Architectural Digest France - 11 2018 - 12 2018 PDF

РЕЛИЗ ПОДГОТОВИЛА ГРУППА "What's News" VK.
COM/WSNWS
ARCHITECTURAL DIGEST LES PLUS BELLES MAISONS DU MONDE

NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2018
FRANCE Nº 151
5,50 €
CHALEUREUSES, UNIQUES ET DÉCALÉES

6 MAISONS DANS
L’AIR DU TEMPS
DESIGN
INSPIRATION CHARLOTTE PERRIAND
JAPON AU PAYS DU
SOLEIL- LEVANT
40 PAGES DE DÉCORATION
SOUS INFLUENCE
3’:HIKOKC=VUZZU^:?k@b@f@b@k";
M 04021 - 151 - F: 5,50 E - RD
GUIDE
BEL ÉLECTROMÉNAGER, BONS ACCESSOIRES,
TOUT POUR ÊTRE HEUREUX EN CUISINE
РЕЛИЗ ПОДГОТОВИЛА ГРУППА "What's News" VK.COM/WSNWS
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Jean-Michel Basquiat, Grillo (détail), 1984. Fondation Louis Vuitton. © Estate of Jean-Michel Basquiat. Licensed by Artestar, New York. Egon Schiele, Autoportrait debout avec un gilet au motif paon, 1911. Collection Ernst Ploil, Vienne
Photo : © Fondation Louis Vuitton Marc Domage
Expositions 3 octobre 2018 > 14 janvier 2019

J. M. Basquiat et E. Schiele, deux expositions organisées par la Fondation Louis Vuitton
8 avenue du Mahatma Gandhi,
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SPÉCIAL JAPON
L’édito
Le nouveau
Photos Thomas Brown (3) ; Alexis Armanet.
japonisme
À
l’occasion du 160e anniversaire 1940-1950 trouvent tout naturellement leur suite
des relations entre la France dans notre interprétation très contemporaine de la
et le Japon, on redécouvre cérémonie du thé ou de l’art de l’ikebana (en photos),
l’importance du japonisme, ainsi que dans notre sélection de cadeaux présentés
ce mouvement né à la fin sur des meubles de Shiro Kuramata, comme une nouvelle
du XIXe siècle qui a forme de japonisme. Pour compléter ce tour d’horizon,
profondément marqué il nous fallait une maison d’inspiration nippone.
la peinture, mais aussi C’est à Paris que nous avons photographié l’ancienne
la musique et les arts demeure du styliste Kenzo Tagada, aujourd’hui
décoratifs, comme propriété d’un couple de Français qui a confié
en témoigne la grande exposition que lui consacre le à Kengo Kuma le soin d’en repenser la structure.
musée des Arts décoratifs. Nous avons, quant à nous, Mais ce numéro contient bien d’autres pépites : un
voulu montrer comment ces jeux d’influence entre pavillon-cabinet de curiosité en Tasmanie, une villa
deux cultures, ces emprunts subtils et ces traditions vintage en Italie, un penthouse de collectionneur signé
réinventées ont perduré au fil du temps et restent Chahan Minassian ou une maison sur la Côte d’Azur
plus que jamais d’actualité. Le rêve utopique de village décorée par India Mahdavi. Autant de lieux
japonais d’Albert Kahn à Boulogne au début du accueillants, décalés juste comme il faut et dans l’air
XXe siècle, les créations emblématiques de Charlotte du temps, qui, nous l’espérons, sauront vous inspirer.
Perriand lors de son périple au Japon dans les années Bonne lecture/!
Marie Kalt, rédactice en chef
15
AD 151
Le sommaire
p. 92
p. 62
Photos Thomas Brown (1) ; Lord Snowdon, Camera Press, Londres / Éditions Norma (1).
p. 42
p. 10
p. 26
L’édito
Ils ont participé à ce numéro

Photographes, stylistes, rédacteurs
ou même… pâtissier : ils ont du
talent, nous travaillons ensemble.
L’univers AD
Sommaire
p. 62 Le nouveau japonisme
Cérémonie du thé ou ikebana,
p. 82 Un rêve de Japon
Les jardins légués par Albert
lanternes et boîtes laquées, Kahn constituent une enclave de
l’art de vivre nippon aiguillonne sérénité incomparable, métaphore
la créativité des designers de son humanisme autant que
p. 34 Nos 10 envies du moment occidentaux. de sa fascination pour le Japon.
Une nouvelle table de Septime en
forêt, la renaissance de La Scala, p. 70 Shinichiro Ogata p. 90 Rencontre en majesté
la nouvelle boutique Aesop à Rome. L’architecte et designer ouvre À deux cents ans d’écart, une
un espace à Paris, illustration même passion de la perfection
p. 42 Objets de désir d’un art de vivre total, à la fois rassemble la Lexus LS 500 et la
Meubles et objets de créateurs… fonctionnel, beau et harmonieux. saline royale d’Arc-et-Senans.
la sélection des plus belles
nouveautés par la rédaction d’AD. p. 76 L’éclat de la fête p. 92 Charlotte Perriand
Trônant sur des meubles de Shiro au pays du Soleil-Levant
p. 54 Joyaux architecturaux Kuramata, parfums, champagnes En partant explorer l’art de vivre
Mises en scène dans des maquettes et minaudières osent les teintes nippon, la designer a vécu une
de décors historiques, les créations pop et les reflets étincelants. expérience qui a transformé
joaillières brillent d’un éclat inédit. durablement sa créativité.
17
AD 151
Le sommaire
p. 136
p. 108
Photos José Manuel Alorda (1) ; Helle Walsted (1) ; Alexis Armanet (1).
p. 126
Le style AD
Chaleureuses, uniques et décalées,
6 maisons dans l’air du temps…
p. 98 L’agenda du mois p. 108 Nuances d’automne p. 126 L’infini et au-delà

Tadao Ando au Centre Pompidou, Entre harmonies classiques En restructurant l’ancienne
une vente sous l’égide d’AD et modernité détonante, les maison de Kenzo à Paris,
chez Piasa, Martine Franck créateurs d’Apparatus se sont l’architecte Kengo Kuma y a
à la fondation Cartier-Bresson... composé un loft inspirant insuffé la magie d’une absolue
tous les événements de l’automne. au cœur de Brooklyn. sérénité en plein cœur de la ville.
p. 116 Magnificence australe p. 136 Carte blanche

La propriété de Bentley, À New York, le décorateur
en Tasmanie, réunit la noblesse Chahan Minassian a eu toute
de l’architecture victorienne lattitude d’exprimer l’essence
et l’audace des sculptures de son style dans un chef d’œuvre
qui rythment son parc. d’appartement.
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p. 146
AD 151
Le sommaire
p. 156
Photos Romain Courtemanche (1) ; Ambroise Tézenas (1).

p. 179
ARCHITECTURAL DIGEST LES PLUS BELLES MAISONS DU MONDE
Nº 151 — NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2018

FRANCE Nº 151
CHALEUREUSES, UNIQUES ET DÉCALÉES

6 MAISONS DANS
L’AIR DU TEMPS
L E S P U BL I C AT I ON S C ON DÉ N A S T S . A .
DESIGN
INSPIRATION CHARLOTTE PERRIAND
JAPON AU PAYS DU
SOLEIL- LEVANT
40 PAGES DE DÉCORATION
SOUS INFLUENCE
JAPON 2 150 ¥. LUXEMBOURG 6,50 €. PAYS-BAS 8,99 €. PORTUGAL CONTINENTAL : 6,50 € – SUISSE 10,90 FS. USA $ 11,95.
BELGIQUE 5,95 €. CANADA $ 11,99. ESPAGNE 5,95 €. FINLANDE 8,95 €. GRANDE-BRETAGNE £ 5,45. GRÈCE 6,50 € – ITALIE 5,95 €.
FRANCE MÉTROPOLITAINE 5,50 €. DOM 5,95 €. DOM (AVION) 10,80 €. TOM 1020 XPF. ALLEMAGNE 10,90 €. AUTRICHE 9,95 €.
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Le guide AD
N° 151 — NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2018
EN COUVERTURE,
un loft à Manhattan aménagé par le duo
Décor, électroménager, accessoires, de créateurs d’Apparatus, photographié
par Helle Walsted.
tout pour être heureux en cuisine…
ERRATUM. Le décor créé dans la villa Magnan
p. 146 Vibrations p. 179 Nouvelle cuisine à Biarritz pour notre couverture du numéro
méditerranéennes On réinvente la pièce centrale 150 a été photographié par Philippe Garcia,
stylisme de Sarah de Beaumont.
Pour Jean-Gabriel Mitterrand, de la maison, entre épure moderne,
India Mahdavi a conçu une vintage twisté et classicisme On poursuivra conformément aux lois la reproduction ou la
étonnante maison galerie au réinventé. contrefaçon des modèles, dessins et textes publiés dans la publicité
et la rédaction d’AD®&©&2014. Les Publications CONDÉ NAST
domaine du Muy, en Provence. S.A. Tous droits réservés. La rédaction décline toute responsa-
p. 188 Les adresses bilité pour tous les documents, quel qu’en soit le support, qui lui
seraient spontanément confiés. Ces derniers doivent être joints à
une enveloppe de réexpédition prépayée. Droits réservés ADAGP
p. 156 Une maison aux lignes pures p. 194 L’obsession pour les œuvres de ses membres.
Ce numéro comporte 1 encart abonnement AD jeté sur la diffusion
Roberto Minotti retrace la genèse L’objet culte de ce numéro, c’est kiosque France, 1 encart abonnement multititres Condé Nast jeté
de la maison moderniste que sa la chauffeuse Conoïd réalisée en sur la diffusion abonnée payante France, 1 brochure Quai Branly
jetée sur les abonnés Paris/IDF, 1 invitation Meriguet Carrère jetée
famille a fait construire en 1964 1983 part l’architecte et ébéniste sur les abonnés Paris, 1 supplément AD Intérieur sous film, pour les
par l’architecte Gigi Radice. George Nakashima. abonnés et kiosques France. Le papier utilisé pour ce magazine est
recyclable et renouvelable. Il a été produit avec du bois en prove-
nance de forêts gérées durablement et dont la pâte a été blanchie
sans chlore. Les usines sont certifiées par des tierces parties indé-
pendantes selon les normes ISO 9001, Assurance Qualité, et ISO
14001&–&2004 Standard.
20
G R ÂC E E T CA R AC T È R E
Collection Joséphine
NUMÉRO 151 / NOVEMBRE – DÉCEMBRE 2018 ARCHITECTURAL DIGEST LES PLUS BELLES MAISONS DU MONDE
DIRECTION Rédactrice en chef PÔLE IMAGE

Marie Kalt
Directeur de la publication Directrice
Yves Bougon Directeur de création Caroline Berton – 61 45
Thibaut Mathieu!
Directrice générale adjointe Documentaliste
Violaine Degas – 61 90 MAGAZINE et gestionnaire du patrimoine
photos de Condé Nast
Directrice de la communication Rédactrice en chef adjointe Laure Fournis – 68 47
et attachée de direction Marion Bley – 68 24
Isabelle Delaunay – 60 06 MARKETING ET AUDIENCES
Consultant conception graphique
Directrice des ressources humaines Éric Pillault Directrice
et responsable juridique Marie Van de Voorde – 61 61
Joelle Cuvyer – 60 03 Rédacteurs
Sophie Pinet – 60 27 PRODUCTION ET DISTRIBUTION
Directrice fi nancière Cédric Saint André Perrin – 69 54
Isabelle Léger – 61 27 Directeur
Styliste Francis Dufour – 60 93
Directeur des Services Aurore Lameyre – 60 63
d’information Chef de fabrication
Julien Leroy – 69 19 Rewriter–éditing Sabine France – 60 96
Nicolas Milon – 61 73
PUBLICITÉ ET SOLUTIONS Assistantes de fabrication
Secrétaire de rédaction Élisabeth Grosset, Blandine Oger – 60 42
DE COMMUNICATION
Guillaume Bara – 68 46
Abonnements
Éditeur Graphistes Tél.!: 0809 40 04 42 (appel non surtaxé)
Frédérique Goddet – 61 04 Alice Mesguich – 60 59 ad@condenast.fr
Laurie Vidal – 61 68 Export
Équipe commerciale Anne Claisse – 68 87
Karima Keriche – 61 02 Chef de service photo Ventes
Philippine Renaud – 68 82 et production Fabien Miont – 60 68
Shirley Doukhan – 61 15
Coordinatrice publicité LES PUBLICATIONS CONDÉ
Aurore Vétillart – 6893 Assistante de la rédaction et du service photo
NAST S.A.
Juliette Orts – 61 72
Chargée de projet événementiel CONSEIL D’ADMINISTRATION
Laura Périgord – 68 28 Administratrice de la rédaction
Laurence Marchais-Lecoq – 60 38 Président Directeur Général
Rendez-vous et administrateur
Virginie Constans-Gavarry Ont aussi collaboré à ce numéro Yves Bougon
09!!53!!30!!53!!30 Jose Manuel Alorda, Alexis Armanet, Mélissa Baranger, Sarah de Beaumont, Administrateurs
nathlindab@gmail.com Thomas Brown, François Coquerel, Axelle Corty, Romain Courtemanche, Nicholas Coleridge,
Aude de La Conté, Oscar Duboÿ, Fanny Guénon des Mesnards, John Giampaolo Grandi, Wolfgang Blau
Marché de l’art Hawkins, Marina Hemonet, Valentin Le Cron, Thomas Legrand, Marion
Corinne Chauvet Maimon, Patrick Mauriès, Laurence Mouillefarine, Maciek Pozoga, Pauline CONDÉ NAST
01!!48!!01!!86!!88 Séry, Christian Simenc, Florent Tanet, Ambroise Tézenas, Helle Walsted.
INTERNATIONAL LTD
c.chauvet@heliumpublicite.fr
Correspondante à Los Angeles
Chairman
Italie Mallery Roberts Morgan
Jonathan Newhouse
Paola Zuffi mallery@malleryrobertsmorgan.com
+ 39 (02) 25 06 06 04 Condé Nast
paola.zuffi@zeta-media.it ADMAGAZINE.FR International Inc.
Les Publications Condé Nast , Société
Espagne, Portugal et Suisse Responsable éditoriale Anonyme, principal associé!:
Laurent Bouaziz Sophie Pinet Condé Nast International Ltd,
+ 33 (1) 44 62 70 38 – lbouaziz@llbcom.com The Adelphi, 1-11 John Adam Street, London
Collaborations WC2N 6HT éditent AD.
Grande-Bretagne, Oscar Duboÿ, Fanny Guénon des Mesnards,
Allemagne, Belgique Marina Hemonet, Thomas Jean Le papier utilisé pour cette parution provient!:
Agnes Wanat, AdWest Media Ltd. Pour la couverture, origine France Ptot 0,01 kg/tonne.
+ 44 ( 20) 87 496 176!– agnes@adwestmedia.eu EXPOSITIONS Pour l’intérieur : origine Finlande Ptot 0 kg/tonne.
Taux de fibre recyclé 0!%.
États-Unis Commissaire
Michael Gleeson Cédric Saint André Perrin – 69 54
michael_gleeson@condenast.com
Parution bimestrielle.
3, avenue Hoche, 75008 Paris – tél. : 01 53 43 60 00 – pour joindre votre correspondant,
tapez 01 53 43 suivi des 4 chiffres figurant à la suite de chaque nom.
Pour envoyer un mail, les adresses se composent comme suit : l’initiale prénom + nom (collés)@condenast.fr
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NUMÉRO 151 / NOVEMBRE – DÉCEMBRE 2018 ARCHITECTURAL DIGEST LES PLUS BELLES MAISONS DU MONDE
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Vanity Fair, Wired, La Cucina Italiana. tél.*: 0809 40 04 42
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Robert A. Sauerberg, Jr. Nast Traveler, Vogue Colecciones, Vogue Belleza,
Glamour, AD, Vanity Fair. De l’étranger
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New Yorker, Condé Nast Traveler, Inde Vogue, GQ , Condé Nast Traveller, AD. 022 308 08 08
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insertion pour qu’elles soient
République tchèque et Slovaquie – La Cucina Dans ce cas, la communication
parfaitement loyales. Elle suit les
Italiana. sera limitée au seul service
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Roumanie – Glamour. de l’abonnement.
de Vérification de la Publicité. Si,
malgré ces précautions, vous aviez Russie – Vogue Café Moscow, Tatler Club Moscow. Les informations pourront
une remarque à faire, vous nous Thaïlande – Vogue, GQ , Vogue Lounge Bangkok. faire l’objet d’un droit
rendriez service en écrivant au Turquie – Vogue, GQ. d’accès ou de rectification
BVP, BP 116, 75722 Paris Cedex 15. Ukraine Vogue, Vogue Café Kiev. dans le cadre légal.
24
AD 151
Les contributeurs
Ils ont
participé à ce
numéro PAR Marina Hemonet
Photos : Guillaume de Sardes (1) ; Daphné Hacquard (1).

Marion Maimon
Sortie des Gobelins en 2017,
cette photographe parisienne
collabore avec Air France Maga-
zine, Les Echos, L’Express diX…
s’intéressant aussi bien à la na-
ture morte, au design et à l’ar-
chitecture, tandis que ses pro-
jets personnels abordent des
Thomas Brown thèmes aussi divers que la na-
Ce photographe diplômé de ture, les minéraux, les mathéma-
l’Arts Institute de Bournemouth tiques, les origines. Pour AD,
en Angleterre en 2004 vit entre elle a shooté des flacons et mi-
Londres, New York et Paris. Il naudières sur des meubles de Ambroise Tézenas
collabore autant avec la presse Shiro Kuramata : «"J’aime jouer Photographe diplômé de l’École
(AnO th e r, Wallpap e r*, i-D, avec les matières, les textures, les d’arts appliqués de Vevey en
T Magazine…) qu’avec les grandes transparences, la diffraction de la 1994, il vit à Londres puis à Paris
marques (Louis Vuitton, Cartier, lumière. C’était une aubaine de où il collabore avec la presse
Burberry, Chanel, Calvin Klein). pouvoir photographier les œuvres française et internationale. En
Si ses natures mortes et ses de ce grand designer japonais."» 2006, il se fait connaître avec
paysages sont une ode à la Pékin, théâtre du Peuple, publié en
sérénité, c’est l’agitation de la sept langues. Il livre ici les
Fashion Week qui a dominé ce Patrick Mauriès portraits des décorateurs d’AD Intérieurs et le
shooting spécial Japon : «"C’était Cet écrivain prolifique a déjà une reportage sur une maison signée India Mahdavi :
amusant de voir ces fashionistas soixantaine d’ouvrages à son «"J’ai toujours été fasciné par les parcours des créateurs et ce
parader dans la ville. Entre une séanceactif. Associate editor de Thames qui fait leur singularité. Shooter cette maison m’offrait cette
chez Acne et une autre à la pâtisserie & Hudson Londres, il signe le chance, j’avais quitté India Madhavi à Téhéran [pour AD
du Meurice, nous étions au cœur de sujet sur le designer et chef déjà] et je la retrouvais ici pour photographier le fruit de ses
l’action."» En parallèle, il poursuit Shinichiro Ogata, qui ouvre un inspirations."» En marge, il poursuit son projet sur
sa série Votive Viscera sur la espace à Paris ces jours-ci. Il vient l’Hôtel de la Marine pour le pôle Images du Centre
transmission générationnelle. d’achever Chanel, les campagnes des monuments nationaux.
photographiques de Karl Lagerfeld
(La Martinière), un livre sur le brodeur Lesage (Thames
& Hudson) et de publier Jean Echenoz : Pianiste au sein de
sa maison de livres d’artistes, Les Presses de Serendip.
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Enfin à la maison.
AGENT POUR LA FRANCE GROUNDPIECE

AMFD - Maurice Dubs CANAPE
Tel. +33 663700491 COMPOSABLE
dubsmaurice@gmail.com
AD 151
Les contributeurs
Photo : Philippe Embiricos (1)

Romain
Courtemanche
Originaire de Toulouse, Romain
Courtemanche a d’abord étudié
le cinéma avant d’intégrer l’école
des Gobelins en photographie.
Entre projets personnels et
Cédric Grolet commandes pour la presse, pour
Pâtissier inventif et talentueux M Le Monde entre autres, sa
formé chez Fauchon, officiant démarche se situe aux frontières
depuis 2011 au Meurice, Cédric de la photographie documentaire
Grolet est désormais une star et du travail d’auteur. Pour AD, il
internationalement reconnue et s’est rendu au nord de l’Italie
suivie sur son compte Instagram. pour shooter la demeure des Nicholas Watt
En plus de ses responsabilités au Minotti : «!Dans le salon de cette Installé à Sydney, le photographe
sein du palace parisien, il maison, c’est avant tout la structure s’est fait une spécialité des
parcourt le monde, de séminaires du plafond en noyer qui pourrait intérieurs et des paysages.
de formation en masterclasses. s’apparenter aux alvéoles d’une Depuis plus de vingt-cinq ans, il
Après avoir lancé la Pâtisserie du ruche qui m’a interpellé, accentuant collabore avec les plus grands
Meurice en début d’année, il a été
élu meilleur pâtissier du monde
Laurence cette impression de pénétrer le cœur
d’une histoire familiale.!»
titres de la presse (Wallpaper, AD
Chine, Vogue Living, Harper’s
2018. Pour notre sujet inspiration, Mouillefarine Baza ar…) e t a publ ié de
nous lui avons demandé de Spécialiste du marché de l’art, la nombreuses monographies (Garden Life, Hare +
réinterpréter la pâtisserie journaliste partage sa plume Klein…). Il est l’auteur dans ces pages du reportage
nippone. Il a donc réalisé de entre La Gazette Drouo t et AD. sur la propriété historique de Bentley en Tasmanie
précieux petits gâteaux au yuzu Dans nos pages, elle est en charge dont il est tombé sous le charme : «!Photographier
dans des tons pastel et irisés : le de l’agenda du mois qui répertorie Bentley m’a donné l’opportunité rare de découvrir une
ma r iage d’u ne est hé t ique toutes les expositions à ne pas collection raffinée d’antiquités, tout en jouissant de la sérénité
japonisante et du goût français. m a nq ue r. E l le pr é p a r e du paysage de la Tasmanie.!» Les paysagistes australiens,
actuellement une monographie c’est justement le sujet de son prochain livre.
sur la maison Lacloche, une dynastie de joailliers du
siècle dernier, dont la parution – prévue aux éditions
Norma en octobre 2019 – sera accompagnée d’une
exposition inédite à L’Ecole des Arts joailliers soutenue
par Van Cleef & Arpels, également mécène du livre.
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le seigle de Dankowskie qui donnent à notre vodka son goût et son caractère uniques.
L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ, À CONSOMMER AVEC MODÉRATION.

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Les contributeurs
Siège social et show-room :
ARTEMIDE France . 52, avenue Daumesnil . 75012 Paris
Tél. 01 43 44 44 44 . Fax 01 43 44 44 42
e.mail : artemide@artemide.fr
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2, rue Gubernatis & 4, rue Désirée Niel
13000 MARSEILLE VOLTEX 167, rue Paradis
13100 AIX EN PROVENCE CONTRASTE
55, cours Mirabeau, Passage Agard
21000 DIJON NEUF RUE VERRERIE 9, rue Verrerie
22000 SAINT BRIEUC AUDRAIN 32, rue Chaptal
28630 FONTENAY SUR EURE BLANCHET DHUISMES
15, rue du Val de l’Eure
30000 NIMES RBC 1, place de la Salamandre
31000 TOULOUSE TRENTOTTO 14, rue Paul Vidal
31000 TOULOUSE VOLTEX 102, quai de Tounis
31000 TOULOUSE VOLTEX 24, rue Maurice Fonvieille
33000 BORDEAUX LUMINAIRE SAINT REMI 44, rue Saint-Rémi
33000 BORDEAUX VOLTEX 49, cours Georges Clémenceau
34000 MONTPELLIER RBC DESIGN CENTER
609, avenue Raymond Dugrand
34500 BEZIERS ARCHITRUC & BALTAZ’ART 5, rue Montmorency
35132 VEZIN LE COQUET KANDELLA 1, rue des Maréchales
35400 SAINT MALO KANDELLA 44, rue du Général Patton
35000 RENNES OSCAR HOME 1, rue Beaumanoir
37000 TOURS BLANCHET DHUISMES 14-16, rue Marceau
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42480 LA FOUILLOUSE ROCHE BOBOIS
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Maciek Pozoga
44000 NANTES OSCAR HOME 1bis, rue Franklin
44000 NANTES BLANCHET DHUISMES 1, rue de Strasbourg
44800 SAINT-HERBLAIN COMPTOIR DES LUSTRES Spécialisé dans le portrait et
353, route de Vannes le documentaire social, Maciek
45000 ORLEANS BLANCHET DHUISMES 2, rue Royale
49100 ANGERS BLANCHET DHUISMES 33, rue Boisnet
Pozoga partage son temps entre
51450 BETHENY CONTRE JOUR rue Henri Rol Tanguy la presse (Süddeutsche Zeitung
54000 NANCY DIM 18, rue Here Magazin, The New York Times,
56100 LORIENT CIVEL 38, cours de Chazelles M Le Monde…), les projets ar-
56450 THEIX COMPTOIR DES LUSTRES tistiques et les campagnes pu-
ZI Saint-Léonard rue Charcot blicitaires. Pour AD, il a photo-
59000 LILLE DS EMOTIONS 7, rue Thiers
graphié les maisons japonaises
63170 AUBIERE OUNO 7, rue Jacqueline Auriol
63170 AUBIERE PRIMO 90, avenue Eugène Cristal
des jardins Albert-Kahn à Bou-
64600 ANGLET JEAN SABLE, 61, avenue de Bayonne logne-Billancourt, un vrai dé-
66000 PERPIGNAN ISOTTA 5, rue de la République paysement : «"En récupérant mes
67000 STRASBOURG HOME CONTEMPORAIN planches contacts au labo, j’ai eu Alexis Armanet
13, rue du 22 Novembre une demi-seconde de doute, j’avais Son premier appareil photo en
68100 MULHOUSE QUARTZ 20-24, rue des Tanneurs
réellement la sensation que les pho- main, il part à 14 ans découvrir
69002 LYON ARRIVETZ 24, rue Jarente
69002 LYON RBC 42, quai Rambaud
tos avaient été prises au Japon…"» le Burkina Faso. Puis, en marge
69003 LYON PIERREL 30-32, cours Lafayette Actuellement, il travaille sur de ses études de cinéma, dé-
69003 LYON ROCHE BOBOIS 9, cours de la Liberté une série de portraits et de bute comme pigiste pour France
72000 LE MANS BLANCHET DHUISMES 42, rue Albert Einstein photos de rue, dans la banlieue Soir. Aujourd’hui, on peut voir
74140 VILLE LA GRAND CARRE LUMIERE 6, rue Montréal nord-est de Paris où il demeure. ses clichés dans les pages des
74200 ANTHY SUR LEMAN CARRE LUMIERE
16, route du Pré Biollat
publications Condé Nast et
75001 PARIS LE CEDRE ROUGE 22, avenue Victoria de M Le Monde. Dans ce nu-
75004 PARIS BAZAR D’ELECTRICITE 34-36, boulevard Henri IV méro, il livre deux sujets : la Lexus LS 500 shoo-
75004 PARIS BHV MARAIS 52, rue de Rivoli tée devant la saline royale d’Arc-et-Senans et le
75005 PARIS ELECTRORAMA 7-11, boulevard Saint-Germain reportage sur une maison rénovée par Kengo
75007 PARIS ASTERI 7, boulevard Raspail Kuma. «"C’est l’un des endroits qui m’aura le plus ins-
75007 PARIS VOLTEX 29, boulevard Raspail
piré. Quel talent, quelle rigueur que ceux de l’architecte
75008 PARIS ESPACE LUMIERE 167, boulevard Haussmann
75008 PARIS LE CEDRE ROUGE 67, rue de Miromesnil
japonais... et pourtant la rigueur nippone n’a rien d’austère
75008 PARIS VOLTEX 140, boulevard Haussmann ici, je dirais même que l’endroit est enchanteur. La magie
75015 PARIS RBC 40, rue Violet d’une architecture moderne magnifique et sobre qui laisse
75016 PARIS LE CEDRE ROUGE 4, avenue du Président Kennedy vivre les objets comme dans un écrin."» Parmi ses pro-
75017 PARIS ASTERI 81, avenue des Ternes jets, la réhabilitation d’une grotte en Andalousie, un
78150 LE CHESNAY BHV PARLY II 2, avenue Charles de Gaulle refuge pour mieux se retrouver...
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78810 FEUCHEROLLES LE CEDRE ROUGE
Zone d’Activités La Briqueterie RD 307
83000 TOULON INTER FACES 5, avenue François Cuzin
84000 AVIGNON RBC 38, boulevard Saint Roch
84800 L’ISLE SUR LA SORGUE RBC VINTAGE
9, avenue de la Libération
AD 1518
W W W. S E R I E R A R E . C O M Les contributeurs
Helle Walsted
Après des débuts dans la publici-
té puis dans la mode, c’est fina-
lement la décoration d’intérieur
qu’elle choisit, où elle officie en
tant que styliste. Installée à Co-
pen hag ue, elle voyage au-
jourd’hui aux quatre coins de la
planète accompagnée du photo-
graphe Joachim Wichmann à la
recherche des plus beaux inté-
rieurs que l’on retrouve ensuite
dans les pages de nombreux ma-
gazines comme RUM Internatio- Thomas Legrand
nal, Elle Decor Italie, AD Alle- Photographe professionnel de-
magne, Vogue Living Australie… puis une dizaine d’années, no-
Dans ce numéro, elle signe le re- tamment pour l’industrie du
portage sur l’appartement new- luxe, il a choisi la nature morte
yorkais des designers d’Appara- pour inventer des histoires, mais
tus Studio : «!Ils sont si créatifs, tout aussi par nostalgie de la pein-
ce qu’ils touchent est beau, et c’est tou- ture. Il finalise d’ailleurs en ce
jours un plaisir de passer du temps chez moment un petit livre qui réuni-
eux en leur compagnie. L’atmosphère ra une série d’images de flacons
de leur maison est très chaleureuse, c’est inspirées par l’aquarelle Grand
un endroit où l’on se sent bien.!» flacon et petite bouteille de Léon
Spilliaert. Pour AD, il a réalisé le
sujet joaillerie : «!C’était une chance
que de pouvoir disposer de ces maquettes prêtées
par Féau et Cie pour réaliser ces petites mises en
scènes. J’ai donc joué à y jeter un œil, par l’en-
trebâillement d’une porte.!»
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1
L’UNIVERS AD
Le top 10
Nos
10 envies du
moment PAR Marion Bley, Fanny Guénon des Mesnards,
Laurence Mouillefarine, Sophie Pinet, Cédric
Saint André Perrin
S’adonner au motif
La galerie de Pierre Marie à Paris
Créateur libre et singulier, le dessinateur Pierre Marie dessine
depuis longtemps des carrés de soie pour Hermès, imagine des
tissus pour Métaphores et signe une tapisserie pour la manufacture
Robert Four. C’est dire si son terrain de jeu s’étend, au point qu’il a
eu envie d’un lieu pour montrer tout ce qu’il fait. Il a donc repris la
boutique dotée d’un bon karma d’un brocanteur de son quartier et
Photos Ambroise tézenas (1) ; Jérôme Galland (1).

y a installé son univers : vitraux, tapis, papiers peints, suspension
en verre soufflé – à Pantin –, jusqu’au néon qui signale la galerie à
l’extérieur. À découvrir au fil des expositions qui y seront organisées. M.B.
Pierre Marie Studio, 21, rue Victor-Massé, 75009 Paris.
Sur rendez-vous : rdv@pierremariestudio.com
2
Soutenir les accords
franco-américains
Le burger de fêtes du Ralph’s
Un burger pour Noël, oui, mais pas n’importe lequel.
Sublimé par le jeune chef Nicolas Zanel, qui tient
la cuisine du restaurant de Ralph Lauren à Paris, le
Montaigne Burger, créé spécialement pour fêter les
50 ans de la marque prend des allures de plat ultra
sophistiqué. Il associe la viande de bœuf – française –
au brie et à la truffe, le tout dans un bun du boulanger
Lalos, fournisseur des palaces de la capitale. Le meilleur
des accords France-Amérique, en somme. M.B.
À partir du 1er décembre et jusqu’à début janvier, 42 € à la carte.
Ralph’s, 173, boulevard Saint-Germain, 75006 Paris, tél. 01 44 77 76 00.
34
3
L’UNIVERS AD
Le top 10
Se mettre au vert
La nouvelle table de Septime
Dans la forêt du Perche, un ancien hameau du XVIIe siècle s’est
mué en gîte bohème sous l’impulsion de Bertrand Grébaut et
Théo Pourriat, déjà à la tête des restaurants parisiens Septime
et Clamato. Campé à l’orée d’une clairière, D’une Île compte
huit chambres… et un potager gargantuesque, car ici toute la
cuisine est maison. Pain perdu aux figues, omelette à la tomme
de la région, ribs de maïs, bettes braisées au chèvre et à la
feta… L’assiette marie avec soin gourmandise et authenticité.
Chiné au fil de brocantes, le mobilier dessine un décor
rustique chic qui fait du lieu la maison de campagne idéale,
à moins de deux heures de Paris. F.G.M.
D’une Île, L’Aunay, 61110 Rémalard, duneile.com
Photos Sabine Harti et Olaf-Daniel (1) ; P. Monetta (1).

4
Plonger dans le grand bleu
L’ouverture de la salle
de spectacle la Scala à Paris
En 2014, Richard Peduzzi est
contacté par Mélanie et Frédéric
Biessy, nouveaux (et heureux)
propriétaires d’une ruine, La Scala,
ancien music-hall et cinéma,
Se convertir au
bateau-mouche
Ducasse sur Seine 5
Allier la vue au goût, le beau au bon,
le temps d’une croisière fluviale d’une
heure trente, tel est le nouveau pari
boulevard de Strasbourg à Paris. d’Alain Ducasse. Les mises en bouche
Comment lui redonner vie pour en se dégustent face à la tour Eiffel, les
faire un lieu dédié à la danse, au plats défilent entre la Concorde et le
théâtre et à la musique.? Pont Neuf. Les quais de Paris se
Le scénographe et designer part reflètent dans les brillances du décor
d’abord en courant, avant de se en métal, dont un spectaculaire
raviser. Et finit par imaginer un lieu plafond ondulé, développé par
entièrement transformable grâce à Tal Lancman et Maurizio Galante.
des gradins «!rétractables, et tout bleu Aucune vibration ne vient troubler le
– “la couleur du rêve”!». Il en a repas sur ce navire électrique d’un
absolument tout dessiné, jusqu’aux nouveau genre. C.S.A.P.
sièges du restaurant. M.B. Embarquement Port Debilly, 75116 Paris.
La Scala, 13, bd de Strasbourg, Paris, Menu à partir de 100 € au déjeuner. Réservation :
lascala-paris.com ducasse-seine.com
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6
L’UNIVERS AD
Le top 10
Contempler l’infini
Le musée Glendstone, à Potomac
Il faut aller découvrir ce musée niché
en pleine nature, dans le Maryland,
à quelques encablures de Washington,
D.C. Il s’agit d’une fondation créée
par un couple, Emily et Mitchell Rales,
qui tient à partager avec le public sa
très riche collection d’art moderne et
contemporain (une exposition Louise
Photos Jerry L. Thompson © The Felix Gonzalez-Torres Foundation. Courtesy Glenstone Museum (1) ; © Yohan Zerdoun, Architectures A. Scaranello (1).
Bourgeois s’y tient actuellement).
Le 4 octobre, on a inauguré l’extension
du musée. Soit six pavillons, conçus
par l’architecte américain, Thomas
Phifer, autour d’un jardin d’eau. Tout,
dans ce projet qui s’harmonise avec le
paysage, est conçu pour inciter à la
détente et à la contemplation comme,
en photo, l’œuvre Untitled, 1992-1995,
de Felix González-Torres. L.M.
Glenstone museum, glenstone.org
7
(Re)découvrir des œuvres illustres
La réouverture du musée des Beaux-Arts de Besançon
Pour agrandir le musée – l’un des plus anciens de France – et donner
plus de place à ses collections, archéologiques notamment,
l’architecte bisontin Adelfo Scaranello, en charge du projet, a agrandi
les surfaces d’exposition et laissé entrer la lumière naturelle.
Après plusieurs années de travaux, on peut enfin découvrir, dans un
cadre parfois brutaliste, les œuvres uniques de Bronzino,
Cranach ou Bonnard qu’il renferme. M.B.
Musée des beaux-arts et d’archéologie de Besançon (MBAA),
1, place de la Révolution, 25000 Besançon, mbaa.besancon
38
À L A R E C H E R C H E D E L ’ Œ U V R E
L ’ A B U S D ’ A L C O O L E S T D A N G E R E U X P O U R L A S A N T É , À C O N S O M M E R A V E C M O D É R A T I O N
L’UNIVERS AD
Le top 10
8
Se croire au cinéma
La boutique Aesop de Rome
par Luca Guadagnino
Le réalisateur Luca Guadagnino était déjà fasciné
par les décors : on se souvient du faste de la villa Necchi
dans Amore, du charme désuet de la villa lombarde
de Call Me by Your Name, comme on se souviendra
des intérieurs à l’atmosphère glaçante de Suspiria,
son remake du film de Dario Argento, en salles ces
jours-ci. Le réalisateur franchit aujourd’hui un pas
dans son obsession en créant son agence d’architecture
intérieure, et réalise la nouvelle boutique Aesop de
Rome. Une vision de la ville éternelle d’une austérité
monacale, inspirée par le cinéma de Pasolini, que la
paille, le marbre et le travertin viennent raviver. S.P.
Aesop, Piazza di San Lorenzo in Lucina, Rome, aesop.com
Photos Jérôme Galland (1) ; Benoît Linero (1).

