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Le « droit de la race ». Apprendre l’antisémitisme à la faculté de droit de... http://www.cliothemis.

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SILVIA FALCONIERI

Le « droit de la race ». Apprendre l’antisémitisme à la faculté de


droit de Paris (1940-1944)

Résumé :

Dans la France de Vichy, la nouvelle condition juridique de juif, introduite par le Statut du 3 octobre
1940, dévient soudain objet d’étude de la part des spécialistes du droit et entre de manière
impérieuse dans le monde de l’enseignement. De quelle manière s’articule le binôme race-droit dans
les pratiques quotidiennes de l’enseignement au sein des facultés juridiques françaises ? Quel a été le
rôle joué par la transmission du droit antisémite dans le processus d’accoutumance des spécialistes
du droit à la nouvelle qualification raciale ?
Focalisée sur la faculté de droit de Paris pendant les années sombres de l’Occupation allemande, cette
étude se propose d’apporter des bribes de réponses à ces questionnements, en essayant de saisir le
degré d’implication des professeurs et des étudiants dans le nouveau régime et dans l’application des
mesures visant à exclure les fonctionnaires et les étudiants « regardés comme juifs » ; de déterminer
la place accordée au Statut des juifs dans la formation des jeunes juristes français des années 1940 et
de mesurer la participation de la faculté au processus de métabolisation du droit antisémite.

Abstract :

In Vichy France, the Jewish new legal status, introduced by the Statute of 3rd October 1940, suddenly
becomes an object of study for scholars in law, reaches and frames education. How are the twin
themes of race and law structured in daily teaching practices within Law French faculties ? What has
been the role played by the transmission of anti-Semitic Law in the habituation process of Law
scholars with respect to the new racial qualification ?
Focused on Paris Law Faculty during the dark years of German occupation, this study aims at providing
some answers to these questions by trying to grasp the degree of involvement of faculty and students
in the new regime and in the implementation of the policy whose purpose was to exclude staff and
students “regarded as Jews”. Moreover, we shall enquire into the role given to the Jews Statute in the
training of young French lawyers during the 1940s and the participation of the faculty in the
metabolisation process of anti-Semitic Law.

Mots clés : facultés de droit ; enseignement ; Statut des juifs ; race ; Vichy ; politiques d’exclusion.

Remerciements : Je remercie la Ville de Paris qui a financé ce travail dans le cadre du programme de
soutien à la recherche sur l’antisémitisme et la xénophobie (année 2011), ainsi que le Centre d’Étude
des Normes Juridiques-« Yan Thomas » (École des Hautes Études en Sciences Sociales de Paris) pour
lui avoir assuré le support scientifique nécessaire.

Prémisse

1. Alors même que le Statut des juifs [1] ne reste en vigueur que durant une courte
période, une partie des juristes français se consacre à l’intégration de la nouvelle
qualité de juif au sein du système juridique. Certains d’entre eux n’hésitent pas à
considérer le droit antisémite comme une « nouvelle branche » du droit et s’efforcent
de le concilier avec le principe d’égalité de tradition républicaine [2]. Des
monographies et des ouvrages de vulgarisation sur la nouvelle législation voient le

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jour [3] ; les commentaires aux lois du 3 octobre 1940 et du 2 juin 1941 trouvent leur
place dans les revues juridiques traditionnelles et le mot juif apparaît régulièrement
dans les tables des matières de ces périodiques [4]. Dans le même temps, le Statut des
juifs entre de manière impérieuse dans le monde de l’enseignement du droit. D’un
côté, l’organisation des cours se voit bouleversée en raison de l’exclusion des
fonctionnaires et des étudiants qui tombent sous le coup de la loi. Le travail pionnier
de Claude Singer a mis l’accent sur la rigidité qui a présidé à la mise en place des
mesures d’exclusion dans les universités françaises [5]. D’autre part, les cours qui ont
lieu accordent une place au « droit nouveau » de Vichy et aux conséquences juridiques
découlant de l’introduction des lois d’exception [6].

2. De quelle manière s’articule le binôme race-droit dans les pratiques quotidiennes


de l’enseignement au sein des facultés juridiques françaises ? Quel a été le rôle joué
par la transmission du droit antisémite dans le processus d’accoutumance des
spécialistes du droit à la nouvelle qualification raciale ?

3. Focalisée sur la faculté de droit de Paris pendant les années sombres de


l’Occupation allemande, cette étude se propose d’apporter des bribes de réponses à
ces questionnements, en essayant de saisir le degré d’implication des professeurs et
des étudiants dans le nouveau régime et dans l’application des mesures visant à
exclure les fonctionnaires et les étudiants « regardés comme juifs » [7] ; de déterminer
la place accordée au Statut des juifs dans la formation des jeunes juristes français des
années 1940 et de mesurer la participation de la faculté au processus de
métabolisation du droit antisémite.

I. Le régime de Vichy au sein de la faculté de droit de Paris

4. Le rapport entre les juristes et le gouvernement de Vichy demeure un sujet très


délicat, difficile à cerner, qui demande aux chercheurs d’abandonner l’idée rassurante
de parvenir à répertorier de manière claire et nette les attitudes individuelles des
spécialistes du droit à l’égard du système juridico-institutionnel sorti de juillet 1940.
En mettant en exergue les ambiguïtés et les contradictions multiples des juristes
durant les années sombres, l’historiographie juridique la plus récente appelle à
focaliser l’attention sur les « zone grises » de la culture juridique sous Vichy, en
analysant minutieusement les continuités et les fractures entre la période républicaine
et celle du régime instauré par Pétain. Dans ce panorama complexe, les facultés de
droit continuent leur activité, partagées entre la sauvegarde de leur autonomie et
l’obéissance au nouveau gouvernement [8].

5. Dans un témoignage apporté par le professeur émérite Philippe Malaurie, étudiant à


l’époque de l’Occupation allemande, « les horreurs de la guerre » se situent loin de « la
sérénité de la faculté » parisienne de droit, décrite comme « un petit monde à part,
ayant réussi à s’isoler en ignorant les misères du temps » [9]. Les professeurs y
poursuivent leur « mission » sans se laisser emporter par les bouleversements sociaux,

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politiques et juridico-institutionnels [10]. Cette vision édulcorée d’un lieu presque


sacré rend sans doute compte des efforts déployés à la faculté afin de mettre des
bornes aux séismes que l’armistice et les actes constitutionnels de juillet 1940
risquent de produire dans le temple de l’enseignement du droit. Les compromis avec
les autorités occupantes, la tentative de concilier la stabilité de l’enseignement avec les
engagements des professeurs dans la politique du nouveau gouvernement, les artifices
rhétoriques utilisés pour dissimuler le caractère déchirant des lois d’exception sont
autant d’éléments qui témoignent de la tension constante et du désir de maîtrise qui
parcourent la vie de la faculté entre 1940 et 1944.

6. À compter de la rentrée universitaire 1940-41, la faculté ne se lasse pas de féliciter


les professeurs qui ont pris place aux premiers rangs du gouvernement du maréchal
Pétain [11]. Nombreux, ils occupent des charges importantes : le doyen, Georges
Ripert [12], est nommé secrétaire à l’Instruction publique et à la jeunesse le 6
septembre 1940 ; Gilbert Gidel devient le « premier Recteur de l’Université de Paris »
de la « France nouvelle » ; Joseph Barthélémy devient Garde des Sceaux ; Joseph Hamel
est directeur du cabinet de Georges Ripert ; Achille Mestre est chargé de mission à
Vichy ; Jules Basdevant est conseiller du Ministre des Affaires étrangères, avant de
démissionner en mai 1941 ; d’autres professeurs parisiens rejoignent le Conseil
national, la Cour suprême de justice, la commission de la Constitution [13]. Dans les
discours officiels, prononcés à l’occasion des rentrées universitaires et des cérémonies
de remise de prix aux lauréats des concours annuels de licence et de thèse, ces
nominations sont constamment évoquées parmi les « sujets de fierté » [14] et le
dévouement de la faculté au nouveau gouvernement de la France ne cesse d’être
réaffirmé.

7. Les étudiants de droit, de leur côté, semblent offrir leur soutien au régime. Ils sont
parmi les plus nombreux à demander de participer à la délégation de la zone occupée
qui, en mars 1942, est chargée de rendre hommage au maréchal Pétain à Vichy. Leurs
demandes de participation dépassent largement les dix places que le rectorat a
réservées à la faculté juridique [15].

8. Cette implication dans la politique du nouveau gouvernement s’accompagne d’une


réflexion sur le rôle du juriste au sein du nouvel ordre politico-institutionnel né après
juillet 1940 et, par conséquent, sur la fonction que les facultés juridiques doivent
remplir dans une période de « révolution » [16].

A. Un nouveau rôle pour le juriste

9. Tout au long des années universitaires 1940-1944, la question des responsabilités


et des engagements des hommes de droit dans la vie politico-institutionnelle du pays
est à l’ordre du jour des discours de rentrée et de remise des prix [17]. L’appel à
contribuer à l’édification d’un « ordre nouveau », qui viendrait remplacer les anciennes
institutions, ne cesse d’être lancé aux étudiants, surtout aux « nouvelles élites » qui,

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se distinguant par leur acharnement au travail, se devront de prendre part à l’œuvre de


construction de la « France nouvelle ».

10. Si le service de la France doit donc représenter une priorité pour les juristes, les
facultés de droit participent à « l’œuvre de restauration nationale », en forgeant « par
l’étude de l’histoire, de l’économie et du droit des esprits capables de créer du
nouveau » [18]. Formés à l’effort intellectuel et physique, les étudiants seront préparés
à mieux servir la révolution et à bâtir le nouvel ordre juridique français. La tâche
conférée aux professeurs n’est pas aisée. D’un côté ils doivent se charger de la
formation de juristes capables de réfléchir aux institutions anciennes et naissantes, de
faire le tri entre la « brassée de lois, décrets, arrêtés » en séparant « ce qui est bois de
charpente solide des tiges trop frêles » [19]. D’autre part – et le doyen Ripert ne
manque pas d’insister sur ce point lors de ses prises de parole – ils se voient
confrontés à l’enseignement d’un droit fort changeant et instable.

11. Des propositions de réformes de la licence et du doctorat sont avancées, afin de


rendre plus sérieuses les études juridiques et de mieux préparer les juristes aux
carrières administratives [20]. Le rapport entre la recherche et la pratique figure parmi
les soucis principaux de Ripert. Suivant la perspective du doyen, lors d’une période
révolutionnaire, les facultés de droit ne peuvent plus poursuivre de recherches pures,
puisque « si la vie sociale est troublée c’est l’objet même de leurs études qui est en
question » [21]. Réactualisant un débat qui remonte à la deuxième moitié du XIXe
siècle [22], Ripert revient sur la place que la faculté de droit doit accorder à des
activités différentes du cours magistral. La préparation à l’exercice des professions et à
l’accès aux administrations prime sur une étude exclusivement théorique. À côté des
cours traditionnels, des « tâches nouvelles » sont ainsi réclamées, dans la conviction
que les examens ordinaires ne suffisent plus à assurer la formation des jeunes juristes.
La loi du 30 octobre 1940 [23], introduisant dans les facultés de droit les conférences
de licence et les travaux pratiques obligatoires, est accueillie avec enthousiasme,
comme « le couronnement heureux d’une évolution dans les méthodes
d’enseignement » [24].

12. Les difficultés de l’enseignement du droit sont également liées aux changements
rapides du droit français, ainsi qu’au caractère imparfait des textes de lois rédigés par
le gouvernement de Vichy. En attirant l’attention des étudiants et des professeurs sur
cet aspect, Ripert dévoile sa crainte que ces nouveaux textes ne portent atteinte à la
valeur éducative de l’enseignement du droit [25]. Le caractère instable du droit des
années 1940 entraîne des difficultés dans l’organisation pratique des cours, en
demandant une adaptation constante de la part du professeur qui « est obligé de
modifier au cours du second semestre ce qu’il a dit au premier » [26]. Les professeurs
parisiens ne cachent pas leur embarras et, souvent, l’ouverture des cours est
l’occasion de donner quelques précisions à propos de leur rôle et de leur
enseignement. Il s’agit par exemple du cas de Léon Julliot de la Morandière [27] qui,

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dans l’introduction à son cours de droit civil de l’année 1941-1942, avoue à ses
étudiants ses propres difficultés, en s’exprimant en ces termes : « Le Droit français est
en pleine évolution, on peut même dire en pleine “révolution”, aussi ce que l’on
enseigne est-il le Droit de la minute présente et ne sera peut-être plus celui des jours
à venir. Le rôle du professeur est donc de dire quel est le Droit actuel, en indiquant à
ses auditeurs les sens dans lesquels se produit l’évolution » [28].

