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Edition spéciale : Le vent en poulpe, théâtre lycéen 6 et 7 février 2019

Edito :
« Des rencontres, pour se lâcher » Ambiance agréable avec
des artistes accueillants,
beaucoup de mouve-
ment. Deux spectacles
sont présentés pour
cette première journée:
il s’agit bien d’un événe-
ment théâtral. Aujour-
d’hui, la journée me
semble devoir vraiment
bien se dérouler. Mon
ressenti par rapport au
premier spectacle ? Je
m’en vais mais l’état
demeure, est plutôt po-
sitif. Je reconnais que
Les rencontres théâtrales lycéennes, cette année, c’est « Le Vent en Poulpe ». tout le long du spec-
Un nouveau nom, pour un nouveau cap, un nouvel élan ? Pour le savoir, nous tacle, je n’ai pas tout
avons rencontré Vincent Olivier l’organisateur de cet événement. Ce dernier a compris. Mais il était
accepté qu’on l’interroge sur son rôle… au sein de ces deux journées. vraiment bien, des sur-
prises, de l’humour,
jet, ont décidé de participer cette année : beaucoup de choses

V
incent Olivier est le secrétaire général
des 3T. Il s’occupe des actions cultu- Isaac de l’étoile à Poitiers, Marcelin Be- intéressantes sur la poli-
relles, plus particulièrement en lien thelot et Edouard Branly à Châtellerault, tique... bien que je ne
avec tout ce qui concerne les spec- Marc Godrie à Loudun. Vincent Olivier nous m’y intéresse pas spécia-
tacles. Il joue un rôle important dans cet confie : « L’année prochaine, nous allons lement. Et puis, il y a eu
événement qui se prolonge sur deux jours. développer le partenariat avec d’autres le bord plateau, intéres-
Il fait en sorte de créer des ateliers pour options théâtres, à Tours par exemple ». Ce sant, drôle, sincère...
que se rencontrent des jeunes et des moins qu’ils veulent : réunir tous les élèves pour Pour le deuxième,
jeunes. Ces ateliers sont animés par des qu’ils puissent s’amuser pendant deux Why ?, par des lycéens
artistes qui sont dans la programmation des jours. « C’est le but des rencontres, voir des de Branly, j’ai beaucoup
3T. Ils ont pour but d’accompagner les op- spectacles, faire des ateliers pour se lâ- aimé comment il a été
tions et faire venir des artistes sur les op- cher » explique Vincent. mis en scène. Et les ac-
tions théâtre ou cirque. Mais dans ces acti- Mais qui est derrière tout ça ? teurs, lycéens débu-
vités, il y a aussi des jeunes qui n’ont jamais tants, ont très bien joué.
Au niveau des finances, ce sont les 3T qui
fait de théâtre, de danse ou de cirque. Cela Et la pièce était intéres-
prennent en charge les ateliers, avec une
permet donc de leur faire découvrir ces sante et belle avec un
aide du rectorat. Pour organiser cet événe-
disciplines. Vincent Olivier est aussi chargé très beau moment au
ment, ils y a une équipe de sept personnes
de la communication, de faire passer le ralenti à la fin.
qui travaillent aux 3T plus une stagiaire. Ils
message aux lycéens, aux médias lorsque Et bien que j’ai passé
mettent deux jours pour tout préparer la
des évènements ont lieu. presque toute la journée
mise en place des salles. Grâce à tous ces
derrière l’ordi, j’ai aimé
Depuis quand ? évènements et leur travail, ils ont obtenu
ces rencontres. Demain,
C’est la 4ème année des rencontres théâ- un label dont ils en sont extrêmement
j’abandonne l’ordi…
trales lycéennes, mais cette année c’est la fiers. Cela leur donne les moyens finan-
Emma B.
première année où cet événement a un ciers de plus travailler avec la jeu[x]nesse
nom bien spécifique. A la base, c’est une (s). Pour l’année prochaine, Vincent Oli-
rencontre destinée aux options théâtre vier a déjà prévu son programme : « je vais
facultatives dans les lycées : les lycéens vraiment attaquer la saison prochaine
peuvent proposer ce projet au bac. Les op- parce que j’ai envie d’avoir un peu plus de
tions comme celle-ci, il y en a un peu par- monde ».
tout dans la région, c’est pour cela qu’ils Cet évènement est ouvert à tout le monde.
ont décidé de créer l’événement. A ce pro- Kélia Touzalin, Salomé Poupeau
f Cote lyce e
Why?
Mathieu Ehrhard a été le metteur en scène de « Why » avec le
groupe du lycée de Branly. Il fait partie d’un collectif. Rencontre.

et lui-même ne trouvaient pas de nom et que 11 en France. Il est allé dans les
à toutes les fins de séances, ils se di- écoles de Paris, Strasbourg et Bordeaux.
saient : «Bon, en tout cas, il faut qu’on Là, il est resté pendant 3 années de 2007
s’organise». L’idée est venue de ça : à 2010. Après sa sortie des études, il a
« OS’O, c’est «on s’organise». créé le collectif de comédiens.
Depuis maintenant 2011, le collectif Ses inquiétudes
existe. Tous leurs spectacles sont réalisésça fait toujours un peu peur de se dire
à 5, ils choisissent le sujet et comment ils
« venir faire du théâtre pour une classe
vont le le réaliser ensemble. Après, ça qui n’a pas choisi d’en faire » mais, au
leur arrive aussi d’inviter d’autres comé- final, sa classe a bien réagi et était con-
diens et comédiennes à monter sur tente de ce projet. Dès qu’il proposait
scène avec eux. différentes activités, la classe était tou-
Son expérience personnelle jours partante. Il y avait une très bonne
Mathieu a commencé le théâtre à la FAC. atmosphère dans la classe et le projet
Une de ses intervenantes croyait en lui et s’est déroulé à merveille. Les élèves de la
lui a donc proposé d’aller dans un con- classe lui ont fait confiance très rapide-

M
athieu fait partit d’un collectif de
comédiens. Ils sont 5 dans le servatoire régional à Reims, dans sa ville ment car le projet s’est réalisé en 15
groupe. Il explique que c’est un natale. Ça a duré deux années. Les con- heures, ils ont réussi à faire une scène
servatoires régionaux préparent les rapide et efficace.
groupe d’acteurs et d’actrices sans lea-
élèves aux écoles nationales. Il n’y en a Manon Bonneau
der, sans metteur en scène. Son groupe