9
Profiter des bienfaits
de la forêt
La bûche du Prince de Galles
Alsacien, comme son nom ne l’indique Plonger dans le caviar
pas forcément, le chef pâtissier Nicolas La Maison du Caviar par Oitoemponto
Paciello a imaginé une bûche de Noël qui
évoque les forêts de son enfance et la En septembre 2017, dans le cadre de l’exposition AD
fraîcheur de leurs effluves de résine. Sous Intérieurs, Jacques Bec et Artur Miranda, de l’agence
une fine coque de chocolat noir, sa Oitoemponto, présentaient un panoramique japonisant
10
bûche-pomme de pin cache une mousse Art déco en papier peint à la main qui marqua les
de lait au miel de sapin et un biscuit esprits, au point d’inciter les propriétaires de la Maison
moelleux à la fleur de sel, accord du Caviar à confier à ces décorateurs le renouveau de
puissamment parfumé, à peine sucré, cette institution parisienne. Cette rentrée ouvre donc
note de fin idéale pour les dîners de fête. ce nouvel écrin faisant la part belle aux moquettes
M.B. imprimées façon carrelage, aux boiseries d’iroko vernis
Le Prince de Galles, 33, avenue George-V, et aux brillances dorées, où l’on retrouve une
75008 Paris. En vente à emporter déclinaison aquatique du fameux papier peint réalisé
à partir du 17 décembre, 95 € la bûche 6/8 parts, ou par de Gournay. C.S.A.P.
sur place à partir du 10 décembre, 18 € la part.
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L’UNIVERS AD
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PAR Sarah de Beaumont, Marion Bley,
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Farman, il est en verre soufflé coloré pot en céramique… et de son anse en laine viscose imaginé par Ferruccio
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L’UNIVERS AD
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L’UNIVERS AD
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travertin pour donner
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table sculpturale.
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L’ÉLÉGANCE AU POIGNET
LE VASE PICTURAL Cadran en émail grand feu ivoire, boîtier et LE PLATEAU EN CÉRAMIQUE
Influencé par l’abstraction de aiguilles en or jaune, bracelet en alligator bleu… L’artiste lisboète Bela Silva marie ses
Soulages, le céramiste Benjamin spécialement éditée pour le 280e anniversaire deux passions, l’illustration et la
Poulanges allie ici forme épurée de Jaquet Droz, cette montre exhale tout le céramique, dans ce plateau coloré.
et aplats impétueux. raffinement de cette belle maison suisse. Patagonia, collection Carnets
Orage 10, ø 38 × h 63 cm, 12 000 €, de Voyages, L 40 × l 33 cm,
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Trois feuilles de verre soufflé Ce «$fruit$» en laiton doré Boîtier en or rouge, diamants, saphirs noirs,
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émaillé et laiton, elle est créée par Serena de grains en grenat, est signé aux lignes Art déco a été dessinée
Confalonieri pour Mason Editions. Harumi Klossowska de Rola. par Cécile Guenat, directrice des collections
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Les bijoux
Joyaux architecturaux
Quand des maquettes de décors historiques tiennent lieu d’écrins
aux plus belles créations joaillères, les diamants virevoltent
sur fond de boiseries et les perles serpentent sur les parquets Versailles.
PAR Cédric Saint André Perrin assisté de Pauline Séry PHOTOS Thomas Legrand
54
Chic français et inspirations africaines

Page de gauche, sur la cheminée, BAGUE Dentelle Guipure en or jaune et rose, diamants et diamant jaune, collection Dior Dior Dior,
DIOR JOAILLERIE. Au sol, BRACELET Dentelle Guipure en or jaune et rose, diamants et diamant jaune, collection Dior Dior Dior, DIOR JOAILLERIE.
PHOTOGRAPHIÉS DANS LA MAQUETTE MINIATURE D’UN SALON DU XVIIIe SIÈCLE, COLLECTION FÉAU & CIE .
Ci-dessus, flottant devant les boiseries, BRACELET Trésors d’Afrique en or jaune et rose, or jaune, serti de trois grenats mandarins, de lapis-
lazuli et de saphirs jaunes ronds, collection Les Mondes de Chaumet, CHAUMET. Sur le parquet Versailles, COLLIER Trésors d’Afrique, en or
blanc, saphir bleu taille coussin de Ceylan, perles de grenats mandarins, perles de saphirs, perles de spinelles rouges, perles d’émeraudes,
spinelles noirs ronds et diamants taille brillants, collection Les Mondes de Chaumet, CHAUMET.
PHOTOGRAPHIÉS DANS LA MAQUETTE DE LA CHAMBRE DE L’APPARTEMENT D’HIVER DE LA MÉNAGERIE DE VERSAILLES, COLLECTION FÉAU & CIE.
Effets rubans et diamants

Au sol, COLLIER Blazing Sky en or rose, spinelle rouge, tourmaline Paraíba en forme de poire du Mozambique, spinelles rose taille marquise,
grenats spessartite taille marquise, tourmalines Paraíba taille marquise, saphirs roses, perles opales blanches, diamants taille marquise
et diamants taille brillants, PIAGET. Flottant devant les boiseries, COLLIER Rubans de princesse en or blanc, diamants poire et diamants, VAN
CLEEF & ARPELS. Devant la fenêtre, BRACELET en or gris, tsavorite et diamants, collection Conquêtes-Régalia, LOUIS VUIT TON. À droite, BAGUE
en or blanc, émeraude taille octogonale, diamants taille poire et diamants, collection Red Carpet, CHOPARD.
PHOTOGRAPHIÉS DANS LA MAQUETTE DU GRAND SALON DE L’HÔTEL D’OUROY, RÉSIDENCE PARISIENNE DE HUBERT DE GIVENCHY, COLLECTION FÉAU & CIE .
L’UNIVERS AD
Les bijoux
57
Esprit floral et teintes givrées

Ci-dessus, à gauche, MANCHETTE en or jaune et or blanc gravé, dentelle d’or jaune et diamants, collection Haute Couture, BUCCELL ATI. Au centre,
COLLIER Horizon Lointain en or jaune, platine, nacre et diamants, collection Coromandel, CHANEL JOAILLERIE. À droite, BRACELET Serpenti en or
rose, diamants taille brillants et nacre, BULGARI.
PHOTOGRAPHIÉS DANS LA MAQUETTE DES BOISERIES LOUIS XVI DE LA CHAMBRE D’AMIS DE MRS. ALEXANDER HAMILTON RICE À NEW YORK, COLLECTION FÉAU & CIE.
Page de droite, COLLIER Lierre Givré en titane et cacholong pavé de diamants, collection Nature Triomphante, BOUCHERON.
PHOTOGRAPHIÉ DANS LA MAQUETTE DES BOISERIES DE L’APPARTEMENT DE LA COLLECTIONNEUSE HARRIET CAROLAN PULLMAN À NEW YORK, COLLECTION FÉAU & CIE.
REMERCIEMENTS À GUILLAUME FÉAU ET SON ÉQUIPE POUR LEUR AIDE ET LEUR ACCUEIL.
L’UNIVERS AD
Les bijoux
59
261, boulevard Raspail 75014 Paris Image : Freddy Mamani, Cholet dans un quartier résidentiel en brique rouge, El Alto. Photo © Tatewaki Nio,
série Néo-andina, 2016. Cette œuvre a été réalisée grâce au soutien du musée du quai Branly — Jacques Chirac
fondation.cartier.com
Graphisme : Spassky Fischer
Exposition 14 oct. 2018—24 févr. 2019
GÉOMÉTRIES SUD
DU MEXIQUE À LA TERRE DE FEU
Photo Maciek Pozoga (1) ; Thomas Brown (1) ; Lord Snowdown, 1989 / CameraPress, London / Éditions Norma (1).
Spécial
Japon
LE PAYS DU SOLEIL-LEVANT NOUS INSPIRE.
On réinterprète la cérémonie du thé,
on se laisse transporter par le jardin-village
d’Albert Kahn, on redécouvre le Japon
de Charlotte Perriand…
SPÉCIAL JAPON
L’inspiration
Le nouveau japonisme
Cérémonie du thé, ikebana, art de la laque… séduits par les
traditions ancestrales japonaises, nous nous les réapproprions ici
à travers une sélection de créations très occidentales.
PAR Aurore Lameyre assistée de Mélissa Baranger PHOTOS Thomas Brown
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3
La cérémonie du thé joue les transparences

1. BOL précieux en agate, Taje, 150 €, COMPAGNIE FR ANÇAISE DE L’ORIENT ET DE L A CHINE. 2 ET 4. TASSES en verre et verre fumé Wabi Sabi Vetro, design
Pietro Russo, à partir de 12 €, ICHENDORF. 3. SUCRES COLORÉS , Strativarius, 11 € la boîte de 110 g, BELLE DE SUCRE. 5. PETIT BOCAL en verre, Container,
15 €, HAY chez Fleux. 6. FLEUR DE SUREAU séchée pour infusion, 26 € la boîte de 11 tiges, LE BÉNÉFIQUE. 7. THÉIÈRE en verre et son filtre, Wabi Sabi
Vetro, design Pietro Russo, 37 €, ICHENDORF. 8. VERRE en verre soufflé, design Meike Harde, collection Pot pourri, 38 €, PULPO. 9. PARAVENT
composable en cristal stratifié trempé, design Ronan et Erwan Bouroullec, Rayures, à partir de 1002 € le panneau, GL AS ITALIA . 10. PANNEAU
BLANC en plâtre moulé à partir de cèdre Kitayama du Japon, Kitayama, prix sur demande, GARNIER & LINKER. 11. CUILLÈRE en laiton, 50 €, KNEIP
chez Boon. 12. PLATEAU en métal finition irisée, Serving Rainbow, 35 €, HAY chez Fleux.
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11
10
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SPÉCIAL JAPON
L’inspiration
Les boîtes en laque jouent les rangements raffinés

1. BOÎTE ronde en bois laqué et cuir à bride, Lien d’Hermès, 800 €, HERMÈS. 2. BOÎTE en céramique émaillée, design Ferréol Babin, Building, 143 €,
PULPO. 3 ET 4. BOÎTES en bois laqué, Signature, à partir de 110 €, COMPAGNIE FR ANÇAISE DE L’ORIENT ET DE L A CHINE. 5. MIROIR en acier poli et verre
effet arc-en ciel, design Studio Roso, 896 €, REPUBLIC OF FRIT Z HANSEN chez Silvera. 6. TAPIS en banana silk noué main, Pluto, 3 168 €, CODIMAT.
7. TABLE BASSE en cristal trempé, design Patricia Urquiola, Liquefy, 1 992 €, GL AS ITALIA chez Silvera.
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3
Kawaï, les pâtisseries se font pastel et irisées

1. DESSERT CITRON sculpté, finition spéciale dans des glaçages aux coloris imaginés pour AD par le chef pâtissier du Meurice, Cédric Grolet, 17
€ la pièce, L A PÂTISSERIE DU MEURICE. 2. CUILLÈRE en acier inoxydable, design Nendo, Skeleton, 34,80 € l’unité, VALERIE OBJECTS. 3. ASSIETTE jaune
en verre, Pigmento Serving Dish, 78 €, NUDE. 4. SERVIETTE DE TABLE en lin, Bastille, Alexandre Turpault, 13 €, LE BON MARCHÉ RIVE GAUCHE. Le pli
quatre carrés twistés a été réalisé par Pietro Seminelli. 5. ASSIETTE rose en verre, Pigmento Serving Dish, 90 €, NUDE.
Remerciements à la Pâtisserie du Meurice, 6, Rue de Castiglione, 75001 Paris.
SPÉCIAL JAPON
L’inspiration
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La magie des lanternes réinventée

1. SCULPTURE LUMINEUSE en lin et résine sur une structure en métal, éclairage led, design Océane Delain, en édition numérotée, collection
Akari Unfolded, Belle de Jour, 7 000 €, YMER & MALTA. 2. SUSPENSION en textile brodé, design Cecilie Bendixen, Much, 12 000 €, GALERIE MARIA
WETTERGREN. 3. LAMPE en papier washi sur pied en fibre de carbone, design Dimitri Bähler, Cho, 990 €, ESTABLISHED & SONS. 4. SUSPENSION en
verre soufflé, design Sebastian Wrong, Filigrana, 780 €, ESTABLISHED & SONS. 5. LAMPE en laiton et verre, China, à partir de 2 887 €, MAGIC CIRCUS
EDITIONS chez Asteri. 6. SUSPENSION en résine pulvérisée sur une structure en acier, design Michael Anastassiades, Overlap, 1 680 €, FLOS.
Remerciements à la boutique Acne Studios, 1, quai Voltaire, 75007, Paris.
SPÉCIAL JAPON
L’inspiration
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L’ikebana se prête aux formes organiques de vases inattendus

1. Amarante rouge dans un VASE-ALCÔVE en verre de Murano moulé, design Ronan et Erwan Bouroullec, Alcova, à partir de 2 250 € le set de
3 pièces, transparente, rouge et verte, WONDERGLASS. 2. Fleur de protea piquée dans un cube en mousse. 3. Amarante crête de coq dans un
VASE-CARAFE en verre Pyrex soufflé à la technique de l’incalmo, design Jochen Holz, Pingouin, 190 €, À REBOURS . 4. Fleur pelote d’épingles dans
un VASE coloré mat en verre moulé, design Jonatan Nilsson, prix sur demande, À REBOURS. 5. VASE en verre Pyrex texturé au moment de la fusion,
design Jochen Holz, Vase XL, 245 €, À REBOURS. 6. Protea et crête de coq dans un VASE en verre Pyrex texturé au moment de la fusion, design
Jochen Holz, Vase Large, 150 €, À REBOURS. FLEURS, CASTOR FLEURISTE. TISSU en coton et polyester, Tiber, 39 € le m en 137 cm de l, DESIGNERS GUILD.
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5 6
3
SPÉCIAL JAPON
Le talent
Shinichiro Ogata, 1. LE DÉCOR du restaurant Yakumo

Saryo, à Tokyo, et ses murs
en Shikkui (plâtre japonais) teinté
le goût du Japon
à l’encre de Chine.
2. LE CRÉATEUR SHINICHIRO OGATA,

architecte et designer.
En ouvrant Ogata, son premier espace à Paris,

l’architecte et designer japonais offre à la capitale une
véritable immersion nippone. Portrait d’un être singulier
et exigeant à travers ses précédentes créations.
PAR Patrick Mauriès
Photo Studio Saison (1).

1 2
L
’idéogramme «!ma!» signifie, étrangers, et fut l’un des points d’entrée du
en japonais, la notion d’intervalle, christianisme dans l’archipel, source pour
d’entre-deux, de respiration, d’une Ogata d’ouverture, d’acceptation de l’autre
distance nécessaire, qui sépare et lie tout qui singularise l’esprit de cette région.
à la fois deux espaces!; il évoque, disent les Issu d’une famille bourgeoise, il expédie
dictionnaires, «!le soleil (ou la lune) que l’on ses études d’architecture intérieure pour
distingue dans l’entrebâillement d’une fenêtre passer au plus tôt dans la vie active et
ou d’une porte à deux battants!». poursuivre l’idée qui déjà l’anime : ouvrir
On en ferait volontiers l’emblème de la un lieu de commerce, à tous les sens
démarche singulière de Shinichiro Ogata, du terme, où la marchandise est d’abord
architecte et designer dont l’approche prétexte à un échange, une circulation,
s’enracine résolument, profondément, dans une rencontre entre les êtres. Alliant la
la culture japonaise traditionnelle, mais qui satisfaction d’un besoin vital à sa mise en
suppose aussi un écart, une certaine distance scène dans l’espace le plus raffiné qui soit,
– le détour en l’occurrence par l’occident, l’idée d’un restaurant s’impose d’évidence.
dont la présence diffuse inspire et nourrit À l’approche classique, au tranquille cursus
sa création, comme celle d’une lumière universitaire, il choisit alors de substituer 3
filtrant à travers une persienne. Ce désir l’expérience directe, celle du passage
singulier, il le rattache à la culture de sa par d’autres cultures et d’autres lieux,
3. CES POUSSES DE BAMBOU, Shirako
ville d’origine, Nagasaki, enclave de mixité et ce n’est qu’après de multiples séjours Takenoko, montrent à la façon
dans le Japon traditionnel, qui dut son à New York, Londres ou Paris, après tous subtile de Shinichiro Ogata la
essor au milieu du XVIe siècle aux voyageurs ces écarts, qu’il peut véritablement → beauté intrinsèque des ingrédients.
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VU DE MA FENÊTRE - SHANGHAÏ - 2007 - BRUNO AVEILLAN

SPÉCIAL JAPON
Le talent
inventer ou «!retrouver!», confie-t-il, le Japon 1. DANS LE RESTAURANT

qui lui est propre. L’ouverture, en 1998, YAKUMO SARYO, à Tokyo,
sous une lithographie
de son premier restaurant, Higashi-Yama, du logo OGATA, deux
à Tokyo, marque le point de départ d’un ornements en fer
trajet dont l’ultime (et provisoire) étape est, de Jun Tanaka (2013),
vingt ans plus tard, l’ouverture cet automne deux ornements
en poterie d’Etsushi
d’Ogata, impressionnant emporium Noguchi et une théière
parisien, espace exemplaire en ce qu’il japonaise en terre et
rassemble, derrière la discrète façade laque de Kenta Anzai.
d’un ancien hôtel particulier, les différents
aspects d’une démarche que Shinichiro
2. TASSES en porcelaine
Ogata aura toujours voulue globale, fût-elle blanche Hakuji de la
disséminée dans le temps et l’espace. collection S [es], qui
Quelques mois après l’ouverture d’Higashi- joue sur les codes
Yama, il fonde un studio de création tant nippons pour redéfinir
les usages du quotidien.
architecturale que scénographique au nom
éloquent de Simplicity. Il précède le 3. LA BOUTIQUE
lancement d’une ligne de vaisselle en fibre HIGASHIYA, à Tokyo,
de bambou et usage unique, Wasara, dont a été conçue par
le design épuré semble plus adapté au Shinichiro Ogata
consommateur occidental qu’à son alter comme un écrin
consacré aux wagashi
ego japonais. («!On a moins l’usage de la (pâtisseries
vaisselle jetable au Japon, explique-t-il, parce traditionnelles)
que chaque foyer conserve précieusement et à l’art de vivre
la sienne qui remonte souvent à plusieurs qui en découle :
packaging, recettes,
générations et dont on se sert quotidiennement!»). culture du thé…
S’ensuit la création d’une ligne d’objets
nommée S![es], avant que, passant du
contenant au contenu – l’un n’étant pas
dissociable de l’autre, dans la culture
japonaise plus encore que dans toute 1
autre – Shinichiro Ogata ne se penche
sur certains aspects de l’art culinaire. Porté la pâtisserie n’est qu’une partie : la culture
par le souvenir du parfum qu’exhalaient, du thé, «!breuvage quasiment mystique!»,
sur le chemin de retour de l’école, les explique-t-il, indissociable d’une véritable
manjû, petits gâteaux ronds cuits à la règle de vie «!qui relie les cultures entre elles et
vapeur, il s’attache ainsi à réinventer la rapproche les hommes de la nature par delà les
pâtisserie traditionnelle, en redessinant les différences géographiques ou culturelles!».
formes et la présentation, et lui donnant un Pour Shinichiro Ogata comme pour Adolf
nouvel écrin sous la forme d’une boutique Loos, l’ornement – fioriture et distraction –
2
nommée Higashiya. Ce qui le conduit est un crime. Rien de gratuit chez lui,
naturellement à s’intéresser au tout, dont mais une forme parfaitement adaptée →
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W Collection
Connectez-vous à la cuisson intelligente 6ème Sens
Découvrez W Collection,
une gamme complète
d’appareils à la technologie
intuitive qui vous guide
jusqu’aux résultats parfaits.
*Le sens de la différence

SPÉCIAL JAPON
Le talent
1. PETITES TASSES en
cuivre et étain de la
collection S [es].
1 2
à sa fonction, et des objets qui transfigurent

le quotidien. Sans le savoir, il retrouve à sa
manière l’approche de William Morris et du
bien-nommé mouvement Arts and Crafts :
même volonté de respecter tradition et
savoir-faire artisanal tout en les adaptant
Photos Simplicity (2).

à la modernité, de ne pas dissocier
l’utilitaire de l’esthétique, de rendre
le plus démocratique, le plus accessible
possible la création la plus exigeante.
Distribuant sur plusieurs étages traversés
par un puits de lumière central, un
comptoir de thés, un restaurant, un bar,
une pâtisserie, une boutique de vaisselle
et une autre d’objets anciens, l’espace de la
rue Debelleyme offre pour la première fois
une vue d’ensemble des aspects de la
création de Shinichiro Ogata, qui restent
au Japon dispersés dans ses divers lieux. 3
Dialoguant avec certains éléments
architecturaux du XVIIe siècle, le cuivre, 2. USTENSILES ET VAISSELLE de la collection S [es] :

le verre translucide, les sols de terrazzo assiettes en fonte, en porcelaine et en céramique,
répondent au bois de kaki noir, à une pierre théière pour le thé Gyokuro en porcelaine,
support de théière en fer, assiette creuse
grainée venue de l’île de Honshû, à des en laiton argenté…
plâtres et des bois brûlés tels que les traîte
l’ancien artisanat japonais. Autant qu’un 3. LE RESTAURANT-SALON DE THÉ de Yakumo Saryo
lieu de rassemblement convivial, cet est une destination esthétique unique, dans une
endroit où convergent art de vivre, cuisine, maison entourée d’un jardin. Il rassemble
toutes les sensibilités liées au thé, à une cuisine
culture du thé et souci des formes est essentielle, à la scénographie de l’espace
d’abord pour Shinichiro Ogata une façon et aux objets nobles.
d’inviter au Japon en plein Paris, d’ouvrir
sur une éthique et une vision de l’existence 4. LE SAKURAI JAPANESE TEA EXPERIENCE
qu’il aura lui-même redécouverts après un est un salon de thé en forme de bar-écrin,
en cuivre brossé et bois foncé, qui décline
nécessaire détour par l’Occident. les propriétés gustatives du thé sous toutes
ses formes : en cocktail, infusé dans des
Ogata, 16, rue Debelleyme, 75003 Paris. Ouverture
spiritueux, en liqueur…
début décembre.
Higashiya, POLA Ginza Building. 2F 1-7-7 Ginza.
Chuo-ku. Tokyo.
4 Yakumo Saryo, 3-4-7 Yakumo. Meguro-ku. Tokyo.
Sakurai Japanese Tea Experience, Spiral Building.
5-6-23 Minami-Aoyama. Minato-ku. Tokyo.
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SPÉCIAL JAPON
Les cadeaux
L’éclat de la fête
Dans un esprit 1980, une belle collection de meubles
de Shiro Kuramata, designer japonais proche du groupe Memphis, accueille
une joyeuse sélection de parfums, de minaudières et de champagnes.
PAR Aurore Lameyre assistée de Mélissa Baranger PHOTOS Marion Maimon
1 2
4 5
Parfums sur terrazzo

Sur le guéridon Kyoto en terrazzo de Shiro Kuramata pour Memphis Milano (1983), GALERIE WAUTHIER : 1. EAU DE PARFUM Pivoine Suzhou Édition
Limitée Soie de Nacre, 100 ml, 203 €, ARMANI PRIVÉ. 2. PARFUM Le Flacon Abeilles Édition 190e Anniversaire, 250 ml, 1 100 €, GUERL AIN. 3. EXTRAIT
DE PARFUM Baccarat Rouge 540, 70 ml, 295 €, FR ANCIS KURKDJIAN. 4. EAU DE TOILETTE No5 L’eau en édition limitée, 100 ml, 150 €, CHANEL . 5. PARFUM
J’adore l’Absolu, 50 ml, 107 €, DIOR. 6. PLATEAU en laiton finition cuivre Off the Moon, 270 €, MAISON DADA. 7. BOUCLE D’OREILLE, 400 €, ACNE STUDIOS.
8. PORTE-MONNAIE rouge vif en cuir, 180 €, ACNE STUDIOS.
76
DU DANEMARK. VERS LE MONDE.
NOUVELLE COLLECTION 2019
D E S I GN D AN OI S DEP UIS 1 9 5 2 | B OCONCEPT.COM

SPÉCIAL JAPON
Les cadeaux
Pyramide de champagne
Dans le chiffonnier à 20 tiroirs Pyramid Furniture PC/16 en résine acrylique de Shiro Kuramata, édition Cappellini (1968), GALERIE WAUTHIER :
1. CHAMPAGNE Vranken Diamant brut, 45 €, POMMERY. 2. CHAMPAGNE rosé Cuvée Rosé Constellation, 80 €, L AURENT-PERRIER. 3. CHAMPAGNE La Grande
Dame 2006, 115 €, VEUVE CLICQUOT. 4. CHAMPAGNE Cristal 2008, 200 €, ROEDERER. 5. CHAMPAGNE Blanc de Blancs, 64 €, PERRIER-JOUËT. FLÛTES en
cristal Oxymore, 148 € l’une, SAINT LOUIS.
78
COMMUNIQUÉ
présente
NOUS AVONS
EN FRANCE
UNE LONGUE
EXPÉRIENCE DE
L'INNOVATION
TEXTILE.
Jeanne MEILLIER
Textilienne au Centre Européen
des Textiles Innovants
DANS L’UNIVERS DE LA MODE, STYLISTES ET MANNEQUINS ÉCLIPSENT Depuis combien de temps travaille-t-on sur l’innovation textile ?
TOUT SUR LEUR PASSAGE. BIEN PLUS RARES ET DISCRETS, DES CHERCHEURS Lors de la crise du secteur textile qui s’est fortement délocalisé en Asie, la
RÉFLÉCHISSENT DÉJÀ À CE QUE NOUS PORTERONS DEMAIN. LA PAROLE France a très vite réagi en soutenant l’innovation. Les gens travaillent ici de
AUX « TEXTILIENS ». manière collaborative depuis plus de 30 ans. Nous avons en France une longue
expérience de l’innovation textile, une importante longueur d’avance.
En quoi consiste votre métier de « Textilienne » ?
Je travaille au CETI (Centre Européen des Textiles Innovants) , au sein du pôle Quid des questions environnementales ?
Up-Tex. Nous sommes entièrement dédiés à l’innovation textile. Nos travaux Aujourd’hui, l’innovation textile intègre
de recherche accompagnent les entreprises dans leur quête de nouveaux la notion d’économie circulaire, la gestion
produits, de nouveaux procédés et de nouveaux matériaux. de la fin de vie du produit. Il faut pouvoir
récupérer le vêtement, le défibrer, le
Un tissu, ça semble simple. traiter de manière durable, lui trouver un
Le textile c’est très compliqué. À chaque étape de sa fabrication. Prenons nouvel usage et de nouveaux marchés.
l’exemple, d’un soutien-gorge. C’est un produit qui rassemble jusqu’à 20 ou 30 Nous sommes régulièrement approchés
composants. Il y a une vraie complexité sur le tissu, l’assemblage, la teinte, la par de grandes marques d’habillement pour
dentelle utilisée, les attaches, les élastiques… Un sous-vêtement féminin est travailler sur ces aspects.
un bijou de technologie.
Vous disiez travailler sur de nouveaux matériaux ?
Pouvez-vous nous éclairer sur les textiles Nous nous penchons sur des matières inédites tels que la fibre d’ortie ou
techniques ? d’autres matériaux bio-sourcés issus du maïs, du ricin, de la chitine de crabe ou la
Les textiles techniques se banalisent. Regardez les caséine de lait. Les propriétés ne sont pas encore exploitées pour l’habillement
étiquettes et vous verrez que les tissus peuvent mais il nous faudra anticiper l’entretien de ces nouveaux matériaux, pourquoi
être respirants, imperméabilisés, antibactériens, pas avec les fabricants de lave-linge.
antitaches, déperlants ou faciles d’entretien.
Sans parler des tissus industriels ou de protection
qui sont parfois non feu, qui protègent contre les 120 ans après l'invention de sa première machine
à laver le linge, Miele ne cesse d'innover pour vous
agressions nucléaires, radiologiques, biologiques
proposer des équipements toujours meilleurs.
ou chimiques.
Dernier né de la célèbre maison allemande, le lave-
linge intelligent TwinDos assure un soin impeccable
À quoi ressemblera le textile du futur ?
du linge, tout en douceur, et une propreté unique
Il y a une grosse tendance de fond avec les textiles connectés. On est vraiment grâce au système de dosage automatique de lessive
au début des applications. liquide UltraPhase 1 et 2. Pour une efficacité optimale, le système TwinDos
dose les 2 composants actifs au moment le plus adapté du cycle de lavage,
Peut-on parler de « tissus intelligents » ? offrant ainsi un résultat de lavage inégalé et des économies de lessive
Un tissu « intelligent », c’est quelque chose qui a la capacité de rendre un pouvant aller jusqu'à 30%. Les textiles bénéficient ainsi d'un soin parfait.
service à son utilisateur. Maintenant, l’intelligence c’est quand même l’humain
qui la porte. Nous préférons parler de textile « interactif ». Parce que le tissu va
interagir avec son environnement grâce à des commandes qu’on lui a intégrées. Un exemple de textile digne d’un film de science-fiction ?
Il existe un tissu qui peut renvoyer la lumière et les ondes. Il permet de voir de
Le linge pourra-t-il communiquer avec le lave-linge, par exemple ? l’autre côté de la personne, à travers elle. Le textile rend presque invisible celui
Grâce aux textiles connectés, on peut imaginer une véritable interaction entre qui le porte, un peu comme la cape d’invisibilité d’Harry Potter. C’est encore
le linge et le lave-linge. Une simple puce RFID (Radio Frequency Identification) dans les cartons pour des applications militaires, mais ça se développe.
intégrée au textile pourra par exemple commander la machine pour un
entretien le plus adéquat possible.
SPÉCIAL JAPON
Les cadeaux
1 3
Minaudières et maille de métal

Sur le fauteuil How High The Moon en treillis métallique de Shiro Kuramata, édition Vitra (1987), GALERIE WAUTHIER : 1. POCHETTE en satin de soie
et rayures en velours, 1 400 €, GIORGIO ARMANI. 2. MINAUDIÈRE en lézard, prix sur demande, HERMÈS. 3. MINAUDIÈRE The Surrender en émail et laiton
plaqué or, intérieur en cuir lisse, 2 950 €, 13 BC. 4. MINAUDIÈRE X-Stripe en cristal Swarovski, 1 600 €, SYLVIA TOLEDANO. 5. MINAUDIÈRE Chain Knot
en cuir de serpent karung, 2 450 €, BOT TEGA VENETA. 6. POCHETTE en cuir métallisé Chanel 31, 1 800 €, CHANEL. 7. MANTEAU en cuir métallique froissé,
3 700 €, BOT TEGA VENETA, sur un CINTRE Alminio en métal anodisé et chromé, design Shiro Kuramata, GALERIE WAUTHIER.
Remerciements à la Galerie Wauthier pour son aide et sa collection de mobilier de Shiro Kuramata.
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LA PIERRE BLEUE
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COLLECTION SOLS 2018
MADURAI ︱ MADU 12 - P42
B R I T TA N Y ︱ B R I T 3 - P 3 5
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c a r r i eresd uhain a u t .c o m
ÉRABLES DU JAPON ET CONIFÈRES

ponctuent le jardin Albert Kahn et
en composent la palette chromatique.
SPÉCIAL JAPON
La découverte
Un rêve de Japon
Alors que le japonisme domine l’agenda culturel de cette fin d’année,
nous avons eu envie de redécouvrir un lieu emblématique de cette passion occidentale
pour l’empire du Soleil-Levant. Bienvenue au jardin Albert-Kahn,
patrimoine vivant légué par un banquier philanthrope.
PAR Sophie Pinet PHOTOS Maciek Pozoga
A
lbert Kahn était
u n b a nq u ie r
comme les
autres, mais un
hu m a n i s t e à
part, dont le
destin sera it
diff icile à ra-
conter tant
l’homme détes-
tait que l’on parle de lui. Ainsi, hormis
l’unique portrait de ce petit homme à la
moustache rousse qui circule dans les
pages qui lui sont consacrées, le person-
nage demeure un mystère dont on s’éver-
tue à compléter les pointillés qui consti-
tueraient une éventuelle biographie. Et si
le mystère aide à entretenir la légende,
chez Albert Kahn la réalité est plus com-
plexe, et l’héritage fut suffisamment riche
pour qu’on laisse l’homme disparaître der-
rière. Pourtant, à l’heure où l’on célèbre le
160 e anniversaire des relations entre la
France et le Japon à travers un agenda
culturel aux fortes influences nipponnes,
Albert Kahn apparaît plus que jamais comme une figure mettre au net mes notes sur les apparitions, les gnomes, les hal- LE COURS D’EAU qui
fascinante qui aura laissé derrière elle le plus beau des lucinations, j’ai lu, dans le salon néo-hégélien d’un grand jour- traverse le jardin est
une métaphore de la
jardins japonais en France. nal, ces mots dédaigneusement tranchants : “le japonisme, ce vie d’Albert Kahn, que
Travelling arrière : nous sommes en 1867. Après avoir caprice de dilettante blasé.” S’ils ne m’ont point troublé, ils deux ponts japonais
signé un traîté commercial avec le Japon en 1858, la m’ont au moins fait craindre qu’on prît les Japonais uniquement viennent enjamber.
France invite le pays du Soleil-Levant à participer à l’ex- pour d’habiles enlumineurs de papiers peints, des réalistes réus- Le pont rouge, dit
position universelle qui se déroule à Paris. L’Occident va sis. Je dois donc montrer qu’ils ont des poètes, de purs poètes, « pont des âmes »,
suggère le passage
alors découvrir une nouvelle esthétique, bien loin des dignes de toucher les esprits curieux et délicats.#» Les Parisiens entre le Ciel et la Terre.
«+chinoiseries+» qui avaient traversé les modes au siècle vont dès lors goûter à cette poésie, cette délicatesse, et
précédent, ou de l’orientalisme encore présent quelques cette quête de perfection dans le dessin et les savoir-faire
années auparavant. On parlera au début de «+Japonaise- appliqués à l’art, avant que le pays entier n’y succombe,
ries+», parfois de «+Japonisme+», jusqu’à ce que le critique au même titre que ses voisins européens. «#Le Japon est
Philippe Burty ne scelle définitivement ce terme dans aussi nouveau et aussi à la mode aujourd’hui que pouvait l’être
une série d’articles publiés entre 1872 et 1873 dans La l’Amérique lors du retour de Christophe Colomb#», écrira
Renaissance littéraire et artistique. «#Au moment où j’allais Albert de Lasalle en janvier 1879, au détour de l’une de
ses chroniques pour Le Monde illustré.
Il y a ainsi fort à parier qu’Albert Kahn avait en tête cet
engouement général lorsqu’il se rendit pour la première
fois au Japon, vraisemblament pour affaires. Il venait
alors de consolider sa fortune en spéculant sur des →
83
LE JARDIN accueille toujours

les deux pavillons, qui ne sont pas
de simples interprétations, mais
de réelles architectures importées
du Japon par Albert Kahn.
84
SPÉCIAL JAPON
La découverte
actions de compagnies africaines d’or et de diamant,

était sur le point de créer son propre établissement fi-
nancier et allait devenir propriétaire de l’hôtel particu-
lier qu’il louait jusqu’alors quai du 4-Septembre, à Bou-
logne-Billancourt. C’était ce même quai qu’empruntait
Napoléon pour se rendre à l’hippodrome de Longchamp,
une fois l’été venu, lorsqu’il résidait au château de Saint-
Cloud, devenu depuis l’adresse de nombreux banquiers
qui y avaient acquis hôtels particuliers et vastes terrains
bordant la Seine. Celui du banquier alsacien était bien
plus modeste, et il se mit en quête de racheter toutes les
parcelles alentour avant d’entamer, avec l’aide du paysa-
giste Achille Duchêne, le projet de sa vie : celui de créer
un jardin de scènes comme le XIXe siècle les avait tant
aimés. Mais Albert Kahn était, lui, animé d’une →
LES PAVILLIONS ont vu leur

restauration extérieure et intérieure
réalisée par un maître menuisier
venu de Kyoto.
SPÉCIAL JAPON
La découverte
ambition nouvelle : il voulait que celui-là reflète un monde

en paix, qu’il soit une métaphore paysagère où les cultures
dialoguent. Ainsi on détruisit les murs existants, on creu-
sa des ravins et des rivières, on terrassa… Certaines
nuits, on démonta les fils électriques du téléphone et du
tramway pour laisser passer les convois d’arbres des forêts
bleue, dorée et vosgienne. Il faudra plus de soixante pla-
teaux de wagons de chemin de fer pour acheminer la
roche de Gérardmer. Une démonstration de force en
somme, pour donner vie au rêve d’un seul homme.
Une restitution de l’art de vivre au Japon

Verront ainsi le jour un jardin français, différents bois
ornementaux et le jardin japonais. Ce dernier sera le plus
vaste du domaine, et sa singularité ne cessera de se des-
siner au gré des voyages et de l’intérêt grandissant du
banquier pour le Japon. «!Ma nature a de grandes affinités
avec la sensibilité des Japonais et j’apprécie tellement le calme
et la douceur de leur façon de vivre, c’est peut-être aussi pour
retrouver cette atmosphère qui m’est si familière que j’ai voulu
vivre parmi les fleurs et les arbres du japon!», dira-t-il en
1938, pour la revue France-Japon.
Mais son jardin de Boulogne se
distinguera de la simple fabrique
de jardins. Il ne sera pas ques-
tion de livrer une version fantas-
mée de ce morceau d’Orient,
mais plutôt d’illustrer l’art de
vivre au Japon, à travers, d’une
part, un «(village(» composé de
deux pavillons importés du Ja-
pon et aujourd’hui restaurés,
une maison de thé, disparue puis
remplacée, et une pagode de
quatre étages détruite en 1952
par la foudre et, d’autre part, un
«(sanctuaire(» comportant alors
la façade d’un temple Shintô,
deux torii (portails) et les deux
ponts de bois, reproduits depuis.
Ce rêve éveillé a fasciné de nom-
breuses personnalités, comme
Colette, Anatole France, An-
toine Bourdelle, Raymond Poin-
caré ou Auguste Rodin, qui vien-
dront régulièrement se perdre
dans ce jardin fait d’ombres pour
mieux en révéler la lumière, de
vides pour mieux en sublimer les
pleins, et composé de jeux de
perspectives pour donner →
LE COURS D’EAU qui traverse une

grande partie du jardin est peuplé
de carpes koï.
UNE MAISON DE THÉ a été reconstruite

face aux deux pavillons, à la place de
celle disparue dans les années 1960.
L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ, À CONSOMMER AVEC MODÉRATION.