B. L’impact de l’Occupation sur la régularité des cours et sur la liberté


d’enseignement

13. La régularité des cours et la liberté de l’enseignement se voient menacées non


seulement par la participation au gouvernement de Vichy et par sa législation, mais
aussi par les manifestations et les protestations des étudiants contre l’autorité
occupante, ainsi que par la présence du contrôle allemand au sein même de la faculté.

14. Au lendemain de l’armistice, la reprise des cours universitaires s’avère compliquée


pour les étudiants parisiens. Après la manifestation du 11 novembre 1940 aux
Champs-Élysées, les universités sont fermées sur ordre du commandant militaire
allemand jusqu’au 20 décembre 1940 [29]. Des manifestations et des actes de
protestation s’ensuivent dans le cinquième arrondissement. Si l’on s’en tient aux listes
des arrestations fournies au rectorat de Paris par la préfecture de police, les étudiants
de droit sont fortement impliqués [30].

15. Les études qui ont interrogé l’engagement des juristes français dans la France du
XXe siècle ont insisté sur le barrage que les professeurs parisiens ont élevé face aux
ingérences de l’autorité occupante dans la faculté, ainsi que sur l’absence d’intérêt des
occupants à l’égard de la gestion et du fonctionnement des universités. Le contrôle
exercé par l’autorité allemande s’avère néanmoins assez pénétrant lorsqu’il s’agit de
préserver l’ordre public établi après l’armistice [31]. Dans ce cas, il peut s’étendre au
déroulement des cours, à leur contenu, aux ouvrages disponibles dans la
bibliothèque [32].

16. En décembre 1940, le cas de Jules Basdevant [33], professeur de droit des gens,
inquiète le ministère de l’Éducation Nationale. Le professeur est accusé par l’autorité
occupante « d’avoir usé de paroles sévères et partiales » [34] à l’égard de l’Allemagne
lors du discours d’ouverture de son cours, tenu le 18 novembre 1941. Dans le cours
incriminé, Basdevant s’interroge sur le sens du droit international, constamment mis
en échec par la violation répétée des traités internationaux et par la tendance de
certains pays à conquérir le pouvoir par des moyens de fait. Après avoir posé à ses
étudiants cette question provocatrice, Basdevant saisit l’occasion pour donner une
leçon magistrale sur le rôle et sur les aptitudes du spécialiste de droit international,
qui doit être à même de distinguer une violation manifeste du droit d’un changement
radical des règles. Le professeur n’hésite pas à donner son point de vue sur les
modifications introduites pendant les années 1940. En se déclarant sceptique à l’égard

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de la subversion totale que le fascisme et le national-socialisme se proposent de


réaliser au niveau de l’ordre juridique international, Basdevant incite les étudiants à
réagir contre toute violation.

17. Pour le recteur de l’époque, Gidel, Basdevant « a, pour le moins, manqué de
prudence, tant dans le choix de son sujet – le passage de l’état de guerre à l’état de
paix – que dans celui de certains exemples empruntés à la toute dernière période de
notre histoire » [35]. Par ses commentaires oraux, le professeur, sans même le vouloir,
aurait bien pu « éveiller des échos divers et contradictoires dans l’esprit et le cœur
d’une jeunesse prompte à s’émouvoir dans des sens divers au milieu des circonstances
actuelles » [36]. L’affaire est rendue plus compliquée par le fait que Basdevant est une
cible facile des occupants, en raison de ses rapports avec le gouvernement de
Vichy [37]. Il est évident que les autorités allemandes n’ont pas le moindre intérêt à ce
que le professeur continue son enseignement. Lors d’un entretien qui a lieu le 15
décembre 1941, le commandant des forces militaires en France, Stülpnagel, incite le
recteur de l’université de Paris à exercer une action constante de contrôle sur les
enseignants. Basdevant fait évidemment partie de ces professeurs de la Sorbonne « qui
cherchent à fomenter le désordre ». Gidel rassure le commandant allemand : en qualité
de professeur de droit international et d’ancien lieutenant-colonel d’infanterie, il est
bien au fait des « égards légitimement dus à une armée d’occupation victorieuse ». Le
recteur promet qu’il « usera de toute son énergie pour que les droits de cette armée
soient respectés, et que l’ordre ne soit pas troublé » [38]. Face aux autorités
allemandes, le recteur admet donc que « M. Basdevant a prononcé des paroles
attentatoires aux droits de la Puissance occupante », en manquant aux devoirs de sa
fonction. Plutôt que de faire référence à ses compétences scientifiques, Gidel explique
cette attitude en évoquant la vie privée de Basdevant et les épreuves auxquelles sa
famille a dû se confronter lors de la guerre, au point que le chef de la section Schule
und Kultur, Rilke, finit par admettre que « le poids de la destinée est bien lourd pour
ce père » [39]. Par crainte de rétorsions à l’égard de toute la Sorbonne, le recteur
décide enfin de l’ouverture d’une enquête et envisage l’éloignement de Basdevant de
l’Académie de Paris.

18. D’autres épisodes témoignent des désordres et du contrôle exercé sur le


déroulement comme sur le contenu des cours. En 1941, c’est le cours de Barthélemy
qui retient l’attention du rectorat. Les propos et la participation du professeur au
gouvernement de Vichy ne manquent pas de soulever le mécontentement d’une partie
de ses étudiants qui, l’accusant de s’être vendu aux autorités occupantes, l’agressent
lors des séances. En 1941, aux cris de « vendu, assassin », Barthélemy est entouré
d’un drapeau allemand. Deux mois plus tard, il est envoyé dans un coin de la salle de
cours, face au mur, une croix gammée dessinée dans le dos [40]. Barthélemy est obligé
d’interrompre son cours et les incidents sont tout de suite signalés au rectorat et à
l’autorité occupante [41].

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II. Légalisme et respect des procédures. Les fonctionnaires et les étudiants


« regardés comme juifs »

19. À partir de l’automne 1940, la faculté de droit se voit confrontée à l’application de


la loi portant Statut des juifs. Conformément à ce que l’article 2 établit, les professeurs
juifs sont suspendus de la fonction publique. La loi du 21 juin 1941 introduit le
numerus clausus pour limiter les inscriptions des étudiants juifs.

20. Le 21 octobre 1940, une circulaire signée par Ripert est adressée aux inspecteurs
et aux recteurs des Académies françaises. Le secrétaire d’État demande de donner
exécution aux prescriptions de la loi, en faisant l’état général des fonctionnaires « qui,
de notoriété publique » ou à la « connaissance personnelle » des recteurs et des
inspecteurs d’académie doivent être regardés comme juifs [42]. La circulaire prend
également le soin de préciser ce qu’il faut entendre par corps enseignant [43] : « Les
fonctionnaires qui, étant par leur activité professionnelle en contact régulier avec des
élèves ou des étudiants, exercent sur eux une action immédiate » et « les
fonctionnaires qui, du fait de leurs attributions de contrôle des maîtres, exercent une
action sur l’enseignement et indirectement sur les élèves » [44]. Le Statut des juifs est
explicité dans ses moindres détails, toute exception prévue étant considérée. Aux fins
de l’application de l’article 8, qui dispose que par décret individuel motivé pris par le
Conseil d’État les juifs ayant rendu à l’état français « des services exceptionnels » dans
les domaines scientifiques, artistiques ou littéraires soient relevés des interdictions, les
recteurs et les inspecteurs doivent tâcher d’indiquer les fonctionnaires susceptibles de
bénéficier de cette exemption.

21. Comme tout établissement de l’enseignement supérieur, la faculté de droit de


Paris est sollicitée à maintes reprises par le Ministère et par le recteur de l’Académie de
Paris pour qu’elle fournisse les noms des fonctionnaires qui tombent sous le coup du
Statut des juifs. Le procès-verbal de l’assemblée de la faculté du jeudi 10 octobre
1940 fait mention des professeurs « malheureusement atteints par une réglementation
nouvelle » [45] : il s’agit d’Albert Aftalion, de William Oualid et d’Henri Lévy-Bruhl [46].
À leurs côtés, Henri-Léon Lévy-Ullmann qui quitte la faculté pour avoir atteint l’âge de
la retraite, René Cassin qui est à Londres et Roger Picard qui se trouve en mission aux
Etats-Unis [47]. La date du relèvement des fonctions des professeurs juifs est fixée au
20 décembre 1940 par une circulaire du secrétaire d’État à l’Instruction publique. Les
déclarations du doyen et les états récapitulatifs du personnel juif se suivent tout au
long de 1940 et de 1941 [48]. Juste après la promulgation de la loi du 3 octobre 1940,
une liste, établie par Ripert et envoyée à Vichy, fait état du personnel de la faculté de
droit de Paris. Parmi les « Israélites », Aftalion, Oualid, Lévy-Bruhl [49], Lévy-Ullmann.
Picard et Cassin sont mentionnés à part. Le 14 novembre 1940, l’assesseur du doyen,
Gidel, répond à la circulaire adressée par le Ministre de l’Éducation nationale, en
dressant la liste des fonctionnaires juifs appartenant au corps enseignant de la faculté.
Sur la liste, qui sera envoyée le 22 mars 1941, après une nouvelle sollicitation, les

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noms suivants figurent : Aftalion, « naturalisé Français et de race juive », Oualid et


Lévy-Bruhl, « de race juive ». En avril 1941, Ripert déclare ne pas avoir pu contacter
Aftalion, Oualid et Lévy-Bruhl et fournit au recteur de l’Académie de Paris les
informations dont il dispose pour que les trois professeurs puissent être mis au
courant et faire valoir leurs droits à la retraite [50].

22. Les recteurs d’académie sont à nouveau sollicités par le Ministère après la
promulgation de la loi du 2 juin 1941 qui, modifiant la définition de « juif », est
susceptible d’élargir le champ d’application des mesures raciales [51]. Le doyen de la
faculté de droit continue de répondre promptement. Le 2 août 1941, Ripert signale
Picard. En rappelant que ce professeur demeure absent à cause d’une peine
disciplinaire de deux ans de suspension, il n’hésite pas à préciser que, « d’après la
renommée publique », marié à une chrétienne et n’adhérant à aucune confession
reconnue par l’État, Picard a un père juif et deux grands-parents paternels qui sont
juifs. Des informations qui cependant n’ont pas pu faire l’objet de vérification de la
part du doyen, en raison de l’absence de Picard de France. La liste est complétée par le
nom de Bassa, commis au secrétariat de la faculté [52]. Des informations
supplémentaires sur les professeurs parisiens qui tombent sous le coup du Statut des
juifs sont fournies le 19 avril 1941, toujours par Ripert qui se soucie de faire connaître
au Ministère les noms des professeurs qui, se trouvant en zone libre, n’ont pas repris
leurs fonctions [53].

23. D’après les échanges entre la faculté de droit de Paris, le Rectorat et le Ministère
de l’Éducation Nationale – dont la reconstruction n’est pas du tout aisée en raison du
caractère très dispersé des documents – les registres des assemblées de la faculté, les
dossiers de carrière des enseignants qui tombent sous le coup de la loi [54],
l’application des lois raciales à la faculté de droit de Paris semble inspirée par un
légalisme et un respect scrupuleux des procédures et des ordres donnés. Tout en
déclarant regretter la perte des collègues tombés sous le coup du Statut des juifs, la
faculté renonce à toute prise de position officielle vis-à-vis de la nouvelle politique
d’exclusion. Lorsqu’en 1943 Ripert annonce la mort d’Oualid, tout en évoquant les lois
antijuives [55], il n’exprime aucun mépris général, mais se limite à affirmer que de
telles mesures n’auraient pas dû frapper des gens de l’envergure d’Oualid, mis à la
retraite de façon anticipée le 26 décembre 1940 [56].

24. Les professeurs préfèrent plutôt se mobiliser pour la défense de leurs collègues au
cas par cas, en se souciant de ne pas sortir du cadre de la loi. Dans cette perspective,
des démarches sont entamées pour faire en sorte que les mérites et les services
rendus à la nation française par les professeurs d’origine juive soient pris en compte à
des fins de relèvement de l’application du statut. En mai 1941, le doyen envoie une
lettre au Secrétaire d’État à la Jeunesse, afin d’attirer son attention sur les cas de
Oualid et de Lévy-Bruhl pour les services de guerre qu’ils ont rendus à la France [57].
Au moment où les professeurs d’économie politique annoncent vouloir formuler une

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adresse au Ministère en faveur de leur collègue Aftalion, l’assesseur du doyen, Gidel,


s’empresse de déclarer que « la Faculté ne peut prendre part d’une façon publique à
cette manifestation, elle y applaudit et s’y associe du fond du cœur, avec l’espoir
qu’elle pourra influer sur la procédure en cours » [58].

