'édition monu-
mentale qui en a été procurée par leP. H. Delehaye en 1902 (1).
Mais comme il s'agit d'un livre liturgique, composé de brèves
notices des saints commémorés chaque jour de l'année dans
l'office divin, on se figure trop souvent qu'il ne peut intéresser
que les hagiographes de profession. Ce qui serait assez vrai,
en somme, s'il ne contenait que des résumés de légendes
connues par ailleurs. Mais on y rencontre fort heureusement
beaucoup d'autres choses: 1° des abrégés de Vies ou de Pas-
sions perdues (2) ; 2° l'indication des sanctuaires de la capi-
tale où la fête de certains saints était célébrée (3) ; 3° la date
de la dédicace de nombreuses églises ou chapelles (4), avec

(1) Le Synaxarium Ecclesiae Constantinapolitanae, in-folio de Lxxx


et 1180 colonnes, fait partie de la collection bollandienne des Acta
Sanctorum; il en constitue le propylée de Novembre. Épuisée de-
puis quelque temps, l'édition du synaxaire vient d'être reproduite
par un procédé photomécanique. L'ouvrage est ainsi revenu sur
le marché (Bruxelles, Société des Bollandistes, 1954 ; prix : 600 francs
belges ou 12 dollars).
(2) Feu Albert EHRHARD en a fait le relevé, mois par mois, à la
fin du tome Jer de son Ueberlieferung und Bestand der hagiographischen
Lileratur der griechischen Kirche (1937), pp. 456-461 (septembre),
471-477 (octobre), et ainsi de suite.
(3) Voir la préface du P. DELEHAYE, Synax., col. LXIII. Ces in-
nombrables mentions de martyria, de chapelles et de couvents, fré-
quemment accompagnées de précisions topographiques qu'on cher-
cherait en vain ailleurs, sont citées presque à chaque page par le
P. R. JANIN dans son récent répertoire des Églises et monastères de
Constantinople (Paris, 1953).
(4) Cf. DELEHAYE, Synax., col. LXIII-LXIV.
THOIS DATES PHÉCISÉES GHACE AU SYNAXAIHE 9
8 F, IIALION

parfois un histm·ilpw leur fondation, restauration, etc. (1) ; Stimulé par de tels exemples, nous avons repéré coup sur
enfin 4o des nouveaux sur des personnages eoup dans le synaxaire trois personnages historiques du Ixe
proches de l'époque où le synaxaire sièele bvzantin qu'on n'avait pas songé à y aller chercher.
fln du IX 8 siècle ou premiers lustres Leur in;cription au calendrier de Constantinople va nous per-
mettre de fixer la date exacte de leur mort. Nous présente-
prtk\mtX renseignements qui avaient échappé rons les trois cas dans l'ordre chronologique; remarquons
"'ux meilleurs historiens tant slaves et grecs qu'occi- tout de suite que le premier n'a pas le même caractère d'évi-
!0 professeur H. Grégoire a eu le mérite de découvrir, dence que les deux autres.
juin ('*), la curieuse notice d'un parent de l'impératri-
'I'Modora et de son fils Michel III, << saint >> Serge le Nicé- I. Le magislre Manuel est mort le 27 juillet 838.
nutgistre et amiral, mort en Crète pendant l'expédition
tnalheurcuse de 843 (5). Protostrator sous Michel Jer (811-813), stratège des Armé-
C'e.st aussi le directeur de Byzantion qui a révélé aux Bul- niaques sous Léon V (1 ), magistre et domestique des s~holes
gares l'importante notice du 22 janvier (6 ) où est raconté, sous Théophile (2), Manuel fut blessé à la bataille de DaZimon,
après la prise d'Andrinople par Croumos en 813, le massacre le 22 juillet 838. D'après la chronique de Syméon logothète,
de plusieurs évêques et de centaines de chrétiens, ainsi que il mourut bientôt après et son corps, rapporté à Constanti-
la succession des khans Doukoumos, Ditzeugos et Mourtagon, nople, fut enterré dans le monastère qu'il avait fondé près
c'est-à-dire Toukos, Dicevg et Omourtag (7). de la citerne d'As par (3).