SPÉCIAL JAPON
La découverte
l’illusion du grand. Cet éden miniature, dont le tracé À L’INTÉRIEUR, des

d’origine racontait le récit des voyages d’Albert Kahn cloisons en papier
dans l’archipel nippon, a été façonné au cours du temps de riz amovibles
délimitent les espaces
– notamment par le paysagiste japonais Fumiaki Takano et permettent à la
dans les années 1990 –, pour aujourd’hui constituer un lumière de se diffuser.
vibrant hommage à l’homme qui voua sa vie et sa fortune
à cette mission universaliste. Un homme qui, en marge
À L’EXTÉRIEUR, une
de cette incroyable métaphore paysagère sur le dialogue barrière de bambous
entre les cultures, créera aussi le Parcours des mondes, fixés entre eux par des
une fondation nourrie par différents opérateurs auxquels nœuds, à l’ancienne.
le banquier octroyait des bourses afin qu’ils parcourent le
globe et en rapportent les témoignages des différentes
cultures qui le peuple, ainsi que des autochromes (procé-
dé photographique en couleurs) qui forment aujourd’hui
la plus vaste collection en France et rappellent plus que
jamais cette volonté de mettre le monde à portée de main. La réouverture du musée,
Ainsi Monseigneur Dubois, archevêque de Paris entre dont les nouveaux
1920 et 1929, déclara à l’époque : «!Albert Kahn est le dernier bâtiments seront signés
en date des prophètes.!» Un prophète qui mourut ruiné en Kengo Kuma, aura lieu
en 2021. En attendant, les
1940, mais enrichi par cette vision d’un autre monde, jardins seront accessibles
multiculturel et pacifique, qu’il laissa derrière lui. en septembre 2019.
Informations : albert-
À lire : Le Japonisme architectural en France (1550-1930), sous la kahn.hauts-de-seine.fr
direction de Jean-Sébastien Cluzel, éditions Faton, 2018, 304 pages. Les collections d’images
Albert Kahn, singulier et pluriel, de Stephan Kutniak, Lienart Éditions, fixes (Archives de la
2015, 304 pages. planète) sont consultables
sur le site.
88
C A N N E S - N E W Y O R K - D U B A Ï - M O S C O W - L O N D O N - K I E V
SPÉCIAL JAPON
L’automobile
Rencontre
en majesté
Quel point commun entre
la LS 500 de Lexus et la saline
royale d’Arc-et-Senans ?
Toutes deux conjuguent,
pour le meilleur, vision futuriste
et savoir-faire ancestraux.
RÉALISATIONThibaut Mathieu
PHOTOS Alexis Armanet
TEXTE Sophie Pinet
L
e constructeur japonais vient de dévoiler
la cinquième génération de sa limousine LS,
ce paquebot qui l’a inscrit dans la légende
des années dorées, et semble désormais prendre
la tangente de ce passé-là, tout comme de ses
concurrentes allemandes. Ainsi, revendiquant une
seule version, ultralongue (5,24 m), le véhicule le plus
haut de gamme produit au pays du Soleil-Levant lui
rend ici un vibrant hommage, avec des finitions
nourries par la tradition et sa multitude de savoir-faire.
Ce sont en effet des takumi, ces maîtres-artisans
japonais, qui se sont penchés sur les finitions
de l’habitacle, travaillant le bois de son tableau de bord,
pliant le cuir des accoudoirs à la manière d’origami,
tout en accordant la plus grande importance Fiche d’identité
au principe d’omotenashi, soit l’hospitalité nippone
portée à son paroxysme. Ainsi, le fauteuil incliné, Lexus LS 500h 3.5i V6
les jambes allongées, et le programme de massage Executive
enclenché, nous nous sommes lancés sur les routes de
Franche-Comté à la découverte d’un autre monument, 4 portes
la saline royale d’Arc-et-Senans. Cet innovant projet, Puissance hybride 299 ch
destiné lors de sa construction en 1775 par l’architecte 0 à 100 km/h 5,4 s
visionnaire Claude-Nicolas Ledoux à la production À partir de 97 000 €
du sel pour le roi de France, déroule en demi-cercle (avec options,
une succession de pavillons, lieux de production en photo : 135 000 €).
ou d’habitation pour les ouvriers de l’époque, face à la
maison du directeur. Une limousine impressionnante
sur un site majestueux, inscrit au patrimoine mondial
de l’Unesco et très inspiré par les grands modèles de
l’Antiquité : le passé, le présent, en route vers le futur.
LA LEXUS LS 500 devant maison
du directeur de la saline royale
et son célèbre colonnage imaginé
par Claude-Nicolas Ledoux.
Y aller
Saline Royale, SUR LES MURS des bâtiments,
Grande Rue, l’architecte a fait sculpter des
25610 Arc-et-Senans. hauts-reliefs évoquant les eaux
salineroyale.com salées s’échappant d’une urne.
90
FENDRE
L’AIR ART
DU BAMBOU
AU JAPON
MINISTÈRE
DE LA CULTURE
MINISTÈRE DE
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L’ENSEIGNEMENT
SUPÉRIEUR, DE LA
RECHERCHE ET DE
L’INNOVATION
#Fendrelair
Vannerie pour l’ikebana, MORIGAMI Jin © musée du quai Branly - Jacques Chirac, photo Tadayuki Minamoto
SPÉCIAL JAPON
La créatrice
Photo Lord Snowdon, 1989 / Camera Press, London.

Charlotte Perriand
au pays du Soleil evant
En 1940, la designeuse française embarque pour le Japon, sur l’invitation
du ministère du Commerce. Un voyage qui influencera durablement sa création,
comme celle, en écho, de nombreux designers nippons.
PAR Christian Simenc
CHARLOTTE PERRIAND porte une

création signée Issey Miyake
de 1988-1989 en rami
imprimé avec une technique
traditionnelle japonaise de batik
baptisée rouketsu.
TABLE BASSE constituée d’une

« tranche » de tronc d’arbre brut
sur un trépied en fer noir, figurant
dans l’exposition « Contribution
à l’équipement intérieur
de l’habitation. Japon 2601.
Sélection, tradition, création »,
à Tokyo, en mars et avril 1941.
CHAISE LONGUE en bambou

et piètement en bois (1940),
adaptation du modèle
en métal datant de 1928.
P
aris, rue de Sèvres, 1937. L’ambiance
est morose à l’atelier de Le Corbusier.
Le grand «&Corbu&» est en rupture
avec ses jeunes architectes. Le Japonais
Junzô Sakakura s’est exfiltré pour assurer
Photos DR / AChP (2).
une commande de prestige : le Pavillon

japonais de l’Exposition universelle de
Paris. Sa grande amie Charlotte Perriand,
elle, rompt carrément avec le maître suite
à de profondes dissensions. À 34 ans, son
moral, tout comme sa situation économique,
sont au plus bas. La designeuse de la
célèbre chaise longue aspire à de nouveaux
horizons. Sakakura, lui, décide, en 1939,
de rentrer à Tokyo. Le 8 février 1940,
Charlotte Perriand reçoit de sa part un
télégramme l’invitant à collaborer avec le
ministère du Commerce et de l’Industrie
nippon. Suit une étonnante lettre de
8,30 mètres de long, calligraphiée avec
humour par l’illustrateur Shikô Munakata. dans la capitale nippone, Charlotte Perriand opaques –, les Shôji – portes coulissantes
Les conditions du contrat sont excellentes. découvre une autre planète : «"Le Japon, translucides en papier de riz –, les
Sa mission, d’une durée d’un an : conseillère à l’époque, c’était la Lune"», écrira-t-elle. Elle plafonds… À aucun moment elle n’oublie
pour la production de l’art industriel. visite, entre autres, le Mingeikan, premier de prendre des clichés ou de noircir de
Depuis cinq mois, la France est entrée en musée d’art populaire au Japon, fondé, notes et de croquis son fameux Carnet du
guerre, au côté du Royaume-Uni, contre en 1936, par Sôetsu Yanagi, père de Sori Japon. «"Se fonder sur les vraies traditions ne
l’Allemagne nazie. Dans un monde en proie Yanagi, future figure du design japonais, consiste pas à les reproduire fidèlement, mais à
à la tourmente, l’audacieuse Perriand saute lequel deviendra son assistant pour ses créer du nouveau à partir des lois pérennes qui
sur l’occasion. Le Japon n’est-il pas un mythe tournées dans les provinces. les régissent"», déclare-elle. Au cours de son
pour les architectes&? Le 15 juin 1940, séjour, Charlotte Perriand donne moult
à Marseille, elle embarque à bord Matériaux naturels conférences. «"Mon objectif était de redonner
du Hakusan Maru, direction Kobé. À son C’est l’automne, Charlotte Perriand le sens de la création à ces artisans, cristallisés
arrivée, le 21 août, l’accueil est excellent. sillonne le pays, des grands centres urbains dans leurs traditions ou emmurés par la
L’ami «&Saka&» qui lui a, jadis, ouvert les aux villages les plus reculés, visite artisans, reproduction des objets inanimés copiés dans les
yeux sur l’esprit japonais en lui offrant ateliers et manufactures, scrute les manières revues."» Et ce, sans prendre de pincettes :
Le Livre du thé de Kakuzô Okakura – «"Une de vivre de la population, analyse les «"En premier lieu, bannissez la vulgarité, arrêtez
révélation"!"» –, l’attend. Elle rejoint Tokyo logements et les ustensiles de la vie de copier des objets occidentaux affligeants"!"»
en train et s’installe dans une chambre de quotidienne, enfin, dresse un bilan des À partir de la somme d’informations qu’elle
l’Imperial Hotel, où elle dispose illico une ressources. Son mètre à la main, elle mesure récolte, Charlotte Perriand élabore aussi
planche à dessin. Dès sa première sortie tout : les tatamis, les Fusuma – parois une exposition. Son titre : «&Contribution →
93
SPÉCIAL JAPON
La créatrice
VUE DE L’EXPOSITION « Proposition
Photos DR / AChP (1) ; Marie Clérin / Galerie Downtown (1).

d’une synthèse des arts », à Tokyo,
en 1955. Table basse avec plateau
en bois massif de cyprès hinoki
(fabrication atelier Miyoshi,
Tokyo, 1954), et tapis en haute laine
noir et rouge (fabrication ateliers
Suminoe, Osaka).
BANQUETTE combinable Tôkyô,

avec lattes en bois hinoki
(édition Steph Simon, 1954).
à l’équipement intérieur de l’habitation.

Japon 2601 (selon un calendrier japonais
ancien, ndlr). Sélection, tradition, création&».
Celle-ci s’ouvre, le 27 mars 1941, au sein
des grands magasins Takashimaya, à Tokyo,
puis deux mois plus tard, dans ceux
d’Osaka, et marquera durablement les
esprits, en particulier ceux des jeunes
designers. Charlotte Perriand a sélectionné
des objets dans tout l’archipel, dirigé la
fabrication d’autres en matériaux naturels
– bois, bambou, céramique… – et dessiné
nombre de prototypes de mobilier,
notamment des sièges et des lits. De la
région de Tôhoku, au Nord, elle s’est, par
exemple, inspirée de bottes en paille pour
tresser des tapis, ou d’une cape de pluie
en paille de riz portée par les paysans,
le Mino, pour habiller des assises. Afin
de conserver une trace de la présentation,
elle fera imprimer un catalogue sobrement
intitulé Contact avec l’art japonais. Sélection,
tradition, création. Mais la guerre est
imminente. La designeuse quitte le Japon
dans les derniers jours de novembre 1941,
peu avant l’attaque de Pearl Harbor,
direction l’Indochine. Le conflit la →
94
SPÉCIAL JAPON
La créatrice
LE GRAND SALON contraindra à différer son retour en France

de la résidence jusqu’en 1946, mais jamais elle n’oubliera
de l’ambassadeur
du Japon, à Paris
l’esthétique japonaise : «!Eux, c’est la
(1966-1969), avec un philosophie du vide, nous, c’est l’indigence!!!»
divan-fumoir en Trois ans plus tard, elle publie, dans la
séquoia et en cannage revue L’Architecture d’aujourd’hui, un article
(fabrication De Coene,
Belgique, 1969) et une
intitulé «(Au Japon(», dont la conclusion
table basse cannée reprend les recommandations qu’elle fit
(fabrication André jadis aux artisans et aux étudiants japonais :
Chetaille, modèle «!Souhaitons que le Japon comprenne qu’il n’y a
original, 1962). pas de rupture entre la vraie tradition et la
création, et qu’il lui suffit d’assimiler nos
connaissances et nos techniques modernes pour
ensuite construire en pleine liberté, en accord
avec ses nécessités, son mode de penser, de vivre
et de sentir.!»
L’âme japonaise
Charlotte Perriand ne retournera au Japon
qu’en 1953, pour y aménager la maison
Photos Pernette Perriand - Barsac, AChP (1) ; Collection galerie Downtown DR / AChP (1).
de son mari, Jacques Martin, nouvellement
nommé à la direction Asie de la compagnie
Air France, en poste à Tokyo. De même,
ce dernier lui demandera-t-il d’y revenir,
en 1959, pour aménager la nouvelle agence
CHAISE empilable
Ombre, en
de la compagnie aérienne, dans le quartier
contreplaqué cintré de Ginza. À son retour en France, Perriand,
laqué noir (1954). fan de bains japonais, rapporte dans ses
valises un Goemon-buro – baignoire
traditionnelle ronde en métal chauffée
au bois – qu’elle fera installer dans son
chalet de Méribel, en Savoie. En 1957,
à Paris, elle présente, au Salon des arts
ménagers, une «(Maison japonaise(», dans
laquelle elle mixe des objets qu’elle a créés,
des productions de laque, de poterie et de
textile, ainsi que des créations signées
Sôri Yanagi, qu’elle fait connaître en France.
Mieux, en 1965, elle retrouve à Paris Junzô
Sakakura, chargé de réaliser la future
résidence de l’ambassadeur du Japon
en France. Celui-ci, pour l’ensemble de
l’aménagement intérieur, fait évidemment
appel à sa fidèle amie. Le lieu est
officiellement inauguré le 29 avril 1970, jour
de l’anniversaire de l’empereur du Japon.
Certes, il sera toujours complexe pour un.e
Gaijin («(étranger.ère(») de comprendre en
profondeur l’âme japonaise. Il n’empêche,
Charlotte Perriand en a épousé allègrement
certaines valeurs traditionnelles : le sens
de la nature, la qualité des matériaux et des
pratiques artisanales, l’organisation subtile
et parfaite du mode de vie. «!De tous les
Occidentaux qui ont travaillé au Japon,
c’est probablement elle qui a eu la plus grande
influence sur le monde du design japonais!»,
écrira même le designer Sôri Yanagi, dans
un texte datant du début des années 1960.
À lire : Charlotte Perriand et le Japon, par Jacques Barsac,
aux éditions Norma, 2008, 335 pages.
Une vie de création, par Charlotte Perriand, aux éditions
Odile Jacob, 1998, 511 pages.
96
BIENVENUE DANS LE MONDE DE L’ART ET DE LA DÉCORATION
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SPÉCIAL JAPON
Les rendez-vous
L’agenda
du mois PAR Laurence Mouillefarine
Photos Shigeo Ogawa (1) ; Christie’s (1).

Jusqu’au 31 Le 15 Du 15 novembre 2018
décembre novembre au 3 mars 2019
Rétrospective Tadao Ando Le Japon chez Christie’s Influences France Japon appliqués, mais aussi la mode, le
L’art d’intégrer des éléments na- Une broche naturaliste de Bou- Partout, on célèbre les 160 ans design, l’art graphique, la photo-
turels, telle la lumière et l’eau, cheron, une sellette en bronze d’échanges diplomatiques entre graphie… 1+500 œuvres sur
des formes volumétriques épu- de Ferdinand Barbedienne ani- le Japon et la France, à travers 2+200 m2 et trois niveaux, ce qui
rées, l’usage du béton lisse… mée de dragons, des gravures du l’opération baptisée «+Japonisme présage bien des découvertes à
L’œuvre du grand Tadao Ando délicat Henri Rivière dont la 2018 : les âmes en résonance+». l’horizon. La scénographie est
est expliquée à travers cinquante composition rappelle les es- Cette année commémore égale- confiée à Sou Fujimoto, qui
projets, de la maison Azuma à tampes d’Hiroshige… Chaque ment le 150e anniversaire de l’ère s’inscrit dans la nouvelle généra-
Sumiyoshi, édifiée en 1976, à la lot de la vente illustre l’inspira- Meiji. L’avènement d’un empe- tion d’architectes minimalistes.
Bourse du commerce de Paris, tion qu’ont puisée les Occiden- reur qui mit fin à un régime (En photo, Chiyogami, papier dé-
laquelle sera achevée durant taux da ns l’a r t du Japon. féodal ainsi qu’à l’enfermement coré, Japon, XIXe siècle.)
l’automne prochain. C’est l’ar- Quelques œuvres de créateurs du pays et stimula, entre autres, Splendeurs du Japon impérial, musée
chitecte lui-même qui a pensé la nippons, tel ce paravent de Katsu la création artistique. Le musée national des arts asiatiques - Guimet,
scénographie de sa rétrospec- Hamanaka (en photo), montrent Guimet rassemble ces «+Splen- 6, place d’Iéna, 75116 Paris. guimet.fr
tive. (En photo, Shanghai Poly que l’influence s’est manifestée deurs du Japon impéria l+» Japon-Japonismes 1867-2018,
Grand Theater, 2014.) dans les deux sens. (jusqu’au 14 janvier 2019). Objets inspirés, musée des Arts
Tadao Ando, le défi, Centre Pompidou, Japonisme, Christie’s, Pour sa part, le musée des Arts décoratifs, 107, rue de Rivoli, 75001 Paris.
madparis.fr
place Georges-Pompidou, 75004 Paris. 9, avenue Matignon, 75008 Paris. décoratifs revient sur les in-
centrepompidou.frt christies.com f luences esthétiques et réci-
proques vécues entre les deux
contrées. Une présentation qui
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CONTEMPORAIN
MARDI 27 NOVEMBRE
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SPÉCIAL JAPON
Les rendez-vous
Photos Fondation Custodia (1) ; Florent Tanet (1) ; Kamisaka Sekka courtesy Musée Cernuschi (1).
Du 27
Jusqu’au 6 novembre au Jusqu’au 27 Jusqu’au 17
janvier 2019 7 avril 2019 janvier 2019 février 2019
Estampes du xxe siècle Tout sur la vannerie L’art japonais des siècles Sugimoto au château
Non, l’art de l’estampe japonaise pour l’ikebana passés Saison nippone oblige, le plasti-
n’est pas mort après Hokusai ou Sujet inédit, voici rassemblés Faire entrer la beauté dans la vie cien contemporain invité au
Hiroshige. Deux cents planches deux cents paniers de bambou de tous les jours, tel était l’idéal Château de Versailles cette an-
prêtées par un musée néerlandais japonais qui servent à accueillir des artistes de l’école Rinpa, du née est japonais. Il s’agit du ta-
en sont les précieux témoins : les arrangements floraux, ou ike- XVIIe au XXe siècle. Qu’ils fussent lentueux Hiroshi Sugimoto.
paysage de rivière résumé en bana, indispensables à la céré- peintres, céramistes ou la- L’artiste déploie photographies,
quelques aplats, beautés portrai- monie du thé. Outre les modèles queurs, ces créateurs influents effigies de cire, formes sculptées
turées sur la scène d’un mu- tressés dans le passé, on dé- ont produit des œuvres qui à travers le domaine de Trianon,
sic-hall ou en train de se maquil- couvre la création contempo- sortent du Japon pour la pre- s’attardant sur les lieux chers à
ler... Une poignée d’artistes a raine. Entre les mains d’artistes, mière fois. Les peintures sur Marie-Antoinette : son théâtre,
renouvelé le genre au début du les vanneries cessent d’être des feuilles d’or sont si fragiles ses fabriques, son hameau... (En
XXe siècle, après avoir visité la contenants pour devenir sculp- qu’elles seront exposées par ro- photo, simulation de l’œuvre Sur-
France et découvert l’avant- tures. (En photo, Okimono en tation. Il vaut mieux prévoir plu- face of Revolution, dans le Belvé-
garde. Et à la modernité s’allie la bambou de Jiro Yonezawa, 2018.) sieurs visites (En photo, Le Bocal dère du Petit Trianon.)
poésie. (En photo, Danse à l’hôtel Fendre l’air, l’art du bambou japonais, au poisson rouge, 1905-1915, Ka- Sugimoto Versailles,
New Carlton, à Shanghai, 1924, musée du Quai Branly - Jacques Chirac, misaka Sekka, rouleau vertical.) Château de Versailles, place d’Armes,
gravure sur bois de Yamamura Kôka.) 37, quai Branly, 75007 Paris. quaibranly.fr
Trésors de Kyoto, musée Cernuschi,
78000 Versailles.
À voir aussi, du 24 novembre chateaudeversailles.fr
Vagues de renouveau, estampes 7, avenue Vélasquez, 75008 Paris.
au 22 décembre, Les fascinantes œuvres
modernes japonaises 1900-1960, cernuschi.paris.fr
du maître Tanabe Chikuunsai IV, Galerie
Fondation Custodia, 120, rue de Lille, Mingei, 5, rue Visconti, 75006 Paris.
75007 Paris. fondationcustodia.fr
100
L’UNIVERS AD
Les rendez-vous
Photos Artcurial (1) ; Martine Franck / Magnum Photos (1) ; Sotheby’s (1).
Le 27 Du 15 au
À partir du 6 novembre novembre 20 décembre
La nouvelle Fondation lement et la célébration de la vie. Eileen Gray chez Artcurial La relève chez Sotheby’s
Cartier-Bresson Elle posait volontiers son regard Les experts de la maison de Ils sont âgés de 20 à 40 ans, ils
Quoi de mieux, pour inaugurer sur les enfants et les personnes vente sont fiers de proposer trois défendent aussi bien les tableaux
les nouveaux locaux de la Fonda- vieillissantes. Ses clichés, por- pièces d’Eileen Gray, la produc- anciens, l’époque 1900, les sou-
tion Henri Cartier-Bresson, traits d’écrivains, paysages de tion de la créatrice irlandaise se venirs historiques, l’art du Japon
dans le Marais, que les œuvres rues, reportages sur le mouve- faisant rare aux enchères. Trois que le design. La deuxième édi-
de Martine franck*? C’est la pho- ment féministe ou l’Armée du œuvres qui illustrent ses diffé- tion des «*Jeunes marchands*»
tographe qui a mis en œuvre salut, sont empreints d’humani- rents styles : une maquette d’ar- est mise en scène par des étu-
cette fondation destinée à proté- té. Et de simplicité. (En photo, chitecture montée en lampa- diants de l’Ensad, l’Ecole natio-
ger l’œuvre de son mari, ainsi Tory Island, Comté de Donegal, daire et une console évoquent sa nale supérieure des Arts décora-
que la sienne. Ensemble pour la Irlande, Martine Franck, 1995.) période des meubles laqués et tifs. Une évidence : ces trente
postérité. C’est elle, également, Fondation Henri Cartier-Bresson, décoratifs, tandis qu’un fauteuil professionnels ont de l’enthou-
qui a choisi les photographies 79, rue des Archives, 75003 Paris. Bibendum en toile cirée et métal siasme à revendre. (En photo,
qui jalonnent sa rétrospective, henricartierbresson.org chromé (en photo) rappelle son Personnage cubiste, un plâtre
présentées en ordre chronolo- attrait pour le modernisme. Le- d’Anton Michajlovic Lavinskij
gique, et les textes qui les ac- dit siège fut commandé par la (1893-1968) présenté par Romain
compagnent. L’artiste, native modiste Jeanne Tachar. Beau Hayat.)
d’Anvers, fut membre de l’agence pedigree. Les jeunes marchands, chez Sotheby’s,
Vu, participa à la fondation de Art déco, Artcurial, 7, rond-point 76, rue du Faubourg-Saint-Honoré,
Viva avant de rejoindre Magnum. des Champs-Elysées, 75008 Paris. 75008 Paris. sothebys.com
Reporter engagée, Martine artcurial.com
Franck revendiquait l’émerveil-
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L’UNIVERS AD
Les rendez-vous
Photos Marcin Rusak & Sarah Myerscough Gallery (1) ; Paul lepreux (1) ; Yves saint Laurent, Sophie Carre (1).
Du 5 au Jusqu’au 27
9 décembre Le 8 novembre janvier 2019
Rendez-vous à Miami Le style AD chez PIASA piètement de bronze, une com- L’Asie côté couture
Pour rien au monde, nos mar- Rendez-vous biannuel, l’équipe mode signée Patrick Schols re- Bien qu’il voyageât peu, Yves
cha nds pa r isiens, T homas du magazine AD a choisi des vêtue de feuilles d’or, un vase en Saint Laurent fut plus qu’inspiré
Fritsch, Philippe Gravier, Fran- pièces de mobilier et objets d’art céramique de Martin Scholtz, par l’Asie. Une mise en scène ad-
çois Laffanour, Patrick Seguin conçus par des décorateurs et posés sur un tapis imaginé par mirable fait dialoguer objets
ne manqueraient la foire de Mia- designers pour les proposer aux Rafael Navot pour Diurne (en d’art, costumes traditionnels,
mi en décembre. C’est là qu’il enchères. Signe particulier cet photo). Un brin de fantaisie, de la bijoux de la Chine, de l’Inde, du
faut être pour rencontrer les automne, la vente met l’accent rigueur, une harmonie de cou- Japon et les créations du maître.
collectionneurs de design des sur l’art des mélanges, associant leurs... De quoi donner envie de La présentation revient égale-
XXe et XXIe siècles (en photo, Per- créations d’hier et d’aujourd’hui. recomposer le même décor à la ment sur le lancement du par-
ma Collection, 2018, par Marcin Comme dans les reportages pu- maison. fum Opium dont le flacon, ima-
Rusak, présenté par la Sarah bliés dans le magazine, les pho- PIASA, 118, rue du Faubourg-Saint-Honoré, giné par Pierre Dinand, évoque
Myerscough Gallery de Londres.) tographies qui illustrent le cata- 75008 Paris. piasa.fr un inrô japonais. Une aventure
C’est la 14e édition, 34 galeries logue sont des natures mortes qui passionna tant le couturier
venues de douze pays y ac- où voisinent des œuvres à l’es- qu’il dessina lui-même les docu-
courent. Certaines de ces en- thétique hybride. Ainsi, dia- ments destinés à sa promotion.
seignes, triées sur le volet, dé- loguent dans une même image En photo, Ensembles de soir,
fendent également les arts un paravent de Garnier et Lin- collection haute-couture au-
appliqués des XVIIIe et XIXe siècles. ker, une sculpture lumineuse de tomne-hiver 1994.
Design Miami, Miami Beach. Willy Daro en forme de paon, L’Asie rêvée d’Yves Saint Laurent, Musée
designmiami.com ornée de pierres d’agate, un ta- Yves Saint Laurent, 5, avenue Marceau,
bouret de Mark Bankowsky au 75116 Paris. museeyslparis.com
104
26 JAN-- 03 FEB 2019

BRUSSELS
GUEST OF HONOUR : GILBERT & GEORGE
Stones
© Serge Anton
www.baobabcollection.com
DANS CE PENTHOUSE
NEW-YORKAIS, à découvrir
pages suivantes, des
vases en céramique
de Jeremy Anderson
sont disposés sur une
console en résine
translucide et plateau
en laque Segment 6
(Apparatus), devant
une grande peinture
sur toile d’Albert Emiel.
Une chaise en laiton des
années 1940 recouverte
de tissu Amazonia
Brown (Clarence House)
complète l’ensemble.
Photo Helle Walsted.
Le style
AD
DES INTÉRIEURS DANS L’AIR DU TEMPS
De Lombardie en Tasmanie, de Manhattan à la
Bastille en passant par la Côte d’Azur, nos 6 maisons
sont chaleureuses, uniques et décalées.
LA VUE DEPUIS L’APPARTEMENT, au

sommet de l’immeuble du quartier
du Flatiron, à Manhattan. À droite,
sur le rebord d’une fenêtre, un vase
(Apparatus) et des prototypes
d’objets. Les volets roulants ont été
remplacés par des panneaux
inspirés du travail de Jean Prouvé.
NEW YORK
Nuances
d’automne
PHOTOS Helle Walsted
TEXTE Sophie Pinet
Dans un vaste loft

du quartier de Flatiron,
à Manhattan, le tandem
à la tête de la maison
d’édition Apparatus
s’est aménagé un
appartement où les
beaux objets dialoguent
avec une étonnante
palette chromatique.
109
LES PROPRIÉTAIRES, Gabriel Hendifar

et Jeremy Anderson, créateurs
de la maison d’édition Apparatus.
L
!orsqu’il s’agit de décors, il y a des partitions
évidentes, composées d’une succession de notes
harmonieuses qui s’accordent pour atteindre
une idée du bon goût, tout du moins celui
qui règne au moment de leur composition.
Et puis il y en a d’autres, plus complexes, trop
singulières pour se dévoiler en un instant, d’où
s’échappent librement des notes dissonantes
qui viennent rythmer les espaces, et révèlent
bien souvent les intérieurs les plus inspirants.
Il en est ainsi dans cet appartement. Bienvenue chez Gabriel
Hendifar et Jeremy Anderson, couple à la ville et à l’origine de la
maison d’édition Apparatus, dans ce lieu où ils vivent, créent, et
expérimentent les pièces qui les ont rendus incontournables sur la
scène du design contemporain, outre-Atlantique d’abord, puis en
Europe où ils rayonnent désormais depuis leur showroom milanais.
Une patine adoucie par le temps

Intérieur jour, tandis que les teintes de l’automne s’estompent LA VASTE PIÈCE PRINCIPALE, rythmée
peu à peu devant les premiers assauts grisonnants de l’hiver, ses par une immense peinture d’Albert
nuances les plus flamboyantes semblent s’être figées ici, dans le loft Emiel datant des années 1930,
du couple, niché au sommet d’un immeuble typique du quartier accueille pièces vintage anonymes
et créations d’Apparatus, comme
de Flatiron, à Manhattan. «!Nous voulions une palette à la manière la table en marbre, la suspension
d’une peinture à l’huile, dont la patine se serait adoucie avec le temps, qui la surplombe et tous les objets
conservant ce côté terreux », confient-ils. Une palette guidée par décoratifs qui animent l’espace.
l’immense toile du Danois Albert Emiel qui se déroule sur plus →
110
LE SALON accueille deux canapés

de Milo Baughman, tandis que les
tables basses ont été dessinées
par les propriétaires. Au mur,
une œuvre de Robert Moreland.
Au fond, une lampe de Bobo Piccoli
(Artemide).
L’ENTRÉE est habillée de panneaux

de bois et ponctuée de pièces
chinées et de créations d’Apparatus.
C’est ici que démarre l’immense
toile du peintre danois, avant de se
dérouler dans la pièce principale.
LE DRESSING précède la chambre,

meublé d’un fauteuil de
Vladimir Kagan et son ottoman,
et d’une petite table créée
et éditée par Apparatus.
Un système de cloisons mobiles

redessine les espaces à vivre
de cet appartement
de 5 mètres de panneaux de bois, de l’entrée jusqu’à la chambre

principale en passant par le vaste living-room. Comme un paravent
géant qui, au-delà d’onduler entre ces différents espaces, a permis
au couple de dessiner un plan aussi classique que possible dans cet
espace atypique ressemblant, lorsqu’ils s’y sont installés,
à une feuille blanche. «!Il n’y avait que la partie en verre qui séparait la
chambre du reste. Rien d’autre. L’espace était complètement ouvert. Nous
avons eu envie d’e acer ces volumes modernes en jouant sur les couleurs,
les matériaux et la répartition des pièces, a in de créer des tensions
stylistiques intéressantes!», explique Gabriel. Des tensions qui
entraînent des dialogues séduisants entre les volumes
de l’appartement, les formes qui le ponctuent et les styles qui
l’habillent. «!Plus que tout, c’est le point de rencontre entre le classicisme et
la modernité qui nous anime!.» À la manière des intérieurs
de Jacques Grange pour Yves Saint Laurent, ou de Ward Benett
pour la famille Agnelli. Une richesse des genres marquée par les
années 1970, conférant autant d’attention aux éléments bruts
qu’aux matériaux précieux, qui sert par ailleurs de fil rouge à leurs
créations, depuis leurs premiers luminaires sortis en 2010.
Cette richesse résonne aussi à travers leur catalogue, désormais
composé de meubles et d’objets que l’on retrouvera bientôt
exposés dans un nouveau showroom à Los Angeles, étoffant de
notes sud-américaines leur vocabulaire déjà ample et singulier.
113
LA CHAMBRE, ci-dessus et à droite, Le mobilier et les luminaires

apparaît comme une parenthèse de sont des créations d’Apparatus,
couleur brique, dans laquelle trône tandis que les œuvres, toiles
un lit en laiton dessiné par le couple. et sculptures, ont été chinées.
114
XXXXXXXXXXXX
La chambre a été conçue comme un cocon

enveloppant, au ton sourd de terracotta.
115
TASMANIE
Magnificence
australe
La propriété de Bentley, établie au XIXe siècle à Chudleigh,
au sud de l’Australie, a été transformée par ses nouveaux
propriétaires en domaine foisonnant. Comme une réponse
aux fastes du lointain royaume d’Angleterre.
PHOTOS Nicholas Watt

TEXTE John Hawkins
116
DANS LE JARDIN D’HIVER, les bustes

en marbre côtoient os de baleines,
bois de cervidés, crânes
de mammifères et autres curiosités
naturelles.
Photos Nicholas Watt / Photofoyer
LE JARDIN D’HIVER, de dix mètres

de haut, a été conçu pour abriter
une collection d’os de baleine
de Tasmanie du XIXe siècle, lorsque
Hobart était la capitale mondiale
de cette chasse. Au fond, un bahut
Windsor-Clive Gillows, circa 1815.
BUSTE EN MARBRE d’une inconnue

portant un collier aborigène
de dents de kangourous, par le
sculpteur Joseph Boehm, 1869.
L
orsque John et Robyn Hawkins achètent Bentley
en 2003, ils s’apprêtent à écrire un nouveau
chapitre de l’histoire de ce domaine historique
situé au cœur des paysages magnifiques
de Tasmanie. Ce qui a attiré John et Robyn
dans la vallée de Chudleigh&? C’est «!la vallée
la plus belle de l’île...!» Le couple prend possession
de la maison, conçue de plain-pied selon les
standards en vigueur à Melbourne en 1879,
et entame immédiatement une décennie
de transformations afin de rendre l’endroit encore plus admirable.
Son imagination n’ayant pas de limites, et surtout pas celle des
conventions, John a le don de replacer les choses dans un contexte
plus large. Les grands projets le galvanisent. Il pense à la façon
d’un John Nash, l’architecte et urbaniste du roi George IV, à qui
l’on doit l’aménagement du centre de Londres – Regent Street
et Regent’s Park, Marble Arch ou le palais de Buckingham,
entre autres. Robyn, quant à elle, tel un grand paysagiste anglais,
s’investit dans les plantations et la création d’un arboretum
rassemblant les nombreuses essences de Tasmanie.
Une façade ennoblie

La maison a besoin d’être agrandie afin d’abriter l’entreprise
de John, une importante collection d’antiquités ainsi que la
bibliothèque de botanique de Robyn. Comme, d’autre part,
il apparaît à ses propriétaires que Bentley tirerait avantage d’une
exposition au nord, vers la vallée, plutôt qu’à l’est, une extension
plus grande et plus haute que la structure existante est construite
afin d’en modifier l’orientation. On en profite pour y intégrer
une réplique du dôme indien du Royal Pavilion de Brighton, →
119
LA BIBLIOTHÈQUE abrite, dans

une vitrine au milieu d’une
juxtaposition de meubles variés,
un dodo empaillé.
121
Tels des menhirs, les sculptures

contemporaines d’Helmut Schwabe
répondent aux murs en pierre sèche.
DANS LE JARDIN, des sculptures dessiné par John Nash – encore lui – en 1822. La maison
modernes en dolérite de l’artiste est ainsi agrandie, avec une salle de réception, plusieurs chambres,
tasmanien Helmut Schwabe. et une vaste bibliothèque que l’on choisit d’aménager autour de la
AU SALON, sur un meuble-cabinet cheminée bâtie pour l’Exposition universelle de Sydney de 1879
de curiosités, un élément par le créateur de vitraux John Lamb Lyon. L’atelier, calme et
de décoration du XVIIe siècle lumineux, devient l’espace dans lequel Robyn va réaliser ses natures
constitué de deux étoiles de mer. mortes de fleurs et ses peintures de paysages. Les dépendances
DANS UNE CHAMBRE , le lit
s’augmentent d’une tour d’horloge, d’un conservatoire, d’une
à baldaquin de 1810 en bois remise à chevaux et d’une chapelle attenante au cimetière datant
de satin de chez Gillows des années 1860. Quant au parc, il est doté de spectaculaires
est entièrement habillé sculptures signées de l’artiste tasmanien Helmut Schwabe.
de soie jaune.
Afin que la nouvelle façade sur jardin soit magnifiée par les reflets
d’un lac, trois étendues d’eau sont créées, qui contribuent
du même coup à l’irrigation du domaine. Les haies d’aubépines
centenaires n’étant pas taillées selon la tradition britannique,
on fait venir un jardinier d’Angleterre afin qu’il introduise
les techniques appropriées en Tasmanie. La cour et les jardins
sont entourés de murs en pierre sèche, agrémentés d’une haie
paysagée… En enrichissant ce domaine déjà délicieux,
John et Robyn Hawkins se sont attelé à une tâche plus vaste
et plus sophistiquée que quiconque avant eux sur cette île
paradisiaque, magnifique et reculée. Ils ont ajouté de nouvelles
touches au tableau pittoresque qu’est Bentley, et en ont fait
un véritable chef-d’œuvre.
Traduction et adaptation de l’anglais Nicolas Milon.
123
Hommage au Royal Pavilion

de Brighton, en Angleterre, un dôme
vient couronner le jardin d’hiver.
LE JARDIN D’HIVER, extension de

la maison d’origine, et son dôme
inspiré du style anglo-indien
très en cours au XIXe siècle.
Devant la façade, deux sculptures
d’Helmut Schwabe.
À L’INTÉRIEUR, la cheminée de 1812

s’inspire de celles du château
de Malmaison, en France. Devant,
une ancienne carapace de tortue.
124
PARIS
Thibaut Mathieu
RÉALISATION
STYLISMESarah de Beaumont
PHOTOS Alexis Armanet
TEXTE Christian Simenc
L’infini et au-delà
Dans le quartier de la Bastille, l’ancienne demeure

du couturier Kenzo a été repensée par l’architecte
Kengo Kuma. Nouvelles perspectives et ouvertures
sur la lumière ont guidé son travail,
pour une sensation de grande sérénité.
126
KENGO KUMA sur la terrasse

intérieure du premier étage, toute
de verre et de caillebotis de bois.
L’architecte l’a dessinée dans une
volonté de jouer au maximum sur
les transparences.
LA GALERIE MENANT AU PATIO arbore DANS LA SALLE À MANGER, sous une

un plafond et des murs habillés longue table imaginée par Kengo
de bardeaux de bois et un sol Kuma viennent se ranger des
en travertin. Au fond, devant un mur chaises Wishbone ou CH24 du
enduit à la chaux, un sofa How High designer danois Hans Wegner pour
The Moon signé Shiro Kuramata. la firme Carl Hansen & Søn (1950).
128
Bois clair et cloisons shoji

rythment l’ordonnancement
délicat de la maison.
LE SÉJOUR depuis le jardin japonais.