Des comédiens à Branly Prof de théâtre


Au nouveau théâtre, nous avons rencontré cinq jeunes comé- à Branly
diennes du nom de Maria, Camille, Charline, Linda et Ambre Frédérique Pradeau est profes-
venant du lycée E. Branly. Pour leur première fois, elles et seure au lycée Branly à Châtelle-
leurs camarades sont montées sur scène pour interpréter la rault. Elle travaille le théâtre
pièce de théâtre « Why ». avec ses élèves de lycée.
À Branly, il n’y a pas d’option théâtre mais il y a des projets indi- Elle est, avant tout, professeure
viduels (classe à projet ). Les cinq jeunes filles ont choisi le de Lettres. «Avant de devenir professeur à Bran-
théâtre seulement pour s’adapter aux oraux du bac. Grâce à ly, j’étais à la faculté des lettres à Poitiers. puis
leurs activités, ça les a rapprochées et ça a créé une bonne am- j’ai passé mon concours d’enseignante». Ce qui
biance. Mais plus tard, elles ne voudront pas continuer, pour lui plaît dans le théâtre, c’est de voir ses élèves
elles, c’est juste une activité. prendre de l’assurance, ça la réjouit, ça la rend
Le spectacle très heureuse.
La pièce de théâtre réalisée par les lycéens de Branly s’intitule Dans la classe il y a 1/4 des élèves qui s’investit
« Why ». Pour créer cette pièce de 10 minutes, il a fallu 20 dans le projet théâtre. C’est vrai que l’autre par-
élèves de 1ère ES2, 16h de travail, Mathieu Ehrhard et Frédé- tie de la classe ne voulait pas faire ce que le prof
rique Pradeau, les metteurs en scène. Dans cette pièce, tout le demande. Cependant, « au fur et à mesure, tous
monde se demande « pourquoi », pourquoi est-ce-qu’ un les élèves s’investissent même ceux qui résis-
homme innocent meurt !? Mais pour en savoir plus, il faudrait taient au tout début ».
aller voir la pièce de ces jeunes comédiens amateurs. La présence du lycée
Loubna Le lycée Branly a toujours été là dans leurs pro-
jets. Frédérique nous dit que les mauvais mo-
ments sont quand « il faut batailler avec un élève
pour qu’il vienne au théâtre et jouela pièce ».
Les bons moments, pour elle, c’est quand, à la fin
de la pièce, les élèves lui disent : « Madame,
c’était extraordinaire, le spectacle était bien, ça
m’a beaucoup appris, maintenant je ne suis plus
le même. » Elle trouve que c’est que du bonheur
de travailler avec ses élèves.
Matis et Pablo

2
f Cote lyce e
théâtre au lycée de Loudun
Les lycéens du lycée Marc Godrie de Loudun sont accom-
pagnés de leur prof Élodie Maillard. Rencontre...

ambiance dans le groupe : « C’est la folie ». Ils n’ont jamais eu


de problème et ne se sont jamais disputés, ils sont solidaires
entre eux. Un des lycéens dit qu’il ne pensait pas faire du
théâtre dans son avenir personnel ; peut-être que certains
pensent en faire mais lui trouve ça compliqué car, à coté, il
faut gérer les études.

C
e club est constitué d’une quinzaine d’élèves. Ils se rejoi- Elodie Maillard, « la prof »
gnent une fois par semaine et commencent par des
Leur professeure, Elodie Maillard, explique que cela est com-
échauffements, conduits par un élève. « Cela nous per-
pliqué à mettre en place car c’est un lycée professionnel, donc
met de relâcher la pression, c’est un univers à part ». Ce
un lycée où les élèves vont faire des stages. C’est difficile
club existe depuis 2ans, accompagné de leur professeur. Cela
d’avoir tous les élèves en même temps. « Par exemple, pen-
ne compte pas pour le bac, c’est une option facultative. « Que
dant une période, on sera tous au complet et une autre pé-
cela compte ou pas dans le bac, on ne l’aurait pas fait pour les
riode, certains des élèves vont avoir leur stage et la troupe est
points mais par plaisir », reconnaissent-ils. Cette année, ils
décomposée ». Il faut aussi qu’elle organise les spectacles, les
préparent une représentation « slam rap » qui aura lieu en
sorties. Elle est toute seule et cela prend quand même pas
Mai. Ils rencontrent des difficultés comme trouver des idées,
mal de temps. En général cette option marche très bien, ce-
d’autres qui sont liées au stress du spectacle, mais ce qui leur
pendant.
plaît, c’est qu’il n’y a pas de jugement. Il y a une très bonne
Bruneau Hugo et Raffoux Solène

Et à Berthelot ?
J’ai rencontré deux élèves Clarence Taverne et Enzo
Paquet et l’une de leurs professeurs, Mme Montoussé .
Ils font l’option théâtre : récit.

Ç
a existe depuis plus de vingt ans. C’est une option et tout
le monde peut y avoir accès : « ceux qui en ont jamais fait
comme ceux qui en ont déjà fait » dès la seconde. Les
élèves peuvent s’en servir pour passer une épreuve du bac
avec l’option mais ce n’est pas obligatoire.
Comment ça se passe ?
Le théâtre leur prend 2heures en plus des cours par semaine
et l’année prochaine ça prendra 3heures. Ce sont 25 élèves
de classes différentes qui se retrouvent le jeudi de 16h à 18h
dans une salle faite pour faire du théâtre au lycée. Par année,
fants car au début de l’année ils étaient timides mais plus en
ils vont voir 6 à 8 spectacles et après ils font des analyses des
fin d’année.
pièces. Ils font aussi plusieurs partenariats avec différentes
personnes. Leurs profs choisissent des textes que les élèves Et les élèves ?
vont jouer mais tout ça se met en place petit à petit. Cette Clarence et Enzo se sont inscrits au club de théâtre car ils
année, leur spectacle va être un peu particulier car il va y avaient déjà essayé le théâtre avec la classe média de Des-
avoir des scènes dans tout le lycée. cartes. Et ça leur avait donné envie d’en refaire. Ils ont décidé
Difficultés pour les professeurs ? de participer au club de théâtre pour aussi rencontrer de
nouvelles personnes et s’amuser.
Cette option fonctionne à peu près comme les autres ma-
tières, c’est-à-dire qu’il faut que les professeurs se forment, Ils se sont facilement adaptés. Au sein du groupe, il y a une
s’adaptent aux élèves. Certains élèves écrivent leurs propres bonne ambiance, tout le monde s’entend bien, ils sont soli-
scènes qu’ils proposent aux autres après. En tant que profes- daires « Non, on est solidaire de toute façon, il n’y a pas be-
seur, il y a une difficulté, c’est quand un élève est trop timide soin d’avoir de concurrence, ça va servir à rien» . Pour Cla-
et qu’il n’ose pas, par exemple, tenir la main, faire la bise ou rence et Enzo, c’est une activité mais ils ne sont pas fermés à
encore danser devant les autres. Mais à la fin de l’année, ça l’idée d’en faire leur métier.
arrive que certains parents ne reconnaissent pas leurs en- Anaëlle S.

3
f Cote lyce e
Prof… d’option théâtre
Emilie Chauveau est une professeure
de français au lycée Marcelin Berthe-
lot.
Elle a suivi une formation classique de
professeure et grâce à une collègue,
elle a commencé à enseigner le théâtre
dans le lycée. Mais, c’est aussi une vraie
passion pour elle : en dehors du lycée,
elle pratique du théâtre à l’atelier La
Base depuis environ 6 ans.
L’option théâtre du lycée Berthelot a
été mise en place depuis plus de 20 ans
et n’a aucune difficulté à trouver des
L’étoile du théâtre participants. Tout de même, il y a tou-
jours des professeurs qui ne sont pas
Corine Lamy est professeure de théâtre au très contents de cette option quand
lycée Isaac de l’étoile à Poitiers. Rencontre.