Il est vrai que d'autres chroniqueurs prolongent de vingt
années la vie de Manuel : oncle de l'impératrice Théodora,
(1) Lire, par exemple, au 31 août (DELEHAYE, Synax., col. 935- il l'aurait assistée, en qualité de co-régent avec Théoctiste,
940), le récit assez développé concernant Notre-Dame du Néorion.
durant la minorité de Michel III. Sauvé de la mort par la
Le professeur H. Grégoire y a relevé une mention inconnue des
troubles graves causés, sous Nicéphore Phocas, par les soldats armé- prière de moines studites moyennant la promesse de res-
niens dans le quartier du port. Il compte en faire état dans un pro- taurer le culte des images, il aurait été, en 843, le promoteur du
chain article et dans sa contribution à la Cambridge 1v!ediaeval His tory. retour à l'orthodoxie (4 ). Plus tard, il aurait mené une exis-
Voir aussi, dans le présent volume de Byzanlion, son mémoire sur tenet~ !1!isez retirée, d'où il ne serait guère sorti que pour
l'attaque de Constantinople par les Hongrois en 934, commémorée
accornpugner le jeune empereur à une seconde bataille de
dans le synaxaire au 5 juin.
(2) Telle l'éclipse du 8 août 891 (Synax., col. 878, n° 7).
(3) Cf. DELEHAYE, Synax., col. LIII-Lvr. E. v. DoBSCHüTz croyait 773 (le texte du synaxaire est reproduit et traduit p. 764-765).
pouvoir préciser que la rédaction avait eu lieu sous Léon le Sage Cf. Anal. Boll., t. 70 (1952), p. 131 ; OsTROGORSKY, op. c., p. 163.
entre 901 et 907 (Gotting. gelehrle Anzeigen, 1905, p. 568; cf. Byz. (1) THEOPHANES CONTINUATUS, éd. J. BEKKER (Bonn, 1838), p. 24.
Zeitschr., 1909, p. 104). (2) SYMEON LOGOTHETA (Georgius mon. contin.), ibid., p. 798.
(4) Synax., col. 777-778. (3) Ibid., p. 803 ; cf. p. ()36-637 (SvMEON MAGISTER). Sur la défaite de
(5) H. GRÉGOIRE, 'Etudes sur le neuvième siècle, I. Un grand homme Théophile par les Arabes, voir VASILIEV, Byzance el les Arabes, t. c.,
inconnu: le magisfrc cl logothète Serge lt! Nicétiate, dans Byzantion, p. 154-159, avec références aux sources et aux tra;a~Ix mod~rne~.
t. 8 (1933), p. 515-534; m., dans A ..A. VASILIEV, Byzance et les (4) Sur la restauration de l'iconodulie, on ne peut negliger le temoi-
Arabes, éd. franç., t. I (Bruxelles, 1985), p. 194-195. Cf. G. OsTRO- gnage des hagiographes contemporains. Voir les 12 textes énumé-
GORSKY, Gcschicl!te des byzant. Staates, 2<l éd. (Munich, 1952), p. 177, rés par Mlle G. LOUILLET dans VASILIEV, t. c., p. 433 ; ajouter la
avec la note 3. Vie de Michel le Syncelle (BHG. 1296), p. 248-250, et la Vie d'An-
(6) DELEHAYE, Synax., col. 414-416. toine le Jeune, dont nous avons publié naguère les chapitres con-
(7) H. GRÉGOIRE, Les sourees épi{fraphiques de l'histoire bulgare, servés dans un manuscrit d'Athènes (Anal. Boil., t. 62, 1944, p.