25. Parmi les différents parcours d’exclusion des professeurs parisiens de droit,
l’expérience d’Aftalion est assez particulière et exemplaire du légalisme dont la faculté
de droit fait preuve dans la mise en œuvre des lois du 3 octobre 1940 et du 2 juin
1941. Né en Bulgarie et naturalisé français par décret du 31 décembre 1897, Aftalion
tombe en même temps sous le coup du Statut des juifs et de la loi du 17 juillet
1940 [59], concernant l’accès à la fonction publique des fils d’étrangers [60]. En
faisant appel à l’article 8 du statut du 3 octobre 1940 et à l’article 1 de la loi du 14
août 1940 [61], le professeur d’économie politique sollicite le relèvement des
déchéances, opposant ses mérites scientifiques [62]. Ses demandes sont soutenues
par certains de ses collègues, sans que pour autant la faculté ne prenne officiellement
position. La souscription envoyée au Ministère par les professeurs d’économie
politique n’est signée qu’à titre individuel par cinq professeurs [63]. L’assesseur du
doyen supporte également la demande d’Aftalion, en témoignant de la « valeur
exceptionnelle » de son œuvre scientifique [64].

26. La même rigidité, au moins dans le respect des formes et des procédures, semble
inspirer l’application du numerus clausus aux étudiants, malheureusement plus
difficile à cerner en raison du caractère très lacunaire des sources. À l’ouverture de
l’Assemblée de la faculté de droit du 28 juin 1941, le président Ripert donne lecture de
la loi du 21 juin 1941« réglant les conditions d’admission des étudiants juifs dans les
établissements d’enseignement supérieur » [65]. À partir de l’année 1941-1942, les
étudiants d’origine juive ne seront admis aux études en droit qu’en raison de 3% des
élèves inscrits dans la faculté pendant l’année précédente. Une commission de cinq
professeurs, nommée par le doyen de la faculté, sera chargée de procéder à l’examen
des demandes des étudiants juifs désirant s’inscrire en droit à Paris, avant le 15
septembre. Les nominations ne se font qu’au cours de l’Assemblée du 15 octobre. La
présidence est confiée à René Morel ; Henri Donnedieu de Vabres, René Maunier,
Georges Scelle et Granclaude intègrent la commission [66]. Le doyen tient à rappeler
que bien que les demandes déposées n’atteignent pas la limite prévue par la loi [67],
la commission doit préalablement évaluer tout dossier et qu’aucune inscription n’est
possible avant son avis. L’affichage au bureau du secrétariat le rappellerait aux
étudiants.

27. Les questions concernant l’application du Statut des juifs semblent assez claires. À
la différence de ce qui se passe pour les facultés de médecine, de pharmacie ou encore
pour l’ENS [68], dans les documents d’archives compulsés, aucune trace n’est gardée
de controverses concernant le calcul du numerus clausus, ni de demandes d’admission
ou d’appels des étudiants en droit au rectorat. Lorsque les pertes des étudiants sont

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évoquées dans les rapports annuels d’activité et dans les discours tenus à l’occasion
des remises de prix, aucune distinction n’est faite entre les étudiants juifs et les autres
étudiants en captivité, tous définis comme gens « au service de la patrie », puisqu’ils
ont en tout cas « obéi à ses lois » [69].

III. L’enseignement du « droit antisémite »

28. Un rôle primordial dans la diffusion et dans l’approfondissement du Statut des


juifs est joué par l’enseignement. Il serait ici possible d’affirmer, avec Michèle Cointet,
que l’influence exercée par les professeurs de droit risque d’être « plus grande par leur
enseignement que par leur action » [70]. Les Programmes des cours des années
1940-1944, édités avec régularité, ne révèlent aucun changement bouleversant dans
l’organisation des enseignements de droit. Néanmoins certains professeurs décident
de consacrer entièrement leur cours aux nouveautés institutionnelles et législatives
introduites après 1940. Il s’agit surtout des enseignements destinés à la préparation
du Diplôme d’Études Supérieures, qui laissent une liberté majeure dans le choix du
sujet à traiter [71].

29. Dans l’analyse des cours sténographiés (de droit civil et de droit public) [72], qui
continuent d’être régulièrement imprimés [73] et qui constituent le principal
« instrument de travail » [74] des étudiants de l’époque, nous avons privilégié les
paramètres d’analyse qui suivent :

La décision des professeurs de s’arrêter sur la nouvelle condition juridique


du juif ;
La manière d’expliquer cette nouvelle condition aux étudiants. S’agit-il
d’une simple reproduction des articles des textes de lois, sans
commentaires ? Le professeur donne-t-il des détails sur la jurisprudence et
sur l’application pratique du Statut des juifs  ? Essaie-t-il d’en expliquer la
ratio legis ? Reproduit-il les stéréotypes qui circulent à l’époque sur les
juifs ? ;
La place attribuée aux nouvelles dispositions dans la table des matières ;
La présence de changements significatifs dans le choix des sujets à traiter
par rapport aux programmes des années précédentes. Ce paramètre
concerne de manière plus spécifique les cours de droit public.

A. Le droit public en équilibre entre les anciens principes et le « droit nouveau »

30. Le secteur du droit public se voit affecté de manière plus patente par les réformes
entamées par le régime de Vichy. Les professeurs parisiens ne peuvent pas éviter
d’évoquer la profondeur des bouleversements juridiques, politiques et sociaux. Le
cours de droit constitutionnel et comparé, assuré par Barthélemy en 1943-44 pour les
étudiants inscrits en DES, et se consacrant entièrement à la nouvelle Constitution de la
France, représente le summum de l’intérêt accordé au « droit nouveau ». Sans jamais

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dissimuler ni son implication dans le régime ni son point de vue sur l’état du droit
français, Barthélemy entraîne ses étudiants dans une réflexion sur les principes qui
devraient fonder la future organisation juridique [75].

31. D’autres enseignants opèrent plutôt une entorse à la répartition traditionnelle du


programme qui leur permet de ne pas avoir à se confronter au caractère mouvant du
droit public de la période de Vichy [76]. Dans son cours de troisième année de licence,
dispensé en 1940-41, Achille Mestre décide, par exemple, de ne pas aborder l’étude
des libertés individuelles, comme le programme de la troisième année de licence le
prévoirait, mais d’approfondir plutôt le régime des cultes, susceptible de fournir une
garantie plus sérieuse de stabilité par rapport « à toute autre matière de droit
public » [77]. Dans la plupart des cas, les professeurs se tirent d’embarras en
choisissant de donner un aperçu historique qui leur permet de ne consacrer au régime
contemporain que la dernière partie de leur cours. Marcel Waline [78], n’estimant pas
pertinent de centrer la totalité de son enseignement sur le droit de l’avenir, préfère
évoquer les principes fondamentaux ayant régi les institutions françaises et
s’interroger sur le caractère définitif de leur effacement. Il décide ainsi de se
concentrer sur l’étude « de ce qui existe actuellement », seulement après être passé
par un très long excursus de l’histoire constitutionnelle française qui, à bien y
regarder, finit par représenter la partie la plus consistante de son enseignement.

32. L’apprentissage du Statut des juifs dans le cours de droit public se fait ainsi à
l’intérieur de deux pôles : soit le professeur estime que le nouveau droit représente
l’objet principal d’étude pour la formation des jeunes et, par conséquent, il centre son
enseignement sur les nouveautés introduites en 1940 ; soit il considère que le droit de
Vichy ne constitue qu’une partie, plus ou moins limitée, des connaissances dont les
étudiants doivent se munir. Les étudiants de troisième année de licence et de première
année de capacité semblent davantage intéressés par l’apprentissage des mesures
frappant les juifs.

33. Les élèves de Pierre Lampué, en étudiant l’« ensemble des droits publics, des
facultés, des libertés individuelles qui appartiennent aux hommes et qui s’imposent au
respect de l’État » [79], ne prennent guère connaissance des restrictions introduites
par le Statut des juifs. Le professeur – qui garde néanmoins une attitude très ambiguë
face à l’usage juridique de la notion de race [80] – traitant du régime des cultes, parle
de la reconnaissance du culte israélite de la part de l’État sans mentionner la loi du 2
juin 1941 qui, entre temps, a fait de la religion le critère principal pour définir le juif.

34. Le Statut des juifs est en revanche pris en compte par Mestre au tout début de son
cours, dans la section relative à la garantie de la « liberté de conscience ». Trois
moyens assurent cette liberté : l’égalité absolue, indépendamment du culte ; l’aptitude
de tous les citoyens aux mêmes libertés ; la neutralité de l’État face aux croyances de
l’individu. S’inscrivant dans un long débat doctrinal et jurisprudentiel [81], le
professeur n’hésite pas à situer sur un même niveau le décret Crémieux et la nouvelle

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législation visant les juifs, en précisant :

Les personnes ne peuvent être ni favorisées ni brimées dans leurs droits


civils et politiques pour l’exercice ou le non exercice d’un culte. Ce principe
a été battu en brèche à deux reprises différentes : d’abord par le décret-loi
du 24 octobre 1870 : décret Crémieux (abrogé d’ailleurs par une loi du 7
octobre 1940), ensuite par la loi du 3 octobre 1940, portant statut des
Juifs [82].

Mestre insiste sur les incohérences multiples du législateur. Pour le professeur, « le
plus curieux de cette loi, c’est qu’elle donne une définition raciale du juif », tout en
utilisant comme critère la religion [83]. Comme il est évident qu’il n’est pas tant
question de religion que de race, la formulation choisie lui est insupportable en raison
de la rupture qu’elle introduit avec le principe de la laïcité de l’état civil. D’ailleurs dans
les cours de droit administratif des années suivantes, en rentrant davantage dans les
détails du Statut des juifs, Mestre insistera sur les difficultés que la preuve de la non-
judaïté pose aux administrations et à la jurisprudence administrative [84].

35. L’étude de l’organisation de la fonction publique – qui constitue normalement la


troisième partie du cours de droit public de première année de capacité, consacrée au
droit administratif – porte davantage les marques des nouvelles interdictions. Dans ce
cadre, les professeurs de droit public expliquent, suivant leur position et leur goût, les
restrictions imposées aux juifs et aux étrangers.

36. La sévérité des mesures concernant l’accès à la fonction publique ne manque pas
d’être soulignée. Certains enseignants se bornent à signaler rapidement l’entorse au
« principe constitutionnel coutumier » du « libre accès de tous les citoyens, sans
distinction d’origine, de race, d’opinion ou de religion », en mentionnant surtout la loi
du 17 juillet 1940 ou, comme Scelle [85], en faisant brièvement mention du Statut des
juifs [86]. D’autres insistent davantage sur l’exception que le critère de la race
introduit au principe de « l’égale admissibilité de tous aux emplois publics » et
cherchent à en donner une explication [87]. Dans cette perspective, Waline décide de
réunir les mesures concernant les populations de l’empire français, les naturalisés et
les juifs sous le titre Exclusions tenant à la race. Les interdictions frappant les
populations indigènes ne semblent pas aussi choquantes que les mesures visant les
naturalisés et les juifs. Pour la première catégorie, le professeur évoque, sans la
moindre perplexité, « l’inégale évolution de ces différentes populations de l’empire »
et le fait qu’« en principe les indigènes des colonies sont inaptes aux fonctions
publiques » [88]. Pour les « lois nouvelles » frappant les naturalisés il met plutôt en
cause la lutte contre le chômage et « un sentiment de méfiance à l’égard des
étrangers » [89], tout en faisant observer à ses étudiants que dans la pratique rien ne
change par rapport aux mesures déjà en vigueur avant 1940. Ces dernières disposant
qu’un délai de dix ans devait s’écouler entre l’obtention de la naturalisation et l’accès
à la fonction publique, les naturalisés se voyaient de facto exclus pour avoir atteint les

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limites d’âge. En revanche, pour la troisième exception, frappant les personnes


d’origine juive, Waline n’hésite pas à parler de mesures « inspirées par la doctrine
raciste » et rédigées « à l’imitation de la législation allemande » [90].