C
orine Lamy est professeure de français et a choisi l’option théâtre : ils
sont 14 élèves. Elle a débuté le théâtre au collège. Elle a été comédienne,
metteur en scène en amateur. Corine déclare : « J’ai toujours adoré le
théâtre, et quand j’ai eu l’option, j’étais très heureuse !». En tant que profes-
seure de théâtre, elle aime beaucoup aller voir des pièces de théâtre, lors-
qu’elle a le temps. Les élèves du lycée Isaac de l’étoile vont présenter des
extraits de scène pour le bac. Corine explique « A la fin de l’année, pour le
bac, les élèves doivent présenter chacun des petites scènes, autour du thème
choisi : la mère.». Les difficultés rencontrées sont que les élèves doivent trou-
ver la scène qui leur correspond, et avant tout qu’ils aiment la scène qu’ils
vont interpréter. « Dès qu’ils ont trouvé la scène qu’ils aiment, il faut juste le
texte et ceci devient plus facile ».
Satisfaite de cette option...
A Isaac de l’étoile, l’option théâtre fonctionne très bien, beaucoup d’élèves cette dernière prend des créneaux d’ac-
la connaissent. A la fin de l’année, ils produisent un spectacle dans l’établis- tivités sur les heures de cours.
sement, il y a beaucoup de personnes qui vont au spectacle. Pour les profils Toutes sortes d’élèves peuvent partici-
de volontaires, Corine dit : « Ils viennent de toutes les sections, ( littéraire, per, néanmoins, les filles sont plus pré-
scientifique, économique). Les profils principaux sont des personnes qui ai- sentes.
ment le théâtre ainsi que monter sur scène. Leurs meilleures expériences Cette option est en partenariat depuis 4
sont le festival où ils viennent tous les ans (Rencontres Lycéennes), et l’an ans avec les 3T, permettant aux élèves
dernier avec la même classe, ils sont partis à Paris à la Comédie Française de se produire sur scène.
pendant deux jours. Il y a aussi les répétitions mais aucune mauvaise expé- Emilie compte tout de même continuer
rience. « Je suis très satisfaite de mes élèves et des autres qui ont pratiqué cette option jusqu’à la fin de sa carrière
cette option.». Elle veut continuer à faire cette option, et voudrait avoir un même si, l’option est menacée de dis-
peu plus de participants. Sur la reforme du lycée, rien ne bousculera cette paraître à cause de la réforme du bac
option facultative. dans les années à venir. Mais c’est une
autre histoire…
Milotic Alice Mathias

Et le trac, c’est comment ?


Gérer son tract ? Chacun sa technique. Lycéens et comédiens nous confient les leurs.

L
es lycéens ont plusieurs plus tard. Côté comédiens, certains se Ce qu’ils savent, c’est que, avant de
techniques pour gérer leur mettent dans la peau des spectateurs monter sur scène, il vaut mieux rester
stress : certains font des en faisant le même trajet qu’eux dans avec des personnes qui nous déstres-
exercices de respiration ou d’autres le théâtre, en allant par exemple, jus- sent, qui nous rassurent ou même qui
font les cent pas. Ils essayent de se dire qu’à la scène. D’autres rangent tout ce nous canalisent. A nous de trouver les
que tout va bien se dérouler et même si qu’il y a autour d’eux pour penser à bonnes personnes. .
cela se passe mal, ça fera toujours des autre chose. Salomé, Anaëlle, Manon, Kélia
anecdotes à raconter à leurs proches,
4
f vrac On a testé l’atelier théâtre !
Isaac de l’Etoile, depuis 10 ans
L’option théâtre du lycée Isaac de l’étoile est née il y a dix ans.
Les lycéens sont quatorze à participer, ils ont entre quatorze et
dix-neuf ans. Au « vent en poulpe », il en manquait quatre. En
tout, les lycéens ont trois heures et demie par semaine. C’est par
niveau : les secondes, le lundi après-midi, les terminales, le mer-
credi après-midi… Au début de l’année, ils commencent par des
entraînements mais maintenant ils en n’ont plus besoin. Sou-
vent, ils travaillent soit par demi-groupe ou par groupe entre
deux et quatre.
En cours, sur scène, rien n’est préparé. Ils improvisent d’eux-
mêmes, en se laissant aller. Dans le groupe, il y a des personnes
qui ont pratiqué cette option de la seconde jusqu’en terminale et

V
anessa Bile-Audouard a animé un atelier théâtral dans
d’autres qui intègrent en première ou en terminale. « C’est
lequel nous avons fait des petits exercices pour se sen-
même noté ! » confirme une participante, « mais ça remonte la
tir à l’aise sur scène. Quand nous sommes arrivées, on
moyenne » renchérit un autre. Dans le groupe, il y une très
s’est installé en cercle sur des chaises. Vanessa nous a de-
bonne ambiance. Cette année, le thème de travail parle de la
mandé de définir le théâtre pour nous et aussi la politique.
mère, de la relation familiale…
Nous avons répondu que le théâtre, c’était une activité où
Tous les participants pensent que c’est une bonne expérience. Il
l’on pouvait discuter, se libérer du stress qu’on peut avoir.
y en a quelques-uns qui veulent être comédiens plus tard ...
Pour la politique, nous n’avons pas forcément eu d’idées
Jasmine Ahmed-Moustafa sur ce sujet, donc nous sommes passés à autre chose. On
s’est mis deux par deux et on devait se raconter une chose

De paléontologue à comédien qui nous a marqués depuis septembre 2018. On est passé
un par un sur une petite scène et nous avons raconté ce
que l’autre nous a dit. Mais on devait le dire à la première
personne pour faire comme si c’était notre histoire. Inté-
Théo Comby-Lemaître, ressant… et déstabilisant.
de la compagnie « Le Louisa et Émilie
Royal Velours », voulait