II. L'inscription de Htunbarly, dans Byzanlion, t. 9 (1934), p. 756- 210-223).
10 F. HALKIN
TROIS DATES PRÉCISÉES GRACE AU SYNAXAIRE 11

nndmon et le faire échapper de justesse à l'encerclement par La date - cinq jours après celle de sa blessure - convient
los troupes arabes, tout juste comme il avait sauvé son père exactement à notre Manuel. L'allusion poétique à la victoire
Théophile en 838 (1).
qu'il remporta sur ses passions << avant de mourir>> s'appli-
Cette étonnante survie de Manuel a été fort ingénieusement querait aussi fort bien, si l'on admet que, se conformant à
expliquée par Je professeur H. Grégoire: il s'agirait d'unesorte l'habitude, il prit in extremis l'habit monastique. Enfin,
de Jégmnle hagiographique, créée plll' les moines du couvent Je dernier mot du << distique >> pourrait rappeler le rôle quasi
de Mnn uel (2) pour faire oublier que Je ur fondateur s'était impérial qu'il aurait joué après la mort de Théophile (1).
dévoué jusqu'à la fin au service du dernier des empereurs Il est tout naturel que le monastère ait conservé le souvenir
iconoclastes (3).
du fondateur : les typica prescrivent habituellement de célé-
II restait à trouver, si possihle, une confirmation de la brer, en l'anniversaire de sa mort, un office des défunts
mort du magistre peu nprt\s ln hntaille de Dazimon et une (vexewatf-lOÇ àuoÂovOta) pour l'âme du x-rhwe (2). Ces obits se
preuve des efforts tenb's pour lui assurer l'auréole des saints. perpétuaient indéfiniment, tant que durait la fondation.
Le synaxaire nous pnrntt fournir l'une et l'autre. On y lit, On peut supposer que la faveur de Romain Lécapène et
en effet, au 27 juillet: :
la restauration du couvent sous son règne - àveuaîvwe uat
<0 8au:u; il' sle~vr; uÂewfJ-rat (4). -cr)v !Jovijv rofJ MavovfjÂoç, écrit le continuateur de Théo-
Cette armonec, trop laconique, hélas ! est commentée dans phnne (3) - stimulèrent le zèle des moines pour la gloire
les deux vers suivants : posthume du héros éponyme de leur maison. La légende de
Manud et son inscription au synaxaire pourraient dater de
}.oytŒf-Up Mavovij}, neîaaç na(Jrl
cette époque.
naOwv !mife~e nelv eaveîv afrroxea-rû.>(! (5).

(1) THEOPHANES CONTIN., pp. 148-150, 168, 636-637; GENESIUS, éd. II. - Le patrice Théoctisie, régent de l'empire,
C. L'\cHMANN (1834), p. 92-93. La seconde bataille de Dazimon a été assassiné par Bardas le 20 novembre 85l).
n'est qu'un doublet de la première, comme l'avaient déjà soupçonné
F. HIRSCH, Byzantinische Studien (1876), p. 157, et dès 1812, F. c. L,'mu:mque Théoctiste assura, en 820, l'avènement de la
ScHLOSSER, Geschichte der bilderslürmenden Kaiser, p. 582, en note.
(2) On trouvera une notice sur la Movi) rov Mavom)À dans l'ou-
amorienne. Nommé patrice et chef de la chancellerie
vrage déjà cité du P. R. JANIN, Les églises et les monastères de Con- sous Mielle! II, il se vit confier en outre par Théophile les
stantinople (Paris, 1953), p. 331-333. .Mais on se gardera de suivre lumt:es fo:tu:tlons de logothète du drome (4). Après la mort
l'~uteur quand il identifie le moine Serge, père spirituel de Romain
Lecapène (919-944), avec son homonyme, l'higoumène du couvent
de .Manuel, qui fut patriarche de 1001 à 1019. p. 428. Nous traduirions: <<Ayant soumis ses passions à la raison,
(3) Un singulier revenant: Manuel le Magistre dans ses rôles Manuel réussit, avant de trépasser, à s'en assurer l'empire''· Voir
posthumes, clans Byzantion, t. 8 (193S), p. 520-524; Manuel el Théo- i'<'!Hmdant la Note additionnelle, ci-dessous, p. 17.
phobe, ou la concurrmce de deux monastères, ibid., t. 9 (1934), pp. (1) On remarquera toutefois que, si elle fut réellement tentée
183-185 et 202-204; m., dans VAsu.mv, t. e., p. 413-415. Cf. F. DvoR- (comme nous l'avons déduit de la notice du synaxaire), la << cano-
NiK, dans Dumbarton Oaks Papers, t. 7 (1053), p. 70. nisation >> de .M annel ne réussit pas à faire changer le nom de son
(4) DELEHAYE, Synax., col. 851, 1. 57. Un seul des manuscrits monastère. On continua de l'appeler t-tovi) rov MavoVJjÂ, et non rov
analysés par le P. Delehaye mentionne cc saint Manuel: le Coislin 1lnlov ZvfavoVJ)Â.
