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1 « Don’t let it be forgot, that once there was a spot, for ont brief shinning moment… » Noublions surtout par qu’un jour il y eut un moment, un bref instant lumineux. ; réplique préférée de
JFK, chantée par R. Burton, dans la comédie musicale Camelot – in Andersen Christopher – John et Jackie histoire d’un couple tragique – Ramsay – 2003 p 302
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Christophe PERROT
.Né le 29 mai 1917 et mort le 22 Novembre 1963, trente cinquième président des états unis
d’Amérique, John Fitzgerald Kennedy2, fut assassiné à Dallas le 22 Novembre 1963 à 43 ans.
Jacqueline Kennedy, son épouse, était alors à ses cotés. Une semaine après le meurtre,
Jackie, pourtant avare d’interview, accorda un entretien à Theodore White3, journaliste au
magazine Life. Elle compara alors la Maison Blanche au Château de Camelot. Au-delà de
l’énoncé visant à ériger son mari en mythe 4, pourquoi faire de la Maison Blanche le théâtre
d’une mythologie arthurienne contemporaine ? Que revêt le signifiant « Camelot », dans
l’histoire du couple que formèrent Jackie et John Kennedy ?
Dans l’article au Magazine Life, après avoir confié que John Kennedy affectionnait
particulièrement la comédie musicale « Camelot » qui était alors jouée à Broadway, Jackie
ajouta : « There will be great presidents again, but there will never be another Camelot »5 . Ainsi
voulait-elle que l’histoire se souvienne de son mari comme d’un Roi Arthur des temps modernes,
mort lors d’une campagne de pacification entre les communautés de son pays mais aussi de la
planète.6.Nous étions alors en pleine guerre froide et Kennedy avait obtenu le retrait des missiles
nucléaires que la Russie pointait sur les Etats-Unis depuis Cuba. La référence à Camelot illustre
l’art consommé de Jackie pour la mise en scène au service de son mari et d’elle-même.
La transcendance introduite par ce mythe place John Kennedy en position de héros dépourvu
de rival contemporain. Il est possible de situer cette position au regard des schémas de la
sexuation qui s’appuient sur la fonction du phallus universel et symbolique (Φ). Dans ces
formules, le phallus vaut comme signifiant du désir et de la castration. La ligne inférieure gauche
du tableau indique que c’est par la fonction phallique que l’homme prend son inscription à ceci
près que cette fonction est limitée par celle située du même coté et en haut. C’est précisément
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cette fonction que Lacan nomme « fonction du père » qui constitue l’exception sur laquelle se
Le couple fortuné évoluait dans un univers digne de Gatsby le Magnifique. Si les infidélités de
Black Jack fissurèrent le couple, la crise de 29 acheva de le ruiner. Jackie aimait tout
particulièrement son père qui supplée à la froideur de la mère plus attachée à la préservation
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de son rang qu’à ses enfants 11. Après le divorce des époux Bouvier, le remariage de sa mère
avec l’agent de change, avocat et milliardaire Hugh Dudley Auchincloss, lié au Vanderbilt et au
Rockefeller, contribua à renforcer l‘attachement de la fille et du père qui eu toujours soin de
pourvoir à son éducation et à celle de sa sœur en dépit de moyens financiers limités.
Femme de lettres12 , Jackie Kennedy, prit toujours soin de souligner son ascendance française13
, de la région du Dauphiné, aristocratique et militaire. En réalité les Bouviers s’ils étaient bien
français, étaient savoyards, fermiers, domestiques et quincaillers14 15
et la carrière militaire des
ancêtres se limite à ce que l’un d’eux ait été fantassin de l’armée vaincue de Napoléon 16. Pour
Jackie il n’y aura donc qu’un pas entre le culte du sang bleu qui coulait dans ses veines et
Camelot, lieu mythique de la cour du Roi Arthur et la reine Guenièvre écrin du genre littéraire
que l’on a nommé l’amour courtois à la fin du XI° siècle.