Théophile, encore…
être paléontologue. Pas
assez bon en maths. Il a
découvert le théâtre Il s’est arrangé pour squatter toutes les interviews. Théo-
dans son lycée : il a phile Scalvis est encore dans cette page… Et on a encore
changé de voie. des choses à apprendre sur lui.
Ce qu’il aime dans le Il pratique ce métier car il a le sentiment que c’est avec ce mé-
théâtre, c’est de pouvoir tier-là qu’il peut plus s’exprimer. Son père est comédien, donc
transmettre des émotions cela l’a un peu aidé à le devenir. Il a commencé le théâtre en
au public, interpréter des amateur dans un centre socio- culturel quand il était petit et
personnages fictifs et ren- avant d’aller au lycée, il savait déjà d’avance qu’il allait s’inscrire
trer dans une histoire. Il a une option théâtrale. C’est un professeur, un intervenant qu’il
dit : « Quand tu joues, tu vis autre chose, c’est un luxe ». a eu au lycée qui lui a conseillé de passer le conservatoire de
Pour lui un des meilleurs moments dans la vie de comé- théâtre de Lyon. Après le conservatoire, il a passé l’école natio-
dien, c’est quand il arrive à se surprendre soi-même. Théo nale supérieure et cela n’est qu’en première année, qu’il s’est
aime bien les imprévus. Il raconte par exemple, que, pour vraiment posé la question s’il voulait vraiment devenir comé-
l’un de ses spectacles, il devait jongler avec une raquette dien. Ses objectifs : « Pouvoir continuer à mener ce travail de
de badminton. Elle lui a échappé et a atterri dans le pu- recherche, continuer à chercher des nouvelles façons de faire,
blic. Heureusement, il n’y a eu aucun blessé. Sur le mo- de pouvoir faire découvrir le théâtre ».
ment, Théo était très gêné mais c’était devenu un des Tout comprendre dans le théâtre
éléments de la représentation de ce jour-là. Et mainte- Pour lui le théâtre permet de créer des nouvelles façons de
nant, il raconte son histoire en rigolant. Sa plus grande faire. Ce qu’il aime dans ce métier, c’est de pouvoir échanger
peur : être malade. avec des personnes qui ont d’autres préoccupations. Les meil-
Travail et détermination leurs moments, c’est quand il voit entrer des personnes en fai-
Il décrit le métier de comédien comme : « Vampirique ». Il sant la tête et qu’ils ressortent avec le sourire. L’avantage du
explique : « c’est un métier qui prend un part importante théâtre, c’est qu’il n’y a pas de bande annonce comme au ciné-
dans la vie ». Les comédiens vivent difficilement mais il ma : c’est un peu piégeant.
reconnaît que, dans leur troupe, ils arrivent à avoir un La vie de comédien est une vie assez difficile : il n’y a pas de
salaire « plutôt correct ». Dans le futur, il aimerait conti- retraite, pas de vacances ni de week-end. Mais pour lui, il
nuer à jouer dans des spectacles , à produire des films et trouve ça tellement passionnant !
il espère jouer au cinéma. Rémi et Yoni Hugo B. et SolèneR.

5
f Le s pros « Le théâtre, c’est pour se décaler »
Comédien et Musicien Vanessa Bile-Audouard est une de celles qui racontent les
Gabriel Tur est l’un des comédiens de la pièce élections présidentielles de 2016 ironiquement et de fa-
« Je m’en vais mais l’État demeure ». Il a com- çon originale dans la pièce d’ouverture de ces rencontres.
mencé la musique à dix ans. Tout en étant co- Elle a commencé la scène… au CE1 !
médien, il continue de faire vivre sa passion de Elle a commencé très tôt le
la musique. théâtre, en CE1, grâce à des op-
tions à l’école, puis des ateliers.

S
on grand Un jour, elle a commencé à pren-
frère a fait dre des cours de théâtre un peu
du théâtre plus sérieux, au niveau du BAC.
depuis tout petit. Pour les études supérieures, elle
Lui, il allait le voir s’est inscrite à la FAC pour conti-
sur scène. Son nuer à prendre des cours plus
frère en faisait longs (environ 15 à 16h par se-
dans un conserva- maine). Et seulement après avoir
toire. Pour Ga- passé un an en Italie, qu’elle a décidé de repasser un concours
briel, c’était très pour entrer dans une école à Lyon (l’ENSATT). Elle a réussi, et y
sérieux et ça le a passé trois ans, puis une quatrième année… Elle a alors passé
saoulait un peu. un concours pour être académicienne à la Comédie Française et
Lui, il a testé un a été prise.
atelier théâtre Un métier, une passion
plus ludique et
contemporain Ce qui lui plaît, c’est le plaisir du jeu, l’amusement du jeu: « Au
grâce à un ami. Il départ le théâtre, c’est pour s’ouvrir, pour se décaler, vivre des
a adoré. Ensuite, choses qu’on n’a pas l’habitude de faire, se mettre en situation,
il est allé au conservatoire où avait été son frère. Il a prendre de la distance par rapport à soi-même […] mais après
fait un an à la fac, puis il est allé à l’ERACM quand tu commences à en faire un peu plus sérieusement, plus
(établissement de formation supérieur au métier de professionnellement, tu te poses la question aussi de la place du
comédien). Puis, il a fait un an en tant que stagiaire à théâtre dans le monde d’aujourd’hui » explique-t-elle avec pas-
la Comédie Française. Désormais, il a crée un collectif sion. Le théâtre lui propose des alternatives à ce qu’elle entend,
de théâtre avec son frère. ce qu’elle voit et l’aide à voir les choses dans leur complexité.
Meilleurs/pires moments Comment se voit-elle dans 10 ans ?
L’un de ses meilleurs moments, c’est lors de son pre- Elle espère continuer dans le théâtre mais aussi pouvoir aug-
mier spectacle avec son collectif au festival menter ses possibilités, avec beaucoup de projets en cours. Mais
« Impatience ». Ou alors, quand il a rencontré Hugues elle aimerait aussi beaucoup diriger les gens, « être de l’autre
dans une tournée de la Comédie Française. Ou même coté ».Elle voudrait également mener des ateliers, partager l’ex-
quand il est sur le plateau en tant qu’acteur mais aussi périence du théâtre avec des gens qui n’en font pas ou qui n’en
comme musicien. « Après, il y en a plein d’autres ». feront jamais, elle veut continuer à s’épanouir.
Comme pires moments, il y a quand il avait la grippe Thylane
lundi et qu’ils devaient répéter toute la journée avec
la fièvre. « C’est ça aussi, l’inconfort du métier, c’est
que quand il y a une première, il faut œuvrer. On
peut pas dire, oh bah, je vais me coucher dans mon
lit ».
La vie de comédien
Il faut apporter des projets comme créer un collectif,
ou plein d’autres encore. « Je pense que c’est une
belle vie quand il y a des structures, des compagnies
avec lesquelles travailler. » Ce qu’il aime dans le mé-
tier, c’est que ça varie beaucoup. Le fait que ce soit
un métier « sur mesure » selon ses désirs. Il aime
aussi le dialogue avec le metteur en scène ou
l’auteur. Dans dix ans, il se voit bien avoir un
théâtre, et sortir des disques.
Marie P.

6
f Le s pros
Ça a été magique !
Pénélope Avril est aujourd’hui membre de la troupe Le Royal Velours. Ils sont 7, ils se
sont rencontrés à la Comédie Française, comme académiciens. Elle, elle avait fait son
école de théâtre à Rennes. Elle raconte son parcours, les raisons de son choix.