223, copié en 1:300-1301 (sigle Mc). !Yhtis nous l'avons rencontré (2) Voir, par exemple, le passage du typicon de l'E_veeyértç cité
dans trois autres témoins : le synaxaire de Chifflct conservé à Troyes par DELEHAYE, Synax., col. Lxxv. Cf. Pl. DE .MEESTER, Les typiques
celui de ChristChurch, à Oxford, et le ms. Gr.lit. cl. 6 de la Bodléienne: dt• fondation, dans Studi bizantini e neoellenici, t. VI (1940), p. 489-508.
voir Mélanges H. Grégoire, t. II (1050), p. :325. ' un Éd. cit., p. 433, § 50.
(5) Cf. c. DüUKAKis, Méyaç avvaeaewn}ç, Juillet (Athènes, 1893), (4) Sur les débuts de la carrière de Théoctiste, comme sur toute
mors DATES PHÉCISÉES GHACE AU SYNAXAIHE 13
12 f?, HALKIN
JI nttctm doute. Aucune hésitation non plus sur le quantièm~
il prit une part prépondérante dans le d 11 mois : il csl le même dans tous les témoins. Reste a
dt~ l'orthodoxie et gouverna l'empire avec
fix tT l'atud~c. . br,
uu nom du jeune Michel III, jusqu'au jour où 1,a r.hronographie abrégée du manuscr~t .de Madn~, pu 1ee
!tl Bardas, le fit assassiner (1). par Adolphe 13auer, donne au règne conJomt de T~eo~ora et
1l<• ee rneurtrc, dont les conséquences allaient être dt· so11 fils une durée de 14 ans, 1 mois et 22 jours ( ). Comme
r1-1t difficile à établir. En essayant de concilier les l'avt•nemenl de Michel III eut lieu le 21 janvier 842, s_a pro-
plus ou moins vagues et contradictoires des sources, clamu t ion comme seul empereur se placerait donc .le ,1~ m~rs
Bury était parvenu à cette conclusion que la fin tra- l'lfJt\ (~). Mais cette décision du sénat ne peu,t a~01r ete, pn~e
Uhtue de Théoctiste devait se situer dans les premiers mois itnml·dînlcmcnl après la mort violente de Theoctiste. a~res ?
de 856 (2). k logothl.·le, on essaya d'abord et p~r. to~s l~s moyens cl ~pals~~
Or voici que le synaxaire (qu'on avait négligé de consulter) l'impt'•ralriee; puis, comme elle res1st~It a c~s te~ta~IVes re
nous apporte une date précise: c'est au 20 novembre qu'il il èn'-(•s de réconciliation, on s' évert~a a la fmre flech~r en ;a
commémore 1' a()?.rwtr;, le glorieux combat du saint martyr privant de Ia compagnie et du ~outlen de ses ~uatre fi~les ( ).
Théoctiste, eunuque et patrice sous le règne de l'impératrice Tout cdn dut prendre un certam temps, plus1eurs m01.s sans
Théodora (3). L'identification du personnage ne laisse place llmüe. 11 est donc bien légitime de déduire de la notlcr;e- du
que Théoctiste fut tué dès le 20 n?vembre. 8:::>::>.
4
notamment les ignatiens et les momes stud1tes ( ),
son histoire, on se reportera avec profit à l'ample monographie de
J. MALYSEVSKIJ, Le logothète Théoctiste (en russe), publiée dans les
peut-être pas à le considérer comme u~ m~rtyr.