Sur la terrasse en travertin, un
tabouret Butterfly du designer Sôri
Yanagi. À travers la paroi vitrée,
on distingue les hauts volets en bois
pivotants ouvrant sur la terrasse.
130
U
n sentiment d’infini. L’origine d’un projet
ne tient parfois qu’à un fil ténu, mais ô
combien essentiel. Ce «!sentiment d’infini!»,
c’est celui qu’ont conservé Olivier et
Isabelle Chouvet de leur séjour dans une
villa édifiée par l’architecte japonais Kengo
Kuma dans la campagne proche
de Pékin (Chine), non loin de la Grande
Muraille. «!Nous avons eu la chance, en 2005,
de pouvoir passer une semaine dans la Great
Bamboo Wall House, raconte Olivier Chouvet. Les pièces, disposées
en enfilade, s’ouvrent sur tout le paysage alentour et, depuis l’intérieur,
la vue plonge directement dans la nature. Cette communion intense entre
l’architecture et la nature procure un incroyable sentiment d’infini.!»
À leur retour en France, en 2016, après dix-huit années passées
en Asie – dont huit au Japon –, ils acquièrent l’ancienne demeure
du couturier Kenzo Takada, nichée en cœur d’îlot, dans le quartier
de la Bastille, à Paris. Trois étages, une vingtaine de pièces, un
jardin japonais… De quoi consoler leur inaltérable inclination
envers l’Orient. L’envie toute naturelle d’y apporter une touche
personnelle ne s’est pas fait attendre. A fortiori lorsque s’est gravé
à l’esprit un insigne souvenir et le nom de son auteur : Kengo
Kuma. Ce dernier accepte et fait une première visite. «!Ce qui m’a
le plus impressionné, c’est ce jardin japonais lové au cœur de Paris,
une merveille!!!», confie l’architecte, qui a charge justement de
métamorphoser l’aile donnant sur ce jardin. Quant au sentiment
d’infini, il va le formaliser dans son architecture en générant
de nouvelles perspectives, sinon des perceptions neuves.
Transparences et légèreté
D’emblée, Kengo Kuma ouvre le patio central, jadis sombre, en
«*reculant*» une façade, au premier étage, pour créer, à la place,
une terrasse en caillebotis de bois entièrement ouverte et protégée
par un toit de verre qui joue avec la lumière naturelle. Ainsi, après
avoir traversé une galerie habillée de bardeaux verticaux posés
selon la technique nipponne yamato-bari, le visiteur débouche
dans ledit patio et son regard peut désormais filer très haut dans
le ciel. Au sol, métaphore d’un «!pont de pierre!» (dixit Kuma-san),
des dalles de travertin brun-gris sont disposées sur le gazon de
manière disjointe, presque en suspension. Des bambous hissent
fièrement leurs tiges jusqu’au faîte du toit. «!L’approche est, pour moi,
toujours un moment important, car celle-ci change inévitablement l’état
d’esprit de la personne qui entre, estime Kengo Kuma. À l’instar
de l’arrivée dans un temple, on passe d’abord par une sorte de couloir clos,
avant d’accéder vers la lumière, au cœur du “sanctuaire”.!» Dans
l’entrée, un bel escalier en chêne clair, façon mille-feuille, mène
à l’étage. «!Je me suis inspiré des Chigaidana, ces “étagères décalées”
intégrées au Tokonoma, l’alcôve dans laquelle les habitants exhibent
ikebanas, œuvres ou objets d’art!», précise Kengo Kuma. Ses marches
taillées en aile d’avion arborent un profil aminci. Les matériaux →
LE JARDIN JAPONAIS vu du séjour. LA TERRASSE du premier étage

Sur la terrasse en dalles de a été voulue transparente et légère.
travertin, deux banquettes en bois Le travail d’espacement entre les
brut taillées d’un seul tenant. éléments de bois de la terrasse,
Dans le reflet de la paroi vitrée, de la toiture, de l’escalier, de la
on distingue, disposés en regard, banquette ou de la table, génère
les volets pivotants. des rythmes qui jouent avec la
lumière naturelle.
VUE DU JARDIN JAPONAIS depuis le
pavillon traditionnel dont le sol est
habillé de tatamis en paille de riz.
Au premier plan, la porte d’entrée
en bois gougé.
ont été sublimés par des artisans japonais virtuoses. Ici, des murs
habillés d’un enduit à la chaux, dont la finition au peigne affiche
une douce rugosité. Là, des portes pivotantes délicatement
gougées à l’aide d’un outil appelé naguri, qui sont, à elles seules,
des chefs d’œuvre de savoir-faire. À l’étage se déploie une
imposante salle de séjour oblongue, avec à son extrémité un nouvel
escalier mille-feuille grimpant d’un demi-niveau jusqu’à la salle
à manger. Le long mur longitudinal qui jadis les séparait a été
démantelé, remplacé sur toute la hauteur par une flopée de volets
en chêne étroits et pivotants, à la tranche taillée à vif. «!L’important
est la transparence et la légèreté. J’ai décidé d’abattre ce mur car je voulais
reconnecter les espaces entre eux, depuis le patio central jusqu’au jardin
japonais, à travers la nouvelle terrasse et le séjour, explique Kengo
Kuma. Je cherche à créer de la profondeur, afin que l’utilisateur éprouve
une continuité. La fluidité est une idée très japonaise.!» Ces volets font
office de filtre, laissant passer le regard ou le tamisant, selon
son envie. Qu’il s’agisse d’une table ou de l’aménagement, chaque
pièce de bois est soigneusement calibrée et disposée de manière
répétitive. «!Lorsqu’on répète une même dimension, un même espacement,
un même détail, cela devient comme des notes qui génèrent une musique!»,
poursuit l’architecte. Le travail sur la perspective est, ici, à son
apogée. Ainsi, les fins chevrons qui portent la toiture en pente
semblent filer de part en part, sans limite. Kengo Kuma accentue
les effets, afin que le jardin japonais devienne l’horizon ultime.
Bambous, genévriers, cerisiers roses, érables rouge-prune, lichens,
mousses, rochers, frêles cascades… Ce paysage miniature se
contemple, notamment, depuis une maison traditionnelle
japonaise érigée, jadis, par les as nippons de la charpente de la
firme Mizusawa Komuten. Depuis le petit ponton en bois extérieur
couvert, on peut voir danser les carpes koï. Antre de calme
et de sérénité, d’où sourd… un sentiment d’infini.
132
Tout ici nous transporte dans la

sérénité, de la maison traditionnelle
japonaise aux carpes koï du bassin.
Kengo Kuma
en 7 dates
1954, naissance à Yokohama.

1990, il ouvre, à Tokyo, l’agence
Kengo Kuma & Associates.
2010, il signe le GC Prostho
Museum Research Center,
à Kasugai-shi.
2013, il conçoit le bâtiment
du Fonds régional d’art
contemporain, à Marseille,
et celui de la Cité des arts
et de la culture, à Besançon.
2015, il réalise l’Académie
des arts de Chine, à Hangzhou.
2018, le 15 septembre a ouvert
la filiale du Victoria & Albert
Museum de Dundee, en Écosse.
2020, le stade olympique de
Tokyo accueillant les JO d’été
sera inauguré.
LE PETIT PONTON DE MÉDITATION, À L’EXTRÉMITÉ DU SÉJOUR, sous les

en façade de la maison traditionnelle fins chevrons filants de part
japonaise, surplombe une série en part, se déploie un petit salon.
de bassins dans lesquels les carpes En arrière-plan, l’escalier mille-
koï évoluent en toute quiétude. feuille menant à la salle à manger.
Sur la table basse, Vase Ikebana
de Jaime Hayon (Fritz Hansen
chez Silvera). Fleurs (Muse).
135
DEVANT UN MUR EN CÉRAMIQUE

Wasteland de Peter Lane qui sépare
le salon de l’entrée, une banquette
en Plexiglas et laiton de Henri
Samuel (1970). Sur le mur du fond,
une œuvre de Lucio Fontana,
Concetto Spaziale, Attese (1967).
Sur la console en travertin et
bronze (Chahan Design), une série
de vases en céramique signés
Christiane Wilhem (2010), Pablo
Picasso, Homme et Femme (1952),
et Richard Hutten.
NEW YORK
Une palette de tons

crémeux, des œuvres d’art
magistrales et une
collection de meubles
portant les plus belles
signatures du XXe siècle…
Carte
Dans cet appartement
avec vue sur Central Park,
l’architecte d’intérieur
Chahan Minassian a eu
toute liberté pour
composer un décor qui
blanche
exprime l’essence même
de son style.
PHOTOS Jose Manuel Alorda

TEXTE Marie Kalt
137
DANS L’ENTRÉE, dont les murs

sont habillés de daim tressé, une
imposante toile de Cy Twombly
(2006). À droite, sous une rare
Mona Lisa blanche d’Andy Wharol
(1980), un banc en résine Souvenir
of the last century de Studio
Nucleo. Au plafond, une paire
de suspensions Iris en plâtre
et fer martelé de CSLB Studio.
138
DU SALON, on découvre
une vue magistrale sur
Central Park. Adossé
au canapé (Chahan
Design), une table
sculpturale en marbre
de Machat accueille
une paire de lampes
en bronze de Robert
Phandeve et une coupe
à fruits en cristal
et argent de Boris
Lacroix. À côté, une
table d’appoint en
bronze et marqueterie
de cristal de roche et
une série de tabourets
de bar dessinés sur
mesure (Chahan Design,
Chahan Gallery).
À
peine entré dans cet appartement, on au maximum de cette incroyable vue à 360°.!» L’enfilade de pièces de
est happé par la vue sur Central Park réception est alors supprimée, au profit d’un immense salon-salle
qui déroule droit dans l’axe des fenêtres à manger de 125 mètres carrés vitré sur ses trois côtés. Chacune
son immense tapis vert encadré d’une des chambres bénéficie de la même ouverture sur la ville.
forêt de gratte-ciel. Nous sommes
au 85e étage du One57, un bâtiment Un camaïeu de blancs
de 300 mètres de haut dessiné par Le décor se devait évidemment d’être à la hauteur de la situation
Christian de Portzamparc. Surnommée exceptionnelle de l’appartement. «!J’ai eu la chance que le propriétaire
«!The Billionnaires’ building!» – le prix me donne carte blanche pour exprimer au mieux ma vision et mon
des appartements s’y calcule en effet savoir-faire!», explique Chahan Minassian. Il fait appel aux artistes
en dizaines de millions de dollars – ce fut, au moment de son et aux artisans avec lesquels il collabore régulièrement et
ouverture, la tour résidentielle la plus haute de New York, avant commande au céramiste Peter Lane un mur de 17 mètres de long
d’être détrônée par le 432 Park Lane dans cette course effrénée en dalles de terre cuite et vernissée – le plus long jamais réalisé –
vers les sommets qui caractérise l’activité immobilière de la ville. pour séparer le salon de l’entrée. Les murs sont habillés de daim
«!Pour ce client, raconte l’architecte d’intérieur Chahan Minassian, tressé ou de parchemin, les tapis et les meubles qui n’ont pas été
j’ai aménagé de nombreux appartements à New York. Au fil des années, achetés chez des antiquaires sont dessinés sur mesure. Fidèle
on est passé du 27e au 50e étage, puis du 75e au 85e. Toujours plus haut!!!» à son goût pour le «.monochromatisme.», Chahan Minassian
L’appartement avait été acheté sur plan et l’architecte se souvient mise sur les camaïeux de blancs, du plus crayeux au plus crémeux,
de sa première visite, alors qu’il n’y avait qu’une structure en béton rehaussés ici et là d’une touche de noir ou de bronze. «!C’est une
et que les fenêtres n’avaient pas encore été posées. «!On était sur overdose de ton sur ton!!!» dit-il en plaisantant. Cette partition
le toit du monde!! Nous avons décidé de revoir tous les plans pour profiter magnifiquement orchestrée joue sur les contrastes entre brut →
DANS LE SALON, un « labrum » en

marbre de l’époque romaine, monté
sur piètement de bronze par
l’artiste Bruno Romeda, fait office
de table basse. Y sont disposés
une coupe de Jean Besnard (1930)
et une sculpture en céramique
émaillée vintage. À droite du
fauteuil dessiné sur mesure, une
table basse en marbre et bronze
de Richard Blow (1950). De part et
d’autre du canapé (Chahan Design),
une rare paire de tables d’appoint
de Paul Dupré-Lafon. Derrière, une
sculpture en phosphore, bronze
et argent de Richard Filipowski
(1960) et un lustre de Max Ingrand.
141
LE BUREAU s’articule autour

d’un spectaculaire tableau
de Jean Dubuffet, Le Lit (1970).
Autour d’une table Art déco en bois
d’olivier et galuchat (1925), un
fauteuil en marqueterie d’écaille
de tortue de Karl Springer (1970)
et une paire de fauteuils Fiorenza
de Franco Albini (1956). Sur le
bureau, une lampe en cristal
de roche (Chahan Design, Chahan
Gallery) et une boîte en argent
de Jean Després (1955). Cabinet
en noyer de Sten-Olof Fransson
(1958). Tapis en soie dessiné
par Chahan Minassian.
et précieux, lisse et texturé, doux et rugueux : au travertin

s’opposent le cachemire et l’Orylag (la fourrure, précieuse,
d’un lapin au poil particulièrement doux), à la matité minérale
de la pierre la transparence du cristal de roche.
«!Pour le choix des œuvres d’art, nous avons travaillé à quatre mains
avec le propriétaire!», ajoute Chahan Minassian. Et c’est effectivement
une collection de qualité muséale qui a été réunie ici, une
avalanche de signatures prestigieuses à faire pâlir n’importe
quelle grande foire d’art. Sur les murs se succèdent les Fontana,
Twombly, Dubuffet, Miró, Matisse, Picasso… ou un très rare
Warhol, choisi parce qu’il est blanc&! La sélection de meubles et
d’objets reflète le goût de Chahan Minassian pour les créateurs du
DANS LA CHAMBRE, le coin lecture. XXe siècle, avec la prédominance de grands noms français comme
Autour d’une méridienne de Marc Paul Dupré-Lafon, Jacques Quinet, Marc du Plantier ou René
du Plantier, une sculpture en bronze
d’Alexander Archipenko, Woman Prou, qui voisinent avec des américains comme Karl Springer ou
Combing her Hair (1915) et un banc en John Dickinson et des Italiens comme Franco Albini ou Francesco
bois et laiton de Hugh Acton (1955). Acitelli. «!C’est un lieu qui traduit ma vision du luxe, tout a été pensé
De l’autre côté, un lampadaire pour le confort et le plaisir de ses occupants. Mais c’est un luxe discret
en pierre sculpté de Karl Springer
(1970) et un guéridon en travertin
et raffiné, il n’y a rien d’ostentatoire. Plus encore que dans mon propre
de Francesco Acitelli (1986). Tapis appartement parisien, j’ai pu exprimer ici l’essence même de mon style!»,
dessiné par Chahan Minassian. conclut l’architecte d’intérieur.
143
« Je reste fidèle à une palette monochrome.

Ici, c’est une overdose de ton sur ton ! »
—— L’architecte d’intérieur Chahan Minassian
DANS LA SALLE DE BAINS habillée

de pierre du Portugal, le sol
est travaillé en bandes lisses
et texturées. Au-dessus de la
baignoire, une sculpture
en aluminium de Gregory Ryan,
Waterfall, réalisée par l’artiste
pour cet appartement. Au plafond,
deux suspensions en verre de
Murano de 1960 (Barovier & Toso).
À droite, un cabinet en marqueterie
de pyrite signé Kam Tin.
144
LA CHAMBRE PRINCIPALE avec son

coin bureau. Devant le secrétaire,
un fauteuil en galuchat de Karl
Springer (1960). Sur les étagères
voisinent une sculpture d’Élisabeth
Joulia, un tableau de Cy Twombly,
Two light flowers (2008), une Nature
morte à la cruche de Pablo Picasso
(1937), un vase Crystallization
de Lukas Wegwerth, une boîte en
python de Karl Springer et une série
d’animaux en céramique de Bruno
Gambone. Devant la fenêtre, une
bergère Koala d’Élisabeth Garouste
et Mattia Bonetti et un guéridon
en plâtre de John Dickinson (1970).
CÔTE D’AZUR
Vibrations
méditerranéennes
Au Domaine du Muy,
parc de sculptures
contemporaines
développé par le
galeriste Jean-Gabriel
Mitterrand et son fils
Edward, la décoratrice
India Mahdavi
a conçu une maison
tout en jeux optiques
qui répond aux œuvres
exposées en pleine
nature.
RÉALISATION ET TEXTE
Cédric Saint André Perrin
PHOTOS
Ambroise Tézenas
146
DANS L’ENTRÉE, une peinture sur aluminium,

Induction du Jaune 202, de Carlos Cruz-Diez,
trône au-dessus du banc Wintergarden Bench
# 16-17 de Donald Judd sur lequel sont jetés des
panamas. La porte en Valchromat joue sur une
composition graphique, tout comme les carreaux
de ciment dessinés par India Mahdavi (Bisazza).
LA FAÇADE DE LA MAISON a été peinte couleur argent.
147
Dans l’écrin de verdure du massif des Maures,

des œuvres de Takis, Liam Gillick,
Niki de Saint Phalle ou Mark Handforth.
DANS LE SALON, face à un canapé Jetlag d’India DANS LE PARC, ordonné par le paysagiste
Mahdavi et une sculpture murale First Time de Louis Benech, une sculpture Standing Star,
Gary Webb, une table basse créée par l’artiste de Mark Handforth.
Takis. Sur la stèle, une Femme Assise-Nana
de Niki de Saint Phalle. Au sol, des carreaux de
ciments dessinés par India Mahdavi (Bisazza).
149
N
on loin de Saint-Tropez, dissimulé dans le
massif des Maures, au cœur d’une forêt
de pins et de chênes liège, le Domaine
du Muy propose un parcours sculptural
d’œuvres signées Wim Delvoye, Francisco
Sobrino, Takis… «!Ce n’est pas une galerie,
ni une fondation, mais un espace d’exposition
privé, précise le marchand parisien
Jean-Gabriel Mitterrand, maître des lieux.
Toute ma vie j’ai travaillé avec des sculpteurs
comme Jean Tinguely, Niki de Saint Phalle ou les Lalanne. J’ai toujours
rêvé d’avoir un endroit entièrement consacré à ce média. Avec mon fils
Edward, qui est conseil en art contemporain, nous avons décidé
de développer une nouvelle activité entièrement dédiée à la sculpture
monumentale d’extérieur : une demande forte de la part des collectionneurs
comme des municipalités et des grandes entreprises.!» C’est au cœur d’un
vallon sauvage que père et fils ont trouvé refuge, dans une vaste
propriété agrémentée d’une villa de style provençal. «!Pour des
raisons de permis de construire, il était difficile de démolir cette bâtisse sans
grand intérêt architectural, explique Edward Mitterrand. Par ailleurs,
à la différence des fondations façon entrepôts développées par les grands
galeristes Gagosian ou Thaddaeus Ropac, nous tenions à disposer d’une
vraie maison. Non pas une maison de famille ni même une résidence
secondaire, mais une demeure nous permettant de recevoir nos clients et
d’accueillir des artistes en résidence le temps qu’ils créent une œuvre in situ.
Un décor brutaliste n’aurait pas fonctionné ici. Nous avons donc fait appel
à India Mahdavi – une évidence pour nous – qui a conçu une maison
ultra graphique mais confortable, douce et accueillante.!» Très vite,
afin d’insuffler une force sculpturale au bâtiment, l’architecte
d’intérieur parisienne a eu l’idée de peindre sa façade en argent.
«!Plutôt que de chercher à camoufler la maison, j’ai souhaité affirmer
sa présence dans le paysage!», confie-t-elle.
S’inscrire dans un style méridional

India Mahdavi a restructuré la construction dans sa globalité,
créant un grand salon avec vue sur le parc situé à l’arrière du
bâtiment, une salle à manger façon patio en son centre, une cuisine
et une chambre de maître de part et d’autre dans chacune des ailes,
d’autres chambres à l’étage et, en sous-sol, une galerie d’exposition.
La famille Mitterrand souhaitait disposer d’une maison
contemporaine qui s’inscrive dans un style méridional. Le Midi,
un sujet cher à India Mahdavi qui, à travers des chantiers comme le
Monte-Carlo Beach à Monaco ou l’Hôtel du Cloître à Arles, s’est
déjà frottée à l’esprit méditerranéen. «!Le Sud, ce n’est pas que la
couleur, c’est aussi des jeux d’ombre et de lumière, indique la décoratrice.
J’ai rythmé l’intérieur de cette maison de vibrations noires et d’autres →
DANS LE SALON, les fauteuils Cap Martin,

les canapés Jelly Pea, les tables basses
Week-End et les lampadaires Casanova et Don
Giovanni sont d’India Mahdavi. Sous le pastel
sur papier Cemetery Angel Zurich de Rachel
Feinstein, un banc en bronze de Claude Lalanne.
Au plafond, une sculpture en aluminium et
Plexiglass Rescinded Platform de Liam Gillick.
Sur la terrasse, un mouton en bronze et Epoxy
Stone de François-Xavier Lalanne.
151
DANS LA SALLE À MANGER, sur une table en rotin

Sunshine sont posés des cendriers Bicéphale
et Smoking no Smoking, le tout signé India
Mahdavi, comme la banquette, ses cousins
brodés, et les chaises Afro au premier plan.
Au mur, des dessins au crayon sur papier
de Katja Schenker.
MÊME JEU DE MATÉRIAUX pour la porte et les

placards de la chambre. Sous une photographie
d’Anne et Patrick Poirier, un lit de Patricia
Urquiola orné de coussins d’India Mahdavi.
Sur la gauche, un fauteuil de Pierre Jeanneret.
LE MOBILIER DE LA CUISINE a été traité dans un jeu

graphique de Valchromat. Au sol, un carrelage
Hexagonale d’India Mahdavi (Bisazza), aux murs
des zelliges marocains. Les paniers Acapulco
sont édités par la décoratrice. Au plafond,
un luminaire de Mathieu Matégot.
blanches!; des jeux graphiques qui se traduisent au sol par des carreaux de
ciment dessinés pour Bisazza et sur les portes des aplats contrastés de
Valchromat, un médium teinté.!» La décoratrice a usé de matériaux
pauvres – carreaux de ciment, tuiles émaillées, contreplaqué,
mobilier en rotin, céramique – qui contrebalancent la préciosité
des œuvres d’art exposées et insufflent une fraîcheur à la maison.
«!J’aime mélanger des choses simples à d’autres plus luxueuses, cela donne du
relief aux objets, du caractère aux lieux!!!»
Au mobilier dessiné par ses soins, elle a combiné des pièces
vintage des années 1950, comme les luminaires de Mathieu
Matégot dans la cuisine, et des pièces créées par des artistes, à la
façon du banc de Donald Judd trônant dans l’entrée. Maison et
parc ne font qu’un puisque l’on retrouve les œuvres cinétiques de
sculpteurs comme Francisco Sobrino à grande échelle dans le parc
et en plus petit dans la salle à manger. La villa se prolonge à
l’extérieur par d’amples terrasses agencées en salons de jardin, qui
elles-mêmes s’allongent à perte de vue à travers des plantations de
lavandes, de bruyères arborescentes et de chênes liège, ordonnées
par le paysagiste Louis Benech. Le Domaine du Muy doit sa
réussite à un impressionnant casting de talents.
Le Domaine du Muy est ouvert sur rendez-vous. Plus d’information(: domainedumuy.com.
153
JEAN-GABRIEL MITTERRAND, INDIA MAHDAVI SUR LA TERRASSE, devant la chambre et le salon,

ET EDWARD MITTERRAND. Canapés et fauteuil la façade a été teintée argent. Le mobilier
Cap Martin d’India Madhavi, au sol tapis d’extérieur en métal peint 1950 a été chiné
en paille marocain. Sur une table basse-banc aux puces, les pots sont de Ravel.
en aluminium signée de l’artiste
Peter Kogler, une poterie émaillée (Ravel).
154
Plutôt que d’être camouflée, la maison

a été repeinte couleur argent afin
d’affirmer sa présence dans le paysage.
ITALIE
LA MAISON à l’époque de sa
construction, dans les années 1960.
Elle est signée de l’architecte
italien Gigi Radice. Ci-dessous,
détail du perron et de son escalier
aux marches décalées.
Photo © Minotti (1).
RÉALISATIONThibaut Mathieu
PHOTOS Romain Courtemanche
TEXTE Marion Bley
Une maison
aux lignes pures
En Brianza, la région du Nord de l’Italie où la plupart des grands éditeurs

ont leurs racines, les Minotti se firent construire en 1964 une
maison moderniste. À l’occasion des 70 ans de l’entreprise, Roberto et
Renato Minotti, frères et co-PDG, retracent cette aventure familiale.
157
J
e me souviens que
ma mère et Gigi
Radice, l’architecte
de notre maison,
passaient beaucoup
de temps à discuter
de son style, de sa
décoration, de la
façon dont elle
serait meublée#»,
raconte Roberto Minotti, fils d’Alberto
et Ileana Minotti, fondateurs de
l’entreprise dont il est aujourd’hui
co-PDG avec son frère Renato. Les deux
frères se souviennent : «#Notre mère
a toujours eu ses propres idées, pas
du genre à se laisser imposer quoi que
ce soit par quelqu’un d’autre. Elle savait
ce qu’elle voulait#! Et, après tout, c’était
elle, avec sa famille, qui allait y vivre…
Face à elle et notre père, il y avait Gigi
Radice, talentueux architecte et designer,
qui créait déjà des meubles pour Minotti.
Au début des années 1960, notre père lui
avait demandé de concevoir sa nouvelle
usine ainsi que notre maison dans ce qui
était alors les faubourgs de Meda, la ville
de la Brianza, dans le Nord de l’Italie,
dont la famille est originaire. Notre père
voulait que notre maison soit construite
à côté de l’usine pour être proche
de nous, même quand il était au travail.
Et puis, nous avions grandi dans cette
LA PORTE D’ENTRÉE de la maison, petite ville, il ne voulait pas nous éloigner de nos racines…
tout en lignes droites. Un auvent «#Nos parents avaient demandé à Gigi d’imaginer une maison à la fois classique
vient protéger la volée de marches.
et contemporaine, ce qu’il a fait. Il a su marier les motifs typiques, comme
les dessins hexagonaux que l’on retrouve au fil des différentes pièces, avec une
architecture innovante, notamment dans la façon dont l’espace est réparti,
en particulier dans notre grand salon. De plus, cette maison est une vitrine
des savoir-faire artisanaux italiens, et le mobilier qu’à conçu Radice
pour Minotti dans ces années-là révèle un esprit créatif proche de celui
d’un Giò Ponti, ainsi qu’une maîtrise technique exceptionnelle.
Au centre, la cheminée géante

«#La conception même de l’espace intérieur est particulière. D’une part, les
chambres – suite parentale, chambres des enfants et d’amis, salles de bains –,
la cuisine, etc.#; de l’autre, la pièce de vie, la plus importante de la maison, avec
son plafond très particulier en noyer qui forme un dôme pyramidal. Ce dernier
abrite le foyer d’une cheminée géante que l’architecte a conçue comme le
centre de son projet. Au point qu’elle est aujourd’hui devenue ce qui nous
rassemble : c’est toujours autour d’elle qu’ont lieu nos fêtes de famille.
« J’ai, quant à moi, toujours considéré le foyer comme une métaphore de la vie,
ajoute Roberto. Le feu demande une attention et un soin constants, il ne suffit
pas de déposer quelques bûches dans la cheminée et d’y jeter une allumette : →
158
DANS L’ENTRÉE, les grands miroirs

alternent avec les panneaux
de noyer. Entre les deux fauteuils
Albert en cuir noir, réédition
du modèle de Gigi Radice,
une table Bellagio au plateau
de marbre (Minotti).
LE COULOIR, structuré par les

huisseries en bois des portes
et des fenêtres, dessert les
chambres. Le sol, comme dans
l’entrée, est en dalles de terre
cuite cirée.
LE LIVING-ROOM dans les années

1960, avec sa monumentale
cheminée centrale et son plafond
pyramidal panelé de noyer.
c’est un processus bien plus lent, plus précis et méthodique, dans lequel il faut
aussi mettre son temps et sa passion. Vous comprenez alors qu’il est central
pour moi d’avoir une cheminée#!
«#La cheminée fait quasiment partie de l’ADN de Minotti, poursuit Renato.
Nous avons été jusqu’à reproduire celle-ci sur notre espace au dernier Salon
du Meuble, à la Fiera, tant nous l’aimons… Et il y en a toujours une variation
dans nos différents showrooms à travers le monde. Ici, dans notre living-room,
elle ordonne l’espace, et autour de ses quatre pans se répartissent, dans
l’ordre, le salon, la partie salle à manger, le coin télé et enfin le salon de
musique, où trône notre magnifique piano à queue. Comme je vous le disais,
notre mère avait un avis résolu sur la façon dont sa maison serait décorée.
En 1964, elle a donc décidé que ses murs seraient tendus de soie chinoise
et ses sols couverts de moquette vert sauge. Un choix sophistiqué, et un cadre
raffiné pour les meubles que venait de lui dessiner Gigi Radice.
«#Si nous rééditons cette année, pour notre 70e anniversaire, ces élégants
fauteuils et canapés au fin piétement rétro sous le nom de Albert & Ile,
c’est aussi pour rendre hommage à nos parents : notre père, Albert, disparu
en 1991, et notre mère, Ileana, toujours présidente honoraire de l’entreprise
familiale. Bref, notre maison était un projet innovant, tout à fait représentatif
de l’esprit de notre famille, et de la «#vision#» de notre père, cette faculté
qu’il avait de croire en ses intuitions et son talent. Une vision qu’il nous
a certainement transmise, à nous ses enfants.#»
160
LE SALON a conservé sa superbe

cheminée en béton et cuivre
martelé. Autour, un canapé en lin
clair Jagger et une table basse
Bellagio (Minotti).
Le bois règne ici des meubles au plafond,

magnifié par le savoir-faire des artisans
de cette région.
Gigi Radice,
créateur méconnu
Né en 1924, à Cantù, petite

ville Lombarde proche de
Côme, Luigi Radice, dit Gigi,
est un architecte, designer
et peintre. Il a conçu l’usine
Gigi Radice portrait Courtesy by Archivio “Canturium”, Cantù.
Minotti et la maison familiale

de Meda dans le style
moderniste, tout en
collaborant aux collections
de mobilier de l’entreprise,
dessinant d’élégants
fauteuils ou canapés aux
lignes élancées. Personnalité
charismatique, il développait
en parallèle un vrai talent
de caricaturiste. Il est mort
en 2002 dans sa ville natale.
DANS LE COIN SALLE À MANGER, CÔTÉ « SALON DE MUSIQUE »,

sous une suspension des d’élégants placards muraux,
années 1960 (Venini), une table toujours en noyer, servent de bar.
en noyer et ses chaises dessinées Rien n’a changé depuis les
par Gigi Radice dans les années années 1960, sauf le revêtement
1960 également. Au premier plan, mural en soie et la couleur
le couvercle laqué du piano. de la moquette…
163
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DANS CETTE MAISON EN

NORMANDIE, l’architecte
Jessica Barouch a choisi
une pierre naturelle pour
les plans de travail et le
sol, tandis que les murs
sont habillés de
marmorino et de
peinture sablée. Le
traitement laiton patiné
bronze et noir des
placards apporte une
note contemporaine.
Céramiques anciennes,
coupes, bols et vases
(Jessica Art Gallery).
Photo Stephan Julliard
Le guide
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LES NOUVELLES HARMONIES EN CUISINE
Brut contemporain, vintage revisité ou naturel
sophistiqué… nos 3 cuisines, leur électroménager
et leurs accessoires jouent les associations libres.
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Nouvelle cuisine
Pureté moderne et contrastée, esprit vintage légèrement twisté
ou classique chaleureusement revisité… la cuisine sait se réinventer.
En témoignent nos 3 inspirations du moment, agrémentées du bon
électroménager et d’accessoires au style fort et pimenté.
RÉALISATION Sarah de Beaumont
POUR DONNER UN ESPRIT

CONTEMPORAIN à cette cuisine
installée dans un palais classique
italien, l’architecte a simplifié le
décor en habillant les murs de
peinture blanche. Au centre, trône
un ilot monolithe en marbre noir
légèrement veiné, pur et graphique,
posé sur un parquet clair.
166
L’élégance en noir et blanc

Des lignes pures, des tons sobres
que viennent égayer une sélection d’accessoires
raffinés et une touche de bleu.
2
3 4
1. ASSIETTE en céramique, ø 21 cm,

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noir, ø 17 × h 10 cm, 50 €, HÜBSCH.
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thermoplastique, 170 cl, design
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COUTEAU de cuisine à émincer,
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en polymère, 20 cm, 68 €, SABATIER
chez latresorerie.fr 6. MITIGEUR
avec monocommand, Sync,
1 420 €, DORNBR ACHT.
5
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5
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VAISSELLE, 500 ml, Calanques,
8,50 €, COMPAGNIE DE PROVENCE.
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Skelton par Nendo, 106 €,
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mortier ø 4,5 × 15,50 cm,
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168
L’esthétique du renoncement
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de faïence blanche. Un tabouret
industriel, une applique 1920,
un tapis de laine naturelle et un
sol en bois blanchi complètent
ce décor chaleureux aux
résonnances toutes britanniques.
170
Dans un esprit vintage

Une atmosphère un peu intemporelle règne 2
grâce à des objets aux couleurs douces, que leurs
lignes simples font coller à l’air du temps.
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Modern, 6 950 €, L ACANCHE.
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150 × h 56 × p 60 cm, KS 9956,
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céramique de 4,8 l, Héritage, 4
édition limitée 100 ans, 890 €,
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de 35 cm, Caractère,
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ø 8 cm, 35 €, HÜBSCH.
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Mineral B Element,
collection B Bois, 47,50 €,
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À DÉCOUPER, lame en inox,
manche en bois de bouleau,
collection Norden, 139, 90 €,
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finition nickel mat, Collection
Alliance, 411 €, THG PARIS.
6. TOASTER 2 tranches
en métal laqué,
19,8 × 32,5 × 19,5 cm,
TSF01, 139 €, SMEG.
2
3
3
172
LE GUIDE AD
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Marta Schrapka, tout se joue
autour d’un même matériau,
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qui fait le lien entre salon,
salle à manger et cuisine.
Là, d’élégants placards blancs
aux découpes graphiques habillent
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Noir et bois
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contemporain au bois, rien de mieux
que quelques accessoires choisis,
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175
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allure à la fois chic et sobre, cet hôtel 4 étoiles surplombe la mer méditerranée de son œil bienveillant. Car ici, tout est fait pour lâcher prise. Tout au
long de leur séjour, les hôtes sont invités au farniente et au repos. La Villa Douce propose 5 catégories de chambres, de la standard à la suite
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AD RENDEZ-VOUS
AD RENDEZ-VOUS
AD 151
L’événement
AD Intérieurs
Pour célébrer l’exposition organisée par le magazine AD à l’Hôtel
de la Bûcherie, vernissages et visites privées se sont succédés début septembre.
Retour sur ce rendez-vous de la décoration et ses moments festifs.
PAR Pauline Sery PHOTOS Valentin Le Cron, Juliette Orts
1 4
2 3
Juliette Orts. Valentin Le Cron / Say Who.