Q
uand elle était plus jeune, Pénélope ne voulait pas faire fête, rencontré des équipes
comédienne. Elle s’était dirigée vers l’option littéraire. de Moscou, et dit que c’était
Après, à l’université, elle a fait une année de droit puis très agréable. Son pire mo-
a arrêté pour faire une année de lettres qu’elle a aussi ment c’est parfois, quand
arrêtée pour faire du théâtre. Elle a essayé d’intégrer toutes elle est fatiguée, qu’elle n’a
les grandes écoles qu’elle pouvait et quand elle a été accep- plus de voix à force de faire
tée dans une école, elle s’est dit que c’était vraiment ça plein de répétitions, quand
qu’elle voulait faire et pas autre chose. elle n’a plus d’énergie.
Le théâtre lui a permis de devenir indépendante, de partir de La vie de comédien
chez ses parents, de vivre sa vie. Très vite, quand elle est La vie de comédien peut être
sortie de son école, elle est allée directement à la Comédie
une vie facile. « On est notre
Française passer le concours d’académicienne. Elle a été re- propre chef, on décide de ce
çue, a obtenu ce premier travail. Elle s’est dit : « J’ai gagné
qu’on veut faire soi-même, il
ma vie en faisant ça et c’était magique car ça a été facile». n’y a pas d’horaire défini, on
Elle est très fière d’elle. peut se coucher tard… » ré-
Ce qu’il y a de mieux, c’est le brouillon sume Pénélope. Cela peut
être un amusement mais il faut être très rigoureux dans le
Ce qu’elle préfère, dans son métier, c’est les répétitions
parce que rien n’est encore fait. « Quand ils créent les travail et régulier. Il y a aussi la difficulté de fonder une fa-
mille, de voir ses amis, d’avoir des enfants... Dans dix ans,
scènes, quand tout est encore brouillon. » Le métier de co-
médien peut être en montagnes russes, quelquefois, on peut Pénélope pense encore travailler avec ses collègues, vieillir
être en haut comme en bas. « On a n’a pas du tout envie avec eux et leur projet. Pénélope, elle, ne sait pas si plus tard
d’être sur scène et on se sent obligé d’y aller, d’autre fois, elle va continuer sa vie de comédienne ou pas. Tant qu’elle a
c’est le bonheur ! », développe-t-elle. Son meilleur moment du travail, elle est heureuse.
reste quand elle est allée a Moscou pour jouer. Elle a fait la Louisa N.

Le plaisir de se transformer
Marianna Granci est une comédienne d’origine italienne. Elle aussi joue dans « Je m’en
vais mais l’état demeure ». Pour elle, le théâtre, c’est amusant. Ses débuts, en fait, elle
les a faits en imitant ses profs à l’école. Il n’existait pas d’option théâtre au collège, au
lycée, en Italie. Puis elle est venue en France.

S
ous les conseils de sés avec sa troupe « Royal velours » sont des bons moments
ses professeurs et elle ne peut pas nous en citer un seul. Elle trouve que
qui l’encoura- l’aventure avec cette troupe est « vraiment chouette ».
geaient, dans son Pendant un an, elle a été rassurée. C’est le moment où,
pays, elle a décidé de après avoir réussi le concours pour être académicienne, elle
s’inscrire dans un club de appartenait à la Comédie Française. Par la suite, elle a obte-
théâtre pour essayer. nu son statut d’intermittent, ce qui lui a permis de chercher
Puis elle a aimé et elle un travail plus sereinement. Même si chercher un travail
s’est inscrite dans une dans ce domaine n’est pas facile car ce n’est pas en cher-
école de théâtre à Rome chant dans les journaux qu’on en trouve un. Il faut faire des
pendant un après son BAC. Ensuite, elle est venue en France. rencontres et c’est un vrai investissement.
Elle est venue afin de pouvoir se professionnaliser.
Travail et détermination
Les bons et les mauvais moments
Ce n’est pas un métier où l’on gagne beaucoup d’argent et
Ce qu’elle aime dans son métier c’est pouvoir se selon les périodes, les charges de travail varient. Pour elle,
« transformer », c’est à dire d’interpréter des personnages. une chose très importante, c’est de pouvoir jouer en France
Elle dit : « j’aime être au service de situations ou d’un per- et en Italie avec notamment des comédiens italiens.
sonnage que je raconte ». Tous les moments qu’elle a pas-
Rémi et Yoni
2
7
fLe s pros
Comédien et pédagogue
Théophile Sclavis, comédien dans la compagnie Studio Montre est en
compagnonnage avec les « Trois T » depuis septembre. Présentation de
ses spectacles, son parcours, et sa passion pour le théâtre.
Intarissable, il poursuit : « Dès que nous avons expérimenté des
choses personnellement, j’estime qu’on est plus à même de
recevoir d’autres propos. Et c’est aussi une manière de jouer
ensemble parce que je ne donne pas des cours de théâtre en
disant : le théâtre, c’est ça et il faut mettre des costumes… Mes
cours sont des cours de jeu : quand on se retrouve sur un pla-
teau et qu’on n’a rien, juste nos corps et nos imaginations, eh
bien, on peut inventer des jeux avec trois fois rien. Quand on
arrive à comprendre ça, qu’on arrive à comprendre que l’on
peut avoir des capacités à jouer, à s’amuser et découvrir à partir
de rien, là je trouve qu’on a fait un pas dans le bon sens »
Difficultés rencontrées
Théophile Sclavis est un fidèle des Trois T. Il a fait l’École Natio-
Des difficultés, il y en a : pour que son travail fonctionne, il faut
nale Supérieure Des Arts Et Techniques du Théâtre, école qui
faire en sorte de se donner les moyens de le faire. « Il y a eu une
forme à tous les métiers du théâtre. Il y a passé 3 ans de sa vie
période où je n’étais pas payé pour le travail que je menais »,
dans la section « jeu ». Il est également marionnettiste, et a in-
explique Théophile. Car il y a le travail pour répéter, jouer les
terprété quelques spectacles dans cette section. Après ça, Ma-
spectacles, faire les ateliers, mais aussi tout le travail qu’on ne
thilde Soucheau lui a proposé de créer Studio Monstre avec elle
voit pas. Ce travail invisible est de contacter des lieux, réfléchir
et quelques autres camarades. Ils ont ensemble commencé à
aux pièces, apprendre son texte, prendre des rendez-vous, se
créer des spectacles à Poitiers.
déplacer. Il faut prendre le temps de rencontrer des gens, passer
« Ce qu’il pense de son travail » des journées entières à écrire des mails et tout ce temps n’est
« Coupable », répond-il à la question : comment jugez-vous pas payé. « Je me donne à fond », souligne-t-il. C’est aussi une
votre travail ? « Je peux le qualifier », dit-il. « Moi je me pré- prise de risque car il a décidé de ne plus avoir à passer des audi-
sente souvent comme pédagogue. C’est à dire que l’un de mes tions, et ne plus se mettre au service d’un autre artiste. Il veut
métiers consiste à enseigner le théâtre et à faire en sorte que le que ce qu’il fait, ça soit son projet. « Et ça c’est forcément une
théâtre soit accessible au plus grand nombre. D’ailleurs, aller prise de risque ».
voir une pièce, c’est aussi faire partie de l’école du spectateur. Bons moments
J’aime passer des journées comme ça, à parler avec des jeunes
« Tous les moments qu’on passe en atelier par exemple. Ce sont
gens mais aussi avec des adultes, des gens en réinsertion, pour
forcément des bons moments, » raconte-t-il. « Si ce ne sont pas
les faire travailler et leur faire découvrir le théâtre par un autre
des bons moments, il ne faut pas le faire ! » Les meilleurs mo-
biais que s’asseoir dans une salle noire et se taire pendant deux
ments sont quand on sent que tout ça a de l’impact, que le spec-
heures. Pour qu’ensuite, ils viennent voir une pièce et qu’ils
tacle est entendu, que l’atelier prend sens pour quelqu’un, ne
aient des clefs qu’ils ont eux même expérimentées … »
serait-ce qu’une personne. » Emma B.