Trudy de l'Académie ecclésiastique de Kiev, 1887, t. I, p. 265-297. Mnil'l aussi longtemps que Bardas restait au pouvOir, Ilts.tne
· t ' ·ct·me ce 1 re
M. Grégoire a eu l'obligeance de nous traduire les passages princi- pouvnicnt pas décerner pubhquemen a s~ ,v~ . 1 ,
cipaux de ce long mémoire, où ont été mis en œuvre tous les rensei- ulotieux en l'insérant dans les fastes de l Egh:se. Ce n .est
0

gnewenls fournis par les sources éditées avant 1887. Sur Théoctiste,
on consultera aussi les Byzantinische Studien de F. HmscH (Leipzig, uppuremment qu ' apres · 1a d'1span't1'on du césar et. de son lm-
1876), passim. p<~rial complice, c'est-à-dire sous le règne de Basile et durant
(1) GENESIUS, éd. cit., pp. 23-24, 71, 77, 83, 86-90; THEOPHANES
CONTIN., pp. 122, 148, 168-171 ; SYMEON MAGISTER, pp. 654, 657- syntomos (Leipzig, 1900), p. 68.
(1)
658; SYMEON LOGOTHETA, pp. 814-816, 821-822. - L'importance du est. adoptée Btnw, op. c., p. 469, et par
rôle joué par Théoctiste a été soulignée par F. DvoRNiK, Les légendes .rUlt t. 1 (Munich, 1924), ~: 54.
de Constantin el de Méthode vues de Byzance (Prague, 1933), pp. 34- . h* dt~ 15 !>\fUI et 8 mois fourni par la Vil~ lgnatu est
45, 88-92.- Cf. H. GRÉGOIRE, dans VAsiLIEV, t. c., p. 194, note 1 , l ·t<·lm1 "Ol ~<40 A) il doit comprendre auss1 les quelque
1:\0I'li:\\J.1 .•. ,,,," ·• "'· ' • d'en
(sur la partialité du Continuateur contre Théoctiste); OsTROGORSKY, H mols que l'hnpèratl'ice déchue passa encore au pala1s avant
1
op. c., p. 178. Nre expulsée.
(2) .A Ilistory of the Eastern Roman Empire... A.D. 802-867 (3) SYMEON LOGOTHETA, p. 822-823. .
(Londrüs, 1012), pp. 157-150, 469-471. (4) D'après Man. GEDEON, Bv~avnvàv éoe;:oÀôywv (Constant:nople,
(:3) Dm.tmAn:, Syrwx., col. 2·14, n° 9 : 1SüH), p. 221, le calendrier studite aurait comporté deux ,fete.s le
na;:qtutov, (Uaet liç; ~nl N~tul•·hill<•' novembre: celle de Grégoire le Décapolite et celle de Theoctiste.
20
S syna:1u1ire de Sirnumd, et Paris 1594). Parisinus 1582 L'auteur ne cite malheureusen~ent p.as s~s so~rce:· Il~ ~robablem:n~
(M) ajoute JtdqTv(lot; avant le notn du patrice. l.üs mimées de Venise élé victime de la confusion qu'il avait faite lm-mem~, zbzd.,. P·, 1~4, ~.
remplacent dOÂrJatr; J>Elr ,.wr/p.rJ. !)am le de Nicodème tre Manuel et Théoctiste, en prétendant que ce dermer ~v.aü ete guen
l'haglorite et dans le de C. Doulcalds, Théoctiste par la prière des moines studites. E~ tout ~as, le Pan~mus gr. 382,
est appelé confesseur (ôpoAoyfJT{jr;;) et célébré par ces deux vers ïam- du xe siècle, où se trouve un calendner stud~te ~uthentl~ue, n~ men~
biques: lionne, au 20 novembre (fol. 215), ni Gregorre le Decapollte, lll
'0 na;:qluwç :n:a;:éewv aTIÎ(!ywv vôp.ovç; Théoctiste.
vvv (JtiVTÙa:<Tat TOÏÇ xoqoîç TIXIV :rt:aTIÎ(!COV.
