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VIE ET ŒUVRES DE SAINT PAUL

Publié le 29 décembre 2008 par Le Précurseur

VIE ET ŒUVRES DE SAINT PAUL

Saint Paul fut un vaillant apôtre dont la vie et le témoignage ont marqué la
vie de l’Eglise dès ses débuts jusqu’à nos jours. Sa pensée, sa théologie et
son apostolat constituent un héritage inestimable qu’il a laissé à l’Eglise. En
cela, il reste le modèle du témoin du Christ et de son Evangile. Des
témoignages abondants que nous avons sur Saint Paul, on peut déceler
quatre aspects intimement liés et qui correspondent aux moments
importants de sa vie et de ses œuvres.

I. L’HOMME

1.Origine

Paul est né à Tarse en Cilicie (cf. Ac 9, 11 ; 21, 39 ; 22,3) dans les années 5
à 10, sous le règne de l’empereur Auguste. Tarse était un grand port de
commerce, une ville universitaire alors comparable à Athènes et Alexandrie.
Située sur le cours inférieur du Cydnus, à l’ouest de la plaine de Cilicie, la
ville de Tarse après avoir été dès 400 av. J C gouvernée par des vassaux de
l’empire de Perse, était tombée au pouvoir des Seleucides. Quand Pompée
eut conquis la Cilicie (60 av. J C), la région fut organisée en province
romaine, avec Tarse comme siège du gouverneur. On comprend alors
pourquoi sous l’Empire, Tarse connut un développement économique et
culturel considérable. Paul est né de parents juifs (Ph 3, 5) de classe
moyenne et appartenant à la tribu de Benjamin. Le loyalisme du père de Paul
lui a mérité le titre envié de « citoyen romain ». Sans cesser d’être juif,
Paul saura relier trois civilisations : juive, grecque et latine. L’évangéliste
Luc est le seul à avoir conserver le nom hébreu de Paul : Saoul ou Saolos, qui
n’est autre que le nom du premier roi d’Israël, Sha’ûl, Saül. La forme Saulos
est une assimilation au second nom de Paulus grécisé en Paulos. Paul avait
donc deux noms : un gréco-romain : Paulus et l’autre hébreu : Saul. Paul
portera ce nom quand il commencera ses missions auprès des païens d’où
l’expression « Saul appelé Paul » (cf. Ac 3, 9).

2. Enfance et éducation

Paul a été élevé selon la stricte observance juive. Dès sa jeunesse, vers 14
ou 15 ans, il alla poursuivre ses études à Jérusalem. Gamaliel, un des plus
grands docteurs du siècle lui enseigna la Bible et la tradition juive. C’est
ainsi que Paul devint un parfait rabbin. Il s’astreignit aux innombrables
préceptes dont les pharisiens avaient surchargé la loi de Moïse : les 248
préceptes positifs dont l’addition aux 365 préceptes négatifs formant le
chiffre mystique de 613, celui des lettres du Décalogue.

Selon les coutumes juives, tout pharisien devait avoir un métier. C’est ainsi
que Paul apprit le métier de tisseur de tente. Une des industries de Tarse
était le tissage des poils de chèvres et de chameaux. Paul pratiqua plus tard
le métier de tisseur pour rester indépendant financièrement. Il était à l’aise
dans les cultures grecque et hébraïque. Il quitta Jérusalem avant le
ministère de Jésus ; il ne semblait pas l’avoir connu de son vivant et n’en
parlait pas.

3. Le persécuteur des communautés chrétiennes

Les Actes des Apôtres nous rapportent que Paul fut le témoin approbateur
du martyre d’Etienne (cf. Ac 8, 3). Vers l’an 36, c’était un jeune fanatique
de 28 ans qui prit le chemin de Damas pour arrêter les chrétiens. Il était
persuadé que les disciples de Jésus étaient des propagateurs d’une hérésie
sapant le judaïsme. Ainsi, Paul procédait à des arrestations massives
d’hommes et de femmes pour les jeter en prison. A la base de cette
persécution, Paul prétextait le « zèle » qu’il avait pour Dieu. Or pour un juif,
le zèle pour Dieu est nécessairement un zèle pour la Loi. Ce qui dérangeait
Paul chez les chrétiens, c’était leur attitude à l’égard de la Loi de Moïse. En
admettant Jésus au centre de la religion, les chrétiens ravissaient par le
fait même à la torah la place qu’elle occupait dans le judaïsme. Mais le
persécuteur de l’Eglise deviendra un jour, le vaillant témoin de la Bonne
Nouvelle du Christ.