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11
14
10 13
15
12
1. Cédric Saint André Perrin (AD), Bruno Frisoni, Virginie Mouzat (Vanity Fair), Hervé Van der Straeten. 2. Brigitte Macron, Philippe et Karine Journo (Compagnie de
Phalsbourg). 3. Abigail Terrien, Yves Bougon (Condé Nast France). 4. Thierry Lemaire. 5. Michel Bismut, Daniel Bismut (Bismut & Bismut). 6. Marie Kalt (AD France), Oliver
Jahn (AD Allemagne), Xu Wang (AD Chine). 7. Maurizio Galante, Tal Lancman (Interware). 8. Tristan Auer, Pierre Yovanovitch. 9. Gioia et Morena Placuzzi (SICIS). 10. Fabrizio
Casiraghi. 11. Luis Laplace (Laplace), Adriana Abascal, Christophe Comoy (Laplace). 12. Vincent de Hoÿm (AD), Thibault Mathieu (AD), Julien Oppenheim. 13. Frédérique
Goddet (AD), Marie-Laetitia Phelip (Piaget ). 14. Yann Le Coadic, Alessandro Scotto (Lecoadic & Scotto). 15. Nicolas Schuybroek.
184
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41 42 43
16. Anne-Sophie Pailleret. 17. Anne-Sophie et Joseph Dirand. 18. Noé Duchauffour-Lawrance. 19. Laura Périgord (Condé Nast), Yorgo Tloupas (Yorgo & Co), Isabelle Delaunay
(Condé Nast). 20. Artur Miranda et Jacques Bec (Oitoemponto). 21. Alexandre de Betak. 22. Monsieur et Madame Paulo Baptista (BEC). 23. Gérard Hug, Michel Sapranides
(Roger Dubois). 24. Eric Schmitt, Pierre Hardy, Stephane Parmentier. 25. Christophe Beaux (Cour des comptes). 26. Catherine Bonifassi (Rizzoli New York), India Mahdavi.
27. Dorothée Meilichzon (Chzon). 28. Ramy Fischler (RF Studio). 29. Hervé Lemoine (Mobilier National). 30. Mathieu Boncour (Compagnie de Phalsbourg). 31. Laura Gonzalez
(Pravda Arkitect). 32. Raphaël Navot. 33. Felipe Oliveira Baptista, Séverine Oliveira Baptista. 34. Vasken Yéghiayan, Mathilde Rabier (Plendi by Vinci Construction). 35. Xavier
Arm (Plendi by Vinci Construction). 36. Juan Pablo Molyneux (Molyneux Studio). 37. Mathieu Lehanneur. 38. Catherine Baba. 39. Christophe Poyet, Emil Humbert (Humbert
& Poyet). 40. Betony Vernon. 41. Jean-Victor Meyer (Exemplaire). 42. Muriel Grateau, Marion Bley (AD). 43. Louis Portal (Perrot-Richard), Rémy Potier (GEMO). 44. Alice
Lemoine, Benjamin Paulin. 45. Pierre-Emmanuel Fournier (Musée du Louvre), Guillaume Robic (FHCM), Frédéric Walter (Givaudan).
185
SPÉCIAL JAPON
L’obsession
L’ objet
culte
PAR Sophie Pinet
PHOTO Florent Tanet
Qu’est-ce que c’est ? La chauffeuse Conoïd,

en noyer d’Amérique et en pacanier, réalisée
dans le cadre d’une commande spéciale en 1983.
Qui l’a signé ? L’architecte George Nakashima,

né aux États-Unis et parti apprendre
l’ébénisterie au Japon. Il reviendra sur sa terre
natale en 1940 afin d’y lancer son propre atelier.
Son prix ? Autour de 27-000 € pour une chauffeuse

comme celle-ci, prix justifié par le fait que le
créateur travaillait chaque pièce à la main.
Où le trouver ? À la galerie Alexandre Guillemain,

à Paris, qui vient de consacrer à George Nakashima
une rétrospective de 40 pièces d’exception.
186
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ARCHITECTURAL DIGEST
Intérieurs
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LES 15 TENDANCES
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11 NARBONNE ENTRE NOUS - 13 AIX-EN-PROVENCE AU FIL DES MATIÈRES - 13 MARSEILLE SÉRIÈS DÉCORATION - 16 L’ISLE D’EPAGNAC NUANCES UNIKALO - 22 MINIHY-TREGUIER AR DÉCO - 30 NIMES THEROND DÉCORATION - 31 TOULOUSE
FLANELLE DÉCORATION - 34 MONTPELLIER-LE CRÈS DOM DÉCO CRÉATION - 35 FOUGÈRES PINTO ET FILS - 35 RENNES / MONTGERMONT VBA DÉCORATION - 35 SAINT-MALO FOUGERAY - 36 CHATEAUROUX BARRAUD - 37 CHAMBRAY-LÈS-TOURS
DÉCOR 37 - 38 ECHIROLLES CAP COLOR - 42 SAINT-ETIENNE SIGNE INTÉRIEUR - 42 SAINT-GENEST-LERPT EPARVIER - 42 SAVIGNEUX CAPAROL CENTER SAGRA - 45 ORLÉANS CPPO BCL DÉCOR - 51 REIMS HALL DU PAPIER PEINT - 53 CRAON
STÉPHANE COTTEVERTE - 53 LAVAL COLORISME - 54 NANCY NICOLE LHOTTE - 56 VANNES / SÉNÉ CONCEPT HOME - 57 FAMECK P.P.M - 57 SARREBOURG MILDÉCOR - 59 LA MADELEINE ORMERAY - 60 BEAUVAIS VA DÉCORATION - 62 ARRAS
DELCROIX DÉCORATION - 62 NOEUX-LES-MINES DELCROIX - 62 SAINT-OMER LIONET DÉCOR - 64 BIARRITZ ITOIZ DÉCOR - 65 TARBES PÉLEGRY PEINTURES - 67 SELESTAT PROJART - 69 LYON/CALUIRE ATELIER BITSCH - 73 CHAMBÉRY-VOGLANS
COULEURS DE REV - 74 ANNEMASSE L’ATELIER DES PEINTRES - 75 PARIS AU FIL DES COULEURS - 75 PARIS BHV MARAIS - 75 PARIS INFINI LEGNO PARIS - 75 PARIS LES PEINTURES XVIIIÈME - 75 PARIS RECA DÉCORATION - 75 PARIS VANDENBROUCKE - 76 ROUEN NODAL - 83 FRÉJUS
LES DÉCORATEURS DU SUD - 85 LA CHÂTAIGNERAIE LOGIDÉCOR - 85 LE POIRÉ-SUR-VIE DÉCOR PEINT - 92 ANTONY MARIETTE DFD - 92 NEUILLY-SUR-SEINE LA MAISON BINEAU - 94 MAISONS ALFORT INFINI LEGNO MAISONS ALFORT - 98 MONACO FASHION FOR FLOORS
L’exposition qui célèbre

le renouveau de la décoration
Du 5 au 23 septembre 2018 s’est déroulée à l’hôtel de la Bûcherie, à Paris, la 9e édition

de l’exposition AD Intérieurs. Lancée à l’occasion des 10 ans du magazine AD,
cette manifestation unique en son genre présente les réalisations des meilleurs
architectes d’intérieur du moment. Chaque année, une quinzaine de talents
sélectionnés par la rédaction mettent en scène une pièce à vivre – salon, cuisine,
chambre… – qui illustre leur savoir-faire autant que leur style. S’entourant des meilleurs
artisans, ils célèbrent la haute décoration. Rendez-vous obligé de la rentrée, l’exposition
rencontre un succès croissant ; cette saison, elle a attiré plus de 20 000 visiteurs.
Nous vous faisons redécouvrir dans ces pages les décors, les installations des partenaires
qui nous ont accompagnés cette année, et le répertoire des meilleurs artisans
de la décoration associés à cet événement.
3
Le sommaire
Le lieu
L’hôtel de la Bûcherie, joyau architectural qui remonte au XVe siècle,
a hébergé l’exposition AD Intérieurs 2018 pendant ses travaux
pour accueillir le futur Philantro-lab de la Compagnie de Phalsbourg.
Les talents du moment

À l’occasion de la manifestation, quinze cabinets d’architecture intérieure
sélectionnés par les équipes du magazine ont créé des pièces à vivre,
salon, bureau ou encore salle de bains.
Bismut & Bismut p.10 Laura Gonzalez p.26

Fabrizio Casiraghi p.12 Eric Schmitt p.28
Mathieu Lehanneur p.14 Oitoemponto p.30
Humbert et Poyet p.16 Lecoadic-Scotto p.32
Stéphane Parmentier p.18 Maurizio Galante & Tal Lancman p.34
Thierry Lemaire p.20 Ramy Fischler p.36
Nicolas Schuybroek p.22 Anne-Sophie Pailleret p.38
Juan Pablo Molyneux p.24
Les installations
Œuvres d’art et espaces dédiés aux partenaires ponctuent le parcours
de l’exposition à travers des scénographies « work in progress » qui jouent
avec les structures du bâtiment.
Plendi by Vinci Construction p.42

Sicis p.44
Galerie Chantal Crousel p.46
4
Les savoir-faire
Agenceurs, fabricants de mobilier, éditeurs de tissus, tapissiers ou ferronniers d’art…
présentation des artisans et entreprises qui ont œuvré à la réalisation des décors.
Bec p.50 Atelier François Pouenat p.69

CAA p.52 Maison Vervloet p.70
Sodifra p.53 Pouenat p.71
Combray Textile & Design p.54 GMT p.72
Obumex p.55 les Marbreries de la Seine p.73
IDO Diffusion p.56 Lison de Caunes p.74
Casamance p.57 Les Ateliers Saint-Jacques p.75
Créations Métaphores p.58 L’Atelier du mur p.76
De Gournay p.59 Adèle Guyodo p.77
Misia p.60 Atelier Martin Berger p.78
Nobilis p.61 Atelier Mériguet-Carrère p.79
Pierre Frey p.62 Atelier Roma p.80
La Manufacture Cogolin p.63 ADS p.81
Tai Ping p.64 Tollis p.82
Frames & design p.65 Atelier Dégut p.83
Voyons voir lighting p.66 Ateliers Jouffre p.84
Roger Dubois p.67 Phelippeau Tapissier p.85
Clim Denfert p.68 Ateliers Bernard Pictet p.86
Les partenaires des décorateurs

Les contacts des prestataires, fournisseurs, artisans et galeristes ayant collaboré
avec chaque décorateur.
5
6
La Compagnie de Phalsbourg
Philanthro-lab, la fabrique de l’avenir
En accueillant l’exposition AD Intérieurs à l’hôtel

de la Bûcherie, la Compagnie de Phalsbourg dévoile
la vocation caritative nouvelle du bâtiment ainsi que son
architecture intérieure, signée Ramy Fischler.
PAR Laurence Mouillefarine
La rue de la Bûcherie, minuscule artère qui serpente à deux pas de teurs de projets. Le concept est inédit. Il y installera sa propre fon-
Notre-Dame, doit son nom au Port aux bûches où, naguère, arri- dation, en accueillera d’autres, hébergera des associations. Grâce
vait par voie fluviale le bois nécessaire au chauffage des Parisiens. à la loi de 1901, la France en compte plus d’un million... En ces
C’est au n° 15, dans un vaste édifice en cours de restauration, que lieux historiques sont prévus une salle d’exposition, des espaces
les décorateurs invités par AD ont mis en scène leurs installations de coworking et d’autres plus intimes où des experts viendront
éphémères. Leurs espaces éminemment sophistiqués tranchaient dispenser conseils juridiques et financiers. Un jardin aromatique
avec les parties communes laissées brutes. L’exposition terminée, rappellera les plantes médicinales jadis cultivées là. Et au dernier
les décors démontés, les travaux de rénovation ont repris. étage, avec une vue saisissante sur la cathédrale Notre-Dame, un
Bien qu’inscrit à l’inventaire des monuments historiques, l’édi- restaurant mécénal sera confié au chef Thierry Marx dont la fon-
fice était à l’agonie. Pourtant, il a connu un passé glorieux. dation Cuisine mode d’emploi(s) enseigne les métiers de bouche
Construit à partir de 1471 pour accueillir la première faculté aux jeunes non diplômés.
de médecine de Paris, qui y demeura jusqu’en 1775, il abrite en-
suite un hospice, puis un établissement de bains. En 1886, la Ville Vers un monde plus collaboratif
de Paris acquiert les parcelles et y installe une maison des étu- La restauration du bâtiment, un chantier de 2000 m2, est confiée
diants. Au cours du XXe siècle, l’édifice se délabre, des bureaux y à l’agence Perrot & Richard, Architectes, tandis que l’aménage-
sont aménagés pour accueillir des fonctionnaires. Le dernier oc- ment intérieur échoit à RF Studio, autrement dit à Ramy Fischler.
cupant a été l’Agospap – Association pour la gestion des œuvres Ce jeune Belge, établi à Paris, 40 ans tout juste, a le vent en poupe.
sociales du personnel des administrations parisiennes. C’est au cours de l’édition 2013 d’AD Intérieurs que le promoteur
Philippe Journo avait remarqué son travail.
Un mécène militant Sa présence, cette année, préfigure ses
En 2014, la municipalité décide de céder intentions quant au futur Philanthro-lab.
une partie de son patrimoine : vingt-trois Elles répondent à deux tendances. La
terrains et bâtiments. Un concours est première est l’évolution du monde du tra-
lancé : « Réinventer Paris ». L’acquéreur vail, moins hiérarchisé, plus collaboratif.
doit concocter un projet revitalisant les La deuxième tient compte du mécénat
lieux avec des enjeux d’écologie urbaine, d’aujourd’hui : il n’est plus l’apanage de
d’échanges culturels et sociaux. La Com- quelques personnes fortunées, mais une
pagnie de Phalsbourg remporte trois des économie de marché. La bibliothèque
projets, dont le site de la rue de la Bûche- qu’il a imaginée se veut un lieu d’échanges,
rie. À la tête de ce groupe immobilier, Phi- de détente. Pour l’équiper, il a inventé un
lippe Journo, un « mécène militant ». Il est siège destiné à s’asseoir... par terre : on
animé par la double philosophie de ses travaille à même le sol, un ordinateur sur
parents, modestes commerçants : sa mère les genoux. La rotonde, où les professeurs
lui a appris à gagner de l’argent, son père à de chirurgie pratiquaient autrefois des
le dépenser dignement. autopsies, redevient un amphithéâtre.
Dans l’ancienne faculté de médecine, il Ramy Fischler le meuble de gradins. On
décide de créer un laboratoire de philan- imagine déjà y entendre résonner les voix
thropie, le « Philanthro-lab », un lieu où des porteurs de projets qui viendront
pourront se rencontrer mécènes et por- y défendre leurs visions d’avenir.
7
AD Intérieurs 2018
Les talents
du moment
Certains sont des architectes d’intérieur reconnus, d’autres des talents en devenir.
Ils ont été choisis par la rédaction d’AD en raison de leur virtuosité, de leur style
proche des inclinations du magazine, de leur façon d’incarner l’énergie de l’époque.
Deux tendances fortes se dégagent cette année. Pendant que certains décorateurs
renouent avec un néoclassicisme empreint de références à l’Antiquité, aux ambiances
sereines, épurées, un autre courant s’affirme, plus ombrageux, plus nocturne,
résurgence d’éléments empruntés au style Art déco revus au regard du chic jet-set
seventies. Comme si un nouveau souffle glam rock emportait tout sur son passage.
PHOTOS Ambroise Tézenas.

TEXTES ET RÉALISATION Cédric Saint André Perrin.
Bismut & Bismut
Le salon
de conversation
Renouvelant le principe
de banquettes de
conversation (en vis-à-
vis), Michel et Daniel
Bismut imaginent un
canapé destructuré
rayonnant au centre d’un
salon cocon. Mêlant staff,
boiserie et vitraux, leurs
murs aux lignes courbes
définissent un espace
intimiste et dynamique.
ŒUVRES ET OBJETS, DE GAUCHE À DROITE

FAUTEUIL en bois, modèle PKO, 1952, création
Poul Kjaerholm pour Fritz Hansen. CHEMINÉE
en plâtre, réalisation Popa Bâtiment. CANAPÉ
trois assises en jersey avec coussin, création
Bismut, réalisation Ecart International. TABLES
BASSES en cuivre et bois noir, création Bismut,
réalisation Dunod Mallier. TAPIS en peau
d’agneau, création Bismut, réalisation Norki.
VITRAIL en verre émaillé et acidé en différentes
finitions monochromes, création Bismut,
réalisation Ateliers Duchemin. CONSOLE
MURALE Twister en cuivre brut, cuivre poli
et marbre, création Bismut, réalisation Ateliers
Saint Jacques. Dessus, un TABLEAU de Josef
Albers, Galerie Denise René.
10
1
Fabrizio Casiraghi
Le cabinet
de collectionneur
Dans cet espace cultivé
dédié à la rêverie, Fabrizio
Casiraghi mêle un mobilier
dessiné par ses soins à des
objets vintage pleins de
poésie, sous une fresque
peinte à main levée par
l’artiste Roberto Ruspoli.

1. BIBLIOTHÈQUE en bois laqué, création
Fabrizio Casiraghi, réalisation Schwitzke
France. MIROIR à cadre en laiton. Ensemble
de SCULPTURES, COUPES, MAQUETTES,
FONTAINES, MIROIRS, PARAVENT ET VASE
de Philolaos, 1960 à 1980, collection Yorgo
Tloupas. CANAPÉ ET FAUTEUILS en bois laqué,
création Fabrizio Casiraghi, réalisation
Schwitzke France. TABLE BASSE en verre,
Venini. LAMPE à poser chinoise, Galerie MCDE
- édition Pierre Chareau. FRESQUE au plafond
de Roberto Ruspoli.
2. BOISERIES MURALES en bois laqué, création

Fabrizio Casiraghi, réalisation Schwitzke
France. MIROIR en verre poli, collection
particulière. APPLIQUES de Victor Levai.
PARAVENT en soie, collection particulière.
CHAISE LONGUE en osier, collection
particulière. TAPIS traditonnel ouzbek, 2
collection particulière.
13
Mathieu Lehanneur
Le salon
de méditation
Cet espace serein, blanc
relevé de bleu céleste, fait
la part belle à un mobilier
évoquant des symboles
kabbalistiques ou
maçonniques, où les
rondeurs enveloppantes
de l’architecture
et des canapés invitent
à la méditation.

POT en terracotta, design et édition Mathieu
Lehanneur, collaboration Claude Aiello.
CANAPÉS ET FAUTEUIL en bois et tissu
(Lelièvre), design et édition Mathieu Lehanneur,
réalisation Jouffre. APPLIQUE MURALE en
aluminium et leds, design et édition Mathieu
Lehanneur, fabrication Ateliers Saint
Jacques / Ozone. BUFFET Damier en aluminium,
maillechort et marbre, design et édition
Mathieu Lehanneur, réalisation Ateliers Saint
Jacques. TABLE BASSE en résine et marqueterie
de paille, design et édition Mathieu Lehanneur,
réalisation Lison de Caunes. Au fond, CHAISE
Seven balls en bois et tissu de Josef Hoffmann,
1908, Galerie Yves Macaux. SÉRIGRAPHIE
Retroprojection, 1913 de Laurent Grasso, 2014,
Galerie Perrotin. CONSOLE DIM pour
Primavera en métal chromé, plateaux en verre,
circa 1934, Galerie Jacques Lacoste. BOUT DE
CANAPÉ en marbre, design et édition Mathieu
Lehanneur, réalisation Les Marbreries
de la Seine. PARAVENT en aluminium, inox et
maillechort, design et édition Mathieu Lehanneur,
réalisation Ateliers Saint Jacques. LUSTRE
en verre soufflé sablé et leds, design et édition
Mathieu Lehanneur. TAPIS en laine et laiton,
design et édition Mathieu Lehanneur, réalisation
Manufacture de Tapis de Bourgogne. PARQUET
Versailles Bamboo, design et édition Mathieu
Lehanneur, réalisation Atelier de la Boiserie.
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15
1
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Humbert & Poyet
Le fumoir des noctambules

Le duo d’architectes d’intérieur imagine un espace hors du temps,
où verre gravé Art déco et mobilier seventies se mêlent
en un cocktail glam rock luxueux et résolument contemporain.

1. DÉCOR MURAL, dessin Humbert & Poyet, réalisation Atelier Martin Berger. LAMPADAIRE Ava, Humbert & Poyet, 2018. Au mur,
HUILE SUR TOILE Construction de Léon Wuidar, 1976, galerie White Cube. FAUTEUILS d’Afra et Tobia Scarpa, Cassina 1970, tapissés
de tissu YETI (Pierre Frey). TABLE BASSE de Willy Rizzo, 1970. Dessus, CENDRIER en laiton de Karl Hagenauer, 1955, galerie Demosbilia
et GOBELETS, FLACONS, SEAU À GLACE ET CENDRIER, Baccarat. CHEMINÉE en arabescato altissimo et verde mediterraneo, dessin
Humbert & Poyet, réalisation Luce di Carrara (marbre) et SCTCE (assemblage).
2. BAR PIVOTANT en laque et laiton patiné, dessin Humbert & Poyet, réalisation Pouenat Ferronnerie. SERVICE Paraison en cristal
de Georges Chevalier, Baccarat, 1933. MIROIR en laiton et verre, dessin Humbert & Poyet, réalisation Pouenat Ferronnerie.
SUSPENSION en laiton et verre, dessin Humbert & Poyet, réalisation Pouenat Ferronnerie. CÉRAMIQUES d’Olivier Gagnère,
Galerie kreo. BANQUETTE en marbre, assise en velours de mohair (Pierre Frey), dessin Humbert & Poyet, réalisation SCTEC (marbre)
et Charles Jouffre. PANNEAU DÉCORATIF en verre gravé, dessin Humbert & Poyet, réalisation Au Gré du Verre. PARAVENT en bronze,
papier de riz et tissu (Le Manach), dessin Humbert & Poyet, réalisation Pouenat Ferronnerie.
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Stéphane Parmentier
Le salon de travail
ultragraphique
Sous un gigantesque
plafonnier façon turbine
d’avion, l’architecte
Stéphane Parmentier
installe un bureau qui
oppose la rigueur du
travertin à la douceur de
deux canapés de velours.

TABLEAU Untitled de Keith Haring, 1984,
Galerie Pascal Lansberg. FAUTEUIL en métal
et tissu de Franz West, Carpenters Workshop
Gallery. BUREAU Trani en travertin Osso
et bronze, création Stéphane Parmentier.
BIBLIOTHÈQUES MURALES gainées de daim,
Giobagnara. TABOURET Stool Titan en cuir
sellier, création Stéphane Parmentier,
réalisation Rabitti 1969. Sur le mur noir,
APPLIQUE en bronze et sélénite, création
Stéphane Parmentier, réalisation Lounge
Luxury Design. LUSTRE Ada en staff et sélénite,
réalisation Ateliers Gohard et Blanc Carrare.
CANAPÉS Minuit, création Stéphane
Parmentier, réalisation Hugues Chevalier.
TABLE BASSE Pandora en bronze patiné,
création Stéphane Parmentier, réalisation
Astec. TAPIS Groove en laine ciselée,
création Stéphane Parmentier, réalisation
La Manufacture Cogolin. Sur la stèle blanche,
SCULPTURE Spoglia d’oro de Giuseppe
Penone, 2001, galerie Gagosian. Au mur,
TABLEAU Volume de Dadamaino, 1958, galerie
Gagosian. CONSOLE Genova gainée de daim,
création Stéphane Parmentier. Dessus,
SCULPTURE Tête en pierre et bronze
de Pierre Szekely, galerie Anne-Sophie Duval
et SCULPTURE antique de main romaine
en marbre, Galerie Chenel.
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1
Thierry Lemaire
Le bureau glamour
Panneaux en laque
Art déco, lustre Op art
et murs en velours brodé
de volutes graphiques…
Thierry Lemaire met
en tension des styles divers
et des jeux de matières
contrastées pour
définir un décor raffiné
et ultramasculin.

1. TENTURE MURALE, création Thierry Lemaire,
velours Luigi (Pierre Frey), broderie de Gournay.
SCULPTURE Deux demi-disques en acier
corrodé de Gérard Lardeur, années 1970,
Galerie 54-Éric Touchaleaume. FAUTEUIL en
acier et cuir de Maxime Old, circa 1965, Galerie
Yves Gastou. GUÉRIDONS R12, création
Thierry Lemaire. LUSTRE, création Thierry
Lemaire, réalisation JM Créations Paris.
BUREAU en bois et cuivre poli, création Thierry
Lemaire, réalisation Ateliers du Marais. Dessus,
LAMPE K, création Thierry Lemaire, COUPE
Pavé en céramique émaillée d’André Aleth
Masson, VASE en céramique émaillée de Jean
Derval, 1959, galerie Thomas Fritsch-Artrium.
Derrière le bureau, FAUTEUIL Desk Alchemy
Chair en bronze et cuir camel de Rick Owens,
2015, Carpenters Workshop Gallery.
BOISERIES, ensemble de dix panneaux,
collection Féau & Cie.
2. CANAPÉ Niko, création Thierry Lemaire.

TABLE BASSE, création Thierry Lemaire,
réalisation Ferronnerie Bétemps-Fort Royal.
Dessus, SCULPTURE en fer soudé, série
« Les Caractères », de Michel Anasse, 1965, 2
galerie Thomas Fritsch-Artrium.
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Nicolas Schuybroek
La salle de bains
minérale
Caractéristique du style
de l’architecte belge
Nicolas Schuybroek,
cet espace en travertin gris
fait fusionner un rigorisme
brutaliste et l’élégance d’un
certain néoclassicisme.

BAIGNOIRE en travertin, création Nicolas
Schuybroek, réalisation Obumex. APPLIQUES
LP7 d’Ignazio Gardella, Nilufar. MIROIR,
réalisation Mform. BANC en orme massif,
assise en tissu Bruder Curtains, dessiné
par Nicolas Schuybroek, réalisation Obumex.
VASE, VERRES ET CARAFE, création Nicolas
Shuybroek, réalisation When Objects Work.
PARQUET, en chêne massif, brossé et huilé,
réalisation Arbony.
23
Juan Pablo Molyneux
La salle à manger
néoclassique
Cet architecte chilo-
américain est réputé pour
ses chantiers d’envergure
nourris de culture
classique. Ici, il imagine
une salle à manger aux
murs animés de bas-reliefs
inspirés d’une frise
du Parthénon, mais
déstructurée et
recomposée, pour une
modernité nouvelle.

1. MIROIR ET CONSOLE,
William Kent, XVIIIe siècle.
2. FRESQUES à l’antique, réalisation Sonia

Queija, Lorenzi, Frédéric Monpoint. FAUTEUILS
XVIIIe siècle de Georges Jacob, Galerie Steinitz.
TABLE en acier tula et verre, création Juan

Pablo Molyneux. VASE en verre, création Juan
Pablo Molyneux, réalisation Secret d’Alchimie.
SERVICE en porcelaine, création Juan Pablo
Molyneux, réalisation Augarten. VERRES signe 1
du zodiac, Bollen Glass.
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2
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Laura Gonzalez
Le cercle
de jeu
Réputée pour son talent à
mélanger imprimés,
graphismes et objets
vintage, l’architecte
imagine ici un décor feutré
et chaleureux d’esprit 70’s
se reflétant de façon onirique
dans un plafond miroir.

CLAUSTRA lumineux en verre buriné, création
Laura Gonzalez, réalisation Ateliers Bernard
Pictet et Métal System. POUF cylindrique
pivotant Trio en résine tricolore, galette
en tissu (Le Manach), édition Laura Gonzalez.
TABLE DE JEU en marqueterie d’onyx et
Plexiglas, création Laura Gonzalez, réalisation
Omnimarbre. PAIRE DE LAMPES Bubble
en cristal de roche et laiton poli, Phoenix
Gallery New York. TABLEAU d’Elliot Dubail,
Galerie Perpitch & Bringand. CANAPÉ
Salvadore tapissé d’un velours de mohair
(Pierre Frey), édition Laura Gonzalez. TABLES
BASSES Bermude en résine colorée et bronze
tressé, édition Laura Gonzalez. MINIBAR
ET CAVE À CIGARES, création Laura Gonzalez,
réalisation Fort Royal. VERRERIE, Christofle.
FAUTEUIL pivotant Colosséo, tapissé
d’un velours vert amande (Pierre Frey), édition
Laura Gonzalez. RIDEAUX, création Laura
Gonzalez, réalisation Ateliers Jouffre.
MOQUETTE à poils longs en laine, coloris vert
tourmaline, réalisation Pinton.
27
1
Éric Schmitt
Le salon monacal
Réputé depuis les années
1980 pour son mobilier
sculptural, Eric Schmitt
signe ici son premier
décor. Arches, murs
immaculés et bancs
en bois confèrent une
atmosphère monacale
à cet espace net et
graphique, où l’on retrouve
les pièces emblématiques
de son travail.

1. ARCHES en staff, création Eric Schmitt,
réalisation Staff Art & Décoration.
SUSPENSION en pierre d’Ô, création Eric
Schmitt. BANC en bois et bronze, création Eric
Schmitt, réalisation Pascal Michalon. BOUT DE
CANAPÉ en céramique, création Eric Schmitt
pour Christian Liaigre. Sur des STÈLES
MURALES d’Eric Schmitt, des SCULPTURES
en bronze d’Apel-les Fenosa, Galerie Messine,
une SCULPTURE d’Alexandre Babeanu et une
SCULPTURE d’Eric Schmitt. CHEMINÉE en
pierre, création Eric Schmitt, réalisation Blanc
Carrare. Dans l’âtre, VIDÉO de Lugo Schmitt,
Saint-Louis Posthouse. POUFS en bronze
et textile, création Eric Schmitt, réalisation
Lelièvre. GUÉRIDON en bronze, création
Eric Schmitt. CONSOLE en bronze, création
Eric Schmitt. Dessus, LAMPE, création Eric
Schmitt. BIBLIOTHÈQUE, création Eric Schmitt,
réalisation Blanc Carrare. LIVRES, éditions
Norma.
2. SUSPENSION-LAMPADAIRE en aluminium,
création Eric Schmitt, réalisation Blanc
Carrare. TABLE Jarre en bronze et marbre,
création Eric Schmitt, exclusivité Galerie Dutko.
Sur la table, VASE Espiritu en céramique et
bronze, 2015, création Eric Schmitt, Ibu Gallery.
RIDEAUX, La Marquise et le Confident. TAPIS, 2
Christian Liaigre.
29
Oitoemponto
La chambre
de play-boy
Un panoramique de feuillage
foisonnant se déploie
le long des murs, servant
d’écrin à des œuvres
d’art contemporain
et un mobilier vintage
ou sur mesure, dans
une opulence ludique.

Au mur, PHOTOGRAPHIE VB42/ Intrepid: The
Silent Service, New York, NY, de Vanessa
Beecroft, 2000, Galerie Oitoemponto. LIT
Barcelona 215 en acier inoxydable matelassé
de tissu Pulp Sand (Pierre Frey), création
Oitoemponto. TABLES DE CHEVET laquées
Kwanza, Galerie Oitoemponto. Dessus, LAMPE
DE TABLE chinoises de William Haines, Galerie
Patrick Fourtin. TABOURETS de Josef Frank,
Galerie Oitoemponto. GUÉRIDON en fer forgé,
marqueterie de marbre et onyx, Galerie
Oitoemponto. PAIRE DE FAUTEUILS de Paolo
Buffa, tissu Marmo Antique (Pierre Frey),
années 1940, Galerie Oitoemponto. GUÉRIDON
en cristal de roche et laiton, Design Studio
Superego, Galerie Oitoemponto. SCULPTURE
feuillage en laiton, bronze et pierre de Jacques
Duval-Brasseur, 1971, Galerie Oitoemponto.
VOILAGE, Pierre Frey. RIDEAUX brodés,
de Gournay. PANORAMIQUE, de Gournay.
FAUTEUIL en laiton, poils de chèvre blanc du
Tibet, assise et dossier recouverts de velours
damassé, Buckland Flyer de Mark Brazier-Jones,
Galerie Oitoemponto. SECRÉTAIRE en acajou,
pieds en laiton, 1950, Galerie Oitoemponto.
Dessus, LAMPE DE TABLE en métal laqué noir,
cuivre et laiton patiné de Tom Green, circa 1970,
Feldmann Edition, Galerie Oitoemponto. TAPIS,
création Oitoemponto, édition Pierre Frey.
30
1
Lecoadic Scotto
Le bureau pergola
Arches néoclassiques
et alcôve en Inox seventies,
le duo de décorateurs
a conçu un espace
qui évoque les toiles
métaphysiques de Giorgio
De Chirico autant que les
intérieurs de Gae Aulenti.
Une élégance discrète,
simple et délicate.

1. PERGOLA, réalisation CAA Agencement.
FRESQUE MURALE, réalisation Jeanne
de Milliano, Mattéo Allard et Lecoadic Scotto.
TABLE en Inox brossé, création Lecoadic
Scotto, réalisation Atelier François Pouenat.
CHAISES en bois, ALB Antiquités. MACHINE À
ÉCRIRE en métal peint, Olivetti. COQUILLAGE,
réalisation Atelier Prométhée. TÊTE D’ÉPHÈBE
grecque en bronze soclée, XIXe siècle, Frédéric
Chapuis, Marché Serpette, Saint-Ouen. TABLE
DE CHEVET en nickel brillant massif et marbre,
création Lecoadic Scotto.
2. RIDEAUX, tissu Dedar, réalisation Atelier

des Carmes. TRANSAT en acier laqué blanc,
création Lecoadic Scotto, réalisation Atelier
François Pouenat. TAPIS en abaca (fibre
de bananier), coloris spécial S2, Galerie B. 2
ALCOVE en acier, réalisation Omnia Works.
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Maurizio Galante
& Tal Lancman
Le salon de thé
manga
Collectionneurs de
figurines de monstres
japonais Kaiju, le duo
les réinterprète en motif
de papier peint, tapis
et miroir, auquel
leur mobilier, entre art
et design, apporte
une poésie ludique.

CABINET frangé, création Interware, réalisation
Opinion Ciatti. MIROIR Monster in the Mirror,
création Interware, réalisation Lasvit. TABLE
frangée, création Interware. CHAISES, création
Interware, réalisation Opinion Ciatti. TAPIS
Monstre, création Interware, réalisation Tai
Ping. VITRINE en Plexiglas, création Interware,
réalisation Opinion Ciatti. VASE en céramique,
création Interware. CANAPÉ, FAUTEUIL
ET POUF, création Interware, réalisation
Baleri Italia. TABLE BASSE à franges en métal,
création Interware, réalisation Opinion Ciatti.
35
1
Ramy Fischler
Le bureau prospectif
Les bancs en gradin font
office de bibliothèque
autant que d’espace
de réunion. Les dossiers,
sur le tapis, invitent à lire
assis à même le sol…
Le designer belge basé
à Paris dévoile ici le futur
aménagement du
Philanthro-lab, espace
destiné à favoriser
l’émergence de nouveaux
projets caritatifs.

1. ENSEMBLE DE MOBILIER ET COLONNES en
terre crue et granulats, création Ramy Fischler,
réalisation Amàco. TABLE BASSE, création
Ramy Fischler. AGORA DES PHILANTHROPES,
étagères en aluminium laqué, banquettes
et coussins habillés de tissu Rubelli, création
Ramy Fischler, réalisation Côté France.
TRINGLES LUMINEUSES avec leds
programmables, création Ramy Fischler,
réalisation Brossier Saderne. RIDEAUX en PVC
par Gerriets, réalisation RF Studio. BOÎTE
en staff et résine, création Ramy Fischler,
réalisation ADS, sol et plafond en staff laqué.
2. BIBLIOTHÈQUE en bois cintré métallisé

et ÉTAGÈRES en métal laqué, création Ramy
Fischler, réalisation Côté France. ASSISES
à dossier de relaxation, ensemble en multipli
de hêtre, création Ramy Fischler, réalisation
SOCA. TAPIS en laine, création Ramy Fischler 2
et Heidi Winge Strøm, réalisation JD Staron.
37
Anne-Sophie Pailleret
La chambre
couture
Avec son lit coquille,
cette chambre évoque
un certain glamour
hollywoodien. En y plaçant
des pièces de mobilier
sculpturales, l’architecte
d’intérieur définit pourtant
un décor résolument
d’aujourd’hui, qui fait
la part belle aux matières
voluptueuses
et aux tonalités délicates.