THOIS DATES PRÉCISf~ES GRACE AU SYNAXAIRE
F. HALKL'-.:
Phot ins, h· professeur F. Dvornik, a cu raison d'évoquer ici
le second patriarcat d'Ignace (867-877) ou de Photius (877- ln mort du prince Constantin:<< L'empereur et la cour étaient
886), qu'on osa marquer dans un livre liturgique (1) la fète Pli deuil, (·criL-il, et sur ce point les prescriptions du céré-
de saint Théoctiste à l'anniversaire de son assassinat. Htollilll byzantin semblent avoir été observées à la lettre ...
l.'uuvalt~re de la septième (lisez: sixième) session ne coïn-
III. Constantin, fils de Basile Jer, cida apparemment pas avec la fin du deuil officiel. On ne
est mort le 3 septembre 879. :mil pus exactement quel jour le fils de Basile. est mort; tout
\'P qtw nous savons, c'est que ce fut vers .la fm de _879, peut-
La disparition prématurée de son héritier présomptif porta au dt~buL d'octobre; dans ce cas, Il est vraisemblable
au fondateur de la dynastie macédonienne un coup terrible, <J!W lt• dntil de ['empereur et de la cour dura six mois, du
dont il ne se remit jamais. Si sa raison ne sombra point dNmt d'octobre à la fin de mars>> (1).
tout ù fait, elle l'ul du moins gravement ébranlée (2). L'em- 1:hypothèse du savant tchèque peut heureuse_ment êt~e pré-
pereur se tint longtemps à l'écart des affaires ; contrairement rilu'·e et corrigée grâce au synaxaire de Constantmople ou nous
à une habitude séculaire, il ne présida point en personne le U?~!lll!l, nu 3 septembre, la notice suivante :
concile photien, réuni dans sa capitale de novembre 879 rofi èv &.yîotç (JaatÂ.éwç Kwvarav-dvov roîi véov èv
El janvier 880 (3) ; il attendit jusqu'au 3 mars pour recevoir
'.l1:n:oar6il.otç (2).
chez lui, au palais impérial, une délégation de l'assemblée
et ne signa qu'alors, avec ses deux fils et co-empereurs, Léon m•.t empereur Constantin le jeune, enterré aux Saints-
et Alexandre, les décisions prises en son absence par les 383 Manuel Gedeon croyait reconnaître Constantin IV
Pères groupés autour de Photius. cm1H·tltliJJ (u): conjecture insoutenable, à laquelle le P. Dele-
4
Les actes de cette sixième session du synode (4) ne nous l'tmonça à en substituer une meilleure ( ).
sont peut-être point parvenus dans leur teneur originale (5). Qtwlrpws flm1t'\es plus ~ôt: re~ren~nt à son ?ompt.e l'h_Ypo-
Mais il ne saurait faire de doute que les prélats venus de LIH)!lO de Nicodème l'hagwnte ("), C. Doukak1s avait mis en

tous les coins de l'empire avaient terminé leurs délibérations uvanl (o) le nom de Constantin Ill, fils aîné d'Héraclius,
dès le 26 janvier et qu'ils durent prolonger de plusieurs se-
(1) 'l'lit: Ili.~tory and Legend (Cambridge, 1948),
maines leur séjour à Constantinople, parce que Basile tardait
, lM cf, il, um, Sm· lt~ <blllll dt} tdx mols, M, Dvornîk ne donne
à donner son approbation souveraine. Pourquoi tardait-il? 11
14\HIUîHI Vtlil' tll~dti~l!Otllh ll, 16, nott}S 2 et 3.
Puisqu'aucun dissentiment de doctrine ou de pratique ne le lh~x, 1,n,~~,vt1;, tiol, tt<l 6 cf. eol. 9-12, dans les << syna-
séparait alors du patriarche et de son concile, on ne peut l{<tl'ln 1a,!NII!t .. uÎ.t bt•.li dm> Comparer la notice de Jus,tinie? I_I,
songer qu'à un motif d'ordre privé. Le dernier historien de !Hl til Jullltll: .Kal 1:oii llv 1:fj ).-~~et yevo{lévov {JaatÂewç 'fJflOJ_V
1

'bHJIH tV!UVO{i TOV vllov êv TOÎÇ ayîotç 'AnoaT6Âotç (col. 822). Je dOlS

(1) Nous évitons à dessein le mot synaxaire, puisque ce recueil aussi ee rapprochement à M. Grégoire. _
ne semble pas s'être constitué avant la fin du rxe siècle ou le début (3) llvCuvuvàv éog<oi\6yLOv (Constantinople, 1899), p. 16o.