II. PAUL, L’APOTRE

1. La conversion et la vocation

Paul lui-même ne parle pas de sa conversion ; il parle plutôt de sa vocation.


Le persécuteur de l’Eglise est devenu son vaillant défenseur et serviteur.
Sur la route de Damas, alors qu’il quittait Jérusalem comme persécuteur,
Paul fait l’expérience foudroyante de la présence du Christ. Les Actes des
Apôtres nous donnent un témoignage significatif : « Il faisait route et
approchait de Damas, quand soudain une lumière venue du ciel l’enveloppa de
sa clarté. Tombant à terre, il entendit une voix qui lui disait : « Saoul, Saoul,
pourquoi me persécutes-tu ? » - « Qui es-tu Seigneur ? » demanda-t-il. Et
lui : « Je suis Jésus que tu persécutes. Mais relève toi, entre dans la ville,
et l’on te dira ce que tu dois faire » (Ac 9, 3-7). Que s’est-il passé ? Deux
choses : Paul s’est senti empoigné, terrassé et retourné par le Christ. Un
changement se produit en lui. Sa vision de ceux qu’il persécutait changea !
C’est le début de sa conversion, laquelle conversion coïncide avec sa
vocation.

Baptisé à Damas par Ananias, Paul se dirige bientôt vers le désert d’Arabie
: il y passa deux ans. On suppose que ses deux années ont été pour lui une
occasion de reprise spirituelle pour méditer et mûrir ses plans d’apostolat.
A l’issue de sa retraite, il remonte à Jérusalem pour voir Pierre le chef des
Apôtres. La tournure des événements, la grâce du Christ, leurs aptitudes
personnelles les poussent à se partager l’immense responsabilité de
l’évangélisation du monde. Pierre se charge des juifs, Paul des « gentils »
(païens).

2. Les grands voyages missionnaires de Paul

L’apostolat de Paul se déploie surtout à travers ses voyages missionnaires.


C’est au cours de ces derniers que l’on peut mesurer l’envergure apostolique
du converti de Damas. Mais il faut noter que Paul ne commença pas son
apostolat seulement par les voyages. Après le désert d’Arabie, Paul, de
retour à Damas, prêcha pendant trois ans avant de s’échapper vers
Jérusalem où Barnabé l’aide à s’insérer dans la communauté. Suite au
complot ourdi par les Hellénistes de Jérusalem, Paul se retire de nouveau à
Tarse où Barnabé viendra le chercher pour l’évangélisation d’Antioche.
Cette ville constitue le véritable tremplin des grands voyages de l’Apôtre
des Nations.

a. Le premier voyage missionnaire Années 46-48. Plus de 1000 kms

(cf. Ac 13, 1-14, 28).

Paul commence son premier voyage sur l’initiative directe de l’Esprit Saint
qui ordonne de détacher Barnabé et Paul (cf. Ac 13, 1-2). Jean-Marc, cousin
de Barnabé, se joint au convoi. Partis d’Antioche de Syrie, ils traversèrent
la Seleucie, Chypre où ils évangélisèrent Pergé. Là ils convertirent le
Proconsul Sergius Paulus. Jean-Marc quitte le groupe et retourne à
Jérusalem. Paul et Barnabé poursuivent leur route jusqu’à Antioche de
Pisidie. Par leurs prédications, ils arrivèrent à convertir les païens ce qui
suscita la jalousie des Juifs qui les chassèrent. Ils font donc un séjour assez
long à Iconium. Mais la population se divisa et ils durent de nouveau fuir.
S’étant rendus à Lystres, on les prit pour des dieux (Zeus et Hermès). Des
gens venus d’Antioche de Pisidie et d’Iconium incitent la foule contre eux.
Ils partirent pour Derbé. Revenant sur leurs pas, Paul et Barnabé
regagnèrent Antioche de Pisidie. Ils y rencontrèrent une controverse entre
des chrétiens d’origine juive et des chrétiens d’origine païenne. Paul,
Barnabé et Tite furent envoyés à Jérusalem auprès des autres apôtres pour
trouver la résolution de la controverse. Ce fut le concile de Jérusalem où
furent traitées les questions sur la circoncision des païens et des normes
de pureté. L’assemblée de Jérusalem dénoua la crise et Paul et Barnabé
retournèrent à Antioche avec Jude et Silas. Là, ils firent appliquer le
décret.