APPLIQUE monumentale en bronze poli
CL-SINUOSITY-3 de Frederik Molenschot
Carpenters Workshop Gallery, Paris.
BANQUETTE Fougère en bronze, création
de Marc Bankowsky. Au mur, SCULPTURE
TEXTILE Strates V de Simone Pheulpin, galerie
Maison Parisienne. LIT Hommage, inspiré
d’un design d’Uno Åhrén pour Mobilia, 1923,
Phelippeau Tapissier. SCULPTURE de Joseph
Csaky, Galerie Marcilhac. STÈLE en bois
de loupe et nacre, Ginger & Jagger. LUSTRE
Couture en laiton doré et prismes de cristal
de roche, créé par Goossens et Anne-Sophie
Pailleret. APPLIQUES Méduses en plâtre.
CHANDELIER Iris en bronze, créations
de Marc Bankowsky. CHEMINÉE, réalisation
Emmanuel Collini. MIROIR de Line Vautrin,
Galerie Chastel Maréchal. COMMODE John
Doe en bois, plâtre, résine, dorés à la feuille
de Patrick Schols. Dessus, SCULPTURE
LUMINEUSE d’Auguste Fix, circa 1965,
La Galerie Parisienne. TAPIS en laine, soie
et chanvre, Atelier Février, François Mascarello.
38
39
AD Intérieurs 2018
Les installations
En cours de transformation pour devenir le « Philanthro-lab » de la Compagnie
de Phalsbourg, l’hôtel de la Bûcherie ne bénéficiait pas encore de son agencement
définitif, signé Ramy Fischler, lors de l’exposition. Dans un esprit visite de chantier,
les parties communes – entrée, escaliers, paliers – avaient été laissées brutes.
De même, les espaces dédiés à notre partenaire Plendi by Vinci Construction, agencés
par le scénographe Vasken Yéghiayan, misaient sur une esthétique « work in progress ».
Et dans le lounge Sicis, les précieux panneaux de mosaïque étaient présentés sur
une structure d’échafaudages de chantier. Dans un genre différent, l’œuvre de l’artiste
Melik Ohanian jouait, en la reflétant, avec l’architecture de la tour qui lui servait
d’écrin. Pas de surprise donc si la thématique de l’exposition était « Brut et Précieux ».
PHOTOS Ambroise Tézenas.

TEXTES Aude de La Conté, Serge Gleizes et Laurence Mouillefarine.
Les installations
Plendi by Vinci Construction

Luxe, excellence et eﬃcacité
Plendi, marque de Vinci Sur chaque palier de l’hôtel de la Bûcherie,

le scénographe Vasken Yéghiayan a disposé
l’ingénierie, les technologies de pointe de la
maison mère sont là.
Construction, investit des palissades de chantier dans lesquelles L’équipe est aujourd’hui constituée de
s’intègrent des briques lumineuses ornées soixante-dix personnes encadrantes qui
AD Intérieurs pour mettre de photos. Des « portraits de matières » arpentent les chantiers et vont jusque dans
qui, au fil des étages, s’enrichissent les carrières choisir les marbres ou chez
en lumière le savoir-faire d’images d’éléments d’architecture et se les fabricants de mobilier sélectionner
inégalable en matière terminent par des vues d’ensemble de la
suite d’un palace.
les finitions de bois. Parmi cette équipe,
des architectes, agenceurs, architectes
de construction et Ce dispositif illustre le savoir-faire de Plendi,
de la mise en œuvre à l’agencement, de la
d’intérieur, diplômés de l’école Boulle, qui
parlent le même langage que les artisans
rénovation qu’elle offre construction à la décoration. C’est à la suite sélectionnés pour chaque projet. Ils sont
Ambroise Tézenas
de l’une de ses expériences dans le luxe – le spécialement formés, notamment à la
aux acteurs de l’hôtellerie chantier de l’hôtel Mandarin Oriental à fameuse école d’hôtellerie de Lausanne,
de prestige et de Paris –, que le groupe Vinci Construction,
leader européen de la construction, décida
pour apprendre à s’adresser à cette clientèle
particulière du luxe. Les dirigeants de
l’immobilier résidentiel. de créer une entité spécifiquement dédiée
aux projets exceptionnels, conscient de
Plendi, Xavier Arm et Christophe Picard,
ont ainsi constitué un réseau capable de
l’expertise particulière que requiert ce garantir l’excellence des prestations. Le
domaine exigeant. Plendi by Vinci staffeur Sofrastyl, le doreur et spécialiste de
Construction était né. La qualité des peintures décoratives Gohard en tête, se
travaux dans l’hôtellerie de luxe, où la réjouissent que Plendi prenne en charge la
partie technique est souvent associée à un maîtrise administrative des projets.
patrimoine historique, est astreignante.
Les détails sont scrutés, tandis que la Un opérateur d’un genre nouveau
domotique et le mobilier sont intégrés Après l’expérience du Mandarin Oriental
d’emblée au programme. Comprendre les de Paris, Plendi fut chargé du Mandarin
exigences des décorateurs, les spécificités Oriental de Londres, de l’extension du
des demandes de ce domaine est un atout Shangri-La et du Peninsula à Paris et de
et demande de l’expérience. Il en va de l’hôtel Fauchon, place de la Madeleine,
même pour les chantiers de particuliers de en tant qu’entreprise générale. La société
grande envergure, châteaux, hôtels inaugure cet automne Les Chais Jean
particuliers, où les infrastructures des Monnet, un hôtel cinq étoiles au cœur
bâtiments jusqu’à la décoration font l’objet de la ville de Cognac. À Roquebrune, à côté
d’une totale remise à plat. de Nice, l’hôtel Vista est en construction.
Pour l’hôtel Bulgari, avenue George-V,
Un réseau d’excellence ce sont des missions de gros œuvre, de
Plendi réunit donc sous sa marque des pilotage et de synthèse architecturale
équipes spécialisées qui proposent qui ont été confiées à la filiale de Vinci
une aide à la carte, de la réhabilitation Construction. Cette capacité à proposer
complète à la décoration : conception, un « menu à la carte » fait de Plendi un
mise en œuvre, architecture d’intérieur, opérateur polyvalent d’un genre nouveau,
agencement, expertise des matières capable d’offrir, à tous les niveaux d’un
premières, gestion des achats, qu’il s’agisse projet, des services aussi pointus que
de l’équipement ou du mobilier. Et pour personnalisés. A.L.C.
42
Les installations
Sicis
L’art de vivre la mosaïque italienne
Réputée pour ses C’est une succession de salons,

d’espaces intimes et luxueux, sur lesquels
Flower Power… Ont suivi les premières
collaborations avec des pointures
marqueteries de pierre plane la magie des pâtes de verre, du design et de l’architecture intérieure,
le mystère de leurs reflets irisés, Khuan Chew, qui a réalisé le showroom
et mosaïques de pâte de leurs effets de trompe-l’œil, de leurs de Hongkong, Christian Lacroix et d’autres
thèmes figuratifs ou abstraits, dans une concepteurs qui ont travaillé au lancement
de verre, la maison ambiance lounge baroque et tropicale. en 2010 de la ligne Sicis Next Art.
de Ravenne présentait La maison Sicis a investi tout le rez-
de-chaussée de l’hôtel de la Bûcherie
Dès lors, la marque gagne le monde entier,
Milan, Istanbul, New York, Tokyo, Dubaï,
un lounge, où elle en illustrant le potentiel ornemental et
poétique des métiers d’art de l’ébénisterie,
New Dehli, Paris… La maison se lance
ensuite dans l’horlogerie et la joaillerie avec
exposait également de la mosaïque et du textile. Et cela les collections Sicis Jewels et Sicis O’Clock,
Ambroise Tézenas
à travers une scénographie sophistiquée signées Roger Thomas, illustration de l’art
ses collections mêlant les dalles en verre grand format de multiséculaire de la micro mosaïque pour
de mobilier et tissus. Vetrite, la dernière collection de la maison,
avec des panneaux de mosaïque classique
créer des bijoux avec des pierres précieuses
et de l’or. Défi plus récent, en 2013 : le
et du mobilier Sicis Home habillé lancement des premières collections
des collections de tissus Tessere. de mobilier, comprenant chaises, sofas,
luminaires, miroirs, portes (Sicis Door Pulls)
Ancestral et contemporain et, dans le même élan, des tissus en 2015.
Depuis plus de trente ans, Sicis habille « Si les lignes de mobilier ont débuté avec des
de ses mosaïques les sols, murs, plafonds créations iconiques, explique Gianni Ratti,
et piscines des plus belles maisons, directeur du showroom parisien, elles se sont
palaces, et yachts du monde. Parmi ensuite étoffées pour répondre à l’univers général
les dernières réalisations : la piscine de la décoration. »
de l’hôtel de Crillon à Paris, les salles
de bain de l’hôtel George-V, la piscine Du baroque au minimalisme
de l’hôtel Peninsula… ainsi que de Toute la création est basée à Ravenne,
nombreux appartements et résidences capitale historique de la mosaïque,
privées. Le grand succès de l’enseigne dans deux unités de production, l’une
est d’avoir fait renaître du passé un spécialisée dans les tesselles de pâte de
art millénaire et de l’avoir transposé verre, la seconde dans le marbre. Deux
dans des univers contemporains. Tout cents ouvriers et artisans d’art travaillent
cela grâce au talent visionnaire et au ici le verre, la mosaïque, l’orfèvrerie, la
dynamisme de Maurizio Leo Placuzzi, pierre, le métal, l’or et le platine. La force
créateur de l’entreprise à Ravenne de la maison est de remettre sans cesse
en 1987, qui a su mettre en parallèle en question ses procédés de création
de nombreux métiers d’art, tous italiens. et de fabrication, afin de trouver des
Il a commencé par des compositions solutions minimalistes aux chantiers
en marbre représentant des tapis les plus baroques, interpréter et réaliser
de fleurs, des arabesques, des dessins les commandes sur mesure les plus
architecturaux, ethniques, abstraits, extravagantes, comme les plus simples,
des tableaux célèbres… Les collections à l’instar de la nouvelle collection Crystal,
se sont multipliées, Orientale, Hedonism, plus douce dans ses motifs mais non
Mediterranea, SiciStone, Marilyn, PixALL, moins fascinante. S.G.
44
Les installations
Galerie Chantal Crousel

L’æil sur le futur
L’artiste Melik Ohanian,

représenté par la galerie
Chantal Crousel, met
en scène une tragédie
cosmique et prophétique,
dans un geste poétique
sidérant et sidéral.
Dans quatre milliards d’années, selon

la NASA, la Voie lactée et la galaxie
Ambroise Tézenas
d’Andromède entreront en collision.
Attraction fatale. Fin de la Terre. Ce
scénario inspira une œuvre au plasticien
Melik Ohanian, présentée sous la rotonde
de l’hôtel de la Bûcherie. Intitulée Modelling
Poetry, l’installation repose sur un
algorithme et représente le mouvement
des étoiles, tandis que, suspendu
au plafond, un hémisphère en miroir reflète
la scène animée et diffusée en boucle
pendant quinze minutes. Le temps s’étire,
le spectateur se sent tout petit.
Melik Ohanian, 39 ans, propulsé
par la galerie Chantal Crousel, semble
sur orbite. En 2015, il était lauréat du Prix
Marcel-Duchamp, ce qui lui a valu le
privilège d’exposer au Centre Pompidou
sa première version de Modelling Poetry.
En 2015 toujours, il était présent dans le
Pavillon de la république d’Arménie lors de Art planétaire particulier du Marais, prend de l’ampleur :
la Biennale de Venise. S’il s’interroge sur le Les artistes défendus par la galerie Chantal une extension vient d’y être inaugurée
futur, le plasticien a aussi à cœur d’évoquer Crousel ont ceci en commun qu’ils durant la FIAC. Pour imposer ses
le passé, la mémoire, l’histoire. Né à Lyon réfléchissent. Vidéastes, photographes, « poulains », tant dans les collections
dans une famille arménienne, il est revenu auteurs d’installations ou de performances, publiques que privées, l’équipe participe
plusieurs fois sur le génocide dont fut sculpteurs ou peintres considèrent à toutes les foires internationales : Bâle,
victime ce peuple sous la baïonnette avec inquiétude la société contemporaine. Miami, Hongkong, Shanghaï, Londres,
turque. Il y eut cette poignante installation, Un diplôme d’histoire de l’art en poche, Madrid... Parmi les plasticiens qu’elle a
Concrete tears, 3 451 – 3 451 symbolisant le Chantal Crousel a ouvert sa galerie portés au pinacle, on citera Wolfgang
nombre précis de kilomètres qui séparent rue Quincampoix en 1980. Elle y lance, Tillmans, Mona Hatoum, Gabriel Orozco,
Paris d’Erevan. En avril dernier, son entre autres, Sophie Calle. Le fils de la Anri Sala. Un Allemand, une Palestinienne
monument à la mémoire des Arméniens, galeriste, Niklas Svennung, la rejoint. née à Beyrouth, un Mexicain, un Albanais
les Réverbères de la Mémoire, fut élevé dans « Deux générations. Deux galaxies », dit-il. qui travaille à Berlin... La planète Art
le parc Trembley à Genève. La galerie, à présent établie dans un hôtel ne connaît pas de frontière. L.M.
46
AD Intérieurs 2018
Les savoir-faire
Agenceurs, ébénistes, ferronniers d’art, marbriers, staffeurs, tapissiers…
ces partenaires privilégiés des décorateurs excellent dans l’art de repousser
les limites pour donner vie à des espaces d’exception. Sans eux, rien ne serait
possible. Leurs aptitudes incomparables nous sont enviées dans le monde
entier. Et c’est dans leur capacité à sortir des schémas établis, à imprimer
une modernité inédite aux techniques traditionnelles que ces artisans
passionnés inventent, main dans la main avec les architectes d’intérieur,
les décors et les tendances de demain.
TEXTES Aude de La Conté, Serge Gleizes,

Marina Hemonet et Pauline Langlois.
Les savoir-faire
Le décor aux accents Art déco de la Maison du Caviar,

dessiné par le cabinet Oitoemponto, a été agencé par Bec.
AGENCEUR
Bec
Créations clé en main
La société. Après des études à l’Alliance

française de Braga, puis d’ingénieur,
Paulo Baptista travaille cinq ans dans le BTP
avant de se passionner pour l’architecture
intérieure et de créer sa société en 1996.
Spécialisée dans la rénovation et la décoration
intérieure, Bec réalise aussi bien des hôtels,
des bureaux, des résidences privées
que du mobilier en pièces uniques et des
agencements de cuisine. Paulo Baptista
est un passionné de défis et de challenges.
Un obsédé des détails et des finitions,
héritage sans doute de son père menuisier
qui lui a légué l’amour de la belle ouvrage.
Installée au Portugal, la société a déployé
des bureaux à Paris, Casablanca, et projette
d’installer une antenne à Londres.
Son savoir-faire. Tout est concocté

Jérôme Galland
dans l’usine de trois mille cinq cents

mètres carrés dotée de technologies de
pointe pour apprivoiser bois de placage,
bois massifs, fer, acier, inox, aluminium,
métaux précieux, verre et cuir, toujours
dans les règles de l’art… Parallèlement aux
travaux de menuiserie et d’ébénisterie qui
constituent la base de l’activité, l’entreprise
gère aussi en interne le pilotage de tous
les autres corps de métiers qui œuvrent
aux projets de rénovation, ainsi que la
maintenance générale des installations.
Du clé en main !
Son actualité. La société met ses

activités et ses prestations au service
de nombreuses enseignes, boutiques
de mode, restaurants, hôtels de luxe,
et travaille avec plusieurs agences
d’architecture de renom : Oitoemponto,
Christophe Delcourt et Guillaume Terver,
Damien Langlois-Meurinne, Bismut &
Bismut. Parmi les derniers travaux réalisés :
Ébénisterie, travail des métaux, du verre, du cuir… Bec allie tous les corps de métier à la Maison du Caviar, à Paris. la Maison du Caviar, la rénovation
des chambres des hôtels d’Aguesseau
et Powers à Paris, les chambres témoins
de l’hôtel Ritz à Lisbonne, une villa à
Ladbroke Square à Notting Hill et une
Bec participation à la rénovation de l’hôtel
Parque Industrial Celeiros, 2ª fase, rua de Gaião, Mandarin à Londres. S.G.
Lote 7/8, Aveleda, 4705-049 Braga, Portugal
Tél. : + 351 253 607 550
bec.com.pt
51
Les savoir-faire
AGENCEUR
Groupe CAA
La menuiserie architecturale
La société. Qui se douterait que le groupe

CAA, aujourd’hui parmi les premiers agenceurs
du luxe à la française, est né sous le nom de
Conseil Antilles Agencement, en Martinique ?
C’est pourtant bien à Ducos que Jean-Pierre
Louche, après avoir dirigé l’ébénisterie royale
d’Hassan II au Maroc, fonde l’entreprise,
en 1993, avec son associé Jean-Emmanuel Avril.
Ils sont à l’époque entourés d’une dizaine
de compagnons. Des établissements hôteliers
de prestige leur confient rapidement leurs
embellissements : l’hôtel Bakoua, le Carayou
et les enseignes du groupe Accor. En moins
d’un an, les prévisions sont largement
dépassées et un atelier est créé en Guadeloupe.
En 1996, l’agenceur, réclamé en métropole,
ouvre en Anjou un nouvel atelier, qui devient
le siège du groupe.
Son savoir-faire. Aujourd’hui, CAA emploie

deux cents compagnons à travers le monde,
répartis dans huit ateliers, pour une surface
de production totale de 14 000 m2. Outre
ses travaux de menuiserie et d’agencement,
sa maîtrise du placage ou des finitions laques
ou vernis, le groupe CAA s’est doté d’ateliers
dédiés à des savoir-faire de niche : près de
600 m2 sont dédiés à la mise en œuvre et au
thermoformage de la résine ; la métallerie fine
réalise les travaux de structures comme les
habillages décoratifs ; l’atelier Massif travaille
toujours dans les règles de l’art, tandis que
l’atelier Fabrications spéciales se charge
des ouvrages complexes ou monumentaux.
La recherche constante de solutions
décoratives, les alliances de matériaux
et la large palette créative font de CAA
un véritable agenceur d’idées.
Son actualité. La boutique de luxe

monégasque d’un grand nom de l’art de vivre
à la française avec le cabinet RDAI, la nouvelle
Prouesse des compagnons du groupe CAA, cinq coques redessinent le cœur du centre d’affaires #Cloud.Paris. brasserie d’Alain Ducasse à la U Arena avec le
studio d’architecture Ciguë : autant de projets
d’excellence pour CAA qui a aussi œuvré
cette année dans l’hôtellerie de grand luxe
pour Jean-Michel Wilmotte à La Résidence
Groupe CAA de la Pinède à Saint-Tropez et au Relais
65, rue de Spontini, 75016 Paris de Chambord. À venir : l’hôtel Cheval Blanc
Tél. : 01 45 05 36 21 St-Barth Isle de France et les futures Galeries
caa.paris@caa-agencement.fr Lafayette sur les Champs-Élysées. P.L.
caa-agencement.fr
52
AGENCEUR ET ÉBÉNISTE
Sodifra Agencement
La beauté sort du bois
La société. Fondée en 1989, Sodifra

Agencement (filiale depuis 2017 du groupe
Aurige, spécialisé dans la restauration de
bâtiments historiques) devient rapidement
une référence de l’agencement intérieur
haut de gamme en bois et de la fabrication
de mobilier sur mesure. Ancien élève
du lycée François Mansart spécialisé
dans l’apprentissage des métiers du bois
et de l’habitat, Luis Tomé dirige cette
entreprise où œuvrent trente-cinq salariés,
compagnons artisans et techniciens
passionnés par la matière, par leur métier
et par l’environnement. « Nous travaillons
aussi bien le bois massif dans sa forme la plus
noble avec une raboteuse et une toupie qu’avec
les techniques les plus avancées, confirme
ce passionné du bois qui a encadré l’équipe
© Sodifra Agencement
commerciale du groupe Ober et dirigé la

société Marotte durant quinze ans. nous faisons
donc à la fois de l’ébénisterie et de la menuiserie.
C’est une société hybride, un doux mélange entre
l’industriel et le manufacturé. »
Son savoir-faire. Parallèlement aux travaux

d’ébénisterie et de menuiserie effectués
de manière traditionnelle, la maison travaille
également le bois avec des commandes
numériques cinq axes et des scanners 3D
afin de réaliser les pièces les plus spectaculaires.
« Garder cette polyvalence est notre philosophie »,
confirme Luis Tomé. Quant aux finitions,
elles sont irréprochables, des plus simples
aux plus complexes, réalisées dans des ateliers
dotés de cabines à vernir et à laquer, et grâce
également à un transformateur agréé par
Corian® pour venir à bout des designs
les plus élaborés.
Son actualité. Devenu le partenaire des

agences d’architecture intérieure et de design,
Sodifra travaille aussi bien pour les projets de
Parmi les récentes réalisations de Sodifra, le lounge VIP de la boutique Baccarat à Villefontaine, près de Lyon. grande envergure – la Bibliothèque du Louvre,
l’hôtel Royal Monceau, le pavillon Hermès
à Milan ou la Philharmonie de Paris réalisée
par Jean Nouvel pour laquelle elle a conçu
des panneaux spectaculaires – que pour
Sodifra Agencement des agencements de cuisine et de dressing.
ZAC de Conneuil, 17, avenue Léonard-de-Vinci, L’entreprise vient de livrer le lounge VIP
37270 Montlouis-sur-Loire et la boutique Baccarat, ainsi que le salon
Tél. : 02 47 45 17 18 de thé Angelina, au centre commercial
sodifra-agencement.fr The Village de Villefontaine. S.G.
53
Les savoir-faire
BRODERIE
Combray Textile & Design

Le motif au petit point
La société. Combray Textile & Design

a été créée par Laure et Aurélie Hug, deux
sœurs qui ont lancé en 2013 leur studio de
broderie à Brooklyn. Aurélie, passée par l’école
Camondo, a œuvré pendant plusieurs années
à New York aux côtés de la décoratrice Muriel
Brandolini, tandis que Laure, historienne
de l’art, a collaboré pendant près de quinze ans
avec des décorateurs de films. Leur clientèle
est aujourd’hui essentiellement américaine,
le tandem travaillant notamment avec les
architectes d’intérieurs Robert Couturier,
Kelly Wearstler, Pembrooke & Ives ou Ernest
de la Torre, pour des projets résidentiels.
Son savoir-faire « On se considère davantage

comme des embellisseurs textiles », souligne Laure
Hug. Avec sa sœur, elles inventent et dessinent
à la main les motifs qui seront ensuite brodés
en Inde. Si elles cherchent à rester au plus près
des désirs et visions de leurs clients, leurs
influences sont multiples : de l’œuvre d’un
artiste textile à une exposition en passant
par la mode et les voyages. Concernant les
matériaux, elles privilégient ceux qui donnent
du relief comme les perles, le raphia et la
corde, qui seront déclinés sur des lins ou de la
soie en fonction des commandes. Rideaux,
coussins, panneaux, têtes de lit, linge de table…
la palette s’agrandit au fil des expérimentations.
La prochaine aventure ? Mêler peinture
et broderies sur tissu ou réaliser des appliqués
surdimensionnés. « Notre rêve, c’est d’aller toujours
au-delà du lé, d’aller jusqu’au panoramique pour
raconter une histoire et de donner une ampleur
plus narrative à notre travail. »
Son actualité. À Paris, Combray Textile

& Design a participé à la rénovation des
parties publiques du Crillon, avec l’architecte
d’intérieur Tristan Auer, en embellissant
des bordures de rideaux et en créant des
passementeries perlées en verre. Le studio
La bordure Ivy est une broderie de laine, raphia et perles de verres. a également créé des panneaux décoratifs
de broderies métalliques sur du lin. En ce
moment, outre-Atlantique, le duo intervient
sur des appartements à New York et travaille
Combray Textile & Design sur un projet de maison aux Bermudes.
10, Grand Avenue, Suite 602 En parallèle, le tandem vient de lancer une
Brooklyn, NY 11205, États-Unis nouvelle collection dans des coloris délicats
Tél. : 06 70 93 63 79 et s’apprête à décorer entièrement une
combraydesign.com maison en Amérique du Sud. M.H.
54
CUISINES ET AMÉNAGEMENT INTÉRIEUR
Obumex
La précision du sur-mesure
La société. Le siège de cette entreprise

entièrement familiale, fondée en 1960
par Eli Ostyn, est toujours dans la campagne
belge, « au milieu de nulle part mais à une demi-
heure de Lille et une demi-heure de Bruges »,
dit en riant Thomas, le petit-fils du fondateur
qui, avec son père Geert, continue le
développement de la maison. Celle-ci
a commencé son activité par la création
de mobilier scolaire. D’une menuiserie
de qualité et résistante, elle s’est naturellement
orientée vers l’aménagement de cuisines
sur mesure et de projets complets
d’architecture intérieure. Aujourd’hui,
ce sont cent vingt personnes qui travaillent
de manière artisanale au service de projets
du XXIe siècle. Du sur-mesure uniquement, qui
conjugue tour de main et technologie.
© Claessens & Deschamps
Son savoir-faire. Ces passionnés

ne dérogent pas à leurs valeurs : qualité,
authenticité, fonctionnalité, responsabilité
et intemporalité. Dans l’atelier, aucune
production en série, et des matériaux pérennes.
La matériauthèque est impressionnante.
Une équipe d’architectes s’occupe de la
conception, des plans et du suivi du chantier
jusqu’à son étape finale. Les finitions
impeccables font leur réputation. Une aide
est aussi proposée aux architectes extérieurs
dans la concrétisation de leurs projets. Le
temps de dialogue lors de la prise de contact
n’est pas compté, car toute réalisation est faite
pour durer. Mais le respect des délais et des
budgets fait leur fierté.
Son actualité. Les collaborations avec

des architectes de renom pour la création
de cuisines – cette année avec Grégoire
de Lafforest, après John Pawson en 1996,
Joseph Dirand en 2014, Gilles & Boissier
et Bruno Moinard en 2017 – leur fournissent
autant de challenges à relever. Réalisations
Rigueur lumineuse pour ce salon de bains de Nicolas Schuybroek, réalisé par Obumex et présenté à AD Intérieurs. que l’on peut admirer dans leurs quelques
showrooms à Knokke, Gand, Anvers,
Bruxelles et Paris. Parallèlement, Obumex
multiplie les chantiers « contract » pour
les promoteurs immobiliers ainsi que les
Showroom Obumex collaborations sur mesure, comme cet automne
20-22, Passage Dauphine, 75006 Paris ce salon de bains très admiré réalisé pour
Tél. : 00 32 51 70 50 71 le jeune architecte belge Nicolas Schuybroek
obumex.be et présentée à l’exposition AD Intérieurs. A.L.C.
55
Les savoir-faire
DISTRIBUTEUR DE TEXTILES, PAPIERS PEINTS, TAPIS ET MOQUETTES
IDO Diffusion
Une matériauthèque d’exception
La société. En 2005, forte d’une longue

expérience dans le textile, Dominique
Cheneau Chevalier créait IDO Diffusion.
Treize ans plus tard, la petite structure
des débuts est devenue une référence auprès
des plus grands décorateurs et architectes
d’intérieur. À la tête de la société depuis l’an
dernier, William Berthe, ancien directeur
export chez Brunschwig & Fils, partage cet
amour du tissu et vise à proposer l’offre la
plus riche possible. C’est donc une incroyable
matériauthèque, issue d’une sélection
rigoureuse auprès des maisons les plus haut
de gamme, qui attend les professionnels
dans ses trois showrooms parisiens.
Son savoir-faire. Composée d’une équipe

passionnée de sept personnes, IDO Diffusion
propose à son catalogue près de vingt éditeurs
de tissus (lin lavé, soie lourde, velours de soie,
alpaga, yak tissé à la main, mohair noué
main) et de cuirs (souples, naturels, patinés,
gaufrés), mais aussi de papiers peints,
de tapis et de moquettes, de passementeries
et d’accessoires pour une offre où prime
le sur-mesure. IDO développe également
ses collaborations avec des artisans créateurs
des quatre coins du monde : alpaga tissé
main en Amérique du sud, raphia au crochet
à Madagascar ou encore broderies indiennes
cousues main.
Son actualité. Cette année, l’entreprise a

étoffé son offre et renforcé le positionnement
de ses marques avec des maisons phares telles
que J. Robert Scott, Moore & Giles ou encore
de Le Cuona. Elle a également accueilli Chase
Erwin, Vaughan Lighting ainsi que The Rug
Company. Côté mobilier, elle représente
depuis janvier l’éditeur britannique Julian
Chichester. En atelier, la marque exclusive
Paris l’Après Midi continue d’étendre sa
gamme de tissus artisanaux tissés et filés
Coussin en laine de yak tissée et brodée à la main, référence Pont d’Arcole. main, ainsi que sa gamme d’accessoires
en cachemire et yak traditionnels. Enfin, IDO
Diffusion a complété sa ligne par des produits
plus techniques, destinés à la grande hôtellerie
et la restauration, toujours dans le souci d’un
IDO Diffusion esthétisme à la pointe de la modernité. M.H.
24, rue Mayet, 75006 Paris
Tél. : 01 47 34 38 61
Idodiffusion.com
56
ÉDITEUR DE TISSUS, PAPIERS PEINTS ET REVÊTEMENTS MURAUX
Casamance
L’élégance intemporelle
La société. Depuis sa création en l’an 2000,

Casamance réinvente les classiques de demain.
Bénéficiant de la puissance d’une maison forte
de quarante ans d’expérience, la marque s’est
imposée au fil des ans comme un acteur majeur
dans l’édition et la distribution de tissus
et papiers peints. Avec quarante collections
présentées chaque année et un stock comptant
9 000 références de tissus et 2 400 de papiers
peints, elle est plus que jamais ancrée dans
l’univers de l’élégance à la française. Un style
qui s’exporte aujourd’hui principalement
aux États-Unis et dans une centaine de pays
à travers quinze filiales à l’étranger. Sans compter
trois showrooms, à Paris, Bruxelles et Londres.
Son savoir-faire. Casamance possède

son propre studio de création composé
d’une équipe de stylistes, coloristes et graphistes
© Casamance
garants d’une harmonie stylistique. Fibres

naturelles haut de gamme, broderies travaillées
en relief, brillances d’une rare subtilité…
l’accent est mis sur la noblesse des matières
et leur provenance. Une grande partie
des tissus, papiers peints et revêtements
muraux est développée en France, en Belgique
et en Italie. Seules les soieries précieuses sont
confectionnées en Inde, la marque ayant
à cœur de soutenir l’un des savoir-faire les
plus ancestraux de ce pays. Chaque année,
Casamance propose par ailleurs de nouvelles
techniques et matières innovantes, à l’image
de sa collection non feu destinée à l’hôtellerie.
Son actualité. En septembre, Casamance

a lancé sa nouvelle collection, dévoilant
deux univers : l’Amazonie et sa forêt tropicale ;
le Paris éternel et son atmosphère précieuse,
entre exubérance assumée et douceur raffinée.
Autre lancement : la gamme Casamance
Essentiel en papier peint avec les collections
Le Lin et La Soie mettant en avant son affiliation
Entre brillance et matité, les textures de la nouvelle collection Avenue Marceau rendent hommage au faste parisien. au textile et surtout sa large palette de soixante
couleurs. La marque a également présenté
au salon Maison & Objet, en partenariat avec
l’éditeur KNGB, une lampe habillée du nouveau
tissu Métissage. Poursuivant sa collaboration
Casamance avec les hôtels du monde entier, Casamance
13, rue du Mail, 75002 Paris a en outre travaillé avec le Ritz-Carlton Bahrain,
Tél. : 09 83 05 91 13 le W Dubaï, le Fairmont Château Laurier à
showroom.paris@casamance.com Ottawa, l’hôtel Gabrielli à Venise et le Mandarin
casamance.com Oriental à Istanbul. M.H.
57
Les savoir-faire
ÉDITEUR DE TISSUS
Créations Métaphores
La passion de la belle étoﬀe
La société. Créations Métaphores réunit

trois marques de tissus haut de gamme
et complémentaires : Le Crin, Verel de Belval
et Métaphores. Héritière d’un brevet déposé
en 1787, Le Crin perpétue un savoir-faire
unique en tissant le crin de cheval à la main.
Depuis 1912, Verel de Belval renouvelle la
tradition de la grande soierie lyonnaise.
Quant à Métaphores, elle habille depuis
1981 les intérieurs contemporains. Soit trois
univers distincts et autant de spécificités qui
peuvent s’associer entre elles pour inspirer
les architectes et décorateurs du monde
entier. À la fois éditeur et fabricant, Créations
Métaphores mise sur la souplesse pour
répondre aux demandes les plus exigeantes.
Son savoir-faire. Experte dans les métiers

d’art du textile, Créations Métaphores
marie haute technicité des tissages, finitions
© JMP
innovantes, matières nobles et naturelles
pour créer des étoffes exceptionnelles. Dans
son petit atelier sarthois, Le Crin accomplit
ainsi un incroyable travail de précision où le
crin, mêlé au lin, à la laine, au sisal ou au fil
métallique, fait vivre le tissu. En revisitant
quatre siècles d’archives, Verel de Belval
réinvente damas, lampas et taffetas de soie,
tout en s’ancrant dans la modernité, à l’image
de sa collection conçue avec l’illustrateur
Pierre Marie autour d’un motif contemporain
aux coloris flamboyants. Une passion
de l’étoffe et de la couleur que l’on cultive
aussi chez Métaphores.
Son actualité. En septembre, Créations

Métaphores a présenté sa nouvelle collection
contract en écho à sa collection résidentielle
et exposé dans son showroom, pendant la Paris
Design Week, une œuvre réalisée avec Anaïs
Gonnachon, Azulejos. Concluant la formation
de cette artiste chez les Compagnons
du Devoir, cette paroi textile poétique évoque
Canapé habillé de tissu Gaël (Le Crin) et de velours Amazonie (Métaphores), tabouret en velours Aloé (Métaphores). à la fois l’origami et l’art des céramiques
portugaises. Côté réalisations, outre le Louvre
et le George V, citons le Negresco à Nice, le
restaurant Ma biche sur le toit à Toulouse
et le concept store Bottega Lapel à Milan.
Showroom Créations Métaphores En fin d’année, Créations Métaphores présentera
5, rue de Fürstenberg, 75006 Paris dans son showroom son concept de bar à
Tél. : 01 46 33 03 20 coussins créé en 2017 au salon de Milan. M.H.
creations-metaphores.com
58
ÉDITEUR DE PAPIERS PEINTS ET TISSUS
de Gournay
Inspirations asiatiques
La société. Maison jeune, mais détentrice

d’un savoir-faire ancestral, de Gournay
est née dans les années 1980 en Angleterre.
Claud Cecil Gurney s’intéresse alors aux papiers
peints de sa maison de famille. Désireux
de sauvegarder ce savoir-faire, il part en Chine
à la recherche d’artisans capables de réaliser
des « chinoiseries » dignes du XVIIIe siècle ;
de Gournay est le fruit de ces rencontres.
Spécialiste du papier peint à la main, la maison
propose aussi tissus, porcelaines et paravents
à assortir au décor rêvé. De nouveaux motifs
sont dessinés, des techniques mises au point ;
un papier peint de Gournay est toujours une
pièce unique. Aujourd’hui, les filles du fondateur
perpétuent sa passion et inscrivent cet artisanat
de luxe au sein des plus beaux projets.
Son savoir-faire. Broderies de perles

© de Gournay
et sequins, peinture au pinceau, papier de riz,

soie sauvage, feuilles d’or… chez de Gournay,
le vocabulaire évoque le raffinement
et la technicité de la haute couture. Entre
exotisme tropical et luxe antique, les noms
des collections font voyager : Chinoiseries,
Japonaise et coréenne, Panoramiques… Classique
ou extravagant, petit ou grand, le papier est
fait sur mesure et peint à la demande. Les
motifs peuvent changer de taille, de couleurs,
se coordonner aux envies. Imaginés en France
et en Angleterre, les dessins prennent vie
en Chine, dans les ateliers de la marque,
sous les pinceaux de cent cinquante artistes
dépositaires de la tradition. Un panneau peut
prendre cent cinquante heures de travail
et mobiliser six peintres. Prévoir trois à cinq mois
pour la réalisation du papier de ses rêves.
Son actualité. Cette année, de Gournay

a créé trois papiers peints pour la réouverture
du club Annabel’s à Londres, avec Martin
Brudnizki. Après les grues peintes pour
Les papiers peints de Gournay, ici le motif Saint Laurent dans la collection Chinoiseries, sont réalisés à la main. AD Intérieurs 2017, la maison retrouve l’agence
Oitoemponto avec un paysage nocturne
sur les murs d’AD Intérieurs 2018, et des algues
sur ceux de La Maison du Caviar à Paris.
Un nouveau motif, créé par India Mahdavi,
de Gournay a été révélé au Salone del Mobile de Milan
15, rue des Saints-Pères, 75006 Paris en avril. À Houghton Hall, en Grande-Bretagne,
Tél. : 01 40 20 08 97 de Gournay travaille à la recréation des
diane@degournay.com panneaux d’un papier peint XVIIIe de la Cabinet
degournay.com/fr room, pour un jardin oriental luxuriant. P.L.
59
Les savoir-faire
ÉDITEUR DE TISSUS ET REVÊTEMENTS MURAUX
Misia
L’excellence du tissage
La société. Dernière-née du groupe