37. Le mépris de Waline vis-à-vis des nouvelles règles affectant les juifs se fait plus
net et explicite au fil des ans. Dans le cours de 1942-43 il modifie les formules
utilisées auparavant pour expliquer les exceptions, en parlant d’un « sentiment de
xénophobie » [91] et en critiquant ouvertement la formulation « maladroite » employée
par le législateur dans la définition des naturalisés. En abordant les dérogations qui
peuvent être accordées aux juifs ayant rendu à l’État français des services
exceptionnels ou aux juifs dont la famille est établie en France depuis au moins cinq
générations, Waline ne manque pas de faire mention de la pratique discrétionnaire et
aléatoire qui préside à leur attribution, pour en conclure qu’« en fait, ces dérogations
ne sont pratiquement pas accordées » [92].

38. Les aspirants juristes complètent leur préparation à l’aide de manuels et de


précis [93]. La plupart des nouvelles éditions, consacrées au droit postérieur à 1940,
sont rédigées par des juristes – comme Barthélemy, Julien Laferrière ou Roger Bonnard
– directement impliqués dans le régime, favorables à une révision du principe d’égalité
et à une différenciation de l’appartenance à la nation sur la base du critère racial. Par le
biais de ces lectures, les étudiants saisissent les fondements de la Révolution
nationale.

39. Si les étudiants qui choisissent le manuel de Laferrière découvrent tout simplement
l’existence de différents statuts dans l’accès aux droits, y compris du statut des
juifs [94], les lecteurs des autres ouvrages sont plutôt confrontés à l’inaptitude des
juifs à l’exercice de certaines fonctions publiques. Pour Louis Trotabas les nouvelles
limitations font partie des garanties de moralité [95]. Roger Bonnard insiste sur le
maintien du principe d’égalité d’accès à la fonction publique, en expliquant en ces
termes l’introduction « des lois particulières » [96] tenant à la nationalité, à la race
juive et aux sociétés secrètes :

Depuis la Révolution de 1789, l’admission à la fonction publique est


soumise au principe de l’égalité. L’égalité signifie ici que la fonction
publique ne doit pas être réservée à une catégorie d’individus, à une classe
déterminée par la naissance ou la fortune, mais susceptible d’être déférée à
tous sous la seule réserve de l’aptitude à l’exercer [97].

40. Un cadre plus approfondi est fourni aux lecteurs de Georges Burdeau qui, dans son
Cours de droit constitutionnel, s’arrête sur le fondement théorique des interdictions.
La révolution nationale ne se traduit pas tout simplement dans un changement du
mode de gouvernement mais elle implique, au contraire, l’« adoption pour le pays
d’une idée de droit nouvelle », coïncidant avec une « doctrine de vie » et « une
conception de l’ordre social » [98] précises qui doivent être préparées. La « rénovation

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de l’esprit national » ne peut s’accomplir qu’à condition d’éliminer toute cause de


décadence : « Il faut d’abord éliminer ou mettre hors d’état de nuire les éléments
étrangers ou douteux qui s’étaient introduits dans la communauté nationale » [99]. Les
juifs trouvent leur place parmi « ces éléments » et la nouvelle législation qui les
concerne est abordée dans la section consacrée à la « sauvegarde de l’esprit
français » [100].

41. L’exposition des aspects technico-juridiques s’accompagne de l’explication de la


ratio à la base des normes visant les juifs. Les clichés circulant à l’époque sur le peuple
d’Israël sont transposés dans le discours juridique : l’incapacité du juif à s’assimiler,
son rapport trouble à l’agent, sa capacité à influencer les communautés au sein
desquelles il s’installe [101]. Le Statut des juifs « est inspiré par cette constatation de
fait qu’étant donnés ses caractères ethniques, ses réactions, le juif est
inassimilable » [102]. En raison du danger qu’il représente, le juif doit être mis « à
l’écart de la communauté française » [103]. Il en découle que l’interdiction de certaines
activités privées répondrait à la nécessité « d’empêcher les juifs de détenir la puissance
de l’argent grâce à laquelle ils pourraient agir sur l’opinion » [104]. L’introduction du
numerus clausus dans les Universités irait dans la même direction : « Afin que cette
condition puisse être aisément satisfaite, la loi règle les modalités d’admission des
étudiants juifs dans les établissements supérieurs » [105]. Suivant cette perspective,
les dérogations aux interdictions ne sont admissibles que lorsque les juifs témoignent
de leur parfaite intégration au sein de la communauté française.

B. Le Statut des juifs absorbé par la structure du droit civil

42. Dans l’étude du droit civil, les élèves de première année de licence et de capacité
se voient davantage confrontés à la législation antisémite. Exceptés les professeurs
Robert Le Balle [106] et Hamel [107] qui dans leurs cours ne s’occupent guère du
Statut des juifs, la nouvelle condition juridique des Français d’origine juive trouve sa
place dans les sections traditionnellement consacrées à l’étude de la personne, à son
état et à ses capacités.

43. Dans les enseignements impartis avant la promulgation de la loi du 2 juin 1941, le
Statut des juifs est examiné très rapidement et l’accent mis sur les conséquences de
droit public qu’il entraîne aussitôt évacué de l’enseignement. Dans son cours de
première année de licence, André Rouast [108] se borne à en dire quelques mots dans
la partie consacrée aux personnes. Après avoir distingué le statut individuel des
statuts familial et civique, le professeur précise que ce dernier est caractérisé par la
distinction entre les qualités de « citoyens français », de « sujets français » et d’
« étrangers » [109]. À ce point il mentionne les distinctions que la législation récente a
introduites parmi les citoyens :

Il y a des citoyens français qui ont la plénitude de leurs droits ; il y a ceux


qui sont issus d’un père étranger et qui ne peuvent pas exercer certains

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droits, notamment les fonctions publiques ou certaines carrières et enfin,


depuis la loi du 3 octobre 1940, il y a également des restrictions concernant
les droits civiques des juifs [110].

Étant donné que « le statut civique est matière de droit public, puisqu’il s’agit des
rapports entre l’individu et l’État », l’étude de ces limitations est rapidement située
« en dehors du programme du droit civil » [111]. Suivant la même ligne, Julliot de La
Morandière aborde la nouvelle législation à propos de l’état de citoyen. Après avoir
donné la définition du juif et énuméré les restrictions qui le frappent [112], le
professeur précise que, se rattachant essentiellement à la qualité de citoyen, le Statut
des juifs touche surtout aux droits publics « et à peine aux droits privés » [113].

44. La qualité juridique de juif acquiert une place plus importante dans l’enseignement
du droit civil après la promulgation des lois du 2 juin et du 17 novembre 1941 [114].
Les « nouvelles tendances » [115] de l’organisation politique sont désormais
susceptibles d’influencer l’état des individus. Un changement important dans la
position des Français d’origine juive vient de se produire, puisque les nouvelles lois,
« fondées sur l’idée raciale » [116], ont directement touché au droit privé, en
interdisant aux juifs d’exercer une profession libérale et en aggravant les incapacités
de jouissance [117].

45. L’enseignement de Julliot de la Morandière se voit d’emblée modifié. La race


devient à part entière le titre d’un paragraphe du chapitre consacré à l’« état dans la
société ». Le Statut des juifs, toujours présenté comme une loi exceptionnelle, est
expliqué de manière plus approfondie. Le professeur ne se borne plus à la seule
lecture du texte, mais il donne aux étudiants des indications sur les principales
orientations jurisprudentielles, en insistant sur les décisions de justice qui interprètent
les textes de manière restrictive, dans le but de réduire la sphère d’application de la
loi. Les étudiants sont parfois invités à réfléchir à la technique qui préside à la
détermination de l’appartenance à la race juive, suivant l’article 1 de la loi du 2 juin
1941. La notion de race est vidée de sa dimension purement anthropologique. Après
avoir dressé la liste complète des interdictions, Paul Esmein donne sa propre
interprétation de la définition de juif retenue par le législateur, en analysant
l’articulation des critères de la race et de la religion [118]. Ses étudiants apprennent
ainsi que, si la référence aux « traits physiques » se révèle un « critérium qui reste
incertain », « la fréquentation des milieux juifs et les alliances par mariage » peuvent
aider les juges dans la détermination de la personne appartenant à la race juive [119].
Le législateur français aurait d’ailleurs choisi de faire référence à « la race des grands-
parents », dont il serait difficile, voire impossible, de rechercher les traits
physiques [120].

46. Certains manuels et précis, conseillés aux étudiants pour compléter leur
préparation [121], exercent une critique plus poussée à l’usage du critère de la race.
Au moment d’analyser la Définition légale du juif, René Savatier s’arrête assez

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longuement sur les difficultés auxquelles la loi du 2 juin 1941 se heurte : « Le
critérium de la race, ne se manifestant par aucun caractère physique permanent et
définissable, a dû se mêler à un critérium religieux » [122]. La critique s’étend au
système de la charge de la preuve qui, obligeant la personne présumée juive à
démontrer son appartenance à la religion catholique ou protestante, demeure une
« difficulté grave pour les individus dont les grands-parents étaient libres-penseurs
sans appartenir à la race juive » [123].

47. Dans la plupart des cas, les professeurs choisissent plutôt de mettre en exergue la
gravité et la lourdeur des mesures antijuives. Afin d’atteindre ce but, ils placent le
Statut des juifs dans la section consacrée à l’étude des incapacités et, après avoir
distingué les incapacités d’exercice des incapacités de jouissance, ils soulignent le
caractère rare et arbitraire de ces dernières. Il s’agit d’une manière assez originale
d’introduire le Statut des juifs dans le plan du cours, compte tenu que dans certains
enseignements impartis durant les mêmes années, les professeurs se bornent à traiter
des seules incapacités d’exercice, en écartant complètement et ouvertement l’étude
des incapacités de jouissance de l’enseignement du droit civil [124].

48. Si jusqu’en 1941 il s’agissait d’éloigner les juifs de certaines fonctions publiques et
professions libérales ou commerciales, avec la promulgation du deuxième statut, la
liste des professions interdites aux juifs devient plus longue, et les restrictions
s’étendent également au droit de propriété [125]. Morel explique qu’à la différence de
ce qui se passe pour les incapacités d’exercice, aucune règle de caractère général ne
préside à l’introduction des incapacités de jouissance. Dotées d’un caractère fort
discrétionnaire, « ces incapacités peuvent tenir d’abord à l’état physique de la
personne, ce peut être en second lieu sa nationalité ou sa race, ce peut être encore le
fait de certaines condamnations ou l’exercice de certaines fonctions » [126]. Il insiste
sur les raisons d’ordre politique et économique qui ont poussé le législateur à frapper
« d’une incapacité de jouissance des droits les juifs » [127]. Dans la même perspective,
Rouast recherche l’origine de « ces mesures exceptionnelles » dans la « méfiance du
législateur vis-à-vis de certaines personnes » ou dans la « sanction à l’égard de
certains individus » [128]. Il fait référence aux étrangers, qui ne peuvent pas jouir de
certains droit privés, et aux naturalisés français, dont l’étude relève du droit
international privé, avant de faire mention « des incapacités pour certains citoyens
français qui sont considérés légalement comme juifs » [129].

49. Savatier ne se borne pas à rappeler la gravité des incapacités de jouissance,


définies comme « plus rares » puisque susceptibles de priver la personne des droits
eux-mêmes [130]. Il montre que parmi ces incapacités, qui en France « ne concernent
guère que les condamnés criminels, les étrangers, les juifs » [131], celle qui frappe les
juifs est lourde et « plus rigoureuse » [132] : « Le législateur actuel y a été
volontairement dur ; il prive sur certains points les israélites de droits dont la
chrétienté du Moyen-Âge leur accordait le monopole » [133].

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50. Le lien entre les interdictions frappant les juifs et les intérêts politiques et
économiques nationaux revient souvent dans le discours des professeurs. De manière
analogue à ce qui se passe dans les cours de droit public, le cliché du juif dangereux,
menace pour l’ordre étatique, est transposé dans le discours du droit. Julliot de la
Morandière, en traitant des restrictions légales au caractère absolu de la propriété,
imposées par l’État en dehors du Code Civil à travers des lois spéciales, ne manque
pas de mentionner le Statut des juifs qui est pris en compte parmi les limites prévues
« dans l’intérêt de l’État et des intérêts collectifs généraux » [134]. Le professeur
précise que la prévision de telles restrictions peut découler du pouvoir de police de
l’État, d’un intérêt fiscal, de la sauvegarde de la santé publique et de la beauté des
villes, de la gestion de la production des richesses. Les manuels de Colin-Capitant et
de Planiol-Ripert reproduisent de manière évidente l’image du juif inassimilable,
élément de désagrégation, lorsqu’il éclaircissent la ratio qui a présidé à l’introduction
de la qualification de juif, en faisant appel à la nécessité de « consolider l’unité de
notre pays » [135]. Loin d’être le simple produit de la « haine raciale », l’introduction
du nouveau Statut des juifs découle du « rôle néfaste que certains politiciens et
financiers juifs avaient joué sous la Troisième République » [136].