L’amour courtois répond à des critères spécifiques principalement quatre : Tout d’abord il met en
scène un chevalier au sens guerrier et conquérant ainsi qu’une Dame. Ensuite les deux
protagonistes ne sont jamais socialement sur un pied d’égalité la femme étant toujours d’un rang
social supérieur à celui du chevalier. Troisièmement l’amour qui les lie doit demeurer secret et
la beauté de la dame entretien son idéalisation et sa vénération. Enfin, la dame demeure
hautaine c’est par ses exploits, ses succès guerriers, ses tournois que le chevalier doit la
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charmer mais elle demeure au-delà d’une limite , inaccessible. Lacan précise que
l’inaccessibilité est renforcée par des médisances et des maléfices. Tout laisse penser que dans
l’esprit de Jackie Kennedy cette référence à Camelot perdu à jamais symbolise tout à la fois la
politique kennedienne transposition moderne de l’utopie chevaleresque d’Arthur et Lancelot.
Epopée dont le but n’était autre que la quête d’un Graal politique mais aussi dans l’espace.
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Thomas Snegaroff parle de son « amour distant et inquiet » Elle se fit construire un cottage à
l’écart de la maison familiale ou elle « passait des heures dans la solitude, abimée dans une
contemplation religieuse »21. La relation de John aux femmes a été marquée tant du coté
paternel que maternel. S’agissant de sa mère il nourrissait une profonde colère à son égard «
Elle n’était jamais là quand on avait vraiment besoin d’elle. Ma mère ne m’a jamais pris dans ses
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bras pour m’embrasser. Jamais ! Jamais ! » . On saisi ainsi mieux pourquoi il refusait tout
contact physique aux femmes hors du cadre sexuel23 .
Le père était attentif aux loisirs et au travail scolaire. Pour lui ses enfants comptaient en tant
qu’individus. Entre les neuf enfants24, les parents entretenaient une compétition permanente tant
pour les résultats scolaires que pour les performances sportives. Chaque semaine la résidence
familiale de Hyannis Port était le théâtre de tournois de foot, de natation, de voile, de course,
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entre les membres du clan et l’attention des parents ne se portait que sur le vainqueur de la
compétition. John Kennedy avoua avoir beaucoup souffert de la suprématie de son frère ainé.
L’un des moteurs de son ascension politique était de prendre sa revanche dans le but d’obtenir
la reconnaissance parentale. Joe a toujours entretenu avec les milieux d’édition, la télévision, les
établissements scolaires, et les réseaux sociaux d’influences des relations étroites qui
assurèrent à son fils la carrière présidentielle dont il avait lui-même rêvé. Joe éduqua ses
enfants selon le principe que « ce qui compte ce n’est pas qui tu es mais ce que les gens
croient que tu es » 25
En raison des ascendances vraies et supposées, la position sociale de la famille Kennedy était
moins enviable que celle du père de Jackie Kennedy et encore moins que celle de la famille
Auchinloss. En revanche la fortune des Kennedy dépassait largement celle des Bouvier et
même des Auchinloss. « Elle avait des ambitions mondaines. Ce mariage devait lui permettre de
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maintenir son image et son rang » Jackie, par ce mariage, conservait son rang et bénéficiait
de l’argent des Kennedy, tandis que Joe Kennedy voyait dans Jackie un outil politique pour
s’assurer la victoire de John à la présidence. John était donc contingent pour Jackie chez qui
l’amour courtois semblait programmé depuis l’enfance. De la même manière Jackie fut la
contingence d’un amour courtois qui semblait programmé depuis toujours chez John. Le 2
septembre 1953 à Newport en épousant John, Jackie se parait des atours de Guenièvre et John
arborait l’armure du Roi Arthur
25 Snegaroff Thomas – Kennedy une vie en clair-obscur – Armand Colin – 2013 p 101
26 André Kaspi – Historien spécialisé de l’histoire d’Amérique du Nord – in Guillaumin Maud – Jackie une femme d’influence – Ed° du moment – 2014 p 45
27 Andersen Christopher – John et Jackie histoire d’un couple tragique – Ramsay – 2003 p 247
28 Andersen Christopher – John et Jackie histoire d’un couple tragique – Ramsay – 2003 p 36 – Gore Vidal était le demi-frère de Jackie dont la mère s’était mariée à Hugh D.
Auchincloss ex époux de la mère de Gore Vidal.