du xe (ci-dessus, p. 8, note 3). Auparav:mt il existait déjà des em- (4) Synax., col. 945-946. .
bryons de synaxaires ou calendriers liturgiques, appelés parfois méno- (5) J.:vvu~ugwrf)ç, 2e éd., t. II (Constantmople, 1842), p. 27 ·
loges, des typica (EumiARD, t. c., p. 85 ss.), voire peut~être des rué- (6) il1éyar; avva~aewrl]ç, Septembre (Athènes, 1894), ?· 60, .note 2.
nées (ibid., p. 51-52). On trouvera à la même page les deux vers suivants, qm provwn~ent
(2) A. Voo1•, Basile 1~' (Paris, 1908), p. 154·155. aussi de Nicodème et se lisent peut-être déjà dans quelque v1eux
(3) MANSI, t. XVII, col. 373·52<1. ménée:
(4) Ibid., col. 512-520. Xgwràç fJaati\evç evae{Jij KwvaravTivov
(5) Voir les difficultés exposées par le P. V. Gntr:MEL, La sixième lv ovgavoiç BO'T81j!8 XOO'flÎ(fl arérpet.
et la septième session du Synode de Sainle-Sopltie (879-880), dans ce ,, distique >> est reproduit et également rapporté au fils d'Héra-
la Revue des éludes byzantines, t. 5 (1947), p. 224-234.
16 F. HALKIN
TllntS llATF:S PRÉCISÉES GRACE AU SYNAXAIRE 17
sur~ommé en effet <<le nouveau Constantin)) et qui mourut,
apres quelq.ues mois de règne, le 25 mai 611. Mais ce jeune tnndfs qw', d'après les autres, le << magicien )) Théodore de
empereur, a supposer qu'on ait voulu l'honorer d'un culte nlnbaris (t) ayant réussi à faire apparaître le défunt aux
aurait sûrement été commémoré en l'anniversaire de sa mort' de son père éploré et crédule, Basile fit construire
soit le 25 mai, et non le 3 septembre. ' !fil!!' l'l'ndroit du prodige une église et un monastère dédiés à

. Si~· on tient compte d'une coïneidence lrop parfaite pour être !!inini Constantin)) (2).
fo~tmte, .à savoir que la date de la Saint-Constantin au syna- Aiulli ln notice du synaxaire ne nous renseigne pas seule-
~mre, le 3 septembre, se place tout juste six mois, jour pour HH'nl l'mr la dale exacte de la mort du jeune co-empereur;
Jour, avant le 3 mars, qui est, nous l'avons dit, la date de la dk upporte une confirmation inattendue aux dires des chro-
~essio·n· du synode présidée par les basileis, on n'hésitera pas à HiqueU!'il et de l'hagiographe anti-photien. Si la Vie d'Ignace
H:entifler le saint inconnu avec le fils aîné de Basile Jer (1). l'Ml jmH.emeut suspecte chaque fois qu'elle lance une aecusa-

L empereur a donc attendu exactement la fin du deuil de llon r<mtre Photius, il faut cependant se garder de la rejeter
six ~ois ~ 2) ~our recevoir enfin une délégation du concile (3). t'li bloc eomme un tissu d'inventions sans fondement : dans
L I~scnptwn de Constantin le jeune au catalogue des saints lt• ens présent, par exemple, le synaxaire lui donne manifes-
ne dOit pas nous étonner. Ce qui est surprenant, c'est bien t.Nnen t raison.
pl.utôt qu'o~ ne l'y ~it pas découvert depuis longtemps. La llru:ulles. François HALKIN,
V1e du patnarche samt Ignace par Nicétas et les chroniques Bollandiste.