51. La critique ouverte des fondements des lois raciales ne se retrouve que dans les
cours de licence impartis par Henri Mazeaud, juriste militant dans la Résistance et
fortement engagé dans la lutte contre les restrictions des libertés introduites par le
régime de Vichy [137]. Ses élèves apprennent que l’introduction du critère de la race
dans le droit français du XXe siècle marque un net retour en arrière. Le législateur peut
choisir de déterminer la situation juridique des individus en se référant à la famille, à
la classe sociale, à la cité, à la religion et à la race. Ces deux derniers critères sont
propres aux « législations primitives », suivant lesquelles « celui qui n’a pas les mêmes
dieux et qui n’est pas du même sang n’a aucun droit » [138]. Les mêmes propos sont
tenus dans la partie consacrée au « groupement familial ». Mazeaud ne se borne pas
aux seules mesures introduites en France, mais il essaie de donner à ses étudiants un
aperçu plus ample des conséquences que l’usage du critère de la race, poussé à
l’extrême, a entraîné dans le droit civil des pays européens. La tendance à alléger de
plus en plus les conditions de mariage se voit mise en échec par le sacrifice de
« l’intérêt individuel à l’intérêt général » [139], compte-tenu que la race et la
nationalité sont devenues des prohibitions d’ordre politique au mariage dans certains
pays comme l’Allemagne et l’Italie. Le professeur n’en reste pas là. Il saisit l’occasion
pour jeter un pont entre la nouvelle législation frappant les israélites et les mesures
prises en France pour la protection de la famille, à partir de 1939. Se référant à la
« race latu sensu », en tant qu’« espèce humaine », il mentionne le certificat prénuptial,
en soutenant la nécessité de mettre des bornes à l’intervention du législateur dans les
choix privés [140].

52. La façon de présenter le Statut des juifs varie sans doute suivant les conceptions
scientifiques, les positions morales et politiques de chaque enseignant. Néanmoins il

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semblerait qu’au-delà des choix personnels, dans l’enseignement du droit civil, le


Statut des juifs se voie absorbé par la structure traditionnelle que le plan du cours a
acquise tout au long des XIXe et XXe siècles. Le caractère immuable du droit civil,
« havre de stabilité » [141] est d’ailleurs souvent évoqué par les juristes qui en sont
spécialistes. Dans la préface au Traité élémentaire de droit civil, Ripert rappelle que le
droit privé « n’est jamais brusquement emporté tout entier par les révolutions
politiques » [142]. À première vue, le droit civil semble ainsi immun aux changements
législatifs et institutionnels intervenus en 1940. Les lois du 3 octobre 1940 et de 2 juin
1941 sont glissées de manière plus ou moins discrète dans l’exposé, sans que la table
des matières en soit trop bouleversée. Les catégories de race ou de juif vont se
rajouter à la liste des éléments définissant l’état des personnes ou les incapacités
juridiques. Pour autant, en allant au delà de la structure, en creusant dans
l’argumentaire des professeurs, il est possible de percevoir qu’un véritable discours
sur la diversité juridique – et culturelle – des juifs est véhiculé aux étudiants les plus
jeunes.

C. Les clichés du temps dans les thèses de droit

53. Les clichés mobilisés par la propagande antisémite tout au long des années 1930
et 1940 s’introduisent de manière plus massive dans les thèses de doctorat soutenues
pendant les années du gouvernement de Vichy. Le juif inassimilable, individualiste,
dangereux, égoïste, avide et son influence néfaste dans les milieux politique et
économique nationaux deviennent des arguments scientifiques justifiant, ou au moins
rendant compréhensibles, les mesures prises par les différents gouvernements – y
compris le gouvernement de Vichy – à l’égard des israélites.

54. Trois thèses, soutenues entre 1941 et 1942 à la faculté de droit de Paris, abordent
les problèmes juridiques soulevés par la question juive. Le fameux travail d’André
Broc [143] se livre à l’étude détaillée des nouvelles lois promulguées par le régime de
Vichy et essaie de contribuer à l’homogénéisation de la définition de juif dans le droit
européen des années 1940 [144]. Les deux autres travaux ont un caractère historico-
juridique qui pour autant dissimule une véritable prise de position à l’égard des
tendances contemporaines en matière de législation raciale [145]. Par ailleurs,
l’adoption d’une perspective historique dans les travaux juridiques, estimée d’autant
plus pressante dans de telles périodes de transition, ne cesse pas d’être encouragée
dans les discours de remise des prix de thèse [146]. Même lorsque ces travaux « se
couvrent du manteau de l’histoire », un lien évident peut être décelé entre les sujets de
thèse choisis par les doctorants et les « préoccupations » et « les événements
actuels » [147]. Bien que s’inscrivant dans des secteurs disciplinaires différents, les
trois thèses présentent plus que quelques affinités. D’abord, la composition des trois
jurys de soutenance est presque identique : Mestre, célèbre pour son succès auprès
des étudiants proches de la droite nationale, engagé auprès de la Jeunesse patriote,
est toujours le président [148] ; Scelle siège en tant que suffragant au sein des trois

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jurys. Les autres membres ne varient pas de manière considérable, le professeur André
Giffard participe à la soutenance des deux thèses de nature historique et Lampué siège
dans le jury de Broc.

55. Du point de vue du contenu, il est possible de s’apercevoir tout de suite que les
mythes du juif dangereux et inassimilable sont à l’origine des questionnements des
deux travaux de nature historique et qu’ils demeurent une référence constante de
l’étude « de pure technique juridique » [149] auquel Broc se livre.

56. En explorant la condition juridique des juifs dans la France de l’Ancien Régime,
Henri Gaillard se propose de cerner les raisons de la « résistance exceptionnelle »
manifestée tout au long de l’histoire par le peuple juif [150]. Sa thèse apparaît comme
une véritable tentative de justifier les mesures que les différents gouvernements ont
prises à l’encontre des juifs : « Les Juifs, à toutes les époques, ont formé un corps
original, étranger et distinct, en antagonisme irréductible avec la société française. Là
étaient le danger et la raison de toutes les lois d’exception prises à leur égard par les
souverains » [151]. En développant son propos, l’auteur ne mentionne jamais les lois
adoptées par le gouvernement de Vichy. Néanmoins, en conclusion, il a soin d’évoquer
la continuité entre l’Ancien Régime et la période post-révolutionnaire, en insistant sur
l’échec de toute tentative d’intégration des juifs : « La Révolution, en décrétant leur
émancipation, espérait les assimiler à la nation française : c’était une généreuse
utopie. L’assimilation n’eut pas lieu » [152].

57. Dans une perspective similaire, dès le début de sa thèse – qui obtient la mention
très bien – Edouard Mouillefarine, se montre intéressé par l’aptitude extraordinaire du
peuple juif à se préserver tout au long des siècles : « La dispersion du peuple juif et
son existence au sein des autres nations forment un des problèmes historiques les
plus curieux que les annales du monde puissent offrir aux méditations des
hommes » [153]. En étudiant la « destinée des Juifs sous les différentes dynasties » au
Maroc, le droit public interne et les règles de droit privé des juifs marocains, la
curiosité de l’auteur est retenue en particulier par leur capacité à reconstituer le
groupe, en gardant leur isolement, leurs mœurs, leur statut, sans être atteints par les
« nombreuses mesures d’exception et de rigueur que les gouvernants français, entre
autres, furent forcés de prendre contre les juifs au cours des siècles » [154].

58. Les conclusions de Mouillefarine se rapprochent de celles de Gaillard : les juifs du


Maroc constituent « un bloc religieux et même racial », du fait que « comme tous les
nomades orientaux, ce n’est pas la terre, l’établissement sur une terre déterminée qui
constitue le fondement de ce qu’on peut appeler son essence nationale, c’est la
tribu » [155]. Il en découle que « le Juif ne peut pas disparaître, il ne peut pas se laisser
absorber, justement parce qu’il n’a pas besoin d’une terre à lui pour rester
« lui » » [156]. Le discours sur l’altérité et sur la dangerosité du juif se superpose ici
aux arguments placés aux fondements de l’œuvre de colonisation. La tendance des
juifs du Maroc à rester à l’écart n’empêche pas qu’ils acceptent toute sorte de

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civilisation, ne montrant aucune réticence à profiter des bénéfices que la culture


occidentale leur apporte. Ce contact doit être contrôlé, afin d’éviter que les juifs
n’envahissent les secteurs névralgiques de l’administration et de la finance françaises.

59. Les caractères spécifiques du peuple juif ressortent souvent du recours à la


comparaison avec d’autres populations ou d’autres religions. Gaillard insiste sur les
différences entre les juifs et les chrétiens, qui tiendraient à une triple cause : la race, la
religion et les mœurs. La propension pour le commerce et la gestion des crédits se
heurterait à l’héroïsme et aux sentiments chevaleresques propres à la noblesse
chrétienne. « La race sémitique » aurait de son côté « la subtilité, la ténacité, l’esprit
mercantile » [157]. Mouillefarine utilise la même technique lorsqu’il propose des
solutions aptes à favoriser le « rapprochement judéo-musulman » [158]. Dès lors,
l’image du juif est construite par opposition avec celle de l’Arabe : si « l’Arabe est
silencieux », « le Juif, bruyant, est amoureux de la vie commune à l’excès » [159] ; les
Arabes constituent « une race qui se garde, réticente, hostile à toute nouveauté », alors
que les juifs sont « une race qui se donne, curieuse d’innovations, même les plus
futiles » [160] ; « le musulman ne se laissant jamais pénétrer par l’étranger, le Juif est
citoyen partout » [161] ; « la mobile personne du Juif, pèlerin des nations, et son âme
diverse sont si loin de l’Islam qu’on a la définitive impression que ce peuple n’est pas
fait pour se fixer, mais pour errer » [162].

Conclusions

60. L’implication de la faculté de droit de Paris dans le régime de Vichy et sa


contribution au fonctionnement de la qualification juridique de juif ne semblent pas de
moindre intensité. L’exclusion des fonctionnaires juifs et l’application du numerus
clausus se déroulent dans le plus grand respect des procédures et des ordres émanant
du Ministère de l’Éducation nationale. Aucune prise de position officielle de la part de
la faculté n’a lieu. Dans l’application des lois d’exception, la défense des collègues se
fait plutôt au cas par cas et par les moyens accordés par les textes de loi.

61. Les événements postérieurs à la chute du régime de Vichy semblent confirmer


cette tendance. À l’occasion de l’assemblée du 7 novembre 1944, l’assesseur du
doyen, Morel, se réjouit de la réintégration des professeurs Aftalion, Basdevant,
Cassin, Escarra, Lévy-Bruhl et Picard. Les lois de 1940 sont qualifiées d’« injustes lois
d’exception » [163]. Lors de la même assemblée, Morel annonce que Ripert, arrêté et
détenu à Drancy, et Barthélemy sont suspendus de leurs fonctions, sous l’accusation
d’intelligence avec l’ennemi et pour avoir pris part au gouvernement de Vichy en
qualité de Ministres. La demande de mise en liberté provisoire de Ripert et de
Barthélemy et la décision de protester contre la manière dont l’arrestation de l’ancien
doyen s’est faite ne seront prises qu’au cours d’une assemblée officieuse [164].

62. En même temps, l’altérité du juif rentre de manière assez pénétrante, dans la
formation des jeunes étudiants. L’étude des interdictions frappant les juifs trouve sa

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place dans les cours fondamentaux, de droit civil et de droit public. Un processus de
métabolisation de la nouvelle qualification raciale se met ainsi en place dès la première
année d’études. Si l’on considère, en outre, qu’après la chute connue dans la
deuxième moitié des années 1930 [165], le nombre d’inscriptions ne cesse de
s’accroître tout au long des années 1940 [166], il est difficile d’imaginer que les
enseignements impartis entre 1940 et 1944 n’aient exercé aucune influence dans le
processus d’accoutumance des juristes à la dichotomie Français/juif. La sensibilisation
des étudiants en formation n’est pas sans lien avec la croissance de l’attention portée
par la doctrine aux lois antijuives. Les trois thèses, soutenues dans un bref délai de
deux années, témoignent de la légitimité de l’attention scientifique que le Statut des
juifs obtient au sein des facultés de droit. La qualité de juif et la place des israélites
dans l’histoire du droit font pleinement partie des thèmes de recherche sur lesquels
les doctorants choisissent de se spécialiser et les enseignants, de leur côté, n’hésitent
pas à les diriger ou à intégrer les jurys de soutenance. En outre, certains de ces
auteurs auront même l’occasion de mettre en pratique leurs connaissances et leurs
théories. Le parcours de Broc est exemplaire à cet égard : fonctionnaire de la
préfecture de police de Paris, il intègre jusqu’à octobre 1944 le quatrième bureau de la
Direction des étrangers et des Affaires juives [167], en contribuant de manière directe
à la réalisation des thèses énoncées dans son travail doctoral.