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campagne elle méprisait « ces stupides réunions où les femmes de sénateurs échangent leurs
recettes de cuisine »29. Lors d’une soirée qu’elle organisa les couples se séparèrent après le
diner. Jackie s’excusa auprès des dames disant qu’elle revenait de suite, mais elle alla rejoindre
les maris…30 La robe de mariage31 de Jackie a été confectionnée par Ann Lowe couturière noire
Jackie se limita toujours à indiquer qu’elle avait été réalisée par « une femme de couleur ». Sa
manière distante d’apparaître lors des meetings, contribuât à en faire une égérie, une femme
d’exception. Pour ouvrir le bal le jour de son mariage Jack choisi une musique dont le titre
donnait le ton « J’ai épousé un ange ». A ce moment déjà, elle incarnait la Dame,
représentation de la Chose selon Lacan32 . Tous les ingrédients de l’amour courtois en tant que
lieu confus de l’amour et du désir étaient présents dans le creuset du couple Jackie et John
Fitzgerald Kennedy.
Ensuite, ce peut être à l’aulne de la jalousie, comme preuve d’insatisfaction, que peut aussi se
mesurer le désir donc l’amour. L’intensité de la jalousie à alors pour but de stimuler le désir de
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l’autre. L'amour courtois, qui dépayse la scène de réalisation de l’amour est une autre manière
d’assurer la stimulation du désir. Dans l’amour courtois c’est l’interdit issu de loi et non la
jalousie qui entretien la flamme.
C’est parce que l’objet du désir est défendu, parce que son accès induit une transgression, un
au-delà, qu’il engendre le désir. Lacan dira : « la norme du désir et la loi sont une seule et même
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chose » Ceci explique que l'amour courtois se porte généralement vers un objet adultérin, la
dame convoitée étant bien souvent l'épouse d'un autre et toujours d’une condition supérieure à
celle de l’homme. Pour exister l’amour présuppose donc un désir barré d’impossible.
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C’est dans son article intitulé « La jeunesse de Gide ou la lettre et le désir » que pour la
première fois Jacques Lacan distingue le désir et l’amour. Tout comme : « André [Gide] aimait
Madeleine et désirait ailleurs », John Kennedy compulsivement jouisseur aimait Jackie mais
désirait ailleurs. Outre le fait d’être de belles femmes, ces conquêtes, étaient presque toujours
des chanteuses, de comédiennes, des actrices, hôtesses, mannequins dont le métier,
expression de leur narcissisme ouvrait à John la scène de sa jouissance. La récurrence du
profil de ces femmes marquées d’une condition sociale inférieure à celle de John, est une
condition d’émergence de sa jouissance. Parmi ces femmes citons Marilyn Monroe35 mais aussi
Inga Arvad mariée à un mafioso et espionne allemande. Il y eu aussi Lana Turner, les
sulfureuses Judith Campbell, ancienne femme d’un mafioso, et la call girl de luxe, Ellen
Rometsch 36, Zsa Zsa Gabor, Joan Crawford, Hedy Lamaar, Susan Hayward, la patineuse sur
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glace Sonja Henie et Audrey Hepburn Jean Simmons38. L’actrice Lee Remick39 et la strip-
teaseuse Tempest Storm furent aussi conviée dans sa garçonnière quand Jackie était partie en
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quête de leur nouveau domicile. Il eut même une aventure avec la propre sœur de Jackie à l’été
55 tandis que Jackie envisageait leur séparation. Ni sa maladie, ni son mariage40, ni son voyage
de noce, ni ses enfants ne furent des freins à sa propension à la séduction et à la compulsion de
John. Lorsqu’il fut à la maison Blanche ses conquêtes se muèrent aussi en secrétaires ou des
standardistes spécialement embauchées à cette fin par ses proches collaborateurs, pour être
disponibles en permanence 41 .
Cette constance de profil nous autorise à faire référence à l’article de Freud « Un type particulier
de choix d'objet chez l'homme » dans lequel il indique à propos de certaines femmes : « Il
s'installe, en particulier dans le cas d'un développement vers la beauté, un état où la femme se
suffit à elle-même, ce qui la dédommage de la liberté de choix d'objet que lui conteste la société.