b. Le deuxième voyage Années 49-52. Plus de 1400 kms(cf. Ac 15, 36-18,


23)

Ce deuxième voyage est suggéré par Paul qui a l’intention de visiter toutes
les villes qu’il a évangélisées. Une discussion se lève au moment du choix du
personnel. Paul ne veut plus de Jean-Marc qui les a abandonnés à Pamphylie
lors du premier voyage alors que Barnabé veut l’emmener (Jean-Marc est
son cousin). A défaut de trouver un terrain d’entente avec Barnabé et Marc,
Paul, accompagné de Silas traverse la Syrie et la Cilicie. Tandis que Barnabé
et Marc allèrent à Chypre. A Lystres, Timothée les rejoignit. Après avoir
visité Iconium et Antioche de Pisidie, Paul gagna le port de Troas où il fut
rejoint par Luc (Ac 16, 8). Là, une vision indiqua à Paul qu’il devait se rendre
en Macédoine : ce qui fut fait ! Les principales étapes de ce périple
(européen) furent essentiellement : Philippes, Thessalonique, Bérée,
Athènes, Corinthe où ils passèrent un long séjour ; là, Paul profita du séjour
pour écrire les Lettres aux Thessaloniciens. De Corinthe, Paul et ses
compagnons rentrèrent par un autre chemin, fondant au passage, en Asie,
l’église d’Ephèse ; puis, ils s’embarquèrent pour Césarée. Ils montèrent
ensemble à Jérusalem avant de rentrer à Antioche leur point de départ d’où
ils devaient bientôt repartir pour un troisième voyage.

c. Le troisième voyage missionnaire: années 53-58.Plus de 1500 kms

(cf. Ac 18, 23-21, 17)


Paul repartit et retourna visiter les communautés de Galatie et de Phrygie
et remonta par voie de terre jusqu’à Ephèse. De là, il écrivit aux Galates,
aux Philippiens et aux Corinthiens. Paul passa de nouveau par la Macédoine
(Philippes, Thessalonique, Bérée) pour rejoindre la Grèce et l’Achaïe
(Corinthe d’où il écrit aux Romains). Partout où Paul passait, il collectait des
fonds pour l’Eglise de Jérusalem. De retour à Jérusalem, il embarqua pour
Troas où il retrouva ses compagnons de voyage partis avant lui. Par la route,
Paul arriva à Arsos puis continua par bateau jusqu’à Milet via Mitykène, Chio
et Samos. A Milet, Paul ne voulait pas rester longtemps car il voulait être à
Jérusalem pour la Pentecôte. Il fit appeler les Anciens d’Ephèse pour leur
faire ses adieux (cf. Ac 20, 18-38). Durant ce dernier voyage, outre la
multiplication des communautés, un nouveau centre apparaît après
Jérusalem, et Antioche, c’est Ephèse. Les activités missionnaires de Paul
semblent tourner désormais autour de cette ville. Ayant fini son travail dans
cette partie de l’Empire, il est désormais tourné vers Jérusalem et Rome.
Dans son apostolat, Saint Paul connut toutes sortes d’épreuves dont il se
souvient et qu’il relate à ses auditeurs et lecteurs : « Souvent j’ai été à la
mort. Cinq fois j’ai reçu des Juifs les trente-neuf coups de fouet ; trois fois
j’ai été battu de verges ; une fois lapidé ; trois fois j’ai fait naufrage. Il
m’est arrivé de passer un jour et une nuit dans l’abîme. Voyages sans nombre,
dangers des rivières, dangers des brigands, dangers de mes compatriotes,
dangers des païens, dangers des faux frères ! » 2 Co 11, 23c-26.

Le vaillant combattant de la foi catholique trouva dans la décapitation par


l’épée sa suprême consécration et remporta ainsi la « couronne de la justice
», la palme du martyre. Il semble qu’il fut décapité par l’empereur Néron en
67 en dehors des murs de Rome, à l’endroit où s’élève actuellement l’Eglise
Saint-Paul-Trois-Fontaines, qui rappelle le souvenir du martyre de l’Apôtre.