Le plateau libre
Le plateau libre, c’est la clôture des rencontres.
Théophile Sclavis, qui l’anime, raconte.

Un plateau libre, c’est quand le plateau est libre, faire que des pièces et je serai malheureux de
vide de professionnels, et que l’on « s’empare faire que des ateliers, bien évidemment ».
du plateau, qu’on part à l’abordage : on va aller Théophile raconte, aussi, qu’il dit aux élèves
faire ce qu’on veut », dit Théophile. Ensuite, il qu’ils ne finiront pas. Ils devront apprendre leurs
laisse les élèves faire ce qu’ils veulent. Par textes mais qu’il y aura des modifications à tout
exemple, les terminales jouent le passage du bac moment. Ils le montreront aux autres mais il
qu’ils préparent. « Ils travaillent ça avec leurs s’autorise de dire stop, on recommence là. «
profs, avec des professionnels et l’idée, c’est de C’est une séance de travail pour donner des
montrer les étapes de travail et de tester devant clefs à comment est-ce-que les autres travaillent,
un public neuf, et conquis d’avance, des faire découvrir de nouveaux textes... »
ébauches ». En tant que comédien, ce n’est pas « C’est tellement rare d’avoir deux jours comme
du tout une contrainte pour lui de devoir animer ça, d’avoir des jeunes qui se connaissent ou pas
ce genre d’évènement, au contraire, il ne voit pour parler, pour voir du théâtre… Donc allons-y
pas l’un sans l’autre « Je serais malheureux de ne quoi ! ». Ulysse

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fle s pros « Le seul endroit où on va t’écouter »
Laurent Robert est un des comédiens de «Je m’en vais mais l’état demeure», ce
spectacle qui retrace avec beaucoup d’humour décalé l’actualité politique de sep-
tembre 2016 jusqu’à l’élection d’Emmanuel Macron. Il parle de son parcours.
meilleur comédien mais j’aimerais aussi cassé la cheville et il a alors joué 6 mois
être moi-même » précise-t-il. « Je n’ai avec une cheville cassée.
pas envie de me comparer à d’autres Une vie difficile
personnes». Il espère pouvoir vivre con-
Il explique que la vie de comédien n’est
venablement de son métier et ouvrir un
pas une vie facile. «On a de la chance
jour son propre théâtre.
en France car on a le système qui nous
Dans son métier, il aime échanger avec aide. Les gens pensent que les comé-
les personnes : «La scène, c’est le seul diens glandent alors que pas du tout,
endroit au monde où on va t’écouter l’argent que nous gagnons avec l’inter-
vraiment». Son meilleur moment, c’est mittence, c’est de l’argent qu’on a coti-
le jour où les gens l’ont applaudi pour la sé. »
première fois sur une vanne qu’il a
Être comédien, c’est une vie difficile car

A
l’adolescence, Laurent a commen- faite. C’est également le jour où il a fait
cé le théâtre car une fille lui plai- ils sont seuls face au public, seuls face
pour la première fois du cinéma... mais
sait. « C’était au lycée, elle faisait au texte à apprendre et qu’il faut vrai-
aussi quand il était à la Comédie Fran-
théâtre, je l’ai suivie ». C’était ment se responsabiliser et beaucoup
çaise. « Même si on y a souffert », re-
donc une technique d’approche. Main- inventer et travailler seul. « Je vis au
connaît-il. Sa pire galère, c’est aussi à la
tenant, il explique qu’il continue car il jour le jour, dans dix ans, je ne sais pas
Comédie Française où il devait jouer
pense que les gens ont besoin d’en- ce que je ferai. »
400 fois en 10 mois, ce qui fait à peu
tendre des histoires. « J’aimerais être le près 40 fois par mois… Sauf qu’il s’est Emilie Brard

Auteur, acteur et metteur en scène de sa propre pièce


Hugues Duchêne est auteur acteur et metteur en scène de sa
propre pièce de théâtre : « Je m’en vais mais l’État demeure ».

H
ugues a voulu en faire son métier sieurs endroits en France. Sa pièce :
depuis ses 10 ans. Il a donc com- « Je m’en vais mais l’État de-
mencé par faire 4 ans en théâtre meure » s’est faite assez facilement.
amateur. Pour devenir acteur, il a fait 5 D’après lui : « Oui, c’est assez inha-
ou 6 ans de conservatoire à Lille, puis il a bituel d’être acteur, metteur en
fait une école préparatoire aux études scène et acteur de la pièce »
supérieures à Paris pour ensuite faire 3 Monter une pièce
ans d’école supérieure à Lille. Pour finir, Il aime bien faire ses pièces avec
il a fait une année à la Comédie Fran- très peu de choses. Pour la pièce :
çaise où il a rencontré les membres de « Je m’en vais mais l’État demeure »
sa troupe. Hugues n’est pas sûr de vou- il a utilisé des chaises ou bien juste
loir continuer ce métier jusqu’à sa re- des vêtements.
traite
Pour monter un spectacle, il faut
Trouver sa troupe d’avoir l’avis de ceux qui n’ont pas aimé
demander à des salles, de l’argent et
Il a trouvé sa troupe en 2015, quand ils la pièce.
une fois le spectacle monté, il faut espé-
sont tous devenus académiciens : c’est rer que pendant la représentation, il y Sa pièce
un concours qui leur a permis d’être ait des directeurs de théâtre pour en- En avril 2017, il y a donc un peu moins
engagés 1 an pour jouer de tout petits suite, peut-être, aimer la pièce. Alors ils de 2 ans, on a proposé à Hugues de faire
rôles dans ce grand théâtre qu’est la voudront peut être vouloir l’acheter et une nouvelle pièce de théâtre. Durant
Comédie Française. Étant les six plus produire leur autre spectacle sans l’avoir cette année, il est parti aux États-Unis, il
jeunes de la troupe, ils ont de suite com- vu et leur donner de l’argent pour payer est allé voir plein de meetings et voir la
mencé à travailler ensemble. Son rêve leur répétitions etc. « jungle » à Calais où il y a les migrants.
est de faire au moins une 1h de théâtre D’après Hugues, un spectacle peut être Après cela, il s’est dit qu’il pouvait en
par an jusqu’en 2022 avec sa troupe. réussi sans être vraiment connu : « la parler grâce à une chronologie. Ils ont
Écriture de pièces réussite est quelque chose de très sub- mis environ 2 ans à monter le spectacle
Hugues a écrit une première pièce qui a jectif ». Le plus difficile pour lui est « Je m’en vais mais l’État demeure ».
bien marché et a été jouée dans plu- Margot G.