Casamance, en 2014, Misia en incarne
le segment haut de gamme avec ses étoffes
précieuses. Son nom s’inspirant de Misia Sert,
pianiste d’origine polonaise égérie des grands
peintres de la Belle Époque, elle se nourrit
de cet univers libre et avant-gardiste
pour le réinterpréter d’une façon résolument
moderne. Avec une seule collection de tissus
d’ameublement chaque année, Misia privilégie
le luxe des matières, approche qui a séduit
bon nombre de décorateurs et d’architectes
d’intérieur pour la réalisation d’hôtels et de
résidences de prestige en France et à l’étranger.
Son savoir-faire. Misia mise sur l’excellence,

tant dans l’élaboration des matières et des
textures que dans ses procédés de fabrication
innovants. Elle façonne des collections de soies
raffinées, de jacquards texturés, de velours
© Misia
imprimés ou laminés, de laines sensuelles,
de voiles pailletés ou dévorés, de cuirs tissés,
de fausses fourrures précieuses et de tissages
multicolores. Ces collections d’étoffes exclusives
sont le témoignage d’un savoir-faire artisanal
précieux hérité des grands maîtres teinturiers.
En majorité originaires d’Europe, les tisseurs
sont sélectionnés avec le plus grand soin.
Quant aux coloris, ils sont élaborés avec
minutie par Florence Vermelle, créatrice
et directrice artistique de Misia. Chaque année,
la marque a également recours à l’impression
numérique pour reproduire plusieurs de ses
motifs avec, à la clé, des gammes de couleurs
riches et un rendu ultra-précis.
Son actualité. Chaque collection résulte

d’un voyage. Si la première a naturellement
débuté à Paris, la marque a depuis fait
escale dans l’archipel des Keys en 2015,
en Tanzanie en 2016, au Japon en 2017
et au Brésil cette année. Florence Vermelle
Le chant du Kayapó, une collection d’étoffes précieuses, de cuirs tissés et de motifs d’inspiration amérindienne. souligne deux facettes du peuple brésilien :
le Brésil contemporain, et le legs des tribus
amérindiennes. Travaillées avec une
inspiration commune, Le Chant du Kayapó,
la collection thématique, et Terre d’Émeraude,
Showroom Misia la collection de textures, continuent de
13, rue du Mail, 75002 Paris proposer des associations originales. Mais
Tel : 09 83 05 91 13 l’héritage Art déco de la marque n’est jamais
showroom.paris@casamance.com loin : le shooting photo a eu lieu cette année
misia-paris.com à la villa Empain, à Bruxelles. M.H.
60
ÉDITEUR DE TISSUS ET PAPIERS PEINTS
Nobilis
Matières nobles
La société. Fleuron des éditeurs

de papiers peints et tissus français, Nobilis
est une maison familiale, et ce depuis 1928,
lorsqu’Adolphe Halard crée son affaire au
cœur de Saint-Germain-des-Prés, à deux
pas des Beaux-Arts. De cette proximité
naîtront des collections forcément très
créatives qui lui vaudront rapidement une
aura internationale. Aujourd’hui, Norman
Halard, petit-fils d’Adolphe, fils de Denis,
dirige la maison qui a commencé par le
papier peint avant d’étendre son activité au
tissu, à la passementerie et aux revêtements
muraux. Nobilis présente aujourd’hui
plus de sept cents références dans son
showroom de la rue Bonaparte. « Notre
métier est de faire de l’art appliqué au service de
l’industrie », dit-il. Tâche qu’il effectue en duo
avec Eric Valero, directeur artistique depuis
2013, qui connaît fort bien la maison pour
© Nobilis
y avoir travaillé vingt-huit ans déjà.
Son savoir-faire. Éditeur, et non fabricant,

Nobilis a développé une créativité hors pair
dans le maniement des rayures, des damas,
des unis, des velours graphiques ou des
effets de matières précieuses et de faux bois
pour les papiers peints, entre autres…
Dans cette maison, la création est une
histoire de tradition et de modernité,
de passion et de sensibilité, qui se vit au jour
le jour, se partage, se bonifie comme un
nectar, de manière instinctive.
Son actualité. Parmi les dernières

collections, notons le velours mohair
Yeti décliné dans une palette de couleurs
sourdes ; dans la gamme Atelier Saint-
Germain, le lin délavé Tulum aux
déclinaisons pastel, et enfin, côté papiers
peints, la collection Fresco à base de
matières végétales et minérales, Paillote
Déclinaison de velours de coton de la gamme Otello, un grand classique de la maison, qui se décline en 54 coloris. aux reflets irisés or et argent ou encore
Raku à l’effet craquelé. La maison a tout
dernièrement collaboré à divers chantiers
parisiens, la décoration de l’hôtel Régence
Étoile, de la Maison Nabis (réalisée par
l’agence Maison Numéro 20), de l’hôtel
Nobilis Royal Saint-Honoré (relooké par Cadre
38, rue Bonaparte, 75006 Paris Paris) et, à Lyon, à celle du Buddha Bar. S.G.
Tél. : 01 53 10 27 30
nobilis.fr
61
Les savoir-faire
ÉDITEUR DE TISSUS, PAPIERS PEINTS, TAPIS ET MOBILIER
Pierre Frey
L’art de vivre total
La société. Depuis sa création en 1935,

la maison Pierre Frey s’est étoffée en accueillant
quatre signatures parmi les plus illustres
du textile européen : Braquenié en 1991,
Fadini Borghi et Boussac en 2004,Le Manach
en 2013. Fin 2017, un nouveau virage est entamé
avec la reprise de Rosello, l’un des premiers
fabricant de sièges et de meubles français.
À la tête de la maison fondée par son père,
Patrick Frey perpétue depuis 1969 la tradition
familiale avec ses trois fils, Pierre, Vincent
et Matthieu. Proposant plus de 7 000
références de tissus, papiers peints,
moquettes, tapis, mobilier et accessoires,
l’éditeur propose une offre globale qui
s’exporte dans trente-sept pays à travers six
filiales internationales.
Anne-Emmanuelle Thion
Son savoir-faire. Une partie importante
des collections est réalisée dans la propre
usine de Pierre Frey, située dans le Nord
de la France. Éclectique dans ses motifs,
ses matières et ses couleurs, la maison puise
autant son inspiration dans son exceptionnel
fond d’archives - plus de 20 000 documents
du XVIe siècle à nos jours - que dans l’air
du temps. Avec l’acquisition l’an dernier
de Rosello, installé à Villers-Cotterêts,
spécialisé dans les domaines de l’hôtellerie
et de la restauration, Pierre Frey se diversifie
encore et montre sa volonté de développer
la création française.
Son actualité. Cette année, la maison

a créé, en hommage aux Indiens d’Amérique,
les collections de tissus Arapahos et de papiers
peints Grand Canyon, dont certains dessins
sont le fruit d’une collaboration avec les
étudiants de l’École des Arts décoratifs.
Autre nouveauté : le lancement de Galerie,
la première collection de papiers peints
panoramiques dessinés à la main. Côté
chantiers, citons le club Annabel’s à Londres
Réalisée par les ateliers Pierre Frey, la Chaise 942 est recouverte de velours Duke et d’un lainage Malou. avec Martin Brudnizki, le club Saint Joseph’s
de San Francisco avec Ken Fulk, le restaurant
Perruche et le club privé Blanche à Paris par
Toro & Liautard, la boutique Louboutin
à Barcelone avec Laura Gonzalez, le Cassio
Pierre Frey Club à Hong Kong avec Fabrizio Casiraghi,
27, rue du Mail, 75003 Paris le restaurant Anahi avec Humbert & Poyet
Tél. : 01 44 77 35 22 et la Maison du Caviar avec Oitoemponto. M.H.
pierrefrey.com
62
ÉDITEUR DE TAPIS
La Manufacture Cogolin
Les fibres artistiques
La société. Golfe de Saint-Tropez, 1928.

Jean Lauer, propriétaire de tissages à Lyon
et Aubusson, fait l’acquisition d’une manufacture
au cœur du village de Cogolin. Dès lors,
son histoire est liée à celle des arts décoratifs.
Christian Bérard, Jean-Michel Frank, Jules-
Émile Leleu, Jean Cocteau, Sir David Hicks :
la manufacture associe son savoir-faire
unique aux talents des plus grands artistes
décorateurs. En 2010, House of Tai Ping
la rachète ; le bâtiment est rénové, les ateliers
restaurés. Entre créations contemporaines
avec India Mahdavi ou Charles Zana et édition
des collections historiques, la Manufacture
Cogolin cultive une authenticité et une
identité remarquables.
Son savoir-faire. Un tapis de la Manufacture

se distingue par sa construction. Tissé sur
Francis Amiand
des métiers Jacquard du XIXe siècle, destinés

à la fabrication du tissu, le tapis est comme
un velours : les fils sont épais, tissés à bras
et en petite largeur. Orfèvres en la matière,
les tisseuses ont tout appris à l’atelier et
maîtrisent parfaitement les mécaniques
ou les points très spéciaux de couture.
Les cantres, les texturés et les tissés plats
sont fabriqués à Cogolin, les noués main
dans des ateliers partagés avec Tai Ping
au Népal. Raphia, laine, lin, coton, soie
ou chanvre, les fils sont fabriqués pour la
manufacture, les teintes produites selon
une palette inspirée par la Provence et les
collaborations artistiques du passé. Créés
sur mesure, les tapis s’adaptent à tous les désirs,
de la pièce unique à la pose en mur à mur.
Son actualité. Après cinq tapis en raphia

signés par la designer Julie Richoz, la
Manufacture Cogolin révèle à l’automne
les créations de Stéphane Parmentier pour
une collection de noués main baptisée
Le tapis tissé Jacinthe de la Manufacture Cogolin, dans la collection Jardin intérieur signée India Mahdavi. Nord/Sud. Début 2019, ce sera au tour d’Elliott
Barnes d’enrichir les créations de la maison.
Outre les hôtels, paquebots, ambassades
et résidences privées qu’ils ornent, on peut
aussi admirer ces tapis dans les films
La Manufacture Cogolin du réalisateur Luca Guadagnino, connu
30, rue des Saints-Pères, 75007 Paris pour ses impeccables directions artistiques.
Tél. : 01 40 49 04 30 Cette année, la manufacture l’a retrouvé,
contact@manufacturecogolin.com en tant que décorateur cette fois, dans
manufacturecogolin.com une maison au bord du lac de Côme. P.L.
63
Les savoir-faire
ÉDITEUR DE TAPIS
Tai Ping
La tradition au service de l’avenir
La société. Tai Ping naît en 1956 à Hong

Kong, autour d’une idée : aider des artisans
fuyant la Chine populaire et contribuer à la
conservation de leur savoir-faire ancestral
du tapis tufté main. Pari réussi : sa croissance
l’amènera à quitter la petite île britannique
pour s’installer au sud de la Chine, dans le
delta de la rivière des Perles, et préserver
ce patrimoine. Aujourd’hui, la maison quitte
cette région trop industrielle. Sa nouvelle
manufacture, signée Jean-Marc Sandrolini,
architecte de l’usine Vuitton de Venise, a été
inaugurée en mai à Xiamen. Expert en tapis
de collection et en éditions avec des artistes,
Tai Ping est aussi un fabricant au service
des décorateurs pour des projets sur mesure :
yachts, avions, hôtels, résidences privées
ou boutiques de luxe.
Son savoir-faire. Au sein de la manufacture,
© Tai Ping
un trésor : 400 hommes et femmes aux mains
d’or, les tufteurs. Car le tapis tufté main, aussi
appelé « au point d’Asie », est resté la spécialité
inégalée de la maison. À l’origine du procédé
de fabrication : la magic needle, ancêtre du
pistolet à tuft électrique. Grâce à elle, l’artisan
intègre les fibres de laine au travers d’une toile
tendue à la verticale. Cet outil révolutionnaire
n’est rien sans la main de l’homme, le geste
est artistique et chaque pièce unique : on peut
rêver tous les tapis. Qualité des matériaux
exceptionnelle, teinturerie ultra moderne
sans empreinte négative sur l’environnement :
Tai Ping soigne son image haut de gamme
et perpétue son savoir-faire artisanal
grâce au meilleur de la technologie.
Son actualité. Créations pour Maurizio

Galante et Tal Lancman, à l’hôtel de Crillon
pour Aline Asmar d’Amman : Tai Ping aime
les collaborations virtuoses. L’année prochaine,
à Milan, on en annonce une avec un grand
designer français. La maison a dévoilé ses
Le tapis Okeanos I, de la « Yacht Collection 2018 », une ode virtuose à la beauté des mers et océans du monde. tapis au Lutetia et commence à travailler
sur le Peninsula de Londres avec Peter Marino.
Après André Fu, c’est au tour du duo
hongkongais de AB Concept – Ed Ng
Tai Ping et Terence Ngan – d’être édité par Tai Ping,
4-6, rue Montalembert, 75007 Paris qui ne cache pas son plaisir de renouer
Tél. : 01 42 22 96 54 avec ses racines grâce à cette pépinière
paris@houseoftaiping.com de jeunes talents. P.L.
taipingtent.com
64
ENCADREMENT
Frames & Design

Cadres supérieurs
La société. Tout commence en 2014.

Maxime Bensadoun et Patrick Zortea,
passionnés par l’art sous toutes ses formes,
créent l’atelier Frames & Design
et proposent ainsi, dans leur showroom
parisien de la place des Victoires,
des photographies originales, des
lithographies, des reproductions, mais
également des baguettes et des cadres
personnalisés, afin de participer d’une
manière très visuelle à l’aventure décorative
d’un lieu. Et cela autour de trois secteurs
d’activité : yachting, résidences et hôtellerie.
On retrouve ainsi leurs images et les objets
d’art en verre et en bronze qu’ils réalisent
dans de nombreux chantiers de grand luxe :
résidences à Paris et à Monaco, yachts et
palaces – hôtel Hermitage à Monte-Carlo,
Paul Saint Bris © Cartier
Cipriani à Venise…
Son savoir-faire. La maison réalise

des encadrements lisses ou sculptés,
laqués, en inox, en laiton et en bois ;
des créations très haut de gamme, réalisées
à la main avec des matériaux made in France.
Autre atout de l’enseigne, proposer
un choix iconographique riche et varié
avec des œuvres le plus souvent inédites
et uniques. Mais ici, l’encadrement est
également humain, car le showroom,
qui dispose en outre d’un bureau d’études
dédié aux agences d’architecture intérieure
et au secteur de l’hôtellerie, fait de la
recherche iconographique et du conseil
en art, livre ses créations et assure
l’accrochage partout dans le monde.
Son actualité. La maison a réalisé cette

année l’encadrement de la collection
historique de l’Automobile Club de France,
les cadres pour le Damantin Hôtel & Spa
et l’hôtel de Berri à Paris, ceux de la
rénovation des boutiques Cartier
dans le monde, et développe de plus
Frames & Design œuvre pour Cartier partout dans le monde, ici dans le salon Rainier de la boutique de Monaco.
en plus son activité dans le secteur du
yachting, notamment en ayant participé
au Monaco Yacht Show 2018. S.G.
Frames & Design

45, rue Croix-des-Petits-Champs, 75001 Paris
Tél. : 06 58 16 03 15
framesanddesign.fr
65
Les savoir-faire
ÉCLAIRAGE
Voyons voir
Ressentir la lumière
La société. Son atelier à la belle charpente,

niché dans le XIe arrondissement de Paris,
exprime bien son mantra : la lumière ne doit
pas se voir, elle doit se ressentir. Stéphane
Carratero est un lighting designer qui a créé
l’agence Voyons voir il y a dix-neuf ans.
Formé à l’École nationale supérieure Louis
Lumière, chef opérateur de cinéma, ayant
appris les techniques de l’éclairage de la
publicité, ce mélomane aime parler
de l’imaginaire, du temps qui s’étire,
de l’évocation par le « matériau lumière ».
Son savoir-faire. « Avant tout, ramener

la technique à l’humain », dit-il. Son approche
très scientifique, employant la technique si
sensible des leds, il la teste en atelier sur des
maquettes. Sa grande précision et son art
du dialogue lumière-matériaux ont fait de
Éric Laignel
lui une référence internationale en matière
de haute joaillerie, et notamment pour
les joailliers de la place Vendôme. Chefs
étoilés, décorateurs et magasins de luxe ont
compris l’importance de l’éclairage et le
talent de cet expert. Tout est conçu à Paris,
avec une équipe de treize collaborateurs
de toutes nationalités. Quelques fauteuils
vides : ils sont rarement là tous ensemble
car, pour chaque chantier, il faut aller sur
place peaufiner les réglages.
Son actualité. Partant de l’univers de

l’écrivain Gabriele D’Annunzio, évoqué
par Yann Le Coadic et Alessandro Scotto
pour leur décor de l’exposition AD Intérieurs,
il a recréé pour eux une atmosphère
sensible de maison au bord du lac dont la
lumière évolue subtilement avec le jour.
Il vient par ailleurs de terminer l’espace
lounge exclusif de Mathieu Lehanneur
pour le terminal d’Air France à Roissy,
la boutique Guerlain rue de Passy.
Actuellement il travaille sur un grand hôtel
Création de l’agence Jouin Manku, l’auberge de l’Ill, en Alsace, a été mise en lumière par Stéphane Carratero. des Champs-Elysées, une maison privée
en Thaïlande et une autre au Moyen-
Orient, des appartements luxueux à Paris
et à Londres, un restaurant dans un lieu
Voyons voir emblématique de la capitale, et se réjouit
8, rue Titon, 75011 Paris des rapports de confiance qu’il entretient
Tél. : 01 84 16 50 73 avec Patrick Jouin et Sanjit Manku, Pierre-
contact@vvlighting.com Yves Rochon, Gilles & Boissier ou encore
vvlighting.com Ramy Fischler. A.L.C.
66
ÉQUIPEMENT ÉLECTRIQUE ET DOMOTIQUE
Roger Dubois
Au doigt et à l’œil
La société. Roger Dubois est électricien

et intégrateur domotique, au service
des plus beaux lieux. Fondée en 1947 à Paris
par l’électricien Roger Dubois, l’entreprise
est reprise en 2014 par Michel Sapranides
avec le désir d’unir un savoir-faire traditionnel
à l’équipement technique le plus moderne.
Éclairage et appareillage, solutions
domotiques, communication et sécurité…
l’artisan s’adapte à tous les styles de vie,
pour que la pointe de la technologie intègre
les intérieurs d’exception en toute discrétion.
Sa passion du métier et son savoir-faire
irréprochable lui permettent de collaborer
avec les plus grands architectes d’intérieurs
comme Joseph Dirand ou Laura Gonzalez.
Son savoir-faire. Un bureau d’études,

des chargés d’affaires, des experts techniques
Matthieu Salvaing
et douze compagnons artisans électriciens

composent l’entreprise. Roger Dubois
accompagne ses clients – particuliers,
boutiques de luxe, hôtels, bars, restaurants –
et leur propose des solutions optimales,
élégantes et faciles, toujours sur mesure.
Mise en œuvre artisanale et maîtrise parfaite
du risque sont au cœur des préoccupations
de l’artisan ; ses compagnons exécutent leur
travail avec un très haut niveau de qualité,
alliant innovation et raffinement. Fin
connaisseur des équipements et entouré
des meilleurs fabricants, Roger Dubois
peut répondre simplement à tous les
besoins, et mettre la domotique à portée
de tous. Gestion de l’énergie, de l’éclairage
et du chauffage, dispositifs de sécurité
et de communication, tout est parfaitement
adapté : le confort absolu.
Son actualité. Cette année, Roger Dubois

a de nouveau eu le plaisir de collaborer
avec Laura Gonzalez en réalisant
Roger Dubois a signé l’installation du concept store L’Occitane x Pierre Hermé, sur les Champs-Élysées. l’installation électrique du concept store
L’Occitane x Pierre Hermé au 86Champs.
Entre autres projets, l’artisan travaille
en ce moment avec Régis Botta dans un
restaurant étoilé et avec Artefakt sur une
Roger Dubois sonorisation de grande envergure du tout
11, allée du Parc de Garlande, 92220 Bagneux nouvel hôtel Brach, rue de la Pompe.
Après un très bel appartement dans
Tél. : 01 85 33 13 14
le Marais, un nouveau projet démarre
contact@roger-dubois.fr
avec Nicolas Schuybroek. P.L.
roger-dubois.fr
67
Les savoir-faire
EXPERT EN CLIMATISATION
Clim Denfert
Dans l’air du temps
La société. Créée en 1967 par Claude Bourquin,

jeune ingénieur frigoriste, Clim Denfert est née
à une époque où la climatisation était encore
confidentielle. Cette entreprise familiale est
dirigée depuis 1996 par la seconde génération
de la famille, Gilles et Stéphanie Bourquin.
Depuis, elle n’a cessé de grandir, avec un
showroom à Paris, un à Cannes et, depuis 2016,
une filiale à Casablanca. Boutiques, restaurants,
hôtels, bureaux, appartements… elle œuvre
sur tout type de réalisation. Elle a su tisser
au fil des ans des liens avec les architectes
d’intérieurs et décorateurs français les plus
côtés : Isabelle Stanislas, Elliott Barnes, Charles
Zana, Tristan Auer, Pascal Desprez et surtout
Bismut & Bismut, fidèles depuis trente ans.
Son savoir-faire. Composée de soixante-

dix personnes, l’entreprise dispose en interne
Francis Amiand
de ses propres équipes de spécialistes et de
techniciens certifiés pour l’ensemble de ses
prestations incluant l’étude, la conception,
l’installation, la maintenance et le dépannage.
Son expertise lui permet d’offrir une grande
capacité d’adaptation et d’innover pour
répondre aux besoins les plus spécifiques.
Compte tenu des exigences esthétiques
requises par les chantiers haut de gamme
de ses clients, Clim Denfert Bourquin met
en place des solutions astucieuses et invisibles
pour une intégration réussie. Respectueuse
des normes environnementales en vigueur,
l’optimisation de la performance énergétique
figure au cœur de ses priorités.
Son actualité. La société a rejoint cette

année Climespace, filiale du groupe Engie,
qui exploite et développe l’un des plus
importants réseaux de froid au monde.
Désormais homologuée pour l’installation
Climespace, notamment à travers sa Clim’box
permettant de proposer aux petites surfaces
Clim Denfert collabore avec les décorateurs les plus cotés, ici l’agence Bismut & Bismut pour un appartement privé. une offre plus économique, elle peut s’adresser
à une clientèle plus diversifiée. Côté chantiers,
elle a récemment travaillé sur un immeuble
de bureaux, plusieurs appartements, l’hôtel
Clim Denfert Bourquin Clim Denfert Méditerranée Régence à Paris, le restaurant La Poule au Pot
9, rue Yvon-Villarceau, 75116 Paris 3, rue Merle, 06400 Cannes de Jean-François Piège, le spa de la Maison
Tél. : 01 46 34 25 25 Tél. : 04 93 99 22 22. EviDenS de Beauté, et signe deux espaces
info@climdenfert.com cannes@climdenfert.com du tout nouveau lieu Beaupassage :
climdenfert.com la cantine d’Anne-Sophie Pic et la salle
de sport d’Abdoulaye Fadiga. M.H.
68
FERRONNIER D’ART ET ÉDITEUR DE MOBILIER
Atelier François Pouenat

Métaux précieux
La société. C’est une histoire de famille,

de tradition et de passion. Issu de l’école
des Compagnons du devoir et du tour
de France, François Pouenat dirige désormais
la maison et détient les dessins de son père
Henri, disparu à l’âge de cinquante-deux
ans. Ce dernier, formé à l’École nationale
supérieure des Arts Décoratifs, élève
de Gilbert Poillerat, avait rejoint en 1963
l’atelier familial, célèbre pour avoir travaillé
pour le paquebot Le France et participé
à la création du mobilier et des luminaires
de fêtes de Persépolis. Doté d’un tel patrimoine
familial, le fils commence par restaurer les
bâtiments classés monuments historiques :
grilles du Cabinet du Dauphin à Versailles,
rénovation du Plaza Athénée avec les agences
4BI et Jouin Manku, croix sommitale
de la cathédrale Saint-Louis à Versailles...
Yannick Labrousse
Aujourd’hui, il réalise également du mobilier

et des luminaires pour des agences
d’architecture intérieure, notamment pour
les boutiques Moncler du monde entier,
dessinées par l’agence Gilles & Boissier,
et participe également à l’atelier Campus
de l’École Camondo.
Son savoir-faire. Le sur-mesure est ici

la règle. Acier, fer, laiton, cuivre et aluminium
sont forgés, formés, usinés, martelés, puis
polis, patinés, nickelés, laqués ou dorés à la
feuille. Ce qui fait de chaque création une
pièce unique. « Nous avons toujours eu une
approche esthétique et très sensible de notre métier,
explique François Pouenat, c’est sans aucun
doute une des raisons de notre succès. »
Son actualité. L’atelier a tout dernièrement

réalisé le mobilier pour le restaurant Alain
Ducasse au château de Versailles, dessiné
par l’agence Dominique Perrault, les appliques
Dans un hôtel particulier à Paris, support de vasques et miroir en laiton poli et guilloché, design par david/nicolas. en laiton et albâtre pour l’hôtel Montalembert
à Paris, les grilles décoratives des ascenseurs
et boutiques des espaces publics de l’hôtel
de Crillon dessinés par Tristan Auer, le
mobilier en laiton dessiné par Charles Zana
pour le salon de coiffure de David Mallett
Atelier François Pouenat à New York. Il travaille actuellement sur la
20, rue Joseph-Marie Jacquard, 58640 Varennes-Vauzelles rampe d’escalier de l’hôtel Lotti dont Christian
Tél. : 03 86 38 04 85 Liaigre signe l’architecture intérieure. S.G.
contact@francoispouenat.com
atelierfrancoispouenat.com
69
Les savoir-faire
FERRURES D’ART
Maison Vervloet
L’art des alliages
La société. Depuis 1905, cette belle enseigne

bruxelloise, l’une des plus importantes
manufactures de ferrure d’art en Europe, fait
du détail sa passion, et des poignées de portes,
de fenêtres ou des plaques d’interrupteur,
de véritables bijoux. Le tout en une douzaine
de styles allant de la Renaissance au design
le plus contemporain. Soit quarante-cinq mille
pièces, dont plus de deux mille sont exposées
dans le showroom musée de Bruxelles.
« Il y a vraiment eu un tournant en 2005, grâce à
un concours que nous avons lancé sous la tutelle
d’Andrée Putman, raconte Isabelle Hamburger,
petite-fille du fondateur et présidente
de l’entreprise. Cela a complètement changé
l’image de la maison. On nous a toujours catalogué
comme maison traditionnelle, mais c’est oublier que
nous faisons du contemporain depuis trente ans. »
Stéphanie Dérouaux
Son savoir-faire. Ici, coulage à l’ancienne,
limage, ciselure, tournage, ajustage, polissage
et finition à la main du laiton et du bronze,
dans une vingtaine de nuances, sont
réalisés sur mesure et selon des techniques
artisanales. Et cela aussi bien pour les séries
que pour les éditions limitées, les pièces
uniques et les commandes particulières.
Soit dix-sept manipulations que la vingtaine
d’artisans effectue avec une passion égale
dans l’atelier bruxellois. La maison reproduit
même à l’identique des modèles disparus
et restaure des pièces anciennes, comme
tout dernièrement pour une commande
du Parlement bruxellois.
Son actualité. « Nos designers ne se contentent

pas de réaliser un travail remarquable, ajoute
la dirigeante, ils accompagnent leurs créations
du dessin à la vente, et poussent surtout toujours
plus loin la technologie, comme pour la ligne Audrey
de Jean-François D’Or, qui à la base était censée
être en cuivre rouge et qui est sortie, sur ses conseils,
La collection Stardust, créée par Stéphane Parmentier, allie design industriel, lignes graphiques et luxe intemporel. en aluminium, une hérésie chez nous. Ce fut un
succès total. » Parmi les dernières collections :
Starlight et Stardust de Stéphane Parmentier,
Phyllibert de Jean-François D’Or, Bubbles
d’India Mahdavi. En octobre sortira Ballet
Maison Vervloet de Stijn D’Hondt. La maison a par ailleurs
Rue de la Borne 78, 1080 Bruxelles. Sur rendez-vous. équipé l’hôtel Peninsula, travaille pour le
Tél. : 00 32 24 10 61 50 prochain Cheval Blanc à Paris et les boutiques
info@vervloet.com Guerlain, mais aussi pour de nombreux
vervloet.com yachts, résidences privées et musées. S.G.
70
FERRONNIER D’ART ET ÉDITEUR DE MOBILIER
Pouenat
La poésie du métal
La société. C’est avec un même amour

de la matière et du détail que Pouenat réalise
aussi bien des agencements intérieurs sur
mesure (rampes d’escalier, grilles de portes,
marqueteries métalliques, habillage mural…)
que des lignes de mobilier et de luminaires
contemporains. « Notre philosophie ? Préserver la
grande tradition de la ferronnerie d’art et l’enrichir
grâce aux nouveaux traitements et technologies
artisanales et industrielles », explique Hadrien
Gremaud, chargé d’affaires parisien. Fondée
en 1880, l’entreprise familiale est rachetée
en 1995 par Jacques Rayet qui en prend la
direction et l’inscrit dans la modernité en créant
en 2003 un secteur édition – qui représente
aujourd’hui 40 % de l’activité –, une stratégie
pionnière, d’autant que l’enseigne dispose
de sa propre galerie à Paris. Il offre par ailleurs
chaque année une carte blanche à un architecte
Francis Amiand
ou architecte d’intérieur de renom afin

de réaliser une collection capsule. Trois cents
pièces figurent aujourd’hui à ce catalogue
qui rassemble une quinzaine de signatures…
La marque diffuse ses créations et son savoir-
faire sur mesure dans plus de vingt pays.
Son savoir-faire. On travaille ici l’acier,

le cuivre, le laiton, l’inox et l’aluminium…
et de manière générale la ferronnerie d’art,
la serrurerie fine, la tôlerie décorative, tout
en y adjoignant des savoir-faire connexes
comme la tapisserie, l’ébénisterie, la céramique,
la verrerie et la marbrerie. L’atelier, situé à
Moulins dans l’Allier, dispose de quatre foyers
de forge et d’une maîtrise de la chaudronnerie
afin de plier, souder et assembler le métal
dans les règles de l’art, ainsi que d’un atelier
de gravure à l’eau-forte.
Son actualité. L’année derrière, Pouenat

a réalisé le mobilier dessiné par Tristan Auer
et Chahan Minassian pour l’hôtel de Crillon,
tout dernièrement la rampe en ferronnerie
Miroir Watcher en laiton poli, console Glory en laiton poncé et marbre Rosso Levanto, design de Rodolphe Parente. d’art pour la boutique Hermès de l’avenue
George-V, et il travaille actuellement sur des
luminaires pour l’hôtel Scribe. Lors de la
dernière Design Week, la galerie présentait
les nouveautés d’Isabelle Stanislas, Sybille
Galerie Pouenat de Margerie, François Champsaur, Rodolphe
22 bis, passage Dauphine, 75006 Paris Parente, Jean-Louis Deniot… Et la maison
Tél. : 01 43 26 71 49 sera présente l’année prochaine au salon
pouenat.com Révélations à Paris. S.G.
71
Les savoir-faire
MAÇONNERIE, CARRELAGE ET MARBRERIE
GMT
La technicité sans faille
La société. Ici, la passion de la maçonnerie

se transmet de génération en génération.
Fondée en 1953 par Victor Gazzola, GMT
connaît un succès fulgurant qui l’amène
à enchaîner les chantiers de rénovation des
monuments historiques les plus prestigieux.
Avec l’arrivée dans les années 1970 de ses
deux fils, la société s’oriente davantage vers les
demeures privées et les boutiques de luxe. En
2014, les petits-fils, Julien et Romain, prennent
la relève de cette société familiale qui emploie
désormais soixante-dix personnes. Jacques
Grange, Laurent Bourgois et Caroline Sarkozy,
Luis Laplace, Charles Zana, Cabinet Alberto
Pinto, Thierry Lemaire, Tristan Auer, Pierre
Yovanovitch… les plus grands architectes
d’intérieurs et décorateurs font appel à GMT,
de même que les maisons de haute couture.
Hervé Goluza
Son savoir-faire. Maçonnerie, plâtrerie,
marbrerie, carrelage, revêtement de sol…
l’approche traditionnelle est ici associée
à une vision moderne du bâtiment, l’ingénierie
venant seconder la main de l’artisan. Spécialiste
du gros œuvre, GMT adapte certaines
technologies à ses ouvrages. Il en est ainsi
de la démolition structurelle par croquage,
sciage ou carottage diamant. Une autre de ses
spécificités : la reprise de structures complexes
soit la capacité à restructurer des volumes
dans des lieux d’exception, en creusant
par exemple une piscine souterraine sous un
hôtel particulier. Si le propre de ce métier est
d’être invisible, la charge de travail qui se cache
derrière n’en demeure pas moins colossale, ces
chantiers titanesques requérant une technicité
sans faille. GMT a également à cœur de
valoriser des techniques ancestrales comme
la brique plâtrière. Une approche qui lui a
d’ailleurs valu l’an dernier de décrocher le label
EPV (Entreprise du Patrimoine Vivant).
Son actualité. Après avoir œuvré pour Jean-

Le restaurant La Poule au Pot, dont le chef Jean-François Piège a confié la rénovation aux équipes de GMT. François Piège sur Le Grand Restaurant en 2015
et sur le Clover Grill en 2017, GMT a rempilé
cette année pour son nouvel établissement, La
Poule au Pot. Outre la maçonnerie, l’entreprise
GMT – Gazzola Maçonnerie Traditionnelle a su gérer des imprévus comme la rénovation
12, rue Jacques-Anquetil, 95140 Garges-lès-Gonesse d’un carrelage centenaire découvert durant
Tél. : 01 30 11 19 69 le chantier. GMT a également travaillé sur la
gmt@gmt.paris dernière boutique Dior de l’avenue Montaigne
gmt.paris et sur la boutique Berluti rue Marbeuf. M.H.
72
MARBRERIE ET INGÉNIERIE MINÉRALE
Les Marbreries de la Seine

Veines créatives
La société. C’est une histoire de famille,

mais surtout de passion. En 2000,
Jean-Pascal Morvidoni rachète la société
que son père Mario avait créée en 1985.
Vingt-cinq Compagnons travaillent ici
la pierre et le marbre comme une œuvre
de haute couture. Car depuis le début,
la philosophie est la même : inscrire une
matière millénaire dans une dynamique
contemporaine. Expert en ingénierie minérale,
Les Marbreries de la Seine possède également
un bureau d’études, une matériauthèque
de plus de mille références et un showroom
d’usine de sept cent cinquante mètres carrés.
« Étant donné le contexte actuel, il devenait vital
de troquer notre étiquette de fabricant contre
celle d’agenceur, et de répondre plus directement
aux commandes et aux travaux des cabinets
d’architecture, explique Jean-Pascal Morvidoni.
Francis Amiand
Depuis 2009, nous nous focalisons de plus en plus

sur les palaces, entre autres, sans oublier ce qui
fut, et est toujours, le cœur de notre métier, le
résidentiel. Et nous sommes les seuls en France
à avoir notre propre production. »
Son savoir-faire. Pas de sous-traitance

ici. Le moindre bloc de marbre est issu
d’un savoir-faire artisanal qui repose sur une
tradition ancestrale et sur l’utilisation des
technologies les plus pointues. Façonnage,
découpe, rainurage, perçage, pose et
finitions… la société maîtrise de A à Z
la transformation des matériaux. Attentive
au contenant et au contenu, elle fabrique
également les emballages et gère l’exportation
avec la même exigence.
Son actualité. Parallèlement à l’hôtellerie

de grand luxe, Les Marbreries de la Seine
collabore à la décoration et à l’aménagement
de boutiques, de résidences privées, de chantiers
publics, et travaille non seulement pour de
Salle de bain de la chambre 209 de l’hôtel Crillon, réalisée par Les Marbreries de la Seine. nombreux cabinets d’architecture de renom,
mais également directement avec les groupes
phares de la construction. Parmi ses derniers
chantiers, citons ceux de l’hôtel de Crillon
– la suite Karl Lagerfeld, les suites Prestige,
le bar Les Ambassadeurs, la piscine et le spa –,
Les Marbreries de la Seine ainsi que les salles des bains et suites du Ritz
17/19, allée de Dublin, 93320 Les Pavillons-sous-Bois ou l’hôtel Martinez à Cannes. S.G.
Tél. : 01 48 48 10 00
lesmarbreriesdelaseine.com
73
Les savoir-faire
MARQUETERIE DE PAILLE
Lison de Caunes
La paille sublimée
La société. Petite-fille d’André Groult,