du. IX 8 siècle auraient dû mettre sur la piste, puisque l'une
a!firme ,ex~ressément que Photius canonisa motu proprio
(aywv ... e; eav-rov xeteo-rovwv) le prince mort avant l'âge (4), ô TOÂflfJTÎar; OVTOÇ (Photius) elr; ÛJV TOV :TlflT(.!OÇ xâew if;
!Ytwt·o{J xeteorovwv, f!Ovaar1Jeiotr; re xal vaoîr; àv8ew:naeeaxiq. TtflWV ovx
tj1JAa{JtûTo. Le pluriel flOvaaT1J(.!Îotr; re xal vaoîr; n'est peut-être qu'une
clius par B. D. ZôTos, Ae~tnov rwv dylwv :navrwv rfjr; ôe8oo6~ov 'Ex- ri!.!Hrtl de rhétorique.
xÂrJaiar; (Athènes, 1904), p. 64,5. (.1.) Ancien abbé des Studites et envoyé de Photius à Rome, San-
(1) ~·i~entification a déjà été proposée par E. v. Dobschütz, dans tabarenus allait devenir le premier métropolite d'Euchaïta.
les Goltzng. gelehrte A.nzeigen, 1905, p. 567, mais sans aucun argu- (2) Dans ses Regestes du Patriarcat de Constantinople, fasc. 2
ment précis(<< offenbar >)), et avec une erreur de date: 880 pour 879. (l!llHl), le P. V. Grumel a eu raison d'insérer la canonisation de
(2) Dans son opuscule De officialibus palalii Codinus affirme Constnntin sous le n° 526. Il a relevé ensuite (p. 110), en indiquant
qu'à la mort de ses parents, de sa femme ou d'un 'fils associé à l'em- l!Js dlffértmtes éditions, les passages des chroniqueurs où il est ques-
pire, le souverain portait des vêtements blancs en signe de deuil tion de l'apparition et du monastère de « saint>) Constantin. Voici
flÉX(.!t xateov oaov âv {JovÂotw (chap. 21, éd. I. BEKKER, Bonn 1839 I!Js rôféren!les nn corpus de Bonn : SYMEON MAG., p. 693 ; GEORGIUS
P· 106). La durée du deuil aurait donc varié d'après le bon ~laisi; MON. CONTIN., p. 845-846; LEO GRAMM., p. 259. Cf. HERGENROTHER,
de l'empereur. Nous n'avons trouvé trace d'un deuil de six mois Photius, t. JI (1867), p. 317.
ni dans Pauly-Wissowa, ni dans Daremberg et Saglio, ni chez Politis,
Koukoulés ou Spyridakis. Le professeur H. .J. H. Jenkins nous Nole additionnelle. - La leçon :nelv Oaveîv, que Doukakis n'a
signale cependant un cas analogue au nôtre : après la mort de sa sans doute pas inventée, semble préférable à celle des quatre manus-
troisième femme (12 avril HOl), l'empereur Léon VI attendit six erits que nous avons pu consulter (voir ci-dessus, p. 10, note 4) :
mols ~t quelques jours avant de se moritrer en publie à la translation :neiv 8avwv. Le prof. Paul Maas estime que :nelv 8aveîv ne contient
de samt Lazare, le 17 octobre H01 (cf. Buz. Zeitscl!rift, 1954, p. 8). pas d'allusion à la vêture monastique reçue par le moribond ; ce
(3) On notera que Basile ne se rend }HlS à Sainte-Sophie; il ne n'est qu'une cheville, assez fréquente dans ce genre de distiques et
sort pas dt~ p.alais, mais convoque chez lui un petit uombre de pré- signifiant : << de son vivant >). La leçon des manuscrits (:nelv 8avwv)
lats. Aurart-11, après les six mois de <• grand deuil» observé une pourrait se comprendre, à la rigueur : <• par une mort (spirituelle)
période de demi-deuil? ' précédant la mort physique >>.
(4) MIGNE, P. G., t. 105, col. 573 n : ré8vnxe Kwvaravûvoç ... , 8v BYZANTION. XXIV. -2.

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