63. À partir de l’année universitaire 1944-45, les catégories de race et de juif


commencent à disparaître de l’enseignement du droit. Si certains manuels et cours,
édités après l’ordonnance du 9 août 1944 [168], n’en font plus mention [169], d’autres
reviennent sur le Statut des juifs et, en le justifiant comme le produit de l’Occupation,
inaugurent la phase du refoulement [170] de l’engagement des juristes dans la
politique antisémite du gouvernement de Vichy :

« L’occupation allemande de 1940-1944 a imposé à la France des mesures


raciales qui portaient une grave atteinte à l’égalité, en excluant les Juifs des
fonctions publiques et même d’un grand nombre de professions privées (...)
Ces mesures ont obligé les tribunaux à statuer sur la question de
détermination de la race : et il y a eu un assez grand nombre de décisions
rendues sur ce point. Tous ces actes ont été annulés en bloc par
l’Ordonnance du 9 août 1944 (art. 33) rétablissant la légalité républicaine, et
des mesures ont été prises pour détruire l’effet des spoliations (Ord. du 4
novembre 1944) » [171].

Silvia Falconieri
Chargé de recherche
CHJ (UMR 8025 CNRS-Université Lille 2)

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Annexe 1. Cours impartis à la faculté de droit de Paris (1940-1944) [172]

Le tableau est
dressé à partir
des Livrets des
étudiants   : AN,
AJ 16/1785 et
1786   : Livrets   :
Université de
Paris. Faculté de
droit. Rapport
annuel du
doyen. Concours
de fin d’année.
Tableau du
personnel, Paris,
Imprimerie
administrative
centrale.

Annexe 2 : Manuels en usage à la faculté de droit de Paris (1940-1944) [173]

Bonnecase, Julien, Législation civile et commerciale. Les réformes réalisées à la veille


de la guerre de 1939-1940, pendant la guerre et après la guerre. Etude analytique
destinée aux étudiants des Facultés de droit pour la préparation de leurs examens, et
aux praticiens du droit, Bordeaux, 1941

Bonnecase, Julien, Précis de jurisprudence civile et commerciale, Paris, LGDJ, 1942.

Bonnecarrère, Philippe ; Laborde-Lacoste, Marcel et Crémieu, Louis, Exposé


méthodique de droit civil, conforme aux programmes des examens de licence en droit,
Paris, Librairie du Recueil Sirey, 1940.

Colin, Ambroise et Capitant, Henri, Cours élémentaire de droit civil français, Paris,
Librairie Dalloz, Tome I, 1942, 10e édition, entièrement refondue et mise à jour par
Julliot de la Morandière.

Hémard, Joseph, Précis de droit civil, Troisième édition revue par René Morel, Tome
premier, Paris, Librairie du Recueil Sirey, 1943.

Mazeaud, Henri, Guide des conférences et exercices pratiques pour la licence en droit,
Tome I, Méthodes générales de travail, Paris, Librairie du Recueil Sirey, 1941.

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Planiol, Marcel, Traité élémentaire de droit civil, Paris, LGDJ, 1943, revu et complété
par Georges Ripert, avec le concours e Jean Boulanger, deuxième édition, Tome I :
Principes généraux. Les personnes. – Les biens.

Josserand, Louis, Cours de droit civil français, Vol. III : Les régimes matrimoniaux. Les
successions légales. Les libéralités, Paris, Librairie du Recueil Sirey, 1940.

Bonnard, Roger, Les actes constitutionnels de 1940, Paris, LGDJ, 1942.

Bonnard, Roger, Précis de droit public, Paris, Sirey, 1944

Burdeau, Georges, Cours de droit constitutionnel, Paris, LGDJ, 1942.

Laferrière, Julien, Le nouveau droit public de la France. Recueil méthodique des textes
constitutionnels et administratifs publiés du 10 juillet 1940 au 31 juillet 1941, Paris,
Librairie du Recueil Sirey, 1941.

Laferrière, Julien, Manuel de droit constitutionnel, Paris, Les éditions Domat-


Montchrestien, 1943.

Savatier, René, Cours de droit civil, Paris, LGDJ, 1943.

Trotabas, Louis, Eléments de droit public et administratif. Conforme au programme


officiel des Facultés de droit. Décret du 4 mars 1932 et arrêté du 10 mai 1937,
Capacité première année, Paris, LGDJ, 1942 (4e édition).

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Notes

[1] Loi du 3 octobre 1940, portant Statut des juifs, JO 18 octobre 1940 et loi du 2 juin 1941, JO 14 juin
1941, remplaçant la loi du 3 octobre 1940 portant Statut des juifs  ; sur la politique antijuive de Vichy, je
me borne à citer les ouvrages classiques : Michael Marrus et Olivier Paxton, Vichy et les juifs, Paris,
Calmann-Lévy, 1981 ; Henri Rousso, Vichy. L’événement, la mémoire, l’histoire, Paris, Gallimard, 2001 ;
Marc-Olivier Baruch, Le régime de Vichy, Paris, La Découverte, 1996 ; Olivier Paxton, La France de Vichy.
1940-1944, Paris, Seuil, 1999 ; Denis Peschanski, Vichy 1940-1944. Contrôle et exclusion, Paris, Ed.
Complexe, 1998.

[2] Sur l’œuvre doctrinale des juristes sur les Statuts des juifs, en particulier Danièle Lochak, « La doctrine
sous Vichy ou les mésaventures du positivisme », in Curapp (dir.), Les usages sociaux du droit, Paris, Puf,
pp. 252-285 ; Id., « Écrire se taire… Réflexions sur l’attitude de la doctrine française », in Le genre
humain, n. 30-31, 1996, pp. 433-462, en ligne : www.anti-recfr.org/textes/Lochak89a...
[http://www.anti-recfr.org/textes/Lochak89a/&nbsp] ;; Richard Weisberg, Vichy, la justice et les Juifs,
Paris, Éditions des Archives Contemporaines, 1998 ; Stéphane Boiron, « Antisémites sans remords : les
« bons motifs » des juristes de Vichy », in Cité. La vertige du mal, n. 16, 2009, pp. 37-50.

[3] André Broc, La qualité de juif : une notion juridique nouvelle, Paris, PUF, 1943 ; Henri Baudry et

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Joannès Ambre, La condition publique et privée du juif en France (le statut des juifs). Traité théorique et
pratique. Avec une table chronologique complète de tous les textes parus à ce jour, Lyon, Joannès
Desvigne et Cie, 1942 ; Le Statut des juifs en France, en Allemagne et en Italie, Express-Document, Lyon,
s.d ; Raymond Pelatan, Le Statut des juifs en France. Exposé pratique de la législation française et
commentaires, Cahors, Paris, 1943.

[4] Grégoire Bigot, « La revue de droit public dans l’œil de Vichy » et Martine Fabre, « La doctrine sous
Vichy. Analyse systématique des revues de droit privé de juin 1940 à juin 1944 », in Bernard Durand,
Jean-Pierre Le Crom et Alessandro Somma (dir.), Le droit sous Vichy, Frankfurt am Main, Klostermann,
2006, pp. 375-401 et pp. 415-435.

[5] Claude Singer, Vichy, l’université et les juifs. Le silence et la mémoire, Paris, Les Belles Lettres, 1992.

[6] Dominique Gros a analysé la manière dont le Statut des juifs a été accueilli dans les manuels de droit
destinés à la formation des étudiants : « Le Statut des Juifs et les manuels en usage dans les facultés de
droit », in Philippe, Braud (dir.), La violence politique dans les démocraties européennes occidentales,
Paris, L’Harmattan, 1992, pp. 139-192, disponible en ligne : http://conflits.revues.org/415
[http://conflits.revues.org/415] et http://conflits.revues.org/415?lang=en [http://conflits.revues.org
/415?lang=en].

[7] Art. 1, loi du 3 octobre. Sur l’usage de cette formulation de la part du législateur, Marc-Olivier Baruch,
« Du regard de la loi aux intentions du législateur. La technique juridique au service de l’antisémitisme
d’État en France, 1940-1944 », in Droit & Culture, n. 56, 2008, en ligne : http://droitcultures.revues.org
/138... [http://droitcultures.revues.org/138?lang=en]

[8] Frédéric Audren et Jean-Louis Halpérin (dir.), La culture juridique française. Mythes et réalités. XIXe-
XXe siècles, Paris, CNRS éditions, 2013, en particulier, « Vichy et les zones grises de la culture juridique ».

[9] Philippe Malaurie, « L’enseignement du droit civil à la Faculté de droit de Paris entre 1943 et 1951 », in
Revue d’histoire des facultés de droit et de la culture juridique du monde des juristes et du livre juridique,
n. 29-30, 2009-2010, pp. 197-213, ici p. 198.

[10] Ibidem.

[11] La littérature qui s’est intéressée à la question de la coopération des universitaires français avec le
régime de Vichy a souligné l’engagement des professeurs de droit, qui ont obtenu des postes importants
au sein du gouvernement de Vichy. En particulier, Claude Singer, Vichy, l’université et les juifs, cit. ;
Michèle Cointet, « Les juristes sous l’Occupation : La tentation du Pétainisme et le choix de la
Résistance », in André Gueslin (dir.), Les facs sous Vichy. Étudiants, universitaires et universités de France
pendant la Seconde Guerre Mondiale, Clermont-Ferrand, PU Blaise-Pascal (Clermont II), 1994, pp. 51-64 ;
Jean-Louis Halpérin (dir.), Paris, capitale juridique (1804-1950). Étude de socio-histoire sur la Faculté de
droit de Paris, Paris, Édition rue d’Ulm, 2011.

[12] Sur l’œuvre de Ripert et sur ses rapport avec le gouvernement de Vichy, en particulier Anne Simonin,
« La morale juridique de Georges Ripert », in Annie Stora-Lamarre, Jean-Louis Halpérin et Frédéric Audren
(dir.), La République et son droit (1870-1930), Besançon, Presse Universitaire de la France-Compté, 2011,
pp. 359-379 ; Jean-Louis Halpérin, Paris capitale juridique, cit. ; Claude Singer, Vichy, l’université, cit. ;
Marc Milet, Les professeurs de droit citoyens. Entre ordre juridique et espace public, contribution à l’étude
des interactions entre les débats et les engagements des juristes français (1914-1995), Thèse pour le

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doctorat, Paris II, 2000 ; Jean-Louis Halpérin, « Ripert, Georges », in Patrick Arabeyre, Jean-Louis Halpérin
et Jacques Krynen (dir.), Dictionnaire historique des juristes français XIIe-XXe siècle, Paris, PUF, 2007, pp.
669-670.

[13] Centre d’Accueil et de Recherche des Archives Nationales (Caran), AJ 16/1802 et 1803, Procès-verbal
des assemblées et du Conseil de la Faculté.

[14] AJ 16/1786, Université de Paris. Faculté de droit. Année scolaire 1939-1940. Rapport annuel du
doyen. Concours de fin d’année. Tableau du personnel, Paris, Imprimerie administrative centrale, p. 9

[15] AJ 16/7142, Hommage des étudiants au Maréchal.

[16] L’analyse du mot « révolution » se retrouve souvent dans les discours de Ripert, v. AJ 16/1785 et
1786, en particulier Université de Paris. Faculté de droit. Année scolaire 1941-42, Rapport annuel du
doyen. Concours de fin d’année. Tableau du personnel, Paris, Imprimerie administrative centrale, pp.
12-13.

[17] AJ 16/1785 et 1786.

[18] AJ 16/1786, Faculté de droit. Année scolaire 1941-42. Rapport annuel du doyen. Concours de fin
d’année. Tableau du personnel, Paris, Imprimerie administrative, p. 13.

[19] AJ 16/1786, Université de Paris, Année scolaire 1942-43, Rapport annuel du doyen. Concours de fin
d’année. Tableau du personnel, Paris, Imprimerie administrative centrale, p. 21.

[20] F 17/13319, Circulaires.

[21] AJ 16/1786, Université de Paris, Année scolaire 1942-43. Rapport annuel du doyen. Concours de fin
d’année. Tableau du personnel, Paris, Imprimerie administrative centrale, p. 21.