De telles femmes n'aiment, à strictement parler, qu'elles-mêmes, à peu près aussi intensément
que l'homme les aime. Leur besoin ne les fait pas tendre à aimer, mais à être aimées, et leur
plaît l'homme qui remplit cette condition ». John indiquait : « Papa, disait à ses fils de baiser
aussi souvent que possible, raconta-t-il plus tard. Je n’arrive pas à m’endormir tant que je n’ai
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pas tiré un coup » . Il se plaignait de maux de tête s’il n’avait pas un orgasme quotidien.43
Selon sa maitresse Inga Arvad Jack était « concentré sur son éjaculation et non le plaisir de la
femme » 44. La jouissance kennedienne était rendue possible pour autant qu’elle se porte sur
des objets hétérogènes à la mère. Cette jouissance se devait d’être frénétique à l’égal de celle
du père. Le cas Kennedy est une illustration des propos de Lacan :
40 « Avant même d’avoir quitté l’église où leur union venait d’être bénie, Jack avait ôté son alliance « in Andersen Christopher – Jackie et John – Histoire d’un couple tragique
41 « Sa vie durant , on lui a appris à considérer les femmes comme des objets à conquérir à posséder, Jack n’avait aucun respect pour les femmes(…) il a été à bonne école » in John et
Jackie Histoire d’un couple tragique – Christopher Andersen – Ramsay – 2003
42 Andersen Christopher – John et Jackie histoire d’un couple tragique – Ramsay – 2003 p 55
43 Snegaroff Thomas – Kennedy une vie en clair-obscur – Armand Colin – 2013 p 188
44 Snegaroff Thomas – Kennedy une vie en clair-obscur – Armand Colin – 2013 p 53
45 Lacan Jacques – L’acte psychanalytique – séminaire non publié – leçon du 27.3.1968
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La sexualité avec Jackie Kennedy est apaisée. Placée en position d’exception Jackie était un
objet d’amour 52. Outre la classe sociale dont elle est issue, elle a les mêmes attributs que Rose
Kennedy qu’il s’agisse de la distance par rapport aux êtres, de sa manière d’apparaître en
public53, de l’importance accordée aux semblants54 55. John contribue à préserver cette distance
et le caractère privé voire secret de cet amour, car jamais il ne fit preuve de geste amoureux en
public. La position d’exception dans laquelle il place Jackie ne s’appréhende pas comme une
volonté de mise en avant de la femme bien au contraire puisque durant sa présidence il n’a
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aimé porte conjointement le patronyme de ses deux parents. Or chez les Kennedy « ce middle
name », Fitzgerald, c’est John, le deuxième fils Kennedy qui en héritera. (…) Sans le savoir,
sans le vouloir, Joe et Rose ont inscrit dans l’état civil le double héritage de l’ambition familiale
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dans les veines de leur deuxième fils » . C’est un peu comme si pour John Kennedy, l’amour
courtois était sa manière d’assumer son Nom-du-Père.
Le personnel de la Maison Blanche était bien entendu au courant des frasques du président et il
est vraisemblable que si Jackie soupçonnait l’infidélité de son mari elle en ignorait l’ampleur.
Jackie Kennedy savait donc ignorer ce qu’elle ne voulait pas savoir et jouissait en contrepartie
des privilèges d’être la Première Dame, position d’exception qu’elle recherchait depuis toujours.
Enfant déjà dans ses jeux elle prenait toujours le rôle de la reine ou de la princesses alors que
sa sœur Lee n’était que dame d’honneur. Jackie possédait même une couronne offerte par son
père59. Enfant elle était fascinée par les princesses Margareth et Elisabeth d’Angleterre 60. Son
amie Laetitia Baldridge, avec qui elle étudia à l’école de Miss Porter précisa : « je pense que les
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garçons de Yale ou d’Harvard qui venaient nous voir étaient terriblement intimidés (…) elle était
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saisissante, elle avait un port de reine » . Lorsqu’elle fut première Dame, elle voulut rénover la
décoration de la Maison Blanche pour en faire « quelque chose de si somptueux que de Gaulle
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aurait honte de Versailles » . « C’était davantage une cour royale qu’un gouvernement »
précisa Betty Beale63 . D’ailleurs la presse accentua cette position puisque rapidement elle devint
la « première First Lady » redoublant l’exception signifiante et déclenchant une mode au point
que les femmes s’identifient à elle en copiant ses vêtements, sa coiffure, sa couleur de cheveux
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. Nous avons dit que la jalousie servait à attiser le désir. Or si Jackie souffrait des absences de
son mari, elle n’était pas particulièrement jalouse, elle ne supportait en revanche pas
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l’humiliation lorsque les liaisons de son mari étaient trop publiques ou s’il la trompait avec
« des femmes du monde» 66. Autrement dit, elle ne s’indignait pas de la castration que John
offrait à ses maitresses.67
Jackie n’avait pas à être jalouse d’une castration qu’aurait prodiguée son mari à d’autres
puisqu’elle s'était elle-même chargée préalablement de cette castration grâce à sa position de
l’Un qu’elle cultivait depuis toujours.