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f Su r sce ne
Mathilde Souchaud,«
Il faut le coup de cœur »!
Mathilde Souchaud est metteuse en scène, comédienne dans la
compagnie studio monstre. C’est elle qui a proposé, sur scène, de
manger les bébés. Rencontre..

Dans la compagnie, il y a deux volets, écrit le voyage de Gulliver). Elle a traduit


un basé sur des textes contemporains le texte en français et a enlevé des par-
puis un autre sur la transmission par ties afin de la rendre plus courte et a
des ateliers de pratique artistique. changé quelques mots pour que ça soit
Théophile, Mathilde Martinage et Ma- plus contemporain.
thilde Souchaud se sont rencontrés Elle a trouvé cela très marrant de pouvoir
dans la même école, l’ ENSATT (école se l’approprier. En général, tout com-
nationale supérieure des arts tech- mence par un coup de cœur pour un
niques du théâtre) à Lyon. Une école texte. Elle s’inspire aussi des romans ou
qui forme à tous les métiers du théâtre des expositions. Ensuite, il suffit de choi-
(costumier, écrivain, metteur en sir des comédiens. Pour cette pièce, elle

M
athilde Souchaud est une scène…). a eu carte blanche et a choisi la simplici-
metteuse en scène de la compa- Une pièce à sa façon té, elle s’est juste muni d’une table,
gnie studio monstre (une compa- Pour parler de son travail d’écriture, Ma- d’une chaise et de sa valise. Elle a décidé
gnie de théâtre basée à Poitiers). thilde prend l’exemple de son spectacle de faire comédienne depuis son plus
Elle l’a créée, il y a trois ans, avec Théo- lors de ces rencontres. C’est la reprise jeune âge et ne compte pas arrêter tout
phile Sclavis qui truste notre journal. d’une œuvre de Jonathan Swift, (écrivain de suite.
anglais du 18e siècle, connu pour avoir Kim R.

L’imagination au pouvoir La surprise !


Pendant la journée, il y avait plusieurs ateliers à notre dis- Au soir de la première
position. J’ai testé l’atelier de Mathilde Martinage, un ate- journée, alors qu'on
lier qui demande beaucoup d’imagination. s'attendait à avoir une
Tout le monde ne se connaissait pas mais l’ambiance était discussion avec les comé-
bien joyeuse. Autour d’une table, le premier exercice était diens sur les activités du
de se présenter chacun son tour. Le plus, après avoir consta- jour, la discussion changea
té que ça manquait de piquant, a été de nous demander de vite de bord pour passer à
rajouter un super pouvoir qui convient à notre personnalité. une pièce de théâtre sur
Plein de bonne volonté, chacun s’est plié à l’exercice : télé- un thème plutôt inhabi-
pathie, vol… voilà qui devenait plus créatif ! Le deuxième tuel.
exercice demandait plus de concentration. Mathilde nous a
La responsable, c’est Ma-
distribué plusieurs images de différents thèmes : après avoir
thilde Souchaud, comé-
choisi une qui nous représentait le plus, il fallait développer
dienne de la compagnie
une histoire en notant nom, prénom, ville de naissance, mu-
Studio Monstre, qui nous a présenté un monologue plu-
sique, super pouvoir … Ensuite, chaque personne a raconté
tôt « décapant ». Le thème abordé au début parlait de la
l’histoire de son super héros au groupe. La diversité était
pauvreté dans le monde, puis des façons qu’il y aurait de
bien présente et la personnalité de chacun aussi. Magique !
trouver des solutions. Et la meilleure des solutions ?
Farah B.
Manger des enfants ? Cette idée farfelue, Mathilde la
développe à l'aide d'une valise comportant par exemple
un graphique qui permet de comparer les moyens qu'elle
pourrait utiliser : la chasse ou les abattoirs ? Un chef
d’œuvre d’humour noire. Cette pièce offre les clefs pour
réfléchir à deux sujets en particulier. Le premier étant la
pauvreté en France, puis également sur le fait que l'on
mange peut être trop de viande comparé aux siècles
derniers. À la fin du spectacle, elle dévoile l’auteur du
texte, Jonathan Swift, dans La Modeste Proposi-
tion, un texte de 1729 ! Étonnant !
Marie P.
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f visu e ls Chargée de com
expo qui allie : « Le vent en poulpe », on le sait mainte-
nant, c’est un évènement qui rassemble
sérigraphie, pho- un nombre important de lycéens et comé-
diens. Mais tout cela est aussi dû, un peu,
to et théâtre… au travail de Ludivine Herbreteau qui est
Théophile Sclavis, comédien, en charge de la communication de cette
animateur de troupe, est un rencontre.
homme à tout faire. Il est un

L
des artisans de l’expo invitée udivine, c’est une stagiaire des Trois T. car elle partage les tâches avec ses col-
Pour cet événement, elle est en charge lègues.
au « Vent En Poulpe » 2019.
de la communication. C’est elle qui a Si, par exemple, elle ne prend pas de pho-
Récit. suivi, par exemple, l’histoire du visuel : un tos de scènes, elle va accueillir les gens…
« Le point de départ de l’exposi- poulpe dessiné par Lili Gache, une ly- La plupart des photos seront diffusées sur
tion, c’est un spectacle qui se céenne d’Édouard Branly de la classe les réseaux sociaux pour que le maximum
nomme Mon Bras. C’est mon T.M.A.C.V. Elle raconte qu’un mois entier a de personne prennent connaissance de
spectacle autobiographique », été consacré au dessin, avec ses cama- l’évènement et aussi pour en garder une
raconte-t-il. « Le personnage a rades, pour réaliser tous les projets parmi trace. L’autre partie pourra éventuelle-
passé 20 ans avec le bras en l’air lesquels celui de Lili a été retenu. La parti- ment être diffusée vers la presse. Ludivine
jusqu’à sa mort ». Et après ça, cularité de cette fois, c’est que c’est la pre- est très satisfaite de cette rencontre. De
sur cette base, il a travaillé avec mière fois depuis quatre ans qu’un plus, pour elle, cet évènement permet
une classe de première du lycée travail a été effectué pour faire non seulement de faire des ren-
Branly en atelier théâtre et sur connaître aux yeux du grand public, contres mais aussi de s’ouvrir à de
l’autoportrait. Ce projet avait la rencontre. nouvelles passions, de nouvelles
comme concept de réfléchir sur Elle ne se sent pas « débordée » cultures… Joaquim
comment se présenter, sans
dire son vrai prénom mais être
soi et inventer un peu sa façon
de se voir. « Moi par exemple,
je suis le gamin au bras », ex-
Une comédienne qui attire l’attention
plique-t-il. Mais il y en a
d’autres : « Fabien, c’est je Mathilde Martinage fait partie de la
marche sur un seul pied ». Ou compagnie Studio Monstre. Parcours.
encore « Je m’appelle Tibault et