Lison de Caunes travaille la paille depuis
bientôt quarante ans. Marchant dans les pas
de ce décorateur ensemblier qui a anobli
cet artisanat durant la période Art déco, elle
perpétue aujourd’hui la tradition familiale
entourée de sa sœur et de sa fille. Si Jacques
Grange a été le premier à lui passer commande,
Pierre Yovanovitch, Jean-Louis Deniot, Peter
Marino, Tristan Auer, le Cabinet Alberto Pinto
ou encore Philippe Hurel lui ont emboîté le pas.
Les maisons de luxe – Boucheron, Cartier,
Guerlain, Louis Vuitton, Van Cleef & Arpels –
font aussi appel à son talent pour habiller leurs
boutiques en France et à l’étranger, ou créer
du mobilier comme pour Hermès et Davidoff.
Son savoir-faire. Si pendant vingt ans la

restauration a complètement mobilisé l’atelier,
Gilles Trillard
c’est aujourd’hui la création qui l’emporte.
Composé d’une dizaine de personnes, il est
exclusivement dédié à la marqueterie de paille.
La paille de seigle est cultivée et récoltée
en Bourgogne, son aspect naturel préservé.
Séchée puis teintée, grâce à un nuancier d’une
trentaine de coloris, elle est ouverte et aplatie
à la main puis travaillée à l’ancienne. Elle peut
être associée à de la nacre, de la feuille d’or,
du métal, pour un rendu plus contemporain.
L’innovation est au cœur de la démarche
de Lison de Caunes qui propose sans cesse
de nouvelles idées, jusqu’aux plus inattendues
comme un motif camouflage appliqué
sur des tables de Jean-Michel Frank.
Son actualité. Outre la pièce entièrement

réalisée en marqueterie de paille pour Peter
Marino dans la nouvelle boutique Louis
Vuitton de la place Vendôme, l’atelier
a également réalisé des panneaux pour les
boutiques Boucheron de Genève, Moscou
et le stand du Printemps à Paris. Il a aussi
travaillé avec l’agence Affine Design sur le
Stardust, création en paille, nacre et feuille d’aluminium, vue au salon AD Matières d’art au printemps dernier. projet de l’Hôtel de Paris à Monaco et collaboré
avec Vincent Darré pour son nouvel
appartement-boutique de la rue Royale. En
parallèle, l’atelier développe en plus sa propre
Ateliers Lison de Caunes ligne d’objets et de mobilier. Après Tokyo l’an
20-22, rue Mayet, 75006 Paris. Sur rendez-vous. dernier, le travail de Lison de Caunes sera
Tél. : 01 40 56 02 10 présenté de nouveau en décembre à Pékin au
ateliers@lisondecaunes.com sein de l’exposition « Wonder Lab » qui réunit
lisondecaunes.com les artisans français les plus talentueux. M.H.
74
MENUISERIE, MÉTALLERIE, FERRONNERIE
Ateliers Saint-Jacques
Tradition et transmission
La société. Créés au sein de la Fondation

de Coubertin, les Ateliers Saint-Jacques
cultivent l’excellence dans chacune de leurs
spécialités : menuiserie, serrurerie d’art,
fonderie et taille de pierre. Chantiers
de prestige et agencements haut de gamme,
réalisation d’une porte cochère, d’un escalier
courbe ou d’une console Louis XVI, ils sont
une référence absolue. Association loi de 1901,
la fondation a été créée en 1957 pour former
de jeunes Compagnons du Tour de France.
C’est la seule entreprise et fondation en Europe
à utiliser ses bénéfices dans le seul but
de transmettre ses savoirs. Trente jeunes
bénéficient d’une formation chaque année
sur le domaine de Coubertin : l’exemple
même du cercle vertueux.
Son savoir-faire. Guidés par l’esprit

Adrien Dirand
de compagnonnage et la maîtrise parfaite

du métier pour des ouvrages de haute
technicité, les vingt-six artisans de l’atelier
menuiserie – assistés de dix jeunes apprentis –
pratiquent toutes les techniques de travail
du bois, en ébénisterie traditionnelle
et contemporaine. Le bureau d’études
accompagne les prescripteurs dans l’ensemble
des étapes de conception et de chiffrage.
Tout est ensuite réalisé sur le domaine,
dans les règles de l’art, de la coupe à l’agencement
en passant par la mise en teinte, les cires,
les vernis… Étape finale : la pose des ouvrages,
pour laquelle les compagnons se déplacent
en personne. Hôtels particuliers, appartements
et résidences privées représentent 80 %
de l’activité, dont un quart à l’étranger.
La menuiserie est également réputée pour
sa capacité à intervenir sur des monuments
historiques pour des reproductions
ou de la restauration.
Son actualité. Outre la boutique Weston

des Champs-Élysées et la façade en chêne
Restaurant Loulou, rue de Rivoli à Paris, décoré par Joseph Dirand et agencé par les Ateliers Saint- massif – longue de 90 mètres ! – du Bon
Jacques. Marché, à Paris, les Ateliers Saint-Jacques
sont aussi à l’œuvre pour de nombreuses
résidences très privées à travers le monde.
Les plus grands architectes d’intérieurs
Ateliers Saint Jacques comme Joseph Dirand, Jean-Louis Deniot,
Domaine de Coubertin, 78470 Saint-Rémy-lès-Chevreuse Bismut & Bismut ou encore le Cabinet
Tél. : 01 30 85 69 41 Alberto Pinto ne s’y sont pas trompé. P.L.
info@coubertin.fr
astj.fr
75
Les savoir-faire
PEINTURE DÉCORATIVE
L’Atelier du mur – Solène Eloy

Peinture fraîche
La société. Diplômée de l’Ensaama Olivier

de Serres, section « Fresque et Mosaïque »,
Solène Eloy est d’abord artiste et peintre.
Sa spécialité : la peinture a fresco, technique
traditionnelle très peu utilisée de nos jours.
Cette passion la mène en Italie, au Maroc
ou en Inde. Deux séjours au Japon, où l’on sait
mêler tradition et contemporain, nourrissent
son inspiration et renforcent ses envies. Elle
décide alors de proposer son savoir-faire
et sa créativité au monde de la décoration :
l’Atelier du mur est créé en 2010. Depuis,
elle collabore avec des architectes d’intérieur
comme Anne-Sophie Pailleret, Sandra
Benhamou, Jean-Louis Deniot, Caroline
Tissier Intérieurs ou Éric Gizard.
Son savoir-faire. L’élaboration de la

fresque commence comme un chantier
© Solène Eloy
de maçonnerie, avec truelle, gâche et taloche.
On monte un mur et on peint a fresco,
« dans le frais », en employant du sable,
de la poudre de marbre, de la chaux,
des pigments colorés. La créativité s’appuie
sur des techniques variées : ajout de feuilles
d’or, encres à l’eau ou à l’huile, poudres
et nacres, sgrafitto, pour des surfaces très
travaillées et luxueuses. Le geste de l’artiste
est habile et rapide, l’erreur n’est pas permise.
Au fil des ans, son répertoire s’est étoffé :
verre églomisé, peinture en décor, panneaux
de fresque amovibles… L’Atelier du mur
fonctionne comme un laboratoire où Solène
Eloy perfectionne et mélange les savoir-faire
pour proposer des œuvres complètes.
Son actualité. Pour Jean-Louis Deniot,

à Londres, Solène Eloy a réalisé de très
grands murs de fresque avec enduits teintés
dans la masse et dégradés de couleurs. Avec
Caroline Tissier, au restaurant L’Ours, elle
a conçu l’ensemble du décor à la feuille d’or.
Au Neso, du chef Guillaume Sanchez, elle a
Plafond en dégradé de textures de bronze et d’or, pour Anne-Sophie Pailleret à AD Intérieurs 2018. créé des murs en patine oxydée à la manière
d’une rouille ultra luxueuse. Auteure
d’œuvres uniques en verre églomisé à l’hôtel
L’Atelier du mur Hermitage de Monte-Carlo, d’une fresque
Atelier à Versailles, sur rendez-vous d’enduit piqueté et incrusté de feuilles
Tél. : 06 14 09 22 95 de cuivre à l’hôtel Belloy, elle envisage
solene.eloy@atelierdumur.fr d’autres projets, comme celui de croiser
atelierdumur.fr son savoir-faire avec ceux d’un miroitier
Instagram : @soleneeloy_atelierdumur et d’un cordouanier. P.L.
76
Adèle Guyodo
Au cœur de la matière
La société. Adèle Guyodo est une spécialiste

du trompe-l’œil, de la dorure et des imitations
de matières. C’est lors de ses études en arts
appliqués à Nantes qu’elle apprend les
techniques du métier et acquiert une solide
base en dessin. En 2010, elle se lance comme
peintre en décor classique puis, cinq ans plus
tard, désireuse de développer des créations
plus personnelles, elle élabore une première
collection de textures qu’elle présente au Salon
du Patrimoine. L’accueil qu’elle reçoit la
pousse à s’orienter vers le décor contemporain.
Aujourd’hui, elle collabore autant avec les
décorateurs qu’avec des sociétés spécialisées
dans la création de matières.
Son savoir-faire. Décors ou revêtements

muraux, trompe-l’œil ou ameublement,
la créatrice travaille les surfaces de manière
Xavier de Bascher
innovante et précieuse. Imitation du marbre

et du bois, dorure à la détrempe ou vernie,
oxydation des matériaux sont appliquées
dans les règles de l’art. Elle y mêle de nouvelles
propositions graphiques, artisanales
ou industrielles (comme la sérigraphie),
afin d’enrichir encore les effets et leur rareté.
Cela passe aussi par la conception d’outils
sur mesure à l’aide d’imprimantes 3D.
Pour une clientèle toujours avide d’exclusivité,
elle n’hésite pas à se rapprocher d’autres
artisans d’art pour des partenariats innovants,
comme avec la tisserande Justine Bossé
de l’atelier textile Kapara.
Son actualité. Accompagnant avant tout

les architectes d’intérieurs sur des chantiers
privés, pour lesquels elle crée et applique
des matières dessinées sur mesure, Adèle
Guyodo réalise aussi des pièces de mobilier :
elle a récemment dessiné un meuble bijou
paré de feuille d’or pour Anne-Sophie Pailleret.
Côté chantiers publics, elle achève une
Plumage, une composition d’Adèle Guyodo entre dorure et patines de couleurs. fresque monumentale dans le style de Diego
Rivera pour la mairie de Nantes, avec l’artiste
muraliste David Bartex. En parallèle, elle
continue de créer des matières pour Concrete
LCDA et l’Atelier Sedap. Pour la lauréate 2018
Adèle Guyodo - Trompe-l’œil contemporains de la Fondation Banque Populaire, l’année
67, rue du Millau, 44300 Nantes 2019 s’annonce fertile, avec notamment une
Tél. : 06 07 17 73 83 première participation au prochain salon
adele.guyodo@gmail.com des métiers d’art Révélations. M.H.
trompe-loeil-contemporain.com
77
Les savoir-faire
Atelier Martin Berger

Rythmer les murs
La société. Martin Berger dit tenir

sa curiosité pour les matières et les surfaces
de sa mère styliste, mais aussi de son enfance
dans les forêts et les montagnes à Chambéry,
région dont la minéralité l’inspire aujourd’hui.
Jeune, il part faire l’École du Louvre à Paris,
s’initie à l’ébénisterie, devient antiquaire
au Village Suisse, s’intéresse aux verreries
de Nancy, voyage aux États-Unis, avant
d’ouvrir, en 1999, son propre atelier. Le papier
et la toile sont ses médiums et les parois
verticales son support. Il choisit de s’installer
à Grenoble, où il aménage un vaste atelier
pour travailler ses grands panneaux en
mouvement et en souplesse, comme une
huile grand format sur châssis, où le jeu
de la lumière est primordial. Une équipe d’une
dizaine de personnes l’entoure, et il forme
© Atelier Martin Berger

surtout un vrai tandem avec sa femme,
en charge du développement commercial.
Son savoir-faire. Chaque pièce qui sort

de l’atelier est unique. Empreintes de textiles
superposées pour un chalet en Suisse,
découpage de papier au cutter numérique
pour une cloison, marqueterie de papier
pour le décor d’un yacht : les projets
s’accumulent. Profitant de la proximité
des écoles d’ingénieurs de la « Silicon Valley »
des Alpes, Martin Berger se passionne aussi
pour la haute technologie et explore des pistes
de matières non figées. Cet esprit libre, qui se
nourrit d’images, de lectures ou de sa propre
histoire, prend des notes gribouillées sur
un carnet entre 4 et 6 heures du matin, crée
également des œuvres pour une agence
d’art consulting.
Son actualité. Pour Humbert & Poyet,

Martin Berger vient de terminer une
bijouterie et il a signé les panneaux bleus
Imprudence N° 5 (2016), huile sur papier de la série Mouvement, 70 x 80 cm. hypnotiques de l’exposition AD intérieurs ;
pour le cabinet Alberto Pinto, une boutique
hôtel à Bakou ; pour les Bismut & Bismut,
Atelier Martin Berger l’agence Jouin Manku et Eliott Barnes, de
8, rue La Mure, 38000 Grenoble nombreux chantiers privés. Deux fois
Tél. : 04 76 17 22 04 par an, il part présenter ses recherches
contact@ateliermartinberger.com à Peter Marino à New York. Lors de notre
ateliermartinberger.com conversation, il tient à saluer les grandes
marques qui soutiennent les artisans
Showroom, sur rendez-vous de qualité et pour lesquelles il travaille
217 rue Saint-Honoré, 75001 Paris régulièrement. A.L.C.
78
Atelier Mériguet-Carrère
La tradition du décor à la française
La société. Le château de Versailles,

le palais de l’Élysée, l’Opéra Garnier…
tous ces lieux prestigieux ont bénéficié
de l’expertise de l’Atelier Mériguet-Carrère.
Créé à Paris en 1960 par Paul Mériguet,
il accompagne autant les architectes
des Monuments historiques que les grands
décorateurs internationaux qu’il a su fidéliser
au fil des chantiers. Dirigé depuis plus
de trente ans par Antoine Courtois et Laurent
Gosseaume, l’atelier n’a cessé de croître
en élargissant ses compétences et en
s’internationalisant pour former aujourd’hui
un groupe présent à New York, Londres,
Bahreïn, Shanghai, São Paulo et Doha.
Son savoir-faire. Dessins préparatoires,

échantillons de décors, maquettes à petite
© Atelier Mériguet-Carrère
échelle : chaque projet est défini en amont

avec minutie pour un résultat sur mesure,
une partie du travail étant réalisée à l’atelier,
l’autre sur place. Avec une volonté affirmée
de transmission des connaissances entre
anciens et apprentis, les artisans compagnons
travaillent ici dans la grande tradition française
du décor, à base de blanc de Meudon, de colle
de peau de lapin et de pigments de couleurs.
De la peinture décorative à la dorure à la feuille
en passant par le travail du cuir de Cordoue,
ces techniques héritées du XVIIe siècle
ne sont pas anachroniques pour autant,
l’atelier n’hésitant pas à les réinterpréter
dans des projets très contemporains.
Son actualité. Porté par une équipe

de quatre-vingt-dix collaborateurs, l’atelier
bénéficie d’un dynamisme constant en France
et à l’étranger. Outre le restaurant Girafe
à Paris avec Joseph Dirand, pour lequel il
vient d’achever la mise en teinte des boiseries,
il suit de nombreux projets : la mairie de
La Rochelle, la cathédrale de Saint-Denis
de La Réunion et la cathédrale d’Alès pour
Les décors de l’hôtel de La Vaupalière, à Paris, ont été restaurés ou recréés par l’Atelier Mériguet-Carrère. des chantiers de restauration, mais aussi
plusieurs appartements parisiens avec
Jacques Grange, un penthouse à São Paulo
avec le cabinet Pinto, un chalet à Gstaad
Atelier Mériguet-Carrère avec Brian J. McCarthy, une maison
12, rue du Parc-Royal, 75003 Paris dans les Hamptons avec Pierre Yovanovitch
Tél. : 01 48 28 48 81 ou encore une maison à Los Angeles
amc@ateliermeriguet.fr avec Peter Marino. M.H.
ateliermeriguet.fr
79
Les savoir-faire
Atelier Roma
L’art et la matière
La société. David Roma touchait

du pinceau depuis l’enfance, et a tout
naturellement enchaîné les tableaux
artistiques, puis les décors de cinéma
et les effets de matières pour des particuliers.
Il décore des appartements depuis 1999,
mais passe à la vitesse supérieure lorsqu’il
commence à travailler, il y a un peu plus
de six ans, pour les restaurants du groupe
Bertrand après avoir fait la connaissance
de l’architecte Laura Gonzalez.
Son savoir-faire. Pour avoir une idée

de son travail, il suffit de pousser la porte
de lieux parisiens comme L’Alcazar,
la brasserie Lipp, Angelina, la brasserie
La Lorraine, le Pied de Cochon, pour
ne parler que de chantiers déjà livrés.
Il y a aussi les boutiques comme Maje
et ses bandes de feuille d’or, Cartier
et ses décors différents suivant les pays,
le club de sport Blanche… Fresques
à la manière d’un Rothko, métallisation
avec un sfumato subtil, miroirs vieillis
ou églomisés, laque parfaite, matière
minérale, tout l’amuse et particulièrement
les effets de textures. Il s’est constitué une
équipe d’une dizaine de personnes qui ont
toutes au minimum cinq ans d’ancienneté
et se déplacent fréquemment. La moitié
vient d’une filière artistique, l’autre d’autres
univers, mais tous acquièrent vite la
connaissance de la matière. Dans son
atelier de Stains, en région parisienne,
il a l’espace pour une cabine qui permet
de peindre et laquer du mobilier ou de
donner une texture à tout support
en médium ou BA13.
Son actualité. L’exploration des matières,

le développement de la résine le passionnent,
et il se décarcasse pour les nouveaux
Dans l’atelier, des matières claires côtoient un échantillon doré à la feuille. architectes avec lesquels il travaille,
notamment Régis Botta ou l’agence Ciguë.
Le premier doit refaire le restaurant
Mavrommatis du Ve arrondissement,
la seconde le magasin Erès de la place
de la Madeleine. Et pour Laura Gonzalez,
Atelier Roma avec laquelle il forme un tandem parfait
12, avenue de Stalingrad, 93240 Stains – ils se comprennent au quart de tour –,
Tél. : 01 71 21 96 37 il s’attaque aux boutiques Cartier. A.L.C.
atelierroma.com
80
STAFF ET STUC
ADS
Inspirations ornementales
La société. Un voyage à Cinecittà lorsqu’il

avait 14 ans et la visite d’un atelier romain
ont communiqué à Alban Dupuy la passion
du staff. Un matériau magique, de qualité,
naturel, à base de plâtre et de fibres végétales
qui, ayant peu de contraintes techniques,
s’adapte et embellit. Depuis 1993, il le travaille
avec passion, mettant son expertise héritée
de la tradition du compagnonnage au service
de la décoration. Il y a cinq ans, sa société
Staff Alban et l’expertise de Jérôme Legros,
vingt-sept ans d’ancienneté, se sont associées
au sein d’ADS – Architectural Design Staff –,
leur offrant la possibilité de réaliser de plus
gros chantiers dans le monde entier.
Son savoir-faire. À l’atelier de production

d’Ozoir-la-Ferrière, en Seine-et-Marne,
on travaille de manière traditionnelle : dalle
Claire Israël
en marbre, eau, filasse et plâtre. Les moules

sont créés à la main. Pas de machine 3D,
le geste manuel est incomparable, disent-ils.
Parmi les compagnons, des sculpteurs
et sculptrices, des staffeurs ornemanistes
et des peintres décorateurs, dont beaucoup
d’anciens de l’école Boulle. Ne pas croire
pourtant qu’ils ne font que des moulures
Louis XV, même si au mur sont accrochés
de très beaux moules de rosaces, godrons
et entrelacs récupérés par hasard chez un
particulier qui voulait s’en débarrasser.
Ici,on sculpte de grands bas-reliefs d’après
dessin, des plafonds lunaires ou à découpe
laser, des rideaux en staff commandés par
des architectes d’intérieurs contemporains.
Son actualité. Philippe Starck vient

de recevoir son plafond en staff avec jeu
de cordes commandé pour un nouveau
restaurant new-yorkais. L’agence Bismut
& Bismut vient de finir son chantier de bureau
parisien, Jean Nouvel leur a commandé les
Pour le décor de Ramy Fischler à AD Intérieurs, ADS a utilisé un matériau inédit, le Sol Staff. prototypes de plafonds à gorge lumineuse
s’inspirant de rails, en référence aux voies
ferrées voisines, dans ses nouvelles tours
du XIIIe arrondissement. Mais ce dont Alban
Dupuy et Jérôme Legros sont le plus fiers,
c’est le nouveau produit Sol Staff, à base
ADS de plâtre et résine, sans joint, qu’ils ont
9, rue Lavoisier, 77330 Ozoir-la-Ferrière élaboré pour Ramy Fisher à l’exposition AD
Tél. : 01 64 40 66 31 Intérieurs. Une réalisation qui prouve qu’avec
contact@ads-staff.com ce matériau, rien n’est impossible. A.L.C.
81
Les savoir-faire
STAFF, SCULPTURE, MOSAÏQUE ET DÉCORS PEINTS
Tollis
Décors et âme
La société. La maison n’a que vingt ans

mais elle s’est déjà imposée comme
une référence de la restauration et de la
création de décors architecturaux sculptés
ou peints. « Notre force, c’est la culture
du sur-mesure, explique Clément Féron,
responsable du développement et du
bureau d’études. Ce qui nous passionne
avant tout, ce sont les challenges, les demandes
particulières, les chantiers insolites. » Membre
du groupe Aurige, label français
incontournable dans la restauration
des monuments historiques, Tollis met
également ses savoir-faire au service
de la décoration intérieure en s’appuyant
sur la synergie entre ses deux ateliers, staff
moulage et peinture décorative. De la forme
à la finition, tout un état d’esprit !
© Humbert & Poyet

Son savoir-faire. Staff, sculpture, dorure,
moulage, restauration de peinture, peinture
décorative… Tollis réunit les techniques
de l’ornementation avec un souci constant
d’excellence acquis sur les chantiers
historiques les plus exigeants. Historique,
mais pas passéiste : parallèlement à la
restauration de bâtiments anciens, les
compagnons de Tollis se font également
créateurs et s’adaptent aux styles les plus
contemporains pour intervenir dans des
lieux de prestige, hôtels de luxe, résidences
privées, musées ou bureaux.
Son actualité. Tollis a réalisé cette année

des rideaux monumentaux en staff
dessinés par l’agence Gilles & Boissier
pour le salon VIP du centre commercial
The Village, de la Compagnie de Phalsbourg,
dans la périphérie de Lyon. Elle a également
restauré les stucs, marbres et fresques
des anciens Grands Magasins du Louvre
– l’immeuble Marengo – et restitue
Tollis a réalisé le plafond en staff cranté du « fumoir noctambule » d’Humbert & Poyet pour AD Intérieurs 2018. actuellement les décors du nouveau Beefbar
à Paris, conçu par l’agence Humbert & Poyet.
Durant les six prochains mois, elle entend
étoffer son éventail de matières décoratives
Tollis à l’attention des agences d’architecture
183, boulevard Jean-Mermoz, 94550 Chevilly-Larue intérieure avec lesquelles elle collabore. S.G.
Tél. : 01 46 60 09 55
chevilly@tollis.com
tollis.com
Instagram : @tollis_intérieurs.com
82
TAPISSIER
Atelier Dégut
Le goût de l’excellence
La société. Pour s’être spécialisé au

début de sa carrière dans le grand mobilier
d’antiquaire du XVIIIe siècle et le mobilier
ancien en général, Frédéric Dégut, tapissier,
a tout de suite dû cultiver la perfection.
Cette excellence, il l’a acquise auprès des
Compagnons du devoir à Lyon, puis dans
un atelier qu’il a racheté en 2006 après
dix années passées auprès d’un artisan
reconnu qui a su lui transmettre son grand
savoir-faire. Dès lors, il s’adapte et évolue
avec son temps. Aujourd’hui il est entouré
d’une fidèle équipe qui partage le même
souci d’exigence.
Son savoir-faire. L’Atelier Dégut,

qui utilise les méthodes traditionnelles
et ancestrales de la tapisserie, développe
aujourd’hui également des créations
Ilyes Bekhadda
aux lignes contemporaines. Garant de

l’harmonie et du style, traditionnel et
contemporain, l’artisan travaille dans le
plus grand respect des règles de l’art. Les
tissus, dont il se réjouit du grand retour
dans nos intérieurs, n’ont pas de secret
pour lui mais il avoue avoir un faible pour
le travail du crin de cheval et du cuir.
Son actualité. En collaboration avec

de nombreux architectes et décorateurs
sur différents chantiers privés ou publics,
l’Atelier Dégut sublime la décoration
intérieure notamment d’appartements,
de chalets, de châteaux et de bateaux grâce
à ses compétences techniques. L’entreprise
met celles-ci au service de ses clients
pour la confection de décors sur mesure :
rideaux, voilages, stores bateaux motorisés,
têtes de lit mais également restauration de
sièges d’époque, pose de tenture murale,
revêtement de sols et plafonds, création de
mobilier… auxquels il applique calmement
son souci de perfection. Dans la continuité
Dans un chalet à Megève, la tête de lit et les murs ont été tendus de tissu par l’atelier Dégut. de ses nombreux chantiers à Lyon, Paris,
en Suisse, en Angleterre, au Luxembourg
et à Monaco, l’Atelier Dégut ouvre en cette
rentrée une nouvelle structure à Nice, un
showroom pour exposer son savoir-faire
Atelier Dégut et recevoir ses clients qui se font toujours
24, rue Rabelais, 69003 Lyon plus nombreux dans le Sud. A.L.C.
Tél. : 04 78 60 87 46
fredericdegut.fr
83
Les savoir-faire
TAPISSIER
Les Ateliers Jouffre

Un souci permanent du détail
La société. Son enthousiasme ne faiblit pas.

Voilà déjà trente-deux ans que Charles Jouffre
a créé son atelier à Lyon. Dès l’âge de seize ans,
il avait commencé son apprentissage avec les
Compagnons en faisant son tour de France,
puis dans un atelier de la capitale des « soyeux »,
dont le patron avait vite su déceler son talent.
En 1987, Il crée sa propre société. Aujourd’hui,
il est entouré d’une équipe de quarante-deux
personnes à Lyon : tapissiers, couturières,
dessinateurs, coordinateurs, tapissiers poseurs,
qui dans leurs mains ont vu passer des milliers
de réalisations, des plus classiques aux plus
contemporaines. Son fils Romain est venu
le rejoindre dans l’aventure pour ouvrir la
filiale de New York où travaillent désormais
vingt-cinq personnes.
Son savoir-faire. Labellisés Entreprise
Ilyes Bekhadda
du Patrimoine Vivant, les ateliers perpétuent
le savoir-faire d’excellence du métier de tapissier
de sièges, décors de fenêtres, gainage :
tout est réalisé à la perfection, de la garniture
en ressorts cousus sur sangles avec du crin
végétal emballé puis piqué, à la coupe étudiée
du tissu, l‘assemblage des lés, la confection
de la passementerie. Dans un souci
permanent du détail, la livraison se fait
dans des camionnettes immaculées
avec des housses spécifiques et les rideaux
sont toujours repassés après l’installation.
Son actualité. Parce que les Ateliers Jouffre

sont de plus en plus pointus et spécifiques
dans leur domaine, les designers viennent
tout naturellement vers eux. Philippe Starck
a été le premier, pour l’hôtel Sanderson de
Londres en 2000. Aujourd’hui, les ateliers
collaborent avec Pierre Yovanovitch, Noé
Duchaufour-Lawrance, Bruno Moinard,
Mathieu Lehanneur, Laura Gonzalez
ou Humbert & Poyet. Pour AD Intérieurs,
l’entreprise présentait ainsi un canapé super
L’élégance, selon Mathieu Lehanneur : « Cacher le travail, l’effort et l’expertise derrière une forme d’évidence... » contemporain et une console au gainage
remarquable pour Mathieu Lehanneur,
quarante-quatre panneaux de rideaux pour
Laura Gonzalez et une banquette en mohair
pour Humbert & Poyet. Enthousiasmé par ces
Les Ateliers Jouffre collaborations et par le développement de la
13, rue Daru, 75008 Paris filiale new-yorkaise qui vient de déménager
Tél. : 01 47 63 97 67 dans un nouvel espace de 1 500 m2, Charles
jouffre.com Jouffre a tout d’un homme heureux. A.L.C.
84
TAPISSIER
Phelippeau Tapissier
La passion en héritage
La société. C’est l’histoire d’une transmission.

En 1953, Roger Phelippeau, tapissier ensemblier,
crée Phelippeau Tapissier. Son fils Jean-Paul,
diplômé de l’École Boulle, prend naturellement
le relai et développe une clientèle d’architectes
et de décorateurs. Croisant régulièrement son
père sur les chantiers, Alexandre, le petit-fils,
ingénieur en bâtiment, décide de rejoindre
l’entreprise. Depuis 2015, il dirige la maison
et perpétue son exigence en France comme
à l’étranger. Le cœur de métier : la tapisserie
d’ameublement, les sièges contemporains
et traditionnels, les rideaux et tentures
murales. Le credo : des savoir-faire uniques
et la passion du textile.
Son savoir-faire. Restauration de mobilier

d’époque pour des musées ou création
contemporaine, Phelippeau Tapissier réalise
Ambroise Tézenas
des pièces uniques. « Il faut des talents »,

explique Alexandre. Transmission et formation,
valeurs cardinales de son grand-père, règnent
dans les ateliers de garniture en sièges
et de confection de rideaux. Sans oublier
le travail du villier, ce tapissier qui intervient
en ville, installe les tringles et drape les décors
de fenêtres. Aujourd’hui, ils sont près
de trente collaborateurs, et c’est une force.
Un bureau d’études accompagne les
décorateurs et leur fournit vues en plan
et en 3D. Habilitée à diffuser les tissus Hermès,
la maison propose une véritable tissuthèque,
forte de 5 000 références consultables
au showroom. Depuis 2006, Phelippeau
Tapissier détient le prestigieux label EPV
– Entreprise du Patrimoine Vivant – qui
valorise autant son savoir-faire traditionnel
que sa capacité d’innovation.
Son actualité. De nouvelles demandes

– gainage, couverture de sièges en cuir… –
amènent à faire évoluer les compétences :
Méridienne conçue pour Anne-Sophie Pailleret, présentée dans son salon pour AD Intérieurs 2018. l’atelier s’est doté d’un tapissier-sellier.
En 2018, la maison Phelippeau intervient
sur de nombreux projets : un appartement
en Autriche avec Luis Laplace, une villa
dans le Sud pour Tino Zervudachi, un
Phelippeau Tapissier domaine en Suisse pour Caroline Sarkozy,
13, rue Labie, 75017 Paris le restaurant Apicius pour François-Joseph
Tél. : 01 45 74 19 75 Graf, ou encore le mobilier du joaillier Lorenz
contact@phelippeautapissier.com Bäumer place Vendôme. P.L.
phelippeautapissier.com
85
Les savoir-faire
VERRIER
Ateliers Bernard Pictet

Rêves de verre
La société. Bernard Pictet est,

de son propre aveu, le « plus maladroit
des hommes ». Il est pourtant verrier.
Amoureux de l’art sous toutes ses formes,
toujours à l’affût d’inspirations et d’idées
nouvelles, il vit de sa passion et de son
expertise pour le verre depuis bientôt
quarante ans. Parements, cloisons, façades
et verrières, escaliers et mobilier… son atelier
conçoit et crée des produits luxueux
et originaux, totalement exclusifs. Son
savoir-faire et sa connaissance parfaite
de son matériau ont fait de cet artiste
verrier une référence incontournable.
Boutiques de luxe, appartements, yachts :
sa renommée est internationale.
Son savoir-faire. S’il permet une grande
Ateliers Bernard Pictet

liberté aux créateurs, le verre est un matériau
capricieux et ses règles de fabrication
très strictes. À l’atelier, on sait lui donner
toutes formes et apparences. Les techniques
sont variées, parfois inédites : argenture,
gravure, burinage, dorure, sablage, acidage…
Le verre peut être coloré, translucide,
épais, en relief, vivant, optique ou encore
structurel : ses capacités sont extraordinaires,
souvent insoupçonnables. Dirigés par
le chef d’atelier, les verriers ne réalisent
que du sur-mesure, sous l’œil créatif
– et critique – de Bernard Pictet. Pour
des travaux nécessitant des savoir-faire
ultrapointus, l’atelier joue le rôle de chef
d’équipe auprès de sous-traitants,
et permet ainsi à ses prescripteurs
de se reposer entièrement sur lui.
Son actualité. De la porte d’entrée du spa

de l’hôtel de Crillon pour Chahan Minassian
aux parements et portes dans la tour
Odéon de Monaco avec le Cabinet Alberto
Pinto, le travail de Bernard Pictet s’illustre
Porte Sean en verre gravé à la scie avec feuille verte et feuille d’or, encadrement en bronze patiné. dans des lieux prestigieux ainsi que
sur de nombreux méga-yachts. L’atelier
a créé des verres cinétiques lumineux
pour l’architecte Sergey Skuratov, dans
une résidence exceptionnelle à Moscou.
Ateliers Bernard Pictet À Londres, Laura Gonzalez a fait appel
47, rue Oberkampf, 75011 Paris à lui pour la création des verres de la
Tél.: 01 48 06 19 25 boutique Cartier chez Harrods. S.G.
ateliers@bernardpictet.com
bernardpictet.com
86

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Photos Ambroise Tézenas
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Photos Ambroise Tézenas

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89
ARCHITECTURAL DIGEST / NOVEMBRE 2018 / SUPPLÉMENT
DIRECTION SUPPLÉMENT AD INTÉRIEURS PÔLE IMAGE

Directeur de la publication Rédactrice en chef Documentaliste
Yves Bougon Marie Kalt et gestionnaire du patrimoine
photos de Condé Nast
Directrice générale adjointe Directeur de création Vanessa Bernard – 68 47
Violaine Degas – 61 90 Thibaut Mathieu!
Responsable du service
Directrice de la communication Rédactrice en chef adjointe syndication de Condé Nast
et attachée de direction Marion Bley – 68 24 Caroline Berton – 61 45
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et responsable juridique
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Aude de La Conté, Serge Gleizes, Marina Hemonet, Marie Van de Voorde – 61 61
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Isabelle Léger – 61 27 PRODUCTION ET DISTRIBUTION
Secrétaires de rédaction
Directeur des Services Guillaume Bara et Nicolas Milon Directeur
d’information Francis Dufour – 60 93
Julien Leroy – 69 19 Directeur artistique
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PUBLICITÉ ET SOLUTIONS Sabine France – 60 96
DE COMMUNICATION Graphiste
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Éditeur Blandine Oger, Elisabeth Grosset – 60 42
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Allemagne, Belgique
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Expositions 3 octobre 2018 > 14 janvier 2019

Marie Kalt, rédactice en chef

Ils ont participé à ce numéro

p. 98 L’agenda du mois p. 108 Nuances d’automne p. 126 L’infini et au-delà

p. 116 Magnificence australe p. 136 Carte blanche

BOUTIQUES RICHARD MILLE

17 avenue Matignon Allée François Blanc

Photos Romain Courtemanche (1) ; Ambroise Tézenas (1).

Nº 151 — NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2018

CHALEUREUSES, UNIQUES ET DÉCALÉES

Couverture.indd 9-10 19/10/18 14:38

DIRECTION Rédactrice en chef PÔLE IMAGE

SYSTÈME D’ASSISES GRANVILLE | DESIGN CHRISTOPHE DELCOURT

CONDÉ NAST LES MAGAZINES DU GROUPE CONDÉ NAST TARIF ABONNEMENT

Photos : Guillaume de Sardes (1) ; Daphné Hacquard (1).

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Photo : Philippe Embiricos (1)

L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ, À CONSOMMER AVEC MODÉRATION.

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Paris, 195 Boulevard Saint Germain. Tel. +33 1 53 63 39 50

Photos Ambroise tézenas (1) ; Jérôme Galland (1).

Photos Sabine Harti et Olaf-Daniel (1) ; P. Monetta (1).

ROUGE PUR COUTURE

#WALK THE LINE

Photos Jérôme Galland (1) ; Benoît Linero (1).

Photo Mikko Rikala (1).

LE VASE MYSTÉRIEUX LA BOUGIE CÉRAMIQUE LE TAPIS MODERNISTE

LE REFLET EN ÉTOILE LE FAUTEUIL TAPISSERIE LE PARAVENT VÉGÉTAL

LA FORME SIMPLE L’ARMOIRE ULTRA PRÉCIEUSE LA CAFETIÈRE 60’S

LA LAMPE FLEUR LA BOÎTE À SECRETS LA MONTRE ART DÉCO

CANAPÉ 8 CONÇU PAR PIERO LISSONI.

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LES SUSPENSIONS TUBES

LE MIROIR DE COURTOISIE LE COUSSIN MOUMOUTE LE TAPIS À PLUMES

AU MUR : CARRELAGE MAIA TANZANIA NUT • COLLECTION DE SALLE DE BAINS : PURE

Chic français et inspirations africaines

Effets rubans et diamants

Esprit floral et teintes givrées

Exposition 14 oct. 2018—24 févr. 2019

La cérémonie du thé joue les transparences

Les boîtes en laque jouent les rangements raffinés

Kawaï, les pâtisseries se font pastel et irisées

La magie des lanternes réinventée

L’ikebana se prête aux formes organiques de vases inattendus

Shinichiro Ogata, 1. LE DÉCOR du restaurant Yakumo

2. LE CRÉATEUR SHINICHIRO OGATA,

En ouvrant Ogata, son premier espace à Paris,

Photo Studio Saison (1).

VU DE MA FENÊTRE - SHANGHAÏ - 2007 - BRUNO AVEILLAN

inventer ou «!retrouver!», confie-t-il, le Japon 1. DANS LE RESTAURANT

*Le sens de la différence

à sa fonction, et des objets qui transfigurent

Photos Simplicity (2).

architecturaux du XVIIe siècle, le cuivre, 2. USTENSILES ET VAISSELLE de la collection S [es] :

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