Position d’exception, lieu de la Chose propulsée dans le réel, elle renvoyait toutes les autres à
un tout. Pour preuve, lorsqu’elle parlait des maitresses de son mari elle parlait des « chiennes
de la Maison-Blanche »68. « En épousant John, je savais que je connaitrais la déception et le
chagrin. Mais je décidais que ce chagrin vaudrait la peine » 69. Enfant au pensionnat lorsqu’il lui
fut demandé ce qu’elle voulait faire plus tard, contrairement aux femmes de son époque et à la
vocation même de ce pensionnat, de sa condition elle inscrivit « Je ne serai jamais une femme
à la maison »70. Dans un de ses cahiers de classe figure la mention soulignée trois fois de sa
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main :« Ambition : ne pas être une femme d’intérieur » Lorsqu’elle devint première dame elle
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écrivit un long courrier à son couturier Oleg Cassini auquel elle recommanda de parler à la
61 Andersen Christopher – John et Jackie histoire d’un couple tragique – Ramsay – 2003 p 88
62 Andersen Christopher – John et Jackie histoire d’un couple tragique – Ramsay – 2003 p 291
63 Andersen Christopher – John et Jackie histoire d’un couple tragique – Ramsay – 2003 p 359 – Beaty Beale était journaliste au Washington Star
64 Guillaumin Maud – Jackie une femme d’influence – Ed° du moment – 2014 p 75
65 Andersen Christopher – John et Jackie histoire d’un couple tragique – Ramsay – 2003 p 241
66 Guillaumin Maud – Jackie une femme d’influence – Ed° du moment – 2014 p 95
67 Rose Paule Vinciguerra précise que « la jalousie d’une femme vis-à-vis d’une rivale ne s’adresse pas à la jouissance que peut en prendre un homme mais bien à son désir : qu’un
homme puisse donner sa castration à une femme, voila ce qu’elle ne supporte pas – in Femmes lacaniennes – Paris – Ed° Michelle – 2014 p 35
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presse des créations qu’il faisait pour elle, en insistant sur leur exclusivité mais sans en dire trop
car disait elle : « je veux que la mienne [ robe] soit unique et je refuse de contempler de grosses
petites bonne femmes sautillant dans la même »73. Dans cette même lettre elle demande au
couturier de réaliser un manteau « Très Princesse de Rethy mais jeune« 74
puissance de cet attribut glorieux du père. C’est à ce phallus paternel qu’il devait se mesurer en
montrant que l’objet ne manque jamais, ni sexuellement, ni professionnellement et socialement.
Dans le même temps, il devait aussi être ce phallus pour atteindre la perfection aux yeux de la
mère et espérer enfin récolter ses faveurs.
73 Andersen Christopher – John et Jackie histoire d’un couple tragique – Ramsay – 2003 p 273
74 La princesse de Réthy était une reine Belge – in Meyer-Stabley Bertrand – Jackie Kennedy – Pouvoir et Fortune – Pygmalion – 2013 p 98
75 L’anamorphose est la manière dont Lacan a eu de rendre compte la façon dont l’humain représente le vide de la chose . Lacan précise « l’illusion de l’espace est autre chose que la
création du vide. C’est ce que représente l’apparition des anamorphose à la fin du XVI°, début du XVII° » - L’éthique p 169 . Cette distinction intervient au chapitre XI intitulé ’amour
courtois en anamorphose la leçon étant introduite par un comparatif entre la sublimation et les peintures rupestres de la grotte d’Altamira comme expression anamorphique.