M
je ne cligne jamais des yeux ». athilde Martinage comédienne et
Alors, il fallait voir comment animatrice d’atelier, nous raconte son
inventer une identité à partir de parcours. Après avoir fait un bac litté-
ça. Ensuite, avec l’école d’arts raire, elle poursuit ses études dans une fac
plastiques de Châtelle- de cinéma et en même temps, dans une
rault, ils fac d’anglais et dans un conservatoire !
ont réalisé Après, elle fait une école de théâtre. Au
une série bout d’un an et demi, elle est prise dans
de sérigra- une école nationale a Lyon « École Natio-
phies, nal Supérieur d’ Art et de Théâtre » où elle
donc passe 3ans en formation. Ensuite, elle est
d’autopor- partie à Paris pour plus progresser « Et
traits, avec maintenant Je vis entre Paris et la Bre-
deux séri- tagne » .Mathilde nous confie « Mon mé-
graphies tier, c’est trop cool, c’est un métier de li-
chacun qu’ils ont berté mais quand même parfois stres-
signées de leur nom d’artiste, sant ».
qu’ils ont exposées. Ils ont été Animer un atelier
suivis par la classe photo de Mathilde Martinage est aussi animatrice
l’école d’arts plastiques qui a d’un atelier pour ces rencontres. « Ça s’est très bien passé. J’ai trouvé les jeunes,
fait un reportage des ateliers. vifs et engagés. ». Surtout, très sûrs d’eux. Ce qu’elle attend d’un atelier, c’est
Photos présentées maintenant un moment de partage avec une autre génération, deux heures de partage d’his-
à l’exposition. toires, d’imagination et de créativité. « Je partage une activité que j’aime bien
Emma B. faire ». Car elle aime bien faire des projets avec les autres… L’essentiel c’est
d’avoir toujours un projet. Farah B.

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f cou l isse s Histoire d’un poulpe
En tête de l’affiche… Les rencontres théâtrales lycéennes,
cette année ont trouvé un nom :
Lili Gaches est élève de terminale au lycée « Le vent en Poulpe ».
Branly de Châtellerault. C‘est elle qui a créé Tout cela est né d’une carte postale re-
çue d’une troupe, du sud de la France.
le nouveau visuel « Le vent en poulpe »
Elle osait ce jeu de mots, ça a plu à Vin-
pour les rencontre de théâtre lycéen. Elle cent Olivier, secrétaire général des
nous a parlé de ses ressentis, ses ambitions « 3T ». Poulpe, parce qu’un lycéen, c’est
et... de sa superbe affiche. mou. Vent en Poulpe, parce que ces
journées fixent un cap, donnent de

L
e projet de l’affiche est un projet l’élan… Qu’en pensent les participants ?
de classe où chaque élève a fait
une affiche pour les 3T. Il faut dire « Au début, on n’a pas trop compris ! »
que Lili est élève de la section Artisa- disent ces lycéens de l’option Berthelot.
nat et Métiers d’art option Communi- « Puis Vincent a expliqué. Il a dit que
cation Visuelle à Branly et cet exercice c’était un bon sujet à dessiner et c’est
est un bon terrain d’entraînement. vrai que l’affiche est belle. Et puis, c’est
Elle n’avait donc pas vraiment le choix. un jeu de mots. Et puis, ça représente
Au départ, ils n’avaient aucune direc- partir. Comme l’information du chan- les ados, ressentis comme des mol-
tive par rapport au nom et au thème. gement de nom est venu un peu tard, lusques. Avec les rencontres, ils peuvent
« On savait juste que c’était de cela a encore plus compliqué la tâche. se dévergonder. »
théâtre dont il était question. » Cha- Lili Gaches est très contente d’avoir D’autres tentent des hypothèses : « Moi,
cun partait dans des sens différents. travaillé avec les 3T, elle est fière du je pense que les tentacules, c’est pour
Lili avait choisi le nom « théâtro » mais rendu de son affiche mais aussi des représenter le nombre d’activités et de
les 3T sont revenus vers eux pour leur affiches faites par les camarades de sa spectacles sur les deux journées. »
dire que ça avait changé de nom, classe D’autres enfin, font dans la critique.
qu’ils devaient composer un visuel Ses projets « C’est sympa, original, j’aime bien ! » ;
pour « Le vent en poulpe ». Ils sont ou encore : « L’affiche est bien mais je ne
« Passer le bac, c’est déjà un bon pro- comprends rien au nom. » ; ou : « J’ai cru
donc tous partis sur l’idée du poulpe. jet » dit-elle en rigolant. L’univers du que c’était une blague et j’ai réagi en
« Fière de ce que j’ai fait spectacle l’a toujours beaucoup inté- « ha ! Ha ! Ha ! ». Puis j’ai fait une après-
La gagnante du concours est très con- ressée mais plus pour des décors. Ses midi « brainstorming » et j’ai trouvé
tente du résultat : « c’est toujours très études sont donc plus dans le do- d’autres noms comme « A l’abordage !»
gratifiant de voir quelque chose qu’on maine du spectacle : « Faire de la mu- puis j’ai vu l’affiche et j’ai été convain-
fait qui est exposé ». Au départ, elle a sique, tout ce qui est dans l’art. » cu ».
eu beaucoup de difficultés, elle avait Maëlys D Bon, de toute façon, on n’a plus le choix,
du mal à faire quelque chose qu’elle « Le vent en Poulpe », c’est le nom défi-
aimait. Elle ne savait pas trop sur quoi nitif et il existera tant que ces rencontres
existeront. Espérons pour longtemps.
Photos ©K’eskon attend Février 2019. Imprimé à 200 exemplaires par les 3T de Propos recueillis par Suzanne.
Châtellerault. ISSN : 2107-5190 Collège René Descartes, 98 bd Blossac, 86 106 Châtelle-
rault. Directeurs de publication : Jacques Arfeuillère et Séverine Lenhard

Journalistes : Jasmine Ahmed


Moustafa, Farah Belarbi, Emma
Besnault Jolly, Matis Billard, Ma-
non Bonneau, Emilie Brard, Hugo
Bruneau, Thylane Cornuau, Joa-
quim Da Graca, Maëlys Delaunay,
Loubna Derouiche, Margot Gril-
let, Rémi Joly, Baptiste Lac, Alice
Milotic, Esther N’Na Assoughe,
Louisa Noiret, Ulysse Polvet, Sa-
lomé Poupeau, Marie Puchaud,
Mathias Rabier, Solène Raffoux,
Yoni Rivault, Robin Kim, Pablo
Rolland Achmet, Anaëlle Sivault,
Kélia Touzalin et Suzanna G.

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