[22] Jean-Jacques Bienvenu, « Politique et technique de l’encadrement rapproché de l’étudiant », in


Annales d’histoire des facultés de droit et des sciences juridiques, n. 3, 1985, pp. 143-150 ; Christian
Chêne, « Enseignement du droit », in Denis Alland et Stéphane Rials (dir.), Dictionnaire de la culture
juridique, Paris, PUF, 2003, pp. 617-625 ; Christophe Charles, « La toge ou la robe ? Les professeurs de la
Faculté de droit de Paris à la Belle époque », in Revue d’histoire des facultés de droit et de la science
juridique, n. 7, 1988, pp. 167-175.

[23] Publiée au JO du 22 novembre 1940.

[24] Henri Mazeaud, Guide des conférences et exercices pratiques pour la licence en droit, Tome I :
Méthodes générales de travail, Paris, Librairie du Recueil Sirey, 1941, p. 1.

[25] AJ 16/1786, Université de Paris. Année scolaire 1942-43. Rapport annuel du doyen. Concours de fin
d’année. Tableau du personnel, Paris, Imprimerie administrative centrale, pp. 21-24.

[26] Ibidem, p. 21.

[27] Résistant pendant la Seconde Guerre mondiale, animateur du Comité juridique de la Résistance, v.
Halpérin, « Julliot de la Morandière, Léon-Francis », in Patrick Arabeyre, Jean-Louis Halpérin et Jacques
Krynen (dir.), Dictionnaire historique, cit., p. 435.

[28] Répétitions écrites de droit civil rédigées d’après le cours et avec l’autorisation de M. Julliot de la

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Morandière, Paris, Les cours de droit, 1941-42, p. 3 ; Jean Marchal, Une nouvelle méthode de travail à
l’Université, Paris, Les Éditions Domat-Montchestien, 1943.

[29] Gilles Maigron, « Résistance et collaboration dans l’Université de Paris sous l’Occupation », in André
Gueslin (dir.), Les facs sous Vichy, cit., pp. 133-142.

[30] AJ 16/7116, Fermeture de l’Université et Incidents survenus le 13 novembre 1940.

[31] Marc Milet, Les professeurs de droit citoyens, cit., pp. 224 ss. ; Gilles Maigron, « Résistance et
collaboration », cit.

[32] En janvier 1942, une série de livres, proscrits par la Liste Otto, est retirée de la bibliothèque de la
faculté de droit. AJ 16/7123, Livres interdits par les autorités allemandes.

[33] Brigitte Basdevant-Gaudemet, « Basdevant, Jules », in Patrick Arabeyre, Jean-Louis Halpérin et Jacques
Krynen (dir.), Dictionnaire, cit., pp. 44-45.

[34] AJ 16/7116, Relations avec les autorités d’occupation. Dossier : Affaire du professeur Basdevant
(Faculté de droit).

[35] Ibidem.

[36] Ibidem.

[37] Brigitte Basdevant-Gaudemet, « Basdevant, Jules », cit.

[38] AJ 16/7116, Relations avec les autorités d’occupation. Dossier : Affaire du professeur Basdevant
(Faculté de droit).

[39] Ibidem.

[40] Ibidem.

[41] Ibidem.

[42] F17/13318, Circulaires.

[43] Sur l’historiographie s’étant interrogée sur la possibilité d’envisager l’ensemble du personnel
enseignant du supérieur comme un « corps académique », je renvoie à l’étude d’Emmanuelle Picard,
« L’histoire de l’enseignement supérieur français. Pour une approche globale », in Histoire de l’éducation,
n. 122, 2009/2, pp. 11-33, en ligne : http://www.cairn.info/revue-histoir... [http://www.cairn.info
/revue-histoire-de-l-education-2009-2-page-11.htm].

[44] Ibidem.

[45] AJ 16/1802, Registres de l’assemblée et du conseil de faculté  : Procès-verbal de la séance de


l’assemblée de la faculté du 10 octobre 1940, p. 528.

[46] F 17/13318, Circulaires.

[47] Jean-Louis Halpérin, Paris capitale juridique, cit., en particulier : « Ouverture. L’essor de la Faculté de
droit de Paris et ses limites », pp. 9-44.
AJ 16/1802, Registres de l’assemblée et du conseil de faculté.

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[48] AJ 16/ 7128 et AJ16/7129.

[49] Sur le parcours de Lévy-Bruhl durant la période de l’Occupation allemande, Jean-Louis Halpérin, « Le
dossier Henri Lévy-Bruhl. Une contribution à l’histoire des professeurs de droit pendant la Seconde guerre
mondiale », in Revue d’histoire des facultés de droit et de la culture juridique du monde des juristes et du
livre juridique, n. 29-30, 2009-2010, pp. 189-196 ; Catherine Fillon, « Enseigner entre 1940 et 1944 ou
le positivisme des juristes lyonnais à l’épreuve de l’Occupation », in Hugues Fulchiron (dir.), La Faculté de
droit de Lyon. 130 ans d’histoire, Lyon, Éditions lyonnaises d’art et d’histoire, 2006, pp. 61-76.

[50] AJ 16/7129.

[51] F 17/13319, Circulaires. Une circulaire, datée du 16 juillet 1941 et signée par A. Terracher, précise
les nouvelles personnes susceptibles de tomber sous le coup de la loi du 2 juin 1941 : « En particulier, est
réputé juif quiconque a deux grands-parents juifs et ne peut prouver qu’il appartenait, avant le 25 juin
1940, à l’une des autres confessions reconnues par l’État antérieurement à la loi du 9 novembre 1905 ».

[52] AJ 16/7129.

[53] Ripert précise en outre qu’il n’a pas été en mesure de les contacter, afin de les inviter à faire valoir
leurs droits à la retraite. Aftalion se trouverait à Toulouse, Oualid à Montpellier et Lévy-Bruhl à Lyon.

[54] Certains dossiers des professeurs parisiens tombés sous le coup du Statut des juifs ont fait l’objet
d’analyses de la part de Jean-Louis Halpérin : « Le dossier Henri Lévy-Bruhl », cit. ; Id., Paris capitale
juridique, cit.

[55] Ripert affirme : « Arraché trop tôt à la Faculté (…) mort au service d’œuvres qui lui devinrent plus
chères quand elles connurent le malheur ». AJ 16/1786, Université de Paris. Année scolaire 1942-43.
Rapport annuel du doyen. Concours de fin d’année. Tableau du personnel, Paris, Imprimerie
administrative centrale, p. 11.

[56] Ibidem, Nécrologe de W. Oualid, pp. 23-24.

[57] AJ 16/7129.

[58] AJ 16/1802, Procès-verbal de la séance de l’assemblée de la faculté du 10 octobre 1940, p. 528.

[59] Loi du 17 juillet 1940, concernant l’accès à l’emploi dans la fonction publique, JO du 18 juillet 1940.

[60] AJ 16/7128 et 7129.

[61] L’art. 1 de la loi du 14 août 1940 établit une série d’exceptions à l’application de l’art. 1 de la loi du
17 juillet 1940, suivant lequel les fonctionnaires de l’État doivent jouir de la nationalité française à titre
originaire, comme étant nés de père français. Son alinéa 3 prévoit que la nationalité d’origine n’est pas
demandée aux « personnes qui, à titre exceptionnel, en seront dispensées par décret rendu sur avis
conforme et motivé de la section compétente du Conseil d’État ».

[62] Les demandes d’Aftalion datent du 20 septembre 1940 et du 7 novembre 1940. F 17/25195, Dossier
de carrière d’A. Aftalion et AJ/16/7129.

[63] L’adresse formulée par les professeurs d’économie politique, datée du 14 octobre 1940, est signée
par Gaétan Pirou, Louis Baudin, Henri Noyelle, François Perroux et Édouard Dolléans. F 17/25195, Dossier

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de carrière d’A. Aftalion.

[64] Ibidem. Le dossier Aftalion, transmis le 20 septembre 1940 au premier bureau de la Direction de
l’Enseignement supérieur, révèle que la demande de relèvement n’a jamais été acceptée. L’avis
défavorable du rectorat, rendu par Jérôme Carcopino, est motivé par l’âge, mais surtout par le « cumul
d’incapacités ». Ce « cumul » l’emporterait sur tout mérite. Aftalion, à la faculté de droit de Paris depuis le
1er février 1934, est donc « mis à la retraite comme Israélite » à compter du 21 décembre 1940. Réintégré
le 4 octobre 1944, Aftalion demande au Ministère une prolongation de son maintien en fonction après
avoir atteint la limite d’âge, en guise de compensation pour les années à la retraite subies contre son gré.
Julliot de la Morandière, à l’époque doyen de la faculté, appuie sa demande, en expliquant qu’il s’agissait
d’« une réparation » pour le préjudice subi durant le gouvernement de Vichy après la perte de sa chaire et
de son enseignement. Cette réparation était par ailleurs justifiée « par le caractère désintéressé » et par
les titres scientifiques d’Aftalion. Maintenu ainsi en fonction jusqu’à l’année scolaire 1945-46, Aftalion est
admis à la retraite à compter du 1er octobre 1946.

[65] AJ 16/1802, Procès-verbal de l’Assemblée de la faculté du 28 juin 1941, p. 61.

[66] Ibidem, p. 91.

[67] AJ 16/1786, Faculté de droit. Année scolaire 1940-1941. Rapport annuel du doyen. Concours de fin
d’année. Tableau du personnel, Paris, Imprimerie administrative centrale, p. 27. Le total des étudiants
pendant l’année scolaire 1940-41 s’élève à 7222.

[68] Singer, Vichy, cit. AJ 16/7119 à 7123.

[69] AJ 16/1786, Université de Paris, Année scolaire 1942-43, Discours du doyen Ripert à l’occasion de la
remise des prix, cit., p. 10.

[70] Michèle Cointet, « Les juristes sous l’Occupation », cit., p. 63.

[71] Par ex., Le cours d’économie et de législation rurale de E. James (1941-42) se concentre sur les
mesures finalisées de la « restauration paysanne » depuis juin 1940 » ; le cours d’économie politique de
François Perroux (1943-44) est intitulé Le sens du nouveau droit du travail.

[72] Voir annexe 1.


Sur le changement des formes de la littérature juridique destinée à la formation des étudiants et sur
l’introduction des cours sténographiés, v. Jean-Louis Halpérin, « Manuels, traités et autres livres (Période
contemporaine) », in Denis Alland et Stéphane Rials (dir.), Dictionnaire, cit., pp. 990-992. Sur les manuels
de droit administratif, Pierre Lavigne, « Les manuels de droit administratif pour les étudiants des facultés
de 1829 à 1922 », in Annales d’histoire des Faculté de droit et de la science juridique, n. 2, 1985, pp.
125-134.

[73] Sur ce point, v. Marc Milet, Les professeurs de droit citoyens, cit. ; Dominique Gros, « Le statut des
juifs », cit.

[74] Philippe Malaurie, « L’enseignement du droit civil », cit., p. 199.

[75] Cours de droit constitutionnel comparé rédigé d’après la sténographie et avec l’autorisation de
M. Joseph Barthélémy, Paris, Les cours de droit, 1943-44.
Sur la participation de Barthélemy à la rédaction de la nouvelle constitution, Michèle Cointet, La réforme

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de l’État en régime autoritaire. 1940-1944, Thèse de doctorat, Paris X, 1984 ; Étienne Le Floch, Les
projets de constitution de Vichy (1940-1944), Thèse de Doctorat, soutenue à Paris II-Assas le 17
Décembre 2003.

[76] Marc Milet, Les professeurs de droit citoyens, cit.

[77] Répétitions écrites de droit public rédigées d’après le cours et avec l’autorisation de M. Mestre, Paris,
Le cours de droit, 1940-41, p. 4.

[78] Sur Waline et son engagement aux côtés de de Gaulle, v. Jean-Jacques Clère, « Waline, Marcel », in
Patrick Arabeyre, Jean-Louis Halpérin et Jacques Krynen (dir.), Dictionnaire historique, cit., pp. 778-780.

[79] Répétitions écrites de droit public rédigées d’après le cours et avec l’autorisation de M. Lampué,
Paris, Les cours de droit, 1942-43, p. 4.

[80] Sur Pierre Lampué, Silvia Falconieri, « Pierre Lampué », in Florence Renucci (dir.), Dictionnaire des
juristes ultramarins (XVIIIe-XXe siècles), Rapport rendu à la Mission de recherche Droit et Justice, 2012,
pp. 167-172, en cours de publication aux éditions CNRS.