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Ainsi pour John Kennedy l’amour courtois eu pour fonction de concilier ce tout en séparant
l’amour du désir pour les faire s’incarner sous des formes différentes et s’exprimer
simultanément. La courtoisie amoureuse ménage ainsi la vénération de la mère, incarnée par
Jackie, objet d’amour et marqué d’un désir ravalé. L’autre versant est le lieu du désir pur, d’une
jouissance roturière, clandestine marquée du secret.
Du point de vue de Jackie nous savons que ses rapports à sa mère n’étaient pas des meilleurs
et contrastaient singulièrement avec la passion qu’elle éprouvait pour son père. La haine de la
mère de Jackie envers son père, sa tentative d’éviction du père lors de la cérémonie de mariage
de Jackie achevait de sceller la relation d’exception entre le père et la fille.
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enfants77. Cette place de la Chose et son admiration pour John permettaient à Jackie d’assouvir
son amour incestuel pour son père et endossait ainsi la place de sa propre mère.
Entre Jackie et John l ’amour a donc eu vocation de suppléance au non rapport sexuel tel qu’il
est avancé par Jacques Lacan avec la particularité que cette construction, bien qu’anachronique
répondait au symptôme singulier de chacun des partenaires et servit de ciment de leur couple.
Si Jackie s’accommoda des liaisons extraconjugales et de l’alternance « absence-présence »
propre à la courtoisie, en utilisant cela en sa faveur, c’est peut être comme elle j’indiquât : « J’ai
toujours pensé que notre mariage avait tenu grâce à ces… brèves séparations qui entretenaient
la flamme de notre amour » 78 .
Après la mort de John Fitzgerald , l’amour courtois ciment de leur couple, eut pour conséquence
que le peuple américain tenta de momifier Jackie dans le rôle de la veuve éternelle maintenue
dans l’errance amoureuse d’un désir à jamais perdu. Son mariage sommes toute rapide avec
Aristote Onassis est à la fois « salutaire et salvateur, c’est un acte héroïque »79 comme l’indiqua
Gérard Miller.
BIBLIOGRAPHIE
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Guillaumin Maud – Jackie une femme d’influence – Ed° du moment – 2014
Jacqueline Kennedy avec John F. Kennedy conversation inédites – J’ai Lu – 2002
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Lacan Jacques - Propos directifs pour un congrès sur la sexualité féminine – Ecrits – Paris – Seuil – 1966
Lacan Jacques - Séminaire VI - Le désir et son interprétation – Paris – Le Seuil – 2013
Lacan Jacques - Séminaire IV – La relation d’objet – Paris – Seuil – 994 – Leçon 9.2.956
Lacan Jacques - Séminaire l’Angoisse – Paris – Seuil – 2004
Lacan Jacques - Séminaire V - Les Formations de l’inconscient – Paris – Seuil – 1998
Lacan Jacques - Séminaire VII – L’éthique de la psychanalyse – Paris – Seuil
Lacan Jacques - Séminaire X - l’Angoisse – Paris – Seuil - 2004
Lacan Jacques - Séminaire XX - Encore – Paris – Points – Leçon du 3.3.973
Leconte-Dieu Frédéric – Jackie, les années Kennedy – L’Archipel – 2004
Meyer-Stabley Bertrand – Jackie Kennedy – Pouvoir et Fortune – Pygmalion – 2013
Snegaroff Thomas – Kennedy une vie en clair-obscur – Armand Colin – 2013
Vinciguerra Rose-Paule – Femmes lacaniennes – Paris – Ed° Michelle – 2014
77 « Son mariage avec Jack Kennedy (…) lui permit de trouver un équivalent à ce qu’elle n’aurait jamais pu faire dans la réalité : épouser Black Jack Bouvier » in John et Jackie Histoire
d’un couple tragique – Christopher Andersen – Ramsay – 2003 p 27
78 First Lady, Jacqueline Kennedy, 26° épisode de la série « first ladies » influence ans image in Guillaumin Maud – Jackie une femme d’influence – Ed° du moment – 2014 p 97
79 Dans un entretien avec l’auteure in Guillaumin Maud – Jackie une femme d’influence – Ed° du moment – 2014 p 195
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