III. PAUL, LE THEOLOGIEN

1. Les bases de la théologie de Saint Paul


a. La rencontre avec le Christ sur la route de Damas

L’élément principal qui marqua définitivement la vie de Saint Paul fut sans
doute le face à face avec le Christ sur la route de Damas. Cette rencontre
est l’expérience fondamentale qui a transformé le Pharisien et le
Persécuteur en chrétien et en apôtre. L’événement de Damas lui a permis
de voir le Seigneur, de le connaître et de donner sa vie pour le faire
connaître à tous ses frères. Il a une nouvelle vision de l’Eglise : une réalité
théologique et plus particulièrement christologique. Il découvre également
la portée sotériologique de la mort-résurrection de Jésus le Messie mais
aussi l’être-déjà-là de la phase ultime de l’histoire du salut. Mais l’on ne
saurait réduire les sources de la théologie de Saint Paul au seul événement
de Damas.

b. L’apport des études rabbiniques

Tout en proclamant le Christ, Paul n’abandonne pas totalement son bagage


de pharisien et de rabbin. Au contraire, il puise profondément dans les eaux
de ses pères pour construire sa théologie et son anthropologie. L’outillage
conceptuel et exégétique des écoles rabbiniques est fort utile à Paul dans
ses élaborations biblico-théologiques. Cela se perçoit clairement dans sa
manière d’interpréter l’Ecriture. Il lui arrive parfois de forger un sens
nouveau ou accommodateur ignorant sans gêne le sens littéral. En exemple
nous avons Hab. 2, 14 et Rm 1, 17 ; Gn 12, 7 et Ga 3, 16. Il allégorise Gn 16,
15 et Ga 4, 21-30 ou s’éloigne du contexte original : Dt 25, 4 et 1Co 9, 9.
Visiblement, Paul se situe ici dans la droite ligne de l’exégèse rabbinique.

c. L’hellénisme

A travers les écrits et la pensée de Saint Paul, l’on peut percevoir aisément
l’influence du monde grec. Dans ses lettres écrites en grec, il emploie la
Septante. Son vocabulaire et certains de ses concepts sont redevables à la
politique (cf. Ph 1, 27), au sport (cf. 1Co 9, 24-27), au commerce (cf. Col 2,
14) ou aux liturgies du monde gréco-romain.

d. La tradition apostolique

Les lettres de Saint Paul révèlent une nette dépendance vis-à-vis de la


tradition apostolique. En effet, il ne fait que transmettre à ses auditeurs
et à ses destinataires ce qu’il a lui-même reçu (cf. 1 Co 11, 2-23). L’on trouve
dans ses lettres, des fragments du kérygme primitif (1) ( cf. Ga 1, 3-4), des
hymnes ou des formules liturgiques (cf. 1 Co 11, 23-25 ; Ph 2, 6-11), et des
éléments du matériel catéchétique (cf. Ga 5, 19-21). Ses lettres également
contiennent de sobres traits de la vie de Jésus qui ne peuvent avoir leurs
sources que dans la tradition apostolique. Bien qu’il n’eût pas connu Jésus
dans la chair (cf. 2 Co 5, 16), il rapporte cependant qu’il est né d’une femme
(cf. Ga 4, 4) ; il institua l’Eucharistie la nuit où il fut livré (cf. 1 Co 11, 23) ;
il fut crucifié (cf. Ga 2, 20 ; Ph 2, 5 ; 1 Co 2, 2-8) ; il mourut et fut enseveli,
il ressuscita et monta au ciel (cf. Ep 4, 3). Mais il faut aussi reconnaître que
la théologie de Saint Paul plonge ses racines dans l’expérience personnelle
qu’il a eue du Christ.

e. L’expérience personnelle et spirituelle de Saint Paul

On ne peut nier l’impact de l’expérience pastorale personnelle de Paul sur sa


pensée. A travers ses prédications et ses discussions avec ses auditeurs, il
s’est acquis des convictions personnelles sur le Christ. Ainsi, sa théologie de
la justification et de la Loi par exemple a dû se condenser à partir de ses
heurts avec les judaïsants tout comme la perception concrète des
communautés chrétiennes a inspiré son ecclésiologie.