[81] Sur le débat doctrinal et jurisprudentiel concernant le statut des israélites d’Algérie, Florence Renucci,
« Le débat sur le statut politique des israélites en Algérie et ses acteurs », manuscrit publié dans
Contributions du séminaire sur les administrations coloniales (2009-2010), France (2010), en ligne :
http://halshs.archives-ouvertes.fr/... [http://halshs.archives-ouvertes.fr/docs/00/59/92/96/PDF
/art.deI_cretCREI_MIEUX.pdf&nbsp] ;; sur les juifs d’Algérie, Archives juives, vol. 45, n. 2, 2012 : Français,
juifs et musulmans dans l’Algérie coloniale.

[82] Répétitions écrites de droit public rédigées d’après le cours et avec l’autorisation de M. Mestre, Paris,
Le Cours de droit, 1940-41, p. 8

[83] Ibidem.

[84] Répétitions écrites de droit administratif rédigées d’après le cours et avec l’autorisation de M. Mestre,
Paris, Les cours de droit, 1941-42 et 1942-43 ; Cours de droit administratif rédigé d’après les notes et
avec l’autorisation de M. Mestre, Paris, Les cours de droit, 1943-44.

[85] Sur Scelle, son engagement politique et l’affaire que sa nomination de 1925 déclenche dans la Faculté
de droit de Paris, Marc Milet, La Faculté de droit de Paris face à la vie politique de l’affaire Scelle à l’affaire
Jèze. 1925-1936, Paris, L.G.D.J., 1996 ; Id., « Scelle, Georges », in Patrick Arabeyre, Jean-Louis Halpérin et
Jacques Krynen (dir.), Dictionnaire historique, cit., pp. 704-706.

[86] Répétions écrites de droit public rédigées d’après le cours et avec l’autorisation de M. Scelle, Paris,
Les cours de droit, 1940-41.

[87] Répétitions écrites de droit public rédigées d’après le cours et avec l’autorisation de M. Waline, Paris,
Les cours de droit, 1941-42, p. 149.

[88] Ibidem, p. 150. Les mêmes mots sont utilisés dans le cours de 1942-43.

[89] Ibidem, p. 153.

[90] Répétitions écrites de droit public rédigées d’après le cours et avec l’autorisation de M. Waline, Paris,

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Les cours de droit, 1941-42, p. 151.

[91] Ibidem, p. 153.

[92] Ibidem, p. 157.

[93] Voir annexe 2.

[94] Julien Laferrière, Le nouveau droit public de la France. Recueil méthodique des textes constitutionnels
et administratifs publiés du 10 juillet 1940 au 31 juillet 1941, Paris, Librairie du Recueil Sirey, 1941.

[95] Louis Trotabas, Éléments de droit public et administratif. Conforme au programme officiel des
Facultés de droit. Décret du 4 mars 1932 et arrêté du 10 mai 1937, Paris, LGDJ, 1942 (4e édition), p. 153.

[96] Roger Bonnard, Précis de droit public, Paris, Sirey, 1944, p. 245.

[97] Ibidem.

[98] Georges Burdeau, Cours de droit constitutionnel, Paris, LGDJ, 1942, p. 189. Le manuel connaît trois
éditions entre 1942 et 1944.

[99] Ibidem.

[100] Ibidem, p. 190.

[101] Sur la production et le réaménagement des stéréotypes et des motifs antisémites entre la IIIe
République et la période de Vichy, voir en particulier Valeria Galimi, L’antisemitismo in azione : pratiche
antiebraiche nella Francia degli anni Trenta, Milano, Unicopli, 2006.

[102] Georges Burdeau, Cours de droit constitutionnel, cit., p. 190.

[103] Ibidem.

[104] Ibidem, p. 192.

[105] Ibidem.

[106] Professeur à l’Université de Lille, chargé du cours de droit civil (capacité 1re année de 1940 à 1944 ;
capacité 2e année de 1940 à 1943 ; licence, 3e année de l’A.S. 1943-44). Répétitions écrites de droit civil
rédigées d’après le cours et avec l’autorisation de M. Le Balle, Paris, Les cours de droit, 1940-1941 et
1941-42.

[107] Répétitions écrites de droit civil rédigées d’après le cours et avec l’autorisation de M. Hamel, Paris,
Les cours de droit, 1941-42.

[108] Conservateur, Rouast se rallie au régime de Vichy et devient président de la commission de la


famille dans le droit au sein du commissariat général de la famille (26 juin 1942). Jean-Louis Halpérin,
« Rouast, André », in Patrick Arabeyre, Jean-Louis Halpérin et Jacques Krynen (dir.), Dictionnaire
historique, cit., pp. 680-681.

[109] Répétitions écrites de droit civil rédigées d’après le cours et avec l’autorisation de M. Rouast, Paris,
Les cours de droit, 1940-41.

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[110] Ibidem, p. 164.

[111] Ibidem.

[112] Répétitions écrites de droit civil rédigées d’après le cours et avec l’autorisation de M. Julliot de la
Morandière, Paris, Les cours de droit, 1940-41, p. 69.

[113] Ibidem, p. 421

[114] Lois du 17 novembre 1941 réglementant l’accès des juifs à la propriété foncière.

[115] Cours de Julliot de la Morandière, 1943-44, p. 66.

[116] Ibidem, p. 405.

[117] Répétitions écrites de droit civil rédigées d’après le cours et avec l’autorisation de M. Morel, Paris,
Les cours de droit, 1941-42, p. 155.

[118] Répétitions écrites de droit civil rédigées d’après le cours et avec l’autorisation de M. Esmein, Les
cours de droit, Paris, 1942-43.

[119] Ibidem, p. 123.

[120] Ibidem.

[121] Voir annexe 2.

[122] René Savatier, Cours de droit civil, cit., p. 295.

[123] Ibidem.

[124] Répétitions écrites de droit civil rédigées d’après le cours et avec l’autorisation de M. Hamel, Paris,
Les cours de droit, 1941-42, pp. 453 ss.

[125] Répétitions écrites de droit civil rédigées d’après le cours et avec l’autorisation de M. Morel, Paris,
Les cours de droit, 1941-42, p. 155.

[126] Ibidem, p. 153.

[127] Cours de Morel, 1941-42, p. 155.

[128] Cours de droit civil rédigées d’après la sténographie et avec l’autorisation de M. Rouast, Paris, Les
cours de droit, 1943-44, p. 446.

[129] Ibidem, p. 447.

[130] René Savatier, Cours de droit civil, pp. 235 ss.

[131] Ibidem, p. 284.

[132] Ibidem, p. 285.

[133] Ibidem, p. 295.

[134] Cours de Julliot de La Morandière, 1943-44, p. 833.

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[135] Ambroise Colin et Henri Capitant, Cours élémentaire de droit civil français, Paris, Librairie Dalloz,
Tome I, 1942, 10e édition entièrement refondue et mise à jour par Julliot de la Morandière

[136] Marcel Planiol, Traité élémentaire de droit civil, Paris, LGDJ, 1943, revu et complété par Georges
Ripert, avec le concours e Jean Boulanger, deuxième édition, Tome I : Principes généraux. Les personnes.
– Les biens.

[137] Jean-Louis Halpérin, « Mazeaud, Henri », in Patrick Arabeyre, Jean-Louis Halpérin et Jacques Krynen
(dir.), Dictionnaire historique, cit., p. 554.

[138] Répétitions écrites de droit civil rédigées d’après le cours et avec l’autorisation de M. H. Mazeaud,
Paris, Les cours de droit, 1942-43.

[139] Ibidem, p. 200.

[140] Mazeaud s’exprime ainsi : « Mais quelles que soient les constatations du certificat, le mariage reste
possible du moment que les deux époux y consentent. La loi ne va pas plus loin et elle ne peut pas aller
plus loin », Ibidem, p. 201.

[141] Philippe Malaurie, « L’enseignement du droit civil », p. 198.

[142] Marcel Planiol, Traité élémentaire, cit., 1943, p. VI.

[143] André Broc, La qualification juive, Thèse pour le doctorat en droit présentée et soutenue le 15
décembre 1942, publiée : La qualité de Juif : une notion juridique nouvelle, Paris, PUF, 1943.

[144] La thèse de Broc a fait l’analyse de nombreux travaux sur l’œuvre des juristes pendant le régime de
Vichy. Je me borne à citer, Marc Milet, La Faculté de droit de Paris, cit. ; Danièle Lochak, « La doctrine sous
Vichy », cit.

[145] Édouard Mouillefarine, Étude historique sur la condition juridique des Juifs au Maroc, Paris,
Imprimerie Félix Carbonnel, 1941 ; Henri Gaillard, La condition des juifs dans l’ancienne France, Paris,
PUF, 1942.

[146] AJ 16/ 1786, Université de Paris. Année scolaire 1942-43. Rapport annuel du doyen. Concours de
fin d’année. Tableau du personnel, Paris, Imprimerie administrative centrale, pp. 45-49.

[147] AJ 16/ 1786, Université de Paris. Année scolaire 1940-41. Rapport annuel du doyen. Concours de
fin d’année. Tableau du personnel, Paris, Imprimerie administrative centrale, pp. 35-36.

[148] Marc Milet, La Faculté de droit de Paris, cit.

[149] André Broc, La qualification, cit., p. 6.

[150] « Il nous a semblé intéressant de rechercher comment, en France, cette résistance s’est manifestée
et affirmée au cours des siècles malgré des persécutions continuelles », Henri Gaillard, La condition, p. 8.

[151] Ibidem, p. 182

[152] Ibidem, p. 183.

[153] Édouard Mouillefarine, Étude historique, cit., p. 9.

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[154] Ibidem, p. 9-10.

[155] Ibidem, p. 189.

[156] Ibidem.

[157] Henri Gaillard, La condition, p. 12.

[158] Édouard Mouillefarine, Étude historique, p. 193.

[159] Ibidem, p. 191.

[160] Ibidem, p. 192.

[161] Ibidem.

[162] Ibidem.

[163] AJ 16/1802, Procès-verbal de la séance de l’assemblée de la faculté du 7 novembre 1944, p. 307.

[164] Ibidem.

[165] Pour les statistiques antérieures à la période de l’entre-deux-guerres, Julie Fette, Exclusions.
Practicing prejudice in French law and medicine, 1920-1945, USA, Cornell University Press, 2012, pp. 90
ss.

[166] Année 1939-40 : 8759 étudiants inscrits (1602 femmes et 7157 hommes) ; année 1940-41 : 7222
étudiants inscrits (1796 femmes et 5426 hommes) ; 1941-42 : 10131 étudiants inscrits (2385 femmes et
7746 hommes) ; 1942-43 : 14803 (3362 femmes et 11441 hommes). AJ 16/1785 et 1786 : Livrets :
Université de Paris. Faculté de droit. Rapport annuel du doyen. Concours de fin d’année. Tableau du
personnel, Paris, Imprimerie administrative centrale.

[167] Laurent Joly, Vichy dans la « solution finale » : histoire du Commissariat Général aux Questions
juives (1941-1944), Paris, Grasset, 2006.

[168] Ordonnance relative au rétablissement de la légalité républicaine sur le territoire continental qui
déclare la nullité des actes qui établissent ou appliquent une discrimination quelconque fondée sur la
qualité de juif.

[169] René Savatier, Cours de droit civil, LGDJ, 1947, Tome I.

[170] Henry Rousso, Vichy. L’événement, cit.

[171] Marcel Planiol, Traité élémentaire de droit civil, Paris, Librairie générale de droit et de jurisprudence,
1946, revu et complété par Ripert, avec le concours de Jean Boulanger, deuxième édition, Tome I :
Principes généraux. Les personnes. – Les biens, pp. 177-178. Répétitions écrites de droit civil rédigées
d’après le cours et avec l’autorisation de M. Esmein, Paris, Les cours de droit, 1945-46 ; Répétitions
écrites de droit civil rédigées d’après le cours et avec l’autorisation de M. Morel, Paris, Les cours de droit,
1944-45.

[172] Le tableau est dressé à partir des Livrets des étudiants : AN, AJ 16/1785 et 1786 : Livrets :
Université de Paris. Faculté de droit. Rapport annuel du doyen. Concours de fin d’année. Tableau du
personnel, Paris, Imprimerie administrative centrale.

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[173] La liste prend en compte les seuls manuels édités (ou réédités) durant la période de Vichy, conseillés
aux étudiants parisiens de droit pour la préparation des examens. Elle est dressée à partir des cours
polycopiés, en s’en tenant aux textes que les professeurs parisiens conseillent aux étudiants pour
compléter la préparation de l’examen.

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