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Olivier Claudon

15/01/2019 à 05:00

Le GCO côté prétoire

La guérilla juridique que se livrent les protagonistes du dossier du grand


contournement ouest de Strasbourg est intense. Attaques, recours, suspension,
textes correctifs, il y a pratiquement une audience par mois devant le tribunal
administratif.
L’avocat d’Alsace Nature, François Zind. PHOTO DNA - Olivier CLAUDON

La bataille est intense mais elle ne devrait pas durer. D’ailleurs, pour l’avocat
d’Alsace Nature François Zind, 2019 « sera l’année ou jamais », dans le combat
juridique des opposants contre le projet d’autoroute de contournement de
Strasbourg.

Alsace Nature a gagné plusieurs recours et en a perdu d’autres. Ce qui fait


qu’aujourd’hui, les travaux de la future autoroute A355 ont déjà commencé de
façon spectaculaire en certains endroits du tracé tandis qu’ils sont suspendus
sur certains aspects particuliers.
L’échangeur nord est un point de friction

Deux sites retiennent l’attention et illustrent l’affrontement juridique sans merci


que se livrent d’un côté les opposants et de l’autre, le concessionnaire Arcos
(filiale de Vinci), les services de l’État et le concessionnaire de l’A4 la Sanef qui
doit réaliser l’échangeur nord. Ce dernier est justement l’un de ces points de
friction qui se transforment en bataille de juristes.

Ses travaux ont été autorisés le 29 août 2018 par un arrêté préfectoral aussitôt
attaqué par Alsace Nature. Dans le cadre d’une procédure d’urgence (un
référé), l’association a obtenu du tribunal administratif de Strasbourg le 23
novembre, une suspension temporaire de l’arrêté sur un point juridique précis.
Et ce en attendant une audience sur le fond dont la date n’est pas fixée. De fait,
les travaux de déboisements sont suspendus.

Or la préfecture a décidé de ne pas attendre car les déboisements ne sont


légalement possibles, au regard du code de l’environnement, que jusqu’au 28
février. Ne pouvoir déboiser avant cette date renvoie la Sanef, non pas aux
Calendes grecques mais presque, en septembre prochain.

La préfecture a donc publié en décembre un arrêté qui vient corriger le point


douteux qui a provoqué la suspension du premier arrêté. Et fort de ce « correctif
», elle a introduit une requête en annulation de la suspension. Le tribunal
administratif a examiné cette affaire ce lundi après midi et a renvoyé son
délibéré à ce mardi soir.

Soit il confirme que l’arrêté reste suspendu, et les travaux restent eux aussi
suspendus jusqu’à l’audience sur le fond. Soit il considère que l’arrêté incriminé
est corrigé et il réautorise les travaux.

Le même cas de figure se retrouve dans le dossier du viaduc de la Bruche,


entre Kolbsheim et Ernolsheim. Alsace Nature a attaqué le permis d’aménager
de l’ouvrage et le tribunal administratif, dans le cadre d’un référé, a considéré
que le texte ne respectait pas la légalité ; ou tout du moins, qu’un doute sérieux
l’entachait et nécessitait de suspendre son application en attendant l’audience
sur le fond.
Une sorte de jeu du chat et de la souris
Le permis est douteux ? Qu’à cela ne tienne estime Vinci, qui a décidé de
relancer la procédure en déposant une nouvelle demande de permis
d’aménager. Elle est en cours d’examen par les services de l’Etat qui entendent
bien l’accorder en évitant de prêter le flanc à une nouvelle suspension.

On l’a vu dans ces deux cas, l’objectif est de publier de nouveaux textes afin
d’éteindre la procédure qui frappe et bloque les précédents pour pouvoir
continuer le chantier qui a déjà un an de retard. Une sorte de jeu du chat et de
la souris. Avec cette question que se posent les opposants: faudra-t-il
également attaquer ces nouveaux textes ? Le chantier avance tandis
qu’opposants, constructeurs et services de l’État se retrouvent dans la salle
d’audience du tribunal administratif de Strasbourg pratiquement une fois par
mois depuis septembre.

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