2. Quelques grands thèmes pauliniens


Des écrits de Saint Paul, nous pouvons tirer beaucoup d’enseignements pour
l’accroissement et l’approfondissement de la foi chrétienne. Nous ne
saurions faire le tour de tous ses enseignements. Nous abordons ici,
quelques idées maîtresses.

a. Le plan de Dieu sur le monde

Une lecture attentive des Lettres de Saint Paul nous donne de savoir que
Saint Paul est convaincu que Dieu a un plan établi sur le monde. Ce plan de
Dieu est un mystère du salut « caché aux siècles et aux générations » et qui
se trouve maintenant manifesté en son Fils Jésus Christ. Ce plan de Dieu
n’est autre chose que le salut des hommes. « Béni soit le Dieu et Père de
notre Seigneur Jésus Christ…Il nous a élus en Lui, dès avant la création du
monde, pour être saints et immaculés en sa présence, dans l’amour » (Eph 1,
3-5.)

b. L’homme est devenu esclave du péché

Pour Saint Paul, le péché d’Adam a fait de tous les hommes des pécheurs.
L’homme habite de ce fait un monde qui est un « empire de péché». Le péché
domine et imprègne la vie de l’homme, le privant de la grâce de Dieu. Mais le
Christ est venu racheter notre dette, mourir pour nous et pour nous faire
vivre. L’homme est désormais libéré de toute servitude du péché et peut
partager la vie divine. Car avec le Christ, tout homme aura la vie promise
aux croyants. Saint Paul à la suite des autres apôtres sont donc des témoins
: « Le Christ est mort pour nos péchés, ressuscité pour notre justification
».

c. Le salut est donné à l’homme en Jésus Christ


Nous sommes sauvés « dans le Christ Jésus ». Voilà une expression très
chère à Saint Paul. Il l’emploie plusieurs fois dans ses Lettres. Jésus est le
centre de la création, la plénitude de la Divinité, la tête d’un grand corps
dont tous les membres sont appelés à devenir les membres vivants
(Cf.1Co 12). Le Christ est l’unique sauveur des hommes, car entre Dieu et les
hommes, il est l’unique médiateur qui s’est donné lui-même pour que l’homme
obtienne le salut que Dieu a promis à ses créatures. C’est pourquoi Saint
Paul affirme avec force : « La grâce de Dieu est apparue, apportant le salut
à tous les hommes » Tt 2, 11.

d. La liberté de l’homme divisée

Malgré la libération de l’homme par Jésus Christ, la liberté de l’homme reste


intérieurement divisée entre deux tendances opposées : les appétits de « la
chair » et les appels de « l’Esprit ». Et selon Paul, « la chair », c’est « le vieil
homme » qui refuse de se soumettre à « l’Esprit », il ne suit que ses
convoitises et son orgueil, ce qui dépasse largement le domaine de la pureté.
« L’Esprit », c’est l’homme tout entier, corps et âme, l’homme nouveau habité
par l’Esprit de Dieu. Aussi, l’existence chrétienne est-elle une lutte dont la
terre est le stade. La croix n’est pas un but, mais un moyen sûr de libérer
définitivement l’homme.

e. La perfection, c’est la charité

Pour Saint Paul, rien n’est plus contraire à la vie chrétienne que l’égoïsme et
la division. Ainsi, pour lui, pécher contre son frère, c’est pécher contre le
Christ qui s’identifie à tout homme. Et donc, aider le frère, c’est aider en
définitive, le Christ. La méditation de son célèbre « hymne à la charité »
dans 1 Co 13 nous enseignera assez sur la charité.

IV. PAUL, L’ECRIVAIN


1. Le Corpus paulinien (2)

Depuis la période patristique (cf. Origène), Le corpus paulinien a été limité


à 13 lettres. A propos de ses treize Lettres, il convient de signaler que la
question de l’authenticité ne se pose pas de la même manière. L’ensemble
des Lettres comprenant la Première Lettre aux Thessaloniciens, la Lettre
aux Galates, la Première et la deuxième Lettre aux Corinthiens, la Lettre
aux Romains et à Philémon, l’authenticité est pratiquement établie. Il n’en
va pas de même pour la deuxième Lettre aux Thessaloniciens, la Lettre aux
Colossiens et la Lettre aux Ephésiens dont l’authenticité reste douteuse et
discutée. Certains spécialistes affirment que ces Lettres sont peut-être
dues à la plume d’un disciple de Paul. C’est pourquoi certains qualifient ces
Lettres de ‘deutéro-pauliniennes ». Quant aux deux Lettres à Timothée et
à la Lettre à Tite, certains les considèrent rattachées à Paul par simple
pseudonymie. Mais ce sont là des questions ouvertes. L’ordre actuel des
Lettres dans les canons des Ecritures n’est pas chronologique c’est-à-dire
lié à l’époque de leur envoi, mais plutôt à leur signification et à leur
importance. A travers ses Lettres, Saint Paul nous fait découvrir son zèle
et son amour pour ses communautés chrétiennes.

2. Contenu et signification des lettres pauliniennes

Si les « Actes des Apôtres » laissent apparaître comme nous l’avons vu les
événements liés à la vie de Saint Paul, ses lettres nous ouvrent les replis de
son cœur. « Chacune le suit sur les vastes routes missionnaires de sa
prédication ; elles introduisent dans l’atelier de son esprit et nous laissent
saisir le monde de sa pensée, de son vouloir, de ses sentiments, ce monde si
riche et si profond, si personnel et si particulier que la littérature mondiale
n’en connaît guère d’équivalent ». (3)

Le contenu des lettres de Paul se divise ordinairement en deux parties


principales. La première contient des exposés plus dogmatiques et
didactiques, tandis que la seconde partie, d’ordinaire plus courte, exprime
des conseils et des avis en vue de la vie quotidienne. La fin de ses lettres
contient le plus souvent des communications personnelles, des salutations
et une bénédiction.

La signification inestimable des lettres de Paul consiste en ceci que Paul est
devenu le premier et le plus profond commentateur de l’enseignement du
Christ, le pionnier et le guide de la théologie chrétienne. Pour Saint Thomas,
les épîtres de Paul contiennent « toute la théologie ». « L’ardent admirateur
et commentateur de Paul, Saint Jean Chrysostome, compare les épîtres à
une mine profonde dans les veines de laquelle flamboient une infinité de
métaux précieux, ou encore à une source jamais tarie, qui jaillit avec
d’autant plus de puissance que l’on y puise plus abondamment ». (4)

CONCLUSION

En définitive, sans avoir la prétention de faire une étude exhaustive de la


vie et des œuvres de Saint Paul, nous pouvons affirmer que Saint Paul fut
l’un des grands pionniers de la propagation de l’Evangile de Jésus Christ. Il
laisse par là un témoignage d’une vie toute donnée au Seigneur. Après sa
conversion, saisi par le Christ, il déborde d’amour pour lui. Il ne connaît plus,
il n’enseigne plus que « Jésus Christ et Jésus Christ crucifié ». Son
influence dans la foi chrétienne est si significative que certains vont même
jusqu’à le prendre comme le fondateur du Christianisme. Il reste que Saint
Paul est une figure très marquante dans la vie de l’Eglise. Avec l’apôtre
Pierre, chef de l’Eglise, il fait binôme et cela dans une soumission sans égal
; les chrétiens l’ont bien compris, c’est pourquoi depuis le premier siècle de
l’Eglise, les deux grands apôtres sont réunis dans un même hommage : ils ont
un même jour de fête, c’est à eux que les chrétiens font l’aveu dans le
confiteor (je confesse aux Saints apôtres, Pierre et Paul…).

Pascal KYELEM (7ème Année)


Bibliographie

Bible de Jérusalem, nouvelle édition entièrement revue et augmentée, Cerf,


Paris, 1996.

The New Jerome Biblical commentary. Great Britain 1990. pp. 770-771.

AA VV Paul de Tarse, Synopse des Epîtres, « coll. Nouvelle alliance », éd.


Universitaires, Paris, 1962, p. 30.

W. Harrington, NIB, Seuil, Paris, 1971.

Ensemble, art. « Saint Paul », Amiens, 11 juillet 1961.

Notes de bas de pages

(1) Le kérygme primitif est le noyau sur lequel s’articulait l’enseignement


des apôtres : le mystère du Christ mort et ressuscité

(2) Cf. The New Jerome Biblical commentary, Great Britain 1990, pp. 770-
771

(3) AA VV Paul de Tarse, Synopse des Epîtres, « coll. Nouvelle alliance »,


éd. Universitaires, Paris 1962, p. 30.

(4)AA VV. Op-Cit pp. 30-31.

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